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La guerre moderne et les brigades russes

Frapper fort, passer en force : c’est la tactique militaire russe.

Les années 2020 sont aussi éloignées des années 1980 que les années 1980 des années 1940. La guerre moderne a donc un visage fondamentalement différent des périodes précédentes, et le mot clef, c’est transmission. Les données sont transmises plus rapidement et elles sont bien plus nombreuses, ce qui fait qu’au niveau de la direction militaire, il est possible d’obtenir une gestion bien plus avancée des troupes, et par conséquent également une bien meilleure coordination.

La Russie a particulièrement mis le paquet il y a une décennie à ce niveau, avec la modernisation de l’armée, fondée désormais sur les brigades. C’est le prolongement de la conception de la superpuissance soviétique dans une guerre en Europe dans les années 1980. L’idée soviétique était la suivante : il faut être capable d’envoyer des missiles précis d’un côté et d’occuper rapidement le terrain de l’autre, pour provoquer un état de fait si rapide que cela empêche l’OTAN de réagir de manière nucléaire.

Les brigades russes mises en place il y a dix ans sont donc le fruit d’une intense réflexion concernant, de fait, l’Ouest de la Russie. Les brigades ne forment pas un modèle exportable pour d’autres situations. En extrême-Orient, d’ailleurs, la Russie a des troupes différentes, adaptées aux très rudes conditions locales et surtout fondées sur l’emploi massif de missiles. Voici la carte des quatre districts militaires russes, chacun ayant donc ses spécificités opérationnelles.

Une brigade est composée de 800-900 soldats, avec trois compagnies d’infanteries munie chacune de onze véhicules de transports, avec également une compagnie de 10 tanks. On parle là d’une brigade concentrée sur l’infanterie ; il existe une variante tankiste, avec trois compagnies de tanks accompagnées d’une compagnie d’infanterie.

Chaque brigade compte qui plus est deux ou trois batteries d’artillerie ou d’obusiers, soit au total 12-18 systèmes d’artillerie. Il faut ajouter à cela une ou deux batteries de missiles anti-aériens, une compagnie anti-tank, une équipe de reconnaissance gérant également la guerre électronique.

On voit là qu’on est dans le cadre de la guerre moderne. Il y a une combinaison opératoire très poussée. Les brigades disposent ainsi d’une gigantesque force de frappe, qui est employée de manière pour ainsi dire auto-suffisante et massive, pour que dans la foulée une zone passe sous contrôle militaire par l’occupation directe au moyen des troupes.

Autrement dit la tactique militaire russe repose sur l’artillerie, au plus exactement il y a trois moments : d’abord l’envoi massif de missiles à moyenne distance et des opérations de guerre électronique massive, puis le passage à l’action des brigades avec l’artillerie pour briser l’ennemi en l’écrasant sous la puissance de feu et pouvoir directement passer en force.

Ce n’est pas du tout une bataille avec une artillerie ici, des soldats là, des tanks encore ailleurs. Chaque brigade combine ces aspects et, évidemment, les brigades sont combinées ensemble, le tout dépendant des missiles envoyés pour décapiter l’armée adverse, détruire les entrepôts, bombarder les troupes, etc.

Ce principe est considéré comme très fiable… quand il marche, que tout va bien. En cas de souci, les brigades ont un gros problème défensif, car ils ne sont pas assez massifs (la superpuissance américaine fonctionne justement inversement avec des troupes structurées « massivement »). En clair, cela passe ou ça casse.

Tout cela est bien entendu tout à fait schématique. Tout cela est bien plus complexe dans le détail et il faut distinguer les brigades interarmes de celles servant d’appui. Cela permet cependant d’avoir une vue d’ensemble et de comprendre le mode de fonctionnement de l’armée russe à sa frontière occidentale et donc dans son rapport militaire avec l’Ukraine dans le cadre d’une confrontation.

L’Ukraine ne dispose en effet ni de missiles pouvant atteindre la Russie (ni même de missiles efficaces d’ailleurs), ni d’aviation, ni de capacité réelle anti-chars. Si la Russie se lance contre l’Ukraine, elle peut en 24-72h obtenir une victoire massive rien qu’avec les missiles et les avions, pour ensuite ravager les troupes restantes avec ses brigades.

Or, la superpuissance américaine compte bien fournir à l’Ukraine tout ce qui lui manque pour tenir (et même passer à l’offensive, car tel est le plan de l’OTAN qui est tout aussi belliciste que la Russie). Chaque jour qui passe rend la situation plus difficile pour une éventuelle invasion russe.

C’est cela le piège pour l’Ukraine : tant la superpuissance américaine que la Russie fermant la porte à toute reculade en raison de la pression de la crise mondiale généralisée, elle est fatalement prise au piège dans un sens ou dans un autre. Soit la Russie tente de reformer un empire autour d’elle, soit la superpuissance américaine en fait le porte-avions d’une pression systématisée pour faire en sorte que la Russie soit déstabilisée et bascule dans une soumission aux forces occidentales.

Le capitalisme a façonné la guerre moderne : de la même manière que le capitalisme implique la guerre en raison de la nécessité à un moment de la bataille pour le repartage du monde, la structuration des armées modernes des pays capitalistes obéit à une logique d’écrasement et de conquête.

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La négociation américano-russe du 10 janvier 2022

Les puissances campent sur leur position.

Dans la matinée du 10 janvier 2022, Jens Stoltenberg, à la tête de l’OTAN, a expliqué que l’OTAN continuerait d’accepter de nouveaux membres. Comme on sait que la principale revendication russe est que l’Ukraine et la Géorgie ne rentrent pas dans l’OTAN, on voit que la contradiction est antagonique.

Cette déclaration se faisait dans le cadre de la réunion extraordinaire de la Commission OTAN-Ukraine, avec la ministre ukrainienne de l’intégration européenne et euro-atlantique Olga Stefanishyna, ce qui est une manière pour l’OTAN d’exercer une pression maximale.

Car dans la foulée se tenait la réunion américano-russe à Genève entre le Vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Ryabkov et la Secrétaire d’État adjointe des États-Unis Wendy R. Sherman.

Elle n’a rien donné. D’ailleurs, les huit heures de rencontre ont été par la suite présentées comme des « discussions » et non comme des « négociations ». Et chaque représentant, accompagné d’une grosse équipe lors de la rencontre, a en fait réalisé séparément une conférence de presse. Naturellement, chaque camp se présente sous son meilleur jour. La superpuissance américaine explique qu’elle veut la paix et la sécurité en Europe, qu’elle est prête à négocier avec la Russie. Cette dernière insiste sur le fait qu’elle ne compte pas du tout envahir l’Ukraine.

Ce qui n’empêche pas le bellicisme de continuer à l’arrière-plan, bien entendu. Aux États-Unis on vient d’apprendre que début décembre 2021 le président Joe Biden avait décidé d’un pack supplémentaire de 200 millions de dollars pour l’Ukraine, sans que cela ait alors été rendu public. Quant à la Russie, elle continue de mobiliser son armée vers l’Ukraine, avec même pour la première fois depuis 1944 un décalage vers l’Ouest des troupes les plus éloignées tout à l’Est.

Dans ce contexte, les deux pays européens ayant le plus à perdre d’un affrontement en Ukraine ont pris l’initiative aussi, puisque, le même jour, se sont rendus en Ukraine le conseiller en politique étrangère du chancelier allemand Olaf Scholz et le conseiller diplomatique du président français Emmanuel Macron, pour une réunion à haut niveau avec le régime ukrainien.

Le Danemark a de son côté annoncé envoyer quatre avions de chasse et une frégate dans la Baltique pour renforcer l’OTAN, alors que le chef d’État-major suédois Michael Claesson a expliqué que la situation était « extraordinairement sérieuse » et qu’il n’excluait pas… une action militaire russe contre la Suède.

Voici d’ailleurs une carte montrant les trajets d’avions-espions suédois (en jaune) et américains (les autres couleurs), les cercles indiquant la portée maximale des appareils d’espionnage.

Kaliningrad est une semi-enclave russe à côté de la Pologne et de la Lituanie.

Du point de vue de la très grande majorité des analystes et des observateurs occidentaux, il est absolument clair que l’on va au conflit militaire en Ukraine. Cela tranche avec les médias occidentaux (et même ukrainien) qui n’abordent pas la question, ou bien simplement pour présenter un risque très présent, sans évidemment en affirmer l’envergure.

C’est inévitable : personne ne partant d’un point de vue intérieur au capitalisme ne peut comprendre que ce sont toutes les relations internationales qui se dissolvent en raison de la bataille pour le repartage du monde. Et comme il y a encore des négociations le 12 et le 13 entre la Russie avec l’OTAN et l’OSCE, c’est autant de gagné comme période de « paix » avant le déluge.

Il sera important de revenir sur ce moment historique a posteriori, pour étudier les non-dits, la mauvaise foi, la croyance en la « paix » capitaliste, le déni face à la crise, etc !

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Arrachez-vous à votre vie quotidienne dans le capitalisme et étudiez la crise ukrainienne !

Il n’y a pas de capitalisme sans guerre et c’est l’avenir qui est en jeu !

C’est une question existentielle et si auparavant, avant la crise, dans un capitalisme tournant à fond, on pouvait l’éviter, désormais ce n’est plus le cas. Quiconque imagine sa vie sur une, deux, trois décennies, en s’imaginant que les choses ne changeront pas, qu’elles vont rester ce qu’elles sont, vit dans l’illusion.

Dans l’illusion qu’on vit tranquillement dans une bulle capitaliste totalement stable, pacifiée, à l’écart des troubles du monde.

La guerre est en effet de retour, elle réapparaît à l’échelle mondiale à travers la formation de blocs dont l’élément le plus puissant cherche à organiser un nouvel empire. L’affrontement entre la superpuissance américaine et la Chine qui aimerait prendre sa place prend toujours plus de place dans l’Histoire de l’humanité, dans les phénomènes et les décisions à l’échelle mondiale.

Car il est impossible de ne pas se placer dans la bataille pour le repartage du monde ! Que ce soit en son sein pour avoir sa place du gâteau impérial ou à l’extérieur, pour la dénoncer, pour la combattre, au nom de l’amitié entre les peuples, au nom du refus de la guerre !

Depuis le 2 avril 2021, agauche.org a sans relâche averti de l’importance du conflit Ukraine-Russie, expliquant les tenants et aboutissants au moyen de plus de 60 articles directement à ce sujet, de plus encore d’articles touchant à des aspects secondaires de ce conflit.

Absolument personne en France n’a souligné cette question ukrainienne, et à vrai dire même personne n’en a même parlé. Pourquoi ? Parce que personne ne croit plus en la guerre, étant corrompu par le capitalisme, lessivé sur le plan des idées. Le capitalisme a triomphé dans les esprits, il force à la capitulation avant même de commencer à réfléchir seulement.

Seule une poignée de gens en France a conscience de ce qu’est la guerre, de sa réalité. C’est la même situation qu’en 1914, où à part dans quelques pays comme la Russie, l’Italie, la Serbie, il n’existe aucune réelle compréhension de l’enjeu historique que représente la guerre.

Les gens vivent leur vie, ils sont tournés vers un horizon immédiat, celui de la consommation ; quand ils prévoient, c’est à leur propre échelle individuelle, avec un cadre familial. Il n’y a plus aucune capacité à saisir ce qui est collectif, ce qui est universel.

Sans parler qu’il n’y a aucune capacité à assumer une détermination autre que celle proposée par le marché capitaliste. Les gens ne prennent pas de responsabilités, ils sont consommateurs et tout leur est dû en ce sens, d’où l’effondrement des partis politiques, la dépolitisation complète, les aventures hystériques comme celles des LGBT ou des nationalistes nostalgiques d’une France fantasmée.

Tout se consomme, à tous les degrés, dans une gamme insensée de variantes produits par une société capitaliste en perdition sur le plan culturel et moral. Et qui précipite les pays dans la guerre pour le repartage du monde, car il n’y a plus assez d’expansion possible autrement.

Le capitalisme, c’est la guerre. Qui ne le comprend pas ne peut que voir sa propre vie s’échapper.

Ce qui est dramatique, c’est que les gens auraient dû le comprendre en amont. Pourquoi ont-ils accepté McDonald’s ? Pourquoi ont-ils accepté Netflix ? Pire encore, ils ont choisi tout cela, par corruption, par le fait de vivre dans un pays riche comme la France, l’un des pays les plus riches du monde, un des grands pays capitalistes historiquement, l’une des premières puissances dans le monde.

Désormais, il va falloir être confrontée à la facture, celle de la guerre. L’affrontement sino-américain est le produit de trente années de consommation occidentale dans le cadre capitaliste : les choses ne pouvaient que changer dans un tel processus et voilà que la Chine émerge en effet comme grande puissance mondiale.

