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Eurosatory : le complexe militaro-industriel français sur le devant de la scène

L’Union européenne doit devenir un outil pour la guerre.

En tant que grande puissance, la France est connue et reconnue pour ses exportations de denrées agricoles, de produits de luxe, mais aussi pour sa production d’armes. Après les États-Unis et la Russie, la France est le troisième pays exportateur d’armes dans le monde.

Un commerce qui se porte bien, voire très bien puisqu’il a dépassé les 2 000 milliards de dollars dans le monde en 2021. De fait, depuis la pandémie de Covid-19, et plus encore avec la guerre en Ukraine, les budgets militaires des grandes puissances (mondiales et régionales) ont explosé, et la France compte bien conserver sa part du gâteau.

C’est dans cet état d’esprit qu’Emmanuel Macron s’est rendu au salon international de l’industrie de la défense et de la sécurité Eurosatory qui se tient du 13 au 17 juin au parc des expositions à Villepinte, salon qui se présente lui même comme « le mondial de la défense et de la sécurité ».

En temps normal, c’est le ministre des Armées qui se rend à ce salon lancé en 1967 au camp militaire de Satory par le Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres (GICAT), ce monstre du militarisme en France.

Ce salon fut lancé d’ailleurs un an après l’annonce officielle par le général de Gaulle du retrait de la France du commandement intégré de l’OTAN, ce qui suffit à montrer à quel point Eurosatory est une illustration de comment la France tend à être une puissance belliqueuse à part entière.

Lors de son discours d’inauguration, Emmanuel Macron a annoncé la couleur d’entrée de jeu :

« Cette confiance [à l’égard des industriels] s’inscrit dans un contexte inédit, et je pense que nous devons tous à cette occasion et dans les temps qui viennent en tirer les conséquences, celle aussi d’une entrée dans une économie de guerre dans laquelle je crois nous allons durablement devoir nous organiser.

C’est-à-dire dans une économie dans laquelle il faudra aller plus vite, réfléchir différemment sur les rythmes, les montées en charge, les marges, pour voir reconstituer plus rapidement ce qui est indispensable pour nos forces armées, pour nos alliés et pour celles et ceux que nous voulons aider.

Une économie au fond dans laquelle on ne peut plus envoyer au rythme et avec la grammaire d’il y a même un an. Tout a changé. »

Ce dont parle Emmanuel Macron ici est la capacité pour les armées des grandes puissances à assurer la logistique, les stocks et l’opérabilité des forces armées dans une guerre contre un autre État, ce que les experts appellent le taux d’attrition.

Si cela était quelque chose de bien en vue depuis plusieurs années dans les états-majors militaires, il est clair que les pertes et les masses de munitions et d’hommes engagées dans la guerre en Ukraine confirment cette tendance.

Par exemple, lors de la bataille de Kharkiv, les forces russes ont utilisé autant de munitions d’artillerie que l’ensemble du stock disponible pour l’armée française pour ses entraînements annuels. Par conséquent, l’enjeu pour les grandes puissances, c’est dorénavant de massifier leurs armées, en termes d’hommes, de stocks, de munitions, etc., mais aussi de les diversifier pour agir sur différentes zones d’intervention.

Cela signifie donc que l’industrie militaire devient un rouage central des économies des grandes puissances et puisque la France détient l’un des plus importants complexes militaro-industriels du monde, elle va être en première ligne de ce processus.

Et Emmanuel Macron en tant que représentant de la bourgeoisie pro-européenne se doit d’assurer la place du complexe militaro-industriel français dans le commerce des armes en Europe, alors que l’industrie américaine la concurrence, notamment par la vente de ses avions de chasse F-35 à bon nombre de pays européens.

C’est pourquoi lors de ce salon, Emmanuel Macron qui occupe depuis le 1er janvier, et ce jusqu’au 30 juin 2022, la présidence du Conseil de l’Union européenne, a appelé à la mise en œuvre d’une « préférence européenne » pour l’achat d’armes des pays membres.

Une perspective plus que concrète puisque depuis 2017, l’Union européenne a un budget commun en charge de l’innovation et de la recherche militaire commune alors même que l’article 41 du Traité de Lisbonne de 2007 interdisait l’utilisation du budget commun européen pour des projets militaires.

Depuis fin avril 2021, elle dispose d’un budget commun de 8 milliards d’euros (fonds européen de la défense) ce qui est en soi relativement peu, mais est énorme puisqu’avant 2017 il n’y avait rien, cela étant interdit par les règles institutionnelles.

Le tournant est tel que le Danemark est revenu par la voie du référendum le 1er juin 2022 sur son retrait historique des projets de défense européen.

Par son appel à une « préférence européenne en matière d’armements », Emmanuel Macron se place donc directement comme le porte-parole du complexe militaro-industriel français, car derrière l’industrie de défense européenne, il y a surtout quatre pays que sont la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.

Et dans ce quatuor, la France capte près de 24 % des subventions européennes en matière de recherche et d’innovations militaires, les trois autres pays en recueillant environ 15 % chacun. Les industries françaises sont impliquées dans près de 80 % des projets subventionnés par l’Europe, Dassault étant au centre du projet de drone européen et Thalès (en partie détenu par l’État français) participant à plus de 40 % des projets.

De la même manière que le français Thierry Breton, chargé du très important portefeuille du marché intérieur, de la politique industrielle, du tourisme, du numérique, de l’audiovisuel, de la défense et de l’espace est également directeur général d’Atos international, une entreprise spécialisée dans le digital chargée de la modernisation de l’armée de terre française.

Voilà un parfait exemple de la tendance à la guerre qui s’empare de la base industrielle des pays. Un tel renforcement de l’industrie militaire française signifie que le complexe militaro-industriel va toujours plus devenir central dans le développement économique (et politique), alimentant la tendance au repartage militaire du monde.

Dans ce panorama, la France en tant que grande puissance apparaît comme un acteur central de la tendance à la guerre. Une donnée qui s’avère capitale pour quiconque veut lutter pour la cause pacifiste dans ce pays.

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« Marine le peuple » balayée par « Emmanuel McKinsey »

Nier la crise ne la fera pas disparaître.

Le temps de sa (longue) campagne présidentielle, Marine Le Pen a cédé la présidence de son parti à Jordan Bardella. Celui-ci est un excellent orateur et on imagine qu’il aurait produit une bien meilleure prestation qu’elle en débattant face à Emmanuel Macron, mais là n’est pas le sujet. Il y a par contre un bon mot, typiquement français dans sa forme (à la fois subtile et grotesque, à la fois léger et piquant), qu’a sorti Jordan Bardella pour lancer la campagne de l’entre deux tours : « Emmanuel McKinsey, ou Marine Le Peuple ! »

C’est très bien vu, cela résume exactement ce deuxième tour de l’élection présidentielle et a fortiori le débat du mercredi 20 avril 2022. Emmanuel Macron assume totalement la posture qui lui a été façonnée et dessinée par son entourage issu du cabinet de conseil McKinsey, ainsi que de tout un tas de riches donateurs en 2017 issus du monde de l’entreprenariat. C’est très facile à voir et à comprendre, son libéralisme à prétention rassurante et « inclusif », à l’américaine, en est exactement le produit. C’est, autrement dit, de la pure communication. Parler d’Emmanuel McKinsey est pertinent.

En face, il y a donc Marine Le Pen, censée représenter le peuple. Évidemment, ce n’est pas vrai dans le fond. Mais il y a toutefois, dans la forme, quelque-chose de tout à fait conforme et cohérent avec la situation des classes populaires françaises. Clairement, Marine Le Pen a choisi d’incarner une femme française moyenne, ou « de base » comme cela se dit parfois, de manière péjorative mais significative. Cette Française « de base » donc, est mère de famille, concernée par la quotidien économique, son « pouvoir d’achat », sa liberté de mettre ou ne pas mettre le masque, l’insécurité, sa désolation face aux éoliennes ou aux femmes voilées, etc.

En fait, en tentant d’incarner « le peuple », Marine Le Pen a surtout incarné la rancœur, qui est un sentiment extrêmement puissant et répandu dans la France populaire de 2022. Toutes ses interventions, presque chacune de ses réactions à Emmanuel Macron et ses propositions lors du débat, n’ont consisté qu’en de la rancœur face à ce qu’il a représenté pendant cinq ans, voir dix ans si l’ont compte qu’il est dans la lignée directe de François Hollande.

En ce sens, le bon mot « Marine le peuple » de Jordan Bardella illustre tout à fait la situation. Et comme on ne gouverne pas un pays comme la France avec de la rancœur, alors Marine Le Pen s’est faite balayer par Emmanuel Macron, solide, extrêmement sûr de lui et de sa légitimité. Suffisamment arrogant pour apparaître crédible, suffisamment courtois pour ne pas apparaître hostile.

Disons la chose d’une autre manière, beaucoup plus politique. En fait, Marine Le Pen n’a pas assumé son programme. Elle n’assume pas d’être nationaliste ; sa prestation lors du débat était à peine gaulliste, alors qu’elle est censée être une néogaulliste, qu’elle a théorisé cela depuis des années, et mis en pratique cela depuis 2012, soit dix années.

C’est flagrant surtout sur la question de la Russie et de la guerre en Ukraine. Si Marine Le Pen assumait son programme, si elle assumait d’être une néogaulliste, elle aurait dénoncé vent debout Emmanuel Macron comme marionette américaine vendue à l’OTAN, voulant entraîner la France dans une guerre à la Russie.

Si Marine Le Pen assumait d’être une gaulliste à prétention sociale, elle aurait torpillé Emmanuel Macron avançant ses bons chiffres du chômage, en lui répondant que cela est maquillé par le fait qu’énormément d’emplois sont en fait des CDD ou des missions d’intérim, très précaires, mal payés, ne permettant pas une stabilité au capitalisme français.

Marine Le Pen en a été incapable, car ce qui se joue en réalité est bien trop important pour elle. En effet, derrière l’apparente solidité du système, autrement dit la grande stabilité, en surface, du capitalisme en France, il y a une crise monstrueuse qui se prépare.

Face à cela, il n’y a pas le choix, il faut assumer des grandes idées, il faut cogner fort. Soit avec le Socialisme, en s’appuyant sur la Gauche historique, comme nous le proposons, soit avec le fascisme, ce que Marine Le Pen n’a pas osé faire, alors que c’est pourtant sa ligne.

Marine Le Pen ne pèse donc pas bien lourd avec son nationalisme light, son gaullisme timide, face à un Emmanuel Macron très arrogant dans sa défense des institutions, de son mandat, de sa politique. En effet, il croit profondément en ce qu’il raconte. Il croit très probablement que l’insécurité n’est qu’un sentiment et que les chiffres sont faussés par le fait que de plus en plus de femmes portent plainte contre leurs maris grâce à ses mesures. Il croit vraiment que les 600 milliards de dettes « covid », qui s’ajoutent à l’immense dette structurelle de l’État français, ne sont pas un soucis. Il croit vraiment que la guerre contre la Russie menée par l’OTAN est une bonne chose, etc.

Alors il passera, il sera (très) probablement à nouveau président pendant cinq ans, car la rancœur « populaire » de Marine Le Pen ne pèse pas lourd face à son assurance bourgeoise.

La question maintenant est : faut-il s’en réjouir, ou le déplorer ? Évidemment, on ne peut qu’être rassuré face à cette évidence que le fascisme en France n’est pas mûr, que le nationalisme comme proposition ne s’incarne pas et que Marine Le Pen va très probablement échouer.

Mais pour autant, il ne suffit pas de nier la crise pour la faire disparaître. Alors la situation va se tendre, politiquement, culturellement, socialement, militairement. Et il y a, après Marine Le Pen, toute une nouvelle génération en embuscade pour proposer une nouvelle et solide proposition nationaliste, tendanciellement fasciste, pour le pays.

Concrètement, l’échec de Marine Le Pen en 2022 fera le lit des succès à venir des Marion Maréchal, Guillaume Peltier, Nicolas Bay, Jordan Bardella, etc.

Mais inversement, la crise fait que la Gauche historique, celle de la classe ouvrière et de la bataille internationale pour le Socialisme et la paix entre les peuples, va de nouveau être à l’ordre du jour, gagner des positions, devenir crédible.

C’est sur cela qu’il faut compter, principalement. Et il ne faut pas s’imaginer que c’est très lointain. Rien qu’avec la situation politique internationale, il y a quelque chose d’explosif. Emmanuel Macron va (très) probablement être réélu triomphalement dimanche 24 avril 2022, et cela sera un signal très fort pour l’OTAN, et toute la clique des dirigeant prônant la guerre à la Russie.

La tension va donc continuer de monter, la crise va l’emporter, dans tous les domaines, à commencer par la guerre et la crise économique l’accompagnant. Telle est la véritable actualité, ce à quoi il faut profondément et sérieusement s’intéresser. Maintenant, tout de suite !

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Emmanuel Macron c’est la guerre avec l’OTAN, Marine Le Pen c’est le nationalisme et la guerre

La situation historique fournit un dilemme terrible.

Faire bloc pour empêcher l’extrême-Droite de parvenir à des postes à responsabilité dans les institutions est un principe fondamental de la Gauche. C’est une leçon tirée du passé, des succès du fascisme italien et du national-socialisme allemand. On a compris depuis qu’il fallait tout faire pour bloquer l’installation de l’extrême-Droite où que ce soit.

Cette ligne est bien entendue réfuter historiquement par l’ultra-gauche (c’est-à-dire les anarchistes et les trotskistes) ; heureusement elle apparaît comme naturelle à toute la Gauche qui n’a pas été contaminée par elle.

