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Climat : « Nous en appelons aux décideurs politiques »

Il y a quelques jours était diffusé un appel de 200 personnalités en défense du climat et en appelant aux politiques, cependant les signataires étaient dans leur écrasante majorité trop liés au show-business pour disposer d’une certaine crédibilité à ce sujet. Il en va différemment de ce nouvel appel, signé quant à lui par 700 scientifiques.

On ne peut qu’être étonné toutefois de ne voir proposer que des mesures technocratiques, sans aucune dénonciation ni du rôle des grands monopoles dans la destruction de la nature, ni de l’écocide en cours. Les scientifiques signant cette tribune ont bien en fait en sorte de ne pas dépasser le cadre institutionnel, de ne pas remettre en cause l’anthropocentrisme, de ne pas exiger un changement radical du mode de vie, de ne pas faire des animaux un thème significatif.

Nous sommes d’ores et déjà pleinement entrés dans le «futur climatique». Hausse des températures moyennes et récurrence des chaleurs extrêmes, y compris dans le nord de notre hémisphère tout cet été, fonte des glaciers et de la banquise, sécheresses, modification de l’aire de distribution de certains animaux et espèces végétales, destruction d’écosystèmes rares et précieux, hausse du niveau de la mer, désoxygénation et acidification des océans, etc. : les manifestations concrètes du changement climatique ne cessent de s’accumuler. Quant au futur, les projections d’impact sur les milieux, les espèces et les humains sont systématiquement revues à la hausse au fur et à mesure des nouvelles connaissances.

Et pourtant l’essentiel de la lutte pour contenir le réchauffement tarde à être mis en place. L’accord de Paris de décembre 2015 appelle à mener de front la réduction rapide et drastique de nos émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation aux impacts déjà bien réels du réchauffement. Le but : limiter la hausse des températures mondiales en dessous de 2°C d’ici à 2100 par rapport aux niveaux préindustriels.

Cela suppose d’engager une révolution de nos modes de développement, de notre rapport collectif à l’énergie et aux ressources naturelles, à la consommation, à la mobilité, au logement, aux loisirs, etc. Un projet d’une telle ampleur ne se réalisera pas en se contentant de signer un accord international. Les discours politiques ne manquent pas, du «make our planet great again» français en réponse à l’annonce du retrait américain de l’accord de Paris, à l’appel des ministres de l’environnement de l’UE, en juin, à relever le niveau d’ambition climatique de l’Europe en 2030.

Mais les discours sont insuffisants, comme le montrent les récents chiffres d’émissions de gaz à effet de serre provenant de la combustion des énergies fossiles, qui indiquent des tendances inquiétantes (+ 1,8 % en Europe et + 3,2 % en France en 2017 par rapport à 2016). Il est tout aussi crucial qu’urgent de sortir du champ de l’incantatoire et de traduire concrètement ces discours en choix politiques forts et clairs au service d’une transformation sociétale profonde.

Cette transformation, si elle est ambitieuse et représente un chemin bien différent de celui que nous suivons, n’est pas une utopie. Elle repose pour beaucoup sur des solutions déjà disponibles : diminution de la consommation d’énergie, recours à des énergies décarbonées, meilleure isolation des bâtiments, mobilité repensée évitant les moteurs thermiques, ferroutage, agriculture écologique, production ­locale, verdissement des villes, économie collaborative et circulaire, révolution numérique, etc., autant de changements qui, s’ils sont bien conçus et combinés entre eux, nous aideraient à atteindre les objectifs climatiques tout en permettant de réduire notre empreinte sur la planète, notamment en diminuant la pollution et notre impact sur la biodiversité.

Si la transition est possible, elle ne va pourtant pas de soi. Encore faut-il se saisir des solutions, puisque notre réussite collective dépendra de l’échelle et surtout de la vitesse à laquelle elles seront déployées. C’est pourquoi se préoccuper du changement climatique doit réellement devenir un objectif politique de premier ordre. Pour être cohérente, cette transition doit être transcrite dans l’ensemble des politiques sectorielles et dans tous les projets d’aménagement et de développement, en sélectionnant les solutions permettant conjointement l’efficacité climatique et la préservation de la biodiversité. Il faut également anticiper et accompagner les reconversions à l’échelle des branches économiques et des territoires. Nous en appelons donc aux décideurs politiques.

Nous sommes conscients du rôle qu’ont à jouer d’autres acteurs, notamment les entreprises et la société civile, mais il appartient aux gouvernements et aux Parlements de mettre en place les conditions – législatives, réglementaires, institutionnelles, budgétaires et fiscales – d’une transition vers une société sans carbone. Ils doivent rapidement et fortement réviser leur feuille de route climatique et la rendre à la fois plus transformationnelle et plus opérationnelle. Ils doivent accepter de prendre des mesures pour agir à long terme.

Au niveau international, les opportunités de susciter une telle dynamique seront nombreuses dans les mois à venir : Global Climate Action Summit ce mois-ci en Californie, nouveau rapport du GIEC en octobre, COP 24 en Pologne en décembre, sommet climat du secrétaire général de l’ONU à New York dans un an. La neutralité carbone, qui traduit l’ambition «zéro émission nette de gaz à effet de serre», est l’objectif que les pays signataires de l’accord de Paris se sont engagés à atteindre collectivement au cours de la deuxième moitié du XXIe siècle.

Saisie par une ONG, la justice néerlandaise a condamné l’Etat des Pays-Bas à réduire de 25 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020. Ce type de recours juridique doit être pris au sérieux : un accord international n’est pas la fin mais le commencement d’un processus politique qui doit être mis en œuvre avec rigueur. Seuls des changements immédiats et des engagements de court terme, dans le cadre d’objectifs clairs et ambitieux à horizon 2030, peuvent nous permettre de relever le défi climatique. Celui-ci nous enseigne que le long terme dépend de décisions de court terme, lesquelles permettront aux générations futures de ne pas devoir se résigner au pire.

Signataires:

