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Législatives 2022 : la Fédération de la Gauche Républicaine comme seul vote utile

C’est le seul choix rationnel si on veut en faire un.

La Fédération de la Gauche Républicaine est le phénomène majeur à gauche ces dernières semaines, si l’on met de côté l’alliance électorale NUPES de Jean-Luc Mélenchon. La Fédération ne se pose pourtant pas de manière antagonique ou concurrentielle à la NUPES, mais c’est tout à fait flagrant si l’on voit les choses de manière historique. Alors qu’en effet Jean-Luc Mélenchon a adopté le populisme et n’hésite pas à s’agripper à tout et n’importe quoi afin de grappiller des points, la Fédération a une démarche extrêmement posée, rationnelle, tout à fait dans la tradition socialiste historiquement.

Comme la Fédération présente de nombreux candidats aux élections législatives 2022, il est évident que cela représente par conséquent un pôle tout à fait intéressant, vers lequel on peut se tourner avec sincérité et intelligence. Cela ne veut pas dire naturellement qu’il faille faire un tel choix. Les limites de la Fédération sont patentes : elle ne parle ni de l’OTAN et de la menace de guerre généralisée, ni des animaux, ni de la société de consommation comme aliénant et exploitant au maximum les travailleurs.

Cependant, il est évident qu’en même temps seule la Fédération propose un ancrage rationnel de la Gauche dans la société française. Voici comment la Fédération présente elle-même sa perspective :

Dans plus d’une centaine de circonscriptions, nous partons sous nos couleurs pour défendre les thèmes qui nous sont chers et qui, de notre point de vue, sont aujourd’hui insuffisamment défendus dans le débat public : la priorité absolue à l’Éducation nationale, la défense des services publics, l’égalité entre les territoires, la réindustrialisation du pays, la promotion du « Made in France », la défense vigilante de la laïcité, la sortie du pétrole avant 2040, la souveraineté alimentaire, l’indépendance de la France.

Nous voulons ainsi proposer aux électrices et aux électeurs de renforcer le camp républicain, laïque, attaché aux services publics et à l’État, au réformisme de transformation sociale.

On est ici dans le prolongement de l’approche de Jean Jaurès. S’agit-il d’un jauressisme de droite ou d’un jauressisme de gauche, cela dépend comment on le prend. Si on en reste à l’insistance sur le côté « fait en France », alors on peut se dire que c’est du capitalisme protectionniste et rien d’autre. Si on considère par contre que c’est une affirmation de la cohérence de la société française, contre la décomposition générale, alors cela converge avec le principe du Socialisme.

Il vaut donc tout à fait le coup de porter son regard sur les différents candidats, pour voir de quel côté ils tendent, et ainsi le cas échéant voter pour eux. Voire même, on peut tout à fait être enclin à considérer que la Fédération, aux législatives 2022, est une partie de la solution et non du problème. Il y a quelque chose ! Si c’est au niveau des défis de l’Histoire est une autre question.

Il est en tout cas évident que l’apolitisme anti-électoraliste est totalement faux, tout comme l’est l’engouement pour la NUPES. Ce qui compte, c’est la rationalité, l’organisation, le niveau de conscience. C’est le b-a-BA du Socialisme.

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Très violentes querelles intestines antifascistes à Lyon

Ce sont des événements graves.

C’est une expression de toxicité tout à fait propre à une période catastrophique pour la Gauche. A Lyon, ville où l’extrême-Droite est très active et violente notamment en centre-ville, il s’est formé plusieurs structures antifascistes, qui ont connu ces derniers jours des querelles intestines qui auraient pu extrêmement mal se terminer. C’est une expression très grave de décomposition.

Le communiqué suivant d’organisations lyonnaises raconte cela, avec exactitude. Néanmoins, il faut bien voir que le communiqué en question est totalement apolitique, s’empressant en même temps d’opposer les méchants – les « groupes autonomes », aux gentils, les « militant·es du mouvement social lyonnais ».

Car ce dont il s’agit ici, c’est somme toute au fond un affrontement entre d’un côté des antifascistes « constructifs » mais n’ayant pas d’ambition révolutionnaire et oeuvrant au « mouvement social », à l’instar de Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune Garde de Lyon et se présentant désormais aux législatives de juin 2022 dans cette ville en soutenant ouvertement Jean-Luc Mélenchon… Et de l’autre des antifascistes pour qui l’antifascisme est une subversion sur un mode d’ultra-gauche, ciblant spécifiquement l’extrême-Droite et la police, cherchant en permanence le débordement.

Un tel affrontement alors que la France est dans l’OTAN et de fait impliquée, même si indirectement encore, dans une guerre conventionnelle avec le conflit Russie-Ukraine, montre bien qu’il y a un problème à la base, un trop grand décalage avec le réel et son cours.

« Information publique sur plusieurs agressions contre des militant·es de la Jeune Garde et des militant·es du milieu antifasciste à Lyon

Lyon, le 20 mai 2022

Le milieu militant antifasciste et plus largement luttant contre l’extrême droite et ses idées est secoué depuis quelques semaines par une vague d’agressions, perpétrées non pas par un groupuscule fasciste mais par des militant·es se revendiquant elles et eux-mêmes de l’antifascisme. À Lyon, Paris, et ailleurs, ces agressions blessent déjà, menacent des manifestations, remettent en cause des initiatives unitaires.

Des versions mensongères ou approximatives des faits sont propagées par les auteur·rices des agressions, cherchant à aggraver la crise. Au contraire, pour les organisations lyonnaises signataires de ce texte, l’urgence est au rétablissement du calme, à l’exposition claire des faits, à la condamnation des agressions et à la désescalade. L’heure est également à la remise en cause des pratiques virilistes dans les milieux antifascistes sur des bases féministes claires.

Nous analysons aujourd’hui que nous devons collectivement et clairement communiquer sur les faits qui se sont déroulés et ne pas laisser les réseaux sociaux être envahis par des versions des faits mensongères ou approximatives. Nous espérons que cette communication clarifiera à Lyon et dans les autres villes l’origine de la crise, ses tenants et aboutissants, éclairera les nécessaires prises de position, et nous permettra ensuite de reprendre notre lutte contre l’extrême droite et pour de nouvelles conquêtes sociales.

Le contexte

Nous nous sommes jusque là abstenu de toute communication publique, compte tenu de la procédure de dissolution qui visait la GALE, afin de ne pas donner prise à une instrumentalisation répressive par le gouvernement. De plus, nous n’avons pas comme pratique de diffuser des conflits sur les réseaux sociaux, ceci pour ne pas donner d’éléments à nos ennemis et à la police.

Les agressions par des groupes autonomes, en particulier la GALE, contre les militant·es du mouvement social lyonnais ne sont pas nouvelles : le 1er mai 2021 contre des militant·es CGT et de l’intersyndicale, en juin 2021 contre un militant LFI qui avait dû être exfiltré d’une manifestation, pour ne citer que les événements les plus récents.

Malgré ces pratiques détestables, nos organisations n’ont jamais considéré que le gouvernement puisse être un « arbitre » face à de telles pratiques, et nous nous sommes opposé·es à la procédure de dissolution visant ce groupe et avons participé au rassemblement de soutien et l’avons fait connaître.

La vague actuelle d’agressions a démarré après la manifestation du 16 avril 2022 et cible des militant·es de la Jeune Garde. La Jeune Garde est une organisation antifasciste partenaire d’autres organisations signataires de ce texte dans le cadre du collectif unitaire Fermons les locaux fascistes. À travers la Jeune Garde, c’est avant tout une conception unitaire et populaire de l’antifascisme qui est attaquée. Même si, pour certain·es, les organisations antifascistes Jeune Garde et GALE peuvent sembler proches, les bases politiques ne sont pas les mêmes et la Jeune Garde s’est toujours intégrée dans les collectifs et organisations unitaires.

Les faits des 16 et 17 avril

Alors que la manifestation contre l’extrême droite du 16 avril 2022, organisée par l’organisation unitaire Fermons les locaux fascistes, s’était déroulée sans incident, et que les organisateur·rices et des membres de la Jeune Garde quittaient en groupe la manifestation, un membre de la GALE a pris à partie un membre de la Jeune Garde, en multipliant les insultes sexistes devant de nombreux témoins. Plus tard dans l’après midi, ce même individu et deux autres personnes ont agressé un militant de la Jeune Garde,alors que celui-ci marchait dans la rue avec des amies, elles aussi insultées. Cela a entraîné cinq jours d’ITT (Incapacité Temporaire de Travail) pour le militant agressé.

Le lendemain 17 avril, alors que des membres de la Jeune Garde venaient demander des comptes aux auteur·rices de l’agression, une bagarre a éclaté au cours de laquelle l’agresseur de la veille a dégainé un couteau et tenté à plusieurs reprises de poignarder un militant de la Jeune Garde, heureusement sans succès. Ces faits ont eu lieu devant de nombreux témoins, attablés dans un bar.

Cela n’a pas empêché pour autant la GALE de diffuser une version totalement mensongère des faits, prétendant que des militants de la Jeune Garde avaient agressé une militante féministe antifasciste isolée.

Les faits du 19 avril

Par la suite, à Paris, un des porte-paroles de la Jeune Garde a été pris à partie sur la foi de cette version mensongère par des militantes de la CFA (Coordination féministe antifasciste, dirigée par une ancienne militante de la GALE) accompagnées par des militants de l’AFA Paris Banlieue. Pourtant, ce porte-parole n’était pas présent lors des faits des 16 et 17 avril.

Une altercation entre les militants de la Jeune Garde et la CFA s’en est suivie au sortir d’une conférence. Une femme de la Jeune Garde s’est vue rouée de coups par 6 femmes de la CFA tandis que les autres camarades tentaient de s’interposer pour temporiser la situation. Deux militants de l’AFA Paris Banlieue ont été reconnus, portant chacun un protège-dents. Il ne s’agissait donc pas d’une situation involontaire mais bien d’un guet-apens, étant donné que les militants étaient préparés pour l’affrontement.

Les faits du 1er mai

Le 1er mai, une nouvelle étape a été franchie. Alors que la manifestation lyonnaise s’était déroulée sans incident, la GALE, assistée par des personnes venues pour l’occasion de Paris et d’ailleurs, appartenant à la CFA, à l’AFA Paris Banlieue ou en étant proches, a agressé une militante de la Jeune Garde en pleine fête de quartier où se trouvaient de nombreuses familles avec enfants.

Les autres militant·es de la Jeune Garde présent·es ont défendu leur camarade, et s’en est suivie une violente bagarre pendant laquelle plusieurs personnes, y compris extérieures aux groupes cités, ont été blessées.

Si la confusion et la méconnaissance des différents groupes expliquent que certaines personnes sur la place n’ont pas compris l’origine de la bagarre, le déclencheur, à savoir l’agression initiale, ne fait aucun doute, celle-ci ayant été filmée. De même, si l’arrivée tardive et en groupe de la Jeune Garde sur la place a pu être interprétée comme une préparation à la bagarre, les témoignages que nous avons recueillis indiquent que c’est la GALE et ses allié·es qui ont tendu une embuscade et ont provoqué par texto la Jeune Garde. La Jeune Garde a donc rejoint la place en sachant qui s’y trouvait mais en espérant que le bon sens l’emporterait.

Plus tard dans l’après-midi et ailleurs dans Lyon, des militant·es de la Jeune Garde ont été attaqué·es de nouveau par ces mêmes agresseur·euses, équipé·es de casques et armé·es de bombes lacrymogènes et de bâtons, à 15 contre 7, heureusement sans faire de blessé·es. Ils et elles avaient auparavant essayé de tendre un guet-apens au domicile d’un militant de la Jeune Garde, sans succès.

Simultanément, à Paris, des membres de l’AFA Paris Banlieue ont proféré pendant la manifestation des menaces de mort contre des membres de la Jeune Garde.

Les faits depuis le 1er mai 2022

L’agression du 1er mai à Lyon montrant que les risques d’attaque physique des membres de la Jeune Garde par des membres de la Gale sont importants, des précautions extraordinaires sont désormais prises.

De ce fait, la Jeune Garde fait le choix difficile de ne pas se rendre à certains évènements politiques auxquels elle est pourtant invitée dans le but d’éviter toute situation de confrontation dans des moments où l’unité et la cohésion sont nécessaires pour notre camp politique. Autre exemple, l’hommage annuel à Clément Méric, militant antifasciste assassiné le 5 juin 2013, ne pourra pas se tenir cette année à Lyon dans des conditions normales et les organisations signataires sont encore en train d’en chercher les modalités.

