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Décès de Philippe Frémeaux, à l’origine de la revue Alternatives économiques

Journaliste, Philippe Frémeaux avait lancé la revue devenue incontournable pour la gauche postmoderne, dans une optique keynésienne ouvertement coupée du mouvement ouvrier.

Il est dans la tradition de la Gauche historique que la presse dépende des partis, que les orientations soient prises uniquement en leur sein, par leurs membres. Au contraire, la revue Alternatives économiques a été un très puissant vecteur de l’affirmation de la gauche postmoderne.

La trajectoire de Philippe Frémeaux est ici exemplaire. Il ne s’agit pas d’une figure d’un mouvement, mais d’un carriériste intellectuel. Il est d’abord professeur d’économie au lycée à partir du milieu des années 1970, maître de conférence à Sciences-Po, avant de donner des cours à l’école de communication CELSA. À côté il écrit pour Le Monde, avant de rejoindre Alternatives économiques, dont il va devenir le rédacteur en chef, ce qui va véritablement lancé la revue.

Sous son impulsion, la revue a pris un tournant commercial. Tirant à un peu moins de 100 000 exemplaires, elle se veut facile d’accès, vulgarisant les thèses keynésiennes. Elle est extrêmement sobre dans ses exigences, qui se veulent toujours « justifiés » par un mélange de « réalisme » et de « justice sociale ». Philippe Frémeaux est en même temps passé par France Info, France Culture, toute cette approche correspondant à tout un état d’esprit propre aux années 2000-2010, celle de la gauche finalement très en phase avec Lionel Jospin.

Aujourd’hui, on appelle cette idéologie « l’économie sociale et solidaire », même si évidemment, la revue Alternatives économiques a toujours revendiqué être au-dessus des idéologies. Philippe Frémeaux n’hésitait d’ailleurs pas à se revendiquer comme le patron (directeur général) de la revue et on chercherait en vain une référence politique bien délimitée. D’ailleurs, ont salué sa mémoire à la fois Benoît Hamon, Eric Piolle, Julien Bayou… tous mettant ce qu’ils veulent derrière.

On aura compris que derrière la « vulgarisation » de l’économie, il y avait en fait un appel énorme vers les milieux intellectuels petits-bourgeois, en particulier les professeurs d’économie (plus précisément de SES, sciences économiques et sociales). Il faut ici savoir qu’après 1989, l’approche des cours d’économie a totalement changé. Avant 1989, on avait pour chaque thème trois points de vue qui étaient expliqués, relevant du libéralisme, du keynésianisme et du marxisme conforme à l’interprétation du PCF. Dans un processus commençant en 1989 et se concrétisant en quelques années, il n’y a plus eu qu’un seul point de vue expliqué par les professeurs. Les professeurs d’économie se sont alors sentis investis d’une mission.

Il n’y a bien entendu pas eu que les professeurs ; au sens strict, tout le milieu intellectuel de gauche parisien a suivi, ou plus exactement des centre-villes, dans une vaste anticipation de ce qu’allait devenir EELV. Il y a ici une énorme histoire des idées à écrire, mais il y a une ligne droite allant de la revue Alternatives économiques, néo-keynésienne, à EELV. Benoît Hamon a été, si l’on veut, l’articulation entre les deux. L’Histoire a d’ailleurs été injuste avec le « passeur » Benoît Hamon.

Cependant, c’était inévitable. La petite-bourgeoisie n’existe pas historiquement, elle est une zone-tampon et se raccrocher à elle en s’imaginant qu’elle va orienter tout un pays, toute une économie, c’est rêver éveillé. D’ailleurs, personne ne se souviendra de Philippe Frémeaux ; quant à Alternatives économiques, la revue ne peut que rentrer dans le mur. Le néo-keynésianisme triomphe en effet en ce moment avec les milliards distribués à l’économie, c’est-à-dire aux entreprises. Que va-t-il en résulter ? Une facture colossale, que les travailleurs vont devoir payer, et pour qu’ils payent l’État va devoir employer une violence inouïe. Les néo-keynésiens se démasqueront alors d’autant plus que comme un simple support moderne aux entreprises, dont le temps est définitivement passé.

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Écologie

Pourquoi donc le journal L’Humanité mène-t-il campagne contre le «référendum pour les animaux»?

Le journal L’Humanité a publié récemment une tribune, puis une interview, pour dézinguer le projet de référendum d’initiative partagé concernant six mesures en faveurs des animaux. La protection animale est refusée au nom du capitalisme agricole, avec le mythe réactionnaire de l’élevage « paysan ».

L’Humanité a publié une tribune le 21 juillet 2020 intitulée « Quand des prédateurs capitalistes se soucient du bien-être animal ». Elle est écrite par Gérard Le Puill, qui fait figure de monsieur agriculture au PCF où il écrit régulièrement à ce sujet dans la revue théorique « Économie et politique ».

Dans sa tribune, il se fait directement le porte-parole du capitalisme agricole français, refusant toute amélioration de la condition animale au prétexte de la concurrence mondiale :

« Supprimer seulement en France la manière tout en « case, box ou stalle » pour les veaux, agneaux, vaches et truies conduirait les metteurs en marché hexagonaux à importer des viandes de veaux, de porcs et autres élevés en « case » en « box » ou en «stalle » dans d’autres pays de l’Union européenne. Ce qui aboutirait, en même temps, à une réduction de l’emploi en France et à un déficit accru de la balance commerciale. »

Gérard Le Puill parle directement au nom de ce capitalisme agricole français, expliquant au sujet des œufs par exemple que « la filière est très engagée vers une sortie progressive du système de poules pondeuses en cage. » Pour cette raison, il faudrait la préserver de tout changement législatif et surtout pas que la population française donne son avis sur la question.

C’est, au sens strict, un argument capitaliste et c’est d’ailleurs celui que les industriels utilisent régulièrement en matière environnementale ou sociale. Avec un tel raisonnement, il ne faudrait pas lutter pour des augmentations de salaire ou la protection sociale, parce que les autres pays du monde ou de l’Union européenne ont de moins bonne pratique et font concurrence, il faudrait d’ailleurs ne jamais rien dire et même dire merci patron.

La question des accords commerciaux avec des pays exportateurs de viandes est bien sûr un véritable problème, mais cela n’est pas une raison pour refuser que les choses changent en France. Cet argument de la concurrence mondiale, utilisé de cette façon, n’est qu’un prétexte pour empêcher toute mesure en faveur des animaux.

Il y a à l’arrière-plan un point de vue profondément rétrograde, prétendant qu’il existerait encore en France une paysannerie élevant des animaux, alors que cela fait bien longtemps que les éleveurs sont des capitalistes et que ce secteur est ultra modernisé, considérant l’animal comme une marchandise.

Gérard Le Puill a donc beau jeu ici de dénoncer les « prédateurs capitalistes » à l’initiative du projet de « referendum pour les animaux », car il ne vaut pas mieux en proposant à la place de défendre les capitalistes utilisant les animaux à leurs profits.

Notons au passage que L’Humanité ne se pose pas autant de question sur les « prédateurs capitalistes » quand il s’agit de sponsoriser la « Fête de l’Huma », où on a pu voir ces dernières années un stand Groupe Dassault, propriété de la richissime famille capitaliste du même nom, exposant des avions de guerre.

Tout cela est fort dommageable pour les animaux. Et, donc, cet argument des « milliardaires » a été utilisé une nouvelle fois dans L’Humanité dans son édition du 31 juillet 2020 avec une interview de Jacqueline Porcher. Elle est sociologue à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (un organisme d’État servant le capitalisme agricole) et explique cette fois que les défenseurs des animaux… n’aiment pas les animaux !

Naturellement, l’initiative du projet de « référendum pour les animaux » vient des richissimes capitalistes Jacques-Antoine Granjon, Xavier Niel et Marc Simoncini, et on peut comprendre que cela ne soit pas attirant pour des gens de gauche. Cependant, ce n’est pas une raison pour raconter n’importe quoi en enfonçant les associations de protection animale embarquées dans la démarche.

> Lire également : Lancement du projet «référendum pour les animaux»

Le problème, c’est que Jocelyne Porcher ne croit pas en un monde meilleur, où l’humanité aurait un nouveau rapport avec les animaux, sans les exploiter, sans les martyriser, etc. Son modèle, c’est « l’élevage paysan » d’avant les « transformations du capitalisme au XIXe siècle », avec « des races locales en libre parcours et abattage à la ferme »… Dans le genre rétrograde, et surtout mensonger, difficile de faire pire.

Alors elle explique que ce projet de referendum accréditerait sa thèse selon laquelle « la cause animale est devenue celle du capital » (elle a écrit un livre à ce sujet). Forcément, défendre les animaux ne va pas dans le sens du retour au XIXe siècle qu’elle défend, et qui relève d’ailleurs bien plus du pétainisme que de la Gauche historique.

Du coup, elle raconte n’importe quoi, pour dénigrer. L’interdiction de l’expérimentation animale ? Cela ne servirait à rien car « c’est déjà dans la loi ». La mesure concernant les animaux de cirque ? Elle ne servirait à rien, car ceux-ci sont « en voie de disparition ». Et en ce qui concerne la chasse à courre ? Là encore, cela ne concernerait « que très peu d’animaux », donc ce serait inutile.

Si de tels arguments sont possibles, dans « L’Huma », c’est que la Gauche en France est à la ramasse depuis des années et des années sur la question animale. Elle n’a jamais su se tourner vers le monde de la protection animale, des refuges animaliers, du végétarisme, du veganisme, etc.

Pourtant le monde ne l’a pas attendu pour évoluer. Et comme la Gauche n’est pas là pour donner un contenu social à des questions fondamentales comme celle des animaux, c’est le capitalisme qui s’en empare, pour tenter de se moderniser. Si la Gauche avait fait son travail, on n’en serait pas là, avec des milliardaires pratiquant une véritable OPA sur le milieu de la protection animale.

En attendant, la question est sur la table et les associations de protection animale ont décidé de porter l’initiative, en souhaitant ce référendum pour avoir une large audience auprès de la population. Les députés et les sénateurs de gauche devraient donc les soutenir, au moins pour une raison démocratique (il faut 185 parlementaires signant pour lancer une pétition et accéder ensuite au référendum).

Tel n’est pas le cas, puisque seuls quelques députés et sénateurs de gauche apporte leur soutien pour l’instant, d’après le site referendumpourlesanimaux.fr (Alain David, Olivier Faure, Régis Juanico et Laurence Rossignol du PS, Elsa Faucillon du PCF ainsi que Guillaume Gontard du groupe communiste au sénat).

Le 31 juillet 2020, il manque ainsi 63 parlementaires pour lancer la pétition préliminaire au référendum ; les députés et sénateurs de gauche porteraient une lourde responsabilité face aux associations de la protection animale s’ils continuaient à leur refuser la possibilité d’un referendum.

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Politique

Décès de Gisèle Halimi, figure du libéralisme progressiste

Gisèle Halimi a été l’avocate de la cause des femmes, sauf que cette cause ne passe pas par l’éloquence, mais par le changement réel des mœurs, des mentalités, des structures mêmes de la société.

Dans son article au sujet du décès de Gisèle Halimi, le journal Libération commence de la manière suivante :

« Avocate, femme politique et écrivaine, Gisèle Halimi, décédée mardi à 93 ans, a fait de sa vie un combat pour le droit des femmes, marqué par le procès de Bobigny en 1972, qui a ouvert la voie à la légalisation de l’avortement.

Née Gisèle Taïeb le 27 juillet 1927 dans une famille modeste à La Goulette, en Tunisie, elle est très bonne élève et ne manque pas de caractère. »

On a ici une image d’Épinal assez caractéristique, qui correspond à celle de la personne qui s’est faite « toute seule » et a contribué à faire avancer les choses. En pratique, elle a tout de même son bac à 17 ans, à une époque où l’a environ 15 % d’une tranche d’âge. Cela ne colle pas vraiment. Elle part ensuite faire des études à la Sorbonne, vivant des « cours particuliers » qu’elle a donné à Tunis auparavant et d’une bourse. Tout cela est magnifiquement romancé et France Culture en raffole bien sûr.

