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Guerre

La Biélorussie isolée et sous pression de l’OTAN

Une pierre de plus à l’édifice monstrueux de la guerre.

La crise biélorusse est désormais entièrement superposée à la crise ukrainienne et on en a un triste exemple avec le passé de l’opposant biélorusse Roman Protassevitch, dont l’arrestation a été la motivation pour la Biélorussie du détournement d’un avion au motif qu’il y aurait eu une menace d’attentat. Le régime biélorusse a d’ailleurs fini par sortir du placard un communiqué de menace provenant… du Hamas palestinien, à travers la Suisse, envoyé après l’arraisonnement de l’avion. Cela ne tient pas du tout, naturellement.

Il semble donc, par contre, acquis que Roman Protassevitch ait été un membre, en 2015-2015, du bataillon néo-nazi Azov opérant au sein de l’armée ukrainienne (et devenu un régiment de la garde nationale directement supervisé par le ministre de l’Intérieur ukrainien). L’information a bien entendu été balancée par la Russie et après des dénégations initiales, un haut responsable du bataillon Azov a confirmé cela, en expliquant que Roman Protassevitch avait agi comme journaliste. Le problème, c’est que les images de lui en armes ou avec un t-shirt néo-nazi ne disent pas la même chose…

Tout comme l’Ukraine, la Biélorussie se retrouve ainsi coincée entre des forces pro-OTAN et des forces pro-russes, qui sont tous les deux hideuses. Cela fait deux cibles (très proches géographiquement) de la bataille pour le repartage du monde. Et cela se passe dans une tension extrême afin d’obtenir ou de maintenir l’hégémonie.

Depuis son arrestation, Roman Protassevitch apparaît ainsi dans une courte vidéo où il semble se « repentir », alors qu’il semble à peu près clair que les forces de répression biélorusses l’ont maltraité, tout comme le sont les 426 opposants déjà emprisonnés. Un jeune de 17 ans, Dima Stakhovsky, vient d’ailleurs de se suicider dans sa cellule ; il avait été condamné à quinze ans de prison pour émeute.

Et, après l’appel de l’Union européenne à isoler l’espace aérien biélorusse, ce qui n’est pas une obligation formelle pour les États membres, certains pays ont franchi le pas, tels la France, le Royaume-Uni, la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la Suède, la République tchèque, l’Ukraine. On notera d’ailleurs que la France a mit cela le jeudi 27 mai 2021, seulement, sans crier gare, obligeant l’avion de la compagnie d’aviation biélorusse Belavia réalisant la liaison Minsk-Barcelone venant de décoller à tourner en rond pour vider son carburant et à retourner d’où il était parti.

Le président du Parlement européen David Sassoli a également proposé d’afficher la photo de Roman Protassevitch dans tous les aéroports de l’Union européenne, la Roumanie de renommer la rue de l’ambassade de Biélorussie à Bucarest du nom de Roman Protassevitch, Emmanuel Macron appelant à se confronter avec la Russie :

« Nous avons besoin de recadrer très profondément notre relation avec la Russie pour ne pas être simplement réactif mais définir une stratégie de court, moyen et long terme compte tenu du fait que l’espace de sécurité européen passe par une discussion exigeante avec la Russie. »

L’opposition est frontale et l’objectif des pays de l’OTAN très clair : il s’agit de parvenir à faire tomber le régime biélorusse, pour l’arracher à l’orbite russe. En ce sens, l’Union européenne compte prendre des mesures contre des entreprises et le secteur bancaire biélorusse. Heiko Maas, ministre allemand des Affaires étrangères, parle d’une « spirale de sanctions » qui va se mettre en place : l’Allemagne, qui a freiné tout soutien à l’Ukraine, espère par contre clairement avoir le dessus pour prendre le contrôle de la Biélorussie.

D’où la déclaration commune dans le cadre du G7 :

« Nous, les ministres des Affaires étrangères du G7, soit l’Allemagne, le Canada, les États-Unis d’Amérique, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni, ainsi que le haut représentant de l’Union européenne, condamnons fermement l’acte sans précédent des autorités bélarusses, qui ont arrêté le journaliste indépendant Roman Protassevicht et sa compagne Sofia Sapéga après avoir forcé le vol FR4978 dans lequel ils se trouvaient à atterrir à Minsk le 23 mai.

Cet acte a mis en danger la sécurité des passagers et de l’équipage du vol. Il s’agissait également d’une atteinte grave aux règles régissant l’aviation civile. Nos pays, et nos citoyens, dépendent du fait que chaque État agit de manière responsable en remplissant ses obligations en vertu de la Convention de Chicago, afin que les avions civils puissent opérer en toute sécurité. Nous demandons à l’Organisation de l’aviation civile internationale de se pencher d’urgence sur ce manquement à ses règles et à ses normes.

Cet acte représente également une grave attaque contre la liberté de la presse. Nous demandons la libération immédiate et inconditionnelle de Roman Protassevicht, ainsi que de tous les autres journalistes et prisonniers politiques détenus au Bélarus. 

Nous renforcerons nos efforts, notamment par l’intermédiaire de nouvelles sanctions le cas échéant, afin de veiller à ce que les autorités bélarusses assument la responsabilité de leurs actes. »

L’OTAN est évidemment ouvertement de la partie, avec un communiqué où Roman Protassevitch est présenté comme un « journaliste » (les médias parlant même d’un simple blogueur!) :

« 1. Le Conseil de l’Atlantique Nord condamne fermement le détournement vers Minsk (Bélarus), le 23 mai, d’un vol de la compagnie Ryanair qui reliait Athènes à Vilnius, ainsi que le débarquement forcé et l’arrestation de Roman Protassevitch, éminent journaliste bélarussien qui se trouvait à bord, et de Sofia Sapega.

Cet acte inacceptable, qui a mis en danger la vie des passagers et membres d’équipage, constitue une violation grave des normes régissant l’aviation civile. Nous nous associons à ceux qui réclament en urgence une enquête indépendante, qui serait menée notamment par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Nous approuvons les mesures prises par les Alliés, à titre individuel ou collectif, en réaction à cet incident.

2. La détention de M. Protassevitch est un affront aux principes de la liberté d’opinion politique et de la liberté de la presse. Le Bélarus doit relâcher M. Protassevitch et Mme Sapega immédiatement et sans condition.

Les pays de l’OTAN engagent le Belarus à respecter les libertés et droits fondamentaux de la personne et à se conformer aux règles qui fondent l’ordre international. Les Alliés sont solidaires de la Lettonie à la suite de l’expulsion injustifiée de diplomates lettons. »

La Biélorussie a par contre des appuis. Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a affirmé qu’il n’y avait aucune preuve que des agents secrets aient été à bord du vol Athènes-Vilnius. La Chine est du côté biélorusse, et la Turquie a fait en sorte que la déclaration de l’OTAN soit moins brutale qu’elle ne devait l’être initialement.

Quant à la Russie, dont la Biélorussie est largement un satellite, elle refuse à ce que les avions allant chez elle évitent la Biélorussie, d’où des annulations pour Air France et Austrian Airlines.

La confrontation est ainsi très clairement posée et cette fois on n’est plus simplement dans un affrontement Ukraine-Russie, mais littéralement face à un incendie régional, voire européen.

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Société Vie quotidienne

Plus de 100 raisons d’arrêter de fumer

Voici un document de l’OMS qui rappelle de nombreuses vérités sur ce qu’impliquent les 300 milliards de paquets de cigarettes vendus chaque année.

1. Les fumeurs risquent davantage de contracter une forme sévère de la COVID-19 et d’en mourir.

2. La mauvaise odeur est partout : elle s’imprègne sur votre peau, partout dans votre maison, sur vos vêtements, elle est perceptible sur vos doigts et dans votre haleine.

3. Le tabac entraîne le jaunissement des dents et un excès de plaque dentaire.

4. La consommation de tabac et de tabac sans fumée est responsable de la mauvaise haleine.

5. Le tabac provoque des rides et vous fait paraître plus vieux, plus vite. Il entraîne un vieillissement prématuré de la peau en détruisant les protéines qui lui donnent son élasticité, en la privant de vitamine A et réduisant le flux sanguin.

6. Ces rides sont plus apparentes autour des lèvres et des yeux ; en outre, la peau des fumeurs est sèche et sillonnée de ridules.

7. Fumer augmente le risque de développer un psoriasis, une maladie inflammatoire non contagieuse de la peau qui se caractérise par des plaques rouges squameuses qui se logent sur tout le corps et provoquent des démangeaisons.

8. Plus d’un million de personnes meurent chaque année d’avoir été exposées au tabagisme passif.

9. Les non-fumeurs exposés à la fumée secondaire risquent de développer un cancer du poumon.

10. La cigarette demeure une cause importante d’incendies accidentels et des décès en résultant.

11. Les cigarettes électroniques exposent également les non-fumeurs et les passants à la nicotine et à d’autres produits chimiques nocifs.

12. L’exposition au tabagisme passif peut accroître le risque de progression de l’infection tuberculeuse latente vers la maladie active.13. L’exposition au tabagisme passif est associée au diabète de type 2.

14. Les enfants de fumeurs souffrent d’une diminution de la fonction pulmonaire qui continue de se manifester sous la forme de troubles respiratoires chroniques à l’âge adulte.

15. L’exposition des enfants au liquide des cigarettes électroniques continue de présenter des risques graves. Les appareils peuvent fuir et les enfants peuvent avaler le liquide.

16. Les cigarettes électroniques sont connues pour être à l’origine de blessures graves, notamment de brûlures causées par des incendies ou des explosions.

17. Les enfants d’âge scolaire exposés aux effets nocifs du tabagisme passif risquent également de faire de l’asthme du fait de l’inflammation des voies respiratoires menant aux poumons.

18. Les enfants de moins de 2 ans exposés au tabagisme passif dans la sphère familiale peuvent contracter des maladies de l’oreille moyenne susceptibles d’entraîner une perte auditive et la surdité.19. Arrêter de fumer diminue le risque de nombreuses maladies liées au tabagisme passif chez l’enfant, telles que les maladies respiratoires (par exemple, l’asthme) et les infections des oreilles.

20. Vous voulez être un exemple pour vos enfants, vos amis et vos proches.

21. Le tabagisme peut avoir des conséquences négatives pour les interactions sociales et les relations.

22. En renonçant au tabac, vous pourrez aller où bon vous semble, sans restrictions – vous pourrez vous mêler aux autres, vous ne vous sentirez plus isolé-e et ne serez plus obligé-e de sortir pour fumer.23. En arrêtant de fumer, vous pourrez être plus productif – vous n’aurez pas à vous interrompre sans cesse pour aller fumer une cigarette.

24. Une étude a conclu que les fumeurs dépensent en moyenne 1,4 million de dollars des États-Unis pour leurs frais personnels. Ce chiffre inclut les dépenses en cigarettes, les frais médicaux et la rémunération, inférieure en raison du tabagisme et de l’exposition au tabagisme passif.

25. Le tabagisme a une influence sur la santé et la productivité des travailleurs – les fumeurs sont plus susceptibles de perdre des journées de travail.

26. Le tabagisme aggrave la pauvreté car l’argent qui passe dans le tabac ne peut être dépensé pour des besoins essentiels comme l’alimentation ou le logement.27. Le tabagisme pèse sur l’économie mondiale, en raison du coût des soins de santé pour le traitement des maladies qu’il provoque – lequel, selon des estimations, s’élève à 1 400 milliards de dollars des États-Unis – et du fait de la perte de capital humain due aux maladies et aux décès qui lui sont imputables.

28. Les fumeurs sont davantage susceptibles d’être atteints d’infertilité. Arrêter de fumer réduit le risque d’avoir des difficultés à procréer, d’accoucher prématurément et de donner naissance à un bébé ayant un faible poids de naissance, ou encore de faire une fausse couche.

