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Ukraine: la Russie vise le 21 avril comme date clef

Vladimir Poutine prendra la parole la veille d’un vote du Conseil de la Fédération russe.

Un véhicule de guerre électronique russe au front

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, soit l’équivalent du ministre des Affaires étrangères, a prévenu le 11 avril 2021 qu’il y aurait des « conséquences » si la Russie agit de manière « agressive » à l’encontre de l’Ukraine. Mais ces paroles sont étranges alors que pour les Ukrainiens eux-mêmes, le scénario expansionniste russe procédera de la manière suivante. Le premier ministre de la pseudo république populaire de Donetsk, Denis Pouchiline, va appeler la Russie pour qu’elle reconnaisse cet « État », voire pour demander son intégration à la Russie.

Or, justement, le président russe Vladimir Poutine a prévu de s’adresser le 21 avril tant au parlement russe qu’aux hauts fonctionnaires. Et le lendemain, le Conseil de la Fédération de l’Assemblée fédérale de la fédération de Russie est convoqué afin d’être en mesure de prendre des décisions immédiatement sur demande du président. Ce serait évidemment pour valider l’intégration-annexion. Et les forces mobilisées le sont pour protéger cette opération.

Rappelons que la Russie est bien une Fédération, du moins en apparence… Elle est constituée de 22 républiques, 46 oblasts (c’est-à-dire des provinces), neuf kraïs (c’est-à-dire des territoires), un oblast autonome, quatre districts autonomes et trois villes fédérales. Juridiquement, du point de vue russe, l’intégration de deux « nouvelles » républiques se tient…

Ce plan est tout à fait cohérent. Et il est un terrible piège, car si l’Ukraine considère que c’est cela qui va se passer, elle est obligée d’intervenir avant ou dans la foulée afin de récupérer ses territoires perdues. Si elle le fait avant, elle va être considérée comme l’agresseur… Si elle agit dans la foulée, c’est la guerre à la Russie. La manœuvre expansionniste russe est ici très habile.

2S7 Pion russes en partance pour le front

Reste la question de la Crimée, où là aussi la Russie accumule des troupes… Les possibilités d’une attaque au sud sont tout à fait grandes, pour prendre en étau l’Ukraine de l’Est. Et le matériel de guerre électronique s’accumule particulièrement, ainsi que des bateaux de débarquement passés de la Mer Caspienne à la Mer Noire.

Des troupes en Crimée, dont l’identification d’appartenance à des zones spécifiques sont maquillées, ce la Russie pratique depuis le début pour masquer la provenance, tout en autorisant en même temps les nombreuses photos prises sur le tas

Ce n’est pas la seule pression sur l’Ukraine, car l’OTAN compte bien en faire de la chair-à-canon. On notera d’ailleurs que la ligne de front est régulièrement survolé par des avions de reconnaissance, tel un Northrop Grumman RQ-4 Global Hawk américain, un drone de pratiquement 15 tonnes et 40 mètres d’envergure.

La tension a ainsi passé un cap, on passe au cran au-dessus, de par les forces en présence, des implications diplomatiques, alors qu’en plus tout est clair sur le plan militaire. On est bien plus dans les années 1930 que dans les années 1990.

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Ukraine : l’attachée à la défense de l’ambassade américaine sur le front

C’est un exemple très révélateur de comment l’Ukraine s’est faite aspirée par des Etats-Unis qui utiliseraient bien ce pays comme chair à canon.

Carte exprimant la hantise ukrainienne d’une offensive russe depuis la Crimée et le Donbass, mais également depuis le reste de la Russie voire la Biélorussie

L’Ukraine est menacée dans son existence même par l’expansionnisme russe. Mais elle est en même temps en train de connaître un moment dramatique avec la soumission à l’OTAN qui pousse à la guerre. Voici une photographie de la colonel Brittany Stewart, qui est attachée à la défense auprès de l’ambassade américaine à Kiev. C’est lors de sa visite sur le front le 9 avril 2021.

Sur le côté on reconnaît l’insigne militaire de la 72e  brigade mécanisée ukrainienne, avec au-dessus du crâne l’inscription L’Ukraine ou la mort.

Ici on voit l’attachée à la défense américaine faire le salut militaire devant une tombe, celle de « MIF » comme c’est inscrit en haut sur la pierre tombale. Cela signifie « mythe » en ukrainien et la personne dont c’est la tombe a choisi ce surnom également en allusion à Méphistophélès, personnage du Faust de Gounod qu’il a justement incarné.

Il s’agit en effet de Wassyl Slipak, ce chanteur d’opéra ayant vécu en France et ayant rejoint les nazis du Pravyï sektor sur le front au moment de la crise au Donbass. On le reconnaît d’ailleurs sur la tombe, avec sa coupe de cheveux à la cosaque.

Pour ajouter à la complexité de la situation, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est rendu le 10 avril 2021 à Istanbul pour rencontrer le président turc Recep Tayyip Erdogan. Il y a quelques jours, le président ukrainien a fait un passage express au Qatar… Rappelons que le Qatar et la Turquie forment un bloc, celui des « frères musulmans ». Et l’Ukraine a utilisé pour la première fois le 10 avril ses drones de combat achetés à la Turquie, les Bayraktar TB2 SİHA.

Depuis quelques jours, toutes les cartes tactiques s’abattent. Alors que les commentateurs, entre horreur et cynisme, considèrent le risque de guerre a entre 24 et 50%.

Il faut bien d’ailleurs se donner une idée des forces en présence à la frontière Russie-Ukraine, pour saisir l’ampleur du drame qui se joue. Voici des véhicules ukrainiens rejoignant le front, ce sont des tracteurs-érecteurs-lanceurs d’OTR-21 Tochka. On parle ici de missiles balistiques faisant 482 kilos, et datant de l’époque soviétique. L’Ukraine nie les avoir employés en 2014-2014 pour le conflit au Donbass, mais c’est un secret de polichinelle que cela a bien été le cas.

Voici des Typ 9K720 Iskander russes, allant sur le front. Il s’agit du successeur des OTR-21 Tochka envoyés par l’Ukraine. Le poids de ce qui est envoyé est doublé (800 kilos) et l’ordre de précision est de 5-7 mètres. Le décalage avec le matériel ukrainien est de l’ordre d’une génération.

La supériorité russe est en fait complète. Illustrons ce terrible panorama le canon automoteur russe 2S7 Pion, soit le plus lourd au monde dans son genre, avec également le plus gros calibre.

La Russie a déjà bien plus de forces présentes qu’en 2014 au moment de la crise. Le processus enclenché, le recul est difficile, surtout alors que la crise du capitalisme parcoure le monde… L’Ukraine risque d’être une victime d’une nouvelle époque qui s’annonce militarisée, expansionniste, aux visées impérialistes. D’autant plus que ce conflit a comme véritable trame de fond l’opposition frontale du début du 21e siècle, celui entre la superpuissance américaine et son challenger chinois.

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Ukraine-Russie: une actualité qui s’impose

Le conflit entre l’Ukraine et la Russie se pose désormais ouvertement à la face du monde.

La montée en puissance du conflit entre l’Ukraine et la Russie a réussi à percer le silence médiatique ; désormais beaucoup de médias en parlent. Le souci, c’est qu’il apparaît clairement qu’en fait les médias attendaient les positions officielles de leur propre pays. Il est flagrant qu’il n’y a pas d’indépendance dans les orientations, tout est résolument placé dans la perspective du ministère des affaires étrangères de chaque pays.

De plus, cette percée médiatique et ces positions diplomatiques s’exposent surtout parce que désormais les deux blocs apparaissent clairement : l’OTAN d’un côté, avec la superpuissance américaine, et la Russie avec son expansionnisme.

Cela pose la question du jeu des alliances. Ainsi, le 8 avril 2021, Angela Merkel a appelé le président russe Vladimir Poutine, pour demander que ce soit cessée l’escalade militaire. Mais en même temps l’Allemagne et son satellite autrichien se tournent résolument vers le vaccin Spoutnik. Quant à la France, son silence en dit long sur son orientation à la suite de l’Allemagne.

Ce qui n’a pas grand chose à voir avec la position américaine qui a été d’affirmer que des navires militaires seraient envoyés en Mer Noire. Une mer Noire qui va également accueillir de nombreux navires russes, prétendument pour un « exercice ». Une Mer Noire où se trouve la Crimée où était présent le 8 avril le président russe Vladimir Poutine.

Vladimir Poutine dont l’administration présidentielle a comme responsable Dmitri Kozak, qui a expliqué le même jour que :

« Le début des hostilités est le début de la fin de l’Ukraine. »

Une Ukraine qui a désormais refusé que les négociations futures se trouvent à Minsk, la capitale de la Biélorussie. Une Biélorussie qui a commencé à déplacer des troupes à sa frontière avec l’Ukraine. Alors qu’inversement, toujours le 8 avril, le ministre des affaires étrangères polonais, Zbigniew Rau, était à Kiev pour rendre visite à son homologue ukrainien Dmytro Kuleba.

Le ministre letton des affaires étrangères, Edgars Rinkevics, a affirmé de son côté que son pays soutenait l’initiative lituanienne de proposer un plan pour la rentrée de l’Ukraine dans l’Otan. Et l’ambassadeur slovaque à Kiev, Yurii Mushka, a annoncé la mise en place d’une coopération transfrontalière slovaquo-ukrainienne.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a quant à lui visité le front. Alors qu’en face les troupes russes continuent d’affluer.

Rien qu’avec tout cela la Russie a réussi son premier objectif : proposer une vague d’inquiétude et de mobilisation, tout en s’opposant à l’OTAN. Beaucoup pensent que les choses s’arrêteront là, que c’était le but, faire peur pour négocier. Seulement, on est en pleine crise, une crise dont le capitalisme ne se sort pas depuis une année. Et là la guerre pour le repartage du monde exige plus que des négociations, fussent-elles musclées.

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Ukraine: un affrontement devenu celui de l’OTAN et de l’expansionnisme russe

L’OTAN a pris l’initiative et désormais les deux blocs sont devenus unilatéralement antagoniques.

Selon les données apparentes et avec une marge d’erreur significative, on peut considérer que les forces en présence aux frontières de la Russie et de l’Ukraine sont désormais les suivantes:

– les deux pseudos-républiques populaires (de Donetsk et Louhansk) s’appuient sur 30 000 soldats, 500 chars, 1 000 véhicules blindés ;

– les forces russes consistent en 120 000 soldats, 400 chars, 7 600 véhicules blindés ;

– les forces ukrainiennes consistent en plus de 200 000 soldats, 450 chars de combat, 2 500 véhicules blindés.

On peut mettre de côté les forces aériennes, la supériorité russe étant écrasante, tout comme d’ailleurs le niveau technique des armements en général (obusiers, canons, lance roquettes multiples, systèmes anti-chars, etc.).

C’est monstrueux… et les accrochages et utilisations d’artillerie ont également commencé à reprendre à la frontière. Cela commence à avoir une autre signification alors que les troupes sont massivement présentes d’un côté comme de l’autre… Et que désormais l’affrontement est devenu celui de l’OTAN, ayant vassalisé l’Ukraine, avec l’expansionnisme russe.

Le maréchal en chef de l’air britannique Stuart Peach, président du Comité militaire de l’OTAN, s’est ainsi rendu en Ukraine le 7 avril 2021. Il a évidemment appuyé de toutes ses forces les démarches de l’Ukraine pour une adhésion, alors que le site internet de l’OTAN a désormais une version en ukrainien. Rappelons que le 6 avril, le président ukrainien avait mis cette question de l’adhésion sur la table, un véritable saut qualitatif.

