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Politique

Tribune « antifasciste » anticapitaliste

Un bricolage militant pour justifier un activisme dispersé.

De nombreux groupes activistes ont signé une tribune. Celle-ci, pour résumer, s’exprime contre la répression étatique généralisée qui existerait, notamment en raison des mobilisations contre la réforme des retraites.

Il y a toujours quelque chose étrange, du point de vue de la Gauche historique, de voir un activisme dispersé, un actionnisme se définissant comme « subversif », se définir comme antifasciste. Pourquoi ces gens ne se disent-ils pas simplement révolutionnaires?

L’une des choses les plus incohérentes qui soient en France est vraiment que des gens d’orientation anarchiste (ou trotskiste) se revendiquent de l’antifascisme, alors que l’antifascisme est purement « frontiste », « étapiste », à rebours donc de tout « anticapitalisme » en mode révolution permanente.

Et, justement, ces gens utilisent « l’antifascisme », défini à leur manière, pour la surenchère revendicative et la critique du « système ». Cela n’a pas de sens et le caractère velléitaire de la tribune commune qu’ils signent est patent.

Imaginaire et fictif même, parce que prétendre qu’en France il y aurait une « répression », alors qu’on est bien au chaud en occident et qu’il ne se passe rien, que des vitrines sont tout le temps cassées en manifestations sans réelle réaction étatique… Franchement… Ce n’est pas réaliste.

C’est vraiment de l’imagination dans la France bien aseptisée du 24 heures sur 24 du capitalisme, où le relativisme culturel le plus grand domine, au service du libéralisme généralisé.

Et, de toutes façons, si on veut parler « constructivement ». Il n’y a pas un mot sur la guerre, déjà. Alors que le fascisme sert toujours des projets de guerre. Peut-on être antifasciste sans dénoncer l’Otan, sans combattre la guerre occidentale contre la Russie?

Non, on ne le peut pas. Le fascisme est toujours une réorganisation de la société pour la guerre impérialiste. On ne peut pas séparer le fascisme de la guerre.

Ensuite, en France toute la scène activiste d’extrême-Droite se revendique des nazis ukrainiens d’Azov, les prend comme modèle, est en lien avec eux, envoie des gens là-bas.

C’est tellement vrai que la scène d’extrême-Droite française a abandonné le nationalisme raciste, pour passer au racialisme « européen ». Ce qui est un changement majeur, rendu nécessaire par leur mise au service de l’Otan et la guerre en Ukraine.

Peut-on alors faire l’économie de parler d’Azov, alors que c’est l’exemple suivi à tous les niveaux par les activistes brutaux de l’extrême-Droite française ?

Non, on ne le peut pas. C’est bien la preuve que l’antifascisme n’est pas un levier pour « l’anticapitalisme », mais une étape défensive de type démocratique – populaire. C’est là la conception de la Gauche historique, à l’opposé de l’anarchisme (et du trotskisme) que reflète la tribune.

« La lutte antifasciste est indissociable de la lutte anticapitaliste

Depuis plusieurs mois, nous assistons à une montée en puissance de la contestation contre la réforme des retraites et surtout à une répression qui s’intensifie.

En France ou ailleurs, c’est bien le pouvoir en place qui a le monopole de la violence et la police représente son bras armé chargé d’assurer une répression constante envers les habitant-es des quartiers populaires, les personnes LGBTQIA+, les personnes handies/fols, les personnes racisées et celles qui subissent le sexisme, les militant-es écolos, syndicaux, politiques et associatifs ou encore les ultras dans les stades.

En bref, tout celleux jugé-es dangereu-x-ses, deviant-es, susceptible de menacer la stabilité du système en place et de l’idéologie dominante,

Notre antifascisme est culturel et social. Nous nous élèverons toujours contre la casse de nos conquis sociaux, la montée de la précarité, le renforcement des dispositifs sécuritaires, la violence d’état et la haine.

L’avenir de notre société ne doit pas être entre leurs mains, mais bel et bien entre les mains de ceux et celles qui cherchent à dépasser le système actuel et à proposer une alternative solidaire, cohérente, dénuée de toute oppression liée au genre, à la race et bien évidemment à la classe.

Mais l’idée qui fait de nous des antifascistes ne s’arrête pas là. Car la lutte antifasciste est indissociable de la lutte anticapitaliste.

Diviser les peuples, à travers des frontières, des barrières de papiers et de barbelés, considérer tel ou tel groupe supérieur aux autres, faire la guerre sans répit, écraser, piller des peuples entiers pour accéder aux richesses et au pouvoir absolu n’est pas l’obsession de quelques tyrans idéologues mais l’aboutissement mécanique du système économique capitaliste.

Ce système, en place depuis de trop nombreux siècles, s’accommode bien du fascisme, il le façonne et s’en nourrit. C’est même un outil précieux pour la bourgeoisie lorsqu’elle est en danger face à la lutte de celles et ceux qu’elle exploite.

Comment alors éradiquer le fascisme sans se débarrasser définitivement du capitalisme ?

Face aux réformes injustes qui profitent aux plus aisés et sont toujours subies par les plus démunis. Face aux gouvernants qui ne souhaitent ni entendre les syndicats, ni le peuple dans la rue. Face aux violences policières et aux nombreuses atteintes portées aux droits de grève et de manifestation. Face à leur projet de société, l’ordre en place qui s’écroule et leur vieux monde. Face à leur passage en force, montrons la nôtre.

Mobilisons nous toutes et tous immédiatement, avec détermination et radicalité jusqu’à la victoire. À l’intransigeance de la bourgeoisie, répondons par l’intransigeance de la rue. Quelles qu’en soient les méthodes.

Signataires :

Comité Antifa Saint-Étienne, AFA Paris-Banlieue, RAFAHL Le Puy, Metz Antifasciste, Antifa Social Club Marseille, Paris Queer Antifa, Collectif Antifa Picardie, Réseau Angevin Antifasciste, Offensive Antifasciste Bordeaux, Poitiers Antifasciste, Action Collective Antifasciste Valence, Collectif de Vigilance Antifa Saint-Brieuc, Red Wolfs Clermont, Clermont et environs Groupe Antifasciste, Jeune Garde (Lyon, Lille, Montpellier, Strasbourg, Paris), Action Antifasciste Grenoble, Groupe Antifasciste Lyon et Environs, Collectif Populaire Contre l’Extrême Droite (Toulouse), Collectif Antifasciste Orléans, Action Antifasciste Alpes-de-Haute-Provence, Union Antifasciste Tarn-et-Garonne, Bloc Antifasciste Nancy, Action Antifasciste Strasbourg, Collectif Antifasciste Tourangeau, Action Antifasciste Tolosa. »

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Guerre

Minable pamphlet pro-américain et pro-guerre du PS et d’EELV

En service commandé pour l’Otan et la CIA.

Raphaël Glucksmann est une figure typique de la fausse gauche française. Il n’est en rien de gauche, mais un libéral-démocrate à l’américaine, dont l’œuvre a essentiellement pour but de confisquer l’héritage et la culture de la Gauche historique, afin de la détruire.

Il est donc tout à fait logique que Raphaël Glucksmann soit un défenseur acharné de la guerre américaine contre la Russie. À l’occasion du premier anniversaire de l’invasion russe en Ukraine, il a donc écrit une « tribune », forcément publiée dans « Le Monde » (l’organe favori des Français démocrates à l’américaine), forcément accessible uniquement à ceux qui paient pour la lire, forcément signée par une ribambelle d’universitaires.

L’essentiel des figures du Parti « socialiste » et d’Europe écologie-Les Verts l’ont également signée, naturellement. C’est la Gauche caviar, la Gauche bobo, celle du Monde, du Nouvel Observateur.

Ce qu’on lit dans cette tribune est absolument caricatural, et c’est la même chose que ce que racontent la CIA et l’Otan. La Russie est méchante, très méchante, mais les Ukrainiens sont fantastiques et ils se battent pour notre liberté. Alors il faut les armer jusqu’aux dents pour qu’ils se massacrent avec les Russes, car il en va de la liberté du monde entier.

« Un peuple dont le seul crime est d’avoir voulu vivre libre », ose dire Raphaël Glucksmann, tel un scénariste à Hollywood.

Mais comme il s’agit, en France, pour Raphaël Glucksmann de détruire l’héritage et la culture de la Gauche historique, alors il ajoute une touche locale à sa propagande. Il reprend les termes et les définitions de la Gauche pour tout mélanger, pour saloper. La confusion est une arme fétiche des propagandistes à l’américaine.

Ainsi, il parle de fascisme, et renvoie à l’héritage antifasciste du 20e siècle.

« Nous faisons face à un État fasciste qui doit impérativement perdre la guerre qu’il a déclenchée en Ukraine. »

Et il ose :

« La guerre en Ukraine permet de situer chacun d’entre nous dans et face à l’histoire.

Elle oblige la gauche à décider si elle continue ou si elle renie le combat antifasciste qui fut l’honneur de son histoire.

Une gauche fidèle aux leçons de son histoire se souvient de la guerre d’Espagne et de l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie fasciste. Elle se souvient des leçons de l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne nazie.

Le refus d’armer les Républicains espagnols ou les Ethiopiens envahis par Mussolini n’a pas amené la « paix », mais une guerre bien plus dévastatrice. L’abandon de la Tchécoslovaquie en 1938 a préparé la débâcle. »

Ce parallèle est très intéressant, car nous sommes justement en droit de le dénoncer, nous en avons la légitimité. C’est que ce parallèle a été juste, en effet… Mais il ne l’est plus. Voici l’image que nous avions réalisé et mis en avant avant l’invasion, dès avril 2021.

Et nous l’avions réactualisé au début de l’année 2022.

Qu’est-ce qui a changé, pour ne plus l’utiliser après ?

L’image avait son sens lorsqu’on pouvait encore parler de la nation ukrainienne en général. Ce n’est désormais plus possible : on est obligé de parler du régime ukrainien en particulier. Nous aimerions que les choses soient autrement, mais ce n’est pas le cas. Tout ce qui touche à l’Ukraine est 100% pro-guerre, pro-américain, fanatiquement anti-Russie, il n’y a rien à sauver.

Le régime ukrainien est désormais ouvertement sur une ligne nationaliste fanatique, affirmant vouloir aller jusqu’à Moscou avec ses chars et démanteler la « Moscovie ».

Il brûle des livres en masse, par millions, car « pro-Russie », il détruit méthodiquement tout ce qui est russe jusqu’aux monuments à Pouchkine, au point de vouloir interdire l’immense Tchaïkovski, de faire du peintre Ilya Répine un Ukrainien et non plus un Russe, jusqu’à considérer que la Russie est une entité maléfique possédée par le « dostoïevskisme ».

Nous l’avons répété plusieurs fois aussi, en précisant à chaque fois les étapes y menant : la nation ukrainienne s’est littéralement suicidée. Elle a fait comme Gribouille se jetant à l’eau pour ne pas se mouiller.

Il est impossible d’avoir un quelconque lien, même de très loin, avec le régime ukrainien qui assume l’idéologie nationaliste des bandéristes, qui interdit tout ce qui est de Gauche, qui est aux ordres de la superpuissance américaine.

On doit même dire que puisque l’Ukraine est au service de l’occident, qu’il représente aussi la France, alors il faut souhaiter sa défaite, car la défaite du régime ukrainien est aussi la défaite de l’armée française !

