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Les anti-pass sanitaire ou le degré zéro du romantisme

Cette révolte plébéienne du type gilets jaunes n’a aucune profondeur.

Il existe une réelle dimension populaire dans l’opposition au pass sanitaire, mais ce n’est pas une chose bien. Car de quel peuple parle-t-on? On parle d’un peuple totalement intégré dans le capitalisme, vivant de manière beauf, composé de gens n’ayant aucune envie qu’on les dérange et pour qui l’idée de se sacrifier pour une cause collective est une abstraction intellectuelle.

Les gens ne veulent pas qu’on les dérange, voilà la vérité. Les populistes et les réseaux sociaux les arrangent, car ils n’exigent rien d’eux, ils n’en attendent rien. Le principe de commander par Amazon ou Ebay s’appuie également en partie sur ce côté individualiste anti-social. Les gens du peuple vivent leur vie et veulent qu’on les laisse tranquille.

Le mouvement anti-pass sanitaire est le produit d’une telle vision du monde. Il est une insistance sur le fait de vouloir être laisser à l’écart des responsabilités et des décisions, de la séparation radicale entre la sphère publique et la sphère privé. Cela a un certain sens: le prolétaire qui bosse ne veut pas, en plus, avoir à assumer des choses, au sens où il fait son job, mais qu’on ne lui en demande pas plus.

Seulement voilà, les gens de gauche veulent que les gens du peuple assument et prennent les commandes de la société. Faut-il donc les soutenir dans leur rejet anti-intellectuel, anti-culture ?

Certainement pas !

A moins qu’on pense que le style des partisans de Donald Trump ou des skinheads anglais des années 1970-1980 soit ce qu’il faut pour changer le monde. Parce que les anti-pass sanitaires relèvent de cette même engeance apolitique-plébéienne qui existe dans les pays riches. C’est un mélange de petits-bourgeois anti-riches et anti-prolétaires et de prolétaires semi-décomposés socialement.

Ou, pour mieux formuler la chose, c’est une variante moderne du public des nationaux-socialistes allemands et des chemises noires italiennes. Et comme tant l’ultra-gauche que la CGT sont assez idiotes pour soutenir les anti-pass sanitaires, on ne va pas couper à l’émergence d’un vaste mouvement protestataire à la fois national et social, appelant à changer ou renverser le « régime », avec un style qui s’appuie sur la haine de la raison, la guerre à l’intelligence, le mépris pour la culture, la destruction de ce qui est intellectuel.

Et ce n’est même pas le pire. Car que des gens désireux de changer les choses ne comprennent pas l’importance de l’intellect, d’avoir un projet concret, de saisir le monde où l’on vit… cela se conçoit, il faut parfois du temps. Cependant, ce qui est inacceptable, c’est cette absence totale de romantisme.

Les anti-pass sanitaires sont tout simplement ignobles dans leur approche. Ce sont des beaufs, il n’y a aucune envergure, aucune dimension sensible, aucun besoin existentiel. Ce ne sont rien d’autre que des gens soucieux de pouvoir, de vouloir… vivre comme avant. Et qu’on leur foute la paix.

Les anti-pass sanitaires, c’est le triomphe de la mesquinerie et de l’étroitesse d’esprit. Ce sont des gilets jaunes renouvelés. Et à de tels gens, on ne peut pas s’adresser ni rationnellement, ni de manière sensible. Pense-t-on que ces gens, avec leur approche, vont s’intéresser à l’expérimentation animale, à la tendance à la guerre, au dérèglement du climat, à l’aliénation de la société capitaliste de consommation, à la destruction des zones sauvages, à la négation capitaliste de la culture, la condition animale, l’horreur de l’architecture dans la vie quotidienne?

Absolument pas. Ces gens sont une expression du nivellement par le bas qu’impose le capitalisme et la chose la plus importante pour eux, c’est de ne rien changer à leur vie quotidienne, justement. C’est une expression réactionnaire. Le capitalisme est un navire qui prend l’eau et eux ne sont pas d’accord : il ne faut pas que ça coule, rien ne doit changer, il faut vivre comme avant!

C’est à la fois faux et horrible. C’est le fruit de décennies de lessivage sur le plan humain. Et le pire, c’est qu’au fond, ils le savent, au moins en partie. Mais ils s’en moquent.

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Plus on est pauvre, moins on se vaccine : révolte, stupidité, nihilisme ?

Qui se trompe d’analyse rate un virage historique.

C’est un constat qui se fait dans tous les pays capitalistes. Plus une personne est diplômée ou dispose de hauts revenus, plus elle va se faire vacciner. Moins une personne est diplômée ou moins ses revenus sont hauts, moins elle se fait vacciner. Il en va grosso modo de même pour l’acceptation ou le refus du pass sanitaire.

N’allons pas par quatre chemins et disons le tout de suite : la vérité que c’est que les pauvres ne comprennent rien. Si ce n’était pas le cas, ils auraient déjà renversé le capitalisme depuis longtemps. Le travail salarié est un abrutissement et les travailleurs sont écrasés. Comme en plus, il y a une consommation capitaliste de masse, il est d’autant moins réfléchi.

Certains prétendent parfois qu’il y aurait des difficultés pratiques pour se vacciner, que l’accès serait plus difficile, etc. C’est totalement faux. La preuve concrète, c’est que l’Ouest parisien s’est dès le départ fait massivement vacciner… en Seine-Saint-Denis, parce que là-bas le nombre de gens voulant se faire vacciner était faible.

D’autres prétendent que ce serait une « révolte » indirecte. Évitons l’ultra-gauche, car par populisme et plébéianisme elle est prête à raconter n’importe quoi et regardons ce que dit, de manière intelligente, la Gauche Républicaine et Socialiste, dans Vaccination anti-COVID et réalité sociale (encore) et Vaccination anti-COVID et réalité sociale (suite).

Le problème, à vrai dire, c’est que si les deux articles sont intelligents, ils disent le contraire. Dans l’article du 4 août, les classes dominantes ne voudraient pas diffuser le vaccin de manière réelle, par égoïsme. C’est totalement faux, mais enfin ça se tient intellectuellement.

« Lorsque les antivax accusent les bourgeois de vouloir empoisonner le peuple, leur stupidité égale celle de ce gouvernement dans la lutte pandémique.

La réalité, c’est que les inégalités sociales sont révélées à l’eau forte par la crise pandémique. Ce gouvernement ne gouvernant que pour les riches n’a jamais pensé même nécessaire des actions et des communications spécifiques aux classes populaires. Il ne veut rien lâcher dans sa lutte des classes, même pas un panier repas (…).

Les Français illectroniques – 19% des Français abandonnent une démarche administrative dès lors qu’elle inclut une action internet – les receveurs de paniers repas – qui ne fréquentent pas les restaurants – et les 33% de Français qui ne voyagent jamais, les 45% qui ne prennent jamais l’avion, ne vont pas aller sur doctolib, ou se faire vacciner pour aller au restaurant, au musée, à Arcachon ou à Majorque.

Il ne suffit pas de mettre l’offre de vaccin – la politique sanitaire illustre l’échec de l’idéologie française de la politique de l’offre et de l’homo economicus.

Dans le passé, toutes les politiques sanitaires incluaient des éléments d’incitation, la mobilisation des réseaux de proximité pour passer le message et créer la confiance, ce qui suppose un échange en confiance avec les organisations syndicales, professionnelles, les organisations confessionnelles et culturelles, les associations sportives, ce qui implique faire confiance et équiper la médecine de famille, les assistants sociaux, les réseaux intermédiaires, les enseignants locaux, les maires des villes défavorisées.

Or ce gouvernement vit dans l’illusion d’une relation directe à un peuple enjambant tout cela, et refuse de mettre les moyens dans de telles campagnes vaccinales.

Il ne lui reste plus que la matraque. Que va-t-il faire en septembre ? Mettre des barrages autour des villes gagnant moins de 20.000 euros, à moins de 50% de vaccinés, et les confiner ? »

L’article du lendemain, lui, dit le contraire. Il ne dit pas que les gens échappent objectivement à la vaccination, mais subjectivement : ils ne veulent pas. Ce qui est juste. Seulement c’est interprété comme une résistance aux dominants.

« Mardi 3 août 2021, notre camarade David Cayla a partagé un graphique des journalistes de France Info qui montre une corrélation entre les niveaux de revenu et le taux de vaccination. Nous avons nous-mêmes partagé ce graphique dans notre article du 4 août. Il est montré que plus on habite dans une ville riche, plus on se fait vacciner.

Beaucoup se sont interrogés sur le sens de cette corrélation. J’entends que ce serait lié au niveau d’instruction ou même d’intelligence, à la faiblesse des services publics, à des considérations politiques (les macronistes se vaccinant plus), au conformisme des classes supérieures…

Le problème de ces explications est qu’elles analysent la réticence vaccinale comme la conséquence de choix purement individuels. Or, au contraire, nous avons plutôt affaire à un phénomène social, qui résulte de l’histoire récente et de choix politiques.

Autrement dit, si les classes populaires se vaccinent moins que les classes supérieures, c’est surtout en raison des dysfonctionnements de la société française et non parce qu’elles-mêmes sont pauvres ou peu instruites. Ce dysfonctionnement est celui de la défiance que ressent une grande partie de la société vis-à-vis des institutions et du pouvoir politique actuel.

Elles rejettent le vaccin car elles rejettent ceux qui le promeuvent (…).

Les classes populaires ne font pas preuve de bêtise en refusant la vaccination. Leur méfiance est tout à fait légitime et s’appuie sur l’expérience vécue depuis plus de dix ans. Sarkozy, Hollande et Macron ont tous mené la même politique. Après des années de néolibéralisme, ce n’est pas Macron et ses vidéos Tik Tok qui vont réussir à convaincre les populations défavorisées de se faire vacciner.

C’est donc à l’opposition anti-néolibérale de monter au créneau pour pousser les classes populaires à se faire vacciner. C’est urgent. Il s’agit non seulement de sauver des vies mais aussi d’éviter de nouveaux confinements destructeurs socialement et économiquement. »

C’est intelligent également. Mais c’est faux. La preuve, c’est que le mouvement anti-pass sanitaire est anti-lutte de classes : il est opposé à toute exigence collective, il utilise systématiquement le drapeau français, il souligne le caractère fondamental des « libertés » individuelles.