La Russie, qui a tenté elle-même de devenir la puissance numéro 1 dans les années 1960-1980 dans le cadre de son empire soviétique, en profite pour tenter de se restructurer comme empire, afin de s’étendre et de tenir le choc par rapport à l’OTAN qui a mené une véritable conquête de l’Est parallèlement au capitalisme occidental.

Et c’est cela qui rend la question ukrainienne si importante. C’est une étape essentielle de tout un processus inévitable. La croissance capitaliste exige sa facture : encore plus de croissance capitaliste. Et cela passe par la guerre de par la crise. Le capitalisme veut passer en force.

On doit l’en empêcher. On doit le renverser. Et donc : guerre à la guerre !

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Guerre

L’Ukraine, martyre du jeu belliciste des grandes puissances

La France est au premier rang des coupables comme membre de l’OTAN.

Alors que le 10 janvier a lieu la réunion américano-russe à Genève, il apparaît déjà comme clair que l’un des deux protagonistes devra massivement reculer pour qu’un accord puisse avoir lieu, ce qui implique de perdre ouvertement toute crédibilité « impérialiste » dans la foulée.

Le pire est donc à craindre, il est déjà là, et le Royaume-Uni vient en rajouter encore en annonçant… la visite de sa ministre des affaires étrangères Liz Truss en Ukraine, on ne sait trop quand en janvier 2022, alors que le chef d’état-major britannique Tony Radakin vient d’expliquer que si des sous-marins russes coupent des câbles sous-marins internationaux, cela sera une situation de guerre.

De son côté, le ministère des affaires étrangères russe a publié un message, également diffusé en anglais, à la fois des plus futiles et des plus agressifs. C’est une réponse au secrétaire d’État américain Anthony Blinken critiquant la Russie pour son intervention au Kazakhstan.

« Si Antony Blinken aime tant les leçons d’histoire, en voici une venant à l’esprit : lorsque des Américains sont dans votre maison, il peut être difficile de rester en vie, de ne pas se faire voler ou violer.

Les Indiens d’Amérique du Nord, les Coréens, les Vietnamiens, les Irakiens, les Panaméens, les Yougoslaves, les Libyens, les Syriens et bien d’autres peuples infortunés qui ont eu la malchance de voir ces hôtes non invités à leur porte auraient beaucoup de choses à ajouter à ce sujet. »

Juste avant une négociation de la plus haute importance, voilà qui donne le ton. En fait, on a deux puissances entendant disposer d’un niveau impérial et, pour cela, doivent poser un bloc avec une idéologie, un centre, une dynamique. La superpuissance américaine utilise l’OTAN comme noyau européen de son empire, et la Russie entend se restructurer telle une forteresse avec la Biélorussie, le Kazakhstan et l’Ukraine.

L’Allemagne se place déjà en insistant pour que l’oléoduc Nord Stream 2 soit séparé de sanctions en cas d’invasion de l’Ukraine par la Russie, des sanctions qu’on sait déjà énormes puisqu’elles couperaient la Russie du système financier occidental (le SWIFT) et qu’elle impliquerait un boycott technologique de la Russie.

Cette dernière, qui dispose d’un énorme matelas financier, en souffrirait bien entendu, mais sa position est déjà d’assumer de former un bloc séparé, en considérant que l’édifice occidental va de toutes façons se lézarder. De fait, si cela se passe, des forces en France par exemple proposeront immanquablement de se tourner vers la Russie afin d’avoir une bourgeoisie française plus « libre », et on a déjà proche de cette ligne ou sur cette ligne Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour.

Les grandes puissances ont de fait le dessus dans les phénomènes historiques en cours, ce sont elles qui décident du cours des événements. Ce n’est pas le gouvernement, la démocratie, le peuple, les intérêts nationaux, la stratégie, ou quoi que ce soit de ce genre, ce sont les puissances comme expression du capitalisme en crise et à l’offensive expansionniste qui décident de ce qui se passe.

C’est là une catastrophe historique dont la première est ici le peuple ukrainien, et même la nation ukrainienne dont l’existence est remise en cause par une Russie aux volontés annexionnistes et un régime ukrainien pro-occidental donnant libre cours aux fascistes et démantelant la culture ukrainienne démocratique et populaire.

Il faut combattre la guerre, il faut combattre la démarche expansionniste des puissances, il faut en France récuser l’OTAN et la conquête de l’Est du capitalisme occidental, c’est là l’aspect principal, la dénonciation du bellicisme russe étant important également mais secondaire car l’ennemi est avant tout dans notre pays, avec notre propre bourgeoisie jetant de l’huile sur le feu avant de disposer d’une part du gâteau.

La question ukrainienne est la boîte de Pandore du repartage du monde au moyen de la guerre pour former des entités impériales ! Il faut la comprendre et assumer ce slogan de la Gauche historique : guerre à la guerre !

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Réflexions

L’indifférence envers l’OTAN témoigne de la corruption des Français par le consumérisme

La France est une cage dorée dont les prisonniers s’imaginent heureux.

Les Français vivent dans un des pays les plus riches du monde, le niveau de vie est tel qu’il est possible pour l’écrasante majorité des gens de s’intégrer économiquement et de socialiser, en profitant d’une consommation réelle et avec un accès aux soins très facile. Les gens sont ainsi corrompus dans le consumérisme, tous les gens, et pas seulement les couches sociales aisées.

Qui ne veut pas le voir ne reconnaît pas le degré de développement du capitalisme et les couches innombrables de corruption et d’aliénation qui anéantissent les esprits. Nous vivons dans une société de consommation avancée, pas à l’époque d’Émile Zola. Ce n’est pas sérieux que de lire des propos comme ceux du porte-parole de la « Jeune Garde » sur les réseaux sociaux au sujet de la mesure comme quoi on doit payer 20 euros aux urgences si on est pas hospitalisé :

« On est déjà plein à éviter d’aller chez le médecin généraliste, et je ne parle même pas des spécialistes (dermato, dentiste, kiné, etc…). Maintenant beaucoup d’entre nous vont même éviter les urgences. »

Ce n’est pas vrai. Il n’existe pas d’obstacle en France à la possibilité d’aller voir un médecin généraliste, ni même un spécialiste. Il existe des détours, en raison de l’éloignement relatif éventuel d’un spécialiste, du temps d’attente. Mais dire qu’en raison d’un manque d’argent, on ne peut pas aller chez les médecin, en France, en 2022, ce n’est pas vrai.

Sans compter que c’est une très bonne mesure que ces 20 euros aux urgences si ce n’est pas une urgence, vu le nombre d’éléments anti-sociaux les pourrissant en consommant par facilité ce lieu pourtant essentiel pour la santé. Une urgence est une urgence et ce qui n’est pas une urgence n’est pas une urgence. Ces 20 euros sont une réponse forcée du système de santé face à un esprit consumériste atteignant même les urgences, voilà la vérité !

Et la preuve de tout cela, c’est l’indifférence générale envers l’OTAN et d’ailleurs la question de la guerre en général. La France est vécue, même par les critiques les plus « rebelles », comme un îlot paisible, coupé des troubles des pays moins avancés, avec un confort matériel développé, sans répression policière réelle. Et plus cela est vrai, plus il y a la fabrication de mythes, du type les policiers sont des assassins, l’État est policier, la misère immense, etc.

En réalité, les gens vivent leur petite vie en ne prenant aucune responsabilité, une petite ultra-gauche s’agite pour s’imaginer relever d’une actualité en fait fictive, les syndicalistes monnayent l’intégration des travailleurs dans les institutions, les capitalistes font du capitalisme et cela s’arrête là.

Il n’y a pas de remise en cause de la société de consommation. Pour preuve, où sont les gens qui, lors du premier confinement, avait compris que les choses ne tournaient pas rond, que le rythme capitaliste ralenti ouvrait l’esprit et montrait qu’il fallait autre chose ? Ils ont disparu, ils ont réintégré le capitalisme lorsque celui-ci s’est relancé… à crédit. Ce crédit n’a choqué personne d’ailleurs. Des milliards et des milliards distribués, les entreprises capitalistes portés à bout de bras ? C’est normal !

Malheureusement ou heureusement, le capitalisme ne peut pas tenir et là il se lézarde, se précipitant dans la guerre. Là il faut voir les choses en face : les gens ne comprennent rien, ne veulent pas le comprendre et sont bien plus prêts à se précipiter chez Eric Zemmour et Marine Le Pen qu’à se soulever contre une guerre servant aussi à maintenir leur niveau de vie.

Les gens sont bien plus d’accord pour soutenir l’aventurisme militariste au service du capitalisme et donc aussi de leur consumérisme, que de faire le moindre effort intellectuel ou moral contre la guerre. C’est là une catastrophe complète qui doit être reconnue si on veut lutter contre elle.

Contre vents et marée, à contre-courant du consumérisme et sans céder un pouce aux opportunistes faisant leur petite place dans le capitalisme tout en prétendant être « révolté », il faut rejeter un mode de vie aliénant, oppressant, où l’exploitation est extrêmement développée sur le plan de l’organisation et des techniques, exigeant une attention immense et un effort nerveux gigantesque comparé à il y a cent ans.

Car les travailleurs ont plus d’aisance matérielle que sous Émile Zola, mais ils sont davantage exploités, de manière bien plus raffinée, bien plus profonde, bien plus générale.

Il faut arrêter avec le misérabilisme… l’ennemi c’est Netflix, c’est McDonald’s, c’est Koh-Lanta, c’est Amazon, c’est The North Face, c’est les paris sportifs, c’est les Kebabs, c’est radio Nostalgie ou Skyrock !

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Politique

Crise chez les post-modernes : démission à l’UCL

Exactement comme prévu.

Ce qui devait arriver arriva : la naissance d’une organisation anarchiste de type post-moderne, littéralement post-anarchiste, a produit une fuite en avant petite-bourgeoise délirante humainement parlant. En lieu et place des valeurs, des principes et de l’organisation, cela a été le libre-cours aux invectives subjectives, aux points de vue individuels accusateurs. D’où la démission de nombreux membres de l’Union Communiste Libertaire, dont voici le texte de sortie.

La naissance de cette organisation en 2019 avait été abordé ici (La fusion entre Alternative Libertaire et la Coordination des Groupes Anarchistes). Il y était dit que cela donnerait pas une organisation solide, que :

« La fusion est un saut pour encore davantage abandonner les principes de la Gauche dans son parcours historique (…). C’est en réalité une simple mutation de plus, dans le sens de l’esprit post-industriel, post-moderne (…).

L’Union Communiste Libertaire, qui vient de naître ce 11 juin, est ainsi une fuite en avant, qui ne peut être soutenue que par ceux qui sont trop heureux de liquider les expériences passées sans tirer un quelconque bilan. Il n’y a aucun esprit critique qui est fait, c’est encore et toujours le principe de « s’unir » dans quelque chose de « nouveau » et de prétendre que cela serait une solution à tous les problèmes.

C’est le refus catégorique d’assumer quoi que ce soit politiquement, d’établir des bilans, des analyses de fond quant à l’histoire et à la culture de la France, d’évaluer les succès (ou non) des luttes, des méthodes employées, etc. C’est le refus de ce qui a été la social-démocratie historiquement.

La naissance d’un groupe ultra « nouveau » ne changera rien, car il existe déjà bien d’autres groupes du même genre. Mais cela contribuera à la confusion et des esprits se feront piéger, par incapacité de voir que c’est de la camelote anarchiste d’avant le siècle dernier, une attitude anti-socialiste, anti-communiste, anti-rationalité. »

Il suffit de lire le texte de démission pour voir que cette analyse était parfaitement juste. Et que, en même temps, la position des démissionnaires est intenable parce qu’elle parle de motifs politiques sans jamais en conclure quelque chose de politique justement.

Voici leur texte :

« Nous quittons l’UCL pour des motifs politiques

Militantes et militants communistes libertaires depuis des années, plus de quarante ans pour certain.es, nous avons assisté à une transformation profonde de notre organisation, ce qui aurait pu nous convenir. Mais l’Union Communiste Libertaire (UCL), créée il y a deux ans, met à mal les relations humaines qui s’y nouent, adopte un fonctionnement qui ne recherche ni le respect de ses textes fondateurs, ni celui de ses valeurs et ne favorise pas la solidarité militante.

Le communisme libertaire est un ensemble de pratiques qui définit ce que nous prônons politiquement et de valeurs porteuses d’un projet révolutionnaire.