29. Fumer peut causer des troubles de l’érection. Le tabagisme a un effet délétère sur l’afflux sanguin vers le pénis, à l’origine de l’incapacité à parvenir à l’érection. La dysfonction érectile est plus fréquente chez les fumeurs et il est fort probable qu’elle persiste ou devienne permanente à moins que l’homme cesse de fumer tôt.30. Le tabagisme conduit aussi à une diminution du nombre, de la motilité et de la morphologie des spermatozoïdes.

31. Plus de 8 millions de personnes meurent chaque année des suites du tabagisme.

32. Le tabac tue la moitié de ses consommateurs. Le tabagisme sous toutes ses formes vous vole votre santé et provoque des maladies débilitantes.

33. Fumer la chicha est tout aussi nocif que consommer du tabac sous d’autres formes.

34. Le tabac à mâcher peut provoquer le cancer de la bouche, la perte des dents, le brunissement des dents, des taches blanches et des maladies des gencives.35. La nicotine présente dans le tabac sans fumée est plus facilement absorbée que lorsque l’on fume des cigarettes, ce qui renforce son pouvoir addictif.

36. Les cultivateurs de tabac sont victimes de problèmes de santé en raison de la nicotine absorbée par leur peau et de leur exposition à de grandes quantités de pesticides et à la poussière de tabac.

37. Dans certains pays, les enfants sont employés dans la culture du tabac, ce qui nuit à leur santé mais les empêche aussi d’aller à l’école.

38. Le tabagisme peut aggraver la pauvreté étant donné que les consommateurs de tabac présentent un risque beaucoup plus élevé de tomber malades et de mourir prématurément de cancers, d’infarctus du myocarde, de maladies respiratoires ou d’autres maladies liées au tabac, privant ainsi leurs familles de revenus dont elles ont grand besoin et imposant des coûts supplémentaires en matière de soins de santé.39. La grande majorité des personnes employées dans le secteur du tabac dans son ensemble gagnent très peu alors que les multinationales du tabac engrangent d’énormes bénéfices.

40. Les produits du tabac chauffés exposent leurs utilisateurs à des émissions toxiques dont bon nombre sont cancérigènes.

41. Les produits du tabac chauffés sont eux-mêmes des produits du tabac ; par conséquent, passer de la consommation de produits du tabac conventionnels à celle de produits du tabac chauffés n’équivaut pas à arrêter de fumer.

42. Il n’y a pas pour l’instant suffisamment de données probantes pour étayer l’affirmation selon laquelle les produits du tabac chauffés seraient moins nocifs que les cigarettes conventionnelles.

43. Les enfants et les adolescents qui utilisent des cigarettes électroniques ont une probabilité au moins deux fois plus élevée de fumer des cigarettes plus tard.

44. Les cigarettes électroniques augmentent votre risque de cardiopathie et de troubles pulmonaires.

45. La nicotine contenue dans les cigarettes électroniques est une drogue à fort potentiel addictif qui peut nuire au développement du cerveau des enfants.

46. Le tabagisme est responsable de 25 % de l’ensemble des décès par cancer dans le monde.

47. Les fumeurs ont une probabilité 22 fois plus élevée que les non-fumeurs de développer un cancer du poumon au cours de leur vie. Le tabagisme est la première cause de cancer du poumon, provoquant plus des deux tiers des décès par cancer du poumon dans le monde.

48. Un fumeur sur cinq contractera une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) au cours de sa vie, en particulier s’il commence à fumer pendant son enfance ou son adolescence, puisque la fumée du tabac freine de manière significative la croissance et le développement des poumons.

49. Chez l’adulte, le tabagisme peut aggraver l’asthme, limitant l’activité, contribuant à l’incapacité et augmentant ainsi le risque de crises graves nécessitant des soins d’urgence.

50. Le risque de passer d’une tuberculose latente à une tuberculose active est plus que doublé par le tabagisme, qui aggrave aussi la progression naturelle de la maladie. Environ un quart de la population mondiale est infectée, de manière latente, par la tuberculose.

51. Fumer seulement quelques cigarettes par jour, de manière occasionnelle, ou être exposé au tabagisme passif augmente le risque de cardiopathie.

52. Le risque d’accident vasculaire cérébral est multiplié par deux chez les fumeurs et le risque de cardiopathie par quatre. 

53. La fumée du tabac endommage les artères coronaires, en favorisant la constitution de plaques d’athérome et la formation de caillots sanguins, qui rétrécissent le flux sanguin et conduisent finalement à l’infarctus du myocarde et ou à l’accident vasculaire cérébral.

54. La consommation de nicotine et de produits du tabac augmente le risque de maladies cardiovasculaires.

55. La consommation de tabac, à fumer et sans fumée provoque des cancers de la cavité buccale, des cancers des lèvres, de la gorge (du pharynx et du larynx) et de l’œsophage.

56. L’ablation chirurgicale du larynx en cas de cancer peut rendre nécessaire une trachéostomie, à savoir la réalisation d’une ouverture au niveau du cou et de la trachée afin de permettre au patient de respirer.

57. Les fumeurs ont un risque beaucoup plus élevé de développer une leucémie aiguë myéloïde, un cancer des cavités des fosses nasales et du sinus paranasal, un cancer colorectal, un cancer du rein, du foie, du pancréas, de l’estomac, des ovaires ou des voies urinaires inférieures (notamment de la vessie, de l’uretère ou du bassinet du rein).

58. Certaines études ont établi un lien entre tabagisme et risque accru de cancer du sein, en particulier chez les gros fumeurs et les femmes ayant commencé à fumer avant leur première grossesse.

59. On sait également que fumer augmente le risque de cancer du col de l’utérus chez les femmes infectées par le papillomavirus humain.

60. Le tabac est responsable de nombreuses pathologies oculaires qui, si elles ne sont pas traitées, peuvent aboutir à une perte permanente de la vue.

61. Les fumeurs sont exposés à un risque plus grand de dégénérescence maculaire liée à l’âge, une affection qui aboutit à une perte de vision irréversible.

62. Les fumeurs sont aussi exposés à un risque plus élevé de cataracte, une opacification progressive du cristallin qui bloque la lumière. La cataracte entraîne une perte de l’acuité visuelle, et la chirurgie est le seul moyen de restaurer la vision.

63. Des données probantes indiquent que le tabagisme provoque aussi le glaucome, une affection qui accroît la pression oculaire et peut endommager la vision.

64. Les adultes fumeurs sont davantage susceptibles de souffrir d’une perte auditive.

65. Les personnes qui ont fumé toute leur vie perdent en moyenne au moins 10 ans de vie.

66. À chaque bouffée de cigarette, des substances toxiques et cancérogènes sont libérées dans l’organisme et l’on sait que 70 d’entre elles au moins provoquent le cancer.

67. Le risque de contracter un diabète est plus élevé chez les fumeurs.

68. Le tabagisme est un facteur de risque de la démence, un syndrome qui se traduit par un déclin des fonctions mentales

69. La maladie d’Alzheimer est la forme la plus fréquente de la démence et, selon les estimations, 14 % des cas d’Alzheimer dans le monde peuvent être attribués au tabagisme.

70. Les femmes qui fument sont davantage susceptibles d’avoir des règles douloureuses et des symptômes plus sévères à la ménopause.

71. Chez les femmes fumeuses, la ménopause survient de 1 à 4 ans plus tôt que chez les non-fumeuses du fait que le tabagisme diminue la production d’ovules, et se traduit par une perte de la fonction reproductive et des niveaux d’œstrogènes plus faibles.

72. La fumée du tabac réduit l’apport d’oxygène aux tissus corporels.

73. Le tabagisme diminue la circulation sanguine, ce qui peut, en l’absence de traitement, évoluer vers la gangrène (mort des tissus) et obliger à amputer les zones atteintes.74. Le tabagisme accroît le risque de parodontite, une inflammation chronique des tissus qui entourent et soutiennent les dents, qui peut entraîner une destruction de l’os et un déchaussement, voire une perte des dents.

75. Les fumeurs ont un risque beaucoup plus élevé que les non‑fumeurs d’être victimes de complications postchirurgicales.

76. Les fumeurs sont plus difficiles à sevrer de la ventilation mécanique. De ce fait, leur passage en unité de soins intensifs et leur séjour à l’hôpital en général est souvent plus long, ce qui les expose potentiellement à d’autres infections.

77. Les fumeurs sont susceptibles de souffrir de troubles gastro-intestinaux, tels que les ulcères de l’estomac, les maladies inflammatoires de l’intestin – souvent associées à des crampes abdominales, une diarrhée persistante, de la fièvre et des saignements rectaux – et les cancers des voies digestives.

78. Les fumeurs sont davantage susceptibles de voir leur densité osseuse diminuer, leur risque de fracture augmenter, et de connaître de graves complications, telles qu’une consolidation retardée ou altérée.

79. Les composants de la fumée du tabac affaiblissent le système immunitaire, exposant les fumeurs au risque d’infections pulmonaires.

80. Les fumeurs ayant une prédisposition génétique aux affections auto‑immunes sont exposés à un risque accru de contracter diverses maladies, dont la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Crohn, la méningite purulente, les infections postchirurgicales et les cancers.

81. Le tabagisme expose également les individus immunodéprimés, notamment les personnes atteintes de mucoviscidose, de sclérose en plaques ou de cancer, à un risque plus élevé de comorbidités et de décès prématuré.82. Les effets immunosuppresseurs du tabac exposent les personnes vivant avec le VIH à un risque plus élevé de contracter le sida. Parmi les fumeurs séropositifs pour le VIH, le nombre moyen d’années de vie perdues est de 12,3, soit plus du double du nombre d’années perdues par les non-fumeurs séropositifs pour le VIH.

83. Le tabagisme et l’exposition à la fumée du tabac au cours de la grossesse accroissent le risque de mort fœtale.

84. Les femmes qui fument ou qui sont exposées à la fumée secondaire pendant leur grossesse ont un risque de fausse couche plus élevé.

85. Les mortinaissances (l’accouchement d’un fœtus mort dans l’utérus) sont aussi plus fréquentes du fait d’une privation d’oxygène chez le fœtus et des malformations placentaires causées par le monoxyde de carbone présent dans la fumée du tabac et de la nicotine présente dans la fumée du tabac comme dans le tabac sans fumée.

86. Le risque de grossesse ectopique, une complication pouvant s’avérer fatale pour la mère chez qui l’œuf fécondé s’implante hors de l’utérus, est plus élevé chez les fumeuses.

87. Le sevrage tabagique et la protection contre l’exposition à la fumée secondaire sont particulièrement importants pour les femmes en âge de procréer qui souhaitent avoir un enfant et au cours de la grossesse.

88. Les cigarettes électroniques posent des risques importants pour les femmes enceintes qui les utilisent, car elles peuvent nuire au fœtus en croissance.

89. Les nourrissons nés de mères qui fument, consomment du tabac sans fumée ou sont exposées à la fumée secondaire au cours de la grossesse courent un risque plus élevé de naissance prématurée et de faible poids à la naissance.

90. Ce sont les gouvernements et les autorités locales qui paient pour éliminer les déchets du tabac, pas les fabricants de tabac. Arrêtez de fumer pour protéger l’environnement.

91. Les mégots de cigarettes font partie des déchets les plus fréquemment jetés dans le monde et ce sont les détritus les plus souvent ramassés sur les plages et les rives des cours d’eau du monde entier.

92. Des substances dangereuses ont été identifiées dans les mégots, notamment de l’arsenic, du plomb, de la nicotine et du formaldéhyde. Ces substances retenues dans les mégots pénètrent ensuite dans les milieux aquatiques et dans le sol.

93. La fumée du tabac peut contribuer à faire sensiblement augmenter les niveaux de pollution de l’air d’une ville.

94. La plupart des cigarettes sont allumées à l’aide d’allumettes ou de briquets à gaz. Si l’on utilise, par exemple, une allumette en bois pour allumer deux cigarettes, les 6000 milliards de cigarettes fumées dans le monde chaque année nécessiteraient de détruire environ 9 millions d’arbres afin de produire 3000 milliards d’allumettes.

95. Les cigarettes électroniques et les produits du tabac chauffés peuvent contenir des batteries qui devront faire l’objet d’une élimination particulière, ainsi que des produits chimiques, des emballages et d’autres produits non biodégradables.

