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Société

La Gauche doit stopper le fléau des trafics de drogues

Le trafic de drogues est devenu une immense manne financière qui prospère sur le pourrissement social et la corruption de certains pans des institutions.

En 2018, l’Institut de la statistique française INSEE a intégré le trafic de drogue, de sa production à sa vente en passant par sa consommation, dans le calcul du PIB. Tout un symbole de normalisation pragmatique.

Pour les capitalistes, il y a forcément une énorme manne financière : à la même date, le même INSEE estimait que le trafic générait 21 000 emplois à temps plein. Cannabis, cocaïne et autres drogues dites de « synthèse » représenteraient 2,7 milliards d’euros.

L’emprise de cette économie est telle que certains quartiers tournent pratiquement autour de lui. Serge Castello, ancien commissaire à la tête de la sécurité publique entre 2011 et 2017 en Seine-Saint-Denis, parle du 93 comme « un narco-département ». On a là tout un système qui entretien des réseaux bien établis, avec des offres d’emploi presque officielles, des manières de blanchir et de ré-investir l’argent dans l’économie « officielle ».

Dans le JDD, on peut lire des extraits de l’ouvrage de Frédérique Ploquin intitulé « Les narcos français brisent l’omerta ». Dans un de ces extraits, on lit un dealer qui explique tranquillement :

« Tu achètes un commerce, le kebab du coin. Il génère 2 000 euros de chiffre d’affaires par mois, mais tu déclares 40 000 euros. Si tu veux quelque chose de plus durable et que tu disposes de sommes plus importantes, tu te tournes vers les paradis fiscaux, les Caraïbes par exemple. Le but n’est pas d’échapper à l’impôt, mais de réinsuffler l’argent dans l’économie légale pour pouvoir en profiter. Les banquiers installés dans ces îles ne refusent pas l’argent. Sale ou pas, ils comptent. Si tu arrives avec 5 millions en liquide, c’est une grosse somme, même pour eux. Le banquier va être bien vu de sa hiérarchie, c’est ce qui compte. Tu t’engages à laisser l’argent pendant trois ou quatre ans sur ton compte, tu achètes des Sicav locales [sociétés d’investissement à capital variable], des actions ou des obligations. Trois ans plus tard, la banque a pris sa commission et l’argent est à toi, lavé. »

C’est dire à quel point le pourrissement social est entretenu par le capitalisme. À tel point que les trafics intègrent des enfants marginalisés âgés de 11-12 ans. Des gamins attirés par cette réussite financière glorifiée par la culture « gangsta », ce « nouveau western » dont parlait Mc Solaar en 1994, et qui a pris des proportions hallucinantes… Quoi de plus facile que de monter son business de livraison de drogue à domicile ?

Et la crise sanitaire n’a pas arrangé les choses, formant un terreau « culturel » encore plus propice à l’expansion des trafics. Comme tous les autres secteurs d’activité, le trafic de drogue a fait face à une rupture d’approvisionnement, avec donc des repartages de marchés.

C’est ce qui explique l’extension anarchique de règlements de compte un peu partout en France, et non plus sur quelques gros points concentrés en périphérie des grandes villes et encadré par des réseaux d' »anciens ». Cet été, à Annonay, petite ville de 16 000 habitants en Ardèche, des personnes masquées ont tiré au fusil de chasse sur un groupe pour une histoire de dette de drogue…

Face à ce pourrissement, certains en appellent alors à la légalisation du cannabis, actuellement la principale drogue vendues par les trafiquants, la cocaïne arrivant juste après puis les autres drogues de synthèse. C’est ce que dit par exemple le libéral Gaspard Koenig, responsable du club de pensée « Génération Libre », pour qui « cela permettrait de transformer les petits dealers hors la loi en entrepreneurs agréés ». 

Cette option de la légalisation pour endiguer le trafic illégal est un symbole de toute la déliquescence morale des dominants, soutenue par ses idiots utiles de la « gauche » libérale-libertaire. Une « option » par ailleurs ridicule lorsqu’on sait que la teneur légale THC proposée serait de 7 % lorsqu’il est de 25 à 30 % pour les résines de cannabis illégales…

En fait, la drogue s’est infiltrée dans le quotidien du peuple et elle apparaît maintenant comme un immense rouleau compresseur, comme si rien ne pouvait l’arrêter. La « guerre à la drogue » est une bien fausse expression lorsqu’on sait les affaires de corruption en cascade ces dernières années. Citons là simplement l’affaire Michel Neyret, ancien directeur-adjoint à la direction inter-régionale de la police judiciaire de Lyon, arrêté en 2011 et condamné en 2018 pour corruption et association de malfaiteurs. Ou l’arrestation en 2016 de François Thierry, ex-chef de l’Office central de la répression du trafic illicite de stupéfiants, accusé d’avoir entretenu un réseau d’importation de cannabis par le biais de ses indics.

Il est connu de tous que les mafias savent corrompre des pans de l’appareil d’État, mais aussi de la population. Il suffit ici de se souvenir de l’effroyable assassinat d’Allan Affaguard, docker du Havre, en juin 2020 sur fond de trafic de drogue. Ou à cette sordide affaire mêlant une personne d’un point d’un deal à Saint-Ouen…et le PCF.

Pour se confronter à l’horreur de la drogue, il faut s’en donner réellement les moyens. Ce ne sont ni les faibles ressources données à la police, ni l’état d’esprit libéral qui règne dans l’appareil d’État qui permettront d’éradiquer les mafias.

Cela exige des institutions qui s’appuient sur le peuple, des comités populaires capables de dresser une morale de fer contre la corruption. De nouvelles institutions, construites par en bas, et capables de réprimer les réseaux de production, tout autant que de construire un horizon culturel alternatif à la culture de la drogue.

Cette exigence, elle commence déjà à se faire sentir comme l’attestent les courageuses mobilisations d’habitants, et surtout d’habitantes, en 2019 à Poitiers, Aubervilliers, Saint-Denis, Villeneuve-Saint-Georges…. Et elle n’étonnera personne qui a l’héritage de la Gauche historique chevillé au corps. Il est maintenant temps que la Gauche relance la lutte populaire contre le fléau des drogues.

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Société

À Courchevel, les voitures remplacent les remontées mécaniques

La mise à l’arrêt prématuré en mars 2020, puis la perspective d’une « saison blanche » 2020-2021 rend fou de rage les magnats de l’or blanc. Il n’en faut peu pour que la moindre faille soit exploitée, témoin d’une déliquescence complète de la haute bourgeoisie.

S’il y a bien un fait illustrant toute la déliquescence de la haute bourgeoisie, c’est celui-là. Depuis ce samedi 6 février et jusqu’au 7 mars, à Courchevel la piste bleue de 2 km de Bellecôte est ouverte et accessible par voitures privées, taxis, et navettes d’hôtels…

Cette piste n’a pas été choisi au hasard puisqu’en plus d’être liée au village de Courchevel 1850, elle est reliée à l’altiport, avec donc une route bitumée qui part du village jusqu’à ce dernier.

Car oui, la station de ski savoyarde construite en 1946 sur une nature vierge, possède un aéroport d’altitude niché à plus de 2000 mètres, avec sa piste d’atterrissage de 80 mètres de large et 537 de long. À proximité, il y a même un hôtel-restaurant étoilés. Ainsi, donc la haute bourgeoisie hors sol peut continuer à skier en remplaçant une remontée mécanique par un chauffeur de taxi à leur service.

Pour les riches cosmopolites, tout doit être approprié, rien ne doit être un obstacle, et surtout pas les mesures sanitaires contre la pandémie de Covid-19. Tout du moins, il est possible de les éviter en se payant le luxe de quelques descentes grâce à l’enchainement d’un chauffeur de taxi à son service. Peut-on tomber plus bas ? Comment ne pas voir que cette couche sociale est totalement parasitaire et décadente ?

Mais si cette idée a émergé dans les promoteurs touristiques locaux, c’est que l’altiport est un business florissant, avec plusieurs milliers de départs et d’atterrissages d’hélicoptères et d’avions chaque année, en grande majorité l’hiver. Il est possible ainsi d’atterrir à Paris, Lyon, Chambéry, Genève et de se faire ensuite déposer directement à l’altiport. Certains y viennent même avec leur propre appareil privé, pour ne faire qu’une journée de ski et repartir le soir même…

C’est là que l’on voit que le ski n’est pour la bourgeoisie qu’un état d’esprit, un life style, bien loin de la dimension populaire sportive, avec ses exigences collectives.

Actuellement, malgré les restrictions sanitaires, si l’on veut pratiquer le ski, on peut toujours s’inscrire au club local pour lequel quelques téléskis sont autorisés à fonctionner. Mais cela signifie slalom, entraînement, bref un effort physique encadré et prolongé.

Et ce n’est sûrement pas ce que recherche la riche clientèle décadente, en mal de projections existentialistes sur un environnement qu’elle considère comme un « paysage », son paysage. Le domaine skiable est lui-même façonné ici ou là à cette image, avec ses longues pistes bleues, ses vastes pistes de transition, ce qui exige des terrassements mortifères pour refaçonner les pentes abruptes.

Un écosystème artificialisé selon les propres besoins de la bourgeoisie, avec des résidences dorées de toute part, des bars et des discothèques stupides… On y retrouve aussi des magasins de luxe avec des parkings chauffés, des galeries d’art contemporain, des proxénètes proposant des prostitués de « luxe », des dealers de cocaïne.

Tout cela forme une atmosphère de parasitisme anti-social, anti-moral. En janvier 2019, sur fond d’affaire de trafic de drogue, l’incendie d’un hôtel miteux, possédé par une riche famille de notables, qui n’était pas à jour des normes de sécurité causait la mort de deux de ces saisonniers

Cette affaire de piste de ski accessible par taxi est une énième illustration du pourrissement de cette haute bourgeoisie. Une couche sociale qu’il faut à tout prix mettre à l’écart de la société afin de la prémunir de sa décadence morale.

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Culture

L’agréable douceur mélancolique du dernier album de Peremotka

Le groupe de soviet wave Peremotka ( Перемотка en russe) a sorti un nouvel album en octobre 2020. Un album qui nous fait nous échapper dans une atmosphère de douceur, de tendresse, et de mélancolie très fine.

Fondé en 2015, au coeur donc de l’immense vague de post-punk rétro-soviétique, Peremotka exprime toute la vie quotidienne d’une jeunesse russe prisonnière d’une grande métropole. Le groupe est originaire d’Yekaterinburg (Sverdlovsk  de 1924 à 1991), qui regroupe plus d’un million d’habitants dans la très froide région de l’Oural. Cet ancien pôle industriel s’est enfoncé dans une guerre des gangs pendant les années 1990 sur fond de libéralisme exacerbé, avant de se stabiliser autour des réseaux mafieux.

Avec déjà 5 albums à son actif, Peremotka signe avec ce dernier album, dont certains morceaux ont été publiés au cours de l’année, une très agréable oeuvre musicale.

Le groupe touche de manière enfantine, et plein de mélancolie à des tas d’aspects de la vie quotidienne, et le titre de l’album, « le début d’une merveilleuse amitié » (Nachalo Prekrasnoy Druzhby – Начало прекрасной дружбы), est un hommage à cette candeur d’une jeunesse russe, coincée entre un passé idéalisée et un futur sans horizon palpable.

Dans le premier morceau de l’album, « Супермарио » qui signifie « Super Mario », on retrouve cette ambiance, admirablement bien reflétée par les accords et les tonalités rythmiques. C’est là toute une référence à la bonne humeur, insouciante, d’une partie entre amis de ce jeu vidéo si populaire…

Dans toutes ces chansons, il y a à l’arrière-plan l’atmosphère d’une enfance passée dans un village oubliée, dimension culturelle qui marque entièrement cette génération d’artistes portant de la « soviet wave ». On voit là toute la subtilité de l’approche, « Peremotka » signifiant lui-même « Rembobiner », ce qui renvoie à cet état d’esprit mélancolique.

