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Quatre ans après, le problème de la mémoire du 13 novembre 2015

C’est une chose étrange qu’il y ait encore des concerts et des spectacles au Bataclan. Comment se trouver dans un tel endroit sans avoir le cœur serré et être pris d’une angoisse complète ? Mais les Parisiens ont décidé que la vie continuait. Et elle continue donc, sans que ce terrible 13 novembre 2015 ait été oublié. L’événement dramatique est-il cependant pris en compte comme il se doit ? On peut en douter.

Le conseil de Paris vient de décider qu’il va établir un Jardin du souvenir en mémoire des victimes des attentats du 13 novembre 2015, qui avaient fait 131 morts, dont 90 au Bataclan, et 413 blessés. Étaient alors visés des gens auprès du Stade de France, à la terrasse des cafés et dans la salle de concerts même. Quatre ans après, c’est tard. Et la problématique du Bataclan reste entière. Les artistes ne veulent pas y aller, il y a des soucis importants de « rentabilité ».

Il y a un problème de mémoire. Mais on sait que la question est difficile : comment maintenir l’affirmation que la vie continue et se recueillir ? La ville de Paris n’a rien su gérer de tout cela. La raison en est qu’il y a de moins en moins de vrais Parisiens, la ville se vidant de ses habitants historiques avec une mentalité bien particulière. Les bobos, les hédonistes, la grande bourgeoisie et les riches étrangers qui font de Paris leur fief ne comptent en rien transporter quelque chose de culture : ils veulent consommer conformément à leur style de vie.

C’est pourquoi il faut dire les choses ici clairement : la ville de Paris a voulu pratiquement effacer le 13 novembre 2015. Elle a refusé d’intégrer cela à son histoire, afin de ne pas abîmer son image de métropole touristique et financière, économique et politique, culturelle et idéologique. Elle veut un Paris sans histoire et sans rapport avec l’Histoire.

On a ici une profonde contradiction entre l’importance de l’événement, notamment sur le plan du vécu, et l’attitude de la ville de Paris. Et c’est un avertissement. Le capitalisme efface les mémoires, car il a besoin de consommateurs tournés uniquement vers le nouveau. Un Paris cosmopolite rempli de CSP+ ou CSP++ ne peut rien conserver du patrimoine historique de la ville. Les prochaines élections vont d’ailleurs effacer la prétention à ce qu’il y ait une « Gauche » à Paris, alors qu’en réalité il n’y a que des bobos semi-libéraux semi-écolos menant la lutte des places.

Le pire ici serait bien entendu que le Bataclan finisse par fermer ses portes. On aurait alors gâché l’occasion de le sanctuariser dès le départ. Et imaginez qu’il soit vendu et transformé, de manière assez radicale pour satisfaire les nouveaux propriétaires ? Ce serait une honte. Et c’est tout à fait possible, car l’opinion publique démocratique est de plus en plus en train de s’effacer face aux populismes.

Le Bataclan appartient d’ailleurs entièrement à Lagardère Live Entertainment, les deux codirecteurs Jules Frutos et Olivier Poubelle ayant l’année dernière vendus les 30 % de part de la société qu’ils possédaient. Le sort du Bataclan dépend donc d’un monopole. Est-ce normal ? Est-ce au capitalisme de décider ce que ce lieu doit être ? Ou bien ne faut-il pas penser, tout simplement humainement, comme Nicola Sirkis d’Indochine qui ne veut pas s’y produire, que cela doit être « un lieu de respect et de mémoire, un sanctuaire ou un monument ».

Cette dernière option est sans doute la meilleure, d’ailleurs. Y placer une exposition permanente ou quoi que ce soit de ce genre amènerait le même problème du respect du lieu. En faire un monument qui témoigne d’un événement dramatique est le plus juste, le plus conforme à une grande ville, le plus marquant dans une métropole.

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Pourquoi le cyclisme sur piste n’intéresse plus grand monde ?

La semaine prochaine du 12 au 17 novembre auront lieu Les six jours de Gand en Belgique, un des derniers grands événements massifs du cyclisme sur piste en Europe. Mais pourquoi ce sport si spectaculaire, jadis si populaire, n’est aujourd’hui plus que l’ombre de lui-même ?

Les six jours de Gand est une sorte de spectacle figé hors du temps. Pendant 6 jours, sous la clameur d’un stade bondé, chaque soir des cyclistes s’affrontent sur plusieurs épreuves pour cumuler des points avant de se départager sur l’épreuve ultime le dernier soir, la course à l’américaine.

Aucun vélodrome au monde ne réunit encore une telle ferveur. C’était pourtant légion au XXe siècle. Le Vélodrome d’hiver à Paris par exemple, tristement célèbre en raison de l’horrible rafle antisémite des 16 et 17 juillet 1942, était avant ça un stade très populaire, comme on le voit sur cette image :

La course à l’américaine, dont le nom officiel en anglais est la Madison, tiens son nom du Madison Square Garden, où là aussi se déroulaient des épreuves de cyclisme sur piste très populaires.

Aujourd’hui, à part aux Jeux Olympiques tous les quatre ans, le cyclisme sur piste n’intéresse presque plus personne. Les différentes épreuves de courses en peloton ou de sprints sont pourtant très spectaculaires et peuvent être sportivement très intéressantes.

Beaucoup de gens peuvent regarder le Tour de France pendant 5 heures à la télévision alors qu’il ne se passe rien… mais ils ne s’intéressent pas à des courses en peloton sur vélodrome. C’est là quelque-chose d’étonnant. Ces courses sont pourtant palpitantes, variées, avec un grand enjeu tactique immédiatement perceptible et analysable, comme au football, du fait que l’on puisse suivre l’ensemble de la compétition dans les moindres détails.

Comment est-il possible qu’il n’y ait pas en France, pays du vélo, un championnat hivernal professionnel de cyclisme sur piste, avec des courses en peloton qui seraient d’autant plus palpitantes qu’on connaîtrait bien les coureurs, les suivant tous les week-ends pendant une saison ? Avec les moyens techniques d’aujourd’hui, on imagine très bien ce que cela pourrait rendre en vidéo, avec en plus des belles ambiances sur place.

En attendant, les six jours de Gand font ici office de relique du passé. Les coureurs, qui sont parfois parmi les plus célèbres du cyclisme professionnel, sont stationnés  face au public dans des mini-boxes de la taille d’un banc de touche de football avec un petit rideau, héritage d’une époque où les courses de « 6 jours », avaient lieu durant 6 jours… non-stop, 24 heures sur 24 ! Les cyclistes, qui courraient par paire, se relayaient pour y dormir, alors que tout le monde criait, fumait et buvait autour d’eux. On imagine très bien les drogues qu’ils devaient ingurgiter pour tenir.

Cela a évolué depuis bien longtemps heureusement, mais il reste à Gand beaucoup de ce passé, avec ces fameux masseurs qui ne sont pas des kinés (qui sont pour autant très doués) ou ces préparateurs attitrés au ravitaillement des coureurs et ce public massé furieusement au milieu de la piste, que l’on appel la pelouse en référence aux vélodromes extérieurs.

Symbole de cette attitude à l’ancienne, les courses sont en grande partie arrangées à Gand, bien que cela ne soit jamais officiel. C’est la même chose que pour les critériums d’après Tour de France au moins d’août dans les campagnes françaises.

C’est fort dommage et c’est probablement une des raisons expliquant l’abandon du public, bien que la performance sportive n’en soit pas moins réelle et intéressante, malgré cet éternel problème du dopage.

Voici par exemple le show de Mark Cavendish et Bradley Wiggins qui avaient marqué les esprits en 2016 en reportant l’épreuve, avec leur magnifique maillot de champions du monde de la course à l’américaine (titre officiel, contrairement à cette épreuve gantoise donc…) :

https://www.youtube.com/watch?v=EwN_IhBqC2g

Les cyclistes courent par paire et se passent régulièrement le relais à volée, au milieu des autres coureurs, avec une grande dextérité. Voici, la même année, la victoire de la star belge Iljo Keisse gagnant la (folklorique) course derrière derny (une sorte de mobylette) :

Les six jours de Gand se courront encore cette année à guichet fermé, car il ne reste déjà presque plus de places. La star belge Iljo Keisse fera équipe avec le sprinteur britannique Mark Cavendish. Ils s’opposeront notamment à la paire belge Kenny De Ketele – Moreno De Pauw, détenteurs de nombreux titres officiels et spécialistes de la course à l’américaine.

Il existe encore quelques épreuves de 6 jours à travers l’Europe, avec des tentatives de modernisation du côté de Londres et de Berlin. Mais tout cela n’a rien de très palpitant et reste sur ce principe du show surfait. Ce n’est pas ce genre de spectacle qui attirera un public populaire très attaché à la performance sportive réelle et l’analyse tactico-stratégique poussée, tant sur le moment que sur le long terme, comme au football !

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La violence aveugle des jeunes dans les cités pour Halloween

L’actualité est marquée par quelques violences liées à Halloween dans les cités, avec notamment ce centre culturel brûlé à Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines, ainsi que cette école elle aussi brûlée à Bézier dans l’Hérault. Cela ne relève toutefois pas d’une insurrection généralisée ou d’une mise en péril de l’État, mais d’une grande décomposition sociale s’exprimant dans une violence aveugle, strictement parallèle à la décomposition de la Gauche historique.

Le gouvernement fanfaronne en prétendant que les récentes violences dans les cités seraient une réaction à son plan de lutte contre la drogue. Le Premier ministre lui-même a été dépêché pour expliquer :

« Nous sommes parfaitement conscients de ce que lorsque nous bousculons les trafics de stupéfiants, cela crée des tensions (…). Mais nous sommes déterminés à faire en sorte que ce trafic puisse cesser et à faire en sorte que l’ordre puisse être respecté et rétabli ».

Qui peut croire à cela, franchement ? Déjà parce que le trafic de drogue n’est nullement empêché en France et de toutes manière ce genre de violences spectaculaires n’est pas son mode opératoire. Personne ne peut croire que les réseaux de trafiquants auraient à ce point la main qu’ils s’imagineraient faire pression directement sur le gouvernement.

D’ailleurs, aussi impressionnantes peuvent-elles êtres, ces violences ne représentent en réalité pas grand-chose. On peut bien sûr être en colère contre le fait que des adolescents en soient rendu à brûler une école primaire ou un bâtiment culturel, pour ce qui relève surtout d’une surenchère concurrentielle entre cités via Snapchat. Mais à part pour les habitants directement concernés ( et encore ), cela ne change pas grand-chose à la marche quotidienne du pays. C’est anecdotique, bien plus anecdotique que la fermeture d’une usine ou l’installation d’un nouveau centre commercial.

Il n’y a d’ailleurs pas particulièrement de blessés graves du côté des forces de l’ordre, qui sont extrêmement bien équipées et rodées à ce genre de confrontations. C’est violent certes, mais il ne s’agit dans la plupart des cas que de cailloux et de tir de feux d’artifices par des adolescents en quête de sensations fortes. Tout au plus y a-t-il parfois des jets de boules de pétanque ou des cocktails Molotov.

C’est un peu l’équivalent des gilets jaunes et des « blacks blocs » le samedi, mais en version adolescents prolétaires issus de l’immigration et en moins prétentieux. Dans les deux cas, cela consiste en beaucoup de bruit pour en fait pas grand-chose, ce qui est une attitude très française.

Il ne faudrait pas pour autant nier la pression que subissent les forces de l’ordre et les pompiers, qui sont ici en première ligne pour « gérer » la décomposition sociale (et ne surtout rien régler). Comme si cela ne leur suffisait pas de voir leurs moyens matériels se dégrader, de faire énormément d’heures supplémentaires, d’arrêter en permanence des délinquants qui sont ensuite relâchés par la Justice, ils doivent aussi se « coltiner » ces bandes d’adolescent leur tendant des guets-apens pour s’amuser en criant « mort aux porcs » et autres idioties du genre.

Les statistiques officielles sont ici assez marquantes. Depuis le début de l’année, les « violences contre les dépositaires de l’autorité » ont augmentée de 14 %, soit 29 254 faits comptabilisés fin septembre. Cela donne en moyenne 107 agressions par jour. Il faut compter à côté de cela 22 624 outrages sur la même période.