Luc Abbadie, Professeur Institut d’Ecologie et des Sciences de l’Environnement de Paris Sorbonne Université ; Gwenaël Abril, Directeur de Recherche au CNRS Actualité Scientifique de l’IRDLaboratoire EPOC – Environnements et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux ; Anthony Acou, Chercheur, UMS MNHN-CNRS-AFB Patrinat ; Laurence Affre, Maître de Conférences Aix Marseille Université ; Omar Alaoui, doctorant au LSCE ; Samuel Albani, post-doctorant au LSCE ; Cécile Albert, Chargée de recherches CNRS ; Olivier Alemany, Ingénieur de recherche au CNRS ; Antoinette Alias, Chercheur au CNRM ; Denis Allard, Directeur de Recherche INRA ; Frédéric Amiel, Chercheur à l’IDDRI ; Sandrine Anquetin, Hydro-climatologue ; Constantin Ardilouze, Chercheur au CNRM ; Laurent Arnaud, Chercheur au CNRS ; Xavier Arnauld de Sartre, Chercheur au CNRS ; Catherine Aubertin, Economiste de l’environnement ; François Auger, Chercheur à l’Institut de Recherche en Énergie Électrique de Nantes Atlantique ; Jean-Christophe Auguet, Chercheur au CNRS ; Laurent Augusto, Chercheur à l’INRA ; Philémon Autin, Doctorant à l’Université Grenoble Alpes ; Alex Ayet, Doctorant à l’IFREMER ; Aurélien Babarit, Chercheur au Laboratoire LHEEA ; Bertrand Badie, Professeur des Universités à Science Po Paris ; Jordi Badosa, Ingénieur de recherche à l’Ecole Polytechnique ; Christine Baduel, Chercheuse à l’IRD ; Manon Bajard, Chercheuse à l’Université de Tours/Université Grenoble Alpes/Université d’Oslo ; Marianne Balat-Pichelin, Chercheuse au CNRS ; Yves Balkanski, Chercheur au CEA ; Albane Barbero, Doctorante àl’Université Grenoble Alpes ; Renaud Barbero, Chercheur à l’IRSTEA ; Rémi Barbier, Professeur à l’ENGEES ; Agnès Bardonnet, Aquapôle INRA ; Bernard Barnier, Chercheur CNRS ; Alexandre Baron, Doctorant au LSCE ; Sébastien Barot, Directeur de Recherche à l’IRD ; Nicolas Barrier, Chercheur à l’IRD ; Emilio Bastidas-Arteaga, Maître des Conférences à l’Institut de Recherche en Génie Civil et Mécanique ; André Baudoin, Enseignant-chercheur à l’Université Grenoble Alpes ; Virginie Baudry, Ingénieure à l’Ecole Centrale Nantes ; Ariane Bazureau, Ingénieure de recherche au LATMOS ; Julien Beaumet, Doctorant à l’Université Grenoble Alpes ; Stéphanie Bedhomme, Chercheur au CNRS ; Carole Bedos, Chercheur au INRA ; Matthias Beekmann, Chercheur au CNRS ; Céline Bellard, Chercheur au Centre de biodiversité et de recherche environnementale de l’université de Londres ; Philippe Belleudy, Chercheur à l’INRA ; Hadrien Benoit, Ingénieur au CNRS ; Marc Benoit, Chercheur à l’INRA ; Annette Bérard, Chercheuse en écologie et écotoxicologie microbienneC ; Antoine Berchet, Chercheur au CEA ; Gilles Bergametti, Directeur de recherche à Paris 12 ; Eric Berr, Maître de conférences en économie à l’Université de Bordeaux ; Jean-Loup Bertaux, Chercheur au CNRS honoraire au LATMOS ; Yves Bertheau, Chercheur à l’INRA ; Gwenaël Berthet, Chercheur en physique et chimie de l’atmosphère au LPC2E/CNRS d’Orléans ; François Bertrand, Chercheur à l’Université de Tours ; Patrick Bertuzzi, Chercheur à l’INRA ; Nicolas Bez, Chercheur à l’IRD ; Marc Bidan, Professeur à l’École Polytechnique de l’Université de Nantes ; Carole Bienvenu, Chercheur au CNRS ; François Bignonnet, Chercheur à Polytech Nantes ; Gilles Billen, Chercheur au CNRS émérite ; Anne Bisson, Chercheur IRD-SUpagro ; Willy Blasin, Ingénieur à Centrale Nantes ; Jacques Blondel, Chercheur CEFE au CNRS ; Jean-Joseph Boillot, Chercheur au Club CEPII ; Jordi Bolibar, Doctorant à l’Université Grenoble Alpes ; Frédéric Boller, Ingénieur d’études au CNRS ; Alberte Bondeau, Chercheur à l’IMBE ; Sylvain Bonhommeau, Chercheur à l’Ifremer ; Pascal Boniface, Géopolitologue ; Christophe Bonneuil, Dirercteur de recherche au CNRS ; Marie Bonnin, Directrice de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement ; Laurent Bopp, Directeur du Département de Géosciences à l’Ecole Normale Supérieure ; Valérie Borrell Estupina, Maître de conférences à l’Université de Montpellier ; Colin Bouchard, Chercheur à l’INRA ; Olivier Boucher, Chercheur centre de modélisation du climat, IPSL ; Brice Boudevillain, Physicien adjoint à l’Université Grenoble Alpes ; Yann Boulestreau, Doctorant à l’INRA ; Sylvain Bourdier, Chercheur à Centrale Nantes ; François Bourguignon, Chaire émérite à la Paris School of Economics ; Pascale Bouruet-Aubertot, Professeur à la Sorbonne Université ; François Bousquet, Chercheur au CIRAD ; Jacqueline Boutin, Directeur de Recherche au CNRS ; Marie Boye, Directrice de recherche au CNRS, LOCEAN et IPGP ; Jean-François Boyer, Chercheur à l’Université de Montpellier ; Pascale Braconnot, Chercheur à l’IPSL ; Hubert Branger, Chercheur au Laboratoire IRPHE à Marseille ; Pierre Brasseur, Océanographe ; Pauline Brémond, Economiste à l’Irstea ; François-Marie Bréon, Chercheur au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement ; Yann Briand, Chercheur à l’IDDRI ; Laura Brimont, Chercheur à l’Iddri ; Antoine Brochet, Postdoctorant ; Helene Brogniez, Maître de Conferences au LATMOS ; Michel Brossard, Chercheur à l’IRD ; Audrey Brouillet, Doctorante au LSCE ; Françoise Brugiere, Chercheur à Agrimer ; Laurent Brun, Ingénieur de Recherche à l’INRA ; Sophie Buessler, Chercheur au CNRS ; Mathieu Buoro, Chargé de recherche à l’INRA ; Maxime Burst, Enseignant-chercheur à l’Université de Lorraine ; Paco Bustamante, Professeur à l’Université de La Rochelle ; Yvan Caballero, Chercheur au BRGM ; Anita Cadoux, Chercheuse contractuelle à l’Université Paris Sud ; Nicolas Caillon, Chercheur au CNRS ; Cyril Caliot, Chargé de Recherche au CNRS ; Liam Campling, Maitre de conférence en économie politique à l’université Queen Mary de Londres ; Marie Camredon, Maître de conférence à l’Université Paris Est Créteil ; Christopher Cantrell, Professeur à l’Université Paris-Est Créteil ; Xavier Capet, Chargé de recherches au CNRS ; Damien Cardinal, Professeur à au Laboratoire LOCEAN ; Samuel Caro, Chercheur au CEFE-CNRS ; Matthieu Carré, Chercheur au CNRS, LOCEAN ; Dominique Carrer, Chercheur au CNRM ; Vincent Cassé, Chercheur au ENPC, LMD ; Vincent Cassé, Chercheur au ENPC, LMD ; Christophe Cassou, Chercheur au CERFACS ; Mathilde Causse, Chercheur à l’INRA ; Frédéric Cazenave, Chercheur à l’IRD ; Sébastien Cecchini, Réseau National de suivi à long terme des ECOsystemes FORestiers (RENECOFOR) de l’ONF ; Aurélie Célérier, Chercheur au CEFE ; Véronique Chaffard, Chercheur à l’IRD ; Karine Chalvet-Monfray, Professeur en Biostatistique et Epidémiologie ; Nicolas Champollion, Chercheur à l’Université de Brême en Allemagne ; André Chanzy, Chercheur à l’INRA PACA ; Sylvie Charbit, Chercheuse au CEA ; Maud Charles, Doctorante à l’École doctorale Normande ; Brigitte Charles-Pauvers, Maître de conférence à Nantes ; Anne Charmantier, Directrice de Recherche au CNRS ; Jean-Benoit Charrassin, Directeur du LOCEAN ; Aurélie Charron, Chercheur au DD ; Emmanuel Chassot, Ecologue à la Seychelles Fishing Authority ; Eric Chaumillon, Chercheur université LR ; Christine Chausse, Chercheur LGP CNRS ; Laurent Chauvaud, Chercheur université de Brest ; Frédéric Chevallier, Chercheur CEA, LSCE ; Pierre Chevallier, Chercheur IRD ; Jean-Luc Chotte, Chercheur IRD ; Isabelle Chuine, Directrice de recherche CNRS ; Philippe Ciais, Chercheur à l’IPSL ; Manuela Cirtog, Maître de Conférences à l’Université Paris Est Créteil ; Chantal Claud, Chercheur au CNRS ; Joachim Claudet, Chercheur CNRS ; Alain Clément, Chercheur en énergies marines renouvelables CNRS ; Jean-Christophe Clément, Chercheur à l’INRA ; Cathy Clerbaux, Chercheur CNRS, LATMOS ; Philippe Clergeau, Professeur du Muséum National d’Histoire Naturelle ; Jean Clobert, Chercheur CNRS Sète ; Sophie Cloché, Ingénieure de recherche CNRS, IPSL ; Gaël Clodic, Doctorant à l’Ecole Centrale Nantes et et à l’ADEME ; Jean-Martial Cohard, Enseignant-Chercheur, Université Grenoble Alpes ; Anna Cohen Nabeiro, Office nationale de la chasse et de la faune sauvage ; François Colas, Chercheur IRD, LOCEAN ; Anaïs Colin, Ingénieur ENR ; Christophe Colin, Professeur, GEOPS, Université de Paris-Sud ; Isabelle Coll, Professeur à l’Université Paris Est Créteil, LISA ; Michel Colombier, Directeur scientifique de l’IDDRI ; Daniel Compagnon, Chercheur à Sciences Po Bordeaux ; Charlotte Corporeau, Chercheur à l’IFREMER ; Jérôme Cortet, Professeur à l’Université de Montpellier ; Emmanuel Cosme, Enseignant-Chercheur à l’Université Grenoble Alpes ; Stéphane Costa, Professeur à l’Université de Caen ; Evelyne Costes, Chercheur à l’INRA ; Cédric Cotté, Chercheur au MNHN, LOCEAN ; Hervé Cottin, Professeur à l’Université Paris Est Créteil, LISA ; Franck Courchamp, Directeur de recherche du CNRS à l’Université Paris Sud, Médaille d’Argent du CNRS et Membre de l’Académie Européenne des Sciences ; Denis Couvet, Professeur au MNHN, membre de l’Académie d’Agriculture ; Wolfgang Cramer, Directeur de recherche au CNRS ; Julien Crétat, Post-doctorant, LSCE ; Patrick Criqui, Chercheur à l’université Grenoble ; Thomas Curt, Directeur de recherches Irstea ; Philippe Cury, Chercheur IRD (Institut de Recherche pour le développement) ; Isabelle Czernichowski-Lauriol, Chercheur au BRGM et présidente émérite de l’association CO2GeoNet ; Frank D’Amico, Maître de conférences HDR, CNRS / UNIV PAU & PAYS ADOUR ; Fabio D’Andrea, Chercheur à l’ENS ; Francesco d’Ovidio, Chercheur LOCEAN ; Amy Dahan, Directrice de Recherche Emérite CNRS ; Anne Dalmon, Chercheur à l’INRA ; Yves Dandonneau, Directeur de recherches à l’Institut Pierre Simon Laplace retraité ; Sophie Darfeuil, Chercheur au CNRS ; Lucas Davaze, Chercheur IGE ; Hendrik Davi, Chargé de Recherche, INRA ; Stéphane De Cara, Chercheur, INRA ; Gaëlle de Coëtlogon, Maître de conférences Sorbonne Université, LATMOS ; Hugues de Jouvenel, Président de Futuribles International ; Nathalie de Noblet, Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement ; Thibaud Decaëns, Professeur des Universités, Université de Montpellier, Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive ; Jean-Pierre Dedieu, Chercheur, CNRS ; Cécile Defforge, Doctorante, CEREA ; Dimitri Defrance, Post-doctorant, climatologue à l’IRD à l’UMR espace-Dev ; Magalie Delalande, Ingénieur Agronome, INRA, CIRAD ; Gilles Delaygue, Enseignant-chercheur, Université Grenoble Alpes ; Nicolas Delbart, Maitre de conférences, Université Paris VII, laboratoire de géographie PRODIG ; Nicolas Delpierre, Maître de conférences en Ecophysiologie Végétale, Université Paris-Sud ; Serge Delrot, Professeur à l’Université de Bordeaux, INRA ; Alban Depeyre, Doctorant Université Grenoble Alpes ; Damien Desbruyères, Chercheur IFREMER ; Marc Descloitres, Chercheur IRD ; Julie Deshayes, Chercheur CNRS au LOCEAN (UMR SU, CNRS, IRD, MNHN) ; Laurence Després, Professeure Ecologie et Evolution, Université Grenoble Alpes ; Boris Dewitte, Océanographe, LEGOS, Toulouse, France ; Alain Dezetter, Chercheur IRD ; Claudia Di Biagio, Chercheur CNRS, LISA ; Noëlie Di Cesare, Maître de conférences à l’Université Bretagne Sud ; Carole Di Poi Broussard, Chercheur Ifremer ; Delphine Dissard, Chercheur IRD, LOCEAN, responsable équipe VALCO ; Gauthier Dobigny, Chargé de Recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement ; Florent Domine, Chercheur au laboratoire franco-canadien Takuvik ; Aurélien Dommergue, Enseignant-Chercheur, Université Grenoble Alpes ; Marion Donat-Magnin, Chercheur CNRS ; Mathieu Doray, Chercheur IFREMER ; Antoine Doré, Chercheur INRA chargé de recherche en Sociologie, INRA ; Laurent Dorel, Chercheur CNRM ; Jean-Marcel Dorioz, Chercheur INRA ; Jean-Francois Doussin, Professeur à l’Université Paris-Est Créteil, LISA ; David Dubois, Doctorant, LATMOS, Univ. Versailles St Quentin en Yvelines ; Nicolas Dubos, Docteur en Ecologie du Muséum National d’Histoire Naturelle ; Catherine Ducatillion, Chercheur INRA ; Agnès Ducharne, Chercheur UPMC ; Jean-Louis Dufresne, Chercheur, DR CNRS, LMD ; Justine Dumay, Maître de conférences HDR en biochimie marine et génie enzymatique ; Andréaz Dupoué, Station d’Ecologie Théorique et Expérimentale, CNRS ; Christine Dupuy, Professeure à l’université de La Rochelle ; Philippe Durance, Titulaire de la chaire de Prospective et Développement durable du Cnam, chercheur au Laboratoire interdisciplinaire de recherches en sciences de l’action ; Gaël Durand, CR CNRS, Directeur adjoint animation et prospective scientifique, affaires polaires ; Paul Durand, Chercheur, Université Paris 1 ; Michel Dy, Directeur de recherche Émérite CNRS ; Vincent Echevin, Chercheur IRD, LOCEAN ; Laurence Eymard, Directeur de recherche CNRS, LOCEAN ; Bruno Fady, Chercheur INRA ; Xavier Faïn, Chercheur CNRS ; Lola Falletti, Ingénieur de recherche Sorbonne Université, LATMOS ; Hélène Fargeon, Ingénieur du Corps des ponts, eaux et forêts, doctorante à l’URFM ; Guillaume Fasse, IRENav, l’Institut de Recherche de l’Ecole Navale. ; Lionel Favier, Chercheur CNRS ; Vincent Favier, Physicien Adjoint, Université Grenoble Alpes ; Mathieu Favré, Ingénieur spécialiste éolienne senior ; Simon Fellous, Center for Biology and Management of Populations (CBGP), INRA ; Géraldine Féraud, Maître de conférences, LERMA, Sorbonne Université ; Michel Fily, Professeur à l’Université Grenoble Alpes ; Floriane Flacher, Ingénieur de recherche à Aix-Marseille Université ; Cyrille Flamant, Directeur de recherche CNRS, LATMOS/IPSL, CNRS, Sorbonne Université, Université Paris-Saclay ; Gilles Flamant, Directeur de recherche émérite au CNRS, ancien directeur du laboratoire PROMES ; Stéphane Flament, Professeur à l’ENSICAEN ; Fabrice Flipo, Professeur de philosophie sociale et politique, philosophie des sciences et techniques Mines telecom ; Benoît Fontaine, Centre d’Ecologie et de Sciences de la Conservation ; Gilles Foret, Maître de Conférences, Université Paris-Est Créteil, LISA ; François Forget, Directeur de recherche CNRS, LMD, Academie des sciences ; Paola Formenti, Directrice de Recherche CNRS, LISA ; Marie-Alice Foujols, Ingénieure de recherche CNRS, IPSL ; Estelle Fournel, Ingénieure de recherche CNRS, IPSL ; Kévin Fourteau, Doctorant, Université Grenoble Alpes ; Pierre Franck, Chercheur INRA Avignon ; Claude Frankignoul, Professeur Emérite à l’Université Pierre et Marie Curie ; Nathalie Frascaria-Lacoste, Professeur d’Ecologie Evolutive à AgroParisTech ; Grégoire Freschet, Permanent researcher / Chargé de Recherche, CNRS, Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive ; Francois Fromard, Chercheur au Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement ; Nathalie Fromin, Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive, Montpellier ; Michel Fromm, Chercheur au laboratoire Chrono-environnement ; Sophie Gachet, Chercheur à l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale ; Jean Gadrey, Professeur honoraire d’économie à l’Université de Lille ; Marco Gaetani, Chercheur, LATMOS/IPSL, CNRS, Sorbonne Université, Université Paris-Saclay ; Leslie Gager, Doctorante à l’institut universitaire européen de la mer ; Elie Gaget, Doctorant MNHN-Tour du Valat ; Olivier Gagliardini, Professeur, Université Grenoble Alpes ; Sylvie Galle, Chercheur IRD ; Hubert Gallée, Chercheur IGE ; Frédéric Garan, Maître de conférences en histoire contemporaine, Université de La Réunion ; Inaki Garcia-De-Cortazar-Atauri, Spécialiste à l’INRA du changement climatique et de la phénologie des cultures ; Veronique Garcon, Chercheur CNRS – Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (LEGOS) ; Jean-Claude Gascard, Directeur de recherche émérite au CNRS, LOCEAN ; Didier Gascuel, Professeur de l’enseignement supérieur agronomique, Directeur du pôle halieutique Agrocampus-Ouest ; Victor Gattepaille, Institut Pascal énergie solaire ; Jean-Luc Gatti, Directeur de recherche à l’INRA ; Jean-Pierre Gattuso, Directeur de recherche CNRS au Laboratoire d’océanographie de Villefranch ; Emmanuèle Gautier, Professeure Université Paris 1 ; Mathieu Gautier, Chercheur INRA ; Frédéric Gazeau, Laboratoire d’Océanographie de Villefranche ; Carla Geisen, Doctorante SU, LOCEAN ; Michel Génard, Chercheur INRA ; Maya George, Ingénieure de recherche Sorbonne Université, LATMOS ; Pierre Gernez, Enseignant-chercheur, Université de Nantes ; Benoit Geslin, Maître de conférence à l’université Aix Marseille et Docteur en Ecologie ; Fabien Gibert, Chercheur CNRS, LMD ; Pierre Gilbert, Assistant Ingénieur, LATMOS ; Jean-Christophe Gilloteaux, Chercheur à Centrale Nantes dans le secteur des énergies marines ; Alain Gioda, Historien du climat de l’UMR Hydrosciences à Montpellier ; Nathalie Girard, Directrice de recherches à l’INRA ; Gaël Giraud, Economiste en chef de l’Agence Française de Développement, directeur de recherches CNRS, directeur de la Chaire Energie et Prospérité. ; Marc Girondot, Laboratoire Ecologie, Systématique et Evolution, Equipe de Conservation des Populations et des Communautés, CNRS, AgroParisTech et Université Paris-Sud 11 ; Olivier Godard, Ancien chercheur CNRS et Ecole polytechnique ; Sophie Godin-Beekmann, Directeur de recherche CNRS, LATMOS ; Marianne Graber, Professeur à Littoral Environnement et Sociétés de l’université de La Rochelle ; Alain Grandjean, Économiste, Membre du conseil scientifique de la FNH ; David Gremillet, Chercheur au CEFE ; Philippe Gros, Chercheur au Conseil scientifique de la FRB ; Jean-Marc Guehl, Directeur de recherche à l’INRA ; Bertrand Guenet, Chercheur CNRS, LSCE ; Eric Guerber, Professeur d’histoire ancienne à l’université de Nantes ; Jean-François Guérémy, Chercheur CNRM ; Martine Guérif, Directrice de Recherches INRA ; Roger Guesnerie, College de France (Pr. Emerite), Paris School of Economics, (ex-psdt) ; Lionel Guez, Ingénieur de recherche, CNRS, LMD ; Corentin Guigot, Chercheur université de Nantes ; Jean Guillard, Chercheur INRA ; Mireille Guillaume, Docteur HDR, Maître de Conférences du MNHN, Membre du LabEx CORAIL et du LabEx BCDiv, Muséum national d’Histoire naturelle ; Hélène Guillemot, Chercheur CNRS Centre Alexandre Koyré ; Emmanuel Guillot, Chercheur CNRS ; Eric Guilyardi, Chercheur IPSL ; Matthieu Guimberteau, Post-doctorant, LSCE ; Joel Guiot, Chercheur CEREGE / Labex OT-Med / ECCOREV Technopole de l’Environnement Arbois Méditerranée BP 80 ; Céline Guivarch, Economiste du changement climatique au Centre International de Recherche sur l’Environnement et le Développement (CIRED) ; Florence Habets, Chercheur CNRS ; Martial Haeffelin, Ingénieur HDR CNRS, Dir Adjoint «Observation de la Terre» IPSL ; Catherine Hänni, Biologiste, CNRS, Université de Grenoble-Alpes ; Hervé Hannin, Ingénieur agronome, Prospectiviste, Ingénieur de Recherches à Montpellier SupAgro ; Jean-Marie Harribey, Economiste (Université de Bordeaux), co-président du Conseil scientifique d’Attac, membre de la Fondation Copernic et des Économistes atterrés ; Hans Hartmann, Enseignant-chercheur à Littoral ENvironnement et Sociétés à l’université de La rochelle ; Jean-Michel Hartmann, Directeur de recherche CNRS, LMD ; Alain Hauchecorne, Directeur de recherche CNRS émérite, LATMOS ; Didier Hauglustaine, Directeur de recherche CNRS au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement ; Danièle Hauser, Directeur de recherche CNRS, LATMOS ; Basile Hector, Chercheur IRD ; Julie Helle, Ingénieur chercheur, LSCE ; Claude Henry, Président du Conseil Scientifique de l’IDDRI ; Cécile Hérivaux, Economiste de l’environnement BRGM ; Albert Hertzog, Maître de conférences Sorbonne Université, LMD ; Douville Hervé, Chercheur et co-auteur du Chapitre 8 du prochain (6ème) rapport du GIEC CNRM ; Nathalie Herve-Fournereau, Directrice de recherche CNRS, chercheuse en droit de l’environnement ; Léna Hery, Ecole centrale Nantes ; Benoît Hingray, Chargé de Recherche, CNRS, IGE, Grenoble ; Fabien Hoblea, Chercheur université de Savoie ; Nathan Horrenberger, Master 2 Ingénierie en Ecologie et Gestion de la Biodiversité Apprenti à l’UMR LIENSs ; Jean-Charles Hourcade, Chercheur au CIRED ; Bernard Hubert, Directeur de recherche émérite à l’INRA Directeur d’études à l’EHESS ; Thierry Huck, Chercheur CNRS au Laboratoire d’Océanographie Physique et Spatiale ; Annabelle Amm, Chargée de mission à Ecofor ; Nathalie Huret, Chercheur CNRS ; Nathalie Imbert Auvray, Maître de conférences à l’université de La Rochelle ; Kévin Jacq, Chercheur laboratoire EDYTEM ; Stéphan Jacquet, Directeur de recherches à l’INRA ; Serge Janicot, Directeur de recherche à l’IRD ; Christof Janssen, Chercheur CNRS, LERMA ; Philippe Jarne, Président du LabEx CeMEB ; Pierre-Alain Jayet, Chercheur INRA ; Frédéric Jean, Chercheur INRA ; Catherine Jeandel, Directrice de recherches CNRS au Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (LEGOS) ; Fabrice Jégou, CNRS ; Pascal Jeseck, Ingénieur de recherche, LERMA, IPSL ; Aglaé Jézéquel, Doctorante, LSCE ; Richard Joffre, Directeur du centre d’écologie fonctionnelle et évolutive, CEFE ; Antoine Jolly, Maître de Conférences, Université Paris Est Créteil, LISA ; Daniel Joly, Chercheur CNRS ; Anne Jost, Maître de Conférences Sorbonne Université, METIS ; Jean-Baptiste Jouffray, Global Economic Dynamics and Biosphere programme (GEDB)ROYAL SWEDISH ACADEMY OF SCIENCESGovernance of coastal and marine systemsSTOCKHOLM RESILIENCE CENTRE ; Nicolas Jourdain, Chercheur CNRS ; Valentin Journé, Doctorant INRA ; Emilie Journet, Maître de Conférences Université Paris Est Créteil, LISA ; Jean Jouzel, Président CA Iddri ; Clementine Junquas, Chercheuse IRD ; Alain Karsenty, Chercheur CIRAD ; Carole Kerdelhué, Directrice de Recherches à l’Inra de Montpellier. ; Claude Kergomard, Géographe-climatologue, professeur à l’Université de Lille (1994-2003) et à l’Ecole normale supérieure (2003-2013) ; Myriam Khodri, Chercheur IRD, LOCEAN, responsable équipe VarClim ; Alan Kirman, Directeur d’études à l’EHESS, Membre de l’IUF, Professeur émerite à Aix-Marseille Université ; Etienne Klein, Directeur de recherches à l’INRA d’Avignon. ; Nicolas Kolodziejczyk, Chercheur en océanographie à l’Université de Bretagne Occidentale. ; Antoine Kremer, Directeur de recherche à l’INRA et travaille sur l’évolution des arbres en réponse aux changements environnementaux ; Fridolin Kwabia Tchana, Maître de Conférences, Université Paris Diderot, LISA ; Isabelle La Jeunesse, Chercheur Université de Tours, Maître de Conférences HDR CNRS ; Laurent Labeyrie, Professeur Honoraire Université Versailles Saint Quentin et Institut Universitaire de France, Co-Editeur du rapport GIEC 2007 ; Olivier Labussière, Chercheur CNRS ; Denis Lacroix, Responsable de la prospective à l’IFREMER ; Francis Laloë, Statisticien, directeur de recherche IRD (retraité) ; Guy Landmann, Chercheur ECOFOR ; Mathieu Laparie, Chercheur INRA ; Juliette Lathière, Chercheuse CNRS, LSCE ; Thierry Laugier, Chercheur IFREMER ; Marie Launay, Chercheur INRA ; Yann Laurans, Chercheur IDDRI biodiversité ; Jean-Paul Laurent, Chercheur CNRS ; Philippe Lavigne Delville, Chercheur IRD/UMR GRED, Université PAUL-VALERY ; Rémi Laxenaire, Doctorant au laboratoire de météorologie dynamique de l’Ecole polytechnique-ENS ; Alban Lazar, Océanographie-climatologue ; Claire Lazareth, Chercheuse IRD, LOCEAN ; Gilles Lazuech, Maître de conférences en sociologie à l’université de Nantes ; Nadine Le Bris, Sorbonne Université, Écologie et biogéochimie marine ; Jacques Le Cacheux, Professeur à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA), Ecole nationale des Ponts et Chaussées (ENPC/Paristech) ; Gonéri Le Cozannet, Chercheur BRGM ; Alice Le Gall, Maître de Conférences UVSQ, LATMOS ; Priscilla Le Mézo, Post-doctorat en Espagne dans l’Université Autonome de Barcelone ; Julien Le Sommer, Chercheur à IGE/MEOM group ; Hervé Le Treut, Climatologue, directeur de l’Institut Pierre-Simon Laplace (IPSL), membre de l’Académie des sciences. ; Nicolas Lebas, Ingénieur CNRS, LOCEAN ; Sébastien Lebonnois, Directeur de recherche CNRS, LMD ; Christophe Leboulanger, Chercheur IRD ; Théophile Lebrun, Apprenti ingénieur, CNRS, LOCEAN ; Jane Lecomte, Chercheur FRB ; Eric Lefevre, Chercheur CNRS ; Franck Lefèvre, Directeur de recherche CNRS, LATMOS ; François Lefèvre, Directeur de recherche, Inra ; Bernard Legube, Professeur émérite de l’Université de Poitiers (ENSIP, unité de recherche IC2MP) ; Raphaël Lelois, Chercheur en génétique des population, CBGP-INRA, Montpellier ; Jacques Lemoalle, Chercheur associé UMR G-Eau «Gestion de l’Eau, Acteurs et Usages» IRD ; Marion Lemoine-Schonne, Chargée de recherche CNRS, IODE Institut de l’Ouest, Droit et Europe ; Boris Leroy, Muséum National d’Histoire Naturelle ; Francoise Lescourret, Chercheur INRA ; David Levaï, Chercheur IDDRI Climat ; Marina Lévy, Directrice de recherche au CNRSDirectrice adjointe du département «Oceans, climat et ressources» de l’IRD ; Lionel Ley, Unité d’Expérimentation Agronomique et Viticole, INRA Colmar ; Alain Lipietz, Chercheur CNRS ; Camille Lique, Chercheur en océanographie physique à l’Ifremer ; Constantino Listowski, Post-doctorant CNES, LATMOS ; Cécile Llovel, Doctorante, thèse en cours sur l’impact du changement climatique sur les événements extrêmes du pourtour méditerranéen ; Pascal Jean Lopez, Dir. OHM Port Caraïbe UMR BOREA CNRS-7208/MNHN/UPMC/IRD-207/UCN/UA Muséum National d’Histoire Naturelle ; Pascal Lorance, Chercheur IFREMER ; Romain Lorrillière, Chercheur au laboratoire écologie, systématique et évolution de l’université de Paris Sud-Orsay ; Denis Loustau, Chercheur INRA ; Marie Lusson, Doctorante en sociologie des sciences au sein du laboratoire IRSTEA de Montpellier ; Olivier Magand, Chercheur CNRS ; Danièle Magda, Ecologue Directrice de recherches à l’INRA Toulouse ; Alexandre Magnan, Chercheur Iddri ; Elodie Magnanou, Equipe INTERMED – INTERactions Marines Évolution et aDaptation, Sorbonne ; Michel Magny, Directeur de Recherche CNRS ; Fabienne Maignan, Chercheuse au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement ; Pierre-Olivier Malaterre, Chercheur en hydrologie-hydraulique à Irstea ; Sandrine Maljean-Dubois, Directrice de recherche au CNRS (Aix-Marseille Université) ; Raphael Manlay, Chercheur AgroParisTech ; Jollivet Marcel, Chercheur université Paris Nanterre ; Eric Marcon, Directeur du centre AgroParisTech de Kourou en Guyane ; Emmanuel Marcq, maître de Conférences Université Versailles Saint-Quentin, LATMOS ; Audrey Marescaux, Doctorante CNRS, METIS ; Elisa Marguerit, Chercheur Agro Bordeaux ; Elisa Marguerit, Chercheur Agro Bordeaux ; Claire Marsden, Chercheur Montpellier SupAgro ; Beatrice Marticorena, Directeur de recherche CNRS, LISA ; Eric Martin, Chercheur Irstea ; Gabrielle Martin, Chercheur MNHN ; Véronique Martin-Jézéquel, Enseignante à l’Université de Nantes, Ecosystème et Bioproduction ; Emmanuel Martinais, Chercheur ENTPE ; Patricia Martinerie, chercheuse CNRS ; Ines Massiot, Chercheurs au CNRS sur les énergies photopholtaïques ; Valérie Masson-Delmotte, Chercheur IPSL ; Helene Mathieu-Subias, Chercheur à l’Etablissement Public Territorial du Bassin de l’Aude ; Sandrine Mathy, Directrice de recherche CNRS ; Olivier Maury, Directeur de Recherche à l’IRD ; Alain Mazaud, Chercheur CEA LSCE ; Hubert Mazurek, Ecologue et géographe, directeur de recherche à l’IRD ; David McKenzie, Directeur de Recherche CNRS ; Carlos Mejia, Ingénieur de recherche CNRS, IPSL-LOCEAN ; Angélique Melet, Chercheuse sur les variations du niveau de la mer, Mercator Ocean International) ; Laurent Memery, Chercheur CNRS ; Martin Ménégoz, Chercheur CNRS ; Michel Menvielle, Professeur Université honoraire, Université Paris Sud Orsay, LATMOS ; Philippe Méral, Directeur de recherche à l’IRD ; Bastien Mérigot, Maître de Conférences Université de Montpellier.Département d’enseignement Biologie-Ecologie de la Faculté des Sciences ; Liliane Merlivat, Directeur de recherche CNRS émérite, LOCEAN ; Nicolas Metzl, Chercheur LOCEAN ; Christine Meynard, Chercheur INRA ; Claude Miaud, Chercheur CEFE, EPHE, Montpellier ; Martine Michou, Chercheur CNRM ; jean-baptiste Mihoub, Chercheur MNHN ; Claude Millier, Chercheur INRA ; Laurence Millot-Cornette, Technicienne SU, METIS ; Bernard Moizo, Socio-Anthropologue IRD ; Eric Mollard, chercheur senior, spécialiste des conflits environnementaux dans les pays du sud ; André Monaco, Directeur de Recherche CNRS Emerite ; Marc Montadert, Office nationale de la chasse et de la faune sauvage ; Maurine Montagnat, Chercheuse CNRS ; Maurine Montagnat Rentier, Directrice de recherche CNRS, Institut des Géosciences de l’Environnement ; Virginie Moreaux, Postdoctorante, INRA/CNRS ; Jean-Louis Morel, Université de Lorraine ; Xavier Morin, Chercheur CNRS ; Vincent Moron, Professeur de géographie et climatologue à l’université d’Aix-Marseille ; Cindy Morris, Chercheur INRA ; Jean-Marie Mouchel, Professeur Sorbonne Université, UMR Metis ; Jean-Luc Mouget, Chercheur CNRS ; Michel Mouléry, Chercheur INRA ; Thierry Moutin, Professeur en chimie océanographique, à l’Institut OSU Pythéas ; Pierre Nabat, Chercheur CNRM ; Simon Nadel, Chercheur université de Lille ; Mireille Navarrete, Chercheur INRA ; Philippe Naveau, Chercheur CNRS, LSCE ; Julien Némery, Enseignant-chercheur, Grenoble-INP ; Christophe Nguyen-The, Chercheur INRA ; Deguines Nicolas, Docteur en écologie du Muséum national d’histoire naturelle ; Manuel Nicolas, Responsable du réseau de suivi à long terme des forêts RENECOFOR à l’ONF ; Valerie November, Directrice de recherche CNRSDirectrice du Laboratoire Techniques, Territoires, Sociétés (LATTS)Ecole des Ponts ParisTech/Université Paris-Est UMR CNRS 8134 ; Charles Obled, Professeur honoraire Grenoble-INP ; Jérôme Ogée, INRA Bordeaux Aquitaine ; Albert Olioso, Directeur de Recherche INRA ; Matilde Oliveri, Ingénieure d’études CNRS, LISA ; Nathalie Ollat, Co-coordinatrice d’une étude sur l’impact et l’adaptation de la filière Vigne et Vin en France ; Catherine Ottlé, Directeur de recherche CNRS, LSCE ; Chantal Pacteau, Directrice de recherche émérite au CNRS, Co-directrice du hub européen de l’Urban Climate Change Research Network ; Alain Pagano, Maître de conférences en écologie à l’université d’Angers ; Didier Paillard, Chercheur CEA, LSCE ; Jean Pailleux, Société Météorologique de France Météo et Climat ; Geremy Panthou, Physicien-Adjoint Université Grenoble Alpes ; Sophie Pardo, Enseignante-chercheuse en économie à l’université de Nantes ; Frédéric Parrenin, Directeur de Recherche CNRS ; Paul Passy, Post-doctorant CNRS, FIRE ; Andrea Pazmino, Physicienne adjointe UVSQ, LATMOS ; Marc Peaucelle, Post-doctorant UVSQ, LSCE ; Thierry Pellarin, Chargé de Recherche au CNRS ; Sylvain Pellerin, Directeur de recherches INRA, «Interactions Sol-Plante-Atmosphère» ; Dominique Pelletier, Chercheur à l’IFREMER ; Sophie Pelletier-Belamari, Chercheur CNRM ; Thierry Penduff, Océanographe physicien, Directeur de Recherche CNRS, Institut des Géosciences de l’Environnement (IGE), Grenoble ; Thierry Penduff, Directeur de Recherche au CNRS ; Pierrick Penven, Directeur de Recherche en Océanographie Physique-IRD ; Stéphanie Pérès, Scientifique LACCAVE (économiste à l’Université de bordeaux ; Thierry Perez, Directeur de Recherche CNRSInstitut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale ; Cathleen Petit, Chercheur INRA PACA ; Olivier Petit, Maitre de conférences en économie à l’Université d’Artois ; Jean-Robert Petit, Directeur de recherche émérite, CNRS ; Emeline Pettex, Chercheur en écologie marine à Cohabys (ADERA) à l’université de La Rochelle ; Christophe Peugeot, Hydrologue à l’IRD, laboratoire HydroSciences Montpellier ; Vincent Peyaud, Chercheur CNRS ; Véronique Peyrache-Gadeau, Chercheur université de Savoie ; Jean-Luc Peyron, Directeur d’ECOFOR ; Armelle Philip, Enseignant-chercheur, Université Grenoble Alpes ; Laurent Philippe, Maître de conférences, LERMA, Sorbonne Université ; Carole Philippon, Technicienne CEA, LSCE ; Nathalie Philippon, Chargée de Recherches CNRS, Climatologue ; Catherine Pierre, Directrice de recherche CNRS émérite, LOCEAN ; Marie Pinhas-Diena, Ingénieur de recherche, CNRS, IPSL ; Grégory Pinon, Maître de conférences à l’université Le Havre Normandie ; Florence Pinton, socio-anthropologue, professeure à Agroparistech et membre du comité de rédaction de la revue NSS ; Séverin Pistre, Professeur d’Hydrogéologie à l’université de Montpellier ; Valérie Plagnes, Professeur Sorbonne Université, METIS ; Nicolas Plain, Chercheur à l’université de Grenoble-Alpes ; Nicolas Plain, Doctorant à l’Université Grenoble Alpes ; Serge Planton, Chercheur Météo-France – Groupe d’étude de l’atmosphère météorologique (GAME) GIEC ; Riwal Plougonven, Professeur à l’Ecole polytechnique, directeur adjoint LMD ; Gaël Plumecocq, Chargé de recherches en science économique à l’INRA ; Benjamin Pohl, Chercheur CNRS / Laboratoire Biogéosciences, Dijon ; Michel Ponchet, Chercheur INRA ; Marc Pontaud, CNRM Directeur du CNRM ; Stéphane Ponton, Chargé de recherche à l’INRA Nancy Grand-Est ; Emmanuelle Porcher, Chercheur MNHN ; Philippe Possenti, Chercheur CNRS ; Célia Pouget, Chercheur INRA ; Frédéric Pouget, Maitre de conférences, Université de la Rochelle ; Jérôme Poulenard, Professeur de sciences des sols Université Savoie Mont- Blanc ; Stéphane Pous, Chercheur MNHN, LOCEAN ; Danièle Pro, Chercheur Université de Nantes ; Magali Proffit, Chercheur CNRS INEE CEFE ; Christine Provost, Chercheur CNRS ; Cécile Quantin, Professeure, GEOPS, Université Paris Sud ; Hervé Quénol, Climatologue au CNRS ; Patrick Queutey, Chercheur CNRS ; Bénédicte Quilot-Turion, Chercheur INRA ; Antoine Rabatel, Physicien-Adjoint à l’université Grenoble-Alpes ; Virginie Racapé, Chercheur Ifremer ; Mélanie Raimonet, Chercheur ECOLAB ; Karim Ramage, Ingénieur de recherche, IPSL ; Christophe Ramaux, Chercheur université Paris-1 ; Silvana Ramos Buarque, Chercheur CNRM ; Gilles Ramstein, Directeur de recherche CEA, LSCE ; Aleksandar Rankovic, Chercheur IDDRI ; Cyrille Rathgeber, Chercheur INRA Grand-Est Nancy ; Jonathan Rault, chercheur contractuel à l’IRD ; Ludovic Ravanel, Chercheur EDYTEM CNRS ; Florian Raymond, Post-doctorant, Université Grenoble Alpes ; Dominique Raynaud, Chercheur au CNRS ; Alice Recanati, Docteure, GEOPS, Université Paris Sud ; Magali Reghezza, Maître de conférences, ENS-PSL ; Flore Rembert, Doctorante Sorbonne Université, METIS ; Frédérique Rémy, Chercheur CNRS ; Catherine Renard, Chercheur INRA ; Jean-Baptiste Renard, Directeur de recherche au CNRS ; Claire Revol, Enseignante-chercheuse à l’Université Grenoble Alpes ; Pierre Ribstein, Professeur, Sorbonne Université, METIS ; Marion Richard, Chercheur en écologie marine ; Pierre Richard, Chercheur à l’université de La Rochelle ; Sophie Richard, Chercheur AgroParisTech – Campus de Montpellier ; Celine Ridame, Maître de Conférences, LOCEAN, SU ; Bernard Riera, Chercheur au CNRS ; Eric Rigolot, Directeur de l’UR 0629-INRA ; Jean-Daniel Rinaudo, Responsable du programme scientifique économie des milieux et des risques BRGM ; Eva Risch, Chercheur en sciences environnementales ; Catherine Ritz, Chercheur CNRS ; Rodrigo Rivera, Ingénieur recherche CEA, LSCE ; Marine Robuchon, Chercheur Centre d’Ecologie et des Sciences de la Conservation (CESCO UMR 7204) & Biologie des Organismes et Ecosystèmes Aquatiques (BOREA UMR 7208) ; Guy Rodet, Chercheur INRA ; Christine Rollard, Chercheur au muséum national d’histoire naturelle ; Jean-Baptiste Romagnan, Chercheur IFREMER ; Josyane Ronchail, Chercheur LOCEAN ; François Rongère, Docteur, Université de Nantes ; Eric Rosenfeld, Maître de conférences à l’Université de La Rochelle ; Marie Roué, Directrice de Recherches Emerite, CNRS/MNHN ; Denis-Didier Rousseau, Chercheur Ecole normale supérieure laboratoire de Météorologie Dynamique ; Samuel Rufat, Université des Nations Unies, ancien observateur scientifique à l’UNFCCC. ; Françoise Ruget, Chercheur Bioclimatologie INRA ; Andrea Sabbio, Chercheur Ifremer ; Cassandre Saguet, Chercheur Ifremer ; David Salas y Mélia, Directeur du Groupe de Météorologie de Grande Echelle et Climat du CNRM ; Jean-Baptiste Sallée, Océanographe/climatologue au CNRS, et auteur principal du prochain rapport du GIEC ; Denis Salles, Directeur de recherche IRSTEA ; Jean-Michel Salles, Chercheur Supagro ; Elodie Salmon, Chercheur CDD, LSCE, LPC2E ; Arnaud Salvador, Doctorant, Univ. Paris-Sud, FAST, GEOPS ; Bernard Salvat, Professeur honoraire EPHE, PSL Research University ; Thibault Sana, Chercheur en Microbiologie et Immunologie à l’univeristé de Stanford ; François Sarrazin, Président du Conseil scientifique de la FRB ; Mathieu Saujot, Chercheur écologie et numérique IDDRI ; Joël Savarino, Chercheur CNRS ; Joël Savarino, Directeur de Recherche à l’Institut des Géosciences de l’Environnement/CNRS (Glaciologie) ; Paul Savary, Doctorant en écologie de l’Université de Bourgogne-Franche-Comté ; Vincent Scao, Ingénieur CEA, LSCE ; Frédéric Schmidt, Professeur Univ. Paris Sud, GEOPS ; Anna Schmitt, Doctorante, Université de Lorraine, INRA ; Laurent Schmitt, Chercheur à l’Unistra ; Franck Schoefs, Directeur de l’Institut universitaire mer et littoral ; Philippe Schoeneich, Professeur de géographie physique à l’Université Grenoble Alpes ; Marie-Hélène Schwoob, Chercheur IDDRI agriculture ; Bernard Seguin, Ancien chercheur de l’INRA ; Richard Sempéré, Directeur de recherches au CNRS et directeur de l’Institut Méditerranéen d’Océanographie ; Stéphane Sénési, Chercheur au CNRM ; Catherine Senior, Chercheur à l’IPSL ; Alexei Sentchev, Professeur d’Océanographie Physique à l’Université du Littoral – Côte d’Opale ; Pierre Sepulchre, Chargé de recherche au CNRS, LSCE ; Jacques Servain, Océanographe, Directeur de Recherche émérite de l’IRD ; Jérôme Servonnat, Chercheur-Ingénieur CEA, LSCE ; Geneviève Sèze, Chercheur au CNRS, LMD ; Yunne Shin, Chercheur à l’IRD ; Jean-François Silvain, Président de la Fondation de la recherche sur la biodiversité ; Guillaume Simioni, Chercheur à l’INRA ; Amélie Simon, chercheuse au laboratoire LOCEAN ; Guillaume Siour, Ingénieur de recherche au CNRS, LISA ; Myriam Slama, Post-doctorante à l’Université de Nantes ; Antoine Soulas, Chercheur à l’ENS ; Sabrina Speich, Chercheur à l’ENS ; Lucile Stahl, Juriste en droit de l’environnement ; Richard Stchépounoff, Chercheur au CNRM ; Frederic Suffert, Chercheur à l’INRA ; Benjamin Sultan, Directeur de recherche à l’IRD ; Tanguy Szekely, Chercheur en océanographie physique ; Sophie Szopa, Chercheur CEA, LSCE ; Alain Tabbagh, Professeur émérite, METIS ; Olivier Talagrand, Chercheur, IPSL ; Céline Teplitsky, Chargée de recherche au CNRS ; Laurent Terray, Chercheur au Cerfacs ; Pascal Terray, Directeur de recherche IRD, LOCEAN ; Jacques Theys, Ancien Directeur scientifique de l’Institut Français de l’Environnement ; Michel Thibaudon, RNSA Scientific Advisor ; Lebel Thierry, Directeur de recherche à l’IRD, ancien directeur du LTHE (qui a fusionné avec le LGGE pour formé l’Institut des Géosciences de l’Environnement à Grenoble), et membre du CNFCG (Comité National Français sur les Changements Globaux ; Virginie Thierry, Chercheur au Laboratoire d’Océanographie Physique et Spatiale à Brest ; Vincent Thieu, Maître de conférences Sorbonne Université, METIS ; Patrice This, Directeur UMR AGAP (Amélioration Génétique et Adaptation des Plantes) INRA ; Helene Thomas, Chercheur à l’Université de La Rochelle ; Yoann Thomas, Chargé de recherche à l’IRD ; Soeren Thomsen, Chercheur à LOCEAN ; Sylvie Thoron, Professeur d’économie à l’Université Paris Est Créteil ; Xavier Timbeau, Directeur Principal de l’OFCE ; Marta Torre-Schaub, Directrice de recherches au CNRS, directrice du GDR ClimaLex, Enseignante à L’Université Paris 1 ; Jean-Marc Touzard, Economiste, co-coordinateur du programme de l’INRA sur vin et changement climatique (LACCAVE) ; Yves Tramblay, Chercheur HydroSciences Montpellier IRD ; Paul Tréguer, Chercheur à l’université de Brest ; Anne-Marie Treguier, Directrice de l’Institut Universitaire Européen de la Mer à Brest. ; Sébastien Treyer, Directeur des programmes à l’IDDRI ; Aline Tribollet, Biologiste océanographe IRD, UMR IPSL-LOCEAN ; Bruno Turcq, Directeur de Recherche IRD, Directeur Adjoint LOCEAN ; Victor Turpin, Ingénieur CNRS, LOCEAN ; Gaëlle Uzu, Chercheuse IRD ; Georges Vachaud, Directeur de recherche émérite au CNRS ; Marie Vagner, Chercheuse au CNRS ; Julie Vaillé, Chercheur à l’IDDRI ; Anne-Charlotte Vaissière, Chercheuse au CNRS ; Lola Vallejo, Directrice du programme climat de l’IDDRI ; Cornelis van Leeuwen, Professeur de viticulture à Bordeaux Sciences Agro-ISVV. ; Martin Vancoppenolle, Chercheur au CNRS, LOCEAN ; Robert Vautard, Chercheur au Laboratoire des Sciences du climat et de l’environnement ; Olivia Venot, Chercheur au Laboratoire Inter-Universitaire des Systèmes Atmosphériques ; Loup Verlet, Physicien ; Aurélie Verney-Carron, Maître de conférences à l’Université Paris-Est Créteil, LISA ; Simon Verrier, Océanographe au CNRS, Institut des Géosciences de l’Environnement ; François Veynandt, Chercheur à l’AEE INTEC ; Jessica Vial, Post-doctorante au Max Planck Institute for Meteorology à Hambourg ; Lucie Vignes, Doctorante chez LOCEAN-IPSL ; Eric Villenave, Enseignant-chercheur au CNRS ; Fabrice Vinatier, Chercheur à l’INRA ; Théo Vischel, Enseignant-chercheur à l’Université Grenoble Alpes ; Chloé Vlassopoulos, Professeur à l’Université de Picardie Jules Verne ; Didier Voisin, Professeur à l’Université Grenoble Alpes ; Florence Volaire-Soltani, Chercheur à l’INRA Montpellier ; Claire Waelbroeck, Directeur de recherche au CNRS, LSCE ; Henri Waisman, Chercheur à l’IDDRI ; Philippe Waldteufel, Directeur de recherche honoraire au CNRS, LATMOS ; Samuel Weber, Doctorant à l’Université Grenoble Alpes ; Alain Weill, Directeur de recherche émérite au CNRS, LATMOS ; Jean-Pierre Wigneron, Chercheur à l’INRA ; David Wilgenbus, Astrophysicien, Fondation la main à la pâte ; Lisa Wingate, Chercheur, INRA Bordeaux ; Guy Wöppelmann, Université de la Rochelle, laboratoire LIENS ; Christophe Yvon, Chercheur à l’Université des Antilles, LC2S ; Diane Zarzoso-Lacoste, Biologiste, Université Paris-Sud ; Isabella Zin, Enseignante-Chercheur à l’UGA, Grenoble INP/ENSE3.