Littéralement bloqué dans le présent, idéalisant de manière naïve le passé, tout en cherchant à se saisir d’un horizon futur… en vain. Alors on tourne en rond, la cassette est rembobinée sur le quotidien, et ses quelques instances gracieux, plein de tendresses qui le parcourt. Comme avec le huitième morceau, Tvoevo balkona svet / « votre éclairage de balcon », où la voix brumeuse d’Olga Lopayev se découvre sur fond de nappes de synthétiseurs sombres et en même temps enivrante.

On a aussi le morceau Krasiva qui parle de la beauté, Staroe Kino qui fait référence aux vieux cinéma, « V letnem pole » témoignant du plaisir de flâner dans un champ de blé l’été. Et comment ne pas être touché à l’écoute et à la vue du clip de la musique « Première neige » (« Perviy Sneg »), si simple dira t-on, mais finalement tellement illustratif du rapport sensible universel que tout le monde a pu avoir à la nature d’hiver…

La musique Kak tebya pkovit (« Comment te conquérir ? ») témoigne d’une grande sensibilité en ce qui concerne la question de la romance amoureuse. On est bien loin de la violence à la fois sociale, et misogyne qui touche bon nombre de femmes russes, sur fond d’une grande pauvreté. Ici on a plutôt une délicatesse, une gêne même toute attendrissante :

Comment te conquérir ?
De quoi parler, par où commencer ?
Je ne sais pas quoi te dire.
Et c’est encore gênant

Pour écouter l’album en entier sur le bandcamp du groupe :

https://peremotka.bandcamp.com/album/nachalo-prekrasnoy-druzhby

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Société

Cinq exemples de l’implosion de la décadence française

Social-darwinisme, militarisme, absence de valeurs morales… le capitalisme entraîne les gens dans sa chute.

La France sombre et à travers de simples petits détails, on le lit très bien. Il suffit de lire les médias, de voir ce qui se passe, et les choses apparaissent clairement.

Patrick Mille est un acteur qui a joué dans de très nombreux films français (un par an depuis 1990). Il a publié une tribune dans le Figaro, appelant à tout rouvrir («Rouvrez tout! Soyez churchillien, Monsieur le Président!»). Il s’y lamente de manière pathétique, appelant à supprimer toute restriction, avec un discours également ouvertement impérialiste :

« Pourquoi, au lieu de penser qu’il faut 5 ans (tiens donc, 5 ans!) pour former un médecin réanimateur n’avez-vous pas fait un appel, en échange de naturalisation immédiate, à tous les réanimateurs disponibles en Syrie Libye Erythrée ou autre cloaque du monde? »

Qu’une personne qui soit censément un artiste s’exprime ainsi en dit long sur la vision du monde des couches intellectuelles françaises. Rien que pour une telle phrase, une telle personne devrait être bannie de partout où prédomine l’esprit démocratique.

Mais l’heure est au repli sur soi, au nationalisme. Le Parisien a ainsi publié un article digne de l’esprit nationaliste d’avant 1914 (Remboursement du Smecta : l’étrange décision qui fragilise un médicament 100% français). Il faudrait abandonner la loi sur les génériques dans les médicaments si cela affaiblit le capitalisme français. C’est comme la tribune de Patrick Mille : la France avant tout, partons à la bataille pour faire payer la crise aux autres, etc.

D’ailleurs, Le Parisien – on parle du Parisien tout de même ici, un journal simpliste-populiste – fait de la véritable économie politique, visant très clairement à éduquer dans le sens du nationalisme.

Désormais, le prix de référence de ce pansement intestinal, utilisé en cas de diarrhées ou de douleurs à l’estomac, est de 4,39 euros pour la boîte de 30 sachets, avec un reste à charge de 0,79 euro pour le patient. Celui du générique, produit en Asie par l’Oncle Sam : 3,60 euros, sans que le patient n’ait à débourser le moindre centime pour s’en procurer. Du dumping économique au détriment d’un champion français, avalisé par notre administration ?

Les autorités n’ont pas souhaité s’exprimer sur ce dossier qui fait désordre, à l’heure où notre souveraineté industrielle en matière de santé se trouve mise à mal par la crise du Covid. C’est qu’en ce moment, les réussites françaises dans le domaine pharmaceutique, ne courent pas les rues. En témoignent les récents déboires de Sanofi, à la peine dans la course aux vaccins (…).

Mais pourquoi donc les autorités publiques prennent-elles le risque de fragiliser un tel poids lourd de l’industrie pharmaceutique française ? 

Tout cela est très clairement politique et d’ailleurs l’article souligne… qu’Arnaud Montebourg avait bloqué le générique lorsqu’il était ministre. C’est un excellent exemple de glissement.

Est tout autant politique, pareillement dans le sens du glissement nationaliste, l’article du Monde intitulé 5G : le Conseil constitutionnel valide la loi « anti-Huawei » visant à préserver les intérêts de la sécurité nationale. Le Monde aborde ici comme si de rien n’était la concurrence entre pays dans l’optique militariste. Le fait que, Huawei mis de côté, les opérateurs français seront dédommagés par l’État pour compenser les bas prix chinois, n’est même pas critiqué.

C’est l’accompagnement de la marche à la guerre. Il ne faut naturellement pas penser que ce glissement soit conscient. C’est simplement le reflet d’une logique propre au capitalisme.

Ce reflet est violemment décadent, à l’instar des propos de Patrick Mille. Et il est jusqu’au-boutiste, exprimant la panique des défenseurs du capitalisme face à la crise. L’analyse politique Mathieu Slama – en fait un propagandiste – tient dans le Figaro des propos hallucinés dans sa tribune Couvre-feu: «Les contrôles policiers ont créé des scènes kafkaïennes» :

« Ce management de la population française, que Michel Foucault avait pressenti il y a plus de quarante ans dans sa réflexion sur la biopolitique, ne tire sa légitimité que d’un Conseil scientifique qui s’arroge un rôle politique qu’il ne devrait pas avoir et qui s’immisce au plus intime de nos vies.

Nos corps sont enfermés, régulés, nos gestes également, notre visage masqué, nos rapports sociaux détruits, le tout sous l’autorité bienveillante des scientifiques et des médecins qui ont pris le pouvoir politique sans que personne, ou presque, ne s’en émeuve (…).

Osons le dire sans fard: nous avons été jusqu’ici d’une obéissance coupable face à des mesures d’une extrême gravité qui n’ont plus rien à voir avec un régime démocratique. Ce degré d’obéissance dit quelque chose de l’état de notre démocratie.

Quand les citoyens eux-mêmes se font auxiliaires de police dans la vraie vie ou les réseaux sociaux, quand ils se révoltent non pas contre les mesures du gouvernement mais contre le manque de discipline des Français, quand les seuls opposants à l’Etat se retrouvent dans les extrêmes (les complotistes et l’extrême droite, pour faire court) et que la gauche est incapable de dire quoi que soit d’important sur la situation actuelle, il faut s’inquiéter. »

Ce qui est marquant, c’est que c’est exactement le même discours que les anarchistes en France, que les manifestations régulières en défense des « libertés ». Cela montre clairement que c’est l’esprit de sédition dans un sens petit-bourgeois, pré-fasciste. Une vaine rébellion, la mise en valeur du style de vie dans un capitalisme avancé, la volonté réactionnaire que tout continue comme avant… on a les gilets jaunes, mais de manière démultipliée.

Concluons sur ce panorama de la décadence avec l’association Sea Shepherd déposant des cadavres de dauphins devant l’Assemblée nationale. L’association L214 a initié cette démarche hallucinante où des gens parlant de défendre les animaux foulent aux pieds leur dignité. C’est que la dimension glauque, morbide, prime sur l’engagement réel. Les animaux sont des objets pour le nihilisme – leur réalité disparaît. Quand on aime les animaux on ne peut pas s’habiller en noir et exhiber des cadavres.

C’est là aussi un reflet de la décadence, de la course au morbide, au négatif.

La France, chaque jour, mûrit pour le fascisme, c’est-à-dire pourrit pour le fascisme. Le capitalisme s’effondrant sur lui-même chaque jour davantage entraîne les gens avec lui, déformant les mentalités et dissolvant les valeurs. Le libéralisme libertaire produit le relativisme, la compétition mondiale renforce le nationalisme et le militarisme, et les gens voulant vivre « normalement » se retrouvent entraînés dans cette double dynamique amenant le fascisme et la guerre.

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Politique

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et l’Action française

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a fait un clin d’œil à l’Action française, par où il est passé dans sa jeunesse.

De passage à la télévision pour la très populiste émission L’Heure des pros, sur une chaîne Cnews d’ailleurs marquée par une ligne ouvertement pro-Droite, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a mentionné comme en passant l’Action française. Il en parle comme exemple d’une organisation qui lutte contre la République et que celle-ci aurait raison d’accepter afin de montrer sa générosité.

C’est une manière de couvrir cette organisation d’extrême-Droite, alors que lui-même met la pression sur les identitaires, cherchant à les interdire. C’est une manière également de soutenir discrètement l’Action française en en parlant, puisque chacun en France est censé, selon le ministre de l’Intérieur, connaître cette organisation ! C’était le cas en 1921, mais certainement pas en 2021.

Gérald Darmanin était dans sa jeunesse un activiste de la mouvance de l’Action française, ayant écrit en 2008 encore quelques articles pour l’organe Politique Magazine. Ce n’est là nullement un secret et d’ailleurs il est initialement le bras droit de Christian Vanneste, député du Nord, qui a été responsable des jeunes d’Action française à Lille. Gérald Darmanin est né à Valenciennes.

Gérald Darmanin avait, on s’en doute, un pied dans la mouvance de l’Action française et un autre dans la Droite traditionnelle. C’est qu’il y a convergence. C’est comme un écho. Rappelons également qu’il y a quelques semaines, après qu’un dirigeant de La France Insoumise, Eric Coquerel, avait appelé à interdire les identitaires, l’Action française avait demandé à Gérald Darmanin d’interdire… le PCF.

Cette présence de l’Action française ne doit nullement étonner. De toute l’extrême-Droite, l’Action française est la seule qui a réellement un corpus idéologique et une tradition d’organisation. Il y a de plus un arrière-plan de familles traditionnelles de la haute bourgeoisie, avec donc encore des règles et des principes capable de faire tenir la boutique.

De plus, l’Action française a balancé par-dessus bord le racialisme et l’antisémitisme halluciné qui étaient au cœur de son idéologie. L’organisation s’est tronquée, sur le plan des idées, en un néo-gaullisme impérial. Elle a connu un certain renouveau ces dernières années, justement de par cette ligne où il y a un certain style d’extrême-Droite, mais sans avoir à porter tout le bric-à-brac raciste.

Il y a aussi le fait que personne à l’extrême-Droite n’a réussi à proposer autre chose, si l’on omet le Rassemblement national, d’orientation électoraliste. Dans les années 1920-1930, l’extrême-Droite est née par des déçus de l’Action française (Drieu La Rochelle, Bernanos…). Une telle scène n’existe pas aujourd’hui et les nationalistes racistes vivent de toutes façons dans un univers mental païen et apocalyptique.

L’Action française colle en fait à l’esprit de l’époque. C’est de la Droite dure, pro-chasse à courre, avec un nationalisme affirmé cherchant à utiliser les jeunes immigrés comme vecteur d’un rôle impérial de la France. C’est en fait la ligne gaulliste du coup d’Etat de 1958, avec en toile de fond l’immanquable appel à l’armée et un romantisme passéiste dont les zadistes sont un produit indrect.

L’Action française présente donc une menace réelle. C’est, au sens strict, une véritable force fasciste, au sens historique d’une mobilisation populaire tournée vers la Droite, sur la base du nationalisme. Mais comme elle n’est pas raciste, cela implique l’antifascisme réel, celui du Front populaire, pas une caricature anarchiste contre les « fachos ».

