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François Ruffin ou le populisme assumé

Le Parti Communiste Français (PCF) tente de se maintenir coûte que coûte malgré les coups de boutoir de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Pour ce faire a été notamment mis en place « une revue d’action politique du PCF », qui a comme nom « Cause commune« .

Il s’agit d’une revue d’intellectuels post-post-marxistes, c’est-à-dire relativement jeunes, coupés de toute tradition historique, mais saupoudrant leurs remarques de références à Karl Marx, à Octobre 1917, sans jamais de lien avec un quelconque contenu, mais afin de s’approprier une image de « gauche de la gauche ».

Son dernier numéro est consacré au populisme, une idéologie qui est revendiquée par la France Insoumise et notamment par François Ruffin dans une interview reproduite ici. C’est l’ancien dirigeant trotskyste Ni définition pertinente, ni projet d’avenir pour la gauche« .

C’est que le PCF est d’accord pour ne pas vouloir un retour aux fondamentaux – ce que nous, nous trouverons au contraire juste – mais il se considère comme post-mouvement ouvrier, pas comme une rupture totale avec le passé comme la France Insoumise et avec elle François Ruffin.

Fakir se revendique du « populisme de gauche » mais, si l’on en croit un entretien de 2016, bien avant d’avoir lu Chantal Mouffe. Par quel chemin y parvenez-vous ?

Je me souviens l’éditorial de Serge July dans Libé le lendemain du référendum de 2005 sur le traité de Rome. Amer devant la victoire du « non », il parle d’« épidémie de populisme ». À ce moment, pour moi, « populiste » renvoyait au « prix du roman populiste » qui récompense une œuvre qui « préfère les gens du peuple comme personnages et les milieux populaires comme décors à condition qu’il s’en dégage une authentique humanité ».

Populiste était pour moi un mot noble, pas une injure. Par ailleurs, ce mot décrivait parfaitement bien l’idée que je me faisais de mon activité de journaliste : peindre les vies populaires avec empathie. Chez Serge July, le mot servait à dénoncer, à condamner le peuple pour n’avoir pas été assez rationnel.

D’où l’idée chez moi de retourner le stigmate et de ne pas faire de ce mot un épouvantail. Voilà pourquoi avec Fakir, on n’a pas hésité à se dire « populistes », en précisant que nous étions populistes de gauche. Preuve au passage que le populisme n’élimine pas le clivage gauche-droite.

Qu’est-ce que le populisme pour vous ?

Le populisme, c’est d’abord une pratique. Une histoire. Chez les Whirlpool, certains ouvriers disent du mal des « assistés », etc. Il existe un clivage entre « nous », les ouvriers, et « eux », les assistés. Pratiquer le populisme, c’est leur proposer un autre adversaire.

Il s’agit pour moi de reconstruire un autre « nous ». Le « nous » des simples, des gens, des petits, etc. Cela fonctionnait ainsi avant les années 1980. Mais après, on a commencé à nous dire que cette manière de voir était archaïque, dépassée, etc. Au contraire, il faut y revenir, revenir au conflit entre les petits et les gros.

Et les classes sociales dans tout ça ?

Parler du peuple n’empêche pas de parler de classe. S’il faut parler de peuple, il faut aussi avoir conscience de sa diversité sociologique interne. Pour conquérir l’hégémonie, il faut réussir à dépasser deux divorces au sein du peuple.

Pour le dire vite, le divorce entre les « profs » et les « prolos », les deux cœurs sociologiques de la gauche. Et le divorce dans les milieux populaires entre enfants d’immigrés et enfants d’ouvriers des campagnes.

Parler de « peuple », abstraitement, ne risque-t-il pas de contribuer à rendre invisibles les classes populaires ?

La faible représentation des classes populaires est un problème général. Il n’y a qu’à regarder la composition des différents partis ou mouvements à gauche. C’est un problème de fond : comment rend-on la parole et un rôle aux classes populaires ? Comment fait-on monter des ouvriers, des aides-soignantes, etc., en responsabilité ?

Est-ce qu’il faut recréer des écoles de parti ? Compter sur la formation syndicale ? Je n’ai pas de recette toute faite. Juste, accuser le « populisme » de les rendre invisibles, ça me paraît à côté de la plaque.

Chantal Mouffe dit vouloir rénover la social-démocratie. Partagez-vous cet objectif ?

Je lis les livres de Chantal Mouffe. J’y prends des choses, mais pas tout. En ce qui concerne la social-démocratie, ce n’est pas pour moi un mot à dénigrer.

Le problème, c’est qu’il est revendiqué par des gens qui ne sont ni sociaux ni démocrates. Jaurès parle d’un « réformisme révolutionnaire », ce qui me va bien. Mais il manque évidemment la préoccupation écologique.

*François Ruffin est député (FI) de la Somme et rédacteur en chef de Fakir.

Entretien réalisé par Florian Gulli.

Cause commune n° 3 – janvier/février 2018

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Politique

La lutte corporatiste de l’UNEF contre la sélection universitaire

Le syndicat étudiant UNEF a mis en ligne un site afin de critiquer la sélection universitaire. Le choix du nom de domaine de ce site en dit long sur le populisme, puisqu’il s’agit de sélection-université.lol.

L’absence de contenu n’étonnera pas quand on sait que le congrès d’Aubervilliers du Parti socialiste se tient bientôt et que les partisans de Benoît Hamon et de son mouvement génération-s s’agitent beaucoup pour obtenir une certaine influence.

Voici d’ailleurs l’argumentaire mis en avant sur le site produit par l’UNEF pour dénoncer la sélection. On y voit une argumentation particulièrement bornée, utilisant l’écriture inclusive pour revendiquer les droits étudiants, sans jamais mettre en perspective le sens de la réforme par rapport au capitalisme et à ses exigences.

C’est une vision corporatiste, défendant les seuls intérêts des étudiants en tant qu’individus ayant le droit, par définition, de faire ce qu’ils veulent. C’est une déformation complète du principe de la lutte pour une éducation populaire, accessible, mais donc avec un certain contenu.

Ce n’est pas sans rappeler les récents propos de Hervé Christofol, le secrétaire général du principal syndicat d’enseignants du supérieur, le Snesup. Un sénateur de droite demandait en effet il y a dix jours que le nombre de postes à l’université soit corrélé aux emplois disponibles suite à ces études.

La réaction de Hervé Christofol a été de dire :

« C’est l’Etat qui planifierait les carrières des gens ? On se croirait en RDA du temps des soviétiques ! »

C’est une vision libérale, qui nie que les études, les emplois, sont définis par le capitalisme, et qui déforme la gauche pour la transformer en service après-vente du capitalisme, ainsi qu’en Père Noël venant agrandir la possibilité des souhaits individuels.

La mise en place de la sélection à l’entrée des filières “en tension”

Cette réforme remet en cause le principe de libre accès à l’université qui garantit à chaque titulaire du baccalauréat de pouvoir poursuivre les études, dans la filière de son choix à l’université.

Désormais, lorsque les demandes seront supérieures au nombre de places dans une filière, les universités trieront les étudiant-e-s sur dossier, et en fonction de l’avis du conseil de classe du lycée, entre ceux qui pourront accéder à cette filière, et ceux à qui on répondra “non”, en les empêchant de poursuivre leur projet d’étude.

Cette sélection ne concernera pas uniquement les quelques filières en tension citées habituellement (droit, santé, psycho, staps). Pour rappel, cette année ce sont 169 filières qui ont été “en tension” à la rentrée 2017 : ce serait donc d’ors et déjà ces 169 filières qui pourraient avec cette disposition de la loi sélectionner l’année prochaine. Pire, face au manque de moyens budgétaires et à la hausse des effectifs étudiants, le nombre de filières en tension va certainement s’accroître.

Ainsi, à court terme, ce sont la majorité des filières qui pourraient sélectionner à l’entrée de l’université, et fermer la porte à des milliers de jeunes.

Le “oui, si” : les universités imposeront une année supplémentaire à certain-e-s étudiant-e-s

Le constat est partagé, il est urgent de remédier aux 60% d’échec en licence. Pourtant les mesures annoncées ne sont pas à la hauteur de cette ambition puisque l’on nous fait croire qu’il faudrait changer les étudiant-e-s plutôt que l’université.

En effet, la réforme de l’accès au premier cycle universitaire mettra en place une nouvelle réponse possible sur APB : « oui,si ». Les universités pourront sélectionner sur dossier d’un côté les étudiant-e-s qui pourront faire leur licence normalement, en trois ans, et de l’autre côté, les étudiant-e-s à qui l’on imposera une année de remise à niveau, qui rallongera leur cursus universitaire, et entraînera des coûts financiers inabordable pour de nombreux-ses étudiant-e-s.

Au lieu de mettre en place des dispositifs pédagogiques pour tou-te-s les étudiant-e-s sur la base du volontariat, le gouvernement fait encore une fois le choix d’imposer des dispositifs particuliers et d’entériner un enseignement supérieur à multiples vitesses.

Nos bourses en danger avec la mise en place d’un “contrat pédagogique”.

Un “contrat de réussite pédagogique” sera désormais signé entre les universités et chaque étudiant-e. En fonction de la réussite ou non de l’étudiant-e durant ses examens, des années d’études ou des modules supplémentaires seront imposées à l’étudiant-e, ce qui accentuera un peu plus l’individualisation des diplômes, et ses bourses pourraient même lui être retirées.

Derrière ce contrat, une logique : si l’on échoue à l’université, c’est de notre responsabilité en tant qu’étudiant-e, et il faudrait ainsi mettre en place des sanctions supplémentaires. Cette logique nie la responsabilité de l’Etat et des universités, qui ne mettent pas en place des conditions d’études de qualité, nous permettant de réussir et de progresser.

Nos droits étudiants en danger avec la mise en place de licences à la carte

Le gouvernement souhaite créer des licences à la carte: dans une même filière d’un même établissement les étudiant-e-s n’auront pas les mêmes cours, le même nombre d’heures d’enseignement. Le gouvernement souhaite en profiter de cette individualisation des diplômes pour supprimer les rattrapages et la compensation des matières, des droits fondamentaux aujourd’hui pour les étudiant-e-s pour nous permettre de réussir.

Au-delà de supprimer des droits fondamentaux, cela va créer des inégalités entre les étudiant-e-s d’une même filière, car nos diplômes ne seront pas les mêmes! Ainsi, nos chances d’avoir une insertion professionnelle  de qualité ne seront pas les mêmes car nos diplômes n’auront pas la même valeur.

Par ailleurs, tous les établissements ne pourront pas mettre en place les mêmes enseignements, ce qui va accentuer les inégalités qui existent déjà entre les universités.

La réduction des voeux sur APB: des milliers de bachelier-e-s seront sans affectation

Le gouvernement souhaite limiter le nombre de vœux qu’il est possible de faire sur APB et d’enlever la possibilité de les hiérarchiser. Cette mesure, combinée à la possibilité pour les universités de sélectionner à l’entrée des filières “en tension”, va aggraver le nombre d’étudiant-e-s orienté-e-s dans des filières par défaut ou bien sans proposition d’inscription.

Cette mesure ne permettra donc pas « un accès plus juste et plus transparent dans le supérieur », comme le prétends le ministère, mais empêchera à des milliers de jeunes l’accès à l’enseignement supérieur.

Prétendre vouloir accueillir tou-te-s les étudiant-e-s sans investissement budgetaire suffisant … De qui se moque-t-on ?

Alors que le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche est débattu à l’assemblée nationale, celui-ci est en totale contradiction avec les objectifs affichés par le gouvernement.

Alors que plus de 15 établissements sont dans une situation budgétaire particulièrement difficile selon la Cours des Comptes, les locaux des universités sont vétustes, que les amphithéâtres sont surchargés et que des milliers de jeunes n’ont obtenu d’inscription à l’université en cette rentrée, l’augmentation prévisionnelle du budget des université est largement insuffisante.

En effet, le ministère prévoit d’investir 1 milliard d’euros ans l’enseignement supérieur durant la totalité du quinquennat, alors qu’il faudrait un investissement de deux milliards d’euros par ans aux universités pour pouvoir fonctionner et accueillir tou-te-s les étudiant-e-s!

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Culture

La chanson « Un jour de paix » du groupe 113 (2005)

Le mouvement hip-hop français a été depuis ses origines dans les années 1980 une des rares tentatives de faire émerger un courant artistique populaire à peu près digne de ce nom.

Bien entendu, et malheureusement, pris dans les nasses du capitalisme, ce courant n’a jamais été non plus en mesure d’assumer les valeurs d’émancipation qu’il entend porter en reflétant, de manière expressionniste, le réel du vécu et les valeurs des classes populaires urbaines en général, et selon sa propre mythologie, des quartiers périphériques des grandes métropoles, élevés dans les années 1960-1980, connus sous le nom de « cités ».

L’expressionnisme de ce mouvement est d’abord la clef de la réussite et du formidable écho rencontré par ce courant, qui dépasse largement la seule dimension des couches urbaines populaires, pour toucher l’ensemble des masses de notre pays.

Mais cette réussite sociale s’accompagne aussi de son effondrement, et de sa pure et simple annexion à la culture de masse capitaliste, combinée aux assauts réactionnaires ouverts à la promotion des mafias, des trafics et des religions, en particulier de l’islam, sous une forme virulente et patriarcale-agressive.

Cette double évolution est bien sûr repérable dans d’autres sociétés du capitalisme avancé au stade de l’impérialisme, sous des formes parfois différentes.

Il n’empêche que le hip-hop reste en mesure de proposer un espace d’expression populaire d’une envergure tout à la fois remarquable et qui est à reconnaître pour telle. C’est ainsi l’exemple du titre « un jour de paix » du groupe de rap 113, sorti en 2005.

Le groupe en question est un collectif formé de trois amis d’enfance, issu d’une cité de la banlieue parisienne, rue Camille Groult à Vitry-sur-Seine (du nom d’un agro-industriel local de la fin du 19e siècle, dont l’outil a fusionné depuis dans le groupe Tipiak).