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Écologie

Le tribunal administratif rétablit le « Calais vegan festival »

La justice administrative saisie en urgence a tranché : l’initiative festive-commerciale Calais vegan festival doit avoir lieu. Néanmoins, la décision du juge des référés est une victoire en trompe-l’oeil pour les vegan. En effet,s’il s’agit bien d’une victoire juridique pour l’organisation du festival, l’ordonnance du juge administratif fait plus qu’enfoncer un coin dans le caractère alternatif du veganisme.

Pourtant, de part ses conséquences sur la vie quotidienne, le veganisme comme pratique écologique et comme éthique envers les animaux doit être discuté au sein du peuple dans toutes ses dimensions pour pouvoir s’affirmer largement.

Voilà la mécanique des arguments juridiques retenus par l’ordonnance de référé.Le juge considère que la Mairie de Calais a abusé de son droit de refuser la location de la salle en se retranchant derrière le risque de trouble à l’ordre public, sans pouvoir démontrer qu’elle n’était pas en mesure d’assurer la sécurité.

En pratique, la justice retient que le refus de louer la salle revient à interdire le festival, cette mesure doit dès lors être vue comme une mesure de police administrative. Cette mesure de police administrative constitue une entrave, manifestement illégale, à l’exercice de la liberté d’expresion et la liber du comerce et de l’industrie.

Pour soutendre son raisonnement, le juge valide le fait que les personnes morales (associations et sociétés commerciales) qui organisent et participent à ce festival doivent être dissociées des personnes qui ont commis les dégradations des commerces de bouche à Lille. C’est le professionnalisme des organisateurs (présence d’agents de sécurité) et le caractère marchand de l’évènement (présence de sociétés commerciales et entrée payante à la salle) qui a convaincu le juge que la Mairie devait assurer sa part de sécurité et accéder à leur droit.

Le tribunal marque ici une différence nette entre la nature du festival et la « détérioration de devantures de commerces spécialisés dans la vente de produits alimentaires d’origine animale par quelques activistes se réclamant de la défense des animaux ». L’organisateur du festival s’est par ailleurs empressé de jouer la corde de la dissociation et du pacifisme à la fois béat et commercical.

« Nous invitons toutes les personnes pacifistes, quelles que soient leurs idées, à venir à notre événement qui se veut amical, familial, informatif et non-violent. Venez découvrir de la nourriture, des boissons, des cosmétiques, des produits d’hygiène et ménagers, de la décoration, etc. Il y aura aussi des associations, des conférences, des ateliers, un espace pour les enfants, des tables & des chaises pour déguster les bons petits plats ou pour se reposer (…).

Nous demandons aux vegans et aux non vegans qui ont de la haine en eux de ne pas venir, car notre philosophie est basée sur le respect d’autrui, qu’il/elle soit humain-e ou animal-e. Ne venez pas pour provoquer : personne n’y gagnerait. »

L’ordonnance de référé enjoint donc, à titre principal, la Mairie de permettre l’organisation du festival au forum Gambetta ce 8 septembre. Et cette solution est vue comme une victoire. De fait, c’est bien la victoire des organisateurs et des personnes morales participantes. Mais, est-ce une victoire du veganisme ?

On peut surtout affirmer qu’il y a là un précédent facheux. Les mairies ou les loueurs de salles privés ne manqueront pas de soumettre les vegans à tout un tas de conditions censées garantir la sécurité. Mais surtout, cette décision de justice est de nature à accentuer la division existant déjà dans le mouvement vegan.

Le veganisme vécu comme un activisme au profit des animaux et contre l’industrie appuyée sur l’exploitation animale ne pourra plus trouver de soutien de la part des associations et des entreprises qui cherchent la reconnaissance des institutions.

Et puis, sur le fond, la raison pour laquelle les arguments de l’association ont prospéré est que la Mairie aurait entravé l’exercice de la liberté d’expression des vegans. Il s’agit là d’une posture libérale et non d’un véritable soucis démocratique. Ce que valide le juge, c’est l’apparence de débat garanti par la possibilité de l’expression d’une pluralité d’opinions. Les chasseurs et les bouchers doivent pouvoir manifester leur opposition et, parallèlement, les vegan doivent pouvoir tenir des stands pour vendre leurs produits.

Farce !

L’enjeu est bien au delà de ces libertés de pure forme. Au travers du veganisme, il est question du sort des animaux, des élevages, de l’industrie agroalimentaire, du devenir des industries des sous-produits animaux. Les opposants ne s’y sont pas trompés. Ils voient dans le veganisme une menace pour leurs revenus, mais aussi la négation de ce que certains considèrent comme des pratiques traditionnelles, un pan de la culture française.

L’Etat cherche à faire l’économie de l’affrontement des idées. En intégrant la frange la plus policée des vegan, ceux qui ont des visées commerciales, institutionnelles ou tout simplement une quête de renommée, la bourgeoisie choisit parmi les pratiques du veganisme celles qui sont strictement compatibles avec son mode de vie.

Le bon vegan sera le commerçant et le conférencier bon teint, ou même l’activiste bruyant et caricatural. Le veganisme sera voué au commerce de niche et à l’élite spirituelle, ou bien à un folklore répétitif et sans perspective. En garantissant à ceux-ci des droits à la condition qu’ils rejettent les vegan les plus vindicatifs, l’Etat joue son rôle de diviseur et de vecteur du libéralisme.

La question végane ne peut avoir de sens, inversement, que dans le développement de la conscience démocratique, pour que les questions véritables puissent être discutées dans la population, afin d’interroger la vie quotidienne, l’emprise terrible des industriels sur la production de nourriture, le sort effroyable réservé aux animaux, la barbarie qui irrigue les racines de la culture de notre pays.

Cela présuppose, indubitablement, une hostilité sans compromis avec les forces réactionnaires et les monopoles, sans quoi tout est vain.

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Politique

La « gauche » postindustrielle en panique devant Aufstehen

L’émergence d’Aufstehen en Allemagne pose un réel souci à une gauche française passée avec armes et bagages dans le camp des valeurs postindustrielles et postmodernes. Un retour aux sources sur le plan des valeurs comme le propose Aufstehen ne peut que déplaire fortement à une gauche française pour qui le seul combat, c’est supprimer toute norme.

En 1931, la SFIO faisait une proposition de loi exigeant que les entreprises n’embauchent pas plus de de 10 % de travailleurs étrangers. C’est qu’à l’époque, la Gauche savait que les entreprises préféraient une main d’œuvre immigrée corvéable à merci, car sans conscience de classe, sans capacité d’organisation, sans niveau culturel élevé, plutôt que des travailleurs s’inscrivant dans un parcours historique bien déterminé.

C’est la raison pour laquelle la « gauche » postindustrielle et moderne est en panique complète devant l’initiative allemande d’Aufstehen, qui a avant-hier officialisé ses positions. Le Monde parle d’une « gauche antimigrants », Libération d’un « mouvement qui reprend les accents de l’extrême-droite sur la question migratoire », le Huffpost parlant d’une « gauche radicale et anti-migrants ».

Dans une de ses brèves publiées hier affirmant que Aufstehen serait « à plat ventre devant des idées réactionnaires », Lutte Ouvrière a présenté comme suit ce mouvement :

« Sahra Wagenknecht, députée Die Linke, classé à l’extrême-gauche au Bundestag allemand, vient d’annoncer la création du mouvement Aufstehen (Debout) avec comme axe politique la limitation du nombre de migrants et de réfugiés. »

Avant-hier, c’est Ian Brossat qui pour le PCF se lançait dans une attaque du même type, assimilant de manière ouverte migrants et réfugiés :

« En Allemagne, certains représentants politiques empruntent une pente dangereuse. C’est le cas de Sarah Wagenknecht, ancienne présidente du groupe Die Linke (gauche radicale) au Bundestag, qui vient de créer un mouvement populiste anti-migrants, « Aufstehen ».

Honte à elle et à tous ceux qui, se prétendant de gauche, adoptent un discours anti-migrants. Je salue nos camarades de Die Linke qui ne cèdent pas à cet appel à adopter le même discours que l’extrême droite s’agissant des questions migratoires.

Faire des réfugiés les boucs émissaires de la crise est une ignominie sans nom. Pendant ce temps-là, les capitalistes qui pratiquent le nomadisme sur fond de dumping social et fiscal dans une totale impunité peuvent continuer à délocaliser et à broyer vies et territoires en toute tranquillité.

Les progressistes d’Europe ont mieux à faire que plagier les arguments éculés de l’extrême droite selon lesquels les étrangers nous volent notre pain ou font baisser nos salaires. Il nous faut au contraire consacrer notre énergie à trouver des issues positives à la crise de l’accueil que vit l’Europe depuis trois ans.

C’est ce à quoi s’emploie le PCF, en proposant d’une part d’ouvrir des voies légales pour permettre l’arrivée en bonne condition des réfugiés qui fuient la guerre et la misère, et d’autre part qu’une clé de répartition européenne impose à l’ensemble des vingt-sept de prendre part à l’accueil et au devoir de solidarité.

Ian Brossat, chef de file du PCF pour les élections européennes »

On peut remarquer que Ian Brossat parle ici de capitalistes pratiquant le nomadisme, un terme classique du national-socialisme, les capitalistes étant assimilés aux Juifs censés être des « nomades ».

Cependant, il faut surtout noter qu’en réalité et contrairement aux propos de Ian Brossat, Sarah Wagenknecht se prononce en faveur de l’accueil des réfugiés, faisant simplement et logiquement la distinction entre ceux-ci et les migrants.

De toutes façons, la question des réfugiés ou des migrants, contrairement à ce que laissent entendre toutes ces réactions, n’est absolument pas centrale dans le positionnement d’Aufstehen. C’est un thème important, néanmoins ce n’est pas du tout un axe politique, comme le prétend Lutte Ouvrière.

Et pour cause ! Aufstehen, qui a dépassé les 110 000 personnes s’inscrivant dans sa démarche, n’est pas un parti politique. C’est un mouvement transversal unissant le maximum d’initiatives pour développer des thèmes sociaux et pacifistes, afin de renforcer la Gauche en demandant aux partis de prendre en compte les points de vue exprimés.

Le texte fondateur et introductif rendu public avant-hier explique ainsi simplement que les écarts de richesse sont devenus immenses en Allemagne, alors qu’il y a davantage de richesses, et qu’on est ainsi ramené aux différences sociales de l’époque de l’empereur Guillaume.

Rien que cette allusion culturelle à l’empire, à la hiérarchie aristocratique littéralement fantastique décrite admirablement en 1914 dans le roman de Heinrich Mann Le Sujet de l’Empereur, place Aufstehen dans le camp antifasciste, inacceptable pour la Droite. Il faut se souvenir que le drapeau du IIIe Reich reprend directement les couleurs du second Reich (le noir, le blanc et le rouge).

Et ce sont les profiteurs, ceux qui ici sont pour Emmanuel Macron des « winners », qui sont dénoncés :

« Ce sont avant tout les grandes entreprises et leurs propriétaires qui sont les gagnants de la mondialisation, du libre-échange, de la privatisation et du marché commun européen. Pour les riches, la promesse « Europe » a été remplie. Qui dispose de hautes qualifications et est mobile peut utiliser les nouvelles libertés.

A l’opposé de cela, exactement la moitié de la population en Allemagne a un salaire réel plus faible qu’à la fin des années 1990. Beaucoup de gens concernés voient en la permissivité et l’immigration avant tout une concurrence accrue et des emplois mal payés. Pour les employés des pays de l’Est travaillant dans les abattoirs allemands ou les soins pour personnes âgées, c’est également avant tout l’exploitation qui est devenue sans limites.

Et pendant que les monopoles s’arrosent de grandes dividendes, les plus pauvres se disputent pour les restes.

Depuis que l’État social ne fournit plus de sécurité suffisante, beaucoup se battent seuls pour eux-mêmes. Qui perd son job ou bien est mis à l’écart par de longues maladies se retrouve rapidement tout en bas (…).

Les dangers globaux grandissent. Dans les rapports internationaux, la loi du plus fort militairement remplace toujours plus les négociations et la diplomatie. Les guerres sont menées de manière effrénée, afin d’obtenir des matières premières convoitées ou bien d’élargir des zones d’influence géopolitique. Cela est particulièrement vrai des États-Unis. »

Pacifisme assumé et orientation sociale complète, telle est la logique d’Aufstehen, et il saute aux yeux que sa dirigeante, Sahra Wagenknecht, s’appuie sur la tradition socialiste allemande.

L’objectif de Sahra Wagenknecht n’est cependant pas un bouleversement social, mais un État social réparateur des liens sociaux. C’est un réformisme assumé, désireux de revenir aux traditions social-démocrates des années 1970.

Un tel projet est-il viable aujourd’hui? En tout cas, on ne peut qu’être étonné que la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon ait salué la naissance officielle d’Aufstehen. La démarche populiste de « la FI » n’a rien à voir avec la tentative de libérer la parole populaire et Aufstehen ne prône pas comme les Insoumis une géopolitique agressive, bien au contraire.

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Politique

Ian Brossat du PCF et la défense de l’Union européenne

Ian Brossat sera le chef de file du PCF pour les prochaines élections européennes avec une position social-libérale qui n’est pas celle de la classe ouvrière. Sa ligne est de défendre l’Union européenne en expliquant que celle-ci pourrait être différente, plus sociale et moins libérale, avec un accent mis sur la défense de l’immigration.

L’Union européenne, c’est un grand marché organisé par des capitalistes pour faire du capitalisme, qui s’est structuré avec des institutions antidémocratiques. Si la Gauche n’avait pas autant abandonné la classe ouvrière, il serait impossible pour elle de ne pas rejeter franchement un tel projet.

Ian Brossat représente un tel recul de la culture ouvrière du PCF que sa position consiste aujourd’hui à carrément défendre l’Union européenne.

Lors d’un passage à la radio, il a exprimé cela de manière très nette :

« Je ne suis pas favorable à une sortie de l’Union européenne, mais je suis favorable à ce que l’Europe porte autre chose qu’une politique libérale. »

Il n’y a pourtant aucune raison pour la Gauche de ne pas vouloir sortir de l’Union européenne. C’est même relativement un détail dans le cadre d’une conquête d’un pouvoir démocratique et populaire, tellement c’est évident qu’il faut faire complètement autre chose.

La classe ouvrière a résolu depuis très longtemps cette question : la lutte et la conquête du pouvoir ont lieu dans le cadre national, mais la bataille doit s’organiser au niveau international. Il n’a jamais été question de s’organiser conformément aux alliances conclues entre les classes dirigeantes des différents pays.