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Écologie

Communiqué de la SNPN pour la journée mondiale des zones humides

Du 30 janvier au 28 février 2021, c’est le mois de la sensibilisation de l’importance des zones humides. Depuis 1997, le 2 février marque la date symbolique de la journée de reconnaissance de ces écosystèmes fondamentaux pour la Planète.

C’est dans le cadre de cette 24e journée mondiale des zones humides, fondée sur la Convention internationale de Ramsar en Iran signée le 2 février 1971 et réunissant à ce jour 170 pays, que la Société Nationale de Protection de la Nature (SNPN), fondée en 1854, livre son bilan et son analyse quant à l’état de ces écosystèmes en France.

Voici le communiqué publié ce 2 février sur le site de la SNPN :

 » Aujourd’hui est la Journée Mondiale des Zones Humides ! C’est un mois d’événements de sensibilisation qui s’ouvre autour des zones humides. Cet évènement célèbre également  l’anniversaire de la signature de la convention de Ramsar dont la SNPN est partie-prenante.

La SNPN tient à faire un point de l’état de ces milieux en France.

Il y a quelques semaines le Service des données et études statistiques du Commissariat général au développement durable a publié l’évaluation nationale des sites humides emblématiques de la décennie 2010-2020. C’est malheureusement sans surprise qu’il est évalué que la situation a continué à se détériorer durant la dernière décennie : 

41 % des sites évalués en métropole et dans les Outre-mer ont vu leur état se dégrader,

69 % des sites évalués sont affectés par des perturbations du milieu physique,

57 % des sites évalués sont affectés par des modifications de la gestion en eau,

54 % des sites évalués sont affectés par une altération de la qualité de l’eau et subissent des pollutions. 

Les sites préalablement en mauvais état se dégradent encore plus que les autres et très peu ont vu leur situation s’améliorer[1], comme s’il se dessinait une sorte d’effet d’appel : dégradé déjà, donc dégradé encore…Avec une telle dynamique, pour 2030, seuls 25% des sites humides emblématiques auraient un avenir favorable selon cette même évaluation…

Une autre évaluation majeure réalisée en 2019[2] montre que les habitats aquatiques et humides d’intérêt communautaire -donc inscrits à la directive dite Habitat-Faune-Flore- sont parmi les habitats les plus menacés et dont l’état est le plus dégradé, 94 % ayant une évaluation défavorable !

Les zones humides, ces terres d’eau, qu’elles soient emblématiques, d’intérêt communautaire ou simplement “ordinaires”, sont donc, clairement, encore et toujours, parmi les écosystèmes les moins bien conservés en France et subissent toujours des pressions anthropiques intenses qui les fragilisent.

L’avis de la SNPN

La SNPN tient à souligner que les zones humides ont des fonctionnalités multiples et essentielles, bien au-delà de la conservation de la biodiversité, faisant d’elles des éléments significatifs des “solutions fondées sur la nature”, notamment pour lutter contre les effets de la crise climatique. Ce sont des milieux essentiels dans le contexte de crise écologique et climatique.

Ces milieux participent à la régulation des flux d’eau (réduction des crues, lutte contre les sécheresses, rechargement des nappes phréatiques…). Ils contribuent localement au rafraîchissement, à la limitation de la propagation des feux et à la stabilisation des sols. Mais les zones humides ont un rôle bien plus étendu : en voici deux exemples très concrets :

– Savez-vous que les mares de fermes stockent dans le monde plus de carbone organique que l’ensemble des océans de la planète[3] ? 

– Savez-vous qu’une tourbière de 30 cm d’épaisseur stocke plus de carbone par unité de surface qu’une forêt tropicale primaire ?

Alors qu’une tourbière dégradée peut émettre du CO2, ce qui suffirait à légitimer leur stricte protection, une tourbière restaurée en stocke et de façon bien plus efficace et durable qu’une jeune forêt ! En France, le drainage de tourbière est à l’origine d’une émission de CO2 par an équivalente à 3 millions de voyageurs faisant un aller-retour à New-York en avion [4] ! C’est aussi l’équivalent de l’empreinte carbone des habitants d’une ville comme Montpellier ou Bordeaux.

Selon une étude réalisée par le Service de l’économie, de l’évaluation et de l’intégration du développement durable (SOeS)[5], l’évaluation économique des services écologiques des zones humides a montré qu’une politique de préservation par acquisition est justifiée au regard des bénéfices que les « terres d’eau » procurent à la société humaine. Sur 50 ans, ces bénéfices représenteraient jusqu’à sept fois les valeurs d’acquisition et d’entretien. Certaines évaluations des services rendus les estiment jusqu’à 6 700 euros par hectare et par an[6]. Investir pour conserver en bon état les zones humides est donc une opération très rentable !

Les prairies humides, par exemple, sont des systèmes de production à plus forte valeur ajoutée que les grandes cultures. Elles participent au maintien d’un paysage varié, en particulier bocager.

Les zones humides ont des fonctionnalités multiples et essentielles faisant d’elles des éléments significatifs des “solutions fondées sur la nature”, notamment pour lutter contre les effets de la crise climatique. Il est économiquement très pertinent de les protéger, les restaurer ou les créer.

Force est de constater que les politiques engagées ne suffisent pas et que la France est donc bien en difficulté pour tenir ses engagements tant européens (Natura 2000) qu’internationaux (convention sur la diversité biologique, convention de Ramsar sur les zones humides).

Les principales causes de ce manque de réussite peuvent être regroupées en deux ensembles :

Les politiques conduites, pour intéressantes qu’elles soient, ne sont pas suffisamment efficaces. Elles achoppent sur l’insuffisance du portage interministériel et des moyens qui y sont consacrés. Les initiatives favorables, comme par exemple les MAE et le PSE ou le soutien au pâturage extensif en zones humides, peinent à se développer à cause d’inerties ou d’arbitrages défavorables.

De très nombreuses mesures néfastes à la conservation des zones humides persistent. Pire, elles continuent à être soutenues par des politiques publiques à tous les niveaux. Or la PAC demeure une cause majeure de disparition des prairies humides. La SAFER reconnaît d’ailleurs que la concentration des exploitations agricoles fait évoluer l’agriculture française à l’encontre des orientations politiques nationales.

La solution ? Des politiques publiques cohérentes, ambitieuses, interministérielles et pluriannuelles. 

Quel que soit le ministère concerné, la stratégie nationale des aires protégées, plan de relance, plan biodiversité, PAC et écorégimes, mesures agro-environnementales, paiements pour services environnementaux, stratégie nationale pour la biodiversité, contrats « verts et bleus », projets de territoire pour la gestion de l’eau, mesures naturelles de rétention d’eau, stratégie nationale bas-carbone, règlement relatif à la prise en compte des émissions et des absorptions de gaz à effet de serre résultant de l’utilisation des terres, du changement d’affectation des terres et de la foresterie (UTCATF), plans de paysage… et toutes les stratégies/organisations/outils à venir et à construire devraient être les moteurs de la reconquête nationale des zones humides, avec un même objectif ultime : améliorer la résistance et la résilience des écosystèmes sur les territoires et de nos systèmes socio-économiques qui en dépendent.

Les actions de protections, de restaurations, de réhabilitations et de créations nouvelles de zones humides doivent elles aussi émerger de programmes, de stratégies, de réglementations et de dynamiques multiples, bénéficiant d’un portage interministériel et pluriannuel, et disposant d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs partagés, suivis, et évalués de façon indépendante.

Nous ne ferons pas ici la liste exhaustive des actions à entreprendre, mais le Livre Blanc pour la Biodiversité[7] que la SNPN a produit avec d’autres associations partenaires cette année en propose de nombreuses.

Des zones humides nombreuses et en bon état, ce sont des territoires résistants aux évènements extrêmes et des systèmes écologiques et humains plus résilients. Ce sont des bénéfices pour tous, encore plus nécessaires demain qu’aujourd’hui !

La Société nationale de protection de la nature restera active pour défendre, protéger et gérer des zones humides, pour sensibiliser tous les publics, pour orienter et accompagner les politiques publiques comme elle le fait depuis tant d’année, en particulier grâce au soutien de ses membres et donateurs.

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Société

Le populisme et le « centième singe » au lieu de l’avant-garde de gauche

Le populisme renouvelle le concept de minorité agissante par le principe de la « masse critique ». C’est le principe du centième singe.

C’est une révolution intellectuelle, ou plus précisément une régression, qui a été développée ces trente dernières années et qui a torpillé la gauche de la Gauche, au profit de la conception fasciste du « mouvement élémentaire ».

Pour qu’un changement social ait lieu, il ne faudrait pas un regroupement synthétisant la lutte des classes pour donner une direction politique et culturelle. Ce dont on aurait besoin, c’est d’un certain nombre de gens qui aient la même pratique, ce qui conduirait alors à un changement automatique du reste de la population.

Cette pratique consiste en des protestations, des actions symboliques, de la désobéissance civile, à un niveau très bas : du collage d’affiches et d’autocollants, des mises en place de banderole, la présence à des manifestations et des occupations de lieux (comme les ronds-points des gilets jaunes), l’utilisation de fumigènes, le refus de quitter des lieux, écrire des slogans sur les murs, etc.

Ce sont des petites choses faciles à reproduire, tel un prêt-à-porter de la contestation. C’est porte ouverte, un « venez comme vous êtes » de McDonald’s élargi aux « mouvements sociaux ». Tout le reste est considéré comme de la vieille Gauche, comme une haute couture inaccessible et élitiste.

Cette conception de la « masse critique » de gens à obtenir fait désormais partie du paysage en France et dans le monde. C’est le reflet de l’esprit consommateur. Même les protestations en relèvent désormais, d’où l’effacement des partis politiques.

On a Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise, Greta Thunberg, « Extinction Rébellion », les gilets jaunes, les partisans de Donald Trump, les anarchistes, tous ceux qui font des manifestations le prétendu lieu de l’Histoire en France, les tenants de la désobéissance civile face au confinement, les agitateurs d’extrême-Droite Alain Soral et Dieudonné, le groupe écologiste « écodéfense » en France (qui n’a d’ailleurs rien voir avec le principe historique de sabotage clandestin qu’est l’écodéfense), etc.

Changer le monde ce serait faire une page Facebook et un groupe Discord et promouvoir quelques comportements bien ciblés, et les répéter jusqu’à ce que les gens rejoignent la démarche et qu’une « masse critique » de gens soit obtenue. Les idées ? Les concepts politiques ? Le principe d’avant-garde, les luttes de classes ? Cela n’existe pas.

Cette conception anti-historique et anti-populaire a été théorisée en deux fois. La plus récente, c’est celle d’une enseignante dans une université américaine, Erica Chenowet, avec une responsable du département d’État américain (soit le ministère des affaires étrangères), Maria Stephan. L’ouvrage qu’elles ont publié en 2011 s’intitule Why Civil Resistance Works: The Strategic Logic of Nonviolent Conflict (« Pourquoi la résistance civile fonctionne : la logique stratégique du conflit non-violent »).

L’ouvrage est la synthèse du point de vue alter-mondialiste des années 1990. Il prétend que depuis 1900, le meilleur moyen de changer les choses est la mobilisation pacifique d’au maximum 3,5 % de la population : cela suffirait à déclencher un changement social à grande échelle.

Mais cette conception petite-bourgeoise puise en fait dans le mouvement « New Age » établi sur les ruines mystiques du mouvement hippie. Le mouvement « New Age », consistant en le culte du paranormal qui serait présent dans l’univers, a en effet développé le principe du « centième singe ».

Tout part d’un biologiste et zoologiste sud-africain, Lyall Watson, à la fin des années 1970. Il a prétendu qu’un singe, le prétendu centième, avait au Japon lavé sa patate douce avant de l’éplucher et de la manger, et que la pratique se serait généralisée à tous les singes de l’île.

Ce serait la preuve d’une « masse critique », permettant quelque chose de nouveau. Dans une population suffisamment large, une nouvelle pratique peut émerger et être reproduite. Lorsque cette reproduction atteint un certain niveau, elle se généralise. L’auteur américain Ken Keyes Jr., s’occupant de « développement personnel », a repris le principe dans son ouvrage The Hundredth Monkey (« Le centième singe ») et le principe a été adopté par l’ensemble de la scène « New Age ».