Si l’interprétation selon laquelle les gens échappent au vaccin car le capitalisme n’est pas sérieux dans la mise en place de la vaccination est du populisme, la seconde interprétation selon laquelle les gens se révoltent est du plébéianisme.

La véritable explication est le nihilisme de couches populaires lessivées par la consommation capitaliste de masses. Celles-ci sont frappées par la crise, à la traîne des conceptions petits-bourgeoises appelant à « vivre comme avant », dans le refus de toute exigence collective, prisonnière d’un orgueil nationaliste de pays riche…

C’est une réédition des gilets jaunes, et cette fois bien plus fasciste que crypto-fasciste. Voilà la vérité.

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Politique

Le drame programmé de la convergence d’ultra-gauche avec les anti-pass sanitaire

Cela va tourner encore plus mal qu’avec les gilets jaunes.

Initialement, il y avait parmi les gilets jaunes de nombreux activistes d’extrême-Droite. L’ultra-gauche a largement contribué à les chasser et s’en est félicité. Sauf que ce qu’elle n’a pas compris, c’est que ces activistes d’extrême-Droite avaient une marge de manœuvre d’expression très restreinte en raison de la grossièreté politique de leurs conceptions. Ils et se contentaient de jouer aux plébéiens.

Le résultat, c’est ainsi que l’ultra-gauche a simplement remplacé les activistes d’extrême-Droite dans ce rôle de plébéien. Ce faisant, ils se coulaient eux-mêmes sur le plan des idées et de la culture, tout en contribuant à la confusion en donnant de la valeur au mouvement réactionnaire, crypto-fasciste, des gilets jaunes.

Cela peut sembler discutable pour certains, mais on en a désormais la preuve, avec la manière dont l’ultra-gauche court derrière les anti-pass sanitaire. Il y a un opportunisme sans bornes, sans limites, qui ne peut que découler du fait d’avoir vendu son âme politique.

On a ainsi le site « Révolution permanente », expression d’une tendance du Nouveau Parti Anticapitaliste comptant fonder un parti trotskiste de masse, qui a ouvertement appelé à la manifestation du 31 juillet 2021. Et cela sur une base plébéienne-populiste:

« Après la réussite des mobilisations de la semaine dernière, de nombreux appels ont été lancés dans toute la France pour manifester ce week-end contre le pass sanitaire. Face aux attaques liberticides et antisociales, et contre l’extrême-droite qui tente de récupérer la colère, manifestons ce samedi ! (…)

La semaine dernière, les mobilisations contre le pass sanitaire se sont amplifiées, avec 160 000 manifestants dans toute la France selon l’Etat. Un élargissement de la mobilisation qui est allée de pair avec une radicalité certaine, comme à Poitiers où les manifestants ont envahi la mairie pour décrocher un portrait de Macron. De même, malgré la répression, à Paris les Gilets jaunes ont réussi à se rendre jusqu’aux Champs Élysées.

Ce samedi, un nouvel appel à se mobiliser dans toute la France a été lancé. Comme les samedis précédents, le mot d’ordre central demeure l’opposition au pass sanitaire. Une revendication qui n’empêche pas plusieurs appels de mettre en avant le lien entre cette attaque autoritaire et les attaques anti-sociales du gouvernement, comme à Lannion, où une manifestation est appelée « pour la défense (des) droits sociaux et (des) libertés ».

A Paris, des collectifs de gilets jaunes et des collectifs militants appellent de leur côté à manifester au départ de Villiers : « Contre le pass d’identité sanitaire ; Pour un accès libre, éclairé et équitable au vaccin ; Pour la levée des brevets des vaccins et Contre les réformes antisociales. » « 

Il est bien parlé de « colère », face à des attaques « liberticides et antisociales ». Ce vocabulaire n’a rien à voir avec celui de la Gauche historiquement. Et on parle là d’une structure insistant pourtant sur l’importance des idées, du patrimoine idéologique trotskiste !

Et le justificatif-clef, ce sont les gilets jaunes. S’ils sont là, c’est que c’est bien et qu’il faut y aller !

Même l’organisation « Lutte Ouvrière » a d’ailleurs craqué. Elle avait pourtant, et avec raison, réfuté les gilets jaunes. Mais la peur de passer à côté de quelque chose qui bouge l’a emporté, la digue a cédé. Le résultat est que le trait est ultra-forcé : il est expliqué que les gens ont tout faux, mais qu’ils ont raison. On a ainsi droit à un article élogieux sur la « colère » contre le pass sanitaire.

« Le 24 juillet, des manifestations ont réuni de nouveau en France des dizaines de milliers de personnes s’opposant au passe sanitaire : 160 000 au total, plus que le samedi précédent où 114 000 personnes avaient manifesté.

À Paris, où 11 000 personnes ont défilé, comme à Strasbourg où les manifestants étaient 4 000, ou encore à Toulouse où ils étaient plus de 2 500 et des milliers à Nice, les banderoles dénonçaient majoritairement les atteintes à la « liberté », « la dictature sanitaire », « le passe de la honte », ou appelaient Macron à la démission.

Derrière ces slogans se sont ainsi regroupés des soignants, des salariés directement concernés par le passe sanitaire et craignant d’être licenciés, des chômeurs ou retraités avec ou sans gilet jaune, mais aussi bien d’autres catégories sociales, dont des restaurateurs et autres petits patrons. Nombre de politiciens de droite et d’extrême droite y ont vu une occasion de se montrer avec du monde derrière eux, comme le président des Patriotes et ex-numéro deux du RN, Florian Philippot, à Paris.

La colère se manifeste contre le passe sanitaire et les autres contraintes décidées par le gouvernement et votées finalement par le Parlement. Cette colère touche bien sûr les travailleurs, dont certains ont participé aux manifestations. L’obligation vaccinale et le passe sanitaire sont en quelque sorte la goutte d’eau qui fait déborder le vase, car le mépris de classe du gouvernement s’est, une fois de plus, étalé au grand jour. »

Suit alors évidemment le discours comme quoi la colère doit s’exprimer non pas au sujet des libertés, mais sur une base revendicative. Cela est formulé ainsi dans l’éditorial du 2 août 2021:

« Les manifestations contre la loi sanitaire de Macron se sont poursuivies dans toute la France. Protester contre ces mesures est légitime.

Pas au nom de la défense des libertés individuelles, mais pour affirmer la nécessité, au nom de l’intérêt collectif, d’exproprier sans indemnité ni rachat les grands trusts de l’industrie pharmaceutique et de les mettre sous le contrôle de la population. Les agissements de ces groupes montrent que c’est la seule façon d’empêcher que la santé publique dépende des décisions d’actionnaires guidés uniquement par la recherche du profit. »

C’est une ligne plébéienne-populiste. La colère est juste, mais elle se trompe de direction, il faut accompagner celle-ci, etc. La position de « Lutte Ouvrière » est d’autant plus absurde qu’elle reconnaît elle-même que la mobilisation ne porte rien de bien.

On a une approche similaire avec la CNT-Solidarité ouvrière, qui dénonce un pass sanitaire liberticide, contre lequel il faudrait exprimer sa colère.

Il est pourtant expliqué en même temps qu’il faut systématiser la vaccination ! Mais comment vérifier la vaccination générale sans le pass sanitaire ? L’incohérence saute aux yeux. Mais rien à faire : la tentation de converger avec la protestation plébéienne-populiste l’emporte sur ses propres principes, jusqu’à l’incohérence la plus complète.

« Nous contestons le choix de cet outil autoritaire et liberticide comme mode de gestion de l’épidémie. Depuis des années, la France s’enfonce déjà dans une société de flicage permanent et il faudrait maintenant constamment badger via un smartphone et subir des contrôles pour des activités du quotidien.

C’est insupportable ! Nous dénonçons aussi le dangereux mélange des genres induit par le pass : ce n’est pas aux employeurs de contrôler le statut médical des salarié·es ni aux commerçant·es, employé-es ou agent·es publics celui des client·es et usager·ères ! (…)

Il faut combattre l’autoritarisme et la politique de santé défaillante de Macron mais nous devons tous·tes être très vigilant-es face aux réactionnaires, sectaires ou politicien·nes opportunistes qui prêchent par intérêt la confusion. Ce sont souvent les mêmes qui nous gavaient d’explications simplistes niant l’épidémie ou de discours individualistes et égoïstes voulant laisser crever les vieux et les « faibles » qui surfent aujourd’hui sur le refus ou la méfiance de la vaccination. En empêchant de débattre sereinement sur une politique sanitaire réellement protectrice de la population et de nos intérêts de classe, ces discours servent le pouvoir (…)

La question de sa généralisation à toute la population, comme d’autres vaccins qui nous ont libéré de maladies du passé, mérite d’être posée, mais démocratiquement, au contraire des choix actuels.   »     

Cela n’a aucun sens, et l’Union communiste libertaire a la même position. Ici, pas besoin de citer l’article, rien que le titre suffit:

« Non au pass sanitaire, pour une vaccination large et accessible »

Peut-on faire plus absurde ? Et cela a un seul fondement : celui de soutenir les mobilisations anti-pass sanitaire, parce que pour les plébéiens-populistes toute mobilisation est forcément bonne.

On a la même chose chez le Nouveau Parti Anticapitaliste :

« Contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, les dizaines de milliers de personnes qui se mobilisent ne sont pas une meute d’affreux réactionnaires anti-vaccins. Si l’on retrouve parmi les manifestantEs certaines franges de l’extrême droite et des adeptes des théories complotistes qui ne seront jamais nos alliés, la gauche sociale et politique ne peut rester l’arme au pied.