Ses études l’amènent à être avocate. Elle le devient à un moment où le Droit en France est chamboulé, pour une raison très simple : le FLN algérien pratique des attentats meurtriers contre les civils et l’armée française réagit par la torture, ou même le viol. Gisèle Halimi devient dans ce cadre l’avocate de Djamila Boupacha, une activiste FLN torturée et violée pour avouer avoir l’intention de déposer une bombe dans un restaurant universitaire.

Ce fut un contexte où la Gauche historique, celle du mouvement ouvrier, fut totalement dépassée en France par d’un côté un nationalisme agressif et de l’autre une « seconde gauche » littéralement pro-FLN, préfigurant celle pro-migrants et pro-LGBT aujourd’hui. Cela amena le Parti socialiste à prendre l’ascendant.

Gisèle Halimi relève de ce courant. Lors de l’affaire Djamila Boupacha elle mena une intense campagne avec Simone de Beauvoir notamment ; elle devint ensuite une figure pour le droit à l’avortement. Ce thème est également particulièrement clivant et la Gauche historique n’a jamais été pour un droit unilatéral à l’avortement, qui est le point de vue du libéralisme pour qui l’individu a des prérogatives au-delà de toute réalité naturelle.

Gisèle Halimi fut ici un outil majeur du libéralisme, en contribuant à fournir un masque démocratique aux lois françaises. Ses interventions politiques sont passées par l’intermédiaire de son activité d’avocate.

Il y eut d’abord l’affaire Marie-Claire, du prénom d’une jeune femme ayant avorté illégalement à la suite d’un viol et qui heureusement, grâce à Gisèle Halimi, obtint une relaxe en 1972. Cependant, l’affaire fut en réalité employée pour généraliser le droit à l’avortement, ce que Gisèle Halimi exigeait déjà depuis 1971.

C’est pour cela qu’elle est saluée de manière unanime : pour les limites qu’elle a posé à son engagement purement institutionnel et symbolique. Les messages présidentiels en font l’aspect principal. Emmanuel Macron dit ainsi :

« Pour Gisèle Halimi, le féminisme était un humanisme. La France perd une républicaine passionnée qui, comme avocate, militante et élue, fut une grande combattante de l’émancipation des femmes. »

François Hollande, de son côté, a affirmé que :

« Gisèle Halimi a inlassablement servi la cause des femmes donc celle de la République. Elle ajoutait le courage au talent, le génie du verbe à la science du droit, l’engagement pour la dignité des peuples à la bataille pour l’égalité. Elle restera pour toutes et tous un exemple. »

C’est la théorie à la Victor Hugo de l’éloquence pour changer le monde. Gisèle Halimi a été cohérente dans sa démarche, d’ailleurs, puisqu’elle participe à la fondation du mouvement altermondialiste ATTAC.

Elle avait soutenu François Mitterrand en 1965, elle est députée apparentée socialiste de 1981 à 1984, ambassadrice de la France auprès de l’Unesco en 1985-1986, numéro deux pour les élections européennes de 1994 sur la liste du la liste du Mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement.

En 1949 elle s’était mariée à un administrateur civil au ministère français de l’Agriculture ; un de ses fils deviendra le chef du Monde Diplomatique, ce qui est ici une double référence à son parcours : institutionnel et altermondialiste. Elle s’est ensuite remarié à un secrétaire de Jean-Paul Sartre et est la marraine de Nicolas Bedos !

Toute la démarche de Gisèle Halimi, tout son milieu, absolument tout relève de la seconde gauche, celle qui rejette le mouvement ouvrier et naturellement les valeurs de la Gauche historique. Le message de Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, apparaît ainsi comme incompréhensible :

« Nous perdons aujourd’hui une grande avocate, celle des militant.es du FLN et des droits des femmes. Puisse son histoire, sa hauteur de vue et son intelligence accompagner encore et toujours nos combats pour l’égalité des droits humains #GiseleHalimi »

Incompréhensible, sauf si on comprend que la seconde gauche a pris le dessus à tous les niveaux. Mais voir un responsable du PCF saluer unilatéralement le FLN et quelqu’un qui est toujours restée entièrement extérieur au mouvement ouvrier, à tous les niveaux, est toujours choquant.

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La recomposition des positions maximalistes de la Gauche avec la crise

Dans le contexte actuel de crise, il y a des mouvements de fond qui ne trompent pas. Une partie de la Gauche cherche à se placer dans un axe de combativité avec un fond réel.

Que de nombreuses organisations de la Gauche française demandent la gratuité des masques est une chose. On peut considérer cela comme normal ou facile, en tout cas cela ne va pas très loin. Mais que le PCF diffuse une pétition où il est demandé pas moins qu’une hausse du SMIC de 20 %, là pour le coup c’est une élévation significative du niveau de combativité revendicative. D’autant plus que la pétition demande également la chose suivante :

« Interdire les licenciements des grands groupes bénéficiant de fonds publics et instaurer un droit de contre-propositions des salarié·es et des habitant·es pour sécuriser l’emploi au lieu de baisser le «coût du travail». »

Les connaisseurs auront reconnu ici très exactement la stratégie du PCF des années 1980 formulée alors par l’économiste Paul Boccara. C’est ici un coup de barre à gauche, très à gauche en tout cas, pour le PCF, ou du moins un certain « retour aux sources ». Exiger une revalorisation du SMIC à hauteur d’un cinquième, c’est s’aligner sur un maximalisme conflictuel.

Et c’est indubitablement dans l’air du temps, que ce soit en France ou en Europe. Le PCF a ainsi également mené une initiative commune européenne d’une dizaine de partis avec le groupe de la Gauche unitaire européenne (GUE/NGL) au Parlement européen, pour une autre pétition.

On y lit principalement que :

« Nous voulons garantir l’accès pour tous aux diagnostics, aux traitements et aux vaccins contre le Covid-19. Les multinationales pharmaceutiques ne doivent pas faire de profits sur cette pandémie, au détriment de notre santé (…).

La Commission européenne doit garantir que les vaccins et les traitements anti-pandémiques deviennent un bien public mondial, librement accessible à tous. »

Les signataires sont le Parti des travailleurs belges (Belgique), Podemos et Izquierda Unida (Espagne), Sinn Fein (Irlande), Socialistische Partij (Pays-Bas), AKEL (Chypre), Potere al Popolo et Rifondazione Comunista (Italie), Bildu (Pays Basque), le Parti communiste de Bohème et Moravie (République tchèque) et Die Linke au Parlement européen (Allemagne).

C’est ici une recomposition assez importante, puisqu’on a des partis post-bloc de l’Est (le PCF, die Linke, Rifondazione Comunista…) et d’autres relevant de mouvements qu’on peut définir comme basistes, souvent issus des des années 1970 (le PTB, le Sinn Fein, Bildu, Podemos…).

On ne peut pas voir cela autrement que comme un alignement : il s’agit de se placer de la manière la plus efficace possible par rapport à la prochaine constellation politique. Pour cela, il faut évidemment une base programmatique : ici la Gauche programmatique surclasse totalement une gauche « militante » à la fois déboussolée et désorientée. Déboussolée, car elle ne profite plus de ses terrains de jeux que sont les manifestations, rassemblements et autres réunions symboliques, désorientée, car n’ayant aucune base théorique, elle ne sait pas vers où se tourner.

La Gauche programmatique envoie ainsi du lourd ; on notera d’ailleurs que cette Gauche avait été le plus souvent très critique envers les gilets jaunes, voire les avaient littéralement rejetés comme relevant de la réaction.

Le Parti Ouvrier Indépendant et le Parti Ouvrier Indépendant Démocratique ont ainsi choisi tant l’un que l’autre la question des licenciements comme le levier des combats à venir. Historiquement très liées au syndicalisme (avec la CGT-FO), elles tablent sur toute une série de bataille. Lutte Ouvrière élargit de son côté le terrain à la question des aides aux entreprises et s’attend à des luttes massives et déterminées. L’opposition aux licenciements ira de pair avec la question des financements gouvernementaux.

On a là des dynamiques axées sur l’économie, par des organisations très marquées par le programme de transition de Trotsky. D’autres entrevoient une sorte de rébellion plus ample.

Les maoïstes du PCF(mlm) considère qu’on est rentré dans l’époque de la seconde crise générale du capitalisme. Il faut ainsi s’appuyer sur une grille de lecture capable de voir comment la société entre en décadence à tous les niveaux, ce qui permet de lire les antagonismes se levant en réponse et de calibrer la proposition stratégique communiste.

Le PRCF, très influent sur une partie de la CGT (voire du PCF), voit lui en le plan de sauvetage européen un saut qualitatif de l’Union européenne ; il s’agit de s’y arracher par un FREXIT progressiste. L’enjeu, c’est l’unité par une Convergence nationale des résistances (CNR) fédérant communistes, Insoumis, progressistes et patriotes sincèrement antifascistes, syndicalistes de combat, travailleurs, Gilets jaunes, artistes révolutionnaires, etc.

Le PCRF a une approche à la fois similaire et différente du PRCF (ils ont la même origine, la gauche du PCF des années 1990), avec la proposition d’un Front d’Action sociale regroupant toutes les victimes du capitalisme, leurs associations de masse, syndicats, partis, contre la politique des monopoles et leurs gouvernements. Il faudrait alors en soutenir l’aile anticapitaliste.

Pour ces structures, et pour d’autres du même type, la situation actuelle est une revanche. Elles ont bu la tasse avec tout l’activisme débridé partant dans tous les sens ces derniers mois, voire ces dernières années, même si certaines ont cherché à profiter de La France Insoumise ou de la CGT. Elles profitent ici de n’avoir pas abandonné le fait de mettre en place un corpus théorique (ou de le conserver).

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«Engageons-nous»: Laurent Joffrin veut recomposer la Gauche par le centre

Laurent Joffrin a quitté son poste à tête du journal Libération pour lancer ce 20 juillet une initiative de recomposition de la Gauche en vue de 2022. Il représente toute une frange sociale-réformiste refusant l’effacement de la Gauche… effacement auquel cette frange a pourtant largement contribué. Toutefois, elle a conscience des réalités et voudrait maintenant se relancer, alors qu’une crise de grande ampleur se profile.

Malgré une assise indéniable dans le pays, la Gauche est en bien mauvaise posture et il existe un nombre incalculable d’initiatives visant à la liquider. Celles-ci sont d’ailleurs systématiquement lancées depuis l’intérieur, ou devrait-on dire ce qui reste de l’intérieur.

On pourrait résumer cela ainsi, avec trois sortes de fossoyeurs ces dernières années :

– une forme entièrement libérale, tournée vers la Droite et dont le président Emmanuel Macron est la force centrifuge ;

– une forme populiste, tournée vers l’ultra-gauche et le social-chauvinisme, dont Jean-Luc Mélenchon est le principal représentant ;

– une forme post-sociale, tournée unilatéralement vers les thèmes sociétaux avec l’écologie comme faire-valoir, à laquelle Olivier Faure du PS propose de se rallier.

Cela est inacceptable pour tout un tas de personnes refusant d’abandonner la Gauche et cette fois, le refus vient des centristes. On a, pour résumer, tout le courant social-réformiste autour de François Hollande (qui est décrit par beaucoup comme étant à la manœuvre). Pour reprendre le terme qui est d’usage chez les franges populaires de la Gauche, il s’agit de la « gauche caviar ». Ce sont des bourgeois assumant être des bourgeois, mais reconnaissant l’importance de la question sociale et se voulant être de bons gestionnaires intégrant cette question sociale.