Tout cela est la preuve d’une grande décomposition sociale dans le pays, avec une généralisation des attitudes décadentes autodestructrices. Les policiers et les pompiers sont pris pour cible à titre individuel, comme des totems, mais il n’y a aucun contenu politico-culturel à ces agressions, ni aucune perspective positive évidemment. Le plus inquiétant d’ailleurs en ce qui concerne les cités est qu’il ne semble y avoir aucun adulte pour mettre le holà aux bêtises des jeunes ou pour les aider à orienter positivement leur besoin de révolte.

Dans les années 1990, il y a eu le film Ma 6T va craker comme étendard de ce qui était censé être le summum de la révolte sociale. On peut avoir beaucoup de sympathie encore aujourd’hui pour le clip « La sédition » de 2 bal et Mystik (issu de la BO très réussi du film lui sans intérêt), qui était un clip d’une grande vigueur et assumait même un discours révolutionnaire communiste.

Mais que s’est-il passé depuis ? L’échec de la révolte de 2005, avec une Gauche cachée sous la table, a permis la grande offensive des islamistes. Parallèlement à cela, la Gauche institutionnelle a toujours plus disparu des cités, pour ne les regarder que de loin avec un discours misérabiliste, comme si les gens y vivaient en guenille en ayant à peine de quoi manger. Cela a directement laisser l’espace à une nouvelle génération de petits-bourgeois jouant sur le communautarisme et l’idéologie pseudo-décoloniale pour prendre des places dans la société capitaliste.

Bien sûr, la vie dans ces banlieues sensibles des grandes villes ne fait pas rêver, surtout pour qui ne supporte pas les trafics de drogues et les attitudes patriarcales des garçons comme le vrombissement de grosses cylindrées.

Ces attitudes sont d’autant plus détestables qu’elles sont largement encouragées par des petits-bourgeois de centre-ville fantasmant sur certains clips de rap, comme le ridicule et caricatural clip « Fuck le 17 » récemment.

En attendant, la Droite et l’extrême-Droite ont le champ libre pour dérouler leur discours et préparer l’opinion à un changement de régime, dans le sens d’une intégration forcée et généralisée au nationalisme.

Bruno Retailleau, un des leaders de la Droite s’est ainsi enflammé :

« Les incendiaires de Chanteloup-les-Vignes ne sont pas des imbéciles et des irresponsables comme le dit Édouard Philippe. Ce sont des criminels qui veulent affaiblir la République. Tant que les réponses politique et pénale seront aussi faibles, cette situation ne changera pas »

Guillaume Peltier, l’un des principaux responsables du parti Les Républicains, a même plaidé pour que « les mineurs délinquants récidivistes » aillent en service militaire obligatoire.

On aura compris que le jeune Jordan Bardella, vice-président du Rassemblement national, appel pour sa part directement à une réaction violente et organisée contre les jeunes de cité  :

« la solution ne réside pas dans plus de politique de la ville et plus de milliards d’euros, mais dans la sortie de l’angélisme et dans le rétablissement de l’ordre républicain, en regardant les causes en face: l’immigration massive, le communautarisme, le rejet de la France et de ses valeurs, la ‘culture racaille’, et les trafics en tous genres qui alimentent ces quartiers ».

On a le même genre de propos du côté du PCF avec le bourgeois Ian Brossat, adjoint à la Maire de Paris, qui en appel au « retour de l’État dans nos quartiers populaires » et à plus de Police, comme si l’État français était une force neutre, au service de la population… Comme si d’ailleurs l’État avait déserté les « quartiers » et qu’il n’y avait aucune structures d’aide sociale, d’animation culturelle, de soutien scolaire, etc.

C’est la Gauche historique qui par contre a largement disparu des quartiers populaires. C’est cela le grand drame des cités, tout comme c’est le drame des zones pavillonnaires populaires et des campagnes ouvrières. C’est cela qu’il faut changer, pour remettre le prolétariat et la perspective d’une société nouvelle, démocratique et populaire, au centre des préoccupations populaires.

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La grande ingéniosité populaire pour ne jamais dépenser d’argent sur le mode «FUT» de FIFA

Les modes multijoueurs en ligne ont bouleversé la pratique du jeu vidéo ces dernières années. C’est le cas notamment sur FIFA, la simulation de football où les joueurs pratiquent surtout le mode « FUT » dans lequel il existe une sorte de loterie pour améliorer ses compétences avec un système de cartes. L’éditeur du jeu EA Sport mise là-dessus pour soutirer de l’argent aux joueurs, mais certains s’organisent avec des techniques pointues pour éviter de payer et ils en font une véritable culture !

Plus de trois millions de personnes se sont connectées chaque jour sur « FIFA Ultimate Team » l’an dernier. Le « FUT » est un mode de jeu très complexe dans lequel il faut créer sa propre équipe avec des cartes de footballeurs (existant dans la vraie vie), afin d’affronter d’autre joueurs dans des matchs en ligne. Il faut changer régulièrement ses cartes de footballeurs afin d’augmenter le niveau général de son équipe et bien sûr avoir de meilleures individualités à chaque poste.

Voici un exemple de carte où l’on retrouve les caractéristiques principales du footballeur :

Pour que l’équipe soit efficace, il faut également qu’elle ait une bonne note collective. Celle-ci est déterminée par les rapports entre les footballeurs dans la vraie vie. Comme on le voit dans l’exemple ci-dessous, si deux footballeurs viennent d’un même club, ou alors ont la même nationalité et évoluent dans le même championnat, ils ont alors une liaison verte, qui fait augmenter la note collective :

Le premier moyen d’obtenir les cartes de footballeurs est d’ouvrir des « packs ». Le principe est qu’on ne sait jamais quelles cartes sortiront du « pack », comme c’est le cas pour les paquets de cartes à collectionner Panini.

Les « packs » sont offerts en récompense à l’issue de certaines compétitions ou de mini-challenges de création d’équipe, mais ils peuvent aussi et surtout, être directement achetés avec de l’argent réel.

C’est un système particulièrement pervers créant une addiction, exactement comme pour les jeux de hasards permettant de gagner de l’argent. Cette loterie du mode « Ultimate Team » engendre des bénéfices immenses, qui ont représenté en 2018 28 % du chiffre d’affaire d’EA Sport, qui est pourtant déjà un immense éditeur de jeux vidéos. Sa maison mère Electronic Arts a déclaré 1,2 milliard d’euros de bénéfice net pour son dernier exercice fiscal.

Il est difficile d’avoir des cartes de bon niveau sur le mode « FUT » de FIFA sans dépenser d’argent réel, à moins d’y consacrer beaucoup de temps. Il faut alors pratiquer tout un tas de techniques dites d’achat-revente de ses cartes de footballeurs (avec la monnaie virtuelle donc, pas de l’argent réel) sur l’immense marché d’enchère présent dans le jeu.

Cela nécessite de se tenir au courant plusieurs fois par jour de l’évolution du marché, en fonction des compétitions ayant lieu chaque semaine, à la fois dans le jeu, mais aussi dans la vraie vie. Si un footballeur connu fait un très grand match avec son équipe le week-end, il aura probablement dans FIFA une carte spéciale (qui sera plus ou moins rare) pouvant apparaître dans les « packs ». Ces cartes doivent être prises en compte dans les techniques les plus sophistiquées.

Le marché des transferts de cartes de footballeurs est censé n’être qu’une sorte de prolongement du système de « packs », la loterie par laquelle on obtient initialement les cartes. Dans la pratique, il devient primordial pour qui veut évoluer dans le jeu sans dépenser un centime d’argent réel. Il s’agit alors, via la monnaie virtuelle, de vendre au meilleur prix à certains moments tout en achetant le moins cher possible à d’autre moments.

Il faut bien voir ici qu’il y a tellement d’utilisateurs connectés à ce marché et de raisons d’acheter telle ou telle carte, que cela génère d’énormes possibilités du fait de l’immensité des flux. Les cartes les plus recherchées se vendent et s’achètent plusieurs fois par seconde.

Les différentes techniques mises en place par les joueurs, avec des noms comme « tech or », « tech avion » ou encore « tech 59 », consistent à analyser ces immenses flux pour en profiter intelligemment. Ce n’est pas de la spéculation en tant que telle, mais une sorte de boursicotage habilement mené, dans le but de renforcer sa propre équipe dans le jeu (on ne peut pas en retirer d’argent réel).

On comprend aisément qu’EA Sport fasse alors la chasse à ces différentes techniques d’achat-revente, qui permettent d’obtenir de belles cartes de footballeurs sans dépenser d’argent réel pour la loterie des « packs ». Pour continuer d’êtres efficaces malgré les restrictions, ces techniques de contournement deviennent alors de plus en plus sophistiquées, mais aussi de plus en plus chronophages.

Il y a quelque chose de vraiment fascinant à voir ces youtubeurs, pratiquement toujours des hommes assez jeunes issus des classes populaires, rivaliser d’ingéniosité pour obtenir les meilleurs cartes sans payer de « packs », tout en partageant leurs techniques au plus grand nombre.

C’est ni plus ni moins qu’une expression de la lutte des classes entre des prolétaires voulant s’amuser et une immense entreprise multinationale voulant les faire payer toujours plus. Il faut bien voir ici que les joueurs doivent déjà débourser une cinquantaine d’euros chaque année pour avoir la mise à jour du jeu et payent chaque mois auprès de Playstation ou Xbox l’accès aux serveurs permettant de jouer en ligne.

Il y a chez ces jeunes hommes pratiquant les techniques d’achat-revente sans argent réel une véritable culture antagonique contre EA Sport et une grande dignité populaire.

L’éditeur est considéré de manière tout à fait juste comme un monstre voulant les escroquer à tout moment et contre lequel il faut s’organiser !

Ces jeunes hommes ne sont pas dupes des pratiques mercantiles de l’éditeur de FIFA, qu’ils accusent aussi de mettre des « scripts » dans les matchs en ligne du mode FUT, c’est-à-dire de mettre en place un algorithme influant directement sur les matchs et dénaturant le jeu.

On comprend alors leur colère quand ils apprennent qu’EA Sport embauche carrément certain joueurs, afin de perturber leurs techniques.

Plutôt que d’abandonner le jeu, ou alors de capituler en achetant des packs avec de l’argent réel, ces joueurs mettent un point d’honneur à ne jamais rien lâcher et perfectionnent leurs techniques. C’est malheureusement une fuite en avant terrible, qui prend un temps fou, au point que certains se rendent compte qu’ils jouent finalement de moins en moins de matchs alors qu’ils passent toujours plus de temps sur leur console…

Quel immense gâchis, peut-on se dire, car si toute cette intelligence et tout ce temps était mis au service de la révolution, on renverserait si vite le capitalisme en France ! On produirait alors des jeux « FIFA » bien mieux, bien plus réjouissants, sans cette perte de temps insupportable que sont ces techniques d’achat-revente démesurées pour contourner le système.

Le jeu vidéo FIFA est dans de nombreux pays, dont la France, considéré comme le premier produit culturel en termes de vente qui se chiffrent en dizaines de millions. Il est vraiment incroyable que la Gauche, qui est censée incarner la voix du peuple, ne s’est jamais intéressée à ce phénomène de société. C’est pourtant totalement hégémonique chez les jeunes hommes des classes populaires et cela fait maintenant partie intégrante de la culture football.

La Gauche devrait donc être en première ligne pour mener la fronde sur le terrain politique contre EA Sport, en faisant interdire ni plus ni moins l’achat de ces « packs ». Ce jeu de hasard payant, complètement sous contrôle d’une grande entreprise et sans aucun cadre public, est inacceptable, tellement on sait qu’il est facile de tomber dans l’addiction et de dépenser des centaines d’euros, surtout chez les plus jeunes.

Nos voisins belges ont déjà interdit ces loteries payantes dans les jeux vidéos et ils ont bien raison. La France devrait suivre l’exemple. Mais interdire ne suffit pas, il faut également, en même temps, mener la bataille sur le plan culturel afin de proposer autre chose à la jeunesse, lui donner d’autres perspectives que le contournement passif par des techniques aussi ingénieuses qu’improductives socialement.