Assumer de manière unilatérale le thème de l’« Europe », c’est par définition trahir l’internationalisme ouvrier. Il n’y a absolument aucune raison pour la Gauche de se lier moins au peuple algérien, qui ne fait pas partie de l’« Europe », qu’au peuple néerlandais, par exemple.

A moins bien entendu de n’être qu’un outil pour valoriser le capitalisme à visage humain, qui serait tellement idéal que tout le monde devrait venir y vivre… Ian Brossat correspond entièrement à cela, pour sa version parisienne. Jamais Paris ne s’est aussi embourgeoisé que ces dernières années, mais Ian Brossat est là pour maintenir la fiction d’un Paris engagé, populaire, écologiste, etc.

Le problème qui s’est posé à la Gauche cependant, c’est qu’il existe une tendance dans les classes dirigeantes qui rejette l’Union européenne, en affirmant le nationalisme.

Pour ne pas être mêlée à cette tendance, la plupart des forces de Gauche, dont le PCF, ont alors adopté une position très mesurée sur la question, en critiquant les traités européens, mais en prônant de manière floue une « Europe » qui pourrait être autre chose.

On a alors eu des positions alambiquées critiquant les institutions européennes, les textes européens, les pratiques de l’Union européenne, mais ne tranchant jamais la question de manière ferme et internationaliste.

Les libéraux en ont profité pour pas été capable de boycotter le referendum et s’est laissée imposer un thème qui n’est pas le sien. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la position du Parti Commumener une intense bataille idéologique sur la question de l’« Europe » et en faire un horizon indispensable pour tous ceux qui ne seraient pas réactionnaires. C’est la ligne d’Emmanuel Macron. Ian Brossat en est une force d’appoint.

Car un moment clef dans l’histoire politique de notre pays a été le référendum sur la Constitution européenne en 2005. La Gauche s’est retrouvée prise au piège, accablée par les modernistes pro-« Europe » d’un côté et torpillée par les populistes anti-« Europe » de l’autre. Qu’elle appelle à voter « oui » ou « non », elle renforçait forcément l’une ou l’autre des tendances.

La Gauche n’a pas été capable de boycotter le referendum et s’est laissée imposer un thème qui n’est pas le sien. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la position du PCF aux élections européennes de 2019 avec sa liste menée par Ian Brossat.

En tant que tel, ce n’est pas nouveau pour le PCF de dire qu’il faudrait une autre « Europe ». Le parti a même déjà été très loin dans cette position, en proposant en 2014 un projet de « refondation » de l’Union européenne très élaboré.

Cependant, jamais il n’a exprimé directement un attachement à l’Union européenne telle quelle. Parler de « refondation » ou dire ne pas être favorable à une sortie, ce n’est pas exactement la même chose.

Lors de l’université d’été du PCF à Angers, sur une vidéo diffusée en direct par un membre, le chef de file aux futures élections expliquait de manière plus précise sa position :

« Si le débat se résume à ça, nous ne pouvons pas nous situer dans une alternative qui serait une alternative entre “pro” et “anti” européens parce que très concrètement, si être “pro” européen c’est être favorable à l’ensemble des traités qui régissent l’Union européenne, évidemment que nous ne sommes pas européens, mais si être “anti” européen c’est être favorable au repli national, nous ne sommes pas favorables au repli national.

De la même manière, si être partisan de l’ouverture, c’est être partisan du libre échange généralisé conduisant à faire rentrer au sein de l’Union européenne n’importe quel produit réalisé n’importe comment à n’importe quelle condition sociale et environnementale, nous ne sommes pas favorables à ça.

Mais si être partisan de la fermeture cela signifie rejeter l’accueil des migrants, évidemment que nous sommes partisans de l’ouverture, bien au contraire.

Donc, la question qui nous est posée c’est bien de faire exploser ce faux clivage qu’on cherche à nous imposer à l’occasion de cette bataille des élections européennes.

D’ailleurs, quand on s’y pose quelques instants, cette opposition est en réalité une gigantesque arnaque. Quand on regarde le fond, ils nous disent qu’il y aurait une opposition qui structurait tout entre “pro” et “anti” européens, mais enfin, quand même !”

Une telle position, qui est une justification de sa défense de l’Union européenne, passe évidemment très mal à la base du Parti Communiste Français et provoque de nombreuses tensions.

En fait, le PCF se retrouve avec Ian Brossat dépourvu d’une expression propre. Car ce qu’il dit ne consiste ni plus ni moins qu’en la position sociale-libérale traditionnelle du Parti socialiste.

Cela n’est pas étonnant de part ses fonctions puisqu’il baigne totalement dans ce milieu avec ses responsabilités à la Mairie de Paris. Quand il évoque l’élection de Bertrand Delanoë en 2001, il dit tout naturellement « on », c’est-à-dire qu’il fait partie intégrante de cette dynamique dont Anne Hidalgo est aujourd’hui l’héritière, et dont il est un porte-parole.

Il s’agit là d’une grande métropole d’un pays riches qui, comme d’autres dans le monde, se sont choisi des maires « modernes » et « ouvert d’esprit », qui se sentent à l’étroit dans les frontières nationales et font de la libre circulation des personnes un thème primordial.

Ian Brossat est lui-même un habitant de Montmartre, le quartier bourgeois-bohème de Paris par excellence. Il est « ouvert d’esprit », et d’ailleurs il explique qu’il trouve cela très bien qu’il y ait un foyer de migrants à côté de chez lui.

C’est pour cela qu’il précisait à la radio sur RMC que, bien qu’il soit contre les politiques de travailleurs détachés, « Ça ne veut pas dire qu’on ne doit pas venir. » Et il ajoutait :

« Moi ça ne me dérange pas qu’il y ai des gens de toutes nationalités qui travaillent dans nos champs. Mais ils travaillent avec un contrat français. »

On a là une expression libérale typique, dans une forme « light », mais néanmoins anti-ouvrière. C’est-à-dire qu’il souhaite faire venir de la main-d’œuvre étrangère pour faire dans les champs le « sale boulot » que les travailleurs français n’acceptent plus de faire sans rien dire.

Cela en dit long sur l’état de déliquescence de la Gauche française.

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Politique

L’appel « Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité »

Le journal Le Monde a publié un appel écologiste faisant suite à la démission de Nicolas Hulot. Il est demandé à l’État à ce que l’écologie devienne prioritaire, quitte à faire des mesures impopulaires. Une vision technocratique niant la question du contenu de l’écologie, et ce pour une raison : les signataires sont surtout des gens du spectacle, au train de vie relevant du gaspillage et de l’ostentatoire.

L’appel « Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité » a un titre qui sonne juste, il ne saurait être apparaître autrement que grotesque à la vue de ses signataires : des gens du spectacle comme Alain Delon et Carla Bruni, qui utilisent quelques scientifiques comme caution morale. Car le mode de vie de ces signataires reflète parfaitement la nature destructrice du capitalisme, leur bilan carbone est désastreux.

Et même au-delà, le contenu de leurs activités n’est jamais allé dans le sens d’une remise en cause générale ; au contraire même, leur existence sociale doit tout à un système qui justement détruit la planète. Faire un appel à l’État plutôt que d’en appeler à la transformation de la société en dit long à ce sujet.

Il n’y a donc aucune crédibilité dans l’appel, et encore moins à demander des mesures « impopulaires », ce qui résonne encore une fois comme un appel des ultra-privilégiés à ce que les gens normaux se serrent la ceinture. Cela nourrit le populisme et le ressentiment, au lieu de faire progresser le débat sur le contenu de l’écologie, la nature des problèmes.

Il est intéressant également de voir que cet appel se produit en contournant la question de la chasse. Car ce sont les chasseurs qui ont chassé Nicolas Hulot et qui se présentent même comme les « vrais écologistes ». Se dire écologiste et ne pas désigner cet ennemi que sont les chasseurs, cela n’a pas de sens !

Tribune. Quelques jours après la démission de Nicolas Hulot, nous lançons cet appel : face au plus grand défi de l’histoire de l’humanité, le pouvoir politique doit agir fermement et immédiatement. Il est temps d’être sérieux.

Nous vivons un cataclysme planétaire. Réchauffement climatique, diminution drastique des espaces de vie, effondrement de la biodiversité, pollution profonde des sols, de l’eau et de l’air, déforestation rapide : tous les indicateurs sont alarmants. Au rythme actuel, dans quelques décennies, il ne restera presque plus rien. Les humains et la plupart des espèces vivantes sont en situation critique.

Pas trop tard pour éviter le pire

Il est trop tard pour que rien ne se soit passé : l’effondrement est en cours. La sixième extinction massive se déroule à une vitesse sans précédent. Mais il n’est pas trop tard pour éviter le pire.

Nous considérons donc que toute action politique qui ne ferait pas de la lutte contre ce cataclysme sa priorité concrète, annoncée et assumée, ne serait plus crédible.

Nous considérons qu’un gouvernement qui ne ferait pas du sauvetage de ce qui peut encore l’être son objectif premier et revendiqué ne saurait être pris au sérieux.

Nous proposons le choix du politique – loin des lobbys – et des mesures potentiellement impopulaires qui en résulteront.

C’est une question de survie. Elle ne peut, par essence, pas être considérée comme secondaire.

De très nombreux autres combats sont légitimes. Mais si celui-ci est perdu, aucun ne pourra plus être mené.

Isabelle Adjani, actrice ; Laure Adler, journaliste ; Pedro Almodovar, cinéaste ; Laurie Anderson, artiste ; Charles Aznavour, chanteur ; Santiago Amigorena, écrivain ; Pierre Arditi, acteur ; Niels Arestrup, acteur ; Ariane Ascaride, actrice ; Olivier Assayas, cinéaste ; Yvan Attal, acteur, cinéaste ; Josiane Balasko, actrice ; Aurélien Barrau, astrophysicien (Institut universitaire de France) ; Nathalie Baye, actrice ; Emmanuelle Béart, actrice ; Xavier Beauvois, cinéaste ; Alain Benoit, physicien (Académie des sciences) ; Jane Birkin, chanteuse, actrice ; Juliette Binoche, actrice ; Benjamin Biolay, chanteur ; Dominique Blanc, actrice ; Gilles Boeuf, biologiste ; Mathieu Boogaerts, chanteur ; John Boorman, cinéaste ; Romane Bohringer, actrice ; Carole Bouquet, actrice ; Stéphane Braunschweig, metteur en scène ; Zabou Breitman, actrice, metteuse en scène ; Nicolas Briançon, acteur, metteur en scène ; Irina Brook, metteuse en scène ; Valeria Bruni Tedeschi, actrice, cinéaste ; Florence Burgat, philosophe ; Gabriel Byrne, acteur ; Cali, chanteur ; Sophie Calle, artiste ; Jane Campion, cinéaste ; Isabelle Carré, actrice ; Emmanuel Carrère, écrivain ; Anne Carson, auteure et professeure ; Michel Cassé, astrophysicien ; Laetitia Casta, actrice ; Bernard Castaing, physicien (Académie des sciences) ; Antoine de Caunes, journaliste, cinéaste ; Alain Chamfort, chanteur ; Boris Charmatz, chorégraphe ; Christiane Chauviré, philosophe ; Jeanne Cherhal, chanteuse ; François Civil, acteur ; Hélène Cixous, écrivaine ; Isabel Coixet, cinéaste ; Françoise Combes, astrophysicienne (Collège de France) ; François Cluzet, acteur ; Gregory Colbert, photographe, cinéaste ; Bradley Cooper, acteur ; Brady Corbet, acteur ; Béatrice Copper-Royer, psychologue ; Marion Cotillard, actrice ; Denis Couvet, écologue ; Camille Cottin, actrice ; Clotilde Courau, actrice ; Franck Courchamp, écologue (Académie européenne des sciences) ; Nicole Croisille, chanteuse ; David Cronenberg, cinéaste ; Alfonso Cuaro, cinéaste ; Willem Dafoe, acteur ; Philippe Decouflé, chorégraphe ; Sébastien Delage, musicien ; Vincent Delerm, chanteur ; Alain Delon, acteur ; Catherine Deneuve, actrice ; Claire Denis, cinéaste ; Philippe Descola, anthropologue (Collège de France) ; Alexandre Desplat, compositeur ; Manu Dibango, musicien ; Hervé Dole, astrophysicien (Institut universitaire de France) ; Valérie Dréville, actrice ; Diane Dufresne, chanteuse ; Sandrine Dumas, actrice, metteuse en scène ; Romain Duris, acteur ; Lars Eidinger, acteur ; Marianne Faithfull, chanteuse ; Pierre Fayet, physicien (Académie des sciences) ; Ralph Fiennes, acteur ; Frah (Shaka Ponk), chanteur ; Cécile de France, actrice ; Stéphane Freiss, acteur ; Thierry Frémaux, directeur de festival ; Jean-Michel Frodon, critique, professeur ; Marie-Agnès Gillot, danseuse étoile ; Pierre-Henri Gouyon, biologiste ; Julien Grain, astrophysicien ; Anouk Grinberg, actrice ; Mikhaïl Gromov, mathématicien (Académie des sciences) ; Sylvie Guillem, danseuse étoile ; Arthur H, chanteur ; Ethan Hawke, acteur ; Christopher Hampton, scénariste ; Nora Hamzawi, actrice ; Ivo Van Hove, metteur en scène ; Isabelle Huppert, actrice ; Agnès Jaoui, actrice, cinéaste ; Michel Jonasz, chanteur ; Camelia Jordana, chanteuse ; Jean Jouzel, climatologue (Académie des sciences) ; Juliette, chanteuse ; Anish Kapoor, sculpteur, peintre ; Mathieu Kassovitz, acteur ; Angélique Kidjo, chanteuse ; Cédric Klapisch, cinéaste ; Thierry Klifa, cinéaste ; Panos H. Koutras, cinéaste ; Lou de Laâge, actrice ; Ludovic Lagarde, metteur en scène ; Laurent Lafitte, acteur ; Laurent Lamarca, chanteur ; Maxence Laperouse, comédien ; Camille Laurens, écrivaine ; Bernard Lavilliers, chanteur ; Sandra Lavorel, écologue (Académie des sciences) ; Jude Law, acteur; Patrice Leconte, cinéaste ; Roland Lehoucq, astrophysicien ; Gérard Lefort, journaliste ; Nolwenn Leroy, chanteuse ; Peter Lindbergh, photographe ; Louane, chanteuse ; Luce, chanteuse ; Ibrahim Maalouf, musicien ; Vincent Macaigne, metteur en scène, acteur ; Benoît Magimel, acteur ; Yvon Le Maho, écologue (Académie des sciences) ; Andreï Makine, écrivain de l’Académie Française ; Abd al Malik, rappeur ; Sophie Marceau, actrice ; Virginie Maris, philosophe ; André Markowicz, traducteur ; Nicolas Martin, journaliste ; Vincent Message, écrivain ; Wajdi Mouawad, metteur en scène ; Nana Mouskouri, chanteuse ; Jean-Luc Nancy, philosophe ; Arthur Nauzyciel, metteur en scène ; Safy Nebbou, cinéaste ; Pierre Niney, acteur ; Helena Noguerra, chanteuse ; Claude Nuridsany, cinéaste ; Michael Ondaatje, écrivain ; Thomas Ostermeier, metteur en scène ; Clive Owen, acteur ; Corine Pelluchon, philosophe ; Laurent Pelly, metteur en scène ; Raphaël Personnaz, acteur ; Dominique Pitoiset, metteur en scène ; Denis Podalydès, acteur ; Pomme, chanteuse ; Martin Provost, cinéaste ; Olivier Py, metteur en scène ; Susheela Raman, chanteuse ; Charlotte Rampling, actrice ; Raphaël, chanteur ; Régine, chanteuse ; Cécile Renault, astrophysicienne ; Robin Renucci, acteur ; Jean-Michel Ribes, metteur en scène ; Tim Robbins, acteur ; Muriel Robin, actrice ; Isabella Rossellini, actrice ; Brigitte Roüan, actrice, cinéaste ; Carlo Rovelli, physicien (Institut universitaire de France) ; Eric Ruf, directeur de la Comédie-Française ; Céline Sallette, actrice ; Rodrigo Santoro, acteur ; Marjane Satrapi, cinéaste ; Kristin Scott Thomas, actrice ; Albin de la Simone, musicien ; Abderrahmane Sissako, cinéaste ; Marianne Slot, productrice ; Patti Smith, chanteuse, écrivaine ; Sabrina Speich, géoscientifique ; Marion Stalens, réalisatrice ; Kristen Stewart, actrice ; Tom Stoppard, dramaturge ; Peter Suschitzky, chef opérateur ; Malgorzata Szumowska, cinéaste ; Béla Tarr, cinéaste ; Gilles Taurand, scénariste ; Alexandre Tharaud, musicien ; James Thierrée, danseur, chorégraphe ; Mélanie Thierry, actrice ; Danièle Thompson, cinéaste ; Melita Toscan du Plantier, attachée de presse ; Jean-Louis Trintignant, acteur ; John Turturro, acteur ; Hélène Tysman, pianiste ; Pierre Vanhove, physicien ; Karin Viard, actrice ; Polydoros Vogiatzis, acteur ; Rufus Wainwright, chanteur ; Régis Wargnier, cinéaste ; Jacques Weber, acteur ; Wim Wenders, cinéaste ; Sonia Wieder-Atherton, musicienne ; Bob Wilson, metteur en scène ; Lambert Wilson, acteur ; Jia Zhang-ke, cinéaste ; Elsa Zylberstein, actrice

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Agression de militants One Voice devant un cirque

Hier matin, des militants de l’association One Voice se sont rendus devant le cirque Muller à Narbonne dans le cadre d’une manifestation pacifique et autorisée. Cette démonstration s’inscrit dans le cadre d’une campagne pour la libération d’un hippopotame, « Jumbo », et son transfert dans un sanctuaire.

One Voice Jumbo

Jumbo et le cirque Muller

Jumbo est un hippopotame qui est maintenu en captivité par un cirque, dans de terribles conditions. Dans la nature, un tel animal passe la majeure partie de son temps dans l’eau. Jumbo, ne peut pas se baigner et est simplement aspergé d’eau lors de sa sortie quotidienne d’une demi heure. De plus, son alimentation n’est pas adaptée et une fois sa sortie quotidienne terminée, il retourne dans un espace clos.

Maintenir un animal en captivité est en soi un acte de grande cruauté, mais le faire dans de telles conditions est tout simplement barbare.

L’association One Voice a ainsi mandaté un enquêteur et un vétérinaire afin d’établir un constat sans appel concernant Jumbo. La manifestation d’hier matin ce situe donc dans ce cadre, et d’une manière plus générale pour l’interdiction des cirques avec animaux.

One Voice à Narbonne

L’association a filmé la manifestation qui n’aura pas pu arriver à destination. Quelques personnes, visiblement liées au cirque, voient la manifestation arriver devant le cirque. L’un d’entre elle va immédiatement à la rencontre des manifestants, leur ordonne de partir en arrachant des pancartes et commence à s’en prendre à eux.

Des pancartes ont ainsi été saisies de force, le téléphone servant à filmer a été endommagé et les manifestants violemment pris à parti. La vidéo ne dure que deux minutes mais montre très bien de quel côté est la violence : celui du cirque.

Elle montre également que cette même personne ne voit aucun problème à envoyer un adolescent au contact pour l’aider à saisir des pancartes et à chasser les militants de l’association. La mentalité arriérée et barbare de ce milieu fait, malheureusement, encore parler d’elle.

La porte parole a annoncé sur Twitter que les manifestations ont été entendus par la police.

One Voice Narbonne

Réaction du cirque et propos mensongers

Quelques heures après l’incident, le journal La Dépêche a publié un court article sensé présenté la situation. Le problème est qu’il accorde beaucoup de crédit aux propos de Franck Muller, patron du cirque.

Celui-ci n’hésite pas à affirmer :

  • que des manifestants ont essayé d’ouvrir des cages et de libérer des animaux (« Mais enfin, on ne libère des autruches, des zèbres, des chameaux, qui pèsent une tonne, comme ça en ville ! »),
  • que les manifestants s’en sont pris à un enfant de douze ans (« Enfin, ces gens s’en sont pris à mon fils de 12 ans. Il est couvert d’hématomes. Il était assis sur la barrière et ils l’ont fait tomber… »).

Une militante a décrit la manifestation et a réagi aux accusations de Franck Muller, dans le journal l’indépendant :

« Il faut savoir que One Voice est une association non-violente. Pacifique. Nous manifestons toujours avec des banderoles et en silence.

Au printemps dernier, nous avions manifesté devant le crique la Piste aux étoiles à Montredon-des-Corbières, et tout s’était bien passé. Nous nous sommes présentés ce matin devant 100% Cirque avec une autorisation de la préfecture. Nous étions une vingtaine. Malheureusement, sur place, il n’y avait pas la police parce qu’elle était occupée à gérer des incidents survenus sur un vide-greniers et provoqués par quelqu’un du cirque justement…

Aucun de nous, personne n’a tenté de libérer les animaux. Jamais de la vie. Et personne, absolument personne, n’a touché ce garçon de 12 ans. Moi, je n’avais jamais vu autant d’agressivité, autant de violences. Nous étions une majorité de femmes, ils nous ont frappées, ils se sont attaqués à nous, ont cassé des lunettes, des téléphones portables. Ils ont menacé de sortir des fusils.

Nous les avons croisés, à nouveau, à l’hôpital, car une militante a été blessée, et devant le commissariat… Nous avons porté plainte. Ils nous ont menacés de représailles… Nous ne sommes restés sur place que quelques secondes, devant le cirque.. Nous avons eu peur vraiment. On ne pensait qu’à une chose devant ce déferlement de violences, à s’enfuir! »

L’association One Voice a réagi très rapidement a annoncé qu’elle compte porter plainte pour « pour diffamation, dénonciation calomnieuse & pour atteinte à la liberté de manifester ».

One Voice Narbonne

Les animaux n’ont rien à faire dans des cirques

La place d’un hippopotame, d’un tigre et de n’importe quel animal de cirque est dans son milieu naturel. Maintenir un animal en captivité et le briser afin qu’il réalise des « tours » ou simplement que sa simple présence serve d’attraction est inacceptable. Comment prétendre vivre dans un pays civilisé lorsque de telles situations existent encore ?

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Politique

À gauche, et non pas simplement « de gauche »

Le plus grand souci de la Gauche, c’est que depuis le triomphe de la « nouvelle gauche » avec d’un côté François Mitterrand et de l’autre les milieux universitaires, c’est l’idée d’être de gauche qui a triomphé sur le principe d’être à gauche.

Que ce soit avec les socialistes regroupés dans la SFIO avant 1920 ou bien la SFIO et le Parti Communiste – SFIC puis le PCF, il y a toujours eu le principe suivant : une organisation s’appuie sur des principes et une analyse de la société. Il fallait travailler pour être à gauche, en comprenant la situation historique et les rapports économiques.

Avec le pragmatisme gouvernemental, la corruption électoraliste, la soumission au coup d’État de 1958 marquant la fondation de la Ve République, tout cela a disparu. Il s’agirait d’être « de gauche », face à la Droite. Il suffirait finalement d’écouter ce que disent les gens de Droite… et de dire le contraire !

Le souci bien entendu, c’est qu’il y a plein de moyens d’être opposé à la Droite. Il y a ainsi l’extrême-droite, pas les « fachos » mais la vraie extrême-droite, qui veut le triomphe d’un certain idéalisme nationaliste. Il y a aussi la Droite modernisatrice, qui a en horreur la Droite conservatrice. Ce n’est pas pour rien qu’historiquement il y a eu le RPR et l’UDF comme principaux partis de droite en France ! La République En Marche est d’ailleurs une réactivation de l’UDF.

Cela aboutit à ce que des gens s’imaginent de gauche, alors qu’ils ne sont finalement que pour moderniser le capitalisme et c’est cela qui explique que beaucoup de monde se définissant comme de gauche a apprécié les débuts d’Emmanuel Macron, qui allait secouer le « vieux monde » ! Cela reflète une perte de valeurs et un grand problème d’orientation !