On a ici des cadres politiques éprouvés, des intellectuels aux réseaux denses et influents, des artistes implantés, ou encore des chefs d’entreprises avec un poids important. L’appel de Laurent Joffrin met d’ailleurs en avant dès le départ les chefs d’entreprise et emploie même l’expression « Gauche historique » en appelant à la dépasser.

Tous ces gens des couches sociales les plus favorisées et se revendiquant de la Gauche ont beaucoup eu le pouvoir, parfois longtemps, souvent ils l’ont encore, dans des mairies, des départements, des régions, des administrations, des ministères, des grandes écoles, des universités, à la radios, avec des lieux ou des événements culturels majeurs, de grandes entreprises, etc.

Cela fait bien longtemps qu’ils ont abandonné toute référence au mouvement ouvrier. Toutefois, ils connaissent leurs classiques et, surtout, ils ont l’œil avisé pour comprendre ce qui se passe dans le pays. Cela fait toute la différence avec les fossoyeurs, d’Emmanuel Macron à Olivier Faure en passant par Jean-Luc Mélenchon, qui eux vivent pétris de leurs certitudes intellectuelles anti-populaires, de manière étrangère à la société elle-même.

Pourtant, la « Gauche caviar » n’a pas fait que tolérer des gens comme Emmanuel Macron, elle leur a donné la main pendant des années et des années. Le journal Libération, dont le comité de rédaction vient d’ailleurs de refuser à Laurent Joffrin de continuer à écrire des chroniques, a été le fer de lance du postmodernisme, des thèmes sociétaux, de l’idéologie LGBT, de l’écriture « inclusive » et ce genre d’horreurs anti-populaires. Jean-Luc Mélenchon est également un produit du Parti socialiste, tout en ayant profité du PCF pour se lancer, PCF qui s’est fait entièrement déborder et a basculé pareillement dans le post-modernisme.

Toutefois, ces gens sont éduqués et farouchement opportunistes. Comme la situation change avec l’immense crise qui se profile, il n’est plus question d’abandonner la Gauche pour les gens ayant compris l’ampleur de la catastrophe. Il y aurait trop à perdre. C’est précisément le sens de l’appel « Engageons-nous – Pour la création d’une force alternative à Gauche », lancé par Laurent Joffrin.

On y lit notamment :

« Le scrutin a montré que la droite est encore majoritaire dans le pays ; l’extrême droite peut capter la colère populaire qui ne manquera pas de se lever à mesure que les licenciements et les fermetures d’entreprises se multiplieront ; la nécessaire unité de la gauche, enfin, suppose un programme audacieux pour convaincre mais aussi crédible, pour gouverner, un projet qui ne soit pas l’addition de revendications disparates, mais qui dessine un destin commun. »

Il est affirmé ensuite, en grand et en gras :

« Le sauvetage de la planète est prioritaire, mais la question sociale, surtout dans la période qui s’ouvre, restera centrale. »

C’est une opposition claire et nette à Olivier Faure qui propose de se rallier à EELV, ainsi qu’à toute la sphère regroupant Place publique, Génération-s, et des personnalité comme comme Clémentine Autain ou Elsa Faucillon.

Il est en effet expliqué de manière très lucide et ouvertement critique envers cette « gauche » sociétale post-sociale que :

« l’égalité n’est pas un objectif parmi d’autres. Elle est la condition de tous les autres. Sans elle, ni les classes populaires, ni les jeunes de nos quartiers, et pas davantage les oubliés de nos territoires notamment les outre-mer, ne rallieront une union aussi artificielle que bancale. Sans elle, la mutation écologique butera sur l’inquiétude légitime des Français pour leur pouvoir d’achat, leur emploi et l’avenir de leur économie. Sans elle, l’union nécessaire autour des valeurs républicaines de laïcité et d’égalité ne se fera pas et les identités dont on attise la rivalité entretiendront une suspicion mutuelle. »

Bien sûr, il faut ici savoir lire entre les lignes, car en apparence on pourrait croire qu’il dit la même chose, alors qu’en réalité la perspective est entièrement différente. Ce n’est pas pour rien que le lancement du mouvement est prévu le 30 août, soit… le même week-end que l’université d’été du PS (le « campus » prévu à Blois du 28 au 30 août) !

Parallèlement, Laurent Joffrin va publier un livre intitulé « Anti-Macron », compilant tous ses éditos contre Emmanuel Macron, pour bien marquer la différence avec le centre-droit. Toutefois, cela reste une initiative centriste ; les appels du pied aux « macronistes de gauches » ont été ouverts pendant la conférence de presse de lancement de l’initiative.

On a également Olivier Dussop, député « macroniste » issu du PS, qui commente de manière bienveillante l’initiative, ce qui ne doit rien au hasard :

« C’est une illustration de plus de la fracturation de la gauche, entre celles et ceux qui croient encore à la social-démocratie, qui essayent de s’y raccrocher, et puis celles et ceux qui se mettent dans la roue de La France insoumise et qui rentrent dans une forme de protestation »

Il explique par ailleurs que des gens comme Jean-Yves Le Drian pourraient très bien se rallier à l’initiative. En fait, on peut dire que le but de l’initiative est de siphonner les restes de la Gauche gouvernementale ne s’alignant pas sur EELV.

Il faudra alors combattre pour le 3e camp : celui de la Gauche historique, qui doit se reconstituer alors que le capitalisme bascule dans une crise terriblement profonde !

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La lutte des classes: une question ou une réponse?

La France est à un tournant historique. Soit elle décide de perdre son temps avec des écologistes de la dernière heure utilisant le mot « extinction » à tort et à travers, avec des anti-racistes qui ne sont que des racistes inversés, avec des syndicalistes masquant leurs privilèges derrière le bien commun… soit elle passe aux choses sérieuses et bascule dans la lutte des classes.

Cela implique naturellement de rompre avec toute une manière de vivre. Les Français en sont conscients et c’est pour cela qu’ils ne bougent pas. Ils sont pétrifiés. Ils ont pris l’habitude de poser la question de la lutte, même de la lutte des classes. Ils sont contestataires, ils savent protester. Seulement ils ont pris l’habitude de ne surtout pas faire de la lutte des classes une réponse.

Il suffit de regarder l’absence du mot bourgeoisie. Ce terme a disparu. Les gilets jaunes, contre qui protestent-ils ? Contre l’État. Qui appellent-ils à la rescousse ? L’État. Les syndicalistes, contre qui protestent-ils ? Contre l’État. Qui appellent-ils à la rescousse ? L’État. Les antiracistes version Comité justice pour Adama, contre qui protestent-ils ? Contre l’État. Qui appellent-ils à la rescousse ? L’État.

Tout cela est tout à fait exemplaire. Dénoncer les travers du capitalisme, cela passe encore. Nommer la bourgeoisie, cela, par contre, c’est impossible. Quant à toucher la notion de propriété, c’est pareillement inenvisageable. Ce qu’on touche du doigt ici, c’est la fascination française pour la petite propriété. La France est un pays de gens rêvant d’être des petits propriétaires disposant d’une large autonomie. Même les ouvriers ont été contaminés par cette approche… Surtout les ouvriers, même, de par la corruption d’un capitalisme triomphant profitant d’un tiers-monde agonisant.

Alors, bien sûr, on peut faire semblant et faire en sorte qu’il y ait un peu de casse dans une manifestation, quelques slogans anticapitalistes par-ci, quelques dénonciations des riches par-là. Cela n’en reste pas moins une comédie. Et le Covid-19, de par son ampleur sociale et sanitaire, économique et culturelle, politique et juridique, met fin à cette comédie.

Et c’est là que la France ne sait pas quoi faire. Elle a pris l’habitude de déléguer, de ne pas bouger, de ne pas prendre de responsabilités. Elle ne veut surtout pas prendre de responsabilités. Elle n’est même pas prête à prendre la responsabilité de se déresponsabiliser en confiant la responsabilité à l’extrême-Droite ou l’armée. La France n’est prête à rien.

C’est naturellement dramatique. C’est en même temps une rupture fondamentale avec toute une hypocrisie et enfin le moment où, de manière inévitable, l’Histoire reprend ses droits. Nous quittons l’époque de l’éphémère et de l’apparence, pour passer dans celle où tout devient dur, concret, solide. Et le solide, cela fait mal.

La France va avoir très mal. Décrocher d’une anesthésie générale de plusieurs décennies, cela va lui être douloureux. Les choses vont être tourmentées. Mais il y a un espoir : comme la France a l’habitude de poser la question sociale, la question de la lutte, de la lutte des classes, on est en droit de s’attendre à une réponse adéquate, enfin.

Il y a de puissants leviers historiques pour aller dans le bon sens. La Gauche historique a un patrimoine immense : si elle est en mesure de le réactiver, elle peut mettre en branle des millions de personnes, passer de rien à tout, par la lutte des classes. C’est le défi historique du moment, alors que la crise se développe toujours plus à tous les niveaux et que l’impact économique commence à être dévastateur. Il faut toute une génération à la hauteur.

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Yannick Jadot «se prépare»: la Gauche doit lui barrer la route

Au lendemain des municipales, EELV lance son opération de liquidation de la Gauche, Yannick Jadot et Eric Piolle se positionnant pour les présidentielles.

Yannick Jadot, la principale figure d’Europe écologie-Les Verts, abat ses cartes et le programme est la satellisation de la Gauche. Dans Ouest France, il a expliqué le 29 juin que :

« Il y aura clairement un avant et un après municipales 2020. C’est un vrai tournant politique dans le pays. Le paysage politique se recompose autour de l’écologie, de la solidarité, de la démocratie (…). C’est plus que l’union des gauches ! C’est une recomposition du paysage politique, autour de l’écologie, que nous appelons de nos vœux, face à une République en marche qui s’est inscrite à droite, dans des alliances avec les Républicains, pour nous battre. »

Il a également expliqué le 5 juillet dans le Journal du Dimanche qu’il se « préparait » à la présidentielle de 2022. De son côté, le maire de Grenoble Éric Piolle n’a pas dit non aux médias quant à sa candidature, se posant en outsider. Il a également précisé qu’ avec la maire PS de Paris Anne Hidalgo, il comptait mettre en place une fédération de villes intitulée « Cités en commun ».

C’est une vaste opération, qui vise à faire ce que le PS de François Mitterrand avait fait avec le PCF de Georges Marchais. Il s’agit de renverser le rapport de force et de satelliser. Et une large partie de la Gauche est d’accord, car elle est passée dans le camp du libéralisme-libertaire, avec un peu de social pour pacifier. Car on est dans un rêve de paix bobo, on est dans le néo-conformisme.

On se demande d’ailleurs comment une telle chose peut être proposée alors que la crise économique va être massive. Là est pourtant l’explication : on est dans le Parti du « tout continue comme avant », avec des bobos se goinfrant dans les centre-villes et cherchant à « geler » le cours du monde.

Ces bobos ont bien entendu leur pendant d’ultra-gauche, avec les gens faisant du mot « extinction » l’alpha et l’oméga de leur discours de panique. C’est la grande peur des intellectuels des centre-villes, des bobos, des universitaires et des cadres supérieurs ayant le cœur à gauche et le portefeuille à droite.

L’idéologie de tout cela est finalement très sommaire : on va dans le mur, freinons. Sauf que le mur est déjà explosé et qu’il n’y a pas de freins ; le changement est non seulement inéluctable, mais déjà en cours. Tout le mode de vie change. Tous les rapports sociaux changent. Les consciences ont déjà changé, même.

Il y a en ce sens deux lignes : celle qui pousse la Gauche à converger avec Yannick Jadot et celle qui réfute cela, redéfinissant ce faisant la Gauche historique alors que les luttes de classes reprennent forme à l’horizon. Un tel combat exige bien entendu de saisir l’écologie non pas de manière formelle, mais d’en saisir la substance, et qui ne veut pas parler des animaux rate cette substance.