L’Histoire n’avançant pas en ligne droite, voici que l’élection présidentielle de 2022 impose toutefois un sacré dilemme. La France est, dans les faits, impliquée dans la guerre en Ukraine. Elle l’est parce qu’elle fournit du matériel, des armes et des conseillers depuis que la guerre est déclenchée ; elle l’est avant même le conflit, parce qu’elle est membre de l’OTAN et que l’OTAN utilise depuis 2014 l’Ukraine comme tête de pont pour démanteler la Russie.

Cela fait que, depuis le 24 février 2022 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la France est objectivement en guerre, même si indirectement. Toute autre considération sur ce point est erroné. Or, naturellement, soutenir le président en place n’est alors pas possible, puisque ce serait valider la guerre, voire même la soutenir en accordant une légitimité plus grande à celui qui prend la décision de la faire.

D’où le casse-tête du second tour de la présidentielle. Si l’on regarde à long terme, Marine Le Pen représente le nationalisme et la guerre ; elle contribue à la dépolitisation des masses, à leur insertion dans le nationalisme, dans la mise en place d’un État replié sur lui-même prêt à s’élancer militairement de manière ouverte dans la bataille pour le repartage du monde.

Cependant, si on regarde à court terme, Emmanuel Macron, c’est l’OTAN, c’est la guerre déjà présente, c’est la pression politico-militaire généralisée sur les prolétariats des pays occidentaux déjà étouffés par la société de consommation.

Si on suit le « Ni Macron ni Le Pen » de l’ultra-gauche, alors on laisse Marine Le Pen passer et c’est du suicide. Si on s’engage à contrer Marine Le Pen, on valide de fait Emmanuel Macron et la guerre de l’OTAN.

Et, bien entendu, les situations très différentes impliquent des positionnements nécessaires dans l’immédiat. Dans certains milieux, Marine Le Pen a l’hégémonie et ne pas affirmer l’opposition à l’extrême-Droite serait une capitulation. Inversement, lorsqu’il se pose des discussions sur la nature du capitalisme et son évolution, la question de l’OTAN prend inévitablement le dessus puisque c’est l’expression politico-militaire de l’hégémonie de la superpuissance américaine dans le monde.

La présidentielle de 2022 apparaît ainsi comme une tragédie, avec un dilemme insoluble. Ce qu’on gagne d’un côté, on le perd de l’autre. C’est dire tout de même dans quelle situation on est, où la seule question de fond c’est de savoir quelle fraction de la grande bourgeoisie va l’emporter, la pro-américaine ou celle qui veut naviguer en solitaire.

En ce sens, on peut constater que la possibilité même de la politique est exclue du panorama du second tour de la présidentielle de 2022. On remarquera d’ailleurs qu’il n’y a pas de discussions possibles, ni même de discussions tout court. Les gens s’alignent sur Emmanuel Macron ou Marine Le Pen dans un processus de polarisation apolitique. Car le capitalisme a essoré les gens, effacé la politique, et il ne reste plus que des tendances de fond dans la bourgeoisie déchirée intérieurement par la crise commencée en 2020 avec la pandémie.

Il n’y a véritablement que la bourgeoisie qui a compris l’importance de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Le prolétariat perçoit quelque chose, se doute que cela ne tourne pas rond ; la petite-bourgeoisie s’inquiète profondément. On parle pourtant là seulement de sentiments primitifs, d’impressions somme toute très vague.

Ce dilemme du second tour de la présidentielle 2022 apparaît ainsi comme insoluble ; il exprime toute une contradiction historique, celle entre un capitalisme triomphant et des masses totalement atomisées. C’est cela l’aspect principal : la dépolitisation, l’écrasement de la capacité à se tourner vers une utopie, le culte des ego, l’opportunisme carriériste.

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Emmanuel Macron, un Kennedy en carton pour une France en plastique mou

Un show grotesque, à l’américaine.

Devant 30 000 supporters, dans une salle contenant 40 000 places, le Président Emmanuel Macron s’est mis en scène pour son premier et en fait unique meeting de campagne, une semaine avant l’élection présentielle.

Avec de la musique très forte en mode épique, des flammes de pacotille scintillantes, un bain de foule – une foule justement organisée pour donner l’impression de ferveur. Avec un président-candidat seul en scène, se promenant de pupitres en pupitres invariablement de chaque côté d’une plate-forme en hexagone géométrique, faisant des clins d’oeil, se donnant l’air ultra à l’aise et intime.

Mais cela sonnait faux, tellement c’est forcé et décalé avec la gravité de l’époque. Il faut s’imaginer le genre d’ambiance : avant l’arrivée du président, il y a un chauffeur de salle professionnel qui s’adresse aux ministres (en exercice), sagement alignés les uns à côté des autres, guindés, et leur demande de faire… la ola. Ils s’exécutent, puis la ola est reprise par le reste de la salle. Pathétique.

Pathétique et, qui plus est, cela ne correspond pas du tout au style français, qui veut de la politique et du débat d’idée et pas de la mise en scène guignolesque, qui apprécie les postures mesurées pour une approche classique dans le style et sérieuse dans le fond, ne laissant que subtilement et succinctement la place au panache.

Le show d’Emmanuel Macron sonnait donc faux, archi faux. C’est exactement comme au cinéma : quand des Français se lancent dans un film d’action à gros budget, cela ne donne rien, car c’est forcé, et donc mal fait. N’est pas Hollywood qui veut, et en l’occurrence, n’est pas John Fitzgerald Kennedy qui veut.

Emmanuel Macron s’imagine peut-être personnellement un grand destin. Il n’est en vérité qu’un JFK de pacotille, 60 ans trop tard, 6000 kilomètres trop loin. Il n’est là que grâce à l’apathie politique généralisée en France, parce que la Gauche s’est sabotée avec François Hollande et que la Droite s’est torpillée elle-même par suffisance bourgeoise avec François Fillon.

Mais aussi, et surtout, grâce à de (très) généreux donateurs qui l’ont tiré du chapeau et lui ont fait sa campagne en 2017. On sait maintenant qu’il y avait aussi derrière cela le cabinet de conseil américain McKinsey, d’où le style probablement.

En vérité Emmanuel Macron n’est rien, et ne représente pas la France ni les Français. Mais peu importe, car ce n’est pas cela qu’il vise, et d’ailleurs les Français eux-mêmes s’en fichent pas mal, comme ils se fichent de tout à part de leur petit confort quotidie Alors il suffit à Emmanuel Macron de ne pas trop faire de vague, et d’aller dans le sens d’une poignée de millions de gens bien installés dans le système, bien corrompus par le business et fétichisant la modernité capitaliste et l’entreprenariat (qu’Emmanuel Macron se vante d’avoir « libéré »).

Cela peut suffire à nouveau à remporter l’élection présidentielle. D’autant plus qu’il y a parmi ces gens l’appréciant la plupart des journalistes et des commentateurs politico-culturels. Cela aide à se faire une place et bénéficier d’une légitimité, même fictive.

Quant au fond, il n’y a rien évidemment. Et pour cause, Emmanuel Macron ne fait pas le poids face à la pesanteur de l’histoire. Il n’est qu’un accompagnateur du capitalisme, en mode suiveur et fidèle de la superpuissance américaine. Alors il peut bien se donner des airs de grand seigneur, en sermonnant la salle qui hue et siffle la guerre en Ukraine. On parle d’ailleurs là les premières phrase de son meeting, avec l’idée (mal jouée et forcée) de se donner une image de grand homme au cœur de l’Histoire.

« [Tout sourire] Je suis heureux d’être là avec vous… [la foule acclame].
[D’un coup, il prend un air sérieux et concerné.] Et tandis qu’à quelques heures de Paris on bombarde la démocratie… [La foule hue et siffle].
[Il lève le bras en signe de désapprobation et prend le ton d’un professeur.] Non, on va tout de suite se redonner une règle, que vous connaissez.
La guerre en Ukraine [il sert le poing], nous faisons tout chaque jour pour pouvoir l’arrêter. Évidemment nous la condamnons, mais ici quand nous sommes tous ensemble, nous ne sifflons pas, personne, jamais, jamais. [La foule acclame et il reprend son air grave pour expliquer qu’il mène un combat historique pour la démocratie, etc.] »

C’est totalement grotesque, personne n’y croira, comme quand il dit ensuite que son public est constitué de « militants de l’idéal », ou bien qu’il est là dans « la plus grande salle d’Europe », alors qu’il n’y avait pas plus de monde que pour un quelconque match de football important d’un club de ligue 1.

La France, les Français, s’ils étaient à la hauteur, devraient conspuer un tel personnage, et finalement ne pas lui donner d’importance. Mais la France est trop endormie, trop un plastique mou, alors elle tolère ce Kennedy en carton, se disant qu’après tout au moins c’est moderne et américain. Les Français ont toujours aimé ce qui était américain ou avait l’air américain.

La question est maintenant de savoir à quel moment la crise va passer par là. Car tout va très vite, et qui sait à quoi ressemblera la France dans quelques jours, le matin du 10 avril ? Et surtout le 27 avril, pour le second tour ?

Marine Le Pen compte en tous cas là-dessus, en misant sur le fait que d’ici là, les Français seront enfin (au moins un peu) chauffés à blanc par la crise et rejetteront Emmanuel Macron. Elle joue donc à fond la carte de la crise pour réagir à son meeting :

« Depuis 5 ans, Emmanuel Macron a financé la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune en taxant le carburant, le gaz, le fioul et l’électricité de tous les ménages ».

Cela suffira, cela ne suffira pas ? Au fond peu importe, car d’une manière ou d’une autre l’Histoire va reprendre le dessus et balayer tout ça, violemment. Emmanuel Macron, aussi insupportable soit-il, sera très vite oublié. Marine Le Pen elle-même et son nationalisme light, probablement, ne fera pas le poids non-plus, d’ailleurs.

En attendant, il faut boire le calice jusqu’à la lie.

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L’affaire McKinsey questionne la souveraineté française

Emmanuel Macron est lié à la superpuissance américaine.

Le 16 mars, une commission sénatoriale d’enquête a produit un rapport sur le recours systématique par l’État à des cabinets de conseil, en appuyant notamment sur le fait que cela a coûté plus d’un milliard d’euros à l’État en 2021. Ce montant a doublé depuis 2018, première année pleine de l’exercice du pouvoir par Emmanuel Macron.

Il y a là un scandale en termes de dépense publique bien sûr, mais cela va bien plus loin, interrogeant la souveraineté de l’État lui-même, qui délègue des pans entiers de son analyse et de ses décisions à des cabinets privés, comme le soulèvent en effet les sénateurs ayant enquêté.

Il ressort de leurs investigations, portant sur 7300 documents étudiés pendant 4 mois, que :

« des pans entiers des politiques publiques ont été sous-traités à des cabinets privés : crise sanitaire, réforme de l’aide juridictionnelle, radars routiers, évaluation de la stratégie nationale de santé…

Le recours aux consultants est ainsi devenu un réflexe pour un État qui donne parfois l’impression qu’il « ne sait plus faire », malgré le dévouement de ses propres agents.

Bien que discrète, l’influence des cabinets de conseil sur les politiques publiques est avérée. Les consultants proposent des solutions « clés en main » aux décideurs, que les agents publics sont sommés de mettre en œuvre. »

L’accusation est grave. De surcroît, parmi ces intervenants externes il y a surtout le maintenant fameux cabinet McKinsey. On a là une société de droit américain, avec une filiale de 600 personnes en France, qui ferait un chiffre d’affaires d’environ 300 millions d’euros par an. Et qui reverse tout à la maison mère, elle-même située dans un paradis fiscal, l’État du Delaware aux États-Unis (là d’où provient Joe Biden).

Avec un montage financier astucieux (probablement illégal, la commission sénatoriale parle en tous cas d’un « exemple caricatural d’optimisation fiscale »), McKinsey réussit à ne pas payer d’impôt en France, sans que l’administration fiscale ne trouve rien à y redire.

Cela sent à plein nez la collusion, d’autant plus que le directeur associé de la filiale française, Karim Tadjeddine, a affirmé sous serment face aux sénateurs (qui ont porté plainte pour faux témoignage) que sa société avait versé 422 millions d’impôts et de cotisations sociales en dix ans, en contradiction avec les recherches faites ces mêmes sénateurs auprès du fisc.

Karim Tadjeddine est un proche d’Emmanuel Macron, ayant été militant pour sa campagne présidentielle en 2017. Ce serait en tout une quinzaine de salariés McKinsey qui ont participé à la campagne d’Emmanuel Macron. C’est le cas de Martin Bohmert, qui était Président des Jeunes avec Macron de 2017 à 2019 ou d’Etienne Lacourt, chef du « pôle projet » du parti présidentiel La République en Marche LREM en 2017 et 2018.

Et puis il y a Mathieu Maucort, actif pendant la campagne, maintenant Haut-Commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises, qui était chef de projet chez McKinsey de 2013 à décembre 2016. Et puis il y a le directeur général de LREM, Paul Midy, qui a travaillé pour McKinsey de 2007 à 2014, ayant été chargé de… « la conduite de la réforme de l’État » !

On remarquera au passage que l’autre directeur associé de McKinsey France est Victor Fabius, fils du « socialiste » Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel depuis 2016.

Tout ce petit monde, qui partage la même idéologie ultra-libérale et anti-ouvrière, qui a la même vision du monde prônant l’ultra-modernité capitaliste (en fait le turbocapitalisme) et l’alignement sur la superpuissance américaine, est donc totalement inséré dans les plus hautes strates de l’État français, autour d’Emmanuel Macron.

