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Écologie

Balles de tennis, peinture, croquettes, familles d’accueil, couvertures, peluches… les refuges ont besoin de vous

Les refuges dressent des listes de besoins, à chacun d’œuvrer.

Balles de tennis, peinture, croquettes, familles d’accueil, couvertures, peluches, climatiseurs, torchons, corbeilles, polaires, bricoleurs, plombiers, électriciens… Les refuges et les associations pour animaux en général ont toujours des soucis matériels.

Il faut donc savoir répondre aux besoins et organiser les aides de manière prolongée, en structurant des réseaux de soutiens. Même quelques heures comptent, tout comme le moindre euro joue un rôle.

On trouve une liste actualisée des demandes sur cette page : secondechance.org/petites-annonces, mais à chacun d’être en contact avec les refuges et associations dans son entourage, en veillant à ne jamais faire perdre du temps et de l’énergie à des gens plein d’abnégation en permanence sur la brèche!

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Politique

Gauche : huit candidats à la présidentielle et une absence de militants

Il y a des candidats, il y a des gens qui agissent, mais pas de militants.

Au 14 septembre 2022, voici la liste des candidats à la présidentielle 2022 de gauche ou issue de la Gauche :

* Fabien Roussel en tant que candidat du PCF ;

* Anne Hidalgo (la candidature doit encore être validée par le Parti socialiste, mais c’est une formalité) ;

* Arnaud Montebourg (ex-socialiste, en tant que candidat indépendant) ;

* Philippe Poutou en tant que candidat du Nouveau parti anticapitaliste ;

* Nathalie Arthaud en tant que candidate de Lutte ouvrière ;

* Anasse Kazib pour Révolution permanente (mais l’obtention des 500 signatures pour se présenter n’est pas garantie).

On peut ou il faut ajouter à cela, même si le rapport à la Gauche est en fait conflictuel :

* Jean-Luc Mélenchon en tant que candidat pour La France insoumise ;

* Yannick Jadot ou un autre candidat pour Europe Écologie-Les Verts.

Ce nombre important de candidats rend naturellement les perspectives électorales très mauvaises. C’est trop de candidats pour une base de gauche assez faible, et cette dispersion empêche une clarté nécessaire pour élargir cette base. Mais le vrai problème n’est pas là.

En effet, ce qui est la véritable question de fond, c’est l’absence de militants. On doit le dire tel quel : il n’y a en France pratiquement plus de militants. Il y a des gens agissant, de diverses manières, mais la démarche est libérale, l’état d’esprit farouchement indépendantiste. Quand les gens soutiennent tel ou tel mouvement, ils le font à la carte, le plus souvent d’ailleurs on leur propose des choses à la carte.

Il n’y a plus de militants, au sens de gens encartés et encadrés, agissant selon des dispositifs stratégiques et tactiques préétablis par une direction. La disparition des militants s’est déroulée après 1989 et concerne toutes les années 1990, l’irruption des réseaux sociaux empirant la situation en accentuant l’esprit de consommation. Concrètement, c’est d’ailleurs Twitter qui fait office de faiseur d’opinions pour les gens qui agissent ou s’imaginent agir.

Les deux phénomènes qui ont largement poussé en ce sens dans les années 1990 ont été l’activisme syndicaliste proposé par la CNT (qui a depuis connu une scission en deux branches particulièrement affaiblie) et l’orientation associative de la Ligue communiste révolutionnaire (devenue depuis le NPA). C’est une expression de l’idéologie du « mouvement social », avec le triptyque manifestation – activité associative – syndicalisme.

Jean-Luc Mélenchon, avec La France insoumise, a pris acte de cela et propose désormais un « populisme » qui dépasse la notion de « gauche ». C’est cohérent, mais c’est bien entendu une trahison. Le Parti socialiste propose de son côté un regroupement d’élus socialistes se fondant dans une Fédération sociale-écologiste, qui prendra sans doute naissance en 2021. C’est là encore une trahison.

L’extrême-gauche a cédé et a rejoint l’ultra-gauche : c’est là encore une trahison, qui a eu comme conséquence le soutien aux gilets jaunes et aux manifestations anti-pass sanitaire (et d’ailleurs anti-vax). C’est une capitulation.

On est donc à la croisée des chemins. Soit il y a une reprise d’une Gauche militante, c’est-à-dire consciente, programmatique, idéologique d’ailleurs, car qui dit militants dit cadres pour orienter, organiser, décider. Soit on a encore un cycle de populisme et de spontanéisme, d’anarchisme et de nihilisme, avec des actions monopolisées par la vanité, le spectaculaire, l’éphémère, le refus de toute cimentation en termes d’organisation.

Si l’on regarde bien, tout cela on le doit historiquement à l’absence de social-démocratie en France : on a eu des socialistes qui, au début du siècle, étaient autant indisciplinés que les anarchistes sur le plan de l’organisation. La solution est alors simple : soit les gens acceptent de se plier, soit ils ne le font pas. Et on ne peut pas les forcer, c’est une question de maturité historique.

Soit ils prennent conscience de la réalité et se fondent dans une unité politique, sur la base de la Gauche historique. Soit ils consomment… et alors la Gauche ne sera qu’une vague composante d’une société de consommation en crise allant à la guerre dans le cadre de la guerre pour le repartage du monde.

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Politique

Anne Hidalgo : de la révolution de palais à Paris à candidate à la présidentielle 2022

Elle n’a rien à voir avec la Gauche historique… Mais elle est haïe par la Droite.

Anne Hidalgo a une particularité: elle est haïe par la Droite. Il ne s’agit pas d’un simple mépris, d’une dévalorisation et d’une hostilité. Il y a une sorte de haine sourde à son encontre, dans un mélange de patriarcat et littéralement de fanatisme. C’est sans doute le produit de la Droite parisienne, traditionaliste dans son mode de vie et littéralement en guerre contre celle qui représente la bourgeoisie moderne, cosmopolite, branchée.

Car Paris a radicalement changé ces trente dernières années, les bobos prenant largement le dessus en ce qui concerne le style de vie, même l’Ouest parisien ayant en large partie capitulé. Cela enrage d’autant plus les conservateurs classiques nostalgiques d’une Droite classique, corrompue, à l’imagerie populaire comme avec Jacques Chirac. Il faut rappeler ici que ce dernier a été le premier maire de Paris, la capitale étant sous contrôle étatique auparavant à la suite de la Commune de Paris de 1871.

En ce sens, Anne Hidalgo est le symbole d’une révolution de palais, avec un Paris s’embourgeoisant toujours plus (les cadres supérieurs forment le tiers des ménages et ensuite on trouve les retraités). Et elle a beau être d’origine immigrée (elle est née en Espagne), de parents relevant du peuple, elle vit en tant que maire de la capitale dans le faste bourgeois d’une ville incontournable pour la haute bourgeoisie mondiale. Qu’elle soit proche des Qataris suffit à comprendre sa mentalité tout à fait opportuniste.

Elle a, de fait, accompagné, avec son prédécesseur Bertrand Delanoë, la transformation de la capitale française en un mélange de lumpen et de bourgeois aisés, avec une importante disneylandisation de nombreux quartiers.

Cela la rend paradoxalement tout à fait crédible pour se présenter comme une version plus sociale et consensuelle d’Emmanuel Macron, surtout qu’elle peut espérer le soutien d’une partie de la Gauche. Il n’y a de toutes façons pas de programme, une site (idées en commun) étant censé fédérer des contributions. Et, surtout, il y a le soutien ouvert de la direction du Parti socialiste.

Si on ajoute à cela une crédibilité internationale en raison de son poste de maire de Paris, elle a de très nombreuses cartes en main. Même si elle n’est qu’à 7-9% dans les sondages, lorsque sa campagne se mettra en branle, lorsque l’appareil électoral du Parti socialiste va se mettre à tourner, elle va obtenir rapidement une bonne position.

Elle est assez intelligente pour comprendre qu’elle ne doit pas donner une image de parisienne pour autant et a annoncé sa candidature à Rouen. Etant en même temps encore en activité en tant que maire, cela lui empêche également de parler trop vite au sujet de n’importe quoi.

On notera pour l’anecdote qu’au moment des élections municipales de 2020, Anne Hidalgo n’avait pas cessé de souligner qu’elle resterait maire de Paris, qu’elle ne tenterait pas la présidentielle 2022, etc. (par exemple au Figaro en juin 2020: « Je ne cesserai de le répéter : Paris me comble. Je ne serai pas candidate à la présidentielle »).

Anne Hidalgo est donc, pour résumer, la candidate du Paris du Quartier latin, de la Gauche caviar, des élus socialistes. Cela peut tout à fait l’amener à gagner la présidentielle 2022. Pour cela, elle devra donner davantage de gages à la Gauche, et en même temps pas du tout. Beaucoup de choses se jouent ici.

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Politique

Décès du dirigeant maoïste péruvien Gonzalo

Il a dirigé ce que la presse internationale appelait le « sentier lumineux ».

Abimael Guzmán est mort à l’âge de 86 ans au Pérou, sur une île-prison militaire où il purgeait une peine de prison à vie pour son rôle de dirigeant du « sentier lumineux » au sujet duquel, à la fin des années 1980 et au début des années 1990, la presse internationale saturait d’informations, présentant ce qui serait une structure péruvienne à la fois fanatique et sanglante.