> Lire également : EELV ou le triomphe des bobos des centre-villes

C’est d’ailleurs même l’ultime frontière, la thématique empêchant tout réactionnaire, quelle que soit sa forme même ultra révolutionnaire, de prétendre concrètement changer les choses.

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Marseille: une victoire municipale attribuée à la Gauche, et beaucoup de questions pour l’avenir

Michèle Rubirola est-elle une maire EELV ayant profité d’une dynamique unitaire à Gauche pour se faire élire ? Ou au contraire, est-elle le produit d’une dynamique unitaire à Gauche ayant su écarter localement la tentative de liquidation par EELV ? C’est une question essentielle, qui pourrait déterminer beaucoup de choses pour l’avenir immédiat de la Gauche en France.

Pour bien comprendre ce qu’il s’est passé à Marseille avec la victoire du « Printemps marseillais » et l’élection de Michel Rubirola au poste de maire, il faut remonter quelques mois en arrière.

Marseille est une ville très endettée, largement en retard sur le plan de sa « métropolisation » et marquée pendant des années par une Droite souvent qualifiée d’affairiste et de corrompue. En face, il y a une Gauche de type « humaniste », peu liée à la classe ouvrière, mais bénéficiant d’une certaine dynamique démocratique et populaire, ayant par exemple une culture « bobo » beaucoup moins prononcée que dans les autres grandes villes françaises.

L’effondrement d’immeubles rue d’Aubagne dans le quartier de Noailles, « le ventre de Marseille », a d’ailleurs été un véritable choc en novembre 2018. Il y eut 8 morts ce jour-là, alors que plusieurs milliers d’habitants furent ensuite évacués en raison de la vétusté de leur logement. Le quartier se situe pourtant dans le premier arrondissement, mais est largement délabré, avec aucune école et une population très précaire, souvent immigrée, à la merci de « marchands de sommeil » laissant littéralement pourrir les immeubles, sans que la mairie ne fasse quoi que ce soit.

Cela donne une idée du panorama local, très différent des autres grandes villes françaises. Le refus de cette situation a lancée toute une dynamique de gauche, liée à des structures associatives et syndicales. Le « Printemps marseillais » en est directement le produit, avec une perspective politique unitaire pour les municipales. Elle a été largement portée par le PCF et le Parti socialiste s’y est rapidement rallié, abandonnant sa propre stratégie électorale.

> Lire également: «Ma seule ambition, c’est Marseille»: la démarche unitaire de Benoît Payan du PS

Tel ne fut pas le cas d’Europe Écologie-Les Verts, qui a préféré jouer sa propre partition avec une approche similaire aux autres grandes villes françaises comme Paris, Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Nantes, Lille, etc. EELV était donc présent au premier tour de ces municipales, en concurrence avec les listes du « Printemps marseillais ».

C’était toutefois un pari risqué, qu’avait refusé Michèle Rubirola, conseillère départemental EELV, elle-même issue de la Gauche, et plus précisément de l’extrême-Gauche. Dans les années 1970, elle était membre de l’Organisation Communiste des Travailleurs et elle fait partie de toute une génération ayant rejoint « Les Verts » au début des années 2000 avec l’idée de remplacer le Socialisme par l’écologie (une vraie tendance, allant de l’AREV à une partie importante de l’OCML Voie Prolétarienne).

En 2019, elle expliquait son choix de rallier la dynamique du futur « Printemps marseillais » plutôt que la liste « solo » de son organisation :

« le temps doit être au rassemblement, à la construction d’une coalition écologiste, progressiste, humaniste et citoyenne capable de changer Marseille. Pas aux divisions, pas au repli partisan dans sa chapelle, pas à la guerre des égo auto-proclamés ».

Elle fut logiquement suspendue d’EELV pour cette raison.

De manière unanime, la victoire à Marseille pour ces municipales 2020 est alors attribuée à la Gauche par tous les commentateurs, et pas à EELV. Reste cependant à savoir de quelle « Gauche » il s’agit, alors qu’il y a en arrière-plan de cette élection toute une tentative de démantèlement de la Gauche au nom de l’écologie, notamment de la part d’Olivier Faure, le dirigeant du PS.

En raison de la particularité du scrutin à Marseille, qui se fait d’abord par secteur, puis au suffrage indirect pour l’ensemble de la ville (comme à Paris et Lyon), le « troisième tour » a été très animé.

Les élus de la liste du « Printemps marseillais » n’avaient pas à eux seul une majorité absolue pour diriger la ville et des tractations largement médiatisées ont eu lieu. C’est Samia Ghali, « élue des quartiers nord », qui fut la clef de l’élection, avec tout un psychodrame pour savoir qui allait lâcher quoi à qui, puis de grandes embrassades finales. Ces tractations ne sont pas intéressantes en elles-mêmes, mais elles révèlent par contre une grande complexité sur le plan politique, qui est très significative.

Samia Ghali est une sorte d’électron libre, ancienne membre du PS, se présentant tantôt comme proche des idées de la France insoumise, apparaissant parfois plutôt réceptive à la majorité présidentielle, et est d’autres fois dénoncée comme étant liée en sous-main à la Droite marseillaise, avec qui elle menaçait de négocier (ou en tous cas le laissait volontiers sous-entendre).

Au second tour en tous cas, elle l’a emporté dans son secteur face à l’extrême-Droite, mais aussi face au « Printemps marseillais » qui maintenait sa liste, menée par la figure locale du PCF Marc Coppola. Rien que cette situation en dit long de la faiblesse de la Gauche marseillaise, car il est inacceptable politiquement d’avoir plusieurs listes liées à la Gauche lors d’un second tour face à l’extrême-Droite. Cela d’autant plus que l’élection s’est faite dans ce secteur très populaire avec une abstention gigantesque, ce qui signifie une élection sans réel élan populaire.

> Lire également : Municipales: tribune de Jean-Marc Coppola du PCF pour «Le Printemps Marseillais»

Dans le même temps, la liste de Samia Ghali, opposée au « Printemps marseillais », a été soutenue au second tour par EELV, alors qu’EELV se ralliait officiellement au « Printemps marseillais » pour l’ensemble de la ville. Cela en dit cette fois très long sur la nature d’EELV et sa stratégie consistant à torpiller la Gauche dès que possible.

Pour ajouter de la complexité à tout cela, il faut voir enfin que « le Printemps marseillais » a réussi à dégager une majorité pour diriger la ville à une voix près seulement, et cela grâce à une voix venant de la Droite.

La nouvelle maire de Marseille Michèle Rubirola se retrouve donc à la tête d’une coalition regroupant « le Printemps marseillais » (lui-même très disparate politiquement) + EELV + Samia Ghali et 7 élus la suivant + une personne dissidente de la Droite locale. En face, il y a une Droite disposant de quasiment autant de voix, ainsi qu’un Rassemblement national disposant de quelques voix.

Et c’est là qu’on se demande : comment la Gauche va-t-elle s’en sortir au milieu de tout cela ?

Il y a d’un côté EELV, prêt à tout pour faire sombrer la Gauche, soit en tirant la couverture à soi, soit en torpillant l’élan unitaire.

Il y a également le populisme de La France insoumise, qui cherche là aussi à s’attribuer une partie de la victoire électorale et à repousser la Gauche, alors que Jean-Luc Mélenchon est député d’une circonscription marseillaise.

Il y a le Parti socialiste, au cœur de la démarche unitaire localement, mais dont le dirigeant national veut liquider la Gauche au profit d’un « bloc social-écologiste ».

Il y a la Droite, qui sera prête à tout pour récupérer la ville et empêcher la Gauche d’avancer.

Il y a l’extrême-Droite, qui ne manquera pas de profiter de la situation.

Et puis il y a Samia Ghali, prête à tous les opportunismes, mais en même temps qui bénéficie d’une indéniable aura populaire, notamment en raison de ses positionnements contre la délinquance qui gangrène la ville.

> Lire également : Marseille, une Gauche populaire, mais pas ouvrière

Marseille se retrouve littéralement au cœur de tout un faisceau de contradictions définissant bien la situation politique française.

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La tribune des organisations de jeunesse pour liquider la Gauche au nom de l’écologie

Des organisations de jeunesse ont publié une tribune appelant à l’unité politique, avec comme perspective ni plus ni moins que l’enterrement de la Gauche historique. Après avoir confisqué la Gauche pendant des années, les bourgeois et petit-bourgeois « progressistes » assument maintenant de vouloir la faire disparaître. L’écologie est pour eux un formidable prétexte.

La victoire électorale d’EELV dans quelques grandes villes aux municipales a été un grand succès pour toute une frange bourgeoise urbaine d’inspiration libérale-libertaire, s’imaginant avoir le monopole de la Gauche. Tous ces gens ont fait beaucoup de dégâts pendant des années en imposant leurs préoccupations, leur vision du monde et leurs aspirations, au sein même de la Gauche.

EELV a été un incubateur pendant des années de toutes cette démarche, consistant à la fois en une OPA sur la Gauche et en une liquidation de la Gauche, avec un public de plus en plus ouvertement bobo et « démocrate » à l’américaine, assumant tout un ensemble de thèmes sociétaux à la place du Socialisme. Pour ces gens, le « social » n’est qu’un thème parmi d’autres et les ouvriers n’existent plus, tandis qu’ils s’imaginent qu’avoir un peu de compassion pour leur caissière au supermarché fait d’eux des gens de gauche.

C’est une des grandes raisons de l’effondrement de la Gauche, avec surtout l’isolement par rapport aux classes populaires et particulièrement le mouvement ouvrier, alors que c’en est historiquement le cœur.

Il est clair qu’un cap a été passé récemment et c’est au nom de l’écologie que ces gens pensent maintenant pouvoir enterrer définitivement la Gauche, en tous cas la Gauche historique.

Une nouvelle tribune est parue en ce sens et largement relayée, où il est expliqué qu’elle est portée par des jeunes en tant que « représentant.e.s d’une génération qui vient à la politique pour sauver les conditions d’existence terrestres ».

Ces « jeunes » sont issus de différentes organisations (Jeunes Ecologistes et d’EELV, de Génération.s et des Jeunes Génération.s, de la France Insoumise, du Parti Communiste Français, de la Gauche Républicaine et Socialiste, du Mouvement des Jeunes Socialistes et du Parti Socialiste), mais ils assument ouvertement leur propre effacement politique. Il est ainsi expliqué que les signatures sont individuelles, sans juxtaposition du nom de l’organisation politique.

C’est une opération de liquidation de grande ampleur, car effacer cette affiliation, c’est liquider tout un cheminement historique et toute une filiation à la Gauche historique, y compris pour EELV qui n’en fait pas partie, mais qui en a longuement profité.

Il s’agit donc pour tous ces gens, pour tous ces « jeunes », de mettre à la remorque d’EELV tout ce qu’il reste de lié à la Gauche dans ce pays :

« Les résultats des municipales marquent une étape supplémentaire dans la recomposition de l’échiquier politique, actant l’intégration du paradigme écologique par les différentes forces de la gauche. L’écologie, loin d’être une pensée déconnectée de notre histoire politique, reprend et restructure l’imaginaire progressiste et humaniste propre à la gauche ; elle réencastre les luttes sociales dans le système-Terre. L’écologie propose un nouveau modèle de société, qui n’est pas un socialisme amendé d’écologie, ni le modèle libéral productiviste aveugle défendu par l’actuel gouvernement. L’écologie politique considère en premier lieu les ressources finies de notre environnement pour en proposer une utilisation équilibrée et une juste redistribution.