Son combat est de lutter contre toute domination d’un être humain sur un autre, pour construire une société solidaire. Notre courant s’incarne dans la volonté d’ancrer nos combats coordonnés dans le réel, dans le refus du dogmatisme et du sectarisme et dans la recherche de nouvelles voies de transformation sociale.

1) Les orientations

Le plate-formisme, à l’origine fondé pour tirer les conséquences de l’échec total des mouvements anarchistes pendant la révolution russe, est indispensable en ces mauvais temps.

A l’abandon au 1er congrès de l’UCL de cette orientation, s’est ajouté un sectarisme « novateur » dans notre courant. Comme si la révolution pouvait ne dépendre que des seuls anarchistes ! L’organisation n’est donc plus un outil collectif, elle est devenue une fin en soi. Ces éléments marquent selon nous définitivement la rupture de l’UCL avec toute perspective révolutionnaire.

A l’UCL aujourd’hui, la lutte de classes est systématiquement opposée à « l’intersectionnalité », alors que pour nous toutes les luttes doivent être articulées ensemble.

Les postures radicales, ou plus exactement des discours prétendument radicaux, ne remplacent pas les engagements concrets en lien direct avec les classes populaires qu’ils soient associatifs, syndicaux, politiques, ancrés dans les quartiers, les villes et les campagnes. Cela se complète avec une incapacité d’écoute et d’empathie qui contrarie notre implication sociale ; au contraire, l’utilisation d’un langage élitiste ne peut que renforcer la domination sur celles et ceux qui ne le maîtrisent pas.

L’UCL nie, de fait, que tous les prolétaires ont matériellement intérêt à combattre ensemble le sexisme et le racisme, et que c’est sur cette base que nous pouvons construire des luttes sociales articulant les luttes contre toutes les formes de discrimination et pour leurs revendications communes.

Quant à la critique de toutes les religions, incarnée depuis toujours par le mouvement libertaire, elle est devenue tabou et donne même lieu à des accusations de racisme lorsqu’elle est proposée, alors que le Manifeste de l’UCL rappelle son engagement à défendre « un projet de société libéré de l’aliénation religieuse ». Même si la liberté de croire ou non doit être défendue, les libertaires se sont toujours dressé.es contre toutes les formes d’oppression religieuse, notamment chrétiennes, juives et musulmanes.

Concernant « l’islamophobie », dont nous nous ne sommes pas dupes, cela ne doit toutefois pas conduire à exclure toute réflexion critique quand l’islam politique est au pouvoir dans certains pays ou qu’il menace les droits et les libertés dans le monde ou ici.

2) Le fonctionnement

L’évolution de l’UCL met à mal le projet communiste-libertaire.

Cette organisation a accepté le principe d’une communication interne violente où le débat n’est plus nourri par des points de vue politiques mais s’exprime par anathèmes à partir d’une essentialisation des militant.es. Ainsi, ce n’est plus tant ce qui est argumenté que la personne qui parle, définie par la couleur de sa peau, son âge, son genre, etc. Or les personnes doivent être reconnues dans leurs propos et leurs actes, et non par la liste des dominations vécues. Quant aux vécus et aux ressentis, s’ils ont une place, ils ne justifient pas l’imposition d’une ligne politique.

Nous ne sommes pas responsables de qui nous sommes, uniquement de l’impérieuse nécessité d’interroger de quoi nous sommes porteurs ou porteuses et d’entrer par là même en transformation. Et selon nous, l’organisation a vocation à accompagner ses membres dans ce processus intime et politique.

A l’inverse, dans l’UCL s’expriment dorénavant surtout celles et ceux qui sont maîtres du temps et adeptes des faux procès, les autres n’ayant comme choix que de subir l’opprobre public, de s’autocensurer ou de se taire.

Des accusations sans fondement de racisme ou d’antisémitisme, de sexisme, de complicité de la culture du viol, de transphobie, de validisme, de putophobie, etc. sont proférées sans arguments, ni clefs de compréhension. Il est pourtant évident que si celles-ci étaient fondées, des procédures d’exclusion auraient été mises en œuvre.

Ces propos accusateurs, qui ont pu s’exprimer au dernier congrès, sont sans doute minoritaires ; ils camouflent en réalité des divergences politiques. Et la majorité laisse dire.

Au sein de l’organisation, les liens humains sont donc abîmés. Et le 1er congrès a illustré ce malaise relationnel entre les militant.es, devenus incapables ne serait-ce que de boire un coup ensemble après un moment de confrontation politique.

3) L’absence d’élaboration

Les positions politiques sont caricaturées et stigmatisées, la complexité du réel déniée. Et la pratique, certes longue et difficile, de l’élaboration collective et de la confrontation politique n’est plus une réalité. La richesse de la réflexion et la recherche de sens sont passées à la trappe !

A l’image des likes et insultes des réseaux sociaux, le congrès a brillé par sa pauvreté intellectuelle, dans le prolongement d’un fonctionnement où l’entre-soi est privilégié.

Les commissions ne produisent au final que peu de réflexions.

Seul l’antipatriarcat « post-moderniste » semble avoir le vent en poupe et constitue de fait un bureau politique qui ne dit pas son nom, minorant ainsi la parole des militantes qui portent une approche et une méthodologie autres. Le genre est en effet devenu le prisme de tout échange. Les camarades hommes hétérosexuels sont, notamment, soumis à une critique permanente du simple fait de ce qu’ils sont, quel que soit leur engagement concret dans la lutte pour l’égalité des droits, y compris dans leur vie quotidienne.

La réflexion de l’UCL est donc devenue médiocre et réductrice, éloignée de la complexité des classes populaires, son action bien peu mise en œuvre, le travail avec d’autres organisations le plus souvent fustigé, et le débat interne empêché et perverti.

4) Crise à l’UCL

Si notre projet est encore largement utopique parce que la société capitaliste y fait obstacle, notre réflexion et nos pratiques doivent maintenir l’exigence d’une solidarité respectueuse de toutes et tous. Et si le combat libertaire est indispensable dans cette société où l’oppression de classe est centrale, c’est essentiellement au nom de son identité qu’il subit la répression.

De très nombreux et nombreuses camarades ont déjà quitté l’organisation, choqué.es de sa violence interne et de sa dérive politique – sans que cela ne soit toutefois interrogé par ses mandaté.es qui répondent par le déni aux demandes d’explication. Loin de s’être concrétisée, la recherche du « changement d’échelle » ayant conduit à la fusion AL-CGA est déjà un gâchis conséquent.

Car l’UCL ne conçoit plus la remise en questions, alors que celle-ci illustre la spécificité libertaire de notre engagement. C’est à ce titre que notre démission collective de l’organisation rencontrera certainement le mépris de celles et ceux qui en sont les fossoyeurs.

Nous continuerons donc à militer dans d’autres cadres, avec celles et ceux qui restent nos camarades.

Car il est un temps où la cohérence politique conduit à la rupture. Ce temps est devenu le nôtre.

Signataires

Albert (ex UCL 93 centre), Basile (ex UCL 93 centre), Cécile (ex UCL GPS), Cédric (ex UCL Allier), Clo (ex UCL 93 centre), Daniel (ex UCL Aveyron), Edouard (ex UCL Nîmes), Émilie (ex UCL Nîmes), Erwan (ex UCL Lorient), Evelyne (ex UCL Amiens), Gémy (ex UCL 93 Centre), Grégoire (ex UCL Orléans), Guillaume B (ex UCL Orléans), Jacques Dubart (ex UCL Nantes), Jean-André (ex UCL Aveyron), Jean-Michel (ex UCL Amiens), Jérôme (ex UCL Montreuil), Laeti (ex UCL Nantes), Laurent (ex UCL 93 centre), Matthias (ex UCL Orléans), Max (ex UCL St Denis), Nico (ex UCL Thionville), Noël (ex UCL Melun), Nunu (ex UCL Aveyron), Olivier (ex UCL 93 centre), Paul (ex UCL liaison Toulouse), Quentin (ex UCL Orléans), Rémi (ex UCL Lorient), Rémi (ex UCL Orléans), Rodolphe (ex UCL liaison Toulouse), Sébastien (ex UCL Nantes), Valentin (ex UCL Nîmes), Xavière (ex UCL 93 centre)« 

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Culture Culture & esthétique

L’image, capteur d’absolu

La destruction de l’image est le symptôme de la décadence.

Si le manque de moyens rendait impossible ou du moins très difficile l’accès à la culture, il y a désormais une puissante surcharge pseudo-culturelle fournie par le capitalisme. Et ce qui caractérise cette surcharge, c’est qu’elle a de moins en moins de contenu, qu’elle porte de moins en moins de vérité.

Plus il y a des choses, plus il y a d’individus, moins il y a de personnalité. Faut-il alors tomber dans l’élitisme fasciste ou bien l’existentialisme chrétien? Pas du tout. Ce serait une régression. Il faut porter l’exigence au cœur des masses, en affirmant l’existence de classiques, d’une part, et en posant la nécessité du réalisme, d’autre part.

Car le capitalisme impose une consommation individuelle amenant les gens à toujours plus s’éloigner de la réalité. Les gens décrochent du réel, ils rêvent leur vie et ils le font d’autant plus que leur propre vie est morne, répétitive, fade. Alors qu’ils pourraient être artiste, qu’ils devraient être artiste.

Tout un chacun doit en effet épanouir ses facultés et, selon ses dispositions, développer sa sensibilité pour être capable de voir l’universel dans le réel, le sensible dans le réel. Qui est capable de vivre cela vit deux fois plus, dix fois plus, cent fois plus. Qui ne le fait pas le découvre à la veille de mourir et le regrette.

Il faut savoir s’écouter, non pas dans un sens égocentrique, nombriliste, mais bien dans le sens de la vie elle-même, c’est-à-dire à la fois personnel au sens d’intime et universel. Dans Le temps scellé (Cahiers du Cinéma 2004 ou bien Philippe Rey 2014), Andreï Tarkovski dit avec raison que :

« L’art nous fait appréhender le réel à travers une expérience subjective.

Avec la science, la connaissance de l’univers évolue d’étape en étape, comme si elle gravissait les degrés d’un escalier sans fin, chacune réfutant souvent celle qu l’a précédée, au nom de vérités particulières objectives.

En art, la connaissance est toujours une vision nouvelle et unique de l’univers, un hiéroglyphe de la vérité absolue.

Elle est reçue comme une révélation, ou un désir spontané et brûlant d’appréhender intuitivement toutes les lois qui régissent le monde: sa beauté et sa laideur, sa douceur et sa cruauté, son infinité et ses limites.

L’artiste les exprime par l’image, capteur d’absolu. »

La grande peur de notre époque, c’est finalement d’être authentiquement personnel, d’assumer de l’être, de produire des œuvres reflétant cette réalité. C’est ainsi que l’on passe du particulier à l’universel, qu’on se relie d’un aspect de la réalité à l’ensemble, dans un grand mouvement historique, car les choses se transforment.

En ce sens, c’est d’images dont nous avons besoin, d’images comme capteurs d’absolu. Nous avons besoin d’une génération d’artistes, qui soient à l’avant-garde d’un mouvement général vers l’art, qui soit une partie du vaste mouvement de transformation nécessaire à notre époque. Être un artiste à notre époque est l’une des choses les plus difficiles qui soient, néanmoins c’est également exactement ce qu’il faut pour se transcender et parvenir à se réaliser malgré le capitalisme, parmi, au milieu et avec les plus larges masses!

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Guerre

De l’Ukraine au soulèvement au Kazakhstan

La Russie est prise à revers.

Alors que le 5 janvier 2022, le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell s’est rendu en Ukraine et dès le premier jour à la frontière avec les républiques séparatistes, le Kazakhstan a connu un véritable soulèvement faisant déjà des dizaines de morts et des centaines de blessés.

Les insurgés ont fait tomber la statue de Noursoultan Nazarbaïev, au pouvoir depuis 1990, même si officiellement en 2019 le président est désormais Kassym-Jomart Tokaïev. C’est un immense symbole quand on sait que la capitale, Astana, a été renommé Nour-Soultan en l’honneur de ce « chef de la nation ».

A Alma-Ata, ancienne capitale politique et toujours capitale économique, ils ont désarmé des militaires, pillés des armureries, incendié la mairie ainsi que le siège du parti au pouvoir Nour-Otan (Lumière de la patrie), occupé l’aéroport international et le bâtiment du Comité National de Sécurité. Mais l’insurrection se déroule également dans plusieurs villes.

Tout est parti de la hausse du prix du gaz liquide (jouant un rôle essentiel pour les transports), avec des protestations montant en puissance depuis quelques jours, mais le 5 janvier est marqué par une démarche littéralement insurrectionnelle. L’état d’urgence est d’ailleurs décrété, internet a été coupé avant de partiellement reprendre, la Russie a été appelée à l’aide par le gouvernement.