Il faut bien comprendre que c’est typique du romantisme réactionnaire que de raisonner en termes de microcosme et de macrocosme entrant en « correspondance ». L’auteur américain Rupert Sheldrake, tourné vers le paranormal, parle de cela comme d’une « résonance morphique ».

De par sa nature, le concept s’est bien entendu élargi à de nombreuses initiatives petites-bourgeoises d’esprit « alternatif », comme la « critical mass », consistant en une manifestation de gens à vélo afin de demander le renforcement des pistes cyclables, l’amélioration de la situation pour les utilisateurs de vélos, etc.

C’est en fait l’esprit des lobbys, de la logique communautariste, bref de toute la vision petite-bourgeoise du monde de la « gauche » post-moderne des universités américaines. Cela vise directement la Gauche historique et le principe de « l’avant-garde » comme lieu de raison, de réflexion, de synthèse.

C’est un renouvellement du principe syndicaliste de la « minorité agissante ». C’est tout à fait en phase avec une époque qui rejette la Démocratie.

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Écologie

La question animale hante la France

Le projet de loi de janvier 2021 contre la maltraitance envers les animaux n’est qu’un pâle reflet d’une contradiction explosive qui existe en France.

Il existe un paradoxe terrible marquant la société française. En surface, il y a une préoccupation pour la question animale. Il y a davantage de produits vegans ainsi que des restaurants végétaliens, il y a des protestations diverses et variées, il y a une association comme L214 qui est très connue et médiatique et il y a même des changements de règlements ou de lois, comme le projet de loi de janvier 2021 sur la maltraitance animale.

Dans le monde réel à l’arrière-plan, il y a par contre un dédain absolu de la société française pour la question animale. Les animaux sauvages n’existent pas, les associations de protection animale sont sous l’eau, les refuges tiennent avec des bouts de chandelle ou ferment. Même des animaux protégés comme les hérissons ne voient aucune intervention institutionnelle en leur faveur.

La contradiction est explosive. On a d’un côté des gens qui prétendent que les choses changent, comme L214 ou le Parti animaliste, qui vivent du fait de parler ainsi grâce aux reconnaissances électorales, médiatiques, les dons, etc. On a de l’autre côté la réalité où les choses empirent sans commune mesure.

Les gens se tournent pourtant plus qu’avant vers la question animale. Mais il y a justement un grand choix à faire : faire semblant ou bien réellement changer. Sauf que réellement changer implique de tout changer : son mode de vie, les lieux où l’on vit, la manière qu’a l’humanité d’organiser son économie, ses loisirs, ses transports, ses logements, etc.

Parce que la contradiction entre le mode de vie humain tel qu’il existe et les animaux est antagonique. Les animaux sont condamnés à l’effacement dans une société humaine qui bétonne et qui rejette ouvertement la nature. Il n’y a pas de place pour des êtres naturels dans une société de consommation où l’on peut tout acheter et vendre, jusqu’à aller acheter des enfants au moyen d’une Gestation Pour Autrui ou prétendument « choisir » son genre.

Le phénomène est d’ailleurs mondial et même si on peut considérer que la viande recule en France, à l’échelle mondiale la viande va doubler sa production en quelques décennies. Non, où qu’on prenne la question, il y a contradiction. Soit la rupture est générale, la France se démocratise et arrête d’obéir aux injonctions d’une production et d’une consommation relevant de la compétition, de la concurrence, de la propriété privée… Soit tout continue comme avant et à l’échelle mondiale cela sera catastrophe sur catastrophe, pandémie sur pandémie, réchauffement climatique et bétonnisation générale d’une humanité déconnectée du réel.

En ce sens, n’importe quel romantisme se tournant vers les animaux a plus de sens, plus de dignité que tous ces pathétiques appels à revenir du monde d’avant. Il est hautement significatif que la question animale ne soit pas présent dans tous ces appels à retourner en arrière. Il n’y a pas de question animale chez les zadistes, ni les gilets jaunes, ni chez les syndicalistes. Parce que ces gens sont tournés ver le passé.

Or, la question animale pose l’avenir devant nous, en exigeant une transformation collective, pas un repli individualiste. C’est quelque chose de positif par définition. Cela exige du cœur, du sentiment, du romantisme au sens positif du terme : pas le romantisme idéalisant le passé, mais le romantisme plaçant les sentiments, les émotions, l’empathie, la compassion, au-delà de règles qui ne sont que le masque d’intérêts, de l’exploitation, de l’oppression.

Cela, ça parle à une nouvelle génération. Et en même temps ça ne lui dit rien du tout en pratique. C’est à l’image de la question animale qui hante la France.

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Écologie

Le dernier document de travail de l’IPBES à propos de l’origine écologique des pandémies

Publié à la fin du mois de décembre et passé inaperçu, le rapport de travail de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) à propos du lien entre biodiversité et pandémie offre des connaissances scientifiques intéressantes… et alarmantes.

Ce bilan de travail est issu d’un atelier collectif de 22 scientifiques de différents pays qui a eu lieu de manière virtuelle entre le 27 et le 31 juillet 2020, à l’initiative du bureau de l’IPBES. Il fait suite et vient éclairer le document officiel « Echapper à l’ère des pandémies » publié à la fin octobre 2020.

Réunis autour de cinq axes de réflexion dont, entre autres, la manière dont les pandémies émergent de la diversité microbienne, le rôle du commerce d’animaux sauvages, du changement climatique et de l’utilisation des terres, les scientifiques ont étudié les connaissances acquises sur plus de 500 maladies infectieuses émergentes de ces dernières décennies.

On apprend ainsi qu’il y aurait environ 1,7 millions de virus qui n’ont pas encore été découverts. Parmi ces virus, on estime qu’entre 631 000 à 827 000 peuvent infecter les êtres humains. Il y a trois principaux types d’animaux qui sont des hôtes réservoirs d’agents pathogènes dangereux, les mammifères (et surtout les chauve-souris, les rongeurs et les primates), certains oiseaux (principalement aquatiques) et enfin les animaux d’élevage.

On a ainsi environ cinq nouvelles maladies qui émergent en moyenne tous les ans chez l’homme, avec un potentiel de transformation en pandémie. La transformation d’un virus en une pandémie relève d’un processus et de combinaisons précises, de très long terme, avec environ une pandémie par siècle.

Or, depuis 1918, on compte déjà au moins six pandémies, qui représentent donc « la pointe de l’iceberg de pandémies potentielles » et donc une nature totalement détraquée. De plus, les scientifiques rappellent que le taux de létalité du Covid-19 (> 0,5%) en fait l’une des plus graves pandémie mondiale depuis le VIH/SIDA dans les années 1970/80. C’est d’ailleurs cela qui les a poussé à former un atelier d’étude spécifique à ce sujet.

Pour ce groupe de travail, l’élément central expliquant le passage de virus d’un hôte réservoir animal à l’homme est la trop grande proximité entre les humains, le bétail, la faune sauvage. Cette proximité est principalement liée à la conversion d’espaces naturels en terres agricoles ou en espaces urbains, à l’élevage de « bétail », ainsi qu’à l’élevage et au commerce d’animaux sauvages ( qui a bondi de + 500 % depuis 2015).

C’est pourquoi les scientifiques réunis par l’IPBES rappellent :

« Le risque de pandémie est dû à l’augmentation exponentielle des changements anthropiques [d’origine humaine]. Blâmer la faune pour l’émergence de maladies est donc erronée, car l’émergence est causée par les activités humaines et les impacts de ces activités sur l’environnement. »

Par exemple, on a la certitude, entre autres, que le virus Nipah en Malaisie est lié à l’intensification agricole, que le virus Hendra en Australie est le résultat du changement d’affectation des terres, ou encore que le virus Marburg en Afrique centrale est le produit de la chasse sauvage et de l’exploitation minière.

Mais là où ce document de travail apporte quelque chose de tout à fait intéressant, c’est la connaissance des conditions particulières de transformation d’un agent pathogène en maladie, puis en pandémie.

Pour qu’un virus se transforme en une pandémie, il faut d’abord qu’il mute pour passer de son hôte réservoir à l’homme, puis dans un deuxième temps, il lui faut se combiner, se recombiner d’une telle manière à ce qu’il se transmette d’homme à homme. Cela fait donc deux étapes, deux « barrières » naturelles à franchir pour parvenir au niveau d’une pandémie.

Et il a été remarqué que dans les zones à forte biodiversité, il y a un « effet de dilution » de certains agents pathogènes alors que les régions dites de « paysages » ont un plus fort risque pandémique. À cela s’ajoute le changement climatique qui accentuent les déséquilibres et les affaiblissement des animaux sauvages, touchés eux-aussi par des maladies émergentes. Le changement climatique fait également disparaître de nombreuses espèces vivantes.

On se retrouve alors dans plus en plus en face d’espaces naturels réduits, avec une pauvreté de la vie organique et biologique, qui est elle-même affaiblie, malmenée et donc propice à la combinaison-mutation rapide de virus.

Ce document de travail rappelle une fois encore le potentiel viral explosif des élevages industriels qui concentrent dans un même endroit des milliers d’animaux similaires au plan génétique, et donc facilitant la mutation rapide. De même, l’urbanisation des grandes villes concentre certaines espèces sauvages, comme les rats et les chauve-souris, des importants hôtes-réservoirs de virus.

Plus un espace concentre un type d’animal sauvage, de surcroît proche de l’être humain, plus sont réunies les conditions pour franchir les deux barrières citées précédemment. Un virus aura par exemple plus de « difficultés » à muter dans des rhinocéros vivant dans un vaste espace naturel foisonnant de vie sauvage (au sens organique général).

Plus que de la proximité homme-animaux sauvages, il faudrait donc plutôt dire que c’est la promiscuité entre quelques formes de vie sauvage appauvries et les êtres humains, sur fond d’un environnement climatique déréglé, qui favorise les pandémies virales.

Enfin, le document souligne que les politiques sanitaires cherchent à « guérir plus que de prévenir ». Cela montre à quel point il y a urgence à établir un programme de sanctuaires pour protéger les espaces naturels, mais également pour en reconstituer de nouveaux. Tout un programme d’ampleur, que seule la Gauche historique est à même de réaliser de par sa capacité à se confronter aux grandes entreprises destructrices de la nature.

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Société

La grève à Total Grandpuits: exemplaire, mais erronée face à la restructuration

La grève à Total Grandpuits est très combative et dispose de nombreux soutiens, mais en se calibrant sur un plan erroné, l’approche syndicaliste conduit à la défaite. Face à une restructuration, il faut être à la hauteur ou se faire écraser.

Grandpuits est une petite commune de mille habitants en Seine-et-Marne, à une soixantaine kilomètres de la capitale. On y trouve l’une des huit raffineries de pétrole brut en France métropolitaine ; le pétrole vient depuis Le Havre au moyen d’un pipeline.

Total a décidé de la fermer, pour la remplacer par une usine d’agrocarburants et de bioplastique. C’est une bonne chose, sauf que cela ne procède pas d’une orientation écologiste en soi : cela relève d’une restructuration capitaliste. Cela se fait donc par définition aux dépens des travailleurs.

La nouvelle usine n’emploierait que 250 personnes au lieu de 450, alors que 500 travailleurs relevant de la sous-traitance resteraient sur le carreau. Ce qui fait qu’il y a les possibilités suivantes :

– capituler en acceptant tout ;

– négocier la capitulation ;

– lutter pour que rien ne change ;

– lutter pour se mettre à la hauteur de la restructuration en l’acceptant mais en faisant en sorte que ce soit les capitalistes qui la paient.

La dernière option est naturellement la bonne. C’est la seule à la hauteur des enjeux. Malheureusement, la grève de Grandpuits a choisi a la 3e option, qui ramène en fait à la seconde.

