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Emmanuel Macron a pris la parole sur l’Afghanistan car l’opinion publique est épouvantée

La situation épouvantable en Afghanistan a touché les gens au cœur.

Le 16 août 2021 le président français Emmanuel Macron a fait une allocution télévisée: il s’est est senti obligé. Pourquoi cela, alors que plus de 7 000 kilomètres séparent la France de l’Afghanistan?

C’est que les gens en France sont horrifiés, d’une part. Ici, on est dans la tradition des Lumières et s’il est une chose que les Français détestent, c’est le fondamentalisme religieux. Le triomphe des talibans leur paraît à la fois épouvantable et anachronique.

De plus, et cela va avec, les gens sont étonnés ou surpris ou du moins se questionnent sur la nature de l’échec en Afghanistan. Comment des obscurantistes religieux peuvent-ils revenir alors qu’ils ont été battus?

Et là, c’est toute l’idéologie interventionniste des pays capitalistes qui en prend un sale coup. Depuis 2001 en effet, voire depuis le début des années 1990 avec l’Irak de Saddam Hussein ou la Yougoslavie avec Slobodan Milošević, les interventions militaires américaine, française, celles de l’OTAN etc. se font au nom du droit international, de l’établissement de la démocratie.

Or, l’exemple afghan montre que cela ne marche pas. Personne n’était vraiment dupe de cela de toutes façons, tout le monde savait bien qu’à l’arrière-plan il y avait une question d’intérêts économiques. Cependant, les gens acceptaient les interventions, au Mali ou en Somalie, au Kosovo ou en Syrie, au nom d’une ingérence jouant en faveur, d’une manière ou d’une autre, des droits de l’Homme.

Impossible d’y croire encore désormais. C’est une vraie catastrophe qui se présente à tous les niveaux pour l’idéologie interventionniste et cela montre encore qu’on a totalement changé de situation par rapport à il y a quelques années.

D’où la nécessité pour Emmanuel Macron d’intervenir pour essayer de sauver les meubles, au moins en apparence. C’est vraiment historique que cette intervention pour un changement de régime dans un pays lointain.

Et sa mission était impossible. Il fallait justifier l’intervention en Afghanistan et le retrait, soutenir la « civilisation » de manière universelle et en même temps accepter ce recul particulier pour l’Afghanistan. Il fallait dénoncer l’obscurantisme, tout en l’acceptant dans les faits. Il fallait rappeler le soutien à la condition féminine tout en acceptant la souffrance en Afghanistan.

On ne saurait sous-estimer la perte de légitimité historique du capitalisme, de la France et d’Emmanuel Macron. C’est tout la tendance à la raison et à la démocratie qui est ici en contradiction avec eux et cela, pour les gens, c’est quelque chose qui ne peut pas passer, parce que l’Histoire va dans un sens.

C’est comme pour « Je suis Charlie »: même si Charlie Hebdo pouvait être critiqué et même si on ne les aimait pas, l’attentat sanglant contre Charlie Hebdo a tout de suite polarisé dans un sens démocratique. Il y a des choses avec lesquelles en France on ne transige pas.

Et le discours présidentiel est en décalage avec cette exigence. C’est le reflet de toute une défaite historique.

ALLOCUTION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE RELATIVE À LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Mes chers compatriotes, de l’hexagone, des Outre-mer et de l’étranger, 

Je m’adresse à vous ce soir, alors que nous continuons à nous battre contre le virus avec détermination, et que tout est fait pour que la relance économique et sociale soit la plus forte possible dans notre pays, parce qu’à quelques milliers de kilomètres d’ici un tournant historique est à l’œuvre, en Afghanistan, loin de nos frontières, mais avec des conséquences majeures pour l’ensemble de la communauté internationale, pour l’Europe, et pour la France. 

Après une guerre de vingt années, après la décision de retrait des troupes américaines prise successivement par le président Trump et le président Biden, Kaboul, la capitale de l’Afghanistan, est tombée en quelques heures, sans résistance, aux mains des Talibans. L’intervention américaine et internationale a commencé il y a exactement vingt ans, après les attentats du 11 septembre 2001, et le refus du régime taliban de l’époque en Afghanistan, de livrer Ben Laden, l’organisateur de ces attentats. 

Notre pays a été, pendant treize années, engagé militairement en Afghanistan, de 2001 à 2014. 

Le Président Jacques Chirac, dès octobre 2001 a décidé la participation de la France à l’action internationale, par solidarité avec nos amis et alliés américains qui venaient de subir une attaque effroyable sur leur sol. Avec un objectif clair : combattre une menace terroriste qui visait directement notre territoire et celui de nos alliés depuis l’Afghanistan, devenu le sanctuaire du terrorisme islamiste. 

À partir de juin 2011, le Président Nicolas Sarkozy a engagé le retrait des premières troupes françaises. 

Le Président François Hollande, a ensuite décidé du retrait complet de nos troupes combattantes de manière coordonnée avec les autorités afghanes d’alors, ainsi qu’avec avec nos alliés. 

L’intervention militaire française a donc définitivement cédé la place, le 31 décembre 2014, à l’action civile que nous avons continué de mener à bien, auprès du peuple afghan, avec lequel nos liens d’amitié sont anciens et profonds. 

En Afghanistan, notre combat était juste et c’est l’honneur de la France de s’y être engagé. La France n’y a jamais eu qu’un ennemi : le terrorisme. Nos interventions militaires n’ont pas vocation en effet à se substituer à la souveraineté des peuples, ni à imposer la démocratie de l’extérieur mais à défendre la stabilité internationale et notre sécurité. Partout, la mise en place de processus politiques crédibles est notre priorité. C’est ce principe fondamental de notre politique étrangère que nous avons appliqué en Afghanistan et que nous continuerons de mettre en œuvre. 

Bon nombre d’unités de l’armée française sont passées dans ces vallées durant ces 13 années : légionnaires, tirailleurs, marsouins, chasseurs alpins, marins, aviateurs. Et c’est à eux que je tiens d’abord, ce soir, à m’adresser. A ceux qui ont combattu, aux familles de ceux qui sont morts ou ont été grièvement blessés. Nous n’oublierons pas nos soldats. Nous n’oublierons pas nos morts. 90 au total. 

Le 18 août 2008, dans l’embuscade d’Uzbin, il y a 13 ans presque jour pour jour, 10 soldats français et un interprète afghan étaient tués, 21 soldats français blessés. Ce combat que la France a mené était utile et était notre honneur. Il portera un jour ses fruits et je vous demande de vous en souvenir. 

À cet instant, la situation en Afghanistan se dégrade rapidement et brutalement. A l’heure où je vous parle, les Talibans sont maîtres de la quasi-totalité du pays. Ils sont entrés dans Kaboul et contrôlent la ville à l’exception de l’aéroport où les activités sont coordonnées par les Américains. Le Président afghan a quitté le pays. Les vols commerciaux ont cessé. 

Ce tournant, auquel nous étions préparés, nécessite des décisions et des initiatives immédiates, à la mesure de la gravité de la situation pour répondre à la catastrophe humanitaire. 

L’urgence absolue est de mettre en sécurité nos compatriotes, qui doivent tous quitter le pays, ainsi que les Afghans qui ont travaillé pour la France. 

Nos ressortissants ont été progressivement évacués en anticipation ces dernières semaines. Nous sommes en contact avec tous les Français qui veulent rejoindre le sol national, qu’ils se trouvent à l’aéroport militaire, à l’aéroport civil ou sur le site historique de l’ambassade où la situation demeure préoccupante. Je veux ici remercier nos représentants sur place, nos diplomates, policiers, militaires pour leur engagement et leur courage. Remercier aussi nos alliés américains, indispensables pour mener à bien ces évacuations. 

La France est l’un des très rares pays à avoir décidé de maintenir sur place jusqu’au bout les moyens de protéger ceux qui ont travaillé pour elle. Nous avons aussi anticipé les opérations d’évacuation dans les dernières semaines.

Tous les employés afghans des structures françaises qui pouvaient être menacés ainsi que leurs familles, ce qui représente plus de 600 personnes, ont ainsi pu être accueillis et pris en charge dans de bonnes conditions dans notre pays. 

La France protège en ce moment le délégué de l’Union Européenne et a apporté protection aux collaborateurs afghans de la représentation européenne. La France a également apporté protection et soutien à tous les personnels français d’Organisations non gouvernementales souhaitant quitter le pays. 

Des opérations sont conduites depuis plusieurs années, pour accueillir en France les personnels civils afghans qui ont travaillé pour l’armée française, ainsi que leurs familles. C’est notre devoir et notre dignité de protéger ceux qui nous aident : interprètes, chauffeurs, cuisiniers et tant d’autres. Près de 800 personnes sont d’ores et déjà sur le sol français. Plusieurs dizaines de personnes sont encore sur place qui ont aidé l’armée française et pour lesquelles nous restons pleinement mobilisées. 

De nombreux afghans, défenseurs des droits, artistes, journalistes, militants, sont aujourd’hui menacés en raison de leur engagement. Nous les aiderons parce que c’est l’honneur de la France d’être aux côtés de celles et ceux qui partagent nos valeurs, autant que nous pourrons le faire et en tenant compte de la nécessaire adaptation de notre dispositif. Je remercie les associations, 
collectifs et communes qui aideront à leur accueil. Afin de procéder à ces opérations d’évacuation, qui ne se conduiront pas sans une étroite coordination avec les militaires américains sur place, j’ai décidé l’envoi de deux avions militaires et de nos forces spéciales. Ils seront sur place dans les prochaines heures. 

Au-delà de l’urgence, j’entends prendre au nom de la France plusieurs initiatives en lien étroit avec les autres états européens et nos alliés. 

Notre action visera à continuer de lutter activement contre le terrorisme islamiste sous toutes ses formes. 

Des groupes terroristes sont présents en Afghanistan et chercheront à tirer profit de la déstabilisation. Le Conseil de sécurité des Nations unies devra donc apporter une réponse responsable et unie. J’ai échangé sur ce point avec le Premier ministre Johnson et nous prendrons des initiatives communes dans les prochaines heures. Le retour de la stabilité passera par une telle action, politique et diplomatique au sein du Conseil de sécurité. L’Afghanistan ne doit pas redevenir le sanctuaire du terrorisme qu’il a été.

C’est un enjeu pour la paix, la stabilité internationale, contre un ennemi commun : le terrorisme et ceux qui le soutiennent ; à cet égard, nous ferons également tout pour que la Russie, les Etats Unis et l’Europe puissent efficacement coopérer, car nos intérêts sont bien les mêmes. 

Ensuite, la déstabilisation de l’Afghanistan risque également d’entraîner des flux migratoires irréguliers vers l’Europe. La France, comme je l’ai dit, fait et continuera de faire son devoir pour protéger celles et ceux qui sont les plus menacés. Nous prendrons toute notre part dans le cadre d’un effort international organisé et juste.

Mais l’Afghanistan aura aussi besoin dans les temps qui viennent de ses forces vives et l’Europe ne peut pas à elle seule assumer les conséquences de la situation actuelle. Nous devons anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants qui mettraient en danger ceux qui les empruntent, et nourriraient les trafics de toute nature. 

Nous porterons donc, en lien avec la République Fédérale d’Allemagne, et je me suis entretenu il y a quelques instants à ce sujet avec la Chancelière Merkel, et avec d’autres états européens, une initiative pour construire sans attendre une réponse robuste, coordonnée et unie qui passera par la lutte contre les flux irréguliers, la solidarité dans l’effort, l’harmonisation des critères de protection, et la mise en place de coopérations avec les pays de transit et d’accueil comme le Pakistan, la Turquie ou l’Iran. 

Enfin, il nous faut continuer de défendre nos principes, nos valeurs, qui font ce que nous sommes. 

L’histoire de l’Afghanistan n’a pas commencé pas en 2001. Nous sommes intervenus dans un pays ébranlé par quarante ans de guerre, un grand pays tourmenté. Et Nous, Français, sommes à même de le comprendre. Nous, à qui il a fallu des siècles de lutte, de fautes, d’avancées et de reculs pour bâtir une nation conforme aux plus grandes espérances humaines : l’égalité sans considération d’origine, de sexe ou de religion et la liberté de choix et de conscience. 

Et nous savons combien ces combats sont chaque jour à recommencer. 
Les défis auxquels les Afghanes et les Afghans seront confrontés dans les prochaines semaines et les prochains mois sont terribles, immenses. 

Le peuple afghan a le droit de vivre dans la sécurité et le respect de chacun. Les femmes afghanes ont le droit de vivre dans la liberté et la dignité. Et si le destin de l’Afghanistan est entre ses mains, nous resterons, fraternellement, aux côtés des Afghanes et des Afghans. En soutenant la société civile afghane et en faisant notre devoir de protection de celles et ceux que nous pouvons protéger.

En disant très clairement à ceux qui optent pour la guerre, l’obscurantisme et la violence aveugle qu’ils font le choix de l’isolement. En étant toujours du côté de ceux qui combattent pour la liberté, les droits des femmes, qui portent dans le monde le même message que le nôtre. C’est le choix de la raison, c’est le choix de ce que nous sommes profondément. 

Vive la République 
Vive la France

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Déloyauté à la collectivité : 215 000 anti-pass sanitaire le 14 août 2021

La fièvre existentialiste ne s’arrête pas.

Le nombre de manifestants anti-pass sanitaire pour les rassemblements nationaux a un peu chuté, en passant à 215 000 le 14 août 2021.

Mais tout le monde reconnaît que c’est tout de même un chiffre qui est un tour de force alors que le 15 août représente traditionnellement la période la plus creuse de tout l’été. De plus, ce chiffre reste plutôt discutable et est très vraisemblablement sous-évalué.