C’est que le régime péruvien vacillait très largement face à ce qui était en réalité une organisation politique se revendiquant de Mao Zedong, le « Parti Communiste du Pérou ». Sa particularité est ici d’émerger tardivement: les mouvements maoïstes apparaissent dans les années 1960 et se lancent dans les années 1970, le Parti Communiste du Pérou apparaissant lui en tant que tel en 1980 en ayant un succès retentissant dans les Andes au moyen d’un soulèvement armé, posant ensuite un véritable défi national. L’interview de son dirigeant, Abimaël Guzmán connu sous le nom de Gonzalo, a d’ailleurs été particulièrement diffusé à travers le pays.

Arrêté en 1992, Abimaël Guzmán avait été enfermé dans une cage pour être exposé à la presse; il en profita alors pour prononcer un discours appelant à continuer la lutte armée pour le régime. Cela eut à l’époque un énorme impact et on retrouve cela dans une vidéo de Rage against the machine, un groupe de musique emblématique alors pour la Gauche. La vidéo de « Bombtrack » est un appui totalement ouvert à Gonzalo.

En 1993, le président péruvien Alberto Fujimori présenta des lettres censées être d’Abimaël Guzmán et appelant à la cessation de la lutte; il n’y a jamais eu aucune preuve de la véracité de ses lettres, mais le Parti Communiste du Pérou s’effondra cependant sur lui-même.

Abimaël Guzmán resta cependant très connu tant au Pérou qu’à l’international pour deux raisons. La première, c’est que tout comme la France, l’Allemagne et l’Italie en Europe, le Pérou est un bastion du marxisme, en raison de l’activité de José Carlos Mariátegui dans les années 1920. La seconde, c’est qu’Abimaël Guzmán a le premier fourni en détail la définition du « maoïsme », qui serait ici une troisième étape du marxisme après le léninisme. S’il y a eu des maoïstes avant Abimaël Guzmán , il a été le premier à en fournir une définition pointue.

En ce sens, les maoïstes péruviens ont réalisé jusqu’au bout ce que les maoïstes français de la Gauche Prolétarienne avaient commencé, c’est-à-dire une systématisation idéologique et programmatique. Tel est le poids de la tradition syndicaliste révolutionnaire française qu’elle est capable de torpiller, jusqu’à présent du moins, toute tentative d’élaboration approfondie de quelque chose de radical à Gauche.

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Réflexions

Les odieux attentats du 11 septembre, fantasmagorie puisant dans la culture des années 1980

Les islamistes ont réalisé un attentat avec des codes bien précis.

Nous sommes en 1980 et c’est la sortie du film New York 1997, de John Carpenter, un réalisateur se voulant assez alternatif. Au début du film, un groupe révolutionnaire détourne l’avion du président américain et choisit de le faire s’écraser sur Manhattan à New York, symbole de l’oppression impérialiste. Manhattan est en effet devenu une prison à ciel ouverte, où les prisonniers sont livrés à eux-mêmes.

C’est le premier parallèle avec les attentats du 11 septembre.

L’État américain envoie alors un soldat sauver le président et celui-ci utilise un planeur pour atterrir sur le toit… d’une des tours du World Trade Center. C’est le second parallèle avec les attentats du 11 septembre.

Pourquoi trouve-t-on une convergence? Parce qu’il y a une tendance, au cinéma, dans les années 1980, au spectaculaire, au marquant. Et le réalisateur John Carpenter s’est focalisé sur Manhattan, symbole de la réussite capitaliste américaine. Comme il était critique du régime, il a tout décrit en noir, avec un État militarisé, Manhattan comme prison, mais cela reste un détournement de symboles réels.

Ce type de détournement pseudo-anticapitaliste est typique des années 1980 et il va se systématiser dans les années 1990 sous la forme de l’altermondialisme. Al Qaïda va d’ailleurs initialement beaucoup jouer sur cette corde altermondialiste, se présentant comme le rempart face à l’injustice, etc.

On sait comment les altermondialistes ont cherché à « renverser » les logos et les codes, tels les « yes men », deux professeurs d’université américaine se faisant passer pour des représentants de l’Organisation Mondiale du Commerce ou des dirigeants d’entreprises, en faisant alors un éloge caricaturé au possible du capitalisme le plus barbare et oppresseur.

C’est en fait un esprit petit-bourgeois qui vient de l’art contemporain des années 1980, dans un grand esprit de récupération de tout et n’importe quoi, alors que c’est le début d’un capitalisme tellement généralisé que tout est éphémère, qu’il faut « marquer » les esprits coûte que coûte, que tout est consommation.

Ce qui fait que si on prend les attentats du 11 septembre 2001 et qu’on les confronte à une définition de l’art contemporain – même s’il n’y a pas de définition au sens strict – on retrouve les mêmes principes : éphémère, du jamais vu, spectaculaire, sans média du type peinture ou vidéo (sans objet matériel de « représentation »), occupation de tout un espace, « performance » en direct, œuvre comme fin en soi, absence de culture nécessaire pour comprendre, refus de tout héritage artistique, etc.

C’est parce que les gens ont baigné dans cette culture (ou plutôt cette idéologie capitaliste) qu’ils ont été profondément marqués plus qu’horrifiés, alors qu’il s’agit tout simplement d’une folie barbare contre des civils au nom de motifs religieux délirants. Le mot exact est cependant davantage « impressionnés » plus que marqués.

Al Qaïda a d’ailleurs conçu cela comme une sorte de publicité géante, ni plus ni moins. C’est très différent des attentats de l’État islamique comme au Bataclan à Paris, car Al Qaïda vient des années 1980 et a une démarche intellectualisée, avec une vision de l’opinion publique devant être gagnée à soi par des actions impressionnantes et représentatives, alors que l’État islamique date des années 2000 et a une démarche anti-intellectuelle, son but étant directement de monopoliser.

Dans les décennies futures, le rapport entre les attentats du 11 septembre 2001 et la publicité des années 1980 n’en apparaîtra que plus évidente, avec le recul sur une société de consommation généralisée prise au pied de la lettre par les islamistes d’Al Qaïda.

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Culture Culture & esthétique

Playlist Afghanistan

L’Afghanistan, carrefour géographique, produit une musique très riche.

L’Afghanistan est entre le Moyen-Orient et le sous-continent indien et cela se ressent particulièrement. Le pays a été traversé d’ouest en est et d’est en ouest, du nord au sud et du sud au nord, produisant une synthèse aussi marquante que l’incroyable et magnifique géographie afghane.

La musique est répétitive-entraînante, la thématique dans l’esprit du bulbul, le rossignol, avec l’expression de l’amour masculin le plus complet faisant face à l’apparente indifférence de la bien-aimée qui vérifie en fait qu’il s’agit bien de celui attendu (les chansons Bacha Bacha et Yak Qadam Pesh font allusion à cela).

La vidéo de la chanson « Mohabat », terme désignant d’ailleurs l’amour, est exemplaire de ce romantisme le plus complet – où l’on meurt d’amour s’il le faut, si le destin n’est pas au rendez-vous.

Cette dimension romantique, présent disons des Balkans au Bangladesh, cet aspect positif de la culture islamique, est en fait le meilleur moyen de briser l’Islam comme religion, comme expression féodal-patriarcal.

On notera qu’il existe une grande scène pop commerciale, notamment en Allemagne ; parfois elle puise dans une dimension populaire historique niveau musical, parfois elle rompt dans un sens plus moderne, mais elle conserve le plus souvent une dimension ouvertement démocratique, appelant à l’unité de tous les gens du pays au nom d’une culture commune.

Enfin, petite anecdote toujours utile, Afghanistan se prononce en quelque sorte « Avranistânne ».

Voici la playlist en lecture automatique, suivie de la tracklist :

Madina – Sarzamine (2021)

Seeta Qasemie – Nametarsam (2019)

Jawid Sharif – Yak Qadam Pesh (2012)

Bashir Asem & Setara – Mohabat (2017)

Ahmad Ghani Zada – Bacha Bacha (2020)

Nazir Khara & Ghezal Enayat – Dil e Biqarar (2014)

Sahrish Khan – Shna Bangri (2019)

Shafiq Mureed – Hairan Yam (2018)

Shekiba Teimoori – Bia Berim Dasht (2021)

Hojat Rahimi & Vahdat Rahimi – Afghanistan (2018)

Shafiq Mureed – Khanda Ko (Hazaragi) (2018)

Sadiqa Madadgar – Alai Jan (2021)

Aryana Sayeed – Dar Qalb-e Kabul (2021)

Mozhdah – Bayshay e Sheran (2016)

Ustad Beltoon – Khomari (1986)

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Politique

Benoît Hamon préfère les migrants et l’argent et abandonne la Gauche

Il agit directement en renégat.

Benoît Hamon est un salaud. On sait tous qu’en Afghanistan il faut soutenir l’opposition aux Talibans, que les Afghans ont le droit de vivre dans la dignité et de connaître le bonheur, dans leur pays, avec leur culture. Et alors que ce pays connaît un drame, lui annonce qu’il devient le directeur général d’une entreprise faisant du commerce des initiatives entrepreneuriales de migrants. C’est pathétique, lamentable. Quel salaud!