Dès lors, la Russie ne parle plus du tout de manœuvres militaires, mais de nécessité opérative. L’Ukraine est ouvertement assimilée à l’OTAN, comme dans ces propos du 7 avril 2021 de Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères:

« Nous considérons cette campagne de désinformation et de propagande comme un moyen pour Kiev de détourner l’attention de ses propres préparatifs militaires dans le Donbass, de son sabotage des accords de Minsk (sur le règlement de la crise au Donbass) et de l’intensification des activités militaires des pays de l’OTAN en Ukraine. »

Et les troupes russes continuent d’affluer du pays tout entier, alors que Dmitri Peskov, le secrétaire de presse du président russe Vladimir Poutine, a expliqué, en faisant allusion aux 600 000 détenteurs de passeports russes à l’Est de l’Ukraine, que:

« assurer la sécurité des citoyens russes est absolument une priorité pour l’Etat russe et le président russe Vladimir Poutine »

Autant dire que les masques sont tombés de part et d’autre et cela implique une polarisation systématique. Le 7 avril, la Lituanie a ainsi dit qu’elle était prête à aider à établir le plan d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. C’est la ligne des pays baltes, farouchement anti-russe (et totalement anti-communiste), ouvertement pro-américain.

L’Allemagne a de son côté expliqué que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN… n’était pas du tout à l’ordre du jour. C’est que l’Allemagne met en place un gazoduc venant directement de Russie, le gazoduc Nord Stream 2 ; commencé en 2018, il n’est pas terminé car les États-Unis ont exercé une pression gigantesque pour l’empêcher.

C’est là l’expression d’une contradiction au sein de l’OTAN. Et le média pro-russe Spoutnik témoigne d’une autre contradiction que la Russie aimerait renforcer, celle entre la France et l’OTAN, d’où son article Adhésion de l’Ukraine à l’Otan: «Les Français sont-ils prêts à mourir pour Donetsk?».

En fait, tant l’OTAN que l’expansionnisme russe jouent sur le fait que l’Ukraine est loin, méconnue… pour en faire un sanglant terrain de jeu. Et l’accumulation d’armements et de troupes ne cesse toujours pas…

La rhétorique de la Russie et de l’Ukraine ne cesse de prendre une ampleur guerrière également. En Russie il y a même eu une émission où des commentateurs ont dit qu’il fallait envoyer des missiles nucléaires contre l’Ukraine… Et, de toutes façons, il est expliqué de manière ininterrompue dans la propagande que l’Ukraine va attaquer, que la Russie envoie des troupes massivement pour se défendre, etc.

Du côté ukrainien, tous les relais de la Russie ont été brisés. Le 5 avril, des sanctions ont été prises contre 10 personnes et de 79 entreprises dont 11 entités russes, accusées de « contrebande ». En réalité, c’est la liquidation de la partie pro-russe de l’oligarchie, dans le prolongement de la mise de côté en février de Victor Medvedtchouk, un oligarque ukrainien très proche du président russe Vladimir Poutine. Ses chaînes de télévision 112 Ukraine, ZiK et NewsOne ont été fermées. Tout ce qui est russe est ouvertement considérée comme hostile.

Les deux blocs se considèrent comme ennemis et il n’y a plus aucun espace de convergence. Les objectifs sont désormais un affaiblissement généralisé du concurrent, pour s’en débarrasser. On est en plein dans la bataille pour le repartage du monde.

https://www.youtube.com/watch?time_continue=7&v=RWJeHVUasLs&feature=emb_title

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La Gauche va t-elle se recomposer dans l’opposition à la Guerre ?

Ces derniers temps sont marqués par de vives tensions militaires dans le monde, allant même jusqu’à des conflits ouverts. Porteuse de la tradition pacifiste et antimilitariste, la Gauche est pourtant incapable de produire une opposition organisée.

Depuis la fin du premier confinement, les accrochages militaires n’en finissent pas de secouer le monde. Avant même l’arrivée de la crise sanitaire, les conflits, ouverts ou larvés, étaient déjà bien réels, comme, entre autres pays, en Syrie, en Libye, au Mali, à la frontière entre l’Inde et la Chine, au Cachemire, etc.

Mais il est évident que la crise sanitaire fait passer un cap nouveau dans le renforcement des tendances à la Guerre, avec de manière principale la tension stratégique entre la Chine et les États-Unis formant l’arrière-plan indirect de chaque tension régionale. C’est le cas autant des tensions entre la France et la Turquie depuis l’été 2020, comme de la guerre au Haut-Karabagh à l’automne 2020, sans même parler des terribles tensions actuelles entre la Russie et l’Ukraine.

La situation évaluée au 6 avril en ce qui concerne les troupes russes aux frontières ukrainiennes

Et pourtant cette tendance à la guerre, ces déchaînements nationalistes chauvins ne provoquent aucune mobilisation de la part des forces de gauche, et même très peu de prises de position au regard des enjeux. Cela est le reflet d’une situation historique de paralysie populaire, de tétanie face aux enjeux politiques. Et cela est d’autant plus frappant lorsqu’on regarde les décennies 1990-2000… Sans même parler des années 1960-1970 avec sa vaste vague hippie pacifiste, puis l’opposition disparate mais armée dans les années 1980, contre l’OTAN.

Un exemple historique sur lequel on peut se fonder, c’est le déclenchement de la première guerre du golfe en 1991 et la vaste mobilisation anti-guerre qui en a découlé.

À la suite de la guerre avec l’Iran entre 1980 et 1988, l’Irak de Saddam Hussein envahit au début du mois d’août 1990 le Koweït, menaçant ensuite d’intervenir en Arabie-Saoudite. Cela produit une réaction immédiate des États-Unis, et par conséquent de l’OTAN.

En France, en septembre 1990, fut lancé « l’Appel des 75 contre la guerre du Golfe », avec la perspective d’une campagne de mobilisation. Celle-ci se réalisera avec près de sept manifestations ou rassemblements, parfois interdits. Le 20 octobre 1990 vit plusieurs milliers de personnes se mobiliser à travers les réseaux de la Gauche, contre les menaces d’interventions occidentales en Irak.

Manifestation interdite du 26 janvier 1991 à Paris

Le 7 décembre 1990, à Paris eut lieu un meeting international contre la guerre à l’initiative du Collectif de l’Appel contre la guerre du Golfe, unissant de nombreuses organisation de gauche, comme le PCF, les trotskistes du PCI et de la LCR, des Verts comme René Dumont, des libertaires et des maoïstes, etc. Dans le sillage de ces mobilisations a éclos toute une agitation culturelle, avec des brochures et des fanzines pacifistes, voire révolutionnaires.

L’apogée de la contestation fut la grande manifestation nationale du 12 janvier 1991, avec près de 500 000 personnes dans tout le pays pour dire « Non à la guerre », et pour les franges de l’extrême gauche « Guerre à la guerre ». Cela n’a pas empêché le déclenchement de l’opération « Tempête du Désert » le 17 janvier 1991, mais l’honneur de la Gauche était sauvée.

D’ailleurs, tout cette agitation a pu se maintenir alors que la chute de l’URSS relançait les guerres intestines dans les Balkans. Les attentats du 11 septembre 2001, et les menaces d’intervention en Afghanistan et en Irak, ont fait se continuer cette culture pacifiste. Ainsi, le 16 février 2003, ce sont 100 à 200 000 personnes qui manifestent contre l’intervention de l’OTAN en Irak, avec notamment un mot d’ordre resté populaire « Non à la Busherie ».

Alors où est passée tout cette culture anti-guerre, pacifiste en France alors que les tensions entre grandes puissances, et surtout entre les États-Unis et la Chine, semblent de plus en plus menacer le monde d’un conflit généralisé ?

Il n’a bien évidemment pas disparu dans le peuple, mais le basculement des restes de la Gauche historique dans le postmodernisme libéral-libertaire fait que ces problématiques ne font plus vraiment partie du paysage politique.

Rosa Luxembourg en 1915, qui a su s’opposer à la guerre grâce à son appartenance à la social-démocratie historique et sa conception du monde

D’où la nécessité de relancer la Gauche historique. Pour avoir une opposition anti-guerre constituée, organisée, il faut avoir conscience d’une leçon historique du mouvement ouvrier : le capitalisme comporte une tendance vers la guerre, et la crise économique en est l’accélérateur incompressible.

Mais quand ont été jetés aux oubliettes les principes de lutte des classes, de capitalisme, de crise, pour être remplacés par les principes d’individus, d’identité, de relativisme, d’anti-universalisme… alors, forcément, on ne peut pas comprendre la guerre pour le repartage du monde.

La ligne juste est ainsi de reconstruire la Gauche sur ses bases historiques pour porter les valeurs démocratiques et populaires pour faire face aux conséquences sociales, économiques et politiques de la crise… et s’opposer à la guerre. Chaque jour compte. Sans quoi on se retrouvera comme en 1914.

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L’Ukraine veut forcer sa rentrée dans l’OTAN: quelques cartes

En cherchant à tout prix à ce que l’OTAN intervienne, l’Ukraine rend la situation intenable alors que la Russie veut la briser.

Les forces russes et ukrainiennes ont continué de s’accumuler aux frontières. Il n’y a eu pratiquement pas d’escarmouches le 6 mars, tout comme les 4 et 5 mars : les deux armées se font face, se renforçant, très clairement prêtes au face à face, en attente du moment clef.

Nombre des ruptures de cessez-le-feu pour 2021

Il y a eu toutefois un saut qualitatif, rendant la situation encore plus inextricable. L’Ukraine poussait ces derniers jours à recevoir une aide de l’OTAN, dans une logique interventionniste ; elle cherche depuis 2008 à y adhérer. Dans les faits, elle obtient déjà du matériel, notamment des États-Unis, en particulier ces derniers jours. Et dans la crise actuelle, l’OTAN a évidemment maintes fois souligné son soutien entier. L’Union européenne a naturellement fait de même.

Le 6 avril 2021 marque cependant un tournant, ou plutôt une accélération, un vrai saut qualitatif, car cette tendance à avoir l’OTAN comme référence apparaît désormais comme un quitte ou double. Il y a eu en effet un appel au téléphone du président uktainien Volodymyr Zelensky, le 6 avril, au secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, pour demander une entrée accélérée de l’Ukraine dans l’OTAN.

Or, jamais la Russie ne tolérera l’OTAN à sa frontière directe. La Russie, qui a fait en sorte d’accorder la nationalité russe à 600 000 personnes dans l’Est de l’Ukraine, préférera dans tous les cas provoquer la cassure en deux de l’Ukraine. Qui plus est, le président ukrainien a appelé l’OTAN à être présente en Mer Noire :

« Une telle présence permanente devrait être un puissant moyen de dissuasion pour la Russie, qui poursuit la militarisation à grande échelle de la région et entrave la navigation commerciale. »

La démarche est cohérente. Le président ukrainien sait en effet que la question de la Crimée est essentielle, car un débarquement russe est possible, avec l’invasion généralisée de la partie côtière de l’Ukraine. Difficile de faire contre-poids, et du point de vue du nationalisme romantique, idéaliste, fantasmagorique ukrainien, cela a du sens : il s’agit de faire pression sur la Russie, de la « calmer ».