113 étant le numéro du bloc où ils ont passé leur enfance. Le groupe est parvenu à développer un esprit authentique, reflétant la dignité et les difficultés de la vie telle qu’exprimées dans leur propre cadre de vie, ce qui lui a valu une reconnaissance populaire très forte, autant locale que nationale.

Pour autant, la fascination pour le grand-banditisme, l’argent facile, teintée de pseudo-valeurs du soi-disant code de « l’honneur » mafieux, parfois aussi du refuge sectaire dans l’islam, ne sont jamais très loin.

Mais le groupe a néanmoins réussi à produire de beaux morceaux comme ce titre, publié dans l’album « 113 degrés » sorti chez Jive Epic, une société de Sony Music France, dirigée par Laurent Rossi, ce qui en dit déjà long sur la récupération alors déjà irrémédiable de ce groupe par les monopoles capitalistes de l’entertainment.

Cet album marque toutefois le point haut de la popularité du groupe avant sa totale bascule dans l’expressionnisme le plus décadent, surfant depuis sur la réaction identitaire ou le cosmopolitisme commercial.

« Un jour de paix » est une ode à l’espoir au-delà des difficultés de la vie dans la grisailles des cités HLM et de manière générale, dans celle des métropoles de la France actuelle. Le clip illustre cette description, par le concret qui prend en quelque sorte Vitry comme miroir de notre société tout entière, en particulier de notre jeunesse urbaine, de ses tensions, de ses solitudes et de sa détresse mais aussi de ses valeurs, notamment populaires.

Et le clip met en particulier à l’honneur l’aspiration des masses à la vie paisible, à la rencontre des cultures, à l’éducation et aux arts, à la solidarité et au vivre ensemble. Même les références à Dieu du chanteur invité Black Renégat (ou Blacko, du groupe du Val-d’Oise Sniper) le sont sous la forme d’une base déiste pour l’expression de la justice et comme refuge, certes vain, de l’espoir.

Impossible en tout cas pour toute personne de gauche de ne pas être touché par l’expressionnisme positif, et mélancolique, qui se dégage de cette chanson, de ne pas voir l’immense aspiration populaire pour les valeurs démocratiques et pacifiques, au-delà des mailles de la société capitaliste qui les entravent et limitent leur horizon et leur portée.

Impossible de ne pas sentir toute la force populaire qui attend de se libérer dans la bonne direction et de s’émanciper des formes capitalistes qui malheureusement les enserrent et les dégrade.

 [Refrain : Blacko]
Si la paix pouvait embrasser ce monde juste un jour
Une trêve, une pause pour que l’on sache après quoi on court
Sait-on encore c’que signifie l’amour ?
J’ai bien peur que non, Dieu nous le montre tous les jours…
La planète tourne à l’envers, ça m’fait peur
Voyez vous les flammes de l’enfer frères et sœurs
Ne lui vendez pas vos âmes

[Couplet 1 : Rim’K]
J’aimerais dire qu’les clés du bonheur s’trouvent pas dans les billets d’banque
Voir tous ces gens libérés d’la peur qui les hante
Qui aiment la vie mais celle-ci leur a fait un baiser mortel
Quelques rimes que tu peux comparer aux larmes du soleil
Un jour de paix, tant qu’y’aura des hommes et des femmes qui s’aiment
Mon cœur c’est pas une télécommande
Nous on veut tous une femme présente, même dans la tourmente
Chacun regagne son domicile, comme les tranchées
Ta couleur de peau peut faire de toi un étranger
Tu trouves ça normal ? Moi j’me sens chez moi n’importe où
Citoyen du monde avec peu d’moyens mais libre au moins
Au fond d’moi j’ai du mal à comprendre
Quand j’vois ces mômes mal vêtus, mal nourris, victimes de maltraitances
Vitry, mon cadre de vie rongé par l’trafic d’l’amour au compte goutte
Comme les aides humanitaires pour l’Afrique
Au coeur d’l’incendie, suffit pas d’s’lever du bon pied
Traverse les flammes courageux et brave comme un pompier

[Refrain]
Si la paix pouvait embrasser ce monde juste un jour
Une trêve, une pause pour que l’on sache après quoi on court
Sait-on encore c’que signifie l’amour ?
J’ai bien peur que non, Dieu nous le montre tous les jours…
La planète tourne à l’envers, ça m’fait peur
Voyez vous les flammes de l’enfer frères et sœurs
Ne lui vendez pas vos âmes

[Pont : Rim’K & Blacko & AP]
Comment rester insensible ?
La violence déborde, changer l’attitude de l’être humain est-ce possible ?
Comment rester insensible ?
Une vie minable dans un quartier minable mais pour la paix tant qu’c’est possible

[Couplet 2 : Blacko]
En tant que rasta man, je mène mon combat
J’veux la paix, l’amour mais pour le diable j’ai des coups de ton-ba
J’lâcherai pas l’affaire, non je ne baisserai pas les bras
J’y croirai dur comme fer même quand mon cœœur s’arrêtera
Un jour de paix pour nos fils
Un jour de paix pour nos filles
Un jour sans que tout parte en vrille
Un jour sans pleurs, sans haine, sans peur, sans peines
Un jour où tombe Babylone system

[Couplet 3 : AP]
J’suis un être humain comme tout l’monde
J’m’arrête aux choses sensibles
Tu sais que même avec le temps les plus rebelles s’assagissent
J’veux voir d’la joie au lieu d’la haine dans les yeux des gens
J’ai d’la peine quand j’regarde les infos, et vois c’qui s’passe sur d’autres continents
J’vis là où les jours s’confondent avec la nuit
Là où aussi on laisse peu d’chances aux plus démunis
Aux orphelins qui retrouvent l’amour dans un foyer secondaire
Dès leur enfance, bercés par la colère d’un père
Toutes nos valeurs sont écoulées dans les ZUP
Une violence urbaine au milieu des nôtres
Rêve d’une terre sans discriminations, sans conflits
Tend la main à ceux dans la solitude
Comme ce p’tit paralysé sur un lit, qu’on voit qu’le bonheur ce second souffle
Y’a des gens qui souffrent, et qui font pas semblant
Pour tous les pays en guerre, j’agite le drapeau blanc
Baissez les armes, séchez vos larmes pour un jour de paix c’est maintenant

[Refrain]
Si la paix pouvait embrasser ce monde juste un jour
Une trêve, une pause pour que l’on sache après quoi on court
Sait-on encore c’que signifie l’amour ?
J’ai bien peur que non, Dieu nous le montre tous les jours…
La planète tourne à l’envers, ça m’fait peur
Voyez vous les flammes de l’enfer frères et sœurs
Ne lui vendez pas vos âmes

[Pont : Rim’K & Blacko]
Comment rester insensible ?
La violence déborde, changer l’attitude de l’être humain est-ce possible ?
Comment rester insensible ?
Une vie minable dans un quartier minable mais pour la paix tant qu’c’est possible

[Outro]
Ohohoh yeah …man
113, Blacko
9-4, 9-5
Gotcha music
Ghetto youth progress
Yeah man
Comment veux-tu qu’la terre tourne à l’endroit si nos cerveaux marchent à l’envers man ?
Reaction, reaction !

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Culture

Virginie Despentes : Baise-moi (1993)

En 1946, Boris Vian obtenait un véritable succès d’édition avec ses 120 000 exemplaires vendus de J’irai cracher sur vos tombes. Un roman ignoble, qui raconte des viols et des meurtres. Au début des années 1990, Virginie Despentes a repris le principe.

Mais, afin de choque davantage, elle raconte le parcours de femmes, qui apprécient de se prostituer, de coucher avec n’importe qui même des hommes leur déplaisant. Qui apprécient la zoophilie, ou le fait de se faire frapper. Qui aiment tuer, en le revendiquant comme une forme d’esthétisme.

Jusqu’au meurtre d’enfant. Car, tant qu’à choquer, Virginie Despentes est allé jusqu’au bout de l’ignominie. Avec succès : plus de 40 000 exemplaires de vendus et un grand prestige dans les milieux « branchés ». En ayant été épaulé alors par les journalistes Patrick Eudeline et Thierry Ardisson, deux figures adeptes de la transgression, du côté sombre, etc.

Ainsi, en 2012, Mohammed Merah tuait de sang-froid des enfants à Toulouse, parce que Juif. En 1993, Virginie Despentes raconte comment des femmes complètement détraquées assassinent sans raison, tuant notamment un enfant.

On aurait tort de ne pas voir ici la théorie, là la pratique. Quand on raconte avec froideur le meurtre d’un enfant, avec toute la satisfaction de l’assassin, sa joie, sa « dignité » de « rebelle », on a des responsabilités.

Et quant on écrit des lignes qui banalisent la zoophilie, la prostitution, le meurtre gratuit, la consommation permanente d’alcool fort et de drogues, on contribue à quelque chose, à une mentalité.

Surtout quand l’écriture se réduit à raconter en jouant sur les affects. Le roman n’a aucune recherche technique sur le plan littéraire. Ce sont des mots dits à l’oral mis à l’écrit, avec des insultes pour le pittoresque, de la sexualité morbide pour fasciner dans un mode racoleur, appelant aux plus bas instincts.

C’est ce qu’on appelle tout simplement de la pornographie. Et pourtant cela a été considéré comme un roman. A lire Baise-moi, on a donc l’impression que, finalement, pour écrire un roman il n’est pas besoin de savoir écrire. Ni même d’avoir quelque chose à dire. Il suffit d’exprimer un scepticisme complet, de considérer son propre corps comme un objet, de se situer en-dehors du monde.
On dira que ce n’est alors pas un roman et on aura raison. La noirceur de Baise-moi n’a comme équivalent que la barbarie de l’État islamique. C’est vide, sans contenu.

Et le fait que Virginie Despentes n’ait cessé de mettre en avant ses prétendues valeurs de « gauche » en rapport avec ce vide est un véritable problème historique. La page wikipedia sur le roman présente celui-ci comme étant « progressiste » :

« Ce livre fait partie d’une nouvelle littérature (tel le roman La Vie sexuelle de Catherine M. de Catherine Millet) qui affirme un « néo-féminisme revendicatif » en montrant une sexualité agressive et la désacralisation du corps féminin. »

Le féminisme serait donc quand les femmes voient leur corps de l’extérieur, comme un objet qu’elles pourraient prostituer « librement ». Quelle folie. Et des femmes meurtrières, ce serait une « affirmation ». Quelle absurdité.

Et quelle conséquence catastrophique. Car, si l’on y regarde bien, malheureusement les seuls écrivains qui ont tenté d’exprimer une critique de la société qui ait du sens et qui soit avec une écriture de qualité sont de droite.

Balzac, Barbey d’Aurevilly, Drieu La Rochelle, pour n’en citer que trois dont le romantisme peut être très noir – formant ainsi le modèle à l’arrière-plan de la prétention pathétique de Virginie Despentes – étaient très profondément réactionnaires, dans le sens où ils idéalisaient le passé.

C’était une erreur, mais au moins il y avait un projet de société. Avec la « gauche » de l’alcool et des drogues, de la prostitution et du libéralisme culturel – dont Virginie Despentes est un exemple – il n’y a aucun projet, à part une fuite en avant permanente.

Comment s’étonner après que la gauche ne soit présentée comme l’appendice d’un capitalisme sans coeur, sans âme ?

Balzac, Barbey d’Aurevilly, Drieu La Rochelle auraient dû être de gauche et, de fait, dans leur description de la réalité, ils auraient pu l’être s’ils avaient suffisamment de connaissances. Mais comment les auraient-ils eu si la gauche elle-même ne les a pas ?

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« Les journées ouvrières des 9 et 12 Février 1934 »

Voici un extrait de l’ouvrage de Marc Bernard, Les journées ouvrières des 9 et 12 Février 1934 (« L’appauvrissement révolutionnaire de Paris »). Il fut publié dans la foulée de ces journées qui suivent la tentative de coup d’Etat par l’extrême-droite le 6 février 1934.

«  Depuis plusieurs années le centre de Paris, la ville proprement dite, est devenu réactionnaire. Le 6 février on vit ce phénomène curieux se manifester avec une force d’une puissance inouïe, d’un Paris entièrement soumis aux organisations de droite.

Cette brusque volte-face d’une capitale que l’on avait toujours connue à l’avant-garde des révolutions, de cette ville qui avait fait celles de 1793, de 1848, de la Commune, a étonné certains, qui n’ont pas très bien vu les causes de ce changement d’orientation politique.

Les réactionnaires ont triomphé, prétendant avoir conquis Paris à leurs méthodes ; les gens de gauche et d’extrême-gauche ont été navrés et inquiétés par ce reniement de tout un passé de lutte.

La vérité c’est que Paris, peu à peu, et plus particulièrement au cours de ces vingt dernières années, a vu émigrer vers la banlieue sa population ouvrière.

Ce qu’on appelle « la ceinture rouge » s’est formé au détriment des forces révolutionnaires de la capitale, de jour en jour envahie par l’élément bourgeois qui, débordant certains quartiers du centre de la ville, s’est répandu bien au-delà de ses premières frontières, et par la foule de petits-bourgeois : employés, boutiquiers, etc., dont le nombre n’a cessé de croître.

La population ouvrière, artisanale, des faubourgs Saint-Antoine et même dans un certaine mesure de Belleville, Ménilmontant, etc., est allée se grouper dans la banlieue autour des usines ; une partie de cette population, quoique travaillant aux portes de Paris, s’est exilée dans les innombrables lotissements qui entourent la ville, fort éloignés parfois du lieu de leur travail, les moyens de communications rapides ne faisant plus de cet éloignement un obstacle insurmontable.

Cette émigration, sans cesse croissante, explique le changement d’orientation politique de la capitale ; Paris tend, de jour en jour davantage, à devenir une ville d’intellectuels, de bourgeois, de commerçants et d’employés : et l’on sait bien que ce n’est jamais parmi ces gens-là que le socialisme a recruté de nombreux adeptes.

