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La gauche prise entre le marteau postmoderne et l’enclume populiste

Deux récents débats thématiques en disent long sur le délabrement intellectuel.

Si l’on conçoit la Gauche comme une proposition idéologique visant à transformer les consciences pour mieux les émanciper, alors forcément on ne peut que voir qu’il y a un gouffre entre la vie des campagnes et la vie des villes, surtout des grandes villes.

Selon la tradition marxiste du mouvement ouvrier, cette opposition forme même une contradiction qui est par nature motrice de changements, de changements sociaux et culturels. Mais actuellement, sans force de Gauche arrimée à ses valeurs, cette opposition produit surtout la forme de fuites en avant individuelles, que cela soit dans le turbo-capitalisme pour la ville, le populisme pour la campagne.

Cette réalité est récemment revenue sur le devant de la scène par le biais de deux problématiques qui agitent les éléments de Gauche alliées dans la NUPES. Il y a eu tout d’abord une interview de François Ruffin, le député de la Somme, au journal Le Monde dans lequel il s’est demandé si la gauche voulait « reconquérir l’électorat populaire ».

Puis, plus récemment, le secrétaire national et candidat PCF à la dernière élection présidentielle Fabien Roussel, a déclaré lors de la Fête de l’Humanité que « la gauche doit défendre le travail et ne pas être la gauche des allocations et minimas sociaux ».

Si François Ruffin s’est dissocié de la sortie de Fabien Roussel, surtout pour conserver son audimat à la France insoumise, on retrouve pourtant les mêmes propos dans son dernier livre intitulé pompeusement Je vous écris du front de la Somme. Ce livre qui vise à se positionner dans le paysage politique de l’après Jean-Luc Mélenchon parle de sa campagne électorale qui a vu sa réélection dans la 1ère circonscription de la Somme et où il a été entièrement assumé de manière démagogique de mettre en avant la figure de Jean-Luc Mélenchon dans les quartiers HLM d’Amiens et de le ranger au placard dans les campagnes rurales.

Et François Ruffin de constater à la manière de Fabien Roussel :

Que reste-t-il de la gauche quand, massivement, les travailleurs, et les plus modestes des travailleurs, ne la ressentent plus comme leur avocat, leur défenseur ? Quand ils affirment : « Je ne peux pas être de gauche, je suis pour le travail » ? […] La gauche est associée au RMI, aujourd’hui, plus qu’aux congés payés. Les uns relèvent de l’histoire, oubliée, méconnue, du temps de nos arrières grands-parents, des expos avec photos en noir et blanc. L’autre, devenu RSA, appartient au contraire au quotidien, il a la tête de Pierre, Paul, Jacques et Nadia. De « parti des salariés », nous voilà, dans l’esprit commun, le « parti des assistés ».

Ainsi, pour ces deux députés qui proviennent du Nord de la France, là où s’est formé une puissante expérience du mouvement ouvrier, l’idée est simple : la Gauche a délaissé les territoires ruraux où vivent les ouvriers pour se concentrer sur les quartiers HLM qui jonchent les grandes villes et leurs agglomérations.

En réponse, Jean-Luc Mélenchon a enfoncé le clou en déclarant que la LFI était au regard des résultats électoraux des dernières élections présidentielles et législatives, le « parti des chômeurs, des précaires et des jeunes », ce qui est l’éloigne de fait de la classe ouvrière qui peuple en effet majoritairement la campagne.

D’autres figures de La France insoumise sont même allés jusqu’à nourrir la fable d’une « implantation » dans les départements de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne, quand bien même le taux d’abstention y a été monstrueux et que le quotidien est un pourrissement social dans un mélange de lumpen-prolétaires et d’une petite-bourgeoisie carrément post-moderne.

On retrouve ici une problématique régulièrement mise en avant par le géographe Christophe Guilluy et connue pour l’idée d’une « France périphérique » laissée à l’abandon des retombées de la « mondialisation ». Et si Christophe Guilluy a loupé le coche de la Gauche historique, il en est tout autant de Fabien Roussel et François Ruffin car si tous ces constats sont justes, faut-il encore ensuite proposer une interprétation et transformation adéquate de la situation.

Et ce que ce débat appelle, c’est une compréhension de l’opposition entre la ville et la campagne. Or, si la campagne a ses caractéristiques, ce sont surtout celles de l’isolement social et de la morosité culturelle sur fond de pavillons et de zones industrielles immondes, sans même parler des valeurs chasse-pêche-nature-et-traditions qui restent dominantes, malgré leur marginalité en pratique.

Ne pas vouloir s’attaquer frontalement à tout cela, ce n’est pas être du côté du changement. Et les François Ruffin et Fabien Roussel, ce sont justement ce type de personnage qui n’a jamais remis en question la chasse pas plus d’ailleurs que le bistrot, le pavillon ou la mocheté de la zone industrielle.

Alors on peut bien parler de la campagne et du « monde ouvrier », mais si c’est juste pour en être un pseudo représentant qui n’a comme horizon que de parler de « nous contre eux », alors c’est le niveau zéro de la conscience de classe.

Car derrière ces thématiques, on retrouve une négation de la lutte des classes et de la classe ouvrière, une réalité qui n’a rien à voir avec la lecture simpliste d’une campagne à côté de la ville, et encore moins avec cette conception pyramidale du « bas contre le haut ». Sans même parler de ce concept a priori flatteur de la « gauche du travail » qui est en réalité étranger aux avancées sociales et culturelles du mouvement ouvrier au XXe siècle.

Parler de la « gauche du travail », d’une « fierté des usines et du savoir-faire des travailleurs » n’a aucun sens, car le travail n’est qu’un rouage du capitalisme dans sa folie accumulatrice, et la tâche de la gauche est de faire en sorte que les travailleurs manuels sortent de leur aliénation pour devenir une puissance dirigeante. La fierté de classe exige la conscience de classe alors que la conscience professionnelle aboutit bien souvent à la soumission au syndicalisme corporatiste…

La classe ouvrière aspire à devenir le haut de la société et pour cela, il lui faut conquérir le meilleur de la modernité et le meilleur de la sensibilité, deux choses qui se puisent dans la résolution de cette contradiction entre la ville et la campagne, et non pas dans leur juxtaposition comme le veulent, et les populistes et les post-modernes.

On ne peut pas devenir un working class hero en étant un pro-LGTBQI+, un militant de la libéralisation du cannabis et de la prostitution, un adepte du RSA pour tous, pas plus qu’en étant un beauf borné dans la consommation de viande et voyant en le travail l’unique horizon culturel possible et en l’alcool un vecteur de « sociabilité »…

On voit bien à quel point la NUPES est une entrave au progrès de la conscience car de telles thématiques devraient porter un débat sur la nature de la vie à la campagne et à la ville, de sorte à proposer un dépassement de ces deux modes de vie étrangers à l’émancipation du genre humain.

C’est que la Gauche est coincée entre le marteau du post-modernisme et l’enclume du populisme. Elle n’est nullement une force de changement, mais un acteur de la conservation sociale car il ne fait aucun doute que les idées avancées par François Ruffin et Fabien Roussel ne sont là que pour promouvoir de manière démagogique « le peuple contre les élites », jamais la classe ouvrière en lutte pour destituer la bourgeoisie du pouvoir.

Sinon il nous serait proposé une critique sérieuse de la vie des ouvriers à la campagne, de ce mode de vie qui n’a été qu’une perte de qualité de vie que cela soit par rapport à l’éloignement de tout, par à l’enfermement social, par rapport à la mentalité insupportable de petit propriétaire que cela véhicule, par rapport à l’enchaînement aux crédits et aux heures supplémentaires à n’en plus finir, etc.

Mais critiquer cela, ce serait assumer un changement d’envergure et les Ruffin et Roussel n’en veulent pas. Alors ils optent pour la protection nationale pour la paix sociale plutôt que la libération sociale.

A ce titre, voilà un autre passage de Je vous écris du front de la Somme qui en dit long sur cette perspective typique, au pire du New Deal Franklin Delano Roosevelt aux États-Unis, au pire des néo-socialistes Marcel Déat et Henri de Man, bref des propositions anti-Gauche des années 1930 :

D’où ma bataille, et depuis un bail, pour du protectionnisme. D’où ma lutte, au sein de la gauche, de la bonne gauche, pour qui une taxe à 17 % sur les pneus importés de Vietnam relèveraient quasiment du « racisme anti-asiatique », pour qui ce serait « monter les peuples les uns contre les autres », etc. 

François Ruffin et Fabien Roussel ne veulent pas remettre en cause l’esprit petit-bourgeois des ouvriers des campagnes, pas plus que les autres ne veulent remettre en cause les esprits anti-sociaux ou ultra-libéraux des lumpenprolétaires des quartiers HLM.

C’est pour cela que leur proposition, c’est une forte contribution fiscale des « riches » pour le bien de toute la nation, son cœur étant pour les populistes à la sauce Ruffin/Roussel l’ouvrier des campagnes portant le bon sens populaire, et la frange ultra-précarisée bien souvent prise dans le cannibalisme social pour les turbo-capitalistes à la sauce LFI du 93.

Ce dont la classe ouvrière a besoin, c’est d’une perspective qui ose renverser la table, d’un horizon qui ose l’utopie générale et non pas de ces débats qui ne mènent à rien si ce n’est à tout conserver comme avant grâce à cette grande diversion historique nationale-sociale. Un grand changement social sur fond de remise en question culturelle, voilà ce dont nous avons besoin !

Au lieu de proposer une sortie positive, progressiste, les forces de gauche alliées autour de la NUPES surfent sur l’une de ces deux issues culturelles possibles comme le révèlent les réactions des uns et des autres, des uns contre les autres… La NUPES montre ici comment elle est un point mort de l’Histoire.

L’Histoire, cette vieille taupe dont parlait Karl Marx est bien l’espoir sur lequel se fonde la Gauche historique pour sortir du bois et proposer enfin la grande rupture prolétarienne du monde.

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Réflexions

Le « militant », incapable de saisir les changements dans le monde

Le monde militant, d’improductif, est devenu une partie du problème.

La capacité de la Gauche historique a toujours été d’être en mesure de saisir le cours des évènements, de produire des cadres politiques en mesure d’orienter des militants, eux-mêmes capables d’orienter des discussions du quotidien dans tel ou tel sens. Un sens démocratique, populaire, évidemment.

Cette capacité politique militante n’est jamais tombée pas du ciel, elle est toujours le produit d’un effort intellectuel à la base, de la capacité de tout un chacun d’intervenir dans les grandes questions idéologiques.

Or, on sait comment des petits-bourgeois excités provoquent une corruption du militantisme réel. A la suite de mai 1968, et déjà un peu avant, il y avait déjà des gens au comportement stéréotypé, au raisonnement borné.

Mais ce que l’on constate au vue de 2022, c’est que la figure du militant est devenue une expression d’un vieux monde. Disons simplement qu’il y a encore 15, 20 ans, un militant de gauche pouvait, ou devait, être critiqué car il avait les clefs d’analyses à disposition, mais il ne les utilisait pas ou se les faisait déformer par l’opportunisme.

Ces clefs d’analyses, c’était grosso modo une lecture, même approximative, du capitalisme, des classes, des tendances politiques, bref du cours des choses. Cela était lié à une certaine formation idéologique.

Les années 2010 ont été la grande lessiveuse de ce processus. Avec la pandémie de Covid-19 puis, donc, la guerre en Ukraine, les militants se révèlent pour ce qu’ils sont devenus : une entrave au progrès de la conscience.

Non pas qu’ils en aient conscience eux-mêmes, mais parce qu’ils pensent maîtriser les choses sans en avoir la capacité, car ayant abandonné tout travail intellectuel de fond. Ils donnent l’impression de savoir, ils véhiculent l’illusion d’avoir des positions justes, voire même des positions tout court, et c’est en cela qu’ils participent à l’entrave de la conscience des gens.

Il y a un décalage frappant à ce sujet. Si l’on prend par exemple le début du covid-19 il y a deux ans, l’idée comme quoi la société avait heurté un mur, notamment au plan écologique, était présent chez des gens, mais très peu chez les militants. C’est l’expression d’un énorme problème.

C’est encore plus vrai avec la Guerre en Ukraine. Que l’on prenne n’importe quel militant ou militante il y a un mois, et cette question était absolument invisible, alors qu’elle pouvait déjà être présente chez certaines personnes ayant une vie normale.

Avec le déclenchement de la Guerre, la question d’une généralisation mondiale du conflit, l’inquiétude face au retour de la menace nucléaire, ou bien encore le risque d’une plus grande paupérisation du fait de l’inflation, forme une inquiétude partagée par le plus grand nombre.

A l’inverse, les militants pensent dire des choses, croient développer des positions, mais ne font que copier-coller des raisonnements préconçus, sans prise de conscience du drame de la situation. Leurs comportements sont stéréotypés.

Pour preuve, leur incapacité à sortir des considérations purement électorales, à aborder des choses sérieuses, à affronter réellement la tendance à la guerre, la montée du fascisme, la souffrance des animaux, la destruction sans fin de la Planète…

Alors qu’une partie des gens normaux sont terrifiés par la situation car ayant instinctivement compris l’ampleur des changements à effectuer, les militants ont démissionné de la raison d’être du militant historique de la Gauche, celle de servir le peuple dans sa volonté d’explication du monde.

Les militants ont perdu toute la substance de ce qui faisait la force de la Gauche : la capacité à analyser le changement des choses, à interpréter les grandes bifurcations historiques.

Pour les « militants » d’esprit petit-bourgeois, la Guerre en Ukraine n’est finalement qu’une histoire de conjoncture, tout cela devant passer après que l’on ait, au mieux manifesté avec un drapeau ukrainien et que l’on ait appelé à l’accueil des réfugiés, au pire critiqué telle position pro-russe ou telle position pro-OTAN, ou encore mieux s’être caché en renvoyant les deux dos à dos.