En pratique, c’est un suicide, cela provoque une situation par définition inacceptable pour la Russie. Même au-delà de l’insupportable expansionnisme russe, il y a le fait objectif de ne pas vouloir être étouffé par l’OTAN, de refuser que la Russie se réduise à un satellite. Un coup d’œil sur les cartes (tirés de Google map) montre ce qu’il en est et pourquoi la situation est explosive de par un conflit qui devient dans les faits celui de l’OTAN contre la Russie expansionniste, avec l’Ukraine comme martyre et cible des conquêtes.

Très concrètement, l’Ukraine fait 1 316 km d’Est en Ouest et 893 km du Nord au Sud, c’est à peu près la superficie de la France. On notera que sur la carte la Crimée n’est pas représentée ; même si elle est en fait russe historiquement, au niveau du droit international elle relève de l’Ukraine.

Sur cette carte de la situation de l’Ukraine en Europe, on voit clairement pourquoi la Russie ne tolérera jamais l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. Les pays baltes sont déjà opposés à la Russie, la Finlande n’est clairement pas pour, toute l’Europe centrale est pro-OTAN, alors si l’Ukraine tombe, la Biélorussie ne tiendra pas longtemps non plus et surtout la Russie aura un énorme bloc contre elle. Et l’OTAN n’hésitera pas à utiliser ces pays voisins comme de la chair à canon pour démolir la Russie.

Seulement voilà, l’Ukraine est aussi la porte de l’Orient. Pour beaucoup de gens en France, l’Ukraine est à l’Est. Mais en fait, elle est également au Sud de l’Est. D’ailleurs, historiquement elle a dû affronter les Polonais à l’Ouest et les Tatars à l’Est. Son passage dans l’aire moscovite (qui était confrontée aux Polonais à l’Ouest et aux Mongols à l’Est) en est une conséquence : c’est une alliance historique de deux peuples venant historiquement de la même matrice culturelle et nationale, la Rus’ de Kiev.

D’ailleurs, si on va dans un magasin d’alimentation russe ou ukrainien, on trouvera beaucoup de produits tout à fait « orientaux » aux yeux de quelqu’un d’Europe de l’Ouest. Voici un aperçu de la situation de l’Ukraine en ce qui concerne sa façade orientale, au dessus des mots « Mer Noire » on a la péninsule qu’est la Crimée et que la Russie a annexée.

Il n’est pas difficile de comprendre que l’Ukraine, une fois entrée dans l’OTAN, deviendrait une véritable base américaine, avec une immense capacité de projection vers l’Orient. Mais ce serait également une véritable fermeture au niveau européen.

L’Ukraine est à l’Est du point de vue français, mais pas si à l’Est que ça du point de vue européen… Pour prendre des exemples, la capitale de l’Autriche, Vienne, est plus à l’Est que la capitale tchèque, Prague, et elle est plus proche de la ville ukrainienne de Lviv (d’ailleurs soumise à l’Autriche jusqu’en 1918) que de l’extrême occidental de l’Autriche. Berlin est largement plus près de Kiev que de Madrid, Stockholm est plus proche de Kiev que de Paris, Naples est à la même distance de Kiev et de Londres, etc.

Il ne faut pas se résumer à tout cela. La guerre se fonde avant tout sur des impératifs économiques. L’oligarchie qui veut étendre la Russie ne le fait pas par calcul ou appât du gain : c’est une nécessité historique de par sa nature. Quant aux pays capitalistes, n’en parlons même pas.

Il s’agit seulement de saisir le cadre, ce qui est d’autant moins simple que c’est très loin géographiquement ou culturellement du point de vue français. Cela ne doit cependant en rien relativiser la situation. Il faut toujours être prêt à faire face à la guerre, à la refuser ! Et à éprouver l’empathie pour les peuples martyrs, à exprimer sa solidarité. L’Ukraine ne doit pas devenir un champ de ruines à cause de l’OTAN et de l’expansionnisme russe !

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L’incroyable silence sur le conflit Russie-Ukraine

Alors que les troupes s’accumulent, le silence est complet dans les médias et de la part des politiques, y compris à Gauche.

La situation est désormais telle qu’il n’y a plus aucun doute sur de prétendues « manœuvres ». Les troupes et le matériel convergent de part et d’autre à la frontière entre la Russie et l’Ukraine. Le front a d’ailleurs été très calme le dimanche 5 avril, à l’opposé complet du samedi 4 avril. Les choses se mettent en place, de manière toujours plus ouverte.

Il y a notamment des envois depuis les États-Unis au moyen d’avions-cargos C-17 Globemaster III. Et le Conseil de sécurité de la Fédération de Russie a affirmé comme très probable des affrontements entre la Russie et l’Ukraine pendant ce qui est qualifié d »escalade des tensions dans le Donbass.

Il est désormais absolument évident que deux armées se font face, prêtes à en découdre. Cela n’implique pas que l’affrontement soit obligatoire… même si on peut le penser. Mais au minimum il devrait y avoir des appels mondiaux au retrait des troupes. C’est là le minimum.

Qui plus est, la France est membre de l’OTAN et l’OTAN n’a cessé, de manière officielle, d’expliquer qu’elle soutiendrait l’Ukraine. Cela veut dire que s’il y a conflit, la France est de la partie, si ce n’est de facto, au moins de jure : si ce n’est de fait, au moins juridiquement.

Comment peut-on alors garder le silence ? Comment la menace réelle de la guerre, avec des troupes armés jusqu’aux dents se faisant face, peut-elle être autant passée sous silence ? Comment la participation de la France peut-elle passer comme une lettre à la poste ?

C’est là qu’on voit qu’il y a en France un énorme problème : le soutien général à l’armée française, l’acceptation du militarisme. D’ailleurs, et c’est un très bon exemple, Jean-Luc Mélenchon a publié le 2 avril 2021 un billet titré « Industrie de défense : Dassault a raison de dire « nein » !« , dans un grand élan militariste-patriotique où on apprend que le Rafale « est le meilleur avion de combat du monde ». Une semaine avant, il expliquait que »La France doit demeurer une puissance polaire« .

Il reflète bien un social-chauvinisme généralisé. La France a un bon niveau de vie, elle est moins pire que les États-Unis dans ce qu’elle fait dans le monde, donc il faut accepter voire soutenir. L’absence de dénonciation du militarisme reflète une capitulation pratiquement systématique à Gauche.

Mais ce qui se passe à la frontière de l’Ukraine et de la Russie change la donne. C’est l’expression de la grande crise, commencée avec le COVID-19 mais traversant toute la société, toute l’économie. Plus rien ne tient. La bataille pour le repartage du monde devient la grande tendance… et on ne peut pas y échapper, à moins de la renverser.

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Russie-Ukraine: des escarmouches alors que continue l’accumulation de troupes

Les effectifs augmentent, les accrochages sont plus nombreux et s’intensifient.

La Femen Inna Shevchenko, qui travaille maintenant pour Charlie Hebdo, publie beaucoup de choses sur son Twitter, des choses plutôt intéressante sur la laïcité. Mais, alors qu’elle est ukrainienne, que le logo des Femen est aux couleurs ukrainiennes, elle ne dit pas un mot sur la situation actuelle. C’est un exemple assez affligeant d’inconséquence et de comportement petit-bourgeois : je fais carrière quelque part, de gauche mais pas trop, quant à mon pays et les gens qui y vivent…

Il est pourtant évident que les grandes puissances poussent à la guerre. L’Ukraine est poussée à la guerre par les États-Unis et la Russie l’est… par son propre expansionnisme. Il faut donc prendre partie contre la guerre, toujours… qui ne dit mot consent.

Il est d’ailleurs strictement impossible de ne pas voir que l’aggravation de la situation prend une tournure gravissime. Les deux armées les plus nombreuses d’Europe n’ont pas toujours cessé leur déploiement de troupes à leurs frontières ! La Russie et l’Ukraine se mobilisent littéralement…

Au 2 avril 2021, la Russie avait déjà ajouté 25 bataillons tactiques au 28 déjà présents aux frontières. Chaque bataillon consiste en un bataillon d’infanterie mécanisée, une compagnie de tanks et de l’artillerie. Et les accrochages se multiplient de manière exponentielle aux frontières des « républiques populaires » séparatistes, en fait pro-russes, de Donetzk et Louhansk, et le reste de l’Ukraine.

Violations du cessez-le-feu, au 3 avril, les sept jours précédents, les 30 jours précédents, moyenne pour 2020

Les informations télévisées russes déversent une propagande folle sur les velléités guerrières de l’Ukraine, chauffant à blanc l’opinion publique, avec notamment une fake news d’un enfant tué par un bombardement ukrainien (c’est la seule chose à ce sujet qu’Inna Shevchenko a retwitté d’ailleurs, gardant elle-même le silence).

Et en face on n’est pas en reste , l’armée ukrainienne annonçant qu’elle participerait à des opérations avec l’OTAN en mer Méditerranée et en Irak, qu’il y aurait bientôt des exercices en Ukraine même.

Exemple de folie furieuse, d’ailleurs, un avion de patrouille maritime et de lutte anti-sous-marine américain Boeing P-8A Poseidon a survolé le 3 avril 2021 la côte syrienne… utilisant son transpondeur de telle manière à ce que soit formé le nombre 46, allusion à Joe Biden, 46e président des États-Unis, qui est sur une ligne très agressive par rapport à la Russie.

Et alors que le 2 avril la France était certaine qu’il n’y aurait pas de conflit, le 3 avril il y a eu un communiqué commun des ministères des affaires étrangères de France et d’Allemagne. On y lit que :

« La France et l’Allemagne sont préoccupées par la multiplication des violations du cessez-le-feu, alors que la situation s’était stabilisée depuis juillet 2020 dans l’Est de l’Ukraine. Nous suivons avec une grande vigilance la situation, en particulier les mouvements de forces russes, et appelons les Parties à la retenue et à la désescalade immédiate des tensions. »

De par la nature des troupes envoyées par la Russie, on peut déjà lire le scénario suivant. Il va y avoir des accrochages dégénérant et la Russie va annoncer qu’elle est en nécessité d’envoyer des « gardiens de la paix » dans les zones séparatistes, afin d’obéir à sa constitution l’obligeant à protéger des citoyens russes.

Le but est de parvenir à un point de rupture pour annexer les deux « Républiques populaires ». La Russie peut avoir choisi de bouger de manière seule, ou bien elle répond à l’initiative américano-russe de lancer une opération de récupération. Peu importe, les deux sont coupables de la marche à la guerre.

Et ce n’est qu’un triste début dans une tendance à la guerre se généralisant à travers la crise du capitalisme sur toute la planète, à travers la compétition sino-américaine pour l’hégémonie mondiale.

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Guerre

L’armée américaine achète pour 22 milliards des casques Hololens Microsoft

La course aux armements passe par le renforcement de la technologie et la superpuissance américaine compte bien maintenir son hégémonie.

La professionnalisation des armées a visé à se passer d’éventuelles révoltes à la base et augmenter de manière généralisée les capacités opératoires entre les troupes. L’armée américaine est en pointe dans cette perspective. C’est le sens de l’achat qui vient d’être effectué, qui s’élève à 22 milliards de dollars. Pour comprendre l’importance de cette somme, il faut se dire que c’est grosso modo la moitié du budget militaire français annuel.