Face à cette situation, la Jeune Garde a cherché la désescalade et un règlement politique de la situation notamment en faisant appel au collectif Fermons les Locaux Fascistes. C’est également en ce sens que nous avions diffusé une première interpellation en interne de certaines de nos organisations nationales, afin d’éviter tout étalage de telles pratiques sur les réseaux sociaux et de mettre fin à de tels actes inacceptables.

Mais suite à cette interpellation, de nouveaux faits graves se sont ajoutés de la part de proches de la GALE et de la CFA. Tout d’abord, une version mensongère des faits a été diffusée sur les réseaux sociaux par la CFA, et reprise à leur compte – sans susciter de réaction de la CFA et de la GALE – par les médias d’extrême droite.

Puis, des comptes créés par des proches de la GALE ont diffusé le 16 mai 2022 l’adresse d’un militant de la Jeune Garde Lyon sur les réseaux sociaux, en invitant les fascistes à s’en servir. Il est à noter que ce militant était lui aussi absent les 16, 17 avril et 1er mai. Cela a contraint le militant à quitter son domicile pour une durée indéterminée.

La proximité des comptes en question et de la GALE ne fait aucun doute au vu de certains messages, dont nous avons gardé trace. Enfin, démontrant bien la non prise en compte réelle des questions féministes, un enchaînement de propos et injures sexistes a eu lieu sur les réseaux sociaux.

Nos conclusions

Il y a une volonté manifeste de nuire, comme en témoigne un certain nombre de messages sur les réseaux sociaux. Celles et ceux qui perpétuent ces agressions ne peuvent plus se revendiquer du même antifascisme que nous. Car à qui profitent de tels actes si ce n’est au pouvoir en place et aux fascistes, qui marquent régulièrement Lyon de leurs violences ?

Les organisations signataires de ce texte dénoncent les comportements virilistes de la part de la GALE et de ses allié·es. Elles appellent à un travail en profondeur sur le virilisme dans l’ensemble du milieu antifasciste, y compris dans les organisations signataires. Nous rejetons également toute instrumentalisation de nos luttes et de nos modes de dénonciation des violences sexistes et patriarcales.

Nous déplorons les amalgames qui sont faits entre « agression » et « autodéfense ». Il faut le rappeler : à Lyon, une partie du mouvement autonome antifasciste s’est rendu coupable de pratiques d’intimidation, d’insultes et de comportements virilistes visant, et subis par, les féministes lors de manifestations féministes récentes.

Les organisations signataires, qui mènent depuis de nombreuses années une activité soutenue contre l’extrême droite, invitent à :

-dénoncer avec la plus grande fermeté ces agissements ;

– réfuter les versions mensongères des évènements ;

– ne pas s’allier avec des individus soutenant ces agressions et ces méthodes ;

– remettre en question la culture du virilisme dans les milieux antifascistes qui entretiennent des rivalités délétères.

Organisations lyonnaises ou du Rhône signataires : Alternatiba, EcoDéfense, Ensemble !, Jeune Garde, La France Insoumise, MeTooLyon, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti Communiste Français, Parti de Gauche, Section Départementale FSU, Union Communiste Libertaire, Union Départementale CGT, Union Départementale Solidaires, Unité Communiste »

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Législatives 2022 :  la Fédération de la Gauche Républicaine aura une centaine de candidats

C’est l’espoir d’une nouvelle impulsion à gauche.

Voici le communiqué de la Fédération.

« Nous serons présents et mobilisés dans le débat démocratique des élections législatives

Au deuxième tour de l’élection présidentielle, nous avons écarté le danger Le Pen. Aux élections législatives, nous pouvons faire échec à Emmanuel Macron. Jamais la gauche n’a gagné sans rassemblement.

Mais jamais le rassemblement ne s’est opéré au moyen de candidatures uniques dans toutes les circonscriptions ! La gauche unie n’est pas la gauche unique. L’expression de la diversité politique reste salutaire dans une démocratie, et souvent efficace électoralement.

C’est la raison pour laquelle la Fédération de la Gauche Républicaine sera présente dans le grand débat démocratique que constituent les élections législatives. 

Dans plus d’une centaine de circonscriptions, nous partons sous nos couleurs pour défendre les thèmes qui nous sont chers et qui, de notre point de vue, sont aujourd’hui insuffisamment défendus dans le débat public : la priorité absolue à l’Éducation nationale, la défense des services publics, l’égalité entre les territoires, la réindustrialisation du pays, la promotion du « Made in France », la défense vigilante de la laïcité, la sortie du pétrole avant 2040, la souveraineté alimentaire, l’indépendance de la France.

Nous voulons ainsi proposer aux électrices et aux électeurs de renforcer le camp républicain, laïque, attaché aux services publics et à l’État, au réformisme de transformation sociale.« 

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Raphaël Arnault candidat aux élections législatives 2022 à Lyon

Raphaël Arnault a quitté le rôle de porte-parole de la Jeune Garde, un mouvement de jeunesse contre l’extrême-Droite, il y a quelques jours sans dire pourquoi, et lundi 16 mai 2022 il a informé qu’il était candidat aux élections législatives à Lyon.

Cet ancien membre du Nouveau Parti Anticapitaliste se lance dans la campagne en saluant la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES), en souhaitant la renforcer, mais en refusant le choix de celle-ci d’investir le député sortant Hubert Julien-Laferrière, de Génération Ecologie et ancien membre du parti présidentiel d’Emmanuel Macron, La République En Marche.

On peut ainsi dire que la Jeune Garde soutient la NUPES ou du moins une de ses tendances internes, parce qu’il n’y a aucun moyen qu’un tel projet se lance du jour au lendemain. C’est alors qu’il était le porte-parole de la Jeune Garde qu’il s’est lancé dans le projet. Le discours proposé est d’ailleurs celui de la Jeune Garde : de gauche, sympathique, mais sans aucune affinité ni lien intellectuel ou culturel avec le mouvement ouvrier. Raphael Arnault ne parle ni de classe ouvrière, ni de Socialisme, ni d’ailleurs d’antifascisme, ni de guerre pour le repartage du monde, etc.

L’ennemi, c’est le « libéralisme », la base c’est le mouvement associatif, les revendications sont réformistes sociales, etc.

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Suite et fin de la polémique entre le NPA et Lutte Ouvrière

Deux courriers closant la question.

A la suite de la polémique lors du meeting en mémoire du dirigeant du Nouveau Parti Anticapitaliste le 30 avril 2022, Lutte Ouvrière a fait une réponse, à quoi le NPA a répondu, témoignant d’une vraie cassure. Il n’y a d’ailleurs plus de « salutations révolutionnaires ».

La lettre de Lutte Ouvrière.

Lettre adressée au NPA en réponse à sa lettre du 5 mai

Chers camarades,

Dans votre lettre du 5 mai, vous osez qualifier notre intervention à votre réunion d’hommage à Alain Krivine, de « provocation irrespectueuse », comme si le fait de formuler une appréciation politique aurait été inconvenant. C’est pour le moins étonnant.

Vous saviez que si nous intervenions au cours de cette réunion, bien distincte des obsèques qui avaient eu lieu un mois plus tôt, notre hommage à Alain Krivine ne pourrait qu’avoir un contenu politique critique. Nous en avions discuté au préalable, et vous en étiez d’accord. L’appréciation politique formulée par Michel Rodinson en notre nom au cours de son intervention ne pouvait d’ailleurs vous surprendre, puisque nous avons eu bien des occasions de l’exprimer dans le cadre de nos relations.

Libre à vous de considérer que cette intervention était une dénonciation « au vitriol », ou de lui attribuer une tonalité « insultante et méprisante », ce qui n’était nullement le cas. Chacun peut évidemment en juger en lisant le texte de cette intervention ou en en regardant l’enregistrement vidéo.

L’essentiel pour nous est dans les considérations politiques qu’elle contenait et qui à notre avis méritaient autre chose que les hurlements par lesquels une partie de la salle les a accueillies. Nous discutions d’une orientation de fond de votre courant politique, dont Alain Krivine a été longtemps un inspirateur et dont, soit dit en passant, votre orientation actuelle dans les élections ne peut être séparée.

Y compris par respect pour la mémoire d’Alain Krivine, nous ne pouvions que formuler nos appréciations. Elles avaient tout à fait leur place dans une réunion au cours de laquelle différentes tendances s’exprimaient. Quant à la discussion qu’elles méritent, elle ne peut pas être remplacée par des cris d’orfraie.

En ce qui nous concerne, nous retiendrons de votre lettre qu’une critique de vos orientations s’assimile pour vous à une provocation. C’est du moins le cas quand cela vient de nous car il n’en est visiblement pas de même quand cela vient d’autres bords politiques, puisque la même salle a applaudi sans problème diverses personnalités qui ont été formées par la LCR avant de l’abandonner pour mener soit une carrière, soit même une autre politique.

Nous savons que la confrontation politique est parfois rugueuse, comme vous le notez d’ailleurs. Visiblement, votre épiderme ne ressent pas cette rugosité de la même façon suivant le coté d’où elle vient. Nous le regrettons, surtout pour vous, mais nous n’avons aucune raison de nous en excuser et cela ne peut évidemment en rien modifier nos opinions.

Pour nous, un comportement digne du mouvement ouvrier révolutionnaire consiste à formuler les critiques, à confronter honnêtement et sans concession les points de vue des uns et des autres pour en tirer les leçons, sans chercher à les noyer sous des cris ou des sifflets.

La façon dont vous nous avez accueillis et dont vous réagissez ne change cependant rien à l’invitation à venir à notre prochaine fête et à y débattre avec nous, si vous le souhaitez. Nous pouvons dans ce cas vous assurer que vos représentants y seront comme d’habitude bien accueillis, de façon fraternelle et bien mieux en tout cas que vous n’avez accueilli le nôtre en cette réunion du 30 avril.

Bien cordialement,

Le 7 mai 2022,Le Comité exécutif de Lutte Ouvrière

La réponse du NPA.

Réponse du NPA au courrier de Lutte ouvrière du 7 mai

Camarades,

Nous prenons acte de la réponse que vous nous avez faite (et rendue publique), suite au courrier que nous vous avions adressé quelques jours plus tôt. Pour tout dire, nous trouvons cette réponse tout aussi choquante que l’intervention que vous vous êtes permis de faire lors de l’hommage à Alain Krivine.

D’abord parce que vous justifiez dans votre courrier de ne pas avoir respecté le cadre proposé. Le fait que les obsèques aient eu lieu quelques semaines plus tôt ne change absolument rien au fait qu’il s’agissait bien d’une réunion dont l’objectif était de rendre hommage à notre camarade disparu.

Si rendre hommage ne vaut pas quitus d’une orientation et des nuances ou francs désaccords que l’on peut avoir, vous reconnaîtrez qu’il y a une différence à faire entre, d’une part, la façon dont on s’exprime dans ce type de cadre et, d’autre part, les débats que nous pouvons avoir régulièrement dans le cadre de votre fête annuelle ou de notre université d’été.

Le contenu même du texte lu par Michel Rodinson au nom de Lutte ouvrière (1/5e d’hommage à Alain, et 4/5e de polémique avec notre courant politique, jusqu’à la période actuelle pour laquelle Alain n’a aucune responsabilité) illustre d’ailleurs bien le peu de soucis que vous avez eu de rendre hommage à notre camarade, et la façon dont vous le justifiez dans votre courrier nous navre une nouvelle fois.

De plus, comme vous le savez pertinemment, à la différence de ce que vous écrivez dans votre courrier, nous n’avons aucun problème avec le fait de discuter, y compris publiquement, de notre orientation. Nous le faisons d’ailleurs bien plus régulièrement que vous, dans différents cadres unitaires, et y compris avec vous lorsque vous nous y invitez.

Nous voulons d’ailleurs rappeler ici que nous vous avions écrit mi-avril pour vous proposer une discussion autour de la situation et de la question des législatives… proposition de rencontre que vous aviez alors décliné.

Vous savez donc que la question n’est pas là, mais bien dans la façon dont vous vous êtes servis en toute conscience du cadre d’un hommage militant sans autre considération que de polémiquer contre notre courant.

Et à cette erreur d’appréciation politique s’ajoute maintenant l’incorrection militante, avec dans votre dernier courrier la critique des autres invité.e.s venus, eux, rendre véritablement hommage à Alain Krivine.

Enregistrant votre fuite en avant et votre incapacité à prendre le moindre recul sur votre attitude le samedi 30 avril (sans même parler de regrets), nous vous informons donc que, au vu de la nature de nos relations actuelles, les conditions ne sont pas réunies pour que le NPA participe cette année à votre fête.

