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Refus de l’hégémonie

« Pas notre intérêt de discuter avec les responsables russes »

Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné s’est rendu au Kenya et au Rwanda, puis en Côte d’Ivoire. Dans ce dernier pays, à Abidjan, il a accordé une interview à France 24 et RFI.

Il a affirmé qu’une rupture de contact avec la Russie était nécessaire. C’est un acte de militarisme assumé.

Le prétexte, c’est la discussion téléphonique récente entre le ministre français des Armées Sébastien Lecornu et son homologue russe Sergueï Choïgu. Emmanuel Macron avait dénoncé le compte-rendu russe de la discussion comme « baroque et menaçant ».

Stéphane Séjourné s’appuie dessus pour justifier la rupture.

« Ce n’est pas aujourd’hui notre intérêt de discuter avec les responsables russes puisque les communiqués qui sortent, les comptes rendus qui en sont faits sont mensongers. »

Jusqu’à quand cela durera-t-il? Eh bien, pas moins que jusqu’à la « défaite » souhaitée de la Russie.

« Il faut peut-être d’abord établir la confiance et surtout avoir une évolution sur le terrain militaire en Ukraine pour que les relations puissent se renouer. »

Le ministre des Affaires étrangères a tenu à souligner que les aides militaires au régime ukrainien ne s’arrêteront pas.

« Les Européens seront au rendez-vous de l’aide dans la durée, et cela il faut que tout le monde en soit convaincu. C’est une question existentielle pour l’Europe. »

Il a même pris en prétexte le retrait américain de l’engagement en Ukraine pour dire qu’on ne pourrait pas avoir totalement confiance en les Etats-Unis et qu’il faut une « défense européenne ». C’est là le nouveau masque « gaulliste » de la démagogie française. En réalité, la superpuissance américaine a délégué à ses vassaux européens le soutien au régime ukrainien.

Le ministre français des Affaires étrangères a également promis des « annonces » lorsque le président Emmanuel Macron se rendra à Kiev.

La narration continue donc, sans accrocs ; le story-telling pour la guerre contre la Russie est bien en place et ne connaît pas d’interruption. Rien qu’à lire la chronologie depuis le 26 février 2024, on comprend tout, les faits parlent d’eux-mêmes. Guerre à la guerre!

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Refus de l’hégémonie

Le nationalisme féminin ukrainien et Macron comme James Bond

Plus les Ukrainiennes émigrées sont jeunes, diplômées et/ou aisées, plus elles vont à l’ouest, au lieu d’aller surtout en Pologne, avec l’espoir de revenir au pays. Plus on va à l’ouest, en fait, plus on est prêt à y rester, à s’aligner sur l’idéologie dominante pour bien s’ancrer.

C’est alors la confluence du nationalisme ukrainien et des valeurs de l’Union européenne et de l’Otan, afin d’arrimer son émigration à une légitimité. C’est du donnant-donnant.

L’une des expressions de cela, c’est l’utilisation d’Ukrainiennes par les médias. Ces femmes sont utilisées, car pour faire passer le bellicisme, le nationalisme, le militarisme, cela fait plus crédible, puisqu’on est hors du cadre patriarcal en apparence.

Alla Poedie, une Franco-Ukrainienne très connue de la bourgeoisie lyonnaise, a réussi à réaliser un exemple typique de tout cela.

Comment ? En se lançant dans un éloge d’Emmanuel Macron présenté comme James Bond qui allait empêcher le méchant Poutine d’aller utiliser la bombe nucléaire pour détruire le monde.

« Dans les James Bond qu’est-ce qu’on voit ? On voit un méchant, terroriste, qui s’approprie l’arme nucléaire et qui menace le monde de destruction. Et nous sommes tous pour James Bond, car on veut que le James Bond sauve le monde.

On est prêt à soutenir tout son combat. Il peut tuer autant de personnes qu’il veut, il peut intervenir partout, pour sauver le monde.

Et aujourd’hui la réalité : James Bond est en réalité [il existe en réalité]. Le terroriste qui s’est approprié l’arme nucléaire est au Kremlin, il s’appelle Poutine. Et il menace de tuer le monde entier.

Et le James Bond aujourd’hui, le seul James Bond aujourd’hui c’est qui ? C’est peut-être notre Président de la République [Emmanuel Macron ; elle a la double nationalité franco-ukrainienne] qui, timidement, essaie de sauver ce monde.

Et on voit autour, du coup, tous ceux qui vont au cinéma pour applaudir James Bond, toutes les femmes sont amoureuses, les hommes veulent devenir comme lui. Et là : on crache sur lui, on dit il n’a pas le droit, il faut qu’il reste chez lui, on va pas y aller, attendez, [inaudible, car les journalistes qui semblent gênés l’interrompent].

Non, c’est une réalité, il faut sauver le monde, tout d’abord en sauvant l’Ukraine. »

On remarquera que les bandeaux utilisés par LCI pour illustrer la discussion ont été « Troupes au sol, l’armée française remet une pièce » puis « Armée Française en Ukraine, bientôt une réalité ? », avec entre temps une annonce pour le débat suivant : « Poutine sans limite, les JO de Paris menacés ».

Du beau bourrage de crâne !

La blague aussi est qu’Alla Poedie a commencé son speech en demandant au présentateur s’il aimait James Bond. Elle s’attendait à un oui évidemment, mais il a répondu très sérieusement : « non je préfère Fantomas, le James Bond français ».

Mais quels beaufs ! Que c’est lamentable. Mais guère étonnant, de par les protagonistes. LCI fait de la propagande de guerre délirante (les Russes n’ont plus d’armes, plus de missiles, Poutine est remplacé par un sosie car il est à l’agonie, etc.) et Alla Poedie est typique du nationalisme ukrainien appelant à détruire la « Moscovie ».

On comparera ce délire anti-Russie avec ce qu’elle disait en 2011. Alors interviewée par Le Progrès, elle est présentée comme suit :

« Alla Poedie est à la tête d’ANConseil, une société spécialisée dans la gestion des projets internationaux. Originaire de Kiev, elle vit et travaille à Lyon depuis quinze ans. Elle va faire paraître prochainement, un guide de Lyon en langue russe pour les Russes. »

Eh oui ! Et voici comment elle présentait les choses alors :

« Je suis en train de travailler sur un guide de Lyon en russe. J’ai, en effet, constaté que de nombreux Russes transitaient par l’aéroport Saint-Exupéry pour rejoindre les stations de ski mais ne visitent pas Lyon. Je veux leur donner envie de passer deux, trois jours dans la ville, de découvrir les richesses gastronomiques, architecturales et culturelles de la capitale des Gaules. »

On voit le retournement, typique. Les Ukrainiens sont historiquement très proches des Russes, et avec le nationalisme ukrainien, subitement, vient la légende d’une haine historique totale et destructrice.

Alla Poedie révèle ici sa face opportuniste. Et c’est un choix fasciste que d’abandonner la culture pour la guerre. Une fois qu’on est lancé, on ne s’arrête plus.

D’où la surenchère nationaliste permanente, comme en janvier 2023, sur LCI toujours. Elle avait alors expliqué à la reporter de guerre Anne Nivat : « Anne vous aurez votre médaille du Kremlin, ne vous inquiétez pas ! », provoquant la sidération et obligeant l’animatrice du débat, Julie Hammett, a demander à Alla Poedie de « retirer ce qu’elle venait de dire » car cela allait « trop loin ».

Trop loin ! Comme si depuis le départ, tout ça n’allait pas trop loin !

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Refus de l’hégémonie

Julian Calfuqui sur RT ne croit pas en la guerre

Mais comment peut-on, surtout eu égard à la chronologie de l’escalade depuis le 26 février 2024, ne peut-on pas comprendre que la France veut vraiment aller à la guerre contre la Russie ?

Que les gens de gauche pétrifiés dans le capitalisme fassent semblant de ne pas le voir, soit, ils sont hypocrites, car ils veulent sauver le capitalisme français en dépeçant la Russie. Mais « à gauche de la gauche », là où on prétend changer réellement les choses, comment peut-on être aussi ignorant ?

Il est intéressant ici de voir l’opinion de Julian Calfuqui, qui est un secrétaire national du Parti de Gauche. C’est le parti politique mis en place par Jean-Luc Mélenchon et qui a servi de base pour le mouvement de La France insoumise.

Voici un exemple de ce que pouvait dire le Parti de Gauche il y a une dizaine d’années, donc normalement on devrait s’attendre à un peu de clarté.

Voici donc le point de vue de Julian Calfuqui, qui s’est exprimé le 4 avril 2024 dans « La Grande interview », une émission de la chaîne RT. Anciennement Russia Today, la chaîne RT a été interdite dans l’Union européenne en raison de son appartenance à l’État russe, mais elle est accessible avec des choses en français depuis quelques sites.

Julian Calfuqui y a donc expliqué qu’il ne croyait pas du tout que la France cherchait réellement à envoyer des soldats français en Ukraine.

Emmanuel Macron serait « solitaire » dans sa démarche… Il suffit de lire la chronologie mentionnée plus haut pour voir à quel point c’est absurde. Il se passe en réalité pratiquement chaque jour quelque chose allant dans le sens de l’escalade !

« Il est encore difficile de voir quelle est la logique derrière ces annonces faites par Emmanuel Macron et différentes informations dont on dispose.

Surtout que, comme ça a été expliqué, l’action d’Emmanuel Macron, ou plus exactement cette montée en tension avec la possibilité d’envoi de troupes, c’est en totale opposition avec la plupart des alliés européens et notamment les États-Unis d’Amérique.

C’est une voix assez solitaire que prend Emmanuel Macron, qui n’est pas habitué pour ce qui est de la diplomatie, d’entreprendre ce genre d’œuvre.

J’y vois plutôt une volonté aussi de se démarquer. Une volonté de se démarquer sur la scène internationale, une volonté de se démarquer en tant que Président de la République dans un contexte assez compliqué en France avec la montée de l’inflation, l’annonce effectivement prochaine de l’austérité de 10 milliards qui a été faite par Bruno Le Maire le ministre des Finances.

Donc, effectivement c’est encore assez dur d’estimer jusqu’où veut aller Paris et plus exactement Emmanuel Macron. Il faut savoir qu’une grande partie de l’opposition dit, et y compris dans ses propres rangs, qu’elle ne comprend pas la logique de cette action.

Donc prudence, prudence, mais effectivement ça n’annonce rien de bon pour ceux qui veulent un apaisement dans la région et tout simplement la paix. »

Et Julian Calfuqui de dire que tout cela est « très probablement en lien avec l’agenda national du gouvernement ».

C’est une thèse classique, celle de la « diversion » où on accuse les dominants de ne pas être sérieux dans leur démarche, puis quand cela se passe réellement, on dit que c’est scandaleux, mais que c’est trop tard, qu’il faut faire avec. C’est de l’opportunisme.

En réalité, la guerre se met en place. Depuis le soutien militaire au régime ukrainien à la montée en gamme de l’industrie de guerre, depuis le bourrage de crâne médiatique jusqu’à la narration gouvernementale, tout va dans le sens d’une coalition de pays pour affronter la Russie.

Qui ne veut pas voir cela s’aligne objectivement sur la course à la guerre, et supprime toute base possible au défaitisme révolutionnaire!

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Macron et les commentaires russes « baroques et menaçants »

Le 3 avril 2024, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu s’est entretenu au téléphone avec son homologue russe Sergueï Choïgu, pour la première fois depuis octobre 2022.

Deux propos russes on fait réagir la France, dans le compte-rendu russe de l’entretien. D’abord, la Russie a expliqué qu’il lui semblait que « la France était prête à reprendre le dialogue », avec peut-être à l’arrière-plan « le point de départ pourrait être l’Initiative d’Istanbul pour la paix ».

Réponse immédiate du côté français : « A aucun moment, nous n’avons dit qu’il y avait une volonté de reprendre le dialogue sur l’Ukraine ».

Ensuite, il y a eu des propos chocs de la part directement du ministre russe des Armées, Sergueï Choïgu. Il a dit la chose suivante au sujet de l’horrible attentat islamiste à Moscou

« Le régime de Kiev ne fait rien sans l’aval de ses superviseurs occidentaux. Nous espérons que, dans ce cas, les services secrets français ne sont pas derrière cela ».

C’est à la fois un avertissement, car il est possible que les services secrets magouillent (qui ne croit pas à cela est prisonnier de la « légitimité » capitaliste), et un style russe rentre-dedans sur le plan relationnel, en mode « même si vous n’avez rien à voir là-dedans, vous êtes avec ceux qui le permettent ».

Lors de l’inauguration du centre aquatique olympique à Saint-Denis, le président français Emmanuel Macron a répondu en continuant sur sa lancée belliciste du 26 février 2024, date fatidique.

« Les commentaires, pour partie, du côté russe, ont été en effet baroques et menaçants. »

« Dire que la France pourrait être derrière, les Ukrainiens sont derrière… tout ça n’a aucun sens, cela ne correspond pas à la réalité. C’est une manipulation de l’information, ce qui fait partie de l’arsenal, si je puis dire, de la guerre tel qu’il est utilisé aujourd’hui par la Russie. Il faut en être conscient. »

« C’est la démonstration de ce que je vous dis depuis le début. C’est d’un accroissement de la posture agressive de la Russie. Et ça ne se passe pas qu’avec la France, ce qui a été fait à l’égard de l’Allemagne, du Royaume-Uni et des États-Unis. Il y a une succession d’informations dont on sait qu’elles sont fausses, qui correspondent à des postures menaçantes. Voilà. »

Emmanuel Macron a également accusé la Russie de chercher à perturber la tenue des Jeux Olympiques à Paris, n’ayant « aucun doute » à ce sujet. La Russie « alimente tous les jours le fait que nous ne pourrions pas faire ceci ou cela, donc ce serait un risque ».

C’est affolant. Depuis le 26 février 2024, l’escalade est ininterrompue. Dans l’indifférence générale en France, tant dans la population qu’à Gauche en général, même si qui plus est toute la gauche gouvernementale est ouvertement belliciste ou du moins accepte le soutien militaire au régime ukrainien.

Pour qui a de la culture relevant de la Gauche historique, il est évident par contre qu’on est dans le même schéma qu’avant 1914. Cela monte crescendo, jusqu’à l’affrontement inévitable pour le repartage du monde… Et : soit la révolution empêche la guerre, soit la guerre provoque la révolution!

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Refus de l’hégémonie

Blinken vient à Paris donner ses ordres à Lecornu, Séjourné et Macron

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s’est rendu à Paris le 2 avril 2024, afin de venir donner les ordres de la superpuissance américaine au ministre des Armées Sébastien Lecornu, au ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné et au président Emmanuel Macron.

Antony Blinken est d’abord allé à Versailles avec le ministre des Armées Sébastien Lecornu, sur un site industriel. C’est celui de Nexter, la filiale du groupe franco-allemand KNDS, qui doit faire passer sa production mensuelle de canons Caesar livrés au régime ukrainien de 6 à 12.

« Le canon CAESAr est devenu le symbole de cette coalition artillerie [pour le régime ukrainien et dont la France est à la tête], avec une augmentation significative des capacités de production : deux par mois puis désormais six par mois. Nous allons rehausser la production jusqu’à 12 canons par mois dans les temps qui viendront » a déclaré Sébastien Lecornu.

Autrement dit, le patron américain vient voir que sa filiale française fait bien ce qu’on lui dit. Antony Blinken est ensuite allé au quai d’Orsay voir le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné.

Les deux ont tenu une conférence de presse, afin de bien montrer l’alignement français sur la superpuissance américaine. « Comme les alliés l’ont dit à Vilnius, l’Ukraine sera membre de l’Otan » a dit le premier, « Les États membres s’engagent à soutenir les réformes de l’Ukraine dans la voie de l’intégration évidemment à l’Otan » a souligné le second.

Les deux ont également dénoncé le fait que la Russie puisse acheter des armes auprès d’autres pays, alors que la veille, Stéphane Séjourné était justement en Chine, qui comme on le sait est en alliance stratégique avec la Russie.

Enfin, Antony Blinken a rencontré Emmanuel Macron, qui fait ici office de gouverneur du protectorat américain qu’est devenue la France. L’alignement français sur la superpuissance américaine est net dans tous les domaines, depuis l’idéologie de la consommation jusqu’aux LGBT, de la guerre de repartage du monde contre la Russie à l’intégration totale de l’armée française dans l’Otan sur le plan technique.

La bourgeoisie française pense qu’elle ne peut sauver sa peau qu’en se plaçant dans l’orbite américaine, mais en réalité le pays est une puissance déclassée, en perdition, un simple satellite américain allant au crash. L’instabilité générale en France est inévitable, et c’est une période révolutionnaire qui s’ouvre, à travers malheureusement l’inexorable marche à la guerre.

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Hayer, Braun-Pivet, Hidalgo à Kiev et des centaines de VAB promis

L’avalanche continue, montrant bien le caractère organisé et savamment coordonné de l’escalade militaire française contre la Russie.

Dans un voyage non annoncé, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet s’est rendue à Kiev le 28 mars 2024, pour tenir un discours très offensif au parlement ukrainien. Elle a notamment affirmé que « nous ne mettons pas de limite a priori à notre engagement » et que « rien n’est a priori exclu de ce qui pourrait se révéler nécessaire ».

Lors de son voyage, elle a été accompagnée de Valérie Hayer. Celle-ci est la candidate de la majorité présidentielle aux élections européennes en France. Elle est également la dirigeante du groupe parlementaire européen libéral Renew Europe. Elle a ouvertement prôné l’alignement du régime ukrainien sur l’idéologie de Renew Europe et a bien entendu expliqué que le soutien français était « inébranlable », « aussi longtemps qu’il faudra », « quoi qu’il en coûte », etc.

Anne Hidalgo, maire de Paris, s’est rendue dans la foulée à Kiev également, le 30 mars 2024. Allant à rebours de tout l’esprit officiel des Jeux Olympiques, elle s’est lancée dans une diatribe contre les Russes et les Biélorusses, le tout filmé dans une vidéo reprise en ligne par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

« Je veux dire aux athlètes russes et aux (athlètes) biélorusses qu’ils ne sont pas les bienvenus à Paris et dire aux athlètes ukrainiens et à l’ensemble du peuple ukrainien que nous les soutenons de façon très active, très forte. »

Enfin, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a accordé une interview au quotidien La Tribune, le 31 mars 2024. Il a annoncé que la France fournirait… des centaines de véhicules blindés (« véhicules de l’avant blindé ») au régime ukrainien. Il est révélateur qu’une telle annonce se fasse le week-end de Pâques, dans un article d’accès payant dans un média dédié à l’économie capitaliste.