C’est là une question démocratique de grande importance, notamment pour les femmes qui doivent subir tout ce temps perdu par leur compagnon pour pratiquer ces laborieuses techniques d’achat-revente…

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«Miss France n’a pas le droit de faire 1 mètre 65, mais elle peut avoir une bite»

Le concours Miss France fait typiquement partie de ce genre d’arriération culturelle dont attend avec impatience la disparition quand on est de gauche. Mais au lieu de disparaître, il s’adapte au délire post-moderne ambiant et admet maintenant la possibilité qu’un homme qui se prétend femme puisse y participer. Cela n’a aucun sens, mais peu importe, du moment que cela colle à l’air du temps d’une société en déperdition.

La grande prétention du capitalisme, c’est l’existence de cette fameuse classe moyenne, qui serait la majorité et aurait accès à tout le confort matériel et toutes les possibilités culturelles. C’est bien-sûr un grand mensonge pour qui n’a pas abandonné la flamme de la civilisation au profit de la « magie » de Disney. En attendant, la société française a produit en masse ces enfants gâtés qui ne veulent d’aucune norme, ni d’aucune définition qui pourrait nuire à leurs caprices d’enfants-rois.

La réalité biologique elle-même est devenue de trop, alors il faudrait accepter qu’on puisse choisir son « genre » comme on choisit la coque de son Iphone. Les plus résolus se prétendent même au-dessus des « genres », composant à leur gré leur propre personnage, un peu homme, un peu femme et même autre chose.

Ces gens sont aujourd’hui tellement sûrs d’eux qu’ils pensent avoir l’autorisation morale de casser les dents à ceux qui disent non à leurs délires.

TF1 n’a aucun problème avec ce discours « trans », tellement il est évident que ce n’est que le produit de la consommation capitaliste aliénant tous les rapports sociaux, jusqu’à la vie elle-même. Voilà en effet de parfaits cerveaux disponibles pour le matraquage publicitaire télévisuel… La société Miss France a donc décidé de coller à l’air du temps et sa directrice générale Sylvie Tellier a expliqué dans un entretien au Parisien qu’une prétendue femme « trans » pourrait très bien participer au concours.

« Nous ne sommes pas la police » a-t-elle justifié en précisant que le règlement nécessite d’« être de sexe féminin » (à l’état civil, ce qui n’oblige à aucune opération), mais pas d’être « né de sexe féminin ». Nuance !

C’est alors que l’esprit populaire encore éveillé remarque :

« Miss France n’a pas le droit de faire 1 mètre 65, mais elle peut avoir une bite ! »

C’est effectivement du grand n’importe quoi ! La société marche complètement sur la tête en acceptant de telles horreurs dans l’actualité. Il faut vraiment le retour de la Gauche historique pour renverser tout cela et imposer la morale et les valeurs populaires. Sans quoi, l’extrême-Droite ne cessera de gagner des positions et s’approchera toujours plus du pouvoir en ayant le champ libre pour se présenter comme le seul rempart de la civilisation face à toute cette décadence.

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Déclaration des religions monothéistes sur la fin de vie

Entre les religieux refusant d’abréger les souffrances et l’ultra-libéralisme œuvrant à ce que les « faibles » s’auto-suppriment, le monde est en bien mauvaise posture…

Le rabbin Avraham Steinberg, coprésident du Conseil national israélien pour la bioéthique, avait proposé au pape François l’idée d’un document commun sur la fin de vie. C’est l’Académie pontificale pour la Vie, qui regroupe des dignitaires religieux juifs, catholiques et musulmans, qui l’a réalisé.

Parmi les signataires on a donc le rabbin Avraham Steinberg, Monseigneur Vincenzo Paglia qui est président de l’Académie pontificale pour la Vie, Kyai Marsudi Syuhud qui est le chef de la plus importante organisation d’oulémas d’Indonésie, ainsi qu’un représentant du patriarcat de Moscou, pour l’Église catholique orthodoxe.

Tous ces gens savent que l’ultra-libéralisme, avec sa reconnaissance du suicide comme « choix » individuel, provoque un profond rejet populaire. Ils comptent s’en faire les vecteurs.

Voici un résumé officiel des points abordés par le document.

« – L’euthanasie et le suicide assisté sont moralement et intrinsèquement mauvais et devrait être interdite sans exception. Toute pression et l’action sur les patients pour les persuader de mettre fin à leur vie est catégoriquement rejetée.

– Aucun personnel de santé ne devrait être forcé ou contraint à le faire, d’être associé, directement ou indirectement, au décès délibéré, d’un patient par suicide assisté ou par toute forme de suicide assisté. Au fil des ans, il a été accueilli favorablement le fait que le l’objection de conscience à ces actes contraires à la loi devrait être respectée. Ceci reste valable même si de tels actes ont été déclarées légaux dans certains lieux. L’objection de conscience devrait être universellement respectée.

– Nous encourageons et soutenons une présence qualifiée et professionnelle des soins palliatif partout et pour tous. Même quand la mort est un poids difficile à supporter, nous nous engageons moralement et religieusement à ne pas nous laisser abattre ainsi qu’à assurer réconfort, soulagement de la douleur, proximité, assistance spirituelle à la personne et sa famille.

– Nous appuyons les lois et les politiques publiques qui protègent le droit et la dignité de la personne en phase terminale, pour éviter l’euthanasie et promouvoir les soins palliatifs.

– D’un point de vue social, nous devons nous engager pour que le désir des patients de ne pas être un fardeau ne leur inspirent pas le sentiment d’être inutiles et que leur vie mérite d’être vécue dans la dignité, d’être soignée jusqu’à son terme naturel.

– Tous les professionnels de la santé devraient être tenus de créer les conditions nécessaires pour qu’une assistance religieuse soit garantie à toute personne qui en fait la demande.

– Nous nous engageons à utiliser les connaissances et la recherche pour définir des politiques qui favorisent les soins et le bien-être sociaux, émotionnels, physiques et spirituels, fournir un maximum d’informations et de soins aux personnes confrontées à des maladies graves et à la mort.

– Nous nous engageons à impliquer nos communautés sur les questions bioéthiques, en lien avec la phase terminale afin d’offrir une compagnie compatissante à ceux qui souffrent et meurent.

– Nous nous engageons à sensibiliser le public aux soins palliatifs à travers une formation appropriée en développant des ressources liées aux traitements pour la souffrance et la mort.

– Nous nous engageons à apporter un soulagement à la famille et aux proches des patients qui sont sur le point de mourir.

– Nous appelons les politiciens et les professionnels de la santé à se familiariser avec le vaste enseignement des religions abrahamiques pour fournir de meilleurs soins pour les patients mourants et leurs familles, en fonction de leurs traditions religieuses respectives.

– Nous sommes déterminés à impliquer sur ces questions les autres religions et toutes les personnes de bonne volonté dans le monde. »

Le refus d’abréger les souffrances se fait au nom d’un monde imaginaire, celui de Dieu. Il vise à conquérir les masses qui voient bien que le capitalisme pousse à l’auto-élimination des « incapables », des « inutiles ». Le capitalisme dit que l’individu est au-delà de la nature, qu’il peut « choisir » sa mort. Cela traumatise les masses cherchant à défendre la civilisation.

Les religieux le savent et cherchent à se donner du prestige en se prétendant les garants de la civilisation. Alors qu’ils ne sont que l’autre face de la médaille d’une société capitaliste en perdition, où ultra-conservatisme et relativisme libéral se nourrissent l’un l’autre.

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La question du califat et la mort d’Abou Bakr al-Baghdadi

Le chef de l’État islamique Abou Bakr al-Baghdadi a été tué dans une opération américaine en Syrie ce 26 octobre 2019. Cela met un terme à une intense querelle idéologique au sein de l’État islamique quant aux raisons de l’échec. C’est que la question du calife est absolument fondamentale en Islam. L’échec du califat pose un problème théologique de la plus grande ampleur et forme un défi dont la religion musulmane ne peut pas se relever.

Il est vraiment étrange de voir comment les commentateurs empêtrés dans leur confort bourgeois sont incapables de saisir la portée de la religion, alors que de manière formelle ils sont pourtant très cultivés.

Le professeur à Sciences Po-Paris Jean-Pierre Filiu, connu pour ses analyses à l’emporte-pièce, raconte ainsi au sujet de la mort du calife de l’État islamique que :

« Il n’est pas cependant certain qu’une telle perte symbolique affecte fondamentalement la direction opérationnelle de Daesh, depuis longtemps aux mains de professionnels aguerris. »

Amélie M. Chelly, « docteure en sociologie religieuse et politique, spécialiste du monde iranien, de l’islam chiite, et plus largement des phénomènes de politisation de l’islam (des Frères musulmans à Daesh) », dit la même chose :

« Les grands chefs qui ordonnent les combats sont des anciens de l’armée irakienne et des Tchétchènes qui possèdent donc de grandes compétences stratégiques et des rôles décisionnaires. Baghdadi était l’incarnation d’une idéologie, mais sa disparition physique ne l’entache en rien. Elle ne va donc pas mourir avec lui, mais continuer de vivre. »

Une telle analyse ne tient pas debout une seule seconde et elle montre que les « experts » ne comprennent vraiment rien à la question de l’Islam politique. Disons plutôt les experts français, car les experts américains ont une lecture bien plus pertinente.

C’est que le principe est le suivant. Le Coran a une sourate (4, 59) qui dit :

« Ô les croyants! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement.

Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez-le à Allah et au Messager, si vous croyez en Allah et au Jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleure interprétation (et aboutissement). »

Cela implique une soumission politique à un dirigeant musulman, qui ne doit plus être dirigeant s’il sort du cadre exigé par la religion. Rappelons ici que par religion il faut entendre un système à la fois moral et juridique, impliquant tous les aspects de la vie.

Le catholicisme a été obligé de capituler dans sa prétention à être ainsi, mais l’Islam de par l’appui par des formes féodales jusqu’à aujourd’hui, maintient cette orientation.

Cela implique que, quand on est musulman, on doit se soumettre à un dirigeant, grosso modo appelé calife en raison de la tradition. Certains pensent que ce n’est pas un « calife » en tant que tel, mais le principe est le même.

Cette situation permet d’être musulman et cette situation seulement. On appelle alors cela Dar al-Islam, le « domaine de la soumission à Dieu ». Dans le cas contraire, on est dans le Dar al-Harb, le « domaine de la guerre ».

Les attentats meurtriers et fanatiques de l’État islamique correspondent à cette opposition. Un musulman ne peut pas vivre, selon l’Islam, en terres non musulmanes. Il doit partir ou combattre. L’État islamique considère donc les musulmans en terres non musulmanes comme non réellement musulmans.

Al-Qaïda considère les choses pareillement, mais à une lecture par étapes et considère qu’on ne peut pas les rejeter en bloc comme l’État islamique l’a fait. Mais c’est l’État islamique qui l’a totalement emporté dans l’Islam radical, car il a assumé la formation d’un domaine « pur » politiquement et donc moralement, forcément avec un calife.

La mort du calife, qui avait pris le nom d’Ibrahim, pose donc un défi monumental à l’Islam. Soit il reconnaît que l’établissement d’un califat est impossible, mais alors il abandonne la prétention à une morale totale et il connaît le même phénomène d’intégration dans la société que le catholicisme.

Soit il garde l’utopie du califat, mais alors il est obligé d’évaluer l’expérience de l’État islamique et alors cela va renforcer tous les courants de l’Islam politique (des frères musulmans à Al Qaïda), provoquant une communautarisation et une sectarisation accompagnée de factionnalisme agressif.

Il faut bien saisir que la question n’est pas religieuse. Il ne s’agit pas de savoir si on peut prier comme musulman ou pas, mais bien de vivre entièrement la morale musulmane dans tous les actes du quotidien.

C’est là où la Gauche doit intervenir. Elle doit proposer son propre système moral, complet, aussi complet que l’Islam. En montrant que ce dernier n’est qu’une révolte romantique, féodale, contre le capitalisme.

Une telle tâche est impossible à une gauche libérale dans les mœurs, bien entendu. Seule la Gauche historique le peut, en disant par exemple : oui, il faut refuser la destruction du principe du couple par l’ultra-libéralisme, mais pas en adoptant une lecture féodal de celui-ci. Oui, la superficialité de la société de consommation doit être combattue, mais pas au profit d’un rigorisme sectaire-religieux.