96. Actuellement, la majorité des plastiques utilisés pour les réservoirs de liquide des cigarettes électroniques ne sont pas réutilisables ou recyclables ; les entreprises transnationales ont tendance à vendre des cartouches jetables, sans doute dans le but d’augmenter leurs ventes grâce à la consommation des clients réguliers.

97. On estime que les émissions causées par les produits du tabac sont équivalentes à celles de 3 millions de vols transatlantiques.

98. La fumée du tabac contient trois types de gaz à effet de serre – le dioxyde de carbone, le méthane et le protoxyde d’azote – et elle pollue l’environnement intérieur et extérieur.

99. Dans le monde, environ 200 000 hectares sont consacrés à la culture et au séchage du tabac chaque année.

100. La déforestation liée à la culture du tabac a de nombreuses conséquences écologiques graves, notamment un appauvrissement de la biodiversité, l’érosion et la dégradation des sols, la pollution des eaux et l’augmentation du dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère.

101. La culture du tabac implique généralement une utilisation massive de produits chimiques, notamment de pesticides, d’engrais et de régulateurs de croissance. Le ruissellement de ces produits chimiques depuis les zones tabacoles peut causer l’altération des sources d’eau potable.

102. Pour produire 300 cigarettes (environ une cartouche et demie), un arbre est abattu uniquement aux fins du traitement de la feuille de tabac.

103. 6000 milliards de cigarettes sont fabriquées chaque année, ce qui équivaut à environ 300 milliards de paquets (à raison de 20 cigarettes par paquet) de produits du tabac. Si l’on part du principe que chaque paquet vide pèse environ six grammes, il en résulte à peu près 1 800 000 tonnes de déchets d’emballage composés de papier, d’encre, de cellophane, de feuilles de métal et de colle. Si on ajoute à cela les déchets provenant des boîtes et des cartons utilisés aux fins de la distribution et de l’emballage, le poids total annuel des déchets solides de post-consommation est porté à au moins 2 000 000 tonnes.

Organisation Mondiale de la Santé

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Culture Culture & esthétique

Playlist Gothic rock (Bauhaus, Sisters of Mercy, Fields of the Nephilim)

Trois groupes avec un univers artistique très développé.

La notion de Gothic rock est paradoxalement très imprécise et extrêmement précise. Elle est précise, parce que c’est clairement un sous-genre du mouvement gothique du début des années 1980. On a la même perspective lugubre, de critique esthétisante de la société, d’exigence d’une affirmation personnelle romantique. La base musicale est très proche, avec une influence significative de Joy Division, des Cure et de Siouxsie & the Banshees, qui forment le socle initial de l’approche Gothic rock.

Elle est toutefois imprécise, car les groupes qui en relèvent ont une sensibilité différente, privilégiant leur propre esthétique, sombre mais largement teintée d’un esprit rock rebelle d’esprit post-punk et de références artistiques. Il ne s’agit pas d’un quelconque « snobisme », mais d’une mise en perspective réellement différente : Bauhaus, Sisters of Mercy, et les Fields of the Nephilim ont un univers extrêmement élaboré, reflétant un très haut niveau culturel.

Ce sont d’ailleurs les trois groupes qu’on cite communément comme Gothic rock, parce que ce sont eux qui ont réussi à faire acte d’indépendance. Si les gothiques considèrent que ces groupes font partie de leur patrimoine (ce qui est vrai), un public touché par un de ces trois groupes se considère comme à l’écart du gothique (ce qui est vrai aussi).

Pour essayer de faire un panorama ayant un sens, on peut voir les choses ainsi :

– Bauhaus est un groupe avec une grosse base intellectuelle ; issu du post-punk, il est très marqué par la dub, par le collage d’esprit cubiste, par l’expressionnisme, l’esprit avant-gardiste pointu voire expérimental, mais tout en cherchant à maintenir un cap accessible, même si esthétisant (c’est un dépassement de David Bowie) ;

– les Sisters of Mercy, qui ont connu un très grand succès commercial, privilégient la dimension accessible mais avec une perspective romantique ouverte (c’est un dépassement des Stooges) ;

– les Fields of the Nephilim sont un groupe rupturiste, avec des artistes en look de cow-boys poussiéreux allant toujours plus loin dans un son rock lugubre et raffiné, peuplé de références littéraires-religieuses mystico-délirantes, mais dans une perspective ouvertement romantique – sentimental.

On trouve souvent comme références, à côté de ces deux groupes, The Mission (qui est une scission des Sisters of Mercy), pratiquant un gothique rock « pur », ainsi que The Cult, dans une même perspective mais plus glam, ou encore les Damned, de la première vague punk. On a cependant pas affaire ici à la même exigence de formation d’un univers artistique en soi. On doit mentionner absolument également le projet du chanteur des Sisters of mercy, The Sisterhood, dont l’album « Gift » est une expression majeure de cette approche.

Voici la playlist en lecture automatique, suivie de la tracklist :

The Cure – Charlotte Sometimes (1981)
Joy Division – Atmosphere (1980)
Bauhaus – She’s In Parties (1983)
The Sisters of mercy – Marian (1985)
Fields of the Nephilim – Last Exit For The Lost (live 1988)
The Sisterhood – Colours (1986)
The Sisters Of Mercy – Walk Away (1985)
Fields Of The Nephilim – Moonchild (1988)
The Sisters of Mercy – Lucretia My Reflection (1987)
The Cure – Primary (1981)
Bauhaus – Lagartija Nick (1982)
Fields Of The Nephilim – Shroud / Straight to the Light (live 2008)
Bauhaus – Ziggy Stardust (1982)
The Mission – Deliverance (1990)
The Cult – Rain (1985)
The Damned – Shadow Of Love (1985)
The Sisters Of Mercy – Ribbons (1990)
Bauhaus – In The Flat Field (1982)

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Politique

« Comment Joseph Staline a soutenu la création de l’État d’Israël »

Le média Révolution permanente lance une polémique idéologique.

Manifestation du Parti Communiste d’Israël à Tel-Aviv, 1948

« Comment Joseph Staline a soutenu la création de l’État d’Israël » est le titre d’un article du média Révolution permanente, qui lance une polémique opposant concrètement Trotsky à Staline, au sujet de l’État israélien. En effet, le premier État à avoir reconnu Israël est l’URSS de Staline et l’État israélien n’a tenu que grâce aux livraisons d’armes tchécoslovaques, soit d’un pays républicain traditionnel mais avec une immense influence communiste et soviétique.

D’où la condamnation par Révolution permanente :

« Staline a commis de multiples crimes contre la classe ouvrière dans le monde entier. Un de ses crimes fut le soutien apporté à la fondation de l’Etat d’Israël, à l’époque où les trotskystes dénonçaient le sionisme et ses conséquences pour les populations arabes comme pour les travailleurs juifs. »

C’est très étrange comme positionnement, pour deux raisons assez évidentes. La première, c’est que cette polémique est vide, sans aucune actualité. Il y a un côté gratuit, comme pour se présenter plus anti-sioniste que les anti-sionistes, avec au passage une dénonciation de Staline (ou l’inverse, on ne sait pas trop).

La seconde, plus secondaire mais néanmoins importante, est que cela ne rime à rien. Tout le monde sait très bien que le mouvement ouvrier, dans son histoire, a rejeté le sionisme, étant donné que c’est un nationalisme faisant un choix identitaire « au-delà des classes », même s’il y a eu de fortes tendances pro-communistes. Dans l’Internationale Communiste, il a été demandé à ces forces pro-communistes de faire un choix et Staline n’a jamais eu d’autres positions, comme d’ailleurs le prouvent les campagnes d’arrestations de gens accusés d’être des agents sionistes en URSS, après 1948, alors qu’Israël avait choisi le camp américain.

Le mouvement communiste pro-Staline en Israël avait une ligne similaire de dénonciation du sionisme comme idéologie.

« La lutte contre le sionisme n’a rien à voir avec l’antisémitisme. Le sionisme est l’ennemi de l’ouvrier, tant de celui de confession hébraïque que celui qu’il ne l’est pas » Joseph Staline

Alors pourquoi l’URSS a-t-il reconnu l’État israélien ? Tout simplement en raison de la destruction des Juifs d’Europe. En 1945, 250 000 Juifs sont sans abri en Europe de l’Ouest et ne savent pas où aller, sortant pour la plupart des camps. 10 000 choisissent de rester en Allemagne, 80 000 de partir aux États-Unis qui décident de les accueillir, 130 000 de partir en Israël. La problématique juive devient un thème incandescent de la politique internationale. L’ONU décide d’une partition, que l’URSS soutient, considérant qu’il y avait une perspective démocratique.

On peut considérer que cela a échoué et que cela ne pouvait qu’échouer, de par la nature du projet sioniste. Mais l’URSS n’a pas reconnu le sionisme, il a reconnu des gens vivant à un endroit, dans un contexte historique particulier, ce qui n’a rien à voir. L’article de Révolution permanente dit qu’il ne fallait pas une telle reconnaissance, au nom de la ligne de la « révolution permanente ». Mais il n’y a pas de « révolution permanente », il y a la réalité. Et cette réalité indiquait que dans la population juive mondiale, Staline avait un immense prestige en 1945, les communistes apparaissant comme ceux ayant vaincu les nazis.

Encore faut-il reconnaître les Juifs comme des êtres de chair. Et c’est là le problème : de par les traditions antisémites, les Juifs sont aisément une « abstraction ». D’où l’étonnement par exemple des anti-sionistes de papier devant la passivité des Israéliens face aux bombardements sur Gaza, alors qu’en même temps le Hamas leur envoie des centaines de roquettes. A un moment, il faut être sérieux et analyser la réalité, en suivant deux lignes : la démocratie et le peuple. Là on voit facilement que la révolution palestinienne sans les femmes palestiniennes et sans toucher les travailleurs israéliens, cela ne marchera jamais.

Mais les phraseurs n’ont pas besoin d’analyser la réalité. Ils ont juste besoin de phrases.

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Réflexions

La France, un pays d’endormis ou de zombies?

La passivité est de rigueur. Mais quelle en est la substance ?

Si on est réaliste, alors on voit que la France est totalement passive. Il y a bien des initiatives un peu porteuses ici ou là, mais elles sont éphémères, elles ne modifient pas la société française, elles ne portent aucun enthousiasme. Aucun mouvement, quel qu’il soit, ne parvient à mobiliser, à porter de l’engouement, à toucher les gens, à devenir le vecteur de quelque chose.

Même une horreur comme le Rassemblement National reste numériquement marginal, alors que ses résultats électoraux sont si hauts. On dira que ce n’est pas le meilleur exemple, car l’extrême-Droite correspond au nationalisme, à la dépolitisation, mais il est tout de même remarquable que même un mouvement ayant autant de succès ne charrie rien avec lui sur le plan des idées ou de la culture. Même les religions, qui connaissent un réel engouement depuis dix ans, ne produisent strictement rien, chaque religieux voyant sa démarche comme une aventure spirituelle individuelle, plus ou moins irrationnelle ou fanatique.

Les gens restent profondément à l’écart, d’absolument tout, ils sont repliés sur eux-mêmes : leur ego est leur seul horizon, leur expérience l’unique critère. Ils consomment et ne retiennent rien, ils piochent et ne synthétisent rien. La capacité d’un effort prolongé pour acquérir quelque chose d’élaboré semble absente.

Tout ce qui est une idée de portée générale leur semble d’ailleurs absurde. Si cela ne parle pas à l’ego, cela n’existe pas. Il faut flatter pour exister et ce qui ne flatte pas n’existe pas. D’où le fait que, quant aux choses pratiques, les gens ont la flemme. Si on demande à quelqu’un à un moment, on peut bien l’amener à donner un coup de main, par exemple à une association pour les animaux. Cependant, cela reste ponctuel, la continuité apparaît comme un obstacle infranchissable. C’était comme si faire quelque chose de manière régulière, prolongée, était trop engageant, et surtout pas assez gratifiant.