En ce sens, il trahit ce qui aurait dû être son rôle: profiter de son écho pour contribuer à reconstruire la Gauche. N’ayant pas réussi en ce sens avec son mouvement Génération-s, il s’est mis de côté puisque les choses ne se sont pas déroulées comme lui le voulait, et maintenant il va encore plus loin, il abandonne tout au profit des migrants et de l’argent.

Et il assume. Dans son communiqué du 9 septembre 2021 où il annonce qu’il quittait la vie politique, il présente avec enthousiasme son « entreprise sociale », Singa, qui compte dans différents pays utiliser des migrants pour produire des innovations au sein du capitalisme. Dans une interview au Monde, il explique cela en utilisant… la théorie d’extrême-Droite du « grand remplacement » en l’inversant!

« Plusieurs études l’attestent: plus une société est inclusive, plus sont économie va bien, plus les rapports sociaux sont pacifiés. »

C’est en quelque sorte l’idéologie du « rêve américain » où les migrants viennent irriguer le capitalisme comme main d’oeuvre bon marché et esprit d’entrepreneur, mais avec une lecture française prenant au pied de la lettre les fantasmagories d’extrême-Droite en les inversant.

Ce n’est même pas de l’humanisme, c’est littéralement du business, de manière sordide, comme ces propos infâmes de la part de Benoît Hamon au Monde dans l’interview…

« Combien de gens sous les tentes sont des trésors? Il y a un potentiel incroyable.

Tout le monde ne créera pas Google ou BioNtech. Mais il y a aussi les futures Marie Curie sous les tentes de la porte de la Chapelle. »

Non seulement c’est une insulte au principe d’accueil des réfugiés – qui ne sont pas des migrants et qu’on doit accueillir qu’ils soient « utiles » ou pas -, mais c’est une valorisation de type capitaliste des migrations. Et Benoît Hamon va gagner entre 4 et 12 000 euros par mois pour cela.

Autant dire qu’il se comporte directement en renégat. L’ouvrier en France ne l’intéresse pas, ce qui a de la valeur à ses yeux c’est le potentiel capitaliste du migrant laissant son pays comme il est pour réaliser une carrière individuelle. C’est un exemple parfait de la fausse « gauche » en fait modernisatrice, au service du turbocapitalisme.

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Écologie

La SPA annonce un record d’abandons d’animaux pour l’été 2021

La même tendance est vue par l’ensemble des associations et refuges.

La Société Protectrice des Animaux (dite de Paris) a publié un communiqué faisant le bilan d’un été 2021 qui a été dramatique pour toutes les associations et les refuges. Tous les journaux locaux, inlassablement, ont publié des interview de responsables d’associations constatant une véritable catastrophe.

Celle-ci est clairement due au confinement, à des achats compulsifs qui sont suivis par la suite d’abandons barbares dans un grand déni de toute responsabilité. C’est un aspect essentiel de la crise morale et matérielle que nous connaissons.

« TRISTE RECORD D’ABANDONS POUR L’ÉTÉ 2021 : STOPPONS L’HÉMORRAGIE

Les 700 salariés et 4 000 bénévoles de la Société Protectrice des Animaux (SPA) ont œuvré sans relâche tout l’été pour faire face à une vague d’abandons sans précédent. 

16 894 animaux ont été recueillis entre le 1er mai et le 31 août dans les refuges de l’association, un nombre historiquement à son plus haut niveau pour une période estivale, soit une augmentation de 7 % par rapport au dernier record de 2019. 

CE SONT LES NOUVEAUX ANIMAUX DE COMPAGNIE (NAC’S) ET LES CHATS QUI PAYENT LE PLUS LOURD TRIBUT

850 NAC’s, trop facilement achetés en animalerie ou sur internet, ont été abandonnés depuis mai. C’est une augmentation très inquiétante de 82 % par rapport à 2019. 

Les chats sont également victimes du business non régulé de « l’animal objet », mais aussi un cruel manque de stérilisation et d’identification de cette espèce. 11 669 chats ont été recueillis cet été, soit une augmentation de 19 % par rapport à 2019. Les chatons recueillis et sauvés sont, à eux-seuls, en augmentation de 30 % par rapport à 2019. 

Grisou, star de notre film d’animation #VeryCatTrip est le symbole de ces abandons. Nos amis félins souffrent d’idées reçues, de clichés qui justifient trop souvent des lâches abandons : un chat ne s’attache pas à son maître, un chat abandonné se débrouille très bien tout seul … Autant de « raisons » qui poussent certains maîtres à abandonner leurs chats.

LES CHIENS, RESPONSABILISATION ET IMPACT DE L’IDENTIFICATION.

Concernant les chiens, si l’été 2020 marqué par le COVID, avait engendré une baisse importante d’abandons directs en refuge, cet été marque un retour malheureux au niveau des années précédentes avec un total de 4 360 chiens recueillis dont plus de 2 000 abandonnés directement à la SPA. 

On enregistre cependant une baisse significative et continue des chiens issus des fourrières. L’identification entraine la responsabilisation des propriétaires et incarne bien un des meilleurs remparts à l’abandon sauvage. 

LA SPA A SAUVÉ 856 ANIMAUX DE LA MALTRAITANCE

Viennent s’ajouter à ce bilan vertigineux, les sauvetages d’animaux menés aux côtés des autorités judiciaires. Ces interventions font suite à des enquêtes de maltraitance ou négligence. Cet été, ce sont 856 animaux qui ont pu être sauvés et recueillis au sein des refuges de la SPA, soit 5 fois plus qu’en 2019.

VOTE DE LA PROPOSITION DE LOI SUR LA PROTECTION ANIMALE AU SÉNAT : UN NOUVEAU REMPART POUR ÉVITER UN NOUVEL ÉTÉ TRAGIQUE.

La fin du mois de septembre marquera la première lecture devant le Sénat de la proposition de loi sur la maltraitance animale. La SPA rappelle que le sauvetage de tous les animaux abandonnés sur notre territoire est réalisé également par des associations locales indépendantes, souvent sans refuge, qui sont essentielles au travail quotidien de protection des animaux en France. 

La SPA se joint à l’ensemble des associations françaises de protection animale pour demander le retrait de l’article 3 bis* qui interdirait aux petites associations sans refuge de recueillir et donc de sauver des animaux.

Enfin, deux nouveaux articles de cette proposition de loi visent à interdire la vente d’animaux en animalerie et à mieux encadrer les ventes et cessions sur internet en les réservant aux seuls professionnels éleveurs. Il est primordial et essentiel, que les sénateurs valident ces deux nouvelles dispositions, fondamentales pour stopper le business de « l’animal objet » dont les effets pervers se mesurent tristement à la lecture du bilan de l’été 2021.

*L’article 3 bis indique que les refuges seront les seuls à pouvoir faire appel aux familles d’accueil et de ce fait les associations n’ayant pas de structure « refuge », ne pourront plus recueillir d’animaux« 

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Culture

Jean-Paul Belmondo, allégorie commerciale des années 1960-1980

Il est passé de pionnier de la culture à figure pop beauf.

L’acteur Jean-Paul Belmondo est le fils de Paul Belmondo, un sculpteur qui durant l’Occupation fut membre de la section Arts du regroupement « Collaboration, groupement des énergies françaises pour l’unité continentale ». Ses sculptures sont d’ailleurs d’un style convergeant avec l’esthétique fasciste.

Jean-Paul Belmondo vient ainsi de la grande bourgeoisie, passant par des écoles parisiennes prestigieuses (École alsacienne, École Pascal, lycées Louis-le-Grand, Henri-IV, Montaigne), puis par le Conservatoire national supérieur d’art dramatique. S’il fait de la boxe, c’est un passe temps secondaire car il est sportif ; le cœur de son approche, c’est une perspective esthétisante, celle du comédien à la française, celui qui surjoue.

C’est le contraire d’Alain Delon, qui lui vient du peuple, s’est comporté comme un voleur dans sa jeunesse jusqu’à fricoter avec la pègre, pour par hasard arriver dans le cinéma, ce qu’il résumera ainsi :

« Ma carrière n’a rien à voir avec le métier de comédien. Comédien, c’est une vocation.

C’est la différence essentielle – et il n’y a rien de péjoratif ici – entre Belmondo et Delon.

Je suis un acteur, Jean-Paul est un comédien.

Un comédien joue, il passe des années à apprendre, alors que l’acteur vit. Moi, j’ai toujours vécu mes rôles. Je n’ai jamais joué. Un acteur est un accident.

Je suis un accident. Ma vie est un accident. Ma carrière est un accident ».

D’où un paradoxe. Alain Delon c’est la gueule d’ange qui est en même temps un taiseux, qu’on place dans des films sombres, car il porte quelque chose de lourd, de dense. Jean-Paul Belmondo c’est le bourgeois au visage peu plaisant mais d’esprit conquérant, qui part à l’aventure.

Et si cela a donné des films réflexifs en s’appuyant sur ses réels talents artistiques – À bout de souffle, Pierrot le fou, Week-end à Zuydcoote… – cela va surtout donner des horreurs éminemment plébéiennes où il se comporte comme un héros écervelé à qui tout réussit à force de panache, notamment dans une posture de superflic: Peur sur la ville, Flic ou Voyou, Le Guignolo, Le Professionnel, L’As des asLe Marginal, Les Morfalous, etc.