Il est remarquable que, malgré l’énorme avance du socialisme, qui dura jusqu’à ces dernières années dans le monde entier, et particulièrement en France où le nombre d’élus socialistes au Parlement, au Sénat, dans les conseils municipaux de la presque totalité des villes, Paris à peu près seul, ait vu réactionnaires augmenter avec une constante régularité.

En dehors même de la répartition des sièges – monstrueuse iniquité qui exige plus de dix mille votants dans certaines circonscriptions, alors que moins d’un millier suffisent dans d’autres pour élire un conseiller – il n’en reste pas moins vrai que cette émigration ouvrière dans Paris, avec le glissement vers la droite des étudiants, coupés entièrement aujourd’hui du prolétariat.

Les combats du 6 février furent menés par une foule – en dehors des quelques éléments communistes qui furent rapidement absorbés – où dominait une écrasante majorité bourgeoise. Il suffisait de jeter un regard sur elle pour s’en apercevoir.

Le 12 février devait voir à Vincennes le regroupement des forces prolétariennes et populaires. »

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Politique

Aymeric Caron fonde le Rassemblement des Ecologistes pour le Vivant

Aymeric Caron, dont la philosophie est une sorte d’écologie décroissante s’inspirant très librement des écrivains russe Tolstoï et américain Thoreau, a fondé un parti politique, dénommé « rev », Rassemblement des Ecologistes pour le Vivant.

Il se définit comme un « Parti écologiste antispéciste et non-violent, pour la justice économique globale et les droits des humains, des non humains et des écosystèmes ».

En voici le document fondateur, qui ne se revendique par ailleurs pas de gauche, mais d’une sorte d’apolitisme au-dessus des partis, avec comme objectif de se présenter aux élections européennes de 2019.

C’est, à n’en pas douter, une initiative de plus à ajouter dans la liste des partis « modernes » et « progressistes » qui n’en ont strictement rien à faire des valeurs et traditions de gauche, considérées comme dépassées, fausses, périmées, etc.

Le REV : un nouveau parti écologiste, au service du vivant

8 février 2018

*Version longue de La Tribune publiée dans Le Monde du 9 février 2018:

L’écologie politique est dans l’impasse en France. Europe Ecologie les Verts a perdu aujourd’hui la crédibilité nécessaire pour porter le projet d’une société réinventée autour du respect de la planète et de tous ses habitants, humains comme non humains. Les guerres d’ego et les calculs mercantiles n’expliquent pas à eux seuls ce fiasco.

Une des principales faiblesses d’EELV réside dans son mode de pensée dépassé : ce parti prône encore une écologie trop anthropocentrée, qui prétend que la nature est au service de l’homme. Si nous devons sauver la planète, ce serait donc uniquement en raison des services qu’elle nous rend.

D’après cette conception, les animaux non humains, les mers et les forêts ne sont que des « ressources » qu’il faut prendre soin de ne pas épuiser trop vite. De ce fait, EELV s’accommode du modèle économique néolibéral et de sa violence intrinsèque, se contentant de lutter contre ses conséquences les plus néfastes pour la planète – ce qui explique sa participation à des gouvernements libéraux. On peut qualifier ce modèle d’ « écologie molle ».

Résultat : la défense des droits des animaux n’avance pas d’un pouce, l’industrie continue à faire la loi sur notre agriculture, notre politique énergétique reste indéfectiblement liée au nucléaire, la destruction de la biodiversité s’accélère, en même temps que la pollution de l’eau, de l’air et des sols.

Ces sujets devraient faire la une de l’actualité, mais ils n’y occupent qu’une place accessoire. Les gouvernements qui se succèdent n’y accordent pas la moindre importance, en dépit de quelques effets d’affichage qui ne peuvent tromper que les naïfs.

La France vient par exemple d’être rappelée à l’ordre par Bruxelles pour non-respect des normes européennes sur la qualité de l’air, tandis qu’elle manque de fermeté face aux perturbateurs endocriniens et qu’elle accorde de plus en plus de droits aux chasseurs, alors même que la majorité des Français demande une remise en cause de leurs privilèges.

Il y a peu pourtant, 15 000 scientifiques de 184 pays signaient une tribune pour interpeller sur la gravité de la situation en cours, à savoir cette sixième extinction de masse du vivant en 540 millions d’années, dont nous sommes les responsables.

Quelques chiffres pour le comprendre. Entre 1990 et 2015, la surface des forêts mondiales – indispensables notamment au stockage de CO2 et à la biodiversité – a diminué de 129 millions d’hectares, ce qui équivaut à la surface de l’Afrique du Sud.

La disponibilité d’eau douce par habitant a diminué de moitié depuis le début des années 60. Les trois dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées et le réchauffement climatique risque d’atteindre 4 degrés à la fin du siècle.

Nous avons déclenché la sixième extinction de masse du vivant depuis 540 millions d’années : il y a cent ans, on dénombrait 20 millions d’éléphants et 500 000 lions en Afrique ainsi que 100 000 tigres en Asie. Aujourd’hui, il ne reste que 500 000 éléphants et 20 000 lions en Afrique, et 3200 tigres à l’état sauvage en Asie.

Une baisse d’effectifs qui dépasse les 95% à chaque fois. Si nous ne changeons rien à nos pratiques, les grands mammifères sauvages auront disparu de la surface de la Terre dans quelques décennies.

Quant aux océans, ils pourraient être vides de poissons d’ici trente ans. De manière globale, au cours des 40 dernières années, les populations de vertébrés ont baissé de 60% sur la planète.

Nous tuons tout ce qui nous entoure, et nous nous tuons aussi par la même occasion, en raison de pratiques industrielles barbares : la pollution de l’eau et de l’air engendre chaque année la mort de plus de 12 millions de personnes dans le monde, les pesticides en tuent 200 000 et l’antibiorésistance 700 000.

Face à l’indifférence des partis de gouvernement qui continuent à promouvoir les politiques responsables de la catastrophe, et pour répondre aux manquements des partis écologistes actuels, s’impose la nécessité d’une nouvelle formation qui défende les intérêts du vivant sous toutes ses formes, le bonheur individuel et collectif, la non-violence, la liberté de chacun à s’épanouir dans sa singularité et dans le respect d’autrui.

Il convient de créer un espace d’expression et de rassemblement pour tous les citoyens, de plus en plus nombreux, éveillés à la perspective d’un monde nouveau à inventer autour de ces valeurs. Dans ce but, le Rassemblement des Ecologistes pour le Vivant (REV) voit aujourd’hui le jour.

Il ne s’agit pas d’une énième entreprise de recyclage d’hommes, de femmes et d’idées vus et entendus depuis des années. Le REV est porteur d’une écologie nouvelle, radicale, que nous nommons « essentielle ».

Cette écologie s’interroge sur nos devoirs à l’égard de toutes les formes du vivant, auxquelles nous reconnaissons une valeur intrinsèque, indépendamment de l’utilité immédiate que nous pouvons en retirer.

Toute parcelle de vie possède en effet a priori le même droit que chacun d’entre nous à persévérer dans son existence, et l’appartenance à l’espèce dominante ne nous autorise en rien à détruire une vie animale ou végétale sans nécessité absolue.

Cette écologie est métaphysique car elle souhaite repenser la place de l’homme dans le cycle du vivant en l’appelant à l’humilité, et en lui demandant d’endosser le rôle de tuteur de de toutes les formes de vie, puisque nous avons désormais sur elles le pouvoir de destruction ou de préservation.

Cette écologie essentielle est antispéciste : elle réclame une égalité de considération pour tous les animaux non humains sensibles, qu’ils soient chiens, chats, poules, cochons, vaches, moutons, lapins, renards, loups, sangliers, visons ou requins.

Cela implique des droits fondamentaux pour chacun des individus animaux non humains, à commencer par le droit de vivre et celui de ne pas être maltraité.

Actuellement nous élevons et tuons chaque année plus de 70 milliards d’animaux non humains terrestres, et nous pêchons 1000 milliards d’animaux marins, dans le seul but de satisfaire nos estomacs et ainsi que les intérêts de grands groupes agro-alimentaires. Est-il encore moralement acceptable de jouir ou de s’enrichir sur le calvaire de milliards d’êtres vivants sensibles ?

L’écologie du XXIème siècle se doit de militer pour la fin de ce que le philosophe Jacques Derrida n’hésite pas à nommer le « génocide des animaux » : il convient de réclamer la suppression de la corrida, l’interdiction de la chasse, des zoos, des animaux dans les cirques, de la vivisection, et bien évidemment la fin programmée de la viande grâce au lancement d’une transition agricole vers un modèle entièrement végétal.

L’écologie essentielle ne se contente pas de militer pour les animaux : elle propose d’accorder une identité juridique à toutes les expressions du vivant avec lesquelles nous interagissons : les systèmes écologiques de la planète, mais aussi les « communs planétaires » tels que l’air ou les océans.

A ce titre, nous souhaitons la reconnaissance par le droit international du crime d’ « écocide », c’est-à-dire de l’atteinte à un écosystème, afin de faire condamner les dirigeants d’entreprises et les politiciens complices qui polluent, cancérisent, exproprient ou détruisent des terres.

Notre constitution nationale doit par ailleurs intégrer le respect de la planète comme l’un de nos impératifs. A ce titre, les énergies fossiles et nucléaires doivent évidemment être entièrement abandonnées au plus vite et remplacées par des énergies renouvelables.

L’écologie essentielle est porteuse d’un projet global qui ne se limite pas à protéger ce qu’on appelle maladroitement « l’environnement ». Elle est une philosophie de société qui prône la fin de l’exploitation sous toutes ses formes : exploitation de la nature, des animaux, mais aussi des humains.

Or les inégalités extrêmes explosent : selon l’ONG Oxfam, 82% des richesses créées dans le monde l’an dernier ont profité aux 1% les plus riches, tandis que la moitié de la population mondiale n’en a tiré aucun bénéfice. Et nous connaissons tous désormais ce chiffre: les 1% les plus riches de la planète possèdent à eux seuls la moitié de la richesse mondiale.

A rebours d’une conception progressiste de l’humanité, l’idéologie libérale a fait de l’égoïsme et de la compétition ses principes moteurs. L’écologie essentielle propose au contraire de mettre en place une politique de l’empathie et de la coopération : réduction des inégalités, renforcement des mécanismes de solidarité, consolidation et amélioration des services publics de santé, d’éducation, de transport et de culture.

Le projet qui doit concentrer notre attention est celui de l’épanouissement personnel de chaque individu. Il nous faut laisser de côté la question : «combien cela va rapporter, et à qui ? » et privilégier la seule qui vaille : « cela va-t-il contribuer au bonheur réel ? ».

L’écologie essentielle et l’antispécisme s’inscrivent dans la continuité de toutes les luttes qui ont permis, depuis des siècles, l’augmentation de notre sphère de considération morale afin d’y intégrer des catégories d’humains jusque-là rejetées : combat pour les droits des femmes, pour l’abolition de l’esclavage, pour la fin de la ségrégation raciale, ou pour les droits des homosexuels.

Le REV porte le projet d’un nouveau progrès moral de l’humanité. Il milite pour une réduction substantielle du temps de travail, la décroissance de notre consommation, le renouvellement des pratiques démocratiques, le partage équitable des richesses avec un revenu d’existence doublé d’un plafonnement des plus hauts revenus, l’instauration d’un gouvernement mondial ou encore la fin progressive des frontières qui séparent les hommes.

Nous, signataires de cette tribune et fondateurs du Rassemblement des Ecologistes pour le Vivant, n’avons aucune ambition politique personnelle : les places ne nous intéressent pas. Nous souhaitons simplement favoriser l’expression d’un mouvement de pensée révolutionnaire pour les droits du vivant.

Nous désirons que cette pensée infuse l’espace public. La création d’un parti politique et la participation à des élections nous semble une étape pour cela. Le REV propose de faire émerger une nouvelle génération d’élus que le mandat unique et non renouvelable ne détournera pas de sa mission altruiste, au service des autres.

L’objectif du REV est d’être présent aux prochaines élections européennes, en 2019, et d’y incarner l’alternative écologiste. Afin de n’être prisonnier de personne, le REV ne s’appuie sur aucune structure politique ou associative existante. Il ne bénéficie donc à sa création d’aucun moyen financier.

Il se développera au gré des volontés individuelles, et de toutes ces énergies fatiguées d’être empêchées de rêver un avenir meilleur pour les hommes, les animaux non humains, et la nature.

Malena AZZAM, ancienne porte-parole de l’association PEA (Pour l’Egalité Animale), Aymeric CARON, journaliste et écrivain, Benjamin JOYEUX, juriste en droit de l’environnement

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Politique

Des armes de guerre lors de la surveillance de la manifestation étudiante du 8 février 2018 à Nantes

Dans le cadre de la lutte actuelle à l’université de Nantes, un communiqué a été diffusé suite à l’intimidation militariste de la police lors d’une manifestation.

Communiqué de presse du personnel de l’université contre la répression du mouvement étudiant.
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Protestation contre la présence d’armes de guerre aux abords de la manifestation étudiante du 8 février 2018 à Nantes

Ce jeudi 8 février après-midi, à Nantes, des étudiants et lycéens au nombre d’environ 600 ont entrepris une nouvelle manifestation contre la réforme des modalités d’accès à l’université.

Alors qu’ils défilaient pacifiquement sans constituer la moindre menace pour quiconque, ils ont dû faire face, au niveau de la Faculté des sciences, à un important dispositif policier.

Et, comme en témoigne la photographie jointe, certains des CRS en présence étaient équipés de fusils d’assaut.

Rappelons que la dotation en fusils d’assaut des forces de police chargées de l’ordre intérieur a été initiée en 2016 au seul motif « qu’elles pouvaient être amenées à intervenir en premier sur une scène d’attentat, avant l’arrivée des forces d’élite spécialisées ».