Dans leurs têtes, tout va redevenir comme avant, bientôt, et à ce moment là on reprendra les discussions sur le niveau de son salaire, sur telle injustice là-bas, sur tel propos infâmant ici, etc. Il n’y a aucune envergure, aucune volonté même d’aller vers une réelle envergure, aucune volonté de rupture réelle, le militant étant devenu une forme de l’identité possible, parmi d’autres, dans la société de consommation.

Comment pourrait-il en être autrement alors qu’il n’y a pratiquement plus de vie militante dans les organisations ? Vie militante au sens d’un débat d’idées, non pas simplement autour de l’actualité ou de luttes, ce qui est important évidemment, mais plus généralement autour des grands tendances qui agitent le monde.

La figure du « militant » est devenue une partie du problème et l’on en revient finalement au point de départ de la Gauche historique : reconstruire un socle idéologique, reformer des cadres politiques, relancer un mouvement à la base, dans le feu d’une époque d’ores et déjà tumultueuse et qui ne va laisser personne indemne.

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Politique

Génération-s refuse à sa convention de devenir le satellite d’EELV

Génération-s a fait voter ses membres et la liste prônant une alliance avec EELV, et non une satellisation, l’a emporté.

Génération-s a trois ans, ayant été fondé en 2017, et cela semble être une éternité tellement le monde change. Il n’y avait guère de monde et encore moins d’organisation sur la pelouse de Reuilly à Paris pour l’acte fondateur, mais Benoît Hamon qui en était à l’origine a réussi son pari : pérenniser un mouvement post-socialiste (avec notamment une large partie des Jeunes Socialistes).

Benoît Hamon a fini par se mettre formellement en retrait, tout en continuant ses activités en faveur du revenu universel. Ce sont Guillaume Balas et Claire Monod qui ont tenu la barque alors, les deux étant à l’origine de deux motions s’opposant à la convention en ligne venant de se tenir à la fin novembre 2020.

Cela donne 69,94% de voix à la motion Utile.s pour l’avenir et 26,29% à Pour que l’écologie rassemble la gauche (avec 3,78% de votes blancs). Naturellement, le vote pour le binôme de coordination nationale est strictement équivalent : Benjamin Lucas et Sophie Taillé-Polian ont reçu 71,26% des voix, Frédéric Kalfon et Claire Monod 23,69%, avec 5,05 % des voix.

Cette élection a été marquée par deux scandales internes. Tout d’abord, une troisième liste a abandonnée une semaine avant le vote, pour soutenir Benjamin Lucas et Sophie Taillé-Polian, ce qui laisse l’idée amère que c’était prévu afin de ratisser plus large. Enfin, Benjamin Lucas et Sophie Taillé-Polian ont eu 24h avant le début du vote le soutien de Benoît Hamon.

On l’aura compris, le binôme ayant gagné avait le soutien de la direction. Il faut dire qu’il n’est pas bien difficile de comprendre que le binôme perdant roulait pour EELV. En effet, la première motion se revendique de la Gauche et elle assume l’écologie, alors que la seconde se revendique de l’écologie et assume d’être de gauche.

Ou, pour dire les choses plus franchement, les deux sont d’accord pour placer Europe Écologie les Verts au centre, mais les premiers veulent l’indépendance et une alliance avec l’espoir d’être le pôle de gauche et prendre la place du Parti socialiste, les seconds acceptent d’être un satellite d’EELV lors de son dépassement prévu pour les présidentielles.

On lit dans la première motion :

Ecologistes assumé.es, nous nous revendiquons sans complexe de la Gauche​, parce qu’elle est l’héritage mêlé des Lumières et des mouvements ouvriers, au cœur des avancées démocratiques les plus importantes de notre pays, de l’abolition de l’esclavage à celle de la peine de mort, du suffrage universel sans discrimination de genre à la liberté de la presse. Nous nous inscrivons dans un héritage de deux siècles de conquêtes sociales, de la limitation de la journée de travail à 10h aux congés payés, du salaire minimum à la semaine de 35h (…).

Génération.s est le mouvement de gauche qui pense le monde qui vient, là est notre force collective. Alors que les partis “traditionnels” sont encore divisés sur la rupture avec le productivisme, notre mouvement s’est construit précisément autour de l’hybridation entre pensée socialiste et écologiste, notamment à travers un rapport au travail fondamentalement différent, et la mise en place du Revenu Universel d’Existence. Nous portons les germes de la Gauche écologiste de demain.

Notre identité, c’est l’unité. Aujourd’hui, nous faisons le constat que l’écologie politique, et EELV singulièrement, doit occuper une place centrale dans la recomposition. L’écologie remet au centre du jeu le clivage gauche-droite et remet l’humain et la planète au cœur des projets politiques.

On lit dans la seconde motion :

L’écologie politique est devenue une force majeure, l’injonction à agir une priorité populaire et citoyenne qui embrasse les valeurs fondamentales de la gauche et invite à la reformulation des enjeux, des moyens et du projet. Le moment est venu (…).

Nous proposons de valider le principe d’engager Génération.s dans la fondation avec l’ensemble des mouvements écologistes, d’un nouveau mouvement de la gauche réinventée, la maison commune de l’écologie, sociale, solidaire, populaire et démocratique (…).

Pour Génération.s l’achèvement de ce dépassement devra necessairement se concrétiser par la consultation des adhérent.es pour la création d’un nouveau parti, la maison commune, fondée sur l’écologie sociale qui constituera le socle du champ progressiste pour les décennies à venir.

Génération-s s’est en fait préservé d’une liquidation. On ne peut que se réjouir que des gens se revendiquant de la Gauche tiennent le choc face à ceux qui veulent diluer la Gauche dans… on ne sait pas trop quoi. On notera toutefois que ce on ne sait pas trop quoi a des aspects très sympathiques : il y a un vrai souci écologiste et c’est une bonne chose. Et le souci est que Génération-s entend combiner la Gauche et l’écologie en assumant, sans le dire, les thèses des années 1970-1980 de la CFDT, du PSU, de l’Alternative Rouge et Verte, des Alternatifs… c’est-à-dire les thèses de ce qu’on appelle historiquement la « seconde gauche ».

Génération-s pare ainsi au phagocytage d’EELV en rompant par la droite avec le Parti Socialiste ; on l’aura compris, il ne s’agit pas du tout d’un retour vers la SFIO et le mouvement ouvrier, les luttes de classe et le Socialisme. On est dans une critique intellectuelle du capitalisme, à l’image des gens de Génération-s, qui sont sympathiques, mais foncièrement bourgeois, avec un côté mi-bobo mi-endimanché. Dans un contexte de crise en expansion, on peut estimer que cela ne suffira pas.

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Le monde court à sa perte, mais la petite-bourgeoisie «de gauche» manifeste contre la police

La Gauche va mal, très mal en France. Et quand on voit que pour une grande partie d’entre elle, l’actualité est de s’imaginer que le pays serait en passe de devenir une dictature avec la police s’arrogeant le droit de tabasser en toute impunité, on comprend tout à fait que les classes populaires ne veuillent pas entendre parler d’elle… L’agitation hystérique autour de l’article 24 de la proposition de loi relative à la sécurité globale, avec des manifestations dans plusieurs grandes villes samedi 21 novembre, en dit long sur le décalage terrible entre la Gauche et la société française.

La France, comme tous les grands pays capitalistes, connaît une désagrégation majeure de son tissu social. La société craque de partout avec une violence de plus en plus prégnante, notamment à l’égard des femmes, et ce jusque dans les moindres interstices de la vie quotidienne. La police est clairement en première ligne face à cette décomposition, mais avec des moyens très faibles et une hiérarchie de plus en plus déconnectée de sa base. Une base qui s’est largement prolétarisée, en perdant au fil des années ses traditions autoritaires-paysannes faisant du policier un sympathisant naturel de l’extrême-Droite.

La colère est d’ailleurs, dans un tel contexte, très grande dans les rangs de la police, avec des fonctionnaires ayant de plus en plus le sentiment de ne pas pouvoir assurer leur mission de protection de la population, tout en étant en même temps jetés en pâture face à des délinquants dont l’arrogance n’a d’égale que l’impunité dont ils bénéficient.

Alors, quand en plus de cela les policiers se sentent menacer dans leur vie privée… forcément qu’ils ne sont pas contents. Rien de plus naturel. La réalité est qu’en France, l’État n’est même pas en mesure de garantir la sécurité de sa propre police. Les policiers prennent de plus en plus l’habitude de cacher leur profession, notamment avec leurs enfants pour qui il devient préférable de ne pas dire qu’ils sont fils ou filles de policier.

Le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin n’entend aucunement changer les choses dans un sens démocratique, en mettant le Droit au cœur de la société. En bon populiste, il prétend avec une petite mesure qu’il va pouvoir contourner les problèmes et garantir la sécurité des policiers. C’est le sens du fameux article 24 de la proposition de loi relative à la sécurité globale, voté en première lecture par l’Assemblée nationale vendredi 20 novembre 2020.

Voici ce qu’il dit :

« Article 24

I. – Le paragraphe 3 du chapitre IV de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse est complété par un article 35 quinquies ainsi rédigé :

« Art.35 quinquies. – Est puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police. »

II. – L’article 35 quinquies de la loi du 28 juillet 1881 sur la liberté de la presse ne font pas obstacle à la communication, aux autorités administratives et judiciaires compétentes, dans le cadre des procédures qu’elles diligentent, d’images et éléments d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale. »

Cela ne rime pas à grand-chose et n’importe qui n’étant pas de mauvaise foi se dira que si l’État en est à devoir faire une telle loi pour empêcher que les policiers ne soient menacés individuellement, c’est qu’il ne tient vraiment plus grande chose…

Mais tel n’est pas le raisonnement de la petite-bourgeoisie hystérique, prétendument « de gauche », qui voit tout l’inverse et a manifesté dans les grandes villes samedi 21 novembre pour crier au loup totalitaire, parlant de menace sur les « libertés », de « droit à l’information », voire même de fascisme pour certains.

On a ici un cinéma strictement parallèle à l’excitation petite-bourgeoise face aux mesures collectives exigées par la situation sanitaire. Aux États-Unis, la petite-bourgeoisie crie au communisme, ici elle crie au fascisme, mais cela revient au même, car le mot fascisme est employé de manière démagogique : c’est l’idéologie individualiste, anti-collectivisme, qui s’exprime.

On peut également noter que tout cette agitation est portée à l’origine par quelques journalistes pour qui le summum est de filmer les fins de manifestations, les arrestations, et plus généralement toutes les interventions des forces de l’ordre. Il y a ici tout un petit milieu très marqué par l’ultra-gauche, par l’anti-étatisme primaire, par la conception de la minorité (intellectuelle) agissante, etc.

Tout cela n’intéresse bien entendu personne en réalité, car les gens des classes populaires en France n’en ont strictement rien à faire des gilets jaunes et autres « black block » se faisant arrêter ou matraquer parce qu’ils ont trouvé amusant de jeter des pavés, des cocktails molotov ou du matériel de chantier sur des forces de l’ordre. Tout cela n’a tellement rien à voir avec la vie quotidienne des gens ou même l’idée de révolution, que c’en est anecdotique.

Sans parler de ce constat qu’on doit faire : on a de tels manifestations… en plein confinement sanitaire ! C’est totalement délirant, et ce ne peut être que l’œuvre d’une « Gauche » profondément déconnectée des réalités de la société française et des priorités du moment.

Le monde connaît une crise sanitaire majeure, qui est l’expression d’une catastrophe écologique considérable et il y a à l’arrière plan de cela une crise économique monstrueuse qui se profile, sur fond de délitement moral et culturel de la société. Ce à quoi à il faut ajouter des tensions guerrières qui sont de plus en plus prégnantes dans le monde, notamment de la part de la France qui participe activement à la course au militarisme.

II se trouve cependant des gens qui, pour détourner l’attention de la crise, prétendent que l’important aujourd’hui est de pouvoir filmer les policiers en manifestation ! C’est inacceptable et il saute aux yeux que c’est une caricature. Il faut vite renverser la table et en revenir à la Gauche historique, celle du mouvement conscient et organisé de la classe ouvrière menant la lutte des classes. L’époque exige des gens sérieux et il en est assez de l’hégémonie de la petite-bourgeoisie et des conceptions anarchistes sur la Gauche !

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Politique

Jean-Christophe Cambadélis annonce le républicanisme de gauche

Jean-Christophe Cambadélis est un cadre socialiste historique. Il propose une idéologie clef en main, de centre-gauche et affirme que c’est lui ou bien les libéraux et les nationalistes.

Jean-Christophe Cambadélis est connu pour être l’un des cadres socialistes les plus éprouvés, les plus politiques, alliant rigueur et opportunisme, clairvoyance et coups à trois bandes. C’est l’exemple même du cadre passé par l’extrême-gauche étudiante trotskiste, habitué aux mouvements des masses et aux coups fourrés, pour rejoindre le Parti socialiste et obtenir ainsi une stature étatique.

Pour cette raison, il a expliqué au Journal du Dimanche qu’il ne se sentait pas hors-jeu pour 2022, et c’est vrai. C’est un homme mesuré dans tous les domaines, il n’a pas perdu sa crédibilité comme François Hollande même s’il dit finalement la même chose, c’est un homme de réseaux.

Jean-Christophe Cambadélis a d’ailleurs fondé en septembre le réseau « Nouvelle Société » et le jeudi 19 novembre il a tenu une conférence de presse pour annoncer un projet de ce réseau, intitulé « La République impartiale – Mémorandum pour un républicanisme de gauche ».

Ce qu’on y trouve est une savante cuisine. Il y est dit la chose suivante : c’est nous ou bien le populisme, ou bien les libéraux. Nous sommes les seuls crédibles, ce sera nous ou un avatar français de Donald Trump, nous ou un Emmanuel Macron au libéralisme débridé.

Comme il faut rassembler, il faut être de centre-gauche : c’est la thèse des 51 % de François Hollande, pour qui la Gauche ne peut pas être majoritaire. Comme il faut être crédible, il faut se la jouer républicain dur : c’est la thèse de Manuel Valls. Comme il faut tout de même donner des gages à la Gauche, il faut parler de défendre les acquis et revendiquer l’opposition au nationalisme et à la guerre.