Une défaire que ne veulent ni le Rassemblement National, ni la CGT, ni La France Insoumise, ni Les Républicains, ni Emmanuel Macron, ni le NPA, ni la CFDT, ni FO, ni EELV, ni les socialistes.

Car l’ensemble du spectre politique est aligné sur l’Otan, sur la bourgeoisie française inféodée à la superpuissance américaine.

Être révolutionnaire, sur les valeurs de la Gauche historique, c’est se confronter à cet alignement ! Il ne faut pas aider le régime ukrainien, il ne faut pas la « paix », il faut la défaite de son propre camp impérialiste !

Voici la tribune, minable pamphlet pro-américain, pro-Otan, pro-3e guerre mondiale.

« Le 24 février 2022, Kiev devait tomber en quarante-huit heures. Un an plus tard, le drapeau ukrainien flotte sur Kherson. Depuis un an, les Ukrainiens nous donnent une extraordinaire leçon de courage. L’histoire s’écrit dans les tranchées de Bakhmout et les rues de Kherson, les caves de Kharkiv et les abris de Kiev.

L’Ukraine est aujourd’hui le cœur battant de l’Europe ; elle incarne la liberté des peuples face à une agression impérialiste ; elle défend la démocratie, non seulement pour elle-même mais pour nous tous, pour tout le continent européen. C’est pourquoi nous devons la soutenir de toutes nos forces et amplifier l’aide européenne.

Ceux qui agitent la peur de « l’escalade », alors qu’il ne s’agit que de repousser une agression, ne voient pas que tout recul devant Poutine ne ferait qu’enfoncer notre continent dans une spirale d’insécurité et de violence. Poutine n’a rien caché de ses idées et de son projet : il est en guerre contre la démocratie européenne, en laquelle il ne voit que décadence, et contre laquelle il veut affirmer, au mépris de tout droit, la puissance d’un empire russe.

La dynamique impérialiste enclenchée depuis 1999 par le régime de Poutine, appuyé sur un capitalisme mafieux et oligarchique, ne sera arrêtée que si la Russie perd en Ukraine. Alors que la guerre fait à nouveau rage à nos frontières, alors que la sécurité de l’ensemble de l’Europe est en jeu, la lâcheté et les ambiguïtés coupables ne sont pas permises.

La question est simple : doit-on donner aux Ukrainiens les moyens de se défendre ou récompenser l’agresseur russe en le laissant détruire le droit international et commettre en toute impunité ses crimes contre l’humanité ? Ceux qui appellent. à cesser de livrer des armes à l’Ukraine ne sont pas « pacifistes » : ils ne veulent pas la paix, mais consentent à la défaite.

Ils autorisent le sacrifice des Ukrainiens en les livrant à leurs agresseurs. Ils espèrent avoir la paix en cédant à ceux qui déclenchent les guerres. C’est une vieille illusion qui nous a maintes fois coûté cher à travers l’histoire. La victoire du fascisme n’est pas la « paix », mais la préparation d’autres guerres.

Cette guerre décide de la sécurité du continent européen

Le pseudo- « pacifisme » d’une part de la classe politique française et européenne – y compris à gauche – qui refuse les livraisons d’armes à l’Ukraine revient à consentir à l’oppression et à l’anéantissement d’un peuple dont le seul crime est d’avoir voulu vivre libre. Non seulement les pays européens ont raison de fournir des armes à l’Ukraine, mais ils doivent intensifier leur effort.

Si nous voulons réellement vivre en paix, alors nous devons être solidaires de la lutte des Ukrainiens contre un régime qui fait des civils des cibles prioritaires, comme il l’a déjà fait en Tchétchénie ou en Syrie. Il faut livrer aux Ukrainiens toutes les armes dont ils ont besoin pour renvoyer l’armée russe dans ses frontières. Chaque retard, chaque délai prolonge l’agression.

Cette guerre décide de la sécurité du continent européen pour les décennies à venir. Elle décide aussi du sens de la démocratie européenne et de sa capacité à préférer la solidarité aux politiques de profits à courte vue, qui sacrifient d’un même mouvement la justice sociale, l’urgence écologique et l’autonomie stratégique de nos cités.

La solidarité avec le peuple ukrainien en lutte

Une part de la gauche ne comprend pas qu’il peut y avoir une réponse de gauche à la guerre : fondée sur la solidarité avec le peuple ukrainien en lutte, mais aussi sur l’idée simple que les plus riches doivent le plus contribuer à l’effort commun, sur le fait que la taxation des profits de guerre a toujours été l’occasion à travers l’histoire de rétablir la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers et de la puissance publique sur les puissances privées. L’état de guerre exige que nous cessions de séparer le politique de l’économique.

Alors comblons les trous dans les sanctions visant la Fédération de Russie ; étendons les sanctions individuelles et confisquons les biens russes qui sont jusqu’ici simplement gelés ; créons d’urgence un cadastre de tous les avoirs financiers et non financiers détenus dans les paradis fiscaux, à commencer par les paradis fiscaux européens dont les oligarques russes sont particulièrement friands, et gelons les avoirs russes au-delà d’un niveau de fortune afin d’affaiblir les acteurs qui bénéficient le plus au régime de Poutine ; étendons les sanctions aux Etats ou entités qui aident le régime russe à annexer les territoires ukrainiens occupés et à circonvenir aux sanctions existantes.

Affichons clairement l’objectif stratégique de l’UE : la victoire de l’Ukraine dans ses frontières. Les discours ambigus, qui laissent croire à Moscou qu’une porte est à moitié ouverte et que l’Europe pourrait accepter l’annexion des territoires ukrainiens occupés par la Russie, ne font que prolonger la guerre en encourageant la Russie à étendre son occupation le plus loin possible.

L’UE devra aussi être à la hauteur de la solidarité matérielle qu’elle doit aux nombreux pays du monde qui subissent sans l’avoir voulu les conséquences de la guerre, en particulier sur l’approvisionnement alimentaire et énergétique.

Etre « réaliste », c’est fonder sa stratégie sur la réalité, et pas sur des illusions que le fait de la guerre a mises en pièces. Et la réalité, si longtemps fuie par nos dirigeants, est que nous faisons face à un Etat fasciste qui doit impérativement perdre la guerre qu’il a déclenchée en Ukraine.

La guerre en Ukraine permet de situer chacun d’entre nous dans et face à l’histoire. Elle oblige la gauche à décider si elle continue ou si elle renie le combat antifasciste qui fut l’honneur de son histoire. Une gauche fidèle aux leçons de son histoire se souvient de la guerre d’Espagne et de l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie fasciste. Elle se souvient des leçons de l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne nazie. Le refus d’armer les Républicains espagnols ou les Ethiopiens envahis par Mussolini n’a pas amené la « paix », mais une guerre bien plus dévastatrice. L’abandon de la Tchécoslovaquie en 1938 a préparé la débâcle.

Toute renonciation prépare les catastrophes de demain. Hier, la démission des démocraties face à la barbarie de Bachar El-Assad a donné à Poutine, qui avait déjà expérimenté l’impunité de sa violence extrême en Tchétchénie et avait pu violer le droit international en Crimée, le signal d’une autorisation à commettre l’irréparable en Ukraine.

Les Ukrainiens ne lâchent rien, malgré les morts, les viols, les massacres. Nous n’avons pas droit à la lâcheté alors qu’ils combattent pour nous. La seule défense de la paix est de soutenir les Ukrainiens.

Liste des signataires de cette tribune à l’initiative de Raphaël Glucksmann et Jean-Yves Pranchère :

Pierre Albertini, historien, professeur de khâgne ; Hadrien Alvarez, artiste plasticien ; Eric Andrieu, député européen (PS) ; Nathalie Appere, maire de Rennes (PS) ; Jérôme Auslender, adjoint au maire de Clermont-Ferrand (Generation. s) ; Fabien Aviet, éditeur ; Gilles Bataillon, directeur d’études à l’EHESS ; Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand (PS) ; Thomas Boccon-Gibod, Institut de philosophie de l’université Grenoble Alpes ; Isabelle Bourdier, professeure d’histoire-géographie ; Dominique Bourg, professeur honoraire à l’Université de Lausanne ; Frédéric Brahami, directeur d’études à l’EHESS ; Anne-Lorraine Bujon, directrice de la rédaction de la revue Esprit ; Julia Cagé, professeure d’économie au département d’Economie de Sciences Po Paris ; Eduardo Castillo, écrivain ; Pierre Charbonnier, philosophe, chargé de recherche CNRS à Sciences Po ; Fabien Chevalier, président d’honneur de « Sauvons l’Europe » ; Antoine Chollet, politiste, université de Lausanne ; Catherine Coquio, cofondatrice du Comité Syrie-Europe ; David Cormand, député européen (EELV) ; Laurent Coumel, enseignant-chercheur à l’Inalco ; Martin Deleixhe, Université libre de Bruxelles ; Carole Delga, présidente de la région Occitanie (PS) ; Karima Delli, députée européenne (EELV) ; Tremeur Denigot, expert européen ; Philippe Descola, professeur au Collège de France ; Frédérik Detue, maître de conférences en littérature comparée, université Côte d’Azur ; Françoise Diehlmann, germaniste ; Stéphane Dorin, professeur de sociologie à l’université de Limoges ; Gregory Doucet, maire de Lyon (EELV) ; Anne Dujin, rédactrice en chef de la revue Esprit ; Alexeï G. Evstratov, enseignant-chercheur, université Grenoble Alpes ; Jean-Louis Fabiani, professeur à CEU, Vienne ; Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS) ; Jean-Marc Forax, artiste plasticien ; Sylvain Frécon, auteur de bande dessinée ; Antoine Germa, scénariste du film Moissons sanglantes ; Raphaël Glucksmann, député européen (Place publique) ; Martine de Gaudemar, professeure émérite de philosophie (université de Paris-Nanterre) et membre honoraire de l’Institut Universitaire de France ; Sylvie Guillaume, députée européenne (PS) ; Francois Heran, professeur au Collège de France ; Jean-François Husson, chargé de cours invité à l’université de Louvain ; Yannick Jadot, député européen (EELV) ; Céline Jouin, maître de conférences en philosophie à l’université de Caen Normandie ; Isabelle Kersimon, présidente d’honneur de l’Inrer ; Mathieu Klein, maire de Nancy (PS) ; Sarah Kilani, membre du Comité Syrie Europe après Alep, médecin anesthésiste réanimateur ; Firas Kontar, juriste, opposant au régime syrien ; Justine Lacroix, politiste, université libre de Bruxelles ; Aurore Lalucq, députée européenne (Place publique) ; Perrine Ledan, échevine de la culture (Ecolo), Uccle (Bruxelles) ; Carole Lemee, anthropologue, maîtresse de conférences à l’université de Bordeaux ; Nicolas Leron, essayiste, chercheur associé à Sciences Po ; Antoine Lilti, professeur au Collège de France ; Paul Magnette, président du Parti socialiste belge et bourgmestre de Charleroi ; Virginie Maneval, assistante sociale ; André Markowicz, écrivain et traducteur ; Guillaume Massart, cinéaste et producteur ; Fréderique Matonti, professeure de science politique à Paris-I ; Nora Mebarek, députée européenne (PS) ; Frédéric Ménager, chercheur associé EHESS ; Marie Mendras, professeure à Sciences Po Paris ; Aude Merlin, chargée de cours en sciences politiques et sociales, Université libre de Bruxelles ; Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue ; Boris Najman, enseignant-chercheur, UPEC ; Claire Nouvian, militante écologiste ; Florence Ostier, sociologue et coopératrice ; Benoit Payan, maire de Marseille ; Marie Peltier, historienne, spécialiste de la propagande ; Jean-Yves Pranchere, politiste, Université libre de Bruxelles ; Nicolas Poirier, enseignant et chercheur en philosophie, Sophiapol/Paris Nanterre ; Alain Policar, chercheur associé au Cevipof (Sciences Po) ; Christophe Prochasson, historien, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales ; Valérie Rabault, député (PS); Bastien Recher, conseiller régional de Normandie (EELV) Hélène Flautre, ancienne députée européenne (EELV) ; Dilnur Reyhan, chercheuse et présidente de l’Institut ouïghour d’Europe ; Johanna Rolland, maire de Nantes (PS) ; Sylvie Rollet, présidente de l’association « Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre » ; Valérie de Saint-Do, journaliste et autrice ; Denis Saillard, chercheur associé à l’UVSQ (Paris-Saclay) ; Elisabeth Salomon, retraitée de la fonction publique ; Guillaume Sauzedde, service public de l’emploi ; Laura Ségard, psychologue ; Frédéric Sawicki, professeur de science politique, Paris-I ; Réjane Senac, directrice de recherche CNRS au Cevipof ; Guillaume de Stexhe, professeur émérite Université Saint-Louis-Bruxelles ; Claude Taleb, ex-vice-président (EELV) de la région Haute-Normandie ; Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV ; Boris Vallaud, député (PS) ; Cécile Vaissié, professeure à l’université Rennes-II ; Mélanie Vogel, sénatrice (EELV) ; Ilias Yocaris, professeur en sémiotique du texte et de l’image à l’université Côte d’Azur ; Anna C. Zielinska, maîtresse de conférences en philosophie à l’université de Lorraine ; Laurent Zimmerman, maître de conférences, université Paris Cité ; Gabriel Zucman, professeur d’économie à Berkeley et directeur de l’Observatoire européen de la fiscalité. »