C’est que c’est une lame de fond, sur la base de tout un existentialisme anti-collectif, anti-modernité, qui puise sa force dans un immense corpus livresque des années 1920 et 1930. En ce sens, les manifestants anti-pass sanitaire ayant brandi une banderole à Avignon avec une longue citation d’Antoine de Saint-Exupéry ont absolument tout compris à leur propre démarche.

Il y a une sorte de saut qualitatif dans l’élan des anti-pass sanitaire. C’est ce qui était à craindre.

Et pour donner un exemple de comment cette lame de fond arrache tout sur son passage, voici un exemple avec une section CGT qui se comporte comme absolument jamais elle n’aurait pu le faire il y a quelques temps encore. Se moquer ouvertement de son représentant national, agir en se moquant du cadre confédéral…

Ce simple exemple montre que la CGT est carbonisée ; à force d’avoir joué sur le côté plébéien, c’est la catastrophe. Et on voit mal comment elle peut s’en sortir alors que son aile gauche est liée au Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF), qui a pris dès le départ position contre le pass sanitaire (qui serait « un moyen brutal, ségrégatif, antidémocratique » contribuant à « une société de contrôle permanent »).

C’est que, surtout, on a désormais de manière généralisée une expression élémentaire de la protestation, c’est-à-dire une expression prétendument spontanée mais ayant tout les traits du fait de vomir. C’est comme sur twitter : tout le monde y va de son petit argument, c’est un assemblage hétéroclite, il n’y a ni programme ni organisation, tout est sur le tas, de manière subjectiviste, avec un fanatisme et une obsession petite-bourgeoise anti-collectivité.

Et il est impossible de saisir raisonnablement un mouvement irrationnel, à moins de se focaliser sur des détails honteux, tels des slogans antisémites ou beaufs (tel « Je me ferai vacciner quand Brigitte [Macron] sera enceinte »). L’utilisation des éclairs de la SS allemande pour les deux du mot « pass » ont été quelque chose qu’on pouvait également souvent voir.

C’est tellement flagrant qu’on se demande comment les gens qui à gauche ont soutenu ce mouvement – c’est-à-dire en fait pratiquement tout le monde à gauche du Parti socialiste – ne peuvent pas se retrouver à avoir totalement honte.

C’est un terrible exemple de quelque chose de typiquement français: les gens à gauche du Parti socialiste sont effectivement plus à gauche, mais ils ne peuvent pas s’empêcher de passer hors-sol, plébéien, populiste, et d’ainsi perdre toute crédibilité.

Et ainsi, un journaliste et homme d’affaires ouvertement capitaliste comme Georges Ghosn peut se retrouver cent fois plus dans le réel que toute la gauche de la gauche… C’est dire le problème!

Son éditorial dans VSD, malgré ou à cause de sa vulgarité, est dans la dignité du réel, elle exprime une colère qui est, d’ailleurs, le ressenti de tous les gens rationnels. En ce sens, elle a un véritable aspect historique.

La Gauche vient clairement de rater toute une option historique en n’étant pas à la hauteur de l’État lui-même!

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Lobby individualiste des deux roues: nouvelle capitulation, sur le contrôle technique

Le président Emmanuel Macron lui-même est venu annuler la réglementation.

Il y avait déjà eu à la toute fin du mois d’août la capitulation sur la remontée interfile des motards. Cette fois, c’est sur le contrôle technique. Le lobby des deux roues, notamment la Fédération Française des Motards en Colère, a réussi à bloquer une mesure pourtant européenne, en accusant la mesure d’être un « racket ».

On connaît le principe pour les voitures: de manière régulière, il faut aller faire vérifier sa voiture, passer un contrôle technique rendu toujours plus difficile. Si des choses ne vont pas, il faut réparer, cela coûte cher, de plus en plus cher. Il y a ici deux aspects. Le premier c’est que le capitalisme force à consommer, d’où des directives toujours plus pressantes. C’est un véritable gouffre financier à terme.

De l’autre, c’est une question de sécurité. Dans les faits, la mortalité sur les routes s’est totalement effondrée. C’était un véritable carnage dans les années 1960. Autrement dit, sur le plan technique, en tout cas, les voitures et les deux roues n’ont plus grand chose à voir avec leurs équivalents d’il y a quarante ans. C’est plus technique, plus fiable, plus électronique aussi.

Cela a un prix : c’est plus compliqué à vérifier. Et le contrôle technique empêche d’avoir des véhicules zombies (ce qui est à relativiser de par le nombre de lumpen roulant sans permis sans assurance dans des voitures sans contrôle technique).

En tout cas, et quoi qu’on en pense, aucune société ne peut accepter que des gens utilisent un moyen de transport en prétendant ne jamais le faire vérifier de manière neutre. On peut discuter de ce qu’il faut vérifier, mais dire comme les possesseurs des deux roues qu’il ne faut aucun contrôle, qu’il faut laisser les gens faire ce qu’ils veulent, que la société n’aurait pas son mot à dire, c’est inacceptable.

Car c’est ce que dit le lobby des motards : ceux-ci n’auraient de comptes à rendre à personne! Voici la prose turbocapitaliste de la Fédération Française des Motards en Colère:

Dans un contexte économique de plus en plus difficile, les usagers de 2 et 3 RM refusent de payer, même quelques dizaines d’euros, une prestation dont ils n’ont pas besoin pour assurer leur sécurité.

Et si le contrôle technique devait maintenir l’activité, et donc la rentabilité, des grandes enseignes de contrôle, elle condamnerait à terme celle de tous les préparateurs et accessoiristes moto puisque leurs clients ne pourraient plus « personnaliser » leur véhicule, même pour lui apporter des améliorations, qu’elles soient techniques ou esthétiques. Ce serait alors la fin de la « culture moto » telle qu’on la connaît depuis toujours.

Quand on connaît le prix d’une moto (et du casque et des gants et de son entretien nécessaire, etc.), ces propos sur les quelques dizaines d’euros ne sont pas seulement risibles : ils sont pathétiques comme l’est la figure du petit propriétaire se considérant au-dessus de toutes les lois et crachant sur les autres qui exigent une vie en commune sécurisée.

La Fédération Française des Motards en Colère a le même degré d’argumentation que le lobby de l’automobile, celui de chasseurs, que les gilet jaunes aussi d’ailleurs, bref de tous les beaufs pour qui l’État c’est moche ce n’est que les taxes laissez moi faire ce que je veux, etc.

Et les beaufs en deux roues ont eu le soutien direct du président de la République. Tout part de l’Union Européenne qui a décidé il y a quelques mois que, cette fois, il y en avait assez et que tout ce qui a deux roues et une puissance d’au moins 50 cm³ pour le moteur doit passer au contrôle technique tous les deux ans, dans toute l’Europe.

Et pareil pour ce qui a trois roues, pour les quads, les voitures sans permis, etc.

Cela donne un premier contrôle technique en 2023 pour les véhicules immatriculés avant 2016, en 2024 pour les ceux entre 2016 et 2020, et en 2025 pour ceux de 2021.

On notera que ce contrôle régulier existait déjà pour tous les deux roues déjà sous cette forme en Autriche, en Croatie, en Espagne, en Lituanie et en Italie. Inversement, la France ne faisait rien, comme la Finlande, l’Irlande et les Pays-Bas. Cela fait longtemps qu’il y a un débat en fait en France à ce sujet, mais à chaque fois le lobby des deux roues a été très offensif.

Et cela continue, puisque si le 12 août 2021 au matin le contrôle technique était annoncé publiquement, quelques heures après, il y a eu demande d’Emmanuel Macron de finalement ne pas appliquer la réglementation, qui est, officiellement, du point de vue gouvernemental « suspendue jusqu’à nouvel ordre ».

Le Monde explique ainsi l’argumentation populiste:

« Après avoir découvert cette mesure, le président de la République a décidé que ce n’était pas le moment d’embêter les Français », a expliqué un conseiller de l’exécutif. 

« Avec la crise sanitaire, le passe, on leur demande déjà beaucoup. On peut être pour la sécurité sans embêter les Français dans leur quotidien, a priori sans adhésion de leur part. »

Tel est le turbocapitalisme : c’est un capitalisme qui va jusqu’à élargir tellement la propriété qu’il supprime le droit, qu’il bouleverse tout pour permettre une consommation plus grande à tout prix, jusqu’au nihilisme.

Cabu nous manque!
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Réactions de « Ras Le Scoot » à la reculade sur le contrôle technique des deux roues

L’association se réjouissait le matin, pour déchanter dans la journée.

Voici le communiqué de l’association Ras le scoot :

Ras Le Scoot déplore la manoeuvre électoraliste d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron sacrifie la santé, la sécurité et la tranquillité des Français sur l’autel de l’électoralisme. 

Ras Le Scoot se réjouissait ce matin de la décision du gouvernement de faire entrer dans le droit commun les deux-roues motorisés, exemptés sans raison de contrôle technique en dépit de leur dangerosité, du bruit et de la pollution qu’ils provoquent et des bricolages improbables que leurs pilotes réalisent au mépris de la réglementation pour les rendre plus bruyants, plus rapides ou plus tape-à-l’oeil.

Le lobby motard avait fait savoir son intention de manifester bruyamment pour démontrer à tous la capacité de nuisance de ses engins. Il n’aura pas fallu une journée à Emmanuel Macron pour lui céder sur toute la ligne : désavouant son propre gouvernement et par simple fait du prince, il revient sur une mesure pourtant exigée par une directive européenne de 2014.

La France risque ainsi d’être condamnée en raison de calculs électoraux douteux. On se demande d’ailleurs s’ils seront payants : en dehors d’un lobby très bruyant mais très minoritaire, les Français sont dans leur ensemble exaspérés par les nuisances innombrables que leur causent les 2RM.

Ras Le Scoot remarque qu’Emmanuel Macron sait également choisir son moment : trois jours après la publication d’un rapport alarmant du GIEC, il fait le choix de laisser sans contrôle des véhicules très fréquemment montrés du doigt pour leur rejets polluants aggravés par la modification des échappements dont sont coutumiers les motards.

Dans une étude menée en 2018, le Conseil international sur le transport propre notait l’« impact disproportionné » des 2RM sur la pollution atmosphérique en ville : leurs émissions de monoxyde de carbone (CO) sont ainsi dix fois plus élevées que celles des voitures à essence et vingt fois plus que celles fonctionnant au diesel.

Ras Le Scoot se scandalise qu’une petite minorité parvienne à faire plier le président de la République, visiblement plus soucieux de grappiller des voix que de préserver la santé, la sécurité et la tranquillité des Français.

Trouvera-t-on un jour un politique courageux pour oser braver les oukases des lobbys motards sous lesquels sont contraints de vivre soixante-sept millions de Français ?

Voici le communiqué de l’association plus tôt en matinée, se réjouissant du contrôle technique instauré (et repoussé dans le foulée en fait).

Ras Le Scoot salue la mise en place du contrôle technique pour tous les deux-roues motorisés

Le gouvernement instaure à compter de janvier 2023 un contrôle technique pour les deux-roues motorisés. Partisan de cette mesure depuis sa naissance, Ras Le Scoot ne peut que saluer cette décision qui vient rompre avec des années d’hésitation des pouvoirs publics jusqu’alors tétanisés face au lobby motard.

C’est en effet au 1er janvier 2021 qu’une directive européenne fixait la date limite au-delà de laquelle les États membres devaient avoir mis en place cette mesure de sécurité routière.

Le contrôle technique auquel sont soumises les automobiles depuis 1991 s’impose maintenant comme une évidence tant il paraît inimaginable de laisser circuler sur les routes des véhicules susceptibles de mettre en danger les autres usagers.

Il est donc incompréhensible qu’il ait fallu attendre plus de trente ans pour mettre un terme au régime d’exception dont jouissaient les deux-roues motorisés, pourtant plus dangereux, plus bruyants et plus polluants que les voitures.

D’autres pays européens n’ont pas connu les mêmes atermoiements : les 2RM d’Allemagne, du Royaume-Uni ou d’Italie passent un contrôle technique obligatoire depuis le début des années 2000.

Ras Le Scoot relève, non sans une certaine satisfaction, que cette nouvelle obligation vise tous les 2RM, quand la directive européenne la circonscrivait aux seuls véhicules dont la cylindrée dépassait 125 cm3. Les scooters, qui représentent un tiers du parc des deux-roues motorisés, font en effet l’objet des modifications les plus lourdes, en particulier concernant leur échappement très fréquemment trafiqué afin d’en accroître les émissions sonores.

Il n’est pas une chaîne YouTube spécialisée qui ne fasse pas la promotion de ces pétarades qui importunent aussi bien les citadins que les ruraux, confrontés aux virées tonitruantes auxquelles invitent les routes dégagées des campagnes.

La liste des points de contrôle reste à établir : Ras Le Scoot appelle à la plus grande vigilance à cet égard sachant le lobbying intense dont sont capables les associations motardes. Toujours prêtes à brandir les nuisances qu’on leur reproche comme une arme, elles avancent la menace de manifestations assourdissantes.

Leur céder – comme ce fut déjà le cas lors d’une réforme avortée en 2017 – reviendrait à faire fi de l’exaspération des Français qui ne sauraient se contenter d’un contrôle a minima pour remplir les obligations européennes.

Compte tenu de l’accidentologie dramatiquement élevée de ce mode de transport, mais aussi des enjeux en matière de bruit et de pollution qui s’y rattachent, nous demandons que lui soient appliqués les mêmes critères de contrôle que les voitures. Une attention toute particulière doit être portée au bruit, dont les deux-roues motorisés sont la principale source en ville.