Cela signifie que, contrairement aux années précédentes, notre organisation ne tiendra pas de stand dans l’espace politique, et que personne ne participera au nom du NPA au débat que vous nous avez proposé.

Pour faire le point sur l’état de nos relations, nous vous proposons de nous rencontrer prochainement.

Le comité exécutif du NPA, le mercredi 11 mai 2022

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La Gauche 3R et l’alliance électorale NUPES

La distinction est importante.

La création de l’alliance électorale « NUPES » par Jean-Luc Mélenchon a provoqué une onde de choc dont on cerne mal encore l’impact historique. Il reste néanmoins que cela provoque un regain d’affirmation d’une partie de la Gauche qu’on va qualifier de 3R : rationaliste, réformiste, républicaine.

C’est indéniablement une bonne chose. Il ne sera rien construit en France à gauche sans des gens rationnels, voulant établir une base programmatique. On peut bien entendu discuter du programme. Cependant, pour cela il faut déjà pouvoir discuter à ce niveau. Vous imaginez-vous pouvoir discuter du programme avec Jean-Luc Mélenchon ? Certainement pas.

Le rêve de Jean-Luc Mélenchon, c’est de faire comme le président vénézuélien Hugo Chávez au début du 20e siècle avec son émission de télévision Aló Presidente, où des gens appellent et le chef fait une réponse spontanée, et bien souvent prolongée, dans un grand étalement populiste.

La Gauche 3R – rationaliste, réformiste, républicaine – n’a pas du tout ce rêve, qu’elle trouve même foncièrement gênant, voire sortant franchement du cadre de la Gauche. On parle ici de gens qui exigent un certain niveau de conscience, se situant dans la tradition des « socialistes français », en acceptant positivement ce qui s’est passé après 1920, notamment le Front populaire.

C’est même d’ailleurs une référence essentielle, parce que cela ancre les radicaux de gauche dans le camp de la Gauche, de l’antifascisme. Pour cette Gauche 3R en général, d’ailleurs, les radicaux de gauche font partie de la « Maison » parce que la République française peut selon eux être transformée en « République sociale ».

Mais il y a des nuances car certains sont républicains avant d’être rationalistes ou réformistes, d’autres réformistes avant d’être républicains ou rationalistes, etc. Cela fait que sur le plan des idées, on va ainsi de gens foncièrement réformistes et toujours désireux de participer à un gouvernement quel qu’il soit, à des gens espérant sincèrement qu’on en arrive au socialisme par la République. Ces nuances s’expriment ainsi par de multiples appareils politiques.

Sur le plan des organisations, on a la Gauche Républicaine et Socialiste, mais également le Mouvement Républicain et Citoyen, les Radicaux de Gauche – LRDG, la Nouvelle Gauche Socialiste, désormais tous unies dans une Fédération de la Gauche Républicaine ; on a également une partie significative du Parti socialiste. Arnaud Montebourg peut être rattaché à cette approche, c’est d’ailleurs un bon exemple, avec Manuel Valls, de gens « républicains » avant tout.

Et à cette liste il faut ajouter des organisations d’orientation révolutionnaire qui se veulent le prolongement, au sens d’un dépassement de cette position socialiste française : le PRCF, le PCRF, le PCF(MLM), le PCOF. C’est finalement ce qui est appelé la « Gauche programmatique » sur agauche.org, au sens le plus large.

Aussi, ce qui se pose comme question, c’est : l’alliance électorale NUPES va-t-elle anéantir le camp de la Gauche programmatique, ou pas ? Une partie des socialistes ne le veut pas, mais leur option est la sortie par la Droite, soit directement auprès d’Emmanuel Macron comme avec Manuel Valls, ou dans une position de centre-gauche qui n’a rien du tout de socialiste, comme avec François Hollande.

Que vont faire les autres ? C’est là ce qui va être d’une importance historique certaine. La question est ici électorale, mais pas seulement, d’ailleurs elle peut ne pas l’être.

Ce qui compte, c’est l’affirmation d’un espace pour la Gauche programmatique – sans quoi c’est le champ libre au populisme contestataire, à une post-gauche décomposée, se calquant consciemment ou non sur les Démocrates américains et leur fascination pour les « droits individuels » convergeant avec la modernisation du capitalisme.

Nous vivons clairement un moment clef. Il faut le comprendre et ne pas passer à côté des exigences historiques.

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La Convention de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale

Elle s’est tenue le 7 mai 2022.

L’alliance électorale organisée autour de Jean-Luc Mélenchon, dénommée Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale, a tenu sa première grande réunion officielle. Voici le compte-rendu officiel sur le site de Jean-Luc Mélenchon.

On n’y trouve pas les termes de capitalisme, exploitation, aliénation, consommation, bourgeoisie, prolétaires, ouvriers, guerre, pandémie, animaux, socialisme… C’est dire de quoi il s’agit. C’est simplement l’expression d’une bulle, de gens coupés de la réalité car vivant bien au chaud dans l’un des pays les plus riches du monde.

Et on remarquera par contre que l’ensemble de ces termes est habilement contourné, pour satisfaire ceux qui tendraient en cette direction. Il est parlé d’un « système », on ne sait pas lequel précisément, qui « épuise les êtres humains », ce qui est un contournement de l’exploitation et de l’aliénation. Il est demandé la fermeture des « fermes-usines qui sont des sources d’émergences de zoonoses » : s’agit-il de toutes? Est-ce pour les animaux en soi ou pour protéger l’humanité seulement?

Ce flou, ces ambiguïtés, ces contournements montrent qu’il ne s’agit pas seulement d’une bulle, mais aussi d’un rempart contre une montée de la lutte des classes. Cela sert de voie de garage pour les prolétaires. Et pour les bourgeois aussi Jean-Luc Mélenchon a un rôle, il sert de mobilisateur : il serait un bolchevik, voulant instaurer le communisme ! Et ce alors qu’il n’y a même pas de nationalisation de prévu !

Le 7 mai 2022 se tenait la Convention de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale à Aubervilliers.

Manon Aubry a commencé par rappeler que cet événement était historique, avec la présence de représentants de différents mouvements politiques réunis derrière un programme ambitieux pour les élections législatives des 12 et 19 juin. Manuel Bompard a souligné que la Convention marquait officiellement le début de cette campagne et que la victoire était à portée de main.

Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a ensuite appelé les Français à voter pour le programme qui sera proposé par l’Union populaire en juin afin d’aller chercher la victoire ensemble. Aurélie Trouvé a expliqué qu’en envoyant Jean-Luc Mélenchon à Matignon cela permettrait d’avoir la retraite à 60 ans, le SMIC à 1 400€ ou encore le blocage des prix.

Fabien Roussel, secrétaire national du Parti Communiste Français, s’est ensuite exprimé à la tribune pour dire qu’il était possible, grâce à la nouvelle Union populaire, de battre Emmanuel Macron à l’Assemblée nationale et qu’il s’agissait d’un immense espoir pour tous les salariés, les retraités, les familles et la jeunesse.

Le secrétaire national d’EELV, Julien Bayou, a abordé le thème de l’urgence climatique, en expliquant que grâce au programme proposé sous la bannière commune, il sera enfin possible de relever ce défi majeur.

Mathilde Panot a pris la parole pour annoncer que les députés de l’Union populaire nouvellement élus redonneront toute sa dignité à l’Assemblée nationale et en feront un lieu du peuple.

Clémence Guetté a ensuite évoqué le programme, qui constitue la base de l’accord pour une Nouvelle Union Populaire. Elle a indiqué qu’il s’agissait d’un programme de gouvernement avec des marqueurs de rupture pour changer la vie des gens à partir du 19 juin. Plusieurs intervenants sont ensuite revenus sur ces marqueurs forts qui seront partagés pendant la campagne des législatives.

Jean-Luc Mélenchon a enfin prononcé un discours en clôture de la Convention. Il a souligné que c’était une nouvelle page de l’Histoire politique de la France qui était en train de s’écrire. En effet, c’est la première fois dans l’Histoire de France qu’il y a un accord global avec un candidat commun dans toutes les circonscriptions. Il a indiqué que cela doit permettre de rompre avec ce système qui pille la nature et épuise les êtres humains.

Il a appelé à ce que la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale soit une force pérenne qui dure davantage qu’une élection par la camaraderie et la fraternité. Il a précisé que cette Nouvelle Union Populaire était un parlement, que chaque composante aurait un groupe à l’Assemblée nationale et qu’un intergroupe permettra de réunir l’ensemble des forces.

Il a également dit que ce n’est pas qu’un accord électoral. Il s’agit d’un accord programmatique qui pose un acte de résistance collective à une ère de maltraitance sociale, écologique et démocratique qui a été imposée par un pouvoir qui s’est fait élire par la contrainte, sans programme.

Il a rappelé que pour éviter la retraite à 65 ans, la seule manière de faire était d’élire une majorité de députés de l’Union populaire.

Il a souligné la nécessité de relocaliser tout ce que nous pouvons pour ne pas connaître les pénuries de production auxquelles nous expose le système du libre-échange généralisé. Il a également appelé à s’organiser pour faire face aux épidémies, notamment en fermant les fermes-usines qui sont des sources d’émergences de zoonoses.

Il a ajouté que le changement climatique était commencé et irréversible, mais que nous pouvons empêcher le franchissement de nouveaux seuils qui aggraveraient la mise en danger de l’humanité sur les points essentiels, comme le cycle de l’eau.

Sur la question du partage des richesses, il a répété que c’était insupportable de constater, qu’en France, 5 personnes possèdent autant que 27 millions d’autres. Il a rappelé que les inégalités fragilisent nos sociétés parce qu’elles les rendent moins aptes à résister alors qu’au contraire il faut construire une société d’entraide et d’harmonie.

Pour conclure, Jean-Luc Mélenchon a expliqué que l’élection présidentielle n’avait rien réglé puisque Macron était un président sans mandat. C’est pourquoi il appelle à un 3e tours afin de mettre du législatif dans la monarchie présidentielle.

Lors des es élections législatives, pour élire le Premier ministre il faudra voter pour des députés de la nouvelle Union Populaire qui forment une majorité à l’Assemblée nationale. À l’inverse, il a rappelé que le vote pour la Rassemblement national ne servait à rien puisqu’une fois élus, ils ne viennent pas. Par exemple, lors des débats à l’Assemblée sur les retraites, Marine Le Pen était absente.

Les 3h30 de la convention sont en vidéo ici.

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Le PS rejoint Jean-Luc Mélenchon : la tradition « fédérale » du « socialisme français »

On retourne à avant 1905.

Le conseil national du Parti socialiste s’est tenu le 5 mai 2022 au soir à Ivry-sur-Seine, et 167 membres ont voté, après cinq heures de débat, en faveur de l’accord avec Jean-Luc Mélenchon, 101 contre, 24 s’étant abstenus. Le Parti socialiste est donc désormais une composante de la « Nouvelle Union populaire écologique et sociale », aux côtés de La France Insoumise, du PCF et d’EELV, au grand dam d’une partie des socialistes qui comptent présenter des candidats dissidents.

De manière générale d’ailleurs, la tambouille de ces accords, réalisés par en haut sans aucun respect des situations locales, aboutit à nommer des candidats de manière arbitraire, ce qui provoque des remous particulièrement significatifs par endroit.

Cela va être lourd de signification, mais en attendant on peut déjà évaluer cette situation comme un retour à avant 1905, à une époque où le « socialisme français » était à la fois divisé et fondé sur le principe fédéral. C’est un objectif avoué de Jean-Luc Mélenchon.

Le 24 avril 2019, il tenait les propos suivants au sujet d’une « Fédération » alliant Gauche gouvernementale et mouvements sociaux :

« Si l’élection (européenne) nous en donne la force, nous assumerons de nouveau notre responsabilité. Nous proposerons de nouveau une fédération populaire à construire dans les élections suivantes et dans les mouvements écologiques et sociaux. »

Dans L’Humanité du 28 avril 2022, il a de nouveau proposé cette forme fédérative :

« L’Union populaire donne une méthode qui permet à chaque organisation de rester elle-même et au peuple d’entrer en action. Je parle ici d’une fédération, ou d’une confédération. »

Cette proposition de forme fédérale, voire confédérale, mérite qu’on s’y attarde particulièrement. En effet, Jean-Luc Mélenchon a été façonné sur le plan des idées et du style par deux courants : le trotskisme, dans sa variante dite « lambertiste », et la franc-maçonnerie, dans sa variante « Grand Orient ».

Or, tant l’un que l’autre puisent dans le style républicain et « socialiste français » de la fin du 19e siècle, avec une insistance particulière sur le droit de tendance, le droit des minorités, une forme non centralisée, une grande autonomie fédérale. C’était d’ailleurs une époque où c’est la CGT qui donnait le ton avec une démarche syndicaliste révolutionnaire totalement minoritaire dans le prolétariat mais d’autant plus activiste.