François Hollande a été le dernier avatar d’ailleurs de ces menteurs appelant à voter pour eux avec le chantage suivant : si ce n’est pas moi, cela sera la Droite! Il faut se rappeler la véritable démonisation de Nicolas Sarkozy au moment de l’élection de François Hollande. Un tel populisme a liquidé la rationalité à gauche.

Quant à Emmanuel Macron s’oppose à la Droite classique, traditionnelle, mais il n’est pas à gauche pour autant. Il y a plusieurs droites, il y a celle qui préfère le calme du catholicisme et celle qui fait un fétiche de la frénésie des start ups. Il ne suffit pas de dire qu’on n’aime pas les conservateurs : la finance ne les aime pas non plus !

Ce constat est finalement facile à faire une année après l’élection d’Emmanuel Macron comme président, cependant il fallait déjà avoir compris cela avant pour bien en saisir la portée et être capable d’indiquer des chemins pour ramener les gens de gauche à gauche, pour commencer ! L’opposition à la chasse à courre est ici un marqueur incontournable, parce qu’elle attaque les notables dans l’arrière-pays, qu’il remet en cause l’appropriation de la nature par les traditions réactionnaire, et également qu’il exige un rapport nouveau, harmonieux, avec les animaux.

Pourquoi cela arrive-t-il seulement en 2018, alors qu’après 1968 s’est produit toute une critique des valeurs de la société industrielle façonnée par les grandes entreprises et un État à leur service ?

Ce qui s’est passé est finalement simple : les forces intellectuelles ont trahi et se sont précipitées dans les institutions, dans l’art contemporain, dans un véritable business associatif. La classe ouvrière a quant à elle été entièrement bloqué dans des initiatives par l’esprit de cogestion de la CGT et les rêveries autogestionnaires de la CFDT.

Ce qui compte par conséquent, c’est l’esprit de remise en cause de la vie quotidienne dans le capitalisme, mais pas pour aller en arrière, comme le font les zadistes ou les nostalgiques de la France des années 1960. Il s’agit d’assumer la société comme collectivité, c’est-à-dire le socialisme. Et d’être présent sur le terrain de la vie quotidienne!

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Réflexions

« La vie la pute »

Paris est un endroit parfois incontournable l’été, c’est après tout une grande ville pleine d’histoire, c’est aussi notre héritage fascinant, malgré toute la répulsion que l’on peut éprouver en pensant à quel point c’est désormais surtout la forteresse des nantis et d’une liste sans fin de prétendus intellectuels et artistes à leur service.

On regarde les rues en flânant et on se dit : quelle beauté, quel gâchis, quelle culture, quelle corruption, quel confort, les idées se chamboulent dans notre tête ! Et alors qu’on se dit que pour changer le pays, il faudra bien virer la moitié des Parisiens pour les remplacer par des gens du peuple, on peut, au détour d’une rue, être parfois frappé du fait que malgré les arrivages massifs de gens toujours plus aisés défigurant les rues, il reste des aspects populaires saisissants.

C’est par exemple une impression marquante, lors d’une simple ballade dans le centre, que de tomber début juillet sur la pittoresque manifestation hindoue consistant à tirer un grand char. Parmi les quelques centaines de personnes, surtout du Sri Lanka et façonnant de magasins et de restaurants une des rues longeant la gare du Nord, on retrouvait les Hare Krishna à l’origine de cette marche.

Il y a la recherche d’une joie qui ne peut laisser indifférent, quoiqu’on pense de tout ce folklore religieux et de son obscurantisme intellectuel. Ce n’est pas une vaine agitation, l’ambiance est colorée et pacifique, l’esprit vivifiant de l’Inde n’est pas loin et après tout, ne célèbre-t-on pas ici le végétarisme aussi ? Certains végans curieux, attentionnés et critiques, ne s’y trompent pas et on en trouve quelques uns, reconnaissables à leurs t-shirts témoignant de leur liaison avec la culture musicale du punk hardcore straight edge.

On trouvait d’ailleurs aussi quelqu’un à l’apparence pas forcément engageante, pour ne pas dire peut-être patibulaire sans vouloir l’offenser, avec un t-shirt des Cro-mags, ce groupe de musique lié à la culture Hare Krishna connu pour son album fondateur d’un certain hardcore agressif et abrasif propre à la ville de New York, The Age of Quarrel, en 1986. C’est la repentance suite à l’ultra-violence, comme l’a connu aussi « Petit Willy », un skin fameux pour sa brutalité fanatique dans les années 1980 à Paris avec le groupe nazi des « JNR » et qui vénère désormais en toute paix Krishna dans un monastère de Rouen.

Les cro-mags

La marche non forcée pour tirer le grand char finit par aboutir une centaine de mètres plus loin, place du Châtelet, où de nombreux stands étaient présents pour vendre diverses babioles alors qu’un rond et jovial animateur – coiffé et habillé comme Elvis Presley dans les années 1970 malgré une chaleur de plomb – mettait de l’ambiance pour annoncer de petits spectacles de danse et vanter le culte de Krishna.

Puis il y eut comme une apparition parmi ces gens formant, si l’on veut, un attroupement bigarré et connaissant malgré tout une certaine forme de communion. Il s’agit d’une femme, très clairement parisienne de par son style, avec cet air pincé que l’on sait. Ce qui était inscrit sur son t-shirt tranchait entièrement avec son environnement ; c’était une formule lapidaire, agressive comme savent en concocter les ambitieux cherchant à rendre à la mode leur production streetwear. On lisait ainsi, simplement mais avec une surprise dégoûtée, ce slogan allant droit au but : « La vie la pute ».

Cela relève de ces moments où toute l’absence de délicatesse de la vie en métropole nous prend à la gorge. Le cynisme s’affichant dans Paris est effrayant, effroyable, cependant là il n’a pas fait que se montrer, il s’est également présenté. Bonjour, je suis le fait de ne croire en rien, bonjour, je suis le fait de considérer mon petit moi comme unique et seul au monde, bonjour, je suis l’amertume.

Et cette présentation malsaine continuait inlassablement de se marteler après cette vision : bonjour, je suis l’âpreté, bonjour, je suis la rancœur, bonjour, je suis le ressentiment, bonjour, je suis le dépit, bonjour, je suis l’âcreté.

Et ce bonjour empoignait jusqu’à l’angoisse toute considération avant, heureusement, de s’en aller bien pensif de cet endroit.

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Le « Calais Vegan Festival » annulé sous la pression réactionnaire

Le festival devait rassembler plusieurs centaines de visiteurs autour du mode de vie vegan (c’est-à-dire exempt de toute exploitation animale). Les visiteurs devaient, d’après le site internet de l’association, « découvrir des stands de nourriture, boissons, mode, décoration, hygiène, beauté, associations, etc. »

Les organisateurs ont dû annuler l’événement pour des raisons matérielles. Ils se sont purement trouvés privés de lieu. La mairie, propriétaire de la salle, a décidé d’en annuler la location.

La Mairie de Calais s’explique au travers d’un communiqué lapidaire. Elle dit avoir reçu des informations laissant penser que des troubles à l’ordre public étaient à craindre. C’est donc pour des raisons de sécurité qu’elle a décidé d’annuler l’évènement.

Elle précise, de manière assez maladroite, que la décision n’a rien à voir avec la nature du salon, c’est-à-dire avec le veganisme. Or, si la Mairie a reçu des menaces, c’est bien par rapport au thème du salon, c’est évidemment en raison du veganisme, sinon pourquoi ?

L’arrière-plan est d’ailleurs donné, sans filtre, par les perturbateurs eux-mêmes. Ainsi, le président du syndicat patronal des bouchers-charcutiers traiteurs du Nord endosse publiquement (ses propos sont repris par le journal Libération) la responsabilité des menaces en réaffirmant l’intention de « l’ensemble des acteurs autour de l’alimentation » d’aller « au contact » des vegans.

Les organisateurs comme les participants annoncés à l’événement (qui s’apparente plus à un salon professionnel qu’à un rassemblement d’activistes) rejettent quant à eux toute intention violente.

L’éditorialiste du journal local Nord Littoral avait, début juillet, annoncé la tenue du salon. Il rappelait le contexte tendu quelques jours après que les bouchers aient demandé la protection du Ministère de l’Intérieur suite à des dégradations volontaires de boutiques à Lille. Le journaliste en appelait naïvement au vivre-ensemble et concluait par une pirouette se voulant humoristique : « si vous n’êtes pas vegan, n’en faites pas un steak! »

A la lecture de ces lignes, le président de la fédération nationale des chasseurs avait réagi le jour-même avec virulence sur les réseaux sociaux. Il se positionnait sur le terrain politique de l’opposition au véganisme, lançant un appel du pied aux commerçants liés à la question animale.

La décision municipale ayant entraîné l’annulation du festival vegan est d’une portée bien supérieure à la simple gestion locale et la Maire de Calais est une élue habituée aux situations de violences ouvertes en pleine rue.

Face à cette menace de trouble à l’ordre public, l’État dispose des moyens nécessaires. La Ville de Calais pourrait s’en saisir. Or, tel n’est pas le cas. La Ville a donc fait un choix délibéré, celui de ne pas résister aux menaces et de ne pas assurer la sécurité du salon.

La Maire de Calais a cédé à la pression politique exercée par l’alliance des commerçants du secteur industriel utilisant des animaux et des chasseurs, qui esquisse un front de la réaction opposé à toute réflexion et intervention sur la question des animaux et de l’écologie.

Ils veulent par là maintenir un certain rapport aliénant aux campagnes et à la nature, afin de maintenir la chape de plomb de la France profonde sur les mentalités.

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Écologie

Nicolas Hulot éjecté du ministère par la France profonde

Nicolas Hulot a annoncé hier matin en direct sur France Inter sa démission du Ministère de la Transition écologique et solidaire, sans avoir prévenu personne auparavant à ce sujet.

C’était attendu, tellement tout le monde connaît les renoncements qui ont été les siens et qu’il avait du mal à vivre. Mais que cela se déroule également au lendemain d’une réunion au plus haut niveau avec les responsables de la chasse en France reflète de vraies tensions qui sont elles véritablement nouvelles.

La France profonde ne veut même pas entendre parler d’écologie et Nicolas Hulot a ainsi été obligé de s’autoéjecter.

Nicolas Hulot n’a prévenu personne de sa démission du poste de Ministre de la transition écologique et solidaire, avant de le faire à la radio. C’est une manière assez particulière de faire. Cependant, ce n’est pas une déclaration de guerre : il tresse des louanges à Emmanuel Macron d’une manière extrêmement forte, en affirmant son « admiration » pour lui et d’ailleurs également pour le Premier ministre.

Il va jusqu’à s’excuser de « faire une mauvaise manière », ce qui montre à quel point cette personne est torturée, tourmentée. Car Nicolas Hulot dresse un constat terrible de la situation écologique. La profondeur de l’échange entre les journalistes et Nicolas Hulot hier matin à la radio est ainsi immense.

« – Tout a été dit, tous les grands mots ont été employés, mais le film catastrophe est là sous nos yeux, on est en train d’y assister. Est-ce que vous pouvez m’expliquer pourquoi, rationnellement, ce n’est pas la mobilisation générale contre ces phénomènes et pour le climat ?

– J’aurai une réponse qui est très brève : non.

C’est impossible à expliquer ?

– Je ne comprends pas. Je ne comprends pas que nous assistions, globalement les uns et les autres à la gestation d’une tragédie bien annoncée, dans une forme d’indifférence (…).

On est dans ce paradoxe, au moment où je parle, où l’humanité a tous les outils technologiques pour faire un saut qualitatif, elle n’a pas encore perdu la main. Mais tout se joue dans les 10 ans qui viennent. Voilà. »

Nicolas Hulot va jusqu’à dire :

« On s’évertue à vouloir entretenir et réanimer un modèle économique marchand qui est la cause de tous ces désordres. »

Voilà donc quelqu’un qui, encore ministre d’État, officiellement numéro trois du gouvernement, explique que le capitalisme n’est pas compatible avec la résolution de la question écologique, avec la « transition » dont il était le responsable.

Tout en appréciant Emmanuel Macron et en ne remettant pas en cause le capitalisme. C’était intenable et cela continue de l’être même après la démission, dont le timing a été très particulier, motivé par la pression des chasseurs.

Nicolas Hulot a pris sa décision le lendemain d’une rencontre à l’Élysée sur la question de la chasse, avec un parti-pris  pour celle-ci, puisque des mesures facilitant l’accès à ce « loisir » ont été mises en place. Cela a été pour lui la goutte d’eau qui fait déborder le vase et il a expliqué à quel point il n’a pas supporté la présence de Nicolas Coste, le lobbyiste  de la Fédération nationale des chasseurs.

« On avait une réunion sur la chasse. J’ai découvert la présence d’un lobbyiste qui n’était pas invité à cette réunion. C’est symptomatique de la présence des lobbys dans les cercles du pouvoir. Il faut poser ce sujet sur la table parce que c’est un problème de démocratie. »

Emmanuel Macron est en effet  un fervent défenseur de la chasse et de ses valeurs réactionnaires. C’est là un obstacle fondamental à l’écologie et d’ailleurs les observateurs activistes remarquent que les chasseurs mènent une campagne générale afin d’apparaître dans l’opinion publique comme les vrais écologistes, visant à remplacer les associations écologistes notamment pour les soutiens financiers des mairies, des départements, des régions, de l’État.

Nicolas Hulot l’a bien constaté, mais a refusé l’affrontement, d’où sa démission, présentée comme une capitulation objectivement inévitable :

« Le Premier ministre, le Président de la République ont été pendant ces 14 mois, à mon égard, d’une affection, d’une loyauté et d’une fidélité absolue. Mais au quotidien, qui j’ai pour me défendre ?

Est-ce que j’ai une société structurée qui descend dans la rue pour défendre la biodiversité ? Est-ce que j’ai une formation politique ? Est-ce que j’ai une union-nationale sur un enjeu qui concerne l’avenir de l’humanité et de nos propres enfants ?

Est-ce que les grandes formations politiques et l’opposition sont capables à un moment ou un autre de se hisser au-dessus de la mêlée pour se rejoindre sur l’essentiel ? »

La réaction de Nicolas Hulot n’a surpris personne, elle apparaît trop comme logique. Le paradoxe est que cela n’aboutit pas à une affirmation plus prononcée en faveur de l’écologie. Les gens restent prisonniers d’une vie quotidienne entièrement façonnée par le capitalisme. Ils ne sont pas prêts à remettre en cause un « confort » qui n’est en réalité que le produit des besoins industriels et commerciaux.

Il suffit de voir comment la France est rétive au véganisme, comment les climato-sceptiques sont nombreux, comment la chasse est intouchable, comment la bétonnisation des sols est ininterrompu.

Nicolas Hulot l’a vu, mais comme il l’a dit, selon lui rien ne peut être fait sans consensus, consensus qu’il voit comme impossible à mettre en place. C’est à ce consensus que vise Jean-Luc Mélenchon, mais par le populisme.

A la Gauche de le réaliser, mais par la lutte des classes et la socialisation des moyens de production, par l’établissement de nouvelles normes culturelles.

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Politique

Benoît Hamon a-t-il raison d’employer le terme de « pauvrophobe »?

Benoît Hamon a pris la tête de la « fronde » à l’intérieur du Parti socialiste en fondant Génération-s et il a acquis une sympathie certaine chez les progressistes, car on voit bien qu’il cherche sincèrement à faire avancer les choses et les idées. C’est une figure active refusant la passivité et la résignation.

Malheureusement, son projet s’enlise toujours plus, car il vient à l’origine de la droite du Parti socialiste et ne parvient pas à revenir aux fondamentaux : il bascule toujours plus dans le camp de la modernité « posmoderne », « postindustrielle ». Dernier exemple en date : l’utilisation du concept de « pauvrophobe ».

Benoît Hamon est à la base un rocardien, c’est-à-dire un partisan de la « modernité » au sein du Parti socialiste. En ce sens, il préfigure Emmanuel Macron. Son parcours cependant en fait un être engagé et formé à l’école du Parti socialiste, avec ce réalisme froid et technocratique d’un côté, cette fibre sociale de l’autre.

Si l’on prend ainsi Benoît Hamon du côté des idées et de la tradition socialiste, ouvrière, on ne peut que se dire : ce type est une catastrophe. Si on le prend comme un bourgeois progressiste avec une grande fibre sociale et une vraie réflexion sur l’évolution catastrophique du monde, notamment sur le plan de l’écologie, ou encore du rapport aux animaux, on ne peut résolument pas le considérer comme un ennemi.

Les limites de l’horizon intellectuel de Benoît Hamon sont par là-même assez flagrantes. D’un côté, il parle de bourgeoisie… de l’autre, le concept de lutte des classes est pour lui insaisissable. Il ne peut pas dépasser intellectuellement et culturellement le capitalisme.

Ses propos dans une interview accordée au Journal du Dimanche reflètent de manière patente cette limite. Il n’y a pas d’exploitation, mais du « racisme social », pas de la misère provoquée par l’enrichissement toujours plus grands de la bourgeoisie, mais de la « pauvrophobie ».

Cela provoque un populisme anti-Macron à grands renforts de termes anglais censés montrer que le président de la République reflète un modèle « anglo-saxon » : winner, jetlag, ultra-bright, etc.

Emmanuel Macron prépare un plan antipauvreté. Un bon point pour lui ?

Macron, un plan antipauvreté ? Il est pauvrophobe. Il mène une guerre sociale aux gens « qui ne sont rien », comme il dit. Sa rentrée est placée sous le signe du racisme social : il veut punir les chômeurs en touchant au calcul de leurs indemnités. « Et en même temps », il a supprimé l’ISF et l’exit tax. Macron n’est pas le pragmatique ouvert qui prétendait rassembler largement pour réformer. C’est un vrai idéologue qui se méfie intrinsèquement du peuple. Où sont les résultats économiques du ruissellement ?

Il dit pourtant marcher sur deux jambes : libérer et protéger…

Il libère et protège surtout les siens, les winners. Le nouveau monde était une promesse intéressante, mais pas pour remplacer de vieux politiciens par des traders jetlagués qui infligent à ceux qui souffrent leur sourire ultra-bright. Nombre de citoyens espéraient une ère nouvelle de respect, je comprends leur déception face à ce mépris.

Il était inévitable que Benoît Hamon témoigne de cette limite à un moment donné, de par sa formation intellectuelle, ses goûts, sa nature sociale. Quelqu’un qui s’extasie devant l’art contemporain n’a, par définition, plus aucun lien avec la classe ouvrière.

Benoît Hamon est un modernisateur avec une fibre sociale-écologique, voilà pourquoi il tient finalement le même discours libéral sur les frontières qu’Emmanuel Macron, ainsi que sur l’Union Européenne, même si c’est pour revendiquer quant à lui « plus de social ».

Cela en fait quelqu’un d’assez intéressant, une fois qu’on a compris ces limites qui sont, très certainement, celle de la petite-bourgeoisie progressiste plus ou moins proche des centres-villes. Benoît Hamon est d’ailleurs très proche d’Europe Ecologie Les Verts, qui a la même base sociale. Leur unité semble d’ailleurs plus ou moins inéluctable.

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Politique

Aurélie Filipetti ou la trahison de la classe ouvrière

Grand espoir de la Gauche, Aurélie Filippetti abandonne la politique : aujourd’hui sort son roman « Les idéaux ». Ce qui est grave, c’est qu’elle pense avoir fait quelque chose, alors qu’elle n’a jamais été qu’un potentiel : sa vie jusqu’à présent n’a été qu’un parcours doré dans les plus hautes instances de l’État français, aux antipodes de la classe ouvrière.


Aurélie Filipetti est à l’origine une femme du peuple. Elle vient de la Moselle, son père était un mineur devenu maire PCF d’Audun-le-Tiche ; sa famille est issue de l’immigration antifasciste italienne fuyant le régime de Mussolini. Son grand-père résistant a d’ailleurs été arrêté par la Gestapo et est mort dans le camp de concentration de Bergen-Belsen, juste après la libération.

Elle en parle dans son roman de 2003 Les Derniers jours de la classe ouvrière, valorisant ses origines sociales tout en ayant un vécu l’en éloignant toujours davantage. Elle fait en effet des études au lycée préparatoire à Metz, pour aller à l’École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud et devenir agrégé de lettres classiques, ce qui est une des formations les plus conservatrices et traditionnelles qui soit.

Juste après elle adhère aux Verts, qui est un parti typique des centre-villes, en 1999. Dès 2001 elle est membre du cabinet du ministre Verts Yves Cochet, qui s’occupe de l’environnement, ainsi que conseillère municipale dans l’ultra-chic cinquième arrondissement de Paris. En 2003, elle est membre du secrétariat exécutif et porte-parole des Verts-Paris, pour rejoindre du jour au lendemain, en 2006, l’équipe de campagne de Ségolène Royal qui se présente aux présidentielles de 2007.

Elle devient député de Moselle, porte-parole du courant de Ségolène Royal dans le Parti socialiste (« L’Espoir à gauche »), soutient François Hollande en 2011, rejoint son équipe de campagne, en devient le ministre de la culture et de la communication. C’est là un parcours classiquement opportuniste.


Aurélie Filipetti a pourtant une certaine aura à Gauche, en raison de son opposition à François Hollande : en 2014, elle refuse de participer au gouvernement de Manuel Valls et rejoint les députés dits « frondeurs ». Elle soutient dans la foulée Arnaud Montebourg aux primaires ouvertes lancées par le Parti socialiste, puis rejoint le vainqueur Benoît Hamon.

L’histoire s’arrête là ! Car dans la foulée, Aurélie Filipetti perd son mandat de député de la Moselle en 2017, ne recevant que 11,8 % des voix, ce qui est un échec complet pour quelqu’un revendiquant un ancrage historique social et culturel. Elle devient alors professeur à Sciences Po Paris, ce qui nous ramène dans la haute bourgeoisie, puis chroniqueuse pour l’émission On refait le monde de Marc-Olivier Fogiel sur RTL.


Preuve de cet ancrage dans la haute bourgeoisie et l’esprit bourgeois parisien, Aurélie Filipetti a accordé à l’occasion de la sortie de son roman une longue interview aux Inrockuptibles, une revue représentant pratiquement par essence la bourgeoisie parisienne friquée mais se voulant de gauche.

On y découvre que le roman est autobiographique, et qu’elle confond l’histoire de la Gauche avec son propre vécu. Elle n’hésite pas à assimiler sa propre individualité à la Gauche elle-même :

« C’est vrai que quelque chose s’est effondré. Depuis 2007, j’ai vécu dix ans dans le milieu parlementaire, et ça s’est joué là. Surtout ce qui s’est passé en 2017, où tout ce que représentait le socle du fonctionnement du monde politique traditionnel a tout à coup volé en éclats.

Ce n’est pas une révolution, car au fond on assiste au retour du même. Malgré tout, les partis se sont autodétruits de l’intérieur et très rapidement, très brutalement, sans que cela soit prévisible. Qu’est-ce qui fait qu’un monde qu’on croyait très solide disparaît aussi rapidement ?

Bref, j’ai vu l’effondrement d’un certain idéal, d’où le titre [de son roman sortant aujourd’hui]. Mon premier roman s’intitulait Les Derniers Jours de la classe ouvrière, celui-ci c’est un peu « Les Derniers Jours de la classe politique » (sourire).

J’ai vu l’effondrement des usines sidérurgiques de Lorraine, et plus tard, la gauche y a fermé les derniers fours alors que j’étais au gouvernement, ce qui est d’une terrible ironie pour moi. »

Aurélie Filipetti a tellement fait de son parcours un fétiche qu’elle ne conçoit pas que la Gauche a existé avant elle, que sa base est la classe ouvrière qui, d’ailleurs, selon elle, n’existe plus. Pour elle, la Gauche, ce sont des gens ayant fait de hautes études devant participer aux institutions dans un esprit social, sans se faire corrompre.