Voici les extraits les plus significatifs.

« Le président de la République, à la suite de ses derniers échanges avec le président Zelensky, m’a demandé de travailler à un nouveau paquet d’aides, qui comprendra notamment du matériel ancien issu de nos armées, encore fonctionnel. »

« Pour tenir une ligne de front aussi grande, l’armée ukrainienne a besoin par exemple de nos véhicules de l’avant blindé : c’est absolument clé pour la mobilité des troupes, et cela fait partie des demandes des Ukrainiens (…). On peut en parler en centaines pour 2024 et début 2025. »

« Je m’apprête donc à débloquer un nouveau lot de missiles Aster 30 pour le dispositif SAMP/T [système sol-air moyenne portée/terrestre] donné à Kiev. Nous développons aussi des munitions télé-opérées dans des délais très rapides, pour les livrer aux Ukrainiens dès cet été. »

« Le ralentissement de l’inflation va nous donner des marges de manœuvre au sein du budget du ministère que nous utiliserons pour aider l’Ukraine en passant des commandes aux industriels français (…). Peut-on se servir de toutes les marges de manœuvre pour mieux aider l’Ukraine ? La réponse est oui. »

« L’industrie de défense produit pour les besoins de la France, de l’Ukraine et de nos partenaires. Et des commandes, en particulier françaises, il y en a !

Entre 2012 et 2016, leur montant était en moyenne de 9,5 milliards d’euros. Aujourd’hui, pour la seule année 2023, nous sommes à 20 milliards d’euros de commandes passées en attente de livraison ! »

Il n’est pas bien difficile de comprendre que la France mène un double-jeu. D’une part, elle pousse les soldats ukrainiens à se faire massacrer en leur fournissant du matériel. Un média militariste comme Opex360 explique ouvertement qu’il faut fournir du matériel militaire au régime ukrainien, sans quoi celui-ci aura bien du mal à mener une nouvelle vague de mobilisation.

D’autre part, la France se prépare elle-même à une participation à la guerre, en « musclant » son économie de guerre par en-haut, par la mise en place d’un capitalisme monopoliste d’Etat en ce domaine (ce qui impliquera au fur et à mesure d’autres domaines également). L’Etat s’implique dans la guerre au service du capitalisme, et par là il fusionne avec lui, au lieu de simplement refléter les rapports dominants de la bourgeoisie sur les masses populaires.

On est en pleine poussée vers la guerre – dans le cadre de la bataille mondiale pour le repartage du monde. Et à celle-ci il faut opposer, non pas une abstraction comme « ni les uns ni les autres » (même si au fond c’est juste), mais le défaitisme révolutionnaire, car l’ennemi principal est dans notre propre pays.

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La France officialise les réquisitions de l’économie de guerre

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a tenu le 26 mars 2024 une conférence de presse. On avait à ses côtés notamment Emmanuel Chiva, délégué général pour l’armement, et Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées.

L’information principale, passée totalement sous silence dans les médias, c’est que la réquisition est désormais instaurée. Pour mettre en place l’économie de guerre, l’État pourra réquisitionner des industries.

Bien entendu, ce n’est pas annoncé de manière brutale. C’est dit de manière louvoyante. Le ministre des armées « ne s’interdit pas de le faire dans les toutes prochaines semaines ».

Cela reflète en fait la contradiction historique entre le capitalisme, par nature libéral, et sa décadence où il se centralise, s’étatise, se militarise afin de conquérir. En période de crise, l’État et les industriels se confondent dans un Capitalisme monopoliste d’État. On y est pas encore, on en est même très loin, mais la direction prise est claire.

« J’attends des industriels des efforts en la matière. Ce ne sont plus des arsenaux, ce sont des entreprises. Néanmoins, ce ne sont pas des entreprises comme les autres. Pour la première fois, je n’exclus pas d’utiliser ce que la loi permet au ministre et au délégué général de l’armement de faire. C’est-à-dire si le compte n’y était pas en matière de cadences et de délais de production, de faire des réquisitions le cas échéant. »

Dans les faits cependant, tout est mis en place pour réaliser une telle opération.  Promulguée en août 2023, la loi de programmation militaire 2024-2030 affirme ainsi que en cas :

« de menace, actuelle ou prévisible, pesant sur les activités essentielles à la vie de la Nation, à la protection de la population, à l’intégrité du territoire ou à la permanence des institutions de la République ou de nature à justifier la mise en œuvre des engagements internationaux de l’État en matière de défense, la réquisition de toute personne, physique ou morale, et de tous les biens et les services nécessaires pour y parer peut être décidée par décret en Conseil des ministres. »

Le ministre des armées a bien rappelé que sont concernés « des personnels, des stocks ou des outils de productions », dans le cadre d’avoir à « imposer aux industriels d’accorder la priorité aux besoins militaires ».

Il y a également eu des aspects secondaires, comme le fait de justifier la fourniture de drones suicides de l’entreprise Delair au régime ukrainien par le retour d’expériences qui en reviendra pour l’armée française. Car, effectivement, toutes les armées occidentales ayant fourni des armements ont des retours, et ce même en temps réel pour certains matériels.

Il a mentionné ce qui était considéré comme central pour le moment, à savoir les canons Caesar, les missiles antichar, les missiles sol-air courte portée, les missiles Aster, les munitions. Et, évidemment, la remise en marche d’une industrie de la poudre, car la France n’en produit plus depuis plus d’une quinzaine d’années

Bien entendu, la Russie a été présentée comme une menace, ce qu’elle n’aurait pas été il y a encore deux ans, etc.

On est ici dans la confluence entre les intérêts militaires du régime ukrainien et ceux de la France qui veut prendre la tête d’une coalition militaire contre la Russie. Sébastien Lecornu l’a d’ailleurs bien précisé, il n’y aura pas de retour de la conscription, d’ailleurs une armée moderne ne peut pas s’appuyer sur des non-professionnels selon lui.

Par contre, la Journée Défense et Citoyenneté des jeunes prendra une « coloration kaki ». Car il s’agit de structurer l’armée, de l’alimenter.

Quand on voit cela, il faut vraiment se forcer pour nier la réalité, ou bien il faut être un capitaliste, un cynique favorable à la guerre contre la Russie. L’État met en place l’affrontement militaire, c’est indubitable, et il faut s’y confronter. Guerre à la guerre !

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De l’élection présidentielle russe à l’attentat de Moscou

Quand on est dans une situation de crise, les choses vont vite, et elles tournent mal autant qu’elles le peuvent. Le 26 février 2024 est ici une date fatidique, celle qu’on verra posteriori comme une date maudite, celle du commencement d’un tourbillon sanglant.

Les 15-17 mars 2024, il y avait donc l’élection présidentielle russe. C’était l’occasion pour le régime de prouver qu’il a une hégémonie à tous les niveaux sur la société russe. Avec 77,5% de participation et Vladimir Poutine réélu avec 88,5% des voix, on est dans la démonstration de force.

Naturellement, les pays occidentaux se sont empressés de dénoncer une manipulation des mentalités et des votes par le régime, comme si une telle chose n’existait pas en occident. Surtout en France où Emmanuel Macron a été tiré du jour au lendemain du chapeau de la haute bourgeoisie moderniste. Mais, dans tous les cas, ce qui compte est que le régime russe a prouvé sa stabilité.

D’où les propos, quelques jours après, de Dmitrï Peskov, porte-parole du Kremlin, tenus au média Argoumenty i Fakty :

« Nous nous trouvons en situation de guerre. Oui, cela a commencé comme une opération militaire spéciale. Mais dès que toute cette bande s’est formée, quand l’Occident dans son ensemble a participé à tout cela aux côtés de l’Ukraine, pour nous, c’est devenu une guerre. J’en suis convaincu et chacun doit le comprendre. »

Et voilà que se passe alors, le 22 mars 2024, un effroyable attentat en périphérie de Moscou. L’État islamique a envoyé ses sbires tirer à l’arme automatique sur la foule d’un concert, comme au Bataclan. Il y a eu 133 morts, une centaine de blessés, alors que la salle de concert, le Crocus City Hall, a été incendié.

De manière notable, le président russe a affirmé dans une allocution télévisée la chose suivante :

« C’est une tuerie de masse préméditée, ils étaient déterminés à fusiller nos citoyens comme les nazis à l’époque qui fusillaient les gens sur nos territoires occupés. »

C’est une référence directe à l’Allemagne nazie voulant tuer les Slaves ou les mettre en esclavage, et indirectement aux nationalistes ukrainiens historiquement qui lui était alliée. Et, à tort ou à raison, la Russie a accusé le régime ukrainien d’être lié à l’attaque, d’autant plus que les assaillants ont été arrêtés alors qu’ils cherchaient à passer en Ukraine depuis la Biélorussie.

Quand on dit à tort ou à raison, c’est plutôt à raison si on prend les apparences, car il n’est pas un secret que de nombreux islamistes sont actifs en Ukraine, comme composante du projet de dépecer la Russie. L’objectif ici, c’est un Caucase islamiste et la « cause » djihadiste en Syrie.

Pour renforcer encore plus la problématique, il y a eu l’avertissement fait début mars 2024 par l’ambassade américaine en Russie qui aurait eu « des informations selon lesquelles des extrémistes ont des plans imminents de cibler de grands rassemblements à Moscou, y compris des concerts ».

Peu importe, de toutes façons. Ce qui compte, c’est que l’État islamique s’est concrètement aligné sur la superpuissance américaine. En cela, l’État islamique agit comme tous les pays occidentaux qui cherchent à tirer profit de la situation.

Les islamistes agissent également comme tous les sites et blogs des gens fascinés par les guerres, les armées et les informations à ce sujet (comme le site opex360), ainsi que toute la scène activiste d’extrême-Droite. Tout un petit monde d’aventuriers s’imagine qu’il y a à vivre l’effondrement de la Russie, et à en profiter.

Et qui converge également avec ces aventuriers ? Toute une fausse Gauche occidentale qui s’empresse ne pas du tout parler de l’escalade militaire française. C’est un silence tout à fait révélateur d’une nature corrompue au sein d’une grande puissance capitaliste qui se permet d’avoir des rebelles ne franchissant surtout pas les lignes rouges (Lundi Matin, le NPA, la Jeune Garde, l’UCL, le PCRF, l’OCML-VP, l’UC, le PCOF, la CDP, etc.)

En bref, le monde brûle. Et il va continuer de brûler, il ne faut pas se leurrer. Pour sortir de la crise commencée en 2020, les puissances occidentales entendent découper la Russie en morceaux, et nous, nous devons nous opposer aux initiatives de notre capitalisme. C’est le défaitisme révolutionnaire de Rosa Luxembourg et de Lénine. C’est la voie juste, celle du drapeau rouge.

L’alternative est chaque jour plus évidente : Socialisme ou barbarie!

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Refus de l’hégémonie

CEMAT: « L’armée de terre est prête » pour la coalition anti-Russie

Le cauchemar continue et chaque jour apporte son lot d’escalade à la chronologie du bellicisme français depuis le 26 février 2024. La nouvelle du 19 mars 2024, c’est une tribune hallucinante du chef d’Etat-major de l’armée de Terre (CEMAT), Pierre Schill, dans le quotidien Le Monde.

Il y explique que l’armée française est prête à aller au carton. C’est immanquablement une contribution à l’escalade. C’est d’ailleurs parallèle à un bourrage de crâne général de la part des médias sur une possible invasion de toute l’Europe par la Russie. On nage en plein délire, comme en 1914.

« Joséphina, 23 ans, ne se plaint pas, l’essentiel c’est de se défendre contre la Russie »

Le même jour que la tribune du « CEMAT », la Russie a précisé qu’elle savait à quoi s’en tenir. Le directeur du renseignement extérieur russe (SVR), Sergueï Narychkine, a fait une déclaration à l’agence de presse russe TASS pour expliquer qu’était prévue l’arrivée en Ukraine de 2000 soldats français. Il a indiqué que cette force militaire française sera « une cible prioritaire et légitime pour les attaques des forces armées russes ».

Eh oui, le climat est à la guerre ! Mais qu’a dit Pierre Schill, très concrètement, dans sa tribune?

Il parle de guerre à tous les niveaux, guerre technologique, mais également guerre de masse.

« Sur le terrain, le retour de la violence guerrière s’impose en miroir de l’affaiblissement des règles internationales. Cette violence guerrière mute avec le développement technologique. Le fantasme d’un combat moderne, mené intégralement à distance grâce aux nouvelles technologies, s’est dissipé.

Les nouvelles formes de conflictualité s’ajoutent aux anciennes sans les remplacer : la guerre électronique n’est pas exclusive de corps-à-corps dans les tranchées ; les attaques cyber de duels d’artillerie ; les manipulations informationnelles de combats urbains maison par maison ; les missiles hypervéloces de frappes de drones à bas coût. »

Il dit ouvertement que la France n’est pas menacée… mais ce n’est pas le cas de sa place au niveau mondial dans les rapports de force. Pierre Schill parle littéralement comme un impérialiste.

« Les conflits actuels amènent à reconsidérer la notion de volume de force. Le temps où l’on pouvait infléchir le cours de l’histoire avec trois cents soldats est révolu (…).

Du fait de sa géographie et de l’état de prospérité au sein de l’Union européenne, aucun adversaire ne menace ses frontières métropolitaines (…).

Pourtant, la France n’est pas à l’abri des tensions qui se manifestent partout dans le monde. Elle a des responsabilités internationales. Elle a des intérêts et des territoires dans toutes les aires géographiques ».

Tout cela pour dire que la France est prête à assumer une coalition militaire… Qu’on devine évidemment contre la Russie, même si ce n’est pas dit. Il est bien précisé que cette coalition peut se faire en-dehors de l’Otan (c’est-à-dire avec des pays de l’Otan mais sans officiellement impliquer tout l’Otan).

« La France a la capacité d’engager en coalition une division, soit environ 20 000 hommes, dans un délai de trente jours.

Elle se dote des moyens de commander un corps d’armée en coalition, soit jusqu’à 60 000 hommes, en agrégeant une division française et des capacités nationales du haut du spectre militaire à une ou plusieurs divisions alliées.

L’état-major de corps d’armée est la structure indispensable pour diriger des opérations terrestres d’intensité variable, depuis des missions de gestion de crise ou de réassurance jusqu’à un engagement de haute intensité.

Il est l’outil d’une puissance capable d’entraîner des partenaires ; l’instrument diplomatique et militaire qui autorise la France à s’engager de manière autonome comme nation-cadre au sein de l’OTAN, comme au sein d’une coalition ad hoc. »

Et la conclusion de la tribune, en bon général pressé de faire la guerre:

« L’armée de terre s’adapte pour assurer la sécurité des Français et contribuer à celle de leurs alliés, principalement européens. Elle est engagée dans une vaste transformation qui renforce ses capacités et durcit son organisation.

Dans ses villes de garnison, en exercice ou en opération, l’armée de terre incarne la force et les valeurs de la nation. Elle est fière qu’une part importante de la jeunesse rejoigne ses rangs.

Elle se tient prête. Quelles que soient les évolutions de la situation internationale, les Français peuvent en être convaincus : leurs soldats répondront présent. »

C’est un soutien sans équivoque à la ligne du 26 février 2024. L’intervention militaire fait plus que se dessiner, elle prend déjà forme, elle est là. Guerre à la guerre !

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Refus de l’hégémonie

Mobilisez-vous contre la mobilisation!

On trouvera désormais sur agauche.org une page dédiée au matériel de l’agitation anti-guerre, avec des modèles d’affiches, d’autocollants, de tracts. Ce matériel n’a nullement la prétention d’être parfait, seulement utile. Il s’agrandira au fur et à mesure et il ne faut pas hésiter à nous envoyer des contributions, l’idée étant de servir le plus largement possible.

C’est que tout se joue désormais sur cette question. Le capitalisme français a choisi d’aller à la guerre contre la Russie pour sortir de sa crise. La révolution a jusqu’à présent totalement échoué contre le capitalisme français, mais là il y a une ouverture nouvelle, historique, dans l’opposition à la guerre. C’est là que tout se décide. C’est là où une nouvelle rationalité doit apparaître.

Car la maturité et le sens des responsabilités sont par définition absents d’une société de consommation. Lorsque Emmanuel Macron a parlé la première fois d’envoyer possiblement des troupes au sol en Ukraine, les Français se sont pour beaucoup moqués de lui. Beaucoup ne l’ont pas pris au sérieux, et ont pris au pied de la lettre les refus des dirigeants des autres pays.

Puis, après, l’absence de maturité, vient l’absence de responsabilités. Car finalement les langues sont dénouées, un pays de l’Otan après l’autre a commencé à dire qu’il fallait en discuter, que ce n’était pas du tout pour aujourd’hui, mais qu’après tout… Et là, les Français, au lieu de s’insurger contre la tendance à la guerre, ont fait comme ils le font tout le temps, ils ont regardé ailleurs.

Sauf que cette fois, ce n’est plus possible. On peut détourner le regard de la cause animale en s’alignant sur la société de consommation, on peut abandonner l’idée de révolution pour se replier sur sa vie de famille, on peut se contenter de contempler et de critiquer sans rien faire à part regarder Netflix. La société de consommation permet toutes les fuites possibles. La France est un des pays les plus riches du monde, au-delà de tout misérabilisme démagogique.

Mais la guerre… c’est autre chose. Impossible de fuir, cette fois, impossible de regarder ailleurs. La guerre exige la mobilisation, le soutien à l’effort de guerre, l’Union sacrée, l’alignement complet sur le discours officiel.

L’Union sacrée contre la Russie, on l’a pratiquement déjà à tous les niveaux dans notre pays. Du Rassemblement National à La France Insoumise, tout le monde vote pour fournir des armes au régime ukrainien et pour faire tomber la Russie. Les médias ne cessent de raconter depuis 2022 que les soldats russes tuent leurs blessés, visent les civils, n’ont plus de missiles, n’ont plus de munitions, désertent… Que Poutine est malade en phase terminale, qu’il utilise des sosies, que l’économie russe est à l’agonie, etc.

Le bourrage de crâne est là, le choix de faire la guerre est fait. La page de chronologie de l’escalade depuis le 26 février 2024 que nous avons ouverte promet d’être terrifiante. On est en plein drame historique. On est entraîné vers la guerre. C’est un véritable ouragan invisible qui s’est emparé de la France capitaliste, hypnotisant tout l’appareil d’Etat, dans la grande passivité des masses.