Il y a ainsi une mobilisation, avec une grève commencée le 4 janvier, un barrage filtrant bloquant l’accès à la raffinerie, le blocage de la mise en place des échafaudages destinés au démantèlement de l’usine. Il y a des soutiens de partout, une caisse de cotisation. La combativité est exemplaire.

Mais le mot d’ordre c’est que rien ne doit changer. C’est la vision syndicaliste du monde qui a triomphé. Et là c’est la défaite assurée.

Le dirigeant de la CGT, Philippe Martinez, est passé en novembre soutenir les travailleurs à sa manière, expliquant que la situation le passionnait, et pour cause : l’idée est bien entendu de formuler un contre-projet à celui de Total. Ce contre-projet, qui sera rendu public dans quelques semaines, consiste à… maintenir la raffinerie, pour une transition de… 40 ans.

C’est absolument représentatif de la ligne syndicale, qui consiste à vouloir maintenir les choses telles quelles en idéalisant le capitalisme des années 1960-1970 et en maintenant les travailleurs à un plan individuel, en mode gilets jaunes : vivons chacun dans son coin comme avant.

Merguez en mode barbecue et un sapin qui brûle : au 21e siècle, sérieusement?

Philippe Martinez note d’ailleurs :

« On ne peut pas demander à un salarié de sauver la planète si son emploi est en jeu. Dans ce cas-là, il choisira l’emploi. En revanche, s’il n’y a plus de planète, il n’aura plus d’emploi. »

En disant qu’on ne peut pas demander à un salarié de sauver la planète si son emploi en jeu, Philippe Martinez résume absolument tout. Cela se joue sur toute l’étroitesse d’esprit d’ouvriers à la vision du monde petite bourgeoise, incapable de raisonner en termes de classe ouvrière, tellement lessivés par le capitalisme que leur seul horizon est une porte de sortie individuelle, et « après moi le déluge ».

Il suffit, pour le constater amèrement, de regarder le document de lutte mis en avant par les grévistes. Ce dont il est parlé, c’est : des petits commerces, des écoles, de la vie locale, de l’impact sur la vie des grévistes. C’est un raisonnement en termes d’individus. Il n’y a aucune vision du monde, aucun projet de société, aucune mise en avant de valeurs collectives.

[Cliquer sur l’image pour lire le document]

La CGT a compris que cela ne passerait pas dans l’opinion, alors le mot d’ordre, c’est d’accuser Total de greenwashing. Une centaine de manifestants étaient le 26 janvier 2021 devant le siège de Total à la Défense et de la peinture verte a été lancée symboliquement sur le bâtiment. Total ne serait pas vraiment écologiste, c’est en quelque sorte un complot sur le dos des travailleurs!

Qu’est-ce qu’il ne faut pas inventer pour nier la restructuration capitaliste qu’on refuse d’affronter !

Et dans sa démarche, la CGT Grandpuits se la joue écologiste, comme dans ce document du 29 septembre 2020 qui est absolument risible quand on connaît les positions de la CGT au sujet de l’écologie et du capitalisme d’ailleurs.

« A la CGT Grandpuits, nous sommes convaincus de la nécessité e sortir d’un modèle économique structuré autour des énergies fossiles. En revanche, nous savons que, laissée aux grandes multinationales avides de profits, une telle perspective ne pourra jamais advenir, sauf sous la forme de mensonges visant à justifier des attaques contre les travailleurs.

Nous ne pouvons pas laisser la transition écologique aux mains des capitalistes qui détruisent la planète ! »

Pas certain non plus que brûler des pneus soit un gage de crédibilité quant à l’avenir de la planète. Et ce n’est clairement pas Total qui fait du greenwashing, Total fait du capitalisme, Total n’en a rien à faire d’une image verte. C’est la CGT Grandpuits qui fait du greenwashing pour masquer sa volonté que rien ne change, sa volonté qu’on vive comme il y a trente-quarante ans.

Sinon il ne serait pas proposé une reconversion de la raffinerie sur 40 ans, mais l’acceptation de la nouvelle usine en disant : aucune perte d’emploi, organisons les choses pour cela et Total paiera tout.

La restructuration – car c’est cela dont il s’agit – ne sera pas payée par les travailleurs, mais par le capital !

Sauf qu’évidemment exiger cela c’est vraiment se confronter aux capitalistes, en changeant de plan : on en reste pas à une situation locale, on voit les choses avec de la hauteur et on dit que les capitalistes paieront la restructuration, pas les travailleurs.

Inacceptables pour une CGT qui prétend juste piloter le capitalisme de manière meilleure, parce qu’elle n’est pas pour le Socialisme, et pour des grévistes qui, eux, veulent juste vivre comme avant, parce qu’ils n’ont pas compris les enjeux.

Sauf qu’agir ainsi c’est refuser la lutte des classes et ce sera alors la défaite. Et tous les soutiens, aussi lyriques soient-ils, n’y changeront rien : ce ne sont pas eux qui paieront la facture finale.

Soit les travailleurs de Grandpuits disent : Total doit tout payer de cette restructuration, soit cela sera la défaite. La restructuration est l’actualité, on ne peut pas la nier comme le font les syndicats. Il faut l’affronter. Il faut se mettre à la hauteur de Total : classe contre classe.

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Société

Deux documents de la grève à Total Grandpuits

La ligne des grévistes est de viser le statu quo, pas de se mettre au niveau de la restructuration. La dimension de classe de la restructuration, son existence au niveau de la société toute entière, n’est pas comprise.

Le capitalisme impose une restructuration à Grandpuits. La vie des gens en est bouleversé. Les deux documents exposent les conceptions des travailleurs combatifs et déterminés, mais qui réduisent la problématique à une question locale, notamment en raison des syndicats.

On est ici très loin d’une compréhension de la dimension de la restructuration, qui est celle de l’ensemble de l’affrontement entre la bourgeoisie et les travailleurs. La question n’est pas l’emploi à Grandpuits, mais : qui paiera la restructuration à Grandpuits ?

En refusant de se placer au niveau du capitalisme lui-même, au niveau de la restructuration, les travailleurs ne verront pas les forces mises en branle et ne sauront pas répondre de manière adéquate dans la bataille.

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Écologie

La cruelle et absurde guerre de la ville de Paris contre les rats

Non content de ne rien comprendre à la source de la pandémie, l’humanité continue sa guerre contre les animaux.

L’utilisation de l’image des rats pour faire peur est récurrente depuis bien longtemps ; elle vise à présenter la nature comme envahissante et hostile. Le quotidien Le Parisien en a usé (et abusé) dans son article Affamés par les confinements, les rats ont envahi cette cité parisienne, qui révèle toute l’hypocrisie criminelle du procédé.

Il est parlé de la cité Python-Duvernois dans le vingtième arrondissement de Paris, où vivent 3 000 personnes, et il est dit que les rats sont désormais bien plus visibles. Pourtant, que constate l’article au sujet de la situation de cette cité ?

Maxime Sauvage, premier adjoint (PS) au maire du XXe en charge de la politique de la ville et de l’impact local, social et environnemental, ne prend pas le problème rats «à la légère». Il avance une explication : «Python-Duvernois est l’un des quartiers les plus pollués de Paris, en bordure du périphérique et de l’échangeur de la A3. Et puis il est à côté du square Séverine, où les gens viennent nourrir les canards…»

La cité est aussi connue pour être «un véritable dépotoir». Des ouvriers du bâtiment peu scrupuleux viennent régulièrement y déverser gravats, encombrants, bidets cassés, etc. «C’est moins cher qu’une déchetterie…» grogne l’élu.

On est dans un chaos urbain et on accuse des animaux qui, comme le note Aude Lalis, chercheuse au Museum d’histoire naturelle, spécialiste du rat, interrogée dans l’article, s’auto-régulent niveau portée, comme évidemment c’est le cas dans la nature.

Ce qui n’empêche Agnès Lefranc, responsable du service parisien de santé environnementale à la Ville de Paris, chargée du dossier «rats», d’assumer l’emploi des techniques les plus meurtrières contre les rats, avec une souffrance de grande ampleur qui plus est.

Nous continuons avec les anticoagulants et les pièges mécaniques. Nous essayons aussi des méthodes alternatives, telles que les explosions de terriers et la carboglass, qui dégage du gaz carbonique dans lequel les rats suffoquent. En surface, dans les rues et les parcs, nous avons mis en place de nouvelles poubelles anti-rats.

Quant au volet pédagogie, nous avons une campagne d’affichage dans les parcs et nous développons un partenariat avec les bailleurs de la ville en direction des locataires. Il y a aussi un volet répression. La police municipale dresse des PV aux nourrisseurs de rats . En 2019, elle en a ainsi établi plus de 420.

Des « nourrisseurs de rats » ? Allons donc, cela ne tient pas debout une seule seconde. C’est de la criminalisation de la compassion pour les animaux et l’article du Parisien dénonce par ailleurs ceux qui « nourrissent les pigeons et autres animaux… ».

Déjà on voit mal qui sont les autres animaux. Et en ce qui concerne les pigeons, c’est très bien de les aider puisqu’en temps de fermeture des lieux de restauration (et encore plus pendant le confinement), ils n’ont rien à manger. Et de toutes manières là aussi il y a autorégulation naturelle : dans une ville propre – donc pas comme Paris – il y a bien moins de pigeons. Ce qui est d’ailleurs regrettable, si on aime les oiseaux.

Mais ce qui choque le plus ce sont les ignobles propos d’Agnès Lefranc. Il est marquant qu’ils proviennent de quelqu’un avec un haut niveau scientifique en biologie, chef du service parisien de santé environnementale. Et vas-y qu’on explose les terriers, et vas-y qu’on fait suffoquer des êtres vivants…

De quoi relève un tel vocabulaire ? De la guerre, de la liquidation, du meurtre. Cela montre qu’on a ici affaire à une véritable machinerie : une machinerie de l’absence d’empathie, une machinerie du crime, une machinerie au service du rouleau compresseur contre la nature.

Pour ces gens, tout ce qui ne va pas dans le décor capitaliste doit disparaître. Et qu’importe pour eux si la consommation du capitalisme déséquilibre la nature et est la cause de tous les problèmes… dont la pandémie actuelle. Ce ne sont à leurs yeux que des aléas qui doivent être réglés avec encore plus de béton, de cynisme, de mise à mort.

Il y a pourtant dans le Parisien un passage qui montre que tout n’est pas perdu. Cela se présente sous une forme d’anecdote, dont on voit mal comment cela pourrait être vrai en tant que tel, mais l’idée est là et on voit tout de suite qu’on a affaire ici à l’empathie, au sens du partage, au refus de la négation de la nature.

On comprend tout de suite : là est la dignité, pas dans une humanité qui fait la guerre à la nature. Là est le respect, la réalité, la vérité.

 «Un locataire s’était lié avec les rats, s’indigne Danielle, la gardienne. Il les ramenait chez lui, au rez-de-chaussée, pour partager la pizza !» Cet habitant, «fragile psychologiquement», a, depuis Noël, été hospitalisé.

Heureux les simples d’esprits, car le royaume des cieux leur appartient !

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Société

Masque FFP2 : après la Bavière et l’Autriche, la France devra bien suivre

L’État français suivra-t-il les exemples bavarois et autrichien sur les masques FFP2 ? Il doit bien. Mais en a-t-il seulement les moyens ?

Emmanuel Macron et Jean Castex ont dû être horrifiés et ils se disent forcément qu’ils vivent un cauchemar. Les Français sont déjà ingérables, mais alors là…

La Bavière et l’Autriche ont décidé que dans les transports publics et dans les lieux où l’on fait les courses pendant le confinement, il faudra que les gens portent des masques de type FFP2, qui filtrent au moins 92 % des particules dans l’air. C’est un tournant intéressant, car l’Autriche sert de laboratoire aux décisions allemandes et on sait que ces pays gèrent bien mieux la pandémie que la France.