Si ce combat semble enfin remporté, Ras Le Scoot rappelle que les normes de bruit et de pollution auxquelles doivent obéir les 2RM et dont le contrôle technique améliorera le respect demeurent incroyablement laxistes en comparaison des normes automobiles.

À l’heure où les constructeurs de voitures, pressés par les pouvoirs publics, annoncent les uns après les autres l’échéance de leur transition vers les moteurs électriques, il est urgent d’étendre cette réflexion aux 2RM. C’est à l’échelle européenne que s’édictent les normes et à cette échelle qu’il convient de penser les nuisances qu’un mode de transport en retard sur son temps inflige à tous les Européens.

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Le pass sanitaire ou le socialisme malgré lui

Le capitalisme est obligé de faire du socialisme en raison de la crise sanitaire.

Le pass sanitaire n’est pas un « choix » gouvernemental, c’est une obligation historique en situation de pandémie. Lors d’une crise touchant tout le monde, il n’y a pas de réponse particulière : la solution est forcément du même niveau, de la même ampleur.

Et donc, comme la crise sanitaire est générale, alors c’est la mobilisation générale. On ne peut donc pas dire, comme le fait Anasse Kazib de Révolution Permanente, qui espère se présenter à la présidentielle 2022, que :

Le pass sanitaire est une mesure liberticide et anti sociale que le gouvernement utilise pour se dédouaner de son absence de stratégie sanitaire.

Ce n’est absolument pas vrai. Les faits montrent très bien que le pass sanitaire est rendu obligatoire par les faits eux-mêmes, que quel que soit le gouvernement et le pays, que ce soit la France, l’Autriche ou l’Italie, il y a une pression de la crise sanitaire telle qu’il est nécessaire de parer par des moyens de grande ampleur.

Les gouvernements ne sont d’ailleurs nullement contents d’avoir à le faire. Et pour cause! Le pass sanitaire est une mesure fondamentalement de gauche. Il s’agit en effet d’une procédure administrative universelle, qui s’impose d’elle-même, plaçant les intérêts généraux au-delà des égoïsmes individuels.

Ou, comme le résume Spock dans la série originelle Star Trek très ancré à gauche justement :

L’intérêt du plus grand nombre l’emporte sur l’intérêt d’un seul.

Les commentateurs du Figaro ne s’y trompent pas, justement, dénonçant sans cesse le pass sanitaire comme une mesure « liberticide », parlant de manière anxieuse d’un futur pass environnemental. Et ils ont raison : telle est la tendance historique.

L’Histoire commence à imposer une remise en cause générale de ce que fait l’humanité. Non pas de l’humanité abstraite, mais bien de l’humanité concrète : celle qui est socialement façonné par le capitalisme et qui s’imagine sortie de la Nature.

L’humanité s’imagine composée d’individus tous différents les uns les autres, l’Histoire remet en cause cette absurdité en rappelant que la planète est un grand tout, une Biosphère, et qu’il n’y a pas de partie qui puisse se prétendre séparée, ayant plus de valeur, unique, « libre » de faire ce qu’elle veut, etc.

L’époque qui vient est celle de la grande remise en cause et, forcément, cela va être très autoritaire. Les gens de droite ont raison de penser que la Gauche (historique) veut l’État policier : ils savent ce qui les attendent ! L’intolérable ne sera plus toléré…

Tony Estanguet, président du comité d’organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024, explique qu’il faut choisir des sports spectaculaires « des sports qui cartonnent sur les réseaux sociaux », tels le surf et le breakdance… eh bien dans le Socialisme il ne pourra pas raconter des choses pareilles, car d’autres valeurs que la course à l’expansion du capitalisme prédomineront, celles venant du peuple et s’exprimant démocratiquement.

Cela sera un pass sanitaire… dans le sport. Et pareil dans tous les domaines. Le socialisme va imposer des mœurs nouvelles, des comportements nouveaux, au nom d’une conception de la vie opposée à ce qui prévaut dans le capitalisme… En ce sens, le socialisme, c’est la multiplication des pass du type pass sanitaire.

S’installer dans un village? Oui, mais il faudra avoir le pass montrant qu’on a fait un stage expliquant la situation locale de la Nature et comment la protéger.

Faire des études de médecine? Oui, mais il faudra avoir le pass montrant qu’on a fait un stage centré sur l’empathie et la compassion.

Partir en vacances en Corse? Oui, mais il faudra un pass montrant qu’on a fait un stage d’introduction à la culture nationale corse et au respect de sa faune et de sa flore.

Et la liste est sans fin, et la liste sera définie par le peuple lui-même, de manière démocratique. Et elle sera imposé par la force, parce que comme on le sait, le peuple ne plaisante pas avec la réalité.

En ce sens, le pass sanitaire, c’est le socialisme malgré lui : l’époque oblige le capitalisme à assumer le collectivisme malgré lui, parce que l’ampleur de ce qui se passe l’oblige à agir ainsi.

L’époque mûrit toujours davantage. Et l’ultra-gauche et les syndicalistes pleurant les mesures « liberticides » sont juste des petits-bourgeois larmoyants regrettant le monde d’avant. Ils n’ont pas compris le besoin d’un ordre nouveau.

« L’action de défense des travailleurs menée par les syndicats, la constitution d’organes socialistes, les expériences socialistes en régime bourgeois, la conquête incessante de nouveaux postes dans les organismes avec lesquels les bourgeois gouvernent la société, tout cela aujourd’hui est insuffisant, est devenu inutile.

C’est de tout autre chose dont nous avons besoin si nous ne voulons pas être écrasés et tout perdre.

Dominateurs de toute la société, il faut que ce soient les ouvriers, les paysans, les travailleurs de toute catégorie qui le deviennent, qu’ils aient le pouvoir et qu’ils l’exercent au moyen d’institutions nouvelles capables de donner à la société une nouvelle forme et une implacable discipline d’ordre et de travail pour tous. »

Antonio Gramsci, L’Ordine nuovo [L’Ordre nouveau], 13 mai 1921
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Crise sanitaire et Covid-19: un vaccin annuel?

Le caractère périodique de la vaccination est une réelle possibilité.

Alors que le pass sanitaire devient la règle en France, il faut rappeler une chose essentielle : on navigue à vue et on n’a aucune idée de la durée de la validité des vaccins réalisés.

C’est cela qui rend d’autant plus odieux les anti-pass sanitaire, puisque ils se comportent dans le déni, dans la négation de la crise sanitaire. Ils veulent que tout reprenne comme avant, comme s’il y avait un complot pour les empêcher de consommer tranquillement comme dans le passé.

En réalité, le situation est tendue et même doublement tendue. Car non seulement la vaccination n’atteint pas une partie suffisante de la population, mais en plus on ne sait pas combien de temps les vaccins opèrent.

C’est là où on aurait besoin d’une opinion publique éclairée, d’une participation populaire pour relayer les informations sanitaires. Au lieu de cela, on a une gestion administrative – bureaucratique, par an haut, et une contestation plébéienne hors-sol.

Ce qui implique une hypocrisie de la part de l’État. On peut en effet considérer que, du point de vue des États, la crise sanitaire formera un arrière-plan sur le long terme. Il n’y aurait pas de mise en place d’un pass sanitaire sans cette perspective. C’est une bonne chose que de mettre en place le pass sanitaire, mais il faudrait, de manière démocratique, dire ouvertement que c’est sur le long terme.

Au lieu de cela, l’État français ne fait que souligner que c’est temporaire, que cela ne durera pas, etc. Ce faisant il croit bien faire en prenant les gens pour des idiots et permet justement aux idiots de protester. Alors que si la gravité de la situation était montrée, les choses seraient claires pour les esprits.

En ce sens, il faut aller voir vers l’Autriche, ce pays qui sert depuis des mois de « laboratoire » pour les mesures prises. La raison historique d’une telle situation est assez facile à comprendre: l’Allemagne se sert de son satellite autrichien, qui a un haut niveau administratif, comme « testeur » et cela se répercute ensuite sur le reste.

D’ailleurs, le pass sanitaire ne pose là-bas aucun problème pratique depuis quelques temps déjà et n’est prétexte à pratiquement aucune contestation, à part chez une poignée d’ésotériques et d’activistes d’extrême-Droite.

Et donc, en Autriche, la durée de la validité de la vaccination après la piqûre de rappel est de 270 jours.

L’État autrichien, dans son formalisme administratif et juridique, dit les choses clairement. Légalement, le vaccin n’a une validité que de 270 jours.

L’État se protège ainsi de tout recours juridique et annonce surtout la couleur, de manière indirecte. Ce qui est sous-entendu, c’est une vaccination annuelle.

Que voit-on, d’ailleurs? Le patron de Moderna vient de saluer les résultats de tests montrant que le vaccin de son entreprise est efficace à 93%… pour six mois. Il va de soi que cela implique un prolongement de la vaccination.

Dans des articles ultra-racoleurs, le site Futura Sciences dit qu’éventuellement l’immunité pourrait durer plusieurs années. L’Académie des sciences naturelles de Suisse est elle plus réaliste :

Combien de temps dure la protection fournie par les vaccins à ARNm autorisés ?

On ne le sait pas encore avec certitude. On sait, toutefois, que l’efficacité des vaccins à ARNm a été testée deux à trois mois après la vaccination. Cela signifie qu’ils fonctionnent bien pendant au moins ce délai.

Comme ces études n’ont été réalisées que récemment, des données à long terme ne sont pas encore disponibles. Toutefois, les volontaires des essais cliniques continueront à être observé·e·s et examiné·e·s. De cette façon, la durée de l’effet pourra être évaluée pour des périodes de plus en plus longues.

En fait, le problème principal, ce sont les anticorps, qu’on ne sait pas encore évaluer correctement. C’est ce qui fait qu’on a du mal à évaluer la situation des millions de personnes déjà infectées. Non seulement les effets prolongés du virus ne sont pas vraiment connus (le fameux covid long), mais en plus on ne sait pas vraiment dans quelle mesure le système immunitaire conserve la capacité à repousser le virus ou pas.

Il faudrait une enquête de masse… mais pour cela une administration démocratique dans un cadre populaire. On a évidemment rien de tout cela.

Et comme le résume la BBC à la mi-juillet:

Il est désormais difficile de dire avec certitude si la population générale aura besoin de cette dose supplémentaire. Tout dépendra de la durée de l’immunité offerte et des variantes qui apparaîtront.

L’article de la BBC rappelle ainsi bien entendu qu’il faut distinguer entre un rappel nécessaire car l’effet du vaccin faiblit et un vaccin modifié en raison d’un variant. Et de citer un scientifique mentionnant une possibilité tout à fait concrète:

« Chaque année, on analyse les variantes de la grippe qui circulent dans le monde et qui ne coïncident pas toujours dans le même hémisphère ou continent.

Chaque pays prépare ensuite des vaccins spécifiques pour ces variantes. Quelque chose de similaire se produirait avec le coronavirus », a souligné il y a quelques mois à la BBC Mundo le Dr José Manuel Bautista, professeur au département de biochimie et de biologie moléculaire de l’université Complutense de Madrid, en Espagne.

Si l’on prend les 270 jours autrichiens, on a cette perspective là. Et ce ne serait guère étonnant. L’humanité, en détraquant la planète, en massacrant la Biosphère provoque des catastrophes de grande ampleur. La crise sanitaire en est une de plus.

Et les anti-pass sanitaire qui veulent vivre comme avant ne sont que les nostalgiques d’un monde conduisant à la catastrophe.

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La catastrophe crypto-fasciste continue: 237 000 anti-pass sanitaire le 7 août 2021

Et cela dans une convergence nationale et sociale toujours plus marquée.

Les Français sont bien les plus forts. Dans tous les pays occidentaux, les anti-vaccins et anti-pass sanitaires ont consisté en des troupes d’ésotériques, de nationalistes, de nationaux-révolutionnaires, de complotistes et de confusionnistes… et ils ont été traités tels quels : ils ont été maintenus à la marge.

Nous avons à plusieurs reprises souligné ce phénomène, auquel la France avait, fort heureusement, échappé pendant la confinement.

Et là les Français ont décidé de faire plus fort que tout le monde en soutenant cette marge, en la validant, en la valorisant, en la soutenant par des manifestations de masse. C’est la grande convergence des plébéiens et des populistes, au-delà de toute opposition Droite / Gauche.

Florian Philippot, l’ex-comparse de Marine Le Pen, engrange les succès d’estime avec sa ligne anti-pass sanitaire

Dialectiquement, c’est au moins une bonne chose : les masques tombent et tous les populistes, les plébéiens de la Gauche se précipitent dans les rangs des anti-pass sanitaire, dont le mouvement a clairement comme origine des courants d’extrême-Droite et ésotériques-spiritualistes.

Ce faisant, ils montrent qu’ils sont totalement décomposés et qu’ils ont quitté tout rapport avec la Gauche historique et avec les nécessités de notre époque. L’Histoire fait le ménage. Il faut être pour le pass sanitaire, ou contre le pass sanitaire.

Il faut être pour les anti-pass sanitaires, ou contre les anti-pass sanitaires. Entre les deux, il n’y a rien.

Drapeaux français, de la CNT, du NPA… la déchéance, en l’occurrence à Bordeaux

C’est d’autant plus vrai qu’il y a désormais une ampleur de masse, qui fait froid dans le dos. Avoir plus de gens qu’à la manifestation précédente, c’est déjà marquant. Rappelons qu’il y avait eu 114 000 manifestants le 17 juillet, 160 000 le 24 juillet, 205 000 le 31 juillet, et donc 237 000 le 7 août.