Cette aide se fait de manière automatique dans le cadre de l’Organisation du traité de sécurité collective, dont sont membres l’Arménie (actuellement à sa tête), la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie et le Tadjikistan. Ces deux derniers pays ont commencé à envoyer des troupes spéciales (parachutistes, troupes de choc des forces de sécurité).

Le régime étouffant la société de manière fasciste au Kazakhstan connaît bien entendu une crise propre à notre époque, où tout vacille, où l’ordre ancien s’effondre.

Mais la question se pose bien entendu de savoir dans quelle mesure les insurgés sont objectivement les alliés (ou les valets) de la superpuissance américaine, ils ne le sont peut-être pas et même subjectivement peut-être pas du tout. Malheureusement, il y a bien peu de chances que cela soit une insurrection portée par des valeurs démocratiques et populaires… De par le timing (et le professionnalisme apparent des insurgés ce qui reste discutable par ailleurs), il faut bien plutôt penser à un contre-feu mis en oeuvre par la superpuissance américaine.

Et cela s’insère naturellement dans le conflit OTAN-Russie. Il suffit de voir la carte pour comprendre l’importance immense du Kazakhstan pour la Russie. C’est littéralement tout le flanc sud, et on peut voir au passage que l’Ukraine et la Mer Noire ne sont pas loin. Même pour la Chine, un régime pro-superpuissance américaine au Kazakhstan serait un désastre complet.

Il va de soi que cela modifie déjà radicalement la situation pour les échanges Russie – superpuissance américaine qui doivent se tenir dans les jours prochains, suivis des échanges Russie – OTAN et Russie – OSCE, alors que la Russie a exigé des garanties par écrit sur sa sécurité.

La Russie est désormais dans une situation où en fait c’est elle-même qui peut basculer en raison de l’incroyable pression qu’il y a sur elle. La Russie est littéralement prise à revers alors qu’elle tentait d’exercer une pression à l’Ouest.

Dans tous les cas, la Russie est mise au pied du mur par l’Histoire. Le défi ukrainien se voit associer le défi kazakh. La bataille pour le repartage du monde fait rage, le monde plonge dans le chaos.

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Guerre

Être antifasciste c’est comprendre la guerre et la combattre!

Le fascisme est le moyen pour le capitalisme d’aller à la guerre.

L’émergence politique d’Eric Zemmour a amené beaucoup de gens à dénoncer une extrême-Droite conquérante. Malheureusement, c’est trop souvent parasité par des esprits finalement libéraux ne voyant en l’extrême-Droite qu’une expression conservatrice, raciste, nostalgique, antique même, et n’hésitant pas en ce sens à propager les pires valeurs du turbocapitalisme au nom de la « modernité ».

Car qu’est-ce que le fascisme? Le fascisme, c’est la guerre à l’intérieur et à l’extérieur, c’est la mobilisation de l’Etat et de la population pour améliorer, renforcer, étendre le capitalisme national. Aussi, quel sens y a-t-il à dénoncer l’extrême-Droite si c’est pour laisser la France se ranger totalement dans les rang de l’OTAN, pour accepter que l’OTAN fasse de l’Ukraine son jouet dans la guerre contre la Russie elle-même belliciste?

La vérité est qu’on ne peut pas se dire antifasciste, au sens le plus authentique du terme, si on ne comprend pas qu’il n’y a pas de fascisme sans guerre et inversement. On ne peut pas combattre Eric Zemmour ni Marine Le Pen si on ne voit pas qu’ils représentent la fraction la plus agressive du capitalisme français, celle qui veut se lancer entièrement dans la bataille pour le repartage du monde.

Qui limite l’antifascisme à la confrontation physique avec des racistes, qui résume le fascisme à un conservatisme passéiste, n’a pas compris la nature du fascisme en ce qu’il est le produit d’un capitalisme cherchant à sauver sa peau à tout prix.

Et est condamné à échouer, car le fascisme se nourrit par vagues selon les contextes du capitalisme, que ce soit par la crise interne ou les conflits internationaux. Que signifierait ainsi une guerre en Ukraine? Elle impliquerait une prise de conscience majeure de la bourgeoisie française qu’on a changé d’époque, qu’on est dans l’ère des conflits en tant que tel et que, par conséquent, il faut réformer l’Etat, réorganiser la société, assurer une mobilisation à tous les niveaux pour assurer que la France « tienne son rang » et même élargisse la part de son gâteau dans la répartition économique mondiale.

Peut-on ne pas comprendre cela en compte quand on combat le fascisme?

Il va de soi qu’on ne le peut pas, pas plus si on ne voit pas le lien étroit entre le consumérisme forcené du capitalisme, l’écrasement des personnalités et des facultés, et l’extension du fascisme comme mouvement de dépolitisation et d’infantilisme généralisé.

La question de la guerre en Ukraine, du conflit entre l’OTAN (dont la France) et la Russie, entre la superpuissance américaine et la Russie, est directement liée à la question du fascisme. Elle en forme même un aspect essentiel, parce qu’elle décide de la vitesse de la « compréhension » de la situation par la bourgeoisie en général. Il serait terrible ici que la bourgeoisie comprenne la gravité de la situation avant les plus larges masses. Celles-ci auraient alors toujours un train de retard et seraient incapables de mettre en échec le militarisme, le nationalisme, le fascisme.

Qui parle du fascisme mais ne parle pas de la guerre n’a pas compris la nature du monde, la direction que prennent les choses, les exigences de notre époque!

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Guerre

Déclaration sur la « prévention » de la guerre nucléaire par la Chine, les États-Unis d’Amérique, le Royaume-Uni, la Russie et la France

Et pourtant ces pays modernisent et renforcent leur arsenal.

Tout suinte l’hypocrisie de bout en bout dans une déclaration qui ne vise qu’à essayer de calmer le jeu sur ce plan dans un contexte grandissant de bellicisme. Rien que le « déciblage » est mensonger : aucune arme nucléaire n’est censée cibler un autre pays. Or, c’est techniquement impossible, car il faut une longue programmation pour cibler correctement. Concrètement, les Etats disent ainsi tant que le missile n’est pas enclenché au sens strict, il ne « cible » pas, ce qui est un pieux mensonge vu que tout est programmé quand même.

De toutes façons, voir ces Etats prétendent qu’ils veulent aller dans le sens de la paix et du désarmement ne tient pas debout une seule seconde. Leur objectif est le succès dans la bataille pour le repartage du monde, et ce à tout prix.

Déclaration conjointe des chefs d’État et de Gouvernement de la République populaire de Chine, des Etats-Unis d’Amérique, de la République française, du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et de la Fédération de Russie pour prévenir la guerre nucléaire et éviter les courses aux armements. 

La République populaire de Chine, les Etats-Unis d’Amérique, la République française, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et la Fédération de Russie considèrent qu’il est de leur responsabilité première d’éviter une guerre entre États dotés d’armes nucléaires et de réduire les risques stratégiques.

Nous affirmons qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée.

Compte tenu des conséquences de grande ampleur qu’aurait l’emploi des armes nucléaires, nous affirmons également que celles-ci, tant qu’elles existent, doivent servir à des fins défensives, de dissuasion et de prévention de la guerre. Nous sommes fermement convaincus de la nécessité de prévenir la poursuite de la dissémination de ces armes. 

Nous réaffirmons l’importance de traiter les menaces nucléaires et soulignons la nécessité de préserver et de respecter nos accords et engagements bilatéraux et multilatéraux en matière de non-prolifération, de désarmement et de maîtrise des armements.

Nous demeurons déterminés à respecter nos obligations en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), notamment celle qui figure à l’article VI de « poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace ».

Chacun d’entre nous entend maintenir et renforcer encore ses mesures nationales destinées à empêcher l’utilisation non autorisée ou non intentionnelle d’armes nucléaires.

Nos déclarations passées sur le déciblage, qui ont rappelé qu’aucune de nos armes nucléaires ne prenait pour cible l’un d’entre nous ou un quelconque autre État, demeurent valides. 

Nous soulignons notre volonté de travailler avec tous les États pour mettre en place un environnement de sécurité permettant d’accomplir davantage de progrès en matière de désarmement, avec pour objectif ultime un monde exempt d’armes nucléaires avec une sécurité non diminuée pour tous.

Nous entendons continuer à rechercher des approches diplomatiques bilatérales et multilatérales pour éviter les affrontements militaires, renforcer la stabilité et la prévisibilité, accroître la compréhension et la confiance mutuelles, et prévenir une course aux armements qui ne profiterait à personne et nous mettrait tous en danger.

Nous sommes déterminés à poursuivre un dialogue constructif dans le respect et la reconnaissance mutuels de nos intérêts et préoccupations en matière de sécurité.

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Guerre

« Pourquoi voudrions-nous un monde sans la Russie? »

La bataille pour le repartage du monde est l’aspect principal des événements historiques.

L’actualité s’est fortement ralentie concernant le conflit Ukraine/Russie, qui apparaît désormais ouvertement comme un conflit OTAN/Russie. Le président américain Joe Biden a téléphoné le 2 janvier 2022 au président ukrainien Volodymyr Zelenski pour lui dire qu’en cas d’invasion russe, il y aurait des sanctions terribles. Le président russe Vladimir Poutine a lui téléphoné au président turc Recep Tayyip Erdoğan.

Pour le reste, la Russie se dit très contente de pouvoir discuter prochainement avec les Etats-Unis et affirme sa confiance dans la diplomatie… Elle ne va pas dire le contraire, bien entendu. Tout le monde attend donc la discussion américano-russe qui va se tenir les 9-10 janvier. Le timing est plus précisément le suivant : pourparlers à Genève les 9 et 10 entre la vice-secrétaire d’État américaine Wendy Sherman et son homologue russe Sergueï Riabkov, rencontre Russie-OTAN le 12, réunion dans le cadre de l’OSCE le 13.

Et deux écoles se font face ici dans l’interprétation des faits. La première dit que tout est une question géopolitique, qui est comme on le sait une conception universitaire – bourgeoise pour qui une civilisation, un Etat, un pays serait en mesure de « penser » et de calculer ses coups.

On a un bon exemple avec l’article de Révolution Permanente (Conflit Russie-Ukraine. Ni bluff ni ultimatum) qui utilise le mot « géopolitique » dès qu’il faut essayer d’expliquer quelque chose, car après tout, cela reste bien mystérieux que tout cela :

« Il est difficile de déterminer avec exactitude pourquoi Poutine décide aujourd’hui de montrer ses muscles face à l’Ukraine et ses soutiens européens et principalement étatsuniens. Un facteur plus local est sans doute l’utilisation de drones turcs par le gouvernement ukrainien contre les forces rebelles du Donbass en octobre dernier. »

Ici on pense que peut-être que la Russie n’attaquera pas… peut-être qu’elle le fera quand même… ou inversement… on ne sait pas… Après tout qui peut savoir… tout est géopolitique… Bref, ce sont des observateurs extérieurs ne comprenant pas la tendance à la guerre et s’imaginant que le capitalisme est organisé et la guerre « planifiée ».

La seconde école dit inversement que tout a changé, et que par conséquent le rentre-dedans est généralisé est inévitable. Elle s’appuie au fond sur une citation de Vladimir Poutine, de 2018, qui a le mérite de la clarté en termes d’affrontement éventuellement atomique :

« Pourquoi voudrions-nous un monde sans la Russie? »

La Russie est une grande puissance et dans la situation de crise, elle veut avoir sa place au soleil. C’est une tendance irrépressible. C’est la bataille pour le repartage du monde et la Russie considère que le bloc occidental va se lézarder en raison de la paralysie relative du capitalisme, alors que la Russie forme un Etat – civilisation – continent tout à fait autonome des événements. Une réaffirmation hégémonique russe ouverte est donc à l’ordre du jour.

Bien entendu, les experts bourgeois concernés ici ne disent pas cela ainsi, mais cela y ressemble fortement et on lira à grand profit l’article de Que signifie l’ultimatum russe aux occidentaux ? du site Desk Russie, qui est ni plus ni moins que la base de l’article du Figaro Poutine veut faire plier l’Otan et l’Europe.

Car le fond de la question est le suivant. 2022 est-il comme 2019 ou pas? La pandémie nous a-t-elle fait passer dans une nouvelle époque? La bataille pour le repartage du monde est-il le sens même de cette époque?

Disons le directement : tout a changé, qui ne le voit pas est aveugle concernant les faits, qui ne le comprend pas a des raisonnements figés dans les livres universitaires, qui ne le saisit pas a une vie semi-confortable et au moins corrompue dans le capitalisme.

Tout est en train de basculer… le capitalisme a connu son apogée, maintenant il s’effondre, et la guerre est sa tentative de s’en sortir.