Répétons-le : la vaccination générale à l’échelle mondiale est le meilleur moyen de stopper la pandémie, la balance bénéfices-risques plaidant absolument en ce sens. Mais disons-le également : c’est par la levée des brevets et par des politiques sanitaires ambitieuses et associant la population que la pandémie sera vaincue, pas par la contrainte et l’extension de la surveillance. L’opposition à la nouvelle loi adoptée à l’assemblée, ainsi qu’aux mesures antisociales qui visent à faire payer la note de la crise au monde du travail, c’est ce que nous continuerons de défendre les semaines qui viennent, y compris en nous joignant, partout où il est possible de porter une telle politique, aux initiatives de mobilisation. »

Un autre exemple assez édifiant est celui du média Acta.zone. C’est un média très développé sur le plan des idées, avec des textes très recherchés, se revendiquant de l’expérience de l’autonomie italienne (tout en cherchant à acquérir du prestige « radical » en parlant des Brigades Rouges pourtant ennemi juré de l’autonomie italienne).

Eh bien là c’est pareil : un très long texte justifie de balancer par-dessus bord tout critère politique, culturel, idéologique… pour se précipiter sur une ligne plébéienne-populiste.

« Si dans ces rassemblements, le fond de l’air paraît plus bleu (bien foncé) que rouge, le non-interventionnisme – qui se déploie dans une partie de la gauche radicale – sur les problématiques fondamentales de la surveillance de masse et de toutes les conséquences induites par la nouvelle mesure gouvernementale a de quoi interroger (…).

L’incapacité de la gauche révolutionnaire à intervenir dans les séquences qui échappent à sa grammaire traditionnelle pourrait surprendre, notamment après les deux années rythmées par le mouvement des Gilets Jaunes (…).

 il est clair que les mobilisations actuelles diffèrent de celles du mouvement des Gilets Jaunes. En effet, il nous semble que jamais ce dernier, de par sa composition, les fondements empiriques de sa colère et ses positions – parfois naïvement – apolitiques, ne se serait laissé mené par des partis et des groupuscules fascistes, ni n’aurait donné la liberté de se faire porte-paroles à des figures aussi politiciennes, opportunistes et nationalistes que Florian Philippot ou Nicolas Dupont-Aignan.

Néanmoins, quelque chose du même ordre se rejoue dans le rapport d’une partie de la gauche radicale aux mobilisations actuelles. Avant d’affirmer que ces dernières sont perdues pour toujours aux mains de forces racistes, antisémites et complotistes, la rigueur minimale nous imposerait de réaliser des enquêtes militantes, dans nos villes respectives, pour cerner la composition sociale et politique réelle des protestations, ainsi que les dynamiques internes qui traversent les positions contre le pass sanitaire. »

Et suit alors une longue explication où il est dit qu’on peut trouver de nombreux éléments positifs chez des anti-pass sanitaire : les « méfiances à l’égard de la vaccination, et la peur d’un usage de celle-ci à d’autres fins que celle de la santé publique », le fait de « mettre en doute les récits hégémoniques, parfois sous forme d’une critique édentée du capitalisme et des formes contemporaines de contrôle social », l’opposition  » au dispositif de contrôle généralisé que représente le pass sanitaire », etc.

C’est lamentable, c’est suicidaire : l’ultra-gauche se précipite dans la liquidation de tout acquis intellectuel, de toute valeur idéologique ou culturel, de toute tradition « révolutionnaire », juste pour satisfaire le besoin « d’en être », se retrouvant ainsi sur une ligne plébéienne-populiste.

Et l’adhésion à cette ligne passe également par le silence complaisant. Les anarcho-syndicalistes et syndicalistes-révolutionnaires de la CNT, fiers de leur apolitisme, ne parlent pas du pass sanitaire, ni même d’ailleurs de la crise sanitaire. On ne trouve rien dans le Combat syndicaliste de l’été 2021.

C’est que l’ultra-gauche, habitué aux protestations vaines et symboliques, sans conséquence, d’une société parmi les plus riches du monde, est totalement perdue dans une situation totalement nouvelle. La crise provoque des mobilisations réactionnaires. Et ne disposant pas de garde-fous, elle se sent obligée de converger.

Ce qui s’annonce, c’est un drame, avec un passage dans le fascisme de pans entiers de gens se voulant tellement à gauche qu’ils vont passer dans le camp de la Droite, en prétendant dépasser les clivages, combattre l’État, vouloir un grand « changement », etc.

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La lie de la société manifeste encore contre les mesures sanitaires

La France craque, au milieu de l’été.

Anarchistes, nationalistes, gilets jaunes, populistes en tout genre : c’était le pire de la société française qui était à nouveau réuni ce samedi 31 juillet 2021 pour protester contre les mesures sanitaires. Encore plus nombreux que la semaine précédente, ils étaient cette fois plus de 200 000 dans 184 villes françaises. Ce qui, au plein milieu de l’été, est tout à fait remarquable, et surtout terrifiant.

Pour les principaux rassemblements, ils étaient 13 000 à Toulon, 8500 à Montpellier, 6500 à Nice, 5500 à Bordeaux, 4000 à Nantes, 3400 à Pau, 3200 à Strasbourg, 3000 à Metz, 3000 à Avignon ou encore 15 000 à Paris.

Tout ces gens assument le nihilisme, ils assument de rejeter la société, le collectivisme, au nom de leur petite individualité, au nom de qu’ils appellent la « liberté ». C’est, au sens strict, de la graine de facho, c’est-à-dire des gens farouchement anti-communistes, anti-socialistes.

Le summum de l’ignominie anti-sociale a probablement été atteint lors de la manifestation montpelliéraine, où le cortège s’en ai pris physiquement à un stand de dépistage, en osant crier « collabo ». C’est pour le moins glaçant, surtout quand on sait que dans cette région Occitanie, le nombre de nouvelles hospitalisations a été multiplié par dix en un mois…

Le variant Delta se diffuse à vitesse grand V en raison de sa très grande virulence… mais aussi car il est aidé par ces milliers de gens ayant décider de refuser les mesures sanitaires. La France craque, et ce sont les esprits les plus faibles qui cèdent en premier.

Et quand on dit les plus faibles, il faut comprendre : les plus petits-bourgeois, les plus complaisants avec leur ego, avec leur mesquinerie, avec leur attitude anti-sociale, anti-culturelle, anti-intellectuelle.

Et quand on voit que même à la CGT il y a des soignants capables de s’exprimer contre l’obligation vaccinale, comme ceux de l’hôpital de Bastia parlant de « choix individuel » devant primer… Il y a de quoi être vraiment inquiet. Et même plus qu’inquiet. C’est un désastre.

Et l’une des racines de ce désastre, il faut le souligner, ce sont les gilets jaunes. Les gens de gauche qui ont soutenu ces gilets jaunes tout proches des chemises noires ont agi de manière criminelle. Ils ont encouragé le populisme, les positions plébéiennes, la négation de l’importance de la conscience, de la culture.

Si les gilets jaunes avaient été politiquement et culturellement écrasés, par le blocus total de la Gauche, on ne serait pas dans cette situation calamiteuse!

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Un ridicule appel anti-pass sanitaire LFI-PCF-CGT

Outre d’être idiot, c’est le fiasco.

L’association alter-mondialiste ATTAC a lancé une pétition sans succès contre la loi sanitaire, en cherchant à s’appuyer sur un large appel anti-pass sanitaire publié dans Libération.

Comme personne ne lit Libération et que les signataires n’ont aucune surface populaire (alors que de toutes façons l’écriture dite inclusive est un repoussoir), comme en plus seuls les anti-sociaux sont anti-pass sanitaire, c’est le flop complet.

Voici l’appel en question, parce qu’il faut conserver cela comme exemple. Un exemple de comment des gens peuvent s’imaginer de gauche alors qu’ils sont hors-sol, libéral-libertaire dans leur vision du monde, misérabiliste et populiste… et sans envergure aucune.

Une crise immense frappe le monde et on a toujours ces mièvreries, ces pleurnicheries… c’est atrocement petit-bourgeois.

« Refusons le projet de loi sanitaire et les régressions sociales

Le pass sanitaire marquera la vie de millions de Français·es, puisqu’en très peu de temps, et encore plus dès lors que le test PCR ne sera plus gratuit, toute vie sociale et professionnelle sera contrainte par le fait d’être vacciné. Pourtant, cette décision a été prise de façon autoritaire, non démocratique, dans un cadre de délibérations obscures, celui d’un seul homme : le président de la République qui n’aura réuni que le seul Conseil de défense. Elle passe outre toute discussion réelle au Parlement qui est, une fois encore, considérée comme une chambre d’enregistrement. La démocratie ne saurait être sacrifiée, et elle est pour nous plus que jamais la clé pour sortir de cette crise.

Pourtant, il y a moins d’un mois, Emmanuel Macron, le ministre de la santé, les député.es de la majorité, à l’image de la présidente de la commission des lois qui avait même déposé un amendement pour en figer l’impossibilité d’avoir une obligation publique dans la loi, tou.te.s se disaient opposées à la généralisation du pass sanitaire au nom des libertés et individuelles tout comme à une vaccinale. Alors que tout indique que nous avons pour au moins des mois à vivre avec le virus, on ne peut rentrer dans la société du contrôle généralisé que le gouvernement veut imposer ainsi à la population.

Une vaccination large et massive est nécessaire pour combattre cette pandémie, à commencer par la couverture des plus fragiles. Nous nous démarquons de toutes celles et ceux qui font de leur opposition frontale au vaccin un déversoir sectaire et complotiste et nous dénonçons fermement toute assimilation de la stratégie vaccinale à la Shoah ou à l’apartheid.

Nous dénonçons la méthode employée par le gouvernement, génératrice de fortes tensions, ce qui est délétère en pleine crise épidémique. Les premiers leviers activés devraient être un grand débat démocratique, une information d’ampleur, des droits d’utilisation sur le temps de travail pour se faire vacciner, une prévention notamment par la gratuité des masques, une couverture bien plus importante des centres de vaccination et des moyens associés plus conséquents…

La corrélation entre la vaccination et les revenus fait dire qu’en l’état actuel le pass sanitaire est antisocial. Ce sont des milliers de milliers de travailleurs·se·s qui se trouvent contraint·es et menacé·es de sanctions graves.

Depuis le début de la pandémie, les moyens financiers et humains réclamés par les syndicats et associations de soignants, pour remettre debout les hôpitaux publics et soigner correctement, n’ont pas été octroyés. Il en est de même pour les Ehpad. Pire, dans certains endroits nous constatons même que la casse de l’hôpital public continue (fermeture de lits, suppressions de poste…).