L’enjeu du moment est de consolider la transformation écologique de la gauche, dont EELV est désormais une composante essentielle, en vue de la prise de pouvoir d’une écologie de rupture. La pandémie planétaire et le confinement ont eu un effet de sidération qui en dernière instance conforte la revendication chez le grand nombre d’un changement de paradigme profond. Cette crise creuse la fracture entre celles et ceux qui, la vue courte, ne jurent que par la relance aveugle de la croissance économique, et celles et ceux qui exigent la reconstruction écologique de notre société. »

Ce discours n’a absolument rien de nouveau, c’est ce que dit EELV (et anciennement Les Verts) depuis des années et des années. C’est l’idée que la Gauche historique serait dépassées car « productiviste », alors qu’il faudrait selon eux mettre les individus et les thèmes sociétaux au centre de tout.

Dire cela est, sur le plan philosophique, une vaste escroquerie. La Gauche historique, qu’elle vienne du communisme ou du socialisme, provient elle-même de toute une filiation historique ayant eu une réflexion sur la nature, car c’est le propre même de l’intelligence humaine que de s’intéresser à la nature. Les philosophes grecs, de manière contradictoire souvent, n’ont jamais fait au fond autre chose que cela, puis les religions, puis toute l’histoire de la pensée, dont la Gauche se propose d’être un aboutissement propre à l’époque du capitalisme, pour dépasser le capitalisme.

Seulement, la Gauche n’a jamais rejeté l’industrie, car la classe ouvrière ne veut certainement pas d’un monde sans industrie, ce qui serait une utopie réactionnaire. Ce qui compte pour la Gauche historique, et là encore, qu’elle soit communiste ou qu’elle soit socialiste, c’est la collectivisation des moyens de production, à commencer par l’industrie, pour la planifier dans un sens conforme aux besoins.

On peut ajouter à notre époque, « y compris aux besoins de la Terre », car c’est possible de le formuler ainsi aujourd’hui, mais cela n’a rien de nouveau en soi. Et si la Gauche a des progrès à faire sur le plan culturel pour comprendre cela, elle n’a pas besoin de gens et d’idées extérieures à elle pour cela.

Par contre, dire cela à propos de la production n’est pas entendable par toute cette mouvance bobo, libérale-libertaire et « écolo », qui tourne autour d’EELV et du rejet du « productivisme ».

Ce n’est pas entendable pour eux, car ils savent bien que cela signifie le Socialisme et donc la primauté de la société, de l’organisation sociale et de l’intérêt collectif, sur les perspectives individuelles. Au contraire, tous ces gens ne veulent que des perspectives individuelles, qui s’agenceraient par rapport à des thèmes sociétaux. C’est la raison pour laquelle ils défendent en général la légalisation du cannabis, l’ouverture des frontières et l’idéalisation de l’immigration, la PMA, la GPA, l’hystérie anti-policière, le racialisme, les idéologies queer et LGBTQ+, etc.

Cela va d’ailleurs de pair avec le refus systématique de mettre sur la table la question du rapport aux animaux. Le postmodernisme s’accompagne toujours d’une négation du véganisme.

Pour justifier leur démarche, ces gens, qui sont des « jeunes », s’inventent une vie comme c’est l’usage de le dire chez les jeunes, en inventant que leurs idées seraient majoritaires dans la société :

« Des gilets jaunes aux marches pour le climat jusqu’aux mobilisations contre la réforme des retraites et plus récemment encore les mobilisations contre le racisme et les violences policières, l’appel à un changement de système est désormais majoritaire. »

Rien n’est plus faux pourtant, car l’abstention a été immense, car les classes populaires n’en ont rien à faire de leurs élucubrations, car leur « vague verte » ne concerne qu’un public bourgeois restreint à des quartiers de centre-ville de grandes métropoles.

Au passage, EELV n’a pas lésiné sur les moyens pour éjecter la Gauche aux municipales quand elle le pouvait, comme à Poitiers… ou encore à Marseille. La tribune évoque Marseille, mais se garde bien de dire qu’EELV a par exemple soutenu Samia Ghali de manière opportuniste dans les quartiers nord de la ville au second tour, mais pas le candidat du « Printemps marseillais » et dirigeant local du PCF.

« Il y a des murs à faire tomber », dit la tribune en conclusion, sans préciser que ces murs, ce sont ceux de la Gauche historique. À la Gauche historique de réagir, de s’assumer, de se reconstituer et de bâtir une forteresse. Il faut des murs rouges et solides, contre ces liquidateurs de l’intérieur, et contre l’offensive bourgeoise en général, libérale, de Droite et d’extrême-Droite.

Le président Emmanuel Macron a expliqué hier dans la presse que « la rentrée sera très dure ». Reste maintenant à savoir pour qui elle sera dure, si c’est pour la bourgeoisie qui devra mettre la main à la poche pour réparer ses propres dégâts, ou si c’est pour les travailleurs qui seront mis sous pression pour relancer la machine à profit. Seul la Gauche historique est à même d’être à la hauteur de cette actualité, mais certainement pas les élucubrations de bourgeois de centre-ville voulant liquider la Gauche, car ils imaginent une « vague verte » dans le pays.

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Saint-Denis qui tombe, c’est le municipalisme PCF qui tombe

La banlieue rouge parisienne formait tout un réseau procurant des moyens immenses au PCF. La défaite électorale à Saint-Denis annonce la fin de ce système, et ainsi la chute du PCF.

On lit dans la presse que la ville de Saint-Denis avait une mairie PCF depuis 1945. C’est faux. Saint-Denis est la clef même du PCF. Ce parti ne s’est en effet jamais développé dans toute la France, mais dans des poches bien circonscrites. Il y a le Nord-Pas-de-Calais, cependant il y avait également là-bas une forte base socialiste. Le vrai bastion, c’est la région parisienne, la ceinture rouge autour de Paris, la « banlieue rouge », avec Saint-Denis comme grande base dès la fondation du PCF.

C’est d’ailleurs là que Doriot, le renégat du PCF passé au fascisme, formera son Parti Populaire Français, surfant sur l’esprit syndicaliste-révolutionnaire de la région parisienne et surtout de Saint-Denis. Saint-Denis, c’est une grande ville, un élément d’importance capitale dans la région parisienne. La bourgeoisie a développé d’ailleurs un contre-poids avec Boulogne-Billancourt, transformé en bastion du conformisme bourgeois alors qu’historiquement l’identité de la ville est ouvrière.

Le PCF s’est pris au jeu de cette bataille municipaliste. Il n’est pas possible de nier la sincérité de l’engagement de ses adhérents, de ses membres pour beaucoup. Pourtant, à partir des années 1960 la corruption municipale se généralise et dans les années 1980 c’est littéralement la fête ! Les vases communicants entre le PCF, la CGT, les mairies voient circuler littéralement des sacs d’argent, avec des magouilles à tous les niveaux.

Cela a joué énormément pour le prolongement d’un PCF relativement puissant encore après 1989 : il y avait trop de réseaux pour disparaître. La perte de Saint-Denis est ainsi une catastrophe et ne peut que produire une vague de panique dans les réseaux restants. Surtout que le PCF a également perdu Arles, Saint-Pierre-des-Corps, Champigny, Seclin, Givors, Fontaine. Si de tels bastions, des forteresses municipales existant depuis des décennies tombent, alors tout peut tomber.

Ainsi, si le PCF a encore Malakoff, Bagneux, Fontenay-sous-Bois, Bonneuil-sur-Marne, La Courneuve, Stains, Tremblay-en-France, Gentilly, Ivry-sur-Seine, Vitry-sur-Seine, Bobigny, Montreuil… ce n’est plus le même PCF pour autant.

Ce n’est plus le PCF profitant d’une base populaire puissante, de relais syndicaux massifs, capable ainsi de façonner toute une économie locale tout en la ponctionnant, en plaçant ses gens, en formant un véritable petit écosystème. Ce n’est plus le PCF comme appareil. C’est un PCF comme… on ne sait pas trop quoi et c’est pour cette raison que l’instabilité va prédominer, jusqu’à sa disparition.

En effet, un réseau municipal est par définition monopoliste. Or, si un basculement peut se faire, il n’y aura plus de soumission au PCF. Dans une mairie imprenable, les entreprises se soumettent, l’administration se soumet. Dans une mairie qui peut changer de bord, on évite les dossiers trop compromettants. La chute de Saint-Denis, c’est la chute de toute un socialisme féodal.

Désormais le PCF est celui de Ian Brossat : post-moderne et un appendice du PS, qui est lui-même devenu un appendice de la « social-écologie ». Finalement en termes de structure il n’y a plus trop de raisons d’exister et il y aura un dépassement « unitaire » qui est en réalité une liquidation de tout ce qui relève de la Gauche historique.

Il y a évidemment encore des tenants d’une ligne historique. Il y a ainsi le PRCF, qui veut faire redémarrer le PCF sur la base des années 1980. Il s’agit de la minorité du mouvement dont la majorité a quitté le PCF en 1999, pour former en 2016 le PCRF (sur une ligne PCF pro-Cuba des années 1960, les maoïstes considérant à l’instar du PCF(mlm) que le PCF est « révisionniste » depuis le milieu des années 1950, puis social-impérialiste).

Et le PRCF aurait pu réussir, d’une manière ou d’une autre, si le courant de la CGT qui lui est lié avait réussi son opération de harcèlement syndicaliste révolutionnaire durant le mouvement contre la réforme des retraites. Comme cela a été un échec, il n’y a cependant pas de base réelle. Et de toutes façons la démarche est syndicaliste, alors que le PCF a une base municipaliste avant tout. Il y a là une situation plus que délicate et le PCF ne peut que chuter alors que ses fondements concrets vacillent.

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Michel Onfray dans le Figaro pour une «troisième voie»

Dénonçant la gauche postmoderne tout en attaquant la Gauche historique, Michel Onfray se place pour devenir un théoricien relevant de l’extrême-Droite au sens strict.

Michel Onfray a publié dans Le Figaro une sorte de petit « manifeste » : « La Gauche acéphale ». C’est un pas de plus de sa part vers un engagement politique avec une ambition extrême. De fait, il formule une thèse assez simple, malgré tout un saupoudrage de références diverses et variées digne d’Eric Zemmour.

Ce que dit Michel Onfray, pas en ces termes mais c’est pareil, c’est qu’auparavant il y avait la Gauche historique et que désormais il y a la « gauche » postmoderne. Les deux ont failli, il faut donc une troisième voie.

Cette troisième voie a déjà un nom : le Fascisme, mais Michel Onfray n’assume pas encore, bien que le contenu de sa future revue « Front populaire » va être toujours plus clair, surtout avec la propagation de la crise.

Surtout que, inévitablement, la Gauche historique va revenir en force. Michel Onfray fait fonction ici d’obstacle à cela. C’est pour cela que Le Figaro présente ce petit écrit comme un « texte lumineux ».

Voici comment Michel Onfray dénonce la Gauche historique, celle de la lutte des classes :

« Il y eut une guerre franco-allemande perdue par la France dont on ne parle pas: c’est celle qui a opposé l’idéaliste Marx au pragmatique Proudhon.

Marx a bien sûr gagné ce combat. Il eut un allié de poids avec Lénine puis Staline, qui ont appliqué la théorie communiste sur une grande partie de l’Europe. Je sais que les dévots du concept estiment que le goulag n’était pas chez Marx, mais la légitimation de la violence s’y trouve. Or, le goulag n’est jamais que l’une des formes prises par cette violence. »

Puis vient mai 1968 et une victoire, selon Michel Onfray, de la gauche postmoderne. C’est tout à fait erroné, car en réalité ce qui suit mai 1968, c’est une frange de la Gauche historique passant dans la violence et ébranlant plusieurs pays : l’Italie, l’Allemagne de l’Ouest, la France, le Japon, les États-Unis.

Toutefois Michel Onfray est un intellectuel et son horizon se réduit aux intellectuels. Comme le structuralisme l’emporte dans les universités, alors il n’y a que cela qui existe. Il est dénoncé en les termes suivants :

« Le structuralisme annonce, avec force démonstrations obscures, qu’il existerait des structures invisibles, indicibles, ineffables qui gouverneraient tout ce qui est! Exit l’Histoire, vive le règne des Idées pures (…).