Et il faut décliner cela dans tous les domaines. Sinon le monde s’effondrera dans un grand affrontement entre les décadents post-modernes et les illuminés pro-féodaux…

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L’homosexualité comme «comportement aberrant engendré par la société bourgeoise»

La Gauche historique n’a jamais voulu discriminer les personnes homosexuelles, mais a toujours été critique de l’homosexualité, avant le grand renversement des années 1990-2000. Cela n’a jamais été conceptualisé et c’est le signe d’un vrai souci : il y a eu un accompagnement du libéralisme sur le plan des mœurs.

Nous sommes dans les années 1970 et il y a deux Gauches. Il y a celle qui se place dans la tradition du mouvement ouvrier. C’est le PCF, les marxistes-léninistes (c’est-à-dire les maoïstes) et les trotskistes de Lutte ouvrière. Il y a celle qui affirme qu’il faut révolutionner les mœurs. Ce sont les anarchistes et les trotskistes de la Ligue communiste, ainsi que les post-marxistes-léninistes de « Vive la révolution ».

Pour les premiers, les comportements déviants n’ont pas de sens ou bien ils l’ont temporairement si on parvient ensuite à l’idéologie de la classe ouvrière. Pour les seconds, la déviance est l’expression d’un besoin individuel de libération et c’est donc tout à fait juste.

Culturellement, cela provoqua un affrontement très fort alors entre la Ligue communiste (devenue la Ligue communiste révolutionnaire) et Lutte ouvrière. Les deux avaient formé le projet de s’unifier. Mais culturellement, c’était deux mondes. Lutte ouvrière imposait un style vestimentaire, interdisait les boucles d’oreilles pour les hommes, était d’une rigidité formelle outrancière, tout en défendant en théorie l’amour libre. À la Ligue, c’était au contraire le style décadent strictement parallèle aux milieux grands bourgeois parisiens.

Témoignage de ce conflit, voici ce qu’on lit dans le numéro 338 de Lutte Ouvrière, le 18 février 1975. C’est, en quelque sorte, une réponse allusive à la LCR qui, elle, de son côté, dispose d’une Commission nationale homosexuelle, faisant assumer à la LCR d’être pro-sado-maso, cuirs, transexuels.

« Nous pensons que c’est la société bourgeoise qui engendre l’égoïsme, l’individualisme et finalement le mépris pour les autres et les préjugés sociaux, dont le mépris envers les homosexuels fait partie.

C’est à ce titre que nous combattons ce préjugé, comme nous combattons tous les autres.

Mais il y a une distance entre cette lutte sans réserve contre les préjugés et le fait de parer l’homosexualité de vertus révolutionnaires, comme l’ont fait un certain nombre de « gauchistes », et d’y voir le fin du fin de la lutte contre la morale bourgeoise, en décrétant que l’homosexualité est tout aussi « normale » que l’hétérosexualité et que qui prétend le contraire est un arriéré plein de préjugés.

Cela revient à idéaliser ce qui n’est, en très grande partie, qu’un des nombreux comportements aberrants engendrés par la société bourgeoise. »

Ce point de vue est classiquement « stalinien » pour les trotskistes et d’ailleurs Lutte ouvrière l’a abandonné devant la pression sociale. Elle a tenu cependant longtemps, refusant ainsi Act Up à sa fête au tout début des années 1990, en raison du fait que ce n’était pas une organisation politique, ce qui lui valut des dénonciations comme homophobes de la part de la Ligue trotskyste de France.

Ce point de vue était de toutes façons celui de toute la Gauche historique. Et là on voit le souci. Car la Gauche d’aujourd’hui n’a nullement ce point de vue. Mais à quel moment y a-t-il eu un changement d’avis, un retournement des valeurs ? Personne ne le sait. C’est juste qu’on s’est mis à l’ère du temps. Et cela montre un véritable problème de fond. Il a simplement été cédé à une mode.

Et il y a ici deux possibilités. Soit la Gauche historique a raison et en ce cas la question est réglée. Mais s’il y a vraiment une partie de la population homosexuelle, alors la Gauche l’a trahie de manière totale, car elle a accepté toutes les définitions du libéralisme et de l’industrie capitaliste au style « LGBT ». Or, qui en paiera le prix ? Les personnes homosexuelles elles-mêmes, qui associées au capitalisme, deviendront des cibles. Et cela, c’est très grave et d’une portée dont on ne peut pas voir les conséquences.

Il y a ici tellement de non-dits et de contaminations des valeurs de centre-villes, du style de vie hédoniste bourgeois, que la Gauche a failli sur tous le plans. Tant qu’elle ne se ressaisit pas sur cette question et toutes les autres d’ailleurs, elle n’avancera pas.

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La moto et la ville

On part au travail dans une zone industrielle, on travaille dans un bureau, dans un hangar, peu importe… On travaille en intérieur, sous la lumière blanche des néons pendant sept à huit heures d’affilées. À la fin de la journée, on rentre en ville, généralement dans son appartement, après avoir passé tout le trajet à voir sans vraiment regarder des panneaux publicitaires, des enseignes lumineuses, de la même façon qu’on est hypnotisé par la lumière rouge des feux arrières des voitures devant nous. Et le lendemain, ça recommence !

Quand on vit en ville, et qu’on y travaille, en son cœur ou bien en périphérie dans une zone industrielle, vient toujours un moment où le travailleur se sent pris à la gorge, et rêve de s’échapper. Il y a une contradiction puissante entre la profusion urbaine poussée jusqu’au malsain, et le vide total des campagnes. Le motard, lui, est souvent une personne qui, au fond, cherche à briser ne serait-ce que le temps d’une balade, cette contradiction.

Il part donc, seul ou accompagné, sur les plus jolies routes de sa région. Pourquoi sont-elles plus jolies ? Parce-qu’elles sont bordées d’arbres, parce-qu’elles sont à flanc de falaise et laissent admirer des paysages à couper le souffle. Même sans tomber sur de magnifiques panoramas, le simple fait de sortir et d’être au contact de la nature, de voir qu’il existe encore des endroits où les bâtiments ne font pas la jonction entre la terre et le ciel, est un soulagement en soi. Certains roulent doucement, pour prendre le temps d’admirer et certains roulent trop vite, pour se défouler.

Le motard cherche à vivre, à être au contact de l’air, il tâtonne pour trouver une authenticité qui lui manque. Il a toujours une bonne raison de fuir la ville, qu’il ne supporte pas au quotidien : il suffit d’observer son comportement dans la circulation pour voir qu’il se sent oppressé et frustré dans le chaos urbain, ses embouteillages, ses grandes voies réservées à certains usagers précis, qui lui semblent désespérément et inutilement vides. Il a rapidement besoin d’aller vite, même pour aller travailler dans un endroit qu’il n’apprécie pas vraiment.

C’est pour cela qu’il adopte souvent une conduite à risque, qu’il se met lui et les autres en danger. Si conduire une moto n’est pas un crime, il faut aussi que le motard devienne plus conscient de ce qui le motive au fond et qu’il comprenne que la moto, si elle lui permet de fuir la folie des villes ou de se vider l’esprit de tous ses soucis, n’est pas pour autant un sésame pour l’authenticité et la liberté.

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Université de Bordeaux: les postmodernes torpillent une conférence sur la PMA et la GPA

À l’université Bordeaux Montaigne, une conférence devant aborder de manière critique la PMA et la GPA a été torpillée par le syndicat Solidaires étudiant-e-s Bordeaux, ainsi que les associations GRRR, Riposte trans, Mauvais Genre-s et WakeUp! La « Gauche » postmoderne se fait ici encore ouvertement l’appui de l’ultra-libéralisme et des institutions elles-mêmes, sous couvert d’un discours très radical en apparence.

Le 24 octobre devait se dérouler une conférence à l’université de Bordeaux Montaigne, dont voici la présentation :

« Avec Sylviane Agacinski : « L’être humain à l’époque de sa reproductibilité technique »

Écrivaine et philosophe

Avec le développement des biotechnologies, le corps devient une « ressource » nécessaire à certaines méthodes thérapeutiques, comme la transfusion sanguine, la greffe de tissus et d’organes, ou encore un « matériau biologique » nécessaire aux technologies de la reproduction humaine. Le corps humain vivant, charnel, devient un corps utilisable – tantôt pour la recherche, pour les traitements médicaux, ou pour la procréation assistée.
À partir de là se pose, de façon nouvelle, la question morale et juridique de la protection des personnes et de leur corps. »

Cela devait relever d’un cycle de conférences régulières avec des sujets divers. Le titre de la conférence est une allusion à un texte de 1935 du philosophe Walter Benjamin, L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique. Il y étudie le rapport entre la société de consommation s’installant alors et les impressions de l’œuvre d’art sur les gens.

Cette approche, critiquable peut-être intellectuellement, mais dans tous les cas uniquement intellectuelle et totalement institutionnelle, a été une cible de la « Gauche » postmoderne, qui compte bien étouffer toute réflexion organisée sur la PMA et la GPA, au nom des « droits individuels » et de la remise en cause de « l’hétérofascisme ». Les partisans de la théorie du genre ont ainsi prévenu :

« Nous mettrons tout en œuvre afin que cette conférence n’ait pas lieu. »

C’est ce qu’on lit dans un communiqué signé du syndicat Solidaires étudiant-e-s Bordeaux, ainsi que les associations GRRR, Riposte trans, Mauvais Genre-s et WakeUp! On a d’ailleurs un exemple de plus de comment la « Gauche » postmoderne a massacré les restes du syndicalisme étudiant en le faisant passer dans le camp des revendications sociétales les plus ultra-libérales. Ici, le syndicat étudiant est associé à pas moins de quatre structures LGBT !

Il est flagrant qu’il n’y a plus rien de raisonnable, pour autant qu’il y en ait eu, chez ces agents de l’ultra-libéralisme dans les rangs de la Gauche.

Cette « Gauche » post-moderne n’est d’ailleurs pas à une contradiction près. Solidaires étudiant-e-s Bordeaux, le syndicat étudiant à l’origine de l’initiative de refus de la conférence, reconnaît lui-même que les institutions sont exactement sur la même ligne que lui.

« Alors que cette année l’Université Bordeaux Montaigne se targue de prendre en compte les prénoms d’usage des étudiant-e-s transgenres afin « d’éviter une exposition à de possibles attitudes ou pratiques discriminatoires », elle invite dans le cadre de ses conférences la “philosophe” Sylviane Agacinski pour parler de « L’être humain à l’époque de sa reproductibilité technique » le jeudi 24 octobre 2019 à 18h sur le campus de Pessac. »

On a ainsi des gens se prétendant de gauche, mais trouvant très bien une initiative institutionnelle poussée par le camp du libéralisme dans notre pays ! Et œuvrant à dénoncer comme « réactionnaire » ceux qui s’y opposent… Tout en reprochant au système de ne pas aller assez loin, de ne pas aller assez vite.

On n’a pas ici une Gauche qui reproche au système d’exister et entend le dépasser, mais une « Gauche » postmoderne qui veut le diluer, le faire s’accélérer pour aboutir à l’atomisation la plus grande, avec des individus « tous différents », sans aucun universalisme.

Sa dimension essentielle – être le fer de lance de l’ultra-libéralisme – doit être véritablement compris pour comprendre comment relever la Gauche historique.

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La prolétarisation de l’Ouest de la France depuis 1968

Si la Gauche a oublié une chose fondamentale, c’est bien l’existence de la classe ouvrière. De sujet central il y a encore quarante ans, elle a été effacée progressivement de toute intervention stratégique à gauche. Amorcé dans les années 1980, ce lessivage idéologique a trouvé sa consécration dans la décennie 1990. Pourtant, si l’on regarde une dynamique sociale comme celle de l’Ouest de la France, il est frappant de constater que ce sont justement les ouvriers qui ont massivement investi la région depuis 1968.

En France, les ouvriers représentent 20,15 % (5 395 209 personnes) de la population active (2019). Dans tous les pays de l’Ouest (Bretagne, Normandie, Pays de la Loire), leur part est partout plus élevée que la moyenne nationale, avec même des niveaux très hauts en Mayenne (31, 3%), en Vendée (31%) ou dans l’Orne (31%). Ces départements font même partie des quatre premiers endroits en termes de concentration ouvrière.