Si encore les gens vivaient dans un réel confort, dans une atmosphère cosy, en étant à l’aise, on pourrait se dire qu’ils sont corrompus par une certaine mollesse. Qu’ils vivent quelque chose d’agréable, ou du moins de rassurant. Bref, qu’ils seraient naturellement tranquilles, de nature reposée, inscrits dans un bonheur naturel, quoi qu’on en pense.

Mais non, même pas, ils vivent dans un environnement de pression, de concurrence, d’indifférence, leur vie est une course ininterrompue. La passivité n’est pas l’expression d’une tranquillité, mais d’une terrifiante angoisse. Les gens ne sont pas passifs, ils sont dans une course permanente. Pour reprendre cette image classique vue et revue : c’est comme le vélo, si on s’arrête de pédaler, on tombe. C’est du moins ce que pensent les gens, ou plutôt ce qu’ils ont comme inquiétude à l’arrière-plan d’une vie intellectuelle proche de zéro.

Il ne faut pas hésiter à dire ça, parce que l’intelligence dépend de l’Histoire. Ce qui s’inscrit dans l’Histoire, ce qui est porté par l’Histoire, voilà ce qui a de la valeur. Le reste n’est un phénomène secondaire, sans éclat, sans portée, sans substance. Et pour s’inscrire dans l’Histoire, il faut de la culture, pour cerner ce qui est en jeu, ce qui se meut, ce qui est réel. Une telle chose est inaccessible pour des zombies.

Car les Français sont des zombies. Mais aussi des endormis. S’ils sont principalement des endormis, alors la Gauche historique prendra le dessus. C’est absolument certain sur le long terme. S’ils sont principalement des zombies, alors l’extrême-Droite prendra le dessus. Cela semble se profiler à court terme. Cette mise en perspective, toute réaliste, est une réelle exigence pour toute personne de Gauche qui ne veut pas se faire broyer.

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Guerre

Crise ukrainienne: la Biélorussie déroute un vol aérien

Un acte de piraterie correspondant à l’ampleur de la crise.

Depuis les célébrations du 9 mai, très importants dans les pays de l’ex-Union Soviétique, il y a une immense propagande nationaliste en Ukraine, au point que même le président Volodymyr Zelenski est accusé d’être un serviteur masqué de la Russie ! En fait, ce sont les forces pro-américaines qui ont pris le dessus et toutes les digues ont cédé dans la démarche anti-russe, anti-communiste, anti-Gauche en général d’ailleurs. C’est une véritable chasse aux sorcières où toute une série de personnes sont dénoncées à tort ou à raison comme des relais de la Russie.

De l’autre côté, on n’est pas en reste, naturellement. La Russie, dans le prolongement de son déplacement massif de troupes à la frontière ukrainienne, accélère la livraison de passeports russes dans les « républiques » séparatistes de Donetzk et Louhansk, ainsi que la reconnaissance des diplômes universitaires, des associations sportives qui désormais concourent en Russie même, etc. La propagande anti-ukrainienne de ces « républiques » tourne à plein régime.

Quant à la Biélorussie, qui s’était intégrée à la crise Ukraine-Russie dans un second temps (à partir du 17 avril avec l’annonce qu’un coup d’Etat américano-polonais avait été déjoué), elle a procédé à une vague massive d’arrestations et de condamnations. Ce qui est marquant ici, c’est que les opposants au régime dictatorial biélorusse sont des gens comme tout le monde, pas vraiment politiques et par conséquent d’autant plus en panique devant une répression brutale. C’est extrêmement sordide, même si évidemment les opposants convergent de manière concrète avec les Etats-Unis qui cherchent à renverser le régime.

Et on a atteint cependant un certain cap avec l’initiative biélorusse du 23 mai 2021 de détourner un avion de la compagnie Ryanair. Il y avait à son bord un opposant biélorusse, Roman Protassevitch, avec sa femme.

La Lituanie se trouve au nord-ouest de la Biélorussie et sa capitale Vilnius étant à l’Est du pays, le trajet le plus court depuis Athènes passe au-dessus de la Biélorussie

Rappelons ici que la présidentielle biélorusse du 9 août 2020, gagnée par Alexandre Loukachenko au pouvoir depuis 1994, avait été prétexte à une révolte démocratique largement passée dans le giron des pays occidentaux. Roman Protassevitch, un opposant qui avait notamment travaillé pour l’organisme américain Radio Free Europe/Radio Liberty en version biélorusse, avait alors été le rédacteur en chef de la chaîne Nexta sur Telegram, qui appelait à se soulever contre le régime. Il opérait depuis la Pologne où il s’était installé, un pays ultra-agressif sur le plan de l’expansionnisme.

Lors du parcours du vol Athènes-Vilnius, au moment du passage au-dessus de la Biélorussie, quatre personnes de nationalité russe ont provoqué une bagarre et affirmé qu’il y avait une bombe à bord. Un avion militaire biélorusse, un Mig-29, a alors intercepté l’avion et l’a forcé à se poser… L’opposant et sa femme ont été arrêtés bien entendu, les espions ne reprenant pas l’avion.

Les États de l’Union européenne sont évidemment fous de rage devant ce qui relève d’un acte de piraterie. La présidente lituanienne Gitanas Nausėda a appelé l’OTAN à réagir, le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a parlé d’un « acte sans précédent de terrorisme d’État ». L’ambassadeur de Biélorussie à Paris a également été immédiatement convoqué au ministère français des Affaires étrangères, alors que le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a affirmé de son côté que :

« Le détournement par les autorités biélorusses d’un vol de Ryanair est inacceptable. Une réponse ferme et unie des Européens est indispensable. »

Le Secrétaire d’État américain Anthony Blinken a publié un message de protestation où le soutien à un soulèvement est évident :

« Nous sommes avec le peuple biélorusse dans ses aspirations pour un avenir libre, démocratique et prospère, et soutenons leur appel pour ce que le régime respecte les droits humains et les libertés fondamentales. »

Et il faut noter l’appel fait en commun par les présidents des commissions parlementaires de plusieurs pays. On parle ici de la République tchèque, de l’Allemagne, de l’Irlande, de la Lituanie, de la Lettonie, de la Pologne, du Royaume-Uni et des Etats-Unis.

Il est demandé à ce que l’espace aérien biélorusse soit confiné, que l’OTAN et Interpol se mobilisent, que des élections libres supervisées de l’extérieur soient tenues en Biélorussie.

Hasard de calendrier… ou pas, le secrétaire britannique à la Défense Ben Wallace a déclaré que la Russie était « la menace numéro un » pour la Grande-Bretagne.

La Russie a quant à elle salué la « brillante opération spéciale » par l’intermédiaire du député russe Viatcheslav Lysakov, au nom de la Douma…

C’est là dans la continuité de la crise Ukraine-Russie qui a commencé et qui est l’expression de la tendance à la guerre dans le cadre de la crise sanitaire, économique, écologique… Le conflit n’a été repoussé que pour prendre davantage d’ampleur.

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Culture

Le goût du Kebab, c’est la marinade

Et seulement la marinade.

L’anecdote racontée par Le Parisien est la suivante : deux membres de l’équipe du « Meilleur kebab de Paris » ont ouvert un kebab juste à côté, « Les frères des Batignolles », provoquant naturellement un procès dans la foulée pour concurrence déloyale. L’histoire fait du bruit, car le premier kebab connaissait un très grand succès, avec jusqu’à trois-quart d’heure de queue. Le cuisinier explique cela ainsi :

« Un kebab, on y retourne pour le goût. Et le goût, c’est moi. J’ai inventé notre marinade au gramme près. »

Et il a raison, car contrairement à ce que pensent les gens le plus souvent, ce n’est pas du tout la viande qui donne le goût au kebab, mais la marinade. La viande du kebab, en fait du Döner kebab, n’a en effet aucun goût, et pour cause : c’est un produit de l’industrialisation systématisée de l’alimentation d’origine animale. C’est ce qu’on appelle la « malbouffe », un terme inapproprié ou plutôt insuffisant puisqu’il ne prend pas en compte la question animale.

Ce qui s’est déroule est assez simple. Historiquement, les viandes grillées et assaisonnées ont été utilisées dans ce qui relève, pour schématiser, de la Perse et de l’empire ottoman. Au 19e siècle, dans la ville de Bursa en Turquie actuelle, un cuisinier met en place un rôtissoire vertical, en enlevant les os et les nerfs, coupant des tranches longues.

Puis au 20e siècle, l’idée est récupérée et modifiée. Le principe est de récupérer tous les restes de viande de l’agro-industrie, les morceaux les moins chers possibles, souvent invendables. Comme l’agro-industrie commence à employer de manière toujours plus massive les animaux, ces morceaux sont de plus en plus nombreux et forment le cœur même du bénéfice des commerçants de kebabs, toujours plus nombreux.

Ces morceaux, de viandes issues d’animaux différents, sont découpés et pétris jusqu’à former un grand ensemble. Et c’est là que le marinade intervient. Ces morceaux de viande rassemblés dans un tas informe sont en effet horribles à tous les niveaux : de par ce qu’elles induisent dans le rapport aux animaux, sur le plan de la santé, du point de vue nutritif… Mais pour les commerçants c’est un moyen de rembourrer le consommateur et pour faire passer cela, ils font longuement tremper la viande dans la marinade.

D’où les tranches fines des kebabs. On ne mange pas de la viande, mais de la viande assaisonnée, l’assaisonnement donnant le goût, la viande n’étant que là pour étouffer l’estomac.

En quoi consiste la marinade ? Voici un exemple tiré d’un site de recettes :

2 cuillères à soupe de paprika, 1 cuillère à soupe d’ail moulu, 1 cuillère à soupe de sel (ou moins selon les goûts), 1 cuillère à soupe de poivre (ou moins selon les goûts), 1 cuillère à soupe de gingembre, 1 cuillère à soupe d’herbes de Provence, 2 cuillère à soupe de curry, ajouter une cuillère à soupe de vinaigre de vin et deux trois cuillères à soupe d’huile d’olive.

Un article sur Slate propose la marinade suivante :

Jus de 2 oignons, 1 gousse d’ail, du jus de citron, 1 cuillère à café de thym[1], une pincée de piment, sel, poivre, une cuillère à soupe d’huile d’olive, une cuillère à soupe de lait. 500 g de yaourt à la grecque.

Il va de soi que les commerçants utilisent des quantités bien plus nombreuses à quoi s’ajoutent des additifs alimentaires pour conserver la viande. En fait les commerçants ne préparent pas cela non plus, ils se la procurent auprès de producteurs industriels (il y en a 600 en Allemagne, pays où l’on trouve 16 000 commerces de kebabs). On est ici au même niveau que McDonalds et les petits commerçants de kebabs en sont un équivalent à petite échelle.

Et ce qui est marquant, c’est qu’il n’y a jusqu’à présent aucune critique du kebab, au contraire même : le kebab serait populaire, artisanal, authentique, accessible. C’est là une terrible escroquerie. Les kebabs sont le simple produit d’une industrie utilisant massivement les animaux et dont les restes sont bricolés pour être vendus à un public se nourrissant sur le tas et cherchant un sentiment de satiété.

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Société

La crise de la police dans la France de mai 2021

Cette crise exprime surtout une contradiction entre la police et les policiers.

La Gauche historique n’a jamais eu la position anarchiste (ou républicaine-radicale) d’assimiler la police aux policiers, ni les policiers à la police. Les policiers sont en effet des gens happés dans un appareil d’État, ce qui est de plus en plus vrai : ces vingt dernières années, les policiers ce sont pratiquement tout le temps monsieur tout le monde. Finie l’époque où le policier était par définition un réactionnaire patenté propice à cogner ce qui est de gauche.

La crise des policiers est ainsi inévitable alors qu’on les jette sur le front social pour réparer les dégâts en gérant par un mélange de prévention, de répression, des gestion des liens humains. D’où la manifestation parisienne mercredi 19 mai 2021 des policiers, qui a réuni 35 000 personnes selon les chiffres des syndicats. C’est à la fois beaucoup, et en même temps sans grande valeur à part symbolique, d’ailleurs le ministre de l’Intérieur lui-même a pu venir manifester à leurs côtés, ce qui est on ne peut plus baroque.