C’est là du cinéma commercial à la fois beauf et souvent facho, en tout cas simpliste, niais, racoleur. Cela fait qu’au tournant des années 1980, Jean-Paul Belmondo est grillé. Il a été un produit commercial propre à une époque, il relève du passé.

Pour résumer, il est passé de jeune talentueux dans des films intelligents à acteur-cascadeur de films où cela cogne et tire. Il a eu un succès gigantesque commercial entre les années 1960 et 1980 – avec son nom en grand sur les affiches avec toujours la même typographie – mais il n’a donc culturellement rien laissé.

D’où les propos choisis par le président de la République Emmanuel Macron pour définir Jean-Paul Belmondo:

« Il restera à jamais Le Magnifique [une parodie de James Bond de 1973, ndlr].

Jean-Paul Belmondo était un trésor national, tout en panache et en éclats de rire, le verbe haut et le corps leste, héros sublime et figure familière, infatigable casse-cou et magicien des mots. En lui, nous nous retrouvions tous.

Emmanuel Macron est obligé de réduire Jean-Paul Belmondo à une idéologie: celle du Français moyen, grosse gueule s’imaginant sublime, utilisant des mots qu’il s’imagine bien employés, agissant au panache en s’imaginant un aventurier. Et c’est vrai que c’est tout ce qui reste.

Car il n’a jamais été qu’une pièce dans une machinerie commerciale sans âme, sans fondements, sans lien à la culture historique et populaire, ne formant qu’un divertissement superficiel véhiculant des valeurs réactionnaires où les solutions viendraient d’un homme aventurier jouant des poings et du pistolet.

Quelle horreur a été cette « culture » du 20e siècle!

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Société

McDonald’s en crise, tout un symbole

Et cela avec 40 milliards d’euros d’endettement.

Dans le dernier numéro de la revue au format PDF « Crise », qui analyse ce qui est considéré comme une « seconde crise générale du capitalisme », on apprend que les 1250 restaurants britanniques de McDonald’s ne sont plus en mesure de proposer de milkshakes en raison des pénuries. Tiens donc, une telle chose est possible? On parle de McDonald’s tout de même, l’une des multinationales les plus puissantes et, il est vrai, également les plus endettées.

McDonald’s ouvre en effet des magasins à crédit, considérant que l’expansion est inévitable, ce qui amène ainsi une dette de… 40 milliards d’euros!

Mais donc, McDonald’s fait face effectivement à des pénuries en Grande-Bretagne, si l’on cherche des informations à ce sujet. C’est dû aux difficultés d’approvisionnement: les contacts de malades du covid doivent s’isoler et la chaîne logistique est cassée… et les pénuries s’installent. Le Brexit n’aide pas, évidemment, car cela a produit le manque de 100 000 chauffeurs routiers en raison des contraintes administratives…

Donc, pas de milkshakes et là même c’est le Coca Cola en canettes qui commence à manquer à l’échelle du pays!

Mais McDonald’s n’a pas que des soucis d’approvisionnement. Il manque également du personnel, comme d’ailleurs dans la restauration en général. Beaucoup de gens sont partis car ils n’étaient plus dans l’élan les amenant à réaliser un travail harassant et mal payé. C’est vrai dans tous les pays où il y a un certain niveau de vie et où on se dit qu’on peut bien trouver autre chose.

En Grande-Bretagne, de très nombreux postes sont vacants et les restaurants McDonald’s lancent de multiples appels. Au Canada, des restaurants McDonald’s propose mille dollars de bonus à l’embauche et 400 dollars si l’on présente quelqu’un qui est par la suite embauché. Aux Etats-Unis, dans l’Oregon, un McDonald’s propose même d’y travailler désormais dès l’âge de 14 ans.

En France, on n’a rien de tout cela. On se souvient de la ruée sur les ventes à emporter au moment des assouplissements du confinement. McDonald’s est d’ailleurs intouchable en France. Tout le monde trouve cela très bien et même, beaucoup de gens attendent impatiemment un McDonald’s de par chez eux pour trouver de l’emploi. McDonald’s a une image familiale, de fournisseur de satiété, d’une certaine accessibilité populaire, d’une forme de prospérité économique…

C’est pourtant le scénario catastrophe que McDonald’s: les animaux sont massacrés industriellement pour une nourriture plus que critiquable au niveau diététique, tout cela avec des employés mal payés pour un travail répétitif, borné, épuisant psychologiquement. C’est vraiment un mélange d’oppression et d’exploitation, et si on ajoute la déforestation réalisée pour produire des aliments pour les animaux mangés ensuite, on a un scénario apocalyptique.

Et cet apocalypse est en expansion, ce qui n’est pas possible, à un moment cela s’effondre, et le recul provoqué par la pandémie va frapper un grand coup. McDonald’s a eu un chiffre d’affaires qui a reculé de 20% en 2020. Il a relancé la machine, notamment avec les livraisons, mais c’est fragile… Il faut d’autant plus commencer une dénonciation de cette production-consommation typique du capitalisme du vingtième siècle.

La crise économique doit s’accompagner d’une bataille des valeurs!

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Politique

Présidentielle 2022 : Arnaud Montebourg, le Donald Trump français

Il propose une remise à plat de la France, comme pour passer le tour de la crise.

Arnaud Montebourg, après avoir finalement hésité à se lancer dans la présidentielle 2022, a lancé sa campagne, appelée « la remontada ». Un terme espagnol signifiant « remontée » et popularisée récemment par la victoire en football du FC Barcelone contre le Paris Saint-Germain (6-1 contre 0-4 à l’aller, en 2017). Un choix populiste qui va avec la musique de fond de son annonce: la chanson « Que je t’aime » de Johnny Hallyday.

C’est qu’Arnaud Montebourg se présente comme le représentant de la France profonde, ce qu’il appelle de son côté la France des sous-préfectures. C’est son seul thème, puisqu’il ne parle ni de politique étrangère, ni de la question des valeurs ou des normes sociales, ni de l’actualité, ni d’ailleurs de rien du tout.

Ce qu’il dit, c’est que la France doit se réorganiser de manière entière pendant quelques années, ce qui revient à s’extraire des rapports internationaux pour quelque temps, de mettre tout de côté le temps d’une gigantesque restructuration. C’était ce que souhaitait Donald Trump dans le contexte américain et ainsi Arnaud Montebourg est son équivalent direct français.

Si on doit résumer cela, ce qu’il dit c’est : chers capitalistes, partir à l’aventure avec Marine Le Pen par une alliance avec la Russie est trop dangereux. Mais suivre simplement les États-Unis dans leur affrontement avec la Chine, c’est faire du suivisme quand même. Faisons donc comme les Allemands, restons à l’écart et renforçons nous pour profiter d’une situation possible où les États-Unis et la Chine se sont mutuellement épuisés.

Seulement, évidemment, l’Allemagne a un capitalisme qui tourne efficacement… La France beaucoup moins. Arnaud Montebourg est donc obligé de faire comme Donald Trump, qui lui voulait faire en sorte que son pays reste relativement à l’écart de tout, pour renforcer à terme contre la Chine. Il est obligé d’utiliser le nationalisme et son corrélat politique-économique : le protectionnisme.

Dans les extraits choisis de son programme et dans une interview (d’accès payant) au Journal du Dimanche, il fournit les éléments clefs de son programme, qui sont les suivants:

* « Des réglementations protectionnistes seront édictées dans l’intérêt national. »

* « Je propose que dans toutes les entreprises de plus de 10 salariés la participation soit rendue obligatoire et bénéficie à tous de façon égalitaire. »

* Faire acheter par l’État un million de logements vacants dans l’arrière-pays et les fournir gratuitement à qui veut y habiter.

* Mettre fin à la consommation de pétrole puisque ce sont des importations.

* Reconstruire des fleurons industriels autour d’une une soixantaine de produits critiques.

* Mettre en place entre 300 et 400 usines, entre 3 et 4 pour chaque département.

* Instaurer un septennat présidentiel non renouvelable.

Si Emmanuel Macron parlait de « start up nation », l’objectif d’Arnaud Montebourg est une France de petits-bourgeois, tous liés aux entreprises et à l’entrepreneuriat, une France de petits propriétaires, bref une France comme celle d’avant 1914, même si en fait avant 1939 c’était encore cela, et même jusqu’aux années 1970…

C’est le programme radical réactualisé par un nationalisme interventionniste étatique. Arnaud Montebourg insiste ainsi logiquement sur le fait qu’il ne se présente pas au nom de la Gauche, il récuse d’ailleurs toute primaire (il en était auparavant un fervent partisan, échouant à celle des socialistes en 2011 et 2016).

Il cherche à tirer sa crédibilité d’avoir été Ministre de l’Économiedu Redressement productif et du Numérique entre 2012 et 2014 sous la présidence de François Hollande, puis chef d’entreprise. Il se veut proche de la vie des gens de la « vraie » France, il a d’ailleurs annoncé sa candidature à Clamecy, en Bourgogne, d’où il vient, posant fièrement aux côtés du maire pour une photo « identitaire ».