Et pendant ce temps, la France s’oppose toujours, avec l’Union européenne, à la levée des brevets au sein de l’Organisation mondiale du commerce, alors que c’est la seule façon pour que, dans les pays pauvres et émergents, les vaccins puissent être fabriqués et distribués massivement.

C’est à la fois une question de solidarité internationale, de santé publique et d’efficacité. Car tant que la pandémie ne sera pas résolue à l’échelle mondiale, elle ne le sera nulle part.

Enfin, pendant que ces décisions heurtent et divisent la population, de graves attaques contre les droits sociaux sont annoncées. Autoritarisme et casse sociale vont de pair. La réforme régressive de l’assurance-chômage serait entérinée dès le 1er octobre, diminuant fortement les durées et les montants des allocations des chômeurs. Et Emmanuel Macron a confirmé sa volonté de reporter l’âge légal de départ en retraite et la fin de tous les régimes spéciaux.

Alors que le patrimoine cumulé des 500 plus grandes fortunes de France a augmenté de 30% en 2020, le gouvernement ne revient aucunement sur toutes les largesses qu’il leur a accordées depuis le début du quinquennat et veut faire payer la crise aux chômeurs et aux retraités.

A l’inverse, nous demandons que soient mis à contribution, bien davantage qu’aujourd’hui, les multinationales et les très riches, au profit de la solidarité nationale. Nous exigeons une politique sociale ambitieuse, passant par des services publics de qualité et des droits sociaux plus importants.

Pour cette raison, au nom de l’efficacité sur le long terme contre l’épidémie et pour préserver nos libertés, nous nous opposons à la nouvelle loi proposée à l’assemblée, tout comme aux mesures antisociales qui visent à faire payer la note de la crise sociale au monde du travail. A cette fin, nous aspirons à des mobilisations dans les semaines et mois qui viennent.

Premiers signataires

Responsables d’organisations : Aurélie Trouvé et Raphaël Pradeau (porte-parole d’Attac), Céline Verzeletti (secrétaire confédérale de la CGT), Simon Duteil et Murielle Guilbert (délégué·es généraux de l’Union syndicale Solidaires), Thomas Portes (porte-parole de Génération·s), Mélanie Luce (présidente de l’UNEF), Khaled Gaiji (président des Amis de la Terre France), Pierre Khalfa et Willy Pelletier (Fondation Copernic), Emmanuel Vire (secrétaire général du SNJ-CGT), Mireille Stivala (secrétaire générale de la fédération CGT Santé et action sociale), Jean Marc Devauchelle (secrétaire général de la Fédération SUD Santé Sociaux), Thierry Amouroux (porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI), Hafsa Askar (Secrétaire Générale de la FSE), Denis Lalys (secrétaire général de la FNPOS de la CGT), Ana Azaria (présidente Femmes égalité), Lenny Gras (porte parole du MNL), Mathieu Devlaminck (UNL), Aneth Hembert (co-secrétaire fédérale des Jeunes Ecologistes), Jean-Christophe Sellin et Hélène Le Cacheux (coordinateurs du Parti de Gauche), Jean-François Pellissier et Myriam Martin (porte parole d’ENSEMBLE !), Christine Poupin, Olivier Besancenot et Philippe Poutou (porte-parole du NPA), Christian Pierrel (porte parole du PCOF), Christian Eyschen (secrétaire général de la Libre Pensée), Martin Méchin et Louise Tort (Black Robe Brigade), Anthony Caillé (CGT-Police), Jean-Baptiste Eyraud (porte-parole Droit Au Logement), Delphine Glachant (présidente de l’Union syndicale de la psychiatrie).

Elu·e·s : Éric Coquerel (député LFI), Elsa Faucillon (députée PCF), Eric Piolle (maire EELV), Jean-Luc Mélenchon (député LFI), Sébastien Jumel (député PCF), Emilie Carriou (députée Nouveaux Démocrates), Clémentine Autain (députée LFI), Aurélien Taché (député Nouveaux Démocrates), Mathilde Panot (députée LFI), Pierre Dhareville (député PCF), Caroline Fiat (députée LFI), Manon Aubry (députée LFI), Adrien Quatennens (député LFI), François Ruffin (député LFI), Muriel Ressiguier (députée LFI)

Personnalités : Youcef Brakni (militant antiraciste), Sandrine Rousseau (EELV), Caroline Mecary (avocate), Taha Bouhafs (journaliste), Jean-Marie Harribey (économiste), Arie Alimi (avocat), Kevin Vacher et Deborah Ozil (Rencontre des Justices), Stéphane Jouteux (syndicaliste), Nicolas Mayart (journaliste), Dominique Plihon (économiste), Paul Poulain (spécialiste des risques industriels), Laure Vermeersch (L’ACID), Gilles Perret (réalisateur), Rokhaya Diallo (journaliste), Claire Lejeune (EELV). »

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Société

Pass sanitaire: les pleurnicheurs de la culture heureusement déboutés

Les insupportables « acteurs de la culture » en ont pour leur frais.

C’est un secteur surprotégé par le capitalisme français, avec des gens ayant le même profil libéral-démocrate qu’Emmanuel Macron, avec le même ego démesuré et l’absence totale d’ancrage dans le peuple et dans le mouvement ouvrier en général. Les « acteurs de la culture » sont au cœur d’une consommation capitaliste à grande échelle et un grand facteur de propagande libérale. Et leurs prétentions sont immenses.

Depuis le début de la crise sanitaire, ils ne cessent de pleurnicher, en accord avec leur considération qu’ils seraient le centre du monde. Et là, avec l’instauration du pass sanitaire dans un climat de grande tension alors que le variant Delta est une grande menace, ils en ont même appelé au Conseil d’État pour repousser les mesures.

Tout irait trop vite, le milieu de la culture n’a pas à jouer le rôle de policiers, les libertés seraient touchées, etc. Le Conseil d’État a répondu sur le même ton, arguant que le pass sanitaire n’était pas « de nature à porter une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales invoquées, la liberté d’expression et la libre communication des idées, la liberté de création artistique, la liberté d’accès aux œuvres culturelles, la liberté d’entreprendre et la liberté du commerce et de l’industrie ainsi que le droit au libre exercice d’une profession. »

Mais cette réponse correspond à une vision libérale qui n’est de toutes façons pas la question. Le covid pose une question collective et la réponse ne peut être que collective. Si le « acteurs de la culture » étaient autre chose que des gens à la solde du capitalisme, ils seraient en première ligne pour un pass sanitaire bien mené, porté par le peuple lui-même. Ils produiraient de nouveaux artistes à la hauteur de leur époque, de nouveaux Molière pour se moquer des anti-pass sanitaire, des nouveaux Racine pour souligner la tragédie de notre époque, de nouveaux Balzac pour raconter les traits de la vie quotidienne nouvelle.

On n’a rien de tout cela, ce qui ajoute au drame que l’on vit : le capitalisme détruit tout, une crise sanitaire mondiale intervient, et même les « acteurs de la culture » veulent que tout soit comme avant ! Nommons d’ailleurs ceux qui en ont appelé au Conseil d’État en référé liberté qui est une procédure accélérée), afin de se souvenir de ces tenants d’une « liberté » dans un monde en perdition :

« la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, le syndicat Chorégraphes associé.e.s, le Syndicat national des metteurs en scène, la Fédération des entreprises du spectacle vivant, de la musique, de l’audiovisuel et du cinéma, l’association Jazzé Croisé, l’association Les écrivains associés du théâtre, le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles, la Fédération des ensembles vocaux et instrumentaux spécialisés, la Fédération nationale des syndicats de spectacle, du cinéma, de l’audiovisuel et de l’action culturelle CGT, le Syndicat national des scènes publiques, le Syndicat professionnel des producteurs, festivals, ensembles, diffuseurs indépendants de musique, le syndicat Les forces musicales, l’association France festivals, la Fédération française des festivals de musique et du spectacle vivant et la Fédération des syndicats des arts, des spectacles, de la presse, de la communication et du multimédia Force ouvrière. »

Ces gens sont lamentables, en-dehors de leur temps. Ils sont irresponsables, leur approche est injustifiable. Ils ne sont pas à la hauteur de notre époque.

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Société

24 juillet 2021: 160 000 personnes contre les mesures sanitaires collectives

Une immense mobilisation en plein milieu de l’été.

D’après les chiffres officiels, ce sont 161 000 personnes qui se sont rassemblées dans plus de 160 villes de France samedi 24 juin 2021 pour protester contre le pass sanitaire et la vaccination. Ils étaient 11 000 à Paris, 6000 à Nice, 5000 à Montpellier, 4300 à Marseille, 4000 à Strasbourg et Nantes, 3500 à Annecy, 2000 à Lyon, 2000 à Rennes, Rouen, Toulouse ou Perpignan et plusieurs centaines dans de nombreuses petites villes.

Les mots d’ordres étaient partout les mêmes. Il s’agissait de brandir la « liberté », contre ce qui est dénoncé comme étant une « dictature » sanitaire. C’est un état d’esprit typiquement d’extrême-droite, refusant toute discipline collective, qui est associée à du communisme. C’est aussi tout à fait significatif d’une société française en pleine décomposition, noyée par l’amplitude de la crise.

Des dizaines de milliers de beaufs donc, qui en plein milieu de l’été ont une gigantesque capacité de mobilisation à travers tout le pays. Ce sont les restes des « gilets jaunes » bien sûr, aidés par d’importantes figures politique populistes, notamment Florian Philipot (ancien dirigeant du Front national) et Jean-Luc Mélenchon (à la tête de la France insoumise). Il faut ajouter à cela quelques groupuscules d’ultra-gauche profitant de l’occasion dans certaines villes pour faire de l’agitation anti-police, avec un peu de casse de mobilier urbain.

Tout cela est profondément nauséabond, alors que la crise sanitaire n’en finit plus en raison des mutations du virus du covid-19 et de comportements irresponsables d’une partie de la population. La circulation du virus est inquiétante depuis plusieurs jours, les services hospitaliers redoutent concrètement une nouvelle vague, mais cela n’intéresse pas les petits-bourgeois français attachés à leur « liberté », c’est-à-dire leur liberté de n’en avoir rien à faire des autres, ni de la collectivité.