Ce qui ne justifie donc en rien la présence de telles armes dans un dispositif de maintien de l’ordre voué à assurer la sécurité publique aux abord d’une manifestation d’étudiants et de lycéens.

Après les deux précédentes manifestations des 1er et 6 février repoussées par des effectifs policiers dont le volume disproportionné a d’ailleurs été souligné par la presse locale, c’est un nouveau pas particulièrement inquiétant qui a été franchi.

Au nom du principe selon lequel « Qui ne dit mot consent », nous, enseignants-chercheurs, enseignants, doctorants, personnels de l’Université de Nantes, nous élevons pour condamner fermement la présence d’armes de guerre lors des manifestations de nos usagers étudiants.

Nous appelons notre Président, M. Olivier Laboux, à prendre une position publique à ce sujet et à saisir Mme la Préfète des conditions actuelles du maintien de l’ordre autour de nos campus.

Au motif que manifester est un droit constitutionnel et qu’opposer des armes de guerre à une contestation étudiante nous paraît former une atteinte grave et lourde de conséquences au pacte citoyen, nous appelons également l’ensemble des personnels de l’Université de Nantes à se joindre à un débrayage de protestation sur les lieux de travail le mercredi 14 février, de 8 h à 10 h.

Collectif informel de personnels et doctorants, syndiqués ou non syndiqués, opposés, favorables ou indifférents à la réforme en cours des conditions d’accès à l’université

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Société

L’abolitionnisme comme théorie libérale de justification du cannabis

Depuis les années 1970 et à un rythme accru depuis les années 1990, la question de la légalité de l’usage des drogues travaille la gauche.

Le vieux débat sur la dépénalisation du cannabis prend un tour nouveau ces derniers jours avec l’annonce d’un prochain débat parlementaire portant sur des peines d’amende se substituant à la prison pour les consommateurs de drogues illégales.

En fait, loin de constituer un débat démocratique ouvert, cette question est influencée par un courant dominant : l’abolitionnisme. Il s’agit d’un mouvement universitaire à la base, animé par des juristes, des politologues, des sociologues, des gestionnaires, des psychologues, des philosophes, etc.

Ce courant de la pensée libérale est influant aux plus hauts niveaux de pouvoirs, ceux des Etats et au delà, dans des instances interétatiques, comme le Conseil de l’Europe.

L’abolitionnisme propose de substituer la justice civile, c’est-à-dire celle des contrats, à la justice pénale chargée des crimes et des délits, chaque fois que cela est jugé possible.

S’appuyant sur une critique soi-disant radicale de la société dans les pays industrialisés, l’abolitionnisme apparait avant tout comme une critique de la prison, mais va en réalité bien au delà.

En premier lieu, il s’agit de dénoncer la souffrance produite par le système pénal. Privé de liberté de mouvement, le délinquant condamné serait placé dans une situation de dépendance mêlée de domination. Déresponsabilisé, le détenu serait alors privé de dignité et de tout espoir de progrès.

La victime éventuelle serait quant à elle -en même temps que le coupable- dépossédée du conflit qui lui échappe puisque la procédure pénale relève d’un monopole de l’Etat.

Alors apparaît le coeur de la pensée abolitionniste qui réside dans le rejet de la toute puissance de l’Etat. L’Etat, comme concept erroné, masquerait la réalité de la société humaine vue comme un ensemble de relations interpersonnelles fondamentales. L’Etat serait une menace permanente d’étouffement des groupes intermédiaires, les communautés informelles d’individus se formant de manière spontanée en vue de la satisfaction des intérêts personnels.

Contre l’Etat soupçonné de dérives autoritaires incessantes de par sa nature même, l’abolitionnisme propose de soumettre le règlement des conflits apparaissant entre les personnes à des procédures jugées non-répressives (des arbitrages) et de substituer le dédommagement des préjudices individuels à la peine privation de liberté.

Au travers de ces considérations, c’est l’existence même d’infraction qui est remise en cause. Les notions de crimes et de délits sont regardées comme relevant de la morale et par là déconsidérées. On leur préfère la notion de « situation-problème », dont l’occurrence sera évitée par des mesures de prévention et solutionnées au besoin en évitant l’instance répressive, par principe.

Chaque fois que l’occasion est donnée, en fonction des intérêts sociaux et politiques, la criminalité étant une construction sociale, l’abolitionnisme recommande aux gouvernements de faire basculer des pans entiers du droit pénal dans le droit civil.

Pour cela, Louk Hulsmann, qui doit être considéré comme le grand théoricien du courant, donne une grille de références.

Il affirme que le système pénal doit être écarté quand deux conditions sont remplies. D’une part, quand le comportement considéré n’est pas souhaitable, mais que l’Etat n’est pas compétent dans le domaine. D’autre part, quant les coûts de la criminalisation sont supérieurs aux profits de la mesure punitive sur la société.

Dans le débat technique qui concernent la consommation du cannabis, l’Etat recule ainsi.

Sans aller jusqu’à se déclarer incompétent, il renonce néanmoins à encadrer physiquement les toxicomanes. Le bilan comptable « coûts-profits » étant jugé défavorable au droit actuellement applicable, l’Etat s’apprête à renoncer à la prison et au lieu de cela, guidé par les libéraux, il s’apprête à prononcer des peines d’amende contre les drogués et ainsi à gagner de l’argent en sanctionnant les fumeurs de joints.

Sans considérer que la prison soit une solution, il n’en reste pas moins que le refus de toutes les drogues devrait être le b-a-BA des gens de gauche, à moins de considérer que le bonheur soit impossible ou résolument individuel, comme le pensent justement les libéraux, jusqu’à la fuite dans les paradis artificiels.

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Politique

Loi sur la mémoire : l’honneur de la Pologne

L’amitié entre les peuples est un grande principe de la Gauche. Aucun peuple n’est supérieur à un autre et si jamais un peuple sombre dans la barbarie, c’est pour des raisons historiques, cela ne tient pas à la nature de ce peuple.

Nous formons une seule humanité, qui toute entière veut le bonheur et la paix. Ce principe est considéré comme naïf par ceux qui veulent diviser l’humanité, pour défendre des intérêts étroits. Mais il n’en est pas moins sacré pour la Gauche, car il faut savoir faire face aux diviseurs.

On sait malheureusement aussi comment le nationalisme est un poison qui naît dans les peuples victimes d’injustice. L’Allemagne affaiblie et humiliée en 1918 a connu ce terrible poison.

L’Ukraine le connaît actuellement : il y a quelques jours a été mise en place une milice pour épauler la police. Organisée à partir du régiment Azov, elle regroupe 600 de ces néo-nazis du fertile terreau d’un pays dévasté économiquement, humilié par l’occupation d’une partie de son territoire par des séparatistes pro-russes.

Tout l’est de l’Europe est d’ailleurs contaminé par une vague nationaliste de type néo-nazie, avec des thèmes abandonnés par la Gauche : la dignité, l’arrêt de l’effondrement du cadre juridique avec les mafias ayant l’hégémonie, le respect de la nature. Toutes les questions importantes sont déviées vers des réponses nazies, barbares.

Les réseaux sociaux connaissent une diffusion massive de jeunes blondes avec des symboles nazis ou des armes, symboles d’un « renouveau », et cela avec une base massive : en Pologne, 60 000 personnes manifestaient en novembre pour une « Pologne blanche ».

C’est en ce sens qu’il faut comprendre la loi polonaise qui punit d’une peine, allant jusqu’à trois années de prison, toute personne qui « accuse, publiquement et contre les faits, la nation polonaise, ou l’État polonais, d’être responsable ou complice des crimes nazis commis par le IIIe Reich allemand. »

La loi interdit également de parler de « camps polonais » au sujet des camps de la mort, étant donné que ceux-ci avaient été organisés par l’Allemagne nazie.

Cette loi est-elle erronée ? Non, elle est tout à fait juste. Il est tout à fait exact qu’il y a eu des exactions antisémites commis en Pologne, même après la défaite de l’Allemagne nazie.

Mais cela est indépendant de l’organisation industrielle de destruction de la population juive d’Europe par l’Allemagne nazie.

La Pologne ne faisait pas partie des États alliés à l’Allemagne nazie, directement ou indirectement, comme la Hongrie, l’Italie ou encore la Finlande et la très hypocrite Suède. La Pologne était une nation martyre, souffrant atrocement.

Elle a d’ailleurs ses héros, bien entendu, comme Jan et Antonina Żabiński, responsables du zoo de Varsovie ayant permis la fuite de centaines de Juifs. Le film de 2017 retraçant leur histoire, La Femme du gardien de zoo, s’il est mièvre, est très émouvant, mais n’est même pas sorti en salle.

Comment veut-on après connaître l’histoire des héros, l’histoire des événements réels, si on ne s’intéresse qu’à des mondes illusoires, ceux de Game of thrones ou Star Wars ?

Comment aller à l’amitié des peuples, si on célèbre des mondes imaginaires, tout en laissant justement à l’imaginaire le plus nauséabond l’image d’un pays comme la Pologne ?

Comment ne pas comprendre qu’en Pologne on en ait assez qu’il soit parlé des camps de la mort polonais, alors que Pologne était alors écrasée par l’Allemagne nazie, dirigée par le gouverneur Hans Frank ?

Hans Frank, le « bourreau de la Pologne », vivant dans une opulence baroque dans le château de Wawel, à Cracovie ; Malaparte, dans son roman Kaputt, revient à de nombreuses reprises sur cette figure sanglante et sordide, parlant d’un « singulier mélange d’intelligence cruelle, de finesse et de vulgarité, de cynisme brutal et de sensibilité raffinée ».

Il raconte en effet des soirées où la prétention à la plus haute culture côtoyait l’affirmation du cynisme destructeur le plus vil. Comme lorsqu’il décrit la scène suivante :

« C’étaient les premières notes d’un Prélude de Chopin. Dans la pièce voisine (je le voyais par la porte entrouverte), Frank était assis au piano de Madame Beck, le visage penché sur la poitrine.

Il avait le front pâle, moite de sueur. Une expression de profonde souffrance humiliait son visage orgueilleux. Il respirait péniblement, et mordait sa lèvre inférieure. Il avait les yeux fermés ; je voyais ses paupières trembler.

C’est un malade, pensai-je. Et, tout de suite, cette idée me contraria.

Tous, autour de moi, écoutaient en silence, en retenant leur souffle. Les notes du Prélude, si pures, si légères s’envolaient dans l’air tiède comme des petits tracts de propagande lancés par un avion.

Sur chaque notre était imprimé en capitales rouges : VIVE LA POLOGNE !

A travers les vitres de la fenêtre, je regardais les flocons de neige tomber lentement sur l’immense Place de Saxe, déserte sous la lune, et sur chaque flocon était écrit en capitales rouges : VIVE LA POLOGNE ! »

Malaparte explique ressentir « un sentiment de honte et de révolte » alors que le bourreau de la Pologne osait jouer, dans le Palais de Brühl, à Varsovie, l’immense compositeur polonais Chopin.

C’est le même sentiment de honte et de révolte qui traverse la Pologne quand on l’accuse d’être l’auteure de ce dont l’Allemagne nazie est responsable.

Quant aux exactions antisémites, aux pogroms, faut-il en accuser la nation polonaise toute entière ? Certainement pas, pas plus d’ailleurs qu’il faut haïr l’Allemagne. Tous les peuples sont égaux et frères et c’est malheureusement l’histoire, dirigée par des criminels, des conquérants, des pillards, qui les divisent.

Il n’y aucune raison d’accuser la Pologne, cette nation martyre victime du bourreau nazi, et de dédouaner justement ce dernier du système général de destruction qu’il a alors mis en place.

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Société

Le ski alpin aujourd’hui en France

Le ski alpin est de moins en moins un sport, c’est-à-dire avec des entraînements réguliers, encadrés et planifiés en vu de compétitions. Il est surtout un loisir et une activité de détente peu structurée.

Bien que la France connaisse encore des champions de niveau international tels Tessa Worley ou Alexis Pinturault, les compétitions de ski sont rares et globalement réservées aux jeunes locaux.

Le modèle de l’École du Ski Français (de loin la plus grande école de ski au monde) reste néanmoins d’inspiration largement sportive. Celle-ci dispose d’un quasi-monopole sur l’enseignement du ski en France.

Son activité est organisée autour d’épreuves à passer en fonction d’un temps de référence établie par un moniteur, les fameux « flèche », « chamois » et « fusée ». Pour les débutants il existe également des items techniques à valider, les étoiles pour les enfants et les degrés pour les adultes.

De plus en plus cependant les stations de ski développent des activités annexes au ski alpin. Il y a par exemple des « snow-park », des coussins d’air géants pour faire des sauts sans prendre la peine d’apprendre à réceptionner correctement, des DJ organisent des « soirées » alcoolisées en pleine journée au milieu des pistes et certaines stations valorisent officiellement la pratique du hors-piste!

Souvent le sport n’est plus la raison première des séjours. Le ski devient de plus en plus un à côté servant de prétexte à des séjours de débauche valorisant des pratiques décadentes et la recherche de « sensations fortes » (c’est-à-dire des sensations contre-nature).

Les animations dans les bars la nuit sont sur-abondantes. Les séjours à des prix spéciaux pour des groupes d’étudiants sont récurrents : les corporations étudiantes possèdent ici une grande tradition dans ce domaine.

Les domaines skiables les plus imposants ne cessent de s’agrandir et de développer de la neige artificielle, ce qui est par ailleurs extrêmement néfaste sur le plan environnemental. Certaines stations font même parvenir de la neige par camion ou hélicoptères.

Ces grands domaines monopolisent la clientèle malgré des tarifs toujours plus élevées et inaccessibles même pour les masses les moins défavorisées, et alors que beaucoup de petites stations ferment ou peinent à équilibrer leurs comptes.

La France est la première destination mondiale pour le ski avec le plus grand nombre de kilomètres de piste, le plus grand nombre de remontées mécaniques, etc.