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Écologie

Chroniques de la décadence : « les animaux ne sont pas mes camarades »

La crise généralisée du mode de production capitaliste a ceci de fascinant qu’elle force les idéologies les plus délirantes, les plus libérales, à dévoiler toujours plus leur véritable visage. Elles ne prennent de moins en moins de détour, se font toujours plus anti-universelles, bref : elles sont l’expression d’une classe en pleine décadence qui tente d’engloutir toute la société, toute la vie sur Terre avec elle dans sa chute.

Prenons un exemple tiré du site paris lutte infos (« Site coopératif d’infos et de luttes Paris – banlieue »), plateforme d’une ultragauche sans saveur, sobrement intitulé « Des droits pour les trans et les autres minorités sociales avant les animaux ».

Résumons.

La position défendue est que l’antispécisme est « une lutte de privilégiées » qui n’exigeraient que des changements juridiques pour les animaux ce qui invisibiliseraient les luttes des « minorités sociales » :

« De façon plus générale, exiger des droits pour les animaux alors que des minorités sociales ne disposent pas du même traitement juridique et sociale que les classes privilégiées, c’est juste incompréhensible. »

Mais surtout, cela n’apporterait rien aux minorités opprimées si chères au post-modernisme :

« Mais ça nous apporte quoi dans nos luttes ? Ça va m’apporter quoi en tant que meuf trans ? »

Notons au passage que titre mentionne les « autres minorités sociales » mais dépasser le « moi, moi, moi et encore moi » est visiblement toujours aussi difficile pour l’activisme trans. Même les théories racialistes post-modernes ne sont que des amis de seconde zone, vite mises de côté. Quel bel exemple de solidarité entre petit-bourgeois décadents.

Antispécisme et turbo-capitalisme trans

Le seul point que l’on peut concéder à l’auteur est que l’antispécisme est bien une arnaque.

Seulement, sa critique est celle d’un ultra-libéral qui considère que les militants antispécistes ne sont pas suffisamment décadents et narcissiques à son goût.

Il faudrait toujours inclure les autres, « intersectionnaliser » les luttes. Pourquoi ? Pour ne pas invisibiliser les différentes minorités opprimées. Demander à donner des droits aux animaux (ce qui une vision antispéciste, la véritable question est de défendre la Nature), reviendrait à nier la réalité qui est que des humains n’ont pas les mêmes droits que les autres (on attendra en vain des exemples de l’auteur). On notera au passage que l’inverse n’est pas vraie : demander que les luttes anti-racistes ou pro-trans prennent en compte la souffrance des animaux serait une insulte. En clair : moi, moi, moi et toujours moi. Le narcissisme de l’activisme trans ne connaît pas l’indécence.

Après être passés en force au sein de mouvements féministes, nos chers activistes trans ont décidé qu’il était temps de passer à la vitesse supérieure et s’attaquer aux animaux. Retirez cette Nature que je ne saurais voir.

Ce texte est tout simplement l’expression de ce besoin : l’antispécisme n’est pas visé en soi, il est attaqué parce qu’il prétend défendre les animaux. Son tort est de prétendre s’intéresser à la Nature en définitive (chose qu’il ne fait absolument pas en réalité), chose inconcevable pour l’ultra-libéralisme porté par les trans.

« Les animaux ne sont pas mes camarades »

« Donc voilà. Les animaux ne sont pas mes camarades. Mes sœurs et frères trans et non-binaires oui. Je lutte pour la reconnaissance de notre existence et pour notre survie collective. J’ai des priorités qui vous dépassent, comme beaucoup d’autres catégories sociales. »

Près de deux millions d’animaux sont torturés chaque année en France dans des laboratoires… mais ce n’est rien à côté de ce que doit endurer cet homme. Et ne parlons même pas de l’oppression inhumaine et multi-centenaire (millénaire ?) envers les personnes non-binaires.

La souffrance des personnes trans devient l’horizon indépassable, la seule cause véritable.

« Pleurer devant une photo de cochon mort comme si c’était une personne égale à nous, et ne pas le faire quand une de mes sœurs met fin à ses jours, comment je suis sensée le prendre ? Comment les personnes trans’ doivent le prendre ? Votre sainte moralité nous demande d’encourager une législation juste et égalitaire avec les autres espèces. Est-ce que c’est une mauvaise blague ? »

L’auteur utilise ici la même rhétorique que les défenseurs de la vivisection : un animal face à un être humain. Les souffrance des deux mises en correspondance. Il faut être tombé bien bas dans l’indécence pour écrire de telles phrases.

La réalité n’est pas un cochon mort pour un homme qui se suicide, mais plus de 20 millions de cochons tués chaque année après une vie plus ou moins proche de l’enfer contre… quelques personnes ? quelques dizaines de personnes ? qui se suicident par an.

Les premiers n’ont aucune chance de s’en sortir, tandis que les seconds auraient pu être pris en charge et accompagnés convenablement… si des associations et divers militants ultra-libéraux ne leur avaient pas remplis le crâne d’idées délirantes.

Ces deux situations n’ont donc tout simplement rien à voir, encore faut-il être capable d’un minimum de compassion pour le comprendre.

Les pauvres cochons morts sont littéralement partout dans la France du XXIe siècle. Les hommes persuadés d’êtres des femmes et qui se suicident, non. Tous ont le droit a une vie digne, mais il est ignoble d’exiger que les seconds occupent le premier plan. La compassion ne se choisit pas, elle est un mouvement naturel… et c’est là tout le problème de l’auteur : à force de nier à tout prix la Nature, on en vient étranger à l’idée même de compassion, pourtant si simple.

Pour archive, le texte original :

« Des droits pour les trans et les autres minorités sociales avant les animaux

Publié le 30 novembre 2021

Cette brève analyse fait suite à mon écoute du 77e podcast de Kiffe ta race qui m’a vraiment parlé. J’avoue que depuis des années de végétalisme, j’avais toujours ce sentiment de gêne en écoutant et militant avec des antispécistes. J’avais vraiment l’impression de perdre mon temps et d’être perdu par des discours qui s’essayaient au décolonialisme et à l’intersectionnalité, mais de façon presque perverse. C’est comme si on essayait de montrer aux minorités leur intérêt à adhérer à l’antispécisme. Je vais exposer ici pourquoi je pense que l’antispécisme ne peut pas parler à des classes et catégories sociales, tout simplement parce qu’on a pas votre temps.

La frontière incomprise entre l’antispécisme et le corps

Pendant des années, je me suis coltiné des textes de cis-gars blancs hétéros sur la question du droit animal et de l’éthique. Qu’est-ce que c’était chiant … Dans le 77e épisode de Kiffe ta race, Myriam Bahaffou nous explique que l’antispécisme, dans son corpus idéologique, se complaît avec du droit. En effet, les principallaux colporteurices conçoivent une idéologie principalement tournée vers l’espace universitaire, en invoquant des mots déconnectés comme « dignité » ; « égalité » ; « liberté » ; sentience » ; etc., dans l’espoir de pouvoir produire une révolution culturelle en accord avec une vision très idéaliste d’un monde sans exploitation d’aucune sorte envers les animaux non humains.
Bon. Personnellement, je dis go, mais, y a un hic !

Tout comme l’a bien expliqué Myriam Bahaffou, on va essayer de créer des analogies entre la situation animale avec la situation des personnes se situant dans le spectre de la race. Les personnes qui en sont les distributeurices vont malhonnêtement assembler des images, dans une démarche anachronique et préjudiciable, dans le but de faire dans le buzz, sans jamais militer contre le racisme. J’ai jamais vu un post dans un groupe Facebook d’antispéciste qui proposaient d’aller à un rassemblement antiraciste. Et ce serait vraiment bizarre en vérité, et je pense que je serais ironiquement la première à incendier la banderole.
Et ce genre d’analogie touche aussi aux luttes féministes, queer, etc. Au point où on en est …

Cette analogie entre littéralement l’esclavage et le traitement systémique des animaux domestiques est préjudiciable à mon sens car elle ne prend pas en compte le contexte historique de l’animalisation d’un corps humain. Et peu importe, le problème va au-delà et ce n’est certainement pas à moi d’en parler.
Le podcast Afro-écologiste montre bien que le végétarisme et le végétalisme ne sont pas, en tant que régime comme on le conçoit en Occident, une invention blanche. Chaque personne vit ce régime, à travers son corps et/ou sa culture, de manière singulièrement différente. C’est pour moi quelque chose qui doit intégrer la conception qu’on se fait du veganisme, et à côté, de l’antispécisme qui en tant qu’idéologie comme une autre, se construit dans un contexte social et spatial. Actuellement, l’antispécisme ne peut pas être imposée ou devenir hégémonique. Elle est construite avec un corpus militant qui ne considère pas les intérêts divergents entre les catégories et classes sociales, condamnée à rester une lutte de privilégiées.

Nonobstant les limites matérialistes de l’antispécisme, n’en demeure pas moins que sa nature juridique désirant un véritable changement légal (et social) d’individus non humains se suffit à elle-même. On va pas se mentir.
Je suis en total désaccord avec le fait d’accorder des droits dans l’immédiat.
Pourtant je suis végétalienne depuis des années. Cependant, étant donné que ce discours juridique est propagandé par des personnes appartenant aux classes sociales privilégiées, ça montre dans un premier temps que la construction épistémologique est totalement biaisée.
Aussi, ces personnes (à moins qu’elles soient des femmes qui vivent certaines formes de sexisme), admettent aujourd’hui que tout le monde n’est pas égal•e devant la loi, mais [!] refusent dans le même temps d’intersectionnaliser (donc revoir/corriger) l’approche antispéciste ; et dans le même temps invisibilisent des situations sociales bien réelles. La violence de la police pour certaines catégories de personnes, et en ce qui me concerne, la transphobie régulièrement expérimentée dans tous les champs de ma vie.
Je m’en contre carre que vous vous disiez queer-friendly, trans friendly, antiraciste, antivalidiste si vous restez dans un entre-vous. On se croirait sur un profil Okcupid … C’est malencontreusement ce qu’il se passe : l’idée c’est de massifier en charmant les nouvellaux, en promettant un cadre de lutte faussement inclusif pour la grande majorité des collectifs.

De façon plus générale, exiger des droits pour les animaux alors que des minorités sociales ne disposent pas du même traitement juridique et sociale que les classes privilégiées, c’est juste incompréhensible.
Jamais je n’oserais parler d’antispécisme dans mes cercles trans. Mais mon dieu j’aurais tellement honte. Ce serait indécent. Toutes les semaines, je vois différents profils de femmes trans, et clairement je suis pas la plus à plaindre. Certaines sont dans une précarité alarmante. Elles ont d’autres soucis à régler. Et même si je ne suis pas la seule personne trans’ à être végétalienne/antispéciste, je suis persuadée que ce n’est pas dans notre intérêt que de demander des droits pour les animaux si on ne se bat pas pour nous. Et personne ne le fera à part nous-même, comme d’habitude depuis le commencement des mouvements LGBTQI+.
La conséquence de quémander des droits pour les animaux, sans réelle alliance ou complicité intersectionnelle, c’est partir du constat que tout le monde a les mêmes droits. C’est pas très anarchiste. Des fois j’ai juste l’impression que beaucoup sont là parce que c’est plus facile de lutter dans les milieux antispécistes. On a pas à rendre de compte aux victimes du spécisme, contrairement à d’autres luttes qui concernent notre espèce ; et où repositionner sa personne via le prisme du corps demande un investissement intellectuel et matériel plus conséquent et concret.