Comme il faut légitimer tout ce bric-à-brac, il y a la République comme concept traditionnel chez les socialistes depuis Jean Jaurès et on lit dans le mémorandum :

« La gauche, occupée à la question sociale et à l’extension des libertés individuelles a, petit à petit, délaissé la défense et l’approfondissement de la République. Elle n’a voulu voir que ses insuffisances, ses trahisons, ses limites.

Elle a pensé révolution, évolution, libération. Ce qui fut nécessaire. Mais elle a relégué la République au magasin des accessoires. Et aujourd’hui, voici la République remise en cause, attaquée de toutes parts. »

Répétons-le encore une fois : François Hollande ne peut qu’être d’accord, Manuel Valls aussi. On a du mal à penser qu’ils n’ont pas été consultés ou qu’ils ne sont pas, d’une manière ou d’une autre, de la partie. Au minimum ils convergent avec Jean-Christophe Cambadélis.

La ligne de celui-ci est très clairement radicale de gauche et évidemment on ne trouvera rien sur la classe ouvrière et le peuple, à part une dénonciation des communistes ici et des maoïstes là-bas. Pas de socialisme, pas de capitalisme, pas de bourgeoisie, pas de propriété, etc. Les concepts employés ont de ce fait un côté à la fois flou et poétique assumé : « égalité réelle », « liberté ordonné », « fraternité laïque ».

Quel est donc le message passé ici à la Gauche ? C’est, en quelque sorte : c’est nous ou le fascisme. C’est à peu près clair. Le message, c’est : vous ne parvenez rien, vous ne pouvez pas parvenir à quelque chose. Nous sommes les seuls crédibles dans le cadre d’institutions que vous n’aimez pas, mais que vous ne pouvez pas remplacer. De plus, les mouvements populaires partent dans le populisme et le nationalisme : vous devez donc défendre ces institutions pour survivre vous-mêmes.

C’est très fin, c’est très politique, c’est très Jean-Christophe Cambadélis. Mais c’est trotskiste aussi, c’est-à-dire unilatéral et calculateur, fabriqué en laboratoire. La vie est bien plus complexe que ces plans sur la comète et il est parlant que le mémorandum ne parle pas des animaux, ce qui en 2020 est aberrant. Au-delà même de son absence de « croyance » en les chances de la Gauche historique, cette absence en dit long sur un certain côté hors-sol.

Si on ajoute à cela la crise et le retour politique de la classe ouvrière, alors le projet de Jean-Christophe Cambadélis apparaît comme tout à fait réaliste… et en même temps un rêve parisien coupé des réalités. La France va au conflit, c’est inévitable et aucun pompier « républicain » ne peut empêcher les contradictions de s’exprimer. L’heure de François Hollande est passé : l’heure est à l’Histoire.

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Guerre

Les réactions internationales à l’effondrement du Karabagh arménien: un pas en avant vers la guerre générale

La guerre au Karabagh, l’effondrement de l’organisation de la population arménienne de celui-ci lors du conflit ainsi que la victoire de l’Azerbaïdjan, largement appuyé par la Turquie, constitue une nouvelle étape de la désagrégation de l’Orient.

Celui-ci qui se fracture toujours plus en bloc aux contours de plus en plus nets. La crise capitaliste qui se généralise et que traversent les puissances impérialistes accélère la décomposition des sociétés orientales.

Celles-ci, déjà très fragiles, sont déstabilisés toujours plus, précipitant toujours plus loin les régimes corrompus et militarisés de ces pays dans la fuite en avant nationaliste et guerrière. En observant les conséquences et les réactions internationales à la fin de ce conflit, on voit ainsi se dessiner les tendances contre lesquelles la Gauche doit lutter sur le plan international.

En Arménie et en Azerbaïdjan : le renforcement du nationalisme chauvin

La guerre a eu d’abord pour double effet de sidérer et de galvaniser les masses populaires en Arménie. La capitulation, qui était de toute façon inévitable au vue du rapport de force et de la situation militaire, ainsi que la lourde défaite, ont sidéré les populations arméniennes du Karabagh qui ont dû se réfugier en Arménie au cours de la guerre. La détresse est particulièrement vive bien sûr concernant les habitants des villages ravagés par l’armée azerbaïdjanaise et désormais annexés, et en particulier pour les habitants de Shushi, qui ont absolument tout perdu.

Mais d’une manière générale, l’ensemble des Arméniens du Karabagh sont effondrés. La brutalité de la conquête, tout comme les perspectives totalement bloquées, alors que la situation antérieure était déjà particulièrement difficile, ne laissent pas de place à l’espoir. La cohabitation avec les futurs colons azéris ou turcs et les exactions redoutées à juste titre, comme les pressions et le progressif étranglement du territoire que redoutent les réfugiés, les poussent à se résigner à ne pas revenir dans leur foyer ou à planifier un exode définitif.

Le mur implacable de ces blocages est cependant totalement nié par une partie de la société arménienne, galvanisée et aveuglée par tout le socle des mensonges et des prétentions nationalistes grandiloquentes entretenues depuis des années et des années. L’opposition pro-russe, appuyée par les oligarques que le soulèvement de 2018 avait bousculés, se montre particulièrement offensive, et cherche à mettre toute la défaite sur le compte de Nikol Pashniyan, le dirigeant actuel, qui avait incarné le rejet du régime militariste pro-russe et corrompu, sur une ligne libéral-nationale. Les dirigeants des partis d’opposition appellent désormais ouvertement au renversement de Pashinyan et au coup d’État.

Symétriquement, la société azerbaïdjanaise est elle aussi galvanisée par son propre chauvinisme. La victoire de son armée et notamment la prise hautement symbolique de Shushi a été fêté avec une grande ferveur nationaliste dans les grandes villes. Il est certain que là aussi c’est l’aile la plus chauvine qui se renforce, au sein d’un régime déjà particulièrement nationaliste et raciste à l’égard des Arméniens.

Le discours du Président Ilham Aliev annonçant la victoire est bien entendu complètement allé dans ce sens, appuyant autant qu’il l’a pu l’humiliation des Arméniens et renforçant le sentiment chauvin flattant les préjugés suprématistes les plus caricaturaux, y compris en un sens religieux. Rien bien entendu n’a été dit de ce côté des réfugiés arméniens, des mines antipersonnel, des destructions et des morts, ni du devenir du patrimoine culturel. La perspective d’une réconciliation est ici tout simplement évacuée au profit de la rhétorique martiale de l’écrasement génocidaire. Il n’est pas question d’autre chose que de « faire payer » les Arméniens, de les chasser « comme des chiens » du territoire reconquis.

Le premier ministre arménien et le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev lors de la conférence de Davos, en janvier 2019, la photographie étant diffusé par le bureau de la présidence d’Azerbaïdjan.

Cependant, il faut dire aussi que la propagande de guerre azerbaïdjanaise a joué aussi sur un autre ressort, celui de la nostalgie du passé soviétique. Le député Tural Ganjaliyev, représentant au Parlement azerbaïdjanais le territoire séparatiste du Karabagh, a lancé un appel à la réconciliation nationale et a voulu assurer aux Arméniens du Karabagh que la reconquête n’avait pas de perspective d’épuration ethnique, que les biens, le patrimoine culturel tout comme les personnes seraient protégés et que la vie commune reprendrait comme lors des temps les plus pacifiques de l’époque soviétique. Il a mobilisé pour cela des images très concrètes :

« Nous n’avons pas oublié nos anciens jouant au nardik [très similaire au backgammon] sous les arbres ou autour d’un thé.

Nous n’avons pas oublié les gens se promenant ensembles dans les parcs, flânant dans les cafés, les restaurants, dans le bon air de nos montagnes.

Nous n’avons pas oublié la participation commune des athlètes arméniens et azeris dans les compétitions sportives. Nous n’avons pas oublié les jours où nous partagions ensemble les joies et les peines des uns et des autres ».

Un tel discours qui tranche avec les provocations outrancière du Président Ilham Aliev et avec la réalité du terrain, s’explique par la profonde empreinte démocratique de l’époque soviétique sur l’Azerbaïdjan, et d’ailleurs aussi sur l’Arménie, qui n’existe plus que comme nostalgie, mais qui constitue néanmoins une base très concrète pour faire pièce au chauvine racial ou nationaliste qui se développe avec l’appui du régime.

Sur ce point, il faut aussi avoir à l’esprit que contrairement à l’Arménie, l’Azerbaïdjan n’est pas un État ethnique, et que le chauvinisme turc porté par Ilham Aliev, et plus encore par la faction pan-touranienne de son épouse, n’a pas une prise totale sur la société azerbaïdjanaise, qui sans forcément se sentir concernée par les offenses racistes visant les Arméniens, par exemple l’interdiction depuis 2002 de porter un nom en –yan pour les citoyens nationaux, ne voit pas pour autant d’un bon oeil les manifestations trop ouvertes de chauvinisme turc.

Les réactions internationales à la fin du conflit : vers une logique de bloc contre bloc

À l’étranger, la victoire azerbaïdjanaise a aussi été saluée bien entendu par le gouvernement de la République de Turquie. Mais malgré l’engagement très clair au côté de l’Azerbaïdjan, cela n’a eu aucun effet populaire significatif, malgré les accents là aussi ultra-chauvins de l’exécutif turc. Il est à remarquer toutefois que pratiquement tous les ministres du gouvernement turc y sont allés de leur déclaration, saluant une victoire qui rendrait « sa fierté aux Turcs du monde entier » selon le Ministre des Affaires Étrangères Mevlut Cavusoglu. Pas moins.

Le Président Recep Tayyip Erdogan, a lancé concrètement tout un programme devant appuyer la colonisation des terres conquises et l’épuration ethnique et culturelle appelé : « Souffle pour l’avenir, souffle pour la Terre », que chaque ministre du gouvernement est appelé à décliner selon son domaine de compétence, y compris dans le domaine des services de sécurité… D’abord dans ce domaine même à n’en pas douter! Ainsi le 10 novembre étaient déjà en visite en Azerbaïdjan plusieurs figures étatiques turques : le ministre des affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu, le ministre de la défense Hulusi Akar, le chef des services secrets Hakan Fidan.

La photo officielle de la rencontre turco-azerbaïdjanaise, publiée par la présidence d’Azerbaïdjan

Sur ce point néanmoins, la Russie opère un retour offensif particulièrement marqué. L’armée russe avait déjà le contrôle de la frontière entre l’Arménie et la Turquie et une énorme base militaire dans le nord de l’Arménie, à Gyumri, historiquement le point d’appui de l’occupation russe au Sud-Caucase, qui avait doublé ses capacités déjà en 2019.

Elle obtient désormais le contrôle des frontières avec l’Azerbaïdjan, et le déploiement pour 5 ans renouvelable d’un contingent de plusieurs milliers de soldats au Karabagh, dans la partie restée arménienne et sur les principaux points d’accès restants. En outre, le régime russe ne peut que se satisfaire des effets de la capitulation arménienne sur la politique intérieure arménienne, puisque les velléités portées par le régime de Pashinyan, bousculé déjà depuis le début de l’année par l’opposition, ont perdu leur crédibilité au profit des nationalistes pro-russes. La satellisation de l’Arménie n’a jamais était aussi complète depuis son indépendance.

En Azerbaïdjan aussi la Russie consolide ses positions, puisqu’elle apparaît comme le meilleur pendant à une influence trop prononcée de la Turquie qui n’est pas du goût de toute la société, y compris dans l’encadrement militaire. Sur le plan militaire, la Turquie compte néanmoins accroître son influence et sa présence au Nakhitchevan, dans les parties reconquises du Karabagh et sur le corridor d’accès devant traversé le Zanguézour arménien.

Sev Ghul , la sentinelle noire, forteresse russe construite en 1834 et désormais sur la base militaire russe de Gyumri

En Iran, si le régime a pris position durant la guerre plutôt en faveur de l’Azerbaïdjan, dans le sens de la reconnaissance de ses frontières légitimes, aucun soutien militaire ou diplomatique significatif n’a pour autant été apporté au régime de Bakou. Le ministère des Affaires étrangères iranien a apporté sont total soutien à la solution russe et au déploiement de soldats russes au Karabagh.

Il a mollement appuyé la nécessité de voir les réfugiés arméniens revenir sur les terres conquises et appelé au respect de leurs droits, rappelant au passage ses liens avec l’Arménie et le fait que des Azéris et de Arméniens cohabitaient pacifiquement en Iran (les premiers formant au moins 15% de la population, les seconds moins de 1%). La principale source d’inquiétude de l’Iran vient de l’influence turque et de l’envoi de mercenaires jihadistes, Téhéran ayant appelé fermement au renvoi de ces milices. La presse iranienne a sobrement rendu compte de l’accord de paix, soulignant davantage le désarroi arménien, avec une sympathie manifeste, que la victoire azerbaïdjanaise et ses élans outranciers.

En Orient, seul le Qatar s’est réjouit à la victoire de l’Azerbaïdjan, mais cela ne constitue pas une surprise au vue des liens stratégiques entre ce pays et la Turquie. Au contraire, l’Égypte s’inquiète et condamne l’expansionnisme d’Ankara et son influence au Sud-Caucase, comme ailleurs en Orient. Malgré leur rhétorique islamique, les nationalistes turcs et leurs alliés azéris voit donc se consolider face à eux au moins deux blocs parmi leurs voisins : l’un emmené par l’Iran, derrière lequel se trouve aussi la Russie et la Chine au-delà, et l’autre autour de l’Égypte, de l’Arabie Saoudite et des Émirats, dans lequel Israël s’intègre de plus en plus, compliquant son soutien jusque-là constant à Ankara et à Bakou.