Elle [= la gauche française après 1991] a donc tourné son regard vers l’ouest et, fascinée par les campus américains, elle a demandé du contenu idéologique aux néostructuralistes qui avaient dépassé le marxisme dogmatique au profit du gauchisme culturel (…) [qui] critique, entre autres: la raison occidentale, la possibilité d’une vérité, le «phallogocentrisme» pour utiliser le concept de Derrida qui dénonce ainsi le pouvoir des discours du mâle blanc occidental, les processus démocratiques du débat et de la décision, la séparation des sexes, l’écriture de l’Histoire par les Occidentaux.

En même temps, elle adoube les marges comme des centres: les homosexuels, les transgenres, les femmes, les Noirs et les Maghrébins, les immigrés, les musulmans, mais aussi, ce sont les sujets de prédilection de Foucault, les prisonniers, les fous, les hermaphrodites, les criminels, sinon, ce sont là les héros de Deleuze, les drogués ou les schizophrènes. »

Michel Onfray en conclut que :

« La gauche marxiste monolithique, perdue après la mort de Marx et de son empire, a laissé place à une gauche moléculaire. La première visait l’universalisation de sa révolution ; la seconde, la généralisation du communautarisme. L’ancienne faisait peur au capital, la seconde le réjouit. »

Il y a ici une allusion très précise. Le terme « moléculaire » est une allusion au principe de « révolution moléculaire » de Félix Guattari, l’auteur avec Gilles Deleuze de « Mille plateaux ». Ces deux auteurs sont des figures majeures du courant « désirant », dont Julien Coupat et « l’insurrection qui vient » sont grosso modo des représentants.

Ce courant « désirant », si puissant il y a peu de temps encore, a d’ailleurs laissé sa place à l’activisme postmoderne, tout comme justement le structuralisme a cédé la placé au post-structuralisme base de l’idéologie postmoderne.

Il y a des nuances et différences entre les deux, mais Michel Onfray s’en moque (ou ne saisit pas que ce n’est pas la même chose), avec raison somme toute puisque les deux sont assimilables, et en conclut… non pas qu’il faille un retour à la Gauche historique, mais une réaffirmation de Proudhon. Par « acéphale », faut-il voir une allusion à Georges Bataille, philosophe mystico-désirant ? Peut-être pas mais le problème est facile à comprendre : les tenants de Proudhon sont éclectiques et assument.

C’est le propre du style fasciste. Michel Onfray aborde les choses de la même manière et on voit mal comment il ne pourra pas toujours plus se révéler un pion au service du Fascisme… Même s’il espère en devenir le roi.

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La casse nihiliste d’ultra-gauche et la fausse gauche

Les casseurs nihilistes d’ultra-gauche sont très utiles pour la fausse gauche, y compris la plus institutionnelle. Comme tous ces gens n’ont rien à dire, n’ont aucune dimension sociale et culturelle, qu’ils n’ont comme perspective que d’être la remorque du syndicalisme, alors il leur faut s’inventer des causes.

La dernière en date bien sûr consiste en l’hystérie anti-policière, puisque la police serait devenue l’incarnation même du mal, du capitalisme, de l’État, etc. C’est là qu’interviennent les casseurs nihilistes d’ultra-gauche, en infiltrant un mouvement démocratique comme celui des personnels soignants hier, pour le pourrir de l’intérieur par un peu de casse spectaculaire. Ainsi, les forces de l’ordre doivent intervenir et on a le droit à de photos « chocs » avec des commentaires hostiles à la police, ou bien des petites anecdotes sur des gens interpellés pour faire pleurer dans les chaumières. Peu importe que ces mêmes personnes interpellées aient été filmées en direct à la télévision en train de jeter des pavés sur la police, ce qui compte est de faire croire qu’on aurait en France un État terroriste qui brutaliserait les manifestants au hasard.

Cela permet de se la jouer très radical, comme avec le PCF publiant la photo d’une femme en blouse blanche se faisant interpeller, avec en commentaire « Cérémonie officielle de remise de médaille aux soignants ».

C’est absolument grotesque, irrationnel, relavant d’une hystérie typiquement petite-bourgeoise. Cela montre la décomposition du mouvement de protestation, l’absence d’une Gauche historique capable, comme elle l’a fait maintes fois, d’isoler l’ultra-gauche anti-politique et radical en apparence seulement.

Voir le PCF tomber aussi bas dans le populisme est une expression de tout une perte de repères et de valeurs, d’un effacement de la Gauche historique au profit de manipulateurs et de petits-bourgeois n’ayant aucun rapport avec la classe ouvrière. La Droite et l’extrême-Droite se régalent de tout cela, car il n’y a plus personne à part eux pour conspuer les casseurs nihilistes d’ultra-gauche. Même quand ces derniers, comme ce fut le cas hier, en arrive à… renverser la voiture d’une personne handicapée !

Quelle honte, quel nihilisme, difficile de faire plus anti-social. Et le gouvernement bien sûr ne fait rien pour empêcher cela. Il faut dire qu’il aurait tort de se priver d’une telle opportunité…. Jamais la Gauche historique, celle du mouvement ouvrier, ne peut accepter un pareil sabotage du mouvement social, qui fait directement le jeu de la Droite et de l’extrême-Droite. Et bien évidemment de la bourgeoisie dans son ensemble.

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Le post-gauchisme et l’idéologie identitaire-communautariste

Toute la galaxie identitaire-communautariste ne tombe pas du ciel ; elle est à la fois un produit et un prolongement du post-gauchisme.

Il reste à écrire comment les milieux du syndicat anarcho-syndicaliste CNT et de la Ligue Communiste Révolutionnaire trotskiste ont été dans les années 2000 puissamment travaillé au corps par l’idéologie identitaire-communautariste.

Cependant, il reste également à écrire comment le post-gauchisme des années 1970 a servi d’incubateur. La biographie Wikipedia de Guy Dardel est ici tout à fait exemplaire de tout un mouvement de décadence, où la volonté de faire la « révolution » s’efface devant l’agitation permanente à travers la quête du « sujet révolutionnaire » du moment, pour devenir enfin le culte d’une rébellion identitaire-communautariste.

« Présenté dans plusieurs rapports des Renseignements généraux comme le chef de la bande de Rueil-Malmaison. De 1970 à 1973 il est actif au sein de La Cause du peuple et du Secours Rouge Puteaux avant de participer à partir de 1976 à l’émergence du Mouvement autonome en France avec la création en 1977 du collectif « Offensive et autonomie » proche du groupe réunis autour de la revue Camarades de Yann Moulier Boutang. Il est alors politiquement et idéologiquement proche du courant dit de l’operaïsme italien et de son dirigeant Oreste Scalzone Début des années 1980, il Participe et organise le soutien en France de centaine de réfugiés Italien fuyant la répression.

À partir de 1985, Guy Dardel anime l’émission à destination des prisonniers Parloir libre sur Radio Montmartre, puis radio tomate et Lucrece. En 1986, il participe à la création de Prolétaires pour le communisme puis du Comité des mal-logés. l’année suivante il participe à la fondation du « Comité national contre la double peine » et du collectif « résistance des banlieues », avant de fonder Fréquence Paris Plurielle en 1992, puis le Mouvement de l’immigration et des banlieues (MIB) en 1995. Il est encore en 2020 administrateur de FPP 106.3FM. »

Le Comité des mal-logés a été un moment très important de la lutte du milieu des années 1980 (les « Maliens de Vincennes ») et c’est un tournant dans le post-gauchisme. La « galaxie » autonome devient ouvertement post-autonome et c’est de là qu’émerge des initiatives comme le MIB, cohérentes, authentiques, mais en réalité sur une pente historique menant à l’idéologie identitaire-communautariste par manque complet de perspective en raison du rejet complet du mouvement ouvrier.

Marginale, cette approche va connaître un saut qualitatif avec l’émergence post-moderne dans les universités et l’apparition d’une petite-bourgeoisie immigrée cherchant un levier pour faire pression dans la société. Il faut également mentionner l’appui idéologique d’États comme l’Algérie, c’est-à-dire de dictatures infâmes jouant sur la corde « anti-coloniale » pour se légitimer. C’est cela qui donne les Indigènes de la République, fer de lance de l’idéologie identitaire-communautariste.

Il y a eu un véritable détournement du post-gauchisme, mais un détournement largement accepté au nom de la quête de la figure rebelle du moment. Les choses auraient pu d’ailleurs tourner tout autrement, mais pour cela il aurait fallu assumer la Gauche historique, ce dont les post-gauchistes ne voulaient cependant plus entendre parler, l’assimilant au PCF et à la CGT.

Et voilà comment des gens voulant réactiver la « révolution » au sein du mouvement ouvrier se sont transformés en outils pour des groupes de pression petit-bourgeois.

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Le fiasco du rassemblement parisien pour George Floyd

Appelé par SOS Racisme et rassemblant peu de monde autour des principales figures de la Gauche, le rassemblement d’hier en hommage à Georges Floyd s’est fait sur une base libérale-démocrate, dans un esprit d’universalité très parisien, très franc-maçon, très journalistique.

Symboliquement et humainement, il n’y a aucune raison de ne pas participer à une célébration en l’honneur d’une victime américaine d’un crime raciste. Seulement, il faut savoir raison garder et ne pas prétendre que la France serait les États-Unis, que la planète serait déjà unifiée et que les pays ne connaissent pas encore et toujours des situations très différentes.

C’est cette lourde erreur – de type chrétien humaniste, franc-maçonne, intellectuelle cosmopolite – qu’ont fait les dirigeants de la Gauche en venant au rassemblement parisien en solidarité avec George Floyd, alors que ses funérailles se déroulait aux États-Unis.

Dominique Sopo, le président de SOS Racisme, à l’initiative du rassemblement, résume bien toute cette construction intellectuelle :

« Nous nous battons pour que plus jamais il n’y ait à poser le genou pendant 8 minutes et 46 secondes, parce que nous sommes en 2020 et lorsque nous disons que nous sommes les pays des Droits de l’homme, lorsque nous disons que la civilisation est aboutie dans nos pays, et bien il faut le montrer. Il faut être exigeant et faire en sorte que ni aux États-Unis, ni en France, ni ailleurs, il n’y ait de Georges Floyd, ou il n’y ait de personnes qui décèdent parce qu’elles sont passées, malheureusement, sous les coups, de ceux qui encore une fois estimaient que leur couleur de peau ou que leur religion était un crime. »

La facture pour une telle démarche hors-sol, c’est qu’il n’y avait que 2500 personnes, malgré l’appel de La France insoumise, Europe Ecologie-Les Verts, le PCF et le Parti socialiste, ainsi que la présence de leurs têtes de proue Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Fabien Roussel et Olivier Faure.

Et toute la Gauche appelait : en plus de ces partis, on a la CGT, l’UNSA, la FSU, l’UNEF, le syndicat des avocats de France, le MRAP, la LDH, la LICRA, l’UEJF… Autant dire que la Gauche politique est d’une faiblesse complète, et qu’elle est même réduite à une Gauche libérale-démocrate, sans base populaire, qui fait ici acte de témoignage.

La facture a également un second aspect : le mépris complet de la part des postmodernes racialistes. Le collectif « La vérité pour Adama » a appelé à ne surtout pas participer au rassemblement, tout comme l’activiste Taha Bouhafs. On est ici dans une approche qui est celle des « Indigènes de la République », qui fut celle du MIB (Mouvement de l’Immigration et des banlieues) et de par ses fondements identitaires, il n’y a aucune place pour un rapport positif avec la Gauche et le mouvement ouvrier.