Chaque corps n’a pas le même rapport avec l’antispécisme et je suis convaincue que cette idéologie est fondamentalement incapable de s’intégrer dans la société, globalement. À la limite, parler de veganisme est bien plus compréhensible et prend tout son sens si on considère comme l’a montré le podcast Afro-écologiste que beaucoup de cultures ont leurs héritages végétariens/végétaliens qu’on invisibilise beaucoup dans la culture française, qui est très carnée.
La lecture de la Puissance des mères de Fatima Ouassak m’a été profitable pour comprendre que le végétarisme était quelque chose qui était compris différemment selon les espaces géographiques : certaines villes comme Nanterre ne proposent pas des aliments convenables dans la cantine des écoles. D’où le fait que des parents exigent des aliments plus sains pour leurs enfants : des légumes, et pas de la viande recomposée qui donne le cancer et un goût amer avant le cours d’SVT.
Aussi, je vois de plus en plus d’ouvrages, d’articles ou des mots d’ordre qui tentent de faire des corrélations entre antispécisme/féminisme (C. Adams), antispécisme/queer, antispécisme et anarchisme. Vraiment, je me pose vraiment une question et je ne pense pas être la seule : vous cherchez à faire quoi en fait ? Certes ça peut apporter une perspective différente dans le regard qu’on a envers le corps animal, et comment on peut imbriquer différentes formes d’exploitation et de domination qui peuvent utiliser des procédés semblables envers différentes catégories de victimes. C’est aussi quelque chose d’utile d’un point de vue décolonial pour montrer les conséquences de la destruction de la faune et de la flore locale des anciennes colonies, et la transformation de l’agriculture mondialement. Chouette. Vous n’avez rien inventé.
Mais ça nous apporte quoi dans nos luttes ? Ça va m’apporter quoi en tant que meuf trans ? Est-ce que ça va me permettre d’accéder à la PMA ? Est-ce que ça va me permettre d’avoir accès à des soins sans risques et sans être obligée de prendre des hormones toute seule clandestinement ? Est-ce que ça va me permettre de ne pas connaître le chômage ? Est-ce que ça va me permettre de ne pas connaître l’abandon familial ? Est-ce que ça va me permettre de ne plus être reconnue comme malade aux yeux de la psychiatrie ? Est-ce que je vais pouvoir réapproprier les moyens de productions médicaux pour avoir accès à des soins psy, chirurgicaux, hormonaux ? Est-ce qu’on va pouvoir bouleverser la binarité et le patriarcat ? Est-ce que ça va me permettre de ne plus avoir peur dans l’espace public de peur de me faire harceler ou bien pire ?
C’est une vraie question.
Et ça va apporter quoi à d’autres minorités sociales ?
Pourquoi faire un cortège antispéciste à la Pride ou à la marche contre les violences sexistes ?
Pourquoi vous cherchez à imposer une place qui n’est pas la vôtre ? Restez à votre place. Faire des corrélations épistémiques dans le but de séduire, et pour réclamer des droits, c’est consternant. C’est encore une forme de privilège que de pouvoir faire ça.

Donc voilà. Les animaux ne sont pas mes camarades. Mes sœurs et frères trans et non-binaires oui. Je lutte pour la reconnaissance de notre existence et pour notre survie collective. J’ai des priorités qui vous dépassent, comme beaucoup d’autres catégories sociales.
Pleurer devant une photo de cochon mort comme si c’était une personne égale à nous, et ne pas le faire quand une de mes sœurs met fin à ses jours, comment je suis sensée le prendre ? Comment les personnes trans’ doivent le prendre ? Votre sainte moralité nous demande d’encourager une législation juste et égalitaire avec les autres espèces. Est-ce que c’est une mauvaise blague ?

Railey

Note

Peu importe que vous vous habillez en noir pour certain-es. Votre incohérence idéologique avec des cercles de gauche nous laisse malgré vous à la marge de vos mouvements. C’est triste de dire les choses comme ça mais on a rien à y gagner. Durant toutes mes participations à des actions de libération et de visibilité, j’ai vraiment eu ce sentiment récurrent de perdre mon temps.
Je reste végétalienne dans la pratique, et antispéciste de loin, mais avec une touche de critique qui je pense ne ferait pas de mal pour essayer de construire des socles idéologiques qui ne soient pas blessant pour certaines personnes qui s’auto-excluent de beaucoup de cercles du mouvement.

RIP L’Université d’Eté de la Libération Animale qui a été le seul espace à nous considérer véritablement. »

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Guerre

2022 : non à l’OTAN, non à la guerre

Il faut combattre le capitalisme menant à la guerre.

L’année 2022 s’annonce déjà comme extrêmement difficile pour l’humanité comme d’ailleurs pour tous les êtres vivants de la planète. Le capitalisme continue en effet son expansion, faisant la conquête des mentalités, des sentiments, prenant le contrôle de la vie quotidienne, et défigurant ou détruisant la planète afin de trouver des ressources pour provoquer une avalanche de marchandises à consommer.

Comme si cela ne suffisait pas, la pandémie a provoqué de tels troubles que la fuite en avant dans la guerre est visible partout, avec notamment deux points chauds formant la base d’une catastrophe à venir. Le premier, secondaire mais essentiel pour nous puisque en Europe, c’est l’Ukraine qui est déchirée par la bataille pour l’hégémonie de la superpuissance américaine et de la Russie. Comme la France est notre pays, c’est la participation française qu’il faut dénoncer avant tout, la France étant un pilier de l’OTAN et de l’Union européenne, deux entités se chevauchant désormais et visant la conquête définitive de l’Est européen.

Le second, principal, c’est la zone indo-pacifique, avec Taiwan comme objet de la confrontation entre la superpuissance américaine et son challenger chinois. L’affrontement entre ces deux puissances est inéluctable et de fait, il a déjà lieu, dans tous les domaines. Le capitalisme est partout, ainsi la concurrence est partout à petite échelle, la compétition est partout à grande échelle.

La question ukrainienne montre déjà une chose : en France toutes les forces politiques ont décidé de croire que le capitalisme est stable, de considérer que la guerre était impossible sauf pour un très lointain ailleurs, d’admettre que tout ce qui peut se passer ne peut avoir lieu qu’au sein d’un capitalisme pacifique, stable, où l’on peut trouver individuellement sa place d’une manière ou d’une autre.

Cela est faux et 2022 va le prouver en accentuant la crise et surtout, inévitablement, en en faisant ressortir des aspects emportant tout sur son passage. D’ailleurs, le variant Omicron est déjà un phénomène nouveau, un aspect de plus d’une crise rendant les gens amers, maussades, tétanisés, épuisés sur le plan psychique. Les gens sont à bout, et ils se tournent d’autant plus vers une intimité qu’ils remplissent à coups de réseaux sociaux et de séries, se gorgeant d’une ivresse consumériste anéantissant leurs facultés.

Une rupture est inévitable, car rien de cela ne peut humainement tenir. 2022 va donc marquer une double expression : celle des gens qui craquent, celle des gens qui décident de rompre. Et qu’on ne pense pas ici à quelque chose qui ressemble aux gilets jaunes, car ceux-là n’ont jamais été que des nostalgiques du capitalisme passé, pavant la voie à Eric Zemmour et son idéalisation du passé.

Non, on ne sait pas encore quelle forme prendra ce craquage et cette rupture, qui s’entrecroiseront tout en restant bien distinct. Comme il n’y a rien d’organisé, que le niveau de conscience est à zéro, l’Histoire va elle-même provoquer le saut nécessaire et c’est cela qu’il s’agira de saisir, d’orienter, de diriger.

Rien de cela ne sera possible sans avoir comme base la dénonciation de la guerre, le combat contre l’OTAN, car si on accepte le bras armé du capitalisme le plus avancé, alors on accepte le capitalisme d’une manière ou d’une autre. C’est d’autant plus vrai que la tendance à la guerre est de plus en plus prononcée, la bataille pour le repartage du monde étant à l’ordre du jour.

2022 doit être une année d’engagement, de prise de décision, de choix subjectif de ne plus tolérer l’intolérable, de ne plus accepter ce qui n’est pas acceptable, de rompre avec les tendances libérales dans les mentalités, la politique, l’économie, la culture.

Il en va de l’établissement d’une nouvelle civilisation. C’est Socialisme ou barbarie !

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Guerre

Joe Biden et Vladimir Poutine, assassins de l’Ukraine

La superpuissance américaine et la Russie décident du sort d’une nation.

Parmi les innombrables initiatives que prennent en ce moment la superpuissance américaine et la Russie, il y en a une qui est plus importante que toutes les autres. Est même secondaire la loi que met en ce moment en place la Russie et qui prévoit… de reconnaître la nationalité russe au territoire rejoignant nouvellement la Russie!

Car Vladimir Poutine a demandé, le 29 décembre 2021, à avoir Joe Biden au téléphone le 30 décembre. C’est d’une importance capitale, car cela reflète la centralisation politico-militaire propre à toute expression de la crise dans le capitalisme. La guerre n’est pas un choix démocratique, c’est toujours une tendance de conquête, d’expansion, d’hégémonie, de destruction. Et le choix relève de toute une coagulation au sein de l’appareil d’Etat, à travers sa tête particulièrement réduite.

C’est cela qui donne l’impression que le dictateur choisit de manière individuelle (ou personnelle), alors que par exemple Adolf Hitler était le serviteur zélé de toute la haute bourgeoisie allemande. Les dirigeants bellicistes sont toujours le fruit d’un choix raffiné fait par les puissants – il suffit de regarder comment en ce moment Eric Zemmour se contorsionne dans tous les sens afin de justement être conforme à ce qui est attendu.

En ce qui concerne l’appel demandé ou exigé par Vladimir Poutine, c’est naturellement catastrophique. Les médias russes bombardent d’une propagande anti-occidentale forcenée ces derniers jours, et avant d’autant plus de facilité que, effectivement, les forces occidentales comptent bien terminer leur conquête de l’Est.

Normalement, il y a une discussion américano-russe prévue le 10 janvier 2022, mais comme on le voit la Russie ne compte pas attendre, elle exige des garanties concrètes, et elle le fait d’autant plus facilement qu’elle compte bien prendre le contrôle d’une partie de l’Ukraine.

Qu’est-ce que cela veut dire? Que le piège se referme sur l’Ukraine. Qu’il y ait la guerre ou que la superpuissance américaine fasse un « deal » avec la Russie, cela sera forcément sur le dos de l’Ukraine. Il y a d’ailleurs un grand ménage en ce moment en Ukraine où des lois et condamnations tombent sur les acteurs politiques et les médias non inféodés au pouvoir actuel directement soumis aux Américains.

La question qui se pose désormais est de savoir si la Russie peut au moins utiliser une partie de l’Ukraine contre elle-même, au nom de l’amitié russo-ukrainienne ou panslave, pour en arracher une partie. Il y a ainsi trois possibilités : une Ukraine colonie américaine, une Ukraine colonie russe, une Ukraine coupée en deux avec les deux parties elles-mêmes des colonies.

Le coup de fil Joe Biden – Vladimir Poutine, quel que soit son résultat, est résolument anti-démocratique et anti-populaire ; il est exemplaire de notre époque qui se caractérise par la bataille pour le repartage du monde, dans le cadre de la crise ouverte par la pandémie. Le capitalisme a besoin d’espaces pour se développer malgré tout, les régimes ont été mis à mal, tout part en dépression (autant les gens que les administrations, la santé, l’éducation, la culture…).

On est exactement comme dans les années 1930, avec des figures « puissantes » décidant du sort du monde, et ici l’Ukraine dont l’existence même en tant que nation est menacée.

On peut dire, bien entendu, que le régime actuel de l’Ukraine a conduit le pays à la faillite en raison de son orientation pro-occidentale, ultra-nationaliste, fanatiquement anti-Gauche. On peut et on doit le dire. Mais la nation ukrainienne est avant tout la victime de la bataille d’influence existant depuis 1991 entre la Russie et la superpuissance américaine, cette dernière prenant le dessus en 2014.

C’est cette situation de faiblesse qui conduit cet endroit du monde a être aussi rapidement un lieu conflictuel. Le Nagorny Karabakh est un autre exemple d’une faiblesse historique amenant un incendie militaire. Cependant cela explique seulement le fait que ces zones soient les premières à basculer : par la suite aucune zone n’échappera à l’exigence des grandes puissances de refaçonner le monde, de remodeler les pays, à l’échelle de continents, selon les besoins « impériaux », avec l’objectif d’un empire capitaliste.

Joe Biden et Vladimir Poutine sont les assassins de l’Ukraine. L’Ukraine est victime de la bataille pour l’hégémonie. Il faut lever le drapeau de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, dans un cadre démocratique et populaire, contre l’influence des puissances, pour l’indépendance. Vive l’Ukraine!

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Réflexions

La différence entre la Droite, les fachos, le fascisme

Il est essentiel de faire la différence.

Du point de vue la Gauche gouvernementale, des post-modernes et des anarchistes, les gens empêchant de faire ce que l’on veut sont des fachos. C’est un point de vue libéral, anti-collectif, pour qui le Socialisme c’est la caserne, et il n’y a pas lieu de revenir dessus.

Du point de vue de la Gauche historique, le fascisme c’est une « contre-révolution » visant à saboter la lutte de classe des exploités en proposant une « alternative » communautaire nationaliste et militariste, à prétention romantique.

Cependant, et c’est là où il faut être fin, il existe une distinction significative au sein du fascisme. Il y a en effet d’un côté des « conservateurs révolutionnaires », qui veulent un retour en arrière marqué, dans un esprit aristocratique. Ce courant est historiquement extrêmement puissant en France avec le royalisme porté par l’Action française. Marion Maréchal s’y rattache notamment, et évidemment Eric Zemmour.