Photo de l’interview du président d’Azerbaïdjan par le Figaro, publiée par la présidence d’Azerbaïdjan

Les puissances occidentales semblent être pour le moment hors jeu. L’expansionnisme agressif de la Turquie s’est élancé de manière unilatérale, et entame partout la solidité des liens du régime avec ses alliés occidentaux. Le soutien militaire, notamment de la France, se tourne de plus en plus vers le bloc autour de l’Égypte et de ses alliés du Golfe. Dans cette perspective, le conflit du Karabagh n’est pas une menace prioritaire, d’autant qu’il fragilise aussi l’Iran indirectement. Mais l’accroissement de l’influence turque et son agressivité démultipliée pose forcément problème. Il est aussi à voir quelle orientation prendra la diplomatie américaine dans cette région.

Ce qui est clair, c’est que des blocs se dessinent toujours plus nettement, et ce conflit marque une étape inquiétante dans ce sens, dans celui de la marche à la guerre.

Avec la crise, et cela partout, les régimes nationalistes et chauvins, le militarisme et sa rhétorique, apparaissent comme renforcés, au détriment des peuples, de leur existence, et d’abord ici bien sûr au détriment des Arméniens du Karabagh. Mais plus généralement, c’est le piège du nationalisme agressif, c’est la mâchoire terrifiante de la guerre qui avance dans toutes les directions. L’échec des « printemps arabes » (poussé par le Qatar) et en particulier la guerre civile en Syrie avait ouvert un terrible brèche en ce sens. Mais il faut avoir conscience qu’une étape est ici franchie, impliquant des invasions, l’expansionnisme en mode « impérial » dont la Turquie est ici un exemple particulièrement agressif, et la constitution de blocs. C’est la tendance marquante sortant naturellement de la crise.

La Gauche a maintenant une responsabilité historique : elle doit déjouer cet engrenage, affirmer le droit à l’auto-détermination des peuples dans une perspective démocratique et pacifique, dénoncer tous les nationalismes, démonter tous les chauvinismes et refuser la fuite en avant criminelle et suicidaire dans la guerre, bloquer les jeux des puissances impérialistes ou expansionnistes et leur géopolitique militaire et tyrannique, qui partout bloque la paix, dresse des murs et des barbelés entre les peuples, jette les uns sur les routes, détruit, pille, conquiert et galvanise les autres dans des « victoires » dans lesquelles toutes les valeurs de notre commune Humanité s’effondrent.

En un mot, la Gauche se doit de réaffirmer l’Internationale et la Démocratie Populaire, comme seul et unique rempart à la barbarie qui avance !

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La Gauche réagit froidement à la candidature de Jean-Luc Mélenchon

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L’annonce par Jean-Luc Mélenchon de sa candidature à l’élection présidentielle de 2022 a été accueillie avec beaucoup de distance par toute une partie de la Gauche. En annonçant si tôt et de manière unilatérale sa candidature, il ne pouvait en effet que s’attirer les foudres de ceux à qui il tente de couper l’herbe sous le pied, même si peu le disent aussi ouvertement.

La critique la plus franche est toutefois venue du premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure qui a parlé d’« égoïsme », soulignant que cela servait directement Emmanuel Macron, à qui il déroulerait un tapis rouge. Il lui est logiquement reproché de menacer le rassemblement de « la gauche et [des] écologistes » et le ton employé est très dur pour le dénoncer :

« Est-ce que vous pensez que c’était le bon moment pour se déclarer ? En pleine crise sanitaire, économique, sociale, avec un terrorisme qui est aujourd’hui à son degré maximal d’alerte ».

Cette remarque est tout à fait exacte, car Jean-Luc Mélenchon fait ici un choix clairement personnel (et typiquement « 5e République »), alors que la période nécessite d’abord des choix politiques de fond, pour faire face à une crise immense, tant sanitaire qu’écologique, tant sociale qu’économique, etc.

Et ce constat est largement partagé dans les rangs de la Gauche, bien que peu de personnalités publiques aient pris la peine de réagir personnellement. On notera cependant la réaction du PCF via son secrétaire national Fabien Roussel, qui marque franchement sa distance :

« Jean-Luc Mélenchon a fait son choix. Je le respecte. Les communistes feront le leur en temps voulu. Pour l’instant, la priorité est à faire face à la pandémie, à résister et à agir pour nos concitoyens. »

La veille de l’annonce de Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel avait de toutes façons réaffirmé lors du Conseil national de son parti que le PCF avait « vocation à se présenter » et qu’il s’y préparait. D’ailleurs, sans le PCF, Jean-Luc Mélenchon pourrait avoir beaucoup de difficultés à récolter les fameuses 500 signatures d’élus locaux nécessaires à sa candidature (le PCF lui en avait procuré une très grande partie lors de la précédente élection).

Il faut remarquer également la positon d’Arnaud Montebourg, dont le destin de candidat potentiel est de plus en plus évoqué, et que La France insoumise aimerait bien attirer dans ses rangs :

« Je trouve que ce n’est pas le moment ».

Cette question du « bon moment » est toutefois une manière de botter en touche, de la part de dirigeants et figures de la Gauche qui voient très bien que la période à venir s’annonce compliqué politiquement, et qu’ils sont faibles et isolés. Mais il ne faut pas leurrer : pour se reconstruire, la Gauche n’écharpera pas à la nécessité d’une critique franche et en profondeur de Jean-Luc Mélenchon, ainsi que de toute la « proposition » populiste qu’il représente.

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2022: Jean-Luc Mélenchon candidat tente de doubler la Gauche

Dimanche 8 novembre 2020, Jean-Luc Mélenchon a annoncé sa candidature pour l’élection présidentielle de 2022. C’est une façon de s’imposer dans le débat et d’essayer de prendre de cours la Gauche, qu’il espère bloquer dans son processus de reconstruction. C’est l’aboutissement de la ligne populiste anti-Gauche produite par son organisation La France insoumise.

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Jean-Luc Mélenchon n’y est pas allé par quatre chemin pour annoncer sa candidature à la présidentielle de 2022. Il s’est fait inviter au 20h de TF1 et il a expliqué qu’il était une « lumière au bout du tunnel », en mesure de « déconfiner les esprits », qu’il fallait lui faire entièrement confiance pour enfin changer les choses.

Peu importe qu’il ait déjà échoué deux fois à cette élection (en 2012 et en 2017), il faudrait le suivre et même signer pour sa candidature. Il a en effet exigé que celle-ci soit validée par 150 000 signatures (sur un site internet) et que cela lui suffirait à prouver… sa « légitimité populaire » ! C’est fort de café, d’ailleurs il a immédiatement été moqué pour cette annonce, mais cela n’embarrassera pas celui qui tente de passer en force en se la jouant sauveur suprême.

Jean-Luc Mélenchon est en dehors de la Gauche

La déclaration si tôt de sa candidature, ainsi que sa plateforme internet censée récolter des signatures constituant un « parrainage populaire », sont un moyen pour lui de torpiller les débats, les structures, les partis à Gauche. Il a donc répondu à la journaliste l’interrogeant à propos de l’unité de la Gauche que tout cela était du « temps perdu », que les discussions ne pourraient aboutir qu’à un consensus visant au « moins pire », alors que lui serait d’ores et déjà un « pôle de stabilité ».

En fait, cela fait déjà des années que la France insoumise (et la dynamique qui l’a précédé) n’a de cesse d’enfoncer la Gauche (tout en profitant de son patrimoine en mode pillage), avec un populisme anti élite moitié-social, moitié-chauvin. Le problème, c’est que cela commence à se voir et Jean-Luc Mélenchon et son entourage ont tout à craindre de l’unité de la Gauche et du débat à Gauche.

Prenons par exemple l’épisode des gilets jaunes. Cela aurait dû être l’apothéose pour Jean-Luc Mélenchon, car c’était tout à fait conforme à ce qu’il prône. Mais cela a été insignifiant dans le pays, malgré une résonance médiatique immense et même complètement démesurée. Si la Gauche se met sérieusement autour de la table avec l’idée de se tourner vers les classes populaires, elle ne peut qu’en arriver à la critique du mouvement des gilets jaunes, pour affirmer la primauté du niveau de conscience et d’organisation… et donc à rejeter le bricolage populiste de Jean-Mélenchon qui justement a tout du « gilet jaune ».

La Gauche doit rejeter le populisme de Jean-Luc Mélenchon

La première chose dont a parlé Jean-Luc Mélenchon sur TF1 juste avant d’annoncer sa candidature, c’est du confinement. Ses propos en disent long sur son populisme : bien malin celui qui aura compris sa position, tellement il sait ne rien dire pour que chacun interprète librement ce qui l’intéresse, avec des propos qui n’engagent jamais à rien. Il a dit que le Covid-19 est une maladie grave et qu’il fallait respecter les mesures sanitaires… tout en disant dans la foulée que le confinement est une prison pour les Français et qu’il ne faudrait surtout pas y rester trop longtemps à cause du gouvernement.

La Gauche doit fermement rejeter la candidature de Jean-Luc Mélenchon et son prétendu parrainage populaire de 150 000 signature. Il faut au contraire du débat politique, sur le fond, car la discussion politique de fond est la seule manière démocratique de fonctionner quand on est à Gauche. On discute, puis on choisit. Mais certainement pas l’inverse, comme tente de l’imposer le populiste Jean-Luc Mélenchon en vue de la présidentielle de 2022.

Voici ou revoici, comme contribution au débat de la Gauche, plusieurs de nos articles à propos de Jean-Luc Mélenchon :

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Noussommespour.fr : un populisme en-dehors de la Gauche

Il existe deux formes traditionnelles d’organisation à Gauche, qui viennent d’un côté du socialisme français, de l’autre de la social-démocratie allemande et autrichienne avec son prolongement russe de type bolchevik.

Il y a la tradition socialiste française historique, de la SFIO, reprise par le trotskisme : l’organisation a plusieurs tendances, elles sont reconnues, elles ont le droit d’exprimer leur avis de manière organisée, il y a une représentation proportionnelle du poids de ces tendances au niveau de la direction.

Le Parti socialiste s’appuie sur cette démarche, notamment défendue par Léon Blum au congrès de Tours en 1920.

Il y a ensuite la tradition communiste, importée du bolchevisme, mais qui prolonge directement la social-démocratie : unité organique, homogénéité, le Parti fait bloc.

Le PCF a repris cette conception centraliste démocratique en 1920 à sa fondation, pour l’abandonner progressivement au profit d’un certain fédéralisme puis, après 1989, de courants le traversant.

Ces modes d’organisation traversent toute la Gauche historique, jusqu’aux syndicats étudiants des années 1980, puisque l’UNEF-ID liée aux socialistes et aux trotskistes reconnaissait le droit de tendance, alors que l’UNEF liée au PCF (avec de petites poches maoïstes parfois) ne le reconnaissait pas.

Dans tous les cas, les décisions prises par l’organisation sont prises dans l’organisation et ne dépendent que d’elles. C’est la notion, si on veut, d’avant-garde, ou en tout cas de minorité plus avancée en termes de conscience politique.

Le modèle Démocrate américain importé en France

Depuis une dizaine d’années, cette tradition de la Gauche historique est mise à mal par une approche calquée sur les Démocrates américains, qui sont l’équivalent de nos libéraux. L’idée n’est pas de centraliser les forces vives, mais au contraire de chercher à élargir la base à mettre en mouvement, en avalant des propositions venant de-ci de-là, afin de former une sorte d’entonnoir pour attraper des gens prêts à se bouger.

C’est pourquoi la Gauche se voulant moderne a instauré les primaires, allant bien au-delà des rangs des partis et organisation. C’est là, bien entendu, du populisme. L’idée repose d’ailleurs sur le contrat : je te soutiens si tu prends certaines de mes idées, et même si tu n’es pas le candidat choisi, lui-même va reprendre certaines de mes idées donc je vais le suivre, et ainsi de suite.

Jean-Luc Mélenchon lance noussommespour.fr

Jean-Luc Mélenchon, qui récuse la Gauche historique et assume ouvertement le populisme, a fait ce choix en proposant qu’il y ait 150 000 signatures pour le « parrainer ». Il a ouvert un site pour cela, noussommespour.fr.

Cela avait très bien marcher lors de l’élection présidentielle précédente, notamment chez les jeunes, qui se sont sentis investis d’une « mission »… pour disparaître totalement dans la foulée.

C’est que ce genre de populisme n’est qu’un fusil à un coup. Une fois qu’on a tiré, il ne reste rien, mais cela ne dérange pas ceux qui sont uniquement dans une perspective électoraliste. Jean-Luc Mélenchon a la même démarche : il suffit de lire ses propos dans sa vidéo de présentation.

On chercherait en vain un contenu et il est évident que c’est du racolage de première.

« Alors vous le savez : je propose ma candidature pour l’élection présidentielle de 2022. Mais pour déposer définitivement cette candidature, je demande une investiture populaire. C’est-à-dire 150 000 personnes signant pour me parrainer.

Pourquoi 150 000 ? En fait j’ai déjà utilisé ce nombre pour une proposition de loi déposée à l’Assemblée Nationale.

L’idée c’est que chaque personne, du seul fait qu’elle est inscrite sur une liste électorale, puisse parrainer une candidature à l’élection présidentielle. Pour l’instant ce droit est réservé exclusivement aux élus.

Alors, si vous êtes 150 000 à signer ici je me considèrerai investi par vous pour l’élection présidentielle, avec mon programme « l’Avenir en commun ». Il a déjà recueilli 7 millions de voix en 2017. Il est toujours d’actualité, il répond aux besoins du pays et du moment dans lequel nous vivons.

La suite dépend de vous. Ici, il s’agit de signer et puis vous pouvez suivre le parcours en 3 étapes.

Vous déciderez librement de ce que vous voulez faire pour aider.

Merci d’être d’avoir été là, à mes côtés, dans ce moment décisif. »

Un tel populisme peut-il fonctionner encore une fois ? Et ce d’autant plus dans une situation de crise dans tous les domaines ? Bien sûr que oui… mais à Droite. Quand on se joue à ce petit jeu là des raccourcis et des coups à trois bandes, quand on s’imagine Machiavel, on rentre dans le mur, à moins d’être un fasciste. Seule la démagogie la plus totale sait s’adapter et réussir.