Ce secteur est d’ailleurs extrêmement concentré avec deux monopoles se partageant la fabrication des équipements : Doppelmayr – Garaventa (d’origine autrichienne et Suisse) et Poma – Leitner (d’origine française et italienne).

De son côté, la grande bourgeoisie sombre elle aussi dans la décadence et ne s’intéresse plus depuis longtemps à la montagne ni même véritablement au ski. Ses stations ne servent que de décor à un entre-soi ultra élitiste et cosmopolite, avec des logements toujours plus démesurés, des galeries d’art contemporain, de la prostitution de luxe imposée par de riches oligarques russes, ou même un aéroport sur les pistes comme à Courchevel.

Aucune société réellement démocratique ne pourrait tolérer une telle insulte à la morale et à l’idée même de civilisation que sont ces stations de ski huppées, bien loin de l’esprit initiale ayant conduit la bourgeoisie à inventer le ski alpin.

> Lire également : Le développement du ski alpin en France

Il en est de même des autres grandes stations de ski qui sont surtout des « usines » à loisirs extrêmement polluantes et dramatiques d’un point de vue culturel.

Le recul du ski alpin en tant que sport et l’accroissement sans précédent de la taille des domaines skiables de moins en moins accessibles aux masses populaires est une manifestation de la décadence de notre société.

C’est le produit de la pression toujours plus grande que font subir les plus riches, les monopoles à la société tout entière ainsi qu’aux derniers espaces naturels relativement préservés en France.

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Société

Le serment d’Hippocrate

Le serment d’Hippocrate, écrit par ce médecin de l’antiquité grecque, précise les exigences morales relatives à l’activité de médecin.

Voici le texte original et celui modifié par l’ordre national des médecins en France. On peut voir une grande différence : le serment d’Hippocrate est à l’origine exigeant avec les comportements du médecin, qui doit se subordonner à la médecine en tant que discipline.

La version modernisée, quant à elle, souligne le rapport à autrui, dans sa démarche contractuelle, pour ne pas dire commerciale, et appelle simplement le médecin à ne pas sombrer dans la démesure, même s’il cherche le gain et la gloire.

Le texte original est le suivant.

Je jure par Apollon médecin, par Asclépios, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin, de remplir, selon ma capacité et mon jugement, ce serment et ce contrat; de considérer d’abord mon maître en cet art à l’égal de mes propres parents; de mettre à sa disposition des subsides et, s’il est dans le besoin, de lui transmettre une part de mes biens; de considérer sa descendance à l’égal de mes frères, et de leur enseigner cet art, s’ils désirent l’apprendre, sans salaire ni contrat; de transmettre, les préceptes, des leçons orales et le reste de l’enseignement à mes fils, à ceux de mon maître, et aux disciples liés par un contrat et un serment, suivant la loi médicale, mais à nul autre.

J’utiliserai le régime pour l’utilité des malades, suivant mon pouvoir et mon jugement; mais si c’est pour leur perte ou pour une injustice à leur égard, je jure d’y faire obstacle.

Je ne remettrai à personne une drogue mortelle si on me la demande, ni ne prendrai l’initiative d’une telle suggestion.

De même, je ne remettrai pas non plus à une femme un pessaire abortif.

C’est dans la pureté et la piété que je passerai ma vie et exercerai mon art. Je n’inciserai pas non plus les malades atteints de lithiase [les calculs], mais je laisserai cela aux hommes spécialistes de cette intervention.

Dans toutes les maisons où je dois entrer, je pénétrerai pour l’utilité des malades, me tenant à l’écart de toute injustice volontaire, de tout acte corrupteur en général, et en particulier des relations amoureuses avec les femmes ou les hommes, libres ou esclaves.

Tout ce que je verrai ou entendrai au cours du traitement, ou même en dehors du traitement, concernant la vie des gens, si cela ne doit jamais être répété au-dehors, je le tairai, considérant que de telles choses sont secrètes.

Eh bien donc, si j’exécute ce serment et ne l’enfreins pas, qu’il me soit donné de jouir de ma vie et de mon art, honoré de tous les hommes pour l’éternité. En revanche, si je le viole et que je me parjure, que ce soit le contraire.

Voici celui de l’ordre national des médecins en France.

Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.

Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.

Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité.

Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.

J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.
Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.

Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.

Admis(e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les moeurs.

Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.

Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services  qui me seront demandés.

J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.

Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque.

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Affiches de mai 1968

 

 

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Génération.s et le tirage au sort de son « Conseil des Membres »

La modernité à tout prix n’est pas une bonne chose si cela signifie perdre toute caractère accessible, démocratique, surtout pour suivre la mode. Comment faut-il écrire par exemple le mouvement fondé par Benoît Hamon : « génération.s », « génération-s » ?

Ce serait une anecdote si cela ne reflétait pas une fascination pour le « moderne », le « en mouvement », au mépris des traditions historiques du mouvement ouvrier. Hier s’est réuni ainsi « le Conseil des Membres » de « génération.s », ou « génération-s », comme on le voudra.

Mais ces membres n’ont pas été élus, ils ont été tirés au sort, ce qui est présenté comme « la démocratie en mouvement ». La démocratie en mouvement, c’est donc l’absence de démocratie ! Car normalement, des membres représentant un mouvement sont élus, après des échanges, des débats, un vote, une majorité.

La forme répond au contenu, alors que là, le tirage au sort laisse au hasard ce qui relève de la démocratie dans un cas normal.

On pourrait arguer que c’est là un souci de renouvellement de la part d’un mouvement jeune. Sauf qu’une liste de critères est venue pondérer le tirage au sort, comme lorsqu’une coupe du monde de football avec les coefficients de victoires, les zones géographiques, etc.

On a eu ainsi, pour pondérer le tirage au sort de « génération.s », les critères suivants pris en compte :

– la parité entre femmes et hommes ;

– la mixité des âges ;

– la représentation territoriale ;

– la diversité des catégories socio-professionnelles.

Tous ces critères sont absurdes. Tout d’abord parce qu’il est évident qu’un mouvement de gauche est, ou plutôt devrait, être surtout composé d’ouvriers. A moins de nier les classes sociales et l’histoire du mouvement ouvrier, c’est une évidence.

Tout le monde sait très bien en plus que, malheureusement, il y a une grande différence de conscience de gauche selon les territoires. Des gens de gauche de Bretagne ou du Nord représentent davantage de choses que des gens à Lyon ou Bordeaux, par exemple.

La mixité des âges est absurde également, parce que normalement un mouvement de contestation de valeurs du passé a toujours davantage de jeunes que de gens plus âgés, par esprit de rupture faisant défaut chez ceux ayant fini par accepter les règles.

Enfin, la parité entre hommes et femmes ne se décrète pas, elle se conquiert et un grand travail est à mener sur ce plan. Tout le monde sait bien que les femmes évitent largement l’engagement politique, tout en étant plus que largement majoritaires en certains domaines, comme par exemple la protection des animaux.

Alors, bien sûr, le tirage au sort est là surtout pour masquer que génération.s » n’est qu’une coquille vide sur le plan des idées. Ayant quitté le Parti socialiste, Benoît Hamon a choisi de rompre avec toute la tradition historique de la gauche et de passer dans camp de la « modernité ».

Mais cette modernité, c’est celle du monde des entreprises, avec le choix des consommateurs et l’apparence comptant plus que tout. C’est le refus du principe d’organisation, de conscience, d’idées, du principe de responsabilité.

Au lieu d’en revenir à ces fondamentaux – qu’on peut résumer comme la forme démocratique pour de réels débats d’idées comme fond – « génération.s » s’avère être un dépassement moderne qui est plus proche d’Emmanuel Macron qu’autre chose dans son style. C’est un échec.

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Politique

Réforme du baccalauréat et « Parcoursup » : communiqué autour de l’UNEF

Suite à la remise en cause du baccalauréat universel et à la mise en place dès cette année d’un nouveau système d’inscription pour les études supérieures, le syndicat UNEF a mobilisé ces derniers jours.

En voici le communiqué diffusé à l’occasion du premier février et signé par différentes autres mouvements de jeunesse liés à des partis ; on notera l’utilisation de l’écriture inclusive.

Suite au vote de la loi réformant l’accès à l’université en décembre à l’assemblée, le mois de janvier est celui de la mise en place de la sélection dans les universités via la nouvelle plateforme « Parcoursup ».

Afin de trier les dossiers des lycéen∙ne∙s, chaque université se fondera sur des attendus nationaux, déclinés en attendus locaux. Pour des milliers de jeunes, ces attendus auront pour effet de les décourager de poursuivre des études, de leur bloquer la possibilité d’accéder à la filière de leur choix, voire de l’université tout court.

En effet, l’augmentation du nombre de bachelier, combinée à la restriction du nombre de places disponibles dans les universités, vont à terme transformer la majorité des filières ouvertes, en filières « en tension », donc rendues sélectives par la loi.

Par ailleurs, la complexe procédure d’admission, parce qu’elle limite les bachelier∙e∙s à 10 vœux non hiérarchisés, risque de maintenir la plupart des jeunes sur liste d’attente jusqu’à la dernière phase de la procédure.

Pour tous les jeunes sans affectation à l’issue de la procédure, leur seule option sera de faire appel au rectorat, qui leur proposera une unique affectation dans une filière où demeurent des places vacantes, sans garantie que cette affectation soit en cohérence avec leur projet pédagogique et professionnel. Les jeunes n’auront que 24 heures pour répondre à cette proposition, sans quoi perdront toute chance d’accéder à l’enseignement supérieur.

Par ailleurs, le gouvernement souhaite, dans le cadre de cette réforme, remettre en cause l’arrêté licence, texte qui cadre nationalement les droits étudiants du cycle licence, sorte de code du travail et étudiant-e-s. En remettant en cause des protections fondamentales telles que les rattrapages ou encore la compensation entre les matières, et en souhaitant individualiser à outrance les parcours, c’est notre droit à la réussite qui est menacé.

Les étudiant-e-s devront signer un contrat de réussite avec leur établissement, et s’ils n’en respectent pas les termes, leurs bourses pourraient se voir supprimées. Alors que les mauvaises conditions d’études à l’université et la précarité financière sont les premiers facteurs d’échec dans l’enseignement supérieur, le gouvernement se trompe lorsqu’il estime que retirer les bourses des étudiant-e-s en difficulté, c’est-à-dire les sanctionner, les incitera à réussir, cela ne fera au contraire qu’augmenter un taux d’échec d’ors et déjà très élevé en licence.

Le gouvernement souhaite mettre en place une cotisation de 90 euros par étudiant∙e∙s, visant à financer les services de médecine préventive, de vie étudiante, culturels et sportifs des universités. La mise en place de cette cotisation fait un peu plus reposer le financement du service public de l’enseignement supérieur, en grande difficulté du fait du désengagement de l’Etat, sur les épaules de ses usager.e.s. Les contours de sa répartition ne sont par ailleurs toujours pas clairs, ne permettant pas d’avoir de certitude sur ses objectifs et son efficacité réelle.

Cette réforme de l’accès à l’enseignement supérieur se combinera avec la réforme du baccalauréat, qui risque d’entériner la fin du bac comme diplôme national. En mettant en place une modularisation des enseignements secondaires sans cadrage national, qui aggravera les inégalités territoriales entre lycées, il sera créé, de fait, une concurrence entre établissements. Cette concurrence sera d’autant plus grave qu’elle sera prise en compte dans les procédure d’admission à l’université, par l’étude des dossiers des candidat-e-s.

Alors que depuis son élection le président et son gouvernement font sans cesse le choix de politiques qui favorisent les plus riches et les puissants à l’image de la suppression de l’ISF, ici, ce sont une nouvelle fois les classes populaires qui sont visées. Cette sélection va toucher prioritairement les lycéen.ne.s issus des quartiers les plus populaires et les plus en difficulté. Elle laissera sur le carreau des milliers de lycéen.ne.s qui se retrouveront sans diplôme et sans avenir.

Alors que les jeunes ont déjà exprimé leur opposition à l’annonce du plan étudiant depuis plusieurs mois, nos organisations réitèrent leur refus de voir s’instaurer la sélection à l’entrée de l’université, nous réclamons le retrait du plan Vidal. Nous exigeons aussi l’abandon des projets de remise en cause des droits fondamentaux des étudiants, ainsi que la mise en place d’une réforme du bac qui engendrera de profondes inégalités territoriales et sociales.

Il est grand temps d’agir pour qu’un vrai service public de l’information et de l’orientation voit le jour et que des moyens soient injectés afin de permettre à chacune et chacun de maîtriser et de choisir son parcours de vie.

Nos organisations ont déjà formulées de nombreuses propositions alternatives et nous continuerons à les porter de toutes nos forces face à ces projets qui menacent notre avenir.

Nos organisations appellent les jeunes à se mobiliser le jeudi 1er février 2018, à se réunir, dès maintenant pour débattre des réformes, à se mobiliser sous toutes les formes décidées collectivement (grèves, blocages, manifestations, rassemblements, etc), pour alerter sur les dangers des réformes en cours.

Nous réclamons le droit pour toutes et tous (lycéen.ne.s, étudiant.e.s, salarié.e.s). de faire grève, et nous nous prononçons d’ores et déjà contre toute sanction, administrative ou policière, contre celles et ceux qui tenteront d’exercer ce droit légitime.

Une nouvelle réunion réunissant nos organisations se tiendra à la suite du 1er février pour proposer des suites à cette journée de mobilisation.

Signataires :

UNEF – UNL – Solidaires étudiant.e.s – FiDL

Mouvement Jeunes Communistes de France – Ensemble Jeunes – Jeunes Insoumis – Jeunes Générations – MJS Réseau jeune du PG – Union des étudiants Communistes – NPA Jeunes

JOC – MRJC – LMDE

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Culture

Joy Division : « Unknown Pleasures » (1979)

Avec sa pochette représentant les ondes captées par un pulsar – une étoile encore très peu définie du point de vue astronomique – le premier album de Joy Division, en 1979, reflète bien un son très froid, un démarche très tendue, une aura mystérieuse portée par le chanteur, Ian Curtis, qui se suicidera dès 1980, à 23 ans.