Alors, il faut y aller. Il faut semer les graines de l’opposition à la guerre, qui ne peuvent que germer de par le contexte mondial en plein développement.

Il faut prendre ses responsabilités, il faut répondre à l’appel de l’Histoire, comme Rosa Luxembourg et Lénine hier. Il faut vaincre la guerre!

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Refus de l’hégémonie

Macron assume de nouveau les troupes françaises en Ukraine

Au retour en avion de Berlin où ont été annoncées des mesures de soutien militaire au régime ukrainien, Emmanuel Macron a accordé une interview au Parisien. On parle ici d’un quotidien de la région parisienne au niveau très faible sur les plans intellectuel et culturel. L’horizon du Parisien, c’est le club de football du Paris Saint-Germain et les faits-divers, avec un alignement complet sur la vie quotidienne du capitalisme.

Emmanuel Macron a encore une fois tenu des propos chocs, dénués d’ambiguïtés pour qui a un sens de l’Histoire. On est en pleine narration à l’américaine pour aller, petit à petit, à la guerre avec la Russie. Cette guerre est présentée comme nécessaire, possible, souhaitable.

« Peut-être qu’à un moment donné – je ne le souhaite pas, n’en prendrai pas l’initiative –, il faudra avoir des opérations sur le terrain, quelles qu’elles soient, pour contrer les forces russes. »

« Il ne faut pas se laisser intimider, nous n’avons pas face à nous une grande puissance. La Russie est une puissance moyenne dotée de l’arme nucléaire, mais dont le PIB est très inférieur à celui des Européens, inférieur à celui de l’Allemagne, de la France. »

« L’Allemagne a une culture stratégique de la grande prudence, de non-intervention, et elle se tient à distance du nucléaire. Un modèle très différent de celui de la France, dotée de l’arme nucléaire et ayant gardé et renforcé une armée de métier. »

« [Sur le fait de se préparer à tous les scénarios] Ce serait une erreur, une faute, de ne pas le faire. Je suis d’ailleurs persuadé que dans certains de ces scénarios, chacun, qui le peut avec son modèle, prendrait ses responsabilités. »

On est ici dans le choix de faire une guerre longue à la Russie, de multiplier les initiatives pour aller au conflit généralisé tout en cherchant à éviter l’emploi de l’arme nucléaire. Cela implique de revendiquer haut et fort le possible emploi de l’arme nucléaire, ce dont Emmanuel Macron ne se prive pas.

C’est une logique de guerre tout à fait évidente. Et cela passe comme une lettre à la poste dans un pays corrompu dans sa position hégémonique dans le monde. Les Français sont surtout passifs, avec une partie d’entre eux tout à fait partisans de démolir la Russie pour continuer à vivre comme avant. Heureusement une petite partie comprend ce qui se passe et est révoltée par l’engrenage réalisé par Emmanuel Macron.

Sauf que pour faire face à la guerre, il faut aller dans le sens de rompre avec le mode de vie capitaliste, et là c’est quelque chose au-delà des forces de quasiment tout le monde. On va donc vers des contradictions s’exprimant de manière nouvelle, avec des luttes de classes qui vont se poser de manière tranchée sur la question de la guerre, recomposant le prolétariat ou au contraire le pressurisant encore plus dans sa soumission à la bourgeoisie.

C’est une époque nouvelle et c’est pourquoi une page spéciale a été ouverte avec la chronologie du bellicisme depuis le 26 février 2024. Ctte chronologie, mise à jour, est un outil pour dévoiler, démasquer la tendance à la guerre.

Guerre à la guerre !

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Refus de l’hégémonie

Ukraine: Macron, Scholz et Tusk à Berlin

C’est une séquence très forte : l’Assemblée nationale soutient l’accord franco-ukrainien le 12 mars 2024, le Sénat fait de même le 13… Puis, Emmanuel Macron accorde une interview au 20 heures le 14, et le 15 il assiste à une grande réunion à Berlin avec le chancelier allemand Olaf Scholz et le premier ministre polonais Donald Tusk.

On est là dans un épisode très organisé de l’escalade. Il a été annoncé les choses suivantes à Berlin :

  • il y aura une « nouvelle coalition capacitaire sur les frappes dans la profondeur »,
  • les livraisons d’armes et de munitions au régime ukrainien vont augmenter, y compris en procédant à des achats sur le marché mondial (la France voulait initialement que cela soit acheté en Europe seulement),
  • la production d’armes en Ukraine même va être développée,
  • les avoirs russes gelés dans l’Union Européenne génèrent des profits qui vont être utilisés en faveur du régime ukrainien
Emmanuel Macron, Olaf Scholz, Donald Tusk

Ce que cela signifie, dans les faits, est que le conflit armé en Ukraine va durer encore longtemps. La « production européenne » souhaitée par Emmanuel Macron ne se fera pas réellement, car chaque pays a ses intérêts propres, les contradictions entre puissances capitalistes restent bien trop grandes.

Une alliance, cependant, pour faire tomber la Russie est par contre tout à fait faisable, et c’est le sens réel de tout le discours sur « l’Europe » et ses prétendues « valeurs ». On remarque toutefois que le Royaume-Uni n’est pas présent, alors qu’il est militairement l’un des grands soutiens du régime ukrainien. Et même si le Royaume-Uni n’est plus dans l’Union Européenne, on n’entend pas pour autant parler de l’Italie, qui pourtant soutien le régime ukrainien également.

Ce qui se passe, en réalité, est que le Royaume-Uni qui voulait tellement entrer dans le conflit en Ukraine a décidé de laisser la France et l’Allemagne, qui comptent fournir le matériel, alors que la Pologne est censée fournir les troupes. Sur le papier, c’est ce qui est prévu pour l’instant et c’est pour cela qu’Emmanuel Macron peut, sans « mentir », dire qu’il ne veut pas que la France entre en guerre avec la Russie.

Sauf que tout cela, ce sont des contorsions, que les choses ne se déroulent jamais comme sur le papier et qu’on va dans un imbroglio militaire qui va durer des années. Moins la Russie tombera, plus les contradictions entre puissances en Europe vont s’accentuer, et tout va devenir toujours plus instable, parallèlement à un capitalisme en crise qui ne sait plus à quoi se raccrocher.

Comme, qui plus est, c’est l’incendie au Proche et Moyen-Orient, avec l’Etat israélien qui ravage Gaza et qui va bientôt entrer en guerre au Liban, et que la superpuissance américaine vise à affronter son concurrent chinois, le brasier va être d’une importance historique.

On peut dire en un sens que l’Histoire commence, du point de vue français, le 26 février 2024 avec Emmanuel Macron parlant de la possibilité de troupes au sol. Désormais, plus rien n’est pareil, dans des proportions toujours plus grandes. C’était déjà le cas depuis le Covid, mais là on entre dans une autre séquence, celle de la tentative de sauver le capitalisme par la guerre de repartage du monde. C’est une séquence historique de dimension transcendante, avec comme alternative la révolution ou la guerre !

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Refus de l’hégémonie

Emmanuel Macron sur l’Ukraine le 14 mars 2024

L’accord franco-ukrainien a été largement approuvé par l’Assemblée nationale le 12 mars 2024, puis le lendemain par le Sénat. Le président français Emmanuel Macron a alors pris la parole le 14 mars, au « 20 heures » des chaînes TF1 et France 2.

Ce qu’il a dit était dans le prolongement de ce qui avait été dit depuis le fameux 26 février 2024. Cela donne la chose suivante : la Russie ne doit pas gagner contre le régime ukrainien, car elle présente une menace existentielle, par conséquent son régime doit changer. Pour autant… nous ne sommes pas en guerre contre la Russie. Celle-ci est un « adversaire », pas un ennemi, du moins pas encore, car elle viserait à conquérir toute l’Europe !

C’est le même discours que la France contre l’Allemagne avant 1914. La France ne voudrait pas la guerre, elle est forcée au conflit alors qu’elle ne le veut pas. Et quand la guerre se déclenche, on prétend que c’est une guerre juste, la « der des der » pour instaurer une paix universelle en forçant l’ennemi à changer pour devenir aussi « pacifique » que la France.

« La France est une force de paix. Pour avoir la paix en Ukraine, il ne faut pas être faible. Il nous faut lucidement regarder la situation et il nous faut avec détermination, volonté, courage dire que nous sommes prêts à mettre les moyens pour atteindre notre objectif qui est que la Russie ne gagne pas. »

Tout le bellicisme a ainsi été masqué par Emmanuel Macron derrière une « obligation », celle de faire face à l’adversaire.

« Il y a deux ans, on disait qu’on enverrait jamais de missiles et d’avions, on l’a fait. Nous avons mis trop de limites, dans notre vocabulaire. Nous ne sommes pas dans l’escalade. Nous, nous ne sommes pas en guerre contre la Russie. Il faut être clair, nous ne devons pas laisser la Russie gagner. » 

De manière plus marquante, les heures précédant l’interview d’une demi-heure d’Emmanuel Macron ont vu le petit « scandale » de la fuite faite par le quotidien Le Monde, comme quoi Emmanuel Macron, en février, aurait dit nonchalamment devant plusieurs personnes que « De toute façon, dans l’année qui vient, je vais devoir envoyer des mecs à Odessa ».

Bien entendu, l’Elysée a démenti. Néanmoins, il est douteux que Le Monde se soit permis de sortir cela ainsi. Le même jour, on pouvait lire pareillement sur le site du Monde que :

Depuis le début du conflit ukrainien, des membres du personnel diplomatique sous couverture, des « conseillers » insérés au sein des états-majors ukrainiens ou de forces spéciales de tous types, effectuent des allers-retours à Kiev. « L’action de ces services est par nature clandestine, donc en dehors du droit de la guerre », rappelle Vincent Crouzet, ancien collaborateur de la direction générale de la sécurité extérieure.

C’est là quelque chose qui rentre totalement dans la narration d’Emmanuel Macron. La France y est, sans y être, etc. Nul hasard à cela. Le Monde est directement l’organe de la bourgeoisie moderne française, libérale-démocrate comme Emmanuel Macron. Le quotidien appelle ainsi régulièrement à la guerre européenne contre la Russie, comme ici en février 2023 par exemple.

Et si on regarde en détail comment Emmanuel Macron a sorti sa bombe le 26 février 2024 de l’envoi de troupes en Ukraine, on voit que cela a été savamment mis en scène à la fin de la conférence de presse, justement par l’intermédiaire d’un journaliste du Monde.

Tout cela ne forme qu’une narration pour préparer l’opinion publique, pour présenter la guerre comme inéluctable, comme « tombant d’elle-même » malgré les « bonnes volontés » françaises…

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Refus de l’hégémonie

13 mars 2024, la question ukrainienne au Sénat

Après le « débat » à l’Assemblée nationale le 12 mars 2024, c’est le Sénat qui a suivi. Ce fut le même scénario : le gouvernement, par l’intermédiaire du premier ministre Gabriel Attal, souligne l’importance de l’accord franco-ukrainien… explique que la Russie est à la fois criminelle et responsable d’absolument tous les maux économiques. « Si l’Ukraine perd, nous perdons nous aussi » a-t-il dit. « Nous ne laisserons pas la Russie gagner ! » a-t-il conclu.

Les partis gouvernementaux lui emboîtent forcément le pas (Les Républicains à droite, le Parti socialiste et Europe Ecologie Les Verts à « gauche »). Ils savent qu’il y a un prix à payer pour pouvoir gouverner : il faut s’aligner. La France capitaliste a une logique militaire et industrielle, personne ne peut aller au gouvernement sans l’assumer.

Quand on voit le sénateur Europe Ecologie Les Verts Guillaume Gontard raconter qu’il faut effectivement fournir au régime ukrainien « des munitions, de l’artillerie, des obus et systèmes de défense anti aérien », mais aussi « des Mirage 2000 D », on voit à quel point l’adaptation est obligatoire. En quelques années, Europe Ecologie Les Verts est passé d’une force de gauche à prétention écologiste à un mouvement ultra-belliciste au nom de l’Union européenne !

Quant à Rachid Temal, socialiste vice-président de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, il a carrément présenté le retour de « la guerre totale sur le continent européen » comme « une réalité que nous devons prendre en compte » !

Avec cet arrière-plan, il y a donc eu 326 sénateurs qui ont voté. 293 ont voté en faveur de l’accord franco-ukrainien, 22 ont voté contre. Dans le prolongement du vote à l’Assemblée nationale, c’est une véritable offrande au gouvernement pour sa ligne belliciste. La grande majorité soutient son initiative et il y a même quelques opposants à dénoncer comme des agents de Vladimir Poutine.

C’est parfait pour la France capitaliste que cette hégémonie complète, avec quelques protestataires dont on peut se moquer, et qui servent à faire peur !

Car les partis populistes pensent pouvoir l’emporter par une sorte de soulèvement électoral, qui les porterait au gouvernement en leur accordant une grande marge de manœuvre. Cependant, le cahier des charges bourgeois ne disparaît pour autant.

Et donc, les populistes doivent combiner la manipulation des gens et le fait d’être crédible pour gouverner, c’est un jeu d’équilibriste ! C’est pour cela que le RN de Marine Le Pen et Jordan Bardella, La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, le PCF de Fabien Roussel… disent tous qu’ils soutiennent le régime ukrainien, que le soutien français au régime est une très bonne chose.

Ils ne peuvent pas faire autrement ! Mais ils ont peur de perdre leur base populaire, alors ils disent que le gouvernement agit mal, que le président Emmanuel Macron gère mal les choses, qu’il y a des risques, notamment nucléaires. C’est là de la « politique » politicienne tout à fait traditionnel, avec toute sa dose d’absurdité.

Cécile Cukierman, du PCF, a ainsi dénoncé la Russie et son action considérée comme criminelle, appelé à absolument soutenir le régime ukrainien, salué le nationaliste russe Navalny comme une grande figure « démocratique »… pour ensuite reprocher à Emmanuel Macron sa logique d’escalade, ainsi que sa volonté d’intégrer l’Ukraine dans l’Otan. Cela n’a strictement aucun sens.

Le Rassemblement national n’a que trois sénateurs et c’est Christopher Szczurek qui a pris la parole pour eux. Il a fait l’éloge du régime ukrainien, il a affirmé que tout ce que le gouvernement français fait depuis deux ans pour le régime ukrainien est très bien ! Cela implique donc le soutien militaire… Mais Christopher Szczurek a pourtant expliqué qu’il était contre l’escalade dans ce soutien. C’est totalement incohérent.

On comprend tout, de toutes façons, quand on voit que le « débat » a été conclu par les interventions du ministre des Armées Sébastien Lecornu et du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Stéphane Séjourné. Leurs propos ont été sans ambiguïtés : il faut faire tomber la Russie.

Tout cela est, bien entendu, une fuite en avant du capitalisme français en crise. Voici un simple exemple pour comprendre la vanité de la France décadente. Dans un petit article de compte-rendu des propos du ministre des Armées sur le site étatique Public Sénat (le Sénat disposant de sa chaîne de télévision), on lit la chose suivante :

« Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu a tenu à rassurer les sénateurs sur l’aide militaire de la France à l’Ukraine dans le cadre de l’accord bilatéral de sécurité qui entraîne l’élaboration par le gouvernement d’un nouveau paquet d’aides militaires « jusqu’à 3 milliards d’euros ».

« Il conviendra de répondre présent sur l’artillerie, sur la défense solaire, sur les frappes après la ligne de front », a-t-il cité. »

Le denier mot reflète bien le niveau débile des intellectuels bourgeois, qui sombrent : le ministre ne s’est bien entendu pas cité lui-même. Mais il est parlé surtout de « défense solaire ». Solaire, c’est relatif au soleil, il fallait bien entendu comprendre « sol-air », de missiles lancés depuis le sol pour viser des avions.

Comme toutefois dans la France capitaliste en décadence, tout le monde fait semblant de tout, personne ne comprend vraiment ce qu’il fait, et forcément on arrive à des aberrations partout. C’est très mal parti pour mener une guerre et c’est pour cela que sacrifier les Ukrainiens en leur fournissant du matériel pour servir de chair à canon est la meilleure méthode du point de vue occidental !

Mais on ne coupera pas à l’engrenage. Et là tout le tissu social français va se déchirer, et on entrera alors, enfin, dans une époque de révolution. Ce sera le Socialisme contre la guerre de repartage du monde. On est au tout début du processus, mais il est inéluctable.

Il y a un sinistre engrenage – mais l’inverse est présent également, comme réponse historique, sous la forme du défaitisme révolutionnaire, du drapeau rouge !

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Refus de l’hégémonie

12 mars 2024, la question ukrainienne à l’Assemblée

Quelques jours après la convocation des chefs de groupes parlementaires à l’Élysée, les députés ont été invités par le gouvernement mardi 12 mars 2024 à donner leur avis sur l’accord de sécurité franco-ukrainien du 16 février 2024.

Ils ont donnés un avis largement positif sur cet accord militaire, même si ce vote n’a absolument aucune signification légale. C’était une simple consultation pour la forme, alors qu’en pratique tout a déjà été réglé par le Président depuis un mois, conformément à la nature de la Ve République.

Le Premier ministre Gabriel Attal, sur un ton monotone et lisse, carrément insipide, a donc récité par cœurs tous les éléments de langage occidentaux depuis deux ans à propos de l’Ukraine.

La Russie serait barbare et massacrerait volontairement des civils en mode génocide : « [ils] tuent femmes et enfants sans état d’âme ».

C’est là du bourrage de crâne digne de la guerre de 1914-1918. Et Gabriel Attal se sent donc « obligé » de faire la guerre à la Russie. Alors il vante ce que la France et l’Union européenne ont fait pour aider au massacre entre peuples frères d’Ukraine et de Russie :

« Dès les premiers moments de la guerre, nous avons livré des matériels déterminants. »

En détail, il a rappelé les canons César, les lance-roquettes, les missiles SCALP. Pour l’avenir, il prévoit des milliards et des milliards d’euros. Et plus concrètement : une livraison de 150 drones, 100 munitions téléopérées, 6 canons César, ainsi que la production de 3 000 obus par mois pour l’Ukraine.

Les volontés d’Emmanuel Macron sur la possibilité d’escalade ont bien évidemment été réitérés par Gabriel Attal :

« Nous n’excluons par principe aucune option. Nous ne nous fixons pas de limite face à une Russie qui elle n’en fixe aucune ».