Il se pose évidemment la question non pas seulement de corruptions, ou « prise illégale d’intérêts » en droit, mais directement d’ingérence étrangère au sommet de l’État français. Et en l’occurrence d’ingérence américaine, avec des cabinets de conseils étrangers ayant accès forcément à des données décisives. Quand on sait que la stratégie vaccinale mise en place par le gouvernement a été confiée au cabinet de conseil américain McKinsey, ainsi qu’à plusieurs autres cabinets (Accenture, Citwell et JLL), cela soulève forcément un problème de fond.

Ce que ne manquent pas de souligner, d’ailleurs, tout un tas de commentateurs pro-Russes, voire pro-Vladimir Poutine. C’est typique de leur démarche que de souligner de ce genre de collusion, de dénoncer les atteintes (américaines) à la souveraineté des États, etc.

Alors ce genre d’affaire pourrait typiquement produire un basculement et une crise de régime, permettant une réfutation de l’alignement unilatéralement pro-américain, pro-OTAN et fanatiquement anti-Russe, de la France. C’est typique de périodes de crise telles que nous en vivons en ce moment. C’est en tous cas conforme à l’intérêt de pans entiers de la bourgeoisie française, hostiles à Emmanuel Macron et son entourage de chez McKinsey.

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Emmanuel Macron : la France n’est pas en guerre contre la Russie, mais…

Le président français prépare les esprits à la guerre.

La machine à propagande est en route, et elle tourne à plein régime. Le président Emmanuel Macron a ainsi fait une adresse aux Français mercredi 2 mars 2022 en posant avec le drapeau ukrainien aux côtés des drapeaux de la France et de l’Union européenne. Ce choix résume à lui seul sa position et la nature profonde de sa démarche.

Emmanuel Macron se présente comme un défenseur de la « liberté » et de la paix, il explique que lui et l’OTAN ont tout fait pour éviter la guerre et qu’il s’emploie désespérément à trouver une solution diplomatique. Pourtant, en pratique, il prend fait et cause unilatéralement pour le régime ukrainien avec le président Volodymir Zelensky à sa tête.

Voici comment le Président a introduit sa prise de parole :

« Françaises, Français, mes chères compatriotes,

Depuis l’attaque brutale lancée par le Président Poutine contre l’Ukraine le 24 février, les forces russes bombardent Kiev, assiègent les villes les plus importantes du pays, des centaines de civils ukrainiens ont d’ores et déjà été tués, des femmes et des enfants ont été tués encore ce jour. Les jours qui viennent seront vraisemblablement de plus en plus durs. »

Ce n’est pas là l’introduction d’un discours cherchant à construire la paix, mais un discours partisan d’un des deux camps durant une guerre, en l’occurrence le camp du régime ukrainien. La vérité est tordue, volontairement extrapolée, pour justifier une position.

En pratique, l’invasion russe de l’Ukraine, aussi odieuse et impérialiste soit-elle, bafouant le droit international et en piétinant l’ONU, n’a rien d’une marche barbare sur le pays comme voudrait le faire croire le président français, en parlant par exemple de « bombardements de Kiev », qu’aucune information, même provenant du régime ukrainien, ne vient corroborer.

L’invasion russe est menée, pour l’instant en tous cas, de manière ultra précise et fine, ciblant par des frappes chirurgicales des bâtiments précis, détruisant ou prenant de manière coordonnée des bases militaires, des aéroports, ainsi que différents points stratégiques, encerclant petit à petit les grandes villes.

Il n’y avait qu’à écouter France info, la chaîne d’information officielle du régime français, pour entendre dans la journée du 2 mars 2022 une journaliste ukrainienne francophone raconter sa journée, expliquant qu’elle a pu se déplacer librement dans la ville et faire ses courses, trouvant la plupart des produits recherchés, sauf la litière pour ses chats.

Mais ce genre de réalité n’intéresse pas Emmanuel Macron, qui a besoin au contraire de galvaniser un sentiment anti-russe et d’en rajouter. Ce qui compte, c’est d’orienter la population française vers la démarche atlantiste, celle de l’OTAN, des États-Unis et du bloc qu’ils forment, sur lequel la France est censée s’aligner.

La défense du régime ukrainien est indispensable pour cette démarche, car ce régime a été mis en place en 2014 de manière directement favorable au bloc américain pour remplacer un régime favorable à la puissance russe concurrente.

Le régime ukrainien et surtout sont président ont donc été couverts de louanges.

« Et en votre nom, j’adresse au Président Volodymir Zelensky le soutien fraternel de la France. Il est aujourd’hui, à la tête de son peuple si courageux, le visage de l’honneur, de la liberté, de la bravoure. »

En vérité, Volodymir Zelensky est surtout le visage d’un régime ultra-nationaliste, violemment anti-russe et résolument anti-Gauche (tout ce qui a un rapport de près ou de très loin avec l’URSS est interdit), laissant les fascistes faire ce qu’ils veulent, notamment organiser des milices armées, alors qu’ils sont d’ailleurs un élément officiel de l’armée (par l’intermédiaire du bataillon Azov, formant le noyau dur de l’armée d’ailleurs à Marioupol, la dernière clef du Donbass).

Concrètement, Volodymir Zelensky n’est pas un libéral-démocrate comme Emmanuel Macron, mais un populiste d’extrême-droite richissime, débarqué en politique avec un parti… reprenant le nom de la série télévisée dont il était le principal acteur. Mais cela plaît au Président français, du moment que c’est aligné sur les intérêts du bloc américain, quitte à nier l’idéologie nationaliste du régime ukrainien et la carte libre donné aux fascistes. La réalité n’intéresse pas Emmanuel Macron, pour qui seuls comptent les intérêts capitalistes.

« Cette guerre est encore moins, comme une propagande insoutenable voudrait le faire penser, une lutte contre le « nazisme ». C’est un mensonge. Une insulte à l’Histoire de la Russie et de l’Ukraine, à la mémoire de nos aînés qui ont combattu côte à côte contre le nazisme. Les dirigeants russes s’en prennent à la mémoire de la Shoah en Ukraine. Comme ils s’en prennent en Russie à la mémoire des crises du stalinisme.

Cette guerre est le fruit d’un esprit de revanche, nourri d’une lecture révisionniste de l’Histoire de l’Europe, qui voudrait la renvoyer aux heures les plus sombres des Empires, des invasions, des exterminations. »

De tels propos sont extrêmement partisans et on notera d’ailleurs que le régime ukrainien a affirmé de manière mensongère que le mémorial de Babi Yar, un haut lieu de la destruction des Juifs d’Europe, avait été détruit par les Russes. Cela avait été notamment un prétexte pour Volodymir Zelensky pour affirmer que la Russie détruisait la mémoire de l’Ukraine (ce qui est vrai en partie par ailleurs, mais Volodymir Zelensky a en tête une Ukraine mythique). On remarquera également que la mort des treize défenseurs ukrainiens de « l’île des Serpents » après avoir envoyé « se faire foutre » le navire de guerre russe était également de l’intox : les soldats ukrainiens se sont en fait rendus.

Tout cela ne doit pas étonner, de part et d’autre, car c’est la guerre et donc les opérations psychologiques sont systématiques, parallèlement à la mobilisation générale. Si Emmanuel Macron tient à préciser que « nous ne sommes pas pour autant en guerre contre la Russie », il prend dans les faits ouvertement et unilatéralement partie pour un camp contre l’autre, tout en agissant au moyen de sanctions économiques et politique comme un cobelligérant.

La neutralité n’existe jamais en politique, et encore moins en ce qui concerne les relations internationales. Emmanuel Macron n’est que le représentant d’un camp contre un autre, dans une escalade menant inévitablement à de grandes tensions guerrières.

Les quinze minutes d’allocutions du président Emmanuel Macron ont surtout comme rôle de préparer les esprits à la guerre et à l’escalade guerrière qui s’annonce. Il s’agit de galvaniser, d’entraîner le peuple derrière les intérêts et la vision du monde de la bourgeoisie française, d’annihiler toute contestation du régime.

Voici la transcription de la fin du discours d’Emmanuel Macron, qui apparaîtra dans quelques années comme un moment marquant, un jalon important dans la préparation à la guerre. La France prétend ne pas être en guerre contre la Russie, mais en pratique elle est farouchement hostile à la Russie, et elle fait tout pour aller vers cette guerre, elle est déjà dans cette guerre.

« Les équilibres de notre continent comme plusieurs aspects de notre quotidien sont d’ores et déjà bouleversés par cette guerre et connaîtront des changements profonds dans les mois qui viennent. 

Notre Europe en sera bousculée. J’aurai l’occasion d’y revenir (…).

Notre agriculture, notre industrie, nombre de secteurs économiques souffrent et vont souffrir, soit parce qu’ils dépendent des importations de matières premières venues de Russie ou d’Ukraine, soit parce qu’ils exportent vers ce pays. Notre croissance, aujourd’hui au plus haut, sera immanquablement affectée. 

Le renchérissement du prix du pétrole, du gaz et des matières premières a et aura des conséquences sur notre pouvoir d’achat : demain le prix du plein d’essence, le montant de la facture de chauffage, le coût de certains produits risquent de s’alourdir encore. 

Alors face à ces conséquences économiques et sociales, je n’ai et n’aurai qu’une boussole : vous protéger. 

Nous épaulerons les secteurs économiques les plus exposés en recherchant de nouveaux fournisseurs, de nouveaux débouchés commerciaux.  Et c’est à cette fin que je me suis entretenu avec des homologues américains, européens, moyen-orientaux.

Nous apporterons des réponses adaptées face aux perturbations des flux commerciaux et à l’augmentation des prix. Et j’ai demandé au Premier ministre d’élaborer, pour les prochains jours, un plan de résilience économique et social pour répondre à toutes ces difficultés. 

Mais ne nous trompons pas. Ces événements n’auront pas seulement des conséquences immédiates, à la trame de quelques semaines. Ils sont le signal d’un changement d’époque.
La guerre en Europe n’appartient plus à nos livres d’histoire ou de livres d’école, elle est là, sous nos yeux. La démocratie n’est plus considérée comme un régime incontestable, elle est remise en cause, sous nos yeux. 

Notre liberté, celle de nos enfants n’est plus un acquis. Elle est plus que jamais un système de courage, un combat de chaque instant.

A ce retour brutal du tragique dans l’Histoire, nous nous devons de répondre par des décisions historiques.

Notre pays amplifiera donc l’investissement dans sa défense décidé dès 2017 et poursuivra sa stratégie d’indépendance et d’investissement dans son économie, sa recherche, son innovation, déjà renforcée à la lumière de la pandémie.

Notre Europe, dans cette épreuve, démontre, comme elle l’a fait ces derniers mois, une unité remarquable. Elle doit désormais accepter de payer le prix de la paix, de la liberté, de la démocratie. Elle doit investir davantage pour moins dépendre des autres continents et pouvoir décider pour elle-même. En d’autres termes : devenir une puissance, plus indépendante, plus souveraine.

Puissance économique d’abord. Nous ne pouvons plus dépendre des autres pour nous nourrir, nous soigner, nous informer, nous financer. Voilà pourquoi, dans le prolongement des décisions prises au plus fort de la pandémie avec le plan de relance européen, nous devrons promouvoir un nouveau modèle économique fondé sur l’indépendance et le progrès. 

Puissance énergétique, ensuite. Nous ne pouvons plus dépendre des autres et notamment du gaz russe pour nous déplacer, nous chauffer, faire fonctionner nos usines. Voilà pourquoi, après avoir décidé pour la France, le développement des énergies renouvelables et la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, je défendrai une stratégie d’indépendance énergétique européenne.  

Puissance de paix, enfin. Nous ne pouvons pas dépendre des autres pour nous défendre que ce soit sur terre, sur mer, sous la mer, dans les airs, dans l’espace ou le cyberespace. A cet égard, notre défense européenne doit franchir une nouvelle étape. 

Je réunirai les 10 et 11 mars prochains à Versailles les chefs d’Etat et de gouvernement, européens, lors d’un sommet qui aura à décider sur ces sujets. 
D’ores et déjà, notre Europe a montré unité et détermination. Elle est entrée dans une nouvelle ère. Il nous faut poursuivre.

Mes chers compatriotes,

La guerre en Ukraine marque une rupture pour notre continent et nos générations.

Je sais combien elle vous inquiète, légitimement. Elle nous mobilise et nous imposera de prendre des décisions. Je vous en rendrai compte.

Cette guerre vient aussi percuter notre vie démocratique et la campagne électorale qui s’ouvre officiellement à la fin de cette semaine. 

Cette campagne permettra un débat démocratique important pour la Nation mais qui ne nous empêchera pas de nous réunir sur l’essentiel. 

Je sais pouvoir compter sur vous, votre attachement à la liberté, à l’égalité, à la fraternité, à la place de la France dans le monde. 
   
Je ne cesserai jamais de les défendre et de les porter haut, en votre nom.

Vive la République.

Vive la France. »

La France entre de plein-pied dans la tendance à la guerre à l’échelle mondiale, elle est une partie du problème, certainement pas de la solution.

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Guerre

Emmanuel Macron à Kiev alors que la guerre est un thème officiel

Personne ne peut nier la gravité de la situation.

Emmanuel Macron était à Kiev le 8 février 2022, après avoir été la veille à Moscou. Il a affirmé qu’il avait trouvé une voie pour que cesse l’escalade. Le souci est que cette voie n’est pas présentée nulle part, et pour cause. La seule possibilité est que l’Ukraine ne rejoigne pas l’OTAN et réintègre les « républiques séparatistes » en leur accordant une autonomie, ce dernier point étant prévu par les accords de Minsk de 2014 entre l’Ukraine, la Russie, l’Allemagne et la France.