Il ne s’agit pas pour autant d’être dupe des mesures du gouvernement, qui ne fait qu’aller dans le sens du capitalisme pour qui la machine doit absolument redémarrer, et donc la population se plier à ses exigences. Le pass sanitaire, dans sa forme et son application apparaît comme brutal, bien que forcément nécessaire dans le fond.

Mais ce n’est pas cela que dénonçaient les manifestants du 24 juillet, car ces gens ne dénoncent pas du tout le capitalisme et encore moins la bourgeoisie. Ils ne sont pas de gauche et non rien à voir ni de près ni de loin avec la Gauche. C’est une anomalie terrible de les voir associées à de la « contestation » et de la « rebellion ». Ils ne sont en vérité que des ultra-libéraux s’accrochant au rêve d’un capitalisme idéalisé où l’individu est roi et consomme sans contrainte.

Il faut bien le dire cependant : ces gens, bien que minoritaires, convergent très bien avec l’état d’esprit général des Français. Si les Français se plient globalement aux mesures sanitaires, on ne peut pas dire pour autant qu’ils soient au rendez-vous de l’exigence collective et de la nécessité de changement, notamment écologique.

Tout ce que la société française est capable de produire en cet été 2021 marqué par une nouvelle chapitre de la crise sanitaire, ce sont donc des milliers de fous furieux et arriérés contre les mesures sanitaires.

C’est pour le moins glaçant, et il faut vite le retour de la Gauche pour combattre frontalement le capitalisme, au nom du collectivisme, de la société, de la nature, du progrès. Et se préparer à l’antifascisme car là l’atmosphère a l’esprit des années 1930.

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Société

Anti-pass sanitaire: l’insupportable paranoïa à la 1984

Le roman d’Orwell est iconique pour la petite-bourgeoisie.

Depuis trente ans, le roman 1984 de George Orwell est devenu une référence incontournable. Comme il vient de tomber qui plus est dans le domaine public, les rééditions se multiplient. Rappelons son contenu : des dictatures communistes contrôlent trois parties du monde et manipulent une population fanatisée, se faisant la guerre en changeant les alliances et en réécrivant l’histoire selon les besoins du jour.

C’est un ouvrage fanatiquement anti-communiste, écrit en pleine guerre froide, en 1948, et servant clairement alors la cause américaine et britannique. D’ailleurs George Orwell a travaillé pour les services secrets britanniques dans la mise en place d’un réseau de propagande anti-communiste, en aidant à la sélection des membres au moyen d’une liste.

Comme George Orwell se voulait originellement révolutionnaire, ayant participé à la guerre d’Espagne (mais dans le camp trotskiste), il a d’autant plus été mis en avant comme quelqu’un s’étant remis en cause et il a même désormais sa statue devant les bâtiments de la BBC à Londres, alors qu’on le célèbre du quotidien Le Monde à l’Éducation nationale, de la Droite aux anarchistes.

Il y a un tel matraquage qu’en fait il est pratiquement impossible de ne pas connaître cette œuvre ou de ne pas en avoir entendu parler. C’est un grand marqueur idéologique anti-collectivisme.

Et le mouvement anti-pass sanitaire est dans la droite ligne de cette posture maladive récusant tout ce qui est collectif comme relevant du « totalitaire ». Ce qui compterait, ce sont les individus, avec leurs désirs, leurs « libertés », il ne doit pas y avoir d’instance supérieure, de morale, de valeurs suprêmes.

Il faudrait vivre correctement, décemment, à son échelle ; il n’y a pas lieu de vouloir chercher une utopie.

On reconnaît le discours de Pierre-Joseph Proudhon au XIXe siècle et les chansons de Jean-Jacques Goldman dans les années 1980, et on dirait que la France n’a pas changé : elle reste un pays de petits propriétaires, de gens repliés sur leur propre vie ayant une approche désinvolte quant à ce qui ne les touche pas directement, avec un relativisme complet qualifié de « réalisme ».

C’est l’ignoble France du rêve pavillonnaire, qui est si puissante que même le mouvement punk s’y est cassé les dents dans les années 1980, basculant dans le nihilisme au lieu de la politique (contrairement à littéralement tout le reste des pays occidentaux).

On peut regarder toutes les valeurs du mouvement anti-pass sanitaire : on y retrouve ce qui est mis en avant dans 1984, véritable œuvre exprimant toute la paranoïa du petit-bourgeois coincé entre le bourgeois possédant et le prolétaire sans moyens.

On nous surveille, on veut tout nous prendre de manière masquée, il y a des complots contre nous… le petit-bourgeois, une forme permise uniquement par un capitalisme particulièrement élancé, craint de se déclasser tout en cherchant à être aussi propriétaire que le bourgeois… Alors il délire, il déraille.

Et le roman 1984 est ainsi emblématique à tous les niveaux. Parce qu’il est le symbole d’une vision du monde paranoïaque où ce qui compte c’est la petite propriété, où l’ennemi c’est le collectivisme sous toutes ses formes. On doit littéralement parler de haine anti-collective, anti-collectivisme. En période de crise sanitaire, où les exigences collectives sont d’autant plus grandes, c’est particulièrement vrai.

Cette convergence a une base sociale : la petite-bourgeoisie, sous toutes ses formes. Raison de plus d’affirmer de manière la plus claire, la plus nette, la supériorité du collectivisme et sa nécessité historique.

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Politique

Crise sanitaire et « bascule historique »: le projet libéral-démocrate de restructuration

Il y a en ce moment une très puissante vague politique prétendant gérer la crise.

Plus de 380 élus ont signé une tribune saluant les nouvelles mesures d’Emmanuel Macron concernant la crise sanitaire.

Parmi eux, on trouve entre autres le maire de Nice Christian Estrosi (ex-LR), le maire de Créteil Laurent Cathala (PS), le maire de Toulon Hubert Falco (ex-LR), le maire de Clichy-sous-Bois Olivier Klein (PS), le maire de Reims Arnaud Robinet (LR), le maire de Valenciennes Laurent Degallaix (centre), la présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône Martine Vassal (LR), le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc (LR), le maire de Dijon François Rebsamen (PS), le maire d’Angers Christophe Béchu (ex-LR), la maire de Mulhouse Michèle Lutz (LR), le maire d’Évry-Courcouronnes Stéphane Beaudet (LR).

Ces 300 élus saluent, ni plus ni moins, un Emmanuel Macron visionnaire qui porterait avec lui une véritable utopie, un eldorado capitaliste moderne. C’est que pour beaucoup de représentants de l’appareil d’État, notamment à travers les communes, la remise en cause de l’économie va générer une nouvelle situation, amenant une ré-impulsion du capitalisme.

Il y a à l’arrière-plan l’idée d’une gigantesque restructuration. C’est en fait la partie des couches dominantes qui dit qu’il n’est pas besoin d’aller à la guerre de manière prioritaire, que ce qui compte, ce sont les restructurations, qu’il y a autant à gagner en passant par là.

Pourquoi en effet courir à l’aventure nationaliste avec la Russie, alors que les Français sont passifs et qu’on peut les modeler comme le capitalisme l’entend, alors que les États-Unis sont à l’offensive ?

Voici la tribune, avec les passages essentiels soulignés :

« Comme des millions de Français, nous, maires et responsables de collectivités territoriales, avons suivi avec attention la récente adresse à la Nation du Président de la République. Et si nos sensibilités politiques sont différentes, nos parcours divers, nous nous retrouvons tous aujourd’hui pour saluer le courage des décisions prises, la clarté du cap fixé

Sur le plan sanitaire, l’objectif de vacciner tous les Français est ambitieux mais nécessaire. Ce n’est en effet qu’en atteignant un taux de couverture vaccinale supérieur à 90% de la population que nous pourrons tourner durablement la page, retrouver une vie normale dans nos villes et dans nos villages.

Mise en place de centres de vaccination, campagnes de communication : depuis le début de l’année, nous sommes en première ligne de combat. Nous serons au rendez-vous de cette nouvelle phase à la fois pour organiser la vaccination des Français qui, par millions, ont pris rendez-vous ces derniers jours et pour accompagner entrepreneurs, commerçants et responsables d’établissements publics dans la mise en place du passe sanitaire

Sur le plan économique, nous partageons également les orientations annoncées, la priorité donnée au travail, à la production et au mérite. Nous voulons dire, en particulier, notre disponibilité totale pour accompagner le plan d’investissement qui sera présenté à la rentrée.

A la tête de nos collectivités, nous œuvrons chaque jour pour rapprocher grands groupes, PME, start up et monde de l’université et de la recherche et ainsi faire émerger dans notre pays l’avant-garde industrielle. Amplifier ce mouvement est primordial pour permettre à la France de retrouver son indépendance, reprendre le contrôle de notre destin et réinscrire le pays dans une trajectoire de plein emploi.  

C’est aussi par l’investissement, par des innovations issues du terrain, que nous relèverons le défi du siècle : la lutte contre le réchauffement climatique. Transports propres, réseaux électriques intelligents, matériaux biosourcés, bâtiments à énergie positive, industrie décarbonée : nous inventons déjà au quotidien l’écologie de progrès dans nos territoires. Pour l’avenir de notre planète, pour nos enfants, nous sommes prêts à faire plus encore.  

Notre conviction est que nous vivons un moment de bascule comme l’Histoire en offre parfois.

L’alternative est simple : soit nous nous divisons dans des guerres picrocholines. Alors, la France passera à côté des révolutions en cours : numérique, technologique, écologique, démographique. Soit, nous faisons bloc, Etat et collectivités locales, dans un pacte de confiance renouvelé.

Alors, notre Nation se donnera une chance de participer à l’invention du monde qui vient.  

Dans l’intérêt du pays comme dans celui de nos territoires, nous, maires et responsables de collectivités territoriales, avons choisi d’agir ensemble pour l’avenir. D’agir ensemble pour la France. Voilà pourquoi nous soutenons les actions que vient d’annoncer le Président Emmanuel Macron.