La progression des effectifs ouvriers est vérifiée partout, mais cela se fait en ligne discontinue avec une progression surtout jusqu’en 1999 puis une stagnation ensuite, ce qui est peu étonnant compte tenu des cycles d’accumulation du capital.

Bien que le premier département ouvrier de l’Ouest, la Seine-Maritime, a vu son nombre d’ouvriers baisser depuis 1968, contrairement à la Vendée qui a vu une très forte hausse entre 1968 et 1999 (environ 38 400 ouvriers en plus). Malgré une relative baisse depuis 1999, la Loire-Atlantique est également un département qui s’est ouvriérisé (29 000 ouvriers en plus).

Prenons par exemple la petite ville des Herbiers en Vendée. Elle s’est littéralement transformée. Avec presque 4 000 habitants en 1946, elle en compte maintenant 15 972. De 4 000 agriculteurs, 0 cadres et 880 ouvriers en 1968, on est passé à 108 agriculteurs, 660 cadres et 1 797 ouvriers. Avec environ 5 % de chômage (contre environ 9 % en France), la zone d’emploi structurée autour de 22 petites villes rurales concentre plus de 40 % d’emplois ouvriers boostés par la construction navale. Cela est similaire du côté de la zone d’emploi de Cholet avec 32,6 % d’emplois ouvriers.

Alors que s’est-il passé entre 1960 et 2010 ?

Avec une conflictualité intense dans les grands bastions ouvriers dans les bastions métallurgiques (région parisienne, Rhône, Est), les industriels optèrent dès la fin des années 1950 une stratégie de contournement, dite de la « décentralisation productive ».

L’objectif : éclater les unités de production, modifier la composition de classe, trop compactée et générant une culture d’atelier trop rétive aux ordres d’en haut. C’est ainsi, par exemple, qu’est fondé en 1961 l’usine de PSA-La Janais à Chartres-de-Bretagne, dans la périphérie de Rennes, mais aussi Renault à Cléon (Seine-Maritime) en 1958.

Cela entraînera logiquement l’éclosion de myriades de petites unités de sous-traitance métallurgiques, comme par exemple Faurecia (siège automobiles) implanté à Caligny (850 salariés) dans l’Orne ou Cooper Standard à Vitré (850 salariés) et à Rennes (devenu Continental en 2018).

C’était là un très bon coup politique puisque tout en sapant les collectifs ouvriers historiques, la « décentralisation productive » offrait une réponse à l’exode rural massif vidant les campagnes de l’Ouest en ces années. Le mouvement de mai 1968 accompagna cette tendance en la modernisant, notamment par la grande revendication de « vivre et travailler au pays ».

Soulignons à ce titre que le mouvement de prolétarisation des campagnes de l’Ouest entre 1968 et 1990 a trouvé a s’exprimer politiquement dans le P.S.U (Parti Socialiste Unifiée) et ce courant « chrétien de gauche ». Ce sont ces courants qui seront par là suite à la tête de la modernisation sociale et économique au cours des années 1980.

Mais ce n’est pas que ces secteurs industriels « traditionnels » qui expliquent la prolétarisation de l’Ouest, car cela est finalement extérieur à la région. Il est ici impossible de ne pas voir comment l’Ouest s’est transformé de l’intérieur pour devenir la zone agroalimentaire stratégique de France.

Résultat de la politique gaulliste de centralisation de l’agriculture en 1960-1962, les agriculteurs ont littéralement fondu depuis 1968. Cela correspond bien évidemment à la recomposition du capital, à sa concentration dans des grands monopoles de la distribution (comme E.Leclerc, puis Intermarché, dont les fondateurs sont originaires de Bretagne, ou encore Super U, extrêmement implanté dans les campagnes de l’Ouest).

Fait notable, il n’y avait aucun agriculteurs au chômage en 1968, et en 1999, sur 13 départements, il y a en avait encore 9 qui comptaient plus de 10 000 agriculteurs. En 2015, il n’y en a plus un seul. Malgré ses tentatives syndicales, la paysannerie n’a pu échapper à son sort inéluctable dans le capitalisme : devenir salarié.

En décembre 2006, l’industrie agroalimentaire est ainsi le principal employeur de Bretagne, avec une augmentation de 12 000 emplois entre 1989 et 2006, soit une augmentation de 22 % contre seulement à peine 1 % en France. L’agroalimentaire concentre ainsi 65 % des emplois industriels de la région, ce qui est 2,3 fois plus élevé qu’en France. Et dans cette industrie, c’est évidemment la production de viande et de poisson qui s’envole, avec plus de 10 % de progression entre 2001 et 2005.

Ainsi, c’est à Lamballe-Armor (16 653 habitants) que se situe sûrement l’un des plus gigantesques abattoirs, la Cooperl Arc Atlantique. La « Coop » c’est plus de 7 000 employés pour 5 800 000 cochons abattus et 13 millions de consommateurs dans le monde : un empire local qui domine toute la vie sociale et économique.

Mais on aurait pu citer aussi Socopa Viandes (propriété du monopole Bigard-Charal) et ses quatre usines (Moutauban-sur-Bretagne, Quimperlé, Chateauneuf-du-Faon, Guingamp) concentrant plus de 2 500 salariés. Mais aussi, Jean Rozé à Vitré (1 400 salariés), Fleury Michon en Vendée et ses 3 000 employés… À cela s’ajoute évidemment de multiples bases logistiques et son lot de chauffeurs, magasiniers, préparateurs de commandes, etc.

L’Ouest est l’illustration de l’ancrage absolu du capitalisme français, ayant transformé des régions anciennement paysannes en de vastes zones ouvrières où s’accumule et se reproduit le capital. La classe ouvrière est encerclée par l’ennui pavillonnaire et la monotonie du travail, tout cela sur fond d’une pollution chronique (dont le phénomène des algues vertes est une expression parmi d’autres).

Pourtant, sur le plan des consciences, il y a un retard réel puisque le poids de la mentalité paysanne, de la culture « terroir » est omniprésente, mais dans une forme « modernisée » sur fond de prégnance de l’état d’esprit « catholique de gauche ». C’est en ce sens qu’il faut comprendre la réticence, bien qu’affaiblie ces dernières années, à Marine Le Pen.

Il reste un poids certain des anciens courants des années 1970 avec un Parti socialiste qui atteint des scores relativement élevés dans la 5e circonscription de Vendée, les 1eres circonscriptions du Finistère, de l’Orne et de Mayenne. Sans parler de la Seine-Maritime qui a envoyé aux élections législatives de 2017, 3 élus PCF et un PS.

L’Ouest revêt donc une importance toute particulière pour la Gauche, celle qui se place dans la filiation des combats ouvriers de Fougères ou des sardinières de Douarnenez élisant en 1921 l’un des premiers maires communistes de France.

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Mode: le style football 2019/2020 témoigne du rythme populaire

L’élévation de la qualité des maillots de football et des habits qui y sont liés reflète une exigence populaire de style et d’universalisme. Le capitalisme a ici totalement triomphé, ce qui signifie qu’il est en train de s’effondrer et de laisser la place à un processus de socialisation. La mode est devenue une exigence de style populaire, dans la vie quotidienne. Le style graphique 2019/2020 en est un signe efficace.

La mode était auparavant l’apanage d’une minorité au style de vie franchement isolé du reste de la société. Le développement de la société de consommation a bouleversé la donne. Si le style populaire est largement aliéné par les valeurs imposées par le marché, il affirme un universalisme qui préfigure la socialisation complète.

Rien que les habits proposés par le club de football des Kaizer Chiefs de Johannesburg, en Afrique du Sud, sont d’une fraîcheur exceptionnelle. A l’avenir, tous les maillots auront ce niveau… quand on aura changé le contenu de la société.

Ce processus de socialisation est bien entendu invisible aux yeux de qui pratique le misérabilisme quant aux conditions de vie. Sur un site d’ultra-gauche, au sujet de l’écologie, il est écrit tout récemment que la majorité des prolétaires n’a pas les moyens de se procurer des tomates bios.

Un tel misérabilisme est en décalage total avec le développement de la société de consommation, qui est aussi l’expression de l’universalisme et de la socialisation. Poto ! Le maillot de la Roma extérieure coûte seulement 60 euros…

Le niveau de culture augmente, il se généralise, même si le processus est tourmenté et déboussolé par le rythme capitaliste de la consommation, sa superficialité. Il y a une esthétisation de la réalité sociale qui se produit et la pression des masses à ce niveau est immense. Il y a une exigence de qualité et de style, évidemment tout est détourné par le capitalisme… pour l’instant.

Il n’y a plus que les gens liés à la vieille culture syndicale pour ne pas voir l’intérêt d’un produit comme le maillot home du club anglais de Hull city…

Il faut être sans culture pour ne pas voir le style rigoureusement italien du troisième maillot de l’AS Roma, de par sa coupe, ses couleurs, le style qu’il impose.

Le maillot home de Liverpool en mode spécial Blackout est formidable et il n’est pas étonnant que son succès a été très grand.

Le maillot extérieur d’Arsenal à l’occasion du carnaval londonien de Notting Hill est une réussite brillante également.

Ce monde toujours plus en noir et blanc se colore toujours plus. Tous les succès du capitalisme sur tous les plans annoncent son dépassement par la socialisation populaire.

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Mondiaux d’athlétisme au Qatar: «Les forçats du stade», tribune du sénateur PCF Eric Bocquet

Voici une tribune publiée par le sénateur PCF du Nord Eric Bocquet. Il critique vertement les championnats du monde d’athlétisme s’étant déroulés au Qatar, ainsi que la Coupe du monde de football qui y est prévue en 2022, en citant Karl Marx !

« Les forçats du stade

Les championnats du monde d’athlétisme au Qatar, simplement inhumains !

Une fois n’est pas coutume, nous allons parler sport. Non pas des résultats mais plutôt de ses coulisses. Je voudrais évoquer ici les championnats du monde d’athlétisme qui se sont déroulés au Qatar, à Doha.

C’est un évènement planétaire dans le domaine du sport mais force est de constater qu’on en parle beaucoup plus à propos des polémiques qu’il suscite que des performances qui y sont réalisées. Et pour cause.

Pour le marathon féminin, il y avait 68 participantes, pas moins de 28 ont abandonné l’épreuve. La raison : la chaleur insoutenable et le niveau élevé de l’humidité qui rendaient l’air irrespirable, de 37 à 42° la journée et minimum 30° le soir, température ressentie 35°. Tout simplement inhumain.

Le champion du monde français du 50 km marche, Yohann DINIZ recordman mondial du décathlon contraint, lui aussi, d’arrêter l’épreuve. Il dira de cette compétition : « C’est une catastrophe ! ».

Par ailleurs, un stade de 46 000 places, à peine rempli au quart avec 2 000 invités ! Il n’y a personne dans les tribunes.

Les performances réalisées par les athlètes qui résistent ne sont pas à leur niveau habituel. Oui, ces mondiaux sont une catastrophe sportive, humaine et sociale. Elle est aussi une catastrophe écologique avec ce stade ouvert, climatisé qui consomme autant d’énergie qu’une ville de 20 000 habitants.

Ce système du fric atteint ici ses propres limites dans le comble de l’absurdité et du cynisme. Arrêtez-ça !

La coupe du monde de football aura lieu en 2022 au Qatar par la volonté de… La justice enquête. L’Eldorado qatari construit des stades, des autoroutes, un métro pour accueillir l’évènement. Le PIB par habitant est le plus élevé du monde, 110 000 dollars par an. Deux millions d’habitants.

Les forçats qui construisent les stades, eux, touchent 180 euros, travaillent 11 heures par jour, sous les mêmes températures, 6 jours par semaine. Ils meurent d’accidents cardio-vasculaires et d’accidents du travail. Ils sont Indiens ou Népalais, prolétaires sacrifiés sur l’autel du football.

Je n’ai regardé aucune retransmission des épreuves, au-dessus de mes forces, dégouté ! Jamais cette phrase de Marx n’a été illustrée de manière aussi flagrante, le capitalisme, c’est l’exploitation de l’homme par l’homme, et, en l’occurrence, de la nature aussi.