En clair, la Bavière a ouvert la voie, l’Autriche a décidé de faire de même le 17 janvier 2021 et il faut s’attendre à ce que l’Allemagne entière suive, en profitant des acquis sur le plan de l’expérience. Cela montre déjà qu’il n’y a pas une croyance absolue en les vaccins. Il a été compris que les vaccins ne permettraient pas une réussite complète avant la fin de l’année. De plus, il y a les mutations qui font qu’on va – il faut bien le dire – vers l’idée d’une sorte d’accompagnement permanent de la pandémie. Jamais un État ne déciderait un tel saut, avec les magasins devant vendre les masques FFP2 à prix coûtant, si ce n’était pour l’instaurer dans la durée.

Il faut bien cerner la dimension de la question. Le masque FFP2 est désagréable à porter. C’est grosso modo un masque chirurgical du type FFP1 mais bien plus rigide, qui tient mieux : on le reconnaît facilement à ce qu’il est plus bombé que les masques FFP1 ou ceux en tissu. Psychologiquement, sa relative rigidité interpelle, son serrage aussi. Ce n’est pas quelque chose qui est posé, mais vraiment quelque chose qui s’impose comme une sorte de prolongement de soi.

On s’y habitue évidemment et il faut ce qu’il faut. Mais pour une société qui est rétive, c’est difficile à adopter. On voit déjà que les gens en France n’achètent pas de jolis masques en tissus, car ils ne veulent pas admettre que la pandémie est installée. Il suffit de voir les Parisiens si « chics » avec des masques chirurgicaux ne ressemblant à rien pour deviner cette psychologie. Alors assumer un masque de qualité en en prenant soin, en le changeant chaque jour, etc., cela apparaît comme impossible vu comme cela.

Car il faut en prendre soin. Le masque de type FFP2 ne peut d’ailleurs être produit qu’industriellement et il n’est pas lavable ; on ne peut le remettre qu’au bout d’une semaine d’attente et encore n’est-ce pas idéal, car il est fait pour être à usage unique normalement. On peut donc faire la manœuvre cinq fois, après il faut le jeter. Au lieu d’attendre une semaine, on peut également le placer sous une chaleur entre 80 et 100°C, après une journée d’attente. On ne peut en tout cas pas le laver ni à la main ni en machine, car il se détériorerait.

Bref, cela demande une certaine intendance, ce n’est pas un bout de chiffon qu’on se place sur la bouche. Cela demande une certaine attention, des précautions pour ne pas l’abîmer. Les gens sont-ils prêts pour cela ? On imagine les sueurs froides du gouvernement français. Il soufre déjà pour chercher à faire passer le prochain confinement. Alors si en plus il doit imposer le port des masques FFP2 ! Et il faut les trouver, il faut q’ils soient distribués, il faut que les Français les achètent, chacun coûtant quelques euros…

Le gouvernement sait qu’il a déjà l’extrême-Droite contre lui. Il a vu avec les manifestations du samedi 16 janvier 2021 que la petite-bourgeoisie « branchée » est également contre des mesures anti-covid, au nom des « libertés ». Pour le reste, les Français sont des Français : prompts à relativiser et à protester pour le plaisir de le faire. Le masque FFP2 apparaissant comme une mesure utile dans un tel panorama est littéralement explosif, mettant à nue la base libérale de la société.

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Société

L’émetteur des Cars incendié par le « Comité pour l’abolition de la 5G et de son monde »

L’action relève d’un anarchisme individualiste typiquement français.

L’émetteur des Cars dans le Limousin culmine à 230 mètres ; accompagnée d’une tour hertzienne de 44 mètres, son rôle est de permettre la diffusion de la TNT, des radios FM et de la téléphonie mobile à 1,5 million de personnes de la région. Il a été incendié le 11 janvier 2021 par un « Comité pour l’abolition de la 5G et de son monde » venant d’envoyer un communiqué au style halluciné.

Ce style n’est cependant pas surprenant, puisqu’il relève de toute une idéologie anarchiste individualiste réactivée dans les années 2010 et multipliant les petites actions clandestines, notamment des dizaines et des dizaines d’attaques contre les antennes-relais. L’individualisme y voit en effet tout ce qui lui déplaît : la technologie, les grands projets décidés de manière centrale, la dimension collective.

Il y a toute une esthétique très sombre, avec une mentalité petite-bourgeoise combinant catastrophisme paniqué devant tout ce qui est collectif et amènerait la fin du monde, avec un culte de la conspiration construite par la « propagande par le fait ».

Un exemple typique d’esthétique d’ultra-gauche anarchiste individualiste

C’est là un tournant assez important sur le plan des idées. Il y a eu en effet à la fin des années 1990 et au début des années 2000 une vague de contestation, dont l’ouvrage à succès L’insurrection qui vient fut l’expression. Cela donna une mouvance contestataire de plusieurs milliers de personnes, vivant en marge de la société de manière relativement invisible et finalement décapitée par l’arrestation en 2008 de multiples personnes à Tarnac (qui s’empressèrent de refuser de politiser l’affaire et mirent fin à l’aventure). Or, si on est là dans un anarchisme rêvant du grand soir et cherchant à vivre en communautés séparées dans la société, il y avait aussi une grande influence de l’autonomie italienne des années 1970, avec un certain état d’esprit communiste, une volonté de former un mouvement général subversif, etc.

On n’a désormais plus rien de tout cela dans une mouvance assumant entièrement l’anarchisme individualiste en reprenant toute la tradition française petite-bourgeoise du début du XIXe siècle. C’est une vraie scène, avec un véritable écho, avec des médias très bien faits et des blogs artisanaux, tels Nantes révolté, Dijoncter, Paris Luttes infos, NumérO zérO (de Saint-Etienne), Rebellyon, IAATA (de Toulouse), Expansive (de Rennes), CRIC (de Grenoble), la rotative (de Tours), Sans nom, Non fides, etc.

Dans un pays riche avec une petite-bourgeoisie très importante, l’existence d’une telle vaste scène n’étonnera nullement. L’anticommunisme y est acharné, le rejet de la Gauche historique absolu et naturellement toute cette mouvance est en première ligne pour « la marche des libertés » du 16 janvier 2021. Les discours sont ouvertement anti-rationnels, paranoïaque anti-étatique et anti-collectiviste, le communiqué contre l’émetteur des Cars étant tout à fait classique du genre.

lundi 11 janvier 2021
Opération « voix du vent et chants d’oiseaux »

Le Comité pour l’abolition de la 5G et son monde (CLA5GSM) existe depuis très longtemps

peut-être depuis toujours

les mouvements que nous avons fondés au fil des siècles ont arboré différents noms et différentes leadeures, mais toutes s’inscrivaient d’une manière ou d’une autre dans notre guerre contre la 5G.

c’est seulement aujourd’hui que nous dévoilons notre existence, dissimulées derrière de frêles masques, parce que le danger est à notre porte

malgré notre grand âge et notre connaissance de certains secrets, nous ne sommes pas puissantes,

nous ne sommes qu’une poignée, pourchassées, terrifiées, mais nous vaincrons malgré notre faiblesse

le Comité pour l’abolition de la 5G et son monde (CLA5GSM) postule 5 principes fondamentaux :

1) jamais l’iphone ne réjouira l’humanité

2) nous ne nous déplacerons jamais plus vite que la lumière

3) la vie est probablement un phénomène tout à fait anodin

4) la race humaine vivra et mourra sur ce rocher

5) cette destinée nous convient

rejoignez-nous

inutile de nous chercher : nous vous trouverons

vous mettrez un pied dehors le matin et tomberez sur un petit oiseau qui vous dévisagera depuis les branches tremblotantes d’un arbre secoué par la rigueur de l’hiver 2021

ou bien

vous verrez un rideau de pluie venir à votre rencontre depuis le bout de votre rue

ou bien

des brins d’herbes germeront d’une fissure dans le ciment de votre façade

vous comprendrez

et par un processus aussi mystérieux et dénué de sens que la course des étoiles, vous aurez été invité à rejoindre les rangs du Comité pour l’abolition de la 5G et son monde (CLA5GSM)

Les propos tenus dans ce communiqué puisent résolument dans les discours spiritualistes français des années 1930, avec le rejet de la technologie et de la technique, avec le questionnement tourmenté sur le sens de l’existence, avec l’envie de trouver un sens à la vie, etc. On doit clairement assimiler cela au fascisme, surtout dans une période de crise.

Les franges les plus en panique de la petite-bourgeoisie s’agitent sans commune mesure, afin de trouver une « troisième » voie entre capitalisme et socialisme. Les actions spectaculaires visent à happer les énergies dans le sens des lubies d’une petite-bourgeoisie cherchant à stopper la roue de l’Histoire.

Un aspect très intéressant de cette question se retrouve à ce titre à la lecture des communiqués des actions clandestines pro-animaux diffusés par le site international Bite back. L’anarchisme individualiste a cherché à s’approprier cette démarche, s’imaginant que cela correspondait à son idéologie de l’action directe. Les communiqués des actions françaises sont ainsi très différents selon que cela relève d’un anarchisme individualiste poétique et prenant les animaux comme prétexte ou bien que cela relève d’une vraie dynamique historique comme celle de l’ALF.

L’anarchisme individualiste cherche à dévier dans un sens petit-bourgeois les luttes réelles et l’action contre l’émetteur des Cars relève de cette logique du spectaculaire pour tromper les esprits, pour les détourner de la lutte des classes et de l’analyse rationnelle des valeurs.

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Société

L’Assemblée nationale « consulte » sur le cannabis récréatif

Afin de forcer à la légalisation du cannabis, le gouvernement fait procéder à une « enquête » sur l’avis des gens.

Du 13 janvier au 28 février 2021, l’Assemblée nationale met en place une consultation en ligne, avec un questionnaire au sujet du « cannabis récréatif ». Notons immédiatement que rien que par ce terme de récréatif, même mis entre guillemets, l’Assemblée nationale tombe sous le coup de la loi en raison d’une présentation d’une drogue sous un jour favorable.

Mais il est bien loin le temps où le policier zélé, souvent obtus mais finalement avec raison, alpaguait quelqu’un pour le moindre symbole lié au cannabis sur un de ses habits. Désormais, le libéralisme libertaire du capitalisme élargit toujours davantage le champ des consommations et le cannabis fait partie des prochains terrains d’accumulation. Il l’est déjà avec les mafias, mais là il s’agit de passer à grande échelle, de proposer un loisir abrutissant de plus à la société toute entière.

Voici ce que cela donne dit dans le langage à la fois complètement hypocrite et administratif-technique de l’Assemblée nationale :

« Il s’agit, pour la mission, de dresser le bilan des politiques publiques menées en matière de prévention et de répression des trafics et usages du cannabis, de proposer un panorama des expériences étrangères de légalisation ou de dépénalisation et de contribuer à une réflexion sur l’éventuelle évolution du cadre réglementaire français relatif à cette substance. »

Les dés sont d’ailleurs tellement pipés que, dans le questionnaire, si l’on est pour la légalisation, on doit répondre à sept questions particulières, dont deux avec du texte libre, alors que si on est contre, on a deux questions seulement, dont une avec texte libre.

On aura compris qu’il s’agit de pousser à l’expression les tenants d’une légalisation et de faire passer ceux du maintien de l’interdiction pour des conservateurs bornés, dépassés, etc. Et il sera dit finalement, pour l’emporter : vous voyez, même des gens contre le cannabis considère que légaliser est la moins pire des solutions, etc.

Naturellement, il sera également expliqué que tous les partis sont d’accord là-dessus, que cela dépasse les orientations politiques, que c’est une question sociétale. Il sera ajouté comme cerise sur le gâteau les ressources fiscales et le tour sera joué.

Cependant, il y a heureusement une société qui n’a pas encore été délavée à ce point quant à la question du cannabis. Si la jeunesse des grandes villes est très favorable au cannabis, qu’elle voit comme relevant d’un mode de vie distancé et branché en même temps, le reste de la jeunesse n’y est nullement favorable. Et l’opposition au cannabis dans la société reste puissante dans un pays où les bonnes manières relèvent d’une tradition historique depuis le 17e siècle.