Dans le genre, il faut noter également la présence de Fabien Roussel, le candidat PCF à la présidentielle 2022, qui s’imagine soutenir les policiers… alors qu’il est en même temps un fervent soutien (et depuis les débuts) d’Assa Traoré, dont quasiment chaque prise de parole consiste en une insulte envers les policiers !

C’est anecdotique certes, mais cela en dit long sur l’absence d’une véritable mobilisation populaire et démocratique dans les rangs de la police, malgré une colère allant en ce sens par la base sociale des policiers. Mais l’institution asphyxie toute pensée en ce sens, avec naturellement l’extrême-Droite qui, depuis la manifestation, ne cesse d’en rajouter en expliquant que lorsqu’elle arrivera au pouvoir, tout changera.

La question est de savoir si les policiers suivront ou pas. Les gendarmes le feront, car ce sont des militaires et que l’extrême-Droite correspond à leurs valeurs (rappelons que les pompiers professionnels relèvent relativement, et même entièrement pour ceux de Paris et de Marseille, de l’armée). Pour les policiers, c’est totalement différent. Que vont penser ces gens qui sont issus du peuple et ont rejoint la police afin de servir et de protéger la population, mais qui se retrouvent confrontés chaque jour à une société en pleine décomposition qui leur explose à la figure?

Car c’est de cela qu’il s’agit. Il est de bon ton chez les gens urbains de gauche (pour ne pas dire bourgeois) de critiquer l’attitude parfois hautaine et directive des policiers. Cela s’entend, car forcément quand on est de gauche on aspire à une société apaisée. Mais c’est toutefois totalement décalé par rapport à la réalité de ce que vivent les policiers. S’ils peuvent se montrer durs, c’est qu’ils n’ont pas le choix : c’est le seul moyen qu’ils ont pour tenir face à la pression qu’ils subissent.

En fait, les policiers font face dans leur travail à une contradiction insurmontable en apparence. D’un côté ils se sont engagé avec l’idée que les institutions en place sont légitimes quoi qu’on en pense et qu’il faut les défendre comme un rempart face au chaos social, mais de l’autre ils constatent avec toujours plus d’amertume à quel point ces institutions ne fonctionnent pas, à quel point ils ne sont là que pour « gérer » les excès et les débordements, sans que rien ne soit fait pour résoudre les problèmes.

Les policiers devraient alors logiquement se tourner vers la Gauche, pour changer les institutions dans un sens démocratique et populaire.

Ils en sont pour l’instant incapables… à l’image des classes populaires dans leur ensemble, rongées par l’apolitisme et l’immobilisme social-culturel.

Alors il y a les syndicats policiers, pour faire du bruit, pour faire dans le symbole, pour faire parler sans rien changer. C’était le sens de la manifestation du 19 mai. Mais tout cela est vain, et ne tiendra pas le choc le jour où les classes populaires, dont la bases policière fait partie, assumeront enfin de prendre les problèmes à bras-le-corps et de changer les choses.

Et là les policiers devront comprendre que soit ils rejoignent les valeurs de la Gauche historique pour écraser la décadence de la société bourgeoise, pour anéantir le cannibalisme social des éléments anti-sociaux, soit ils rejoignent la logique militaire de l’extrême-Droite en devenant un appendice de l’armée.

La Gauche doit travailler pour les faire pencher du bon côté.

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Société

Déconfinement partiel du 19 mai 2021: l’idéologie bourgeoise parisienne aux commandes

La réouverture partielle des terrasses des cafés a été prétexte à un matraquage pro-aliénation.

Les cafés et leurs terrasses sont un aspect essentiel de la vie culturelle des Français ; il y a une dimension paisible et un regard sur les gens qui passent en même temps, c’est une attitude très française que de porter un regard ingénieux sur ce qui se passe, en observateur.

Après, il ne faut pas se leurrer, ces cafés sont l’expression du fait que les logements étant trop exigus et peu conviviaux, il fallait un endroit pour pouvoir se retrouver. De plus, les cafetiers sont devenus des petits commerçants tout à fait éloignés de leur culture initiale, où le tenant du lieu se devait d’être un équivalent du gentil organisateur au Club Méditerranée.

Et c’est ainsi désormais surtout un lieu de superficialité où on cherche à faire voir autant qu’on regarde, où on tient des propos sans intérêts corroborés par des propos du même genre, bref c’est un lieu de fausse socialisation caractéristique d’un capitalisme touchant tous les domaines de la vie.

Et le déconfinement partiel du 19 mai ayant impliqué un couvre-feu plus tardif (21h au lieu de 19h), l’ouverture relative des commerces et de certains lieux culturels, et la réouverture des terrasses, on eu droit à une campagne acharnée en faveur d’une vie normale retrouvée, d’un style de vie reprenant ses droits, naturellement principalement à Paris.

Paris, forcément, parce que c’est à Paris qu’on trouve une grande présence des cafés et des porte-feuilles allant avec, et du style allant avec. Emmanuel Macron a tout à fait compris l’importance de cette idéologie de la légèreté, de « Paris est une fête » et autre fausse joie bourgeoise urbaine.

Tout le Paris bourgeois en une photographie

Ce matraquage des médias ou de l’Elysée montre bien une cassure fondamentale entre une bourgeoisie ayant un style de vie propre et le reste de la population qui ne vit pas du tout au même rythme, ni avec la même approche. Et il souligne également la tentative ininterrompue de l’idéologie dominante de présenter le style de vie bourgeois parisien comme raffiné, abouti, culturellement élevé, représentatif de la civilisation française, etc.

L’idéologie bourgeoise parisienne a donc été aux commandes du déconfinement partiel, pour rappeler les « fondamentaux »… qui ne parlent pas du tout à la grande majorité des gens en France, tout en leur parlant. C’est à cela qu’on reconnaît la lutte des classes, dans la réappropriation de ce qui est un patrimoine, pour le réajuster à ce qu’il devrait être.

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Guerre

Le fiasco de la Gauche israélienne

En se soumettant au sionisme, la Gauche israélienne s’est effacée.

Il est bien connu que les supporters du club de football de l’Hapoel Tel Aviv assument une identité de Gauche extrêmement offensive. C’est l’un des grands marqueurs en Israël, ou plutôt pratiquement le seul, qui subsiste grâce à sa dimension culturelle alternative. Tout le reste de la Gauche s’est fait liquider.

La raison de ce fiasco, gigantesque si l’on pense à la force historique de la Gauche dans ce pays, tient à la soumission progressiste au sionisme. En lieu et place de l’affirmation d’une solution démocratique judéo-arabe, il y a eu l’affirmation de la nécessité de deux États, au nom du maintien de l’idéal sioniste. Grâce à cela, la Droite a pu se présenter comme la seule réaliste, tout en prétendant une solution à deux États et en réduisant, en morcelant toujours plus le territoire palestinien.

Cela se comprend aisément à la lecture d’une tribune publiée dans Le Monde à l’initiative d’Ilan Greilsammer, un professeur de sciences politiques à l’université Bar-Ilan de Tel-Aviv. C’est une tribune intelligente, mais hors sol, intellectualiste, typique de ce qui reste de la Gauche israélienne :

« J’écris ces lignes en précisant que j’appartiens à la gauche israélienne qui, c’est vrai, est très minoritaire, mais peut s’enorgueillir de compter dans ses rangs la quasi-totalité des intellectuels israéliens.

Et je suis de ceux pour qui il n’y a qu’une seule solution possible, raisonnable et logique du conflit, deux Etats pour les deux peuples, car sinon c’est soit la fin du rêve sioniste, soit un Etat binational d’apartheid.

Pour nous, pour le camp de la Paix, ce qui est en train de se passer à l’intérieur d’Israël entre citoyens juifs et citoyens arabes est absolument dramatique. Lynchages, incendies de synagogues, coups et blessures, peur de ses voisins de palier, pillages, destructions… L’explosion de violence incontrôlée, non seulement dans les villes « mixtes », mais aussi dans tout le reste du pays, paraît sonner le glas de ce que nous croyions honnêtement être une forme de coexistence pacifique et de bon voisinage.

Où nous sommes-nous trompés ?

Nous tous, politologues et sociologues israéliens, nous nous sommes endormis car nous nous plaisions à croire que la coexistence se développait et ne faisait que se renforcer. Nous parlions de l’intégration croissante des jeunes Arabes à la société israélienne, nous aimions croire à leur « israélisation » accélérée. Leur vie n’était-elle pas beaucoup plus « facile » en Israël que dans nombre de pays arabes ?

Le grand nombre d’étudiants arabes dans nos universités et nos collèges universitaires, leur accession à des postes importants, dans le public comme dans le privé, l’étroite coopération judéo-arabe dans la lutte contre le Covid-19, avec le travail remarquable des médecins et infirmiers arabes aux côtés de leurs collègues juifs dans les hôpitaux, la présentation des villes « mixtes », Acre, Lod, Ramle ou Jaffa, comme des modèles exceptionnels de cohabitation et d’entraide, etc.

De l’autre côté, nous étions certes parfaitement conscients de l’existence d’une extrême droite raciste en Israël, mais nous aimions la considérer comme marginale, concentrée dans quelques organisations brutales, voire folkloriques, du genre « La familia », le noyau dur du club de football Betar de Jérusalem. Même Itamar Ben Gvir, chef du groupe d’extrême droite Otzma Yehudit, n’était pas considéré comme vraiment dangereux, tant ses résultats électoraux passés étaient insignifiants.

Or ce qui s’est passé les jours derniers dans tout le pays, parallèlement au cycle militaire avec le Hamas, a pris de court tous les spécialistes de la société israélienne. La soi-disant « israélisation » des jeunes Arabes israéliens, sans cesse représentée comme un succès, était une vision fausse, superficielle et surtout autosatisfaite de ce qui se passait en réalité.

La réalité, c’est d’abord et surtout le sous-développement économique et social et la pauvreté persistante d’une grande partie de cette population, le manque criant d’infrastructures de base dans les villages et les quartiers arabes, la discrimination évidente engendrant l’amertume et la jalousie, et aussi, comme dans bien d’autres sociétés arabes, l’impact croissant du militantisme religieux et l’influence de l’islamisme constamment diffusé dans les mosquées. Sans compter la montée de la violence interne et du gangstérisme dans les villes et les villages arabes.

C’est un peu comme si Israël, étourdie par la réussite de son high-tech et les lumières de Tel-Aviv, avait préféré fermer les yeux. Plus encore que le sous-développement, l’appel de la religion et les fantasmes autour de Jérusalem ont joué le rôle du plus puissant détonateur.

La police israélienne montant en force sur l’esplanade des Mosquées et lançant des bombes lacrymogènes dans Al-Aqsa, l’expulsion programmée d’habitants arabes du quartier de Cheikh Jarrah, la danse des drapeaux annoncée dans la Vieille Ville pour la Journée de Jérusalem [qui marque la conquête de la partie orientale de la ville par Israël, en 1967]… On voit surtout la stupidité, le manque de réflexion, de subtilité et, surtout, de prudence des autorités israéliennes en plein ramadan, période toujours très problématique à Jérusalem.

Quant à notre société juive, prise de court, comme lors de l’assassinat de Yitzhak Rabin [premier ministre israélien, tué le 4 novembre 1995], elle a découvert avec stupeur, mais beaucoup trop tard, que le kahanisme [courant créé par le rabbin américano-israélien Meir Kahane, assassiné en 1990] et le racisme s’étendaient bien au-delà des petits cercles très surveillés de l’extrême droite, des enragés des clubs de foot et des colons extrémistes impatients d’en découdre avec les Arabes.

Le principal responsable de ce développement de l’extrême droite est le premier ministre Benyamin Nétanyahou, qui, pour sauver à tout prix son pouvoir, a tout fait pour renforcer les fanatiques, les extrémistes et les racistes. Ainsi, lors des dernières élections, il s’est entièrement mobilisé pour faire élire la liste d’extrême droite.