Mais, justement, un 7 août, au moment estival marqué par le plus de torpeur, parvenir à mobiliser et en plus sur une base plus grande… On sent comment l’irrationalisme transporte.

Le Puy-en-Velay, Montpellier, Angoulême, Clermont-Ferrand, Lille, Bayonne, Nantes, Tulle, Strasbourg, Nîmes, Annecy, Toulon, Metz, Aix-en-Provence, Épinal, Avignon, Colmar, Guingamp, Gap, Quimper, Dijon, Marseille, Toulouse, Narbonne, Grenoble, Nice, Angers, Limoges, Paris, Vannes, Perpignan, Bordeaux, Toulouse… La fièvre crypto-fasciste provoque un engouement dans tout le pays.

Le style petit-bourgeois contestataire est aussi vain qu’ignoble

Et beaucoup l’ont observé : la part des femmes était significative dans les manifestations du 7 août 2021. C’est un point à étudier, car si c’est bien le cas, alors le mouvement a vraiment passé un cap dans la société et parvient à mobiliser telle une lame de fond sur une base « élémentaire ».

L’engouement irrationnel petit-bourgeois a-t-il atteint un tel niveau?

Si c’est le cas, un tel phénomène implique une catastrophe à la rentrée. Le mélange « national-social »qui commence à prendre implique un rôle destructeur. Cela va être le moment décisif pour ceux qui portent les vrais valeurs de la Gauche historique.

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Les anti-pass sanitaire ou le degré zéro du romantisme

Cette révolte plébéienne du type gilets jaunes n’a aucune profondeur.

Il existe une réelle dimension populaire dans l’opposition au pass sanitaire, mais ce n’est pas une chose bien. Car de quel peuple parle-t-on? On parle d’un peuple totalement intégré dans le capitalisme, vivant de manière beauf, composé de gens n’ayant aucune envie qu’on les dérange et pour qui l’idée de se sacrifier pour une cause collective est une abstraction intellectuelle.

Les gens ne veulent pas qu’on les dérange, voilà la vérité. Les populistes et les réseaux sociaux les arrangent, car ils n’exigent rien d’eux, ils n’en attendent rien. Le principe de commander par Amazon ou Ebay s’appuie également en partie sur ce côté individualiste anti-social. Les gens du peuple vivent leur vie et veulent qu’on les laisse tranquille.

Le mouvement anti-pass sanitaire est le produit d’une telle vision du monde. Il est une insistance sur le fait de vouloir être laisser à l’écart des responsabilités et des décisions, de la séparation radicale entre la sphère publique et la sphère privé. Cela a un certain sens: le prolétaire qui bosse ne veut pas, en plus, avoir à assumer des choses, au sens où il fait son job, mais qu’on ne lui en demande pas plus.

Seulement voilà, les gens de gauche veulent que les gens du peuple assument et prennent les commandes de la société. Faut-il donc les soutenir dans leur rejet anti-intellectuel, anti-culture ?

Certainement pas !

A moins qu’on pense que le style des partisans de Donald Trump ou des skinheads anglais des années 1970-1980 soit ce qu’il faut pour changer le monde. Parce que les anti-pass sanitaires relèvent de cette même engeance apolitique-plébéienne qui existe dans les pays riches. C’est un mélange de petits-bourgeois anti-riches et anti-prolétaires et de prolétaires semi-décomposés socialement.

Ou, pour mieux formuler la chose, c’est une variante moderne du public des nationaux-socialistes allemands et des chemises noires italiennes. Et comme tant l’ultra-gauche que la CGT sont assez idiotes pour soutenir les anti-pass sanitaires, on ne va pas couper à l’émergence d’un vaste mouvement protestataire à la fois national et social, appelant à changer ou renverser le « régime », avec un style qui s’appuie sur la haine de la raison, la guerre à l’intelligence, le mépris pour la culture, la destruction de ce qui est intellectuel.

Et ce n’est même pas le pire. Car que des gens désireux de changer les choses ne comprennent pas l’importance de l’intellect, d’avoir un projet concret, de saisir le monde où l’on vit… cela se conçoit, il faut parfois du temps. Cependant, ce qui est inacceptable, c’est cette absence totale de romantisme.

Les anti-pass sanitaires sont tout simplement ignobles dans leur approche. Ce sont des beaufs, il n’y a aucune envergure, aucune dimension sensible, aucun besoin existentiel. Ce ne sont rien d’autre que des gens soucieux de pouvoir, de vouloir… vivre comme avant. Et qu’on leur foute la paix.

Les anti-pass sanitaires, c’est le triomphe de la mesquinerie et de l’étroitesse d’esprit. Ce sont des gilets jaunes renouvelés. Et à de tels gens, on ne peut pas s’adresser ni rationnellement, ni de manière sensible. Pense-t-on que ces gens, avec leur approche, vont s’intéresser à l’expérimentation animale, à la tendance à la guerre, au dérèglement du climat, à l’aliénation de la société capitaliste de consommation, à la destruction des zones sauvages, à la négation capitaliste de la culture, la condition animale, l’horreur de l’architecture dans la vie quotidienne?

Absolument pas. Ces gens sont une expression du nivellement par le bas qu’impose le capitalisme et la chose la plus importante pour eux, c’est de ne rien changer à leur vie quotidienne, justement. C’est une expression réactionnaire. Le capitalisme est un navire qui prend l’eau et eux ne sont pas d’accord : il ne faut pas que ça coule, rien ne doit changer, il faut vivre comme avant!

C’est à la fois faux et horrible. C’est le fruit de décennies de lessivage sur le plan humain. Et le pire, c’est qu’au fond, ils le savent, au moins en partie. Mais ils s’en moquent.

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Plus on est pauvre, moins on se vaccine : révolte, stupidité, nihilisme ?

Qui se trompe d’analyse rate un virage historique.

C’est un constat qui se fait dans tous les pays capitalistes. Plus une personne est diplômée ou dispose de hauts revenus, plus elle va se faire vacciner. Moins une personne est diplômée ou moins ses revenus sont hauts, moins elle se fait vacciner. Il en va grosso modo de même pour l’acceptation ou le refus du pass sanitaire.

N’allons pas par quatre chemins et disons le tout de suite : la vérité que c’est que les pauvres ne comprennent rien. Si ce n’était pas le cas, ils auraient déjà renversé le capitalisme depuis longtemps. Le travail salarié est un abrutissement et les travailleurs sont écrasés. Comme en plus, il y a une consommation capitaliste de masse, il est d’autant moins réfléchi.

Certains prétendent parfois qu’il y aurait des difficultés pratiques pour se vacciner, que l’accès serait plus difficile, etc. C’est totalement faux. La preuve concrète, c’est que l’Ouest parisien s’est dès le départ fait massivement vacciner… en Seine-Saint-Denis, parce que là-bas le nombre de gens voulant se faire vacciner était faible.

D’autres prétendent que ce serait une « révolte » indirecte. Évitons l’ultra-gauche, car par populisme et plébéianisme elle est prête à raconter n’importe quoi et regardons ce que dit, de manière intelligente, la Gauche Républicaine et Socialiste, dans Vaccination anti-COVID et réalité sociale (encore) et Vaccination anti-COVID et réalité sociale (suite).

Le problème, à vrai dire, c’est que si les deux articles sont intelligents, ils disent le contraire. Dans l’article du 4 août, les classes dominantes ne voudraient pas diffuser le vaccin de manière réelle, par égoïsme. C’est totalement faux, mais enfin ça se tient intellectuellement.

« Lorsque les antivax accusent les bourgeois de vouloir empoisonner le peuple, leur stupidité égale celle de ce gouvernement dans la lutte pandémique.

La réalité, c’est que les inégalités sociales sont révélées à l’eau forte par la crise pandémique. Ce gouvernement ne gouvernant que pour les riches n’a jamais pensé même nécessaire des actions et des communications spécifiques aux classes populaires. Il ne veut rien lâcher dans sa lutte des classes, même pas un panier repas (…).

Les Français illectroniques – 19% des Français abandonnent une démarche administrative dès lors qu’elle inclut une action internet – les receveurs de paniers repas – qui ne fréquentent pas les restaurants – et les 33% de Français qui ne voyagent jamais, les 45% qui ne prennent jamais l’avion, ne vont pas aller sur doctolib, ou se faire vacciner pour aller au restaurant, au musée, à Arcachon ou à Majorque.

Il ne suffit pas de mettre l’offre de vaccin – la politique sanitaire illustre l’échec de l’idéologie française de la politique de l’offre et de l’homo economicus.

Dans le passé, toutes les politiques sanitaires incluaient des éléments d’incitation, la mobilisation des réseaux de proximité pour passer le message et créer la confiance, ce qui suppose un échange en confiance avec les organisations syndicales, professionnelles, les organisations confessionnelles et culturelles, les associations sportives, ce qui implique faire confiance et équiper la médecine de famille, les assistants sociaux, les réseaux intermédiaires, les enseignants locaux, les maires des villes défavorisées.

Or ce gouvernement vit dans l’illusion d’une relation directe à un peuple enjambant tout cela, et refuse de mettre les moyens dans de telles campagnes vaccinales.

Il ne lui reste plus que la matraque. Que va-t-il faire en septembre ? Mettre des barrages autour des villes gagnant moins de 20.000 euros, à moins de 50% de vaccinés, et les confiner ? »

L’article du lendemain, lui, dit le contraire. Il ne dit pas que les gens échappent objectivement à la vaccination, mais subjectivement : ils ne veulent pas. Ce qui est juste. Seulement c’est interprété comme une résistance aux dominants.

« Mardi 3 août 2021, notre camarade David Cayla a partagé un graphique des journalistes de France Info qui montre une corrélation entre les niveaux de revenu et le taux de vaccination. Nous avons nous-mêmes partagé ce graphique dans notre article du 4 août. Il est montré que plus on habite dans une ville riche, plus on se fait vacciner.

Beaucoup se sont interrogés sur le sens de cette corrélation. J’entends que ce serait lié au niveau d’instruction ou même d’intelligence, à la faiblesse des services publics, à des considérations politiques (les macronistes se vaccinant plus), au conformisme des classes supérieures…

Le problème de ces explications est qu’elles analysent la réticence vaccinale comme la conséquence de choix purement individuels. Or, au contraire, nous avons plutôt affaire à un phénomène social, qui résulte de l’histoire récente et de choix politiques.

Autrement dit, si les classes populaires se vaccinent moins que les classes supérieures, c’est surtout en raison des dysfonctionnements de la société française et non parce qu’elles-mêmes sont pauvres ou peu instruites. Ce dysfonctionnement est celui de la défiance que ressent une grande partie de la société vis-à-vis des institutions et du pouvoir politique actuel.

Elles rejettent le vaccin car elles rejettent ceux qui le promeuvent (…).

Les classes populaires ne font pas preuve de bêtise en refusant la vaccination. Leur méfiance est tout à fait légitime et s’appuie sur l’expérience vécue depuis plus de dix ans. Sarkozy, Hollande et Macron ont tous mené la même politique. Après des années de néolibéralisme, ce n’est pas Macron et ses vidéos Tik Tok qui vont réussir à convaincre les populations défavorisées de se faire vacciner.

C’est donc à l’opposition anti-néolibérale de monter au créneau pour pousser les classes populaires à se faire vacciner. C’est urgent. Il s’agit non seulement de sauver des vies mais aussi d’éviter de nouveaux confinements destructeurs socialement et économiquement. »

C’est intelligent également. Mais c’est faux. La preuve, c’est que le mouvement anti-pass sanitaire est anti-lutte de classes : il est opposé à toute exigence collective, il utilise systématiquement le drapeau français, il souligne le caractère fondamental des « libertés » individuelles.

Si l’interprétation selon laquelle les gens échappent au vaccin car le capitalisme n’est pas sérieux dans la mise en place de la vaccination est du populisme, la seconde interprétation selon laquelle les gens se révoltent est du plébéianisme.

La véritable explication est le nihilisme de couches populaires lessivées par la consommation capitaliste de masses. Celles-ci sont frappées par la crise, à la traîne des conceptions petits-bourgeoises appelant à « vivre comme avant », dans le refus de toute exigence collective, prisonnière d’un orgueil nationaliste de pays riche…

C’est une réédition des gilets jaunes, et cette fois bien plus fasciste que crypto-fasciste. Voilà la vérité.

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L’éloge sinistre des sites de rencontre contre le romantisme de la part de « Regards »

Vive Tinder, à bas le romantisme… Mais quelle honte!

Historiquement, Regards est une revue née en 1932 dans le cadre du mouvement communiste, qui a disparu après la guerre pour renaître en 1995, sous l’égide du PCF, comme média d’opinion en phase avec sa propre conception des choses. Pour en dire l’esprit, on a eu Clémentine Autain comme tête de proue pendant plusieurs années.

L’article du 30 juillet 2021 Le jeu de l’amour et de l’algorithme est emblématique de cette démarche post-moderne où ce qui compterait ce serait de faire avancer les questions sociétales pour que l’individu ait plus de « droits ». Cet article, c’est ni plus ni moins que l’apologie du turbocapitalisme : le romantisme, ce serait niais et sans intérêt, alors que la consommation choisie et même éphémère ce serait la vie.

Les gens qui critiqueraient le marketing des entreprises, les manipulations par les algorithmes… n’auraient rien compris !

C’est là absolument exemplaire de comment des gens s’imaginant de gauche agissent en fait comme cinquième colonne du capitalisme dans sa version la plus poussée. Rien que les lignes suivants suffiront largement à faire vomir, il n’y a pas d’autres mots, quiconque a encore une conscience de gauche, qui n’a pas été aliéné par le capitalisme développé et sa société de l’ultra-consommation anti-sentimentale.