« Nous n’abandonnerons pas l’Ukraine, et nous n’excluons par principe aucune option. »

La France veut et prépare la guerre contre la Russie, cela ne fait plus l’ombre d’un doute.

Gabriel Attal a été particulièrement outrancier également en expliquant que tous les maux de la France seraient la faute du méchant russe Vladimir Poutine.

Toute la politique intérieure du gouvernement tient ainsi en cette phrase : si les choses vont mal, c’est la faute à la Russie.

C’est grotesque, mais totalement assumé :

« Une victoire de la Russie,[…] c’est le danger constant des cyberattaques qui se multiplient. Une victoire de la Russie, c’est la plus grande vague migratoire de l’histoire sur le continent européen. »

« Une victoire de la Russie, c’est un danger direct pour notre sécurité alimentaire »

« Moscou serait libre de faire monter les prix comme bon lui semble. »

« Si elle se trouvait en position de force, la Russie serait en mesure de déstabiliser encore davantage le marché énergétique. Avec à la clef un cataclysme pour le pouvoir d’achat des Français, une explosion des prix de l’énergie puissance 10 »

Pour ce qui est des « oppositions », les choses sont très simples. Les libéraux à tendance conservatrice de Les Républicains sont d’accord avec le gouvernement, tout comme les pseudo « socialistes » de la fausse gauche (le PS), qui ont voté « POUR ».

Le centre et toutes les forces libérales gravitants de près ou de loin autour d’Emmanuel Macron ont aussi voté « POUR ».

De leur côtés, les nationalistes à tendance sociale du Rassemblement national n’ont pas été capable de voter « CONTRE », se contentant d’une abstention, tellement ils sont soumis à l’Otan et aux injonction de la superpuissance américaine pour soutenir l’Ukraine.

Seuls les populistes sociaux de la France insoumise et la Gauche républicaine (le PCF) ont été obligé de voter « CONTRE », tellement la tendance à la guerre est flagrante. Ils n’auraient jamais pu tenir par rapport à leur propre base.

Ils ont expliqué, en fin de compte, qu’ils ne veulent pas ajouter de l’huile sur le feu, qu’il faut être plus prudent, chercher une solution négociée, etc.

Mais c’est hypocrite, car tant les uns que les autres, malgré ce vote « CONTRE », ne se sont jamais opposés à l’envoi d’armes au régime ukrainien, ne dénoncent pas la marche à la guerre de la France.

En fait, La France insoumise et le PCF sont des forces conservatrices, représentant les intérêts du prolétaire syndicaliste propriétaire de son pavillon et qui ne veut surtout pas que quoi que ce soit change. Alors, pour les initiatives pro-guerre du capitalisme, il n’y a pas de soutien, mais pas d’opposition non plus.

Il suffit de regarder : ni La France Insoumise ni le PCF ne parlent jamais de la guerre en Ukraine (ni le NPA, ni l’Union Communiste Libertaire, ni les PCRF, UC, CDP, et tout ce qu’on voudra encore).

Arnaud Le Gall, député de La France Insoumise, a pris la parole pour rappeler que La France Insoumise avait soutenu la cession d’armes au régime ukrainien. Fabien Roussel, du PCF, a rappelé que « Oui, il faut donner les moyens à l’Ukraine de se défendre comme nous l’avons fait jusqu’à maintenant ».

Comment peuvent-ils maintenant prétendre être contre l’escalade? C’est de la poudre aux yeux pour tromper leur base. Leur opposition est fictive et ils savant très bien qu’en agissant ainsi, cela ne change rien. Ils se placent dans le système capitaliste, qu’ils évitent soigneusement la confrontation.

En fin de compte, le vote a été un succès pour le régime, puisqu’il y a eu 372 voix pour, 101 abstentions et 99 voix contre, avec une opposition qui est pour le soutien militaire au régime ukrainien et exprime seulement ses craintes d’une « escalade ».

Le régime a les mains libres et va aller toujours plus loin.

Cela montre bien que la seule opposition possible, désormais, c’est celle qui fait face à la guerre. Ce qui est évident, si on est révolutionnaire, est que ce qui se joue, c’est la bataille contre la guerre, et que bien évidemment cela sera un combat rude, acharné, très difficile, avec un Etat pratiquant la répression.

C’est une réelle lutte de classes qui se profile, pas des négociations au sein d’un capitalisme français occidental riche et protégé, profitant de masses corrompues par le niveau de vie et le style de vie libéral.

Depuis le 26 février 2024, la ligne s’impose d’elle-même. C’est la révolution ou la guerre, et c’est le défaitisme révolutionnaire qu’il faut appliquer! C’est l’Histoire qui s’écrit!

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Refus de l’hégémonie

Zaloujny, de chef de l’armée ukrainienne à ambassadeur

Le 8 mars 2024, le ministre des affaires étrangères polonais Radosław Sikorski expliquait qu’une intervention de l’Otan aux côtés de l’Ukraine était une très sérieuse hypothèse, afin de mettre au pas la Russie, autrement dit de la dépecer.

« La présence de forces de l’OTAN en Ukraine n’est pas impensable. J’apprécie l’initiative du président Emmanuel Macron car il s’agit de faire en sorte que Poutine ait peur et non que nous ayons peur de Poutine.

La Russie s’est révélée civilisationnellement incapable d’adopter nos valeurs, malgré nos encouragements répétés. Nous avons dû revenir au rôle initial de l’OTAN. Les Russes se définissent eux-mêmes comme un pays qui ne peut pas vivre en paix avec ses voisins. »

Cette diatribe polonaise ne doit pas surprendre, le nationalisme polonais rêve depuis des centaines d’années de prendre le contrôle de toute l’Europe de l’Est et de détruire la « Moscovie ». Et c’est là qu’on a affaire à des complications très nombreuses, qu’il est nécessaire pourtant de saisir pour ne pas perdre le fil.

Le plus simple pour cela, c’est de prendre la nomination de Valeri Zaloujny, nommé le 7 mars 2024 ambassadeur extraordinaire au Royaume-Uni. Auparavant, il était commandant en chef des forces armées d’Ukraine.

Zaloujny, un général, occupait ce dernier poste depuis juillet 2021, avant de se faire démettre début février 2024. C’est justement là où c’est intéressant. Zaloujny est en effet un fervent nationaliste, un admirateur de Stepan Bandera. En fait, l’armée ukrainienne est par définition bandériste.

Zaloujny avec un officier devant un portrait de Stepan Bandera

Or, le nationalisme ukrainien est traditionnellement exterminateur par rapport aux Juifs, aux Polonais et aux « Moscovites ». Cependant, la situation actuelle empêche une telle « franchise » et les nationalistes appuient surtout l’idée d’une alliance entre le Royaume-Uni, la Pologne et l’Ukraine.

Le Royaume-Uni assume depuis le départ de vouloir détruire la Russie, et, fait très important, en février 2022, une alliance dénommée « trilatérale » unissait le Royaume-Uni, la Pologne et l’Ukraine.

C’est le sens de la nomination de Zaloujny comme ambassadeur à Londres. C’est un compromis avec les nationalistes ukrainiens de la part de la fraction directement pro-américaine, dirigée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Par nationalistes ukrainiens, il ne faut pas penser à Azov. La ligne d’Azov est celle d’un bandérisme « pur », jusqu’au-boutiste avec un racialisme « européen » à l’arrière-plan. C’est le « secteur droit » qui est ici au cœur de la question, car il est le parti prônant l’alliance directe avec le Royaume-Uni, tout comme « Svoboda ».

Rappelons que tant Azov que le « secteur droit » et « Svoboda » disposent d’unités de l’armée directement sous leur direction idéologique. Ces organisations pèsent très lourd en Ukraine.

Valeri Zaloujny et Dmytro Kotsyubaylo du « secteur droit » en décembre 2021 après la remise au second de la plus haute décoration ukrainienne par Volodymyr Zelensky 

Zaloujny était parfaitement en phase avec l’armée bandériste, et était très populaire, d’où la grande surprise de son éviction. Mais une semaine avant son éjection du poste de commandant en chef des forces armées d’Ukraine, il y avait des rumeurs de heurts politiques très violents entre Zaloujny et Zelensky.

Cela semblait très flou. On devinait alors un affrontement interne, très brutal, dont le point de départ était l’échec de la « contre-offensive » ukrainienne. Mais quel était la nature de cet affrontement ?

Retraçons les grandes lignes de ce qui s’est passé. Nous le disions dès avril 2023 : cette contre-offensive n’avait qu’un seul sens, celui de servir la marche à la guerre du côté occidental.

L’échec de la contre-offensive, de fait, a été complet, et un grand souci du point de vue occidental dans le bilan est que Zaloujny n’a pas suivi les consignes de l’Otan, dispersant tout le matériel fourni en différents points au lieu de chercher à ouvrir une brèche.

Il a également reconnu, en novembre 2023 lors d’une interview au média américain The Economist, l’échec de la contre-offensive. Pour cette raison, il a ensuite poussé à la mobilisation de 500 000 nouveaux soldats, ce que Zelensky voyait comme un grand risque politique dans une Ukraine sous le joug du nationalisme, mais avec une base très précaire sur le plan social ou des idées.

Zaloujny a alors été remplacé par Oleksandr Syrsky, ancien commandant des forces terrestres, lié à la fraction de Zelensky. Mais comme la superpuissance américaine a confié la patate chaude aux Européens, Zaloujny a été nommé au Royaume-Uni, comme compensation renforcée aux nationalistes ukrainiens.

Zaloujny avait d’ailleurs entre-temps refusé d’être nommé au Conseil national de Sécurité et de Défense, preuve qu’il voulait rester dans la partie politique en cours au sein d’un régime ukrainien en très mauvaise posture.

Autrement dit, on a ici les deux fractions principales aux commandes en Ukraine, maintenant une forme de compromis : la fraction soumise à la superpuissance américaine, dirigée par Volodymyr Zelensky et aux commandes, la fraction nationaliste cherchant un tournant « britannique » et polonais, qui n’est pas aux commandes mais reste puissante.

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Refus de l’hégémonie

La convocation sur l’Ukraine à l’Elysée

Après avoir jeté un pavé dans la mare en assumant la possibilité de l’engagement militaire directe de la France contre la Russie, le Président Emmanuel Macron a reçu jeudi 7 mars 2024 les chefs de partis politiques représentés au Parlement.

Nonobstant le fait qu’il n’y a pas de réelle opposition parlementaire – l’alignement sur l’Otan – et la propagande anti-russe – est total en France-, le chef de l’État entend bien encadrer les choses. Le régime français a besoin d’une nouvelle Union sacrée pour faire la guerre à la Russie, alors il doit s’assurer d’un soutien sans faille des partis, et neutraliser toute possibilité d’opposition démocratique et populaire.

La convocation avait donc pour but de préparer les députés et sénateurs au débat et au vote du 12 mars à l’Assemblée nationale et du 13 mars au Sénat.

« Le Président de la République a demandé au gouvernement de faire devant le Parlement une déclaration en application de l’article 50-1 de la Constitution, relative à l’accord bilatéral de sécurité conclu avec l’Ukraine le 16 février 2024 et à la situation en Ukraine, suivie d’un débat et d’un vote ».

On ne saura rien précisément de cette réunion organisée par le président, qui aurait duré trois heures. Aucun article de fond, ni aucune présentation détaillée n’a été faite par qui que ce soit ; il n’y a absolument aucune transparence démocratique sur le sujet.

Les élus convoqués se sont contentés de descriptions vagues et générales sur le fait qu’il y aurait eu des cartes de montrées, un bilan de la situation militaire compliquée en Ukraine, avec l’idée que la France pourrait intervenir si la Russie approchait Odessa ou Kiev.

Le secret-défense a probablement été de mise. Mais ce qui compte, et qui est systématiquement relayé, c’est le fait qu’Emmanuel Macron n’envisage absolument aucune limite à l’intervention militaire, ni aucune « ligne rouge ».

C’est Fabien Roussel du PCF qui en a dit le plus, et surtout qui a dit l’essentiel. Selon lui, « toutes les forces politiques » sont d’accord sur l’objectif qui est « que nous ne voulons pas que la Russie gagne, que tout doit être fait ». Seulement, ajoute-t-il, « notre seul sujet de divergence, ce sont les moyens que nous y mettons ».

Voilà. Tout le monde est d’accord pour suivre les plans de la superpuissance américaine, qui sous-traite maintenant à l’Union européenne la guerre contre la Russie. La France est le nouveau chef de file de ce bellicisme, avec à sa tête Emmanuel Macron qui ne souffre d’aucune opposition réelle dans son pays.

La situation est d’autant plus idéale pour Emmanuel Macron que les fausses oppositions prétendent en toute hypocrisie avoir des divergences, des inquiétudes.

Fabien Roussel du PCF a dit :

« Je trouve ça extrêmement grave et extrêmement dangereux. C’est ce qui s’appelle l’escalade guerrière comme on en a connu en Europe. »

Jordan Bardella du Rassemblement national a dit :

« Nous sommes en faveur, sur le principe, d’un accord bilatéral avec l’Ukraine, mais il faut placer des lignes rouges. »

Eric Ciotti pour Les Républicains rappelle :

« le soutien total des Républicains à l’Ukraine, à une aide financière et à des équipements militaires. Nous le dirons mardi à l’Assemblée, mais en revanche, j’ai redit notre totale opposition à un engagement de troupes au sol. C’est une position inopportune, irresponsable. »

Pour la France insoumise, Manuel Bompard a joué un peu plus la comédie que les autres :

« Je suis arrivé inquiet, et je suis ressorti encore plus inquiet. »

La secrétaire nationale des « écologistes » Marine Tondelier a dit que :

« C’était une réunion utile et nécessaire. »

Du côté du Parti socialiste avec Olivier Faure, c’est un véritable plébiscite en faveur d’Emmanuel Macron :

« Nous avons besoin de maintenir une pression forte sur Vladimir Poutine, lui dire que nous sommes derrière la résistance ukrainienne et que nous ne la lâcherons pas ».

La bourgeoisie française maitrise parfaitement sa partition et encadre minutieusement la préparation de la guerre directe à la Russie, qui est maintenant l’objectif à l’horizon des prochaines années.

Les pseudo-inquiétudes des uns et des autres sont d’autant plus utiles à Emmanuel Macron qu’il peut s’en servir, inversement, pour se montrer lui « réaliste », ayant accès à telle ou telle information, voyant directement les choses, prenant les responsabilités qu’il faut, rejetant le bal des hypocrites, etc.

Face à la guerre mondiale pour le repartage du monde, il ne s’agit pas de faire dans la demi-mesure. Il n’y a que deux camps : celui du peuple, fermement contre l’Otan et contre la guerre mondiale, donc contre tout soutien au régime ukrainien, et celui de la superpuissance américaine qui utilise la question ukrainienne contre la Russie (et indirectement contre la superpuissance chinoise).

Cela n’a rien d’une nuance, c’est une ligne de démarcation très nette et très claire. Car la France est maintenant impliquée au plus haut point dans la guerre face à la Russie, en préparation d’un affrontement militaire direct.

En effet, le même jour la France organisait une nouvelle réunion de ministres des Affaires étrangères et de ministres de la Défense pour l’offensive contre la Russie.

Là encore, c’est très opaque, mais la presse relaie toutefois quelques informations pour assurer la propagande de guerre.

Vingt-huit pays auraient été représentés, dont l’Ukraine, des États membres de l’Union européenne, les États-Unis et le Canada.

Il y aurait été question de huit chantiers, aux contenus très explicites : munitions, principes de déstockage, cyber, protection de la frontière, protection des États vulnérables, déminage, production industrielle sur place en Ukraine et une « 9e coalition » sur les missiles.

Une « source diplomatique » a résumé la chose à la presse en évoquant un « sursaut collectif et un sentiment d’urgence qu’il faut faire plus, faire mieux, faire autrement pour l’Ukraine ».

Toujours via « source diplomatique », il est expliqué dans la presse une chose également très importante, même fondamentale. Il est question directement de l’opinion publique et du fait que nous sommes actuellement à « un moment de bascule » :

« Il y a un travail d’explication très important sur les conséquences que cela provoque en termes de sécurité, de conséquences en termes de marché agricole, de conséquences migratoires et autres… »

Il n’y a donc aucune « inquiétude » à avoir… on est déjà à l’étape d’après. La guerre à la Russie n’est plus une hypothèse, une « ligne rouge », une « escalade ». C’est une opération en préparation.

La France se prépare à la guerre à la Russie et mène en ce moment (pour le compte des États-Unis) une coalition mondiale contre la Russie.

La seule position à avoir est donc aussi claire que nette : il faut saboter les plans français de guerre à la Russie. Il faut dénoncer non pas l’escalade, mais la préparation concrète et pratique de la guerre contre la Russie.

Pour bien appuyer les choses, ont notera également cette tribune le même jour, jeudi 7 mars 2024, dans le journal Le Monde qui est un des principaux relais de propagande du régime français.

Elle est signée par Dmytro Kuleba, le ministre ukrainien des affaires étrangères, qui appelle à une multiplication de la production d’armes et surtout à la fourniture à l’Ukraine d’obus d’artillerie.

Il va extrêmement loin dans la propagande de guerre et l’appel à un engagement forcené contre la Russie.

« Si aujourd’hui l’Ukraine se trouve dans cette situation, c’est parce que nos alliés en Europe et aux États-Unis ont mis des mois à débattre avant de prendre la décision de nous fournir des munitions d’artillerie en quantité suffisante.

Parce qu’ils n’ont pas accéléré à temps leur production d’armement, qu’ils ont traîné les pieds avant de se procurer du matériel militaire auprès de pays tiers et qu’ils ont exporté des obus produits en Europe vers d’autres régions du monde. »

Il explique également, montrant l’importance du rôle de la France dans la nouvelle phase de la guerre :

« Toutes les capitales européennes doivent comprendre cette vérité simple et dure à la fois, que l’on semble déjà avoir comprise à Paris : soit nos alliés (…) aident pleinement les soldats ukrainiens dans leurs batailles pour défendre les villes et les villages d’Ukraine, soit, un jour, ce sera au tour de vos soldats de sacrifier leurs vies dans des batailles pour défendre les villes et les villages des pays d’Europe centrale d’abord et du reste de l’Europe ensuite ».

La population ukrainienne est donc tenue de tenir quelques années, comme chair à canon, en attendant que l’Europe (pour le compte des États-Unis), avec la France à sa tête, s’arme et se prépare militairement à l’affrontement à la Russie.