Il est largement temps que cet homme, sous le coup de trois chefs d’accusation pour corruption, quitte le pouvoir car il ne laisse derrière lui que terre brûlée. Je pense aussi qu’il ne faut pas exempter de toute responsabilité les leaders de la population arabe, et surtout les députés arabes à la Knesset, qui ont été étrangement absents du terrain et ne se sont pas servi de leur influence pour faire cesser les violences. Malheureusement, l’extrême indigence du personnel politique israélien, juif et arabe, s’est révélée de façon éclatante lors de ces émeutes.

Alors, que faire à présent ? Reconstruire, reconstruire patiemment.

Lorsque l’affrontement entre Tsahal et le Hamas prendra fin, il faudra reconstituer soigneusement le tissu de la coexistence. Après ces violences ce sera difficile, très difficile, mais pas impossible. Il y a tant à faire !

Investir massivement dans la société arabe, lutter contre le gangstérisme et la pauvreté, reconnaître les localités encore sans infrastructures, restaurer le bon voisinage… Surtout, n’oublions jamais la vision de paix du philosophe Martin Buber (1878-1965), ou, plus récemment, celle de nos aînés, les écrivains Amos Oz (1939-2018) , Avraham B. Yehoshua et David Grossman.

Un tel pacifisme puise de manière unilatérale dans une position idéalisée du sionisme de gauche de l’époque des « pionniers » ; elle ne comprend pas que depuis 1948, le pays a été financé par les États-Unis et l’Allemagne qui ont permis le « miracle » israélien et son agressivité militariste. Tout serait de la faute de la Droite jouant avec le feu… des islamistes, des gangsters…

Une telle incompréhension du caractère réactionnaire d’Israël est étonnante, surtout qu’il est bien connu qu’une partie significative de la population a basculé dans une religiosité fanatique, ouvertement alliée aux projets expansionnistes de la Droite israélienne. On peut considérer que la majorité des Israéliens se situe dans cette orbite idéologique sioniste-religieuse.

Et une telle naïveté est d’autant plus choquante qu’une partie importante de la population vit dans la grande pauvreté, dans un pays sans sécurité sociale, avec quelques familles tenant une partie importante de l’économie aux côtés des grands groupes américains. Rien qu’une telle situation montre qu’Israël n’a rien d’une démocratie, qu’une oligarchie est aux commandes.

Israël est en fait un pays du tiers-monde, voilà la vérité. Et la Gauche israélienne a disparu pour ne pas vouloir l’avoir vu, au nom du mirage sioniste, dont le militarisme est par contre tout à fait concret.

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Société

Super-riches: la France est du niveau des États-Unis

Les super riches possèdent une partie significative du pays.

Les Etats-Unis sont un pays plus vaste que la France, par conséquent les super-riches ont une surface économique bien plus grande. Cependant, en proportion, les super-riches dominent autant l’économie de leur pays en France qu’aux Etats-Unis, comme le montrent ces chiffres du Financial Times.

Part de la richesse des milliardaires dans le PIB en 2020 (en bleu clair) et l’acroissement en 2021 (en bleu foncé).

Est-ce à dire qu’il y a en France une oligarchie ? Absolument pas, car les super-riches ne sont qu’un débordement du capitalisme réel. Il y a d’ailleurs en France 2,169 millions de millionnaires (et les super-riches sont 42, avec 80% des richesses venant de l’héritage). On n’est pas dans une situation russe ou suédoise (la Suède a justement été très cynique avec la pandémie de par sa nature ultra-élitiste et patriotique cynique).

Cependant, cela montre bien qu’en France la classe possédante élargit toujours plus sa main-mise sur les richesses. On sait à quel point les super-riches influent massivement sur la politique américaine. On comprend aisément que, si les super-riches sont proportionnellement aussi riches, alors ils ont autant d’influence. L’exemple de Bernard Arnault est éloquent : il représente individuellement 5,1% du PIB français. C’est totalement fou.

Et pense-t-on réellement résoudre le problème avec des taxes ? Ce serait passer à côté du cœur du problème : ce sont ces possédants qui décident ce qui est produit et donc ce qui est consommé. Il ne s’agit pas que d’individus riches : il s’agit de possessions des forces productives, de contrôle décisionnel, bref de tout un appareil anti-démocratique.

Vu comment le monde rentre dans le mur, on ne peut laisser ces gens décider. Être de gauche c’est considérer que les super-riches et les 2,169 millions de millionnaires doivent être expropriés, leurs richesses passant sous possession populaire et sous contrôle démocratique. Cela serait déjà un véritablement renversement dans le bon sens. Cela implique évidemment de briser le droit à la propriété et c’est naturellement un obstacle de taille dans le régime actuel : il faut donc changer le régime.

Et que se passera-t-il si la Gauche n’assume pas ce combat ? Il y aura l’extrême-Droite qui formulera la thèse nationaliste selon laquelle la richesse passe par le pays lui-même, qu’il faut que la France s’impose davantage, élargisse sa puissance. C’est une conception nationaliste du ruissellement, là où Emmanuel Macron parle d’une ruissellement par l’initiative libérale. Et cela peut très bien marcher auprès de Français qui font partie des 10% les plus riches de la population mondiale, qui vivent de manière petite-bourgeoise pour la plupart, qui ont une haute estime de la propriété privée.

On voit à quel point la question culturelle est essentielle ici. C’est l’alternative qui doit se poser. Ou bien la guerre, ou bien l’affirmation d’un gouvernement mondial. Ou bien la compétition acharnée, ou bien l’effacement de la propriété individuelle. Ou bien la consommation effrénée, ou bien la rationalisation des besoins au prisme de la culture. Ou bien les animaux toujours plus asservis, ou bien un rapport désormais positif à la Biosphère.

Tout cela se pose comme un grand affrontement culturel plus qu’autre chose. Cela est dû à l’envergure historique de la question. Ce n’est pas moins que le sort du monde qui se joue.

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Guerre

Un conflit Israël-Gaza reflet de la bataille pour le repartage du monde

Il y a bien plus que deux protagonistes.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu dimanche 16 mai une nouvelle réunion d’urgence sur la situation au Proche-Orient, c’est même la troisième cette semaine, mais sans parvenir à établir une déclaration commune. C’est que le conflit entre Israël et Gaza n’est qu’un aspect de la grande bataille pour le repartage du monde.

Chaque puissance plus ou moins grande place ses pions, utilise les tensions et les affrontements comme leviers, mène un jeu machiavélique appelé « géopolitique », etc. Plus simplement, chaque pays est en crise et a besoin de la guerre, de manière plus ou moins volontaire.

Cela se déroule d’ailleurs clairement à l’écart des masses. C’est une actualité unilatéralement militariste. Les manifestations en faveur de la Palestine à travers le monde ont été totalement marginales, rassemblant quelques nationalistes arabes, un peu plus d’islamistes et une petite frange d’ultra-gauche. Ce phénomène se retrouve à Paris comme à New York ou Rome. Et pareillement les manifestations pro-israéliennes sont artificielles.

Récapitulons les faits justement pour comprendre comment cette crise particulière relève d’un arrière-plan général.

Initialement, tout part de la décision d’un tribunal israélien favorable à l’expulsion de familles palestiniennes du quartier de Jérusalem-Est dénommé Cheikh Jarrah. Cela fait partie du plan de colonisation en mode « lentement mais sûrement » de l’État israélien.

Il y a des manifestations arabes en réponse, avec des heurts violents, puis une répression militaro-policière allant jusqu’à agir sur l’esplanade des Mosquées en plein mois de Ramadan, épaulée par une attaque d’extrémistes juifs contre l’esplanade elle-même.

Un groupe à Gaza lié à Al Qaida, Jaich al-Oumma al-Salafi (Armée salafiste de la nation musulmane), prend alors l’initiative de tirer plusieurs roquettes (c’est-à-dire des missiles qui ne sont pas propulsés jusqu’au bout et tombent tels des obus à la fin de leur parcours), principalement sur la ville israélienne de Sderot à moins de trois kilomètres.

Le Djihad Islamique tire ensuite une roquette anti-char sur un véhicule israélien, à Sderot également. Le Hamas, depuis Gaza qu’il contrôle, décide alors d’intervenir en lançant massivement des roquettes sur Israël .

L’étroitesse de Gaza et d’Israël fait du lancement de roquettes une menace pratiquement immédiate

En une semaine, le Hamas a lancé 3 100 roquettes, dont environ 450 sont directement retombés à Gaza, 1210 étant interceptés par les missiles anti-missiles du « dôme de fer » israélien. En réponse, Israël mène des raids aériens contre les bases et locaux du Hamas. Le bilan est pour l’instant de 192 Palestiniens tués et de 1200 blessés, de 10 Israéliens tués et de 282 blessés.

Les roquettes du Hamas sont fabriquées au Soudan et financées par l’État iranien ; les avancées technologiques israéliennes s’appuient sur le fait que ce pays est un satellite américain jouant un rôle de gendarme régional et de test militaire.

La Chine soutient naturellement le Hamas et en fait on a une répartition de chaque pays dans tel ou tel camp selon les intérêts et les alliances. On est ici dans une absence complète de démocratie pour le peuple. Et cela a été la même chose pour la gigantesque tension entre l’Ukraine et la Russie (d’ailleurs toujours en cours), ainsi que le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.

On assiste à des prises d’initiatives militaristes rapides, débordant les esprits. Et ce n’est qu’un début.

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Politique

« La gauche est-elle en voie de disparition en Europe ? »

Le point de vue de la Gauche Républicaine & Socialiste.

« Emmanuel Maurel, député européen et animateur national de la Gauche Républicaine et Socialiste, était l’invité de “La Faute à l’Europe” le 11 mai 2021 sur France Infos. Il a réaffirmé sa conviction, que nous ne désespérons pas, malgré le calamiteux quinquennat Hollande qui a achevé le PS, de revoir le socialisme refleurir en France sous d’autres formes.

L’Europe ne prend malheureusement pas le chemin du social ; le sommet européen hier au Portugal illustre bien l’expression de Jacques Delors à propos des sommets sociaux européens “des grandes messes sans foi”, sauf que là il n’y avait ni messe ni foi, avec des déclarations d’intention sans que rien n’avance alors même que nous sommes confrontés à une crise inédite.

La mission historique de la gauche, c’est d’abord la redistribution des richesses, une transformation de l’équilibre entre Capital et Travail au profit de ce dernier ; or sous l’effet des politiques de droite et sociales-libérales, la part des salaires dans la valeur ajoutée ne cesse de décroître au profit du Capital. C’est aussi l’approfondissement de la démocratie dans tous les domaines, notamment de la démocratie sociale et on en est loin en Europe.

L’effritement, ou même l’effondrement dans certains pays, des partis de gauche est indéniable : la social-démocratie a profité pendant des décennies de la peur capitaliste du bloc soviétique pour obtenir des compromis offensifs sur le Capital au profit des travailleurs. Mais ensuite sous l’impulsion de Blair et Schröder, une partie de la gauche s’est coulée dans le néolibéralisme et une autre a capitulé ou s’est résigné devant un capitalisme en pleine transformation accélérée.

Cela est d’autant plus déroutant que les réponses traditionnelles de la gauche et du socialisme sont redevenues “à la mode” aux Etats-Unis face à la crise pandémique et ses conséquences avec le début de la présidence Biden.

Le message de la gauche socialiste reste donc d’une actualité absolue : le problème ce sont les émetteurs européens, ces partis de gauche qui pour certains ont trahi leurs principes, leurs électeurs et leur base sociale !

Aux préoccupations prioritaires des Européens – l’écologie, l’immigration mais aussi et surtout l’emploi (contrairement à ce que disent les commentateurs) -, il existe des réponses de gauche. La gauche s’est aussi élevée pour défendre les libertés menacées, pour dénoncer la tendance à corseter la démocratie ou à mettre en place une société de surveillance.

La réalité est que ces prises de positions sont peu relayées par les médias, alors que les risques – notamment en France – sont croissants même avec de soi-disant Libéraux qui versent dans une dangereuse dérive autoritaire, comme Emmanuel Macron.