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Politique

François Ruffin, ennemi n°1 de la Gauche historique

Il est indéniablement une tête de pont du fascisme.

La Gauche historique fait face à deux tendances qui la rongent depuis une dizaine d’années : d’un côté le post-modernisme, de l’autre le national-populisme.

Il apparait de plus en plus que le post-modernisme et son idéologie « décontructiviste » a toujours moins d’emprise sur la classe ouvrière. Son côté libéral-libertaire ne faisant plus illusions quant à ses buts : l’accompagnement du turbocapitalisme. L’alliance de la NUPES avec ses figures médiatiques telles que Sandrine Rousseau ou Danièle Obono, les récentes affaires « Adrien Quatennens », « Julien Bayou » finissent de faire craqueler l’influence du postmodernisme, qui n’est évidemment pas compris comme tel par les sympathisants populaire de la Gauche.

Mais forcément, cela laisse apparaître l’autre grande force qui a toujours saboté la Gauche de l’intérieur : le national-populisme. La figure montante de ce courant est François Ruffin. Et cela ne manque d’interpeller les éléments qui sont le plus intéressés par cette dynamique : les fascistes !

Dans le dernier numéro de la revue « Éléments pour la civilisation européenne« , revue fondée en 1973 autour de l’idée de mener une bataille culturelle axée sur la défense identitaire de type civilisationnel, on retrouve une interview de Marine Le Pen par le directeur de rédaction Pascal Eysseric mais aussi son reportage sur François Ruffin lors d’un débat à la fête de l’Humanité.

Dans une interview sur le dernier numéro de la revue par la chaine YouTube d’extrême-droite TV Libertés, on apprend de la bouche même de François Bousquet, alors rédacteur en chef, que Pascal Eysseric entretien une relation ancienne avec François Ruffin. Avant de se féliciter du fait que « la revue Éléments a accompagné beaucoup de gens qui sont passés de la gauche vers la droite, si tant est que le clivage soit encore opérant ».

Et les gens de cette revue sont d’une habileté redoutable dans leur capacité à pilonner la Gauche dans le pur style fasciste. Ainsi à la question de savoir si le « programme social du RN peut se faire l’économie de la lutte des classes », Marine Le Pen répond :

Le problème en France n’est pas qu’il y ait des riches, mais plutôt qu’il y ait des pauvres, de plus en plus de pauvres. Il ne faut pas lutter contre la richesse légitimement acquise, mais contre la pauvreté qui est incompatible avec la vision d’une société harmonieuse que, comme nationaux, nous défendons […] Nous pensons que le marxisme haineux comme le capitalisme prédateur réduisent toute la vie nationale à confrontation fratricide sur le champ de bataille économique. C’est un projet incompatible avec la conception fraternelle que nous défendons de la communauté nationale.

On comprend alors que le reportage dans ce même numéro sur François Ruffin ne relève en rien du hasard mais bien du fait qu’il est vu comme une tête de pont dans le cadre d’une offensive « métapolitique » visant à récupérer le reste des classes populaires qui n’ont pas encore été emportées par la démagogie national-sociale du RN. Derrière, il y a une opération de sabotage de la lutte des classes visant à barrer la route à toute reconstruction de la Gauche sur ses bases historiques.

Dans son reportage sur François Ruffin, Pascal Eysseric se félicite que « la grande nouveauté de la fête de l’huma […] c’est que la rédaction d’Éléments ait reçu une invitation du département de la Seine-Saint-Denis ». Puis il lance son opération idéologique par ces lignes habiles :

A Gauche, ce sont les deux seuls députés de la NUPES [Roussel/Ruffin] à parler ouvertement d’ « assistanat », de « système de revenu de substitution à vie pour certaines familles », de « cas soc' », à parler de frontières et de protectionnisme […]

Pour l’heure, Ruffin ne veut pas aller plus avant. Il s’accroche à des hochets indignes de lui sur « l’économie de guerre climatique », mais un mot, timidement , a fait son apparition « faire Nation ». Il est répété deux fois, curieuse coquille […]

Comme tous les assiégés, il se pose des questions : « sera-t-on abandonnés par les états-majors ? » Croit-il seulement à la dédicace qu’il nous a écrite en page de garde de son livre : « Pour Pascal, et pour qu’à la fin, c’est les gentils qui vont gagner »

Pour cause, François Ruffin a été réélu député aux élections législatives 2022 dans une circonscription où Marine Le Pen a atteint des sommets vertigineux lors du premier tour des présidentielles. Cette réélection est alors présentée comme une victoire de Gauche face à l’extrême droite, avec en apparence une bataille antifasciste contre la démagogie.

Sauf que non… car en fait François Ruffin et Marine Le Pen, vue comme la « Vierge Marine » dans sa circonscription, ce sont les deux faces d’une même pièce, celle de l’union nationale sur la base de la solidarité sociale.

On ne peut pas arriver avec 65,56 % des voix à Flixecourt aux législatives, seulement deux mois après après que Marine Le Pen ait obtenu 44,29 % voix au 1er tour des présidentielles, sans se demander ce qui cloche. Et en fait, il n’y a rien qui cloche car François Ruffin n’est pas sur des positions de lutte de classe, mais pratique le national-populisme.

Pour la Gauche historique, la bataille antifasciste s’est toujours effectuée dans le cadre d’un affrontement politique dans lequel des portions populaires étaient arrachés à la démagogie fasciste, et non pas dans une superposition sur fond de paix sociale.

C’est que François Ruffin développe un positionnement qui relève en apparence de la Gauche historique, mais est en réalité très proche des thèses du cercle Proudhon de 1911. Il vante ainsi la fierté du travail, mais ne parle jamais de classe ouvrière…encore moins de bourgeoisie. Parler de la « fierté des travailleurs » n’est qu’un discours para-syndical qui n’a que peu de dimensions politiques, et cela est malheureusement très français.

Comme lorsqu’il évoque de manière mielleuse le fait que ce qu’il appelle « la fierté du travail » ne se transmette pas dans les familles car le travail est caché et qu’il faudrait le photographier. Si François Ruffin était sur des positions de lutte de classes, il serait pourtant que oui lorsque l’on a pas le pouvoir sur les moyens de production, mettre en avant son travail n’est que vanité (ce qui ne signifie pas pour autant qu’on le rejette !).

La seule grande tradition du mouvement ouvrier, celle qui regorge de cartes postales et de photographies, c’est celle de la mise en avant des moments de grève, et surtout d’occupation, car c’est le moment où l’intelligence ouvrière se met au service de la politique d’émancipation.

François Ruffin formule alors des propositions sympathiques comme le « faire-ensemble » plutôt que le « vivre-ensemble » pour mieux désamorcer toute relance générale de la lutte des classes. Ce qui l’intéresse ce n’est pas la transformation de la société avec la classe ouvrière aux commandes, non ce qui le motive c’est comment garantir l’union nationale grâce au protectionnisme économique.

Pour cela, il faut que les prolétaires puissent accéder sans embûches au mode de vie bourgeois, et c’est pourquoi François Ruffin prend comme exemple de son « faire-ensemble » l’idée, toute sauf anecdotique et tout à fait fade, que pour qu’un couple tienne dans la durée il lui faudrait « un projet d’un enfant, d’une maison, de vacances, d’un film à voir ».

Le national-populisme de Ruffin qui apparaissait plus ou moins caché l’est, au fur et à mesure que la crise s’approfondit, de moins en moins. Et c’est savamment bien repéré et mis en avant par les idéologues d’extrême droite, comme ici Marc Eynaud de Boulevard Voltaire et donc Pascal Eysseric d’Eléments.

La vérité c’est que François Ruffin a besoin d’une bourgeoisie française riche, très riche, pour qu’elle soit en mesure d’aider les travailleurs les plus pauvres. En somme, François Ruffin, c’est l’héritage du catholicisme-social d’un Victor Hugo, plutôt que du marxisme d’un Paul Lafargue. Caricatural ? Il suffit de relire un passage de son livre « Je vous écris du front de la Somme » pour s’en convaincre :

À son arrivée à Matignon, en juin 1997, Lionel Jospin conditionne les allocations familiales : au-dessus de 25 000 francs par mois, les foyers ne toucheront plus rien. C’est une œuvre de justice, estime la gauche plurielle : les plus riches n’en ont pas besoin. Auteuil-Neuilly-Passy se révoltent, Versailles aussi, la Manif pour Tous avant l’heure. Mais, plus inattendu, les familles catholiques, bourgeoises, sont rejointes par… le député communiste de la Somme Maxime Gremetz ! La presse se moqua de lui, et moi avec. Jusqu’à un échange avec Serge Halimi, journaliste au Monde diplomatique : « Tu as tort de le railler. Aux États-Unis, ça s’est déroulé exactement comme ça : les plus aisés furent écartés de la sécurité sociale. Après tout, ils pouvaient se la payer. Mais du coup, au fil des années, comme ils ne touchaient rien, ils ont cotisé de moins en moins. Le système pour pauvres est alors devenu un pauvre système. »

Plus de riches = plus de contributions pour les pauvres ! Nous voilà renvoyé au début du XIXe siècle, à l’enfance du mouvement ouvrier et à son « socialisme conservateur » dont parlait le Manifeste du parti communiste… On ne s’étonnera donc guère que, comme tous les autres, François Ruffin ne dise rien sur la tendance à la guerre, encore moins sur l’OTAN et l’armée française car demain, il nous expliquera que l’armée est le grand creuset de la « communion nationale », du « faire-ensemble »…

François Ruffin n’a plus 36 000 voies possibles : ou bien il disparaît politiquement, ou bien il finit cadre du fascisme en suivant la marche nationale vers la guerre. Dans tous les cas, celles et ceux qui ont compris la tâche de reconstruire la Gauche historique doivent prendre pour acquis qu’il est indéniablement un obstacle à cette reconstruction.