« On ne parle pas de Facebook comme d’un marché de l’amitié, ni de Linkedin comme d’un marché du piston.

Alors pourquoi Tinder serait-il une exception, sinon parce que nos sociétés continuent de sacraliser l’amour plus que tout autre lien humain, y compris l’amitié ?

Une chose est sûre, un parfum de fin du monde flotte sur les rencontres numériques. Un article de Vanity Fair titré « L’apocalypse de la rencontre », en 2015, a ainsi fait le tour de la Toile. Au fond, ce dont on ne se remet peut-être pas, c’est que la drague 2.0 porte un coup fatal au mythe romantique du coup de foudre au premier regard, de la loi du hasard et de l’intuition née d’un unique contact charnel parmi des milliers.

Et l’on imagine que les utilisatrices des applications de rencontre, tout à leurs rêves de paradis sur terre, vivraient un enfer. « On pointe régulièrement les dangers et les pièges de la sexualité en ligne [pour les femmes] : le caractère éphémère des relations est souvent décrit comme un nouveau lieu de domination masculine », souligne Marie Bergström.

C’est oublier que pour certaines, ces sites sont l’occasion de vivre des relations – pourquoi pas sans lendemain – au lieu d’attendre le prince charmant, d’exprimer leurs fantasmes les plus crus à l’abri des regards. Sans avoir à subir le jugement pesant de leur entourage. Ils « facilitent l’accès à la sexualité », soutient Marie Bergström, « en raison de la dissociation relative qu’ils permettent entre pratiques sexuelles et image sociale ».

La preuve que tout n’est pas noir ou blanc. »

Au lieu de défendre le romantisme, les grands sentiments… on a ici quelqu’un s’imaginant de gauche et défendant le cynisme, la consommation, la soumission aux initiatives capitalistes les plus avancées.

C’est très exactement ces gens qui font le triomphe de l’extrême-droite et des religions, qui ont beau jeu d’arriver après comme source de satisfaction pour qui a soif d’idéal, de respect, de pudeur.

C’est ce cela qu’il faut triompher pour faire vaincre la véritable Gauche… celle qui n’existe pas par Facebook, Tinder ou autre moyen capitaliste de faire basculer les gens dans la fuite en avant de la consommation.

Celle qui assume le romantisme, qui justement au contraire de l’article de Regards assume l’intuition, cette attirance naturelle, ces atomes crochus capables d’être vus et assumés justement seulement par qui n’a pas accepté de vendre ses sentiments au capitalisme !

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La lie de la société manifeste encore contre les mesures sanitaires

La France craque, au milieu de l’été.

Anarchistes, nationalistes, gilets jaunes, populistes en tout genre : c’était le pire de la société française qui était à nouveau réuni ce samedi 31 juillet 2021 pour protester contre les mesures sanitaires. Encore plus nombreux que la semaine précédente, ils étaient cette fois plus de 200 000 dans 184 villes françaises. Ce qui, au plein milieu de l’été, est tout à fait remarquable, et surtout terrifiant.

Pour les principaux rassemblements, ils étaient 13 000 à Toulon, 8500 à Montpellier, 6500 à Nice, 5500 à Bordeaux, 4000 à Nantes, 3400 à Pau, 3200 à Strasbourg, 3000 à Metz, 3000 à Avignon ou encore 15 000 à Paris.

Tout ces gens assument le nihilisme, ils assument de rejeter la société, le collectivisme, au nom de leur petite individualité, au nom de qu’ils appellent la « liberté ». C’est, au sens strict, de la graine de facho, c’est-à-dire des gens farouchement anti-communistes, anti-socialistes.

Le summum de l’ignominie anti-sociale a probablement été atteint lors de la manifestation montpelliéraine, où le cortège s’en ai pris physiquement à un stand de dépistage, en osant crier « collabo ». C’est pour le moins glaçant, surtout quand on sait que dans cette région Occitanie, le nombre de nouvelles hospitalisations a été multiplié par dix en un mois…

Le variant Delta se diffuse à vitesse grand V en raison de sa très grande virulence… mais aussi car il est aidé par ces milliers de gens ayant décider de refuser les mesures sanitaires. La France craque, et ce sont les esprits les plus faibles qui cèdent en premier.

Et quand on dit les plus faibles, il faut comprendre : les plus petits-bourgeois, les plus complaisants avec leur ego, avec leur mesquinerie, avec leur attitude anti-sociale, anti-culturelle, anti-intellectuelle.

Et quand on voit que même à la CGT il y a des soignants capables de s’exprimer contre l’obligation vaccinale, comme ceux de l’hôpital de Bastia parlant de « choix individuel » devant primer… Il y a de quoi être vraiment inquiet. Et même plus qu’inquiet. C’est un désastre.

Et l’une des racines de ce désastre, il faut le souligner, ce sont les gilets jaunes. Les gens de gauche qui ont soutenu ces gilets jaunes tout proches des chemises noires ont agi de manière criminelle. Ils ont encouragé le populisme, les positions plébéiennes, la négation de l’importance de la conscience, de la culture.

Si les gilets jaunes avaient été politiquement et culturellement écrasés, par le blocus total de la Gauche, on ne serait pas dans cette situation calamiteuse!

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L’idée d’un capitalisme organisé laissant courir les virus…

C’est un classique de la paranoïa petite-bourgeoise.

Au sens strict, c’est anecdotique au point de n’avoir aucune importance. C’est un petit article, publié sur un blog d’ultra-gauche, traitant de la question de la pandémie selon un point de vue délirant. Ce n’est pas lu, cela n’intéresse personne.

Seulement, on l’a vu, la société française est travaillée au corps par les points de vue délirants. Alors, autant mentionner cette curiosité ou plutôt cette monstruosité puisque l’article dit que les capitalistes font exprès de laisser courir les virus pour faire du profit.

En ce sens, c’est intéressant, car c’est un point de vue qu’on retrouve de manière régulière chez les anti-pass sanitaires. La paranoïa visant ce qui est dénommé « Big Pharma » est typique du genre. Voici ce que cela donne :

L’annonce de l’OMS selon laquelle le coronavirus n’est pas d’origine humaine n’est pas vraie, le coronavirus est d’une responsabilité humaine.

Les puissances impérialistes sont également responsables de l’apparition de nombreux virus qui ont tué des millions de personnes dans le monde, parmi ces virus, le V.I.H./SIDA a tué plus de vingt-deux millions de personnes dans le monde et les gens meurent encore aujourd’hui de la pandémie du V.I.H./SIDA et il y a encore beaucoup de gens qui sont infectés par ce virus.

Les populations de la région d’Afrique australe sont les plus infectées au monde par le V.I.H. et la pandémie de SIDA.

Tous les efforts déployés par d’autres scientifiques, comme le professeur J. Segal, dans le cadre de leur projet intitulé “New Direction”, qui visait à produire l’anti-P24 afin de guérir la pandémie de VHI/SIDA, ont été rejetés par le régime impérialiste dirigé par l’impérialisme américain.

Ce n’était pas une erreur de la part des puissances impérialistes de bloquer tout effort visant à produire un remède contre le virus du sida, car leurs grandes sociétés pharmaceutiques tirent de gros profits de l’apparition de ces virus.

Les pays du tiers monde sont les plus désavantagés financièrement et économiquement par l’apparition de ces virus, comme c’est le cas actuellement avec la pandémie de corona.

C’est la rhétorique petite-bourgeoise classique : le grand capital tire les ficelles, tout ce qui se passe lui est conforme, étant prévu et mis en place par des complots.

Et par ce qui se passe, il faut comprendre ce qui empêche le petit-bourgeois d’être petit-bourgeois. Plutôt que de dénoncer la condition animale amenant la pandémie, le petit-bourgeois va imaginer un complot organisé afin de l’appauvrir et de l’empêcher de devenir un bourgeois, en verrouillant les richesses.

Cette dénonciation d’un capitalisme organisé secrètement et manipulant les gens tels des marionnettes relève très exactement du fascisme, historiquement.

Le point de vue sur le SIDA n’étonnera pas non plus si l’on sait que cet article vient en fait d’Afrique du Sud (du Parti Communiste d’Afrique du Sud Marxiste-léniniste, et non pas du Parti Communiste d’Afrique du Sud comme le prétend le blog d’ultra-gauche concerné). Il y a dans ce pays depuis le début une intense propagande, à un moment même gouvernementale, affirmant que le SIDA et le VIH ne sont pas liés, qu’il y a un complot impérialiste, etc.

Quant au professeur J. Segal mentionné, c’est en fait Jakob Segal, un agent du KGB lié à une opération d’intox affirmant que les États-Unis auraient fabriqué le VIH.

On notera pour conclure que ce thème d’une manipulation médicale par un capitalisme organisé est un classique cinématographique. C’est très exactement le thème de la série des films « Alien », ou encore du film post-apocalyptique Absolon de 2003 avec Christophe Lambert, une horreur littéralement exemplaire dans le genre.

C’est en quelque sorte une conception des choses propre à une couche sociale ayant profité de toute une époque, celle d’un capitalisme qui a suffisamment tourné pour lui permettre d’exister.

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Individualisme: la France capitule sur la remontée interfile des motards

Dangereuse, elle est pourtant normalement interdite.

La France est un pays d’individualistes et d’hypocrites, mais on a beau le savoir ce qui vient de se passer laisse tout de même sans voix. En effet, un décret publié vendredi 30 juillet au journal officiel a rendu de nouveau légal, pour trois ans et dans certains départements, la circulation des deux-roues motorisés entre deux files.

En réalité, on parle de la remontée des files de voitures, mais le libéralisme a choisi de masquer cela en employant une autre expression, comme s’il existait une troisième file virtuelle entre les voitures.

Beaucoup seront étonnés d’apprendre que c’est interdit, vu que c’est tout à fait courant en France… Même si au fond c’est un style vraiment né en Île-de-France, se répandant ailleurs, alors qu’il existe parfois des variantes, comme circuler sur la bande d’arrêt d’urgence dans les Bouches-du-Rhône…

Et pourtant, le code de la route interdit une telle démarche. Les deux roues motorisés doivent se comporter tels des voitures C’est le cas dans la plupart des pays occidentaux : Allemagne, Italie, Autriche, Suisse, Etats-Unis, Australie, l’Espagne, Danemark, Tchéquie, etc. La Grande-Bretagne est l’exception.

On a au mieux le droit de se remettre en place idéalement lorsque les voitures sont à l’arrêt. Mais on ne double pas entre deux files de voitures. Encore est-il que comme ces pays sont libéraux sur le plan des mœurs, en fait personne ne connaît la loi sauf si la police la fait appliquer. En Australie les motards sont ainsi tombés des nues lorsque l’Etat a voulu faire appliquer le code de la route, et cela dépend désormais des régions.

Dans d’autres cas la police applique la loi fermement. C’est le cas en Autriche et en Suisse, parfois en Allemagne et en Espagne, mais pas en France, bastion du libéralisme. D’où l’idée pour l’autoriser de procéder à une « expérimentation ». De 2016 à début 2021, la pratique a ainsi été autorisée dans certaines zones, officiellement pour évaluer la chose.

Comme on le voit, cela concerne des centres urbains. Et donc, au bout de cinq ans, le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement dit que cela ne va pas du tout, que dans les onze départements concernés, le nombre d’accidents avait augmenté de 12% là où il y avait circulation interfiles pour les motards.

On se dit alors que l’État français va faire comme les autres pays et interdire la démarche dans les faits. Officiellement, il l’a d’ailleurs fait le premier février 2021.

Eh bien non, pas du tout ! La Sécurité routière intervient et dit que le test ne s’appuie pas sur assez de données. C’est vrai que l’Île-de-France ne compte pas assez de motos et de voitures pour voir ce qu’il en est… Surtout au bout de cinq années… Ce n’est pas suffisant !

Et, donc, le décret autorise de nouveau la circulation interfiles dans les territoires suivants: l’Île-de-France, les Bouches-du-Rhône, la Haute-Garonne, la Gironde, l’Hérault, l’Isère, la Loire-Atlantique, le Nord, le Rhône, le Var, les Alpes-Maritimes, la Drôme, le Vaucluse, les Pyrénées-Orientales et la métropole de Lyon. 

On se demande alors : ne s’agit-il pas ici des zones les plus peuplées de France, pour la plupart ? Effectivement. Voici la liste des départements les plus peuplés de France, selon wikipédia. Sont mis en gras les zones concernées par la nouvelle expérimentation…

RangCodePopulationSuperficie en km2Densité en nombre d’habitants par km2
159Nord2 606 2345 743454
275Paris2 175 60110520 641
313Bouches-du-Rhône2 034 3575 087400
69Circonscription départementale du Rhône1 859 5243 249572
493Seine-Saint-Denis1 632 6772366 912
592Hauts-de-Seine1 619 1201769 221
633Gironde1 601 8459 976161
762Pas-de-Calais1 466 7436 671220
878Yvelines1 441 3982 284631
977Seine-et-Marne1 412 5165 915239
1044Loire-Atlantique1 412 5026 874206
1194Val-de-Marne1 396 9132455 702
1269MMétropole de Lyon
1331Haute-Garonne1 380 6726 309219
1491Essonne1 296 6411 804719
1538Isère1 263 5637 432170
1676Seine-Maritime1 255 8836 278200
1795Val-d’Oise1 238 5811 246994
1834Hérault1 159 2206 101190
1967Bas-Rhin1 133 5524 755238
2006Alpes-Maritimes1 086 2194 299253

S’ajoutent la Drôme, le Vaucluse et les Pyrénées-Orientales, soit 1,5 million de personnes. Ce n’est pas là une expérimentation, mais une légalisation masquée. C’est d’une hypocrisie sans noms.