Il faut mettre à bas ce plan impérialiste : le socialisme doit renverser la 3e guerre mondiale. C’est cela, la réelle actualité historique !

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Refus de l’hégémonie

Ukraine et France, le tournant du 26 février 2024

Les moments historiques où se rejoignent la vie quotidienne et la vie en collectivité sont rares dans une société française capitaliste qui divise, sépare, compartimente. Mais l’Histoire avance et précipite les gens dans des situations auxquelles ils ne s’attendaient pas.

Les propos d’Emmanuel Macron le 26 février 2024, avec une véritable mise en scène à l’occasion de la conférence de soutien au régime ukrainien à Paris, reflètent ici un saut qualitatif. Vous ne voulez rien savoir sur la guerre en Ukraine ? Eh bien le président du pays explique qu’il faudra peut-être y faire participer l’armée française.

Et là, ça a été le choc. Les gens ont été choqués. C’est une claque, bien entendu relativisé par le rationalisme français qui relativise tout. Il n’en reste pas moins que cela a profondément marqué.

Les partis politiques ont d’ailleurs été obligés de prétendre être étonné et choqué aussi, tellement la surprise a été grande. Mais c’est hypocrite, car dans les faits, tant La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon que le Rassemblement national de Marine Le Pen, tant le PCF de Fabien Roussel que Reconquête d’Eric Zemmour ont participé à la propagande de guerre contre la Russie, soutenu les mesures françaises de soutien au régime ukrainien.

Il suffit d’ailleurs de voir l’évolution des événements depuis six mois avant le conflit armé en Ukraine pour voir la montée en puissance de la narration belliciste, sous l’égide de la superpuissance américaine, y compris en France.

Pour prendre un seul exemple, il y a eu l’accueil triomphal réservé au président du parlement ukrainien Ruslan Stefanchuk, en février 2023. Mais il ne faut pas s’arrêter à quelques exemples et bien voir qu’il y a tout un fil narratif, une montée en gamme de la partition militariste.

Et juste après l’intervention d’Emmanuel Macron, il y a eu deux votes explicites au Parlement européen, le 29 février 2024, sur une ligne ouverte de défaite et de destruction de la Russie.

La vérité, c’est qu’à moins de dire qu’on ne veut rien avoir à faire avec le capitalisme français, on est obligé de le suivre. Si on veut des retraites plus fortes, on accepte de facto le capitalisme français qui va les financer et donc on ne veut pas qu’il s’écroule. Pareil si on prend la consommation avec un niveau de vie élevé au niveau mondial, les joies de la vie parisienne, etc.

Cela ne veut pas dire qu’il faille se replier au fond d’une forêt sous une tente, ou bien au sein d’une « ZAD » comme le veulent les anarchistes. Cependant, qu’il ne faut pas se faire corrompre par le capitalisme, même si on accepte de vivre dans une société dont les forces productives sont très développées.

Ce n’est pas simple, mais il y a un fil rouge, et la question de la guerre est ici décisive. Ceux qui ne parlent pas de la guerre de manière régulière sont hors-jeu, c’est aussi simple que ça. Ceux qui acceptent d’en parler mais rarement, simplement pour la forme, n’apportent pas grand chose.

Ceux qui, par contre, savent que dans 5, 10, 15 ans on va au carton, et qu’il faut empêcher cela, et que si on n’y parvient pas… alors il faudra assumer la révolution par la défaite de l’armée française – voilà ceux qui relèvent de la solution.

Ceux-là ont bien compris le sens du 26 février 2024, ils ont saisi que cette fois, le processus était enclenché, qu’il n’y aurait pas de retour en arrière.

Que faut-il faire ? Eh bien, la même chose que Rosa Luxembourg et Lénine, dans un contexte à la fois différent et similaire. Il faut prendre la position du défaitisme révolutionnaire. Dit autrement : la révolution comme négation du capitalisme revient sur le devant de la scène historique, car le capitalisme cherche à se sortir positivement de sa crise par la guerre.

Soit le capitalisme parvient à se relancer, soit il s’effondre. Soit le capitalisme parvient à la guerre et une force victorieuse relance un cycle capitaliste d’accumulation, soit il s’effondre sous le poids des contradictions, et c’est le Socialisme.

Telle est l’alternative !

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Refus de l’hégémonie

Deux votes unanimes, y compris français, de soutien complet de l’UE à l’Ukraine pour détruire la Russie

Le parlement européen a procédé à deux votes le 29 février 2024, concernant deux textes (qu’on peut lire ici). Ce sont des textes correspondent entièrement à la ligne exposée par Emmanuel Macron le 26 février 2024 lors de la Conférence de soutien à l’Ukraine.

On parle de deux appels à découper la Russie en morceaux, pas moins, et pour ce faire le régime ukrainien doit être soutenu par tous les moyens, principalement militaires.

Les titres des deux textes, votés à la quasi unanimité sont :

  •  L’assassinat d’Alexeï Navalny et la nécessité d’une action de l’UE pour soutenir les prisonniers politiques et la société civile opprimée en Russie
  • Nécessité d’un soutien sans faille de l’Union européenne à l’Ukraine, après deux ans de guerre d’agression russe contre ce pays

Le premier texte s’appuie sur la mort d’Alexeï Navalny en prison en Russie le 16 février 2024. Cet opposant russe était l’homme de main du camp occidental. Nationaliste raciste, il était devenu pro-Otan et allié des « libéraux » en Russie. L’Union européenne salue la mémoire de Navalny, dénonce comme illégitime le régime russe et affirme qu’elle:

« est convaincu que la victoire décisive de l’Ukraine peut entraîner de véritables changements dans le système de la Fédération de Russie, notamment désimpérialisation, décolonisation et refédéralisation, tant de conditions nécessaires à l’instauration de la démocratie en Russie »

C’est là un soutien total au régime ukrainien et un appel à dépecer la Russie, qui ne serait qu’une entité impériale. Le régime ukrainien diffuse depuis 2014 cette conception d’une Russie qui ne serait en réalité qu’une Moscovie ayant formé un empire.

Le vote pour ce texte : 506 voix pour, 10 contre, 21 abstentions.

Naturellement, du côté français, la droite et le centre ont voté pour.

Les députés liés au Parti socialiste ont également voté pour. C’est également le cas des députés liés à Europe écologie-Les Verts.

Les députés La France insoumise ont voté pour aussi. Il n’y a pas de députés PCF au parlement européen.

Jordan Bardella, à la tête avec Marine Le Pen du Rassemblement national, a voté pour, ainsi que les députés de son parti (à part certains absents ce jour-là).

Comme on le voit, le soutien au régime ukrainien, au dépeçage de la Russie est politiquement unanime en France.

Le second texte consiste entièrement en l’appel à soutenir par tous les moyens le régime ukrainien, car la Russie serait une « menace ». Il est dit que les économies occidentales sont bien plus fortes et qu’il faut que l’Union européenne remplace les États-Unis dans le soutien militaire.

L’Union européenne…

« redit une nouvelle fois son soutien à la fourniture constante d’une aide militaire à l’Ukraine, et ce aussi longtemps que nécessaire et sous toute forme possible pour que l’Ukraine puisse remporter la victoire. »

Et il faut toutes les armes, sans restriction. L’Union européenne…

« estime qu’il ne devrait y avoir aucune restriction auto-imposée à l’assistance militaire à l’Ukraine. »

Les missiles de longue portée, capables d’atteindre le territoire russe, sont nommés explicitement dans le texte ! Le texte est d’ailleurs extrêmement long pour attaquer la Russie à tous les niveaux, bref pour légitimer son dépeçage, son asservissement (avec des « réparations » à payer pour une durée infiniment longue).

Le vote de ce second texte : 451 voix pour, 46 contre, 49 abstentions.

Ici, il y a un petit changement, puisque Jordan Bardella et les députés du Rassemblement national se sont abstenus, tout comme ceux de La France insoumise.

Abstenus ! Ils n’ont pas voté contre, et de toutes manières c’est hypocrite, car le premier texte implique le second. Du moment qu’on dit qu’il faut détruire la Russie, alors inévitablement cela implique un vote concernant une question militaire ensuite.

Alors, qu’on ne s’y trompe pas. Toutes les bourgeoisies occidentales veulent la guerre, elles pensent que c’est jouable, et que c’est le meilleur moyen – le seul, même – pour sortir de la crise commencée en 2020.

Bien entendu, personne ne dira les choses ainsi et c’est pourquoi les propos d’Emmanuel Macron ont pu faire « scandale ». Personne ne dit jamais qu’il veut la guerre, pas même Hitler ou Mussolini ne le faisait. La guerre se fait toujours au nom de la « paix » et l’agressé est toujours présenté comme l’agresseur.

Encore est-il qu’avec des contradictions entre grandes puissances, tous les agressés sont agresseurs et vice-versa. Parce que c’est cela dont il s’agit : de la bataille pour le repartage du monde.

Et la ligne rouge est claire. Il faut que la France soit en échec, que l’Otan connaisse la défaite, que l’occident soit en déroute. C’est la position du défaitisme révolutionnaire, de Rosa Luxembourg et de Lénine, c’est la ligne juste !

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Les deux textes anti-Russie de l’UE du 29 février 2024

Deux votes concernant la Russie ont eu lieu le 29 février 2024, aboutissant à l’adoption de deux textes. Voici leur contenu.

La première résolution fait l’éloge d’Alexeï Navalny, enlève toute légitimité au régime russe et appelle à dépecer la Russie, car ce serait un empire colonial.

« Résolution du Parlement européen du 29 février 2024 sur l’assassinat d’Alexeï Navalny et la nécessité d’une action de l’UE pour soutenir les prisonniers politiques et la société civile opprimée en Russie (2024/2579(RSP))

Le Parlement européen,

– vu ses résolutions antérieures sur la Russie, notamment celles sur Alexeï Navalny et sur la situation des droits de l’homme dans le pays,

– vu le communiqué de sa Conférence des présidents du 21 février 2024,

– vu la déclaration du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au nom de l’Union européenne, du 19 février 2024 sur la mort d’Alexeï Navalny,

– vu la déclaration commune de la Présidente de la Commission et du vice-président de la Commission et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (VP/HR) du 16 février 2024 sur la mort d’Alexeï Navalny,

– vu la constitution de la Fédération de Russie et les obligations internationales en matière de droits de l’homme que la Russie s’est engagée à respecter,

– vu la déclaration universelle des droits de l’homme, la convention européenne des droits de l’homme et le pacte international relatif aux droits civils et politiques,

– vu le rapport de la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits humains dans la Fédération de Russie, Mariana Katzarova, du 15 septembre 2023 intitulé «Situation of human rights in the Russian Federation» (Situation des droits de l’homme en Fédération de Russie),

– vu la déclaration de la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits humains dans la Fédération de Russie du 22 février 2024,

– vu le rapport de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne du 11 juillet 2023 intitulé «Protecting human rights defenders at risk: EU entry, stay and support» (Protéger les défenseurs des droits de l’homme menacés: entrée et séjour dans l’Union, et aide de l’Union),

– vu l’article 132, paragraphes 2 et 4, de son règlement intérieur,

A. considérant qu’Alexeï Navalny, éminente figure politique russe et lauréat du prix Sakharov pour la liberté de l’esprit 2021, a trouvé la mort dans une colonie pénitentiaire située au nord du cercle polaire en Sibérie, où il purgeait une peine d’emprisonnement infondée et motivée par des considérations politiques; que l’assassinat d’Alexeï Navalny est un nouveau signe de la répression croissante et systématique en Russie; que l’entière responsabilité de son assassinat incombe à l’État russe, et notamment à son président, Vladimir Poutine, qui devrait être tenu pour responsable;

B. considérant que les autorités russes n’ont pas encore donné d’informations sur les causes et circonstances exactes de sa mort, et que sa famille n’a été autorisée à récupérer sa dépouille pour une enquête médicale et ses funérailles que le 24 février 2024; qu’aucune autopsie ni enquête indépendante sur les causes de la mort n’a été réalisée;

C. considérant qu’Alexeï Navalny était en détention depuis le 17 janvier 2021, date à laquelle il était rentré en Russie après avoir bénéficié d’une rééducation médicale à la suite d’une tentative d’assassinat commanditée par l’État au moyen de l’agent neurotoxique Novitchok, interdit au niveau international; qu’il avait déjà été arrêté et placé en détention à de nombreuses reprises et condamné à de longues peines d’emprisonnement pour des motifs forgés de toutes pièces et de nature politique, dans le cadre de tentatives évidentes de mettre un terme à ses activités politiques et à ses campagnes de lutte contre la corruption; qu’il avait été soumis à des pressions psychologiques, à des sanctions arbitraires, à de mauvais traitements et tortures graves pendant sa détention dans plusieurs prisons et colonies pénitentiaires malfamées; que la santé d’Alexeï Navalny s’était détériorée en raison de mauvais traitements et faute de soins médicaux appropriés;

D. considérant qu’Alexeï Navalny a incarné la lutte pour la liberté et la démocratie, au nom de son rêve d’une «belle Russie de l’avenir»; que l’évolution constante de son point de vue sur la politique russe et le rôle de la Russie dans le monde a été accueillie avec respect; que, par son œuvre, M. Navalny a mis en lumière les illégalités et la corruption qui règnent au cœur du système de gouvernement russe; qu’il a inlassablement et courageusement poursuivi son combat depuis sa prison, ce qui illustre son attachement aux principes de la démocratie et de la justice; que ses avocats sont victimes de harcèlement et que trois d’entre eux sont en détention provisoire depuis octobre 2023;

E. considérant que, selon certaines informations, des citoyens russes ont rendu hommage à Alexeï Navalny dans des villes et villages partout en Russie, que nombre d’entre eux ont été arrêtés pour leurs actions pacifiques et que certains d’entre eux sont ciblés par la conscription; que l’ambassadeur de l’Union européenne en Russie, Roland Galharague, et nombre de ses homologues des États membres, du Royaume‑Uni et des États‑Unis figuraient parmi les personnes qui ont honoré la mémoire d’Alexeï Navalny devant la «pierre des Solovki» à Moscou;

F. considérant que le système politique russe est dominé par un régime autoritaire consolidé, au sein duquel règne une corruption endémique; que ce système organise des élections truquées pour apporter un semblant de démocratie et concentre l’ensemble du pouvoir entre les mains de Vladimir Poutine; que le gouvernement réprime toute dissidence avec l’aide de forces de sécurité loyalistes, d’un pouvoir judiciaire servile, de médias contrôlés et d’un corps législatif composé du parti au pouvoir et de partis d’opposition complaisants;

G. considérant que la mort d’Alexeï Navalny n’est pas un incident isolé, mais l’aboutissement du schéma de violence, de répression des dissidents et d’intimidation à l’encontre des opposants politiques et militants de la société civile propre au régime du Kremlin; que de nombreux droits démocratiques et libertés civiques consacrés par la constitution russe se révèlent inexistants dans la pratique; que la Fédération de Russie viole constamment le droit international et ses engagements;

H. considérant que la répression de la société civile indépendante en Russie, qui vise les organisations non gouvernementales, les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes, les avocats, les historiens, les défenseurs des droits des femmes, des personnes LGBTIQ+ et de l’environnement, ainsi que les militants des minorités ethniques et culturelles, a eu un effet dévastateur sur la vie et les libertés des personnes appartenant à des minorités, des personnes LGBTIQ+, des femmes et de toutes les personnes qui n’adhèrent pas aux normes en vigueur ou qui critiquent le régime russe et ses politiques; qu’une société civile active et des médias libres sont essentiels à des sociétés démocratiques et ouvertes et à la protection des droits de l’homme;

I. considérant que le régime de Poutine a décimé toute une génération d’organisations russes de défense des droits de l’homme, comme Memorial et le groupe Helsinki de Moscou; que l’Union européenne a accueilli divers dissidents et représentants des médias et de la société civile russes qui ont été contraints de quitter la Russie pour avoir dirigé des critiques à l’encontre du gouvernement, ce qui les exposait à un risque élevé de représailles de la part des autorités;

J. considérant que de nombreux acteurs de l’opposition restent en Russie et continuent à lutter de l’intérieur pour la démocratie, l’état de droit et les droits de l’homme, à leurs risques et périls; que les représentants de l’opposition font systématiquement l’objet d’agressions verbales, de campagnes de dénigrement et de déshumanisation de la part du gouvernement ou des médias progouvernementaux; que le groupe de défense des droits de l’homme Memorial a désigné plus de 600 personnes comme étant des prisonniers politiques en Russie;

K. considérant que, depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en 2022, les autorités russes ont intensifié leur répression de l’opposition politique, des médias et de la société civile, restreignant davantage encore les droits et les libertés individuelles afin d’étouffer la dissidence intérieure, y compris en érigeant en infraction criminelle toute expression d’un sentiment d’opposition à la guerre; que les candidats opposés à la guerre ont été empêchés de se présenter à la prochaine élection présidentielle de 2024 en Russie;

L. considérant que, selon la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Fédération de Russie, la société civile et l’opposition politique en Russie ne disposent plus d’espace sûr pour exercer leurs activités;

M. considérant que les graves restrictions que le régime russe applique aux droits de l’homme est en contradiction flagrante avec la constitution et le cadre juridique du pays, ainsi qu’en violation des obligations internationales de la Russie;

N. considérant qu’un processus de concurrence politique transparent, démocratique, libre et équitable n’est pas compatible avec les répressions politiques menées depuis de nombreuses années dans la Fédération de Russie, lesquelles ont abouti à l’assassinat d’un des principaux dirigeants de l’opposition russe, Alexeï Navalny;

1. condamne fermement l’assassinat d’Alexeï Navalny; présente ses plus sincères condoléances à sa famille, à ses collaborateurs et à ses collègues, ainsi qu’à ses innombrables partisans partout en Russie; exprime son soutien sans réserve à Ioulia Navalnaïa dans sa détermination à poursuivre l’œuvre qu’a entamée Alexeï Navalny avec son aide, ainsi qu’à la Fondation anticorruption fondée par M. Navalny, qui poursuit son œuvre dans ces circonstances nouvelles;

2. rend hommage à Alexeï Navalny, dirigeant politique et éminent militant anticorruption qui, grâce à son courage, à son charisme et à sa capacité à mobiliser les foules, a réussi ce que d’autres ont tenté, mais que peu d’entre eux ont réussi à faire, à savoir donner aux citoyens les moyens d’agir en leur faisant croire en leur capacité à améliorer leurs vies, à changer la société et à influer sur la politique;