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Politique

Les motivations de la dissolution des « Zouaves Paris »

Le ministre de l’Intérieur a publié un décret très motivé contre un groupement fasciste.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmin a décrété mercredi 5 janvier 2022 la dissolution de la bande de fascistes néo-nazis « les Zouaves Paris ». Voici l’exposé des motifs, qu’il a d’ailleurs lui-même publié avant la parution officielle du décret. La motivation du ministre, sur instruction du Président de la République, est extrêmement politique, avec en préambule la question de la violence, puis surtout une vigoureuse condamnation idéologique et culturelle sur le fond.

L’argumentaire est extrêmement détaillé, montrant que les services de police français connaissent bien leur dossier (il en est de même en ce qui concerne l’ultra-gauche, malgré ce que ces gens s’imaginent). On remarquera par ailleurs l’emploi du terme « antifa » sans guillemets pour évoquer les groupuscules d’ultra-gauche opposés à l’ultra-droite, banalisant ainsi leur existence et leur nomination sous ce terme. On remarquera également une défense évidente de l’idéologie LGBT ainsi que l’usage de la notion post-moderne (typique de l’idéologie LGBT) d’« identité de genre ».

En tant que libéral, membre d’un gouvernement dont le fondement est la défense et le renforcement du capitalisme « entrepreunarial », Gérald Darmanin ne s’oppose évidemment pas au fascisme au nom du Socialisme. Toutefois, la ferveur de son exposé antifasciste, notamment sur la question du racisme (« les Zouaves Paris » sont des suprémacistes « blancs » et des antisémites assumés) montre bien la grande erreur que fait l’ultra-gauche (et parfois la Gauche elle-même) d’associer Emmanuel Macron et son gouvernement au fascisme, ou en tous cas à relativiser sa différence d’avec l’extrême-Droite.

Voici le texte [le ministre n’a pas publié la dernière page avec le décret lui-même, qui ne consiste probablement qu’en un article et une phrase comme d’habitude] :

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Réflexions

« Libertés en bas, autorité en haut », la matrice fondamentale du fascisme français

Qui n’étudie pas le fascisme en France, qui n’en comprend pas sa matrice idéologique, est condamné à l’échec.

En France, il y a un double problème pour saisir la nature du fascisme. D’un côté, il y a la trajectoire spécifique de la France en tant que Nation, et de l’autre, mais en fait étant lié au premier, il y a la lecture faite par l’extrême-droite française du fascisme comme régime historique.

En effet, si l’on se cantonne à une définition stricte du fascisme, il faut partir du premier régime politique qui a fait date dans l’Histoire, à savoir le régime de Benito Mussolini.

Issu du Parti socialiste italien, profondément influencé par les thèses syndicalistes-révolutionnaires qui, à l’origine française, ont trouvé écho dans une Italie profondément agraire du début du XXe siècle, Benito Mussolini fonde son mouvement, le Faisceau, sur la conjonction de la culture syndicaliste-révolutionnaire et de l’idéologie nationaliste.

Dans son optique, cette synthèse idéologique doit se réaliser grâce à l’intégration de l’individu, lui et sa fouge de révolté, à un corps supérieur, qui ne peut être que l’État lui-même.

Dans un discours au Sénat en 1928, Benito Mussolini a défini la substance de son mouvement en les termes suivants :

« Si au cours des 80 années qui se sont écoulées, nous avons réalisé des progrès aussi importants, vous pensez et vous pouvez supposer et prévoir que, dans 50 ou 80 ans, le chemin parcouru par l’Italie, par cette Italie que nous sentons si puissante, si pleine de sève, sera vraiment grandiose, surtout si la concorde subsiste entre tous les citoyens, si l’Etat continue à être l’arbitre dans les différends politiques et sociaux, si tout est dans l’Etat et rien en dehors de l’Etat, car, aujourd’hui on ne conçoit pas un individu en dehors de l’Etat, sinon l’individu sauvage, qui ne peut revendiquer que la solitude et le sable du désert »

C’est ce discours qui a marqué la définition du fascisme dans une formule simple et ramassée :  » Tout dans l’État, rien hors de l’État, rien contre l’État ! ». Pour le principal mouvement d’extrême-droite française qu’est l’Action Française et son chef de file idéologique, Charles Maurras, c’est une conception du monde qui ne peut convenir à la France.

Fondé sur une approche, l' »empirisme organisateur », Charles Maurras propose un « nationalisme intégral », résumé dans une formule tout aussi simple et ramassée : « libertés en bas, autorité en haut ».

Qu’est-ce-que cela signifie ? Il faut partir des faits historiques qui ont fabriqué la France : la France est une Nation qui s’est construite sur des Rois et elle doit justement sa supposé stabilité sociale à la forme monarchique du pouvoir, voilà pour l’ « empirisme organisateur » (organiser des faits historiques).

La France royaliste, c’est une organisation sociale spécifique : il y a les provinces qui s’auto-organisent, et au-dessus, le Roi qui, tel un arbitre, détient le monopole du pouvoir régalien et spirituel. Voilà pour la devise « libertés en bas, autorité en haut ».

Par conséquent, le salut de la France passe par une devise : « politique d’abord » ou « la France seule » comme horizon, et le retour à la monarchie comme ciment national et garantie de l’auto-organisation. C’est le sens du « nationalisme intégral » ou d’une autre formule connue : « la monarchie, c’est l’anarchie plus un » (sous-entendu, l’auto-organisation des provinces plus un Roi).

Dans cette lecture réactionnaire formulée par Charles Maurras, il y a donc une sorte de rejet formel de la définition de Mussolini et un produit culturel du parcours national français, qui est différent de celui de l’Italie. Pour faire simple, la formule de Mussolini correspond au parcours tortueux de l’unification italienne, quand la doctrine maurassienne correspond au processus de formation de la France sous la Monarchie absolue.

Mais ce qu’il faut voir c’est qu’au-delà de ces divergences, la substance reste la même : la paix sociale doit être garantie par un État-arbitre cimenté par une mystique national-chauvine. Le reste n’est qu’une histoire de déclinaison particulière aux trajectoires nationales.

Si le fascisme en Italie suppose d’intégrer l’individu à l’État de part une unification nationale qui n’a pas connu le poids du morcellement en « pays » mais en États déjà formés, le fascisme en France peut se baser sur l’intégration, car réalisé dans le long féodalisme et institutionnalisé par l’Absolutisme, de l’individu à la communauté provinciale.

La lecture romantique-réactionnaire opposant un « pays légal » à un « pays réel » correspond à cette image : les provinces auto-organisées et dont la « liberté » et les « traditions » seraient garanties par la royauté (pays réel), sont saccagés par un appareil bureaucratique-centralisateur issue d’une Révolution française qui dissout les « provinces » (pays légal).

Mais concrètement, cela signifie que le fascisme en France a comme matrice fondamentale cette formule « libertés en bas, autorité en haut », soit un État-arbitre fort, et un individu-roi car libre de s’auto-organiser dans sa province. Comme souligné dans un article précédent, l’erreur de Charles Maurras est de ne pas avoir intégré de manière formelle la République, ce que fera le Colonel de la Rocque et réalisera le Général de Gaulle avec la Ve République.

Quand le PSF du Colonel de la Rocque propose la « profession organisée » fondée sur « la coopération des diverses professions dans le cadre de l’économie régionale et nationale », ou lorsque De Gaulle formule sa doctrine de la « participation » visible en 1969 avec le référendum sur la « régionalisation », il y a cette même continuité de fond avec la formule « libertés en bas, autorité en haut ». Les lois de décentralisation entre 1982 et 1986 sous François Mitterrand confirment cette structuration mentale des français.

De fait, cette lecture n’est pas seulement liée à l’extrême-droite mais a imprimé concrètement les mentalités françaises : les gilets jaunes en ont été l’un des meilleurs exemples en date. Il n’est pas étonnant que le prototype du sympathisant d’Eric Zemmour ou de Marine Le Pen soit une sorte de « redneck » à la française, soit une personne à l’individualisme débridé qui veut pouvoir faire ce qu’il veut pour lui-même en « province », et souhaite un État fort pour lui garantir son égoïsme de beauf.

Quand Eric Zemmour déclare supprimer le permis à point ou supprimer les nouvelles limitation de vitesse, c’est dans cette même logique. Pareillement lorsque Marine Le Pen fait campagne derrière le slogan « Rendre la France aux français » ou que Florian Philippot harangue la foule sous le slogan « Libertés » lors des manifestations anti-pass, on retrouve toujours cette opposition « pays légal / pays réel », cette même vision du monde : « libertés en bas, autorité en haut » ou individualisme pour le peuple, fermeté-autorité pour l’État.

Il apparaît donc très clair que pour combattre réellement le fascisme dans ce pays, il va falloir en saisir les contours culturels et générer une contre-proposition, formuler une contre-lecture en mesure de battre en brèche une vision du monde qui a bien trop infusé dans la société française.

Par sa défense inconditionnelle du collectivisme et sa perspective d’une politisation généralisée des gens, il est clair que seule la Gauche historique est à même d’être un contre-feu crédible en bataillant tout à la fois contre l’individualisme et contre l’idée d’un État-arbitre à l’écart de toute politisation populaire.

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Politique

Faut-il avant tout s’opposer physiquement à l’extrême-Droite ?

Cette question a déjà été réglée.

Lors de la montée du nazisme, les communistes allemands ont à un moment employé le slogan « Schlagt die Faschisten, wo ihr sie trefft! », c’est-à-dire « Frappez les fascistes, là où vous les rencontrez ! ». Autrement dit, quand on rencontrait des fascistes, il fallait leur tomber dessus.

Cette approche a ensuite été abandonnée, car elle était trop élémentaire, pas suffisamment politique, et qu’à terme une telle démarche était perdante.

Pourquoi cela ?

Pour deux raisons.

La première, c’est que le fascisme avait atteint une telle dimension de masse, que de toutes façons de telles actions, à un moment, ne sont plus possibles. En Allemagne le fascisme était un mouvement de masse. On ne peut pas rejeter les masses.

Il suffit de penser ici au vote Marine Le Pen dans les quartiers populaires en France : pense-t-on aller insulter des centaines, des milliers d’ouvriers dans le Nord ? Cela n’aurait aucun sens, déjà, et en plus le fascisme est trompeur dans sa substance même : il vise à tromper les travailleurs. Donc, il faut regagner les travailleurs, mais on ne peut pas si on les exclut, si on les insulte…

La seconde, c’est que cela focalise de manière erronée sur les fascistes et non sur le fascisme, réduisant le fascisme à des individus fascistes. On est alors dans un analyse réductrice typique de l’anarchisme (et du trotskisme d’ailleurs). Comme si le fascisme était un coup de force mené par des gangsters fascistes, et non une réorganisation du capitalisme en crise.

« Frappez les fascistes, là où vous les rencontrez ! » est donc un slogan simpliste. Il faut effectivement s’opposer physiquement aux fascistes dans certains cas. Mais cela ne peut pas être la question principale, car la question est toujours politique. D’où l’héroïsme d’antifascistes allant, dans des meetings nazis, aller porter la contradiction.