Il s’agit pour l’armée américaine de se procurer des casques HoloLens 2 produits par Microsoft, 120 000 de ces lunettes seront fournies sur dix ans. Avec ces lunettes virtuelles connectées en réseau, on peut envoyer des informations, afin de renforcer les capacités inter-opératoires. La technologie est appelée Integrated Visual Augmentation System – Système d’augmentation visuelle intégrée.

La vue du soldat, ici en mode nocturne, voit une image se superposer, ici avec un plan et la localisation des soldats

L’armée américaine avait déjà fourni 479 millions de dollars à Microsoft en 2018 pour mettre en place ce système. Cela montre comment le capitalisme américain est dans sa racine même appuyé sur le complexe militaro-industriel. Des entreprises très avancées technologiquement profitent et appuient le militarisme américain.

Il ne s’agit pas de fournir de telles lunettes à chaque soldat, mais de faire en sorte que certains leaders en disposent afin qu’on puisse en temps réel leur fournir des informations, des ordres, qu’ils aient un aperçu plus approfondi des opérations en cours. Il s’agit de renforcer l’efficacité en action mais également de relier les actions… qui sont prévues pour une action en territoire urbain.

Naturellement, la Chine qui veut devenir une superpuissance sera obligée de suivre, comme d’ailleurs toutes les puissances cherchant à obtenir des capacités d’intervention. Ces lunettes pourront également être employées dans le pays lui-même, contre les révoltes. Autant dire que c’est là une monstrueuse contribution au militarisme et à la tendance à la guerre.

Il n’existe pratiquement aucune opposition interne au sein de Microsoft : les rares critiques internes ont reproché, à l’annonce du contrat, que Microsoft signe un contrat pour des armes de guerre le jour de la « visibilité LGBT », qu’il faudrait mieux soutenir les LGBT. Ce que fait en réalité Microsoft aussi, tout comme l’armée américaine. En l’absence de repères réellement de gauche, la marche à la guerre des États-Unis se déroule ainsi sans accrocs.

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Annexion du Donbass par la Russie: extrême tension militaire avec l’OTAN

La Russie va-t-elle annexer le Donbass ? Le spectre de la guerre s’incarne et ce n’est qu’un début.

La crise est là, la crise sanitaire n’est qu’un aspect d’une crise bien plus profonde et la bataille pour le repartage du monde s’accélère chaque jour. Ce qui se passe est un premier moment de terrible danger, dont les victimes seront toujours les peuples.

La Russie est en effet en train de procéder à une importante mobilisation de troupes à sa frontière avec l’Ukraine, plus exactement avec les parties de l’Ukraine gérées par les forces séparatistes pro-russes. Des convois ferroviaires très nombreux et très longs transportent massivement des véhicules militaires et tout ce qu’il faut comme approvisionnement.

C’est au point qu’est désorganisé le transport pour le matériel agricole, alors que le printemps est arrivé et avec lui le début des récoltes !

Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, a affirmé que :

« La Russie déplace ses forces armées sur son territoire comme elle l’entend, mais cela ne représente une menace pour personne et ne doit inquiéter personne. »

Sauf que l’accord de cessez-le-feu d’usage à la frontière entre l’Ukraine et les régions séparatistes a pris fin le premier avril, en raison du refus de la Russie de le prolonger.

La Russie va-t-elle tenter de réaliser par la force ce qu’elle a prévu depuis le début du conflit, à savoir l’annexion de la région du Donbass, à la suite de celle de la Crimée ?

La carte des régions séparatistes (source: wikipédia)

Surtout que la pseudo-République populaire de Donetsk, une fiction pro-russe, a décidé le premier avril la mobilisation de la classe d’âge 1994-2003, tout comme la Crimée de son côté. La pseudo-République populaire de Lougansk semble mettre en place un dispositif militaire, alors que des troupes russes se déplacent en Biélorussie, juste à la frontière ukrainienne.

L’ordre de circonscription la pseudo-République populaire de Donetsk

La réponse américaine est très claire. Les forces armées américaines en Europe sont activées pour faire face à une :

 « crise imminente potentielle » .

La question ukrainienne a également été abordée au sein de l’OTAN. En clair, si la Russie annexe la partie orientale de l’Ukraine, actuellement devenue « séparatiste », ce sera le conflit militaire.

Les services de renseignement ukrainien ont également publié le premier avril une note intitulée :

« La Fédération de Russie est prête pour des provocations à grande échelle contre notre État »

Il y est expliqué que la Russie chercher à faire intervenir militairement l’Ukraine au moyen de provocations. Sauf qu’il y a eu des déplacements militaires en Ukraine tout au long du mois de mars ! Et les États-Unis, avec la Grande-Bretagne, sont clairement dans une volonté d’affrontement, poussant l’Ukraine en ce sens.

De plus, la Crimée est alimentée en eau à 84% par le Canal de Crimée du Nord, qui commence en Ukraine, mais bien évidemment les liens sont coupés et le lac artificiel de Simferopol, faisant 35 millions de mètres cubes, se retrouve à sec, assoiffant la Crimée.

Le Canal de Crimée du Nord, construit entre 1961 et 1971 juste après que la Crimée ait été « offert » par la Russie à l’Ukraine (source : Wikipédia)

Les deux camps montent en fait en agressivité. Et en Ukraine il ne faut pas oublier l’agitation néo-nazie. 3 000 néo-nazis ont manifesté le 20 mars 2021 à Kiev, incendiant la plaque officielle du bâtiment présidentiel, le jour de l’anniversaire de Sergey Sternenko, un ancien dirigeant du « Pravdy Sektor » pour la région d’Odessa, condamné en février à sept ans et demi de prison pour le kidnapping d’un homme politique.

Ces agitateurs nationalistes jettent également de l’huile sur le feu. Pour l’anecdote, il existe deux centres culturels ukrainiens à Paris.

Le premier s’appelle Symon Petlioura, du nom d’un dirigeant nationaliste ayant combattu la révolution russe et assassiné à Paris en 1926 par Samuel Schwartzbard pour venger les pogroms dont il était responsable (Samuel Schwartzbard sera acquitté en 1927 grâce à la campagne de la Gauche).

Le second, dépendant de l’ambassade ukrainienne, s’intitule Wassyl Slipak. Cet Ukrainien, chanteur de l’opéra de Paris, a adopté la coiffe cosaque et a rejoint les volontaires néo-nazis luttant contre les séparatistes sur le front, où il a été tué en 2016.

C’est sinistre… alors que l’Ukraine c’est Taras Shevchenko, Nicolas Gogol, Vladimir Vernadski, Reinhold Glière, Fyodor Pirotsky, Alexandra Exter, Iouri Kondratiouk, Tatiana Iablonskaïa, Sergueï Korolev, Oleg Antonov, Lyubomyr Romankiv…

Kateryna, une peinture de 1842 du poète national ukrainien Taras Shevchenko

Depuis la littérature à l’invention du tramway électrique, du rendez-vous orbital pour alunir ou l’invention de la RAM des ordinateurs, le peuple ukrainien a puissamment contribué à la culture et à la science.

Mais le peuple d’Ukraine, qui vit dans une terrible misère, pratiquement la pire en Europe, est ainsi la victime de l’expansionnisme russe, d’une oligarchie possédant littéralement le pays, de l’agitation racialiste des nazis, des influences toujours plus grandes de la superpuissance américaine et de l’OTAN.

Et il risque en plus d’être victime d’un conflit ouvert… Nous avons besoin de construire une opinion publique anti-guerre, capable de mobiliser pour lancer des signaux internationalistes ! Le peuple ukrainien ne doit pas être seul !

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Déclaration du réseau « Non à la guerre – Non à l’OTAN » sur le nouvel agenda OTAN 2030

Le réseau formé en 2008 appelle à refuser la guerre et l’OTAN, au nom de la solidarité entre les peuples. Il dénonce le nouvel agenda de l’OTAN.

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN condamne les propositions pour un nouvel agenda de l’OTAN, exposées dans OTAN 2030: Unis pour une nouvelle ère . Ce rapport présente un dangereux plan d’expansion qui augmentera les tensions et les risques de guerre. Le voici :

 » Introduction

En 2020, le secrétaire général de l’OTAN, Stoltenberg, a chargé un groupe de 10 « experts » de réfléchir à l’avenir de l’OTAN. Dans leur rapport OTAN 2030:Unis pour une nouvelle ère, ils présentent 138 propositions censées aider l’alliance militaire à relever les principaux défis de la prochaine décennie. Le rapport, bien qu’il n’ait pas encore été officiellement adopté par l’OTAN, sera utilisé pour inspirer le prochain sommet de l’OTAN qui se tiendra à Bruxelles plus tard cette année.

Principes de la démocratie

Le document réitère l’affirmation propagandiste selon laquelle l’alliance est basée sur « les principes de la démocratie, de la liberté individuelle et de l’État de droit… pour promouvoir la stabilité et le bien-être dans la région de l’Atlantique Nord ». 

En réalité, l’histoire de l’OTAN est trempée de sang. L’alliance militaire et plusieurs de ses États membres ont contribué à déclencher des coups d’État et soutenu des dictatures. Ils ont mené des guerres dans le monde entier, déstabilisant des pays tels que l’Algérie, le Vietnam, les Balkans, l’Afghanistan, l’Irak et la Libye, avec pour conséquences des millions de victimes innocentes et ce qu’on appelle les « États défaillants ». Le nouvel agenda continuera la guerre sans fin.

Chine + Russie – ennemis désignés

OTAN 2030 développe une vision du monde en termes de menaces, avec pour objectif principal de légitimer le réarmement et l’expansion militaire mondiale, alors même que l’OTAN et ses États membres sont souvent responsables de nombre de ces menaces. 

Le rapport utilise un langage hostile stigmatisant la Chine et la Russie en tant que « rivaux systémiques » avec des recommandations qui mèneront à une confrontation croissante. Bien qu’il n’y ait aucune menace immédiate de la part de l’un ou l’autre de ces pays, l’OTAN intensifie sa propagande pour justifier l’augmentation des dépenses militaires, alors même que la pandémie COVID-19 a un impact énorme sur les budgets des gouvernements.

OTAN 2030 regorge d’images désignant l’ennemi, diabolisant avant tout la Russie et la Chine. Des solutions non militaires sans domination ni agression sont impensables pour l’OTAN. Cela vaut y compris pour les défis tels que le changement climatique, la perte de la biodiversité et la protection de l’environnement.

Armes nucléaires, TNP et TIAN

Tout en se déclarant du bout des lèvres en faveur de la maîtrise des armements, le rapport insiste sur la nécessité de la dissuasion et du maintien des armes nucléaires, préconisant la revitalisation des accords de partage nucléaire en tant qu’élément essentiel de la politique de dissuasion de l’OTAN. L’OTAN exige que ses membres s’engagent dans un partage de la charge du nucléaire. 

Trois membres de l’OTAN, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, possèdent des armes nucléaires et modernisent leurs arsenaux. Cinq membres de l’OTAN, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie et la Turquie, hébergent des armes nucléaires américaines sur leur territoire.

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN s’oppose à la politique d’armement nucléaire de l’OTAN en violation des engagements de désarmement nucléaire du TNP et condamne la campagne de désinformation de l’alliance contre le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). 

Un plan doit être élaboré, sur la base de négociations à court terme, pour œuvrer en faveur d’une zone dénucléarisée en Europe, étape importante vers un monde sans armes nucléaires. 

Les États membres ne devraient pas se laisser intimider par l’OTAN et ses États-membres dotés d’armes nucléaires pour ne pas signer le TIAN. C’est une honte que l’Alliance empêche ses membres d’adhérer au Traité.