Quand on est de gauche, on veut de la conscience, de l’intellect, de la raison. On cherche à élever le niveau, à arracher les gens à une société capitaliste exploiteuse et aliénante. On contribue à des analyses de fond, à une vision du monde claire et lisible, on propose des valeurs aux contours bien définis.

Jean-Luc Mélenchon n’a très clairement plus rien à voir avec la Gauche et on voit bien qu’il cherche à la torpiller. Il n’y parviendra pas.

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agauche.org, prêt contre la Droite

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Le passage en catastrophe du premier ministre Jean Castex sur TF1 le premier novembre en dit long sur la vaste agitation des petits commerçants et, à l’arrière-plan, la vague de droitisation en cours. L’attentat de Nice a représenté un vrai tournant, dans le sens où la Droite a réussi à s’unir dans une offensive généralisée, alors qu’auparavant la dispersion prédominait.

C’est là un effet du travail en profondeur de gens aussi divers que Marion Maréchal, le dessinateur Marsault, les gilets jaunes, le youtubeur « le raptor dissident », Xavier Bertrand, etc. C’est l’idée d’une Droite « populaire », à la fois rétrograde et de masse, privilégiant les comportements beaufs afin de toucher le plus de gens possibles.

Un tel projet a été bien aidé par la gauche « postmoderne », qui tombe toujours plus dans la caricature monomaniaque obsessionnelle (avec les migrants et les LGBTQ) et représente du pain béni pour une telle Droite. Mais ce projet a été aidé aussi par les « populistes » comme ceux de La France Insoumise qui rejettent le parcours du mouvement ouvrier, ainsi que la lutte des classes.

La crise sanitaire, économique… mais aussi politique, institutionnelle, culturelle, et finalement tout ce qu’on voudra, donne à cet arrière-plan une dimension terrible. On fonce vers le fascisme et la guerre : quand on est de gauche, dans la tradition historique de la Gauche, on ne peut pas ne pas le voir. Il faut donc s’y opposer, avec les meilleurs outils.

agauche.org est un tel outil, parce que c’est un média qui allie la régularité à une démarche multithématique. C’est une démarche essentielle pour aborder la vie quotidienne, avec tous ses aspects, et s’appuyer sur les fondamentaux et non pas les projets électoraux et l’approche syndicale. On ne dira jamais assez à quel point les élections et les syndicats sont les Charybde et Scylla de la Gauche française.

Ce ne serait pas suffisant toutefois s’il n’y avait pas la démarche de réfuter le libéralisme économique et le libéralisme culturel, les deux relevant de la même vision du monde. On ne peut pas se dire de gauche, par exemple, et admirer des gens réfutant la culture et prétendant que s’agiter sur un clavier pour écrire de la pseudo-littéraire ou sur un tableau pour de la pseudo-peinture aurait du sens pour les gens. Pareillement, on ne peut pas se dire de gauche et considérer qu’on peut avoir un 4×4, si on le veut, qu’on peut pratiquer le sado-masochisme, si on le veut, qu’on peut tromper son conjoint, si on le veut, etc.

La Gauche, c’est par le peuple et pour le peuple, et plus précisément la classe ouvrière. C’est là, tout de même, la base de la Gauche. Naturellement, pour la gauche version post-moderne, tout cela c’est du passé, il s’agirait désormais de conquérir plus de « droits individuels ». C’est là totalement converger avec le capitalisme en cherchant des figures de renforcement de l’individualisme et de l’opportunisme. Et la Droite « populaire » en profite, elle se nourrit de cela.

En fait, c’est comme dans les années 1930, il y a trois camps : la Gauche qui veut la Démocratie et donc le Socialisme, les libéraux qui cherchent à maintenir les choses telles qu’elles sont, la Droite qui veut « remettre de l’ordre » : rappelons que les fascistes italiens et les nazis allemands se revendiquaient de la Droite, en mode « populaire », « national » ; ils assumaient d’être des traditionalistes, des beaufs.

agauche.org est ainsi un levier pour faire se réaffirmer la Gauche historique, qui elle seule peut vaincre la Droite « populaire », sans rien céder aux libéraux. C’est un outil essentiel, dont il faut profiter, et auquel il faut contribuer !

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Octobre 2020: la Droite à l’offensive, la Gauche bousculée

La lutte contre les islamistes devrait être une lutte contre l’islamisme sur une base universaliste. Au lieu de cela on a des mesures policières-administratives parallèlement à une vaste offensive idéologique d’une Droite décomplexée.

Il est toujours difficile de lire les tournants dans l’opinion et le meurtre odieux d’un enseignant d’histoire-géographie par un fanatique islamiste a provoqué une onde de choc d’autant plus forte qu’elle passe sous les radars. En tout cas, impossible de ne pas voir que l’ultra-gauche est tétanisée, au point souvent de ne même pas parler de cette actualité (ou avec un retard très opportuniste), que la Gauche ne sait souvent parler que de la Marseillaise…

Alors que la Droite mène une campagne de fond énorme, s’alignant directement pratiquement sur les idées de Jean-Marie Le Pen des années 1980. On peut même dire que CNews fait passer BFMTV pour un média de centre-droit au rythme où vont les choses.

Pourquoi est-ce aussi simple ? Car il y a eu des marqueurs et il y en a qui assassine la Gauche depuis l’intérieur. Il s’agit bien entendu du rassemblement du 10 novembre 2019 contre « l’islamophobie ». En réfutant la lutte des classes, les « post-modernes » et les populistes s’étaient alors retrouvés sur la même ligne que le « Collectif contre l’islamophobie en France » et de toute une frange de l’activisme musulman.

C’était une convergence naturelle de mouvements populistes, qu’on a connu d’ailleurs dans d’autres pays (le SWP en Angleterre, le PTB en Belgique, etc.), avec à l’arrière-plan un fantasme sur l’Islam comme religion des opprimés, l’idée de faire dans le communautaire pour faire populaire, etc. Cela a évidemment immédiatement senti le roussi, amenant les carriéristes à vite se retirer sur la pointe des pieds avant même la tenue de la manifestation, à l’instar de Yannick Jadot d’EELV et de François Ruffin de La France Insoumise.

> Lire également : La manifestation parisienne du 10 novembre 2019 contre «l’islamophobie»

Yannick Jadot avait dit qu’il ne validait finalement pas tout le texte ni le terme d’islamophobie… Même si rien ne vaudra les propos de Ruffin, véritable contorsionniste : « Moi, j’étais à Bruxelles en train de manger des frites et des gaufres avec mes enfants [au moment de signer], ce n’est pas mon truc. Je n’irai pas dimanche, je joue au foot. »

François Ruffin s’était ici montré plus fin politique que La France Insoumise, le NPA, l’UNEF, l’Union communiste libertaire, la députée PCF Elsa Faucillon, le secrétaire de la CGT Philippe Martinez, Benoît Hamon de Génération-s, etc., car maintenant ils en paient le prix fort. Jean-Luc Mélenchon et l’UNEF sont la visée d’un profond mépris en général et leur positionnement est en particulier l’un des moyens de la Droite pour se positionner comme la seule en mesure de défendre les valeurs d’unité sociale.

Les gens très ancrés à Gauche l’ont bien compris et sont très remontés contre eux. Reste à savoir maintenant si c’est un combat de lignes qui se profile ou si c’est un avatar de plus d’une implosion de la Gauche en général, pour ne pas dire les restes de la Gauche tellement le panorama est catastrophique.

Plus en amont, c’est d’ailleurs la question de « Je suis Charlie » qui est la clef du problème (et de la solution). Non pas qu’il faille considérer « Je suis Charlie » comme un mouvement positif en soi, mais en étant incapable de l’étudier, de le saisir, d’en développer les traits les meilleurs, la Gauche a failli.

Quand on pense à la tonne de littérature qui a été écrite sur un phénomène aussi marginal numériquement et culturellement que les gilets jaunes, et qu’on voit que « Je suis Charlie » n’a rien amené malgré son ampleur nationale, le décalage saute aux yeux. Cela ne fait que souligner la nécessité de moyens d’élever le niveau, de fournir des éléments faisant progresser les consciences.

Et si la Gauche n’y parvient pas volontairement, la terrible violence qui se profile dans ce contexte de crise va la forcer, au moyen d’une Droite promettant la brutalité la plus complète.

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Société

Les réactions anti-couvre-feu de la «gauche» libérale-libertaire

Tout sauf les décisions à portée collective ! Tel est le credo d’une partie de la Gauche passée dans le camp d’un mélange de populisme, d’anarchisme, de vision plébéienne de l’Histoire.

En temps de crise, on ne peut plus faire semblant, car chaque point de vue compte, chaque opinion sur chaque sujet a forcément une grande importance et de grandes implications. On dévoile forcément sa vraie nature et les organisations et individus politiques expriment forcément leur nature.

La question du couvre-feu est ainsi très révélatrice, avec les petits-bourgeois hystériques et les bourgeois relativistes qui ne veulent pas en entendre parler. Les premiers sont en général « de gauche », les seconds étant de droite et l’assumant, en tous cas culturellement. Au contraire, la dynamique populaire est de penser que le couvre-feu est bien la moindre des choses, avec cette particularité propre aux grandes villes qu’une partie significative des gens ne se soucie absolument pas du virus et s’amasse dans les bars et soirées.

Il ne faut pas se leurrer, si Emmanuel Macron décrète un couvre-feu dans la plupart des grandes villes, c’est qu’il y a à la base une grande pression populaire en faveur de mesures sanitaires. Cela sous-entend non pas qu’il en fasse trop, mais bien au contraire qu’il n’en fasse pas assez. Le peuple veut un État ayant son ampleur, capable d’envergure.

La France de 2020 n’est plus la France arriérée du 20e siècle et il est hors de question pour la population de laisser filer un virus dévastateur, ni de laisser les services de santé se faire déborder à nouveau. L’État doit être à la hauteur du peuple, de la vie du peuple.

Les petits-bourgeois « de gauche » n’en ont rien à faire de cela et ils s’imaginent que le gouvernement agirait par « totalitarisme ». L’auteur de prédilection pour ces gens est George Orwell et nombreux sont ceux à avoir cité son roman 1984, à l’instar d’Olivier Besancenot :

Cependant, le meilleur représentant de cette France petite-bourgeoise, s’imaginant de gauche et très radicale, est Jean-Luc Mélenchon, qui associe le couvre-feu à un fait du Prince, en dehors de toute rationalité sur la crise sanitaire elle-même :

« 60 % des contaminations ont lieu au travail ou à l’école ou à l’université entre 8h et 19h. Mais Macron interdit les sorties au bar et au restau entre 20h et 6h. Bienvenue en Absurdie. »

Jean-Luc Mélenchon confond ainsi clusters connus et contamination, mais là n’est pas la question : rien que le ton le disqualifie. On est dans le populisme, dans l’appel à la révolte plébéienne contre les puissants qui mentiraient de manière totale, qui viseraient à la manipulation des consciences, à anéantir les libertés individuelles, etc.

On a évidemment la même rengaine du côté d’EELV, sur le mode de la critique du « totalitarisme » avec David Cormand, qui reprend tous les arguments de la Droite sans même le remarquer :

« Le « couvre-feux » a-t-il vocation à confiner aussi notre Démocratie? La légèreté avec laquelle le Gouvernement se joue des piliers sur lesquelles reposent un État de Droit: libertés individuelles, droits fondamentaux, élections,… est sidérante et effrayante. »

Notons cependant qu’EELV sait garder les pieds sur terre, de part sa quête électoraliste, et exprime dans un communiqué son soutien au couvre-feu, bien que de manière timorée.

François Ruffin s’est également parfaitement illustré dans l’hystérie anti-« Macron », qui serait maintenant un « maton » … :

« Le couvre-feu pour couvrir leur nullité. Plutôt que de prévoir et d’agir depuis le printemps, Macron, en maton, nous enferme. Combien de temps serons-nous victimes de leur incompétence ? »

On notera également le ton volontairement beauf et franchement irrationnel qu’il a utilisé à l’Assemblée nationale :

« Vous êtes capable de nous interdire d’aller pisser à plus d’un kilomètre de chez nous pendant le confinement, de nous interdire de mettre un pied dehors après 21h aujourd’hui. Face aux citoyens, vous êtes des lions. Mais face à Amazon et Bridgestone, vous êtes des paillassons. »

On est là dans la démagogie la plus complète, visant à opposer le « petit homme » aux puissants, comme le faisaient les démagogues d’extrême-Droite dans les années 1930.

On retrouve forcément le même discours et le même ton du côté de Médiapart, qui présente ainsi son article contre le couvre-feu :

« Macron préfère fliquer la population, la mettre en fiches, assassiner des secteurs entiers de notre économie (culture, restauration, etc.), plutôt que de rouvrir des lits d’hôpitaux et d’engager du personnel soignant. On interdit les sorties le soir au théâtre, au restau, chez des potes, mais on s’entasse dans le métro aux heures de pointe. Ferons-nous le deuil de tout ce qui nous fait vivre ? »

Cnews dit exactement la même chose. En fait, les remarques de ce genre sont légions dans la petite-bourgeoisie, avec souvent le prétexte d’autre chose qui est pris pour refuser le couvre-feu, par exemple avec Marguerite Stern :

« Imposer un #couvrefeu à tout le monde pour contrer le covid bof. Par contre imposer un couvre feu aux hommes et limiter leurs déplacements pour que les femmes puissent marcher dans la rue sans subir leurs agressions je dis oui. Mettons fin à la pandémie patriarcale. »

N’importe quoi ! Ou encore avec Nathalie Arthaud, pour un véritable cliché :

« Macron lance un nouveau contre-feu pour masquer la destruction de l’hôpital public. La seule liberté à laquelle Macron ne veut pas s’attaquer c’est le droit des patrons à exploiter les travailleurs. Pour les travailleurs tout sera interdit sauf le droit d’aller bosser ».