Il n’a aucun parti, mais il espère que tant la ligne pro-américaine que celle de l’aventurisme ouvert (portée par Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon) feront si peur que la petite-bourgeoisie proposera à la bourgeoisie un gel complet du pays, comme accord général pour passer la tempête.

Mais c’est là s’imaginer que la France est une île isolée du monde et de sa crise…

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Société

Manifestation anti-vaccination de la CGT Santé le 14 septembre 2021

La CGT Santé choisit le camp de l’individualisme et du corporatisme.

Il n’y a aucun communiqué de la part de la CGT Santé, mais les médias ont largement relayé l’appel fait à manifester contre la vaccination obligatoire du personnel soignant. La date choisie correspond à la veille du 15 septembre, à partir duquel le personnel soignant n’ayant pas eu au moins une dose de vaccination risque la suspension d’activité et du salaire.

C’est une mesure relevant des décisions collectives dans la pandémie, en particulier concernant la systématisation de la vaccination de la population. Le personnel soignant étant en première ligne, il est considéré comme devant être vacciné de manière obligatoire, ce qui est logique. Mais la CGT Santé ne le veut pas et espère mobiliser en ce sens.

Il faut attendre le communiqué pour voir comment la CGT Santé peut justifier une chose pareille… Même si on devine déjà son contenu. En effet, la démarche de la CGT Santé est individualiste et corporatiste. Elle dit: je défends un personnel particulier et je vois les choses uniquement par ce prisme. Elle dit aussi: je défends des droits individuels.

C’est ni plus ni moins que la conception de la CGT-Force Ouvrière qui, de son côté, pour son secteur santé, se contente de demander un délai supplémentaire, refusant de se prononcer contre les « sociétés savantes ». C’est étonnant, car normalement la CGT-Force Ouvrière privilégie justement l’aspect individuel, librement choisi (elle regrette le manque de pédagogie). Mais c’est du réalisme: la pandémie est ce qu’elle est et la société n’est pas prête à accepter un aventurisme de la part du personnel soignant.

La CGT Santé, quant à elle, n’en a rien à faire. Elle agit dans une tradition syndicaliste dure des années 1980, avec un élan syndicaliste « révolutionnaire » du début du 20e siècle, et surtout une mentalité individualiste et corporatiste bien du 21e siècle. C’est un mélange explosif.

La CGT elle-même, en tant que Confédération, est forcément très mal d’ailleurs, car elle se prononce quant à elle pour la vaccination, mais s’inquiète de si 5-10% des soignants ne peuvent plus travailler. Une manière de demander à l’Etat d’abandonner son projet pour ne pas que de manière interne sa situation soit intenable.

L’implosion de la CGT est toutefois inévitable. Il y a trop d’incohérences, trop de conflits internes, alors qu’en plus la corruption morale est généralisée dans un appareil bureaucratisé à tous les niveaux. La pandémie a d’autant plus renforcé cela, au point que son dirigeant Philippe Martinez a même fait déjà en sorte que la CGT ne soit pas présente à la Fête de l’Humanité 2021, les stands étant trop chers (de fait ils sont historiquement un moyen pour le PCF de se monnayer entre autres sur le dos des syndicats).

Et rappelons qu’au niveau national, la CFDT est désormais le premier syndicat, avec une image moderne, négociatrice, etc., alors que la CGT a une aura négative à tous les niveaux. En appelant à refuser la vaccination obligatoire du personnel soignant, la CGT Santé ne va pas aider à changer ça!

Les conséquences sont très graves également. C’est une telle convergence avec le mouvement anti-pass sanitaire qu’on voit déjà mal comment cela ne peut pas mal tourner à la base.

Et, plus qu’une convergence, c’est d’ailleurs un soutien direct d’ailleurs, parce que les anti-pass sanitaire, avec leur noyau « anti-vax », ont désormais l’argument comme quoi la CGT Santé aussi se lance dans le mouvement.

C’est même de cela qu’il s’agit d’ailleurs: du soutien d’un syndicat corporatiste à un mouvement plébéien. Bienvenue dans les années 1930.

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Société

Comment les ouvriers de Knorr de Duppigheim ne sont volontairement pas rentrés dans l’Histoire

Qui plus est, pour pas grand chose.

Le mois d’août a été marqué par l’impressionnante déferlante des anti-pass. Mais il y a également eu un épisode pathétique qui reflète d’un échec historique, alors que tout aurait pu se passer bien différemment. Les ouvriers d’une usine alsacienne de Knorr auraient pu être le fer de lance de la classe ouvrière en France, mais ils ont décidé que non.

Ils auraient pu déclencher une grève dure, qui aurait été un symbole national, qui aurait littéralement levé le drapeau de la révolte ouvrière. Ils seraient rentrés dans l’Histoire. Ils ont préféré s’effacer devant Unilever.

Knorr appartient en effet à Unilever, qui est un géant de l’agroalimentaire. Il n’y a dans ce secteur que Nestlé, PepsiCo et la Coca-Cola Company qui soient devant. Unilever, c’est plus de 50 milliards de chiffre d’affaires, dont quelques uns en France. Ce sont les marques Amora, Maille, Monsavon, Rexona, Cajoline, Omo, Miko, Ben & Jerry’s, Persil, Lipton, etc.

Et donc, Knorr. Seulement voilà, en mars 2021, Unilever a décidé de délocaliser l’usine française de Knorr, vers la Pologne et la Roumanie (et en partie un sous-traitant en Bretagne). Cela met sur le carreau 261 travailleurs de Knorr, sans compter les intérimaires et les sous-traitants, soit un millier de personnes.

Alors il y a eu des protestations, des manifestations, une pétition avec 20 000 signataires, disant notamment cette chose étrange et révélatrice :

« Les soupes Knorr sont fabriquées en Alsace depuis 1953, tout d’abord à Illkirch-Graffenstaden puis, depuis 1983, à Duppigheim. Ces soupes font partie du patrimoine culinaire français. »

On comprend le problème : il n’y a pas de lecture de classe, seulement des considérations sur « l’emploi », le « savoir-faire », etc.

Un tract tente même le coup de l’argument de la pollution… C’est dire si vraiment l’affrontement a été refusé. Tout a été fait pour ne pas dire : sale capitaliste, on refuse ta restructuration, tu vas t’écraser.

Unilever a donc fait ce qu’elle voulait, car le capitalisme n’en a rien à faire des états d’âme.

Il fallait cogner, il fallait frapper. Mais les ouvriers de Knorr n’ont pas voulu le faire. Ils se sont tournés vers le plan de sauvegarde de l’emploi, début août 2021, avec la veille de l’acceptation, une petite initiative intersyndicale.

Comme déjà dit, c’est une mauvaise chose du point de vue de la classe, mais pour des travailleurs sans conscience de classe et devant se débrouiller avec leur vie, payer les crédits, ne pas se retrouver dans une situation intenable marquée par des divorces… cela a une certaine dignité.

Les ouvriers de Knorr n’ont cependant gagné que des miettes. Et là on se dit : le refus de la lutte, la destruction du tissu social, mais en plus, pas grand chose sur le plan individuel ?

Le plan social pour l’emploi consiste en effet en six mois de salaires bruts et 2 000 euros par année d’ancienneté. C’est une blague. Et encore Unilever avait proposé initialement 1 800 euros par année d’ancienneté !

Pour rappel, le plan social pour l’emploi chez Bridgestone, c’est 46 500 euros au total en fixe, plus 2500 euros par année d’ancienneté.

50 000 euros… on comprend que pour des travailleurs, alors que rien n’est acquis dans une situation sociale où il n’y a pas d’impulsion collective, cela se discute sur le plan individuel. On peut refaire sa vie, plus ou moins, surtout si la somme grimpe avec l’ancienneté.

Mais 10 000 euros, 15 000 euros, même disons 20, 25 000… on ne va pas loin. C’est tout de même plus que très peu pour collaborer à la toute-puissance des grandes entreprises, pour contribuer à la désertification locale, pour refuser d’aller à l’affrontement au nom – au moins – de la dignité du travail…

Que les ouvriers de Knorr ne veuillent pas faire une assemblée générale, occuper l’usine et y hisser le drapeau rouge, affronter les forces de répression dans la violence… on peut le concevoir.

Qu’ils choisissent la corruption par le capitalisme, on peut même le comprendre historiquement, malheureusement. Mais six mois de salaires bruts et 2 000 euros par année d’ancienneté à Unilever, qui brasse des milliards ?

Alors évidemment, il y a pour les 261 travailleurs un congé de reclassement rémunéré, un budget de formation, au total les indemnités s’élèveront à davantage, etc. Mais il ne faut pas se voiler la face : les ouvriers français sont complètement à la ramasse. Pour preuve, le 5 juillet, les ouvriers de l’usine Knorr avaient assigné leur ancien patron au tribunal judiciaire de Strasbourg, pour entrave au bon fonctionnement du conseil social et économique.

Les ouvriers français croient en le capitalisme, ils se donnent dans leur travail, ils n’ont aucune lecture de classe, ils veulent juste une meilleure répartition et qu’on les laisse tranquille dans leur vie privée. D’ailleurs ils sont souvent propriétaires de leur logement. Pour eux un licenciement est une trahison, au sens privé, au sens personnel. Cela ne relève pas de la lutte de classes pour eux.