Cet appel est hyper-moderne ; il vise à dire que le maillage des collectivités locales permet un encadrement des gens suffisamment puissants pour valider le projet libéral-démocrate, consistant en une restructuration complète.

C’est un projet très ambitieux, mais quiconque connaît le ton dans les collectivités locales sait que c’est pratiquement le triomphalisme qui prédomine. La passivité totale des travailleurs et la capacité économique de l’Etat a grandement rassuré sur l’absence de luttes de classe. Partant de là, les cadres de l’administration se placent de manière volontaire en première ligne pour la grande modernisation du capitalisme.

Ce sont deux projets qui se dessinent pour la prochaine présidentielle : la mobilisation par en bas par le populisme ou le nationalisme au service de l’aventure militariste d’une France en solitaire alliée à la Russie, la restructuration parallèlement à l’offensive américaine contre la Russie et la Chine. »

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Société

Crise sanitaire: appel à ne pas oublier les immunodéprimés sévères

Les plus fragiles ne doivent pas être mis de côté par une société cynique.

Réalisé par l’association Renaloo, dédiée au malades rénaux, cet appel a la forme d’une lettre ouverte au président de la République. Le voici :

« Nous ne devons pas être abandonnés »

« Monsieur Le Président de la République,

Nous nous adressons à vous au sujet de la situation critique dans laquelle se trouvent les 250.000 personnes immunodéprimées sévères, dont font partie les patients transplantés et dialysés que notre association représente.

Leur mortalité en cas de contamination par le Covid19 est de l’ordre de 15 à 20 %, sensiblement supérieure à celle des résidents d’Ehpad, pourtant bien plus âgés. De nombreux travaux à travers le monde, dont l’étude EPIPHARE en France, ont confirmé que la dialyse et la transplantation figurent dans le groupe de tête des pathologies entraînant les risques de forme grave et de décès les plus élevés.

La mise en évidence de cette très grande vulnérabilité a notamment justifié notre inclusion dans la liste des patients ultra-prioritaires pour la vaccination anti-Covid-19 quel que soit leur âge, dès janvier 2021. Malheureusement :

– 20 % des patients greffés et 18 % des patients dialysés n’étaient toujours pas vaccinés au 30 juin dernier.

– La vaccination a pour nous une efficacité souvent très diminuée, qui a justifié le recours à une 3e dose systématique à compter d’avril 2021.

Cette 3e dose semble suffisante pour la majorité des patients dialysés, mais un tiers des patients greffés n’a toujours pas d’anticorps à son issue, et près des trois quarts d’entre eux restent insuffisamment protégés. Ces constats sont très préoccupants dans le contexte de l’émergence du variant delta, trois fois plus contagieux et entraînant en population générale un risque doublé d’hospitalisation.

Des informations alarmantes nous parviennent du Royaume-Uni. Dans les environs de Bolton, qui ont connu en mai/juin une circulation importante du variant Delta, le nombre de patients transplantés contaminés est comparable à celui de mars avril 2020. Tous avaient reçu deux doses de vaccin.

Leur mortalité aurait atteint le taux dramatique de 30 %. Des essais sont bien prévus en France pour explorer différentes stratégies de renforcement vaccinal (augmentation des doses, recours à d’autres plateformes…), mais leur démarrage n’interviendra pas avant la rentrée 2021. Leurs résultats ne seront donc pas disponibles avant plusieurs mois.

Alors que les experts s’accordent pour considérer que la réalisation d’une 4e dose permettrait de renforcer la protection d’une large part d’entre nous, son accès reste à ce jour extrêmement limité et ne fait l’objet d’aucune recommandation officielle.

Alors que plus de 70 % des patients greffés ont reçu leurs vaccins en centre de vaccination, il n’est à ce jour pas prévu que la 4e dose y soit administrée. Une piste d’alternative à la vaccination, consistant à recourir de façon préventive (prophylactique) à des anticorps monoclonaux pour nous protéger du virus, semble très prometteuse, mais les délais réglementaires sont incompatibles avec un accès rapide à ces traitements, qui pourraient, au mieux, être disponibles courant septembre.

Pire, la Haute Autorité de santé s’est prononcée contre le recours et le remboursement des tests sérologiques permettant de mesurer nos titres d’anticorps post-vaccinaux. L’absence d’accès à ces tests interdit la mise en œuvre de toute stratégie de renforcement vaccinal personnalisé.

Le sens de cette décision est simple : nous sommes désormais arbitrairement condamnés, quelle que soit notre réponse à la vaccination, à poursuivre le confinement volontaire total auquel nous sommes astreints depuis le début de la crise, sans qu’aucun espoir de sortie ne nous soit laissé. Cette situation d’enfermement et de privation d’interaction sociale est évidemment devenue intenable. Ses conséquences psychologiques, familiales, professionnelles, humaines, sont dévastatrices.

Alors que la France a toujours affirmé la primauté de la protection des plus fragiles, qu’elle a été pionnière en nous proposant très tôt une 3e dose, après tous les efforts et les sacrifices que nous avons déjà accomplis pour survivre, nous aurions ainsi perdu notre place dans la société ?

Nous ne sommes pas prêts à la résignation. Nous ne devons pas être abandonnés à notre triste sort et à la menace du variant delta. Monsieur le Président de la République, chaque jour, chaque semaine, comptent. Vous seul êtes en mesure de faire en sorte qu’une protection effective nous soit apportée dans des délais compatibles avec cette urgence.

Les moyens à mettre en œuvre sont simples : il s’agit de bousculer l’inertie et la torpeur estivale, de vacciner ceux d’entre nous qui ne le sont pas encore, de nous permettre sans délai et de façon équitable d’accéder, selon nos besoins, à une 4e dose de vaccin en centre de vaccination et/ou à des anticorps monoclonaux en pré-exposition.

Il s’agit aussi de prioriser la recherche publique et privée sur le renforcement vaccinal des personnes immunodéprimées, afin qu’elle devienne un enjeu collectif partagé, qui permettra de répondre aux futurs défis de l’épidémie et pour lequel tous les acteurs, y compris les industriels, ont leur rôle à jouer.

Enfin, dans l’attente que ces stratégies fonctionnent, la non-obligation de port du masque dans les lieux accessibles avec un pass sanitaire impliquerait que nous en soyons totalement exclus. Nous vous demandons de renoncer à cette mesure, qui légaliserait notre mort sociale. Nous comptons sur vous pour affirmer que nous ne serons pas ignorés, oubliés, laissés de côté, dans notre immense vulnérabilité, mais qu’au contraire nos vies sont précieuses et que notre pays se mobilisera pour les sauver.

Nathalie Mesny, Présidente de Renaloo »

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Société

Le pass sanitaire est-il une mesure machiavélique ?

L’ultra-gauche a largement diffusé sa conception d’un État qui « pense ».

Depuis l’allocution du 12 juillet 2021 d’Emmanuel Macron, un grand débat existe chez les gens de gauche : le pass sanitaire est-il une mesure anti-populaire, et même directement hostile à l’encontre des travailleurs ? La question s’est posée avec d’autant plus d’acuité qu’une partie importante des masses laborieuses, dans ce qu’elles ont de plus large, a eu un véritable haut-le-cœur à l’annonce des mesures étatiques.

La lassitude dans la crise sanitaire et la fatigue du salariat ont amené bon nombre de travailleurs à exprimer un refus de suivre une exigence décidée de manière unilatérale. Il y a un sentiment diffus de ne plus vouloir suivre les règles imposées. Tout cela est très confus, évidemment, vue la nullité complète du niveau de conscience sociale, politique, idéologique, culturel. Il y a cependant quelque chose, et c’est suffisant pour avoir été remarqué.

Comme on le sait, il y a en effet en France une grande tradition syndicaliste révolutionnaire ; à vrai dire, on considère même qu’être à gauche de la gauche serait d’exprimer la colère populaire revendicative. D’où une vague de refus du pass sanitaire exprimée politiquement de manière ouverte.

Il faut cependant prendre garde à ne pas rater la question de fond. En effet, les travailleurs refusant le pass sanitaire ont pris cela pour eux, au sens de : « on va encore nous ennuyer, nous agresser ». Ils ont une vision machiavélique d’Emmanuel Macron, comme de Nicolas Sarkozy hier. Il y aurait un calcul, ce serait un coup fourré, un coup de Jarnac, etc.

Or, que voit-on ? Que les dénonciations du pass sanitaire se placent à ce niveau. Elles ont toutes comme arrière-plan intellectuel d’imaginer le capitalisme organisé, avec des gens savant pertinemment ce qu’ils font. Il est pourtant évident que l’État est débordé et que le pass sanitaire est le minimum objectif à réaliser pour essayer que la société sorte la tête de l’eau.

C’est là qu’on voit comment prédomine la conception d’ultra-gauche d’un État « calculateur », d’un État à la « 1984 », d’un capitalisme conscient et cynique, calculateur et machiavélique. C’est une vraie paranoïa, qui s’exprime très largement. Lutte Ouvrière, par exemple, est formelle dans son article Passe sanitaire et vaccination forcée : c’est non ! : c’est une mesure calculée, un coup machiavélique.

« Qu’arrivera-t-il aux salariés qui n’auront pas de passe sanitaire à jour ou à ceux qui ne voudront pas se plier à l’obligation vaccinale ? Seront-ils mis à l’amende, suspendus, licenciés ? La non-vaccination est devenue un nouveau motif de licenciement, eh bien voilà une attaque anti-ouvrière de plus à combattre ! 

La vaccination est un moyen puissant pour combattre l’épidémie, mais Macron s’en sert comme une arme politique pour dissimuler sa propre responsabilité. Il s’en sert pour cacher combien la gestion capitaliste des hôpitaux est criminelle. Il s’en sert pour faire oublier le manque de moyens humains et matériels du système de santé.