On remarquera d’ailleurs le caractère incohérent de l’argument. S’il est juste de vouloir plus de moyens pour l’hôpital public, cela n’est pas une raison pour ne rien faire et laisser des vagues importantes de malades être hospitalisées ; les séjours en réanimation ne sont pas une cure de jouvence et on sait très bien que le covid-19 touche durement y compris de nombreuses personnes n’ayant pas forcément besoin d’aller à l’hôpital.

On a la même chose du côté de Laurent Brun de la CGT cheminot, très proche politiquement de la ligne du PRCF, qui avec une blague potache appelant à manifester à l’heure du couvre-feu parle « d’enfumage » pour sous-entendre que le couvre-feu ne sert à rien :

« Bon ben prochaine manif à 21h ! Y’en a marre de ces conneries ! On veut une vraie stratégie de prévention sanitaire avec des tests efficaces, des moyens pour l’hôpital, des mesures pour l’école et les travailleurs. Pas de l’enfumage ! »

Tout cela est de l’hystérie petite-bourgeoise et ces personnes peuvent immédiatement arrêter de faire de la politique : jamais les gens ne leur confieront les clefs de l’État. Mais il est vrai que ces personnes ne veulent pas les clefs de l’État, ils veulent seulement protester, s’agiter.

Alors, à rebours de ces pérégrinations petites-bourgeoises, on a des figures politiques qui savent très bien où elles mettent les pieds. Ainsi, on a une Martine Aubry, qui n’est pas née de la dernière pluie et sait très bien que ce serait anti-populaire de critiquer le couvre-feu, alors elle assume franchement :

« Face à l’augmentation de la circulation du COVID 19 en France et à Lille, nous devons appliquer les mesures annoncées par le Président de la République, même si nous aurions préféré un couvre-feu plus tard le soir. Nous devons tous respecter ces règles. »

Eh oui, tout le monde aurait préféré autre chose, mais il faut ce qu’il faut. Cela ne plaît pas aux beaufs, cela ne plaît pas à ceux dont l’horizon politique est le libéralisme-libertaire, mais c’est ainsi !

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Écologie

Le tournant raté de la Gauche à propos de la chasse à la fin des années 1990

Dans les années 1990, les chasseurs ont été secoués par la mise en place de nouvelles directives européennes modifiant leur pratique. En 1997, le gouvernement de la « gauche plurielle » allait se trouver confronter à cet enjeu, ratant le coche d’une résolution démocratique et populaire d’un problème décisif pour le XXIe siècle.

En 1979, l’Union européenne édictait une directive sur la protection des oiseaux sauvages. Pays de paysans, attachés à la chasse « populaire », la France n’a pas véritablement respecté la règle de transposition de cette directive pendant les années 1980. Jusqu’à ce que des associations écologistes mènent des actions juridiques et finissent par faire appliquer la directive, bousculant la pratique de la chasse au gibier d’eau. La date d’ouverture de cette chasse fut par exemple progressivement reculée du 14 juillet au 1er septembre.

Or, on le sait, si la chasse à courre est une pratique élitiste, portée par des grand bourgeois sur un mode aristocratique, la chasse au gibier d’eau est plus largement populaire. Depuis les années 1960, les zones populaires étaient confrontées à une urbanisation croissante et une forte suspicion naissait quant à une perte de ce « droit » face aux privatisations de vastes domaines de chasse par de grandes fortunes… Cela allait fournir une base pour une contestation pro-chasse de la part du PCF.

Dès le départ donc s’entremêlaient des enjeux démocratiques et populaires, si bien qu’autour des fameuses A.C.C.A, les chasseurs de gibier d’eau s’appuyèrent sur l’association nationale des chasseurs de gibier d’eau (ANCGE), présente dans la façade maritime de l’Ouest et du Nord, et sur l’union nationale de défense des chasses traditionnelles françaises (UNDCTF), devenue l’ « union nationale des associations de chasseurs d’oiseaux migrateurs » en 1999, plutôt implantée dans le sud ouest.

À la directive européenne de 1979 s’en ajouta une nouvelle en 1992 à propos de l’ « habitat-faune-flore », s’appuyant notamment sur les réserves Natura 2000 dans lesquelles la chasse est limitée.

Face à ces législations encadrant les activités de la chasse, une partie des chasseurs, principalement des notables ruraux, fondent en 1989 le parti « chasse, pêche, nature et traditions » afin de défendre ce qu’ils nommaient déjà « l’identité des ruraux ». Ce parti n’aura jamais vraiment de bases militantes, étant plutôt un outil de « lobbying » électoral pour la chasse, avec en arrière plan une idéologie réactionnaire sur un mode rural. Il n’en reste pas moins qu’un cap fut franchi dans la contestation pro-chasse.

Le « tournant » se situe en 1997 avec la victoire de la coalition dite de « gauche plurielle » aux élections législatives, rassemblant le PS, PCF, Les Verts, le Mouvement des Citoyens de Jean-Pierre Chevènement et le Parti radical de gauche. C’est la seconde cohabitation avec un gouvernement de gauche et Jacques Chirac, président de la République depuis 1995.

Issue des Verts, Dominique Voynet devient alors la ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement. Une de ses missions va être de mettre la France en conformité avec les directives européennes de 1979 et 1992, peu respectées au niveau local. En 1996, l’ASPAS et la SNPN (société nationale de protection de la nature) assignaient en justice le président « Comité pour la défense et l’organisation de la chasse à la tourterelle », Georges Riboulet, pour non respect des réglementations en matière de protection de ces oiseaux (pas encore totalement respectée aujourd’hui).

Et c’est à travers ce procès que l’on voit tous les enjeux de la Gauche et de la chasse à cette époque. Si l’un des avocats de Georges Riboulet était Daniel Piquotin, également conseiller régional d’Aquitaine de l’UDF (ancêtre du Modem), le chasseur pouvait également compter sur la défense d’Alain Anziani, président du PS en Gironde. Le Parti socialiste était en effet grand défenseur des chasseurs en Gironde, de part la forte présence des chasseurs à la palombe dans les réseaux de pouvoir. En 1992, le conseil général d’Aquitaine comptait même 10 conseillers CPNT.

Face aux directives européennes, aux mises en justice et à une ministre issue des Verts, la contestation montante des chasseurs devait finir par se manifester au grand jour devant tout le pays. Ce fut le cas le 14 février 1998 où 150 000 chasseurs venus de toute la France par auto-car manifestaient sur les Champs-Élysées à Paris, appuyés par des cors de chasse, des défilés de chiens et des lâchages d’oiseaux.

Dans la manifestation, on retrouvait toutes les associations de chasse, mais aussi des figures de la droite, du Front National ainsi que du PCF. Une partie des bases du PCF étaient acquises à la défense de la chasse dans la perspective de défense de la Révolution française ayant aboli le privilège des « nantis ». Maurice Rocher, responsable PCF Loire-Atlantique de 1963 à 1983, n’était-il pas lui-même un pratiquant de chasse dans sa propriété de Saint-Joachim dans le marais de Brière ?

Point culminant de la contestation : lors des élections européennes de 1999, Jean Saint-Josse, président de CPNT obtenait 1 195 863 voix, soit 6,5 % des suffrages exprimés.

Il n’empêche qu’en mars 2000, la loi portée par Dominique Voynet finit par être votée. Elle instaura notamment le mercredi « jour sans chasse », la protection des oiseaux migrateurs avec la fermeture de leur chasse au 31 janvier et un encadrement hebdomadaire de la chasse en général. Le droit de chasser la nuit, avec de la glu et de pénétrer dans les propriétés privées furent toutefois maintenues. C’est que la Droite avait pu compter lors des débats à l’Assemblée nationale sur le soutien non négligeable des élus du PCF et de la majorité des députés PS du sud-ouest.

Minée par ses renoncements idéologiques, la Gauche n’a pas été en mesure d’assumer une mobilisation démocratique et populaire sur la question de la chasse, des campagnes et des animaux dans les années 1990. Cela a d’ailleurs contribué à marquer la différence entre les « écologistes » et la « gauche », alors même qu’un espace était ouvert, avec une opinion publique favorable à des campagnes tournées vers la nature et les animaux.

Les années 2020 seront les années du dépassement de ces renoncements, avec une recomposition générale de la Gauche sur ses bases historiques en tenant compte de la nature et des animaux comme aspects centraux de la cause du Socialisme.

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Politique

Jean-Luc Mélenchon veut être le Cincinnatus de la Gauche

Les tambouilles-magouilles ont repris en cette rentrée et Jean-Luc Mélenchon dit ouvertement qu’il doit être le dictateur temporaire à Gauche pour rétablir celle-ci.

Fondée en février 2016, La France Insoumise s’est tout de suite posé comme objectif de siphonner tout ce qui relève de la Gauche en terme d’associatifs, de syndicalistes, de militants. Usant d’arguments populistes et démagogiques, le mouvement a alors permis à Jean-Luc Mélenchon de faire 19,58 % aux présidentielles d’avril 2017. L’ennemi, c’était en apparence le réformisme, mais en pratique surtout tout ce qui relevait de la Gauche historique.

Le mouvement est depuis retourné à sa source, se résumant à des activistes sans impact notable à part en certaines places fortes électorales et la question est bien entendu désormais de savoir que faire. Jean-Luc Mélenchon a envie de retenter les présidentielles, mais il sait que désormais il ne peut plus y aller frontalement. Il a un petit capital électoral et compte en profiter. Il s’ensuit un rapprochement discret et délicat entre une partie des socialistes et Jean-Luc Mélenchon.

C’est Lionel Jospin qui a servi pour cette articulation, une amabilité entre ex-trotskistes (du courant lambertiste, historiquement tourné vers le PS et la CGT-FO). Dans son livre Un temps troublé, sorti début septembre 2020, Lionel Jospin ne tarit pas d’éloges : Jean-Luc Mélenchon y est valorisé comme un brillant orateur, un admirateur de François Mitterrand, un homme réaliste sachant faire des compromis, intelligent, mais victime de son tempérament, etc.

Dans le Nouvel Obs (du 3 au 9 septembre 2020), Lionel Jospin dit encore de Jean-Luc Mélenchon qu’il a :

« su conquérir ce qu’il désirait : être reconnu, hors des bornes du Parti socialiste, pour son talent, ses intuitions politiques, son sens du verbe, et il a créé son propre mouvement, un mouvement qui compte. »

Cela a amené, dans le numéro suivant (du 10 au 16 septembre 2020), une discrète petite interview, en page 44. Discrète, mais un symbole très important : le Nouvel Obs est l’organe de la « gauche caviar », des cadres et banquiers de gauche, où les conceptions de Keynes et l’action sociale est valorisée entre des publicités et articles de consommation upper class (restaurants, montres, propriétés, voitures, habits, etc.).

Pourquoi ouvre-t-il la porte à Jean-Luc Mélenchon ? Par tentative évidemment d’aller à un compromis. Les socialistes auraient bien besoin d’une figure de proue pour imposer quelque chose aux élections et faire face à EELV. Jean-Luc Mélenchon n’a-t-il pas après tout passé toute sa vie au Parti socialiste ?

Le Nouvel Obs ouvre donc la porte et même deux fois, puisque l’interview publiée est une version largement remaniée d’une version publiée au préalable en ligne (« En réponse à Jospin, Mélenchon évoque une « nouvelle force politique » pour 2022 »).

Voici comment Jean-Luc Mélenchon propose un compromis aux socialistes :

« Dans le monde militant, les personnalités attentives comme lui sont rares ; encore plus dans les milieux dirigeants. Il [= Lionel Jospin] force le respect. Je ne me suis jamais senti en opposition avec lui, mais en divergence (…).

Au fond, Lionel Jospin est le premier dirigeant socialiste à vous dédiaboliser. Qu’avez-vous ressenti en le lisant ?

Une grande émotion. Il ouvre peut-être une nouvelle séquence, celle du dialogue et du débat respectueux.

Je ne cherche pas à l’instrumentaliser, à lui faire dire en ma faveur ce qu’il ne dit pas. Il existe des différences entre son point de vue, qui est celui d’un social-démocrate avancé, et le mien, celui d’un républicain écologiste anticapitaliste.

Il plaide pour la lucidité. Quelle différence avec tous les autres qui veulent mettre en parenthèses les dix dernières années, sans tirer les leçons ni de leurs effroyables déroutes ni de notre progressive ascension, et qui n’ont jamais répondu à aucune de mes offres d’ouverture !

Lionel Jospin nous voit « sans effroi ». Et il ouvre le dialogue, quoi de mieux ?

(…) Vous opposez le peuple à l’oligarchie, dont Lionel Jospin décrit l’hétérogénéité…

On ne parle pas de la même chose. J’admets la différence entre le patronat national et l’oligarchie. Le patronat national rend possible un compromis social.

C’est impossible avec l’oligarchie qui est consubstantiellement liée à la forme financière et transnationale du capital. Or c’est l’oligarchie qui domine. Elle a mis à son service une caste, c’est-à-dire tout un personnel dans les superstructures de la société qui se voue à la perpétuation du système.

(…) Que proposez-vous ?

C’est une majorité d’adhésion qu’il faut construire. C’est pour ça que je crois aux campagnes longues qui se donnent le temps de convaincre en profondeur. D’autant qu’il s’agit de gouverner dans la catastrophe climatique et la dislocation économique et politique du monde qui sont en cours.

Si je suis candidat, j’arriverai fort de mon bilan électoral, de mon expertise, muni d’un programme ouvert, d’une brillante équipe soudée idéologiquement, et décidée à fonder avec ceux qui l’auront voulu une nouvelle force politique.

Cette force sera celle de la génération suivante. Elle se construira en reformulant le programme et en menant la campagne. Gagnant ou perdant, rien n’aura été fait en vain. Il faut imaginer Cincinnatus heureux. »

Lucius Quinctius Cincinnatus relève de la légende historique romaine : la république est en danger et par deux fois, en 458 et 439 avant notre ère, on cherche un pauvre paysan qui devient dictateur pour rétablir l’ordre face aux ennemis de la République et dès qu’il a fini tout abandonner pour redevenir paysan.