Dépassé le marxisme ? Ah bon ! »

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Le piège de la polémique sur le voile lancée par Julien Odoul du Rassemblement national

Les polémiques actuelles sur le voile sont totalement coupées de la vie quotidienne. Elles sont nourries par une extrême-Droite cherchant des boucs-émissaires et une « Gauche » post-moderne, post-industrielle pratiquant l’hystérie pour contribuer à l’individualisme capitaliste. L’objectif convergent est la négation de la lutte des classes, alors que la France craque toujours plus de partout.

L’interdiction du voile à l’école pour ce qui était alors un phénomène secondaire a été un terrible piège, la boîte de Pandore de tous les problèmes. Le pire c’est que ce sont des militants d’ultra-Gauche – de Lutte ouvrière en l’occurrence – qui ont amené tout cela il y a quelques années. Et maintenant, on se retrouve avec une affaire comme celle de l’affiche électorale récente de la FCPE, l’association des parents d’élèves liée à la Gauche. Celle-ci racole de manière éhontée, totalement communautariste, afin clairement d’essayer de sauver les meubles en termes de vote.

Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre.

Car le fond du problème est simple : on a d’un côté une Gauche qui a raison d’être contre la religion, mais qui ne comprend rien à la dimension culturelle de la religion et qui se comporte malheureusement souvent de manière simpliste. On a de l’autre une Gauche qui fait de la lutte anti-raciste une cause indéniablement importante, mais qui raisonne en termes de catalogues d’oppressions et aboutit ainsi à une véritable méthodologie de la différenciation individualiste.

Tout cela est d’autant plus grave que la polémique a été lancée véritablement par un mode opératoire classique. Julien Odoul a obtenu sa célébrité en jouant la dénonciation d’un bouc-émissaire. C’est évident et la Gauche aurait dû aisément faire bloc pour étouffer cette opération.

Le procédé est en effet terriblement choquant, car c’est une mère qui a été agressée et sur le plan des valeurs populaires, c‘est un crime. On en a rien faire du voile ici, c’est totalement secondaire. C’est une question de principe, de vie quotidienne. Il y a des choses qui ne se font pas.

Le migrant ayant frappé un enfant de deux ans et sa mère à Saint-Denis lundi dernier l’a appris à ses dépens, en se faisant démonter par les gens présents. Le peuple déteste les comportements anti-sociaux et voue une haine farouche à ses représentants.

Julien Odoul a agi clairement sur le même mode opératoire que le migrant à Saint-Denis, en prenant à partie de manière très agressive une mère accompagnant son fils et toute une classe de CM2 au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, en raison de son voile. Il a cherché à ostraciser une mère. C’est inacceptable.

Et c’est pareil pour le pompier ayant interdit pareillement à une mère accompagnatrice l’entrée d’une caserne de Creil lors d’une visite de classe, lundi dernier. Et c’est pareil pour Stéphane Guillon, qui sous prétexte d’humour a tenu des propos parmi les plus crapuleux qu’on puisse tenir peu avant le second tour des présidentielles. Nicolas Dupont-Aignan avait choisi de soutenir Marine Le Pen et alors que sa mère venait justement de décéder, Stéphane Guillon a expliqué :

« Il a perdu sa maman il y a deux jours donc j’ai respecté ce moment. Je me suis dit que ma mère aurait fait la même chose si je m’étais engagé aux côtés de Marine Le Pen et si j’avais déclaré être son Premier ministre, vouloir travailler avec elle : je pense que ma mère se serait aussi laissée mourir comme madame Dupont-Aignan. »

C’est ignoble. Et c’est à cause de gens comme cela qu’on ne parle pas de la vie des gens, de la vie populaire, comme de cette mère de deux enfants, morte à 23 ans dans un accident de manège à Firminy, dans le département de la Loire, lundi dernier. Ou donc, de cette femme à Saint-Denis. Alors que c’est la vie du peuple, la vraie actualité.

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Le teknival «Tek’Steve’All» en périphérie de Nantes

Pratiquement 15 000 personnes se sont rassemblées en périphérie de Nantes pour un teknival nommé « Tek’Steve’All », en référence au jeune décédé dans cette ville lors de la fête de la musique. L’événement, traditionnel dans sa forme, a ouvertement assumé un discours anarchiste, prônant la vie à l’écart des valeurs dominantes, la haine de la police, le cantonnement dans une fuite en avant dans le « son » et, bien évidemment, l’alcool et les drogues.

Depuis l’occupation de la piscine Molitor à Paris en 2001 pour une free party historique, la scène techno des frees et des teknivals a toujours oscillé entre une volonté de reconnaissance et un goût prononcé pour la marginalité. Les exigences préfectorales ont cependant toujours été telles que finalement, c’est le choix de la bande à part qui a été fait pour ceux refusant de tout abandonner ; sur la vingtaine de frees de l’année dernière, une seule avait été déclarée.

La mort de Steve lors d’une fête techno à Nantes a forcément transcendé une scène qui, à l’arrière-plan, a toujours connu un énorme problème d’identité. À l’opposé du phénomène de masse que cela a été en Angleterre, la scène techno française des frees a toujours surtout rassemblé des jeunes à la périphérie des grandes villes, cherchant une dynamique culturelle positive.

L’apolitisme dominant – même si de manière régulière la chanson « porcherie » (sic!) des Béruriers Noirs clôt une free – se résume donc toujours par cette volonté suprême d’être « laissé tranquille ». Les multiples slogans du teknival qui vient de se dérouler sont à comprendre en ce sens :

« La police peut nuire à vous et à vos proches », « Etat policier, rue de la répression », « Ni oubli ni pardon pour Steve », « Justice pour Steve », « Justice pour Steve, mort pour avoir dansé », « Partout comme en teuf, défendons-nous face aux keufs », « Légitime défiance, la police est coupable », « La police tue… pas nos basses ! », « Face à la répression, unis pour nos libertés », « danger police », « UnisSONs-nous et RAVE’oltons-nous contre la répression », etc.

Cela semble d’autant plus rebelle que, conformément à l’esprit des teknivals, il y a un vrai effort de fait pour la décoration, le jeu de lumières, la qualité des sound-system, etc. Le problème est que cela fait 20 ans que les choses n’ont pas bougé. La scène des free parties vit dans la passé. Elle écoute une musique du passé, avec un style du passé. Rien ne bouge, surtout rien ne doit bouger.

À cela s’ajoute le problème de fond : l’utilisation obligatoire de drogues. La scène techno des free parties n’utilise pas les drogues comme un moyen, ce sont désormais les drogues qui l’utilisent comme moyen. Le problème des drogues était déjà énorme à la base, mais il était possible de discuter. Aujourd’hui c’est impossible, les drogues imposent leur domination totale. Ce panneau d’avertissement artisanal au teknival de Nantes prévenant, sur un pont, qu’en-dessous il y a un cour d’eau, en dit long :

Le teknival « Tek’Steve’All » est donc régressif sur tous les plans, ce qui est typique d’une orientation anarchiste. C’est une simple expression de la volonté de vivre isolé, à l’écart, sans intervention de l’État, pour vivoter d’une manière artisanale tout en se défonçant, tout en imaginant que culturellement on écoute une musique « underground », incompréhensible pour le commun des mortels vivant une vie banale, etc.

Le monde peut s’effondrer, tant pis, il faut vivre à l’écart. « Plus le son est fort, moins on entend le monde s’effondrer. »

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APACAUVI: STOP au scandale des trottinettes, NON à l’anarchie urbaine

L’Association Philanthropique Action contre l’Anarchie Urbaine Vecteur d’incivilité (APACAUVI) s’est constituée en réaction à l’invasion de Paris par les trottinettes électriques, source de nombreux accidents et d’une incivilité générale insupportable.

L’APACAUVI met en place un recensement et une aide au victimes. Elle mène également un travail quotidien d’information et de diffusion d’information sur le sujet de « l’Anarchie Urbaine Vecteur d’incivilité ». On retrouvera une partie de ce travail sur la page Facebook de l’association.

Une vidéo présente la question :

Il existe également une pétition (suivre ce lien pour signer) dont le texte exprime le combat démocratique de l’association :

« Face au développement anarchique des trottinettes électriques,

Face aux carences des pouvoirs publics quant à réguler le trafic,

Face aux nombreux accidents…

  • Une pianiste de l’Opéra de Paris, renversée par une trottinette et qui ne pourra certainement pas rejouer.
  • Une mère de famille et son bébé de 7 semaines, percutés par une trottinette avec, à la clé, un traumatisme crânien pour le bébé.
  • Plusieurs décès…

Combien faudra-t-il encore de victimes pour que les élus réagissent?

Nous avons décidé d’agir !

En créant l’association : APACAUVI : ASSOCIATION PHILANTHROPIQUE ACTION CONTRE L’ANARCHIE URBAINE VECTEUR D’INCIVILITÉS.

Notre objectif est clair :

  • Obliger les villes à faire respecter la Loi, afin de protéger les citoyens contre toute forme d’incivilité.

  • Soutenir les victimes d’accidents de trottinettes électriques ou autres engins de déplacement motorisés.

  •  Accompagner les victimes dans leurs démarches administratives;

  • Connecter les victimes entre elles afin de partager leur expérience.

  • Orienter les victimes dans le parcours de la victime. »

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Des scientifiques belges contestent l’avis de l’Académie royale de médecine de Belgique sur les dangers du végétalisme

Au printemps dernier, la prise de position de l’Académie royale de médecine de Belgique contre le végétalisme chez les femmes enceintes et allaitantes ainsi que chez les enfants avait provoqué quelques remous, tellement cela relevait de la propagande ouverte contre les vegans et pas de l’argumentation scientifique. Des professionnels de la santé et docteurs en sciences se sont alors réunis autour d’une position commune, afin de contredire l’institution.

Des médecins belges ont formé un collectif suite à la publication de l’Académie royale de médecine de Belgique. Les docteurs Lamprini Risos, cardiologue préventive à l’hôpital Erasme et Catherine Devillers, médecin nutritionniste et rédactrice scientifique au Centre Belge d’Information Pharmacothérapeutique à titre privé, ont alors produit une analyse critique très approfondie, venant selon leurs mots « contredire les conclusions alarmistes de l’académie ».

Dans un communiqué, il est expliqué ni plus ni moins que « l’avis est infondé » et qu’il « relève d’une désinformation » :

« Des médecins belges se sont rassemblés pour répondre à l’ARMB. Ils ont analysé une par une les études dont celle-ci s’était inspirée dans deux rapports successifs à charge contre le végétalisme.

Leur constat: les sources citées par l’académie, parfois hors sujet, contredisent ses propres conclusions. Parmi plus de 40 références, seules deux sources allemandes, plus réservées, incitent à la prudence et au suivi régulier des patients végétaliens. En revanche, les autres sources citées par l’ARMB concluent qu’une alimentation végétalienne bien planifiée et équilibrée est bénéfique pour la santé à tous les stades de la vie. »

On ne sera pas étonné qu’un conflit d’intérêts ait été remarqué, avec 4 membres de la commission ayant rédigé cet avis « liés à l’industrie laitière (Danone et Nestlé) ».

Un long rapport a été produit, ainsi qu’une version plus courte destinée au grand public, que nous publions ci-dessous. Cette réponse à l’institution belge a été signée par plus de cent professionnels de la santé et docteurs en sciences, issus de 13 pays différents. C’est une contribution très importante au débat démocratique sur la question du végétalisme, contre les tentatives de désinformation.

(Les informations sont également disponibles en anglais et en néerlandais).

Réponse à l’Académie Royale de Médecine de Belgique : version courte

« Nous, professionnels de la santé (médecins, chirurgiens, dentistes, diététiciens, docteurs en sciences), avons souhaité réagir au récent avis de l’Académie Royale de Médecine de Belgique (ARMB) qui proscrit l’alimentation végétale exclusive (végétalienne ou végane) chez les femmes enceintes, allaitantes, les enfants et adolescents.

Nous leur avons adressé une longue réponse que nous souhaitons transmettre au grand public de façon plus succincte. Les alimentations végétariennes (excluant les chairs animales) et végétaliennes (excluant aussi les produits laitiers, les œufs, le miel) sont en augmentation en Belgique et partout dans le monde pour des raisons éthiques, écologiques et sanitaires. Par leur caractère récent chez nous, elles suscitent des inquiétudes auprès du grand public et des professionnels de la santé. Cependant, elles sont bien mieux connues à l’étranger, notamment dans les pays anglo-saxons qui les ont intégrées dans leurs recommandations nutritionnelles.