D’où ses vains reproches à François Hollande comme quoi il serait fasciné par la haute bourgeoisie, ou encore sa critique des grandes écoles permettant aux bourgeois d’intégrer l’appareil d’État. C’est à croire qu’Aurélie Filipetti ne sait pas que cela se passe ainsi depuis plus depuis la fin du 19e siècle et l’organisation moderne de l’État français !

Et quand l’interview se conclut par un appel à la libre-circulation des personnes, à un retour à l’esprit de la Révolution française, on ne peut que voir qu’Aurélie Filipetti a entièrement rompu avec la classe ouvrière.

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Politique

Discours d’Olivier Faure au séminaire d’été du Parti socialiste

Hier se concluait trois jours de séminaire pour la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR), c’est-à-dire 300 élus du Parti socialiste. En voici le discours de clôture, prononcé par le député de Seine-et-Marne Olivier Faure, premier secrétaire.

On notera qu’Emmanuel Maurel n’était alors plus présent à La Rochelle : il s’est éclipsé pour aller à Marseille, à l’université d’été de la France insoumise. Il fondera d’ailleurs le 7 septembre un « club » de gauche, en présence de Jean-Luc Mélenchon.

Cher François que nous sommes si heureux de retrouver après l’épreuve de la maladie,

Chers amis chers camarades,

Il y a un an nous étions dans cette salle quelques semaines après une défaite historique. Nous étions là par amitié, par habitude, sans doute aussi pour nous rassurer en démontrant par notre présence à La Rochelle qu’il est des rites immuables.

Nous étions tellement sonnés que nous en avions même oublié de nous diviser… un an plus tard, à la lecture des journaux, je nous retrouve, vivants !

En 2017 nous avons été fracturés. Notre existence même était devenue incertaine. Aujourd’hui nous avons redressé la tête et nous sommes toujours là. Grâce à vous, les élus, nous sommes une force d’alternative, vous montrez chaque jour dans vos territoires qu’un autre chemin est possible, que nous n’avons pas perdu notre force créative.

En 2017, la recomposition a surtout créé la confusion. Après avoir dû voter pour un autre afin de faire barrage au Front National, notre identité était devenue floue. Depuis notre congrès, nous avons engagé notre renaissance. Parce que nous avons été sévèrement battus nous devons changer, produire une nouvelle synthèse, construire un nouveau projet, et d’abord changer nos comportements, prendre conscience que nous réussirons ou que nous disparaîtrons ensemble.

En 2017, certains s’interrogeaient sur notre positionnement, étions-nous dans l’opposition, dans l’opposition constructive, dans le dialogue exigeant, que sais-je encore ? Aujourd’hui, il est devenu clair pour les français que nous sommes dans l’opposition, dans une opposition résolue et déterminée, parce que le pouvoir s’est dévoilé dans ses actes et que son visage n’est pas celui de la gauche, pas celui du socialisme, pas celui de l’humanisme.

Il n’a rien de commun avec nos valeurs, nos idées, nos combats. En 2017, le nouveau Président devait mener une « révolution » et faire entrer la France dans un « nouveau monde ». Ce projet répondait à une demande et il a levé une espérance dans le pays. Mais cette espérance a été trahie. Le fait politique majeur de cette année c’est la trahison par le Président élu, des termes du contrat démocratique noué lors de la présidentielle. Elu pour faire barrage au populisme, il devait être un rempart. Il est devenu une passerelle : antiparlementarisme, défiance vis-à-vis des corps intermédiaires, pouvoir personnel, recul sur le droit d’asile…

Le président a trahi le candidat en abandonnant toute dimension progressiste. Un an après, ce qui devait être un OPNI a été clairement identifié. Le « nouveau monde » se révèle être un mélange de conformisme technocratique et de libéralisme a-démocratique. Rien ne l’y a contraint, ni crise économique, ni circonstances exceptionnelles, c’est son choix. Cette trahison nous donne une responsabilité et une légitimité. Le drapeau du progrès, le drapeau de la République sociale ne nous a pas été repris sur le champ de bataille.

Le rôle historique nous revient de nouveau.

Le progressisme est orphelin, les français ont besoin du retour d’une gauche qui agit, les français ont besoin de notre renaissance. Quel est notre message en cette rentrée :

– Avec les affaires Benalla et Kohler, le dernier masque est tombé, celui de l’exemplarité. Emmanuel Macron n’est pas seulement le Président des riches, il est aussi le Président d’un clan, prêt y compris à faire mentir l’Etat. Les Français l’ont élu en espérant que sa frénésie de pouvoir serait mise au service du pays, pas pour que son autorité serve son clan et son camp. Cette trahison du contrat passé avec les Français nous oblige.

– Un an après notre terrible défaite nous sommes là, notre renaissance est engagée, nous avons repris notre rang au sein des grandes forces d’opposition, et nous allons marteler nos propres propositions comme autant d’alternatives. Oui la gauche et les socialistes sont bien de retour !

Si nous avons retrouvé ce rôle c’est grâce à l’action conjointe des élus et du parti.

Ensemble nous avons organisé la résistance face aux réformes libérales. Votre action dans les territoires a été essentielle pour défendre les solidarités et soutenir le monde associatif. Ensemble nous avons porté haut les valeurs de la France, pour exiger par exemple l’accueil des réfugiés de l’Aquarius.

Et je salue avec vous le courage des positions prises par Martine Aubry à Lille, Carole Delga en Occitanie, Anne Hidalgo à Paris, Johanna Rolland à Nantes et tant d’autres, l’énumération serait trop longue.

Ensemble nous avons rendu toute sa noblesse à l’action du Parlement qui s’est dressé face à l’exécutif, au moment même où le président voulait l’affaiblir, pour réclamer la vérité dans l’affaire Benalla. Et les socialistes ont joué un rôle majeur dans ce combat et je voudrais vous demander de saluer nos députés qui autour de Valérie Rabault ont porté une motion de censure de gauche, et nos sénateurs qui autour de Patrick Kanner et de Jean-Pierre Sueur ont contribué à faire du Sénat la voix de l’exigence démocratique. Merci à tous pour ces combats. Nous n’en avons pas fini !

Certains continuent d’appeler à une inflexion sociale. Mais même l’écho ne leur répond plus. Depuis le discours solennel de Versailles chacun sait qu’il n’y aura aucun rééquilibrage. Ni demain. Ni jamais.

Le discours présidentiel n’est complexe que parce qu’il emprunte ses mots à la gauche – « Société de l’émancipation », « état providence du 21ème siècle » – pour mener une politique de droite !

Pour Emmanuel Macron, l’égalité se résume à l’égalité d’accès au marché. Chaque individu doit pouvoir y contribuer par ses talents. Ensuite c’est le marché qui sélectionne et récompense les mérites de chacun. Les inégalités de revenus ne sont plus un sujet. Seules comptent les « inégalités de destin ». Chacun doit avoir sa chance par la formation, mais ensuite chacun doit accepter le marché pour seul juge.

Le Macronisme est une société à responsabilité où l’Etat limite son intervention aux premiers âges de la vie. Pour Emmanuel Macron, la lutte contre les inégalités ne passe plus par la redistribution des richesses produites. Chacun est « responsable » de son destin, donc de son chômage, de sa pauvreté, de son statut, dès lors que l’Etat a garanti des conditions de départ équitables.

C’est la justification de la réforme de l’assurance chômage qui mettra chaque chômeur devant sa « responsabilité ». Le rôle de l’Etat se limite à fluidifier le marché et à assurer un filet minimal de sécurité pour éviter tout risque d’explosion sociale.

Le modèle Français n’est pas le sien. Il voit dans les décennies passées une suite d’échecs. La solidarité, la redistribution, la lutte contre les inégalités, ne sont pas son affaire. Pour Emmanuel Macron, la vision c’est le marché jusqu’au bout.

Pour nous depuis Jaurès, c’est « la République jusqu’au bout ».

Deux visions du monde. Deux regards sur l’Humanité. Pour nous, le Capital c’est l’Humain. Alors oui chers amis, chers camarades, cette rentrée va être celle d’une force d’opposition, déterminée, offensive. Et les combats vont être nombreux.

Budgétaire évidemment. Le président nous dit : « Pour partager le gâteau, il faut qu’il y ait un gâteau ». Mais sa politique fiscale a coupé les moteurs de la croissance. La consommation des ménages a chuté dès lors que le choix a été fait de leur faire payer à eux, les 45 à 50 milliards de cadeaux fiscaux faits à quelques-uns ! Et comment chacun pourrait-il disposer de sa juste part quand les outils de la répartition sont abandonnés? Les services publics, la fiscalité et même les politiques sociales !

Tout l’argumentaire présidentiel reposait sur un maître mot : l’efficacité. Mais elle est où l’efficacité quand la croissance est trois fois inférieure à celle que nous connaissions à la fin du quinquennat précédent ? Que la création nette d’emplois dans le secteur privé s’est réduite de moitié ? Que l’investissement des entreprises a lui-même baissé de 50% ?

Elle est où l’efficacité quand les dividendes atteignent des niveaux inédits mais qu’on renonce à les taxer au même niveau que le travail ? et que c’est sur les politiques sociales que l’on s’apprête à rogner parce qu’elles coûteraient « un pognon de dingue » !

J’ai eu honte qu’un président Français puisse dire à Versailles : « Quelle gloire peut-on tirer de politiques sociales qui ont condamné à la pauvreté un enfant sur cinq? »

Le macronisme est un syllogisme : les politiques sociales n’ont pas supprimé la pauvreté et bien supprimons les politiques sociales ! Et c’est dans le creux de l’été qu’a été adressée une directive sur l’organisation territoriale des services publics.

Et que dit-elle? Que l’efficacité, c’est une prime d’intéressement pour les préfets qui réduiront les services publics ! L’efficacité c’est – vous ne rêvez pas – de proposer aux serviteurs de l’Etat une prime pour affaiblir l’Etat ! L’efficacité c’est au contraire d’utiliser les marges de manœuvre pour renforcer nos services publics, donner les moyens aux médecins, aux infirmières, aux aides soignantes d’exercer leur métier dans les hôpitaux et les EHPAD…

L’efficacité c’est de lutter contre le pire des gâchis, le gaspillage humain ! L’efficacité c’est d’accompagner les familles qui ne s’en sortent plus, l’efficacité c’est de mettre les moyens pour que l’enseignement supérieur ne soit plus une loterie mais un tremplin pour tous nos étudiants, l’efficacité c’est d’aider les locataires à se loger plutôt que de raboter les APL, l’efficacité c’est de maintenir les emplois aidés dans les associations qui assurent le lien social et qui remettent le pied à l’étrier aux publics les plus éloignés de l’emploi…

Nous proposerons à nouveau à l’automne, comme nous l’avions fait dès 2017 avec Valérie Rabault, un contre-budget qui reviendra sur les cadeaux superflus aux super-riches pour au contraire ouvrir une nouvelle étape dans la lutte contre les inégalités et notamment les inégalités entre territoires. C’est aussi à la retraite que le gouvernement s’apprête à toucher. Le pire est à craindre. Dans une série de déclarations contradictoires, les pensions de réversion ont été supprimées, puis rétablies pour les seules femmes n’ayant pas travaillé, et le président lui-même s’est engagé à ne pas toucher aux pensions existantes mais sans garantie pour l’avenir…

Nous défendrons un système solidaire, par répartition, nous refuserons le basculement vers toute logique assurantielle. Nous défendrons la prise en considération de la pénibilité, les espérances de vie réduites. Nous refuserons toute logique qui conduirait à individualiser le rapport de chacun à sa retraite avec la volonté de casser toute possibilité de revendication collective. Le combat social et le combat économique vont de pair. Face à la loi PACTE, nous proposerons de nouvelles règles de gouvernance des entreprises.

Dans les conseils d’administration le travail doit être reconnu à parité avec le capital. La stratégie des entreprises ne peut plus dépendre de la seule volonté d’actionnaires qui sont le plus souvent totalement étrangers à la vie des sociétés et qui cherchent simplement une rentabilité.

Nous voulons la codétermination pour que soit respectée une vision qui replace le travail, les travailleurs au cœur de la décision. Notre combat sera aussi environnemental. Tout nous alerte et la France devrait donner la priorité à l’économie circulaire, décarbonée, adresser des signes clairs au marché en mettant Ie paquet sur les énergies renouvelables, faire le choix du ferroviaire, respecter sa parole sur le réchauffement climatique, lier enjeux environnementaux et enjeux sanitaires.

C’est une vraie révolution des modes de production qu’il faut atteindre. Impliquant une transition vers l’agro écologie. Garantissant une alimentation de qualité, dans le respect de la planète et un niveau de vie digne à nos agriculteurs qui luttent contre la concurrence à bas coût. Au lieu de quoi : Le gouvernement se félicite d’une condamnation de Monsanto mais renonce à ses propres engagements sur le glyphosate et rejette notre proposition d’indemniser ses victimes?

Le gouvernement entend faire une planète «great again » mais autorise Total à importer 300 000 tonnes par an d’huile de palme. Le gouvernement nous parle de développement durable mais repousse à plus tard le rééquilibrage du mix énergétique. Le gouvernement tire des larmes de crocodile le « jour du dépassement » parce que la planète a déjà consommé ses ressources de l’année, mais met en œuvre par anticipation le traité de libre-échange CETA…

C’est ce même gouvernement qui vient de refuser notre proposition de placer au rang de principe constitutionnel la défense des biens communs face aux multinationales ! Le combat sera aussi institutionnel. Je préfère dire démocratique. Nos institutions doivent évoluer. Mais pas comme le pouvoir actuel nous le suggère en concentrant davantage de prérogatives dans les mains d’un seul et en affaiblissant le Parlement.

Avec Emmanuel Macron, la démocratie se cantonne à la désignation des gouvernants. Les syndicats, les associations, les ONG, les élus locaux et nationaux, les citoyens, tous ceux qui peuvent apparaître comme une force alternative, un contre-pouvoir, sont tenus en lisière. Ce n’est pas notre conception de la République. La République ce n’est pas l’Empire. La souveraineté populaire ce n’est pas le règne d’un seul.

Nous croyons à la confrontation, au dialogue, à la participation. Nous voulons faire de chaque Français, non pas un sujet, pas davantage un simple consommateur, mais un citoyen. L’objectif ce n’est pas l’Olympe pour quelques-uns mais l’agora où chacun prend part à la définition des choix collectifs. Obliger annuellement le gouvernement à solliciter la confiance du Parlement sur son programme, ouvrir un droit d’amendement citoyen, limiter les outils du parlementarisme rationalisé, définir les principes de rangs constitutionnels qui nous permettent de protéger les biens communs, il y a là de quoi faire avancer la démocratie !

Le combat portera également sur les politiques migratoires. Combien faudra-t-il encore d’Aquarius pour que cessent ces trocs ponctuels ? Le temps est venu pour que la France tienne un discours de vérité sur ces mouvements de population qui ne visent pas principalement l’Europe. Nous sommes très loin de toute submersion. Mais nous devons prendre notre part. C’est-à-dire remettre à plat les accords de Dublin qui font peser principalement sur quelques pays l’accueil des réfugiés. Ouvrir une liste de ports et éviter ces images désastreuses de pays qui se renvoient les navires. Décider ensemble d’une répartition équitable entre Etats membres.

Bien sûr, nous devons établir une distinction entre réfugiés relevant du droit d’asile et migrants économiques, mais cette distinction ne peut tenir qu’à la condition de renforcer l’aide au développement et de mener une lutte efficace contre le réchauffement climatique. C’est cette approche globale qui manque cruellement et qui fait le jeu de ceux qui utilisent le désordre actuel pour proposer un ordre qui contredit nos valeurs et nos principes.

Puisque le gouvernement semble incapable de s’emparer de ces enjeux dans la fidélité aux valeurs de la République c’est à nous d’agir, à nous la gauche, à vous, les élus de la République française. J’ai déjà eu l’occasion au début de mon intervention de saluer les actions emblématiques de grandes métropoles, je connais aussi les solidarités du quotidien qui se manifestent dans tant de villes et de communes. Puisqu’il revient aux collectivités, et d’abord aux villes, d’assumer des responsabilités que l’Etat ne prend pas, faisons-le tous ensemble, solidaires, avec les autres élus de gauche.

Je propose aujourd’hui qu’à l’initiative du Parti Socialiste et de la FNESER, nous proposions à tous les élus de gauche, et plus largement à tous les élus humanistes et progressistes, un engagement commun pour l’accueil et l’accompagnement des réfugiés. Il permettra de répartir l’effort d’accueil et d’organiser à l’initiative des territoires, la solidarité nationale, que l’Etat a abdiqué.

Notre agenda politique ne se limite pas à cette rentrée politique en France. Notre agenda il a été fixé par le congrès du Parti Socialiste : engager et accélérer la renaissance, lancer et conduire nos chantiers pour demain disposer d’un nouveau projet, transformer notre parti en lui donnant de nouveaux statuts et une nouvelle vie collective, ouvrir les portes et les fenêtres, redevenir le parti de l’espérance, le parti face à la montée des populismes et des nouvelles inégalités, le parti d’un nouveau projet humaniste et de progrès partagé.

Ce chemin de la renaissance a largement rassemblé les militants et les élus lors de notre congrès. De nouvelles équipes se sont constituées, de nouveaux visages sont apparus. De nouvelles actions sont engagées, notre plate-forme « la ruche socialiste » a été ouverte. Cette démarche de renaissance est ouverte à tous, je dialogue avec les responsables des autres sensibilités et mon rôle est de nous faire, de vous faire, tous travailler ensemble.

Ce n’est pas toujours le plus facile, je suis patient, parfois trop, on me le reproche, mais je sais où je vais. Avec la nouvelle direction nous avons un mandat pour trois ans, et notre programme d’action a été adopté par le Conseil national il y a 3 mois.

Nous avons à l’issue de ces trois ans, trois objectifs clairs : retrouver une crédibilité collective, reconstruire un projet d’alternative pour le pays, redevenir le principal parti de gauche à l’issue du cycle électoral des élections territoriales. Avec cette équipe, avec vous, je suis sur ce chemin, notre chemin. Mon agenda ne sera ni celui des médias ni celui des grognons, ce sera l’agenda fixé par les militants du Parti Socialiste.

J’aurai l’occasion de revenir sur l’ensemble de ces chantiers de la renaissance lors de l’inauguration de notre nouveau siège, à Ivry. Ce rendez-vous sera une fête, une étape de la renaissance, et un moment fort de travail et de réflexion collective avec une université des militants qui se tiendra tout au long des week-ends qui suivront notre installation.

Le cycle d’Epinay est terminé, l’époque Solférino, dont nous sommes fiers, avec ses grands moments est derrière nous. Dans ce nouveau lieu nous allons inventer ensemble un nouveau parti socialiste, nous allons engager une nouvelle histoire collective. L’agenda de la renaissance, ce sera aussi mener à bien notre travail sur le bilan de nos années de pouvoir. J’ai reçu mandat des militants pour mener ce travail et il sera publié en novembre conjointement au travail de la fondation Jean Jaurès.

Ce bilan est un bilan collectif, c’est le bilan de nos années de pouvoir, il plonge ses racines dans une histoire plus longue et s’inscrit dans le contexte de crise du socialisme et de la sociale-démocratie en Europe. Et après une élection où aucun candidat de gauche ne figurait au second tour de l’élection présidentielle.

Sans bilan sincère qui croira que nous avons compris les raisons de notre défaite ? Sans bilan sincère il n’est pas de renaissance possible. François Hollande a – légitimement – sa lecture des cinq années écoulées. C’est sa contribution à l’inventaire. Je n’en partage pas tous les termes. Je crois nécessaire la réhabilitation de notre bilan, de rappeler le contexte national, européen, international, d’en finir avec une certaine forme d’anachronisme, mais je crois aussi nécessaire la reconnaissance de nos erreurs et de nos manques.

Quoi que l’on puisse penser de la campagne du candidat désigné par nos primaires, le séisme a atteint une telle magnitude que rien ne serait pire que de considérer qu’il s’agissait d’un simple accident de parcours. Dans l’interprétation de notre défaite, il y a matière à un débat posé, sans caricatures et sans œillères.

Si nous savons le conduire sans postures, il nous vaudra l’estime de tous. Évitons nous les faux débats. François Hollande est à la fois celui qui nous a conduit à la victoire en 2012, et un acteur de notre présent ; Il joue un rôle important dans le dévoilement de l’imposture macroniste, il contribue au réveil du peuple de gauche, et cette contribution est précieuse.

Il a choisi de redevenir un militant du Parti socialiste. Le compter aujourd’hui dans nos rangs doit être pour nous tous une fierté. Mais le plus sage est de ne pas chercher à l’instrumentaliser pour exister. Je le sais trop averti et trop fin, pour ne rien exclure mais aussi pour ne rien préjuger. Et mon devoir comme chef de parti, notre devoir comme militants socialistes, c’est de nous poser la question de notre renaissance indépendamment de celle ou celui qui nous représentera le moment venu.

Dans cet agenda de la renaissance figurent aussi les élections européennes. Mi-septembre, sur la base du travail conduit par Christine Revault d’Alonnes, Emmanuel Maurel, Clotilde Walter et Boris Vallaud, le bureau national arrêtera le texte qui sera ensuite débattu dans nos fédérations et soumis au vote des militants et des sympathisants sur notre plate-forme. Le 13 octobre nous aurons notre projet. Le 7 et le 8 décembre le PSE adoptera notre plate-forme européenne.

Et au cours de cette période nous choisirons une tête de liste et une liste. Avant la fin du mois de septembre le bureau national en proposera les modalités d’élaboration au Conseil National qui se tiendra le 13 octobre. Les élections européennes auront lieu le 26 mai 2019 dans 9 mois. Les français se moquent aujourd’hui se savoir qui seront les têtes de listes des grandes formations politiques et la majorité d’entre elles n’en ont d’ailleurs pas.

Par contre ils veulent savoir comment l’Europe peut servir à la construction de l’avenir dans un monde menaçant, marqué par de profonds bouleversements, par la toute-puissance des nouveaux monopoles du numérique et par la brutalité des effets du changement climatique. Et c’est d’abord cela qui doit nous intéresser.

Cette étape sera difficile. Emmanuel Macron va chercher à résumer cette échéance à un débat entre « pro » et « anti » européens. Soit très exactement ce qu’attendent les nationalistes, les populistes, trop heureux de se poser comme seule alternative à la politique libérale de l’Union.

Si la construction européenne est une pensée unique alors la voie du chaos devient une option. Le choix que nous devons ouvrir à nos concitoyens, ce n’est pas pour ou contre l’Union européenne, mais la possibilité de construire l’Europe autrement. Souhaitons-nous une Europe qui dérégule nos sociétés ou qui en renforce les protections ? Qui protège nos droits, ou qui en réduise la portée ?

Nous, nous voulons une Europe qui défend ses valeurs et aussi ses intérêts dans le monde de Trump, de Poutine, d’Erdogan, où le rapport de force prévaut sur le multilatéralisme, où le réveil des empires, des nationalismes, des césarismes, ne peut se faire qu’au prix de l’endormissement des démocraties .

Etouffer ce débat, c’est nourrir la défiance envers l’Europe et dérouler un tapis rouge à Salvini, Le Pen et leurs amis. Face aux populistes, face à la droite libérale, l’Europe a besoin de l’affirmation d’une gauche socialiste et sociale-démocrate, écologiste et progressiste. Il ne sera pas possible de la réunir au sein d’une seule liste, le mode de scrutin et la situation politique le rendent illusoire, on peut le regretter, mais cette réalité s’impose.

Pour autant la gauche européenne, et donc la gauche française, doit montrer qu’elle peut se donner des combats communs si elle veut voir se lever une espérance de changement. Ce que nous avons fait en juillet sur la question démocratique, nous devons pouvoir le reproduire sur des sujets d’intérêt général. J’ai il y a quelques minutes évoqué l’initiative que nous devons prendre sur l’accueil des réfugiés.