Jean-Luc Mélenchon se propose en Cincinnatus. Il dit en fait : nommer moi candidat et je vous fonde un nouveau Parti socialiste, même si je perds vous en profiterez car moi je ne serai alors plus là. En attendant, de toutes façons je suis le seul « socialiste » à avoir une aura de masse.

Il veut rééditer le coup de François Mitterrand, qui vient du centre-droit mais qui en s’opposant à De Gaulle s’est placé comme la seule figure « populaire » de la Gauche. Il sait aussi qu’il pourra profiter, pour une tel projet, des différents courants trotskistes du NPA soucieux de se sortir de leur bourbier et, qu’à l’inverse, le PCF comprendra que cela ne peut se faire qu’à ses dépens, puisque l’idée, c’est une sorte de congrès de Tours à l’envers, afin de prendre le dessus sur EELV.

Cela se tient. Mais il n’en reste pas moins que c’est une sorte de lecture électoraliste-activiste en vue d’un programme de gestion, autour d’une figure connue, à rebours de la Gauche historique et de sa lecture historique des questions sociales, sur la base de valeurs portées par des partis.

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Politique

L’Angoisse a pris les commandes de la France

C’est un paradoxe qui finalement dit tout sur notre pays : 715 000 personnes ont perdu leur emploi, mais elles n’ont aucune réaction politique.

De manière officielle, 715 000 emplois ont été « détruits » au premier semestre 2020 et soi-disant il n’y aura que 2000 chômeurs de plus au second semestre. La croyance en le capitalisme est digne de l’irrationnel religieux. Quoi qu’il en soit, il faut croire qu’il n’y a pas que les journalistes et les commentateurs économiques pour avoir la foi dans le capitalisme. Car où sont les 715 000 personnes ayant perdu leur emploi ?

Pourquoi n’ont-elles pas protesté, exigé des soutiens, alors que les entreprises se voient arrosés d’une pluie d’argent ? Pourquoi n’ont-elles pas exigé un soutien de l’ensemble du pays alors que leur situation personnelle s’est subitement dégradée ?

C’est là qu’on voit une profonde passivité par rapport aux événements. Quant aux syndicalistes, toutes leurs prétentions se révèlent vaines une fois de plus. Les syndicats sont inexistants dans la situation présente et si les syndicats sont nécessaires, on voit bien que la question est politique.

C’est d’ailleurs pour cela qu’elle n’est pas posée. Les chiffres du chômage sont donnés de manière très discrète : on n’a pas de grand titre avec « 715 000 personnes perdent leur emploi », « explosion du chômage », « crise sociale sans précédent », etc. On l’aura compris, il s’agit de maintenir le calme, à tout prix. D’où le fait de parler d’autre chose, notamment de la question « raciale », toujours très pratique pour diviser, c’est un classique des dominants à travers l’Histoire.

Il faudrait la Gauche. Mais la Gauche n’a aucun maillage. Historiquement, elle a toujours été porteuse d’une perspective électorale et ses rangs ont toujours été très clairsemés, elle n’a jamais été ni vraiment un mouvement de cadres, ni vraiment un mouvement de masse, faisant des élections son épine dorsale. Le résultat c’est une fuite en avant et on le voit en 2020 avec la déliquescence complète : tant le PS que le PCF sont les ombres d’eux-mêmes. La Gauche, c’est grosso modo cent mille personnes, mais organisés de manière relativement lâche, plus adhérentes que militantes, plus en mode participatif que structurées et ne parlons même pas d’idéologie ou de cadre.

La seule chose qui sauve est que l’extrême-Droite est nulle : ses cadres sont nuls, ses démarches artisanales, ses propositions idéologiques incompréhensibles, etc. etc. et tout cela malgré l’immense boulevard qui existe. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas une forte extrême-Droite en France : elle apparaîtra forcément, comme reflet de l’ambition expansionniste d’une France voulant « tenir son rang ». On est cependant heureusement encore loin du compte.

La problématique est de ce fait la suivante : les Français vont-ils finir par bouger ou pas ? Faut-il avoir quelque chose de clef en main ou bien accompagner un lent processus de conscientisation, de contestation, de révolte ?

Tout cela dépend d’une crise que, en l’état actuel des choses, personne ne veut voir. Ce qui règne, en France, actuellement, c’est l’Angoisse. C’est elle qui tient le pays. C’est cela qui explique les 715 000 emplois détruits que personne ne veut voir, même pas les gens ayant perdu ces emplois. Il y a la peur de passer dans l’inconnu, car tout le monde sait bien que les Français veulent tous le changement, mais qu’aucun n’est prêt à changer lui-même. Là est la clef du problème.

La crise va les forcer, pourtant. Cela va être brutal, cela va être une déchirure. Cela va être l’adversité. Espérons qu’effectivement les Français aient bien comme style de n’être jamais aussi bon que dans une situation caractérisée par l’adversité.

Sans cela, la brutalité qui contamine largement le pays – brutalité niée par l’ultra-gauche et la gauche réformiste qui ne saisissent pas toute la décadence d’un capitalisme en perdition – emportera avec elle toujours plus d’esprits prompts à dérailler face à une situation devenue intenable. C’est la fin d’une époque, de toute une époque, tout simplement.

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Politique

Lionel Jospin, figure du recul de la Gauche depuis 2002

Il est la principale figure de la Gauche française de la seconde partie des années 1990, jusqu’à sa terrible défaite à la présidentielle de 2002. Lionel Jospin refait surface aujourd’hui avec un livre, mais il ne peut que constater les dégâts, c’est-à-dire l’effondrement de sa perspective politique. C’est le prix à payer pour avoir isolé la Gauche historique en réfutant la lutte des classes.

Lionel Jospin est un homme lucide. Quand il fut éliminé dès le premier tour de l’élection présidentielle de 2002, il s’est immédiatement retiré de la vie politique, conscient de la dimension historique de son échec.

Il était alors à la tête du gouvernement depuis juin 1997 avec une large coalition. Son mandat fut celui de la modernisation du capitalisme français : réduction de la base légale du temps de travail à 35 heures hebdomadaires, « emplois jeunes », prime pour l’emploi, lois sur la parité homme/femmes et les « discriminations », épargne salariale, libéralisation du secteur public de l’électricité, PACS, extension de l’IVG, limitation du cumul des mandats, etc.

Tout cela a créé un élan à l’époque, avec une sympathie populaire indéniable. Toutefois, il n’y avait pas de fondement solide à cela, si ce n’est l’aspiration quasi hégémonique dans les classes populaires à devenir soi-même un petit bourgeois, voir un bourgeois tout court.

Les classes populaires peuvent céder à cette chimère, mais elles ne peuvent pas la porter elles-mêmes. Cela fait que, malgré la grande force électorale de la « gauche plurielle », Lionel Jospin ne disposait pas d’une réelle base populaire, capable de le porter historiquement.

Ainsi, la Droite l’a emporté facilement en 2002, avec un second tour où il a fallu voter pour l’immonde Jacques Chirac contre l’abject Jean-Marie Le Pen. Lionel Jospin s’est retrouvé dévasté alors, car sa réussite avait été en même temps son échec.

En tant que chef du gouvernement, il avait réussi à pacifier la société française comme jamais avec le mensonge d’un capitalisme équitable et indépassable. Le problème, c’est que quitte à croire en ce mensonge du capitalisme, il n’y a plus de raisons de croire en le Parti socialiste et ses alliés.

Tel est le terrible dilemme de la Gauche des années 2000, que François Hollande a cru pouvoir résoudre en 2012, alors qu’il n’a fait qu’enfoncer encore plus la Gauche.

Lionel Jospin est un homme lucide, ce qui fait qu’aujourd’hui en 2020, il constate encore l’étendu de son échec. Dans un long entretien à L’Obs à l’occasion de la sortie de son livre Un temps troublé, il montre très bien tout cela.

Quand il fait le constat très habile d’un pays « insatisfait, tendu et sceptique », il sait très bien que c’est là l’expression de l’échec de la Gauche, qui n’incarne plus rien en France. Bien sûr, il y a de l’amertume et il reste persuadé qu’il aurait fait mieux si son élection n’avait pas été confisquée (notamment par Christiane Taubira, faut-il le rappeler) :

« Si les choses avaient tourné autrement, nous aurions peut-êtres servi notre pays mieux que cela n’a été fait ».

Il faut bien remarquer cependant que la critique est très molle, car il sait très bien qu’il s’agit avant tout de son propre échec à incarner quelque chose. La preuve de cela, c’est que Lionel Jospin n’a absolument rien à dire aujourd’hui, il n’a strictement rien à apporter au débat en 2020.

Ses propos sont d’un vide incroyable pour celui qui était censé avoir le rang d’un François Mitterrand, voire plus tant les défis historiques du 21e siècle s’annonçaient déjà en 2002 comme immenses.

Lionel Jospin n’a rien à dire, car la seule chose censée qu’il pourrait dire, ce serait de reconnaître que ce fut une erreur d’isoler la Gauche historique en réfutant la lutte des classes. Ce serait reconnaître que c’était là courir tout droit à la catastrophe en s’aliénant les classes populaires, qui en matière de capitalisme préfèrent finalement les originaux plutôt que leurs copies version « bourgeoisie de gauche ».

Mais Lionel Jospin ne le fait pas, il préfère croire, ou feindre de croire, que le marxisme appartient au passé :

« Le marxisme était centré sur la lutte entre les classes sociales. L’écologie a dévoilé les effets désastreux de l’action des hommes sur leur milieu naturel, la Terre. »

Ce ne sont pas les hommes en général qui décident pourtant des choix effectués… Ce ne sont pas des hommes en particulier non plus d’ailleurs, mais le capitalisme qui décide pour les hommes en général, par l’intermédiaire de quelques uns. Lionel Jospin le sait très bien, mais il préfère se voiler la face plutôt qu’admettre que l’époque est au retour de la Gauche historique, de la grande utopie socialiste avec la bataille contre la bourgeoisie.

On oubliera très vite cette fausse gauche des années 1990, 2000 et 2010, dont l’insipide Lionel Jospin a été la seule véritable figure.

 

 

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Politique

La lettre de démission d’un cadre du MJS et adhérent au Parti socialiste

Voici la lettre de démission d’un membre du bureau national du MJS (les Jeunes Socialistes) et adhérent au Parti socialiste, Doriann Maillet-Praud. Il explique avec des mots très durs pourquoi il quitte ces organisations, qui sont liées. Bien qu’il se définisse finalement comme « centriste », on retrouvera largement dans sa critique les arguments de la Gauche historique. Il y a l’idée, au fond, que le PS est un immense gâchis, parce qu’il est rongé par l’opportunisme politique et la mollesse des convictions de beaucoup de ses membres, surtout quand ils deviennent élus.

Voici la lettre de Doriann Maillet-Praud :

« Une amie qui me connaît bien me disait il y a quelques temps « mais c’est normal que les gens ne te comprennent pas, en cinq ans tu en as fait plus que certains en tout une vie ». Sur le moment j’ai trouvé ça excessif. Et en y repensant… depuis cinq ans je suis fortement engagé. Très fortement. On peut même dire que j’ai tout donné, rognant sur mes études et ma vie privée, le tout dans une loyauté totale, autant envers mes valeurs qu’envers le parti qui, j’ai longtemps pensé, les représentait et les défendait.

L’engagement politique m’a apporté des rencontres formidables (Roxane Aksas Lundy), des amitiés durables (Baptiste Menard Guillaume Seris Damien Picot Margaux Rouchet) et des compétences incroyables. J’y ai plus appris que n’importe où ailleurs, humainement et professionnellement. Des moments de joie, de larmes et de stress. Des réalisations dont je suis fier. J’ai appris la vie en équipe, la pensée de groupe. J’y ai développé ma propre pensée en me confrontant au terrain, au contact direct des citoyens.

En ça j’ai été heureux d’être un militant socialiste.

Mais mon engagement n’a rien apporté politiquement, ni dans le concret ni dans le positionnement de mon parti ou des élus que j’ai soutenue, un parti qui aujourd’hui ne représente plus mes idées (ni quasiment aucune idée d’ailleurs). On ne peut pas être engagé aussi fortement aussi longtemps sans que cela ne porte rien.

Que mon parti préfère mettre sa confiance dans des personnes issus d’un même moule, des technocrates, plutôt que dans des profils militants et ayant essuyé les plâtres sur le terrain, connaissant la réalité du français moyen, ne peut que remettre en question mon engagement en son sein.

Il est loin le temps où le Parti socialiste formait ses militants sur le fond pour qu’ils deviennent ensuite de bons élus, sûrs de leurs valeurs. La dérive de ce dernier vient de là en grande partie, nous nous sommes coupés de la France du quotidien.

Il est loin le temps où le Parti socialiste faisait élire des enfants d’ouvriers ou de petits salariés. Parce qu’eux ne faisaient pas que parler du quotidien qu’il fallait améliorer. Ils l’avaient dans le ventre.

Nous sommes devenus une machine de reproduction sociale. Une de plus.

Le Parti socialiste est devenu un parti qui n’a plus aucune reconnaissance pour ses militants, encore moins ses jeunes.

Durand tous mes mandats partisans, notamment en tant qu’animateur national de la Fabrique du Changement, l’un des plus grand, si ce n’est le plus grand courant du MJS à l’heure actuelle, j’ai fait en sorte de garder debout la vieille maison socialiste.

En contribuant à la fondation de nouvelles fédérations jeunes socialistes et au maintien de certaines en grande difficulté, abandonnées. En faisant en sorte de former certains militants novices, abandonnés à eux-mêmes en l’absence de véritable structure partisane. Nos militants savent qu’ils ont pu compter sur moi matin et soir chaque jours de ces cinq dernières années. Je peux partir la tête haute car j’ai accompli plus que ma part de responsabilité, j’ai accompli ce qui était mon devoir envers mes camarades.