De plus, les Français ont assez de conscience sociale pour saisir la problématique. Tout le monde sait très bien que le cannabis est une fuite – une fuite contre l’anxiété, contre un malaise personnel et social. Il y a donc une compréhension de cette question et un refus de chercher à ostraciser. Mais accepter la légalisation en tant que telle, accepter le cannabis dans le panorama… là c’est carrément autre chose.

Reste qu’il faut une voix pour exprimer ce refus du cannabis. Et les digues sont toutes tombées à Gauche. Même Lutte Ouvrière est favorable à la dépénalisation, c’est dire ! Il faut dire que le cannabis fait partie du pack post-moderne aux côtés des LGBT, des migrants, des thèses « décoloniales », de la fascination identitaire pour la couleur de peau et les religions, etc.

Ce pack consiste en des thèses sociétales à l’anglo-saxonne pour empêcher celles de la Gauche historique de s’affirmer… mais on est en France, un pays où la lutte des classes a un grand patrimoine. Cela ne sera certainement pas aussi simple que cela pour le capitalisme qui veut faire passer dans la société son marché du cannabis. Et ce d’autant moins dans un contexte de crise où l’opération d’abrutissement des gens apparaîtra comme d’autant plus claire.

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Écologie

Le label Francilien « Ville amie des animaux »

Le label Francilien « Ville amie des animaux »‘ est malheureusement un excellent exemple de négation de la vie sauvage et de poudre aux yeux en ce qui concerne les animaux partageant la vie en société.

La pandémie a montré que l’humanité était malade de ses villes et la question animale est explosive à ce niveau, car elle met à nue toute la problématique. Il y a donc des contre-feux pour tenter de neutraliser la prise de conscience et le label « Ville amie des animaux » mise en place par la région Île-de-France le démontre parfaitement. L’initiative a été pensée au début de l’année 2020 par la présidente de la région, Valérie Pécresse (LR) et les premières nominations sont tombées à la toute fin de la même année, avec des « pattes » pour évaluer le niveau de qualité pour chaque ville. Levallois a obtenu « trois pattes », Chennevières « deux pattes », Nangis « une patte ».

On aura compris que cette mis en avant des pattes joue sur un côté régressif, entièrement tourné vers les animaux de compagnie, sur une mode régressif de repli sur son foyer. On est évidemment dans la négation de la Nature, avec une focalisation unilatérale sur les « animaux de compagnie ». Le label sert concrètement pour les villes à se donner une bonne image à peu de frais, à se prétendre « amie des animaux » en général tout en n’agissant que pour les animaux de compagnie et encore de manière clientéliste.

La communication de la ville de Levallois est exemplaire d’une propagande efficace à peu de frais.

La ville de Levallois est exemplaire de cela jusqu’au bout puisque dans sa liste d’actions lui ayant permise d’obtenir le label avec trois pattes, on a :

La Maison de la Pêche et de la Nature sur l’île de la Jatte, équipement municipal, organise des ateliers nature et bien d’autres nombreuses animations, notamment auprès des plus jeunes.

Obtenir un label « amie des animaux » en passant par la pêche, c’est quelque chose tout de même ! Cela confirme tout à fait le côté utilitariste du label, sa dimension purement communicative, sans base culturelle, morale en rapport avec les animaux.

Pour qui en doute il suffit de se pencher sur le dossier de demande de labellisation. Il n’est parlé que des animaux de compagnie. En réalité, sur les 23 points, il y en a bien un qui parle des animaux sauvages, mais il est bien précisé qu’il ne s’agit que d’engager une réflexion, nullement d’agir :

Engager une réflexion à l’échelle de la commune visant à favoriser la place de la petite faune sauvage en ville (nichoirs à oiseaux, pigeonniers etc)

Engager une réflexion n’a même pas besoin de justification… C’est vraiment pour prétendre avoir fait quelque chose et aller dans le bon sens. Mais il y a pire encore ! Il est demandé d’intégrer les associations dans la protection animale de la ville. Mais jamais il n’est demandé que les villes subventionnent les associations ! Aux associations le travail de fond, à la mairie le prestige ! C’est là quelque chose que toutes les associations connaissent : les communes les appellent pour tel ou tel problème, mais il n’y a aucune contribution financière ou matérielle. Et on peut remplacer les villes par les pompiers, la police, la gendarmerie, etc.

Ce qu’il faudrait, c’est que toutes les associations fournissent des factures à tous ces gens-là, mais ce serait moche et ce n’est pas dans la mentalité, heureusement, des associations. Cela étant c’est le cas de certaines et naturellement des entreprises, notamment avec les fourrières. Il y a ici un business florissant, avec naturellement des ramifications au sein des mairies pour les attributions, bref on l’aura compris ce n’est guère reluisant. Et cela s’étend puisque pour renforcer le clientélisme, il est même demandé pour le label, en ce qui concerne la situation des animaux avec les personnes âgées ou en dépendance, de :

Soutenir les initiatives publiques ou privées, rémunérées ou bénévoles

C’est là clairement soutenir l’expansion du capitalisme vers un nouveau marché, celui des personnes âgées. La mairie fournira bientôt les listes à des entreprises et on aura un marché, du clientélisme, une bonne image pour la mairie. Et d’ailleurs le label demande de systématiser l’emploi d’animaux de compagnie dans « les maisons de retraite, établissements hospitaliers, éducatifs, sanitaires et sociaux ». C’est le business de la « médiation animale », du divertissement jouant sur l’affectif et présenté comme socialement et médicalement utile. C’est le même principe d’étendre le capitalisme en passant par les « services », ici aux dépens des animaux.

Les animaux dits d’assistance connaissent une vie d’esclave, avec une affection brisée et des automatismes intégrés par l’isolement, l’écrasement de toute personnalité. C’est une honte et le plus grave ici est qu’ont participé à ce label des associations de protection animale. Il est vrai qu’il s’agit de poids lourds dont la vision du monde se restreint souvent à l’acte de présence (la SPA, la Fondation Brigitte Bardot…) : du moment qu’ils sont reconnus, qu’ils peuvent gratter quelque chose, cela suffit. Le label est d’ailleurs soutenu par L214, qui soutien l’initiative de Valérie Pécresse.

On notera parmi les autres soutiens un organisme privé comme l’Institut Scientifique et Technique de l’Animal en Ville, l’animalerie Animalis… L’animalerie est également présente par une structure qu’elle a égénré, L’Arche des associations… On a le Comité Oka mon chien ma ville, soutenu par Truffaut, Bayer, Virbac, Pfizer

On a Parole de chien qui organise les chiens « visiteurs » et promeut la médiation animale appelé à s’élargir à d’autres animaux… On a aussi Faune Alfort, qui s’occupe des oiseaux en région parisienne, mais qui est une structure de l’Ecole Vétérinaire de Maisons-Alfort, avec tout ce que cela signifie en termes d’expérimentation animale. L’Ecole vétérinaire soutient également le label.

Ce qui rappelle le problème de fond, qui est le mélange entreprises – institutions – associations, avec les institutions pour légitimer, les entreprises pour proposer leurs « services » et élargir leur marché, et des associations de protection animale piégées dans un tel contexte. Quand on voit un label « ville amie des animaux » on ne se dit pas forcément que c’est l’expansion du capitalisme (aux dépens d’animaux d’ailleurs), le clientélisme, la négation de la Nature par l’affirmation de la ville et le rejet des animaux sauvages. On se dit même que c’est plutôt bien. Là est le piège…

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Écologie

L’épidémie de grippe aviaire, une énième crise dans la crise

Alors que les industriels du foie gras diffusaient massivement des spots publicitaires lors des dernières fêtes de fin d’année, les premiers cas de grippe aviaire ont été détectés au début du mois de décembre dans un élevage de canards des Landes. On assiste depuis à l’abattage massif de tous les animaux de l’élevage.

L’influenza aviaire est une maladie qui touche principalement les oiseaux, qu’ils soient d’élevage ou sauvages bien qu’elle soit plus mortelle chez les oiseaux d’élevage. Le virus peut se propager par les sécrétions respiratoires ou les déjections, et peut survivre longtemps à des températures basses.

La souche H5N8 qui circule actuellement en France et en Europe est une souche extrêmement contagieuse et elle est classée comme hautement pathogène, avec les 32 millions de canards élevés en France, la situation est plus que tendue.

Dans ces conditions, il était inévitable que la situation vire au drame pour les oiseaux d’élevage. Depuis début décembre, des foyers d’infections ont été détectés dans plus d’une centaine d’élevages de canards et d’oies en France. La maladie se développe d’ailleurs de manière exponentielle, le nombre de foyers ayant doublé en une semaine malgré les mesures mises en place.

Lorsqu’on sait que la « production » de « foie gras » consiste en un gavage forcée en à peine deux semaines, on ne peut malheureusement pas être étonné de l’horrible gestion de la situation par les principaux acteurs de ce secteur.

En effet, la solution proposée par Hervé Dupouy, président de la section palmipède de la FNSEA des landes, est de faire un « vide sanitaire » dans les élevages, c’est-à-dire qu’il propose d’abattre tous les animaux des élevages contaminés, puis de laisser les lieux sans animaux durant 2 mois.

Une solution que Marie-Pierre Pé, la directrice du comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (CIFOG), ainsi que le ministre de l’agriculture Julien Denormandie approuvent, ce dernier parlant même de « dépeuplement massif inéluctable ». C’est dire comment l’État est dépassé par une situation qui a pourrie…

Et comment ne pas le voir alors que depuis le 20 décembre ce sont déjà 400 000 animaux qui on été tués, et plusieurs centaine de milliers d’autre qui vont l’être dans les jours à venir avec d’ores et déjà la réquisition d’abattoirs par le gouvernement.

Quand on constate que les oiseaux sauvages ont peu de chance de développer une forme grave de la maladie, contrairement aux oiseaux d’élevage, on ne peut que se rendre à l’évidence de l’enfer que nous faisons vivre à ces animaux uniquement pour alimenter ce si puissant secteur du capitalisme français dont l’humanité pourrait largement se passer au XXIe siècle.

Rappelons ici simplement que la France est tout à la fois premier producteur et premier consommateur mondial de foie gras, avec trois groupes qui monopolisent le secteur, soit Euralis Gastronomie et ses 700 éleveurs, Maïsadour avec sa marque Delpeyrat, Luc Berri avec Labeyrie, pour une production qui se fait généralement dans le sud-ouest.

Avec entre 10 à 20 000 tonnes de foie gras produits par an, représentant plus de 20 millions d’oiseaux gavés, principalement des canards mais aussi des oies, la France est loin devant la Hongrie, la Bulgarie, les États-Unis, le Canada, et même la Chine…

Cette situation ne peut que nous faire penser ici aux visons qui ont été abattu par millions à l’automne 2020, considérés comme le vecteur de propagation du coronavirus. Finalement, le secteur du foie gras est à la France ce qu’est le secteur de la fourrure de visons au Danemark, et ici comme là-bas c’est toujours la même brutalité comptable infâme qui s’abat.

À chaque fois le choix est fait d’abattre les animaux sans aucune considération de leur existence, sans que le mode d’organisation de l’humanité ne soit remis en question, alors même qu’il est à la base de ce drame écologique. Pour cela, il faut se heurter à toute l’idéologie française du terroir et des paysages, et savamment entretenue par l’agrobusiness.

Alors que l’humanité est empêtrée dans l’épidémie de COVID-19 engendrée par un rapport dénaturé à l’ensemble de la biosphère, la crise de la grippe aviaire dans le sud-ouest est une énième crise dans la crise…. Tout cela doit changer. Inéluctablement, un mouvement populaire sensiblement tourner vers l’avenir va, et doit émerger pour en finir avec ces atrocités envers la vie.

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Politique

Occupation du Capitole : Emmanuel Macron et le Parti socialiste en panique

C’est carrément devant un drapeau américain qu’Emmanuel Macron a dénoncé l’occupation du Capitole, le Parti socialiste lui emboîtant le pas dans l’éloge de la superpuissance américaine.