La Déléguée interministérielle à la sécurité routière, Marie Gautier-Melleray, ne s’en cache même pas, puisqu’elle a expliqué à l’AFP que le but était :

« d’essayer de trouver les moyens de rendre cette pratique plus sûre pour les deux-roues et tous les autres usagers de la route (…).

Nous avons aussi noté une amélioration certaine des comportements et une meilleure acceptabilité sociale au fur et à mesure de l’expérimentation. »

C’est bien une légalisation. Il va d’ailleurs y avoir une une signalisation spécifique, une campagne d’information à ce sujet. C’est le triomphe des associations de motards, notamment la Fédération Française des Motards en Colère qui a combattu pour autoriser la remontée des files qui serait… au bénéfice de la société toute entière !

La question de fond est alors la suivante : les motards sont-ils des individualistes comme les automobilistes et par ailleurs les cyclistes ? Le capitalisme a-t-il réussi à produire un style individualiste de l’automobiliste, du motard, du cycliste ?

Absolument. Les gens se comportent comme des barbares, se croyant seuls au monde et tout puissant. C’est exactement ce que veut le capitalisme. D’où la légalisation de la circulation interfiles pour les motards.

L’autorisation de la circulation interfiles reflète tout à fait les valeurs capitalistes et la négation des principes d’ordre collectif, au nom de la « créativité » individuelle.

La personne de gauche qui n’a pas conscience de cela se comporte de manière individualiste en moto, de manière agressive et auto-centrée – elle est alors perdue pour la Cause, elle a été façonnée par le capitalisme à son image.

Le capitalisme cherche à atomiser les gens au maximum, à les « différencier » le plus possible, à les isoler, à les faire se comporter en individualistes. Dans une société capitaliste de consommation, chaque détail compte. Qui ne fait pas attention à cela est broyé sans même avoir combattu.

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Un ridicule appel anti-pass sanitaire LFI-PCF-CGT

Outre d’être idiot, c’est le fiasco.

L’association alter-mondialiste ATTAC a lancé une pétition sans succès contre la loi sanitaire, en cherchant à s’appuyer sur un large appel anti-pass sanitaire publié dans Libération.

Comme personne ne lit Libération et que les signataires n’ont aucune surface populaire (alors que de toutes façons l’écriture dite inclusive est un repoussoir), comme en plus seuls les anti-sociaux sont anti-pass sanitaire, c’est le flop complet.

Voici l’appel en question, parce qu’il faut conserver cela comme exemple. Un exemple de comment des gens peuvent s’imaginer de gauche alors qu’ils sont hors-sol, libéral-libertaire dans leur vision du monde, misérabiliste et populiste… et sans envergure aucune.

Une crise immense frappe le monde et on a toujours ces mièvreries, ces pleurnicheries… c’est atrocement petit-bourgeois.

« Refusons le projet de loi sanitaire et les régressions sociales

Le pass sanitaire marquera la vie de millions de Français·es, puisqu’en très peu de temps, et encore plus dès lors que le test PCR ne sera plus gratuit, toute vie sociale et professionnelle sera contrainte par le fait d’être vacciné. Pourtant, cette décision a été prise de façon autoritaire, non démocratique, dans un cadre de délibérations obscures, celui d’un seul homme : le président de la République qui n’aura réuni que le seul Conseil de défense. Elle passe outre toute discussion réelle au Parlement qui est, une fois encore, considérée comme une chambre d’enregistrement. La démocratie ne saurait être sacrifiée, et elle est pour nous plus que jamais la clé pour sortir de cette crise.

Pourtant, il y a moins d’un mois, Emmanuel Macron, le ministre de la santé, les député.es de la majorité, à l’image de la présidente de la commission des lois qui avait même déposé un amendement pour en figer l’impossibilité d’avoir une obligation publique dans la loi, tou.te.s se disaient opposées à la généralisation du pass sanitaire au nom des libertés et individuelles tout comme à une vaccinale. Alors que tout indique que nous avons pour au moins des mois à vivre avec le virus, on ne peut rentrer dans la société du contrôle généralisé que le gouvernement veut imposer ainsi à la population.

Une vaccination large et massive est nécessaire pour combattre cette pandémie, à commencer par la couverture des plus fragiles. Nous nous démarquons de toutes celles et ceux qui font de leur opposition frontale au vaccin un déversoir sectaire et complotiste et nous dénonçons fermement toute assimilation de la stratégie vaccinale à la Shoah ou à l’apartheid.

Nous dénonçons la méthode employée par le gouvernement, génératrice de fortes tensions, ce qui est délétère en pleine crise épidémique. Les premiers leviers activés devraient être un grand débat démocratique, une information d’ampleur, des droits d’utilisation sur le temps de travail pour se faire vacciner, une prévention notamment par la gratuité des masques, une couverture bien plus importante des centres de vaccination et des moyens associés plus conséquents…

La corrélation entre la vaccination et les revenus fait dire qu’en l’état actuel le pass sanitaire est antisocial. Ce sont des milliers de milliers de travailleurs·se·s qui se trouvent contraint·es et menacé·es de sanctions graves.

Depuis le début de la pandémie, les moyens financiers et humains réclamés par les syndicats et associations de soignants, pour remettre debout les hôpitaux publics et soigner correctement, n’ont pas été octroyés. Il en est de même pour les Ehpad. Pire, dans certains endroits nous constatons même que la casse de l’hôpital public continue (fermeture de lits, suppressions de poste…).

Et pendant ce temps, la France s’oppose toujours, avec l’Union européenne, à la levée des brevets au sein de l’Organisation mondiale du commerce, alors que c’est la seule façon pour que, dans les pays pauvres et émergents, les vaccins puissent être fabriqués et distribués massivement.

C’est à la fois une question de solidarité internationale, de santé publique et d’efficacité. Car tant que la pandémie ne sera pas résolue à l’échelle mondiale, elle ne le sera nulle part.

Enfin, pendant que ces décisions heurtent et divisent la population, de graves attaques contre les droits sociaux sont annoncées. Autoritarisme et casse sociale vont de pair. La réforme régressive de l’assurance-chômage serait entérinée dès le 1er octobre, diminuant fortement les durées et les montants des allocations des chômeurs. Et Emmanuel Macron a confirmé sa volonté de reporter l’âge légal de départ en retraite et la fin de tous les régimes spéciaux.

Alors que le patrimoine cumulé des 500 plus grandes fortunes de France a augmenté de 30% en 2020, le gouvernement ne revient aucunement sur toutes les largesses qu’il leur a accordées depuis le début du quinquennat et veut faire payer la crise aux chômeurs et aux retraités.

A l’inverse, nous demandons que soient mis à contribution, bien davantage qu’aujourd’hui, les multinationales et les très riches, au profit de la solidarité nationale. Nous exigeons une politique sociale ambitieuse, passant par des services publics de qualité et des droits sociaux plus importants.

Pour cette raison, au nom de l’efficacité sur le long terme contre l’épidémie et pour préserver nos libertés, nous nous opposons à la nouvelle loi proposée à l’assemblée, tout comme aux mesures antisociales qui visent à faire payer la note de la crise sociale au monde du travail. A cette fin, nous aspirons à des mobilisations dans les semaines et mois qui viennent.

Premiers signataires

Responsables d’organisations : Aurélie Trouvé et Raphaël Pradeau (porte-parole d’Attac), Céline Verzeletti (secrétaire confédérale de la CGT), Simon Duteil et Murielle Guilbert (délégué·es généraux de l’Union syndicale Solidaires), Thomas Portes (porte-parole de Génération·s), Mélanie Luce (présidente de l’UNEF), Khaled Gaiji (président des Amis de la Terre France), Pierre Khalfa et Willy Pelletier (Fondation Copernic), Emmanuel Vire (secrétaire général du SNJ-CGT), Mireille Stivala (secrétaire générale de la fédération CGT Santé et action sociale), Jean Marc Devauchelle (secrétaire général de la Fédération SUD Santé Sociaux), Thierry Amouroux (porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI), Hafsa Askar (Secrétaire Générale de la FSE), Denis Lalys (secrétaire général de la FNPOS de la CGT), Ana Azaria (présidente Femmes égalité), Lenny Gras (porte parole du MNL), Mathieu Devlaminck (UNL), Aneth Hembert (co-secrétaire fédérale des Jeunes Ecologistes), Jean-Christophe Sellin et Hélène Le Cacheux (coordinateurs du Parti de Gauche), Jean-François Pellissier et Myriam Martin (porte parole d’ENSEMBLE !), Christine Poupin, Olivier Besancenot et Philippe Poutou (porte-parole du NPA), Christian Pierrel (porte parole du PCOF), Christian Eyschen (secrétaire général de la Libre Pensée), Martin Méchin et Louise Tort (Black Robe Brigade), Anthony Caillé (CGT-Police), Jean-Baptiste Eyraud (porte-parole Droit Au Logement), Delphine Glachant (présidente de l’Union syndicale de la psychiatrie).

Elu·e·s : Éric Coquerel (député LFI), Elsa Faucillon (députée PCF), Eric Piolle (maire EELV), Jean-Luc Mélenchon (député LFI), Sébastien Jumel (député PCF), Emilie Carriou (députée Nouveaux Démocrates), Clémentine Autain (députée LFI), Aurélien Taché (député Nouveaux Démocrates), Mathilde Panot (députée LFI), Pierre Dhareville (député PCF), Caroline Fiat (députée LFI), Manon Aubry (députée LFI), Adrien Quatennens (député LFI), François Ruffin (député LFI), Muriel Ressiguier (députée LFI)

Personnalités : Youcef Brakni (militant antiraciste), Sandrine Rousseau (EELV), Caroline Mecary (avocate), Taha Bouhafs (journaliste), Jean-Marie Harribey (économiste), Arie Alimi (avocat), Kevin Vacher et Deborah Ozil (Rencontre des Justices), Stéphane Jouteux (syndicaliste), Nicolas Mayart (journaliste), Dominique Plihon (économiste), Paul Poulain (spécialiste des risques industriels), Laure Vermeersch (L’ACID), Gilles Perret (réalisateur), Rokhaya Diallo (journaliste), Claire Lejeune (EELV). »

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« Transphobie »: le discours libéral-libertaire de « révolution permanente »

Quand on est de gauche on ne converge pas avec le turbocapitalisme.

Révolution Permanente, qui exprime le point de vue du courant du Nouveau Parti Anticapitaliste désirant refonder un parti trotskiste (de masse), a publié un article « États-Unis. Deux semaines de violences transphobes à Los Angeles« . Y a-t-il vraiment eu de telles violences à Los Angeles ?

Absolument pas, c’est simplement un titre racoleur. L’arrière-plan consiste simplement en une vidéo sur Instagram, des insultes sur les réseaux sociaux et de petits accrochages de quelques dizaines de manifestants devant un spa à Los Angeles. Un homme se définissant comme une femme s’était fait en effet rejeté de l’espace féminin, étant physiquement un homme.

L’argument de Révolution Permanente consiste alors en trois choses :

– affirmer que l’affaire est un coup monté, qu’il n’y a jamais eu de personne refoulée du SPA,

– dire qu’il s’agit d’une opération commune de l’extrême-Droite et des féministes « TERF (Trans-Exclusionary Radical Feminist – un acronyme qui désigne les féministes hostiles aux personnes trans) »;

– appeler à la violence en France contre les gens ne s’associant pas à leur démarche.

Le texte de Révolution Permanente est sans ambiguïtés aucune concernant cet appel à la violence. Il nomme d’ailleurs une personne qui a justement déjà été victime de violence, en faisant très clairement une cible.

« Ce qui se passe aux États-Unis doit être une sonnette d’alarme pour les organisations de notre classe en France. Les attaques transphobes à la Marche des Fiertés de cette année, mais aussi la présence pour le moment marginale mais de plus en plus ouverte de figures transphobes et réactionnaires comme Marguerite Stern, montrent que nous nous trouvons devant un phénomène grandissant.

En ce sens, il est plus que jamais nécessaire que les organisations mouvements féministes et LGBTI se positionnent de façon nette et tranchée pour organiser une riposte d’ampleur face aux réactionnaires de tous bords, des TERF jusqu’à l’extrême-droite. »

Cette argumentation est d’autant plus agressive que Révolution Permanente sait très bien que ses propres discours en faveur des trans ou du mouvement LGBT est exactement le même que celui des États-Unis, de l’Union européenne (et notamment de la France).

Comme Révolution Permanente se définit comme révolutionnaire, c’est bien entendu un souci : comment être révolutionnaire quand on dit exactement la même chose que les gouvernements et les institutions ?

Alors Révolution Permanente est obligée d’en rajouter autant que possible, d’en faire des caisses, et de parler de l’extrême-Droite, de dire qu’elle est à l’offensive, qu’elle veut retourner en arrière, qu’elle ne veut pas aller de l’avant, etc.

Seulement, est-il possible d’aller de l’avant dans le capitalisme ? Oui, bien entendu, aller de l’avant… vers le turbocapitalisme. Et c’est bien là tout le problème. En pratique, Révolution Permanente pense qu’il peut y avoir de réels progrès dans cette société, qu’il peut exister des changements… « sociétaux » de grande échelle.

Elle le pense d’autant plus que Révolution Permanente a les mêmes valeurs culturelles que l’ancienne Ligue Communiste Révolutionnaire, c’est-à-dire des considérations d’ultra-gauche : la famille est réactionnaire, il faut l’amour libre, toutes les normes en matière relationnelles sont à condamner, etc.