UE et OTAN

Bien que certains membres de l’UE s’en tiennent à une politique de neutralité et ne soient pas membres de l’OTAN, le rapport suggère un approfondissement des liens institutionnels avec l’UE dans le domaine militaire. 

Les capacités de défense européennes indépendantes complémentaires et les actions militaires alignées sur les objectifs de l’OTAN sont encouragées comme contribution au programme de partage des coûts qui renforce la puissance militaire de l’OTAN. L’objectif de dépenser 2% du PIB à des fins militaires est partagé par l’OTAN et l’UE.

Sécurité

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN rejette l’approche militariste de la sécurité telle qu’exprimée dans le rapport OTAN 2030 ; cela détourne des milliards de dollars vers l’armement et l’expansion militaire et ne fera qu’augmenter la probabilité d’une confrontation militaire. Notre société a besoin de désarmement, de diplomatie et de coopération, d’investissements dans la santé, les services sociaux et les mesures pour éviter le changement climatique. 

Seuls un système de sécurité globale comprenant des accords diplomatiques conclus avec la Russie et la Chine sur le désarmement, des mesures de confiance et la coopération économique et politique peuvent apporter une paix juste et durable. 

L’UE ne doit pas être réduite à n’être qu’ une branche de l’OTAN. En collaboration avec ses États membres, elle devrait mener une politique de sécurité autonome, pacifique et démilitarisée, fondée sur les principes de l’Acte final d’Helsinki.

2% du PIB et complexe militaro-industriel

OTAN 2030 confirme que l’OTAN est une alliance de guerre qui sert les intérêts du complexe militaro-industriel, et non ceux du peuple. Elle n’apportera pas de sécurité humaine. 

Le réseau Non à la guerre-Non à l’OTAN appelle à l’abrogation de la norme des 2% pour les dépenses militaires et de l’obligation d’armement (20% des budgets militaires) – décidée de manière antidémocratique lors du sommet de l’OTAN au Pays de Galles. Au lieu de cela, ces ressources doivent être utilisées pour combattre la pandémie du COVID-19 et pour renforcer la sécurité humaine en général. 

La demande de l’OTAN d’augmenter les dépenses militaires empêche les pays d’investir de manière adéquate dans la santé, les services sociaux et l’action climatique. Le désarmement est le défi central.

Dissolution de l’OTAN et renforcement de l’ONU

Le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN continuera d’agir pour la dissolution de l’OTAN. Il s’emploiera à renforcer l’ONU, ainsi que les institutions civiles régionales, dans la recherche de plates-formes internationales compétentes pour le règlement des conflits, la sécurité commune et le développement durable.

En conséquence, le réseau Non à la guerre – Non à l’OTAN rejette fermement OTAN 2030. En détournant l’attention et les ressources vers la militarisation, OTAN 2030 empêchera également la communauté internationale d’atteindre les objectifs climatiques urgents de l’Accord de Paris et les objectifs de développement durable des Nations Unies d’ici 2030.

Nous avons besoin de la solidarité mondiale et d’une coopération internationale pour résoudre nos défis communs: la pandémie, l’urgence climatique et les inégalités. 

Avec la diplomatie, le désarmement et le développement durable dans le cadre du système des Nations Unies, il n’est nul besoin de cette alliance militaire anachronique dominée par l’hémisphère occidental. Nous continuons d’appeler à la dissolution de l’OTAN. »

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OTAN 2030: révolte d’une partie de l’armée française

Les néo-gaullistes de l’armée française s’opposent à la ligne d’intégration stratégique de la France à l’OTAN.

Si la France est partante pour la ligne américaine d’affronter la Russie et la Chine, il y a bien sûr des nationalistes partisans d’un cavalier seul. La révolte en question provient du « Cercle de Réflexion Interarmées ». C’est une structure formée par des hauts gradés de l’armée française qui ne sont plus en service et qui, par conséquent, ont le droit d’exprimer leurs opinions, ce qu’ils ne pourraient pas sinon.

Le Cercle en question s’est déjà exprimé à plusieurs reprises, visant à former, sans le dire ouvertement, une fraction dans l’armée française. La ligne que le Cercle vise à faire triompher correspond aux options de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon : la France doit avoir une politique de grande puissance sans établir des alliances lui imposant telle ou telle mise en perspective.

C’est grosso modo du néo-gaullisme et les hauts gradés en question se revendiquent ouvertement de lui d’ailleurs.

La nouvelle initiative du Cercle passe une pseudo  lettre ouverte à Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN. La mise en perspective stratégique prend tellement ouvertement les positions russes qu’il n’y a (officiellement) qu’un signataire, un général de brigade aérienne.

C’est un bon exemple de la complexité de la question en France. Comment refuser l’OTAN sans faire le jeu des nationalistes ? Et comment s’opposer aux nationalistes sans faire le jeu de l’OTAN, de l’Union européenne ? Comment ne pas être pris entre Charybde et Scylla ?

Voici la « lettre ouverte » reflétant le point de vue néo-gaulliste, tout aussi militariste que l’OTAN, mais dans une autre perspective stratégique :

« Le jeudi 18 février 2021 l’étude « OTAN 2030 », produite à votre demande, vous a été présentée. Elle indique ce que doivent être les missions de l’OTAN pour les dix prochaines années. D’entrée, il apparaît que toute l’orientation de l’OTAN repose sur le paradigme d’une double menace, l’une russe, présentée comme à l’œuvre aujourd’hui, l’autre chinoise, potentielle et à venir. Deux lignes de force majeures se dégagent de cette étude.

La première, c’est l’embrigadement des Européens contre une entreprise de domination planétaire de la Chine, en échange de la protection américaine de l’Europe contre la menace russe qui pèserait sur elle.

La deuxième, c’est le contournement de la règle du consensus, de plusieurs manières: opérations en coalitions de volontaires; mise en oeuvre des décisions ne requérant plus de consensus; et surtout la délégation d’autorité au SACEUR (Commandant Suprême des Forces Alliées en Europe, officier général américain) au motif de l’efficacité et de l’accélération de la prise de décision.

Mais la lecture de ce projet «OTAN 2030» fait clairement ressortir un monument de paisible mauvaise foi, de tranquille désinformation et d’instrumentalisation de cette « menace Russe », « menace » patiemment créée puis entretenue, de façon à « mettre au pas » les alliés européens derrière les États-Unis, en vue de la lutte qui s’annonce avec la Chine pour l’hégémonie mondiale.

C’est pourquoi, Monsieur le Secrétaire général, avant toute autre considération sur l’avenir tel qu’il est proposé dans le projet OTAN 2030, il est important de faire le point sur les causes et la réalité de cette menace russe, par les quelques rappels historiques ci-dessous.

En effet, l’histoire ne commence pas en 2014, et c’est faire preuve d’une inébranlable mauvaise foi historique concernant les relations euro et américano-russes, que de passer en une seule phrase (au tout début du paragraphe « Russie ») directement du « partenariat constructif » lancé par l’Otan au début des années 90 à l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, comme s’il ne s’était rien passé entre 1991 et 2014, entre « la gentille Russie » de l’époque, et le méchant «Ours russe» d’aujourd’hui.

C’est bien l’OTAN qui, dès les années 1990, s’est lancée à marche forcée dans son élargissement vers l’est, certes à la demande des pays concernés, mais malgré les assurances données à la Russie en 1991 lors de la signature du traité de Moscou (2), et qui d’année en année a rapproché ses armées des frontières de la Russie, profitant de la décomposition de l’ex URSS.

C’est bien l’OTAN qui , sans aucun mandat de l’ONU, a bombardé la Serbie (3) pendant 78 jours, avec plus de 58 000 sorties aériennes, et ceci sur la base d’une vaste opération de manipulation et d’intoxication de certains services secrets de membres importants de l’Alliance, (le prétendu plan serbe « Potkova » et l’affaire de Racak ), initiant ainsi, contre toute légitimité internationale, la création d’un Kosovo indépendant en arrachant une partie de son territoire à un état souverain, au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, humiliant ainsi la Russie à travers son allié serbe.

Ce principe serait-il à géométrie variable, lorsqu’il s’agit de la Crimée composée à plus de 90% de Russes, et rejoignant la Russie sans un coup de feu?

C’est bien l’OTAN qui en 2008, forte de sa dynamique «conquête de l’est», refusa la main tendue par la Russie pour un nouveau « Pacte de sécurité européen » qui visait à régler les conflits non résolus à l’est de l’Europe (Transnistrie, Abkhazie, Ossétie du Sud), en échange d’une certaine neutralité de la Géorgie, de l’Ukraine, de la Moldavie – c’est à dire de l’immédiat « hinterland » russe – vis-à-vis de l’OTAN.

Et c’est toujours avec ce même esprit conquérant, perçu comme un réel étranglement par la Russie, qu’il a été choisi, en 2010, d’encourager les graves troubles de l’« Euromaïdan », véritable coup d’état qui a abouti à l’élimination du président ukrainien légalement élu, jugé trop pro-russe, en vue de continuer la politique de rapprochement de l’Ukraine avec l’OTAN.

On connaît la suite, avec les sécessions de la Crimée et du Donbass.

C’est bien l’OTAN qui au début des années 2000, après avoir associé la Russie à une défense anti-missiles de théâtre censée « protéger les États-Unis et ses alliés, dont la Russie » , d’une attaque de missiles tirés par des «États voyous» , notamment l’Iran et la Corée du Nord (sic), transforma de facto en 2010 lors du sommet de Lisbonne, ce système en une architecture globale de défense antimissile balistique en Europe (BMDE), non plus de théâtre, mais en un véritable bouclier tourné cette fois-ci contre la Russie et non pas la protégeant.

C’est encore l’OTAN qui donna l’assurance à la Russie que les sites de lancement des missiles antimissiles balistiques (ABM) ainsi déployés devant sa porte ne pourraient jamais être retournés en sites offensifs contre son territoire tout proche, « oubliant de préciser » qu’en réalité ces lanceurs (MK 41) de missiles ABM pouvaient tout aussi bien servir à tirer des missiles offensifs Tomahawk contre son territoire (nucléaires ou conventionnels de portées supérieures à 2000 km selon les versions) en contradiction flagrante avec le traité INF toujours en vigueur à l’époque de leur déploiement; on dépassait là, et de loin la question de savoir si le 9M729 russe portait à 480 km ou à 520 !

La menace potentielle ainsi exercée sur la capacité de frappe en second de la Russie, base de sa dissuasion nucléaire, a sérieusement remis en cause l’équilibre stratégique américano-russe , poussant alors la Russie à suspendre toute coopération au sein du COR (Conseil OTAN-Russie) fin 2013, donc dès avant l’affaire de la Crimée de 2014, laquelle sera ensuite utilisée par l’OTAN pour justifier – a posteriori – la protection BMDE de l’Europe face à la nouvelle « menace russe » !

Alors oui, Monsieur le Secrétaire général, au terme de ces vingt années d’efforts soutenus de la part de l’OTAN pour recréer « l’ennemi russe», indispensable à la survie d’une organisation théoriquement purement défensive, oui, la Russie a fini par se raidir, et par chercher à l’Est la coopération que l’Ouest lui refusait.