3. rappelle sa contribution au façonnement d’une conscience civique grâce à de véritables débats publics, à des campagnes politiques, à des manifestations de rue et à une communication innovante, ce qui lui a valu d’être considéré par beaucoup comme le représentant d’une vision d’une autre Russie, où le pouvoir ne serait pas captif d’un régime kleptocratique protégé par des agents de la force publique serviles, mais serait aux mains du peuple et au service de celui-ci;

4. prie les autorités russes d’autoriser l’inhumation de la dépouille d’Alexeï Navalny conformément aux souhaits de sa famille et de ne pas entraver les efforts de celle-ci pour organiser ses funérailles dans la dignité; exige une enquête internationale indépendante et transparente sur les circonstances exactes de la mort d’Alexeï Navalny et sur les responsables, afin de découvrir la vérité, de veiller à ce que les responsables rendent des comptes et de permettre que justice soit faite; demande à l’Union et à ses États membres de jouer un rôle de premier plan en réclamant et en encourageant cette enquête;

5. déplore et condamne les campagnes de désinformation orchestrées par les médias contrôlés par le Kremlin qui ont cherché à salir la mémoire et la dignité d’Alexeï Navalny avant et après sa mort, ainsi que celles de son épouse, de sa famille et de ses proches collaborateurs;

6. demande au vice-président de la Commission et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et aux États membres de demander des comptes aux dirigeants politiques et aux autorités russes, en étroite coordination avec les partenaires de l’Union; demande au Conseil d’avoir effectivement recours au régime mondial de sanctions en matière de droits de l’homme et d’appliquer des mesures ciblées à l’encontre des personnes impliquées dans les procès à motivation politique contre Alexeï Navalny et responsables de sa condamnation, de son emprisonnement et de ses conditions de détention, y compris les procureurs et les juges, le personnel pénitentiaire et les personnes responsables de sa mort prématurée; salue les sanctions récemment adoptées par les États-Unis à la suite de la mort d’Alexeï Navalny et invite l’Union à coordonner ses sanctions avec ses partenaires internationaux;

7. souligne que le gouvernement russe et Vladimir Poutine en personne portent la responsabilité pénale et politique de la mort d’Alexeï Navalny, leur opposant le plus en vue, et que, dans de telles circonstances, il est justifié de se poser la question de la légitimité de Vladimir Poutine dans le discours public et international;

8. exprime sa solidarité avec toutes les personnes, en Russie et ailleurs, qui, malgré la répression volontairement violente et les graves conséquences auxquelles elles font face, trouvent encore le courage de dire la vérité, de défendre les valeurs humanistes et de se battre pour que la Russie connaisse plus tard la démocratie et la paix; estime que le peuple russe ne peut être confondu avec le régime belliciste, autocratique et kleptocratique du Kremlin;

9. dénonce l’escalade des violations des droits de l’homme commises par le régime russe et condamne la répression en cours à l’encontre des détracteurs du gouvernement, des défenseurs des droits de l’homme, des militants pacifistes et écologistes, des dirigeants de minorités nationales, des militants autochtones des journalistes indépendants et des historiens, ainsi que la répression croissante à l’égard des communautés LGBTIQ+; invite le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à mener une enquête immédiate sur l’emprisonnement dans des conditions inhumaines, la torture et l’assassinat d’opposants politiques; souligne que l’assassinat d’Alexeï Navalny rappelle avec force qu’il est urgent de s’attaquer aux politiques répressives du régime russe et de prendre résolument position contre de telles actions;

10. demande aux autorités russes d’abandonner toutes les accusations arbitraires et de libérer immédiatement et sans condition tous les prisonniers politiques et toutes les personnes détenues arbitrairement, notamment, mais sans s’y limiter, Vladimir Kara-Mourza, Youri Dmitriev, Ilia Iachine, Alexeï Gorinov, Lilia Tchanycheva, Ksenia Fadeeva, Vadim Ostanine, Daniel Kholodny, Vadim Kobzev, Igor Sergounine, Alexeï Liptser, Viktoria Petrova, Maria Ponomarenko, Alexandra Skotchilenko, Svetlana Petriïtchouk, Evguénia Berkovitch, Dmitri Ivanov, Ioann Kourmoïarov, Igor Barychnikov, Dmitri Talantov, Alexeï Moskalev, Oleg Orlov, Boris Kagarlitsky et Ivan Safronov;

11. prie instamment les autorités russes de mettre immédiatement un terme au recours à la torture, à d’autres mauvais traitements et aux mesures disciplinaires arbitraires à l’encontre de tous les détenus et de réformer d’urgence les conditions de détention des prisonniers afin qu’elles soient conformes aux obligations qui incombent à la Russie en vertu du droit international relatif aux droits de l’homme, en particulier concernant la possibilité pour les prisonniers de consulter les médecins de leur choix et leurs avocats, de bénéficier de soins médicaux adéquats et de communiquer avec leur famille;

12. invite les États membres à redoubler d’efforts pour trouver des moyens réalisables de libérer les prisonniers politiques qui pâtissent le plus de leurs conditions de détention, en particulier ceux qui sont malades ou victimes d’actes de torture, en envisageant également l’échange de prisonniers; invite le Conseil à créer un poste d’envoyé spécial pour les prisonniers politiques et les otages en Russie, chargé de coordonner ces efforts en coopération avec les partenaires internationaux et de servir de point de contact pour les familles et les partenaires concernés;

13. demande aux autorités russes de libérer immédiatement les centaines de personnes qui ont été arrêtées ces dernières semaines pour avoir rendu hommage pacifiquement à Alexeï Navalny; condamne la pratique cruelle des autorités russes consistant à cibler les participants à des manifestations politiques en leur faisant parvenir des ordres de recrutement;

14. invite les autorités russes à abroger leur législation oppressive qui contrevient à la Constitution de la Russie et aux engagements internationaux du pays, notamment les lois sur la censure d’informations véridiques sur la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine ainsi que sur les dénommés «agents étrangers» et «organisations indésirables»;

15. invite les États membres à instaurer des mesures restrictives de l’Union de grande ampleur à l’encontre des personnes impliquées dans les persécutions politiques et les affaires forgées de toutes pièces concernant des représentants et militants russes de la société civile, ainsi qu’à envisager d’ajouter à la liste des sanctions d’autres personnes identifiées par la Fondation anti-corruption d’Alexeï Navalny comme des «facilitateurs du régime» qui contribuent à la conduite et au financement de la guerre d’agression contre l’Ukraine et à la répression interne exercée en faveur de la survie du régime; insiste sur une plus grande transparence dans l’application et la levée des mesures restrictives de l’Union;

16. demande à la délégation de l’Union européenne et aux représentations des États membres en Russie de continuer à suivre les procès des personnes poursuivies pour des motifs politiques;

17. demande à l’Union et aux États membres de continuer à manifester leur solidarité indéfectible avec la société civile russe indépendante et l’opposition démocratique, et de les soutenir activement, alors qu’elles s’efforcent de transformer la Russie en une société ouverte où les droits politiques, les libertés fondamentales et les droits de l’homme sont respectés, honorant ainsi l’héritage durable d’Alexeï Navalny; demande à l’Union de soutenir la mise en place d’un réseau de défenseurs des droits de l’homme chargé de surveiller les violations des droits de l’homme et d’en rendre compte;

18. prie instamment les États membres d’étendre et de simplifier encore le programme de visas humanitaires destinés aux défenseurs des droits de l’homme, aux citoyens engagés en faveur de la démocratie et aux journalistes indépendants de Russie qui risquent d’être poursuivis pour des motifs politiques;

19. réitère son appel en faveur de la mise en place, à l’échelle de l’Union, d’un système européen de visas à entrées multiples pour les défenseurs des droits de l’homme, les militants de la société civile et les personnes faisant l’objet de persécutions politiques, et demande une nouvelle fois d’utiliser les marges de manœuvre juridiques existantes et de remédier aux carences de la législation, comme l’a proposé l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne dans son rapport de 2023 intitulé «Protecting Human Rights Defenders at Risk: EU entry, stay and support» (Protéger les défenseurs des droits de l’homme menacés: entrée et séjour dans l’Union, et aide de l’Union); invite les institutions de l’Union à préparer des mesures, y compris la reconnaissance de l’apatridie de facto et la délivrance de documents de voyage, pour l’hypothèse où la Russie cesserait de délivrer des passeports dans ses consulats, afin de permettre à l’opposition démocratique, aux militants de la société civile et aux autres victimes de persécutions politiques de s’installer dans les États membres de l’Union et, le cas échéant, de poursuivre leur travail en exil;

20. demande aux États membres de ne pas prendre de mesures restrictives injustifiées et disproportionnées à l’encontre des personnes qui fuient et combattent le gouvernement actuel de la Russie;

21. demande que les procédures soient simplifiées pour les dissidents russes dans l’Union, afin qu’ils puissent enregistrer des organisations et des institutions, ouvrir des comptes bancaires et effectuer d’autres tâches administratives, et ainsi poursuivre leur travail en exil;

22. désapprouve la politique impérialiste du régime au pouvoir en Russie et condamne fermement la guerre d’agression que la Russie continue de mener contre l’Ukraine; réaffirme que l’Union, ses États membres et les partenaires du monde entier qui partagent ses vues doivent continuer à apporter leur soutien politique, économique, financier et militaire à l’Ukraine, y compris un soutien à la société civile et une aide à long terme pour la reconstruction du pays, ce soutien constituant la meilleure réponse aux pratiques d’oppression et d’agression dont fait actuellement usage le régime du Kremlin; est convaincu que la victoire décisive de l’Ukraine peut entraîner de véritables changements dans le système de la Fédération de Russie, notamment désimpérialisation, décolonisation et refédéralisation, tant de conditions nécessaires à l’instauration de la démocratie en Russie;

23. invite la Commission à continuer de condamner, dans les enceintes multilatérales dont fait partie la Russie, les violations des droits de l’homme commises dans ce pays et le crime d’agression commis par la Russie contre l’Ukraine, à appuyer davantage la documentation des violations des droits de l’homme en Russie et à soutenir la transformation de l’examen de la situation des droits de l’homme dans la Fédération de Russie par le Haut‑Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme en un mécanisme d’enquête totalement indépendant;

24. fait part de son soutien au travail effectué par la rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme en Fédération de Russie, Mariana Katzarova, et demande aux États membres de veiller à ce que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies prolonge son mandat en 2024;

25. demande à la Commission et en particulier au Service européen pour l’action extérieure d’élaborer une politique stratégique proactive à long terme vis-à-vis de la Russie qui réponde efficacement à la réalité des relations actuelles entre l’Union et la Russie, de la situation des droits de l’homme en Russie et des besoins en matière de soutien des représentants de la société civile et de l’opposition russes en exil;

26. s’engage à lutter en permanence contre les violations du droit international et de la Constitution russe commises par le régime russe, y compris les élections du 17 mars 2024 qui auront probablement lieu dans les territoires occupés de l’Ukraine, dans un contexte où le pluralisme politique et des médias disparaissent toujours plus;

27. charge sa Présidente de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, au vice‑président de la Commission / haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au Conseil de l’Europe, à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et aux autorités russes, et de la mettre à disposition en langue russe.

Le second texte appelle à soutenir de manière totale le régime ukrainien, à tout prix.

Nécessité d’un soutien sans faille de l’Union à l’Ukraine, après deux ans de guerre d’agression russe contre ce pays

Résolution du Parlement européen du 29 février 2024 sur la nécessité d’un soutien sans faille de l’Union à l’Ukraine, après deux ans de guerre d’agression russe contre ce pays

Le Parlement européen,

– vu ses résolutions antérieures sur l’Ukraine et sur la Russie, en particulier celles adoptées depuis l’escalade de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine en février 2022 et l’annexion de la péninsule de Crimée le 19 février 2014,

– vu l’accord d’association entre l’Union européenne et ses États membres, d’une part, et l’Ukraine, d’autre part, ainsi que l’accord de libre-échange approfondi et complet y afférent entre l’Union européenne et l’Ukraine, signés en 2014,

– vu la charte des Nations unies, les conventions de La Haye, les conventions de Genève et leurs protocoles additionnels ainsi que le statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI),

– vu la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil établissant la facilité pour l’Ukraine, présentée par la Commission le 20 juin 2023 (COM(2023)0338),

– vu la décision du 14 décembre 2023 du Conseil européen d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Ukraine à la suite de la recommandation en ce sens du 8 novembre 2023 de la Commission à cet égard,

– vu les conclusions du Conseil européen du 14 décembre 2023 et du 1er février 2024, 

– vu le rapport publié le 14 février 2024 par la Banque mondiale, le gouvernement ukrainien, la Commission européenne et les Nations unies, intitulé «Ukraine – Third Rapid Damage and Needs Assessment (RDNA3) February 2022 – December 2023» [Ukraine – Troisième évaluation rapide des dommages et des besoins (RDNA3), de février 2022 à décembre 2023],

– vu le rapport du groupe de travail de haut niveau sur les conséquences environnementales de la guerre en Ukraine du 9 février 2024, intitulé «An environmental compact for Ukraine – A Green Future- Recommendations for Accountability and Recovery» [Un pacte environnemental pour l’Ukraine – Pour un avenir vert: recommandations en matière d’attribution des responsabilités et de récupération],

– vu l’article 132, paragraphes 2 et 4, de son règlement intérieur,

A. considérant que la Russie mène une guerre d’agression à grande échelle illégale, non provoquée et injustifiée contre l’Ukraine depuis le 24 février 2022; que la guerre de la Russie contre l’Ukraine a commencé en 2014 avec l’annexion illégale de la péninsule de Crimée et l’occupation ultérieure de certaines parties des régions de Donetsk et de Louhansk; que cette guerre d’agression constitue une violation flagrante et manifeste de la charte des Nations unies et des principes fondamentaux du droit international; que les actions menées par la Russie en Ukraine au cours des deux années écoulées continuent de menacer la paix et la sécurité en Europe et dans le monde;

B. considérant que, dans sa résolution du 2 mars 2022, l’Assemblée générale des Nations unies a immédiatement qualifié la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine d’acte d’agression en violation de l’article 2, paragraphe 4, de la charte des Nations unies et que, dans sa résolution du 14 novembre 2022, elle a reconnu la nécessité pour la Fédération de Russie de répondre de sa guerre d’agression et d’être tenue juridiquement et financièrement responsable de ses agissements internationalement illicites, notamment en réparant le préjudice et les dommages causés;

C. considérant que la guerre d’agression menée par la Russie constitue le plus grand conflit armé dont le continent européen est le théâtre depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et qu’elle est le reflet de l’opposition croissante entre autoritarisme et démocratie;

D. considérant que l’Ukraine et sa population résistent avec une détermination inébranlable à la guerre d’agression menée par la Russie, les citoyens réussissant à défendre leur pays malgré le lourd prix que représentent les victimes civiles et militaires, ainsi que la destruction et l’instrumentalisation à des fins militaires d’infrastructures civiles et publiques, d’espaces naturels et du patrimoine culturel; que le courageux peuple ukrainien a reçu le prix Sakharov 2022 en hommage à son courage et à sa résilience;

E. considérant que des millions d’Ukrainiens sont toujours déplacés à l’intérieur et à l’extérieur de l’Ukraine, après avoir fui l’agression de la Russie; que plus de 3,3 millions de personnes, dont 800 000 enfants, vivent le long de la ligne de front; que des logements, des écoles et des hôpitaux continuent d’être bombardés au quotidien; que, d’après l’Organisation internationale pour les migrations, la campagne de destruction russe a laissé en 2023 près de 720 000 personnes, dans les zones les plus durement touchées de l’Ukraine, sans logement décent ni sûr; que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies a signalé que les attaques indiscriminées sur les zones peuplées en Ukraine ont connu un pic en décembre 2023, et souligné la récurrence systématique des morts civiles, des destructions et des besoins humanitaires tout au long de l’année 2023;

F. considérant que les crimes de guerre de la Russie traumatiseront une population tout entière, étant donné que l’on estime à 10 millions le nombre de personnes vivant avec des problèmes de santé mentale ou risquant d’en avoir, et à 3,9 millions le nombre de personnes qui souffrent de symptômes modérés à graves, nécessitant un traitement, de détresse psychologique, de dépression, d’anxiété ou de trouble de stress post-traumatique; qu’en 2023, 227 incidents touchant des opérations humanitaires dans le pays ont été signalés, 50 travailleurs humanitaires ayant été tués ou blessés, dont 11 tués dans l’exercice de leurs fonctions;

G. considérant que, selon les estimations prudentes de la mission des Nations unies de surveillance des droits de l’homme en Ukraine, près de deux ans après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, plus de 10 000 civils ont été tués et près de 20 000 ont été blessés, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) estimant pour sa part que les chiffres réels sont bien plus élevés;

H. considérant que les enfants ukrainiens paient le prix fort de la guerre, avec plus de 520 tués, plus de 1 226 blessés, 1,8 million réfugiés dans les pays voisins et 2,5 millions déplacés à l’intérieur de l’Ukraine;

I. considérant que, depuis le début de la guerre d’agression à grande échelle, environ 20 000 enfants ukrainiens ont été déportés de force en Russie et en Biélorussie ou sont détenus dans les territoires occupés; que la CPI a délivré des mandats d’arrêt internationaux à l’encontre de Vladimir Poutine et de Maria Lvova-Belova pour leur responsabilité dans la commission du crime de guerre que constitue la déportation illégale et le transfert illégal d’enfants des territoires occupés de l’Ukraine vers la Fédération de Russie; que moins de 400 enfants déportés sont rentrés en Ukraine et ont retrouvé leur famille;

J. considérant que la rapporteure spéciale des Nations unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants s’est alarmée des rapports et des témoignages montrant les conditions inhumaines de détention des civils et prisonniers de guerre ukrainiens détenus par la Russie, lesquels sont notamment victimes d’actes de torture et privés de soins médicaux, ce qui nuit irréversiblement à leur santé; que l’on a connaissance de cas de soldats ukrainiens tués par des militaires russes au lieu d’être faits prisonniers, ce qui s’est notamment produit, selon les derniers signalements, le 24 février 2024 dans la région de Bakhmout; qu’en 2022, plus de 50 prisonniers de guerre ukrainiens, pour la plupart des membres du bataillon Azov, ont été délibérément tués lors d’une explosion intentionnelle dans la prison d’Olenivka;