La superpuissance américaine serait une « démocratie »… Que c’est ridicule ! Tout le monde sait à quel point c’est un régime corrompu, où les élections présidentielles sont prétextes aux dépenses de centaines de millions de dollars – la dernière élection présidentielle opposant Joe Biden à Donald Trump, c’est 14 milliards de dollars déversés ! Tout s’achète aux États-Unis, pays gangrené par le capitalisme à tous les niveaux.

Et c’est devant un drapeau américain qu’Emmanuel Macron a raconté ce qu’aucun Français ne peut croire : la démocratie américaine serait un modèle.

Voici son discours :

« WHAT HAPPENED TODAY IN WASHINGTON DC IS NOT AMERICA, DEFINITELY.

7 JANVIER 2021 – SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI

Ce 6 janvier, alors que se tenait une session du Congrès américain devant confirmer la victoire du Président Biden aux élections de novembre 2020, quelques individus violents se sont introduits dans le temple séculaire de la démocratie américaine : le Capitole.

Une femme a été tuée.

Quand, dans une des plus vieilles démocraties du monde, des partisans d’un Président sortant remettent en cause, par les armes, les résultats légitimes d’une élection, c’est une idée universelle – celle d’un homme, une voix – qui est battue en brèche.

Depuis le XVIIIème siècle, les Etats Unis d’Amérique et la France sont liés par un pacte de liberté et de démocratie.

La France, avec La Fayette, a soutenu le peuple américain dans sa quête de liberté et d’indépendance.

La France, avec Alexis de Tocqueville, a reconnu les Etats Unis d’Amérique comme un emblème de la démocratie.

Les Etats Unis d’Amérique, durant le 20ème siècle, lors des deux guerres mondiales, se sont tenus aux côtés de la France à chaque fois que son indépendance, sa liberté, furent menacées. 

Alors aujourd’hui, la France se tient aux côtés du peuple américain avec force, ferveur et détermination, et aux côtés de tous les peuples qui entendent choisir leurs dirigeants, décider de leurs destins et de leurs vies, par ce choix libre et démocratique des élections. Et nous ne cèderons rien à la violence de quelques-uns qui veulent remettre en cause cela.

C’est notre choix, depuis plusieurs siècles, de mettre la dignité humaine, la paix, le respect de l’autre, la reconnaissance de la liberté au-dessus de tout, qui est aujourd’hui menacé dans nos démocraties. 

C’est pourquoi ce soir, je veux dire notre confiance dans la force de la démocratie américaine.

Je veux dire notre amitié à l’égard du peuple et de la démocratie américaine.

Je veux dire notre lutte commune pour que nos démocraties sortent plus fortes de ce moment que nous vivons tous aujourd’hui.

I just wanted to express our friendship and our faith in the United States.

What happened today in Washington DC is not America, definitely.

We believe in the strength of our democracies. We believe in the strength of American democracy. »

Ce qui est grave, c’est que le Parti socialiste soit sur la même longueur d’onde. Au pouvoir, le Parti socialiste disait déjà tout cela. Mais là il s’aligne de lui-même, même hors des « responsabilités », sur un éloge délirant de la superpuissance américaine en perdition. Il montre qu’il ne comprend rien, qu’il est totalement hors-jeu…. Et qu’il a déjà en ligne de mire de proposer pour les prochaines présidentielles Anne Hidalgo, Christine Taubira ou François Hollande. Sa ligne, c’est celle des démocrates américains, avec la modernisation du capitalisme, les valeurs post-modernes, etc.

Voici son communiqué :

« États-Unis : le Parti socialiste salue la victoire de la démocratie contre la violence

Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste

Jean-Marc Germain, secrétaire national aux Relations internationales

Après la consternation du monde démocratique devant les scènes d’insurrection qui ont interrompu hier au Congrès américain la certification des résultats du 3 novembre 2020, y compris de la double victoire des sénateurs en Géorgie ce 5 janvier 2021, le 46e président des États-Unis est officiellement désigné.
 
En ce jour où la démocratie américaine aura pu mener à son terme son processus électoral malgré le chaos et les violences instigués par le président sortant, le Parti socialiste réitère ses félicitations au président Joe Biden et à sa vice-présidente Kamala Harris. Ils incarnent à la fois la perspective d’un retour à l’apaisement ainsi qu’un nouveau souffle pour l’avenir de la société américaine. Il exprime aussi ses félicitations aux nouveaux élus de Géorgie, Raphaël Warnock et Jon Ossoff. Leur victoire offre à la Maison Blanche et au Parti démocrate les moyens politiques, économiques et législatifs de combattre efficacement les dégâts considérables de la pandémie causés par une gestion irresponsable, mais aussi de mettre en œuvre le programme ambitieux de progrès social et de cohésion sociétale des États-Unis.
 
Le Parti socialiste se réjouit également que l’ère nouvelle qui s’ouvre soit celle du retour de cette nation aux côtés de ses partenaires dans la résolution des grands défis du siècle, à commencer par le sauvetage de la planète face à la menace climatique. Il observe cependant qu’en dépit de la leçon de respect des institutions donnée ce jour à ceux qui souhaitent les abattre, la démocratie s’impose désormais parmi les grandes causes à défendre. Les actes insurrectionnels d’hier et l’investiture prochaine du président Joe Biden constituent ainsi un double message de responsabilité : le devoir de rétablir la confiance en la démocratie face aux mensonges qui la dégradent et l’espoir que les États-Unis reprennent leur place pour s’opposer aux forces qui veulent l’annihiler.

– Jeudi 7 janvier 2021« 

Dans tout cela on sent surtout la panique des bourgeois. Ceux-ci se doutent bien que derrière l’agitation petite-bourgeoise stérile, il y aura le rouleau compresseur prolétarien. Les années 2020 vont aller de crise en crise.

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Société

Covid-19: est-ce le cabinet américain McKinsey qui gouverne la France?

C’est le reflet de la décadence de l’appareil d’État français, incapable de gérer le processus de vaccination : un cabinet de conseil américain a été payé pour l’aider… c’est-à-dire pour décider.

Le cabinet de conseil américain McKinsey est une entreprise très importante du capitalisme mondial, étant utilisé par la grande majorité des 200 principales entreprises mondiales. Un cabinet de conseil a comme rôle de fournir des cadres pour les appareils des entreprises, lorsque celles-ci font face à un problème qu’elles n’arrivent pas à résoudre. C’est ce qu’on appelle également le consulting. Tout cela a un coût bien entendu, McKinsey ayant un chiffre d’affaires annuel de pratiquement huit milliards de dollars.

Le gouvernement français a fait appel à ce cabinet de conseil, en raison de sa propre incapacité à cerner les aspects du processus de vaccination. Cela signifie qu’aucun haut fonctionnaire français n’a été considéré comme à la hauteur pour diriger et mener un processus d’analyse de la question. Il faut également noter que McKinsey siphonne dans la pratique les plus grandes écoles d’ingénieur français, y compris Polytechnique. Ainsi, le personnel qui auparavant aurait relevé de l’appareil d’État sont aspirés par les grandes entreprises – ou plus exactement les monopoles.

Ces monopoles prennent en partie le dessus sur les États, en raison de l’incroyable volume d’accumulation capitaliste et donc de leur énorme poids. Les cadres des monopoles sont alors d’un meilleur niveau que ceux des États, en raison des salaires, du prestige, des facilités matérielles, etc. C’est un phénomène d’une gravité exceptionnelle et en même temps quelque chose de tout à fait logique dans le capitalisme.

Le gouvernement français a concrètement fait appel à McKinsey depuis début décembre au moins ; le Canard enchaîné a même révélé que c’était le représentant français du cabinet de conseil, Maël de Calan, qui avait expliqué en quoi consistait la stratégie gouvernementale anti-covid 19 lors d’une visioconférence le 23 décembre 2020 à laquelle participaient le ministre de la Santé Olivier Véran, les directeurs des Agences régionales de santé, les directeurs d’hôpitaux sélectionnés pour démarrer la campagne.  

McKinsey s’occupe plus spécifiquement de « la définition du cadre logistique », de « l’établissement d’un benchmarking logistique avec d’autres pays », de « l’appui à la coordination opérationnelle du groupe de travail ».

On ne voit nullement là quelque chose de si complexe que des hauts fonctionnaires français ne puissent réaliser. Encore faut-il qu’ils soient à la hauteur culturellement et qu’on leur fasse confiance. Le gouvernement français a considéré que non, préférant la consommation de consultants et également, de ce fait, une absence de prise de responsabilité étatique. Car dans les faits le rôle de l’État a été remis à McKinsey.

C’est à la fois une mentalité d’entreprise – typique d’Emmanuel Macron pour qui l’État c’est une sorte d’interface aux entreprises et aux gens – et un terrible aveu d’échec. L’appareil d’État ne fait plus le poids face aux grands défis. C’est la preuve d’un changement d’époque, du fait que l’État doit être remplacé par la démocratie du peuple, une démocratie qui ne peut exister qu’en ayant arraché le pouvoir aux monopoles.

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Société

GPA en France: un maillage informel plus dense que jamais

Un article de trois pages sur les réseaux autour de la Gestation Pour Autrui (GPA) en France est paru dans le numéro du journal Marianne de la première semaine de janvier 2021. Une enquête qui met en relief les réseaux français liés au développement de la GPA dans le monde.

Ils ont bénéficié de la GPA, ils sont businessmen et ont vu dans la maternité de substitution un marché et ils tentent de faire reconnaître la pratique comme un progrès tout en étant déjà acteurs d’un réseau. Ces quelques personnalités françaises, comme Marc Olivier Fogiel, Romain Taillandier, travaillent déjà pour la GPA, en faisant sa promotion médiatique pour le premier ou carrément en travaillant pour une clinique étrangère pour le second.

Cette enquête met en exergue le fait que Romain Taillandier aide une soixantaine de riches couples par an à contourner la loi pour obtenir leur GPA avec Fertility Center. On constate d’ailleurs que ces acheteurs d’enfants sont en majorité des hommes dans un secteur dirigé majoritairement par des hommes qui exploitent des femmes pour leur utérus.

Cette activité autour de la GPA ne s’arrête pas à ces personnalités, des anciens bénéficiaires de GPA peuvent se voir proposer le rôle d’entremetteurs. Il y a de ces couples qui mettent en relation des potentiels clients avec des cliniques étrangères comme l’ukrainienne BiotexCom ou l’agence canadienne CMC, et ce, pour une modique commission de 1000 à 2000€ par contrat amené.

Une pratique qui relève du trafic d’être humain mais qui ne peut passer sous le coup de la loi puisqu’il n’existe aucune filiale implantée réellement sur le sol français.

Pourtant ce maillage montre bien qu’il y a tout un terrain prêt à être occupé et qu’il existe un très grand intérêt à pousser en faveur de la légalisation de la maternité de substitution.

Selon Marianne, ces personnes travaillant déjà pour le marché de la GPA en France sont de plus en plus nombreuses. Dans l’ombre et malgré la loi, il y a bel et bien un essor d’acteurs français portant tout ce marché de la reproduction humaine.

La crise du coronavirus aura soudé les acteurs de ces réseaux à cause de l’affaire des bébés coincés aux frontières. Il faut voir aussi la crise dans son aspect futur, c’est à dire une masse de capitaux cherchant de nouveaux débouchés, le business de la reproduction en fait partie, et on va sans doute assister à une énorme pression pour la libéralisation.

Les fruits du travail parallèle pour ce marché international permettra sans aucun doute aux ardents défenseurs de la vente de bébés de pouvoir arguer que la gestation pour autrui existe de toute manière, qu’il faut ajuster la loi à la réalité.

Et sans une grande mobilisation refusant que la loi s’accorde à des pratiques immorales, enfreignant les droits humains, on peut être certains qu’une légifération en faveur de ce marché verra le jour. Que ce soit sur un agenda national ou des prérogatives internationales comme le prévoient les actuels travaux de la Conférence de La Haye.