Cet album, un très grand classique unanimement acclamé par la suite sera d’ailleurs le seul sorti de son vivant, Closer sortant peu après sa mort. Sa particularité est de synthétiser, après une période initiale punk sous le nom de Warsaw, tout une vaste culture musicale assemblant The Doors et le Velvet Underground, Iggy Pop et David Bowie, ainsi que Can, Neu et Kraftwerk.

Cela donnera ce qu’on appelle la cold wave, une musique froide ; Unknown Pleasures est ainsi dérangeant et sépulcral, mais l’énergie punk qui s’en dégage fait qu’on s’arrache à la tristesse qui est pourtant présentée et maintenue à travers tout une atmosphère musicale à la fois oppressante et engageante.

On a quelque chose de sérieux et de haut niveau, mais de parfaitement accessible et sans complaisance, reflétant parfaitement la capacité d’implication culturelle dans un groupe entièrement composé de lads anglais, avec les attitudes de voyous et le refus de l’école allant avec.

Ian Curtis sera d’ailleurs marié et aura un enfant à moins de 20 ans, son couple habitant à plusieurs reprises chez ses grands-parents.

Si l’on ajoute à ce panorama ouvrier de Manchester les crises d’épilepsie de Ian Curtis et la qualité des autres musiciens (qui par la suite formeront New Order), on obtient une musique aussi puissante qu’elle est sombre, aux paroles profondément romantiques et désabusés.

Ces paroles, d’un excellent niveau poétique et faisant de chaque chanson un bijou de psychologie s’accordant avec l’atmosphère musicale très froide, témoignant à la foi d’un grand désordre interne, d’un désarroi personnel, d’un regard psychologique acéré, donnent une dimension particulière à Joy Division et en particulier à Unknown Pleasures, comme lorsque sont chantées les paroles « C’était moi, m’attendant / Espérant quelque chose de plus / Moi, me voyant cette fois / Espérant quelque chose d’autre ».

Selon qu’on se tourne davantage vers l’esthétisation du spleen ou la rage subjective s’y arrachant en l’exprimant, on trouvera Joy Divison de toutes façons romantique, mais plutôt sordide et fascinant, ou bien puissant et formant une critique froide d’une vie quotidienne terriblement bornée.

Le nom du groupe reflète cette nature contradictoire, ou ambiguë, selon, puisqu’il s’agit des femmes juives prostituées de force par les nazis telles que raconté dans le roman The House of Dolls de Ka-Tsetnik 135633, soit prisonnier du camp de concentration (KZ) 135633, pseudonyme du survivant de la Shoah Yehiel De-Nur.

D’autres références littéraires de l’album sont J. G. Ballard, William S. Burroughs, témoignant d’une fascinant certaine pour l’enivrement dans le morbide de la part de Ian Curtis, les chansons témoignant cependant d’une grande tentative de sortie de la torpeur, de l’angoisse, avec une grande agressivité expressionniste.

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Politique

Le cycliste Romain Bardet à propos du sport sur France Inter

Le coureur cycliste Romain Bardet était l’invité de l’émission Par Jupiter sur France Inter jeudi dernier. C’est une émission satirique mais néanmoins sérieuse, typique de l’esprit de la gauche française.

Voici une retranscription d’un échange intéressant concernant certaines pratiques liées au sport.

On peut l’écouter à partir de 44min 30 secondes sur ce lien.

« Charline Vanhoenacker : Voici un sujet sur le sport extrême où les gens veulent se surpasser.

Il y a de plus en plus de salles et d’adeptes de cross-fit, de sports inspirés des méthodes de l’armée américaine et aussi beaucoup de vélo en salle où les gens cherchent à flirter avec le rouge.

Quasiment parfois à la suffocation, certains rendent sur le parquet après le sport. Est-ce que vous comprenez cette démarche de vouloir se surpasser ?

Romain Bardet : Non j’ai un peu de mal je vous avoue. Cela m’est un peu étranger, ce n’est pas la conception que j’ai originel du sport. C’est vrai que le sport m’a été inculqué par mes parents, c’était les grandes randonnées le dimanche à vélo, finir le col avec mon père, profiter des paysages, faire un pic-nique dans l’herbe tout simplement.

C’est découvrir des lieux, être au grand air et pour moi les séances, voilà quand faut rester à l’intérieur, c’est de la véritable torture mentale, parce que ce n’est pas la conception que j’en ai.

On a la chance d’avoir une grosse diversité des paysages en France et pleins de choses à découvrir et je pense que le sport amène aussi ce lâcher prise, quand on va dans des grandes étendues, des grands espaces, les montagnes, moi les volcans en Auvergne, justement propice à découvrir des choses et être en communion avec la nature.

Et voilà vous en parliez c’est vrai qu’il y a une grosse tendance pour ces sports un petit peu extrêmes où les gens dans un temps imparti doivent faire le maximum, un peu à l’image de la société dans laquelle on vit, dans la vie de tous les jours…

Charline Vanhoenacker : c’est vrai dans l’instantané, peu de temps pour le faire…

Romain Bardet : mais aussi il y a un vrai tendance retour à la nature avec le phénomène trail qui se développe énormément où des gens aussi ont besoin de rechercher une certaine quiétude que la nature peut apporter. »

Ceci est très intéressant. D’abord à propos de la nature, mais aussi à propos du sport. À la base du sport, il y a le plaisir et le jeu.

Les sportifs, notamment les cyclistes mais c’est aussi le cas des footballeurs, insistent très souvent dans les interviews sur le fait que cela soit une passion pour eux.

La souffrance n’est pas le but. Ce qui est valorisé par contre est l’effort, la rigueur pour arriver à ses buts. Mais toujours avec à l’esprit le plaisir.

Le plaisir est d’ailleurs collectif, y compris dans l’adversité, puisque l’adversaire dans la grande majorité des cas est respecté et salué pour ses performances, que l’on soit gagnant ou perdant.

Au contraire, les pratiques dénoncées dans l’émissions et qui sont à la mode à Paris et dans les grandes villes françaises sont typiques de la décadence de notre société.

Cela n’a aucun sens et reflète un grand malaise chez les personnes riches et branchées qui vivent dans ces grandes villes.

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Société

Le développement du ski alpin en France

Le ski alpin est traditionnellement un sport pratiqué par la bourgeoisie intellectuelle des grandes villes, notamment celle des professions libérales médicales (médecins, pharmaciens, kinésithérapeutes, etc.). Ce sont ces personnes, souvent jeunes, françaises ou anglaises, qui l’ont introduit au début du XXe siècle.

C’était un prolongement de l’activité des clubs alpins (qui ont inventé l’alpinisme), au moment de l’avènement du tourisme et du sport.

L’attrait pour la montagne exprimait le besoin de se tourner vers la nature alors que les villes étaient déjà saturées et les campagnes largement façonnées par l’agriculture et considérées comme seulement arriérées culturellement. Le Club Alpin français a par la suite largement contribué à la création de parcs nationaux sur les grands massifs de montagne, les plus connus étant ceux de la Vanoise (créé en 1963) et des Écrins (crée en 1973).

Encore aujourd’hui, les massifs montagneux sont très peu façonnés par l’humanité. La neige, la végétation, la hauteur des sommets et la rudesse des pentes, la vivacité des cours d’eau, fascinaient et fascinent largement.

La question de l’eau est d’ailleurs primordiale. Le tourisme est d’abord parvenu dans les massifs montagneux via les stations thermales (avec une fascination parfois irrationnelle pour les eaux minérales et leurs propriétés curatives prétendues). La neige est elle-même une forme particulière d’organisation de l’eau.

Le ski alpin est directement le produit de cet engouement pour la montagne par la bourgeoisie intellectuelle des grandes villes voulant se tourner vers la nature et les sensations.

C’est une manifestation évidente de la contradiction ville-campagne, mais aussi de la contradiction entre le travail intellectuel et le travail manuel : les travailleurs intellectuels voulant avoir une activité manuelle, utiliser et maîtriser leur corps, mais de manière agréable.

Tant la neige que la forte inclinaison des pentes attenantes à certaines stations thermales étaient justement propices à l’expression de sensations et à la maîtrise de son corps dans des conditions particulières que permet le ski alpin. L’attrait étant bien sûr renforcé par le plaisir d’être au « grand-air » dans un environnement inhabituel, grandiose, etc.

La naissance du ski alpin n’a été possible bien sûr qu’avec l’appuie des masses les plus avancées des populations locales connaissant la montagne et ses dangers. Elles y voyaient la possibilité d’un développement économique et culturel.

Nombres de jeunes se sont rapidement intéressé eux-mêmes au ski – la plupart des champions de ski étant par la suite essentiellement des locaux. Pour autant, c’est d’abord et surtout avec des codes culturels bourgeois et un style urbain, voir même parisien, que s’est développé le ski.

Le premier concours international de ski alpin eu lieu à Chamonix en 1907, organisé par le Club Alpin Français. La seconde édition en 1908 attira largement le « Tout-Paris » pour qui le sport était depuis plusieurs dizaines d’années une mondanité incontournable, et même un style de vie pour les éléments aristocratiques ayant une bonne condition physique et s’impliquant dans le sport.

La ville de Chamonix n’est ainsi pas tant une ville savoyarde qu’une sorte de prolongement de Paris et des grandes villes françaises, avec une architecture de type haussmannienne pour de nombreux bâtiments. C’est le cas également pour la ville de Cauterets dans les Pyrénées, autre berceau du ski en France où furent organisés les championnats de France en 1910.

Durant les années 1920 et 1930, les concours de ski étaient nombreux. Les premiers Jeux Olympiques d’hiver organisés en 1924 à Chamonix (avec 300 coureurs issus de 16 nations) eurent un retentissement considérable. La France était au cœur d’un mouvement culturel et sportif de développement des sports d’hiver, à tel point que fut développé dans les années 1930 un style proprement français : une méthode de ski français.

Cette technique de ski était d’abord une recherche d’efficacité qui permit à son initiateur Émile Allais de devenir un des plus grands champions de sa génération. Il est né à Megève en 1912, c’est-à-dire avant même que le village devienne une station de ski. Ses parents y tenaient une boulangerie et lui-même était porteur de bagages à ski pour les premiers touristes dans sa jeunesse.

Sa méthode sera ensuite popularisée avec l’appuie de la fédération française de ski et la publication d’un livre, puis d’un livre illustré. L’École Nationale du Ski Français qui a vu le jour à la même époque sous l’impulsion de Léo Lagrange, ministre du Front Populaire des Loisirs et des Sports, reprendra directement cette méthode française. Elle sera ensuite diffusée après la guerre via les moniteurs de l’ESF (Ecole de Ski Français), connus pour leurs « pulls rouges ».

S’est alors développée une attitude autour du ski, non forcément liée à la compétition mais en tout cas avec la volonté d’avoir une technique maîtrisée et efficace, en plus d’un style sophistiqué, élégant « à la française », urbain.

Nul hasard au fait que cette méthode française trouve son origine à Megève puisqu’il s’agit là d’une station créée de toutes pièces autour du village initial par la famille Rothschild avec l’ambition d’en faire une station française.

Il lui fallait les codes culturels de l’aristocratie et de la haute-bourgeoisie française qui ne souhaitait pas être mélangée avec l’aristocratie allemande dans les stations suisses. On a là la rencontre entre les masses habiles et connaissant la montagne et les hautes sphères de la société française véhiculant un style français qu’elle appelle « art de vivre à la française ».

A partir des années 1950/1960 le ski et les stations de sport d’hiver se sont largement développées en France, sous l’impulsion de l’État qui a mis en place un « plan-neige » à partir de 1964 jusqu’à la fin des années 1970. Émile Allais a d’ailleurs beaucoup œuvré pour cela. Via des classes de neiges, des colonies de vacances, des possibilités par les comités d’entreprises, une partie des masses a alors eu accès au ski, ne serait-ce que sporadiquement.

Durant les années 1970, les vacances en famille au ski sont devenues accessibles pour la petite-bourgeoisie et les parties les moins pauvres des masses populaires. Cela a largement contribué à faire des vacances au ski non pas un plaisir sportif en tant que tel mais surtout un faire-valoir, une sorte de « must have » petit-bourgeois afin de s’imaginer riche, de s’imaginer appartenir à la bourgeoisie.

Ce genre d’attitude est très bien illustrée dans le film Les Bronzés font du Ski de 1979. Les médias avec leurs reportages redondants chaque année lors des vacances d’hiver relaient largement cet état d’esprit aisément détestable de par sa dimension régressive.

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Culture

RanXerox

RanXerox est une bande dessinée absolument mythique, une sorte d’ovni graphique extrêmement puissant, épuisant toute une gamme de possibilités cyber-punk et s’épuisant par conséquent également, l’oeuvre n’ayant pratiquement que deux tomes, si l’on omet le troisième produit bien plus tard.

Le scénario de cette bande dessinée italienne du tout début des années 1980 est un mélange de Blade Runner et de Robocop, même si ces œuvres ne sortiront qu’après. On est dans une ville géante, une Rome du future entièrement moderne consistant surtout en de gigantesques bas-fonds où règnent l’ultra-violence, les drogues et la décadence, avec des couches ultra-privilégiées vivant dans la décadence la plus outrancière.

Un étudiant révolutionnaire a fabriqué, au moyen de pièces de photocopieuses (de marque Ranx Xerox), un androïde, mais alors qu’il était en train de le régler, la police intervient, sur la dénonciation d’une espionne du Parti communiste italien.

L’étudiant est tué et l’androïde connaît alors diverses aventures de zonard, toutes focalisées sur un triptyque meurtres gratuits – drogues dures – sexualité avec une jeune de treize ans dont il amoureux, le tout présenté sous la forme d’un véritable choc graphique.