Seulement, le régime ukrainien a désormais inscrit dans sa constitution qu’il allait dans le sens de rejoindre l’OTAN et l’Union Européenne ; il considère les révoltés des régions séparatistes comme des « soldats de l’armée russe », alors qu’ils sont régulièrement qualifiés de « talibans ». De plus, la loi ukrainienne supprime la langue russe de manière systématique, comme toute référence positive de quelque manière que ce soit au passé soviétique.

Partant de là, il n’existe aucune possibilité de la réalisation d’un compromis du côté ukrainien, dans un pays où règne le fanatisme dans les couches dirigeantes et les milieux nationalistes extrêmement actifs et violents. La Russie n’en veut de toutes façons pas non plus.

Alors il ne reste que la guerre et si on lit la presse depuis quelques jours, on peut voir que celle-ci est devenue un thème tout à fait installé. Il est clair que l’invasion russe de l’Ukraine est une possibilité, une menace. C’est dit aussi simplement que cela – sans qu’il y ait pour autant de réaction de la population française ou des mouvements de Gauche. C’est dramatique.

Et ce d’autant plus que cela veut dire que la compétition pour le repartage du monde est installée, officialisée. Que désormais il ne reste qu’à savoir sous quelle forme elle va s’exprimer, par quel jeu d’alliances. Ainsi, on a déjà la catastrophe, parce qu’il y a en ce moment un intense changement de mentalités des équipes dirigeantes de tous les pays d’Europe. Il y a l’intégration du fait qu’on est dans un contexte brûlant où ce qui compte c’est de se placer au mieux.

Autrement dit, on vit un moment historique, qui passe cependant inaperçu, parce qu’il n’y a aucun recul de la part de personne, en raison du poids immense du capitalisme sur les mentalités. La tendance à la guerre s’est installée dans les esprits des dirigeants européens : voilà ce qu’on dira dans quelques années lorsqu’on regardera a posteriori les événéments.

Espérons qu’on dira aussi que les partisans de la Gauche historique ont su être à la hauteur pour promouvoir la ligne de « guerre à la guerre », d’affirmation internationaliste prolétarienne du refus de l’affrontement militaire entre les peuples. C’est là un véritable défi historique, qui ne concerne pas que la séquence sur l’Ukraine, mais bien toute la période qu’on connaît.

La tendance à la guerre est l’aspect principal, c’est de là qu’il faut s’orienter, le reste étant secondaire, car le moteur général des transformations sociales, historiques, culturelles, économiques, politiques… c’est la bataille pour le repartage du monde.

Qui ne le voit pas n’est pas capable de tirer le fil pour arriver à transformer la réalité dans le bon sens, celui du Socialisme.

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Guerre

Ukraine : ballet diplomatique franco-allemand à Kiev, Moscou et Washington

La France et l’Allemagne espèrent parvenir à se placer.

La photographie officielle de la rencontre le 7 février 2022 entre le président russe Vladimir Poutine et le président français Emmanuel Macron à Moscou ne laissera pas d’étonner en raison de la longueur de la table. Il ne faut pas y voir malice : lorsque le premier ministre hongrois Viktor Orbán est venu à Moscou le 1er février 2022, il a trinqué avec Vladimir Poutine à plusieurs mètres de distance. C’est pour souligner la nécessité de la distanciation physique, dans un pays où le régime a du mal à faire vacciner.

D’ailleurs, la Russie est toujours très polie avec la France. Les médias et le ministère des affaires étrangères n’attaquent jamais la France, alors qu’ils ne se gênent pas pour se moquer des Etats-Unis, du Royaume-Uni, etc., et ce de manière parfois grotesque. Lorsque des navires russes se font « accompagner » par la marine française parce qu’ils passent proche de la France, le ton entre les interlocuteurs est toujours fort courtois également.

La Russie souligne absolument toujours que la France est dans l’OTAN, mais qu’elle n’est jamais agressive avec la Russie et qu’elle a des tendances à l’indépendance… Rappelons ici que trois candidats majeurs à la présidentielle de 2022 sont d’ailleurs ouvertement tournés vers la Russie et non l’OTAN : Marine Le Pen, Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon.

Rappelons aussi que si le Français moyen prend les Russes pour des alcooliques ou des call-girls, les gens éduqués ont un respect extrêmement profond pour la Russie, connue pour être un pays d’une grande histoire, d’une grande culture, d’un grand intellect. On ne peut pas s’intéresser à la littérature, la musique, la physique, les mathématiques, le cinéma, le théâtre, la danse, la peinture… sans savoir qu’il y a un énorme apport russe, sans compter que dans bien d’autres domaines la Russie préserve ses connaissances (notamment en chimie et en biologie).

Lorsque Dmytro Kuleba, le ministre ukrainien des affaires étrangères, écrit une tribune dans le Figaro le 17 janvier 2022 (« Pour résister à Poutine, l’Ukraine a besoin de la France« ), il est ainsi obligé de prendre malgré sa haine de la Russie des précautions oratoires extrêmes :

« Je suis bien conscient qu’une partie de l’élite intellectuelle française a encore des attachements particuliers à la Russie.

Certains sont charmés par la culture russe, de Tolstoï au ballet du Bolchoï. D’autres sont américano-sceptiques et considèrent la relation avec la Russie comme une alternative. D’autres encore proposent un pari géopolitique: s’engager davantage avec la Russie pour l’empêcher de se rapprocher de la Chine.

Je ne veux décevoir personne. Mais la Russie d’aujourd’hui n’est pas un contrepoids entre les Etats-Unis et la Chine. Et elle a aussi bien peu à voir avec le ballet et la littérature russes. A la frontière ukrainienne aujourd’hui, on ne voit ni ballerines ni poètes ! »

Par contre, pour en revenir plus directement à la rencontre, Emmanuel Macron n’a pas échappé au style de Vladimir Poutine qui est de préférer ce qui n’est pas matinal. La discussion a eu lieu pendant cinq heures et la conférence de presse commune a commencé autour de 23 heures en France, soit 1 heure du matin à Moscou. Mais enfin, tout a été cordial, constructif comme on dit en diplomatie, ce que Vladimir Poutine a joliment tourné de la manière suivante en disant d’Emmanuel Macron :

« Je crois que certaines de ses idées, certaines propositions dont il est trop tôt encore de parler, peuvent servir de base pour nos démarches communes ultérieures. »

On en saura pas plus, alors que par contre Emmanuel Macron est parti directement pour Kiev pour discuter de ces dites propositions avec le président ukrainien Volodymir Zelensky. Pour quel résultat, là est la question, mais on comprend tout lorsqu’on sait que le 7 février il y a eu également le chancelier allemand Olaf Scholf à Washington pour rencontrer le président Joe Biden, rencontre qui avait été repoussée jusque-là du côté allemand. Et le même jour encore, la ministre allemande des affaires étrangères Annalena Baerbock était à Kiev. Elle n’a pas pu rencontrer le président ukrainien, qui avait un agenda trop chargé officiellement ; en réalité, l’Allemagne a mauvaise presse en Ukraine de par son rôle de « médiateur ».

Car l’Allemagne n’a pas seulement besoin du gaz russe et donc du gazoduc Nord Stream 2. L’Allemagne, qui est la 4e puissance économique mondiale (derrière les Etats-Unis, la Chine et le Japon),  a besoin de la Russie comme alliée pour faire contrepoids à la superpuissance américaine et son appendice qu’est le Royaume-Uni, ainsi qu’à la Chine.

Il y a la même tentation de beaucoup en France, bien que ces derniers mois Emmanuel Macron et le gouvernement français aient été entièrement pro-américain, avant ces derniers jours et une sorte de recentrage. C’est là très important, car cela va être un aspect important voire principal pour l’élection présidentielle à venir. La tendance à la guerre l’emporte partout.

En effet, depuis 2014, l’Union Européenne a fourni 17 milliards d’euros à l’Ukraine, dont 90% en prêt. Depuis six mois, la superpuissance américaine et quelques autres ont fourni… mille tonnes de matériel militaire, pour un total de 1,5 milliards de dollars. L’Ukraine est devenue une sorte de colonie occidentale.

Autrement dit, la superpuissance américaine a donné naissance à un mouvement d’entraînement à une conquête de l’Est passant aussi par le prisme de l’Union Européenne et de l’OTAN, deux entités désormais s’assimilant l’une à l’autre, l’Ukraine étant une nouvelle tête de pont pour l’objectif final : faire tomber la Russie.

Cette dernière, n’ayant pas la capacité d’avoir une proposition générale par manque de puissance, pratique donc comme la Chine une stratégie visant à bousculer très grandement les choses. Comme dit fort justement (dans le numéro 18 de Crise), les Etats-Unis visent l’asphyxie, les challengers chinois et russe visent au délitement pour s’affirmer.

La France et l’Allemagne aimeraient bien pouvoir se placer dans tout cela, mais comment faire au mieux du point de vue de l’expansion capitaliste? Conquérir le butin russe est tentant mais subordonne à la superpuissance américaine, au Royaume-Uni (qui vise clairement le port d’Odessa sur la Mer Noire d’ailleurs), inversement choisir la Russie impliquerait une rupture avec la superpuissance américaine lourde de conséquences…

En même temps, une guerre en Ukraine aurait des conséquences dévastatrices sur le plan de l’instabilité régionale, ainsi qu’un impact ravageur sur l’économie.

Tel est le capitalisme en crise : ce qui a l’air solide peut s’avérer plus que fragile par un retournement rapide de situation, tout devient précaire dans ses fondements, c’est la course permanente…

Et ce n’est que le début d’un processus catastrophique. Qui se déroule, soulignons le encore une fois, dans l’indifférence la plus générale en France, y compris des gens ayant un certain niveau de conscience sociale. Le poison de la vie quotidienne capitaliste a anéanti pratiquement tous les esprits, pour ne pas dire tous. Le réveil de ce sommeil hypnotique par le bruit de la guerre va s’avérer particulièrement brutal.

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Société

Les Français apprennent dans les médias le changement de couleur du drapeau national

C’est littéralement surréaliste.

C’est à peine croyable et en fait cela en dit long sur la société française. Le drapeau national a changé de couleur, a-t-on appris par les médias, et encore ce changement a trois ans déjà! Il inverse le choix de 1976, un choix dont d’ailleurs personne n’était au courant de toutes façons.

Voici les trois drapeaux: avant 1976, à partir de 1976, puis à partir de 2018.

Le changement de 1976 avait été réalisé par la président de la République Valéry Giscard d’Estaing. Chef de file de la bourgeoisie moderniste, avec notamment Simone Weil, il voulait montrer que la France s’intégrait dans le projet européen. Le bleu du drapeau devint moins « agressif » en prenant le ton du drapeau européen (dont le bleu et les douze étoiles sont très clairement des allusions chrétiennes, dans le sens de la démocratie-chrétienne).

On notera au passage que Valéry Giscard d’Estaing avait… ralenti la Marseillaise, François Mitterrand rétablissant le rythme par la suite. Et là, donc, on apprend qu’a eu lieu un autre « fait du Prince », avec un nouveau changement consistant en un retour au drapeau d’avant 1976, c’est-à-dire un remplacement du bleu cobalt (de l’Union européenne) parle bleu marine (présent à l’origine).

Le Figaro résume cela ainsi:

« L’Élysée a modifié le bleu du drapeau tricolore accroché à son fronton pour revenir au bleu marine d’avant-1976, a confirmé lundi la présidence française, évoquant «l’imaginaire des Volontaires de l’An II, des Poilus de 1914 et des Compagnons de la Libération de la France libre».

Ce changement pour un bleu plus foncé, opéré en toute discrétion, s’est appliqué d’abord aux drapeaux posés derrière les allocutions d’Emmanuel Macron à partir de fin 2018, puis pour ceux accrochés au fronton de l’Élysée et des autres bâtiments de la présidence depuis 2020. »

Mais on apprend en même temps que la démarche est incitative : il ne s’agit pas de forcer au changement du bleu. Ce qui implique que deux nuances de bleu vont coexister… Le libéralisme, jusqu’aux couleurs du pays! Il faut dire que la constitution française – un pays pourtant pointilleux sur les détails de par sa culture historique – ne précise pas de quel bleu il s’agit, parlant seulement de bleu, blanc et rouge.

Qui plus est, il y a déjà des usages : lorsque c’est un drapeau qui flotte par exemple sur une mairie le bleu est sombre, dans des documents il est clair, etc. Bref, c’est à n’y rien comprendre et tant mieux, car cela montre que si les Français savent être des idiots chauvins totalement aveuglés, ils se désintéressent de tout fanatisme outrancier. Personne n’en a rien à faire du changement de couleur!

C’est quelque chose de vraiment marquant. Le président change les couleurs du pays, et les gens disent : ah bon, pourquoi pas, il n’a rien d’autre de mieux à faire, bof, oui, ok, etc. C’est très surprenant, dans un autre pays cela serait une question nationale, même là où on ne s’y attend pas. Il suffit de penser, par contraste, au fanatisme « soft » qu’on trouve en Suède, par exemple, pays où les gens se veulent ouvert au monde mais où le drapeau est présent partout (jusqu’aux couleurs de sacs Ikea) et où critiquer le pays est un crime de lèse-majesté.

C’est là qu’on voit qu’un type malsain comme Eric Zemmour peut déverser sa propagande et même réussir son entreprise nationaliste, mais qu’au fond cela ne tiendra pas, parce que les gens en France ont une autre envergure que du néo-pétainisme. Malheureusement, les gens étant fainéants, la catastrophe peut arriver avant que le nationalisme n’échoue…

Et en même temps, tout ce chaos au sujet du drapeau montre que l’État a totalement perdu les pédales, qu’on a affaire à une administration prenant des mesures on ne sait trop comment, on ne sait trop pourquoi, au point que le drapeau national a changé et que les gens ne le savent même pas. C’est littéralement n’importe quoi et en fait c’est à l’image d’un pays où on laisse faire les choses et une fois qu’elles sont installées, on les valide, en disant qu’on ne peut pas faire autrement et qu’après tout, pourquoi pas.