La CGT portait justement ces valeurs de « fédéralisme », de « confédéralisme », que le « socialisme français » affectionnait particulièrement en vitupérant contre le marxisme et la social-démocratie allemande, considérés comme « autoritaires » voire dictatoriaux.

A partir de 1905, les choses se sont compliquées avec l’unité des socialistes dans le Parti socialiste SFIO, qui a maintenu cette dimension fédérale, mais où les troubles internes perpétuels ont dévalorisé le principe. L’unité obtenue en 1905 exigeait en effet que soit maintenu un certain cadre.

Lorsque la majorité du Parti socialiste SFIO devint le Parti Communiste SFIC en 1920, elle récusa alors d’autant plus le fédéralisme, au profit du centralisme démocratique, au prix de très nombreuses évictions et expulsions toutefois tellement les traditions du « socialisme français » étaient vivaces.

Si le Parti socialiste SFIO maintenu, avec Léon Blum, maintint le fédéralisme, il exigea toutefois un certain esprit unitaire en même temps. Il en alla de même pour les socialistes réunifiés au congrès d’Epinay de 1971 avec François Mitterrand.

Si l’on regarde les choses ainsi, alors on peut dire : la parenthèse historique du mouvement ouvrier « centralisé », tourné vers le marxisme, prend définitivement fin et on retourne à avant 1905, Jean-Luc Mélenchon étant le fer de lance de l’officialisation de ce grand retour en arrière, le Parti socialiste assument désormais cette direction, tout autant que le PCF, EELV le faisant de manière naturelle.

Avec Jean-Luc Mélenchon, on a le retour à avant 1905, aux différents courants du « socialisme français » rejetant le marxisme tout en en acceptant certains éléments, assumant en large partie le populisme, le substitutisme avec une « minorité agissante », le culte du coup de force par des démonstrations populaires dans les rues censées changer le cours des choses.

C’est, somme toute, une vaste opération de liquidation. Et il va de soi que ni le Parti socialiste, ni le PCF ne peuvent lutter contre une telle tendance, car eux-mêmes ont abandonné leurs propres traditions historiques depuis longtemps maintenant. C’est là que des choses importantes vont se décider.

Soit on arrive à préserver le patrimoine du mouvement ouvrier, on défend le parcours des socialistes et des communistes assumant le Socialisme dans sa version non pas française mais on va dire marxiste, rationnelle, social-démocrate historique… Soit on est balayé par le renouveau du « socialisme français » comme populisme social à moitié syndicaliste révolutionnaire à moitié gouvernemental.

Il va de soi que ce renouveau intégrera, intègre déjà les courants LGBTQ+, de la « déconstruction » antiraciste ou anticoloniale, les syndicats étudiants en mode « ultra », etc. On est ici dans un fourre-tout magmatique exactement comme avant 1905, avant que le Socialisme ait une dimension scientifique, organisée, avec des valeurs, des principes, un programme.

C’est cela, la vraie menace de proposition de « fédération », de « confédération » de Jean-Luc Mélenchon.

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La polémique entre le NPA et Lutte Ouvrière

Un reflet d’une atmosphère de décomposition.

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Le Nouveau Parti Anticapitaliste a rendu public, le 5 mai 2022, une polémique à l’encontre de Lutte Ouvrière. Lors du meeting en mémoire d’Alain Krivine récemment décédé, qui fut dirigeant historique du NPA et de ses ancêtres que furent la Ligue Communiste Révolutionnaire, la Ligue Communiste et la Jeunesse Communiste Révolutionnaire, le 30 avril, le porte-parole de Lutte Ouvrière a tiré à boulets rouges sur la tradition du NPA.

On peut le voir ici prendre la parole à la 56e minute, une responsable du NPA tentant plusieurs fois de le stopper alors que le malaise est général dans la salle.

On remarquera qu’Edwy Plenel, un personnage ô combien détestable dirigeant le média Mediapart, s’en va au bout de quelques minutes, précisément au moment où le porte-parole de Lutte Ouvrière au meeting dénonce le nationalisme ukrainien.

Voici la critique de Lutte Ouvrière au NPA à ce sujet, publié dans Lutte de classe, l’organe théorique de Lutte Ouvrière, dans un article de bilan à la suite de l’élection présidentielle 2022.

« Cela s’est d’abord exprimé de façon éloquente à propos de la guerre en Ukraine. Sur ce terrain, le NPA a suivi pour l’essentiel les positions du Bureau exécutif de la IVe Internationale.

Il s’est tout d’abord très largement mêlé au chœur des dirigeants impérialistes et de leurs porte-voix faisant de Poutine et de ce qu’il nomme, sans vraiment se donner la peine d’expliquer ce qu’il entend par là, « l’impérialisme russe », l’unique responsable ou presque.

Son candidat a répété à de nombreuses reprises sa solidarité avec la résistance ukrainienne, parce qu’émanant d’une nation opprimée, et la nécessité d’armer celle-ci face à l’armée russe, sans qu’il soit jamais question de la nature sociale et politique de cette résistance, pas plus que de celle des oligarques et des soutiens anciens ou actuels de Zelensky.

Plus encore, il a soutenu les sanctions économiques contre la Russie imposées par les grandes puissances, là aussi au prétexte qu’elles étaient « demandées par la population ukrainienne », avant d’admettre confusément, plus tard, que ce n’était finalement « pas si simple que ça ».

La solidarité, l’antimilitarisme et l’internationalisme dont se réclame le NPA ont cessé il est vrai de longue date de correspondre à ce que devrait être l’internationalisme prolétarien.

La IVe Internationale dont il se réclame, comme la LCR ou ses devancières, l’ont montré à maintes reprises par le passé en présentant, parmi bien d’autres, Castro à Cuba, Ho Chi Minh au Vietnam, le FLN en Algérie, les sandinistes au Nicaragua, comme des révolutionnaires communistes derrière lesquels il fallait se ranger sans sourciller et sans émettre la moindre critique. Et surtout sans tenter de faire entendre les intérêts spécifiques du prolétariat. Plus récemment, ce sont les indépendantistes catalans ou, dans la dernière campagne, les nationalistes corses qui ont été présentés par le NPA comme des héros de l’anticolonialisme.

Leur mobilisation et les « combats de rue » ont été donnés par Philippe Poutou à plusieurs reprises comme « un exemple à suivre ». 

Or, si les communistes révolutionnaires se doivent effectivement de dénoncer l’oppression nationale lorsqu’elle existe, et les responsabilités de leur appareil d’État, ils doivent avant tout le faire au nom des intérêts propres du prolétariat et de l’internationalisme, c’est-à-dire en mettant en garde les travailleurs contre le piège que constituent la perspective nationaliste et les forces sociales qui la portent. »

On notera ici pour comprendre notamment la polémique sur le plan des idées que pour Lutte Ouvrière il existe seulement un impérialisme occidental, la Russie étant… on ne sait trop quoi, et que du côté du NPA, comme de l’ancienne Ligue Communiste Révolutionnaire, la tradition est que « tout ce qui bouge est rouge » même sans le savoir. L’opportunisme de la tradition du NPA concernant les mouvements – n’importe quel mouvement – est très connu, c’est une marque de fabrique de ce côté-là.

Le NPA est en tout cas fou de rage et a publié une lettre de protestation, avec une exigence d’excuse de la part de Lutte Ouvrière. Il est considéré que le discours du porte-parole de Lutte Ouvrière a été volontairement blessant, bref une provocation.

Et le même jour, le NPA a annoncé qu’il ne participerait finalement pas au front électoral de Jean-Luc Mélenchon (la « Nouvelle Union populaire écologique et sociale » – NUPES), qu’il se contenterait de soutenir les candidats de « rupture » faisant partie de ce front.

Le NPA aurait rêvé de l’intégrer et a durement négocié pour cela, mais a échoué à concrétiser le tir, alors qu’il subissait en même temps une violente critique en raison de cela de la part de Lutte Ouvrière, ou encore de Révolution permanente, une scission récente du NPA (on lire ici leur analyse de fond du front électoral « NUPES »).

Sur le plan des idées, tout cela peut être discuté dans un sens ou dans un autre. Mais si l’on se fie à la réalité sur le terrain, on peut voir que tout cela est forcé et consiste en une fuite en avant pour tenter de maintenir un cadre « militant » qui, dans les faits, n’existe plus à part comme une vague tradition et une accommodation pratique.

En réalité, ce qui règne c’est l’opportunisme pragmatique du côté de la Gauche gouvernementale version « NUPES », et une décomposition massive du côté de la Gauche se définissant comme contestataire, révolutionnaire, ou alternative, ou historique, comme on le voudra.

Cette décomposition est intellectuelle, morale, politique, idéologique ; le niveau est d’une faiblesse ahurissante, les cadres organisationnels ne se maintiennent que de manière fictive, les positionnements politiques sont artificiels.

La polémique que l’on a ici n’est donc pas une expression d’un combat idéologique au sens strict, c’est plutôt une tentative de subsister coûte que coûte en essayant de marquer des différences à tout prix, pour chercher à maintenir une position permettant de tenir jusqu’au prochain tour politique.

C’est un des aspects de la crise du capitalisme et de l’effondrement de tout un secteur étudiant – fonctionnaire fonctionnant telle une bulle avec des poches de radicalité « d’extrême-gauche ».

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Le contenu des accords entre La France insoumise et Génération.s, EELV, le PCF et le PS

Il n’y a aucun contenu réel, juste de la soupe électoraliste.

Après un long dénouement, la direction du Parti socialiste menée par Olivier Faure a scellé un accord avec La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon pour les élections législatives de juin 2022. Cela vient conclure la suite d’accords avec Génération.s, EELV et le PCF, qui reprennent toujours la même trame, et lance définitivement la « NUPES » (Nouvelle union populaire écologique et sociale). L’idée étant qu’il faut une alliance électorale multiforme, avec un consensus pour appuyer un Jean-Luc Mélenchon premier ministre afin de conduire la coalition parlementaire si elle devenait majoritaire.

On remarquera en premier lieu que dans chacun des accords, il est question de l’Union européenne et que cela a été primordial dans les discussions (sauf pour le PCF). Il faut dire que Jean-Luc Mélenchon avait été très loin ces dernières années dans le phrasé populiste anti-Europe, alors qu’au contraire Génération.s, EELV et le PS sont des inconditionnels de « l’Europe » (une partie du PCF est également sur cette ligne pro-« Europe »).

Il est flagrant ici que La France Insoumise et le PCF ont capitulé en renonçant à critiquer l’institution européenne dans ses fondements. Certes, tous deux le faisaient sur un mode populiste et quasi-nationaliste, et pas de manière socialiste, donc réelle, mais il y avait l’idée que cela était incontournable.

C’est d’autant plus vrai aujourd’hui en mai 2022 que, depuis plusieurs semaines, l’Union européenne s’illustre par sa vassalité totale à la superpuissance américaine et à l’OTAN sur la question de la guerre en Ukraine. Cela n’est pas nouveau, mais c’est devenu évident, et surtout, indéfendable pour la Gauche (la vraie !).

La France Insoumise et le PCF s’en moquent, tout comme le PS, EELV, Génération.s. Ils n’en parlent pas, comme ils ne parlent pas de l’OTAN. Jean-Luc Mélenchon premier ministre et sa majorité parlementaire « NUPES » sortiraient-ils de l’OTAN, ou du commandement intégré de l’OTAN ?

Ou bien poursuivraient la guerre économique, culturelle et militaire contre la Russie ? Et d’ailleurs, quelle sera la position pendant ces 5 prochaines années, alors que les contradictions entre la superpuissance américaine et sa concurrente chinoise vont s’accentuer ?

Voilà un sujet fondamental, éminemment politique, qui permet concrètement de déterminer une position de gauche (la première, contre l’OTAN), et une autre qui ne l’est pas (la seconde, qui ne dit rien à propos de l’OTAN). Et l’option qui a été prise est celle de la contorsion social-populiste au sujet de l’Union européenne, en faisant croire que la France pourrait être dedans… Tout en n’y étant pas vraiment.

Les accords disent (sauf celui avec le PCF) que la France doit rester dans l’Union européenne et garder l’euro comme monnaie, mais… qu’elle peut choisir quelles règles européennes elle respecte ou non. Il faut « être prêts à désobéir à certaines règles européennes » est-il expliqué dans tous les accords, telle une bande d’enfants gâtés et capricieux voulant l’argent de poche des parents, mais ne surtout pas faire la vaisselle, ni ranger sa chambre.