L’entreprise de séparation de la Russie d’avec l’Europe, patiemment menée au fil des années, par vos prédécesseurs et par vous-même sous l’autorité constante des États-Unis, est aujourd’hui en bonne voie, puisque la Russie, enfin redevenue « la menace russe » , justifie les exercices les plus provocateurs comme Defender 2020 reporté à 2021, de plus en plus proches de ses frontières, de même que les nouveaux concepts d’emploi mini-nucléaires les plus fous sur le théâtre européen sous l’autorité de…l’allié américain qui seul en possède la clef.

Mais non, Monsieur le Secrétaire général, aujourd’hui, et malgré tous vos efforts, la Russie avec son budget militaire de 70 Md€ (à peine le double de celui de la France), ne constitue pas une menace pour l’OTAN avec ses 1000 Md€ , dont 250 pour l’ensemble des pays européens de l’Alliance! Mais là n’est pas votre souci car ce qui est visé désormais à travers ce nouveau concept OTAN 2030, est un projet beaucoup plus vaste: à savoir impliquer l’Alliance atlantique dans la lutte pour l’hégémonie mondiale qui s’annonce entre la Chine et les États-Unis.

La vraie menace, elle réelle, est celle du terrorisme. L’étude y consacre bien un développement, mais sans jamais se départir du mot « terrorisme », ni en caractériser les sources, les ressorts, les fondements idéologiques et politiques.

Autrement dit, on n’aurait comme menace, en l’occurrence, qu’un mode d’action, puisque telle est la nature du « terrorisme ». On élude donc une réalité dérangeante, celle de l’islamisme radical et de son messianisme qui n’a rien à envier à celui du communisme d’antan. Le problème est que ce même messianisme est alimenté par l’immense chaos généré par les initiatives américaines post Guerre Froide , et qu’il est même porté au plan idéologique tant par la Turquie d’Erdogan, membre de l’Otan, que par l’Arabie Saoudite, allié indéfectible des États-Unis.

Comme on pouvait s’y attendre, il apparaît dès les premières lignes que ce document n’augure rien de bon pour l’indépendance stratégique de l’Europe, son but étant clairement de reprendre en mains les alliés européens qui auraient seulement pu imaginer avoir une once d’un début d’éveil à une autonomie européenne.

Ce n’est pas tout, car non seulement vous projetez de transformer l’OTAN, initialement alliance défensive bâtie pour protéger l’Europe face à un ennemi qui n’existe plus, en une alliance offensive contre un ennemi qui n’existe pas pour l’Europe, (même si nous ne sommes pas dupes des ambitions territoriales de la Chine, de l’impact de sa puissance économique et du caractère totalitaire de son régime) , mais ce rapport va plus loin, carrément vers une organisation à vocation politique mondiale, ayant barre sur toute autre organisation internationale.

Ainsi, selon ce rapport:

– L’OTAN devrait instaurer une pratique de concertation entre Alliés avant les réunions d’autres organisations internationales (ONU, G20, etc..) , ce qui signifie en clair « venir prendre les instructions la veille» pour les imposer le lendemain massivement en plénière !

– L’OTAN doit avoir une forte dimension politique, qui soit à la mesure de son adaptation militaire. L’Organisation devrait envisager de renforcer les pouvoirs délégués au secrétaire général, pour que celui-ci puisse prendre des décisions concrètes concernant le personnel et certaines questions budgétaires.

– L’OTAN devrait créer, au sein des structures existantes de l’Alliance, un mécanisme plus structuré pour la formation de coalitions. L’objectif serait que les Alliés puissent placer de nouvelles opérations sous la bannière OTAN même si tous ne souhaitaient pas participer à une éventuelle mission.

– L’OTAN devrait réfléchir à l’opportunité de faire en sorte que le blocage d’un dossier par un unique pays ne soit possible qu’au niveau ministériel.

– L’OTAN devrait approfondir les consultations et la coopération avec les partenaires de l’Indo-Pacifique : l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République de Corée,

– L’OTAN devrait commencer de réfléchir en interne, à la possibilité d’établir un partenariat avec l’Inde.

Monsieur le Secrétaire général,

C’est parce que cette organisation lorsqu’elle a perdu son ennemi, n’a eu de cesse que de se lancer à corps perdu dans la justification politique de la préservation de son outil militaire, en se reforgeant son nouvel ennemi russe, qu’elle tend aujourd’hui à devenir un danger pour l’Europe.

Car, non contente d’avoir fait manquer à l’Europe l’occasion d’une véritable paix durable souhaitée par tous, y compris par la Russie, l’OTAN animée du seul souci de sa survie, et de sa justification par son extension, n’a fait que provoquer un vaste réarmement de part et d’autre des frontières de la Russie , de la Baltique à la Mer Noire, mettant en danger la paix dans cette Europe, qu’elle ne considère plus désormais que comme son futur champ de bataille,

Et maintenant, à travers ce document OTAN 2030, et contre la logique la plus élémentaire qui veut que ce soit la mission qui justifie l’outil et non l’inverse – les Romains ne disaient-ils pas déjà « Cedant arma togae » ? – vous voudriez, pour l’avenir, justifier l’outil militaire de cette alliance en le transformant en un instrument politique, incontournable, de gestion de vastes coalitions internationales, au profit d’une véritable gouvernance planétaire, allant même jusqu’à passer outre les décisions de l’ONU et écrasant les souverainetés nationales!

Alors non, Monsieur le Secrétaire général! Il faut stopper ce train fou, avant qu’il ne soit trop tard! La France, quant à elle, dans le droit fil des principes énoncés voici plus d’un demi-siècle par le général de Gaulle, ne saurait, sans faillir gravement, se prêter à cette entreprise d’une acceptation aventureuse de la tutelle américaine sur l’Europe.

Pour le Cercle de Réflexion Interarmées (4), le Général de Brigade aérienne (2S) Grégoire Diamantidis

Notes.

1- Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, structure militaire de l’Alliance Atlantique.

2- Traité de Moscou: ou « traité deux plus quatre », signé le 12 septembre 1990 à Moscou, entre les représentants des deux Allemagnes et ceux des quatre puissances alliées de la Seconde Guerre Mondiale, est le «traité portant règlement définitif concernant l’Allemagne» qui a ouvert la voie à la réunification allemande et fixé le statut international de l’Allemagne unie.

3-Opération «Force Alliée» . Cette opération, décidée par l’OTAN, après l’échec des négociations entre les indépendantistes kosovars et la Serbie sous l’égide de l’OSCE (Conférence de Rambouillet 6 février-19 mars 1999) , fut déclenchée sans mandat de l’ONU, le 24 mars sur la base d’une vaste campagne dans les médias occidentaux, concernant un plan d’épuration ethnique (plan Potkova) mené à grande échelle au Kosovo par la Serbie. Plan qui se révéla par la suite, avoir été fabriqué de toute pièce par les services secrets bulgares et allemands .

4- Le Cercle de Réflexion Interarmées (CRI), est un organisme indépendant des instances gouvernementales et de la hiérarchie militaire. Il regroupe des officiers généraux et supérieurs des trois armées ayant quitté le service et quelques civils et a pour objectif de mobiliser les énergies, afin de mieux se faire entendre des décideurs politiques, de l’opinion publique et contribuer ainsi à replacer l’Armée au cœur de la Nation dont elle est l’émanation. « 

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Militarisme sino-américain: terrible menace en mer de Chine

Le challenger chinois pousse la superpuissance américaine à renforcer son agressivité, et inversement.

La superpuissance américaine a un énorme problème. La marine militaire coûte extrêmement cher, 160 milliards de dollars chaque année, en raison des exigences techniques. Et lorsque les choses se passent mal, il s’agit bien souvent de destructions totales du matériel, les navires partant par le fond : il faut donc voir les choses en grand et avoir des troupes massives. Pour les États-unis, c’est un vrai gouffre financier, surtout que la doctrine Monroe de 1823 implique que toutes les Amériques sont sous tutelle.

Face à la superpuissance soviétique se plaçant comme challenger dans les années 1970-1980, cela allait encore, car l’URSS était très en retard dans ce domaine, les questions européenne et chinoise étant au premier plan avec des troupes terrestres massivement aux frontières, à quoi s’ajoute la flotte aérienne et les missiles atomiques.

Mais avec la montée de la Chine comme challenger, les États-Unis sont obligés de se focaliser sur la marine militaire, de par la question de la mer de Chine. Cela coûte cher… sans garantie aucune, de par la fragilité des bâtiments militaires face au missiles. Mais accepter l’offensive chinoise serait risquer de perdre sa place de numéro 1 mondial.

Il faut donc que la superpuissance américaine donne une réponse au militarisme chinois qui a déjà amené l’établissement en 2014-2016 de sept îles artificielles dans le sud de la mer de Chine, dans une zone immense que la Chine entend contrôler de manière hégémonique, au grand dam du Vietnam, des Philippines et des autres pays de la région.

Les ambitions chinoises lèsent allègrement les pays voisins

La Chine s’arme ainsi massivement dans cette perspective ; rien que de 2015 à 2021, sa marine militaire est passée de 255 bâtiments à 360. C’est déjà plus que la superpuissance américaine.

Mais cette dernière a bien plus de qualité, avec d’ailleurs 330 000 marins contre 250 000 pour la Chine. Les bâtiments ont en effet plus de tonnages, avec plus de destroyers par exemples, plus de croiseurs lance-missiles. Et elle a également 50 sous-marins à propulsion nucléaire, contre 7 pour la Chine.

Et si la Chine vise rapidement à disposer de 400 bâtiments, la programmation américaine compte rattraper et dépasser ce chiffre, en maintenant l’hégémonie qualitative. D’ici 2045, les États-Unis disposeront de plus de 400 bâtiments également, avec en plus de cela autour de 200 bâtiments sans équipage. C’est dire la militarisation, puisqu’on va avoir des sortes d’énormes drones marins.

Mais arrivera-t-on jusque là ? Tous les observateurs militaires assument déjà de parler de guerre possible d’ici 5-6 ans. Et du point de vue de la Gauche, cette guerre pour le repartage du monde apparaît même comme inévitable. Les Américains ne vont pas attendre que la Chine soit à son niveau, surtout celle-ci doit importer son pétrole par l’océan et une coupure des communications maritimes serait terrible pour elle…

Du côté chinois, l’objectif est clairement la récupération de Taïwan pour obtenir l’hégémonie en mer de Chine et satelliser les pays autour. L’affrontement régional semble ainsi inévitable, la Chine voulant prendre le dessus pour déstabiliser l’hégémonie de la superpuissance américaine, cette dernière voulant inversement étouffer son challenger avant qu’il soit à son niveau.

L’engrenage est monstrueux et correspond aux exigences capitalistes de la superpuissance dominante et de son challenger, comme hier lors de l’affrontement américano-soviétique.

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La président américain traite le président russe de « tueur »

Le nouveau président américain Joe Biden affirme chaque jour davantage la tendance à la guerre contre la Russie.

Le secrétaire à la Défense des États-Unis s’appelle Lloyd Austin et du point de vue de la gauche libérale, c’est une bonne chose que ce soit un Afro-américain. En réalité, c’est un masque pseudo-progressiste pour cacher le fait que c’est un militaire. Imaginez qu’en France un haut gradé soit ministre de la Défense, ce serait un acte inqualifiable. Eh bien aux États-Unis c’est pourtant le cas, sans aucune opposition.