Là il y a un vrai travers français.

Cela montre aussi que la France est un pays à bout de souffle, sans esprit d’unité. Ce qui est logique, car la lutte des classes a démoli une unité nationale temporaire historiquement, aidé par l’inévitable mondialisation (malheureusement encore capitaliste). Il faut une nouvelle unité, populaire, dont le drapeau ne pourra qu’être rouge. Pour cela il faut un romantisme propre à la Gauche historique. C’est d’elle dont on a besoin, et pas de la gauche caviar ni de la gauche kebab.

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Politique

Emmanuel Macron propose la ligne conservatrice-moderniste du capitalisme triomphant

C’est une ligne électorale pour la présidentielle 2022.

L’allocution télévisée d’Emmanuel Macron le 9 novembre 2021 a surpris par le manque d’annonce réelle effectuée. En lieu et place de décisions, on a eu droit à un programme électoral pour 2022. C’est qu’Emmanuel Macron sait bien qu’il ne peut pas conjuguer la systématisation du pass sanitaire sur le long terme et le populisme électoral.

Le pass sanitaire va se prolonger, la 3e dose sera inévitable, puis sans doute la 4e, la 5e, etc. Il a juste été dit que le rappel va être obligatoire, comme troisième dose, pour les plus de 65 ans, et les plus de 50 ans ont été appelés à faire de même, mais c’est juste pour lancer un effet d’entraînement. Le pass sanitaire va s’instaurer à l’échelle du pays, les tests PCR et antigéniques ne seront plus à terme reconnus nulle part.

Ce n’est guère encourageant comme perspective et Emmanuel Macron a donc préféré éviter le sujet. Il a donc surtout affirmé que le capitalisme était florissant, que les entreprises cherchaient des employés dans de multiples domaines, que les entreprises avaient profité du soutien de l’Etat, que la France profite de l’économie la plus vive en Europe, que le niveau de vie s’est élevé, etc.

En un sens, il a raison, car le capitalisme avance. Mais il ne fait pas qu’avancer, cependant cela Emmanuel Macron ne le voit pas ou plus. Il représente une bourgeoisie conservatrice croyant en un capitalisme de modernisant par l’intermédiaire de l’Union Européenne. Mais qu’un libéral moderniste se retrouve à devenir conservateur révèle déjà le problème.

L’absence de perspective du capitalisme est évident, le capitalisme survit, les seules choses proposées consistent en ce qui existe déjà. On ne touche à rien : telle est la ligne d’Emmanuel Macron. C’est cela qu’il va proposer pour la présidentielle de 2022.

D’où des mesures libérales modernistes comme si la crise n’avait pas eu lieu : si la réforme des retraites est repoussée, il y aura bien réforme de l’assurance-chômage, élévation de l’âge de la retraite et construction de centrales nucléaires.

Cela a un côté rassurant pour la bourgeoisie et même pour la petite-bourgeoisie. Car, pour l’instant, la crise est contournée grosso modo sur le plan économique – renforçant d’autant plus la tendance à la guerre. Et Emmanuel Macron a mentionné les grandes puissances américaine, chinoise et russe, disant que l’Union Européenne était le meilleur moyen de faire face aux tensions internationales.

L’idée est de continuer à faire tourner le capitalisme français et d’échapper aux tempêtes sous le parapluie européen. C’est exactement la ligne allemande et à l’arrière-plan il y a clairement le tandem franco-allemand. Il y a ici l’espoir d’éviter le conflit sino-américain et, au moyen d’un fort tandem franco-allemand, de profiter du résultat du conflit pour s’imposer. C’est du cynisme « géopolitique ».

Et c’est vain. Penser comme Emmanuel Macron – et comme tous les Français – que la France va échapper à une crise mondiale, à un affrontement mondial, c’est un chauvinisme aberrant. S’imaginer que le capitalisme est en panne sèche et endetté dans le monde entier mais que le génie français va permettre une exception, c’est du chauvinisme délirant.

Mais, encore une fois, tous les Français sont ici d’accord avec Emmanuel Macron… Sauf la haute bourgeoisie qui exige une capacité bien plus élevée de conflictualité. Et qui, à la première crise économique venue, va jeter de l’huile sur le feu comme jamais. C’est tout le régime qui va être en jeu.

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Restructurations économiques

«France 2030» : le projet de restructuration capitaliste d’Emmanuel Macron

C’est un projet présidentiel.

Le président Emmanuel Macron a présenté mardi 12 octobre un grand plan d’investissement intitulé « France 2030 ». C’est sa version de la restructuration capitaliste, et cela constituera la base de son programme électoral pour 2022.

La restructuration capitaliste est une actualité incontournable, tous les candidats à présidentielle 2022 vont devoir s’y coller : la question sera de savoir quelle sera leur proposition, leur vision.

En l’occurrence, Emmanuel Macron compte entraîner tous le pays dans une sorte de grande machinerie techno-innovante, qui serait censée sauver le capitalisme français de la concurrence mondiale. Il est ici très clairement fait appel aux fameux état d’esprit ingénieux à la française (en tous cas tel que les français se l’imaginent), pour concurrencer les grandes puissances (même l’Allemagne) en se voulant plus « malins » que les autres.

So French !

C’est la grosse artillerie qui est sortie :

Investir 1 milliard d’euros dans le nucléaire

Devenir le leader de l’hydrogène vert en 2030

Accélérer la décarbonation de l’industrie

Produire 2 millions de véhicules électriques et hybrides

Produire à l’horizon 2030 le premier avion bas carbone

Accélérer la robotisation et la numérisation de l’agriculture

Avoir 20 bio-médicaments contre le cancer et créer les dispositifs médicaux de demain

Remettre la France « en tête de la protection des contenus culturels et créatifs »

Réinvestir la conquête spatiale

Explorer les fonds marins

«Près de 6 milliards d’euros» d’investissements dans les composants électroniques »

Ce qui saute au yeux bien sûr est que la moindre goutte de prétention écologique est jetée à la poubelle ; c’est soit la planète, soit la restructuration du capitalisme et c’est bien entendu le capitalisme qui est choisi.

La France, avec Emmanuel Macron, doit donc s’attendre à toujours plus de déchets nucléaires. Il est aussi envisager d’aller encore plus loin pour racler de sol des grands fonds marins afin de trouver des « métaux rares » et n’importe quelles autres choses à piller pour servir le capitalisme français.

Et cela est assumé de manière très claire :

« Qui peut accepter que nous laissions dans l’inconnue la plus complète une part si importante du globe »

C’est l’expansion capitaliste à tout prix !

C’est la même chose pour l’espace, la France d’Emmanuel Macron compte bien participer de plus bel à la pollution de l’espace (véritable fléau très documenté) avec tout un développement de mini-lanceurs réutilisables ou de micro-satellites, pour «prendre part à l’aventure spatiale».

On notera d’ailleurs un cynisme particulièrement machiavélique à propos de la question écologique. La France appuie régulièrement sur la question des émission de gaz à effet de serre : elle entend se servir de cette aspect pour avoir un avantage concurrentiel par rapport aux puissances concurrente. Notamment en raison du nucléaire, et c’est ici directement le concurrent allemand qui est visé.

C’est là, au fond, toute l’essence du plan « France 2030 » : face à l’industrie « lourde » et aux gros moyens classique du capitalisme allemand, Emmanuel Macron entends jouer la carte de l’ultra-technique.

Au passage, on comprend très bien que le corollaire est que les ouvriers sont censés se plier aux exigences des « ingénieurs », pour relancer l’économie, en fait la restructuration du capitalisme. Les autres qui ne rentrent pas dans les plans… seront passés par pertes et profits.

Et tout cela va coûter beaucoup d’argent, énormément d’argent : 30 milliards d’euros sont déjà annoncés. Dans un capitalisme déjà à crédit, c’est un gros risque. Une partie des classes dominantes préférera ne pas le prendre et aller directement au conflit, avec la guerre plutôt que la restructuration.

Même si historiquement, on aura les deux si la table n’est pas renversée.

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Société

Emmanuel Macron a pris la parole sur l’Afghanistan car l’opinion publique est épouvantée

La situation épouvantable en Afghanistan a touché les gens au cœur.

Le 16 août 2021 le président français Emmanuel Macron a fait une allocution télévisée: il s’est est senti obligé. Pourquoi cela, alors que plus de 7 000 kilomètres séparent la France de l’Afghanistan?

C’est que les gens en France sont horrifiés, d’une part. Ici, on est dans la tradition des Lumières et s’il est une chose que les Français détestent, c’est le fondamentalisme religieux. Le triomphe des talibans leur paraît à la fois épouvantable et anachronique.

De plus, et cela va avec, les gens sont étonnés ou surpris ou du moins se questionnent sur la nature de l’échec en Afghanistan. Comment des obscurantistes religieux peuvent-ils revenir alors qu’ils ont été battus?

Et là, c’est toute l’idéologie interventionniste des pays capitalistes qui en prend un sale coup. Depuis 2001 en effet, voire depuis le début des années 1990 avec l’Irak de Saddam Hussein ou la Yougoslavie avec Slobodan Milošević, les interventions militaires américaine, française, celles de l’OTAN etc. se font au nom du droit international, de l’établissement de la démocratie.

Or, l’exemple afghan montre que cela ne marche pas. Personne n’était vraiment dupe de cela de toutes façons, tout le monde savait bien qu’à l’arrière-plan il y avait une question d’intérêts économiques. Cependant, les gens acceptaient les interventions, au Mali ou en Somalie, au Kosovo ou en Syrie, au nom d’une ingérence jouant en faveur, d’une manière ou d’une autre, des droits de l’Homme.

Impossible d’y croire encore désormais. C’est une vraie catastrophe qui se présente à tous les niveaux pour l’idéologie interventionniste et cela montre encore qu’on a totalement changé de situation par rapport à il y a quelques années.

D’où la nécessité pour Emmanuel Macron d’intervenir pour essayer de sauver les meubles, au moins en apparence. C’est vraiment historique que cette intervention pour un changement de régime dans un pays lointain.

Et sa mission était impossible. Il fallait justifier l’intervention en Afghanistan et le retrait, soutenir la « civilisation » de manière universelle et en même temps accepter ce recul particulier pour l’Afghanistan. Il fallait dénoncer l’obscurantisme, tout en l’acceptant dans les faits. Il fallait rappeler le soutien à la condition féminine tout en acceptant la souffrance en Afghanistan.

On ne saurait sous-estimer la perte de légitimité historique du capitalisme, de la France et d’Emmanuel Macron. C’est tout la tendance à la raison et à la démocratie qui est ici en contradiction avec eux et cela, pour les gens, c’est quelque chose qui ne peut pas passer, parce que l’Histoire va dans un sens.

C’est comme pour « Je suis Charlie »: même si Charlie Hebdo pouvait être critiqué et même si on ne les aimait pas, l’attentat sanglant contre Charlie Hebdo a tout de suite polarisé dans un sens démocratique. Il y a des choses avec lesquelles en France on ne transige pas.

Et le discours présidentiel est en décalage avec cette exigence. C’est le reflet de toute une défaite historique.

ALLOCUTION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE RELATIVE À LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Mes chers compatriotes, de l’hexagone, des Outre-mer et de l’étranger, 

Je m’adresse à vous ce soir, alors que nous continuons à nous battre contre le virus avec détermination, et que tout est fait pour que la relance économique et sociale soit la plus forte possible dans notre pays, parce qu’à quelques milliers de kilomètres d’ici un tournant historique est à l’œuvre, en Afghanistan, loin de nos frontières, mais avec des conséquences majeures pour l’ensemble de la communauté internationale, pour l’Europe, et pour la France. 

Après une guerre de vingt années, après la décision de retrait des troupes américaines prise successivement par le président Trump et le président Biden, Kaboul, la capitale de l’Afghanistan, est tombée en quelques heures, sans résistance, aux mains des Talibans. L’intervention américaine et internationale a commencé il y a exactement vingt ans, après les attentats du 11 septembre 2001, et le refus du régime taliban de l’époque en Afghanistan, de livrer Ben Laden, l’organisateur de ces attentats. 

Notre pays a été, pendant treize années, engagé militairement en Afghanistan, de 2001 à 2014. 

Le Président Jacques Chirac, dès octobre 2001 a décidé la participation de la France à l’action internationale, par solidarité avec nos amis et alliés américains qui venaient de subir une attaque effroyable sur leur sol. Avec un objectif clair : combattre une menace terroriste qui visait directement notre territoire et celui de nos alliés depuis l’Afghanistan, devenu le sanctuaire du terrorisme islamiste. 

À partir de juin 2011, le Président Nicolas Sarkozy a engagé le retrait des premières troupes françaises. 

Le Président François Hollande, a ensuite décidé du retrait complet de nos troupes combattantes de manière coordonnée avec les autorités afghanes d’alors, ainsi qu’avec avec nos alliés. 

L’intervention militaire française a donc définitivement cédé la place, le 31 décembre 2014, à l’action civile que nous avons continué de mener à bien, auprès du peuple afghan, avec lequel nos liens d’amitié sont anciens et profonds. 