On remarquera le jeu d’équilibriste dans la rédaction de l’accord avec le PS, qui en dit long sur la nature opportuniste et fourre tout de la « NUPES » :

« Du fait de nos histoires, nous parlons de désobéir pour les uns, de déroger de manière transitoire pour les autres, mais nous visons le même objectif : être en capacité d’appliquer pleinement le programme partagé de gouvernement et respecter ainsi le mandat que nous auront donné les Français. »

La seconde chose notable, c’est que les accords insistent sur une liste de revendications à prétentions sociales, avec une liste particulièrement détaillée dans l’accord avec le PS. Il y a à chaque fois la hausse du SMIC à 1400 euros, le retraite à 60 ans, le blocage des prix sur les produits de première nécessité, une « garantie d’autonomie pour les jeunes » (soit un revenu sans travailler ?). L’accord avec le PS précise l’abrogation de la loi El Khomri et des « contre-réformes du code du travail et de l’assurance chômage ».

La revendication « d’éradication de la pauvreté » est présente dans tous les accords, sauf celui avec le PS. Est-ce par rejet de l’utopie, ou bien par rejet du flou d’une telle formulation qui ne veut, il est vrai, pas dire grand chose ? Toujours est-il qu’il est fait comme si la crise n’existait pas, et qu’il n’est jamais parlé de capitalisme.

Le programme, c’est ouvrez les portefeuilles, l’argent va couler à flot grâce à toujours plus de dette publique « sociale ». Il est laissé entendre que la France connaît une grande vague de pauvreté et que ces gens sont là pour y remédier. Pourtant, le capitalisme tourne à plein régime dans un des pays les plus riches du monde, et les marchandises coulent à flot dans toutes les couches de la société, même les plus précaires. Le décalage avec la réalité est immense.

Anecdotique, mais révélateur, il y a cette petite phrase dans l’accord avec le PS :

« lutte contre l’ubérisation du travail avec la présomption de salariat pour les travailleuses et travailleurs des plateformes. « 

Cela dénote, car c’est une revendication très précise, alors que tout le reste est d’ordre général. Par les plateformes, il faut comprendre les plateformes de livraison de repas et de courses par des auto-entrepreneurs, presque toujours immigrés, très souvent sans statut légal de livreur, voire de présence légale sur le territoire français.

Une revendication de gauche devrait être évidemment l’éradication de ce type de « service », de ce business de la flemme qui pollue les villes avec des nuées de scooters ou de vélos roulant sans aucune lumière. Mais non, les « socialistes » et les « insoumis » trouvent cela très bien d’avoir des immigrés leur apportant un repas ou des courses à domicile, et souhaitent donc renforcer cela au point qu’il le précise dans leur accord général pour les élections législatives. Des domestiques ? Oui, mais avec un CDI !

C’est pathétique, et surtout très loin de la réalité concrète, objective, des classes populaires en France, et particulièrement de la classe ouvrière. Cela n’a rien de gauche, cela n’a rien d’un programme pour changer la vie.

Enfin, et surtout, il y a la question de l’écologie. Là, l’escroquerie est immense, et c’est même à peine croyable de voir que ces gens n’ont même pas fait semblant de s’y intéresser.

Il y a des choses à dire à foison, avec des grandes lignes nettes et précises à tracer sur des sujets fondamentaux. Par exemple sur les zones humides, qu’il faut sanctuariser, sur l’automobile, dont il faut préparer la fin du règne, sur les animaux en général, à propos aussi de la chasse, des zoo, des refuges, etc.

Il y a surtout le réchauffement climatique, et si on a une prétention écologique la moindre des choses est de présenter au moins dans les grandes lignes comment changer le bilan carbone de la France. Tel n’est pas le cas, bien au contraire, car l’écologie n’est qu’un prétexte. C’est du greenwashing électoral. Cela ne fait l’objet que d’une seule phrase, aussi floue qu’insignifiante, dans chacun des accords.

Celui avec le PS :

« L’affirmation d’un impératif de justice écologique, qui se décline à travers une démarche de planification, pilotée par de nouveaux indicateurs de progrès humain ainsi que la règle verte. »

Celui avec le PCF :

« Une véritable planification écologique et démocratique, par l’application de la règle verte. »

Celui avec EELV :

« Nous défendons ensemble la mise en place d’une véritable planification écologique par l’application d’une règle verte (ou d’une règle d’or climatique) pour répondre à l’urgence climatique et environnementale. »

Celui avec Génération.s :

« Nous défendons ensemble la mise en place d’une véritable planification écologique pour répondre à l’urgence climatique et environnementale. »

C’est lamentable, ces gens sont lamentables et même criminels, on ne peut que souhaiter qu’ils se prennent une immense claque électorale, tant l’escroquerie est immense. Et dire qu’il y a des gens pour soutenir une telle escroquerie morale, intellectuelle, culturelle, politique !

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La « Nouvelle union populaire écologique et sociale » ne s’oppose pas au bellicisme de l’OTAN

C’est une chose entendue.

Jean-Luc Mélenchon veut être premier ministre, afin de se poser comme le sauveteur d’acquis sociaux en France. Comme il a obtenu un bon score à la présidentielle 2022, cela a impulsé une unité autour de son mouvement, La France Insoumise, avec une « Nouvelle union populaire, écologique et sociale » (Nupes).

Cela donne la chose suivante. La France Insoumise, c’est déjà une union : celle du Parti de gauche mis de côté pour une mouvement s’appelant lui-même La France Insoumise, d’Ensemble ! (avec Clémentine Autain), de Picardie debout (avec François Ruffin), de Révolution écologique pour le vivant (avec Aymeric Caron).

Et il faut désormais y ajouter dans la nouvelle « union » le PCF, Europe Écologie Les Verts, Génération écologie, Génération-s, les Nouveaux Démocrates, alors que la direction des socialistes discutent inlassablement pour y participer, au grand dam d’une partie d’entre eux.

Il est dans l’ordre des choses qu’une telle démarche puisse rassurer de par sa dimension unitaire et même conforter dans l’idée qu’une Gauche gouvernementale puisse se mettre en place, au-delà des complications et des divergences, voire réussir aux élections, et que c’est mieux qu’un gouvernement aux ordres d’Emmanuel Macron, voire d’un gouvernement conservateur – nationaliste (ce qui forme une hypothèse bien moins vraisemblable).

Sauf qu’il est un problème de taille : la France fait partie de l’OTAN et celle-ci, dirigée par la superpuissance américaine, entend faire tomber la Russie par l’intermédiaire de l’Ukraine. L’OTAN est donc une force soutenant militairement le régime ukrainien, l’Union européenne apportant un soutien institutionnel et financier.

D’ailleurs, l’Ukraine est censée rentrer en accéléré dans l’Union européenne. Ce qui serait naturellement très lourd de conséquences ! On notera que dans ce cadre, l’Italie demande l’intégration accélérée de l’Albanie et de la Macédoine. Il n’est pas difficile de voir qu’il y a ici une ambiance très 1914, avec les grandes puissances jouant des coudes pour se repartager le monde.

Or, la Nouvelle union populaire, écologique et sociale n’aborde pas du tout cette question. La question de l’OTAN et du soutien militaire au régime ukrainien ne fait simplement pas partie de son programme.

Pire encore, EELV est un fer de lance, comme son équivalent allemand, du soutien à l’OTAN et d’une intervention de celle-ci en Ukraine. Le Parti Socialiste est sur la même ligne.

Le PCF a une ligne différente, se revendiquant de la paix, mais ne fait pas de cette question un aspect fondamental. Quant à La France Insoumise, qui était critique de l’OTAN, elle va forcément balancer par-dessus bord cette question également, en disant que de toute façon la question militaire est du ressort du chef des armées qu’est le président de la République.

On peut s’en assurer dans la brochure que vient de publier Jean-Luc Mélenchon, « Les 3 blocs et l’avenir de l’Union populaire » (téléchargeable ici), où il explique pourquoi la Nouvelle union populaire, écologique et sociale peut l’emporter aux élections législatives de 2022 et quelles seraient ses orientations, du moins son état d’esprit. Il n’y a bien évidemment rien sur l’OTAN, ni sur la guerre en Ukraine, ni sur la tendance à la guerre.

On aura également remarqué que le thème de l’OTAN et de la guerre en Ukraine a été inexistant durant la présidentielle, alors que l’intense propagande anti-Russie a continué de se développer dans les médias sans aucun frein.

C’est comme si le capitalisme avait fait son choix et que c’est le fond des orientations de l’État, tandis que la question gouvernementale ne consisterait qu’en une sorte d’agitation à la surface.

Dans une telle situation, on est une partie de la solution ou une partie du problème. La Nouvelle union populaire, écologique et sociale ne fait pas partie de la solution : c’est donc une partie du problème.

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Engagez-vous contre la guerre, contre l’OTAN !

Ce 1er mai se déroule dans un contexte terrible.

A moins de se replier sur vie personnelle, sa vie privée, en se contentant de fixer son attention sur un horizon étroit, borné, il n’est pas possible de ne pas voir que les choses tournent mal, partout. La société française se désintègre socialement, le capitalisme impose une société de consommation s’accélérant et s’élargissant, le nationalisme et les religions servent de valeur refuge, la condition animale relève du martyre, le réchauffement climatique continue… et il y a la guerre.

Cette question de la guerre est primordiale. Elle contient tous les maux par essence, parce que la guerre est le produit de l’ensemble de la situation. La guerre est le fruit de la compétition, de la concurrence, de la course au capitalisme le plus puissant, de la volonté d’exploiter les autres, d’accumuler toujours plus.

Aussi, s’il est un appel qui doit être lancé le premier mai 2022, c’est bien contre la guerre, contre l’OTAN ! Car la guerre est à l’ordre du jour, car l’OTAN est la structure militaire regroupant un bloc de pays, dont le nôtre, pour exercer des pressions militaires, pour intervenir militairement, pour porter la guerre !

En deux mois, depuis l’invasion de l’Ukraine que nous avons ici annoncé dès avril 2021, il y a eu une avalanche de propagande anti-Russie et en faveur de l’OTAN. C’est une mobilisation générale de l’opinion publique, un matraquage médiatique général. Aucun candidat à la présidentielle n’a d’ailleurs profité de l’occasion pour dénoncer l’OTAN, dénoncer la transformation de l’Ukraine en base militaire géante ayant comme but de faire la guerre à la Russie.

Et cela alors que la France livre des armes à l’Ukraine, que l’OTAN dont la France fait partie dirige littéralement les forces armées ukrainiennes, que l’Union européenne veut intégrer l’Ukraine de manière accélérée.

On assiste à une fuite en avant du capitalisme pour sortir de la crise ouverte par la pandémie en 2020 ; le capitalisme se précipite dans la guerre afin de trouver le moyen de se développer malgré tout, encore et toujours, aux dépens des autres.

Face à cela, il faut lever le drapeau rouge !

Organisez-vous à votre échelle pour mettre en place des initiatives contre la guerre, contre l’OTAN, pour développer l’agitation et la propagande en ce sens. Contribuez à saboter la tendance à la guerre, la marche vers la troisième guerre mondiale !

Lancez-vous dans cette bataille, sur la base des valeurs de la Gauche historique, pour empêcher la sanglante machinerie militariste de se mettre entièrement en place, de réorganiser l’économie, la société, les mentalités, pour faire de la France l’arrière-pays d’une armée intervenant militairement dans les affrontements militaires !

C’est un devoir pour toutes les personnes ayant une conscience sociale, ayant compris l’envergure des événements qui se déroulent, et qui ne cessent de prendre une tournure toujours plus mauvaise. Levez le drapeau rouge du Socialisme contre le capitalisme et la guerre !

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Lettre ouverte au chancelier Olaf Scholz

Un appel contre la guerre.

Voici l’appel signé par 28 artistes et intellectuels en Allemagne, sous la forme d’une lettre ouverte au chancelier. Il a été publié par la célèbre revue féministe EMMA, dont la ligne est d’appeler à des négociations, dans le sens d’une Ukraine n’appartenant pas à l’OTAN et d’un statut spécial pour le Donbass. C’est une ligne de Gauche, c’est la ligne de la raison, en opposition au militarisme, au bellicisme.

On notera que la revue EMMA est dénoncée en Allemagne par les post-modernes pour refuser la mise en place d’une loi prévoyant que les adolescents « choisissent » leur « genre » administrativement à l’âge de 14 ans.

« Cher Monsieur le Chancelier,

nous saluons que, jusqu’à présent, vous ayez considéré les risques avec tant d’attention : le risque de l’élargissement de la guerre à l’intérieur de l’Ukraine ; le risque d’un élargissement à toute l’Europe ; oui, le risque d’une 3e guerre mondiale.