Je veux donner deux autres exemples :

Sur le glyphosate, nous avons été les premiers à demander une commission d’enquête au Parlement européen et c’est aujourd’hui notre camarade Eric Andrieu dont je salue la persévérance et l’obstination, qui la préside aujourd’hui. Nous pourrions chercher à en tirer gloire pour nous-mêmes. Ce n’est pas notre état d’esprit. Sur un sujet comme celui-là qui engage la santé de nos concitoyens, je propose que nous unissions nos voix et nos forces pour obtenir du gouvernement qu’il suspende l’autorisation des produits à base de glyphosate afin de protéger les femmes enceinte, les nourrissons, les 68 millions de consommateurs français.

Je suggère un second combat commun, faire de l’égalité entre femmes et hommes en Europe un combat emblématique de toute la gauche. Je lance aujourd’hui un appel aux forces politiques et syndicales progressistes pour avancer dans cette bataille essentielle. Commençons par les avancées sociales de la directive « work life balance » auxquelles s’oppose Emmanuel Macron. Cette directive garantit pour l’ensemble des européens, des droits nouveaux sur le congé de paternité, le congé parental et le congé des aidants.

Continuons par un droit à l’IVG universel en Europe déjà voté par le Parlement européen mais bloqué par le Conseil, ce combat porté par le mouvement féministe et mis en avant récemment par Julien Dray. Voilà le visage de l’Europe à laquelle nous croyons. Celle qui harmonise de nouveaux droits, qui favorise l’Egalité entre les femmes et les hommes et permet de préserver la vie privée. Je proposerai dans les prochains jours une initiative ouverte à l’ensemble de ces forces de gauche afin de mener campagne et obtenir que le Gouvernement d’Edouard Philippe revienne sur sa position.

L’Europe sociale n’est pas un mythe mais un combat à mener. Je ne peux achever mon propos sans évoquer les élections municipales, et plus largement la préparation des élections locales de 2020 et 2021. Je l’ai souvent dit il y a un Parti socialiste malade, rue de Solférino et un autre qui continue d’aligner les succès dans les élections partielles.

Et pas seulement en Haute Garonne ! Ce parti c’est celui des territoires. Ceux où l’innovation continue d’être la règle. Et je salue le travail des 14 départements qui sous la direction de Jean-Luc Gleize président du département de la Gironde, expérimente le revenu de base.

Connaître le réel, le comprendre, chercher à l’améliorer, elle est là notre marque de fabrique. Et c’est pour cela que l’échéance probatoire de notre renaissance sera d’abord celle des municipales. Notre message doit être clair, il s’agit de lancer par les territoires un mouvement de renaissance de la gauche, il s’agit de faire de chaque territoire un laboratoire de l’alternative, il s’agit d’inventer de nouvelles solidarités, de nouveaux services publics, d’accélérer la transition écologique, de donner un nouvel élan à l’émancipation par la culture et l’éducation.

Oui il s’agit d’inventer l’avenir dans les territoires, de s’appuyer sur cette réserve inépuisable d’engagement citoyen et de créativité, de nourrir notre renaissance par notre action locale. Une renaissance dans l’action, une renaissance par la preuve. Qu’est-ce qui est le plus crédible, les déclarations d’intention ou de dire que Dijon est une ville zéro pesticides depuis un mandat ? Il ne s’agira pas seulement de faire gagner le Parti Socialiste, il s’agira de faire gagner la gauche, une gauche citoyenne, une coalition des progressistes.

Parce que nous sommes la première force locale à gauche, il nous revient d’engager ce mouvement et de faire des territoires aussi les creusets d’une renaissance citoyenne. Ce rendez-vous des élections municipales de 2020 est capital. C’est pourquoi il doit se préparer dès maintenant. Nous devrons prendre en compte chaque réalité locale, notamment pour les calendriers de désignations, et respecter l’autonomie de nos premiers secrétaires fédéraux et élus qui connaissent leur terrain.

Mais nous devons aussi construire une démarche collective, construire une cohérence politique, partager des lignes forces qui donnent corps à la construction d’une alternative dans nos villes. Je vous propose donc d’élaborer ensemble une charte commune à nos candidats et à ceux qui solliciteront notre soutien. Le parti jouera son rôle, Sarah Proust est notre secrétaire nationale à la reconquête des territoires épaulée par Pierre Jouvet et Sébastien Vincini qui animent le réseau des fédérations.

Mais c’est d’abord à vous, les élus, de vous impliquer pour construire cette charte. J’ai donc demandé à André Laignel, 1er vice-président de l’AMF, et à Sarah Proust de prendre tous les contacts, en lien étroit avec François Rebsamen, pour constituer le collectif d’élus qui pilotera l’élaboration de cette charte. Le parti dégagera des moyens et offrira un véritable service d’appuis aux candidat-e-s en partenariat avec les fédérations.

Et dans un an, à La Rochelle, nous aurons à nouveau une université de tous les militants. Et c’est ici que nous lancerons notre campagne des municipales ! Chers camarades, En politique rien n’est jamais définitif. Il n’y a pas de victoires définitives. C’est ce que les sociaux démocrates avaient fini par oublier. Nous étions persuadés que nos concitoyens n’accepteraient jamais de revenir sur les droits acquis. Que la marche vers le progrès humain était irréversible sur notre continent.

Nous avions pensé que le débat se limiterait à la nécessaire contagion de notre modèle audelà de nos frontières. Et nous n’avons pas vu venir d’autres fractures. Nous n’avons pas vu que nos lignes s’étiraient sur notre droite, sur notre gauche et que bientôt nous serions transpercés. Nous avons perdu le goût de la conquête. Nous nous sommes repliés sur nous-mêmes.

Nous avons préféré les batailles d’appareil aux guerres culturelles, les complots aux combats, les intrigues à l’Histoire. Et nous sommes entrés dans le temps de la défaite. Mais il n’y a pas de défaites définitives non plus. La politique c’est le rocher de Sisyphe. Chaque fois que nous saurons répondre à ces deux impératifs humains que sont le besoin d’être ensemble et d’écrire un avenir pour tous, notre rocher culminera. Chaque fois que nous nous écarterons des Français par de vaines querelles, notre rocher dévalera la pente. C’est ce que j’ai appris de nos victoires et compris de nos défaites.

Tirer les leçons, refuser la résignation, surprendre à nouveau, c’est maintenant notre feuille de route. Nous renouveler dans la fidélité à celles et ceux qui nous ont précédé, c’est maintenant notre devoir. Rien n’a jamais été donné à la gauche. Ce qui a été gagné a été conquis.

Nos ainés avaient le courage de ceux qui mènent le combat juste. Ils savaient qu’ils portaient quelque chose en eux qui ne peut être vaincu. C’est cette force-là, celle des valeurs que l’on défend sans complexe, des causes communes que l’on porte sans chercher à en tirer un bénéfice personnel, qui a donné le goût à des millions de femmes et d’hommes de consacrer leur vie à la gauche. Cette force-là elle est irrésistible !

Vive la gauche, vive la République et vive la France!

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La lettre de Georges Marchais suite à l’expulsion des maliens du foyer de Vitry

Dans l’Humanité du 7 janvier 1981, le secrétaire général du Parti communiste français George Marchais publiait une lettre ouverte qui fera grand bruit et qui est encore régulièrement citée à notre époque. Il y parlait d’immigration, la présentant sous un regard particulièrement critique.

C’est un exemple montrant comment le PCF a changé depuis, s’éloignant toujours plus de sa base ouvrière. Aujourd’hui, il a adopté la même position que l’Église catholique ou que les anarchistes au sujet des migrations.

En 1980, cela n’était bien sûr pas le cas. C’est que, malgré sa perspective nouvelle allant dans le sens de la soumission à François Mitterrand pour le « leadership » à Gauche, le PCF possédait encore une base ouvrière très forte. Il avait de nombreux liens avec la tradition historique du mouvement ouvrier, l’empêchant de se précipiter dans l’acceptation des phénomènes propres au capitalisme.

La lettre ouverte de George Marchais était une réponse au Recteur de la Mosquée de Paris, qui accusait, avec d’autres, le PCF de racisme.

Cela faisait suite à la fameuse expulsion de Maliens d’un foyer de Vitry-sur-Seine, en banlieue parisienne, deux semaines plus tôt. Il était évident à l’époque que la bourgeoisie manœuvrait pour concentrer un nombre important d’immigrés dans les quartiers ouvriers. Les municipalités communistes étaient particulièrement ciblées et entendaient ne pas se laisser faire.

Dans ce contexte, l’installation en catimini des Maliens au moment des fêtes de Noël avait été vécu comme une provocation insupportable. Ce qui s’était passé est simple : des militants communistes de la ville sont aller déloger de manière virulente les migrants, en leur expliquant qu’ils ne pouvaient pas décemment occuper un lieu qui ne leur était pas destiné.

Car, et cela a son importance, ces derniers venaient de Saint-Maur, qui était du point de vue des ouvriers de Vitry, une ville bourgeoise qui se débarrassait de « ses » Maliens. George Marchais expliqua ensuite dans sa lettre ouverte que le foyer de Vitry était en rénovation et que le mairie le destinait à des travailleurs français.

Le journal communiste local Le Travailleur présentait les choses ainsi :

« Les manifestants étaient là non seulement pour crier leur colère, mais pour mettre devant leurs responsabilités le préfet et le maire de Saint-Maur. Ainsi, avec un bulldozer, ils condamnèrent les grilles du foyer, qui n’auraient jamais dû être ouvertes ; l’eau, le gaz, l’électricité furent coupés… Guy Poussy, notamment, s’est adressé à eux (les Maliens), malgré l’hostilité violente du chef de tribu, pour les appeler à faire preuve de dignité : ‘Vous ne pouvez accepter de prendre des logements qui étaient réservés à de jeunes travailleurs français. Vous êtes de Saint-Maur. Vous devez donc agir avec nous pour être relogés à Saint-Maur. Vous n’avez pas d’autre choix’. »

La manipulation des autorités était donc grossière, et visait directement à diviser le peuple par le racisme, tout en utilisant les migrants pour affaiblir la classe ouvrière française.

Quarante ans après, il est évident que cela a en grande partie fonctionné. La fameuse banlieue rouge ceinturant Paris a été cassé. Il en est de même pour beaucoup de villes françaises où les cités HLM sorties de terre étaient ou étaient en train de devenir des bastions de la classe ouvrière.

Le Parti communiste ne faisait que se défendre, il avait bien vu que la bourgeoisie fabriquait sciemment des ghettos et que les traditions de la classe ouvrière étaient visées.

Cela a en grande partie contribué à l’effondrement du PCF, qui est passé en moins de vingt ans de la plus grande force de gauche, à plus grand chose.

La question de l’immigration a marqué un tournant dans les traditions de la Gauche française. Cette dernière a de plus en plus fait directement le jeu du capitalisme en soutenant ouvertement l’immigration, au prétexte de soutenir les travailleurs immigrés et lutter contre le racisme.

Cela n’a pas commencé en 1980-1981, mais justement cet épisode de Vitry, puis la lettre ouverte de George Marchais, ont marqué un tournant. Cela a permis d’unifier une grande partie de la Gauche et de l’extrême-gauche autour de la critique du PCF et de la défense unilatérale et libérale de l’immigration.

La Gauche a alors cessé d’être de gauche, pour être de plus en plus libérale sur le plan des valeurs, abandonnant toujours plus la classe ouvrière et les petites gens sur les questions économiques.

Le résultat à notre époque est simple. La sociale-démocratie a pris le chemin du capitalisme le plus assumé, avec des personnalités au pouvoir comme François Mitterrand, Lionel Jospin, puis François Hollande.

Les dirigeants des forces historiques de la Gauche qui n’assument pas aussi ouvertement le capitalisme, mais ne le refusent pas pour autant, sont surtout des postmodernes et postindustriels n’ayant pas grand chose à voire avec le socialisme et la classe ouvrière.

Le thème de l’immigration est pour eux un moyen de se prétendre social, tout en refusant de se tourner vers la classe ouvrière. Cela est bien sûr le cas aussi au PCF, avec une figure comme Ian Brossat comme chef de file aux prochaines élections.

La question des réfugiés est alors prise en otage de manière odieuse par ces gens qui mélangent tout et n’importe quoi, prétextant que n’importe quel jeune homme abandonnant son village dans l’espoir d’un avenir meilleur en France serait à mettre sur le même plan qu’une personne fuyant son pays dans lequel elle est persécutée pour ses idées.

De manière coloniale, ils se moquent littéralement du fait que l’immigration, et en l’occurrence, l’émigration, a contribué et contribue encore largement à maintenir des pays dans le sous-développement et la dépendance face aux grandes puissances.

Cela ne les intéresse pas de voir que l’immigration est utilisé par la bourgeoisie pour servir le capitalisme et casser les traditions ouvrières.

Cette lettre ouverte de George Marchais, malgré tout ce qu’on pourrait lui reprocher sur le plan culturel et sur le plan idéologique, a donc le mérite de rappeler des principes essentiels de la Gauche.

C’est un document très intéressant à connaître dans son intégralité, et pas simplement par des citations souvent tronquées et manipulées, dans un sens ou dans un autre.

« Monsieur le Recteur,

Vous m’avez envoyé un télégramme me demandant de condamner le maire communiste de Vitry et mettant en cause la politique de mon parti sur l’immigration. Ce message a été rendu public avant même que j’ai pu en prendre connaissance. C’est pourquoi je vous adresse cette lettre ouverte.

Tenant compte de la charge que vous occupez, je tiens d’abord à vous confirmer ma position, celle de mon parti, sur la religion. Je respecte, nous respectons la religion musulmane à l’égal de toutes les autres. Je sais que des centaines de milliers de travailleurs de mon pays professent l’Islam, qui est l’une des branches vivantes sur l’arbre millénaire de la civilisation.

Je me fais une règle de ne jamais intervenir dans des questions religieuses qui relèvent de la seule conscience des personnes ou des communautés. C’est donc seulement parce que vous avez adopté une position politique sur une question qui nous concerne que je prends la liberté de vous envoyer aujourd’hui, cette mise au point.

L’idéal communiste est effectivement opposé, comme vous voulez bien le reconnaître, à toute discrimination raciale ou religieuse.

Nous pensons que tous les travailleurs sont frères, indépendamment du pays où ils sont nés, de la couleur de leur peau, des croyances, de la culture, des valeurs ou des coutumes auxquelles ils sont attachés. Qu’ils s’appellent Mohamed, Kemal ou Jacques, Moussa, Mody ou Pierre, tous ont un droit égal à la vie, à la dignité, à la liberté.

Nous nous appliquons à nous-mêmes cette loi d’égalité. Tous les travailleurs immigrés, musulmans ou non, membres du Parti communiste français, ont dans ce parti les mêmes droits et mêmes devoirs que leurs camarades français.

Nul plus que nous en France n’a combattu le colonialisme. Pour ne parler que du Maghreb, dès la fondation de notre parti, nous luttions contre la guerre du Rif. Et, plus récemment, nous avons milité pour la constitution du Maroc et de la Tunisise en États indépendants ; nous nous sommes opposés à la guerre menée contre le peuple algérien par les capitalistes français et leurs politiciens, avec la férocité de leurs tortures, de leurs camps, de leurs massacres, de leurs dévastations.

Aujourd’hui, je m’honore d’entretenir de bonnes relations avec les dirigeants du mouvement de libération nationale. Je me suis rendu plusieurs fois en Algérie. J’ai parcouru l’Afrique. Et j’ai l’intention de développer encore cette action.

Je me suis particulièrement réjoui d’avoir contribué, l’été dernier, au nom du Comité de défense des libertés et des droits de l’homme, à la libération d’Abderrazak Ghorbal, le dirigeant syndicaliste tunisien. Avec ce comité, j’espère bien finir par obtenir justice pour Moussa Konaté, travailleur malien persécuté par l’arbitraire policier de M. Giscard d’Estaing.

En France même, c’est la CGT et nous qui combattons énergiquement la politique des patrons et du gouvernement, la surexploitation, les atteintes à la dignité, les brimades et les discriminations odieuses qui frappent les travailleurs immigrés. Nous le ferons toujours. C’est ce que j’ai réaffirmé, en juillet 1980, en m’adressant aux travailleurs immigrés de l’usine Renault à Flins.

Au vu de ces réalités, puis-je vous rappeler cette belle parole : « le feu de l’hospitalité luit pour le voyageur qui distingue la flamme » ?

Pour la clarté, sur le sujet dont parle votre télégramme, il me faut en premier lieu rétablir la vérité des événements.

Votre message fait état d’une « décision précipitée et irréfléchie » que le maire communiste de Vitry aurait prise à l’encontre de travailleurs immigrés maliens. Voilà une condamnation bien hâtive. De fait, l’histoire réelle est inverse. C’est un dimanche, avant-veille de fête, au moment même où les communistes étaient réunis au Bourget pour le soixantième anniversaire de leur parti, qu’un autre maire — non pas communiste, mais giscardien celui-là — a déclenché l’affaire en prenant la révoltante décision de chasser les immigrés maliens de sa ville de Saint-Maur et de les refouler clandestinement sur Vitry.

Pour parvenir à ses fins, cet individu n’a pas hésité à faire forcer — à l’insu du maire de Vitry et sans accord de la commission de sécurité — les issues murées d’un foyer au sujet duquel les négociations étaient officiellement engagées en vue d’y loger de jeunes travailleurs français.

Permettez-moi de vous le dire : comment se fait-il que vous n’ayez pas pris position contre le maire de Saint-Maur ? Je n’ose croire que c’est parce qu’il est un ami intime du président de la République française, qu’il a reçu deux fois en trois ans dans sa mairie. Il me faut bien constater toutefois, avec étonnement, que vous avez été plus prompt à organiser une manifestation contre un maire communiste qu’à prendre à partie les responsables des souffrances des immigrés en France, MM. Giscard d’Estaing, Stoléru ou le président du CNPF.

Aux côtés de la droite et de l’extrême-droite, avec les dirigeants socialistes, la CFDT, la FEN et des groupuscules, vous vous trouvez, je le déplore, au cœur d’une opération politicienne anticommuniste qui prend les immigrés comme prétexte et ne peut en définitive que leur nuire.

Je vous déclare nettement : oui, la vérité des faits me conduit à approuver, sans réserve, la riposte de mon ami Paul Mercieca, maire de Vitry, à l’agression raciste du maire giscardien de Saint-Maur. Plus généralement, j’approuve son refus de laisser s’accroître dans sa commune le nombre, déjà élevé, de travailleurs immigrés.

Cette approbation ne contredit pas l’idéal communiste. Au contraire.

La présence en France de près de quatre millions et demi de travailleurs immigrés et de membres de leurs familles, la poursuite de l’immigration posent aujourd’hui de graves problèmes.

Il faut les regarder en face et prendre rapidement les mesures indispensables. Ce qui nous guide, c’est la communauté d’intérêts, la solidarité des travailleurs français et des travailleurs immigrés. Tout le contraire de la haine et de la rupture.

Certains — qui défendent par ailleurs le droit de vivre au pays pour les Bretons ou les Occitans — prétendent que l’immigration massive de travailleurs est une nécessité, voire un bienfait du monde contemporain. Non, c’est une conséquence du régime capitaliste, de l’impérialisme.

Des millions d’hommes sont contraints au cruel exil en terre étrangère, loin de leur ciel et de leur peuple, parce qu’ils n’ont pas de travail chez eux. Dans beaucoup de leurs pays la colonisation, le développement inégal propre au capitalisme ont laissé des traces profondes ; même dans ceux d’entre eux qui s’engagent sur la voie d’un développement socialiste elles peuvent subsister pendant de nombreuses années.

Ou bien encore les capitalistes qui dominent certains pays exportateurs de main-d’œuvre ne veulent pas ou ne peuvent pas résoudre les problèmes économiques et sociaux de leurs peuples et préfèrent tirer des profits immédiats de l’immigration, tout en affaiblissant par ces départs la classe ouvrière ; ainsi au Portugal ou en Turquie, malgré la lutte des forces les plus conscientes.

Quant aux patrons et au gouvernement français, ils recourent à l’immigration massive, comme on pratiquait autrefois la traite des Noirs, pour se procurer une main-d’œuvre d’esclaves modernes, surexploitée et sous-payée. Cette main d’œuvre leur permet de réaliser des profits plus gros et d’exercer une pression plus forte sur les salaires, les conditions de travail et de vie, les droits de l’ensemble des travailleurs de France, immigrés ou non.

Cette politique est contraire tant aux intérêts des travailleurs immigrés et de la plupart de leurs nations d’origine qu’aux intérêts des travailleurs français et de la France. Dans la crise actuelle, elle constitue pour les patrons et le gouvernement un moyen d’aggraver le chômage, les bas salaires, les mauvaises conditions de travail, la répression contre tous les travailleurs, aussi bien immigrés que français.

C’est pourquoi nous disons : il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage. À cet égard MM. Giscard d’Estaing et Stoléru font le contraire de ce qu’ils disent : ils contribuent à l’entrée clandestine organisée de travailleurs dépourvus de droits et soumis à une exploitation honteuse et inhumaine.

Je précise bien : il faut stopper l’immigration officielle et clandestine, mais non chasser par la force les travailleurs immigrés déjà présents en France, comme l’a fait le chancelier Helmut Schmidt en Allemagne fédérale.

Nous disons également : il faut donner aux travailleurs immigrés les mêmes droits sociaux qu’à leurs camarades français. Nos propositions en ce sens sont les plus avancées qui soient.

Et nous disons encore : il faut instituer un nouvel ordre économique et politique mondial.

Il faut une coopération fondée non sur les exigences de profits des trusts et sur des conceptions colonialistes, mais sur des rapports équitables correspondant en priorité aux besoins d’emploi et de développement de la France et des peuples du tiers monde. Cette question, vous ne pouvez l’ignorer, me tient particulièrement à cœur.

En même temps et dans le même esprit nous disons : il faut résoudre d’importants problèmes posés dans la vie locale française par l’immigration.

En effet, M. Giscard d’Estaing et les patrons refusent les immigrés dans de nombreuses communes ou les en rejettent pour les concentrer dans certaines villes, et surtout dans les villes dirigées par les communistes. Ainsi se trouvent entassés dans ce qu’il faut bien appeler des ghettos, des travailleurs et des familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes.

Cela crée des tensions, et parfois des heurts entre immigrés des divers pays. Cela rend difficiles leurs relations avec les Français.

Quand la concentration devient très importante — ce qui n’a rien à voir, soit dit au passage, avec la notion non scientifique et raciste d’un prétendu « seuil de tolérance » dont nous ne parlons jamais — la crise du logement s’aggrave ; les HLM font cruellement défaut et de nombreuses familles françaises ne peuvent y accéder. Les charges d’aide sociale nécessaire pour les familles immigrées plongées dans la misère deviennent insupportables pour les budgets des communes peuplées d’ouvriers et d’employés.

L’enseignement est incapable de faire face et les retards scolaires augmentent chez les enfants, tant immigrés que français. Les dépenses de santé s’élèvent.

Les élus communistes, dans le cadre de leurs droits et de leurs moyens, multiplient les efforts pour résoudre ces problèmes difficiles au bénéfice de tous. Mais la cote d’alerte est atteinte : il n’est plus possible de trouver des solutions suffisantes si on ne met pas fin à la situation intolérable que la politique raciste du patronat et du gouvernement a créée.

C’est pourquoi nous exigeons une répartition équitable des travailleurs immigrés entre toutes les communes.

Parler à ce propos d’électoralisme, c’est nous faire injure. Notre position ne date pas d’aujourd’hui. Dès octobre 1969, quand j’étais chargé de l’immigration à la direction du Parti communiste français, les maires communistes de la région parisienne et les élus communistes de Paris ont adopté, sur ma proposition, une déclaration dénonçant la concentration des travailleurs immigrés dans certaines villes et demandant une répartition équilibrée.

Si elles avaient été appliquées par le pouvoir, ces mesures, pour lesquelles nous n’avons cessé de lutter, auraient permis d’éviter les difficultés actuelles.