L’ARMB a émis deux avis datant de juin 2018 (paru dans la presse en mai 2019) et de juin 2019. Elle invoque des carences systématiques sans apporter d’argument scientifique valable pour soutenir cette affirmation. Nous avons minutieusement analysé les sources utilisées pour ces deux avis et nous estimons sa position incompréhensible.

Aucune des sources citées ne proscrit l’alimentation végétale. Depuis des décennies, de nombreuses publications comparant l’alimentation végétale au régime omnivore chez les adultes sont rassurantes et même encourageantes. Ce type d’alimentation est associé à des effets positifs sur divers paramètres cliniques et biologiques reconnus comme facteurs de risque des maladies cardiovasculaires et des cancers, premiers contributeurs à la mortalité globale à l’échelle mondiale. Les végétaliens souffrent moins d’obésité, ont une meilleure tension artérielle, moins de «mauvais» cholestérol, moins d’insulinorésistance (diabète).

Chez les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes en particulier, nous citons de nombreuses recommandations (américaines, anglaises, australiennes, portugaises, israéliennes, italiennes, canadiennes) qui peuvent être résumées en reprenant les mots de l’AND (Academy of Nutrition and Dietetics) américaine, organisme fort de 67 000 professionnels faisant autorité dans le domaine de la nutrition.

Son avis est le suivant: «Les alimentations végétariennes (y compris végétaliennes) bien menées sont adaptées à tous les stades de la vie, notamment aux femmes enceintes, aux femmes qui allaitent, aux nourrissons, aux enfants, aux adolescents ainsi qu’aux sportifs.» Les recommandations britanniques précisent qu’il n’y a pas d’âge minimum pour une alimentation végétalienne. Nous rappelons que de 0 à 6 mois, l’allaitement maternel doit être privilégié et fortement encouragé. Ces recommandations insistent sur une information correcte des professionnels de santé auprès des personnes et des parents qui souhaitent adopter ce type d’alimentation.

Les publications scientifiques les plus récentes précisent qu’aucune étude sur le végétalisme n’a montré de risque pour la santé ni de malformations néonatales. Elles ont même mis en évidence certains bénéfices: moindre gain pondéral pour la mère durant la grossesse, réduction du risque de prééclampsie et d’accouchement prématuré. Notre réponse à l’ARMB est motivée par le souci d’une information scientifique rigoureuse et à jour, et par la nécessité d’informer correctement le grand public en-dehors de tout intérêt financier. Aucun de nos cosignataires (belge ou étranger) n’a de lien financier avec l’industrie agroalimentaire ou pharmaceutique. Nous regrettons que le rapport de l’ARMB ne mentionne pas les conflits d’intérêts de ses experts. Sur les 8 membres de la commission qui ont rédigé cet avis, 4 sont liés à l’industrie laitière (Danone et Nestlé).

En 2015, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé la viande transformée comme cancérogène et la viande rouge comme cancérogène probable. Il semble dès lors logique de vouloir l’exclure de son alimentation. Plus récemment, le Canada a retiré les produits laitiers des aliments dits indispensables. Nous rappelons aussi que nous faisons face à une épidémie d’obésité infantile aux conséquences graves et avérées: morbi-mortalité cardiovasculaire et par cancers.

Il est de notre devoir de professionnels de la santé de prendre toutes les mesures nécessaires pour promouvoir une alimentation saine dès le plus jeune âge. Pointer systématiquement du doigt une alimentation végétale pour laquelle, jusqu’à présent, nous n’avons aucune preuve de risque, mais au contraire de nombreux indices de bienfaits, correspond à de la désinformation. En cas d’alimentation végétalienne, il faut veiller à des apports suffisants, quotidiens et variés en fruits, légumes, céréales, légumineuses et oléagineux. Les oléagineux sont des sources de graisses non saturées saines et peuvent se consommer sous forme de graines, noix (pâtes d’oléagineux chez les jeunes enfants) ou huiles.

Chez les tout-petits, il faut veiller à augmenter progressivement la quantité de fibres dans l’alimentation. Une alimentation exclusivement à base de plantes nécessite à tous les âges une supplémentation en vitamine B12 et en vitamine D (la supplémentation en vitamine D est également recommandée en cas d’alimentation omnivore). Une carence en nutriments n’est à craindre que si l’on exclut intentionnellement de son alimentation un groupe alimentaire. Une alimentation équilibrée, variée, et contenant le plus possible d’aliments non-transformés apportera tous les nutriments nécessaires.

Quelques exemples de sources pour certains nutriments: les noix, les graines de lin et les huiles qui en sont dérivées sont de bonnes sources d’omega-3. Le calcium est présent en abondance dans les légumes à feuilles vertes, les graines de sésame et l’eau minérale. Les céréales et les légumineuses sont riches en fer et en protéines. Les modes de préparation (trempage, fermentation, germination) et de cuisson (vapeur) des végétaux permettent une meilleure assimilation des différents nutriments.

La carence en protéines dans notre pays n’est pas un problème si l’on consomme suffisamment de calories de sources végétales diverses. Nous espérons, par ces éclaircissements, rétablir une vérité scientifique actuelle et bien référencée, rassurer les professionnels de l’enfance et les parents, mais aussi encourager la formation en nutrition des divers corps de métiers de notre système de soins de santé. »

CONTACTS PRESSE Pour plus d’informations concernant les auteurs et cosignataires ainsi que les références mentionnées dans notre publication : Lamprini Risos, cardiologue préventive à l’hôpital Erasme T 0486 59 00 26 lamprini.risos@hotmail.com

Catherine Devillers, médecin nutritionniste et rédactrice scientifique au Centre Belge d’Information Pharmacothérapeutique T 0493 56 85 10 catherine.devillers76@gmail.com

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Tribune des parents d’élèves et habitants contre le trafic de drogue à Saint-Denis (93)

Voici une tribune publiée par Le Parisien-Aujourd’hui en France, dénonçant l’abandon de la jeunesse aux mains des réseaux mafieux liés au trafic de drogue. Elle est écrite par des parents d’élèves et habitants du quartier Delaunay-Belleville Sémard à Saint-Denis (93). Ils y réclament des actions et des moyens de la part de l’État, en rejetant une réponse qui serait uniquement répressive.

> Lire également à ce sujet : Des familles face aux dealers devant une école de Saint-Denis

« Tribune

Comme chaque matin depuis le mois de mai dernier, nous, parents d’élèves et habitants du quartier Delaunay-BellevilleSémard à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), formons une chaîne humaine devant nos écoles pour protéger nos enfants du trafic de drogue qui s’étend toujours plus dans nos quartiers nord. Normal ?

Dire tout haut l’enfer vécu au quotidien par les habitants et la colère de voir une jeunesse abandonnée aux mains des réseaux mafieux. Dénoncer enfin les conséquences d’une rupture d’égalité républicaine qui fait sombrer non seulement Saint-Denis mais la Seine-Saint-Denis toute entière.

Les intrusions répétées d’individus liés aux trafics symbolisent la faillite de l’État sur notre territoire. Un État paraissant incapable de garantir de façon égale aux enfants de la République de grandir dans un espace serein, sûr, propice à l’éducation et à l’épanouissement.

La gravité de notre situation n’a pas échappé à M. Leclerc, préfet de Seine-Saint-Denis qui nous a reçus le 4 septembre dernier.

Les « efforts consentis » sont pour la plupart de nature sécuritaire et répressive : 28 agents supplémentaires quand il nous en faudrait 200 de plus rien que pour Saint-Denis.

Le développement des trafics se nourrit d’autres graves défaillances : justice pénale et civile ralentie par ses effectifs insuffisants et ses tribunaux saturés, dispositifs de protection de l’enfance devenus inefficaces, prévention spécialisée décimée, non-remplacement des enseignants absents contribuant aux difficultés scolaires et aux décrochages, une absence de programmes sociaux de lutte contre la précarité, difficulté d’accès aux soins et à l’emploi, un tissu associatif qui vivote par absence de subventions publiques, affectation de néo-titulaires et instabilité des équipes qui freinent le bon fonctionnement des services publics, etc.

Le constat est tel qu’il a poussé cinq maires du 93 à entamer une action en justice contre l’État. La mobilisation des citoyens partout dans le 93 mais aussi à Toulouse, Montpellier et Marseille témoigne de leur volonté de reprendre la situation en main et de ne plus subir.

Suite à la parution en mai 2018 du rapport parlementaire n°1014 sur « L’évaluation de l’action de l’État dans l’exercice de ses missions régaliennes en Seine-Saint-Denis » et à la séance de débat qui a suivi à l’Assemblée le 5 février 2019, vous vous êtes engagé à « adapter l’action » de l’État aux enjeux du territoire.

Vous avez alors chargé le préfet de la Seine-Saint-Denis de mettre en place et coordonner des groupes de travail. Selon le Préfet, ces groupes, auxquels nous, parents d’élèves et habitants de la ville, n’avons pas été conviés et dont nous ne connaissons ni la composition ni le travail, se sont réunis. Leurs conclusions vous ont été remises sans être communiquées au grand public, principal concerné.

Nous demeurons très dubitatifs quant aux 55 mesures, non encore toutes détaillées, du « plan anti-drogue » qui semble exclure une action conjointe avec les ministères de la Santé et de l’Éducation Nationale.

Nous demandons une augmentation significative non seulement des effectifs de police mais aussi d’éducateurs spécialisés, de professeurs remplaçants, de fonctionnaires qualifiés.

Une réponse uniquement répressive est insuffisante. Nous ne voulons pas non plus d’un énième « plan banlieue ». Nous demandons simplement un service public à la hauteur et le rétablissement de l’égalité territoriale. »

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Quelques questions au président des Poissons roses, chrétiens de gauche opposés à l’extension de la PMA

Nous avons interrogé Patrice Obert, le président des Poissons roses, une plateforme de réflexion de chrétiens à Gauche. Il nous livre ici un point de vue très intéressant, très engagé sur la question de l’humanisme et du refus de la marchandisation du corps.

Les Poissons roses ont participé à un rassemblement dimanche à la Sorbonne avec des féministes liées à la Gauche et opposées à la GPA, puis à la grande manifestation contre « la PMA sans père » où ils sont intervenus en début et fin de parcours sur la grande scène.

Vous vous êtes mobilisés contre le projet gouvernemental de « PMA pour toutes », pouvez-vous préciser le sens de votre engagement ?

Nous considérons que la gauche humaniste doit s’opposer à l’extension de la PMA pour des raisons qui tiennent justement à notre positionnement à gauche : refus de la marchandisation du corps consécutif au manque de gamètes, refus d’un glissement vers un nouvel esclavagisme qui découlera de la régularisation inévitable de la GPA, nécessité d’une Écologie intégrale qui lie économie, social, environnement et éthique, car « tout est lié » ( cf. encyclique Laudato Si).

Que répondrez-vous à des critiques vous reprochant de vous mettre à la remorque des milieux catholiques conservateurs à l’occasion de la grande manifestation qui vient de se dérouler ce dimanche 6 octobre 2019 ?

Nous sommes conscients d’être sur une ligne de crête. Certains nous reprochent notre décision, mais beaucoup louent notre courage. Nous avons fait ce choix en pleine connaissance de cause. Mais nous ne voulons pas laisser ce champ à la droite. Une gauche humaniste est fondée à participer à cette protestation. Nous assumons notre positionnement de gauche ET de chrétiens.

Selon vous, qu’est-ce qui fait que la Gauche est, pour beaucoup,
largement tombée dans une vaste impasse en se mettant à la remorque des exigences individualistes « sociétales », telles la « PMA pour toutes », voire la GPA ?

La Gauche s’est ralliée à l’économie de marché de façon radicale. La PMA exprime magnifiquement cette reddition qui cumulera dans la GPA. La Gauche a abandonné la défense « sociale » et s’est rabattue sur les sujets sociétaux. C’est une lourde responsabilité, historique.

Quelles sont selon vous les apports, les exigences que peuvent apporter les chrétiens de gauche à la Gauche, mais également à la conscience humaine en général ?

Le respect de la personne humaine, la prise en compte que toutes les dimensions sont reliées ( cf. plus haut), la non-violence, le respect dans le débat, l’écoute.