K. considérant que les femmes et les filles sont particulièrement exposées lors des crises humanitaires et liées aux déplacements de population, car elles continuent d’être victimes, de manière disproportionnée, de violence fondée sur le genre; que de nombreuses femmes sont restées en Ukraine et ont été mobilisées pour servir dans les forces armées; que certains éléments indiquent que des militaires ukrainiennes en captivité ont été torturées et subi des violences sexuelles; que le HCDH a indiqué que, puisque les hommes représentent la majorité des victimes d’exécutions sommaires par les forces russes dans les territoires occupés, les membres de la famille survivants, dont de nombreuses femmes, sont livrés à eux-mêmes, car ils disposent de revenus familiaux limités, assument des charges de famille accrues et éprouvent de graves traumatismes et souffrances psychologiques;

L. considérant que les forces armées ukrainiennes sont parvenues à résister à l’invasion russe et à libérer plus de 50 % des territoires temporairement occupés après le 24 février 2022, et qu’elles ont repris le contrôle de l’accès occidental de l’Ukraine à la mer Noire, repoussant ainsi la flotte russe de la mer Noire;

M. considérant que l’Union a apporté à l’Ukraine un soutien considérable dans tous les domaines, y compris militaire, depuis le début de l’invasion à grande échelle; que l’aide globale promise à l’Ukraine par l’Union, ses États membres et les institutions financières européennes depuis février 2022 s’élève à au moins 85 milliards d’euros, dont l’aide humanitaire et l’aide d’urgence, le soutien budgétaire, l’aide macrofinancière et l’aide militaire; considérant que 17 milliards d’euros ont été fournis aux États membres pour accueillir quelque quatre millions de réfugiés ukrainiens, qui se sont vu offrir une protection étendue au titre de la directive relative à la protection temporaire jusqu’en mars 2025;

N. considérant qu’à ce jour, l’Union et ses États membres ont déjà fourni une aide militaire de 28 milliards d’euros à l’Ukraine et se sont engagés, à titre préliminaire, à lui fournir 21,2 milliards d’euros supplémentaires en 2024; que la facilité européenne pour la paix a permis de fournir pour 5,6 milliards d’euros de transfert d’équipements militaires à l’Ukraine par les États membres; que l’initiative en matière de munitions, qui était censée fournir un million d’obus d’artillerie de 155 mm à l’Ukraine en mars 2024 au plus tard, vise maintenant à en livrer près de la moitié à cette date et l’autre moitié à la fin de l’année 2024 au plus tard; que la mission d’assistance militaire de l’Union européenne en soutien à l’Ukraine a jusqu’à présent formé 40 000 soldats ukrainiens en Allemagne et en Pologne et que ce nombre ne fait qu’augmenter;

O. considérant que, pris ensemble, les PIB des pays occidentaux sont 25 fois supérieurs à celui de la Russie, mais, qu’en 2023, l’aide militaire occidentale à l’Ukraine représentait moins de 0,1 % de ce PIB total; qu’en 2023, la Russie a consacré environ 6 % de son PIB à sa guerre d’agression et l’Ukraine l’équivalent de 25 % de son PIB à sa défense;

P. considérant que le Congrès des États-Unis n’a pour l’instant pas adopté de nouvelle enveloppe de 60 milliards de dollars pour soutenir l’Ukraine en 2024, ce qui a, en substance, marqué l’arrêt des engagements d’aide et des livraisons militaires des États-Unis en faveur de l’Ukraine; que, pour remplacer intégralement l’appui militaire américain en 2024, l’Union et ses États membres devraient doubler le niveau de l’appui militaire qu’ils apportent actuellement et le rythme auquel ils le font;

Q. considérant que Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, a déclaré que les membres de l’OTAN devaient se préparer à la possibilité d’une confrontation avec la Russie qui pourrait durer des dizaines d’années; que la guerre d’agression de la Russie a eu pour conséquences directes l’adhésion à l’OTAN de la Finlande et de la Suède, l’octroi à l’Ukraine et à la Moldavie du statut de pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne, l’adoption, par plus de 50 États, de programmes ambitieux de soutien en matière de sécurité à l’Ukraine et l’expression d’un soutien politique fort à l’Ukraine au sein des Nations unies;

R. considérant que le Conseil européen a décidé d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Ukraine à la suite de la recommandation en ce sens de la Commission et a invité le Conseil à adopter le cadre de négociation une fois que les recommandations correspondantes de la Commission auront été satisfaites;

S. considérant que l’Ukraine a signé des accords de sécurité avec le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, le Danemark et l’Italie, conformément à la déclaration conjointe du G7 de soutien à l’Ukraine, adoptée le 12 juillet 2023 en marge du sommet de l’OTAN à Vilnius; que l’engagement du G7 a ouvert la voie à des négociations visant à formaliser des engagements et des accords bilatéraux à long terme en matière de sécurité pour soutenir l’Ukraine;

T. considérant que, d’après les informations disponibles, la Russie réoriente de manière drastique son économie vers une économie de guerre, et qu’elle compte engager de très importantes dépenses dans le domaine de la défense, estimées à bien plus de 100 milliards d’euros; que la Russie produirait plus de 2 millions d’obus d’artillerie par an au niveau national, ce qui est beaucoup plus que la quantité promise par les États membres de l’Union européenne à l’Ukraine;

U. considérant que l’Union a adopté treize trains de sanctions depuis le début de la guerre et a créé une nouvelle fonction d’envoyé spécial international pour la mise en œuvre des sanctions de l’UE, lequel est spécialement chargé de lutter contre l’évitement et le contournement des sanctions visant la Russie et son alliée, la Biélorussie;

V. considérant que, selon les estimations, l’Union européenne et d’autres partenaires ont gelé 300 milliards d’euros de réserves de la banque centrale russe et 21,5 milliards d’euros d’argent des oligarques russes, tandis que les États-Unis et d’autres alliés occidentaux ont bloqué ou saisi plus de 58 milliards de dollars d’actifs détenus ou contrôlés par des Russes sanctionnés;

W. considérant que les institutions de l’Union sont récemment parvenues à un accord pour mettre en place une facilité pour l’Ukraine qui offrira un soutien prévisible à moyen terme de 50 milliards d’euros pour la réparation, le redressement, la reconstruction et la modernisation de l’Ukraine sous la forme de prêts et de subventions pour les années 2024-2027;

X. considérant que la guerre d’agression menée par la Russie témoigne de son attitude impérialiste vis-à-vis de ses voisins; que, tant que la Russie restera un État menant des politiques révisionnistes, elle continuera à faire planer une menace d’agression sur le continent européen; que de nombreux acteurs internationaux ont reconnu la Russie comme un État qui soutient le terrorisme et utilise des moyens terroristes;

Y. considérant que la Russie est responsable de la crise mondiale de sécurité alimentaire en raison de la guerre d’agression qu’elle mène contre l’Ukraine et du blocus des ports maritimes ukrainiens qu’elle impose; que la Russie instrumentalise la nourriture et la faim depuis le début de la guerre;

Z. considérant que, suite à deux déclarations ad hoc de l’Ukraine, la CPI est compétente pour les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le crime de génocide commis sur le territoire de l’Ukraine depuis novembre 2013, mais qu’elle n’est pas compétente en l’espèce pour le crime d’agression défini à l’article 8 bis du statut de Rome, car ni l’Ukraine ni la Fédération de Russie n’ont ratifié ledit statut et les amendements relatifs au crime d’agression; que l’Union européenne soutient la création d’un tribunal spécial pour le crime d’agression;

AA. considérant que l’environnement naturel en Ukraine a été pris pour cible dans cette guerre, la Russie ayant choisi ouvertement de causer les dégâts les plus lourds possibles à l’environnement, notamment en brûlant des champs et des forêts, en exploitant illégalement les forêts ukrainiennes, en contaminant l’eau et les sols avec des déchets chimiques, ce qui a entraîné la destruction des sols, nuit à l’habitabilité du pays et limité la capacité des générations futures à prospérer; que la destruction du barrage de Kakhovka le 6 juin 2023 est un exemple limpide des agissements russes qui continueront de causer des dégâts écologiques pendant plusieurs années;

AB. considérant que, le 13 février 2024, Maksim Kuzminov, ancien pilote d’hélicoptère russe qui s’était enfui en Ukraine en 2023, a été retrouvé mort en Espagne, après avoir été assassiné par des hommes armés qui auraient été envoyés par le gouvernement russe; qu’au cours des dernières décennies, les services de renseignement russes ont mené un certain nombre d’opérations clandestines éhontées, y compris des assassinats, sur le territoire de l’Union européenne;

1. réaffirme sa solidarité sans faille avec le peuple et les dirigeants ukrainiens ainsi que son soutien à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues;

2. condamne une nouvelle fois avec la plus grande fermeté la guerre d’agression illégale, non provoquée et injustifiable de la Russie contre l’Ukraine ainsi que la participation du régime biélorusse; exige que la Russie et ses alliés cessent toutes leurs actions militaires et que la Russie retire l’ensemble de ses forces armées, de ses alliés et de son matériel militaire de la totalité du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine; exige l’arrêt et l’inversion de l’installation de citoyens russes dans les territoires temporairement occupés de l’Ukraine;

3. rappelle que la guerre d’agression russe a commencé par l’annexion illégale de la péninsule de Crimée en février 2014, suivi par l’occupation de certaines parties des oblasts de Donetsk et de Louhansk; rappelle que la péninsule a été transformée en base militaire et a servi de plateforme de lancement à l’invasion totale en 2022;

4. condamne la torture et la mise à mort de prisonniers de guerre et de civils ukrainiens par le camp russe; demande que ces crimes fassent l’objet d’une enquête indépendante et soient poursuivis, et que davantage d’efforts soient déployés en faveur d’échange de prisonniers entre l’Ukraine et la Russie;

5. condamne les tentatives de la Russie de priver l’Ukraine et son peuple de leur identité ethnique, linguistique et historique en effaçant toute trace de l’identité ukrainienne dans les territoires occupés et annexés et en interdisant la langue ukrainienne et les symboles ukrainiens, ainsi que par la politique intensive de «passeportisation» et les tentatives répétées du président russe et d’autres responsables de réécrire l’histoire;

6. estime que l’issue de la guerre et la position adoptée par la communauté internationale joueront un rôle majeur car elles pèseront sur l’action future d’autres régimes autoritaires, qui observent de près le cours de la guerre et évaluent la marge de manœuvre dont ils disposent pour mener des politiques étrangères agressives, y compris par des moyens militaires;

7. souligne que l’objectif principal de l’Ukraine est de gagner la guerre contre la Russie, ce qui implique de chasser du territoire de l’Ukraine reconnu par la communauté internationale toutes les forces armées de la Russie et de ses alliés; considère que cet objectif ne peut être atteint que si l’on fournit de façon continue, soutenue et sans cesse renforcée tous les types d’armes conventionnelles, sans exception;

8. salue la résilience et la détermination dont fait preuve le peuple ukrainien dans sa volonté de respect des valeurs démocratiques, ses efforts de réforme et ses aspirations d’intégration au sein de la communauté euro-atlantique des nations;

9. rappelle l’importance de libérer la péninsule de Crimée de la Russie, qui l’occupe depuis dix ans; rappelle que les citoyens de la péninsule qui sont fidèles à l’Ukraine, en particulier les Tatars de Crimée, sont soumis aux répressions, aux arrestations et aux tortures; rappelle que les forces d’occupation russes ont tout mis en œuvre pour effacer le patrimoine tatar et la mémoire de la présence ukrainienne dans la péninsule, et qu’elles poursuivent leurs tentatives de modifier de force la composition démographique de la population, ce qui peut équivaloir à des actes de génocide tels que décrits dans la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide; soutient les efforts déployés par l’Ukraine pour réintégrer la Crimée, en particulier la plateforme internationale sur la Crimée;

10. redit une nouvelle fois son soutien à la fourniture constante d’une aide militaire à l’Ukraine, et ce aussi longtemps que nécessaire et sous toute forme possible pour que l’Ukraine puisse remporter la victoire; reconnaît les efforts déployés jusqu’à présent par les États membres pour fournir un soutien militaire à l’Ukraine et par le vice-président de la Commission/haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (VP/HR) pour coordonner celui-ci; invite à nouveau les États membres à augmenter nettement leur soutien militaire, en particulier la fourniture d’armes et de munitions en réponse à des besoins clairement identifiés, et à l’accélérer afin de donner à l’Ukraine les moyens de se défendre contre les attaques russes, mais aussi de lui permettre de recouvrer pleinement le contrôle sur l’ensemble du territoire qui est le sien, et reconnu en tant que tel par la communauté internationale; souligne que la livraison insuffisante et tardive d’armes et de munitions risque de compromettre les efforts déployés jusqu’à présent; constate avec préoccupation que l’objectif d’un million d’obus d’artillerie ne sera pas atteint dans les délais promis; invite les États membres et le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) à lui présenter des informations sur les livraisons passées d’aide militaire à l’Ukraine, notamment l’audit réalisé par le SEAE, et le montant de l’aide que les États membres sont disposés à engager en 2024;

11. estime qu’il ne devrait y avoir aucune restriction auto-imposée à l’assistance militaire à l’Ukraine; attire l’attention sur les écarts considérables entre les montants de l’aide fournie par les États membres de l’Union en pourcentage de leur PIB; demande que soient consentis les investissements nécessaires dans la base industrielle européenne de défense afin de pouvoir augmenter considérablement la production et ainsi répondre aux besoins ukrainiens et reconstituer les stocks épuisés des États membres de l’Union; souligne que l’Ukraine a notamment besoin de systèmes de défense aérienne sophistiqués, de missiles à longue portée, tels que les missiles TAURUS, Storm Shadow/SCALP et autres, d’avions de combat modernes, de différents types d’artillerie et de munitions (obus de 155 mm en particulier), de drones et de systèmes antidrones; souscrit à la proposition selon laquelle tous les États membres de l’Union et alliés de l’OTAN devraient soutenir militairement l’Ukraine à hauteur d’au moins 0,25 % de leur PIB annuel; demande que le plafond financier de la facilité de soutien à la paix soit relevé de manière générale et insiste pour que ces fonds soient utilisés, entre autres, pour centraliser l’achat de munitions sur le marché mondial afin de répondre aux besoins de l’Ukraine en la matière; invite instamment les gouvernements des États membres à engager immédiatement un dialogue avec les entreprises de l’industrie de la défense afin de garantir que la production et la livraison, en particulier, de munitions, d’obus et de missiles pour l’Ukraine soient prioritaires par rapport aux commandes d’autres pays tiers; invite l’Union et ses États membres à examiner les possibilités de mettre en place des entreprises communes et une coopération étroite avec les industries de la défense de pays tiers partageant les mêmes valeurs afin de fournir les munitions nécessaires à l’Ukraine; implore notamment les grands États membres qui disposent d’importantes capacités de industrielles de défense de renforcer sensiblement et de toute urgence, l’assistance militaire à l’Ukraine; invite la Chambre des représentants des États-Unis à adopter sans plus tarder le programme d’assistance militaire à l’Ukraine ;

12. demande à l’Union et à ses États membres de tenir les engagements de la déclaration de Versailles de 2022 en hâtant la pleine mise en œuvre de la boussole stratégique au moyen d’un renforcement de la coopération militaire européenne aux niveaux de l’industrie et des forces armées, dans le but de faire de l’Union une garante de la sécurité plus forte et aux capacités renforcées, dont l’action complète celle de l’OTAN et est interopérable avec celle-ci; se félicite que les États membres et les institutions de l’Union aient renforcé leurs budgets et leurs investissements dans le domaine de la défense et demande une augmentation des dépenses ciblées, des acquisitions conjointes et des investissements communs dans la recherche et le développement en matière de défense; souligne qu’il convient de prendre des mesures concrètes en vue d’intégrer l’Ukraine dans les politiques et les programmes de l’Union en matière de défense et de cybersécurité au cours de son processus d’adhésion à l’Union;

13. se félicite de la signature d’accords de sécurité entre l’Ukraine et le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, le Danemark et l’Italie, conformément à la déclaration commune de soutien à l’Ukraine publiée par le G7, et invite d’autres partenaires partageant les mêmes valeurs à suivre cette démarche; souligne que ces accords de sécurité ne peuvent pas être considérés comme un substitut à une future adhésion à l’OTAN; se félicite des progrès accomplis en ce qui concerne les modalités pratiques et le plafond financier d’un nouveau fonds d’assistance à l’Ukraine, au titre de la facilité européenne pour la paix, qui soutiendrait la fourniture d’équipements militaires à l’Ukraine au moyen d’initiatives européennes d’achats conjoints;

14. réaffirme son soutien à la formule de paix présentée par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky; estime qu’il s’agit d’un plan global visant à restaurer l’intégrité territoriale de l’Ukraine ; rappelle que les 10 points du plan ont été pris en compte dans la résolution ES-11/6 du 23 février 2023 de l’Assemblée générale des Nations unies sur les principes de la charte des Nations unies qui sous-tendent une paix globale, juste et durable en Ukraine;

15. demande une nouvelle fois à la Commission, au VP/HR et aux États membres de collaborer avec l’Ukraine et la communauté internationale à la mise en place d’un tribunal spécial chargé d’enquêter sur le crime d’agression commis contre l’Ukraine par les dirigeants russes et leurs alliés, tels que le régime biélorusse, et d’engager des poursuites en la matière; se félicite de la création du centre international chargé des poursuites pour le crime d’agression contre l’Ukraine basé à La Haye;

16. soutient pleinement l’enquête actuellement menée par le procureur de la CPI sur la situation en Ukraine sur la base d’allégations de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide; exhorte l’Ukraine à ratifier le statut de Rome de la CPI et ses amendements et à devenir officiellement membre de la CPI, afin de contribuer aux initiatives internationales visant à établir la responsabilité des crimes internationaux de grande gravité; demande à l’Union de redoubler d’efforts diplomatiques pour encourager la ratification du statut de Rome et de tous ses amendements au niveau mondial;

17. est consterné que la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine ait conduit à l’un des déplacements massifs d’enfants les plus rapides depuis la Seconde Guerre mondiale; rappelle qu’en raison du ciblage massif des infrastructures civiles, les enfants ukrainiens ont été largement privés d’accès aux services de base tels que l’éducation et les soins de santé, et en particulier de l’accès aux soins de santé mentale;