D’ailleurs, Christine Taubira s’est empressée d’encore trahir. Cette femme de centre-droit, que la Gauche a présenté comme une humaniste alors que cela a toujours été une carriériste et une opportuniste, s’est empressée de saluer le collectif « La vérité pour Adama » au moment même où celui-ci rejetait la Gauche.

À l’émission Quotidien de TMC – où la veille les invités étaient de Koh-Lanta – Christine Taubira a qualifié Assa Traoré, qui dirige le collectif « La vérité pour Adama », de « chance pour la France », reprenant l’expression employée par l’extrême-Droite pour se moquer de manière ironique et sordide des immigrés.

C’est tout à fait Christine Taubira, historiquement responsable de l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour des présidentielles, et qui d’ailleurs a été ministre de la justice : comment peut-elle ensuite dénoncer un système dont elle a été elle-même une pièce-maîtresse ?

On voit ici comment la Gauche s’est faite pourrir de l’intérieur par des gens comme elle, totalement extérieure au mouvement ouvrier. Et comment aussi, à l’extérieur, des forces petites-bourgeoises identitaires et communautaristes tente de la remplacer. La réponse doit être ainsi un retour au source, une réaffirmation de la Gauche historique.

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Contre l’américanisation de la société française

Toute initiative politique a des fondements qui s’inscrivent comme partie du problème ou partie de la solution. Les rassemblements à l’appel du collectif « la vérité pour Adama » à Paris, Marseille, Lille, Lyon… s’inscrivent dans une tentative d’américanisation de la vie politique française et même de la société. Selon cette idée, la Gauche devrait disparaître et a fortiori ses idées, ses traditions, au profit d’agrégations semi-anarchistes d’esprit identitaire.

 

« Mort d’Adama Traoré : vivez en direct le rassemblement interdit devant le palais de justice de Paris » : Le Figaro n’a pas manqué d’envoyer un journaliste filmer le rassemblement parisien, avec la possibilité de commenter, ce qui a donné lieu bien sûr à un défouloir raciste et réactionnaire.

L’occasion était trop belle. Un rassemblement « interdit » mais qui a lieu quand même, avec une initiative venant des milieux postmodernes, dans le cadre d’une tentative de se raccrocher à ce qui ébranle les États-Unis : on a tous les ingrédients pour renforcer la Droite.

L’idée n’est même pas de dénoncer les réponses de la Gauche, mais de la nier, en disant qu’elle n’existe que sous la forme, hors-sol, de protestations parcellaires, forcées, agitatrices. Donald Trump a cherché à faire la même chose aux États-Unis en dénonçant les « antifas » qui seraient à l’origine des émeutes un peut partout dans le pays.

C’est-à-dire qu’en agissant ainsi, les commentateurs du Figaro font comme leurs inverses postmodernes ayant manifesté : ils poussent à l’américanisation de la vie politique et de la société.

Le principe est simple : les idées sont dans la société comme si celle-ci était une bourse et il faut pousser pour conquérir des parts de marché. C’est une vision libérale du monde, où les individus sont des consommateurs qu’il faut satisfaire afin qu’ils s’orientent vers les produit.

Eric Zemmour est un très bon exemple de produit puisqu’il dit ce que son public veut entendre, lui-même étant totalement creux, il suffit d’essayer de lire ses livres odieusement mal écrit (eu égard à ses prétentions) pour le constater. On en connaît d’autres : Dieudonné, Emmanuel Macron, Nicolas Hulot…

Le contraste est complet avec les années 1980. François Mitterrand, Georges Marchais, Valéry Giscard d’Estaing… avaient un haut niveau d’éducation et une vraie vision du monde. Ils étaient opportunistes, parfois jusqu’au paroxysme comme Jacques Chirac, mais ils avaient une base réelle. Aujourd’hui, il n’y a plus que des marionnettes.

Les Français ont beaucoup ri quand Ronald Reagan, un acteur de qualité relativement faible, a été élu président des États-Unis. Mais les Français ne valent presque pas mieux désormais. Tout est dans le « presque » cependant. Car la tentative d’américanisation de la société ne réussira pas. La classe ouvrière a trop de traditions et ainsi elle ne s’intéresse pas plus au collectif « la vérité pour Adama » qu’aux gilets jaunes. Elle vit sa vie, irréductible, passive, mais incorruptible.

Et quand elle commencera à bouger, cela ne sera certainement pas pour expliquer que les trans sont la figure révolutionnaire de notre époque, que les blancs sont des « souchiens », que la France des années 1960 était un paradis, que le drapeau national est la solution, que distribuer des gâteaux est de la subversion, que l’armée est la solution, que le hooligan au look neutre mais branché est la forme la plus aboutie de la rébellion, etc. etc.

Toute cette agitation forcenée de la Droite et des milieux postmodernes est en total décalage avec la réalité. Avec la réalité du Covid-19, car de tels rassemblements sont incohérents sur le plan de la protection sanitaire. Avec la réalité de la crise économique sur laquelle la France capitaliste va se fracasser. Avec la réalité de la classe ouvrière qui est là pour instaurer le Socialisme.

Mais il est vrai que ni la Droite, ni les milieux postmodernes ne veulent le Socialisme. Cela tombe bien : le Socialisme ne veut pas d’eux non plus.

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Le renouvellement du souverainisme, expression de l’instabilité petite-bourgeoise

La crise sociale et économique accentue le déclassement d’une partie de la petite-bourgeoisie et de la partie stable de la classe ouvrière, l’aristocratie ouvrière. Dans ce contexte, on voit fleurir une idéologie bien spécifique à ces couches sociales comme quoi « le pays » serait sous tutelle d’une oligarchie mondialisée, appelant à une « unité des patriotes ».

En plein déconfinement, l’agitation des classes moyennes est forte, avec deux initiatives. D’un côté, on le « conseil national de la nouvelle résistance » lancée par Claude Alphandéry, et de l’autre la revue « front populaire » par Michel Onfray,.

Né en novembre 1922, Claude Alphandéry a un parcours typique de la bourgeoisie modernisatrice. Etudiant au prestigieux lycée du Parc à Lyon, il entre dans la résistance en automne 1941 puis dans la clandestinité autour des Mouvements unis de la Résistance dans la région de la Drôme-Ardèche, proche de la droite liée au Général de Gaulle.

A la sortie de la Guerre, étudiant à l’ENA, institution d’Etat créée sous le Front populaire, il entre logiquement au PCF, grand parti de la gauche gouvernementale. En tant que partisan de la modernisation sociale et culturelle, il se lie ensuite à la seconde gauche, et notamment au courant porté par Michel Rocard. Depuis les années 1980, il est lié à la Caisse des dépôts et consignations et revendique l’économie sociale et solidaire et un nouveau « new deal » dans une approche tout à fait conforme à celle de Benoit Hamon, grand héritier du courant rocardien.

Le CNNR doit ainsi sortir un manifeste le 27 mai, date symbolique choisie en référence à la fondation du CNR à la même date en 1943. On retrouve dans le « secrétariat », des figures du populisme de gauche, comme Gilles Perret ou Denis Robert (directeur de Média, proche des Insoumis).

D’un autre côté, on a donc la revue « Front populaire » lancée par Michel Onfray et qui annonce déjà réunir des figures comme Philippe De Villiers, Jean-Pierre Chevènement, Georges Kuzmanovic, Jacques Sapir. Florian Philippot s’est empressé de soutenir l’initiative, en appelant même un rassemblement après le 18 juin à Colombey-les-Deux-Églises…

On nage ici en plein délire de confusion. D’un côté on a une mise avant du « Front populaire » comme prétexte à l’union entre la gauche et la droite alors même que le Front populaire est né en 1934 de l’unité des bases antifascistes. De l’autre, on a une valorisation absurde du Conseil National de la Résistance, né en 1943 dans un compromis gaulliste-communiste alors que le pays était sous occupation ou sous tutelle du IIIe Reich.

En apparence différentes, ces deux initiatives relèvent en fait des mêmes couches sociales en déperdition qui tentent de lancer des initiatives en leur faveur, en appelant à des références historiques vidées de tout contenu, ne servant que comme prétexte au mythe mobilisateur. D’ailleurs, il est peu étonnant que tous soutiennent les gilets jaunes, comme caution à la mobilisation sociale…

La figure d’un Jean-Pierre Chevènement, participant à « Front populaire » en dit long sur cette similitude, lui qui appelait à voter Mélenchon en 2017 et qui était qualifié de « mentor » par Florian Philippot.

Ces variantes de souverainisme, plutôt à gauche ou plutôt à droite, sont toutes marquées par un fantasme d’une union des contraires, entre la droite et la gauche, et cherchant à contourner le Rassemblement national.

Ces initiatives cherchent ainsi à saper l’essor de la Gauche en vidant tout le contenu du patrimoine des luttes populaires. Seule la gauche assumant son héritage historique est capable de relancer une bataille démocratique court-circuitant ces courants confus.

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Une économie française déboussolée à l’heure du déconfinement

La France est un pays qui, économiquement, se ratatine depuis plusieurs années. En train d’être encore plus déclassée avec la crise sanitaire, son capitalisme voudra avancer à marche forcée. L’instabilité est à l’ordre du jour.

Pour accompagner le choc du confinement, l’État a mis en place un chômage partiel. 12,4 millions de salariés d’un million d’entreprises ont reçu environ 84% du net, payé par l’État (et 100 % lorsque le salaire est au SMIC). Ce dernier a été très généreux avec les couches sociales supérieures puisqu’il a accepté de suivre cette compensation jusqu’à 4,5 SMIC.

Or, tout cela a un coût : 26 milliards d’euros. Il va falloir les trouver. À cela s’ajoute un plan pour aider l’économie (capitaliste) : 52 milliards. Il va falloir les trouver aussi. D’autant plus qu’il y a déjà 599 milliards à payer en 2023, en raison des dettes de l’État.

Tout cela est bien compliqué et il n’y a que trois moyens : la guerre, les impôts, les emprunts. La guerre n’est pas à l’ordre du jour encore, les impôts ce n’est pas faisable car la pression des capitalistes est énorme surtout que les exigences sont déjà hautes. Reste l’emprunt : l’État va devoir emprunter au moins 300 milliards d’euros. Cela représente 15 % du PIB français.

Notons d’ailleurs ici une chose au niveau du PIB, en prenant celui par habitant. Il est au niveau du Japon, clairement derrière l’Allemagne (ainsi que son satellite autrichien) et les États-Unis, ainsi que le Royaume-Uni, la Belgique, le Canada, la Finlande, les Pays-Bas, la Suède, l’Australie.

La France a décroché. Et on sait qu’un endettement implique une dépendance, à moins de disposer d’une base productive forte. Et la France se ratatine. En 2018, les exportations agroalimentaires avaient une valeur de 44 milliards d’euros en France, 72 milliards en Allemagne, 94 milliards aux Pays-Bas. Rien que ces chiffres, dans un secteur où la France est historiquement puissante, en dit très long. Le plan économique de relance en Allemagne est d’ailleurs trois fois plus grand qu’en France, culminant à 160 milliards.

Peut-on penser que le secteur du luxe, avec 76 milliards d’euros à l’exportation peut relancer à lui seul le capitalisme français ? Naturellement pas. Il est d’ailleurs plombé par l’absence des touristes, notamment étrangers, ceux-ci formant 40 % des touristes en général.

Il n’y a donc que deux options. Soit la France accepte une situation italo-espagnole, tendant à celle de la Grèce. C’est celle d’une satellisation relative dans le capitalisme, d’une mise en orbite de l’Allemagne. La France ne serait pas une colonie bien entendu, cependant ses couches dominantes devraient se mettre sous la coupe de l’Allemagne.

Soit la France tente de se réaffirmer en s’appuyant sur son vaste appareil militaire, soit en forçant l’Allemagne à être encore plus agressive dans un tandem, soit en y allant seule. Cette tendance va évidemment recevoir dans les mois prochains un appui gigantesque de la part de très nombreux secteurs. Cela est d’autant plus vrai que Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen… instillent cette vision du monde depuis longtemps déjà.