Il faut imaginer le cran de ces gens-là. Vous êtes en 1931, vous allez dans un meeting de 10 000 personnes organisées par les nazis, vous vous revendiquez antifascistes et vous êtes tout seul ou à deux, au milieu d’une foule fanatisée et hostile. Quelle immense pression ! Mais il faut bien le faire, puisqu’il y a des gens du peuple qui sont présents… Quel courage.

Et donc les communistes allemands, en juin 1930, balancent par-dessus bord leur slogan « Frappez les fascistes, là où vous les rencontrez ! », en expliquant ainsi pourquoi :

« La lutte contre les fascistes doit correspondre à toute la ligne politique du Parti. Solidement liée à la lutte quotidienne des masses laborieuses pour l’amélioration de leurs conditions de vie, celle-ci doit avoir un caractère résolu et offensif.

La désagrégation naissante au sein des partisans ouvriers du mouvement fasciste, qui est sans aucun doute en croissance, rend nécessaire la distinction entre les dirigeants fascistes et les masses induites en erreur de leurs partisans ouvriers.

Par conséquent, l’application schématique du mot d’ordre « Frappez les fascistes, là où vous les rencontrez ! » est inopportune dans la phase actuelle d’intensification de la lutte. Le mot d’ordre principal dans la situation actuelle doit être la lutte de masse politique et défensive du prolétariat et de tous les travailleurs contre le fascisme dans le but de son annihilation complète.

Le fascisme en Allemagne ne se limite en aucun cas aux organisations fascistes de combat et d’assassinat, les nationalistes, les milices des casques d’acier, etc., mais comprend également tous les partis bourgeois importants.

La fascisation de l’Allemagne a lieu à la fois à travers les organisations de combat fascistes et à travers l’appareil d’État bourgeois et ses agents social-fascistes. »

Ce qu’on comprend, c’est que lorsque le fascisme est à ses débuts, lorsqu’il est marginal, cela a un sens que de briser les organisations fascistes, afin de les empêcher de se développer. Mais lorsque le fascisme a atteint un tel niveau qu’il devient de masse… et qu’en plus il s’inscrit dans un contexte historique… alors concentrer l’antifascisme sur l’opposition physique aux fascistes, c’est une erreur anti-politique.

L’antifascisme exige donc la politique. Et la politique, ce sont les idées, les conceptions, les valeurs qui ne peuvent être portées que par des organisations politiques. Il n’y a pas d’antifascisme possible sans alignement sur ces organisations politiques. Sinon, on réduit l’antifascisme à des actions immédiates et élémentaires et on s’imagine qu’une défense syndicale des travailleurs peut suffire face à l’idéologie fasciste. Ce qui est vain.

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Société

L’ultragauche, CNews, la Guillotière ou le besoin d’un antifascisme politique

Le piège était gros comme une maison et l’ultragauche est tombée en plein dedans.

Le mercredi 24 novembre, Jordan Bardella était l’invité de l’émission « Face à la rue » diffusée sur Cnews et présentée par Jean-Marc Morandini. Cette émission est la quintessence de la stupidité intellectuelle. Elle est une expression d’un débat politique qui est asphyxié par le populisme.

Et forcément, inviter Jordan Bardella, président du Rassemblement National, à la Guillotière à Lyon c’était chercher la provocation en visant à mettre en scène pour le buzz médiatique toute les thèses démagogiques d’extrême droite. Et cela a fonctionné, d’autant plus que l’ultragauche est tombée dans le panneau en organisant un rassemblement d’opposition.

Quand Jordan Bardella vient pour diffuser son poison nationaliste-chauvin, c’est justement pour court-circuiter la lutte des classes, pour saboter toute prise de conscience et toute perspective d’organisation populaire contre le pourrissement anti-social.

Mais visiblement l’ultragauche et les « antifas » ne comprennent pas le rôle politique joué par le fascisme. Ils ne le comprennent pas, car ils ne l’étudient pas, et ne veulent pas raisonner en termes politiques.

C’est pourquoi dans ce contexte, les propos tenus par Eduardo Rihan-Cypel, membre du conseil national du PS, appuie là où ça fait mal :

« Je crois que ce sont des gens de l’ultragauche qui ne sont pas d’accord avec votre venue et notre venue et celle de Joardan Bardella. Il y a une partie de cela où je peux comprendre les choses où ils ont le sentiment qu’on prend les choses en spectacle (…). C’est une quartier dans lequel il y a des difficultés, il y a des problèmes de sécurité, de trafics, et moi j’entends des gens d’ultragauche qui nous disent de nous casser, mais j’aimerais aussi demain qu’ils puissent dire aux trafiquants, au dealers et aux délinquants à eux de se casser du quartier »

Ces propos ont évidemment fait polémique dans un partie de ladite « gauche de la gauche ». En effet, dire que le débat avec le Rassemblement National irait de soi, c’est quelque chose de bien critiquable tout comme d’ailleurs la participation à la mise en scène médiatique est une erreur car cela ne permet pas d’élever le niveau politique et idéologique.

Mais là où Eduardo Rihan-Cypel met le doigt là où ça fait mal, c’est sur la question du pourrissement social !

La Guillotière, c’est un quartier de 31 000 habitants qui s’est largement transformé ces dernières années, sous le poids notamment des résidences étudiantes. Mais pas seulement…

Le problème ce n’est pas que la Guillotière puise historiquement ses racines dans une identité métissée et populaire, un quartier surnommé tout à la fois « la petite Afrique » et le « chinatown lyonnais », mais bien que l’approfondissement de la crise du capitalisme produit une couche toujours plus grande de lumpenprolétaires.

Et le lumpenprolétariat, c’est un mode de vie anti-social, fondé sur le modèle de réussite du gangster, « sans foi, ni loi », avec tout son lot de conséquences en matière de climat délétère pour la vie quotidienne.

A la Guillotière, la situation est telle qu’une petite superette a avancé son heure de fermeture à 17h au lieu de 19h30 à cause des comportements anti-sociaux aux alentours, tout comme l’enseigne MacDonald’s ne sert plus ses immondes burgers en salle mais seulement en vente à emporter (la salle de restaurant étant fermée).

Les personnes liées à l’immigration asiatique ont tiré la sonnette d’alarme, allant même jusqu’à menacer de s’organiser pour assurer leur propre sécurité face aux violences. La cellule du PCF du 7e arrondissement de Lyon est ainsi amenée à parler de « réseaux mafieux qui prospèrent à la vue de tous ».

En manifestant derrière le slogan « Les vendeurs de rue ne sont pas des criminels ! », l’ultragauche montre qu’elle fait partie du problème, et non pas de la solution antifasciste. Il faut vraiment fantasmer sur le réel pour s’imaginer qu’il y a quoique ce soit de positif dans la vente de cigarettes ou tout autre produit de contrebande, sans même parler du climat oppressant pour les femmes.

Et que dire de ces trois individus ridicules, déguisés en daltons, ces personnages de la bande-dessinée « Lucky Luke », et tirant des feux d’artifices sur la police….

Et la misère sociale dira-t-on ? Certes, mais on ne combat pas la misère sociale en étant un anti-social ou en soutenant ce type social décadent, mais justement en proposant un modèle d’organisation populaire en mesure d’assurer une vie sociale réelle.

C’est par exemple ce qu’on fait certains groupes d’extrême gauche dans le quartier d’Exárcheia à Athènes en Grèce, où se mêlent des comités sociaux et groupes d’auto-défense contre ce qu’ils nomment justement le « cannibalisme social ». Voilà une proposition réelle, concrète qui ne court pas après la dénonciation de l’extrême droite mais sait se positionner en pratique pour proposer une solution anti-démagogique, car populaire.

Mais pour cela, il ne faut pas être un petit-bourgeois pourri par la pensée libérale-libertaire.

Bref, il faut avoir saisir la tâche énorme d’un antifascisme capable de briser la démagogie fasciste en le prenant de court sur le terrain pratique de l’organisation de la vie populaire. Un antifascisme politique et culturel, qui va s’avérer d’autant plus nécessaire que le fascisme porté par Marine le Pen, Eric Zemmour et ses relais médiatiques va intensifier la pression.

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Réflexions

Qu’est-ce que l’antifascisme ? (1935)

Il ne s’agit pas simplement d’écraser les bandes fascistes.

(Publié le 22 juin 1935 dans Le Populaire, l’organe du Parti socialiste SFIO ; son auteur, Paul Faure, en était le dirigeant avec Léon Blum (pour ensuite capituler devant Pétain en 1940.)

Je crois bien que la vraie lutte anti-fasciste, c’est la lutte de classe, c’est l’organisation des travailleurs en parti de classe sur le terrain politique, c’est l’organisation des travailleurs en syndicats fédérés et confédérés sur le terrain professionnel.

Ce n’est pas vrai seulement parce que c’est dans la tradition de tout le mouvement ouvrier, mais aussi parce que les faits quotidiens apportent à cette conception des confirmations éclatantes et répétées.

Prenez la journée d’hier à la Chambre. Il ne s’agissait pas, je vous assure, de prendre des positions extraordinaires, mais de réclamer la mise à l’ordre du jour d’un rapport parlementaire concernant les agissements des ligues fascistes. Qui plus est, l’auteur de ce rapport est précisément un radical.

Eh bien, il s’est trouvé un nombre important de radicaux pour refuser ce geste d’élémentaire « défense républicaine » et de respect des règles parlementaires. Comment s’en étonner quand les représentants autorisés de ce parti siègent dans les gouvernements d’union nationale avec les réactionnaires les plus notoires ?

Ils en sont là quand il n’est question que d’une discussion sur la date d’un rapport ! Que serait-ce donc s’il fallait s’associer à une lutte réelle et directe contre les causes précises du fascisme lui-même.

Certes, d’abord, avant toute chose et pour courir au plus pressé, dissolution et désarmement des ligues et formations fascistes. Mais ne perdons pas de vue que ces ligues et formations n’existent que parce qu’il a une crise économique avec une anarchie et une misère croissantes que certains ont intérêt à exploiter ; que parce qu’il y a a des banquiers et industriels qui subventionnent ces ligues ; que parce que ces mêmes banquiers et industriels lâchent sur l’opinion la sale mitraille de leur presse immonde.

La lutte contre le fascisme ne saurait donc se limiter à des mesures nécessaires contre des groupes armés au mépris des lois.

Il faut attaquer la crise économique de front en exigeant la nationalisation des banques et des principales industries ; la suppression de la fabrication et du commerce privés des armes ; la nationalisation du crédit ; la création d’offices agricoles en vue d’assainir le marché et d’écouler les produits ; la diminution du chômage par la semaine de quarante heures sans toucher aux salaires et par la mise en train de grands travaux utiles.

Il faut lutter contre la guerre en poursuivant, à Genève, une active politique de réduction et de suppression des armements qui, seule, permettra aux grands États de disposer des sommes nécessaires pour rétablir leurs finances et contre-battre efficacement les effets de la crise.

Qui n’accepte pas ce programme minimum d’action immédiate n’est pas sincèrement antifasciste, même s’il adhère à des formations ou des rassemblements sous le signe de l’antifascisme.

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Politique

Quand Eric Zemmour pose la question de la nature de l’antifascisme

Eric Zemmour pose des défis politiques et culturels.