Mais, franchement, si des ouvriers ne sont même pas capables d’affronter Unilever, qui a fait 5,6 milliards d’euros de bénéfices en 2020… alors quand vont-ils bouger?

Où vit-on ? Dans un pays où le capitalisme a gagné ?

Eh bien oui, et qui dit autre chose ment. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus rien à faire. Mais en tout cas cela veut dire que tout reste à faire, effectivement…

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Déclaration du FLNC au 1er août 2021

Elle est signée en commun par l’Union des Combattants et le 22-Octobre.

La déclaration commune des deux structures a été envoyée à Corse-matin accompagné d’une vidéo présentant de nuit une soixantaine de membres du FLNC lourdement armés.

« A ragione hè a nostra forza » est le slogan traditionnement employé par le FLNC dit du 22 octobre et « À populu fattu bisognu à marchjà » par l’Union des combattants.

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Politique

La Gauche doit résister à la vague réactionnaire anti-pass sanitaire et raisonner en termes de crise

La Gauche se refondera dans le rationalisme, le matérialisme, le socialisme.

Quand on a des principes, on est intransigeant là-dessus, ou alors ce ne sont plus des principes. Et comme à l’occasion des gilets jaunes, il y a une capitulation générale d’une large partie de la Gauche devant les anti-pass sanitaire. Jean-Luc Mélenchon de La France Insoumise et Philippe Martinez de la CGT viennent de s’affirmer comme anti-pass sanitaire, suivant en cela toute l’ultra-gauche et une partie significative de la Gauche.

C’est la trahison générale.

Enfin, peut-on encore parler de Gauche pour ces gens qui agissent de manière opportuniste à ce point-là? Cela fait longtemps qu’ils se raccrochent à n’importe quoi, et là on en a la preuve formelle.

Les rassemblements anti-pass sanitaire ont une base irrationnelle, elles produisent des gens agressifs et paranoïaques, l’extrême-Droite en forme une ossature essentielle sur le plan des conceptions et même de la vision complotiste du monde. Comment quelqu’un de Gauche peut-il se dire qu’il faudrait soutenir une horreur pareille?

Il faut également être critique de ceux qui ne prennent pas position, car ils sont dépassés. C’est le cas des deux scissions du Parti socialiste, Génération-s et la Gauche Républicaine et Socialiste. Il y a également beaucoup de petites structures intellectuelles de gauche qui jouent sur l’ambiguïté, opposant pass et anti-pass, bref cherchant à éviter d’avoir à assumer quoi que ce soit.

Mais l’heure est venue pour la Gauche d’assumer.

D’assumer quoi?

Quand on est de Gauche, on raisonne, justement.

Et que voit-on? Que le pass sanitaire est dénoncé comme une mesure collective coercitive… Or, que veut la Gauche si ce n’est justement, historiquement, des mesures collectives coercitives, considérées comme justes et nécessaires historiquement?

La vraie Gauche, historique, n’est pas libérale-libertaire, elle n’est pas pour la conquête de droits « individuels ». Elle parle de masses, elle raisonne en termes de masses, elle veut le pouvoir aux masses.

Et quelle est la vie des masses? C’est celle dans le capitalisme.

Et quelle est la situaion du capitalisme? Il ne s’en sort pas. Au 1er septembre, le PIB français est encore de 3,3 % inférieur au niveau du quatrième trimestre 2019.

C’est un coup terrible à l’économie et encore l’Etat a dépensé un argent magique colossal pour limiter la casse : 230,6 milliards d’euros, soit 9,5% du PIB!

C’est inremboursable, ou alors en passant par deux solutions: la grande casse en pressurisant les travailleurs de manière forcenée, la guerre pour le repartage du monde afin d’obtenir de nouveaux espaces pour en profiter.

Toute autre considération est hors sol.

Qui plus est, la crise sanitaire n’est pas finie.

Les petits-bourgeois aimeraient bien qu’elle le soit, d’où les manifestations anti-pass sanitaire. Ils ne veulent pas que l’Histoire s’accélère.

Nous, nous voulons au contraire qu’elle aille encore plus vite!

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Présidentielle 2022 : Jean-Luc Mélenchon se lance avec « l’Union populaire » contre le « financier » et le pass sanitaire

On passe d’une ligne populiste à une posture plébéienne.

La France Insoumise tenait son université d’été dans la Drôme et Jean-Luc Mélenchon en a profité dimanche 29 août 2021 pour réaliser son premier meeting de campagne. Le changement d’axe est notable, puisque le populisme a cédé la place à une optique plus ouvertement plébéienne.

Le discours de Jean-Luc Mélenchon peut se résumer à sa formule « l’ennemi c’est le financier », sorte d’écho aux paroles de François Hollande en janvier 2012 :

« Mon véritable adversaire, il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera jamais élu et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. »

Ce qui est totalement fou, c’est que ces propos de François Hollande à l’époque sont totalement complotistes et font plus que friser l’anticapitalisme romantique de type antisémite, et que personne n’a jamais rien dit alors que c’est totalement flagrant. L’ennemi est minoritaire, inconnu et parasitaire, il manipule et décide de tout en réalité… C’est le mode même de la vision fasciste du monde.

On notera d’ailleurs que Jean-Luc Mélenchon ne parle pas de la finance, mais du financier. Ce côté « personnalisation » est tout à fait représentatif d’une époque en quête d’un bouc-émissaire. C’est une sorte de course où tout le monde tente d’arriver à l’idéologie fasciste avant les autres…

D’où justement que Jean-Luc Mélenchon se soit prononcé au meeting contre le pass sanitaire. Cette fois c’est dit franchement, cela implique un appel à mobiliser en ce sens et à rejoindre de manière ouverte les manifestations anti-pass sanitaire. Il en va d’ailleurs de même pour Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, qui s’est dit anti-pass sanitaire le même jour dans Le Parisien, appelant à des initiatives en octobre.

On se doute que Pilippe Martinez et Jean-Luc Mélenchon prétendront qu’il s’agit notamment de couper l’herbe sous le pied de l’extrême-Droite. En réalité, c’est servir de marche-pied culturel et de cinquième colonne au sein de la Gauche pour mieux l’assassiner.

Ici, Jean-Luc Mélenchon est à la point de la démolition et de la confusion, d’ailleurs. Dans son discours du 29 août 2021, Jean-Luc Mélenchon a par exemple utilisé le mot « système » de la manière suivante:

« Le système, lui, cherche à diviser entre « vaxs » et « antivaxs »ou en utilisant les religions. »

Historiquement le terme de « système » est un classique de l’extrême-Droite, car sa dimension fourre-tout sert d’éviter à dénoncer le capitalisme et la bourgeoisie, même de manière manipulatoire (car c’est très risqué).

Le terme de système implique quelque chose de flou, d’obscur, qui échappe au regard ; il y aurait des décideurs masqués menant des opérations bien précises, de manière calculée, pour maintenir leur domination de type parasitaire.

C’est d’ailleurs la même vision que les anti-pass sanitaire et effectivement, finalement, qui se ressemble s’assemble. Mais cela n’a rien à voir avec la Gauche.

Et Jean-Luc Mélenchon a, pour la première fois peut-être, nié l’universalisme, lui qui provient d’une tradition résolument universaliste (la gauche socialiste et la franc-maçonnerie). Il a en effet dit que :

« Il n’y a pas de culture possible sans l’altérité. Si vous n’avez pas quelqu’un de différent pour parler avec vous, et des fois dans une langue différente, parlez avec les murs. La diversité culturelle est l’aliment même du processus d’humanisation. »

C’est le contraire de l’universalisme, car l’universalisme dit justement que les différences sont secondaires et que tous les humains sont humains quelles que soient les couleurs de peau, les origines, le sexe, etc. Il ne s’agit pas d’un ethno-différentialisme !

On voit ici très bien que Jean-Luc Mélenchon se place sur la ligne des « Indigènes de la République » et des communautaristes en général. Ce qui est totalement décadent, une expression de décomposition par l’ultra-gauche, et totalement en décalage avec les gens.

C’est avec ce genre de choses qu’on voit vraiment que La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon est un simple produit de la décomposition de la Gauche PS-PCF, un catastrophe à la dérive convergeant avec le populisme « national-social ».

La France Insoumise est partie dans le sens inverse de là où il fallait aller : vers la Gauche historique!

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160 000 anti-pass sanitaire dans les rues le 28 août 2021

La mascarade petite-bourgeoise continue, mais c’est aussi un laboratoire.

Si le gouvernement a comptabilisé, le 28 août 2021, 160 000 manifestants anti-pass sanitaire, ces derniers prétendent avoir été un peu moins de quatre millions. La machine à fantasme tourne à fond, ce qui est logique puisque, comme chez les gilets jaunes, on a l’illusion petite-bourgeoise de mener un combat d’envergure qui va pas moins que changer le régime!

Mais constater ce caractère fantasmatique ne suffit pas. Même en étant en recul par rapport à la semaine dernière, cela fait tout de même beaucoup de monde. Suffisamment pour accaparer l’attention à la fin de l’été et pour former en masse des gens à une nouvelle vision du monde. 222 mobilisations au niveau national, c’est un chiffre important.