Dans tous les cas, c’est une instabilité complète qui est à l’ordre du jour et seule la Gauche historique peut y faire face. Elle seule peut refuser avec force le militarisme, elle seule peut mettre en échec le plan menant à la satellisation.

On se doute qu’entre les tenants d’une Union Européenne sous domination allemande et ceux du nationalisme, la situation de la Gauche historique sera très difficile. Elle est coincée entre le marteau et l’enclume. Tout est d’ailleurs très mal partie, puisque la Gauche historique est d’une faiblesse inouïe. Mais il n’y a simplement pas le choix !

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Le 11 mai va ouvrir la crise de l’indolence française

Les Français sont indolents, c’est-à-dire des partisans du moindre effort. Dès qu’il y a un problème, ils quémandent à l’État, y compris lorsqu’ils sont des tenants du libéralisme économique. Même en religion ils ont besoin d’un clergé. Quant à la politique, ils n’y participent jamais, déléguant de loin à des partis politiques numériquement très faibles. Le 11 mai ouvre la crise de cette indolence.

Les Français ont inventé le protestantisme. Mais ils n’ont pas assumé et aujourd’hui, seule une minorité de gens savent que Calvin est Français, de Picardie, comme La Fontaine et Racine. Comment pourrait-il être français, alors qu’il représente un puritanisme qui serait forcément anglo-saxon ? Le Français n’est-il pas hâbleur et batailleur, un vrai Gaulois ?

Ce qui va s’ouvrir le 11 mai, c’est une remise en cause fondamentale de cette illusion relevant du confort bourgeois d’une France correspondant au village d’Astérix et Obélix. Les Français se sont en effet mentis à eux-mêmes pendant des décennies, refusant de se considérer aussi libéraux que les Américains, imaginant que leur fromage vient de petite ferme, que les vaches gambadent dans les prés et que la France est, par définition, le pays le plus agréable du monde.

Le 11 mai, le déconfinement va montrer toutes les faiblesses, les étroitesses d’esprit, les manques matériels, les incapacités à organiser, le dédain, le mépris, l’hypocrisie, l’égoïsme. Cela va être un vaste catalogue de la catastrophe française, l’équivalent culturel de la débâcle de 1940. Et même si les gens font encore semblant que tout irait finalement pas si mal, la Droite est derrière pour cogner et pour faire tomber le tout.

Car personne ne semble avoir encore compris, à part certains secteurs de la Droite et de l’extrême-Droite, que l’économie a fait un bond en arrière de plus de dix ans, que tout l’existence artificielle de couches petites-bourgeoises va être profondément remise en cause. Les remous vont être énormes, l’instabilité économique va se prolonger en instabilité politique, avec des appels toujours plus forts à l’émergence de l’homme providentiel, sans doute une haute figure militaire.

Il n’y a simplement plus de place pour l’indolence, et si les gens ne veulent pas assumer d’en sortir, alors la sortie autoritaire, militariste, fasciste à la crise les y obligera de toutes façons. La polarisation va être complète et il n’y a, au fond, que deux forces en compétition pour les choix de la société : le mouvement ouvrier d’un côté, les forces les plus agressives du capitalisme de l’autre.

Le problème, évidemment, c’est que le mouvement ouvrier est au point mort. Les valeurs universitaires postmodernes ont anéanti de nombreux fondements culturels et politiques, alors que la démarche folklorique syndicaliste révolutionnaire est présente en force. C’est un ignoble mélange d’une gauche américaine avec une gauche d’avant le début du XXe siècle, avant la formation du Parti socialiste SFIO.

C’est en décalage complet avec ce qui est exigé et c’est pour cela que tout va aller très vite. La Gauche va se recomposer, sur sa base historique, mais de manière très rapide. Cela va être la course. Comme en Espagne dans les années 1930, il va y avoir une Droite au sens le plus large unifiée et voulant une sortie autoritaire, une toute petite extrême-Droite puissamment agitatrice, une agitation anarchiste et syndicaliste sans intérêt, et enfin une Gauche s’approfondissant, se systématisant, se structurant puissamment.

Le 11 mai marque le début de la grande course au pouvoir entre la Gauche et la Droite. Le vieux monde est dépassé.

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Le premier mai de la social-démocratie autrichienne

La distanciation totale n’a nullement empêché la social-démocratie autrichienne de prendre une initiative de grande envergure pour marquer le coup dans un contexte de crise. En assumant entièrement de se situer dans l’histoire du mouvement ouvrier et en n’utilisant aucune catégorie « postmoderne », le SPÖ tranche radicalement avec la démarche liquidatrice des socialistes français, mais même du PCF.

Le Parti Social-démocrate d’Autriche a réussi un tour de force pour le premier mai 2020. Prolongeant son initiative d’assumer un retour aux sources, il a développé une intense campagne pour le premier mai, malgré l’impossibilité de manifester. Le SPÖ a ainsi réalisé une campagne d’affichage « le premier mai, plus que jamais ! », des conférences de presse en ligne, une vidéo de plus d’une heure destiné aux « camarades », multiplié les appels, appelé les militants à envoyer des photos symboliques pour montrer l’engagement.

Légende : la tunique est celle de la Jeunesse Socialiste

Il y a même une playlist sur Soundcloud, avec des chansons d’avant 1945 au contenu donc entièrement rouge, la social-démocratie autrichienne de cette période assumant même d’être pro-URSS, qu’elle considérait comme socialiste, même si elle rejetait le bolchevisme comme modèle idéologique pour le reste du monde.

Pour ajouter dans la lecture incroyable de tout cela, chaque chanson a une présentation historique, expliquant le contexte dans le mouvement ouvrier alors.

Le SPÖ réactive tout un patrimoine qui n’attendait que cela, celui du poing levé le coude cassé, des drapeaux rouges avec les trois flèches dans le cercle… Dans la vidéo, pour leurs petits discours, les dirigeants commencent par raconter leur premier premier mai et il s’avère qu’il s’agit d’un événement datant de leur enfance, lorsque leur famille populaire les y a amenés !

La vidéo de plus d’une heure a comme particularité d’avoir été diffusé sur le site de la télévision autrichienne, car là est la particularité historique de la social-démocratie autrichienne, oscillant entre un soutien total à l’État existant et une identité totalement ancrée dans le mouvement ouvrier.

Car le SPÖ ne vaut pas « mieux » que le Parti socialiste en France. Il a été au pouvoir même encore plus longtemps, il est encore plus corrompu dans sa direction, il a soutenu pendant des décennies une cogestion étatique avec la Droite cléricale-réactionnaire.

Seulement, lorsqu’est arrivé le grand tournant, au même moment que le Parti socialiste en France grosso modo… la base ne s’est pas évaporée. Dans le Nord de la France, le PS a littéralement disparu, comme d’ailleurs dans la plupart des endroits, mais dans le Nord c’est d’autant plus choquant de par la tradition ouvrière qui y existait.

Le SPÖ a réussi à se maintenir pour deux raisons : déjà il a toujours assumé l’ensemble du parcours ouvrier, depuis 130 ans, se posant comme le prolongement, devenu réformiste. Il y a donc tout un patrimoine ouvrier présent à la base, tout un romantisme, si l’on veut. Ensuite, la ville de Vienne, historiquement ouvrière et socialiste, forme un bastion mêlant mouvements de masse, corruption importante finançant le SPÖ et les syndicats. Dans un pays où il n’y a absolument jamais de grève, le syndicat unique du pays (qui a des tendances politiques, le SPÖ étant en tête bien sûr) est richissime.

C’est une situation étrange, bien entendu. Et selon l’axe qu’on considère comme principal, on peut voir le SPÖ comme un phénomène fictif, ou bien au contraire comme une réactivation malgré tout d’une base populaire.

Cependant, si on prend la crise actuelle, on voit que le SPÖ se place admirablement bien, car il se pose comme le grand rempart social, même réformiste, face à toutes les conséquences pouvant arriver. C’est là un immense rempart au fascisme. Cela se limite en grande partie au bastion viennois, mais il n’en reste pas moins que la situation est totalement différente en France, où il n’y a pas que le Parti socialiste qui a capitulé : il y a sa base qui a fait de même, qui n’a rien reconstitué, qui s’est juste évaporé.

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Premier mai: vive la Gauche historique!

En s’abattant sur le monde, le covid-19 a été une maladie qui a bousculé à peu près toute la vie quotidienne telle qu’on la connaissait. On peut même dire que l’humanité est profondément ébranlée dans ses certitudes. Quant au capitalisme n’en parlons pas, la machine est grippée. À quel prix va-t-elle redémarrer ? Et peut-elle redémarrer ? On va vers des temps troublés et seule la Gauche historique peut être à la hauteur… à moins de capituler et de considérer la guerre pour le repartage du monde comme seule issue.

Quand un pays est en crise, il n’y a pas 36 solutions. Soit on change tout, soit on ne change rien. Plus la crise est forte, plus l’exigence d’aller dans un sens ou l’autre est forte. Or, si les Français ne veulent pas vraiment y croire, toutes les personnes réalistes savent que la crise va provoquer une grande déchirure dans la société française.

L’idéal on ne peut plus français de la demi-mesure dont Emmanuel Macron est le représentant n’a donc plus guère d’espace. Or, on sait déjà que l’extrême-Droite était en embuscade. Tout risque d’aller donc encore plus vite… Que l’Allemagne encaisse le choc et ne voit pas arriver à court terme un Trump, un Poutine, un Erdogan, un Bolsonaro, un Boris Johnson, un Duterte, cela se conçoit.

Mais la France, elle, peut très bien basculer et on a déjà vu avec les gilets jaunes, ou depuis quelques semaines avec le professeur Raoult, comment le populisme est terriblement virulent. Comme de plus les syndicalistes récusent la politique, que l’armée a toujours plus d’ambitions, que les grandes entreprises ont des objectifs énormes aussi, que la situation mondiale se tend… on peut imaginer le pire.

En fait, on est revenu aux années 1930. On avait un pied dedans, là on y est entièrement. Le jour d’après des populistes, cela sera bien plutôt un jour d’avant. On prend un militaire de très haut rang, il se présente comme au-dessus des partis, ni de droite ni de gauche, tout comme le fait la revue que lance en juin Michel Onfray, « Front populaire ».

Il prétend ne faire que rétablir la sérénité et l’ordre, pour que les choses avancent. Tout est présenté comme nécessaire, allant de soi. Les Français en ont l’habitude, avec Napoléon Ier, Napoléon III, Pétain en 1940, De Gaulle en 1958. Les coups d’État sont toujours passés comme une lettre à la poste.

Seule la Gauche historique peut former un contre-courant, parce que seule la Gauche historique ne fait pas confiance au régime en place. La gauche gouvernementale a accepté la Ve République, qu’elle considérait pourtant auparavant comme un régime d’autoritaire né d’un coup d’État : elle a trahi. Et on paie cher le prix de cette trahison.

Naturellement, le souci est que la gauche non gouvernementale est souvent velléitaire, symbolique, d’autant plus radicale qu’elle sait très bien qu’elle n’aura jamais à prendre aucune responsabilité. Philippe Poutou et Olivier Besancenot ont une image sympathique, surtout le premier. Mais personne ne les voit en ministre.

Il faut ainsi une Gauche historique qui soit à la hauteur du défi. C’est la seule solution. Croire qu’une alternative à la tendance au régime autoritaire, militariste… au fascisme, à la guerre, soit possible en évitant le mot « bourgeoisie », c’est se tromper et tromper les gens.

C’est pourquoi le premier mai, journée du mouvement ouvrier, il faut dire : vive la Gauche historique, qui elle seule représente l’avenir dans une perspective positive !