Voici une image représentant comment ces « conservateurs révolutionnaires » se considèrent comme radicalement différent des fascistes, ce qui est vrai au sens strict.

On remarquera ici que, au sens strict, il n’existe pas de courants fascistes en France. Il en existe en Ukraine notamment, mais il n’y a pas en France de courants fascistes, ou plus exactement il n’y en a plus. Il y avait par exemple le Groupe action jeunesse dans les années 1970, qui à la faculté d’Assas s’affrontait violemment avec le GUD : le « GAJ » était fasciste, le GUD conservateur révolutionnaire. Même Serge Ayoub, avec ses Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires, n’était pas un « national-révolutionnaire », mais un « nationaliste révolutionnaire », c’est-à-dire un conservateur révolutionnaire. Au sens strict, le dernier mouvement fasciste en France a consisté en les « nationalistes autonomes » de Picardie, qui ont implosé en raison de leur origine populaire basculant dans le lumpen et par la concurrence violente des conservateurs révolutionnaires.

On notera ici que les fascistes se revendiquent par ailleurs toujours des débuts du fascisme italien et du national-socialisme allemand, considérant qu’après il y a une « trahison » conservatrice révolutionnaire. C’est qu’ils cherchent en pratique, sans le savoir, à concurrencer le Socialisme. Si l’on prend le tableau ici montré, on peut voir que la plupart des éléments correspondent aussi et en fait fondamentalement à la Gauche historique !

C’est pour cela que les anarchistes, les trotskistes, les post-modernes considèrent les tenants de la Gauche historique comme des « fachos ». Ils sont contre l’idéologie, le romantisme (sur le plan personnel, et en fait le classicisme en esthétique), l’État total, l’Homme nouveau, le collectivisme généralisé, etc.

On soulignera par ailleurs que les conservateurs révolutionnaires n’ont pas d’idéologie, mais une doctrine. Tout comme le socialistes français historiquement, ils n’ont pas de corpus bien déterminé. On cherchera en vain des textes de portée idéologique chez Jean Jaurès et Charles Maurras. On ne trouvera que des remarques, des articles contextuels, des points de vue approfondis. Ce n’est pas un système fermé. C’est tout à fait flagrant dans l’approche d’Eric Zemmour par exemple, ou du philosophe Michel Onfray, ou encore de l’écrivain Albert Camus, etc. C’est très français comme approche.

D’où l’accusation toujours faite contre la Gauche historique d’être allemande ou russe. Et permettons de nous dire qu’il serait bien temps sur ce plan d’être allemand ou russe. Car contre le fascisme et ses variantes – conservatrice révolutionnaire – il faut une capacité d’analyse bien développée, une base idéologique solide pour comprendre les choses.

Il faut combattre le fascisme et on ne peut pas combattre ce qu’on ne comprend pas !

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Société

Les Français, corrompus par le capitalisme, ne croient pas en la guerre

Ils pensent que la vie est une partie de Monopoly.

La fin de l’année 2021 est marquée par une tension gigantesque et armée entre la Russie et l’Ukraine, avec à l’arrière-plan une contradiction tout à fait visible entre la Russie et l’OTAN, entre la Russie et la superpuissance américaine. La société française ne prend cependant pas en compte ; ne s’y intéressent nullement même les couches cultivées ou éduquées ou universitaires ou on ne sait comment les définir.

Même des gens de gauche prompts normalement à suivre le cours des événements « impérialistes » ne trouvent strictement rien à dire, à part à constater de très loin ce qui semble se passer.

C’est révélateur de comment le capitalisme a corrompu les Français et ce niveau de dédain, de stupidité, d’arriération, est aussi une expression de la crise du capitalisme ouvert par la pandémie, car la crise, c’est toucher le fond, et puis aller encore plus loin, faisant reculer les frontières du néant..

On sait que les Français trouvent toujours que « les gens sont cons », à part eux-même bien entendus, et il s’avère qu’ils ont désormais raison. Non pas que les gens soient devenus bêtes : la bêtise n’existe pas, tout est une question de conscience. C’est que justement le niveau de conscience des gens est d’une faiblesse inouïe. Leur point de vue peut être élaboré, toutefois il n’y a plus de fil conducteur, plus de cohérence d’ensemble, et la liaison au réel, à ses transformations, est perdue.

La pandémie avait déjà mis les gens K.O. : que va-t-il alors se passer lorsque la Russie et la superpuissance américaine vont passer par l’épreuve de force? Lorsque la Chine et la superpuissance américaine se rentreront dedans ?

Les gens ne voulant assumer aucune responsabilité en rien, ils vont toujours plus déléguer, et toujours plus dénoncer après que les gouvernants sont loin d’eux. Ils vont chercher des boucs-émissaires aux problèmes immédiats de leur vie quotidienne ; incapables d’analyse prolongée, d’une attention prolongée, ils vont procéder par des raccourcis, utilisant une vision du monde chauvine et paranoïaque.

Autrement dit, comme les gens pensent que la vie est une partie du Monopoly, ils vont s’allier au capitalisme, qu’ils considèrent comme incontournables, seul « système » concret, éternel, toujours viable, améliorant leur propre sort d’une manière ou d’une autre.

Dans un tel contexte, s’opposer à la guerre est un choix subjectif, une initiative à contre-courant non seulement de la guerre elle-même, mais même du mode de vie dominant qui amène les gens à accepter, voire à vouloir la guerre. C’est toute une contre-culture d’opposition à la guerre qui doit se développer.

Une telle chose va main dans la main avec l’antifascisme et c’est d’ailleurs le véritable sens de l’antifascisme. Le fascisme, c’est la guerre vers l’intérieur et vers l’extérieur ; qui refuse d’aborder le thème de la guerre ne saurait être à la hauteur de ce qu’est l’antifascisme.

Contre le fascisme et la guerre, telle est la vision du monde de la Gauche historique dans une situation de crise, et l’Histoire n’attend personne ; que les gens aient compris la Gauche historique ne change rien à la marche de l’Histoire, pour le pire et le meilleur, pour la guerre ou le Socialisme, selon le niveau de conscience acquis et la capacité à agir correctement.

Les Français courent pour l’instant à la catastrophe, et en l’ayant choisi qui plus est, faisant confiance à la machine de guerre qu’est le capitalisme français. Ils vont payer très cher historiquement un tel degré de corruption, alors que la France est partie prenant de l’OTAN et de sa course à l’agression dans le cadre de la conquête de l’Est de l’Europe.

La France n’échappera pas à la tendance à la guerre caractérisant le capitalisme en crise !

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Guerre

L’Ukraine dans l’OTAN : « maintenant une question de vie ou de mort » pour la Russie

Que ce soit la Russie et de la superpuissance américaine, l’un des deux devra reculer.

Le 25 décembre 2021, la Russie a informé que 10 000 soldats avaient fini leurs exercices et allaient rentrer dans leur base. Ces soldats avaient été actifs un peu partout en Russie (Volgograd, Rostov, Stavropol, Astrakhan, la Crimée et l’Ossétie du Sud occupées…) et leur matériel restait sur place, mais cette information d’un départ de soldats a suffi aux médias occidentaux pour expliquer le jour même que l’armée russe commençait son désengagement des frontières ukrainiennes!

C’est absolument n’importe quoi, mais cela montre aussi à quel point on est dépendant des informations fournies par les régimes en place et les médias, en l’absence de structures d’informations réellement démocratiques et internationales. C’est ainsi que des opinions publiques sont façonnées, au moyen d’informations partielles, tronquées, sélectionnées. Cela peut avoir comme source une campagne d’intoxication psychologique comme tout simplement le caractère libéral – opportuniste des journalistes, dont le niveau est toujours plus bas.

Et à l’arrière-plan, les puissances font quant à elles des choix en fonction d’informations de leurs services (secrets, militaires, diplomatiques…), sans que l’opinion publique ne s’en émeuve, ni d’ailleurs n’en sache rien, ni même ne s’intéresse à ce genre de choses. La cassure est complète entre l’État et la société, ce qui témoigne de l’ampleur de la crise en ce domaine.

Partant de là, les peuples sont embarqués dans les coups de pression et les guerres sans même le savoir. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a ainsi informé que l’Union Européenne, « de concert avec les Etats-Unis et l’OTAN », avait déjà prévu les mesures devant frapper la Russie en cas d’incursion armée de la part de celle-ci en Ukraine. Personne en France ne sait rien de cela, à part le président et son équipe, le gouvernement et son équipe pour les relations internationales.

C’est pourtant d’une signification immense, puisque cela implique que la France fasse partie du bloc occidental voulant faire tomber la Russie. Si cela tourne mal, alors les Français sont de la partie. Et cela tourne déjà mal, vue l’ampleur de ce qui est en jeu, la dimension des moyens employés, le niveau des objectifs puisqu’il s’agit de la bataille pour la prise de contrôle de l’Ukraine.

On est donc là dans un conflit très clair entre grandes puissances, avec une passivité complète des masses et de la Gauche. On est revenu à la société française d’avant 1914, avec son style endimanché de petit-bourgeois acceptant le régime tout en râlant à la française.

Quiconque regarde pourtant la situation voit le côté insoluble alors que la crise est partout depuis la pandémie. Au-delà de considérations sur la crise, qui est le véritable moteur du jeu de massacres actuel, les fait sont là. La Russie ne veut pas de l’Ukraine dans l’OTAN et, de son côté, l’Ukraine a l’intégration future dans l’OTAN qui est inscrite dans sa constitution.

Les positions sont claires et à couteaux tirés. Lors de son passage à la chaine de télévision russe Rossia-1 le 26 décembre 2021, le porte-parole du président russe Vladimir Poutine, Dmitry Peskov, a dit que c’était pour la Russie « maintenant une question de vie ou de mort ».

Présent à la même émission – il prend la parole en fait absolument tous les jours en ce moment – le président russe Vladimir Poutine a expliqué que si en janvier 2022 les Etats-Unis ne fournissaient pas de garanties tangibles pour la sécurité de la Russie, la réponse serait militaire, ce qui donne de manière semi-cryptique :

« Elle [la réponse de la Russie] pourrait être toute différente. Cela dépend des propositions qui me seront présentées par nos experts militaires. »

Cela a le mérite de la clarté : ce sont les militaires qui fourniront les réponses, et même les experts, ce qui implique une dimension stratégique.

Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, a quant à lui proposé le 12 janvier pour une discussion entre l’OTAN et la Russie. Mais il faut rappeler ici que la Russie ne veut discuter qu’avec les Etats-Unis et qu’elle attend des garanties très claires de ceux-ci. Dans tous les cas, un des protagonistes devra reculer. Et si l’un voit que l’autre ne le fera pas, il interviendra militairement au moment lui paraissant le plus opportun.

L’Histoire échappe donc entièrement aux masses en ce moment ; il n’y aucune démocratie et le peuple est absent, les puissances font ce qu’elles veulent dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde. Le seuls « critiques » existantes sont « sociétales », insérées dans la société capitaliste, totalement convergentes avec le capitalisme en voie de modernisation (dans la variante turbo-capitaliste à la LGBT) ou bien le capitalisme traditionnel (dans la variante nationaliste – conservatrice ultra).

C’est une catastrophe complète et le sol va se dérober sous les pieds de tout cela. L’avenir va à la fois tout bouleverser et être bouleversé !

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Écologie

Une question végane: « If it were you » (Si c’était toi)

Une réflexion de fond sur le véganisme.

Il y a eu une mode vegan qui s’est calmée il y a peu. Elle a consisté en une vague de personnes découvrant littéralement le véganisme pour la plupart. Certaines, peu sincères, ont alors claironné à tout va qu’une révolution végane était en marche, que le sort des animaux en France allait s’améliorer rapidement. Alors que les abandons continuaient et continuent d’exploser… et que le mode de vie des Français par rapport aux animaux n’a nullement changé.

En bref, beaucoup de vaines prétentions. Et beaucoup de personnes sincères happées par un militantisme et une culture quasi-inexistants mais qui ont réussi à faire beaucoup de bruit, pour si peu.

Il y a d’un côté L214 qui a profité d’un afflux massif de militants qui sont allés d’associations en associations, sans aucune base solide : aucune culture, aucune morale, rien. Simplement du militantisme d’intérimaire. De l’autre, s’est formée une sorte de maladie infantile : des références universitaires et des déclarations aussi creuses que prétentieuses, doublées d’une radicalité de façade.

La question qui se pose à l’humanité est pourtant très simple : c’est celle du rapport aux animaux et plus généralement à la vie.

Mais ces deux tendances « neo-vegan » passent leur temps à la contourner, à inventer des concepts toujours plus délirants, à toujours plus se mettre en scène… Tout cela pour quoi ? Se mettre en avant ? Exister socialement ?