Le refus d’une démesure qui symbolise le projet de PMA, le refus du « c’est techniquement possible, donc il faut le faire ».

Vous appartenez justement à un courant de critique de la vie quotidienne qui s’est développée dans les années 1930, notamment avec Emmanuel Mounier et le personnalisme. C’était une époque où la Gauche chrétienne et la Gauche marxiste assumaient toutes deux l’optimisme, l’espérance et l’imbrication de l’humanité dans la nature, à l’opposé de ce qui sera après Guerre le pessimisme de l’existentialisme, hantise tant des
chrétiens que des marxistes. Comment, en ce début du 21e siècle, assumer que la vie a un sens dans une société façonnée par le consumérisme ?

Notre analyse est que se clôt la parenthèse de la Modernité occidentale technicienne, née au 17ème siècle quand l’homme a compris que « la nature s’écrit en langage mathématique » ( Galilée). Depuis cette date, nous vivons dans les plis de cette pensée. La technique est devenue le pôle moteur de la société, et malheureusement de la planète, puisque la civilisation européenne, devenue occidentale, s’est répandue par toute la Terre. Cette civilisation a apporté beaucoup de choses positives, ne les nions pas . Mais elle se fracasse aujourd’hui sur des impasses majeures : écologique, financière, individualiste.

C’est en ce sens qu’il faut remettre au cœur la Personne, reliée aux autres humains, à la Nature, à Dieu.

Ceci conduit à remettre en cause la société de consommation ( ce que vous nommez le consumérisme), qui est devenue une société de frustration qui alimente notre désir par une publicité incessante qui nous laisse insatisfaits.

En ce sens, la situation actuelle est très intéressante : un monde ancien s’effondre et plein de jeunes pousses, encore peu visibles, émergent. Il ne faut donc pas être pessimistes, mais volontaires. Sans doute, la transition sera difficile, voire dramatique. Mais la lecture de l’histoire nous montre que l’humanité a survécu à la chute de Ninive, de Jérusalem et de Rome, qui ont été des traumatismes énormes. Aujourd’hui, la situation est encore plus grave mais la grâce a toujours surabondé là où le péché abondait.

Nous avons développé ces thèmes dans notre Manifeste, paru en 2016 au Cerf A CONTRE COURANT et dans nos publications récentes, disponibles sur notre site poissonsroses.org, notamment nos rapports sur :

– la famille durable, au-delà des fascinations biotechniques ;
– Pour une renaissance de l’Europe.

Nous publierons prochainement une « Enquête sur les Invisibles de la République ».

Par ailleurs nous ne manquons pas de noter la convergence de trois faits ( cf la vidéo sur ce sujet sur notre site 3′) :

– la montée des femmes dans la société ;
– la crise de la pédocriminalité dans une église catholique ( universelle) faite d’hommes ;
– la crise écologique.

En tant que chrétiens, bien souvent catholiques, nous lisons que cette convergence n’est pas un hasard mais qu’elle signifie la fin d’un ancien monde, le nouveau, en cours d’émergence devant être finalement « plus humain ».

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Campements de migrants: 13 maires principalement de gauche signent une tribune réclamant à l’État d’agir

Dans une tribune publiée par Libération, treize maires de grandes villes ou de villes de banlieue, liés à la Gauche sauf deux d’entre eux, demandent à l’État d’assumer ses responsabilités par rapport aux campements de migrants. Les situations sont en effets catastrophiques et de moins en moins acceptables pour la population.

L’État laisse littéralement pourrir la situation de migrants dans de nombreuses villes et des camps se généralisent depuis plusieurs années, formés par des personnes qui devraient pourtant, dans l’immense majorité des cas, être expulsées du pays depuis longtemps. Les mairies doivent alors gérer en urgences des situations qui relèvent pourtant de la compétence de l’État. Des gymnases ont pu être réquisitionnés, quand ce ne sont pas des bâtiments désaffectés, au mépris de toute garantie en matière de sécurité.

En l’absence d’une situation régulière ou dans l’attente de l’examen d’une demande de droit d’asile dont ils seront très probablement déboutés, ces migrants errèrent dans les villes et s’entassent dans ces campements devenant vite insalubres. Les situations sont humainement inacceptables. La population quant à elle voit apparaître des bidonvilles sous ses yeux, ainsi qu’une délinquance accompagnant ces situations précaires.

Les réseaux mafieux profitent largement de cette situation, qui est quasiment assumée par l’État refusant de procéder aux expulsions et à un véritable contrôle des frontières. Il faut dire que la situation de ces migrants est tout à fait acceptable pour le capitalisme, car ils peuvent servir de main d’œuvre bon marché et sur-exploitée – situation renforcée par l’état d’esprit même de ces migrants qui dans la plupart des cas ont une perspective de réussite individuelle et sont près à travailler très dur en s’imaginant devenir vite riche.

Une partie d’entre eux sévit parallèlement, ou entièrement, dans des trafics en tous genres, souvent plus rentables dans cette perspective d’enrichissement individuel.

La tribune des 13 maires demande à l’État d’assumer ses responsabilités, mais se garde bien d’avoir un discours clair et cohérent quant à la question de l’immigration. La confusion est volontairement faite entre les migrants économiques et les véritables demandeurs d’asiles, exactement comme le fait le gouvernement. Cela n’aide en rien à la compréhension de cette réalité et n’offre aucune perspective pour y faire face conformément à l’exigence démocratique et populaire.

Voici la tribune :

« En avril dernier, nous maires d’Aubervilliers, Grande-Synthe, Grenoble, Lille, Metz, Nantes, Paris, Rennes, Strasbourg, Saint-Denis, Toulouse et Troyes, avons interpellé le gouvernement sur la situation des personnes à la rue, parmi lesquelles des personnes migrantes cherchant un refuge dans les villes de France. Une situation qui, malgré les dispositifs mis en place par l’Etat et les efforts réalisés en matière de création de places d’hébergement, ne cesse de se dégrader.

Dans les campements de fortune qui se sont installés au cœur de nos villes, on compte chaque jour plus d’hommes, de femmes et d’enfants. Il n’est pas rare d’y voir des nourrissons et des familles entières en attente d’une solution. Livrées à elles-mêmes, exposées à toutes les difficultés qu’implique la vie dans la rue, ces personnes sont dans une situation d’extrême vulnérabilité.

Plus de quatre mois après ce courrier demeuré sans réponse, la situation reste très inquiétante. Après l’été et son lot d’épisodes caniculaires, c’est bientôt l’hiver qui se profile, avec des conditions climatiques qui font craindre pour la survie des personnes. Face à l’urgence, les villes font tout leur possible pour apporter une réponse à cette crise qui dure depuis trop longtemps. Sur tout le territoire, des actions concrètes ont été mises en œuvre pour prendre en charge celles et ceux que la carence de l’Etat contraint à vivre dans des conditions indignes.

Grenoble a pris un arrêté anti «mise à la rue», qui a été suspendu cet été par le tribunal administratif. Des personnes sans domicile sont accueillies en partenariat avec des associations et des collectifs dans des lieux disponibles ou temporairement vacants appartenant à la ville. Rennes héberge, chaque nuit, 640 personnes migrantes et ouvrira prochainement un centre d’hébergement d’urgence de 100 places pour les familles. La ville de Grande-Synthe a également ouvert l’hiver dernier un gymnase ayant permis d’accueillir près de 250 réfugiés. En 2018-2019, au-delà des actions déjà menées, Nantes a pris en charge l’hébergement et l’accompagnement social de 758 personnes après la fermeture d’un campement. Récemment, 88 nouvelles places ont été mises à la disposition de l’Etat pour abriter des familles à la rue. Les bains-douches municipaux accueillent chaque jour plus de 140 personnes. Depuis deux ans, Metz met à disposition de l’Etat un lycée désaffecté qui s’est transformé en centre d’accueil temporaire des migrants en attente d’hébergement. Un carrefour des solidarités a été créé, placé sous l’égide du CCAS ; il permet d’accueillir toute personne en situation de précarité pour lui faciliter l’accès aux soins et aux droits.

Paris a créé, en lien avec Saint-Denis, une halte d’accueil humanitaire à proximité des campements. Dans ce lieu très fréquenté, plus de 400 personnes sont accueillies chaque jour pour un temps de répit. Deux centres humanitaires ont également été ouverts, dont un dédié aux hommes qui a accueilli plus de 25 000 personnes sur dix-huit mois, et un dédié aux familles, en lien avec la ville d’Ivry-sur-Seine et qui est encore en activité. Saint-Denis a ouvert ses centres de vacances et ses gymnases durant les périodes hivernales. Aubervilliers a mis en place une cellule de veille qui réunit les associations effectuant des maraudes et les services municipaux participants aux signalements des personnes SDF. Depuis 2015, Lille a permis l’accueil et l’accompagnement de nombreux réfugiés dans des lieux divers (résidences municipales et logements diffus notamment).

Lille accompagne et soutient également les associations organisant des maraudes et des distributions alimentaires auprès des personnes vivant à la rue. Dans sa démarche «Ville hospitalière», Strasbourg a ouvert des accueils nouveaux, en logement ou habitat «intercalaire», et un lieu de répit pour familles à la rue. En deux ans, sous son impulsion, l’hébergement de migrants, en lien avec les acteurs locaux, a permis de mettre fin à plus de 12 campements. A Toulouse, le plan de résorption des bidonvilles initié en 2015 a permis d’accueillir plus de 1 200 personnes grâce à sa capacité d’hébergement de 150 appartements. Plus de 300 d’entre elles ont été orientées vers des logements sociaux après un accompagnement vers l’inclusion sociale. La Ville ouvrira plus de 100 places supplémentaires d’ici la fin de l’année à destination des publics réfugiés.

Les villes agissent. A leurs côtés, nombreuses sont les associations, les entreprises, les citoyennes et les citoyens qui s’engagent pour mettre fin à une réalité devenue insupportable ; pour trouver des logements vacants, coordonner la prise en charge des personnes et répondre aux besoins spécifiques. Tous font un travail considérable. Mais cette mobilisation, aussi soutenue soit-elle, ne doit pas avoir pour effet de décharger l’Etat de compétences qui sont les siennes. D’autant que, si les acteurs de terrain ne manquent pas d’idées, ils arrivent à court de moyens.

Seul l’Etat est à même de créer et de déployer le dispositif pérenne dont nous manquons aujourd’hui. Un dispositif qui peut s’inspirer des solutions imaginées par les villes, comme le centre humanitaire qui a récemment fermé Porte de la Chapelle à Paris. Nous avons besoin de lieux comme celui-ci, identifiables et accessibles à tous. Seul l’Etat est en mesure de porter au niveau européen les négociations relatives à la crise migratoire, pour construire une réponse globale au défi que pose l’accueil des réfugiés en France. C’est pourquoi nous réitérons notre appel à l’Etat, pour qu’il assume pleinement son rôle. Il en va de la garantie du respect des droits fondamentaux dont toute personne peut se prévaloir, conformément à nos valeurs et à la tradition humaniste dont se revendique notre pays. Il s’agit également de faire revenir la tranquillité publique dans des quartiers très éprouvés par la permanence de situations humaines et sociales critiques.

Nous, maires, exigeons la mise à l’abri inconditionnelle des personnes présentes sur notre territoire puisque le droit impose que toute personne, même déboutée ou «dublinée», soit prise en charge avant son éventuel renvoi. Nous demandons par ailleurs à être reçus sans délai pour échanger sur le dispositif d’accueil et d’orientation des migrants. Ce nouvel appel doit trouver un écho, alors que s’ouvre le débat sur la situation des migrants.

Signataires :

Nathalie Appere, maire de Rennes ; Martine Aubry, maire de Lille ; François Baroin, président de l’Association des maires de France, maire de Troyes ; Martial Beyaert, maire de Grande-Synthe ; Philippe Bouyssou, maire d’Ivry-sur-Seine ; Meriem Derkaoui, maire d’Aubervilliers ; Dominique Gros, maire de Metz ; Anne Hidalgo, maire de Paris ; Jean-Luc Moudenc, président de France urbaine, maire de Toulouse ; Eric Piolle, maire de Grenoble ; Roland Ries, maire de Strasbourg ; Johanna Rolland, maire de Nantes ; Laurent Russier, maire de Saint-Denis. »