A mes camarades Jeunes Socialistes, je veux vous dire de continuer à vous battre pour vos idéaux, mais ne considérer jamais le parti ou un mandat comme une finalité. Ils ne sont que des moyens.

Membre du bureau national des Jeunes Socialistes et adhérent au Parti socialiste, j’ai décidé après mûre réflexion de démissionner de mes engagements politiques.

Je ne peux appartenir à un parti qui n’entrevoit sa politique que par le prisme du meilleur moyen de se faire élire ou par le biais des citadins de centre ville, ces personnes qui sont déjà parmi les plus favorisées du pays, plutôt que par celui d’un véritable projet de société fondé sur des valeurs républicaines et sociales, en lien direct avec la réalité du quotidien.

En réfléchissant sur les raisons de mon engagement ( la défense des territoires, la laïcité, les droits humains, la démocratie, l’amélioration des conditions de vie, en somme les valeurs de la République), j’estime que ce n’est plus au sein du Parti socialiste qu’est ma place.

Parce que l’on ne s’engage pas en politique pour une course folle vers le pouvoir mais pour défendre des valeurs, parce que lorsque l’on s’engage en politique il n’y a qu’à nos valeurs et nos idéaux que nous devons être fidèles.

Après toutes ces années j’en viens à la conclusion que si je souhaite toujours être engagé en politique, le monde politique français tel qu’il est à l’heure actuelle n’est pas fait pour moi. Ma vision de la politique repose sur le dialogue, la juste représentation des citoyens et la recherche de consensus fort. Le jeu politique français a comme règle de chercher à écraser l’ennemi. On ne cherche pas, ou trop peu, le meilleur pour le collectif, on cherche le meilleur pour un camp, en opposition systématique avec un autre.

Si mes idées et valeurs politiques sont bien de gauche ma méthode est résolument centriste. Je souhaite que tout le monde prenne sa responsabilité dans les décisions, que celles ci ne soient pas réduites à des prises de guerre mais à un accord prenant chacun en compte et qui est là pour durer plus que le temps d’un mandat. Ce n’est pas toujours faisable mais nous nous devons d’essayer. C’est ça la démocratie.

Parce que j’en vois trop rester par opportunité, je décide de partir par conviction. »

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Politique

Le programme du «RDV de la gauche d’après» du Parti socialiste (28, 29, 30 août)

Ce vendredi 28 août et jusqu’à dimanche 30 août, le Parti socialiste organise un « RDV de la gauche d’après », en guise d’universités d’été 2020. L’événement est ouvert aux sympathisants du PS, sur inscription, et a lieu à Blois dans le Loir-et-Cher.

Le programme est très dense en discussions et formations, avec une orientation se voulant écologiste. On notera cependant l’absence criante de la question des animaux dans les débats, comme si finalement l’écologie ne les concernait pas, et comme si le socialisme ne les concernait pas non plus. C’est pourtant un sujet brûlant, alors qu’une toute petite partie des parlementaires socialistes, dont Olivier Faure, soutiennent le Référendum pour les animaux des associations de protection animale, mais que les autres contribuent par contre avec la Droite à le bloquer.

C’est d’autant plus choquant que pour le repas il est proposé une option « sans gluten », une lubie bobo, mais aucune option végétalienne ! On ne peut alors que se demander de quel « après » cette gauche se veut le nom, car cette ignorance des animaux ressemble terriblement à « l’avant »… Faut-il rappeler que la crise du Covid-19 provient directement d’un rapport destructeur de l’humanité avec les animaux ?

Notons également que le Parti socialiste ne semble pas considérer qu’une grande crise économique soit en cours : c’est étrangement absent des débats, tout comme d’ailleurs la question de la guerre (et donc du pacifisme), alors que c’est d’une intense actualité… Il y a ici la question du rapport à la Gauche historique ; le Parti socialiste semble se tourner vers un modernisme à la EELV plus qu’autre chose.

Voici le programme (les inscriptions se font sur le site lagauchedapres.fr ) :

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Écologie

L’alliance d’EELV et d’Éric Dupond-Moretti contre la Gauche et les pro-animaux

Cherchant à racoler, les responsables d’EELV ont invité le ministre de la Justice à leurs journées d’été. Celui-ci a été très content de chercher à diviser les anti-chasse. On devine l’arrière-plan : un accord politique.

Un accord, un partage des discours, au profit des uns et des autres, aux dépens d’autres. Le principe est le suivant : Éric Dupond-Moretti vient le 22 août 2020 aux journées d’été d’EELV pendant trente minutes, juste le temps de poser quelques mots et qu’il n’y ait pas de réels débats.

EELV, avec Julien Bayou et Sandra Regol, se la joue force d’opposition face à lui, posant des questions qui fâchent mais sans qu’on aille dans le contenu, avec un public applaudissant ou huant de manière irrationnelle. Éric Dupond-Moretti, lui, apparaît comme posé, démocratique, sérieux, constructif, ouvert aux propositions. C’est du donnant donnant.

Aux dépens de qui ? Aux dépens des « extrémistes » dénoncés par Éric Dupond-Moretti avec le soutien tacite d’EELV.

Qui sont ces extrémistes ? Ce sont, on l’aura compris, ceux qui posent la question animale dans le sens contraire de la Droite, sans rentrer pour autant dans le cadre d’EELV. C’est, pour nous, la Gauche de demain, la Gauche historique reconstituée.

Tant la Droite qu’EELV ne le veut pas. Leur objectif commun est ainsi d’isoler, de criminaliser, de dénoncer.

Le but direct d’Éric Dupond-Moretti, c’est d’isoler le plus possible les tenants de la cause animale. C’est un partisan complet de la chasse, de la ruralité ; c’est un populiste et il a été nommé ministre pour s’insérer dans un mouvement de « casse » des tenants de la cause animale.

> Lire également : Le ministre de la justice Eric Dupond-Moretti en duo avec le chef des chasseurs Willy Schraen

Le but d’EELV, c’est de ratisser le plus largement possible, d’avoir une image d’opposition à la chasse, d’opposition à la situation de la condition animale, d’opposition aux écocides. Mais EELV n’a aucun système de valeurs, aucune utopie à proposer ; c’est une association de bobos n’ayant que des objectifs électoraux et cherchant à un capitalisme à visage humain, une chose absurde en général, et d’autant plus alors que la crise est là.

Il faudrait être naïf pour croire qu’il n’y a pas eu, en amont, une savante discussion entre EELV et le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, pour que la première invite le second et que le second accepte. Pour que le ministre vienne, il a d’ailleurs obligatoirement fallu l’acceptation du premier ministre Jean Castex, et vue l’affaire forcément également celle du président Emmanuel Macron. On est ici dans l’orchestration, la mise en scène. Il est évident qu’il y a eu un accord.

Ce n’est même plus un accord, d’ailleurs, mais bien une alliance. Qui est le plus ignoble dans tout cela ? C’est difficile à dire. Éric Dupond-Moretti a été lors de ses interventions un excellent avocat, c’est-à-dire un comédien efficace. Il n’aurait jamais insulté tous les écologistes, il serait pour la discussion, il invite d’ailleurs à relire la préface qu’il a faite pour l’ouvrage du chef des chasseurs Willy Schraen, il n’a jamais fait que dénoncer une petite minorité d’extrémistes et des extrémistes il y en a partout, etc.

C’est ignoble. Mais est sans doute encore plus ignoble le metteur en scène ayant invité ce comédien, et c’est un metteur en scène lui-même comédien. EELV n’est en effet pas anti-chasse, elle ne soutient pas concrètement les initiatives anti-chasse. Ce thème n’est pas un drapeau pour elle. Ce qu’elle veut, c’est comme le dit son programme :

« l’instauration a minima du dimanche sans chasse chaque semaine assortie de la création d’espaces forestiers sans chasse et de zones de tranquillité »

Mais EELV a besoin des anti-chasses afin de se donner une image écologiste. C’est nécessaire non seulement au niveau national, mais également au sein d’EELV, composé de petits-bourgeois croyant en leurs propres mensonges.

On a ainsi eu les représentants d’EELV reprochant à Éric Dupond-Moretti sa fameuse préface pro-chasse de l’ouvrage du chef des chasseurs, Willy Schraen… mais sans jamais aborder la question de la chasse, à part pour dire que, tout de même, ce n’était pas normal qu’on ne puisse pas se balader en forêt en raison des risques causés par une minorité désireuse de chasser. Les chasseurs avec leur démarche, leur idéologie ? Pas un mot !

Les représentants d’EELV ont tout fait pour ne surtout pas se poser comme anti-chasse, tout en donnant l’image d’une contestation anti-chasse. Même lorsque la question de la chasse à la glu a été brièvement posée, EELV s’est cachée derrière les règlements de l’Union Européenne. C’est d’une extrême hypocrisie.

Mais EELV ne parviendra pas à son but de dévoyer les forces anti-chasse. Car dans la question animale, on ne peut pas faire semblant. C’est une question de mode de vie et d’ailleurs ce qui s’affirme toujours davantage, c’est le besoin d’une réelle alternative dans le mode de vie et pas un capitalisme modernisé dans un sens ou dans un autre, en admettant que cela soit possible.

Cela signifie la Gauche contre la Droite. L’opposition entre EELV et Emmanuel Macron n’est qu’une querelle entre libéraux plus ou moins modernistes, elle est artificielle.

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Écologie

Le Parti socialiste va-t-il empêcher le référendum pour les animaux?

Au 18 août 2020, il manque 56 signatures de parlementaires pour lancer réellement le projet de référendum pour les animaux. Parmi ces signatures manquantes, il y a celles des parlementaires socialistes, qui s’alignent ici sur la Droite farouchement opposée à tout débat démocratique et populaire au sujet des animaux.

Le projet de référendum concernant six mesures en faveurs des animaux connaît une réelle dynamique, étant porté à la base par les associations de protection animale. Il a déjà obtenu le soutien de 500 000 personnes, ce qui est considérable puisque il n’y a eu pour l’instant aucune réelle campagne à destination du grand public.

Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, qui est député, a apporté sa signature à ce projet de Référendum d’initiative partagé en faveur des animaux. C’est une bonne chose, il a pris ses responsabilités. Mais il n’est pas suivi par son parti.

À l’Assemblée nationale, le groupe Socialistes et apparentés compte 28 membres, mais seulement 4 d’entre eux signent pour la possibilité d’un référendum : Olivier Faure donc, ainsi qu’Alain David, Régis Juanico et Marietta Karamanli. Merci à eux !

En ce qui concerne le Sénat, c’est pire. Le groupe Socialiste et républicain compte 71 membres, dont seuls 5 signent pour la possibilité d’un référendum : Corinne Féret, Bernard Jomier, Angèle Préville, Laurence Rossignol et André Vallini. Merci à eux !

Si l’ont fait les comptes, cela fait 65 sénateurs + 24 députés, soit 89 parlementaires liés au PS qui pourraient apporter leur signature. Et il n’en manque pour l’instant que 56, alors que le plein semble avoir déjà été fait ailleurs (LREM, écologistes divers, France insoumise, etc.)

Le Parti socialiste porte ici une responsabilité majeure en bloquant la possibilité du référendum (et avant cela de pétition citoyenne), qui représente pour tout le mouvement de la protection animale une occasion importante de s’adresser à la population française.

Que la Droite y soit opposée, c’est dans l’ordre des choses, car elle incarne par définition une hostilité au mouvement démocratique et populaire. C’est la raison pour laquelle Gérard Larcher, le président du Sénat, qui est une figure de la Droite, s’est illustré ces derniers jours par une lettre de soutien à la chasse, « notamment à la chasse aux chiens courants », dans laquelle il laisse sous entendre son opposition au référendum (tout en prenant les formes sur le plan constitutionnel).

La Droite, unie et cohérente dans ses choix, entend bien s’opposer à la protection animale et voit d’un très mauvais œil le référendum pour les animaux. Elle compte d’ailleurs dans ses rangs le Président Emmanuel Macron lui-même, défenseur de la chasse, à propos duquel le Président de la Fédération des chasseurs Willy Schraen relate souvent sa proximité et l’a encore fait très récemment. La Droite compte également dans ses rangs le ministre de la justice Eric Dupont-Morreti, lui aussi ardent défenseur de la chasse, qui préface un livre du Président de la Fédération des chasseurs, farouchement opposé au référendum.

Dans ces conditions, il est d’autant moins acceptable pour les parlementaires se revendiquant de la Gauche de refuser leur signature, car ils se mettent ici à la remorque de la Droite la plus réactionnaire, opposée à un mouvement populaire, celui de la protection animale.

Historiquement, il y a toujours eu de riches personnes soutenant les initiatives pour les animaux. Cependant, il faut bien voir que le mouvement de la protection animale est porté en pratique par une base extrêmement populaire, et particulièrement féminine. Il s’agit de personnes dont le dévouement pour les animaux est sans faille, malgré peu de moyens et une opposition souvent agressive.

Ne pas voir cela aujourd’hui, l’ignorer, c’est se mettre à l’écart de la Gauche, de sa tradition, de son parcours historique et de ses valeurs démocratiques et populaires.

Que les parlementaires socialistes aient des interrogations, des craintes, voire des réticences à propos des mesures ou de certaines mesures soumises par le référendum pour les animaux, c’est une chose. Cependant, le sujet est sur la table et il est porté par un mouvement populaire. Alors les parlementaires de gauche n’ont pas le choix : ils doivent assumer le débat démocratique et permettre le référendum, pour apporter ensuite leurs arguments.

> Lire également : Pourquoi donc le journal L’Humanité mène-t-il campagne contre le «référendum pour les animaux»?

En attendant, en continuant à refuser d’apporter leur signature, les parlementaires socialistes confisquent le débat. Ils porteraient une lourde responsabilité si le projet de référendum venait à échouer. Gageons que le « RDV de la Gauche d’après » organisé par le PS du 28 au 30 en guise d’université d’été soit un lieu d’échanges et de remise en cause pour les parlementaires qui s’entêtent à faire le jeu de la Droite la plus réactionnaire.