Nous espérons donc que vous vous souviendrez de votre position originelle et que vous ne fournirez plus d’armes lourdes à l’Ukraine, ni directement ni indirectement. Au contraire, nous vous exhortons à faire tout votre possible pour qu’un cessez-le-feu puisse être conclu dans les plus brefs délais, à un compromis que les deux parties peuvent accepter.

Nous partageons la condamnation de l’agression russe en tant que violation de la norme fondamentale du droit des peuples. Nous partageons également la conviction qu’il existe un devoir politique et moral fondamental de ne pas reculer devant la violence agressive sans résistance. Mais tout ce qui peut en découler trouve ses limites en d’autres impératifs de l’éthique politique.

Nous sommes convaincus que deux de ces lignes limitatives sont aujourd’hui atteints : Premièrement, l’interdiction catégorique d’accepter un risque manifeste de voir cette guerre dégénérer en conflit nucléaire.

La livraison de grandes quantités d’armes lourdes pourrait cependant faire de l’Allemagne elle-même un protagoniste de la guerre. Et une contre-attaque russe pourrait alors déclencher une demande d’assistance en vertu du traité de l’OTAN et avec elle le danger immédiat d’une guerre mondiale.

La deuxième ligne de démarcation est le niveau de destruction et de souffrance humaine parmi les civils ukrainiens. Même la résistance légitime contre un agresseur se retrouve à un moment donné dans une disproportion intolérable.

Nous mettons en garde contre une double erreur : premièrement, que la responsabilité du risque d’escalade vers un conflit nucléaire incomberait uniquement à l’agresseur d’origine et non pas aussi à ceux qui lui fournissent ouvertement un mobile pour une action éventuellement criminelle.

Et d’autre part, que la décision sur la responsabilité morale des « coûts » supplémentaires en vies humaines parmi la population civile ukrainienne relève exclusivement de la compétence de leur gouvernement. Les normes moralement contraignantes sont de nature universelle.

L’escalade de l’armement qui se déroule sous pression pourrait être le début d’une course mondiale aux armements avec des conséquences catastrophiques, notamment pour la santé mondiale et le changement climatique. Malgré toutes les différences, il est important de lutter pour la paix dans le monde. L’approche européenne de la diversité partagée en est un modèle.

Cher Chancelier, nous sommes convaincus que le chef du gouvernement allemand peut apporter une contribution décisive à une solution qui résistera au jugement de l’histoire. Non seulement au vu de notre pouvoir (économique) actuel, mais aussi au vu de notre responsabilité historique – et dans l’espoir d’un avenir pacifique commun.

Nous espérons et comptons sur vous !
Sincèrement

Andreas Dresen, cinéaste
Lars Eidinger, acteur
docteur Svenja Flaßpöhler, philosophe
Elisa Hoven, avocate pénaliste
Alexander Kluge, intellectuel
Heinz Mack, sculpteur
Gisela Marx, productrice de films
Reinhard Merkel, avocat pénaliste et philosophe du droit
Wolfgang Merkel, politologue
Reinhard Mey, musicien
Dieter Nuhr, artiste de cabaret
Gerhard Polt, artiste de cabaret
Helke Sander, cinéaste
HA Schult, artiste
Alice Schwarzer, journaliste
Robert Seethaler, écrivain
Edgar Selge, acteur
Antje Vollmer, théologienne et politicienne verte
Franziska Walser, comédienne
Martin Walser, écrivain
Prof. Dr. Peter Weibel, théoricien de l’art et des médias
Christoph, Karl et Michael Well, musiciens
Prof. Dr. Harald Welzer, psychologue social
Ranga Yogeshwar, journaliste scientifique
Juli Zeh, écrivain
Siegfried Zielinski, théoricien des médias

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La Gauche sauvera-t-elle la face aux élections législatives 2022 ?

La Gauche française est dirigée par des cancres politiques.

La Gauche s’est fait torpiller à l’élection présidentielle. C’est entièrement de sa faute, car elle n’a pas su convaincre, ni même simplement s’adresser aux gens. Il se pose maintenant la question de savoir quoi faire pour sauver la mise à l’Assemblée nationale, avec les élections législatives prévues pour le mois de juin 2022.

La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, dans la foulée de sa troisième place au premier tour de la présidentielle, a tenté de forcer la main à tout le monde et d’obliger au rassemblement unilatéral sous sa bannière. De surcroît, avec la prétention de pouvoir rafler la mise et d’obtenir une majorité de gouvernement.

Cela ne peut pas marcher évidemment, car chacun sait qu’il n’y a aucun report mécanique du vote « utile » qu’a été Jean-Luc Mélenchon vers un vote local pour tel ou tel député étiqueté, sous la bannière mélenchoniste, « Union populaire ». Cela vaudrait si Jean-Luc Mélenchon était président, mais pas en étant arrivé troisième, donc deuxième des perdants.

Seule une union large de tous les groupements de gauche, ou vaguement de gauche, ou issus de la Gauche, peut créer éventuellement une dynamique électorale, permettant un ralliement massif prenant effet sur les candidatures locales dans chaque circonscription. C’est ce que savait très bien faire le Parti socialiste en son temps, emmenant avec lui tout un tas de vassaux politiques, y trouvant chacun très bien leur compte.

La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon saura-t-elle en faire autant ? Peut-être, mais le temps presse et rien de concret n’a abouti fin avril. C’est que la France insoumise paye chèr son positionnement magmatique, censé ouvrir la porte à n’importe qui, n’importe comment. Car en vérité, ce genre de chose à gauche suscite surtout beaucoup de méfiance, étant considérée comme floue. Et comme le dit l’expression (expression inappropriée car injustement méprisante pour les loups) : quand c’est flou c’est qu’il y a un loup.

Toujours est-il que c’est la France insoumise qui a la main, à défaut d’autre chose, tant toutes les autres forces sont ridiculement faibles, et isolées. Alors il y a des tractations, ou en tous cas il est parlé de tractations. Le PCF de Fabien Roussel (qui était avec Jean-Luc Mélenchon aux élections d’il y a cinq ans) tente de vendre à prix d’or son ralliement derrière une barrière commune, en faisant des comptes d’apothicaires.

Il faut additionner les 7 millions de voix de Jean-Luc Mélenchon aux 3 millions obtenues par Anne Hidalgo, Yannick Jadot et lui-même, pour faire 10 millions au moins, et facilement 11 millions, dit-il. Mais pour cela le PCF veut au moins 16 investitures, alors que la France insoumise ne lui en propose que 11, toutes concernant des « sortants ». C’est donc 5 qui manquent, le compte n’y est pas.

Du côté du Parti socialiste et d’Europe Écologie-Les Verts, le problème est bien plus politique. Il y a la considération, comme l’a fort habillement résumé le socialiste Jean-Christophe Cambadélis, que la proposition d’union ne porte pas tant sur une « coalition » que sur une « reddition ».

Et en effet, on entend tous ces gens se critiquer par médias interposés, mettre sur la table leurs divergences, poser des « lignes rouges », etc. Mais n’ont-ils jamais fait de politique avant ? Est-ce vraiment si difficile pour eux de discuter autour d’une table et de venir présenter publiquement quelques points majeurs pour créer des dynamiques locales dans chaque circonscription ?

D’ailleurs, on se demande bien pourquoi une telle coalition n’a pas existé avant. D’Europe Écologie-Les Verts à la France insoumise, du PCF au PS, en passant par Génération-s, Place publique, La Gauche républicaine et socialiste, La Gauche démocratique et sociale, etc., tous ces gens disent peu ou prou la même chose sur l’immense majorité des sujets. Ils portent les même valeurs, rejettent les mêmes valeurs.

La France insoumise d’ailleurs a tenté le coup, en mettant en avant seulement trois points incontournables : la retraite à 60 ans, la 6e République, la planification écologique.

Cela ne va pas chercher bien loin et c’est largement suffisant. Alors on peine à comprendre pourquoi ce n’est pas déjà réglé depuis une semaine au moins. La Gauche, ou ce qu’il en reste, semble se diriger vers une nouvelle humiliation électorale plutôt que de se retrousser les manches et y mettre un minimum du siens avec une ligne pourtant ultra minimaliste et facile.

Mais quelqu’un comme Julien Bayou préfère raconter :

« Nous c’est très simple : on a des convictions, elles sont à prendre ou à laisser. Nous sommes prêts à discuter d’une coalition, de grandes mesures programmatiques qui font un projet de gouvernement, simplement si vous me dites qu’il faut sortir de l’Europe et reprendre le nucléaire, ce sera sans nous, c’est très simple. »

Ok, mais alors dans ce cas, pourquoi ne pas plutôt faire alliance avec Emmanuel Macron, et ne pas faire perdre du temps à la Gauche ? A moins que ce soit là justement le rôle de tous ces gens : affaiblir la Gauche de l’intérieur, pour la faire disparaître ?

En attendant, il n’y a aucune dynamique démocratique locale qui soit possible, tant tout le monde est suspendu à d’hypothétiques négociations nationales, qui sont menées, ou prétendument menées, par de piètres dirigeants politiques.

Tout cela est bien fade, et très loin du peuple. Mais si encore cette Gauche avait des valeurs et s’accrochait à des principes solidement ancrés. Cependant, pas du tout, il n’y a aucune valeur, par exemple personne ne parle jamais des animaux, et il n’y aucun principe, le refus de la guerre et le rejet de l’OTAN devrait pourtant en être un fondamental.

L’addition s’annonce très salée pour juin prochain.

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Fondation de la Fédération de la Gauche Républicaine

Elle est composée de la Gauche Républicaine et Socialiste, le MRC, les Radicaux de gauche, et de la Nouvelle Gauche Socialiste.

Voici le communiqué de fondation. On notera que L’Engagement, le mouvement politique mis en place par Arnaud Montebourg ayant tenté de se présenter à la présidentielle 2022, a immédiatement, en quelques minutes, annoncé ne pas faire partie de cette Fédération.

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Présidentielle 2022 : assumez et exacerbez votre sensibilité contre la guerre et contre le fascisme

C’est ce qu’il faut pour avancer.

L’option de se soumettre à Jean-Luc Mélenchon avec son populisme n’en est pas une. Cela ne fera rien avancer, ce n’est que participer à la comédie réformiste au sein de la société de consommation. Alors qu’il y a deux grandes actualités qui s’imposent, marchant en duo et s’imposant toujours plus.

Ces deux grandes actualités, ce sont la guerre et le fascisme. La guerre, parce que la crise ouverte par la pandémie exige de rattraper l’accumulation capitaliste perdue, et donc d’oeuvrer militairement au repartage du monde. La guerre en Ukraine, annoncée ici dès avril 2021, en est l’exemple majeur. Le fascisme, parce que chaque capitalisme se replie sur lui-même, transformant son État en levier majeur de sa centralisation, de son unification, de sa rationalisation. Le BREXIT est une expression de cette tendance et si ce n’est pas le fascisme, à un moment les digues vont céder, puisqu’il faut pressuriser les prolétaires au maximum, les presser comme des citrons.

Normalement, la priorité c’est de freiner au maximum l’irruption du fascisme. C’est un principe de la Gauche historique, c’est ce qu’on appelle faire barrage. L’ultra-gauche n’est pas d’accord, parce qu’elle a adopté la conception de la « révolution permanente » : il y aurait en permanence une situation révolutionnaire. La Gauche historique a quant à elle une analyse réelle de la situation et elle sait quand il faut être sur la défensive.

La particularité de la situation, c’est que la guerre en Ukraine implique, de manière indirecte, l’ensemble des pays de l’OTAN, qui utilisent le régime ukrainien comme tête de pont militaire contre la Russie, qui de son côté tente aussi de dominer l’Ukraine. Partant de là, il est pour beaucoup impensable de donner son aval à Emmanuel Macron, car ce serait converger avec la guerre. Sur le fond, ils ont raison.

Objectivement, le dilemme est insoluble. Mais il y a une réponse, tout à fait dialectique, celle de la subjectivité. Ceux qui ont l’oeil pour voir le fascisme doivent aller au bout de leur raisonnement et doivent voter pour Emmanuel Macron, car ils doivent assumer de faire barrage, reconnaissant la dignité de leur propre démarche. Ceux qui ont l’oeil pour la guerre ne doivent pas aller voter, car ils doivent s’endurcir subjectivement dans le rejet de la guerre, de l’OTAN.

Cela peut sembler incompréhensible à qui raisonne, non pas en termes historiques, mais en termes électoraux. Du point de vue électoral, en effet, il n’y a pas de cohérence puisque les élections fonctionnent en termes de bloc électoral. Il faut relever d’un bloc, ou de l’autre. Cela penche d’un côté, ou de l’autre.