Mais il faut ici saisir la nature de ce choc. En filigrane, de par les nombreuses allusions politiques trouvées ici et là dont les nombreux marteaux et faucilles, on reconnaît tout à fait l’ambiance nihiliste qui a été celle de toute une frange des intellectuels de gauche en Italie après la période 1977-1982.

Refusant catégoriquement le Parti communiste italien, sympathisant avec les Brigades Rouges mais refusant l’orthodoxie marxiste, liés d’une manière ou d’une autre à la scène de l’Autonomia Operaia (autonomie ouvrière) ayant basculé dans le mode de vie « alternatif » avec une très forte présence de l’héroïne, ces intellectuels de gauche ont sombré dans une sorte de mélancolie furieuse, dont RanXerox est un témoignage très puissant.

A l’espoir révolutionnaire a succédé un malaise, un mal-être, une fascination pour le morbide, le dégénéré, le décadent, le tout avec plus ou moins de discours néo-romantiques sur les drogues, la sexualité sans limites, la fascination pour l’extrême (les références pullulent de groupes de musique d’ambiance sombre comme Throbbign Gristle, Joy Division, les Ramones avec la chanson sur le fait de sniffer de la colle, etc.), etc.

RanXerox est pour cette raison une bande dessinée à la fois très vivante et horriblement glauque. C’est le besoin existentiel d’autre chose qui suinte de la bande dessinée qui sauve le tout, car sinon tout tombe des mains.

Graphiquement à l’initial tout est mal dessiné, ensuite il y a une véritable atmosphère, mais le scénario se résume à quelques scènes et des meurtres en série de l’androïde, allant jusqu’aux enfants, avec en plus des cases pornographiques.

On a l’impression, pour faire un parallèle discutable mais qui apporte de l’eau au moulin, d’avoir déjà une série par opposition à un film : tout est en continu, tout traîne sans avoir de but, pour capter l’attention on a de l’ultra-violence et de la pornographie.

On fait donc face ici à une gigantesque ville rempli de sociopathes et de psychopathes, d’un chaos urbain peuplé d’une population passive, de cafés futuristes, de délinquants sexuels forcenés, de mafieux et de pervers, avec des scènes malsaines, voire odieuses.

Rien de bien intéressant et pourtant, derrière la désillusion qui se dégage de l’œuvre, on trouve une critique radicale de la société, comme une case précise de manière cynique :

« Il est 20H30 sur le pont Garibaldi : A cette heure-là, l’atmosphère est tellement chargée d’oxyde de carbone qu’on peut presque entendre, dans les poumons des passants, le frou-frou des cellules cancéreuses qui prolifèrent allègrement à la manière de spermatozoïdes dans les testicules d’un beau gosse en parfaite santé. »

C’est donc tout un témoignage sur une époque. Le scénariste Stefano Tamburini, à l’origine de RanXerox, appartenait à toute la scène italienne, massive, des revues alternatives, lui-même travaillant à la maison d’éditions Stampa Alternativa et donnant naissance aux revues Combinazioni (1974), Cannibale (1977) et Frigidaire (1980), avant de mourir d’une overdose d’héroïne en 1986.

Le dessinateur Tanino Liberatore est surtout connu pour cette bande dessinée, certains musiciens lui demandant par ailleurs de faire leur pochette (notamment Frank Zappa, Gold pour Laissez-Nous Chanter, Bijou, Dick Rivers).

Dans le milieu des années 1990, un troisième tome de RanXerox a été publié à son initiative, l’humoriste Alain Chabat terminant un scénario non terminé de Stefano Tamburini. « Amen » n’a cependant nullement la qualité de « Ranxerox à New York » et de « Bon Anniversaire Lubna »… pour autant qu’on puisse parler de qualité pour une oeuvre cherchant justement à montrer l’impossibilité d’en avoir dans un monde ignoble.

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Politique

Delphine Batho : « Mitterrand, réveille-toi, ils sont devenus fous ! »

Le Parti socialiste a rejeté la candidature de Delphine Batho pour le congrès d’Aubervilliers. Pour pouvoir se présenter, le Parti socialiste exigeait deux choses :

– le parrainage par 5% des membres du conseil national ;

– un texte d’orientation d’au maximum 50 000 signes et des thématiques obligatoires : Europe, inégalité, écologie, République et démocratie.

Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres, n’a pas eu les parrainages et a tenté de forcer l’acceptation de sa candidature avec un référé au tribunal de grande instance, qui a échoué.

Voici le texte de sa réaction à cet échec, ainsi que son texte d’orientation.

Je prends acte de la décision de la direction de refuser l’enregistrement du texte d’orientation et de la candidature que je souhaitais défendre dans le cadre du congrès.

Cette décision est contraire, pas seulement à l’espoir de nombreux militants, de nombreux élus et citoyens qui nous regardent, mais à l’intérêt collectif du PS et de la gauche.

En ce sens, c’est une décision très grave. Hélas, elle apporte une preuve supplémentaire de la faiblesse d’une direction coupée du réel et de la société, qui n’a plus comme ultime recours que la censure. Mais à l’heure des réseaux sociaux et d’internet, il n’y a plus de censure possible !

De quoi ont-ils peur, ceux qui prédisent un congrès joué d’avance ? Pourquoi empêcher le débat s’ils sont si sûrs d’eux ? Tous les autres candidats, sauf un seul, ont voté pour ce pacte de censure en commission des résolutions.

Ce samedi, c’est en fait une victoire à la Pyrrhus pour la direction du Parti socialiste.

En fait, ils savent bien que rien ne peut résister à la volonté des citoyens lorsqu’ils se mettent en mouvement, c’est désormais une question de temps.

Le débat politique que l’on jette par la porte, il reviendra par la fenêtre, et si la fenêtre se ferme elle-aussi, il passera par le trou de serrure.

Ma campagne était prête. Je vais la poursuivre.

Je vais aller échanger et débattre aux quatre coins de la France avec tous les militants qui le proposent.

Il y aura donc le théâtre d’ombres du congrès officiel, et un peu comme à Avignon, le « festival off ».

Ceux qui croient que j’ai proposé une candidature pour des enjeux de pouvoirs se trompent lourdement sur le sens de ma démarche.

A toutes les militantes et les militants qui espéraient un autre comportement de la direction aujourd’hui, je dis ne vous découragez pas, c’est ce qu’ils espèrent, c’est ce qu’ils attendent ! J’assume ma responsabilité de vous demander de rester comme moi au Parti socialiste parce que l’avenir aura besoin d’une force de transformation sociale et écologique qui s’assume comme un parti de gouvernement.

Nous allons mettre en commun et en partage nos exigences et nos solutions.

D’ores et déjà vous pouvez partager notre texte d’orientation sur les réseaux sociaux, vous en emparer, le signer, le commenter, le critiquer ici. Il est fait pour cela. Faire vivre le débat.

Téléchargez et partagez le texte « Mitterrand, réveille-toi, ils sont devenus fous ! » :
http://myreader.toile-libre.org/uploads/My_5a6c9e0c81226.pdf

Voici le texte d’orientation en question.

Mitterrand, réveille-toi, ils sont devenus fous !

« La pire erreur n’est pas dans l’échec, mais dans l’incapacité de dominer l’échec » François Mitterrand

Chers camarades,

Que valent tous les textes de motions, comparés aux actes ?

Nous voulons la démocratie, mais chez nous des votes internes truqués sont devenus une maladie chronique ;

Nous voulons l’écologie, nous avons même inscrit la « social-écologie » sous notre logo, mais chez nous les dirigeants décident que la position « officielle » du parti est de dénoncer l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ;

Nous voulons le féminisme, mais chez nous les femmes se voient toujours dénier leurs capacités de chef politique, subissent des violences inouïes, harcelées et violées dans l’équipe de campagne présidentielle et dans des organismes associés du parti ;

Nous voulons la décentralisation, mais, chez nous, sans la moindre explication, les moyens sont coupés aux fédérations qui doivent licencier leurs permanents et vendre leurs locaux ;

Nous voulons être un parti de militants, mais chez nous, en dehors des échéances électorales où il faut faire campagne, les adhérentes et les adhérents sont affublés d’étiquettes en fonction de choix passés et qualifiés d’ « aubrystes », « hollandais », « ex-hamonistes », « ex-strausskhaniens », « ex-ségolénistes », « exvallsistes »…, pour être catalogués alors qu’ils aspirent à des débats internes où chacun est écouté pour ses idées et qui ne soient plus des rapports de force permanents ;

Nous sommes le parti de l’Unité, dont la raison d’être historique est d’avoir été fondé pour rassembler toutes les sensibilités de pensée de la gauche, mais chez nous les départs massifs, les exclusions et les excommunications, se multiplient.

« Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde » disait Gandhi.

Et si, en fait, la crise idéologique de la gauche avait une autre cause que celle que l’on croit ? Et si elle n’était que le résultat implacable de vieilles pratiques et d’une dérive poussée à son paroxysme qui conduit à rejeter toute idée nouvelle, à interdire tout débat de fond honnête, à refuser toute ouverture à la société et aux citoyens dans leur diversité sociologique, à empêcher toute intelligence collective ?

Et si, en fait, cet enfermement conduisait à refouler toutes les demandes sociales émergeantes, qui auraient dû logiquement irriguer notre pensée, mais qui au lieu de cela finissent par être portées par nos concurrents faute de trouver leur place au Parti socialiste.

Et si, en réalité, toutes ces tribunes, tous ces commentaires proclamant ad nauseam la fin du Parti socialiste n’étaient que le paravent de cette autre crise ?

Celle d’une direction politique confisquée depuis des années par les mêmes chefs de courants, de clans, de castes, qui placent leurs intérêts particuliers au-dessus de toute autre considération et pour lesquels les débats d’idées ne sont plus que des postures tactiques – souvent factices puisque les vrais débats traversent tous les « courants » – afin de conserver le pouvoir.

Non l’espérance n’est pas morte.

Non l’injustice n’a pas disparu dans le nouveau monde.

Non les énergies ne manquent pas dans la société pour porter les combats du 21ème siècle pour l’égalité, l’écologie, le travail, le féminisme, la laïcité, la démocratie numérique, la jeunesse, l’émancipation sociale et finalement la dignité humaine.

Oui, la France a plus que jamais besoin d’une force progressiste moderne, porteuse des nouvelles espérances, qui s’assume comme un parti de gouvernement.

Beaucoup de citoyens, déçus des choix qu’ils ont pu faire lors de l’élection présidentielle pour « voter utile » contre nous, se sentent orphelins et nous regardent. Il existe toujours un espace politique et électoral pour une force de gauche et écologiste de transformation, sérieuse et crédible.

A l’heure des réseaux sociaux et de la révolution numérique, c’est en fait un petit groupe de personnes qui parlent et décident pour le plus grand nombre dans notre parti. Leurs manœuvres divisent en permanence et empêchent le rassemblement. En fait, la gauche meurt parce qu’elle est confisquée, infantilisée, caporalisée par cette direction qui veut s’auto-reconduire.

Elle meurt par les faillites morales que sont l’absence de transparence, le sexisme, la reproduction des inégalités en son sein, le conservatisme de dirigeants sûrs d’eux-mêmes. Ce parti-là n’aura pas de nouvelle chance. Le PS que nous connaissons aujourd’hui, même en changeant de nom, ne reviendra jamais aux responsabilités.

Les temps changent, voilà ce que n’ont pas compris nos « dirigeants ». Ou plutôt l’ont-ils si bien compris qu’ils ont décidé de tout sacrifier pour assurer leur présent et leur passif, en transformant l’attendue « refondation » en processus d’enfermement de la direction sur elle-même.

Les temps changent, et la parole se libère, les militantes et militants, les adhérentes et adhérents, les élus locaux, s’émancipent, ne veulent plus d’un système qui les réduit à l’obéissance, aux pressions, aux exclusions, aux ordres. Ils veulent peser sur les décisions.

Des femmes et des hommes libres veulent contester la légitimité, non pas des personnes ou de certains responsables, mais du système lui-même, du fonctionnement du Parti socialiste et de sa dérive.

Sans parrain, sans clan, sans courant, en femme libre, socialiste, écologiste, laïque, républicaine, antiraciste, j’appelle chaque militant à reprendre le pouvoir, sa part de souveraineté socialiste, contre l’enterrement de nos espérances, pour faire de ce congrès, non pas celui d’une prétendue refondation programmatique avec des textes d’orientation grandiloquents, mais d’un big-bang organisationnel et du changement radical dans la gouvernance du Parti socialiste.

C’est le préalable indispensable pour avoir la capacité de bâtir ensemble un nouveau projet solide. Qui peut croire que ce congrès pourrait à lui-seul tout résoudre face à l’effondrement du socialisme démocratique constaté en France comme partout ?

Ce qu’il nous faut décider enfin et tout de suite, c’est de créer les conditions d’émergence d’une nouvelle orientation. Cette vitalité retrouvée est la condition d’un nouvel élan qui, seul, pourra nous permettre de regagner des forces dans la perspective des élections européennes et territoriales.

Si vous pensez que le verrouillage de l’appareil qui dégoûte tant de citoyens de s’engager au Parti socialiste, ça suffit !

Que le sacrifice des espérances des générations actuelles et à venir, ça suffit ! Ensemble, levons-nous pour dire « stop » et pour changer le cours de l’histoire. Après la déroute, les Français n’attendent pas de nous un long et lent processus d’immobilisme. Ils exigent des actes, vite.

LES PREUVES CONCRETES ET IMMEDIATES DE CHANGEMENT :

1. L’abolition des clans et des courants, par la constitution d’une majorité de travail ouverte à tous et émancipée, qui place le respect des militants audessus de tout ;

2. L’élection d’une Première Secrétaire et d’un collectif d’animation (secrétariat national) dont le mandat sera non-reconductible, seule garantie qu’ils se consacreront intégralement pendant 18 mois à la conduite du processus devant remettre le Parti socialiste sur de bons rails, et qu’ils ne viseront pas la conservation d’un quelconque pouvoir interne.