Macron est en campagne et il utilise la crise sanitaire pour resserrer les rangs derrière lui, en dressant les vaccinés contre les non-vaccinés. Il aimerait que nous passions le temps à nous dénigrer, nous déchirer et nous contrôler les uns les autres, plutôt que juger de son action et lui demander des comptes. »

L’idée de fond, c’est que le pass sanitaire serait une mesure afin de diviser pour régner, avec aux commandes un super-calculateur prévoyant les coups à l’avance. Le PCRF parle de « Macron l’autocrate jupitérien » réalisant une « avalanche continue des mesures liberticides et réactionnaires ». Le PRCF parle du « tyranneau Macron« , qui empile les mesures liberticides :

« Préparées par un intense pilonnage médiatique, les annonces de Macron sont inadmissibles sur toute la ligne. Plus arrogant que jamais alors même que le parti macroniste LREM a obtenu moins de 4% des inscrits aux régionales et aux départementales, le “libéral” Macron institue à la fois l’obligation vaccinale pour les soignants et le passe sanitaire individuel obligatoire pour une interminable série d’activités : ce qui revient de fait quasiment à assigner à résidence, voire à interdire de vie sociale, politique et culturelle toute une partie de la population!

Cette approche ultra-autoritaire et diviseuse, typique des mesures liberticides empilées sans fin par les présidents et par les gouvernements maastrichtiens successifs, fait l’impasse sur l’euro-casse austéritaire de l’hôpital, qui continue de plus belle, et sur le désintérêt total du pouvoir pour les politiques de soin et de prévention. »

Le média Lundi.am, porte-parole d’une ultra-gauche spontanéiste et intellectuelle, parle pareillement de contrôle et de répression :

« Emmanuel Macron l’a annoncé lundi dernier, la stratégie de lutte contre la 4e vague épidémique s’articulera autour de valeurs phares : la menace et le chantage, le contrôle et la répression. Il y a beaucoup à dire et à penser de ce que va produire le Pass sanitaire et les mille frontières invisibles qu’il va faire exister autour de nous, de la division entre bon citoyen et marginal co-responsable de l’épidémie. »

Révolution Permanente, courant du Nouveau Parti Anticapitaliste en phase de fonder un nouveau parti, formule cela de la manière suivante dans Pass sanitaire : un autoritarisme made in Macron pour masquer l’échec de sa stratégie vaccinale :

« Lundi 12 juillet, Emmanuel Macron a annoncé l’extension du pass sanitaire à l’ensemble des bars, restaurants, centres commerciaux et trains. A travers cette mesure, Macron cherche à faire peser le poids des restrictions sur les non-vaccinés, créant ainsi des citoyens de seconde zone. Si la généralisation de la vaccination est une nécessité, cette mesure est intrinsèquement autoritaire et liberticide. Pire, loin de créer de la confiance envers la vaccination, elle va accentuer la défiance. »

Tout cela est bien erroné et rate le vrai fond du problème: que le capitalisme a fait le tour de lui-même, que l’État est débordé, que tout se fait au jour le jour… Croire que les couches dominantes, totalement décadentes, peuvent gérer quelque chose, c’est « croire » en un capitalisme qui peut se comprendre lui-même, ce qui est absurde. Le pass sanitaire n’est pas une mesure machiavélique : c’est simplement une réponse objective d’une société essayant de traverser la crise sanitaire. Et loin de parler de mesures liberticides, il faudrait au contraire se plaindre que ces mesures ne le sont pas assez!

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Société

Gilets jaunes nouvelle version: 114 000 anti-pass sanitaire

La révolte populiste resurgit, massive.

Agauche.org a été l’un des très rares médias de gauche à dénoncer de manière absolue les gilets jaunes. La nature correcte d’une telle position alors saute désormais totalement aux yeux. 114 000 personnes ont en effet manifesté dans toute la France contre le pass sanitaire, assimilé à la « dictature sanitaire », à la dictature tout court.

C’est une réédition des gilets jaunes, à tous les niveaux : dans le style, dans la vision du monde, dans l’expression des idées et des revendications, dans la nature petite-bourgeoise. Mais c’est une réédition bien plus virulente… Et si la Gauche avait écrasé idéologiquement et culturellement les gilets jaunes, on n’aurait pas eu cela.

Cette fois, on a en effet une envergure nationale réelle, une ampleur idéologique traversant de nombreuses strates de la société et franchissant allègrement les courants idéologiques.

Et non seulement les manifestations ont eu lieu dans toute la France (Perpignan, Morlaix, Reims, Lyon, Agen, Bourges, Strasbourg, Albi, Troyes, Chambéry, Paris, Marseille, Montpellier, Nancy, Toulouse, Vannes, Lille, Vichy, Rouen, Pau…), mais il y a des figures incarnant le mouvement, comme celles en première ligne de la manifestation parisienne : l’ex-numéro 2 du Front national Florian Philippot, la députée (ex-LREM) « covidosceptique » Martine Wonner, l’ancien chanteur Francis Lalanne, Jacline Mouraud des Gilets jaunes.

Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, est également sur le front,  a de son côté tenu une conférence de presse devant le Conseil constitutionnel. Et on notera que, bien entendu, ont appelé à manifester tant  François Ruffin (La France insoumise) que François Asselineau (Union Populaire Républicaine).

Ce que les gilets Jaunes avaient échoué à mettre en œuvre, dès les suites de leur première manifestation, est apparu en tant que tel le samedi 17 juillet 2021. C’est le grand front qui se met en place, « trans-partisan », « trans-gressif », « trans-activiste », « trans-idéologique… tout en proposant, cette fois, une véritable synthèse.

Il suffit pour comprendre cela de se tourner vers Jacline Mouraud. Cette dernière compte se présenter à la prochaine présidentielle et a profité de l’appui du média russe RT France à l’occasion des manifestations du 17 juillet 2021. Cela n’a rien d’étonnant, vu comment la Russie est directement un soutien pour toute la mouvance complotiste – nationaliste – conservatrice révolutionnaire – populiste.

Mais surtout le discours est désormais parfaitement rôdé. Voici un exemple de sa prose (tiré de « Pourquoi j’irai manifester samedi »), qui reflète parfaitement l’idéologie anti-pass sanitaire, dans cet ignoble mélange national et social inauguré par les Gilets jaunes :

« Emmanuel Macron s’apprête à nous faire vivre une saison en enfer. A défaut d’être un véritable chef de guerre, il opère une prise d’otages des Français libres, il sème la zizanie dans les familles et les professionnels, il enferme les biens portants et les affubles d’amendes faramineuses s’ils ne se conforment pas aux oukases gouvernementaux, il accroche une épée de Damoclès sur tous les membres de la société, il étouffe toute forme de révolte, il recherche une obéissance aveugle à ses ultimatums à coup de sommations et de mises en demeures, il échafaude un apartheid à la française.

Pour ce président qui semble ne plus avoir de limites, passera-t-il ensuite à une persécution d’un nouveau genre ? Car là où Emmanuel Macron ne voit que des vaccinés et des non-vaccinés, je ne vois que des Français ayant tous les mêmes droits et les mêmes devoirs. Le droit de vivre libres et le devoir de protéger nos libertés.

La France est plus que jamais fracturée par un président qui n’écoute que les bruits de la ville, qui déchire le tissu national et social, bombant le torse par orgueil du devoir accompli.
« Je l’ai fait ! » doit-il penser. « Nous ne nous soumettrons pas! » lui répondons-nous.

Nous refusons la société dictatoriale à la chinoise.
Nous n’entrerons pas dans le rang des asservis..
Nous ne renoncerons pas à nos libertés chèrement gagnées.
Nous nous révolterons contre ce supplice des condamnés.
Nous ne passerons pas à la guillotine sociale. »

Tout cela correspond à la paranoïa petite-bourgeoise, la hantise du déclassement, l’angoisse d’être pris entre le marteau bourgeois et l’enclume prolétaire, les ruminations face à une crise en expansion. Nous sommes dans les années 1930.

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Société

Pass sanitaire: le chaos dans le salariat

Dans un pays libéral, organiser quelque chose socialement est une gageure.

Les mesures annoncées par Emmanuel Macron le 12 juillet 2021 lors de son importante allocution ont une dimension autoritaire très prononcée ; il s’agit en effet pas moins que de remettre enfin de l’ordre, d’y voir clair, donc de vacciner partout afin d’avoir à moins le gérer possible une crise partie pour durer.

Seulement voilà, les Français ne sont pas des Allemands ni des Autrichiens et à cela s’ajoute une situation sociale catastrophique, non pas au sens où c’est la misère qui régnerait, loin de là, mais au sens où les tissus sociaux sont profondément déchirés.

Dès le lendemain, le gouvernement a dû reculer sur la vaccination des jeunes, car il s’est aperçu qu’il n’y aurait pas le temps de les vacciner en un mois. Cependant, il y a surtout la grogne du côté des salariés et de ceux qui les emploient.

Entre les salariés non vaccinés, ceux qui ne le veulent pas parce que c’est une injonction d’en haut pour permettre la consommation, ceux en vacances, ceux qui aimeraient éviter… comment faire ? Cela semble insoluble et c’est très exactement la preuve qu’on est dans une situation de crise.

Les salariés ne veulent pas se plier, du moins en partie, et les responsables des salariés ne savent pas comment faire. Faut-il licencier, y en aura-t-il le droit si facilement ? Et comment trouver du personnel remplaçant ?

Emmanuel Macron voulait rigidifier l’ordre social, peut-être a-t-il ouvert la boîte de Pandore d’une défiance sociale à l’échelle du pays. C’est ce que pensent d’ailleurs les populistes du RN de Marine Le Pen et de LFI de Jean-Luc Mélenchon, qui parlent de mesures liberticides, etc., comme beaucoup de groupes d’ultra-gauche également.

En réalité, tout cela pose la question de l’État et quand on est de gauche, on doit dire : il faudrait un État démocratique, sur une base populaire, pour véritablement être capable de mettre en place une mesure collective, car mesure collective il faut.

Cependant, de par le faible niveau de conscience sociale et l’agitation petite-bourgeoise, on va être dans une situation de critique semi-anarchiste de l’État, de rejet des valeurs collectives, des exigences collectives… Ce qui, dans le contexte, ne manquera toutefois pas de provoquer une situation explosive politiquement, à tous les niveaux.

En fait, Emmanuel Macron s’est dit que c’était le bon moment pour activer la société, totalement passive jusque-là. Il a ce faisant peut-être laisser sortir les monstres des enfers et ils peuvent être déchaînés…

La porte du nouveau semble ouverte et on va très vite savoir si c’est bien le cas.