Lloyd Austin a participé à l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan, il a été commandant des forces d’occupation américaines en Irak, il travaille pour la société de conseil WestExec Advisors qui agit dans le secteur de l’armement, il est membre du conseil d’administration de Nucor, le plus grand producteur américain d’acier (et numéro 1 dans ce secteur pour l’armée américaine), ainsi que de celui de l’entreprise d’aérospatiale et de défense Raytheon Technologies et celui de l’entreprise de santé  Tenet Healthcare.

L’équivalent du ministre de la Défense aux États-Unis est donc un militaire haut gradé payé par trois multinationales et actif dans une société de conseil de l’armement… On reconnaît ici la monstruosité qu’est le complexe militaro-industriel américain. Et cela s’inscrit dans la vague militariste que représente Joe Biden.

Photo officielle du secrétriat à la Défense pour le serment sur la Bible de Lloyd Austin lors de nomination (Source Wikipédia)

Donald Trump était le représentant d’une ligne isolationniste visant à prendre des forces pour affronter la Chine et seulement la Chine. Il n’a pas déclenché de guerre, contrairement à tous ses prédécesseurs. Il comptait reculer pour mieux sauter. Joe Biden, lui, a comme ligne d’affronter la Russie d’abord, pour ensuite étouffer la Chine.

Et le 17 mars, dans une interview à ABC News, Joe Biden est allé droit au but, tenant des propos explosifs à l’encontre de la Russie. Lorsqu’on lui a demandé s’il pensait que Vladimir Poutine était un « tueur », Joe Biden a simplement répondu « oui ». Il assume ainsi ouvertement de criminaliser la Russie, justifiant la prochaine intervention guerrière.

Il a d’ailleurs accusé la Russie d’interférence lors des dernières élections présidentielles américaines et il a souligné que Vladimir Poutine aurait à en payer le prix.

Ces propos ne sont pas simplement l’instauration d’un climat de guerre, on est déjà dans l’élan militaire lui-même, avec la mise en place des paramètres du conflit. Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France sont très clairement dans la même perspective de pousser la Russie à la faute, de la déstabiliser, de changer le régime. Trois zones sont déjà présentés comme les lieux de confrontation armée : les États baltes, la Mer Noire et l’espace.

Il va de soi que plus la crise économique va s’amplifier, plus les tensions monteront formidablement, d’autant que la Russie n’est pas en reste sur le plan de l’agressivité. Ce sont néanmoins les États-Unis qui sont le plus pressés pour le conflit, parce que derrière ils comptent s’occuper de la Chine, et le Royaume-Uni est sur la même longueur d’onde, comme le montre le long document stratégique « Global Britain in a competitive age« .

Les velléités impérialistes ne se cachent en fait même plus… le temps presse pour eux, la crise du capitalisme donne le rythme, elle impose la fuite en avant dans la guerre comme espoir de solution.

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Un pas immense vers la guerre: le Royaume-Uni augmente de 40% son stock d’armes atomiques

Le projet stratégique « Global Britain in a competitive age » est clairement sur la ligne américaine la Chine d’accord, la Russie d’abord.

On le sait trop peu, mais le symbole de la paix ou du mouvement pacifiste en général, ou bien des hippies mêmes, est le logo de l’organisation britannique anti-nucléaire CND – Campaign for Nuclear Disarmament (Campagne pour le désarmement nucléaire), fondé en 1957.

Ce mouvement est historiquement très fort, dans un pays qui comme la France insiste particulièrement sur sa force de frappe. Mardi 16 mars 2021, le premier ministre Boris Johnson a annoncé des mesures très importantes et très graves à ce sujet, dans le cadre du long document stratégique « Global Britain in a competititve age ».

Ce projet de « Grande-Bretagne mondiale dans une époque de compétition » est l’officialisation du choix stratégique fait avec le BREXIT : la Grande-Bretagne se replie sur les restes de son empire en alliance directe et ouverte avec les Etats-Unis. Le premier voyage post-BREXIT du premier ministre sera ainsi en Inde en avril.

D’ailleurs, le document « Global Britain in a competititve age » fait de la zone Indo-Pacifique « le nouveau centre géopolitique du monde ». Mais il dresse les mêmes constats et priorités que le nouveau président américain Joe Biden. La Chine est présentée comme un « défi systémique » et il y a encore clairement trop de liens économiques pour une rupture.

La Russie est par contre, comme chez Joe Biden, « la menace directe la plus aiguë pour le Royaume-Uni », avec « tout un spectre de dangers », à qui il faut donc régler le compte. D’où la hausse très importante des investissements militaires pour la modernisation des troupes, et le passage des missiles ICBM lancés depuis les sous-marins, les « Trident », de missiles Trident de 180 à 260. En fait, il devait y avoir une réduction à 180 : celle-ci est interrompue et au contraire on passe à une augmentation du stock.

Histoire de forcer le trait, le document « Global Britain in a competititve age » explique également qu’il est:

 « probable qu’un groupe terroriste parvienne à lancer avec succès une attaque chimique, biologique ou nucléaire d’ici à 2030. »

Le document de 114 pages est disponible en pdf sur le site du gouvernement britannique

Dans l’introduction au document, Boris Johnson souligne également l’importance de la campagne COVAX visent à fournir en vaccin tous les pays du monde sous l’égide de l’ONU : il s’agit en fait très clairement d’une campagne anglo-américaine (avec à l’arrière-plan Pfizer et AstraZeneca).

De toutes façons Boris Johnson dit également très clairement qu’un nouveau chapitre historique s’est ouvert avec le BREXIT, pas moins. Le document explique que le Royaume-Uni doit devenir une « superpuissance scientifique et technologique » en 2030, en « attirant les meilleurs et les plus brillants du monde entier » au moyen d’une nouvelle politique de visas.

Rien que le fait d’être en mesure de réaliser 114 pages de stratégie détaillée pour les années à venir, en visant une position parmi les premiers pays capitalistes, montre l’agressivité du Royaume-Uni, qui est clairement partie prenante de manière très volontaire dans la tendance à la guerre.

La ligne conflictuelle, pour être aussi aisément assumée, montre bien ce qui nous attend. Et ce serait une formidable contribution à la paix dans le monde que de faire basculer la France, cette puissance déchue en perdition. Soit l’extrême-Droite triomphe pour relancer la France au combat pour le repartage du monde, soit on se débarrasse enfin du militarisme et des monopoles démantelant le tissu social du pays.

Reste évidemment à faire en sorte que la classe ouvrière française sorte de son indifférence…

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Toulouse: la CGT critique Macron, mais ne critique pas les exercices militaires…

Emmanuel Macron s’est rendu à Toulouse le 12 mars 2021 à l’occasion de l’exercice militaire de guerre spatiale, AsterX. La CGT en a profité pour se mobiliser et a produit un communiqué. C’est très intéressant, car on retrouve le discours syndicaliste révolutionnaire traditionnel de la CGT, un discours d’autant plus libre qu’il y a une forte tradition anarchiste toulousaine. Et c’est d’autant plus frappant qu’il est parlé de « guerre anti-sociale » d’Emmanuel Macron, mais il n’est pas dénoncé une seule fois l’exercice militaire lui-même !

Cela en dit vraiment long sur le syndicalisme dans sa nature et sur le sens corporatiste de cette mobilisation. Aussi sensées soient les exigences sociales de la CGT, elles prennent bien soin de s’insérer dans une contestation ne remettant surtout rien en cause du capitalisme, malgré les apparences. Même la marche à la guerre est acceptée, puisqu’elle n’est même pas évoquée alors que c’était pourtant l’objet même de la visite !

Voici le communiqué :

 » Macron, le chef de guerre anti sociale à Toulouse vendredi

La CGT en première ligne pour relever le défi de la résistance et pour gagner la transformation sociale !!

« Nous sommes en guerre »,c’est bien la seule formule sincère de la part de Macron depuis le début de son mandat.

A condition bien sûr de décrypter le message : de qui parlait il ?

La Haute-Garonne comme toute l’Occitanie lèvent le voile. Macron parlait bien de son camp, celui des riches et de leur cible, les salariés et notre jeunesse à sacrifier sur l’autel des profits et de l’argent roi !!

Les suppressions massives d’emplois dans tous les secteurs et notamment notre industrie de pointe fortement présente dans notre région est un scandale d’Etat portant atteinte à la souveraineté nationale par le démantèlement de l’appareil productif. Il en est de même de nos services publics. Notre jeunesse qui fait la queue devant la banque alimentaire et les associations pour survivre, c’est un recul de l’humanité de plus d’un siècle, c’est criminel!

Ces derniers jours, après Bosch en Aveyron, la dernière en date est T Systems à Toulouse, une filiale du groupe Deutsche Telekom , elle laisse tous les salariés sur le carreau en ne renouvelant pas son contrat avec Airbus qui de son côté, va délocaliser cette sous traitance informatique en Inde ! Chaque jour, un article de presse relate les mauvais coups envers les salariés en Haute-Garonne et plus largement en Occitanie.

STOP, la résistance, la contre offensive et la gagne sont entre les mains des salariés, il n’y a pas d’alternative!

La CGT visible, convaincue et convaincante, qui leur parle haut et clair est leur force et leur outil commun. C’est et c’est vendredi à Toulouse!!

A la CGT 31, nous avons décidé de faire de l’année 2021, l’année de l’emploi et de tous les droits et combats qui s’y rattachent (salaires, 32 heures , droits sociaux….). Chaque jour, un secteur se mobilise sur cette question et bien d’autres. IL faut amplifier le mouvement en ancrant la lutte dans toutes les entreprises et services publics !

Ce vendredi Macron vient à Toulouse et doit se rendre au Centre national d’études spatiales sur la matinée.

APPEL, vendredi 12 Mars, rassemblement à partir de 10H
entrée de la Fac Paul Sabatier (métro université)

Le bureau de l’UD CGT 31″

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Militarisme: la France réalise le premier exercice militaire spatial européen

La France contribue à la tendance à la guerre, et en premier lieu dans l’espace.

La militarisation de l’espace est un aspect essentiel de la tendance à la guerre. Et la France est au premier rang ici avec un exercice militaire spatial, le premier d’un pays de l’Union européenne. L’exercice a été présenté comme suit :

« Piloté par le Commandement de l’espace (CDE) de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE), cet exercice tactique et opératif d’entraînement aux opérations spatiales militaires se déroule au Centre national d’études spatiales (CNES) à Toulouse.

AsterX rassemble une cinquantaine de participants dont les experts opérationnels des différentes unités du CDE : le Centre de commandement et de contrôle des opérations spatiales (C3OS) de Paris, le Centre militaire d’observation par satellite (CMOS) de Creil, et le Centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux (COSMOS) de Lyon. »

Le nom ridicule de l’exercice, qui vise à le rendre « sympathique » par la référence à la bande dessinée Astérix avec ses Gaulois beaufs, fait également référence au premier satellite français, Astérix, lancé en 1965. Ce nom choisi en 1965 fut choisi pour masquer le nom initial, A-1, pour Armée-1.

Le satellite Astérix n’avait en effet qu’une seule fonction : fournir des données sur son lanceur mis en place par le Centre interarmées d’essais d’engins spéciaux. On est ici dans le développement des missiles balistiques inter-continentaux, en parallèle avec la recherche spatiale, l’un n’allant pas sans l’autre.