En Afghanistan, notre combat était juste et c’est l’honneur de la France de s’y être engagé. La France n’y a jamais eu qu’un ennemi : le terrorisme. Nos interventions militaires n’ont pas vocation en effet à se substituer à la souveraineté des peuples, ni à imposer la démocratie de l’extérieur mais à défendre la stabilité internationale et notre sécurité. Partout, la mise en place de processus politiques crédibles est notre priorité. C’est ce principe fondamental de notre politique étrangère que nous avons appliqué en Afghanistan et que nous continuerons de mettre en œuvre. 

Bon nombre d’unités de l’armée française sont passées dans ces vallées durant ces 13 années : légionnaires, tirailleurs, marsouins, chasseurs alpins, marins, aviateurs. Et c’est à eux que je tiens d’abord, ce soir, à m’adresser. A ceux qui ont combattu, aux familles de ceux qui sont morts ou ont été grièvement blessés. Nous n’oublierons pas nos soldats. Nous n’oublierons pas nos morts. 90 au total. 

Le 18 août 2008, dans l’embuscade d’Uzbin, il y a 13 ans presque jour pour jour, 10 soldats français et un interprète afghan étaient tués, 21 soldats français blessés. Ce combat que la France a mené était utile et était notre honneur. Il portera un jour ses fruits et je vous demande de vous en souvenir. 

À cet instant, la situation en Afghanistan se dégrade rapidement et brutalement. A l’heure où je vous parle, les Talibans sont maîtres de la quasi-totalité du pays. Ils sont entrés dans Kaboul et contrôlent la ville à l’exception de l’aéroport où les activités sont coordonnées par les Américains. Le Président afghan a quitté le pays. Les vols commerciaux ont cessé. 

Ce tournant, auquel nous étions préparés, nécessite des décisions et des initiatives immédiates, à la mesure de la gravité de la situation pour répondre à la catastrophe humanitaire. 

L’urgence absolue est de mettre en sécurité nos compatriotes, qui doivent tous quitter le pays, ainsi que les Afghans qui ont travaillé pour la France. 

Nos ressortissants ont été progressivement évacués en anticipation ces dernières semaines. Nous sommes en contact avec tous les Français qui veulent rejoindre le sol national, qu’ils se trouvent à l’aéroport militaire, à l’aéroport civil ou sur le site historique de l’ambassade où la situation demeure préoccupante. Je veux ici remercier nos représentants sur place, nos diplomates, policiers, militaires pour leur engagement et leur courage. Remercier aussi nos alliés américains, indispensables pour mener à bien ces évacuations. 

La France est l’un des très rares pays à avoir décidé de maintenir sur place jusqu’au bout les moyens de protéger ceux qui ont travaillé pour elle. Nous avons aussi anticipé les opérations d’évacuation dans les dernières semaines.

Tous les employés afghans des structures françaises qui pouvaient être menacés ainsi que leurs familles, ce qui représente plus de 600 personnes, ont ainsi pu être accueillis et pris en charge dans de bonnes conditions dans notre pays. 

La France protège en ce moment le délégué de l’Union Européenne et a apporté protection aux collaborateurs afghans de la représentation européenne. La France a également apporté protection et soutien à tous les personnels français d’Organisations non gouvernementales souhaitant quitter le pays. 

Des opérations sont conduites depuis plusieurs années, pour accueillir en France les personnels civils afghans qui ont travaillé pour l’armée française, ainsi que leurs familles. C’est notre devoir et notre dignité de protéger ceux qui nous aident : interprètes, chauffeurs, cuisiniers et tant d’autres. Près de 800 personnes sont d’ores et déjà sur le sol français. Plusieurs dizaines de personnes sont encore sur place qui ont aidé l’armée française et pour lesquelles nous restons pleinement mobilisées. 

De nombreux afghans, défenseurs des droits, artistes, journalistes, militants, sont aujourd’hui menacés en raison de leur engagement. Nous les aiderons parce que c’est l’honneur de la France d’être aux côtés de celles et ceux qui partagent nos valeurs, autant que nous pourrons le faire et en tenant compte de la nécessaire adaptation de notre dispositif. Je remercie les associations, 
collectifs et communes qui aideront à leur accueil. Afin de procéder à ces opérations d’évacuation, qui ne se conduiront pas sans une étroite coordination avec les militaires américains sur place, j’ai décidé l’envoi de deux avions militaires et de nos forces spéciales. Ils seront sur place dans les prochaines heures. 

Au-delà de l’urgence, j’entends prendre au nom de la France plusieurs initiatives en lien étroit avec les autres états européens et nos alliés. 

Notre action visera à continuer de lutter activement contre le terrorisme islamiste sous toutes ses formes. 

Des groupes terroristes sont présents en Afghanistan et chercheront à tirer profit de la déstabilisation. Le Conseil de sécurité des Nations unies devra donc apporter une réponse responsable et unie. J’ai échangé sur ce point avec le Premier ministre Johnson et nous prendrons des initiatives communes dans les prochaines heures. Le retour de la stabilité passera par une telle action, politique et diplomatique au sein du Conseil de sécurité. L’Afghanistan ne doit pas redevenir le sanctuaire du terrorisme qu’il a été.

C’est un enjeu pour la paix, la stabilité internationale, contre un ennemi commun : le terrorisme et ceux qui le soutiennent ; à cet égard, nous ferons également tout pour que la Russie, les Etats Unis et l’Europe puissent efficacement coopérer, car nos intérêts sont bien les mêmes. 

Ensuite, la déstabilisation de l’Afghanistan risque également d’entraîner des flux migratoires irréguliers vers l’Europe. La France, comme je l’ai dit, fait et continuera de faire son devoir pour protéger celles et ceux qui sont les plus menacés. Nous prendrons toute notre part dans le cadre d’un effort international organisé et juste.

Mais l’Afghanistan aura aussi besoin dans les temps qui viennent de ses forces vives et l’Europe ne peut pas à elle seule assumer les conséquences de la situation actuelle. Nous devons anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants qui mettraient en danger ceux qui les empruntent, et nourriraient les trafics de toute nature. 

Nous porterons donc, en lien avec la République Fédérale d’Allemagne, et je me suis entretenu il y a quelques instants à ce sujet avec la Chancelière Merkel, et avec d’autres états européens, une initiative pour construire sans attendre une réponse robuste, coordonnée et unie qui passera par la lutte contre les flux irréguliers, la solidarité dans l’effort, l’harmonisation des critères de protection, et la mise en place de coopérations avec les pays de transit et d’accueil comme le Pakistan, la Turquie ou l’Iran. 

Enfin, il nous faut continuer de défendre nos principes, nos valeurs, qui font ce que nous sommes. 

L’histoire de l’Afghanistan n’a pas commencé pas en 2001. Nous sommes intervenus dans un pays ébranlé par quarante ans de guerre, un grand pays tourmenté. Et Nous, Français, sommes à même de le comprendre. Nous, à qui il a fallu des siècles de lutte, de fautes, d’avancées et de reculs pour bâtir une nation conforme aux plus grandes espérances humaines : l’égalité sans considération d’origine, de sexe ou de religion et la liberté de choix et de conscience. 

Et nous savons combien ces combats sont chaque jour à recommencer. 
Les défis auxquels les Afghanes et les Afghans seront confrontés dans les prochaines semaines et les prochains mois sont terribles, immenses. 

Le peuple afghan a le droit de vivre dans la sécurité et le respect de chacun. Les femmes afghanes ont le droit de vivre dans la liberté et la dignité. Et si le destin de l’Afghanistan est entre ses mains, nous resterons, fraternellement, aux côtés des Afghanes et des Afghans. En soutenant la société civile afghane et en faisant notre devoir de protection de celles et ceux que nous pouvons protéger.

En disant très clairement à ceux qui optent pour la guerre, l’obscurantisme et la violence aveugle qu’ils font le choix de l’isolement. En étant toujours du côté de ceux qui combattent pour la liberté, les droits des femmes, qui portent dans le monde le même message que le nôtre. C’est le choix de la raison, c’est le choix de ce que nous sommes profondément. 

Vive la République 
Vive la France

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Politique

Crise sanitaire et « bascule historique »: le projet libéral-démocrate de restructuration

Il y a en ce moment une très puissante vague politique prétendant gérer la crise.

Plus de 380 élus ont signé une tribune saluant les nouvelles mesures d’Emmanuel Macron concernant la crise sanitaire.

Parmi eux, on trouve entre autres le maire de Nice Christian Estrosi (ex-LR), le maire de Créteil Laurent Cathala (PS), le maire de Toulon Hubert Falco (ex-LR), le maire de Clichy-sous-Bois Olivier Klein (PS), le maire de Reims Arnaud Robinet (LR), le maire de Valenciennes Laurent Degallaix (centre), la présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône Martine Vassal (LR), le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc (LR), le maire de Dijon François Rebsamen (PS), le maire d’Angers Christophe Béchu (ex-LR), la maire de Mulhouse Michèle Lutz (LR), le maire d’Évry-Courcouronnes Stéphane Beaudet (LR).

Ces 300 élus saluent, ni plus ni moins, un Emmanuel Macron visionnaire qui porterait avec lui une véritable utopie, un eldorado capitaliste moderne. C’est que pour beaucoup de représentants de l’appareil d’État, notamment à travers les communes, la remise en cause de l’économie va générer une nouvelle situation, amenant une ré-impulsion du capitalisme.

Il y a à l’arrière-plan l’idée d’une gigantesque restructuration. C’est en fait la partie des couches dominantes qui dit qu’il n’est pas besoin d’aller à la guerre de manière prioritaire, que ce qui compte, ce sont les restructurations, qu’il y a autant à gagner en passant par là.

Pourquoi en effet courir à l’aventure nationaliste avec la Russie, alors que les Français sont passifs et qu’on peut les modeler comme le capitalisme l’entend, alors que les États-Unis sont à l’offensive ?

Voici la tribune, avec les passages essentiels soulignés :

« Comme des millions de Français, nous, maires et responsables de collectivités territoriales, avons suivi avec attention la récente adresse à la Nation du Président de la République. Et si nos sensibilités politiques sont différentes, nos parcours divers, nous nous retrouvons tous aujourd’hui pour saluer le courage des décisions prises, la clarté du cap fixé

Sur le plan sanitaire, l’objectif de vacciner tous les Français est ambitieux mais nécessaire. Ce n’est en effet qu’en atteignant un taux de couverture vaccinale supérieur à 90% de la population que nous pourrons tourner durablement la page, retrouver une vie normale dans nos villes et dans nos villages.

Mise en place de centres de vaccination, campagnes de communication : depuis le début de l’année, nous sommes en première ligne de combat. Nous serons au rendez-vous de cette nouvelle phase à la fois pour organiser la vaccination des Français qui, par millions, ont pris rendez-vous ces derniers jours et pour accompagner entrepreneurs, commerçants et responsables d’établissements publics dans la mise en place du passe sanitaire

Sur le plan économique, nous partageons également les orientations annoncées, la priorité donnée au travail, à la production et au mérite. Nous voulons dire, en particulier, notre disponibilité totale pour accompagner le plan d’investissement qui sera présenté à la rentrée.

A la tête de nos collectivités, nous œuvrons chaque jour pour rapprocher grands groupes, PME, start up et monde de l’université et de la recherche et ainsi faire émerger dans notre pays l’avant-garde industrielle. Amplifier ce mouvement est primordial pour permettre à la France de retrouver son indépendance, reprendre le contrôle de notre destin et réinscrire le pays dans une trajectoire de plein emploi.  

C’est aussi par l’investissement, par des innovations issues du terrain, que nous relèverons le défi du siècle : la lutte contre le réchauffement climatique. Transports propres, réseaux électriques intelligents, matériaux biosourcés, bâtiments à énergie positive, industrie décarbonée : nous inventons déjà au quotidien l’écologie de progrès dans nos territoires. Pour l’avenir de notre planète, pour nos enfants, nous sommes prêts à faire plus encore.  

Notre conviction est que nous vivons un moment de bascule comme l’Histoire en offre parfois.

L’alternative est simple : soit nous nous divisons dans des guerres picrocholines. Alors, la France passera à côté des révolutions en cours : numérique, technologique, écologique, démographique. Soit, nous faisons bloc, Etat et collectivités locales, dans un pacte de confiance renouvelé.

Alors, notre Nation se donnera une chance de participer à l’invention du monde qui vient.  

Dans l’intérêt du pays comme dans celui de nos territoires, nous, maires et responsables de collectivités territoriales, avons choisi d’agir ensemble pour l’avenir. D’agir ensemble pour la France. Voilà pourquoi nous soutenons les actions que vient d’annoncer le Président Emmanuel Macron.

Cet appel est hyper-moderne ; il vise à dire que le maillage des collectivités locales permet un encadrement des gens suffisamment puissants pour valider le projet libéral-démocrate, consistant en une restructuration complète.

C’est un projet très ambitieux, mais quiconque connaît le ton dans les collectivités locales sait que c’est pratiquement le triomphalisme qui prédomine. La passivité totale des travailleurs et la capacité économique de l’Etat a grandement rassuré sur l’absence de luttes de classe. Partant de là, les cadres de l’administration se placent de manière volontaire en première ligne pour la grande modernisation du capitalisme.

Ce sont deux projets qui se dessinent pour la prochaine présidentielle : la mobilisation par en bas par le populisme ou le nationalisme au service de l’aventure militariste d’une France en solitaire alliée à la Russie, la restructuration parallèlement à l’offensive américaine contre la Russie et la Chine. »

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Politique

L’importante allocution du 12 juillet 2021 d’Emmanuel Macron

C’est le moment où le régime est fort.