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Politique

L’importante allocution du 12 juillet 2021 d’Emmanuel Macron

C’est le moment où le régime est fort.

Comme prévu, l’Autriche a servi de laboratoire et la France va instaurer le principe du pass sanitaire systématique. Pour accéder à un lieu public, il faudra être vacciné, guéri de moins de six mois ou disposer d’un test PCR négatif récent, ce dernier devenant payant. Emmanuel Macron a d’ailleurs été très clair : il faudra vivre avec le virus tout le reste de l’année 2021 et les premiers mois de 2022. Le pass sanitaire s’inscrit donc dans la durée et rien que cela est une terrible défaite pour le capitalisme, qui doit réorganiser la société.

Ce qui va se faire dans la douleur, car on voit mal des Français individualistes accepter les contrôles pour le pass sanitaire dans les trains longue distance ou pour simplement prendre un café.

La crise n’est toutefois pas que sanitaire et ce qui fait l’importance de l’allocution du 12 juillet 2021, c’est le ton offensif d’Emmanuel Macron, qui annonce les luttes de classes à venir. Ce qui attend les travailleurs, c’est la restructuration. La réforme des retraites sera reprise dès que possible et surtout, le président l’a martelé, la valeur « travail » doit être mise au centre de tout. La moitié des entreprises françaises a des problèmes à trouver des travailleurs, cela doit cesser et le moyen capitaliste pour cela c’est de baisser les aides sociales ainsi que les allocations pour le chômage.

Emmanuel Macron en a profité pour insister sur le fait que la France serait le premier pays pour le numérique, qu’il y a beaucoup d’investissements internationaux, bref pour présenter le pays comme un bastion du capitalisme, ce qu’il est par ailleurs.

C’est en ce sens qu’il faut comprendre l’obligation de vaccination pour tous les soignants. Les vacances sont finies : désormais c’est l’ordre capitaliste qui doit primer et plus personne ne doit gripper la machine. La France a été une sorte de « joyeux bordel » comme le dit l’expression bien connue, désormais c’est terminé. Il y a une compétition internationale à assumer et les caractères particuliers des Français doivent s’effacer.

Il faut que le capitalisme français reprenne son cours, coûte que coûte et Emmanuel Macron a même été très optimiste, considérant qu’on reprendrait un cours progressif vers le « plein emploi » – une sacrée fiction – grosso modo d’ici une année. Il est payé pour cela : pour nier la crise, la faire payer aux travailleurs, avancer à marche forcée. En ce sens, le Emmanuel Macron de la dernière année du quinquennat va être très différent du précédent. Il va être directif, parce qu’il sait que le capitalisme attend cela de lui.

Les travailleurs vont prendre très cher. Ils vont payer le prix d’avoir accepté sans broncher qu’il y ait une pluie de milliards qui tombent sur les entreprises pour les soutenir. Ils n’ont pas voulu remettre en cause le capitalisme, considérant qu’ils tiraient leur épingle du jeu, par la consommation, un certain niveau de vie… ils vont s’apercevoir brutalement que le capitalisme leur doit tout… et qu’ils vont devoir payer la crise, en attendant la guerre.

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Société

Le pass sanitaire européen, une avancée vers la socialisation de la société

Toute mesure collective implique la collectivité.

C’est une mesure dont les conséquences sont énormes, et même gigantesques. Elle exprime toute une formidable contradiction entre un capitalisme qui atomise les individus et une pandémie qui exige un décision collective à l’échelle de la société elle-même.

Le principe est simple : un pass sanitaire européen a été instauré dans pays de l’Union européenne, ainsi que la Suisse, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein. Il indique si on est vacciné, ou guéri, ou récemment testé. Il se fonde sur un QR code lisible dans tous les pays concernés. Il s’ajoute au document d’identité afin de pouvoir franchir les frontières, au premier juillet.

Or, les libéraux hurlent, avec justesse, que c’est là du socialisme. C’est indubitablement une réduction des droits individuels et la primauté de l’intérêt collectif sur les droits personnels. S’il est présenté comme « gratuit et non-obligatoire », en pratique sa gratuité implique qu’il soit fournit par la société et que la société le rende obligatoire par la force des choses.

Impossible de prouver qu’on est vacciné en France à des policiers aux frontières slovaques sourcilleux peu désireux de vérifier que le document soit un original et que ce qu’il dit en français et en anglais soit vrai. Il faudra bien s’y plier. D’ailleurs, en Belgique les tests PCR vont devenir payants pour qui n’est pas vacciné ou n’a pas fait la demande de vaccin. Les administrations des États sont obligés de rationaliser la lutte pour la pandémie et, malgré elles, de faire avancer la cause du collectivisme.

Mais ce n’est pas tout. On sait qu’en France les cafés et les restaurants doivent, légalement, demander les coordonnées personnelles des clients. Cela n’est évidemment pas fait. Le modèle administratif est toutefois que cela soit fait, de manière systématique. On retrouve ici encore et toujours l’Autriche comme laboratoire. Pour accéder dans ce pays aux cafés, restaurants, et même aux commerces, il faut montrer patte blanche : un QR code doit prouver qu’on est vacciné, guéri ou récemment testé. Et c’est naturellement vérifié à l’entrée… avec même le droit de demander la carte d’identité !

Inconcevable en France dans l’état actuel des choses, mais si la pandémie se prolonge, si elle s’installe, ce sera obligatoire. Cela deviendra une norme de par la situation, et cela peut même être une norme pour des années, une décennie, plusieurs décennies, etc. L’humanité joue aux apprentis-sorciers en massacrant la Nature, le retour de bâton est inévitable.

Or, quand on est de gauche, on sait qu’il fait une culture pour qu’une norme s’impose. Cela signifie que les gens devront changer de culture. On peut prendre ici un exemple très simple. L’État français a pris en compte le 20 avril le principe du pass sanitaire européen. Comme il est amené à réaliser cela administrativement, mais n’a pas l’esprit pour cela, pas la culture, que s’est-il passé ? Eh bien l’Etat a oublié qu’il y avait deux millions de personnes qui avaient eu le COVID-19 avant le 20 avril.

Résultat, le pass sanitaire européen établi en France ne permet pas de valider le fait d’avoir été guéri avant le 20 avril ! Si on multiplie ces situations à grande échelle, on obtient la nécessité de remplacer le vieil État bureaucratique sclérosé par le capitalisme par un État démocratique porté par le peuple.

Et, d’ailleurs, les vaccinations… n’ont une durée de validité que de neuf mois. Il faudra prendre cela en compte, jongler entre les anciennes et les nouvelles vaccinations, les variants… La situation exige le collectivisme. Et pour des décisions collectives, il faut des gens à la hauteur du collectivisme.

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Société

Covid-19: vers un passeport sanitaire

Si on regarde bien, on voit que les États commencent à agir conformément à l’idée que la crise sanitaire s’installe dans la durée.

L’Autriche, laboratoire de l’Allemagne pour la crise sanitaire, a mis en place des mesures qui sont très révélatrices. D’abord, la grande majorité de la population dispose à 5-10 minutes de chez elle du moyen de se faire tester gratuitement. Ensuite, cinq tests antigéniques par semaine vont être donnés aux gens pour se tester chez eux. Enfin, quand on va chez le coiffeur, on doit avoir fait un test auparavant, alors que dans les transports et dans les magasins, il faut un masque de type FFP2.

Cerise sur la gâteau, le chancelier Kurz a demandé que soit mis en place un passeport vaccinal. Cela signifie bien entendu qu’on est parti là pour un processus long, d’au moins six mois – un an. Et si l’Autriche le fait et que cela fonctionne, l’Allemagne suivra. La chancelière allemande Angela Merkel a de fait dans la foulée demandé un certificat de vaccination numérique à l’échelle européenne. C’est une tendance lourde. Rappelons que l’Allemagne est confinée alors que ses chiffres sont bien moins mauvais que ceux de la France.

On voit mal la France ne pas être obligée de suivre, alors que la Grèce et Chypre mettent en place un passeport vaccinal. D’ailleurs, du côté français, le secrétaire d’État aux Affaires européennes Clément Beaune a également parlé dimanche 28 février 2021 du passeport vaccinal, demandant par contre que soient listés les tests effectués, et pas seulement le vaccin. Pourtant, le gouvernement et le président avaient bien précisé qu’un tel passeport n’était pas du tout à l’ordre du jour, que c’était une idée non conforme aux principes français, etc.

Ce n’est pas du tout l’orientation que prennent les choses. En clair : les tests feront partie de la vie quotidienne et il faudra montrer patte blanche pour différentes activités. Pour aller au restaurant, il faudra un test ou une vaccination, dans certains pays même une vaccination obligatoire. On peut ne pas se faire vacciner… mais alors, pas de restaurant.

Encore faut-il mettre cela techniquement en place. Il faut trois mois pour cela grosso modo. Les vacances d’été sont pour bientôt et bien entendu la pression est grande pour aller en ce sens. Seulement voilà, la vaccination en Europe ne va pas vite, c’est le moins qu’on puise dire. Bref, tout est enlisé ! La crise sanitaire s’installe dans le paysage…

Naturellement, une telle chose est inaudible pour les Français qui s’imaginent depuis un an que les choses vont s’arranger dans les trois semaines. D’où le grand problème du gouvernement pour gérer des Français régressifs. Déjà que mettre en place le couvre-feu à 18 heures est une galère, que mettre en place un confinement relève de la gageure, alors instaurer des mesures sur le long terme de manière ouverte…

Mentionnons ici la démagogie d’Anne Hidalgo. Elle a demandé, en tant que responsable de la ville de Partis, un confinement de trois semaines pour que tout redémarre normalement ensuite. C’est de la pure démagogie : comme si la région parisienne n’existait pas, comme si un tel confinement suffirait. Non, le fond du problème, ce sont les Français, indisciplinés, individualistes, relativistes. Le Covid-19 met à nu toutes les failles d’une société française pourrie par le capitalisme.

Il va donc falloir boire le calice jusqu’à la lie. Les Français ont récusé le collectivisme : ils en paient le prix.