« If it were you » (Si c’était toi)

Il est une chanson à la fois dure dans la réalité qu’elle décrit, mais en même temps qui réussit à appeler à la compassion la plus naturelle qui soit : « et si c’était toi à la place de cet animal ? ».

La chanson raconte la vie de souffrance d’un animal prisonnier d’un laboratoire, torturé par des barbares qui n’ont de scientifique que le nom. Au cours de celle-ci, vient donc naturellement la question : si tu étais à ma place, te soucierais-tu de l’opinion publique ou d’un quelconque mouvement ? Ou bien n’aurais-tu qu’une seule envie : que quelqu’un te sorte de cet enfer, par tous les moyens ?

Cette chanson de xTrue Naturex a dix ans cette année et si les personnes qui étaient déjà vegan à ce moment-là n’ont pas nécessairement entendu parler de ce groupe, elles comprendront la nature du débat. Tandis que les personnes devenues vegan suite à la mode des années 2015-2020 seront incapables, pour la plupart, d’en saisir l’approche.

Bien entendu, tous diront que c’est très beau, très touchant, etc. mais sans être en mesure de comprendre que la teneur de la chanson est diamétralement opposée à la leur : pas de veillée devant des abattoirs, pas de happenings macabres avec des animaux morts dans les bras (tués une deuxième fois donc), pas d’actions coup de poing relayées à visage découvert sur tous les réseaux sociaux, rien de tout cela… seuls comptent les animaux et leur libération.

Pas de place pour l’opportunisme

A l’heure où les prétentions de nombreuses structures ne tiennent plus, à l’heure où tous les opportunistes essaient d’exister politiquement sur le dos des animaux, il est important de rappeler cette vérité très simple : seuls comptent les animaux concrètement, et pas en tant qu’abstraction théorico-intellectuelle.

Les vidéos chocs ne sauvent aucun animal. Devenir vegan, en soi, ne sauve aucun animal. Ouvrir un restaurant vegan, en soi, ne sauve aucun animal. Les concours d’ego sur les réseaux sociaux ne sauvent pas d’animaux et sont en plus pure vanité.

En revanche, adopter un animal abandonné, c’est sauver une vie. Donner de son temps pour nourrir, attraper et soigner des chats errants, c’est sauver des vies. Donner de son temps dans un refuge, c’est permettre à la structure de continuer à sauver des vies. Libérer un animal prisonnier d’un laboratoire, c’est le sauver de l’enfer.

A la Gauche d’être à la hauteur des enjeux de notre époque et relever le drapeau de la civilisation : en finir avec les abandons, en finir avec la barbarie dans les laboratoires. Seuls comptent les animaux et leur vie concrète.

Voici la chanson, suivie des paroles accompagnées d’une traduction :

Born into a cage to die.
Né dans une cage pour mourir.

And your first memories are being crowded together with your family.
Et tes premiers souvenirs sont entassés avec ta famille.

All you know is that the incessant, florescent lights.
Tout ce que tu connais, c’est les lumières fluorescentes incessantes.

They burn your tiny, sensitive eyes.
Ils brûlent tes petits yeux sensibles.

And upon reaching size, you’re lifted by cold hands
Et en atteignant la taille voulue, tu es soulevé par des mains froides

To a new world of pain and fear.
Vers un nouveau monde de douleur et de peur.

And in the light the needle stabs in like being cut with a knife.
Et à la lumière, l’aiguille s’enfonce comme si c’était un couteau qui te coupe.

And you scream and you pull against your abusers hands, but there is no doing.
Et tu cries, et tu tires contre les mains de ton agresseur, mais il n’y a rien à faire.

And the pain feels like it will surely kill you as your family dies.
Et la douleur donne l’impression qu’elle va sûrement te tuer comme ta famille est morte.

What would you want someone to do for you; if this was the living hell you were forced to endure
with no way out?
Que voudrais-tu que quelqu’un fasse pour toi ; si c’était l’enfer que tu étais obligé d’endurer
sans issue ?

Your blood stains on this metal cage and you try to catch your breath.
Ton sang tache sur cette cage métallique et tu essayes de reprendre ton souffle.

But the injection seems like a lethal one and you’re suffocating to death.
Mais l’injection semble mortelle et tu es en train de mourir par suffocation.

But as your vision blurs you see the others peering at you through their bars.
Mais alors que ta vision se brouille, tu voies les autres te regarder à travers leurs barreaux.

You can smell the fear that permeates the air,
Tu peux sentir la peur qui imprègne l’air,

You pray for this nightmare to be over.
Tu pries pour que ce cauchemar se termine.

But as your body writhes you lay curled with clenched eyes wishing for the end.
Mais alors que ton corps se tord, tu es allongé, les yeux fermés, souhaitant la fin.

But these horrors persist with nowhere to run, they don’t call it torture it’s vivisection.
Mais ces horreurs persistent sans nulle part où aller, ils n’appellent pas ça de la torture : c’est de la vivisection.

What would you want someone to do for you; if this was the living hell you were forced to endure with no way out?
Que voudrais-tu que quelqu’un fasse pour toi ; si c’était l’enfer que tu étais obligé d’endurer
sans issue ?

Would you care about a movement, would you care about public opinion, would you care about anything?
Te soucierais-tu d’un mouvement, te soucierais-tu de l’opinion publique, te soucierais-tu de quelque chose ?

Or would you only focus on your liberation by any means?
Ou te concentrerais-tu uniquement sur ta libération, par tous les moyens ?

And what would you want someone to do for you if this was the living hell you were forced to endure with no way out?
Que voudrais-tu que quelqu’un fasse pour toi ; si c’était l’enfer que tu étais obligé d’endurer
sans issue ?

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Culture

« Il n’y a que l’indifférence qui soit libre »

Ce qui a du caractère n’est pas libre.

Dans Le temps scellé (Cahiers du Cinéma 2004 ou bien Philippe Rey 2014), le cinéaste russe Andreï Tarkovski cite le grand écrivain allemand Thomas Mann, auteur notamment des romans Les Buddenbrook (1901), La mort à Venise (1912), La montagne magique (1924) et Docteur Faustus (1947). Le propos, tout à fait juste, est le suivant :

« Il n’y a que l’indifférence qui soit libre.

Tout ce qui a du caractère n’est pas libre, mais est marqué de son propre sceau, conditionné, figé… »

Tarkovski cite cela en parlant de la question du rapport de l’artiste à l’oeuvre d’art ; il dit que les faiblesses inhérentes à une oeuvre véritable, on n’y peut rien car l’artiste est porté par quelque chose, il est tout d’un bloc. L’artiste est comme prisonnier de son idée, il est façonné par elle, c’est une passion que son activité artistique, qui l’emporte sur tout. C’est une reconnaissance de la dignité du réel.

L’indifférent s’imagine au-dessus des choses et, en un sens, c’est vrai, car il a quitté le domaine du réel. Il vit dans sa subjectivité sans rapport avec la réalité, il vit dans un imaginaire façonné par des impulsions primitives ou sophistiquées, tel un simple désir ou le capitalisme moderne. Il est une individualité, et il n’est qu’une individualité. Une telle personne n’a plus de personnalité.

Il suffit de regarder les profils et les storys du réseau social Instagram : beaucoup d’individualités, que des individualités même. Mais pas de personnalités. Car une personnalité ne se laisse pas façonner selon des exigences fictives, elle n’obéit pas aux formes attendues. Portant quelque chose de réel, il y a de la dignité et de la réserve, c’est-à-dire de l’intimité. L’absence d’intimité, de pudeur, est la caractéristique d’une société sans culture.

La sensibilité cherche par définition, en effet, à se préserver. C’est qu’elle cherche à exister. Et, donc, il est juste de dire qu’une personnalité est quelqu’un marqué par un sceau, conditionné. La réalité a marqué de son sceau une personne, la sensibilité reflète une expérience concrète. Il s’agit là très exactement de ce qu’on appelle le matérialisme.

Le capitalisme est une entreprise de démolition de la culture, en raison de son soutien matériel à tous les nombrilismes, à toutes les indifférences. Le socialisme porte la culture pour cette raison simple : il reconnaît la valeur de ceux et celles marqués par la vérité, portant cette vérité, l’exprimant à travers une émotion esthétique. Aussi peut-on et doit-on considérer que le socialisme ne peut pas se développer sans qu’il y ait des artistes authentiques, et inversement. L’existence de l’un implique l’existence de l’autre.

Aucun artiste n’ayant du caractère ne peut échapper au fait que seul le socialisme le protège, honore sa sensibilité, valorise sa démarche dans toute sa dignité, l’oriente adéquatement hors du nombrilisme et dans l’Histoire, qui est celle du peuple, de la culture, de la Nature. L’artiste a une exigence d’harmonie et le socialisme la possède aussi, les deux confluent dans le même mouvement.

L’artiste et le socialisme savent que le capitalisme, c’est la négation de la sensibilité, la fuite en avant nombriliste, le culte de la puissance et de la quête de puissance… C’est leur ennemi commun, mais au-delà, ils ne font pas que converger, ils sont une seule et même chose, car ils sont le produit de l’avenir commun, harmonieux et productif, culturel et naturel.

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Eric Zemmour en visite de Noël sur une base militaire

Nationalisme et militarisme vont de pair.

La veille du réveillon de Noël, Eric Zemmour s’est rendu sur une base militaire, en Côte d’Ivoire. Surtout, il l’a fait savoir. Contrairement à l’usage, qui est que les candidats à la présidentielle (et les personnalités politiques en général) peuvent visiter les armées, mais doivent le faire en toute discrétion, Eric Zemour lui a publié des photos et a saisi cette occasion pour diffuser un message destiné aux militaires.

Le message, d’un lyrisme guerrier ridicule pour quelqu’un de gauche, mais faisant mouche pour les gens de droite à qui il est adressé, est évidemment une ode à l’armée française et un appel à la renforcer. Son positionnement est ainsi clairement celui des fractions les plus agressives de la bourgeoisie française, appelant à un renforcement de l’impérialisme français sur le mode du cavalier seul, avec justement son armée comme moyen de peser internationalement.

Eric Zemmour et son directeur de campagne le général Bertrand de la Chesnais

Ses propos phares vont dans le sens du bellicisme, pour lancer la France encore plus en avant dans la bataille pour le repartage du monde :

« J’accorderai une attention particulière aux moyens qui seront alloués à notre défense et à nos armées, ainsi qu’à leur déploiement, afin de porter avec force notre indépendance qui redeviendra notre fierté. »

« La France « fut faite à coup d’épée », disait le général De Gaulle [sic, car Eric Zemmour fait une faute, il ne sait apparemment pas que c’est « de Gaulle » et pas « De Gaulle » ]. La France prendra soin de son épée ! »

Eric Zemmour a donc choisi une base militaire à l’étranger, d’abord pour se donner une posture de chef d’État allant sur un « théâtre d’opération », mais aussi pour bien marquer sa politique d’appui à la France en verve impérialiste, avec la diffusion de son armée dans le monde parallèlement à la superpuissance américaine.

Remarquons toutefois ici qu’en pratique, Eric Zemmour n’était pas du tout sur un théâtre d’opération, mais dans une base bien tranquille d’Abidjan, une grande métropole africaine très stable. Il ment ainsi éhontément en prétendant être « auprès des soldats engagés dans l’opération BARKHANE », alors que les forces françaises de Côte d’Ivoire du camp de Port-Bouët ne font pas partie de l’opération Barkhane, mais lui servent éventuellement d’appui logistique, voire de renfort en cas exceptionnel, mais au même titre que n’importe quelle autre base.

Ce n’est toutefois pas là l’essentiel. Ce qui compte, c’est qu’Eric Zemmour a été accueilli et pris en photos avec des militaires, et qu’il leur a rendu visite avec son directeur de campagne Bertrand de la Chesnais, qui est ancien général de l’Armée de Terre, lui-même considéré comme étant proche du nationaliste-conservateur Philippe de Villiers.

De son côté, l’Armée, comme institution, n’a pas condamné la petite opération d’Eric Zemmour de se montrer auprès de militaires et de communiquer là-dessus. Il n’y a que du côté du gouvernement, c’est-à-dire des civils, et en l’occurrence du porte-parole du ministère des Armées, qu’il y a eu une réaction. Ce dernier a bien sûr condamné le « coup » politique d’Eric Zemmour, rompant avec l’usage de la discrétion et de la « neutralité ».

C’est qu’Eric Zemmour assume tout à fait une ligne de Droite dure, agressive, qui n’hésitera pas à s’appuyer sur l’armée, à la déployer, dans le cadre d’un nationalisme français excité par le contexte de crise internationale.