La situation historique empêche toutefois tout caractère unilatéral. Il ne s’agit pas d’ailleurs de faire du « ni Le Pen ni Macron », qui est une position de reculade, qui revient à de l’anarchisme. Non, il s’agit d’assumer en bloc, car on a besoin de gens s’impliquant, assumant la confrontation, s’engageant personnellement dans une démarche qui soit entière.

Nous avons besoin de gens entiers. Il y en a assez des gens vivant à moitié, et ce que propose Jean-Luc Mélenchon, c’est justement que tous les gens de Gauche se coupent en deux de manière ininterrompue, afin de s’insérer dans la société capitaliste, en se mutilant toujours un peu plus.

Ce dont les prolétaires de France ont besoin, c’est de gens entiers, cessant de louvoyer. Il faut assumer et exacerber sa sensibilité aujourd’hui contre la guerre et contre le fascisme, deux aspects de la tendance négative l’emportant, afin d’être prêt demain pour la confrontation avec eux.

La crise du capitalisme veut empêcher que s’ouvrent le chemin du Socialisme, qui ne peut être porté que subjectivement par des gens rompant avec la société de consommation, avec l’esprit de compétition et de concurrence, avec la réduction au degré de consommation des rapports entre humains ou avec les animaux, la Nature… Il s’agit d’un défi historique et il faut des gens forgés conformément à l’ampleur de ce défi.

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« Marine le peuple » balayée par « Emmanuel McKinsey »

Nier la crise ne la fera pas disparaître.

Le temps de sa (longue) campagne présidentielle, Marine Le Pen a cédé la présidence de son parti à Jordan Bardella. Celui-ci est un excellent orateur et on imagine qu’il aurait produit une bien meilleure prestation qu’elle en débattant face à Emmanuel Macron, mais là n’est pas le sujet. Il y a par contre un bon mot, typiquement français dans sa forme (à la fois subtile et grotesque, à la fois léger et piquant), qu’a sorti Jordan Bardella pour lancer la campagne de l’entre deux tours : « Emmanuel McKinsey, ou Marine Le Peuple ! »

C’est très bien vu, cela résume exactement ce deuxième tour de l’élection présidentielle et a fortiori le débat du mercredi 20 avril 2022. Emmanuel Macron assume totalement la posture qui lui a été façonnée et dessinée par son entourage issu du cabinet de conseil McKinsey, ainsi que de tout un tas de riches donateurs en 2017 issus du monde de l’entreprenariat. C’est très facile à voir et à comprendre, son libéralisme à prétention rassurante et « inclusif », à l’américaine, en est exactement le produit. C’est, autrement dit, de la pure communication. Parler d’Emmanuel McKinsey est pertinent.

En face, il y a donc Marine Le Pen, censée représenter le peuple. Évidemment, ce n’est pas vrai dans le fond. Mais il y a toutefois, dans la forme, quelque-chose de tout à fait conforme et cohérent avec la situation des classes populaires françaises. Clairement, Marine Le Pen a choisi d’incarner une femme française moyenne, ou « de base » comme cela se dit parfois, de manière péjorative mais significative. Cette Française « de base » donc, est mère de famille, concernée par la quotidien économique, son « pouvoir d’achat », sa liberté de mettre ou ne pas mettre le masque, l’insécurité, sa désolation face aux éoliennes ou aux femmes voilées, etc.

En fait, en tentant d’incarner « le peuple », Marine Le Pen a surtout incarné la rancœur, qui est un sentiment extrêmement puissant et répandu dans la France populaire de 2022. Toutes ses interventions, presque chacune de ses réactions à Emmanuel Macron et ses propositions lors du débat, n’ont consisté qu’en de la rancœur face à ce qu’il a représenté pendant cinq ans, voir dix ans si l’ont compte qu’il est dans la lignée directe de François Hollande.

En ce sens, le bon mot « Marine le peuple » de Jordan Bardella illustre tout à fait la situation. Et comme on ne gouverne pas un pays comme la France avec de la rancœur, alors Marine Le Pen s’est faite balayer par Emmanuel Macron, solide, extrêmement sûr de lui et de sa légitimité. Suffisamment arrogant pour apparaître crédible, suffisamment courtois pour ne pas apparaître hostile.

Disons la chose d’une autre manière, beaucoup plus politique. En fait, Marine Le Pen n’a pas assumé son programme. Elle n’assume pas d’être nationaliste ; sa prestation lors du débat était à peine gaulliste, alors qu’elle est censée être une néogaulliste, qu’elle a théorisé cela depuis des années, et mis en pratique cela depuis 2012, soit dix années.

C’est flagrant surtout sur la question de la Russie et de la guerre en Ukraine. Si Marine Le Pen assumait son programme, si elle assumait d’être une néogaulliste, elle aurait dénoncé vent debout Emmanuel Macron comme marionette américaine vendue à l’OTAN, voulant entraîner la France dans une guerre à la Russie.

Si Marine Le Pen assumait d’être une gaulliste à prétention sociale, elle aurait torpillé Emmanuel Macron avançant ses bons chiffres du chômage, en lui répondant que cela est maquillé par le fait qu’énormément d’emplois sont en fait des CDD ou des missions d’intérim, très précaires, mal payés, ne permettant pas une stabilité au capitalisme français.

Marine Le Pen en a été incapable, car ce qui se joue en réalité est bien trop important pour elle. En effet, derrière l’apparente solidité du système, autrement dit la grande stabilité, en surface, du capitalisme en France, il y a une crise monstrueuse qui se prépare.

Face à cela, il n’y a pas le choix, il faut assumer des grandes idées, il faut cogner fort. Soit avec le Socialisme, en s’appuyant sur la Gauche historique, comme nous le proposons, soit avec le fascisme, ce que Marine Le Pen n’a pas osé faire, alors que c’est pourtant sa ligne.

Marine Le Pen ne pèse donc pas bien lourd avec son nationalisme light, son gaullisme timide, face à un Emmanuel Macron très arrogant dans sa défense des institutions, de son mandat, de sa politique. En effet, il croit profondément en ce qu’il raconte. Il croit très probablement que l’insécurité n’est qu’un sentiment et que les chiffres sont faussés par le fait que de plus en plus de femmes portent plainte contre leurs maris grâce à ses mesures. Il croit vraiment que les 600 milliards de dettes « covid », qui s’ajoutent à l’immense dette structurelle de l’État français, ne sont pas un soucis. Il croit vraiment que la guerre contre la Russie menée par l’OTAN est une bonne chose, etc.

Alors il passera, il sera (très) probablement à nouveau président pendant cinq ans, car la rancœur « populaire » de Marine Le Pen ne pèse pas lourd face à son assurance bourgeoise.

La question maintenant est : faut-il s’en réjouir, ou le déplorer ? Évidemment, on ne peut qu’être rassuré face à cette évidence que le fascisme en France n’est pas mûr, que le nationalisme comme proposition ne s’incarne pas et que Marine Le Pen va très probablement échouer.

Mais pour autant, il ne suffit pas de nier la crise pour la faire disparaître. Alors la situation va se tendre, politiquement, culturellement, socialement, militairement. Et il y a, après Marine Le Pen, toute une nouvelle génération en embuscade pour proposer une nouvelle et solide proposition nationaliste, tendanciellement fasciste, pour le pays.

Concrètement, l’échec de Marine Le Pen en 2022 fera le lit des succès à venir des Marion Maréchal, Guillaume Peltier, Nicolas Bay, Jordan Bardella, etc.

Mais inversement, la crise fait que la Gauche historique, celle de la classe ouvrière et de la bataille internationale pour le Socialisme et la paix entre les peuples, va de nouveau être à l’ordre du jour, gagner des positions, devenir crédible.

C’est sur cela qu’il faut compter, principalement. Et il ne faut pas s’imaginer que c’est très lointain. Rien qu’avec la situation politique internationale, il y a quelque chose d’explosif. Emmanuel Macron va (très) probablement être réélu triomphalement dimanche 24 avril 2022, et cela sera un signal très fort pour l’OTAN, et toute la clique des dirigeant prônant la guerre à la Russie.

La tension va donc continuer de monter, la crise va l’emporter, dans tous les domaines, à commencer par la guerre et la crise économique l’accompagnant. Telle est la véritable actualité, ce à quoi il faut profondément et sérieusement s’intéresser. Maintenant, tout de suite !

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Jean-Luc Mélenchon demande la direction de la Gauche pour les législatives 2022

Le NPA et Génération-s ont déjà dit oui.

C’est sur… BFM TV que, le 19 avril 2022, Jean-Luc Mélenchon a lancé un appel solennel à faire en sorte que, aux législatives 2022, son mouvement politique La France Insoumise, sous la forme d’une « Union populaire », dispose de suffisamment d’élus pour que ce soit lui qui devienne le premier ministre.

Jean-Luc Mélenchon reprend ici directement la stratégie de la gauche latino-américaine se revendiquant du castrisme et du guévarisme, avec une sorte de front « ample » pour faire face à l’oligarchie. Il parle ici de la mise en place d’un « front populaire avec des organisations syndicales, des associations et des forces politiques ».

Les bases pour cela ont été posées le 15 avril 2022, avec trois courriers envoyés : un au Nouveau Parti Anticapitaliste, un au PCF, le dernier à Europe Ecologie Les Verts. Le PCF a répondu dès le lendemain, plutôt favorablement. Le Nouveau Parti Anticapitaliste a répondu le 19 avril, très favorablement.

La direction d’Europe Écologie Les Verts y est défavorable, cependant le dirigeant Yannick Jadot, qui se rêvait un Emmanuel Macron en écologiste, a totalement échoué à la présidentielle et il y a ainsi une grande agitation dans le camp des modernistes et autres post-modernes bobos de gauche.

Génération-s, fondé par l’ex-socialiste Benoît Hamon (qui est depuis parti), qui avait rejoint Europe Écologie Les Verts, se soumet d’ailleurs entièrement à Jean-Luc Mélenchon et à son « Union populaire ».

« Le résultat de Jean-Luc Mélenchon donne à l’Union populaire la légitimité et la responsabilité d’organiser un cadre de rassemblement et de mobilisation pour les élections législatives. Une cohabitation doit être rendue possible. 

Génération.s répondra favorablement aux initiatives et propositions qui permettraient le rassemblement des écologistes et de la gauche, la mobilisation citoyenne et la victoire en juin d’une coalition parlementaire capable d’appliquer une politique pour le climat, la justice sociale et la démocratie. »
 

Cette tendance prédomine d’ailleurs, d’une manière ou d’une autre, dans la Gauche twitter (c’est-à-dire dont le seul média est Twitter), chez les étudiants adeptes des conceptions « inclusives » et post-moderne, auprès de la petite-bourgeoisie d’origine immigrée s’imaginant contestataire et pour qui la bourgeoisie c’est le 16e arrondissement de Paris (comme le Bondy Blog), dans tout un ensemble de gens de gauche déboussolés et ne se prenant pas en main pour agir eux-mêmes, etc.

On a ici une pression gigantesque, parce que, finalement, à moins de disposer d’une économie politique réelle, d’exiger le maintien des traditions de la Gauche historique sous une forme ou une autre, il est impossible de ne pas céder aux sirènes du populisme mêlé à un réformisme même pas approfondi (on est ici très loin du Programme commun de 1981).

Et même là, il y a aura une opération de « ringardisation » massive de ceux qui maintiennent le cap, renforçant d’autant plus la pression. Les tenants d’une convergence avec Jean-Luc Mélenchon dénonceront encore plus les conceptions « passéistes »de LO, du PRCF, du PCRF, du PCF(MLM), du PCOF, de Révolution permanente, et chercheront encore plus à les isoler.

De l’autre côté, dialectiquement si l’on veut, il y a un espace pour les défenseurs de la Gauche historique. Car le masque tombe. S’aligner sur Jean-Luc Mélenchon, c’est abandonner tout principe, toute utopie, toute filiation historique avec le mouvement ouvrier, pour passer dans le camp de la création d’un Parti Démocrate à l’américaine. Les deux lignes n’en apparaîtront que plus clairement.

Reste à tenir le choc dans leur affrontement politique. Et la clef, bien entendu, c’est la question de la guerre, de la tendance à la guerre, de l’OTAN comme machine de guerre. Car le capitalisme continue de s’enfoncer dans une crise ouverte en 2020, et la bulle Mélenchon n’y changera rien.

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Présidentielle 2022 : le programme national et social de Marine Le Pen

National et social, mais pas socialiste.