Encore un mot sur le racisme. Rien ne nous est plus étranger que ce préjugé antiscientifique, inhumain, immoral. Non, il n’existe pas de races d’élite et de races inférieures.

Ne partagez-vous pas l’indignation qui me soulève quand je considère les activités malfaisantes des passeurs, des trafiquants, des marchands de sommeil qui entassent des immigrés dans des conditions violant toutes les règles d’hygiène, de sécurité, de voisinage et que M. Stoléru laisse agir sans entraves comme les négriers d’autrefois ? Ce sont des délinquants qu’il faut réprimer.

Et n’éprouvez-vous pas le même dégoût que moi à la lecture d’une « petite annonce » comme celle que le journal «Libération» publiait récemment sous le titre : « Immigrés sex service », et que la décence m’interdit de reproduire ? Comme j’aimerais que nous soyons, chacun au nom de notre idéal respectif, du même côté contre des gens capables de bassesses aussi abominables, et, j’ose le dire, d’une telle barbarie !

Tout ce que la morale humaine réprouve avec force, l’inégalité, l’injustice, le mépris, la cruauté, nous le repoussons, nous le combattons. C’est pourquoi, dans les entreprises et les cités, nous invitons les travailleurs immigrés et français non pas à se combattre entre eux, mais à unir leurs forces contre leurs vrais ennemis communs, les exploiteurs et ceux qui les servent.

Nous les appelons à tracer ensemble le sillon, à l’élargir sans cesse, pour libérer tous les hommes et toutes les femmes de la servitude et de la haine. C’est le sens de notre lutte pour la justice. De très nombreux prolétaires musulmans la comprennent et la soutiennent.

Veuillez agréer, Monsieur le Recteur, mes salutations.

Georges Marchais. »

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Université d’été 2018 du PCF à Angers

Le PCF tient son université d’été à Angers et à la lecture du programme, on voit qu’il a encore beaucoup d’ambitions. Les thèmes reflètent l’émergence de toute une génération post-post-communiste pour ainsi dire : on est cette fois plus que bien loin de la question ouvrière, du socialisme comme collectivisation des moyens de production. Le PCF s’est maintenu, mais pour servir de tremplin à autre chose, un autre chose en train de se former.

A noter que les salles du campus universitaire ont été renommées pour l’occasion, souvent avec des figures du mouvement décédées il y a peu. On a ainsi les salles :

-Aragon/Arsène-Tchakarian : Louis Aragon est un célèbre écrivain ayant été une figure historique du PCF pendant la Résistance et après, Arsène Tchakarian est quant à lui un résistant, membre des FTP-MOI et décédé le 4 août dernier ;

-Paul-Boccara : Paul Boccara, décédé l’année dernière, était un historien et un économiste qui fut un haut dirigeant du PCF, ayant notamment théorisé sa critique du « capitalisme monopoliste d’Etat » dans les années 1970 ;

-Antoine-Casanova : Antoine Casanova est un autre historien ayant fait partie de la direction du PCF, il est également décédé l’année dernière ;

-Djamila-Bouhired :Djamila Bouhired est une membre du FLN algérien, ayant fait partie des réseaux organisant des attentats meurtriers dans des lieux publics ;

-Benoît-Frachon : Benoît Frachon fut un haut dirigeant du PCF, ayant participé à la Résistance et dirigé la CGT de 1945 à 1967 ;

– Gerda-Taro: Gerda Taro était une photographe connu pour ses photos de la guerre d’Espagne ;

– Marcelle & René-Hilsum : il s’agit d’éditeurs liés au surréalisme ;

– Dolores-Ibarruri : Dolores Ibárruri fut une responsable du Parti Communiste d’Espagne, connu pour son discours où elle lança le mot d’ordre « No pasaran » ;

– Jack-Ralite : Jack Ralite, décédé l’année dernière, fut ministre PCF entre 1981 et 1984 ;

– Jean-Pierre-Kahane, décédé l’année dernière, fut un mathématicien ; membre du PCF depuis 1946, il en avait dirigé la revue Progressistes consacrée notamment aux sciences.

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Politique

Allemagne : Sahra Wagenknecht lance une Gauche non postmoderne

Sahra Wagenknecht, une figure de la Gauche allemande, lancera le 4 septembre 2018 un mouvement intitulé « Aufstehen », c’est-à-dire « Se lever », afin de faire pression sur les partis de Gauche.

La particularité de ce mouvement à naître, qui a déjà la sympathie virtuelle de 80 000 personnes, n’est pas tant de relever d’une certaine forme de populisme, que de se placer ouvertement en dehors des thématiques postmodernes et postindustrielles.

Sahra Wagenknecht affirme en effet notamment que l’ouverture aux migrants avait comme but le dumping social, que cela a renforcé la précarisation sociale des couches les plus défavorisées, que la migration concerne également particulièrement les couches sociales les plus éduquées de pays du tiers-monde qui se voient ainsi littéralement pillés.

Cela provoque évidemment des cris d’orfraie dans le camp postmoderne et postindustriel, qui l’accuse de développer la même approche que l’extrême-droite. En réalité, Sahra Wagenknecht, a parfaitement compris que le risque était désormais le même en Allemagne, où effectivement les couches les plus précarisées du peuple se tournent vers l’AFD (Alternative für Deutschland), le nouveau parti d’extrême-droite.

« Qui veut la démocratie doit arracher le pouvoir à la mafia financière »

Si Sahra Wagenknecht a cette approche particulière, c’est que son parcours n’est pas forcément commun. Née en République Démocratique Allemande, où elle est mal à l’aise avec le système au point de ne pas pouvoir étudier, elle rejoint cependant le SED, le parti ayant dirigé la RDA, au début de l’année 1989.

Puis, elle a participé à l’aile gauche du prolongement du SED, valorisant systématiquement le parcours du mouvement ouvrier en Allemagne, la création de la RDA et ses acquis sociaux, ainsi d’ailleurs que la révolution russe et même l’URSS de Staline. Cette formation reste marquée et l’accusation de « néo-stalinisme » à l’encontre de Sahra Wagenknecht est relativement courante.

Sur le facebook de Sahra Wagenknecht : « Le 8 mai 1945 a été le jour de la libération d’un système hostile à l’humanité, la domination violente national-socialiste. Ce jour doit enfin devenir un jour férié, comme jour du recueillement, de l’avertissement – et du souvenir de combien il est important de s’impliquer pour la paix et la compréhension entre les peuples. Plus jamais la guerre ! Plus jamais le fascisme ! »
Sur le facebook de Sahra Wagenknecht (la photo montre le monument à Volgograd, l’ex-Stalingrad) : « Aujourd’hui il y a 75 ans se terminait la bataille de Stalingrad. En tout la guerre fasciste d’anéantissement a coûté la vie de nombreux millions de victimes du côté soviétique. Mais au lieu de participer à ce jour du souvenir à Volgograd aujourd’hui, le gouvernement explique suite à notre question que la responsabilité pour cette attaque ne doit pas être assumé en général, car elle n’aurait été que « seulement dans certains cas criminelle » et qu’il faut la placer dans le cadre des « opérations militaires ». Cette réécriture de l’histoire est particulièrement dangereuse de par le message qui en ressort – les guerres d’anéantissement sont réprouvés, mais selon cette lecture pas un crime, seulement une situation où peuvent se produire des actes criminels, évidemment des cas particuliers. Cette position est au plus haut point cynique et avant tout dangereuse dans un monde où il y a encore des guerres d’attaque et des innocents tués – que ce soit au Yémen ou à Afrin. L’histoire nous avertit – Plus jamais la guerre ! Plus jamais le fascisme ! »

Au-delà de cet arrière-plan, Sahra Wagenknecht se positionne concrètement sur des revendications sociales très fortes, rappelant fortement celles de la social-démocratie allemande des années 1970. Il reste à voir ce que proposera Aufstehen,

Cependant, si son site ne dit pas encore grand-chose, donne la parole à des gens du peuple qui donnent le ton, et cela se veut absolument moderne, et non postmoderne.

Voir un mécanicien automobile tatoué avec un t-shirt du Sea Shepherd, par exemple, c’est tout de même autre chose que l’image d’Epinal donné par la CGT en France du travailleur borné se résumant aux merguez et aux revendications seulement économiques.

Voici également ce que Sahra Wagenknecht disait en mai 2018 dans une interview à la Frankfurter Woche :

« Die Linke ne doit pas devenir un néo-parti Verts tourné vers le lifestyle qui méprise les traditions et l’identité des « petites gens ».
Nous devons reconnaître que les problèmes auxquels font justement face les plus pauvres au quotidien – la concurrence pour des jobs mal payés et des appartements abordables, le manque de sécurité publique – ne sont clairement pas apparus avec la crise des réfugiés de 2015-2016, mais se sont souvent aggravés avec cela.

Et c’est naturellement un problème quand dans les quartiers les plus pauvres jusqu’à 80 % des enfants allant pour la première fois à l’école ne parlent pratiquement pas l’allemand. Ou bien quand des prédicateurs de la haine d’un Islam radicalisé fournissent déjà à des enfants de cinq ans une vision du monde dirigée contre toutes les valeurs fondamentales de notre vivre-ensemble. »

On est là extrêmement loin de la Gauche en France actuellement, où tant le PS que le PCF ou La France insoumise, sans parler d’EELV ou de Benoît Hamon, sont des partisans acharnés des thématiques postmodernes et postindustrielles. Mais l’avenir ne leur appartient pas : la Gauche ne peut que se réaffirmer par le mouvement ouvrier, son histoire, son parcours, ses valeurs.

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Politique

Alain Soral et le « Raptor », produits de la décadence complète de la société française

À la toute fin du mois de juillet, Dieudonné et Alain Soral ont organisé une conférence de presse payante trois euros pour annoncer que la bastonnade entre le second et le youtubeur « Raptor » aura lieu le 20 octobre. Le « Raptor », lui, était aux Maldives en vacances et a rejeté Dieudonné comme organisateur du combat, accusant Alain Soral d’être un lâche ne répondant pas aux messages textos. Il ne veut plus entendre parler d’Alain Soral par conséquent.

C’est un épisode de plus dans le scénario grotesque de l’affrontement à coups d’insultes, de menaces, de paranoïa et d’inculture entre une extrême-droite tellement raciste anti-arabe qu’elle en fait sa cause unilatérale, et une extrême-droite purement antisémite.

Dignes équivalents hystériques de la gauche « postmoderne » et « postindustrielle », ces gens sont le pur produit, littéralement surréaliste, de la décadence complète de la société française. Dieudonné a ainsi lors de la conférence de presse expliqué que l’État israélien visait à la destruction des nations, des familles, de l’humanité entière, Alain Soral dénonçant David ayant tué Goliath au moyen d’une fronde au lieu de se battre à la loyale !

C’est un exemple assez édifiant de l’anti-civilisation que représente l’extrême-droite, rempli d’individualités cherchant à devenir des porte-paroles plébéiens ayant assez d’écho pour parvenir au pouvoir.

C’est la base intellectuelle, si l’on ose utiliser ce terme, de cette fuite en avant dans l’explication paranoïaque du monde. Incapable de voir la question des idées, le « Raptor » ne voit en Alain Soral qu’un « baboucholâtre », Alain Soral voyant en le « Raptor » le vecteur de réseaux sionistes et de regroupements visant les ratonnades.

Ce sont des équivalents directs de Donald Trump, de cette vague conservatrice radicale cherchant à mobiliser en disant qu’il n’est pas besoin de culture, qu’il suffit de l’identité. Ce n’est même plus du nationalisme, mais une sorte de beauferie radicalisée.

Si jamais on se demande pourquoi beaucoup de gens ont voulu malheureusement croire en Emmanuel Macron aux présidentielles, c’est justement parce que l’image de la construction européenne est de maintenir le flambeau de la civilisation, de renforcer le cadre institutionnel. Face aux tendances de repli identitaire, cela semble plus moderne, même si imparfait…

Benoît Hamon et EELV ont très bien compris cette sensibilité de la Gauche et cherchent à en profiter. Mais c’est une illusion : seul le socialisme peut, réellement, concrètement, balayer l’inculture, établir des normes morales et culturelles.

C’est le capitalisme qui produit les valeurs du « raptor » et d’Alain Soral, avec leur style strictement parallèle à celui des rappeurs véhiculant les pires clichés. C’est le capitalisme qui anéantit la culture et ne tolère que la superficialité.


Tous ces gens doivent être mis au pas ; les attitudes guignolesques sont une insulte à toute une culture accumulée et dont les figures sont notamment Montaigne, Racine ou Diderot. L’existence en 2018 d’une telle expression barbare est un scandale historique.

Il faut réorganiser la société ; l’État doit le faire, mais là il ne le peut pas. Seule la reconstruction de l’État sur une base sérieuse, par la classe ouvrière, avec le peuple à la base, peut empêcher les forces de la déliquescence de triompher.

Il est intéressant d’ailleurs de voir Alain Soral l’avoir relativement senti aussi, en dénonçant lors de la conférence de presse les jeunes ne respectant pas les aînés, appelant à la réconciliation nationale et au refus complet de la guerre civile. Cela, bien entendu, en prenant l’antisémitisme comme idéologie, sur le modèle du national-socialisme allemand.

C’est bien là la risque : si la Gauche authentique – pas celle postmoderne, postindustrielle – n’établit pas le socialisme, la démagogie antimoderne et nationaliste l’emportera, comme dans les années 1930.

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Culture

21 août 1968 : l’invasion de la Tchécoslovaquie à l’initiative de l’URSS

Il y a cinquante ans, le 21 août 1968, la Tchécoslovaquie connaissait un coup de poignard dans le dos par l’invasion des troupes soviétiques, polonaises, hongroises, bulgares et est-allemandes, avec 400 000 hommes, plus de 6000 chars et 800 avions.

C’était le second assassinat de ce pays après les accords de Munich de 1938, qui donnait le champ libre aux armées hitlériennes pour dépecer le pays. Il ne s’en remettra jamais et lorsque le bloc soviétique s’effondrera, il se divisera en République tchèque et en Slovaquie, sans aucun référendum, sur la simple décision des gouvernants.

Tel était la conséquence de l’asséchement de toute démocratie en Tchécoslovaquie à la suite de l’invasion décidée par l’URSS afin de briser le « Printemps de Prague », dont l’une des figures principales fut Alexander Dubček. Ce mouvement de vaste libéralisation économique et culturelle, en vue d’un « socialisme à visage humain » au moyen d’une ouverture à l’économie de marché, présentait le risque pour l’URSS d’un affaiblissement de sa domination pratiquement coloniale organisée de manière systématique dans les années 1960.

Avec l’invasion, la Tchécoslovaquie devenait directement une colonie soviétique.

Le « Printemps de Prague » était la conséquence directe d’une très longue tradition démocratique en Tchécoslovaquie. Non seulement ce pays avait été le premier où le protestantisme émergeait en possédant une telle base populaire qu’il s’ensuivra des révoltes paysannes bousculant toute l’Europe centrale, avec les « hussites », mais qui plus est il était une république très développée économiquement dans les années 1920 à la suite de l’effondrement austro-hongrois, dont le président Tomáš Masaryk était un symbole connu en Europe alors.

Sa révolution de 1948 en fit le modèle des « démocraties populaires » et en rapport à la population, le Parti Communiste était numériquement le plus puissant du monde.

Il était évident qu’aucune intervention extérieure ne pouvait écraser cette longue tradition et, en pratique, les troupes restantes après août 1968 vécurent entièrement à l’écart d’une population hostile à son encontre.

Les conséquences historiques furent également immenses dans l’Europe de l’est. Les populations slaves voyaient toujours d’un œil favorable la Russie, même si elle était tsariste, d’où souvent la reprise des couleurs panslaves, dans la foulée du congrès panslave de Prague en 1848. Par la suite, le prestige de l’URSS était immense et servait de ferment fédérateur.

L’intervention de l’URSS dans les années 1960 et la politique russe agressive a anéanti tout ce patrimoine et réactivé la balkanisation de l’ensemble des pays de l’est européen.

Il n’est pas un pays qui n’a pas de soucis frontaliers ou de population avec son voisin, les nationalismes sont outranciers et parfois radicalement expansionnistes ; la haine des peuples entre eux est très largement cultivée par les dominants.

C’est aussi une conséquence de la perte du gigantesque prestige qu’avait l’URSS après 1945 à la suite de l’invasion de la Tchécoslovaquie, un pays historiquement et culturellement d’ailleurs extrêmement proche des Russes qui plus est.

L’invasion de la Tchécoslovaquie en août 1968 a eu un impact très conséquent sur la Gauche française. Pour la gauche anticommuniste, c’était la preuve que l’URSS avait une nature mauvaise à la base ; pour la gauche maoïste, c’était la preuve que l’URSS avait changé de nature et était devenue un « social-impérialisme ».

Pour le PCF, cette histoire devait être passée sous silence le plus vite possible en raison des larges oppositions internes apparues alors au sujet de l’invasion : en pratique, c’est le début de son déclin, surtout après sa position vigoureusement opposé aux étudiants et aux grèves dures en mai et en juin 1968.

Pour les anarchistes et les trotskistes, le « Printemps de Prague » formait une révolution manquée de plus, à ajouter à la panoplie romantique des causes censées avoir été trahies.

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Politique

« Egalité & Réconciliation » et le capitalisme des « nomades »

Égalité & Réconciliation est le nom du mouvement fondé en 2007 par Alain Soral, dans l’élan de son soutien à la campagne présidentielle de Jean-Marie Le Pen et du Front National, auprès duquel il a tenté de pousser une ligne néo-gaulliste maquillée formellement derrière un populisme gauchisant.

Egalité et réconciliation

Un autre point notable est qu’E&R se fait le défenseur d’un nationalisme non ethnique sur le plan formel. Ce refus de l’ethnicité pousse aussi à développer quelques tentatives pour modérer un antisémitisme assumé, en refusant théoriquement l’antisémitisme racial et exterminateur, en distinguant rhétoriquement « oligarchie » et « juifs du quotidien » ou en distinguant « juifs » et « sionistes ».

Soudée presque immédiatement à son soutien en faveur de Dieudonné en particulier, Égalité et Réconciliation (E&R), bien qu’aujourd’hui en déclin, a entre-temps connu un succès important, parvenant aujourd’hui à revendiquer plusieurs milliers de membres, sans compter ses sympathisants sur les plateformes vidéo comme YouTube. Dans la pratique, la notoriété d’Alain Soral a été construite par une activité régulière, se présentant sous la forme de longs monologues commentant ses lectures et ses humeurs sur un canapé rouge devant une sorte de peinture, qu’il a d’ailleurs déclinée en produit commercial.

L’habitude a aussi été prise de veiller à son physique et son ton, pour le faire passer pour un « dur », un « écorché », un « mâle viril » et aussi son look, en particulier ses T-shirts, occasion de manifester ses lubies du moment sur le ton généralement de la dérision et de la provocation, et volontiers avec une grande vulgarité à peine dissimulée.

E&R est donc d’abord une plateforme internet, un site particulièrement fréquenté, relayant les vidéos et les « informations » de sites du milieu nationaliste dans lequel gravite E&R, allant des catholiques nationalistes virulents, à Alain de Benoist, des royalistes de l’Action française, aux nationalistes-révolutionnaires comme Serge Ayoub.

Ce que E&R désigne ainsi par la « gauche du travail », c’est l’anti-capitalisme romantique le plus convenu et le plus cacophonique, structuré néanmoins autour de son anti-matérialisme. La « droite des valeurs » se résume à un soutien de plus en plus ouvert aux milieux catholiques violemment intégristes et en particulier Civitas. E&R entend aussi être une plateforme de synthèse entre des militants de « gauche » rejetant tant la gauche institutionnelle que « marxiste » (considérée en l’espèce surtout par les mouvements et les partis issus de la tradition trotskiste), avec une stratégie volontariste d’attirer la « gauche nationale » à la Chevènement, et plus encore celle à la sauce France Insoumise (ou « FI »), pour la faire basculer dans le nationalisme. Voilà pour la trame de fond.

Au plan des valeurs et des idées développées, E&R affiche un anti-capitalisme, mais sans s’opposer ni à l’économie de marché, ni à la bourgeoisie, ce qui en dit long sur la valeur réelle d’une telle dénonciation du capitalisme.

Refusant le matérialisme historique, Alain Soral et ses soutiens tentent d’amalgamer tout ce qui peut construire une vision historique « alternative ». La préférence d’Alain Soral va clairement à une sorte de développement des thèses de Dumézil sur la prétendue tripartition traditionnelle chez les indo-européens, mixée avec des thèses « impériales » que l’on retrouve aussi chez Gabriel Martinez-Gros, ou Bernard Lugan.

Egalité et réconciliation

Ces auteurs structurent l’histoire autour d’un vaste et « éternel » conflit entre sédentaires constituant des civilisations, des « empires », et nomades les pillant, tout en leur assurant le développement commercial et la fourniture de guerriers ou d’esclaves.

Soral ajoute en quelque sorte à ce « nomadisme » le « capitalisme bancaire » dont il a présenté sa vision dans Comprendre l’Empire, qui en serait une sophistication moderne et européenne, dans la mesure où précisément, l’Europe à partir de la féodalité, échapperait à ce schéma sédentaire/nomade. Mais Soral le « restaure » en faisant de l’essor des villes et de la bourgeoisie, un « nomadisme » parasitaire dont le « juif » serait l’incarnation la plus aboutie.

Toute l’ambition politique de E&R vise donc à « geler » l’essor du capitalisme, vu non comme un développement interne de ses propres forces, développant parallèlement ses propres contractions, mais comme un « ordre » naturel, presque immobile, idéal, divin pour ainsi dire, ou du moins « naturel », qu’il faudrait retrouver, en éliminant le « parasite », donc la « banque », le « nomadisme », c’est-à-dire le « Juif », avec la force collective de la « nation », cadre politique « naturel » du développement harmonieux des sociétés humaines et de leur aspiration au « socialisme ».

C’est là, on le reconnaît aisément, une perspective d’extrême-droite, visant à dévier vers le nationalisme les mobilisations issues des luttes de classes, avec l’antisémitisme comme « socialisme des imbéciles ».

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Culture

La chanson espagnole « El quinto regimiento »

« El Quinto Regimiento », c’est-à-dire le cinquième régiment, a été fondé en catastrophe le 18 juillet 1936, à la suite du coup d’État franquiste. La République ne pouvait plus faire confiance à une armée largement sous influence des partisans du coup d’État.

Des unités furent constituées à partir de la base populaire elle-même et le cinquième régiment est directement issu des Milices Antifascistes Ouvrières et Paysannes produites par le Parti Communiste d’Espagne. Il devint le fer de lance de la République et joua un rôle très important durant la guerre civile, notamment sur les fronts de Madrid, d’Extramadure, d’Aragon et d’Andalousie.

El dieciocho de julio
en el patio de un convento
el partido comunista fundó
el Quinto Regimiento.

Estribillo :

Venga jaleo,
jaleo suena la ametralladora
y Franco se va a paseo,
y Franco se va a paseo.

Con Líster, el Campesino,
con Galán y con Modesto
con el comandante Carlos
no hay miliciano, con miedo.

Estribillo

Con los cuatro batallones
que Madrid están defendiendo
se va lo mejor de España
la flor más roja del pueblo.

Estribillo

Con el quinto, quinto, quinto,
con el Quinto Regimiento
madre yo me voy al frente
en la línea de fuego.

Estribillo

C’est le 18 juillet
Dans le cloître d’un couvent
Que le parti communiste
Fonde le Vème régiment

Refrain : On ouvre le bal
Que chante la mitrailleuse
Et Franco fuit sous les balles
Et Franco fuit sous les balles

Avec Lister, el campesino
Avec Galàn, avec Modesto
Avec le commandant Carlos
Le milicien jamais ne tremble

Refrain

Avec les quatre bataillons
Qui défendent Madrid
Combat le meilleur de l’Espagne
La fleur la plus rouge du peuple

Refrain

C’est avec le Vème, le Vème
C’est avec le Vème régiment
Mère que je pars au front
Sur la première ligne de feu

Refrain