Lors de son passage à Nantes le 30 octobre, Eric Zemmour a directement abordé la question du fascisme et de l’antifacisme. Il l’a fait de manière bien calculée, car Nantes est un bastion anarchiste et évidemment 450 personnes ont pratiqué une ligne substitutiste, cherchant à perturber le meeting d’Eric Zemmour en entrant dans l’enceinte du Zénith pour essayer de le bloquer, ainsi qu’en collant la veille des affiches avec une cible sur le visage d’Eric Zemmour. C’est inefficace et même contre-productif, puisque cela ne fait que renforcer le « buzz » d’Eric Zemmour.

Il est tout à fait logique qu’Eric Zemmour aborde, dans un même meeting, la question du fascisme et celle de la chasse, prenant pour la première fois position sur cette dernière. A rebours des anarchistes qui ne comprennent rien à rien, Eric Zemmour a compris que ce qui était en jeu, c’était la question du mode de vie fondé sur une certaine vision du monde. Il a a saisi que la question animale était fondamentale pour le camp du changement, et comme il ne veut pas le changement, et que de toutes façons le véganisme est trop « difficile » pour des Français fainéants et libéraux, il sait qu’il a un boulevard.

Quant à l’antifascisme défini comme « une colonisation intellectuelle de l’humanité, voulue par le cerveau malade de Staline », c’est une référence très précise à l’Histoire. L’antifascisme comme démarche a en effet été défini par le Bulgare Georgi Dimitrov et systématisé par le mouvement communiste dans le cadre du septième congrès de l’Internationale Communiste en 1935.

Le siège central des communistes en Allemagne, en 1932, avec le symbole de l’Action antifasciste sur le bâtiment et le slogan « Dans les rangs de l’Action antifasciste contre la guerre, la faim et le fascisme! »

Cela est très peu connu en France, car les anarchistes ont pratiqué un lessivage sur le plan des idées afin de se présenter comme « antifas » alors qu’en réalité, ils ont toujours nié la nécessité du « front » antifasciste. Le « front » est historiquement l’alliance des socialistes et des communistes (principalement), les anarchistes et l’ultra-gauche dénonçant une trahison de la révolution. Cela dit ce n’est pas toujours exact : dans le front populaire espagnol, on trouvait la CNT au gouvernement, et seule une frange d’ultra-gauche s’y opposait.

En France c’est cette ligne d’ultra-gauche qui prévaut chez les « antifas », avec un soutien naturel de la part des libéraux, comme cet article du Monde du 26 octobre 2021, L’antifascisme, un renouveau par la jeunesse, qui fait leur éloge, notamment de la « Jeune Garde ». Le capitalisme libéral apprécie que l’antifascisme soit réduit à une défense des migrants et un rejet des bandes fascistes, à une critique de l’autoritarisme de l’État, etc. Des éditions anarchistes viennent même d’ailleurs de sortir un jeu de société « antifa » dans cet esprit.

Le souci, ce n’est pas simplement que ce soit faux, c’est que c’est suicidaire. Comme en témoignent les propos triomphalistes sur porte-parole de la Jeune Garde (à la suite du passage chez Hanouna ou de l’article du Monde).

On n’arrive à rien du tout, oui. CNews utilise les « antifas » pour montrer aux bourgeois qu’Eric Zemmour est efficace pour polariser. S’imaginer qu’un bourgeois puisse craindre quelque chose dans un contexte comme le nôtre, c’est littéralement délirer. L’offensive bourgeoise est gigantesque. C’est un rouleau compresseur qui déboule, parce que la situation est celle d’une crise.

Alors, oui les antifas forment une mouvance importance de plusieurs centaines de personnes, mais leur impact sur la société est à l’image de celui de la Gauche, pratiquement inexistant. La dernière manifestation « antifa » à Lyon a rassemblé 2 000 personnes le 23 octobre 2021 et c’est présenté comme une victoire. Lyon, c’est avec son environnement direct pratiquement deux millions de personnes. Dans les sondages, Eric Zemmour est à 17%, Marine Le Pen à 16%. Les meetings d’Eric Zemmour sont pleins et tout un pan de la bourgeoisie le soutient, avec à l’arrière-plan la haute bourgeoisie désireuse d’une sorte de Brexit à la française. La majorité des ouvriers est peu ou prou sous l’hégémonie de Marine Le Pen.

Voilà pourquoi les seules réponses antifascistes réelles peuvent et doivent être politiques. L’ultra-gauche a failli, comme le montrent d’ailleurs son soutien aux gilets jaunes et aux anti-pass sanitaire. C’est la Gauche historique qu’il faut réactiver.

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Olivier Faure au Conseil national du Parti socialiste: Éric Zemmour est un fasciste

L’explication est limpide.

La définition du fascisme donné par Olivier Faure est, grosso modo, celle d’Albert Camus bien plus que celle de la Gauche historique, mais elle converge tout de même avec elle. C’est une prise de position résolue et absolument nette, faisant la preuve que même réformiste et composé d’élus, le Parti socialiste porte en lui des choses positives, à l’opposé des populistes post-gauche de La France Insoumise et autres ultras.

Olivier Faure contribue ici positivement à poser le curseur, il indique une tendance politique par un apport en termes de position. Il souligne bien que l’actualité, ce sont les crises.

C’est de la politique et cela montre le sens politique du Parti socialiste (le discours parle même de lutter contre ceux « qui placent l’Etat au service du capital », s’appuie de manière fondamentale aux Francs-Tireurs Partisans Main d’Oeuvre Immigrée pourtant communiste, fait référence au roman Aden Arabie de Paul Nizan alors communiste où est dit le fameux « J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie »…).

Le Parti socialiste voit bien qu’il y a une barre à Gauche qui est nécessaire, qui est possible, qui a besoin d’être posé rationnellement pour se mettre en place. C’est bien qu’il porte quelque chose!

Voici la vidéo, puis le texte du discours, fait en clôture du Conseil national du Parti socialiste, avec en gras la partie particulièrement marquante.

« Chers camarades,

Nous venons aujourd’hui de clore notre congrès. Je vous remercie toutes et tous de votre implication pour mener à bien ce long processus qui s’achève avec la désignation de l’équipe de direction.

Sa vocation, son ambition, sont d’accompagner les prochains mois, les campagnes présidentielle et législatives et, au- delà, de continuer la renaissance de notre formation politique.

Dans quelques jours, nous désignerons celle ou celui qui nous représentera lors de la prochaine élection présidentielle.

Comme Pierre vient de le rappeler, nous avons, conformément au vote unanime du congrès, veillé à ce que chacun puisse communiquer la semaine prochaine en direction de l’ensemble des militants, par écrit sous la forme d’une profession de foi détaillée, et sous la forme d’un long échange vidéo.

Et à partir du 15 octobre au matin, dès que les résultats seront connus, nous entrons en campagne !

Dans la nuit, nous ferons partir à l’impression un premier tract de campagne et les premières affiches avec l’identité de celle ou celui que nous aurons élu·e.

Les camarades du Secrétariat national se mettront immédiatement en mouvement. En lien avec l’équipe de campagne du candidat, nous mettrons en place une équipe opérationnelle qui fera le lien avec l’ensemble des fédérations.

Dès réception des premiers outils de campagne, physiques et numériques, nous organiserons une première semaine de mobilisation. Sur les marchés, dans les gares, sous les préaux, nous montrerons que nous entrons dans le débat avec la ferme volonté de défendre des positions claires dans un moment de confusion.

Le 23 octobre, nous organiserons la convention d’investiture à Lille où nous serons accueillis par Martine Aubry et la fédération du Nord.

La période exige beaucoup de nous. Sans doute plus encore qu’au cours du demi-siècle passé.

Nous enchaînons les crises. Les Français en font l’expérience douloureuse sur le plan social, économique, démocratique, écologique, sanitaire.

Dans cette France qui se cherche un destin, la question identitaire est venue remplir un vide de sens et s’est imposée dans les médias.

Le polémiste Éric Zemmour est sur toutes les antennes. Et c’est par lui que je voudrais entamer mon propos. Non pas pour contribuer, à mon tour, à en faire le centre de toutes les attentions, mais pour dénoncer avec force la place qui lui est faite. Dans la compétition que se livrent les médias, la course à l’audience a remplacé le devoir d’informer, le buzz s’est substitué aux idées. Les jeux du cirque ont leur règle : sans outrance, pas d’existence.

Alors désormais, on fait salon avec monsieur Zemmour, on discute volontiers de ses saillies racistes comme s’il s’agissait d’opinions défendables puisqu’elles sont enveloppées dans la soie de l’érudition.

Alors je le dis, puisque personne ne le dit. Éric Zemmour est un fasciste.

Je sais qu’en prononçant ces mots, certains me répondront qu’il ne faut pas exagérer. Après tout, Zemmour n’a quand même pas proposé d’ouvrir des camps de concentration.

Ces réflexions font écho à ces phrases d’Umberto Eco prononcées à l’occasion du cinquantième anniversaire de la libération de l’Europe : « le fascisme est toujours autour de nous, parfois en civil. Ce serait tellement plus confortable si quelqu’un s’avançait sur la scène du monde pour dire : je veux rouvrir Auschwitz.

Hélas la vie n’est pas aussi simple. Le fascisme est susceptible de revenir sous les apparences les plus innocentes. Notre devoir est de le démasquer, de montrer du doigt chacune de ses nouvelles formes, chaque jour dans chaque partie du monde ».

S’il n’y eut qu’un seul nazisme, il est possible de jouer au fascisme de mille façons. Et c’est à ce travail de reconnaissance que nous invitait ce grand humaniste il y a déjà trente ans. Il fixait ainsi les caractéristiques du fascisme primitif :

– Le culte de la tradition : la vérité a été annoncée une fois pour toutes. On ne peut que continuer à interpréter son obscur message,

– Le refus du modernisme, c’est-à-dire le rejet de l’esprit de 1789, du siècle des Lumières, conçu comme le début de la dépravation,

– La suspicion envers le monde intellectuel,

– Le désaccord présenté comme une trahison,

– L’exacerbation de la peur de la différence,

– L’instrumentalisation des frustrations individuelles et l’appel aux classes moyennes épouvantées par la pression de groupes sociaux inférieurs,

– La nationalité comme privilège de gens à qui on signifie qu’ils sont assiégés,

– La dénonciation d’un complot qui vient de l’intérieur,

– La vie présentée comme une guerre permanente,

– Le culte de l’héroïsme étroitement lié à celui de la mort,

– Puisque la guerre permanente et l’héroïsme sont des jeux difficiles à jouer, le transfert de la volonté depuissance sur les questions sexuelles. Avec à la clé le mépris des femmes et la condamnation des mœurs non conformistes,

– Un leader, interprète du peuple et de la volonté commune, en lieu et place d’un parlement présenté comme corrompu.

Voilà la définition du fascisme.

Que nous manque-t-il pour comprendre ce qui s’installe sous nos yeux, au grand jour ?

Ses nouveaux admirateurs me rétorqueront que ces caractéristiques s’appliquent aussi bien à l’islamisme radical. Oui, l’islamisme radical est un fascisme. Mais on ne combat pas une forme de fascisme par une autre forme de fascisme !

On l’affronte avec les valeurs de ceux qui sont morts pour la France. Morts pour que l’on puisse continuer à vivre ensemble quelles que soient nos convictions religieuses ou civiques, nos origines, ou nos prénoms.

Il n’y a pas plus français que ces prénoms : Missak, Spartaco, Szlama, Celestino… Ils le sont par le sang versé. Ils étaient la France quand le maréchal Pétain collaborait dans la honte, livrait des juifs, hommes, femmes et enfants, français ou étrangers.