Comme prévu, l’Autriche a servi de laboratoire et la France va instaurer le principe du pass sanitaire systématique. Pour accéder à un lieu public, il faudra être vacciné, guéri de moins de six mois ou disposer d’un test PCR négatif récent, ce dernier devenant payant. Emmanuel Macron a d’ailleurs été très clair : il faudra vivre avec le virus tout le reste de l’année 2021 et les premiers mois de 2022. Le pass sanitaire s’inscrit donc dans la durée et rien que cela est une terrible défaite pour le capitalisme, qui doit réorganiser la société.

Ce qui va se faire dans la douleur, car on voit mal des Français individualistes accepter les contrôles pour le pass sanitaire dans les trains longue distance ou pour simplement prendre un café.

La crise n’est toutefois pas que sanitaire et ce qui fait l’importance de l’allocution du 12 juillet 2021, c’est le ton offensif d’Emmanuel Macron, qui annonce les luttes de classes à venir. Ce qui attend les travailleurs, c’est la restructuration. La réforme des retraites sera reprise dès que possible et surtout, le président l’a martelé, la valeur « travail » doit être mise au centre de tout. La moitié des entreprises françaises a des problèmes à trouver des travailleurs, cela doit cesser et le moyen capitaliste pour cela c’est de baisser les aides sociales ainsi que les allocations pour le chômage.

Emmanuel Macron en a profité pour insister sur le fait que la France serait le premier pays pour le numérique, qu’il y a beaucoup d’investissements internationaux, bref pour présenter le pays comme un bastion du capitalisme, ce qu’il est par ailleurs.

C’est en ce sens qu’il faut comprendre l’obligation de vaccination pour tous les soignants. Les vacances sont finies : désormais c’est l’ordre capitaliste qui doit primer et plus personne ne doit gripper la machine. La France a été une sorte de « joyeux bordel » comme le dit l’expression bien connue, désormais c’est terminé. Il y a une compétition internationale à assumer et les caractères particuliers des Français doivent s’effacer.

Il faut que le capitalisme français reprenne son cours, coûte que coûte et Emmanuel Macron a même été très optimiste, considérant qu’on reprendrait un cours progressif vers le « plein emploi » – une sacrée fiction – grosso modo d’ici une année. Il est payé pour cela : pour nier la crise, la faire payer aux travailleurs, avancer à marche forcée. En ce sens, le Emmanuel Macron de la dernière année du quinquennat va être très différent du précédent. Il va être directif, parce qu’il sait que le capitalisme attend cela de lui.

Les travailleurs vont prendre très cher. Ils vont payer le prix d’avoir accepté sans broncher qu’il y ait une pluie de milliards qui tombent sur les entreprises pour les soutenir. Ils n’ont pas voulu remettre en cause le capitalisme, considérant qu’ils tiraient leur épingle du jeu, par la consommation, un certain niveau de vie… ils vont s’apercevoir brutalement que le capitalisme leur doit tout… et qu’ils vont devoir payer la crise, en attendant la guerre.

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Société

Roland-Garros: quand le sommet de l’État cède à quelques nantis

En autorisant les 5 000 spectateurs de la demi-finale messieurs du tournoi de Roland-Garros vendredi 11 juin 2021 à braver le couvre-feu, le sommet de l’État a fait un acte de lutte des classes. C’est le bon vouloir du prince pour une minorité bourgeoise et sans aucune justification sociale, au mépris du plus grand nombre et de toute responsabilité collective. Bien que symbolique, cela constitue un acte anti-démocratique d’une grande portée politique. 

Le tennis est devenu en France ces dernières années un sport très populaire, embrassant toutes les classes sociales. Il n’empêche que culturellement, cela reste un sport bourgeois et marqué par un style grand bourgeois. Le tournoi annuel de Roland-Garros, l’une des quatre plus prestigieuses épreuves mondiales, est particulièrement lié à ce style typique de l’Ouest parisien, avec la grosse montre de luxe, le Perrier citron et le pull en laine posé sur le polo Lacoste au col relevé. Les rencontres ont lieu dans le très chic XVIe arrondissement de la capitale et les billets sont particulièrement chers et difficiles à se procurer. 

Il y a tout un système garantissant l’entre-soi puisque les billets sont d’abord vendus aux présidents de clubs, avant d’être disponibles pour les licenciés de la Fédération et ensuite au grand public. Cela sans compter bien sûr toutes les possibilités de copinage plus ou moins officielles, avec les places réservées pour les partenaires plus ou moins officiels, les entreprises, etc. 

Tout cela fait que le public de la demi-finale du tournoi 2021 entre Novak Djokovic et Rafael Nadal ne consistait pas en n’importe qui d’un point de vue de classe. Et le gouvernement a donc fait le choix de leur céder, de céder à un caprice de grands bourgeois. 

Cela faisait en effet plusieurs jours que tous ces gens hurlaient au scandale chaque soir, quand il fallait interrompre la partie pour leur demander de partir afin de respecter le couvre-feu, comme n’importe quelle autre personne en France. On avait ainsi des nantis habitués à ce que toute la société soit dédiée à leur service et leur bon vouloir, refusant systématiquement tout effort collectif, qui ne comprenait pas qu’on leur demande de faire comme tout le monde. 

La décision a donc été prise en haut lieu de leur céder, et ces gens ont tout de suite compris (par réflexe de classe) qu’il s’agissait du bon vouloir du prince : “merci Macron, merci Macron’, ont-ils alors scandé dans le stade, de manière aussi honteuse que pathétique. Il a ensuite été fait préciser par la presse que la décision venait du cabinet du premier Ministre et non pas de l’Élysée, probablement pour ne pas trop écorcher l’image d’Emmanuel Macron, ni renforcer son étiquette de président des riches. Mais on a du mal à croire que le président lui-même puisse ne pas être mouillé dans une telle décision.

En attendant, il est complètement hallucinant qu’une telle attention soit portée à si peu de gens, pour leur autoriser quelque chose n’ayant à ce point aucun sens. Cela en dit tellement long sur la décadence au sommet de l’État et le décalage existant entre la bourgeoisie et le reste de la société.

Jamais une telle décision n’aurait été prise pour du football par exemple, car on retrouve dans les stades un public essentiellement issu des classes populaires et dont l’habitude n’est justement pas d’insulter l’intérêt collectif et la discipline sociale. C’est là un marqueur de classe significatif, et il est temps que la société se mette à jour en ayant au pouvoir les bonnes personnes, c’est-à-dire justement les classes populaires !

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Politique

« Montjoie Saint Denis », un nouveau coup d’éclat d’extrême-droite

Le petit attentat contre le président Emmanuel Macron mardi 8 juin 2021 est significatif de l’époque : la société en crise charrie une Droite qui s’assume de plus en plus et des activistes d’extrême-droite assumant de plus en plus le romantisme sur le mode du coup d’éclat.

Il n’y a aucun doute sur l’identité politique de l’agresseur d’Emmanuel Macron à Tain-l’Hermitage dans la Drôme. On a à faire à un royaliste dans la mouvance de l’Action Française, issu de toute la tradition développée par Charles Maurras.

Son action, une gifle au président de la République en criant « Montjoie Saint Denis ! A bas la macronie » est absolument typique. On a quelque-chose se voulant très radical et transgressif, mais qui est en réalité insignifiant sur le plan du contenu et de la forme. Cela est violent certes, mais ce n’est qu’un coup d’éclat, une occasion pour asséner un cri de ralliement romantique sur le mode du slogan.

« Montjoie Saint-Denis » renvoie à toute la mythologie nationaliste des royalistes français s’imaginant puiser dans l’Histoire de France. Il ne s’agit en fait que de folklore et de culte irrationnel à partir d’imageries féodales datant d’avant l’apparition de la France, pour appuyer un discours nationaliste tout ce qu’il y a de plus contemporain. Le slogan est ici censé faire référence à la défense de la France, sur le mode chevaleresque.

On remarquera que le youtubeur Papacito, qui vient de défrayer la chronique avec sa vidéo appelant à liquider physiquement la Gauche, est pareillement un admirateur des Wisigoths, sur un mode idéalisé.

En ce qui concerne les termes « Montjoie Saint-Denis », on les retrouve dans le fameux poème médiéval la Chanson de Roland, qui est une affirmation féodale chrétienne à l’époque des croisades. Cela n’a bien sûr aucun rapport avec la situation actuelle, ni avec la prétendue « macronie ».

Mais les nationalistes n’ont certainement pas besoin de voir de rapport entre les choses, car ils ne fonctionnent pas de manière rationnelle. Emmanuel Macron est pour eux la cible de choix, un symbole, pour dérouler la fiction d’un discours politico-culturel au contenu aboutit.

On notera au passage la grande décadence des services de protection de l’État français, incapable d’assurer le minimum pour ce qui est censé être la figure la plus importe des institutions françaises en la personne du président de la République. En l’occurrence, une simple émission télévisée de divertissement, Quotidien, avait pu discuter avec le protagonistes et ses acolytes… 4 heures avant les faits et connaître leurs motivations !

Ces gens étaient donc sur place depuis longtemps, facilement identifiable de par un certain look, et surtout assumant publiquement leur discours royalistes. On a l’un d’eux (pas le gifleur) parlant du déclin de la France et se disant anarchiste, ce qui est typique des activistes de l’Action Française pour qui le royalisme consisterait en « l’anarchie + 1 », c’est-à-dire l’anarchie (soit l’absence de toute modernité étatique et de toute structure sociale centralisée) + le Roi (c’est-à-dire une figure mystique romantique s’imposant à tout, pour tuer toute expression la société, au-delà des classes, etc.).

On notera au passage la grande incohérence de ces activistes d’extrême-droite, avec l’ami du gifleur qui s’exprimait à la caméra en expliquant regretter le fait que le président dise « on n’a pas de culture » (sous-entendu française, nationale)… alors qu’il porte lui-même un t-shirt avec l’immonde figure du Joker de Batman, ce qui est en soi une agression culturelle (ou anti-culturelle si l’on veut).

Toujours est-il que ces gens ont le vent en poupe, ils se sentent portés par l’époque. Et l’État n’est même pas capable d’assurer le service minimum pour les contenir et prévenir un tel coup d’éclat. Cela en dit très long sur l’ambiance en France et ce à quoi il faut s’attendre dans la période à venir.

Il est plus que jamais temps pour la Gauche de relever la tête et d’assumer sa tâche historique qui est d’écraser la Droite et toutes les expressions de celle-ci au moyen de la démocratie populaire.

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Guerre

La visite en France du président ukrainien Volodymyr Zelensky littéralement passée sous silence

Le tandem franco-allemand considère l’Ukraine plus comme encombrante qu’autre chose.

Les forces de l’ordre étaient particulièrement nombreuses, nerveuses et lourdement armées aux abords de l’Élysée le 16 avril 2021, en raison de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky. On sent qu’il fallait que soit évité, à tout prix, le moindre événement remarquable. Et les médias ont dans cette perspective à peine mentionné cette visite, voire l’ont passé sous silence, à peu près comme les réseaux sociaux de l’Élysée et des Affaires étrangères françaises.

C’est qu’en fait la visite était prévue depuis longtemps, mais que la France n’en voulait en fait plus du tout. D’où le silence à ce sujet, d’où le fait qu’Emmanuel Macron ait expliqué au président ukrainien que pour l’adhésion de son pays à l’OTAN, il faudrait attendre la prochaine réunion de l’OTAN. D’où aussi la petite visioconférence avec la chancelière allemande Angela Merkel, pour que le président ukrainien comprenne que le tandem franco-allemand, il ne faudra pas compter dessus pour du concret.

Emmanuel Macron a donc dit merci d’être passé (дякую – diakouïou)… et au revoir.

C’est ce qu’on appelle le service minimum. Volodymyr Zelensky a dû être blême, alors que les forces séparatistes se moquent naturellement de ce soutien se réduisant à quelques mots en ukrainien. Le président ukrainien savait que la France et l’Allemagne refuseraient de s’engager en raison du poids de la Russie, mais avoir dû faire face à tant de cynisme, alors que tout indique une prochaine annexion russe du Donbass, les 20-23 avril 2021…

Il faut vraiment qu’on soit en période de crise générale, de crise à tous les niveaux, pour qu’un tel degré de tension produise autant de cynisme et de jeu « géopolitique ». Et pendant ce temps-là, les troupes russes continuent de s’accumuler.

La pression sur l’Ukraine monte ainsi de jour en jour. La ville de Kiev a fourni au public une liste des endroits où s’abriter en cas de bombardements… Amenant le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Rouslan Khomtchak, à appeler les autorités locales à ne pas contribuer à un esprit de panique dans la population.

De son côté, le chef de la pseudo « République Populaire de Donetzk »,  Denis Pushiline, a annoncé le 16 avril qu’il avait accueilli la veille d’importants membres du Parti libéral-démocrate de Russie. Il s’agit du troisième parti politique en Russie, dont la ligne est nationaliste et conservatrice malgré son nom. Il est dirigé par Vladimir Jirinovski, un peu connu en France en raison de son soutien à Jean-Marie Le Pen.

Le communiqué de la rencontre annonce :

« Hier, le 15 avril, le chef de la République populaire de Donetsk a rencontré le premier vice-président du Comité d’État de l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie pour la défense, membre du Conseil suprême du Parti libéral-démocrate, Alexander Sherine, et le conseiller au chef de la fraction du Parti libéral-démocrate de Russie à la Douma d’État, Alexeï Bychkov. »

Le thème était évidemment la protection des « Russes », dans une définition aussi extensible que le voudra l’expansionnisme russe cherchant à une justification pour l’annexion, voire l’invasion. Qu’en sera-t-il bientôt de l’Ukraine, abandonné comme la Tchécoslovaquie en 1938 ?