Désormais les choses sont encore plus ouvertement assumées. Le colonel Christophe Michel, directeur de l’exercice « AsterX 2021 », a harangué ses troupes lors de l’inauguration de l’exercice, qui dure du 8 au 12 mars 2021, en concluant de la manière suivante :

« Vous êtes des combattants du spatial. »

C’est totalement fou : les militaires présentent ouvertement leur bellicisme et il n’existe strictement aucune opposition à ce niveau. Cet exercice est d’ailleurs un vrai wargame. Les quatre jours d’exercices résument quatre semaine de bataille spatiale, avec 10 000 objets spatiaux, 5 applicatifs opérationnels,18 événements spatiaux.

Il n’est nul besoin de préciser que la principale cible d’un tel wargame est la Russie. Officiellement, ce n’est pas dit tel quel :

« Le scénario spécialement imaginé va s’intensifier : sur un continent fictif, une crise géopolitique prend progressivement de l’ampleur entre deux régions. L’objectif : surveiller l’activité et répondre aux possibles attaques spatiales. »

Sauf que dans le scénario, la France n’est pas l’une de ces deux régions : elle a une alliance avec l’un des deux protagonistes et intervient pour l’épauler. D’où on l’aura compris la présence de représentants de l’armée américaine – de la Space Force mise en place par Donald Trump – pour assister au wargame, avec à l’arrière-plan la ligne du nouveau président américain Joe Biden de briser la Russie avant de s’attaquer à la Chine. Des représentants allemands sont également présents.

D’ailleurs, le Commandement de l’espace de l’armée de l’Air et de l’Espace – c’est le nom officiel depuis 2020 – centralise ses forces à Toulouse, lieu du wargame, et dans cette même ville va s’installer dans les deux ans le Centre d’excellence de l’OTAN pour le domaine spatial. C’est là une chose inacceptable et ce serait un suicide de la Gauche que de ne pas combattre la mise en place d’un tel centre.

Et il n’est guère difficile de deviner ce qui se trame : il y a la volonté d’affronter la Russie dans des domaines bien précis. Il faut également se rappeler de la récente provocation militaire française dans la région de la mer noire. Tout se tend de plus en plus et la France est en première ligne dans la militarisation, dans la mise en place des perspectives concrètes de guerre.

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1 830 milliards de dollars de dépenses en armement en 2020

La crise n’a pas freiné du tout la poursuite de la course aux armements, bien au contraire.

Les dépenses en armement avaient atteint 1,85 % du PIB mondial en 2019, en 2020 cela a consisté en 2,08 % du PIB mondial. Naturellement, le PIB mondial s’est contracté avec l’ouverture de la crise, alors il faut regarder les chiffres eux-mêmes. On voit alors qu’on a 1 830 milliards de dollars de dépenses militaires, soit… 3,9 % de plus que l’année précédente. La folie continue.

C’est il est vrai une croissance moindre qu’entre 2018 et 2019, avec 4,4 %, mais cela n’est qu’un très léger ralentissement de la croissance des dépenses militaires. Mais cela ne change rien au fond et même, l’explosion des tensions aboutit au même phénomène qu’avant les première et deuxième guerres mondiales. Chaque protagoniste cherche à ne pas présenter toutes ses cartes.

Concrètement, on doit en fait considérer qu’il y a une accélération de ces dépenses, en sachant qu’il est très difficile d’en cerner les contours. Si du côté américain, les 738 milliards de dollars de dépenses sont relativement clairs, bien qu’une partie soit clairement opaque, c’est encore plus vrai pour la Chine. Celle-ci dépenses officiellement 193,3 milliards de dollars en 2020 pour les affaires militaires, mais c’est en réalité davantage. Une bonne partie est maquillée.

Cela est vrai d’ailleurs pour tout le monde. Il ne s’agit pas seulement du fait que le complexe militaro-industriel concerne parfois des productions en apparence purement civiles, comme c’est flagrant en Chine. Il s’agit surtout du fait que la guerre du 21e siècle implique un haut degré de professionnalisation et un très haut niveau de technologie.

Ce qui fait que les entreprises travaillant sur l’intelligence artificielle ou les systèmes autonomes ne peuvent aujourd’hui pas travailler avec l’armée, tout en étant intégrées à long terme dans les stratégies militaires. La guerre au Nagorny-Karabagh, avec son emploi stratégique de drones, est un exemple de comment, à un moment donné, l’armée choisit de systématiser une nouvelle option.

Il y a également un autre aspect qui compte, celui de la disponibilité matérielle de ce dont a besoin le complexe militaro-industriel. En apparence, les dépenses militaires françaises (55 milliards de dollars), britanniques (61,5 milliards de dollars), allemandes (51,3 milliards de dollars) et russes (60,6 milliards de dollars) sont sensiblement les mêmes. En pratique, les dépenses russes sont dans leur nature proportionnellement supérieurs, de par l’écosystème monopoliste et les matières premières disponibles, ainsi que des salaires moins élevés.

Cela ne change rien au fait qu’on est sensiblement au même niveau ici et qu’on a d’un côté l’ogre américain, de l’autre la Chine cherchant à lui prendre sa place de superpuissance hégémonique, mais encore très loin derrière. Puis, on a une série de pays puissants, prêts à en découdre, mais obligés d’établir des alliances dans tous les cas. D’ailleurs, les pays européens de l’OTAN sont en moyenne passées de 1,25 % du PIB en 2014 pour les dépenses militaires à 1,64 % du PIB en 2020. L’objectif est de généraliser les 2%.

On a donc une généralisation du militarisme, un approfondissement, une systématisation. C’est la marche à la guerre.

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Vers la guerre contre la Russie

La Chine d’accord, la Russie d’abord : telle est la ligne américaine désormais et la France est de la partie.

Le grand problème des guerres entre grandes puissances, c’est la démagogie qui va avec. La France prétendait lutter en 1914 contre le « militarisme » allemand et après ce serait la paix pour tous, la guerre serait la dernière des guerres, puisqu’il n’y aurait plus de militarisme. L’Allemagne prétendait lutter contre la barbarie tsariste. Et ainsi de suite.

Les choses n’ont pas changé. La propagande est immense contre la Russie, la Chine et la Turquie. Il s’agit de pays dont les régimes sont critiquables, bien entendu, mais cela n’est ici que le prétexte pour la guerre. Si demain l’armée professionnalisée française rentrait dans un petit conflit avec la Turquie, l’appui nationaliste serait immense ! Si demain il y avait une mobilisation contre la Russie, cela serait présenté comme avec l’objectif de « pacifier » l’Europe !

Et la tension monte. Si Donald Trump représentait la ligne du cavalier seul américain contre la Chine, Joe Biden représente la ligne de l’alliance occidentale contre la Russie. Joe Biden vient ainsi d’affirmer que :

« Les États-Unis n’acceptent pas et n’accepteront jamais la prétendue annexion de la péninsule, et nous nous tiendrons aux côtés de l’Ukraine contre les actions agressives de la Russie »

L’annexion est effectivement illégale aux yeux du droit international, même si historiquement la Crimée n’a rien d’ukrainienne. Il est juste de demander le retrait russe. Mais il est évident que c’est là un prétexte. Depuis l’élection de Joe Biden à la présidence américaine, l’offensive propagandiste anti-russe ne cesse pas. Mi-février, l’État estonien a publié une longue analyse dénonçant la Russie, mais aussi la Chine ; il est dit que :

« Toute la population mondiale hors de la Russie est une cible potentielle [des opérations de guerre psychologique montées par la Russie]. »

Il est également dit que grosso modo c’est le moment : l’économie russe a profondément reculé avec la crise, le régime est instable ! D’où la présence de diplomates de l’Union européenne aux manifestations en faveur de l’opposant Alexeï Navalny à Moscou, au début février. Ceux-ci ont été expulsés.

D’où le survol le 17 février 2021 de la mer Noire par la France, au moyen d’un ravitailleur KC-135 et de deux Mirage 2000, une nacelle ASTAC déployée pour établir une cartographie des éléments électromagnétiques… Provoquant une interception russe pour faire repartir les avions concernés.

D’où, également, la présence d’une unité d’artillerie de l’armée américaine en mars en France pour des exercices au camp de Canjuers, dans le cadre d’un exercice avec le  93e régiment d’artillerie de montagne. Ce camp est le plus grand champ en tir d’Europe de l’Ouest, où l’obus BONUS Mk 2 va être présenté.

De tels événements sont extrêmement graves, naturellement. C’est l’expression de la tendance à la guerre, poussée par la crise. Et la France est en première ligne. Elle veut sa part du gâteau dans le repartage du monde. Seuls ceux qui croient en le capitalisme peuvent prétendre qu’on ne va pas inéluctablement à la guerre (à moins qu’un immense mouvement de masse l’en empêche).

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Le fonds européen de Défense (FED) 2021-2027

Le fonds européen de Défense (FED) vise à renforcer la cohésion militaire européenne, avec comme cible la Russie.

Il n’existe pas d’alliance européenne dans le domaine militaire, en raison des intérêts trop divers des différents pays. Cela fait qu’il y a 178 systèmes d’armes différents, 17 types de char différents, etc.

Mais il y a des rapprochements très nets, avec un bloc Allemagne – Espagne – France, par exemple, ce qui implique à l’arrière-plan les Pays-Bas et l’Autriche, voire la Suède.

L’Autriche est un satellite allemand devant se concentrer sur l’espionnage, il y a déjà un corps d’armée germano-hollandais, le consortium germano-néerlandais ARTEC, deux brigades néerlandaises sous commandement allemand, un bataillon de marine allemand sous commandement néerlandais, un projet de frégate de défense aérienne germano-néerlandais, alors qu’il y a déjà une brigade franco-allemande, un escadron de C-130J Hercules franco-allemand, le Système de combat aérien du futur franco-allemand, le char de combat Main Ground Combat System et la patrouille maritime Airborne Warfare Systems franco-allemand, etc.

Tout cela est cependant dépendant d’initiatives bilatérales, ou trilatérales. Mais désormais, en 2021, il y a pour la première fois un fonds européen de Défense (FED), dont le budget est prévu pour jusqu’à 2027.

Ce budget n’est guère élevé ; il est de huit milliards d’euros. Néanmoins, il a une fonction technique et idéologique. Les fonds visent en effet un tiers à la recherche, le reste à des projets concrets, avec comme but de rendre cohérent les activités industrielles militaires européennes d’une part, à renforcer l’interopérabilité des systèmes de défense d’autre part. Ce n’est donc pas rien, puisque cela vise à uniformiser les efforts militaires.

Il y a ainsi déjà le projet de « European Patrol Corvette », une corvette pour la Méditerranée, lancé par la France et l’Italie, rejoints par l’Espagne et la Grèce, qui est concerné par la FED. Il faut pourtant voir un arrière-plan plus marqué par l’hostilité, car il est également absolument clair que l’ennemi désigné par le FED est la Russie.

En effet, les critères pour disposer d’un soutien de la FED sont bien délimités. Il faut au moins trois États membres, mais également l’accord des 27 membres de l’Union européenne… et que cela se passe en particulier dans la coopération avec les pays membres de l’OTAN. On change ici de niveau et on est déjà dans une optique de coordination dans le sens de l’affrontement.

On saisit facilement l’idée : autant les pays européens ne sont guère motivés pour se confronter à la Chine, autant l’idée de faire tomber la Russie, dont ils sont proches géographiquement, est bien plus tentant. C’est d’ailleurs la ligne de Joe Biden que de faire tomber d’abord la Russie, ensuite la Chine.

On comprend que les commentateurs bourgeois des questions militaires parlent de la décennie de tous les dangers. La guerre pour le repartage du monde est une réalité à venir tout à fait claire.