Alors je sais que d’autres vont lever les yeux au ciel et, bardés de leur impuissance, me diront : à quoi bon employer les grands mots, ressortir l’affiche rouge et les visages hirsutes du groupe Manouchian ? De toute façon, la dénonciation, ça ne marche plus.

Mais je ne suis pas venu vous parler de dénoncer, mais de combattre !
Et le combat, ça commence par mettre des mots sur des idées, sur des faits, « pour ne pas ajouter aux malheurs du monde » pour reprendre Camus.

Le combat, ça commence par le refus de la banalisation. Le refus de céder à ce que l’on croit être l’esprit du temps. Le refus de débattre poliment des propos d’un raciste récidiviste. Le refus de suivre une pente que l’on croit facile.

Oui, je sonne l’alerte.

Je sonne l’alerte parce que je ne veux pas que les plus jeunes puissent mettre un signe d’équivalence entre ce que nous disons et ce que disent les fascistes. Je ne veux pas que le travail de mémoire, l’éducation des générations après- guerre, tout ce travail pour que le pire ne soit plus notre avenir, soit réduit à néant.

Je sonne l’alerte parce que je vois la droite – canal historique – emboiter le pas de l’extrême droite.

Parce qu’elle est incapable de se distinguer d’Emmanuel Macron qui applique son programme économique et social, elle se lance dans une surenchère folle. Au lieu de bâtir des digues, elle n’ose déjà plus dire comme monsieur Jacob, qu’Éric Zemmour est raciste.

Madame Pécresse veut réviser la Constitution, monsieur Bertrand a pour priorité d’abaisser la majorité pénale, et même le placide monsieur Barnier en vient à contester les institutions européennes et à réclamer un « électrochoc de sécurité ».

Avant, on avait les « chocs », choc de simplification, choc de compétitivité, choc de confiance, etc. Visiblement, c’était trop peu.

Pas plus tard qu’hier, c’est le vice-président des mal nommés Républicains qui évoquait une « épuration ethnique » en cours dans les banlieues !

Voilà, je m’agace et m’indigne de voir cette droite qui se dit républicaine s’oublier par peur d’être siphonnée. Oui, la République est en danger quand ses défenses immunitaires faiblissent par lâcheté ou par calcul.

C’est à ce moment de la discussion que d’autres encore me diront, « tu as raison. L’heure est grave et le péril est grand. Il faut donc se protéger derrière un rempart. Et le seul rempart connu, c’est Emmanuel Macron ».

Mais non !

mmanuel Macron n’est pas un rempart, il est le pont-levis qui s’abaisse, année après année.

Oh ! je ne dis pas qu’il a décidé de faire entrer le loup dans la bergerie. Mais il a décidé depuis l’origine d’utiliser la peur du loup pour mieux maîtriser le troupeau. Au lieu de discuter des propositions alternatives que nous présentions, il a sans cesse cherché à valoriser l’affrontement avec les forces les plus extrêmes pour jouer le rôle du rempart.

Quel rempart contre l’obscurantisme, le nationalisme et le populisme est-il, lui qui a valorisé Bigard, Raoult, Villiers, Zemmour… ?

Tous ont eu droit aux attentions complices du chef de l’État. Mais ce n’est pas avec Bigard que l’on comprend le peuple, avec Raoult que l’on vainc la pandémie, avec Villiers que l’on évoque le destin de la France, et à Éric Zemmour que l’on demande une note sur l’immigration !

Il n’a cessé de donner des gages à la droite de la droite, en restreignant le droit d’asile, en refusant l’Aquarius, en produisant une loi sensée nous protéger du séparatisme, en passant de « la colonisation est un crime contre l’humanité » à un discours sur la « rente victimaire » des ex-colonisés.

La campagne ne fait que commencer et je suis déjà excédé.

Je n’en peux plus de ces débats rances. L’époque mérite tellement mieux que ça. Elle est formidablement enthousiasmante ! En tous cas, elle pourrait, elle devrait l’être.

Nous faisons face à des défis majeurs qui nous imposent de penser le monde qui vient.

Partout en France naissent des initiatives citoyennes, associatives. La solidarité se réinvente dans des tiers lieux. L’économie sociale et solidaire n’est plus regardée avec condescendance. Les nouvelles technologies réinventent nos manières de travailler. Le monde de l’entreprise lui-même s’interroge sur son modèle économique et, même si c’est trop lent, s’interroge sur son empreinte carbone.

L’agro-écologie, c’est-à-dire la conception de nos systèmes de production en s’appuyant sur les fonctionnalités de l’écosystème, gagne du terrain. Le monde de la culture ne s’est jamais autant démocratisé. Le rapport à la nature et au vivant fait évoluer notre conception de l’universel. Les tabous sur les violences sautent. Les victimes sortent du silence. Les femmes revendiquent leur place.

Et le débat politique devrait tourner autour d’un supposé « grand remplacement » des chrétiens par des musulmans fanatiques ? Sur la responsabilité de Vichy, débat déjà tranché par les historiens.

J’ai écouté hier la voix grave de Robert Badinter, s’interrogeant au soir de sa vie. Après avoir évoqué l’arrestation de sa grand-mère en novembre 1942 par la Milice française, il prononce ces mots « Ça me paraissait un orage emporté par les vents de l’Histoire, je n’en suis plus si sûr, aux jeunes générations d’y veiller ».

Nous ne laisserons pas Robert Badinter partir en ayant le sentiment que tout recommence. C’est à nous de veiller, de transmettre, et pour cela d’engager la France sur un projet qui fédère. La société française bouge. Elle veut du mouvement. Elle aspire à la justice.
Elle demande des comptes aux puissants.

Elle demande des comptes, y compris cette semaine à l’Église catholique. Quelques cas de viols sur mineurs, c’est une honte. Des centaines de milliers de cas, couverts par une hiérarchie soucieuse de sa réputation, cela relève du crime organisé. Aucune autorité n’est incontestable. Le silence n’est plus une option.

Oui, la société bouge.

Elle réclame l’égalité, à commencer par l’égalité entre les femmes et les hommes.

À cette génération #MeToo, je dis que nous voulons en finir avec l’omerta qui a trop longtemps couvert les violences faites aux femmes. Nous ferons tomber les tabous qui pèsent sur la prise en charge de leur santé, sur leur parentalité, sur leur sexualité. Parce que oui, le privé est politique.

Nous voulons augmenter le pouvoir d’achat des Français parce qu’il est temps de leur rendre la part qui leur revient. Mais je le dis aussi, nous commencerons par les Françaises, et dans le prochain quinquennat, l’objectif doit être l’égalité salariale entre les femmes et les hommes.

Ce sont ces femmes dont on a loué les vertus de premières de corvée qui en seront les premières bénéficiaires : caissières, femmes de ménage, aides soignantes, infirmières, aides à domicile. Sans oublier ces sages-femmes qui, hier encore, n’ont eu d’autre choix que de manifester pour être payées dignement pour l’exercice de l’un des plus beaux métiers du monde…

Ouvrons les yeux ! Une société qui dévalorise les métiers de l’attention aux autres et qui, « en même temps », tolère l’évasion fiscale, diminue l’imposition des plus riches quand tous les autres s’appauvrissent, est une société en sursis.

Cette semaine, la presse d’investigation a révélé le nouveau scandale des Pandora Papers. Après les « offshore Leaks, Luxleaks, Panama Papers, Paradise Papers »…

Et qu’apprend-t-on le lendemain ? Bruno Le Maire et les ministres des finances de l’Union européenne trouvent le moyen de réduire la liste noire des paradis fiscaux !

C’est la nausée. C’est ce que j’ai dit dans l’hémicycle et que je redis devant vous.

Chaque année, la France et l’Union européenne voient ainsi s’évader 20 % de leurs recettes au titre de l’impôt sur les sociétés. Ce que ne paient pas ces individus ou ces entreprises, ce sont tous les autres qui le paient ! Il est là le vrai ras- le-bol fiscal des Français !

La frontière entre fraude et optimisation fiscale agressive est bien mince. Toutes ces opérations ne sont pas illégales, mais elles sont immorales parce qu’elles laissent à tous les autres le soin de payer la contribution aux biens communs : hôpitaux, écoles, police, services publics…

Quand à la fraude s’ajoutent les cadeaux fiscaux sur l’ISF, la flat tax ou l’exit tax, pour ne citer que les plus célèbres, il y a de quoi bouillir.

Sur ce quinquennat, 220 milliards de cadeaux aux plus riches et d’aides aux plus grandes entreprises sans contreparties.

Les solutions existent. Nous les avons défendues. Elles ont été jusqu’ici systématiquement repoussées par le gouvernement. Nous les défendrons à nouveau dans cette élection présidentielle parce qu’il n’est pas de cohésion sociale sans justice fiscale.

Nous voulons la transition écologique. Cette transition n’est plus seulement un objectif, elle est devenue un impératif. Elle va supposer de changer nos façons de consommer, de nous déplacer, de nous loger.

Mais la transition écologique suppose aussi la justice sociale ! Sans la justice sociale, la transition n’aura pas lieu. Elle sera contestée sur les ronds-points et dans les rues.

Le prix de l’énergie augmente de façon vertigineuse. Cet hiver, il y a des familles qui vont devoir arbitrer entre se chauffer et manger. D’autres devront emprunter, non plus pour investir, mais simplement faire face à ces dépenses de la vie courante.

Le gouvernement a inventé le blocage des prix après la hausse, le parapluie après la pluie. Il concède un chèque de 100 euros quand l’augmentation représente, pour un couple avec deux enfants, 800 euros par an. Et ce chèque n’est accordé qu’aux foyers cumulant un revenu de moins de 1 800 euros par mois…

Trop peu et trop tard ! Par comparaison, le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez a baissé de 50 % la TVA sur le gaz et l’électricité !

Les plus précaires dont le gouvernement se soucie si peu, ce sont encore ceux qui vont payer sa réforme de l’assurance chômage. Et parmi eux, d’abord les plus jeunes qui se verront priver de l’accès à l’indemnisation. Qu’il ne vienne pas ensuite nous dire que « 20 ans reste le plus bel âge de la vie ».

L’entrée dans l’âge adulte ne peut pas ressembler à un parcours du combattant, un bizutage cruel qui oblige à passer par les files des soupes populaires. C’est pourquoi nous portons l’idée d’un « minimum jeunesse ».

Ce débat sur l’assurance chômage n’est que la préfiguration d’un autre : qui va payer la facture du « quoi qu’il en coûte » ? Aujourd’hui, ce sont les chômeurs qui paient l’acompte. Demain, les retraités. Et ensuite tous les autres, les classes moyennes, les classes populaires qui règlent pour tous ceux que le gouvernement épargne.Ils sont là les débats de la présidentielle.

La justice, c’est la seule boussole possible. C’est la nôtre. Je pourrais multiplier les exemples hors de l’actualité immédiate, mais ce n’est pas le jour.

Vous l’avez compris, chers camarades, j’ai simplement hâte d’entrer en campagne. Hâte de rendre les coups. Hâte de démonter avec vous tous les discours déclinistes, défaitistes, fatalistes. Hâte de combattre les discours populistes, complotistes, nationalistes. Hâte de faire face aux néolibéraux, globalisés, qui placent l’État au service du capital, détruisent nos biens communs, refusent le partage équitable de la valeur ajoutée et ne respectent ni les hommes ni la nature.