3. Une nouvelle structuration du Parti socialiste, non plus verticale, mais en réseau s’inspirant des nouveaux modèles de l’économie sociale et collaborative, favorisant les coopérations directes entre les territoires, les thématiques de réflexion et les secteurs de militantisme.

4. La démocratie interne, partout, tout le temps, qui seule peut rendre de nouveau attractif le Parti socialiste avec la fin du huis clos dans les réunions de nos instances, la mise en place du vote électronique et l’ouverture aux citoyens de tous les grands choix du parti.

Contrairement aux nouvelles organisations politiques présentées sous forme de « mouvements », qui n’ont de modernes que les apparences puisque conçues comme des marques au service d’un chef, nous voulons reconstruire notre parti comme une organisation démocratique du 21ème siècle.

5. Un processus de remise en ordre et de remise au travail pour créer une dynamique nouvelle posant les jalons de la construction d’un Parti socialiste populaire, ouvert à la société, dont voici le processus sur 18 mois :

LE CALENDRIER DU CHANGEMENT

Avril -> Mai 2018 :

Installation du nouveau secrétariat national, collectif composé de 16 personnes (pour moitié de responsables expérimentés et pour moitié de militants de terrain issus des territoires prêts à prendre des responsabilités), qui ne décide pas à la place des adhérents mais qui est au service des militants et des territoires.

La formation d’un shadow-cabinet en lien avec nos groupes parlementaires pour être la gauche utile aux Français tout de suite dans l’opposition et porter nos contre-propositions à la politique d’Emmanuel Macron, en écho à toutes les forces vives de la société civile.

Rétablissement immédiat des dotations aux fédérations dans l’attente de décisions du Conseil national sur les règles de décentralisation d’une part conséquente des moyens du parti.

– Audit financier sur les cinq dernières années dont les analyses et conclusions seront rendues publiques.

– Saisine de la Haute Autorité Ethique sur la responsabilité morale et politique du parti dans l’omerta entourant les faits de harcèlement et de violences sexuelles commis dans les équipes de campagne et les organismes relevant de nos statuts ; mise en place de procédures opérationnelles de soutien direct à toutes les victimes.

5 Mai -> octobre 2018 :

– Commission d’enquête « vérité et transparence sur le bilan » : On ne peut rien construire sur le déni d’une défaite historique, nous devons prouver aux français que nous avons compris les causes profondes. L’enjeu n’est pas de savoir qui avait tort ou qui avait raison, puisque chacun à sa part d’une responsabilité collective, mais de tirer ensemble et en profondeur, les leçons de l’exercice du pouvoir et de notre déroute électorale pour apprendre et nous rendre plus forts dans la perspective des échéances futures.

La Commission, animée par des militants et des personnalités socialistes qui n’ont pas été directement au premier plan des responsabilités dans le quinquennat, procèdera à l’audition publique des anciens ministres, des responsables du parti et des groupes parlementaires, de nos élus locaux, des syndicalistes, des associations, des candidats aux primaires, de chercheurs, de chefs d’entreprise et de toutes celles et ceux qui ont leur mot à dire.

Toutes les auditions seront retransmises en live sur les réseaux sociaux et le site du parti. Les conclusions de la Commission serviront de lignes directrices pour l’élaboration du projet.

Août 2018 :

– Universités d’été des communs : organisées dans un territoire rural, l’ordre du jour des ateliers de formation, comme des séances plénières de débats et des temps conviviaux, ainsi que les intervenants, seront choisis sur proposition et par un vote en ligne des fédérations et des militants.

Octobre 2018 :

* Congrès extraordinaire de la démocratie ouverte au Parti socialiste : élaboration collective, discussion et adoption de nouvelles règles statutaires, élaborées par une commission composée exclusivement de militants de terrain, plaçant l’adhérente et l’adhérent au cœur de la vie de notre parti, fixant les règles de non-cumul entre les fonctions dans le parti et les fonctions électives, et organisant la participation numérique et pratique de tous les citoyens intéressés à nos choix et décisions. Adoption d’un plan de reconquête des adhérents.

Novembre 2018 -> janvier 2019 :

* Trois conventions thématiques :

– L’émancipation des femmes

– Le travail et la révolution numérique

– La République et la laïcité

6 Février 2019 :

– Convention pour l’Europe écologique, sociale et démocratique : présentation du projet de refondation du projet européen comme un projet de civilisation écologique et sociale dans la mondialisation, et démocratique face à l’influence des multinationales et des lobbies. Mars -> Mai 2019 :  Présentation de nos listes et campagne des élections européennes

Octobre 2019 :

– Congrès de bilan sur la mise en œuvre du calendrier du changement, renouvellement de toutes les instances sur la base des nouveaux statuts, y compris première secrétaire, lancement de l’élaboration du projet et de la campagne des municipales.

Une révolution pacifique, déterminée et généreuse, voilà notre projet. Rejoignez-nous !

#MitterrandRéveilleToi

mitterrandreveilletoi@gmail.com

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Politique

Delphine Batho « sur le Front de l’Écologie »

Delphine Batho devrait présenter aujourd’hui sa candidature à la tête du Parti Socialiste. Elle assume son opposition face à la direction du parti et dénonce une mafia avec des manœuvres antidémocratiques. Sa candidature sera normalement rejetée pour non respect des nouvelles règles qu’elle conteste, à savoir le fait de devoir être parrainé par 16 membres du Conseil National du parti.

Son positionnement politique est lui aussi assez tranché par rapport à la ligne générale du parti. Elle est très à gauche, avec une réelle vision écologiste. L’entretien qu’elle a accordé à la revue Esprit et intitulé « Sur le Front de l’Écologie » est un bon aperçu.

Delphine Batho y explique que :

« Il y a une confrontation de plus en plus tendue entre la recherche du profit immédiat et l’intérêt général de l’humanité sur la planète.

Cette contradiction fondamentale du système capitaliste aurait logiquement dû être au cœur du combat de la gauche française et internationale depuis des années. »

Elle précise ensuite que :

«  Il y a toujours cette croyance que si les résultats économiques du pays s’améliorent, alors le reste suivra. Pourtant, un taux de croissance ne fait pas un projet de société pour une nation comme la France. »

En d’autre terme, c’est une volonté de véritablement changer la vie, et pas seulement prétendre à des aménagements sectoriels.

Elle fait partie des rares personnes qui affirment le caractère absolument urgent de la question écologique :

« Cette question du rapport au temps est cruciale. Le réchauffement climatique s’accélère, les destructions irréversibles de la biodiversité et la crise sanitaire liée aux produits chimiques aussi.

Quinze mille scientifiques alertent : « Bientôt il sera trop tard », il reste peut-être cinq ou dix ans pour inverser la trajectoire. Et nous répondrions à cette situation en décrivant le monde idéal que nous imaginons pour 2050?

Tant que l’on évoque l’horizon, en général, tout le monde est d’accord. Mais il faut en finir avec ce faux consensus, qui se fait au détriment des décisions concrètes immédiates et du courage politique. Pour la planète, ce qui compte, c’est ce qui est fait maintenant. L’écologie ne doit plus être appréhendée comme une question de long terme ; elle doit se conjuguer au présent. »

C’est une vision globale qui est proposée, avec la conscience du fait que l’enjeu est celui d’une « transformation civilisationnelle » :

« L’écologie est la nouvelle question historique pour l’humanité, comme le socialisme a pu l’être au XIXe siècle. Aujourd’hui, l’accélération inouïe de la capacité de destruction des écosystèmes par l’espèce humaine entraîne une baisse tendancielle de la qualité de vie.

Le défi fondamental de l’anthropocène, c’est de savoir si nous sommes capables de reprendre le contrôle de nos destins, de changer l’architecture de la consommation et de la production. L’écologie porte un nouveau projet global de société. »

On peut regretter cependant le manque de cohérence idéologique par rapport à la compréhension de ce qu’est le capitalisme

C’est insuffisant d’expliquer d’un côté que « l’écologie est la nouvelle ligne d’affrontement avec le capitalisme » et de regretter de l’autre que « la France a des savoir-faire dans de nombreux domaines mais les grands groupes, qui devraient être à l’avant-garde, traînent souvent les pieds. »

C’est une chose d’avoir une vision économique et d’expliquer par exemple que :

« Pour organiser le basculement de nos modes de production, il faudrait quasiment fusionner les ministères de l’Écologie et de l’Industrie.

En fait, la France n’a pas de politique industrielle : il y a des ministres de l’Industrie qui jouent les pompiers sur telle ou telle fermeture de site, mais il n’y a pas de stratégie sur la reconstruction d’un appareil productif tourné vers les technologies de demain. »

Cela en est une autre de savoir qui doit être à la tête de cette industrie justement.

Delphine Batho explique en quelque sorte que la sociale-démocratie a réussi sa mission historique. Selon elle, la plupart des pays sont maintenant démocratiques et les questions sociales y sont posées de manières aboutie, équilibrée, ou du moins peuvent l’être.

Cela n’est pas exact car justement, et c’est là le grand apport historique de la sociale-démocratie, la question démocratique ne peut être dissociée de la question sociale. Cela change tout de savoir qui détient les moyens de productions.

Soit ce sont des groupements privés, soit c’est la collectivité.

Delphine Batho semble penser que cela ne change pas grand-chose puisque selon elle, des entreprises et des grandes entreprises pourraient mener le changement.

Elle dit ainsi :

« Il faut mener la bataille de la crédibilité, économique et sociale, du projet de transformation écologique. Sur ce front, les chefs d’entreprise qui sont à la pointe de l’innovation doivent enfin donner de la voix.

Au moment de la discussion parlementaire sur la loi sur les hydro-carbures, encore une fois, tous les parlementaires ont reçu les argumentaires des industries pétrolières : où étaient ceux des entreprises qui ont tout à gagner à la sortie des énergies fossiles ? »

Cela aboutit au fait qu’elle pense que des choses sont possibles à l’intérieur même des institutions :

« Il faut détruire la légende selon laquelle rien n’est possible. Au gouvernement, j’ai obtenu, par exemple, en 2012, à une époque où pas grand monde pariait sur sa réussite, que la France décide d’accueillir la COP 21.

J’avais également empêché le retour du gaz de schiste, interdit le barrage de Sivens (finalement autorisé par mes successeurs), instauré un moratoire sur les retenues artificielles d’irrigation, baissé la TVA sur les travaux d’efficacité énergétique dans le bâtiment. »

Il y a bien sûr la volonté d’être constructif, efficace. Et c’est assurément une bonne chose. Mais c’est contradictoire avec les constats qui sont faits sur la recherche du profit.

On ne peut pas se satisfaire d’un côté de la COP 21 (« un succès historique ») tout en remarquant de l’autre qu’aucun État n’assume le caractère urgent de la question ni n’envisage de suivre les recommandations des scientifiques pour limiter le changement climatique.

Elle le dit d’ailleurs elle-même :

« Certes, l’accord de Paris reste notre meilleur point d’appui pour une action de la communauté internationale la plus large possible, mais il s’avère insuffisant au regard des réalités scientifiques : les seuls engagements volontaires des États ne permettent pas de contenir le réchauffement sous les 2°C.

L’engagement déterminé et unilatéral d’un groupe de nations pionnières doit pousser les feux de toutes les solutions permettant de sortir des énergies fossiles. »

Sa position est alors compliquée à comprendre.

En quoi la COP 21 est-elle une bonne chose si finalement elle n’a aucune efficacité ?

Pour autant, à côté de ce qui apparaît comme une naïveté par rapport aux possibilités de changer les choses sans bouleverser l’ordre politique, Delphine Batho n’a pas d’illusion quant à la situation.

Elle est assez critique par rapport à la fiction d’une grande stabilité du système, fiction qui était finalement le grand thème de François Hollande, et qui est plus encore maintenant celui d’Emmanuel Macron.

Elle explique très bien que :

« La politique industrielle de l’État est pleine d’ambiguïtés : la France organise la COP 21 et, « en même temps », François Hollande se rend en Alberta pour proposer le concours des entreprises françaises pour l’extraction des hydrocarbures les plus polluants du monde, les sables bitumineux.

La France organise le One Planet Summit et, « en même temps », Emmanuel Macron veut ratifier le Ceta ou encore autoriser la Montagne d’or en Guyane qui va détruire la forêt amazonienne à proximité immédiate de deux réserves de biosphère. Ce n’est plus possible. »

Seulement, le manque de clarté idéologique conduit à une mauvaise interprétation des choses, malgré des constats justes. Il est erroné de répondre ainsi à la question « Comment qualifieriez-vous aujourd’hui la situation de l’écologie en France ? » :

« Forte culturellement, mais faible politiquement. Le hiatus va grandissant entre l’aspiration de plus en plus forte des citoyens à une alimentation saine, au respect du climat et de la biodiversité d’un côté, et la représentation politique de l’autre. »

Cela n’est pas vrai. Globalement, et particulièrement dans la jeunesse, il n’y a pas de véritable mouvement de masse en faveur d’une alimentation saine, de la lutte contre le changement climatique et de la question écologique.

Les jeunes français mangent en masse dans les fast-food et n’envisagent nullement de se passer de l’automobile, pour ne prendre que ces deux exemples typiques.

Delphine Batho souhaite se « consacrer patiemment à l’unification des forces de progrès sur un programme écologique afin de proposer un chemin d’espérance crédible. »

Cette unification est une étape fondamentale, indispensable. Cela d’autant plus que, comme elle le dit, « les forces conservatrices et réactionnaires partout dans le monde sont un obstacle. »

La contribution de Delphine Batho pour faire avancer la gauche sur le plan de l’écologie est indéniable.

Mais pour que cela aboutisse, il faudra de la clarté sur le plan idéologique ainsi qu’une véritable volonté de mener la bataille sur le plan culturel.

En d’autres termes, les constats faits pas Delphine Batho sont bons mais il y a mégarde quant à la nature du mode de production capitaliste ainsi qu’un certain relativisme par rapport au niveau culturel de la société française.