Suffisamment pour prolonger le tir et viser début septembre, attendu comme un grand tournant (même si le 11 septembre est la date parfois privilégiée). Et il est évident qu’un éventuel succès modifierait beaucoup de choses, dans une France assez déboussolée. Car les manifestations anti-pass sanitaire peuvent connaître un saut qualitatif. C’est une sorte de gigantesque laboratoire où, à chaque fois, des gens par milliers mélangent tout, massacrent les principes de gauche en les mélangeant à des conceptions populistes ou nationalistes.

Le risque est simple : que cela contribue de manière puissante à l’émergence d’un mouvement « national » et « social », « ni droite ni gauche », bref au style fasciste.

Les gilets jaunes avaient présenté un tel risque et ont d’ailleurs contribué au style fasciste. Le mouvement anti-pass sanitaire peut faire en sorte que ce style fasse l’acquisition d’un dimension de masse.

Ce risque n’est malheureusement pas compris, même si les manifestations anti-pass sanitaire inquiètent et horrifient les gens qui n’ont pas perdu la raison. Elles horrifient de par leur stupidité, elles inquiètent de par l’ambiance délétère qu’elles distillent dans toute la société.

Tout cela produit une France déboussolée et, en cas de réels troubles, les choses peuvent basculer. En fait, cela bascule déjà car bon nombre de gens sont dépassés et tout est en train de changer, avec tout le monde de débordé. Chacun navigue à vue, incapable de se projeter et cela ruine les pensées, cela fait se ronger les sangs, bref plus rien ne semble aller de soi.

C’est un épisode historique d’où beaucoup de choses vont sortir. Il faut que le meilleur ressorte aussi, et même surtout ! Les valeurs de la Gauche historique doivent se voir diffusées et une génération nouvelle doit les saisir. Cela doit enclencher un nouveau processus, capable de refaire en sorte que les masses en France se ressaisissent, commencent à s’arracher au train-train de la vie dans un riche pays capitaliste, aillent vers l’Utopie.

Ce qui se profile, c’est une grande déchirure, à moins que le capitalisme ne repousse encore l’échéance et alors là les choses tourneront très mal, d’un coup, la guerre émergeant comme inévitable conséquence de la bataille pour le repartage du monde.

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Tribune de cadres du Parti socialiste quant à la nomination d’un candidat à la présidentielle 2022

Le Parti socialiste est en voie d’autoliquidation.

Le Parti socialiste est désormais un Parti d’élus, avec des cadres, mais il n’a plus aucune base. Pour cette raison, il rompt même avec son principe fondateur : celui de l’existence de la reconnaissance des tendances internes, impliquant une représentativité de celles-ci dans l’organigramme de la direction.

C’est ce que Léon Blum, dans une intervention fameuse pour les socialistes au Congrès de Tours des 1920 donnant naissance au Parti Communiste, appelle:

« une unité synthétique, une unité harmonique, c’était une sorte de résultante de toutes les forces, et toutes les tendances intervenaient pour fixer et déterminer l’axe commun de l’action. »

Or, sans tendances, sans base, tout cela n’est plus possible et la direction du Parti socialiste est en train de forcer la candidature d’Anne Hidalgo à la présidentielle de 2022, avec la perspective ouverte de liquider l’organisation pour l’insérer dans une structure fédérative sociale-écologiste.

Cela pose bien entendu la question du contenu, puisque Anne Hidalgo représente Paris, une ville bourgeoise, et qu’une telle structure serait du macronisme de « gauche ». La tribune de cadres socialistes ici publié ne pose pas cette question, elle raisonne en termes de traditions démocratiques et affirme que c’est une remise en cause à laquelle ils s’opposent.

C’est malheureusement bien tard, comme en prouve le fait que la tribune a été originellement publié sur le Huffington Post. C’est qu’il n’existe tout simplement pas d’opposition organisée, de regroupement dans un sens politique. Le Parti socialiste se décompose en fait littéralement.

S’il est un parti dont les confrontations internes ont toujours fait couler beaucoup d’encre, c’est bien le Parti Socialiste. Du combat de Jean Jaurès contre Jules Guesde, de François Mitterrand contre Michel Rocard, de Lionel Jospin contre Laurent Fabius, de Ségolène Royal contre Dominique Strauss-Kahn, de François Hollande contre Martine Aubry: tous ces épisodes ont marqué la vie démocratique de la gauche.

Sans discontinuer, l’histoire du parti de Jaurès a toujours été rythmée par ces divisions saines qui ont forgé la confrontation d’idées… C’est ce lien intrinsèque entre socialisme et démocratie qui est à l’origine de la gauche de gouvernement. C’est cette influence qui donne toute légitimité au Parti Socialiste de contester les pouvoirs trop verticaux, trop jupitériens.

Pourtant, nous sommes de plus en plus nombreux à nous inquiéter de notre propre démocratie interne, symbole d’un véritable repli sur soi. Car nous faisons face à une remise en question de principes fondamentaux qui nous placent dans une situation hypocrite de contestation de la verticalité alors que celle-ci régit progressivement le fonctionnement même du Parti Socialiste.

Cette verticalité semble s’imposer dans le silence coupable d’un congrès qui ne vise qu’une chose: une concentration des pouvoirs et une négation de la diversité de parole de ses militants. Une véritable rupture avec son histoire.

Le Parti Socialiste souhaite faire évoluer son organisation, mais dans quel sens? Les militants sont invités à approuver de nouveaux statuts sans pouvoir se prononcer sur des articles précis les régissant. Or quand les règles sont floues, c’est qu’il y a un loup!

Deuxième inquiétude, à l’aube des élections présidentielle et législatives, voici que les modalités de désignation seront décidées par le conseil national sur proposition d’un Bureau National verrouillé par son Premier Secrétaire.

Mieux, le voici tenté par un coup de force, mélangeant congrès et désignation du présidentiable du parti de la rose: ne pas voter pour lui reviendrait à s’opposer à Anne Hidalgo; voter pour lui reviendrait à voter pour Anne Hidalgo. 

Olivier Faure ou l’art et la manière de mélanger les choses. Quoi qu’il en soit, la candidature semble toujours primer sur le fond. Parallèlement, il est prévu l’ouverture au vote électronique, laissant la porte ouverte à des votes contestables, la faute à un système non éprouvé.

Troisième surprise, la réforme des statuts ouvre la voie à l’intégration du Parti Socialiste dans un nouveau groupement politique ou de s’associer à un groupement politique.

Pour quel objectif, quelle finalité? Olivier Faure prépare-t-il à la barbe de ses militants la dissolution du parti dans un nouvel ensemble, au nom de l’union, mais toujours sans clarification idéologique au préalable? 

Quatrième inquiétude: le rôle du Premier Secrétaire est renforcé par la restauration de véritables “lettres de cachet” permettant à ce dernier de proposer l’ostracisation d’un membre du parti à titre conservatoire avant une décision postérieure. Une belle manière d’écarter des potentiels candidats qui ne respecteraient pas la ligne “stratégique” d’Olivier Faure?

Cette verticalité nouvelle inquiète d’autant plus que les décisions prises n’ont pas apporté le moindre résultat. La nouvelle direction n’est toujours pas parvenue à démontrer son renouveau idéologique. En attestent les nombreux journalistes demandant régulièrement ce que pense le Parti Socialiste.

Reconnaissons-le, Olivier Faure n’en sait lui-même trop rien, mais il lui faut tout de même de nombreuses colonnes dans les journaux pour le dire.

Ce flottement idéologique est soudainement devenu préoccupant, lorsque Olivier Faure a soutenu l’idée d’un droit de contrôle de la police sur des décisions de justice, ou quand il a proposé sans concertation une réforme constitutionnelle permettant au Premier ministre de dissoudre l’Assemblée nationale.

Ces égarements n’auraient sans doute pas été possibles avec un fonctionnement horizontal du parti et avec un débat interne existant.

Les stratégies électorales perdantes des européennes puis des élections locales ont donné lieu à des situations improbables, transformant le Parti Socialiste en une banque politique, finançant les campagnes des autres, sans mettre en valeur ses propres troupes. Le résultat est implacable: un score faible et des cotisations d’élus réduites à peau de chagrin. Un tel fonctionnement ne peut conduire le Parti Socialiste qu’à sa perte.

À force de faire la campagne pour les autres, à force de payer pour des candidats issus de structures extérieures au parti, nous ne parviendrons plus à financer la moindre élection d’hommes et de femmes qui ont un engagement de gauche de longue date et qui se sont engagés jeunes au service d’une cause.

Les nouvelles échéances électorales vont être l’occasion d’un sursaut, ou d’un suicide collectif. L’expérience a montré que les candidatures imposées par le haut n’ont pas d’avenir. L’expérience a montré que réfléchir à la candidature avant de parler d’idées ne permet pas d’envisager un futur politique viable.

Quand bien même, à l’heure où l’on nous parle de démocratie participative à longueur de discours, il serait surprenant que le Parti Socialiste soit le seul parti à ne pas poser les bases d’un débat pour désigner son candidat. Or, les candidatures par acclamation n’ont aucune légitimité dans un parti démocratique. Un vote doit donc se tenir, pour revigorer l’encéphalogramme plat du parti et pour donner une véritable légitimité au futur candidat.