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Société

Mineurs vaccinés, un président fantomatique, un libéralisme sanitaire généralisé…

La crise du COVID-19 est un crash-test et la France plonge dans l’échec après s’être enlisée.

Il y a en France de nombreux mineurs qui sont vaccinés. C’est normalement impossible, mais en France tout est possible, justement. Le libéralisme a triomphé dans les mentalités et l’esprit de corruption prédomine tendanciellement partout. Personne ne se sent responsable de rien.

D’ailleurs, non seulement il y a des doses de vaccins qui sont jetées, ce qui est une honte mais parfois il y a même des gens arrivant « comme par hasard » avant que ces doses soient jetés, et ils sont vaccinés. On devine qu’il s’agit évidemment souvent de magouilles bien plus que de gens tentant leur chance. L’administration n’est même pas capable de faire comme dans d’autres pays et d’avoir des gens bien précis à appeler pour se faire vacciner en cas de doses restantes.

Dans un État de droit, comme on sait forcément qui est vacciné, on devrait retrouver aisément ces mineurs. Une simple recherche informatique de la part des organismes sanitaires concernés permettrait très facilement de retrouver les médecins et les parents coupables. Les médecins responsables d’un tel acte, surtout, alors qu’on ne connaît pas les effets secondaires sur les mineurs, devraient être réprimés.

Mais en France l’État n’est même plus celui d’un droit bourgeois, c’est celui d’un droit post-bourgeois, où les choses tiennent comme elles peuvent, par la force de l’habitude capitaliste. Quand on voit le rassemblement impuni à Lyon le 30 mars…

Lyon, le 30 mars 2021

On a pu d’ailleurs voir que dans allocution du 31 mars 2021, le président Emmanuel Macron a été d’une faiblesse inouïe. Il n’a pas été capable d’être ferme, il n’a pas été capable d’aller à contre-courant de l’opinion publique partisane d’une absence de vraies mesures.

D’ailleurs, lui-même est finalement content de faire tourner le capitalisme autant que possible, et tant pis pour les morts. Il fait comme si les choses sont allées en s’améliorant, comme si ne pas confiner plus tôt s’est avéré une bonne chose pour continuer à vivre… Et comme les Français ne veulent pas voir les choses en face de toutes façons, Emmanuel Macron a pu faire son satisfecit.

Les mesures prises sont d’ailleurs le minimum possible vue la situation : un couvre-feu à 19 heures partout en France métropolitaine (qui n’est pas vraiment respecté), un appel à un télétravail systématique (qui ne concerne qu’une minorité de gens), une fermeture de certains commerces (qui arrive trop tardivement), pas de déplacements inter-régionaux après le 5 avril sauf motif impérieux (ce qu’on ne peut pas vérifier), pas de déplacement en journée au-delà de 10 kilomètres du domicile sauf motif impérieux (ce qu’on ne peut pas vérifier non plus).

Emmanuel Macron a de toutes façons dit qu’il faisait confiance aux Français, ce qui implique de jouer les Ponce Pilate. Pour parer aux extrêmes, il y a le passage à 10 000 lit en réanimation (contre 7600 en ce moment, et 5 000 en janvier), et il y a le grand espoir d’une vaccination de masse. Cela passera et cela cassera, mais surtout cela passera, tel est le raisonnement cynique.

Et c’est conforme à une masse de Français passifs et poseurs, apolitiques et anti-politiques, individualistes et régressifs, attendant que cela passe pour que tout retourne comme avant, dans un cocooning capitaliste coupé de la réalité du monde et de ses exigences. C’est une faillite historique… Qui montre la maturité de la situation historique, mais aussi sa gravité.

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Occupation du Capitole : Emmanuel Macron et le Parti socialiste en panique

C’est carrément devant un drapeau américain qu’Emmanuel Macron a dénoncé l’occupation du Capitole, le Parti socialiste lui emboîtant le pas dans l’éloge de la superpuissance américaine.

La superpuissance américaine serait une « démocratie »… Que c’est ridicule ! Tout le monde sait à quel point c’est un régime corrompu, où les élections présidentielles sont prétextes aux dépenses de centaines de millions de dollars – la dernière élection présidentielle opposant Joe Biden à Donald Trump, c’est 14 milliards de dollars déversés ! Tout s’achète aux États-Unis, pays gangrené par le capitalisme à tous les niveaux.

Et c’est devant un drapeau américain qu’Emmanuel Macron a raconté ce qu’aucun Français ne peut croire : la démocratie américaine serait un modèle.

Voici son discours :

« WHAT HAPPENED TODAY IN WASHINGTON DC IS NOT AMERICA, DEFINITELY.

7 JANVIER 2021 – SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI

Ce 6 janvier, alors que se tenait une session du Congrès américain devant confirmer la victoire du Président Biden aux élections de novembre 2020, quelques individus violents se sont introduits dans le temple séculaire de la démocratie américaine : le Capitole.

Une femme a été tuée.

Quand, dans une des plus vieilles démocraties du monde, des partisans d’un Président sortant remettent en cause, par les armes, les résultats légitimes d’une élection, c’est une idée universelle – celle d’un homme, une voix – qui est battue en brèche.

Depuis le XVIIIème siècle, les Etats Unis d’Amérique et la France sont liés par un pacte de liberté et de démocratie.

La France, avec La Fayette, a soutenu le peuple américain dans sa quête de liberté et d’indépendance.

La France, avec Alexis de Tocqueville, a reconnu les Etats Unis d’Amérique comme un emblème de la démocratie.

Les Etats Unis d’Amérique, durant le 20ème siècle, lors des deux guerres mondiales, se sont tenus aux côtés de la France à chaque fois que son indépendance, sa liberté, furent menacées. 

Alors aujourd’hui, la France se tient aux côtés du peuple américain avec force, ferveur et détermination, et aux côtés de tous les peuples qui entendent choisir leurs dirigeants, décider de leurs destins et de leurs vies, par ce choix libre et démocratique des élections. Et nous ne cèderons rien à la violence de quelques-uns qui veulent remettre en cause cela.

C’est notre choix, depuis plusieurs siècles, de mettre la dignité humaine, la paix, le respect de l’autre, la reconnaissance de la liberté au-dessus de tout, qui est aujourd’hui menacé dans nos démocraties. 

C’est pourquoi ce soir, je veux dire notre confiance dans la force de la démocratie américaine.

Je veux dire notre amitié à l’égard du peuple et de la démocratie américaine.

Je veux dire notre lutte commune pour que nos démocraties sortent plus fortes de ce moment que nous vivons tous aujourd’hui.

I just wanted to express our friendship and our faith in the United States.

What happened today in Washington DC is not America, definitely.

We believe in the strength of our democracies. We believe in the strength of American democracy. »

Ce qui est grave, c’est que le Parti socialiste soit sur la même longueur d’onde. Au pouvoir, le Parti socialiste disait déjà tout cela. Mais là il s’aligne de lui-même, même hors des « responsabilités », sur un éloge délirant de la superpuissance américaine en perdition. Il montre qu’il ne comprend rien, qu’il est totalement hors-jeu…. Et qu’il a déjà en ligne de mire de proposer pour les prochaines présidentielles Anne Hidalgo, Christine Taubira ou François Hollande. Sa ligne, c’est celle des démocrates américains, avec la modernisation du capitalisme, les valeurs post-modernes, etc.

Voici son communiqué :

« États-Unis : le Parti socialiste salue la victoire de la démocratie contre la violence

Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste

Jean-Marc Germain, secrétaire national aux Relations internationales

Après la consternation du monde démocratique devant les scènes d’insurrection qui ont interrompu hier au Congrès américain la certification des résultats du 3 novembre 2020, y compris de la double victoire des sénateurs en Géorgie ce 5 janvier 2021, le 46e président des États-Unis est officiellement désigné.
 
En ce jour où la démocratie américaine aura pu mener à son terme son processus électoral malgré le chaos et les violences instigués par le président sortant, le Parti socialiste réitère ses félicitations au président Joe Biden et à sa vice-présidente Kamala Harris. Ils incarnent à la fois la perspective d’un retour à l’apaisement ainsi qu’un nouveau souffle pour l’avenir de la société américaine. Il exprime aussi ses félicitations aux nouveaux élus de Géorgie, Raphaël Warnock et Jon Ossoff. Leur victoire offre à la Maison Blanche et au Parti démocrate les moyens politiques, économiques et législatifs de combattre efficacement les dégâts considérables de la pandémie causés par une gestion irresponsable, mais aussi de mettre en œuvre le programme ambitieux de progrès social et de cohésion sociétale des États-Unis.
 
Le Parti socialiste se réjouit également que l’ère nouvelle qui s’ouvre soit celle du retour de cette nation aux côtés de ses partenaires dans la résolution des grands défis du siècle, à commencer par le sauvetage de la planète face à la menace climatique. Il observe cependant qu’en dépit de la leçon de respect des institutions donnée ce jour à ceux qui souhaitent les abattre, la démocratie s’impose désormais parmi les grandes causes à défendre. Les actes insurrectionnels d’hier et l’investiture prochaine du président Joe Biden constituent ainsi un double message de responsabilité : le devoir de rétablir la confiance en la démocratie face aux mensonges qui la dégradent et l’espoir que les États-Unis reprennent leur place pour s’opposer aux forces qui veulent l’annihiler.

– Jeudi 7 janvier 2021« 

Dans tout cela on sent surtout la panique des bourgeois. Ceux-ci se doutent bien que derrière l’agitation petite-bourgeoise stérile, il y aura le rouleau compresseur prolétarien. Les années 2020 vont aller de crise en crise.

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L’interview stratégique d’Emmanuel Macron dans l’Express

Dans son interview à l’Express, Emmanuel Macron affirme la ligne centriste-modernisatrice, en prévision des prochaines présidentielles.

Emmanuel Macron a accordé une interview-fleuve à l’Express, une manière de s’adresser à la bourgeoisie moderniste par l’intermédiaire de cette revue. Quand on accorde une interview à un média en sachant que l’accès à celui-ci sera restreint – autrement dit il faut être abonné ou acheter la revue – c’est qu’on cible particulièrement le message.

Emmanuel Macron a ainsi tenu un discours extrêmement précis aux journalistes de l’Express. Ce discours, construit en prévision des présidentielles, est celui de Valéry Giscard d’Estaing, des centristes c’est-à-dire historiquement des radicaux. Ou, si l’on préfère, de la bourgeoisie moderne et modernisatrice.

On apprend dans l’interview que la France serait en train de se « transformer » sous l’impulsion d’Emmanuel Macron. Il y aurait en France une « tension créatrice », une « énergie politique très rare ». Mais cela va avec une particularité : selon Emmanuel Macron,

« la France naît de la langue et de l’État, les deux piliers de notre Nation. »

C’est évidemment totalement faux puisque c’est le peuple qui fait l’histoire (et ainsi la langue et l’État). Cependant Emmanuel Macron ne va pas défendre une telle perspective, puisque son rôle est de maintenir la fiction d’un État au-delà des classes.

Pour cette raison, la modernisation passerait en particulier par l’État, donc en particulier par Emmanuel Macron, à condition de dépasser la « crise de l’autorité ». Il faut que les hiérarchies se réaffirment, alors qu’il y aurait de nombreuses perspectives, dont l’une est l’immigration en s’appuyant sur « l’intégration » et en rejetant « l’assimilation ».

Nicolas Sarkozy avait raison même si son concept d’identité nationale faisait trop polémique, Pétain et Maurras c’est mal mais ils ont une part de bien, il faut utiliser tout ce qui fait en sorte que la République soit une « transcendance » de gens multiples mais enracinés.

En clair, il faut que l’État maintienne cohérent une société capitaliste qui relativise tout, Emmanuel Macron insistant sur le risque que représente le relativisme pour les institutions. Il se présente donc comme le chef prêt à moderniser de manière permanente et d’ailleurs la France serait l’un des pays s’en sortant le mieux dans la pandémie actuelle, grâce à lui et à sa gestion de l’État. Il ne faudrait donc surtout pas considérer la France comme une « puissance moyenne », bien au contraire.

Bref, c’est de la « comm » associé à de la promotion en vue des prochaines élections. Cela n’a rien de nouveau, à part et c’est important que cela confirme qu’Emmanuel Macron compte se représenter, qu’il engage donc la bourgeoisie moderniste à relancer une opération politique en ce sens.

Il a compris la chose suivante : la Gauche est dans le coma et divisée, les ouvriers ne font rien. L’extrême-Droite n’est pas à la hauteur et le général de Villiers a encore beaucoup de travail pour apparaître comme le sauveur. S’il maintient donc une gestion étatique au moins sans faire de vagues à défaut de merveilles, Emmanuel Macron gagne par défaut.

C’est là illusoire de par les terribles conflits sociaux qui s’annoncent, alors que l’instabilité va prédominer avec la crise. Emmanuel Macron a une position qui reflète ici l’opinion petite-bourgeoisie du pays : le plus dur de la crise serait passé, il y aura simplement des dégâts à gérer, mais on est déjà loin de la crise… Alors qu’en réalité, celle-ci n’est même pas encore arrivée !

Jean-Luc Mélenchon a été ici bien plus fin, puisqu’il se présente déjà, un an et demi avant, en sachant que tout va être mouvementé et qu’il valait mieux s’ancrer tout de suite.

Dans les faits, Emmanuel Macron va donc serrer la vis et l’État va jouer la carte de la dureté, afin de se présenter comme le garant de la stabilité, en niant les faits. Comme dans les années 1930 en Allemagne, la bourgeoisie modernisatrice tente de sauver un capitalisme en perdition, affaiblissant la Gauche et ouvrant malgré elle la voie à l’extrême-Droite.