A plusieurs reprises, Eric Zemmour a qualifié le programme de Marine Le Pen comme étant de gauche. En effet, selon le premier, qui est tenant d’une droite libérale et ouvertement anti-ouvrière, il faut assumer à fond de dégommer tout ce qui est bien public, et ce au profit du privé, de l’entreprenariat et des entreprises en général.

Ce n’est pas l’approche de Marine Le Pen qui relève pour sa part du gaullisme et qui a une orientation qu’on peut et doit qualifier de néogaulliste. Cela signifie qu’elle tiendra toujours à appuyer sur le fait d’être concernée par les préoccupations économiques des classes populaires et de la petite-bourgeoisie, symboliquement avec une approche sociale des choses, concrètement de manière corporatiste.

Autrement dit, elle défend un État fort, qui ait une vocation protectrice vis-à-vis des personnes les plus faibles, qui soit acteur de l’économie, quitte à envisager une forme de « planification », ou plus exactement de prévision au service des grandes entreprises, dans certains secteurs. Cela n’a rien de nouveau, ni de soviétique, c’est l’essence même du gaullisme, qui organise une sorte de fusion entre l’État et les grandes entreprises monopolisant des pans entiers de l’économie.

Un tel programme rend hystérique un libéral tenant d’une droite classique (et dure) tel Eric Zemmour, qui pour sa part considère que par principe, tout ce qui relève de la puissance publique est négatif, que tout ce qui relève de l’État, en dehors des fonctions régaliennes (police, justice, armée et administration générale du pays), est forcément mauvais.

Ainsi, Marine Le Pen n’est pas du tout de gauche et ne s’inscrit aucunement dans la perspective historique de la Gauche. Être de Gauche, cela signifie se battre pour le Socialisme, c’est-à-dire une société où ce sont les ouvriers qui ont le pouvoir, avec une bourgeoisie qui est mise au pas pour disparaître en tant que classe. Être de Gauche, cela signifie donc assumer la lutte de classe, contre la bourgeoisie.

Tel n’est pas le cas de Marine Le Pen, qui n’envisage pas, au contraire, de s’en prendre à la bourgeoisie en tant que classe, et d’assumer la prise du pouvoir par la classe ouvrière. Pour Marine Le Pen, il n’y a pas de contradiction entre le fait d’assumer un État ayant une vocation sociale et protectrice, et en même temps d’assumer vouloir servir les entreprises, et donc le développement de la bourgeoisie dans la société.

Cela amène à des incohérences, comme par exemple le fait de vouloir baisser la TVA (à 5,5%) sur l’énergie. Si Marine Le Pen était de Gauche, elle ne chercherait pas d’abord à faire baisser des recettes fiscales (et donc baisser le revenu public, commun), mais s’en prendrait d’abord aux grandes entreprises comme TotalEnergie pour rogner sur ses profits (16 milliards de dollars de bénéfices en 2021).

Sur de nombreux aspects, le programme de Marine Le Pen est de fait très libéral, dans une perspective très similaire à celle d’Emmanuel Macron ou Valérie Pécresse, tout en n’allant pas aussi loin qu’Eric Zemmour. Voyons ainsi les principales mesures concernant l’économie, le « pouvoir d’achat », les revenus de la population, mises en avant par Marine Le Pen.

Certaines mesures ont une vocation sociale, tournées vers les classes populaires ou dites « moyennes » :

– réindexation des retraites ;

– doublement de l’allocation pour les familles isolées ;

– déconjugalisation de l’allocation adulte handicapé ;

– baisse les droits de succession et suppression en deçà de 300 000 euros de biens immobilier.

On pourrait ajouter la suppression de la redevance télévisuelle, mais il s’agit là surtout au fond d’une question culturelle et « sociétale » plutôt que strictement économique.

Tout le reste de son programme économique par contre est orienté vers la bourgeoisie, la défense de la bourgeoisie, de l’accumulation de capital par la bourgeoisie, et non pas de la société et du bien commun.

La mesure phare actuellement est la baisse de la TVA sur tous les produits énergétiques, qui comme dit n’a pas de sens social. Il y a ensuite la suppression de l’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans. Ce n’est pas une mesure de gauche : pourquoi des jeunes bourgeois ne contribueraient-ils pas au budget de la collectivité de part leur revenu ? Ce n’est pas normal. Si les jeunes de moins de trente ans ont un revenu suffisant et peuvent participer à l’impôt sur le revenu, c’est au contraire une bonne chose d’un point de vue de Gauche.

Il y a ensuite des mesures incitatives pour soutenir les entreprises à augmenter les salaires de 10 %. Ici, « l’incitation » consiste en fait à baisser les charges, et donc la contribution des entreprises (et de leurs dirigeants, cadres, etc.) à la collectivité. Ce n’est pas une mesure de gauche.

Elle propose également la suppression de l’impôt sur la fortune immobilière, car c’est un « impôt sur l’enracinement ». Marine Le Pen ne veut pas s’en prendre aux bourgeois français qui possèdent une fortune immobilière. C’est très clair.

Elle veut mettre en place un impôt sur la fortune financière, reprenant l’assiette de l’ancien ISF à laquelle sont ajoutée les œuvres d’art acquises depuis moins de dix ans, mais de laquelle sont enlevés la résidence principale ou unique pour le cas de ceux qui sont locataires de leur résidence principale, les monuments historiques et, bien sûr dit-elle, l’outil de travail.

C’est là encore très clair, il s’agit de ne surtout pas s’en prendre à la bourgeoise et de ne pas rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune qui concernait justement les grandes villas ou grands appartements parisiens, les entreprises familiales, etc.

Dans le même genre, pour garantir la transmission du patrimoine bourgeois dans les familles, elle veut les droits de succession pour les entreprises, si les descendants s’engagent à ne pas céder l’entreprise héritée pendant 10 ans.

En fait, Marine Le Pen, si elle veut un État fort, elle est aussi, voire surtout, intéressée par un capitalisme fort. Les entreprises, les entreprises, les entreprises : voilà ce qui l’intéresse. Et voici donc sa mesure la plus significative sur la question économique : « diriger l’épargne des Français vers l’investissement privé des entreprises » en créant un fonds souverain français, rémunéré de 2 % par an, pour que les Français deviennent somme toute tous des bourgeois et investissent dans « des entreprises stratégiques ».

Elle dit ainsi que les Français doivent devenir « actionnaires de la Maison France. »

Ce l’inverse d’un point de vue de Gauche, et c’est précisément ce qui fait d’elle une nationaliste puisqu’elle prétend que la question sociale se résoudrait grâce à un capitalisme « national », c’est-à-dire tourné vers son propre pays et hermétique/réfractaire aux capitalismes étrangers.

Dans la même veine, Marine Le Pen s’intéresse beaucoup aux petites entreprises et a des cadeaux à leur faire : suppression de la cotisation foncière des entreprises (CFE) et, pour ce qui concerne des « zones de relocalisation », suppression de la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S). Cela représente, selon son chiffrage, pas moins de 10 milliards d’euros de cadeau à ces entreprises, et donc d’argent en moins pour la collectivité.

Voilà qui est tout à fait de Droite, tout à fait conforme au capitalisme, aux intérêts de la bourgeoisie, petite, moyenne, et même grande, qui n’est pas touchée par Marine Le Pen. Jamais elle n’envisage que son gouvernement oblige l’augmentation des salaires pour les ouvriers et les employés. Jamais elle n’envisage que son mandat serve à une meilleur représentation dans la société des ouvriers et des employés.

Marine Le Pen est ainsi une néo-gaulliste, proposant non pas simplement de moderniser le capitalisme comme Emmanuel Macron, mais de le ré-impulser.

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Présidentielle 2022 : exemple d’errement avec le PCRF

Quel bric-à-brac !

Le grand souci de notre époque, c’est l’absence d’économie politique de la part des gens à gauche, qui se retrouvent à déverser tout et n’importe quoi sans cohérence aucune. C’est typique de la société de consommation, qui corrompt les mentalités.

C’est absolument flagrant pour le communiqué sur le premier tour de la présidentielle 2022 du Parti Communiste Révolutionnaire de France. Les deux premières phrases sont un scandale intellectuel, un exemple de corruption par la consommation. Les voici :

« Ce premier tour des Présidentielles 2022 témoigne de la crise politique engendrée par la crise générale du capitalisme. À plusieurs reprises, ces dernières années, il a été signifié que le pays « légal » n’est plus légitime. »

Il est parlé de « crise générale du capitalisme ». Quel est le problème?

Soit c’est de la fainéantise, parce que cette crise générale du capitalisme a commencé, selon le PCRF, en 1917. Expliquer une élection présidentielle en France en 2022 par un phénomène commencé depuis plus d’un siècle, s’étant développé pendant plus d’un siècle, c’est abusé. Si la crise générale du capitalisme est un arrière-plan général, alors c’est forcer les choses que d’en faire la source explicative de toutes les choses en particulier.

Soit c’est de l’escroquerie politique et morale, car ce sont les maoïstes qui considèrent qu’il y a une crise nouvelle, ouverte avec la pandémie, modifiant la situation et expliquant les événements.

On ne peut pas, comme le fait le PCRF, utiliser de temps en temps un concept aussi puissant que la « crise générale du capitalisme ». On l’utilise ou on ne l’utilise pas, mais on ne peut pas l’employer de manière subjectiviste.

Et que dire du propos selon lequel :

« le pays « légal » n’est plus légitime. »

Quelle honte ! Quelle fainéantise ! Car cette thèse du pays légal est de plus en plus utilisée par des gens cherchant à vouloir se montrer intelligents, maniant des concepts. Même Emmanuel Macron l’a fait en 2020, en disant :

« Le problème qu’on a, politiquement, c’est qu’on a pu donner le sentiment à nos concitoyens qu’il y avait un pays légal et un pays réel. Et que nous on savait s’occuper du pays légal – moi le premier -, et que le pays réel ne bougeait pas. »

Et ce concept de « pays légal » a été historiquement formulé par Charles Maurras, le grand idéologue du « nationalisme intégral » avec son mouvement l’Action française. Ne reconnaissant pas la République française, il dit que celle-ci représente une structure « légale » qui n’a pas de fondements dans le « pays réel ». Ce pays réel, ce sont les régions, les lieux locaux où se déroulent les rites religieux catholiques, la famille, les métiers organisés en corporations.

Le Parti Communiste Révolutionnaire de France considère-t-il que le « pays réel » consiste en les régions, les lieux locaux où se déroulent les rites religieux catholiques, la famille, les métiers organisés en corporations ? Certainement pas, mais alors quel est ce « pays réel » ? Et en quoi ce concept a-t-il un sens ?

Jamais le socialisme n’a expliqué qu’il existait un mur fondamental entre les classes et les institutions. C’est l’anarchisme qui dit cela, notamment avec le syndicalisme révolutionnaire. Le fascisme a directement repris a repris cette thèse anti « élites ».

Et le Parti Communiste Révolutionnaire de France est justement sur cette position anarchiste, en disant qu’il n’y a pas de différence de substance entre Emmanuel et Marine Le Pen. C’est le « ils se valent » typique de l’ultra-gauche. Les différences politiques seraient « fausses », ne représenteraient rien de concret, tous les hommes politiques seraient des marionnettes, etc.

D’où ces propos comme quoi une bourgeoisie monopoliste unifiée tirerait des ficelles, en ayant conscience d’elle-même.

« Alors, des différences entre Macron et Le Pen ? Dans le détail peut-être, mais sur le fond, l’un comme l’autre, c’est l’austérité, la galère, les libertés démocratiques foulées aux pieds, le chômage, la généralisation de la précarité. Toutes leurs propositions restent dans le cadre du capitalisme, toutes leurs propositions sont donc vouées à l’échec.

Derrière l’appel à faire barrage à Le Pen, ce qui est recherché, c’est le consensus derrière la politique que la bourgeoisie monopoliste, l’oligarchie financière, veulent voir mener. »

Ce n’est pas sérieux. Il est évident que s’il y a différents partis politiques, ils représentent des intérêts différents. N’est-il pas flagrant que l’orientation internationale d’Emmanuel Macron n’est pas la même que celle de Marine Le Pen?

N’est-ce pas d’une importance capitale alors qu’il y a la guerre en Ukraine, avec l’OTAN visant à s’étendre aux dépens de la Biélorussie et de la Russie?

Une telle différence ne peut-elle pas reposer que une confrontation au sein même de la grande bourgeoisie, entre les partisans d’une intégration à la démarche américaine, dans l’OTAN, et ceux voulant une aventure française en solitaire ?

Une position anarchiste ne permet pas de saisir la complexité du monde, ses contradictions, en raison d’une vision unilatérale.