Sur les questions de société, la gauche est aussi bien plus claire et rationnelle que la droite et les “Libéraux”, la seule à défendre un point de vue réellement progressiste, contrairement à ce que disent les journalistes. »

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Politique

La dramatique situation de la Gauche palestinienne

Les rêves et les dynamiques de la Gauche palestinienne des années 1970 ont entièrement disparu.

La Gauche palestinienne a été extrêmement forte dans les années 1970 ; le plus souvent issue du nationalisme arabe des années 1960, elle a généré toute une série d’organisations de masse, dont les plus connues sont le Front démocratique pour la libération de la Palestine et le Front populaire de libération de la Palestine.

Ces organisations sont nées dans la violence, comme réponse à la suprématie technologique d’un État israélien financé par les aides américaines et allemandes (les États-Unis et l’Allemagne étant les premiers partenaires commerciaux d’Israël depuis le départ par ailleurs). Il s’agit de nationalistes arabes se tournant vers les idéologies de gauche pour répondre au défi israélien par une mobilisation populaire.

Cortège féminin du FDLP à Beyrouth en 1979

Malheureusement, ces organisations n’ont pas tenu le choc, parce qu’elles sont restées essentiellement nationalistes arabes, les projets de gauche n’étant qu’un tremplin pour leurs objectifs. Elles ont bien maintenu une ligne de « refus » d’accords de paix sur le dos des Palestiniens, mais ont basculé dans le pragmatisme vise-à-vis de l’URSS, du nationalisme arabe (notamment avec la Syrie), voire de l’Iran.

Elles ont été mises de côté à la fois par une répression israélienne ciblée et par les interventions des États du Golfe pour massivement financer l’islamisme, dont le Hamas est le principal représentant, comme expression des Frères musulmans (tenant aujourd’hui le Qatar et la Turquie). Elles sont finalement passées entièrement dans l’ombre du Hamas.

La question de savoir pourquoi est évidemment complexe : opportunisme, incapacité de faire autrement, contexte palestinien où la religion totalement secondaire en 1948 est devenue centrale ? En tout cas, elles ont des petites sections militaires qui sont dépendantes du Hamas et surtout leurs propre activités ont d’énormes limites idéologiques en raison de l’hégémonie religieuse.

Le FDLP et le FPLP existent en fait surtout pour leur prestige historique, comme dernier bastion laïc, pour leur insistance sur le droit au retour des réfugiés palestiniens, et pour leur participation au « front du refus » exprimant l’opposition à la normalisation avec les États-Unis choisis par Yasser Arafat et son mouvement le Fatah, la principale composante de l’OLP.

Cette situation est somme toute assez logique, car ni le FDLP ni le FPLP ne se sont finalement jamais émancipées de leur matrice nationaliste arabe. Il est impossible de parvenir à une discussion d’un point de vue de Gauche avec ces organisations à moins de passer par le prisme du nationalisme. C’est terriblement dommage car leurs positions initiales de front voulant la démocratie dans une Palestine unifiée pourrait aisément avoir un écho en France. Mais le nationalisme prime, avec des accents religieux très prégnants souvent (le FPLP parle du « mois béni du Ramadan », etc.).

D’où d’ailleurs par exemple la grande valorisation par le FPLP d’Ilich Ramírez Sánchez dit Carlos, emprisonné en France depuis 1994, ou le fait qu’historiquement en France l’écho du FPLP passe par la Ligue Communiste Révolutionnaire, qui était trotskiste mais avait à la fin des années 1960 des éléments guévaristes ouverts aux mouvements « nationalitaires ». On notera d’ailleurs un renouveau romantisme d’ultra-gauche autour du FPLP ces dernières années, comme là en mai 2021 avec la Fédération Syndicale Étudiante.

Une telle image est pathétique, car la Palestine va de défaite en défaite ; elle exprime un romantisme occidental totalement éloigné de la réalité. C’est, cela étant, assez conforme à une réalité idéologique : le FPLP et le FDLP ont une rhétorique hyper-triomphaliste, alors que la situation palestinienne est catastrophique en général et désastreuse pour la Gauche palestinienne en particulier.

Cela n’en accentue que d’autant plus le caractère dramatique de l’ensemble.

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Guerre

La guerre Israël-Gaza, une expression de plus de la tendance à la guerre

Des centaines de missiles artisanaux ont été lancés depuis Gaza, alors que les forces israéliennes frappent durement dans des représailles d’ailleurs en fait espérées et calculées.

Les forces israéliennes ont annoncé être intervenu à Gaza durant la nuit, une information reprise par certains médias, avant que finalement aucune confirmation ne soit venue.

En même temps, les vidéos de missiles traversant le ciel n’ont pas cessé pendant des heures et c’est là bien l’horreur de la guerre moderne : il est difficile pour les gens de savoir ce qu’il en est. Ils ne peuvent que subir ou être très loin, dans l’ignorance.

L’aviation israélienne a utilisé 160 avions simultanément contre 450 cibles alors qu’à la frontière avec Gaza, l’artillerie israélienne frappait aidée de tirs de 50 tanks. Le Hamas parle de 115 morts dont 27 enfants ; de son côté, le mouvement palestinien a lancé 1 700 missiles depuis le début des troubles.

Il ne s’agit plus seulement de soldats tirant des coups de feu. On parle de missiles, de tanks, de drones, d’hélicoptères, de soldats en civils… bref de toute une série d’opérations spéciales, où l’intoxication de l’opinion publique joue aussi un rôle important, puisqu’il s’agit de maintenir le moral d’un arrière-pays utile à une armée composée de professionnels désormais.

Telle est la marche à la guerre dans le cadre de la crise et, d’ailleurs, des forces d’Azerbaïdjan viennent également de pénétrer de plusieurs kilomètres en Arménie, sans qu’on sache pareillement précisément ni comment ni pourquoi. La guerre psychologique est un facteur essentiel aux militaristes, au Proche-Orient comme au Caucase, comme à la frontière russo-ukrainienne.

Cette guerre psychologique est une terreur contre la population. Il est facile de voir que ni les forces israéliennes ni le Hamas ne veulent mobiliser leur propre peuple. Ce qui compte, c’est la brutalité, la force de frappe, l’intimidation. C’est le rapport de forces permanent, sans perspective autre que la logique expansionniste. C’est hors du peuple, hors de la démocratie, simplement une tendance destructrice, conquérante.

Un exemple de la série d’objectifs visés par les missiles lancées depuis Gaza dans la nuit du 13 au 14 mai 2021

Il ne faut donc pas faire de géopolitique, il ne faut pas s’imaginer qu’un tel puisse être utile contre un tel, il ne faut pas tomber dans le pragmatisme. Dans les milieux du PCF, on pense souvent désormais que la Chine serait « socialiste » à sa manière et formerait un rempart face aux États-Unis, d’autres pensent que c’est la Russie « eurasienne », d’autres notamment dans les milieux anarchistes ou post-modernes sont fascinés par les forces arabo-musulmanes…

Tout cela est erroné, car non fondé sur les deux seuls critères : le peuple et la démocratie. On est soit une partie du problème, soit une partie de la solution, et il est évident que ni l’État israélien, ni le Hamas ne sont une partie de la solution. Ils montrent bien qu’ils s’intègrent parfaitement dans le parti de la guerre, que leurs démarches convergent avec la tendance à la guerre.

Alors ce qu’il faut, c’est dénoncer la tendance mondiale à la guerre, et soutenir les forces démocratiques et populaires cherchant, dans chaque cas particulier, à s’extirper des situations.

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Société

La France a horreur de l’Orient compliqué

D’où l’interdiction du rassemblement parisien pro-Palestine du 15 mai 2021.

La situation au Proche-Orient est explosive, pour une raison très simple : la crise sanitaire, qui a une immense dimension économique (et écologique) met à nu les fondements des régimes. Il n’est plus possible de cacher la réalité, on voit ce qui se passe vraiment, ce qui est essentiel, ce qui prime, comment les choses fonctionnent.

L’heure est donc grave.

Le régime israélien, fondé sur le sionisme, a besoin d’agressivité militariste afin d’unifier une base nationale profondément instable, divisée entre Russes et non-Russes, ashkénazes et séfarades, modernistes et passéistes, non-religieux et religieux et ultra-religieux, expansionnistes et autoritaires et pacifistes, etc.

Qui plus est, il est ouvertement un satellite américain jouant un sale rôle au Moyen-Orient et l’extrême-Droite sioniste-religieuse est devenue ultra-puissante ces dernières années. D’où les expressions de racisme fanatique qui s’affichent ouvertement et un État prêt à l’intervention militaire chaque jour, au nom de situations qu’il a lui-même créé.

Quant au régime politique à Gaza, il est porté par le Hamas, c’est-à-dire plus concrètement les Frères musulmans, dont l’argentier est le Qatar. Le Qatar vise à renforcer son influence coûte que coûte, le Hamas fait partie du dispositif et le misérable peuple palestinien enfermé dans Gaza sert ici de chair à canon.

Ceux qui cherchent plus loin et s’imaginent qu’on parle d’une « résistance palestinienne » feraient bien de voir que le peuple est absent, que la démarche est religieuse-patriarcale avec des moyens techniques, des missiles, visant justement à contourner le peuple en action.

On a donc, avec la crise, la libre expression de deux mobilisations irrationnelles sur une base nationaliste (et religieuse), qui ont une onde de choc immense, comme en témoignent les tensions très importantes qui en découlent sur le territoire israélien lui-même, entre les populations juive et arabe qui vivent souvent de manière imbriquée (comme à Lod, Acre, Haïfa, Nazareth, Ashdod, etc.), alors que par exemple 50% des pharmaciens israéliens sont arabes.

Or, de tout cela, les Français ne veulent pas entendre parler. Seuls les gens des minorités juives et arabes sont ici interpellés, et encore seulement de manière relative, le plus souvent de manière romantique.

Mais pour l’écrasante majorité des gens d’un pays passé par les Lumières, aux mœurs policés et qui déteste les guerres de religion pour les avoir connues, ces agitations orientales semblent vaines, pittoresques et meurtrières. Cela sent trop le fanatisme.

Pour les Français, l’Orient compliqué est ainsi loin et il est prié d’y rester (la situation provient des Mémoires de guerre de Charles de Gaulle : « Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples »). D’où la décision du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin d’interdire le rassemblement pro-Palestine de samedi 15 mai 2021:

« A Paris, j’ai demandé au Préfet de police d’interdire les manifestations de samedi en lien avec les récentes tensions au Proche-Orient. De graves troubles à l’ordre public furent constatés en 2014. Consigne a été donnée aux Préfets d’être particulièrement vigilants et fermes. »

On peut le regretter, en considérant qu’une considération sur ce que trament les grandes puissances est nécessaire… Que le drame palestinien dure depuis 1948 et qu’il n’en finit pas… C’est certain. Mais les Français sont des Français et il faut faire avec. Il faut donc un travail démocratique adéquat et non pas faire en forçant n’importe comment.

On peut bien entendu nier cette réalité française… et considérer que la France est une fiction, qu’il est utile de faire de la démagogie avec des drapeaux palestiniens pour toucher des gens d’origine arabe dans les milieux populaires… Mais enfin cela ne rime à rien sur le plan populaire et démocratique.

Et c’est pourtant bien d’un soutien populaire et démocratique dont ont besoin les Palestiniens et, par ailleurs, les Israéliens enfermés dans leur horizon sioniste également.

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Guerre

Birmanie, Colombie, Israël… le militarisme à l’offensive

Avec la crise, les pays sont plombés les uns après les autres.

Les pays riches ont décidé de généraliser les crédits d’État pour faire face à la crise économique liée à la crise sanitaire, ce qui retarde les échéances. Mais pour les autres pays la situation est dramatique et la bataille pour le repartage du monde se systématise. La crise entre l’Ukraine et la Russie a ainsi été le principal aspect de cette fuite en avant vers le militarisme, avec toujours plus d’ampleur dans ses implications.