Cela est dit de manière ouverte dans l’article en question, par ailleurs.

« Ce que menacent les personnes trans pour ces prétendues féministes [définies comme « TERF »], c’est la norme biologique qu’elles définissent pour les femmes, en particulier autour de la notion de fertilité et de sexe biologique.

Un logiciel profondément réactionnaire dans lequel se retrouve sans surprise la droite chrétienne et l’extrême-droite et dont la finalité, en réduisant les femmes à leur rôle de mère, est de protéger les “bonnes moeurs” : c’est-à-dire le carcan des rôles assignés aux femmes par la société patriarcale et la famille nucléaire. »

Ce rejet de la biologie est tout à fait en phase avec le turbocapitalisme. Et ce rejet de la figure de la mère est, sans doute, l’expression la plus perfectionnée de l’anti-féminisme. Car on a tous une mère et cette réalité maternelle est en contradiction fondamentale avec le patriarcat, le virilisme, la prétention à être « au-dessus » de la réalité. Les gens de Révolution Permanente sont anti-matérialistes, jamais ils ne comprendront ces lignes de Lucrèce, ce grand auteur romain du premier siècle avant notre ère :

« Souvent, au seuil d’un temple magnifiquement décoré, au pied d’un autel où brûle l’encens, un jeune veau tombe immolé et de sa poitrine jaillit une source chaude de sang ; sa mère cependant, restée seule, parcourt les vastes bois cherchant à reconnaître sur le sol l’empreinte de ses sabots fendus ; elle jette des regards en tous lieux, elle espère y découvrir le petit qu’elle a perdu ; elle emplit de sa plainte le bocage feuillu, à l’orée duquel elle s’arrête, puis à tout instant revient visiter l’étable, son cœur de mère percé de regrets. 

Ni les tendres pousses des saules, ni les herbes que vivifie la rosée, ni les fleuves coulant à pleins bords, ne sont capables d’attacher son esprit, ni de détourner le souci qui l’occupe ; les autres veaux qu’elle voit dans les gras pâturages n’ont pas le pouvoir de la distraire et d’alléger sa peine : tant il est vrai qu’elle recherche un bien qui lui est propre et qu’elle connaît entre tous.

Les chevreaux aussi, dont la voix tremble, savent reconnaître leurs mères cornues ; les agneaux bondissants distinguent le bêlement des brebis : ainsi le veut la nature, chacun accourt à la mamelle qui lui donne son lait ».

Telle est la nature, encore faut-il la reconnaître ! Et ce n’est pas pour rien que les fanatiques du turbocapitalisme, de l’idéologie LGBT, trans et autres échappées illusoires éprouvent le plus grand mépris pour les animaux. Les animaux sont naturels et c’est incompatible avec leur idéologie anti-naturelle.

C’est l’alternative de toute une époque. Soit on reconnaît le réel, et on salue donc forcément le couple de loutres sur la berge… soit on le nie et on considère que tout ce qui existe dépend de sa propre conscience, que l’esprit est séparé de la matière, même de son corps.

Ceux qui reconnaissent le réel reconnaissent donc la planète comme Biosphère, ceux qui le nient réduisent la réalité à leur nombril.

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Le skateboard aux Jeux Olympiques, autre escroquerie de l’époque

Lancés ce 23 juillet 2021 à Tokyo au Japon, les Jeux Olympiques voient pour la première fois le skateboard comme discipline olympique. Un véritable tour de force qui transforme l’âme du skateboard.

Les 25-26 juillet ont eu les premières épreuves de skateboard, celle de « street », avec un skate park construit à l’image du mobilier urbain normalement utilisé par les skateurs pour réaliser leurs figures, leurs « tricks ».

Suivront début août celles de « park », ou plutôt de « bowl » qui signifie une sorte de piscine en béton.

Parmi les 8 skateurs « olympiques », deux français ont été sélectionnés pour représenter la France, Aurélien Giraud et Vincent Milou. Coachés, suivis par des médecins attitrés, habillés par la grande marque française Lacoste, le skateboard voit là une bien triste page de son histoire s’écrire. Sans lui ou malgré lui, cela l’histoire le dira.

Combien d’autres cultures ou éthiques dites « alternatives » se sont-elles fait prendre au jeu de l’intégration facile au système dominant ? Car les esprits les plus constructifs tentent bien de trouver un aspect positif à la présence du skateboard aux JO, celles-ci aidant à une certaine forme de reconnaissance officielle. Une reconnaissance qui aiderait les projets en tout genre…

Certes, mais c’est là se leurrer quant à la finalité d’une reconnaissance de la société capitaliste. Qui ne voit pas d’ailleurs fleurir des skate parks partout en France ? Voilà maintenant que s’ajoutent à la Fédération française de roller et de skateboard des tas de « clubs » pilotés par des « professeurs ».

Les municipalités qui financent ces organisations et ces lieux de pratique ont en tête l’idée de faire rayonner, de peser et pourquoi pas de « créer des champions ». Aurélien Giraud, qui a terminé sixième le premier jour, est l’incarnation même de ce type de figure-athlète.

Et cette tendance va en s’accentuant avec l’hyper-médiatisation liés aux réseaux sociaux, où certains parlent de « carrière » ou de « mercato », quand d’autres obtiennent des sponsors de Louis Vuitton, avec même des skateuses hyper-sexualisées qui acceptent des publicités…pour des préservatifs.

Rien n’est bon dans une telle direction. Car le skateboard ce n’est pas le football. Non pas que le football soit quelque chose à fustiger, tout au contraire : c’est un sport qui s’assume comme tel et c’est là faire preuve d’une démarche sincère. A l’inverse, le skateboard n’est pas un sport et tenter de l’intégrer dans ce sens, c’est le vider de sa substance historique.

Et le grand critère pour juger qu’une chose va dans le bon sens, c’est la sincérité et l’authenticité. Un sport est un sport, et un état d’esprit alternatif est un état d’esprit alternatif.

Il est vrai qu’il existe des compétitions de skateboard depuis toujours. Mais entre participer à des compétitions mondiales, organisées sur le mode du show à l’américaine telle que la « Street League » ou les « X Games », ce qui est déjà en soi critiquable, et intégrer les Jeux Olympiques, il y a un gouffre.

Car il y a une différence de fond entre participer à un circuit qui vise une reconnaissance à l’intérieur d’une scène aux codes bien déterminés, et une reconnaissance grand public, ou du moins de type médiatique. On peut dire que c’est là être mauvais esprit, mais si l’on est authentique et vrai, on sait bien que le skateboard n’est pas un sport, et encore moins une discipline olympique.

Preuve en est la déclaration de Vincent Milou, un « sélectionné » de l’équipe de France de skateboard, à propos des contrôles anti-dopages qui nécessitent aux « athlètes » de voir leur planning être régulièrement contrôlé pendant trois mois avant la compétition. Voici ce qu’il dit dans un reportage de Canal + sur le « dilemme olympique » du skateboard :

« C’est un planning sur trois mois. Tu dis trois mois à l’avance ce que tu fais, je sais pas quelqu’un qui fait de l’athlé [athéltisme] c’est facile pour lui : de 8h à 10h il va au stade à l’entrainement. Enfin, nous on a pas ça, c’est impossible, on va skater à la dernière minute, tu vas à droite, à gauche, tu vas à un spot c’est mouillé, tu vas à un autre spot »

Et Vincent Milou a raison : il est impossible de codifier le skateboard, car ce n’est pas là son essence. A moins de vendre son âme au diable, il est impossible de dire oui à l’origine, et oui à l’intégration-codification. Le skateboard c’est un style de vie qui prend tout entier une personnalité, à telle point qu’elle est entièrement façonnée par l’état d’esprit « skate ».

Il suffit de voir comment un skater analyse une ville pour se rendre compte que c’est une démarche totale, qui porte en elle une sorte de critique d’un monde urbain aseptisé et formalisé par des tas de règlements qui cloisonnent et enferment. Le mot d’ordre du skate, c’est justement de dire : libère toi des codes urbains qui enferment, dessines-toi ta subjectivité urbaine.

Le skateboard c’est une réaction à l’urbanisation, une tentative de se libérer du carcan de monde bétonisé en se l’appropriant pour mieux le détourner. Ce n’est pas mesurable par une note, pas plus que l’on s’entraine pour se réaliser. Il y a bien un effort physique, une dépense d’énergie, mais c’est là secondaire car ce qui compte ce n’est pas tant la performance physique que la réalisation subjective.

Quelle hypocrisie de voir que ce soit Yuto Horigome qui termine médaillé d’or pour les hommes et Momiji Nishiya pour les femmes alors même que le centre-ville de Tokyo est interdit au skateboard, les skateurs nippons étant obligés de skater la nuit pour éviter les restrictions et les mentalités hostiles…

Le skateboard deviendrait-il un loisir comme les autres ? Tout cela est à l’image d’un Geoff Rowley, figure historique du skateboard des origines et qui, végétalien pendant plus de 10 ans, a décidé de tout arrêter…pour devenir chasseur ! Mais l’on pourrait citer l’arrivée si facile de Nike dans le milieu cette dernière décennie, ou plus récemment de New Balance, ou encore l’inflation de la posture d’égo-trip sur Instagram.

Il n’y a qu’à voir comment la personnalité de Rayssa Leal, une jeune skateuse brésilienne (née en 2008 !), est utilisée par la compétition de type capitaliste.

Rayssa Leal

De deux choses l’une : ou bien le skateboard est à tournant de son histoire, avec la tendance à s’intégrer dans le « game », ou bien l’arrivée du skateboard aux Jeux Olympiques de 2021 n’aura été qu’une parenthèse d’une anomalie historique de la décennie 2010.

Car heureusement, l’identité historique de l’esprit skate est toujours là, belle et bien vivante, formant toujours le coeur même de la démarche… mais quel sera à terme l’impact de cette tendance qui n’en finit pas d’enfler et que l’on peut qualifier, malencontreusement, de « skate business » ?

Le souffle des années 1990, celui qui a forgé cet état d’esprit particulier doit-il s’évaporer dans le business ? Peut-être, et les plus avisés remarqueront que la vague vegan et straight edge, si connectée dans ces années-là au skateboard, ne s’est d’ailleurs finalement pas vraiment cristallisé dans ce même milieu.

Car les skateurs sont au fond des personnalités à l’esprit alternatif et décontracté pour sûr, mais avant tout individuel voire individualiste : tolérons les choses et vivons notre « truc » à la marge… sauf que la marge reste justement peu de temps une marge, car la pression sociale et sociétale est toujours intense.

Et à un moment il faut dessiner des lignes rouges à ne pas franchir. Peut être est-ce là le drame actuel du skateboard confronté à son « tournant olympique » ?

Décidément, les années 2020 vont être la décennie du tri sélectif entre ce qui est authentique et ce qui s’est fait corrompre par la facilité capitaliste.

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Pass sanitaire: les pleurnicheurs de la culture heureusement déboutés

Les insupportables « acteurs de la culture » en ont pour leur frais.

C’est un secteur surprotégé par le capitalisme français, avec des gens ayant le même profil libéral-démocrate qu’Emmanuel Macron, avec le même ego démesuré et l’absence totale d’ancrage dans le peuple et dans le mouvement ouvrier en général. Les « acteurs de la culture » sont au cœur d’une consommation capitaliste à grande échelle et un grand facteur de propagande libérale. Et leurs prétentions sont immenses.

Depuis le début de la crise sanitaire, ils ne cessent de pleurnicher, en accord avec leur considération qu’ils seraient le centre du monde. Et là, avec l’instauration du pass sanitaire dans un climat de grande tension alors que le variant Delta est une grande menace, ils en ont même appelé au Conseil d’État pour repousser les mesures.

Tout irait trop vite, le milieu de la culture n’a pas à jouer le rôle de policiers, les libertés seraient touchées, etc. Le Conseil d’État a répondu sur le même ton, arguant que le pass sanitaire n’était pas « de nature à porter une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales invoquées, la liberté d’expression et la libre communication des idées, la liberté de création artistique, la liberté d’accès aux œuvres culturelles, la liberté d’entreprendre et la liberté du commerce et de l’industrie ainsi que le droit au libre exercice d’une profession. »

Mais cette réponse correspond à une vision libérale qui n’est de toutes façons pas la question. Le covid pose une question collective et la réponse ne peut être que collective. Si le « acteurs de la culture » étaient autre chose que des gens à la solde du capitalisme, ils seraient en première ligne pour un pass sanitaire bien mené, porté par le peuple lui-même. Ils produiraient de nouveaux artistes à la hauteur de leur époque, de nouveaux Molière pour se moquer des anti-pass sanitaire, des nouveaux Racine pour souligner la tragédie de notre époque, de nouveaux Balzac pour raconter les traits de la vie quotidienne nouvelle.

On n’a rien de tout cela, ce qui ajoute au drame que l’on vit : le capitalisme détruit tout, une crise sanitaire mondiale intervient, et même les « acteurs de la culture » veulent que tout soit comme avant ! Nommons d’ailleurs ceux qui en ont appelé au Conseil d’État en référé liberté qui est une procédure accélérée), afin de se souvenir de ces tenants d’une « liberté » dans un monde en perdition :

« la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, le syndicat Chorégraphes associé.e.s, le Syndicat national des metteurs en scène, la Fédération des entreprises du spectacle vivant, de la musique, de l’audiovisuel et du cinéma, l’association Jazzé Croisé, l’association Les écrivains associés du théâtre, le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles, la Fédération des ensembles vocaux et instrumentaux spécialisés, la Fédération nationale des syndicats de spectacle, du cinéma, de l’audiovisuel et de l’action culturelle CGT, le Syndicat national des scènes publiques, le Syndicat professionnel des producteurs, festivals, ensembles, diffuseurs indépendants de musique, le syndicat Les forces musicales, l’association France festivals, la Fédération française des festivals de musique et du spectacle vivant et la Fédération des syndicats des arts, des spectacles, de la presse, de la communication et du multimédia Force ouvrière. »

Ces gens sont lamentables, en-dehors de leur temps. Ils sont irresponsables, leur approche est injustifiable. Ils ne sont pas à la hauteur de notre époque.