18. rappelle que la poursuite de la relocalisation et de l’expulsion forcées d’enfants ukrainiens vers la Russie, y compris depuis des établissements d’accueil, ainsi que leur adoption forcée par des familles russes et biélorusses constituent une violation du droit ukrainien et international; souligne que le transfert forcé d’enfants d’un groupe à un autre groupe est constitutif du crime de génocide en vertu de l’article II de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide; exige que les autorités russes et biélorusses garantissent le retour immédiat de tous les enfants ukrainiens; salue les efforts déployés par les organisations ukrainiennes locales qui, au cas par cas, soutiennent les parents et les familles dans la recherche de leurs enfants et la lutte pour leur retour en toute sécurité;

19. condamne une nouvelle fois le transfert forcé de civils ukrainiens vers la Russie, vers des territoires ukrainiens temporairement occupés par la Russie et vers la Biélorussie; invite tous les États et toutes les organisations internationales à faire pression sur la Russie pour qu’elle ramène tous les civils ukrainiens, en particulier les enfants, transférés de force et détenus illégalement, et pour qu’elle restitue les dépouilles de ceux morts en captivité; exhorte l’Union européenne et ses États membres à redoubler d’efforts dans la recherche de mécanismes visant à faciliter la libération des civils ukrainiens détenus illégalement par la Russie, y compris le recours à des mécanismes des Nations unies;

20. regrette que la directive relative à la protection temporaire soit interprétée de façon tellement étroite que de nombreuses femmes qui ont fui la guerre d’agression menée par la Russie ne peuvent pas accéder aux soins en cas d’avortement ou à d’autres traitements de santé sexuelle et génésique, y compris les traitements à la suite d’abus sexuels; est consterné par le fait que, par conséquent, de nombreuses femmes ont été contraintes de retourner dans une Ukraine déchirée par la guerre pour accéder aux services liés à la santé génésique et sexuelle et aux droits en la matière et aux soins de santé génésique; invite la Commission à réviser la directive afin de veiller à ce que tous les États membres soient tenus d’offrir les mêmes soins dont les femmes pourraient par ailleurs bénéficier en Ukraine;

21. condamne l’intention de la Russie d’organiser des élections présidentielles sur les territoires temporairement occupés de l’Ukraine les 15 et 17 mars 2024 et souligne qu’il refusera de reconnaître les résultats de ces élections illégales;

22. plaide une nouvelle fois en faveur d’interactions innovantes, complémentaires et flexibles entre les travaux en cours sur la mise en œuvre de l’accord d’association actuellement en vigueur et le processus de négociation en vue de l’adhésion, de manière à permettre l’intégration progressive de l’Ukraine dans le marché unique et les programmes sectoriels de l’Union, y compris l’accès aux fonds de l’Union dans les domaines correspondants, afin que les Ukrainiens puissent profiter des avantages de l’adhésion tout au long du processus et pas seulement après son achèvement; salue les actions entreprises avec succès par l’Ukraine pour rouvrir la route de la mer Noire aux céréales ukrainiennes afin qu’elles retrouvent leurs marchés traditionnels; invite les parties prenantes internationales concernées à assurer la pérennité de cette situation et à garantir la liberté de navigation dans la mer Noire à des fins commerciales; soutient la proposition de la Commission visant à renouveler la suspension des droits et des quotas à l’importation pour les exportations de l’Ukraine vers l’Union; demande instamment à la Commission d’examiner toute information faisant état d’une désorganisation du marché provoquée par la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine et les avantages commerciaux accordés à l’Ukraine; demande à la Commission et aux États membres de traiter les causes de toute action unilatérale qui, comme les blocages aux frontières, limiterait l’accès de l’Ukraine au marché unique européen, de mettre en place des mesures efficaces pour surveiller le transit des produits agricoles ukrainiens et d’introduire des mesures visant à atténuer les effets sur les agriculteurs européens, dont les protestations et demandes raisonnables sont également exploitées et ciblées par la désinformation russe; invite l’Union européenne, ses États membres, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, l’Organisation mondiale du commerce, l’Organisation de coopération et de développement économiques et d’autres acteurs à faire preuve de davantage de solidarité et à stabiliser le marché céréalier; demande à l’Union européenne et à ses États membres de mettre un terme à l’importation et au transit par le territoire de l’Union de céréales russes et de céréales volées à l’Ukraine;

23. souligne que la guerre d’agression menée par la Russie a fondamentalement modifié la situation géopolitique en Europe et au-delà, et menace son architecture de sécurité, et que pour y répondre, l’Union européenne doit prendre des décisions politiques, sécuritaires et financières audacieuses, courageuses et globales;

24. se félicite de la décision du Conseil européen d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Ukraine une fois que les recommandations de la Commission auront été satisfaites; estime que l’adhésion de l’Ukraine à l’Union représente un investissement géostratégique dans une Europe unie et forte et qu’elle est synonyme de leadership, de détermination et de vision;

25. invite le Conseil et la Commission à établir clairement la marche à suivre pour les négociations d’adhésion, en mettant l’accent sur l’apport d’avantages tangibles à la société et aux citoyens ukrainiens dès le début du processus; invite le Conseil à charger la Commission de présenter immédiatement des propositions concernant le cadre de négociation adéquat et de les adopter une fois que les mesures appropriées énoncées dans les recommandations y afférentes de la Commission du 8 novembre 2023 auront été prises;

26. rappelle que le processus d’adhésion à l’Union sera fondé sur le mérite et que la méthodologie en matière d’élargissement met l’accent sur les domaines essentiels que sont le respect de l’état de droit, les valeurs fondamentales, les droits de l’homme, la démocratie et la lutte contre la corruption; estime qu’un processus d’adhésion fermement adossé au mérite est dans l’intérêt de l’Ukraine et de l’Union; encourage l’Union et ses États membres à apporter un soutien et une assistance plus importants à l’Ukraine au cours du processus d’adhésion à l’Union, notamment en ce qui concerne l’expertise technique, le renforcement des capacités et les réformes institutionnelles nécessaires pour répondre aux critères d’adhésion;

27. invite le gouvernement ukrainien à continuer de renforcer l’autonomie des pouvoirs locaux, réforme qui a reçu un large soutien à l’échelle nationale comme internationale, et à intégrer le succès de la réforme de décentralisation dans l’architecture globale des processus de réparation, de redressement et de reconstruction de l’Ukraine; affirme une nouvelle fois que les représentants des autorités locales et de la société civile d’Ukraine doivent être activement associés au processus de redressement et de reconstruction et que ce processus doit répondre aux normes de transparence et de responsabilité les plus élevées;

28. se félicite de l’accord de principe des institutions de l’Union concernant l’établissement de la facilité pour l’Ukraine, qui fournira une aide financière prévisible à l’Ukraine, et demande son déploiement rapide; souligne que le rôle de la Verkhovna Rada, des autorités sous-centrales et de la société civile a été renforcé, puisqu’ils sont d’importants partenaires du pouvoir exécutif au moment de recenser les priorités qui seront financées par le plan pour l’Ukraine, et précise que cela inclut également la surveillance et le suivi de la facilité; signale que la dernière évaluation rapide des dommages et des besoins effectuée par la Banque mondiale estime qu’au moins 452,8 milliards d’euros seront nécessaires au cours des dix prochaines années pour le redressement et la reconstruction de l’Ukraine; souligne dès lors que les fonds mis à disposition au titre de la facilité pour l’Ukraine ne suffiront pas; demande à l’Union et à ses États membres de s’engager à fournir un financement supplémentaire à long terme pour l’Ukraine, en particulier compte tenu du fait que le dernier train de mesures états-unien d’aide à l’Ukraine est toujours bloqué au Congrès;

29. invite l’Union européenne, les États membres et les partenaires partageant les mêmes valeurs à apporter une aide politique, économique, technique et humanitaire complète et coordonnée à la reconstruction et au redressement durables et inclusifs de l’Ukraine à l’issue de la guerre, en accordant une attention particulière au rétablissement des infrastructures essentielles, des services de santé, de l’enseignement et des services sociaux; estime que la reconstruction de l’Ukraine doit donner la priorité au bien-être du peuple ukrainien plutôt que favoriser les oligarques et les bénéfices des entreprises; invite l’Union et les États membres à continuer d’assurer le traitement médical et la rééducation, y compris un soutien psychologique, des soldats et civils ukrainiens blessés et endeuillés; demande qu’une attention constante et un soutien accru soient accordés aux activités de déminage en Ukraine ainsi qu’à un programme de déminage sur le long terme;

30. souligne qu’il est nécessaire d’aider l’Ukraine à rétablir les conditions qui permettront à son peuple de reprendre une vie économique et sociale dans la sécurité et la prospérité et de se remettre des conséquences graves que la guerre a eues sur la santé mentale, aux personnes déplacées dans leur propre pays et aux réfugiés de rentrer chez eux et, en particulier, aux jeunes générations de mener des projets personnels, éducatifs et entrepreneuriaux; souligne en outre qu’il faut tenir compte, dans le processus de redressement et de reconstruction, des préoccupations, des besoins et du savoir-faire des personnes déplacées à l’intérieur du pays et des réfugiés, car leur réinsertion dans le tissu local sera cruciale pour renforcer la résilience de la société et des institutions ukrainiennes et l’unité du pays;

31. invite le Conseil à maintenir et à étendre sa politique de sanctions contre la Russie et la Biélorussie tout en surveillant, en réexaminant et en renforçant son efficacité et son incidence; demande à la Commission et aux États membres de veiller à ce que l’ensemble des treize trains de sanctions soient rapidement et strictement appliqués; invite la Commission à réaliser une analyse d’impact sur l’efficacité des sanctions à entraver l’effort de guerre russe et sur le contournement des sanctions; rappelle que l’Union européenne travaille à l’élaboration d’une législation visant à faire de la violation des mesures restrictives une infraction pénale; invite de nouveau la Commission, le SEAE et les États membres à mettre au point un mécanisme permettant d’empêcher le contournement des sanctions;

32. insiste sur la nécessité d’interdire les importations métallurgiques et d’uranium de la Russie vers l’Union européenne, ainsi que d’interdire la coopération avec le secteur nucléaire russe et notamment avec Rosatom; demande un embargo immédiat et total sur les importations de la Russie vers l’Union de produits agricoles et de produits de la pêche, ainsi que de combustibles fossiles et de gaz naturel liquéfié transportés par gazoducs maritimes, et demande également un abaissement supplémentaire du plafonnement des prix des produits pétroliers russes, en coordination avec les partenaires du G7, afin que l’argent européen ne serve plus à financer la guerre de la Russie; réclame, en outre, des mesures de sanction à l’encontre de la «flotte de l’ombre» russe, qui transporte du pétrole sur des navires non assurés en mauvais état dans les eaux de l’Union et les eaux internationales, et réclame des sanctions à l’encontre des entreprises, de Chine et d’ailleurs, qui aident la Russie à contourner les sanctions; réclame l’élargissement du régime actuel d’octroi de licences pour les produits militaires et à double usage, afin qu’il s’applique à un plus grand nombre de biens utiles à des fins militaires, y compris des composants numériques; demande que les sanctions prises à l’encontre de la Biélorussie soient pleinement alignées sur celles prises contre la Russie; demande que d’autres personnes identifiées par la Fondation anticorruption d’Alexeï Navalny soient visées par le régime mondial de sanctions de l’UE en matière de droits de l’homme et inscrites sur d’autres listes de sanctions;

33. condamne tous les pays qui fournissent du matériel militaire à la Russie et l’aident à contourner et à éviter les effets des sanctions qui lui sont imposées, et demande à l’Union de poursuivre strictement les entreprises, les associations et les personnes qui participent à ces contournements; invite l’Union, les États membres et leurs alliés à renforcer l’efficacité des sanctions déjà imposées, à prendre des mesures urgentes pour bloquer toute tentative de contournement de ces sanctions et à élaborer un mécanisme de sanctions secondaires qui comblerait les éventuelles lacunes;

34. rappelle aux entreprises, aux particuliers, aux établissements financiers et aux autres personnes qui sont actifs en Fédération de Russie ou dans des territoires qu’elle occupe en Ukraine ou qui y disposent de chaînes de valeur, notamment les investisseurs, les consultants, les organisations non gouvernementales et les prestataires de services de contrôle préalable, qu’ils courent un risque sur le plan opérationnel, juridique, économique et de leur réputation en raison de leurs activités et de leurs relations professionnelles en Russie; invite les États membres à adopter des mesures particulières pour éviter que des produits technologiques de pointe exportés vers des pays tiers n’aboutissent en Russie;

35. insiste sur le fait que le contournement d’une mesure restrictive de l’Union, y compris en transférant des biens vers une destination où leur importation, leur exportation, leur vente, leur achat, leur transfert, leur transit ou leur transport sont restreints, devrait être érigé en infraction pénale au niveau de l’Union; souligne qu’il est essentiel aux fins de l’application que l’Union érige rapidement en infraction pénale les violations directes des sanctions, y compris lorsqu’elles sont commises par négligence grave, ainsi que les violations indirectes des sanctions par le contournement des mesures restrictives de l’Union; se félicite de l’accord de principe récemment conclu entre les institutions de l’Union sur de nouvelles règles érigeant en infraction pénale la violation des sanctions de l’Union;

36. condamne la pratique russe consistant à bloquer toute action au niveau des Nations unies visant à tenir la Russie responsable de la guerre d’agression qu’elle mène contre l’Ukraine; invite l’Union et ses États membres à prendre de nouvelles mesures pour que perdure l’isolement international de la Russie, notamment en ce qui concerne la participation de la Russie au sein d’organisations et d’instances internationales telles que le Conseil de sécurité des Nations unies;

37. souligne qu’il est urgent d’établir un régime juridique solide permettant de confisquer les avoirs russes gelés par l’Union et de les utiliser pour faire face aux diverses conséquences de l’agression de la Russie contre l’Ukraine, y compris la reconstruction du pays et l’indemnisation des victimes de l’agression russe, ce qui renforcera la résilience de l’Ukraine; rappelle qu’il est convaincu qu’une fois la guerre terminée, la Russie devra être astreinte à payer les réparations qui lui seront imposées afin qu’elle apporte une contribution importante à la reconstruction de l’Ukraine; se félicite de la création du registre des dommages causés par l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, qui constitue la première étape de la mise en place d’un mécanisme international de compensation; se félicite dès lors de la décision du Conseil de mettre en réserve, dans un premier temps, les recettes considérables générées par les avoirs et les réserves de la Banque centrale de Russie immobilisés dans le cadre des sanctions de l’Union, qui pourront être utilisées afin de contribuer financièrement à l’aide apportée par l’Union en faveur du redressement et de la reconstruction de l’Ukraine dans le cadre de la facilité pour l’Ukraine;

38. exprime une nouvelle fois son inquiétude quant à la situation de la centrale nucléaire de Zaporijjia, contrôlée illégalement par la Russie; soutient les efforts visant à maintenir en permanence une présence de l’Agence internationale de l’énergie atomique à la centrale nucléaire de Zaporijjia; attire une nouvelle fois l’attention sur les actions de la Russie qui ont porté gravement atteinte à l’environnement en Ukraine, notamment la destruction du barrage de Kakhovka, l’abattage de forêts en Ukraine, l’exploitation minière de grande ampleur et la pollution de l’air et des ressources en eau, et condamne ces actions; exprime une nouvelle fois sa profonde inquiétude face aux conséquences environnementales à long terme de la guerre; souligne la nécessité de mettre en place un système de recensement et d’évaluation des dommages causés par la Russie à l’environnement et d’établir des bases juridiques permettant de demander des comptes à la Russie pour ces crimes;

39. condamne fermement l’éradication, la destruction et le pillage, par la Russie, des biens culturels ukrainiens, comme les églises, les œuvres d’art, les musées et les universités; prend acte des dégâts, vérifiés par l’Unesco, occasionnés à 341 sites depuis le début de l’invasion à grande échelle, dont 126 sites religieux, 150 bâtiments d’importance historique ou artistique, 31 musées, 19 monuments, 14 bibliothèques et un centre d’archives; réaffirme que la destruction et le pillage délibérés de sites du patrimoine culturel ukrainien sont susceptibles de constituer des crimes de guerre;

40. invite l’Union et ses États membres à agir de manière stratégique et proactive pour lutter contre les menaces hybrides, renforcer la communication stratégique de l’Union et prévenir l’ingérence de la Russie dans les processus politiques, électoraux et autres processus démocratiques en Ukraine et dans l’Union, en particulier par des actions hostiles visant à manipuler l’opinion et à compromettre l’intégration européenne, notamment dans la perspective des prochaines élections au Parlement européen; invite la Commission, le SEAE et les États membres à fournir des informations pertinentes sur les avantages mutuels et les possibilités offertes par l’élargissement, tant en Ukraine que dans les États membres, afin d’améliorer la compréhension du processus d’adhésion et d’accroître encore le soutien dont celui-ci bénéficie;

41. condamne l’assassinat de Maksim Kuzminov en Espagne; demande aux États membres de réagir rapidement et avec fermeté à toute action déstabilisatrice des services de renseignements russes sur le territoire de l’Union; recommande aux États membres de renforcer la coopération en matière de contre-espionnage et le partage d’informations;

42. se déclare préoccupé par la restriction des déplacements à l’étranger des membres de la Verkhovna Rada d’Ukraine; estime que cela pourrait être considéré comme une restriction arbitraire de l’activité politique de députés élus, en particulier de ceux qui représentent l’opposition; est fermement convaincu qu’en temps de guerre, aucune ressource politique susceptible de représenter la cause de l’Ukraine au sein d’une instance internationale ne devrait être négligée;

43. adresse ses plus vifs remerciements au personnel local de la délégation de l’Union européenne en Ukraine, dont le travail assidu et inlassable, réalisé dans des circonstances qui restent difficiles pour les membres du personnel et leur famille, mérite d’être salué; invite instamment le SEAE et la Commission à adopter des plans d’urgence et des solutions provisoires pour le personnel local de la délégation de l’Union européenne, y compris des modalités de travail flexible et de télétravail et des solutions de relocalisation temporaire, à même de répondre aux besoins réels du personnel et aux difficultés qu’il rencontre; souligne, en outre, qu’il importe de prendre soin de la santé mentale du personnel de la délégation de l’Union;

44. charge sa Présidente de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, au vice-président de la Commission/haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au président, au gouvernement et à la Verkhovna Rada d’Ukraine, ainsi qu’aux Nations unies et aux autorités russes et biélorusses. »