Et toute une série de pays connaissent des crises internes terribles. L’État colombien a cherché à faire payer la crise aux pauvres, avec une hausse des impôts pour les revenus bas et moyens, ainsi qu’une hausse de la TVA sur l’alimentation. La résistance s’est levée, notamment à Bogotá et Cali, il y a des centaines de milliers de protestataires dans les rues depuis le 28 avril et la répression a déjà fait au moins 37 morts et 1 500 blessés.

En Birmanie, cent jours après le coup d’État d’une armée refusant de perdre ne serait-ce qu’un millimètre de son immense pouvoir politico-économique, il y a encore et toujours une résistance populaire. Au moins 780 personnes ont été tuées et près de 4 000 arrêtées, alors que la Russie et surtout la Chine soutiennent le régime.

Et il y a la question palestinienne qui refait surface, dans le sang. Les affrontements entre palestiniens et forces israéliennes de répression ont fait des centaines de blessés (520 Palestiniens et 32 policiers israéliens) le week-end du 8-9 mai 2021 sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem. Lundi 10 mai des roquettes ont été tirées sur Israël depuis Gaza et l’aviation israélienne a riposté, visant 130 cibles et détruisant notamment un édifice d’une douzaine d’étages, tuant 28 personnes dont une dizaine d’enfants, faisant 125 blessés. En réponse de nouvelles roquettes sont lancés depuis la bande de Gaza, cette prison d’un peuple à ciel ouvert.

Tout cela, c’est une terrible convulsion, et ce n’est qu’un début. C’est la fin d’une époque et les déséquilibres se systématisent, ils déchirent les tissus sociaux, ils provoquent le chaos, alors que les contradictions se renforcent. L’humanité est à la croisée des chemins et doit s’extirper du chaos de la concurrence capitaliste.

Tout cela tranche totalement avec une situation française où il ne se passe strictement rien. Le contraste est saisissant. Et il ne doit pas tromper : l’incendie qui se déclenche dans les pays en périphérie du centre du capitalisme ne sera pas circonscrit. La crise est mondiale et exige des réponses à la hauteur.

La réaffirmation des valeurs de la Gauche historique, dans ce contexte nihiliste, est d’autant plus impératif. Certains voudront jouer les petits malins à faire de la géopolitique, à soutenir telle ou telle puissance, à idéaliser tel ou tel aspect. C’est erroné. Il faut de la conscience, il faut des valeurs bien délimitées, il faut des principes. C’est cela qui permettra de renverser la situation de manière constructive.

Le spontanéisme est la pire des choses en quoi croire en cette période !

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Culture

Il y a cent ans naissait Sophie Scholl

Sophie Scholl représente une jeunesse capable de faire face.

Elle représente une jeunesse capable de faire face.

Les 8-9 mai 1945 l’Allemagne capitulait, et le 9 mai aurait été normalement l’anniversaire de Sophie Scholl, née en 1921. Mais cette figure du mouvement chrétien de résistance anti-nazie La Rose blanche avait été guillotinée par le régime national-socialiste le 22 février 1943.

Tel était le prix à payer pour avoir diffusé des tracts, qu’on peut lire ci-dessous, et qui abordent par ailleurs ouvertement la question des meurtres de masse commis par les nazis. Si l’Éducation nationale n’était pas décadente, à l’image de la société, les négationnistes et les gens comme Dieudonné n’existeraient même pas. Il suffit de savoir transmettre et d’affronter les forces obscures du nihilisme.

On notera que le fait que cette protestante ait comme référence, en plus du mystique et théologien Augustin (354-430), l’écrivain français Georges Bernanos avec Le journal d’un curé de campagne, semble confirmer la thèse de la base luthérienne de cet auteur. La Rose blanche est à ce titre un mouvement puisant dans le romantisme sa capacité de rébellion contre une société sordide.

roseblanche

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Politique

Marche solidaire sur les sommets au Pays basque en France

Ce fut un rassemblement en faveur du « processus de paix ».

Les « artisans de la paix » ont mobilisé un millier de personnes sur une douzaine de sommets au Pays basque, afin de presser dans le sens d’une libération des prisonniers politiques liés au nationalisme basque « abertzale », c’est-à-dire patriotique de gauche, dont ETA était le bras armé (ou inversement).

Les « artisans de la paix » représentent d’ailleurs un aspect essentiel de la dernière étape du long, tumultueux et complexe parcours d’ETA, avec au final une capitulation totale et sans conditions, après pourtant des décennies de combat et des centaines de morts.

En effet, les « artisans de la paix » accompagnent l’insertion dans les institutions espagnoles (et françaises) de toute la scène populaire de gauche « abertzale ». C’est une sortie non pas vers la gauche, mais par la droite. Le tout sous le prétexte d’on ne sait quel projet nationaliste basque incompréhensible.

Déjà que durant les années 1990 -2000 il était déjà très difficile pour ne pas dire impossible de discuter avec des gens de cette mouvance pétris de préjugés nationalistes voire franchement identitaires… mais alors là c’est totalement un autre monde. La Gauche peut comprendre la cause démocratique basque, mais le nationalisme basque prétendant désormais proposer une société identitaire idéale, à travers les institutions actuelles… C’est inacceptable.

Voici le communiqué des marcheurs, qui entendent prolonger leurs initiatives.

« Le temps presse! Orain presoak!

Nous avons étés aujourd’hui 1000 personnes à gravir les sommets situés en Pays Basque Nord. Pour rappeler et revendiquer haut et fort que construire la paix, c’est résoudre les causes et les conséquences du conflit. Les pas accomplis jusqu’à aujourd’hui ont un objectif clair: résoudre la situation des prisonnier.e.s  basques et avancer vers le vivre ensemble et la paix.

Le temps presse ! Orain presoak !

Notre dynamique continuera pendant les semaines et mois avenir. Et nous invitons les citoyens du Pays Basque à participer à une marche de 31 km entre Bayonne et St Jean de Luz qui finalement aura lieu le 10 juillet, pour revendiquer la libération de 3 prisonniers incarcérés depuis 31 ans , Ion et Unai Parot ainsi que Jakes Esnal. En perspective de cette marche, d’autres rendez-vous et actions seront aussi proposés.

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Guerre

Crise ukrainienne: les États-Unis s’imposent

L’Ukraine est en passe de devenir un protectorat américain.

La situation est toujours aussi brûlante en Ukraine. Le matériel militaire continue de s’accumuler, les escarmouches et les petits bombardements ne s’arrêtent pas. Voici un rapport officiel de l’OSCE, chargé d’observer la situation. Le rapport du 6 mai montre que le nombre de « violations du cessez-le-feu » et celui des explosions ont été bien plus importants que les sept et les trente jours précédents.

Les troupes ukrainiennes sont particulièrement volontaires ces derniers jours, d’ailleurs, profitant d’aides internationales leur permettant de renforcer les possibilités d’une option de reconquête violente. Voici une image montrant l’impact d’une bombe ukrainienne ayant atterri dans un jardin d’enfants dans le quartier Petrovsky de Donetsk.

Voici des images de la ligne de front, il s’agit des séparatistes filmés par un drone ukrainien.

Et ces lignes connaissent quelques lieux de passage, plus ou moins fermés. Et également des lieux importants se retrouvant au mauvais endroit. Les cimetières de la population du Donbass qui se trouvent près de la ligne de front viennent par exemple d’être fermés pour des raisons de sécurité.

Il faut ici également avoir en tête qu’il y avait, avant la pandémie de COVID-19, des centaines de milliers de personnes passant les « frontières » entre la partie occupée par les séparatistes et l’Ukraine. Pratiquement la moitié des deux millions de personnes au Donbass sont des retraités, payés par l’Ukraine, cherchant de quoi vivre dans la partie non occupée…

Il s’agit de gens bien réels, vivant dans la misère, pris entre le marteau et l’enclume… 16 mineurs restent d’ailleurs au fond d’une mine en protestation de leurs salaires non payés dans la « République populaire de Louhansk »…

Ce qui n’empêche pas qu’au Donbass, les deux pseudos « républiques populaires » sont évidemment toujours aussi actives dans l’idéalisation de leur régime et dans leur propagande pro-russe, comme en témoigne cette banderole « Donbass russe » placée au cœur de la ville de Donetzk le 7 mai 2021.

Il y a aussi les incessants appels à ce que l’Est de l’Ukraine soit « libéré », il y a la prochaine tenue à Donetsk d’un Forum international mondial de la jeunesse Eurasia, etc.

Il y a évidemment aussi une grande mobilisation dans ces « républiques populaires » en raison des célébrations du 9 mai, jour de la victoire soviétique sur le nazisme. Conformément à l’idéologie de ces deux régimes, il y a un syncrétisme nationaliste russe / nostalgie impériale qui est mis en avant, tout ce qui est ukrainien devant disparaître. La langue ukrainienne a d’ailleurs été définitivement mis de côté chez les séparatistes en 2020.

Du côté ukrainien, malheureusement, la propagande nationaliste est tout aussi forcenée, puisqu’on a droit à une réécriture de l’histoire avec l’intégration dans les forces alliées des troupes armées nationalistes de Stepan Bandera, le fasciste ukrainien initialement allié aux nazis puis cherchant à se tourner vers les États-Unis.

Des États-Unis qui viennent d’ailleurs littéralement de transformer l’Ukraine en protectorat à l’occasion de la visite le 6 mai 2021 du secrétaire d’État américain Anthony Blinken.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken

Anthony Blinken a expliqué que :

« Les États-Unis sont déterminés face à l’agression russe et dans leur soutien aux réformes nécessaires pour assurer un avenir souverain, démocratique et prospère à l’Ukraine. »

Traduit en langage clair, cela signifie que l’Ukraine doit briser les oligarques et passer sous supervision américaine pour les réformes. En échange, les États-Unis fournissent toujours plus de matériel pour se protéger de la Russie, notamment les missiles anti-tanks javelins.

Le régime ukrainien s’empresse bien entendu d’accepter, alors qu’il y a en plus des visites ininterrompues de responsables politiques, tels les ministres des affaires étrangères du Benelux.

La ministre des affaires étrangères belge Sophie WIlmes, en Ukraine le 7 mai 2021

Et depuis le début de la crise, il y a un mois, de très nombreux pays se sont lancés dans une opération de soutien ouvert à l’Ukraine, avec même l’expulsion de diplomates russes. Voici une carte pour comprendre l’ampleur de la réaction en chaîne lancée par la mobilisation militaire russe à la frontière avec l’Ukraine.

En orange clair, il y a les pays prenant ouvertement partie pour l’Ukraine, de manière très volontaire. Il manque la Turquie sur cette carte, alors qu’elle a vendu des armes dont des drones. En orange foncé il y a la Finlande et la Suède qui ont une posture anti-russe formant la base de leur démarche idéologique. La Suède a par exemple rétabli le service militaire en 2017, de manière ouverte contre la Russie.

En gris foncé, en plus de la Russie, il y a les soutiens à celle-ci, qui s’opposent à des sanctions, refusent poliment mais fermement d’aider l’Ukraine, etc. Il s’agit de la Serbie, de la Hongrie, de l’Allemagne et de son satellite autrichien, et de la France.

(Source de la carte freepik)

On voit aisément que si début avril on avait un conflit « local », en un mois on a eu une mobilisation telle que cela a concerné toute une large partie de l’Europe.

Et, à cela, il faut également ajouter les accrochages entre le Tadjikistan et le Kirghizistan, du 28 avril au 1er mai 2021, qui ont fait 31 morts, plus de 230 blessés et produit 10 000 réfugiés.

C’est le prix à payer pour repousser une crise : celle-ci revient, d’autant plus violente. Car évidemment le pseudo-retrait de l’armée russe à la frontière ukrainienne n’a évidemment pas eu lieu, quelques milliers de soldats seulement partant à quelques heures de train, laissant tout leur matériel.

On ne peut pas reculer dans la bataille pour le repartage du monde. Seuls les peuples du monde peuvent empêcher cette tendance, en brisant le militarisme et son moteur capitaliste.