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24 juillet 2021: 160 000 personnes contre les mesures sanitaires collectives

Une immense mobilisation en plein milieu de l’été.

D’après les chiffres officiels, ce sont 161 000 personnes qui se sont rassemblées dans plus de 160 villes de France samedi 24 juin 2021 pour protester contre le pass sanitaire et la vaccination. Ils étaient 11 000 à Paris, 6000 à Nice, 5000 à Montpellier, 4300 à Marseille, 4000 à Strasbourg et Nantes, 3500 à Annecy, 2000 à Lyon, 2000 à Rennes, Rouen, Toulouse ou Perpignan et plusieurs centaines dans de nombreuses petites villes.

Les mots d’ordres étaient partout les mêmes. Il s’agissait de brandir la « liberté », contre ce qui est dénoncé comme étant une « dictature » sanitaire. C’est un état d’esprit typiquement d’extrême-droite, refusant toute discipline collective, qui est associée à du communisme. C’est aussi tout à fait significatif d’une société française en pleine décomposition, noyée par l’amplitude de la crise.

Des dizaines de milliers de beaufs donc, qui en plein milieu de l’été ont une gigantesque capacité de mobilisation à travers tout le pays. Ce sont les restes des « gilets jaunes » bien sûr, aidés par d’importantes figures politique populistes, notamment Florian Philipot (ancien dirigeant du Front national) et Jean-Luc Mélenchon (à la tête de la France insoumise). Il faut ajouter à cela quelques groupuscules d’ultra-gauche profitant de l’occasion dans certaines villes pour faire de l’agitation anti-police, avec un peu de casse de mobilier urbain.

Tout cela est profondément nauséabond, alors que la crise sanitaire n’en finit plus en raison des mutations du virus du covid-19 et de comportements irresponsables d’une partie de la population. La circulation du virus est inquiétante depuis plusieurs jours, les services hospitaliers redoutent concrètement une nouvelle vague, mais cela n’intéresse pas les petits-bourgeois français attachés à leur « liberté », c’est-à-dire leur liberté de n’en avoir rien à faire des autres, ni de la collectivité.

Il ne s’agit pas pour autant d’être dupe des mesures du gouvernement, qui ne fait qu’aller dans le sens du capitalisme pour qui la machine doit absolument redémarrer, et donc la population se plier à ses exigences. Le pass sanitaire, dans sa forme et son application apparaît comme brutal, bien que forcément nécessaire dans le fond.

Mais ce n’est pas cela que dénonçaient les manifestants du 24 juillet, car ces gens ne dénoncent pas du tout le capitalisme et encore moins la bourgeoisie. Ils ne sont pas de gauche et non rien à voir ni de près ni de loin avec la Gauche. C’est une anomalie terrible de les voir associées à de la « contestation » et de la « rebellion ». Ils ne sont en vérité que des ultra-libéraux s’accrochant au rêve d’un capitalisme idéalisé où l’individu est roi et consomme sans contrainte.

Il faut bien le dire cependant : ces gens, bien que minoritaires, convergent très bien avec l’état d’esprit général des Français. Si les Français se plient globalement aux mesures sanitaires, on ne peut pas dire pour autant qu’ils soient au rendez-vous de l’exigence collective et de la nécessité de changement, notamment écologique.

Tout ce que la société française est capable de produire en cet été 2021 marqué par une nouvelle chapitre de la crise sanitaire, ce sont donc des milliers de fous furieux et arriérés contre les mesures sanitaires.

C’est pour le moins glaçant, et il faut vite le retour de la Gauche pour combattre frontalement le capitalisme, au nom du collectivisme, de la société, de la nature, du progrès. Et se préparer à l’antifascisme car là l’atmosphère a l’esprit des années 1930.

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Anti-pass sanitaire: l’insupportable paranoïa à la 1984

Le roman d’Orwell est iconique pour la petite-bourgeoisie.

Depuis trente ans, le roman 1984 de George Orwell est devenu une référence incontournable. Comme il vient de tomber qui plus est dans le domaine public, les rééditions se multiplient. Rappelons son contenu : des dictatures communistes contrôlent trois parties du monde et manipulent une population fanatisée, se faisant la guerre en changeant les alliances et en réécrivant l’histoire selon les besoins du jour.

C’est un ouvrage fanatiquement anti-communiste, écrit en pleine guerre froide, en 1948, et servant clairement alors la cause américaine et britannique. D’ailleurs George Orwell a travaillé pour les services secrets britanniques dans la mise en place d’un réseau de propagande anti-communiste, en aidant à la sélection des membres au moyen d’une liste.

Comme George Orwell se voulait originellement révolutionnaire, ayant participé à la guerre d’Espagne (mais dans le camp trotskiste), il a d’autant plus été mis en avant comme quelqu’un s’étant remis en cause et il a même désormais sa statue devant les bâtiments de la BBC à Londres, alors qu’on le célèbre du quotidien Le Monde à l’Éducation nationale, de la Droite aux anarchistes.

Il y a un tel matraquage qu’en fait il est pratiquement impossible de ne pas connaître cette œuvre ou de ne pas en avoir entendu parler. C’est un grand marqueur idéologique anti-collectivisme.

Et le mouvement anti-pass sanitaire est dans la droite ligne de cette posture maladive récusant tout ce qui est collectif comme relevant du « totalitaire ». Ce qui compterait, ce sont les individus, avec leurs désirs, leurs « libertés », il ne doit pas y avoir d’instance supérieure, de morale, de valeurs suprêmes.

Il faudrait vivre correctement, décemment, à son échelle ; il n’y a pas lieu de vouloir chercher une utopie.

On reconnaît le discours de Pierre-Joseph Proudhon au XIXe siècle et les chansons de Jean-Jacques Goldman dans les années 1980, et on dirait que la France n’a pas changé : elle reste un pays de petits propriétaires, de gens repliés sur leur propre vie ayant une approche désinvolte quant à ce qui ne les touche pas directement, avec un relativisme complet qualifié de « réalisme ».

C’est l’ignoble France du rêve pavillonnaire, qui est si puissante que même le mouvement punk s’y est cassé les dents dans les années 1980, basculant dans le nihilisme au lieu de la politique (contrairement à littéralement tout le reste des pays occidentaux).

On peut regarder toutes les valeurs du mouvement anti-pass sanitaire : on y retrouve ce qui est mis en avant dans 1984, véritable œuvre exprimant toute la paranoïa du petit-bourgeois coincé entre le bourgeois possédant et le prolétaire sans moyens.

On nous surveille, on veut tout nous prendre de manière masquée, il y a des complots contre nous… le petit-bourgeois, une forme permise uniquement par un capitalisme particulièrement élancé, craint de se déclasser tout en cherchant à être aussi propriétaire que le bourgeois… Alors il délire, il déraille.

Et le roman 1984 est ainsi emblématique à tous les niveaux. Parce qu’il est le symbole d’une vision du monde paranoïaque où ce qui compte c’est la petite propriété, où l’ennemi c’est le collectivisme sous toutes ses formes. On doit littéralement parler de haine anti-collective, anti-collectivisme. En période de crise sanitaire, où les exigences collectives sont d’autant plus grandes, c’est particulièrement vrai.

Cette convergence a une base sociale : la petite-bourgeoisie, sous toutes ses formes. Raison de plus d’affirmer de manière la plus claire, la plus nette, la supériorité du collectivisme et sa nécessité historique.

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Crise sanitaire: appel à ne pas oublier les immunodéprimés sévères

Les plus fragiles ne doivent pas être mis de côté par une société cynique.

Réalisé par l’association Renaloo, dédiée au malades rénaux, cet appel a la forme d’une lettre ouverte au président de la République. Le voici :

« Nous ne devons pas être abandonnés »

« Monsieur Le Président de la République,

Nous nous adressons à vous au sujet de la situation critique dans laquelle se trouvent les 250.000 personnes immunodéprimées sévères, dont font partie les patients transplantés et dialysés que notre association représente.

Leur mortalité en cas de contamination par le Covid19 est de l’ordre de 15 à 20 %, sensiblement supérieure à celle des résidents d’Ehpad, pourtant bien plus âgés. De nombreux travaux à travers le monde, dont l’étude EPIPHARE en France, ont confirmé que la dialyse et la transplantation figurent dans le groupe de tête des pathologies entraînant les risques de forme grave et de décès les plus élevés.

La mise en évidence de cette très grande vulnérabilité a notamment justifié notre inclusion dans la liste des patients ultra-prioritaires pour la vaccination anti-Covid-19 quel que soit leur âge, dès janvier 2021. Malheureusement :

– 20 % des patients greffés et 18 % des patients dialysés n’étaient toujours pas vaccinés au 30 juin dernier.

– La vaccination a pour nous une efficacité souvent très diminuée, qui a justifié le recours à une 3e dose systématique à compter d’avril 2021.

Cette 3e dose semble suffisante pour la majorité des patients dialysés, mais un tiers des patients greffés n’a toujours pas d’anticorps à son issue, et près des trois quarts d’entre eux restent insuffisamment protégés. Ces constats sont très préoccupants dans le contexte de l’émergence du variant delta, trois fois plus contagieux et entraînant en population générale un risque doublé d’hospitalisation.

Des informations alarmantes nous parviennent du Royaume-Uni. Dans les environs de Bolton, qui ont connu en mai/juin une circulation importante du variant Delta, le nombre de patients transplantés contaminés est comparable à celui de mars avril 2020. Tous avaient reçu deux doses de vaccin.

Leur mortalité aurait atteint le taux dramatique de 30 %. Des essais sont bien prévus en France pour explorer différentes stratégies de renforcement vaccinal (augmentation des doses, recours à d’autres plateformes…), mais leur démarrage n’interviendra pas avant la rentrée 2021. Leurs résultats ne seront donc pas disponibles avant plusieurs mois.

Alors que les experts s’accordent pour considérer que la réalisation d’une 4e dose permettrait de renforcer la protection d’une large part d’entre nous, son accès reste à ce jour extrêmement limité et ne fait l’objet d’aucune recommandation officielle.

Alors que plus de 70 % des patients greffés ont reçu leurs vaccins en centre de vaccination, il n’est à ce jour pas prévu que la 4e dose y soit administrée. Une piste d’alternative à la vaccination, consistant à recourir de façon préventive (prophylactique) à des anticorps monoclonaux pour nous protéger du virus, semble très prometteuse, mais les délais réglementaires sont incompatibles avec un accès rapide à ces traitements, qui pourraient, au mieux, être disponibles courant septembre.

Pire, la Haute Autorité de santé s’est prononcée contre le recours et le remboursement des tests sérologiques permettant de mesurer nos titres d’anticorps post-vaccinaux. L’absence d’accès à ces tests interdit la mise en œuvre de toute stratégie de renforcement vaccinal personnalisé.

Le sens de cette décision est simple : nous sommes désormais arbitrairement condamnés, quelle que soit notre réponse à la vaccination, à poursuivre le confinement volontaire total auquel nous sommes astreints depuis le début de la crise, sans qu’aucun espoir de sortie ne nous soit laissé. Cette situation d’enfermement et de privation d’interaction sociale est évidemment devenue intenable. Ses conséquences psychologiques, familiales, professionnelles, humaines, sont dévastatrices.

Alors que la France a toujours affirmé la primauté de la protection des plus fragiles, qu’elle a été pionnière en nous proposant très tôt une 3e dose, après tous les efforts et les sacrifices que nous avons déjà accomplis pour survivre, nous aurions ainsi perdu notre place dans la société ?

Nous ne sommes pas prêts à la résignation. Nous ne devons pas être abandonnés à notre triste sort et à la menace du variant delta. Monsieur le Président de la République, chaque jour, chaque semaine, comptent. Vous seul êtes en mesure de faire en sorte qu’une protection effective nous soit apportée dans des délais compatibles avec cette urgence.

Les moyens à mettre en œuvre sont simples : il s’agit de bousculer l’inertie et la torpeur estivale, de vacciner ceux d’entre nous qui ne le sont pas encore, de nous permettre sans délai et de façon équitable d’accéder, selon nos besoins, à une 4e dose de vaccin en centre de vaccination et/ou à des anticorps monoclonaux en pré-exposition.

Il s’agit aussi de prioriser la recherche publique et privée sur le renforcement vaccinal des personnes immunodéprimées, afin qu’elle devienne un enjeu collectif partagé, qui permettra de répondre aux futurs défis de l’épidémie et pour lequel tous les acteurs, y compris les industriels, ont leur rôle à jouer.

Enfin, dans l’attente que ces stratégies fonctionnent, la non-obligation de port du masque dans les lieux accessibles avec un pass sanitaire impliquerait que nous en soyons totalement exclus. Nous vous demandons de renoncer à cette mesure, qui légaliserait notre mort sociale. Nous comptons sur vous pour affirmer que nous ne serons pas ignorés, oubliés, laissés de côté, dans notre immense vulnérabilité, mais qu’au contraire nos vies sont précieuses et que notre pays se mobilisera pour les sauver.

Nathalie Mesny, Présidente de Renaloo »