Il s’agit pour le parti de Jaurès de revigorer la démocratie. Les trop nombreuses candidatures floues, sans parti, sans corpus idéologique, sans conviction ont contribué au désintérêt massif des Français des dernières élections. Un parti n’est pas seulement une bannière, c’est un héritage, des influences intellectuelles claires et identifiables.

Nier l’intérêt d’un parti c’est contribuer au désordre démocratique. Ne pas s’appuyer sur cet héritage long de 100 ans et propulser des mouvements creux est une erreur majeure. Les Français attendent de la clarté et cherchent des repères.

Le Parti Socialiste d’Olivier Faure a cru bon de vouloir tourner la page du passé pour ouvrir un nouveau chapitre. Or celui-ci n’est toujours pas écrit et le Parti Socialiste fait face au syndrome de la feuille blanche. Il est grand temps d’y remédier.

Les signataires: 

Florian Lafarge: membre du Conseil National 

Marie-Arlette Carlotti: membre du Bureau National, Sénatrice, Ancienne ministre

Pierre Pribetich: membre du Bureau National, 1er vice-président de Dijon métropole

Maude Clavequin: membre du Bureau National

Yoan Hadadi: membre du Bureau National

Camille Marmousez: membre du Conseil National 

Philippe Dorthe: membre du Bureau National 

Maxime Girardin: membre du Conseil National

Christophe Bieber: membre du Conseil National

Antoine Hoareau: membre du Conseil National 

Arthur Chambon: membre du Conseil National 

Maxime Cohen: membre du bureau fédéral de Paris 

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Culture Vie quotidienne

« Ghost Town » des Specials, la chanson emblématique du déclin urbain

Le groupe britannique de Ska a réalisé une chanson emblématique en 1981.

Si dans les villes d’une certaine importance le capitalisme se développe puissamment en raison d’un marché « bobo », les villes moyennes de France se délabrent souvent, dans une atmosphère pesante. C’est un constat terrible marquant vraiment les esprits.

Il n’y a pourtant pas d’élan culturel ou plutôt contre-culturel qui en ressorte vraiment. C’est comme si la démarche nostalgique et nihiliste des gilets jaunes était la seule expression possible d’une « périphérie » forcément marginalisée. Cela reflète toute une passivité, toute une acception d’une sorte de destin forçant à la mise de côté de ceux qui ne sont pas dans les grands centres urbains et qui profitent, d’une manière ou d’une autre, d’une certaine vie culturelle.

C’est d’autant plus marquant si on regarde l’Angletere et l’Allemagne, deux pays où les villes moyennes parviennent à produire tout de même des cultures locales, voire de vraies contre-cultures. Si l’Allemagne n’a pas de réel centre urbain asphyxiant le reste du pays, l’Angleterre a Londres et malgré cela, les villes moyennes ont produit des choses marquantes, y compris lors d’un processus de déclin très avancé durant la fin des années 1970.

Il est vrai que cela s’est accompagné aussi d’une violence endémique localement, celle des skinheads, dans une perspective nihiliste. Mais ce n’était qu’un aspect de la question et justement, en 1981, le groupe de ska The Specials, de la ville de Coventry, parvint à refléter ce processus dans une chanson : Ghost Town, la ville fantôme.

La chanson eut un réel succès populaire, dans un contexte explosif: il y eut 35 émeutes urbaines en Angleterre cette année. Et en plus du succès, la chanson obtint une grande reconnaissance culturelle, devenant le symbole de l’effondrement de la vie culturelle des villes moyennes. Le groupe, relevant de la scène skinhead non raciste et engagée à gauche, dut d’ailleurs cesser son activité sous la pression du nihilisme ambiant et de la brutalité d’extrême-droite.

This town (town) is coming like a ghost town
All the clubs have been closed down
This place (town) is coming like a ghost town
Bands won’t play no more
Too much fighting on the dance floor

Cette ville (ville) devient comme une ville fantôme
Tous les clubs ont été fermés
Cet endroit (ville) devient comme une ville fantôme
Les groupes ne joueront plus
Trop de bagarres sur la piste de danse

Do you remember the good old days before the ghost town?
We danced and sang, and the music played in a de boomtown
This town (town) is coming like a ghost town
Why must the youth fight against themselves?

Vous souvenez-vous du bon vieux temps avant la ville fantôme ?
Nous avons dansé et chanté, et la musique était joué dans une ville en plein essor
Cette ville (ville) devient comme une ville fantôme
Pourquoi les jeunes doivent-ils lutter contre eux-mêmes ?

Government leaving the youth on the shelf
This place (town) is coming like a ghost town
No job to be found in this country
Can’t go on no more
The people getting angry
This town is coming like a ghost town

Le gouvernement laisse les jeunes de côté
et endroit (ville) devient comme une ville fantôme
Aucun emploi à trouver dans ce pays
Je ne peux plus continuer
Les gens deviennent en colère
Cette ville devient comme une ville fantôme

Voici également une expression moins positive de l’époque, expression justement d’une rage intériorisée, avec le classique skinhead « Coventry » de Business, de 1983. Si la démarche n’est pas raciste (une gageure dans la scène skinhead alors) et reste populaire, la chanson est comme l’ensemble des chansons de Business composée de lamentations : nous sommes incompris, la police nous en veut tout le temps, nous sommes toujours du mauvais côté quoi qu’il arrive, etc.

Il y a une réelle dignité des classes laborieuses, mais c’est enfermé sur soi-même.

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Société

Le caractère irrationnel des anti-pass sanitaire et anti-vax ne peut être vaincu que sur le plan culturel

On a une folie furieuse digne des années 1930.

Il est absurde de se dire qu’il faut soutenir le mouvement anti-pass sanitaire en espérant le ramener dans le droit chemin. Dans sa matrice même, c’est un mouvement élémentaire, avec des éléments plébéiens jouant sur tous les tableaux de la vision petite-bourgeoise du monde : paranoïa anti-étatique, furie anti-collectivisme, individualisme forcené, irrationalisme profondément marqué, argumentation versatile.

Les petits-bourgeois sont ainsi qu’ils disent tout et son contraire, c’est-à-dire autant de choses populaires que bourgeoises, le tout entremêlé, mélangé, jusqu’à l’inconsistance ou l’absurde. Tout le monde a fait l’expérience de leur mauvaise foi, de leur capacité à être à la fois pour le capitalisme et contre, comme d’ailleurs pour une chose et son contraire, sans y voir d’incohérence.

Chez les anti-pass sanitaire, c’est démultiplié. Et c’est particulièrement horrible. C’est même tellement toxique qu’on a une seule envie, c’est de ne pas aborder la question, tellement cela s’expose telle une sorte d’obsession maladive. On se dit qu’en évitant d’aborder le thème, on peut contribuer à les ramener dans le réel.

Et il faudrait aller, comme certains le disent, sur leur terrain, en les soutenant dans les manifestations ? Mais alors à quoi aurait servi le mouvement ouvrier depuis son existence? Et d’ailleurs pourquoi même se revendiquer du mouvement ouvrier : autant faire comme La France Insoumise et assumer le « populisme » pour mobiliser contre « l’oligarchie », autant balancer tous les principes !

Si on considère que la Gauche a des valeurs, des principes, une culture, alors on ferme la porte au mouvement anti-pass sanitaire. Les gens de gauche ne l’ayant pas fait ont réalisé un suicide politique et culturel, voilà tout. Et on se demande même comment ils ont pu, ils peuvent se faire des illusions.

La vérité est que les anti-pass sanitaire et les anti-vax sont dans une spirale totalement folle et qu’il n’y a aucune possibilité de les faire changer en restant sur leur terrain. Ces gens se nourrissent les uns les autres de faiblesses et de mensonges, d’illusions et de fausse intransigeance, c’est littéralement un mouvement religieux.

Et comme pour la religion, ce n’est qu’en faisant l’expérience d’autre chose que leur conscience peut s’élever et encore, pour une partie seulement, car on a tout de même ici une poussée de folie qui relève d’une société en crise, qui s’effondre sur elle-même. Il faut également saisir cet aspect : la poussée anti-pass sanitaire correspond aussi à l’esprit d’une époque, où les esprits ratatinés par la crise sont en plein désarroi. C’est ni plus ni moins que du nihilisme.

Pour cette raison, le rapprochement avec ce qu’ont vécu les antifascistes dans les années 1930, ainsi d’ailleurs que dans les années 1920, est évident. Dans ces années-là, la Gauche se demandait : comment faire face à ces gens qui s’emportent et vivent dans leur bulle, avec des esprits en roue libre s’accrochant à des mentalités toutes faites, des constructions intellectuelles irrationnelles ?

Cette question taraudait d’ailleurs encore les antifascistes allemands après 1945, dans un pays où l’engouement nazi n’avait jamais cessé, même malgré les défaites militaires. Et la seule réponse possible a été : il faut que les masses fassent d’autres expériences, qui les arrachent à la machine infernale où elles se sont enfermées.

Mais comment faire alors que l’irrationalisme est seul mobilisateur ? Comment impulser quelque chose d’autre ? La réponse est difficile. En tout cas, elle ne passe pas par le reniement de ce qu’est la Gauche et une soumission à un mouvement anti-pass sanitaire qui n’est rien d’autre qu’une contestation d’extrême-Droite dans sa matrice.