Oui, j’ai hâte de parler aux côtés de notre candidate, ou candidat, de cette République sociale, écologique, féministe, démocratique à laquelle j’aspire. Hâte de dire avec vous toutes et tous, ce que les socialistes portent.

Tenez-vous prêts.
Le 14, tout commence.
Vive les socialistes, vive la gauche, vive la République et vive la France !

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L’importance de la manifestation antifasciste de Leipzig du 18 septembre 2021

Les antifascistes allemands ne se laissent pas distancer.

A rebours d’une ultra-gauche française ayant choisi de manifester avec les anti-pass, la gauche radicale allemande maintient des fondamentaux en termes de contenu. Il est vrai que la situation est différente puisqu’il y a eu en Allemagne un mouvement anti-mesures et anti-vax multipliant dès le début de la pandémie les initiatives, porté par l’extrême-Droite (comme en France par la suite), la scène antifasciste organisant des contre-rassemblements, par exemple à vélo.

Il y a également une extrême-Droite activiste bien plus virulente et c’est ce qui a amené la manifestation antifasciste du 18 septembre 2021, à Leipzig. A la suite de la chute du mur de Berlin, cette ville s’est ajouté à Berlin et Hambourg comme bastion de la gauche radicale. La manifestation s’est d’ailleurs terminé dans le quartier de Connewitz, bastion de ce qu’on peut appeler la scène post « autonome » allemande.

On trouve à l’origine de la manifestation l’extrême-agressivité policière contre la gauche radicale à Leipzig, avec même une « soko linx », commission spéciale pour la gauche (qui se dit « links » en allemand et s’écrit parfois de manière argotique « linx » à l’extrême-Gauche) multipliant les arrestations, perquisitions, surveillances, etc. Ces enquêteurs anti-gauche radicale sont directement liés à l’extrême-Droite, qui leur fournit même des dossiers sur des militants de la Gauche. Cela rend la situation particulièrement explosive à Leipzig, avec d’importantes confrontations de part et d’autre.

C’est dans ce cadre qu’a été arrêtée Lina, une étudiante accusée d’attaques violente contre des activistes d’extrême-Droite. La manifestation, dont voici la vidéo (on voit bien le cortège à partir de la 22e minute), était en solidarité avec elle. Elle a rassemblé 4 000 personnes.

L’initiative se déroule avant le procès de Lina et les élections parlementaires. La manifestation exige la dénazification des services de sécurité allemand, la dissolution de la commission spéciale de Leipzig et la liberté pour les antifascistes.

Les allusions au marteau dans le cortège font référence au nom qu’aurait eu le groupe auquel appartenait Lina (le « groupe au marteau »). Le groupe aurait utilisé cet outil pour agresser treize activistes d’extrême-Droite entre 2018 et 2020. Lina est considérée comme la dirigeante du groupe et est en prison depuis novembre 2020, trois autres personnes étant également accusées (mais pas emprisonnées en préventive). Tous sont considérés comme ayant formé un groupe criminel (l’équivalent français de l’association de malfaiteurs). La mère de Lina était présente à la manifestation et a pris la parole.

On peut remarquer aussi des blocs assez distincts lors de la manifestation ; cela tient à des options très différentes pour la ligne antifasciste, même si l’ensemble relève de la gauche radicale allemande formant une seule scène. On peut par exemple voir sur la fin les tenants d’une ligne « dure », se cachant avec des parapluies pour se masquer et dont la banderole annonce que le responsable de la commission spéciale va terminer dans le coffre d’une voiture (allusion au chef du patronat allemand et ex nazi Hanns Martin Schleyer terminant ainsi après son enlèvement par la RAF en 1977).

La manifestation se terminant dans le quartier de Connewitz a d’ailleurs culminé avec des barricades, la police intervenant alors très brutalement, ayant été resté à l’écart jusque-là, même si un hélicoptère survolait en permanence la manifestation.

La scène allemande étant conséquente en termes numérique et culturel, il y a évidemment toute une série de produits lifestyle qui sont réalisés en soutien et pour obtenir des fonds, avec le symbole du marteau (« hammer » en allemand qui s’emploie également pour signifier « génial »).

Les différences avec la France sont flagrantes. Tout d’abord le niveau de violence est bien plus élevé en Allemagne de la part de l’extrême-Droite et les institutions penchent clairement vers celle-ci. Le niveau de tension est élevé et la répression réelle, régulière. L’Etat allemand n’hésite pas à arrêter des « politiques » et à la présenter tel quel.

C’est tout à fait différent de la France où l’Etat pratique une « désescalade » symbolique permanente, comme à Nantes où l’ultra-gauche démolit le centre-ville à chaque grande manifestation sans aucune criminalisation ni arrestation.

Il est vrai que la Gauche radicale allemande forme un bloc à part, est ainsi relativement isolée socialement, propose du contenu « sécessionniste », alors que l’ultra-gauche française a un écho réel dans la société mais se limite à « suivre » de manière violemment anti-intellectuelle les protestations en s’imaginant son aile radicale.

Autrement dit, l’ultra-gauche française est petite-bourgeoise populiste et se limite à une approche relevant des ultras du football, alors que la gauche radicale allemande est petite-bourgeoise culturelle et a un patrimoine alternatif issu des autonomes.

L’antifascisme de l’ultra-gauche française est une escroquerie jouant sur les mots (antifascisme étant ici « anti-autoritaire » en mode libéral libertaire), l’antifascisme de la gauche radicale allemande réel, pour des raisons historiques évidemment.

Ce qui est plutôt rassurant en 2021 car cela montre que les antifascistes allemands sont là, qu’ils vont tenir dans la tourmente des prochaines années. Et qu’ils vont apporter des choses dont on pourra apprendre.

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Lutter contre l’extrême-Droite oui, mais donc contre le fascisme

Qui n’associe pas l’extrême-Droite au fascisme est condamné au libéralisme et à la défaite.

L’appel pour les libertés du 4 mai et celui pour le rassemblement contre l’extrême-Droite le 12 juin posent un énorme problème. En effet, qu’y apprend-on? L’appel du 4 mai est formel : l’extrême-Droite, ce serait le recul des libertés, le racisme et des mesures anti-sociales. Autrement dit, il n’y a aucune dimension antifasciste dans cet appel. L’extrême-Droite, ce serait les « fachos », et les « fachos » ce serait ceux qui empêchent les gens de faire ce qu’ils veulent. C’est exactement la même définition de l’extrême-Droite que les libéraux.

L’appel au rassemblement du 12 juin reprend exactement cette approche, dénonçant même une « société autoritaire de surveillance et de contrôle », c’est-à-dire assument entièrement de se positionner sur une ligne libérale. Cela n’a strictement rien à voir avec les valeurs de la Gauche historique.

Il suffit, pour s’en prouver, de regarder le programme du Front populaire. La question de la guerre y est omniprésente et quand il est parlé de libertés, non seulement elles sont précisées de manière concrète, mais elles sont mises en perspective avec l’affirmation d’une société nouvelle, se confrontant aux classes dominantes.

L’appel du 4 mai est donc creux et celui pour le rassemblement du 12 juin n’a aucune perspective. C’est à soutenir, mais sans illusion : l’échec est obligé.

On arguera que l’initiative des 4 mai et 12 juin ne vise pas à former un Front populaire. On répondra à cela que le Front populaire a fait ses preuves. Et, même en admettant que ce n’est pas ce qu’il faut faire, il faut au moins reconnaître que ce n’est pas en pleurnichant qu’on combattra l’extrême-Droite. Il faut un programme, des valeurs positives. Pas simplement dire que l’extrême-Droite est méchante, en réduisant les thèmes à quelques questions sociétales, sans comprendre que c’est la lutte des classes : la Gauche veut écraser la Droite, et inversement, et c’est normal.

Par exemple, l’extrême-Droite fait le forcing sur la question animale. Il ne suffit pas de dénoncer cette démagogie : il faut faire mieux, être là à la base pour aider les animaux. Cela devrait être normal d’ailleurs pour toute personne de Gauche. Si on ne le fait pas, effectivement on se fait déborder. Mais cela les libéraux ne le comprennent pas : ce n’est pas le contenu qui les intéresse, mais les libertés formelles.

En fait cette critique n’est même pas assez dure, tellement ces appels relèvent du bricolage, suintant le désespoir. Il n’y a pas d’idées, pas de valeurs, encore moins de romantisme. C’est plat, cela ne fait pas rêver et on ne dirait même pas qu’il y a une crise directement mondiale comme l’humanité n’en a jamais connu jusque-là.

Cela montre de manière terrible comment en fait la Gauche française est totalement sous la coupe des petits-bourgeois, voire des bourgeois. C’est mesquin, sans ambition, étroit d’esprit, pragmatique… Personne dans le peuple ne peut adhérer à une telle chose.

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L’antifascisme ne passe pas par l’ultra-gauche

L’union fait la force et il n’y a pas de place pour ceux hostiles à l’unité.

Ce qui est paradoxal et insupportable, c’est qu’aujourd’hui en France on désigne par « antifas » des gens d’ultra-gauche, alors qu’historiquement l’ultra-gauche est opposée à l’antifascisme, considérée comme une « trahison » de la révolution permanente. Même « No pasaran », « ils ne passeront pas », un slogan unitaire de la guerre d’Espagne, a été récupérée et déviée par l’ultra-gauche, dans un sens « batailleur », « radical », volontariste, subjectiviste, etc.

C’est évidemment typique de l’ultra-gauche que de procéder ainsi, pour s’approprier du prestige et tromper les gens. L’ultra-gauche, c’est la cinquième colonne, l’irruption des forces hostiles à la transformation sociale dans le camp de la transformation sociale, au nom… de la transformation sociale. C’est difficile à saisir, mais on a un bon exemple avec Jean-Luc Mélenchon actuellement, qui refuse l’unité de la Gauche… au nom de la victoire à la présidentielle d’une ligne censée aller « plus loin » que tout le monde.

On ne rappellera ainsi jamais assez que l’antifascisme, c’est l’union de toute la Gauche… à l’exception de l’ultra-gauche. Cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas y avoir d’anarchistes ou de syndicalistes révolutionnaires. Durant la guerre d’Espagne, la CNT a participé au Front populaire. Seule l’ultra-gauche avait refusé.

Alors qu’entend-on par ultra-gauche? Tout simplement les adeptes de la « révolution permanente », qui refusent de considérer que la Gauche réformiste puisse s’intégrer à l’antifascisme, qui rejette les mots d’ordre démocratiques et populaires, qui refuse de considérer que le fascisme est la menace numéro 1 et qu’il faut savoir faire des compromis pour obtenir l’unité face à lui.

Plus simplement, l’ultra-gauche oppose une « révolution » fictive au fascisme, considérant que seule la révolution barre au fascisme… tout en déniant à la révolution un caractère démocratique, la réduisant à une sorte de coup de force, d’ailleurs assez dans l’esprit des gilets jaunes.

« L’union c’est la force », affiche de la guerre d’Espagne, avec sur les brassard UGT et CNT, les deux principaux syndicaux (socialiste et communiste, anarchiste et syndicaliste révolutionnaire respectivement)

Il est évident que face à l’extrême-Droite qui monte, et qui montera jusqu’à la présidentielle de 2022, il faudra l’antifascisme. Encore faut-il que le concept n’ait pas été balayé par l’ultra-gauche. Il y a ici une lutte opiniâtre à mener, une lutte acharnée. L’antifascisme ce n’est pas l’anarchisme, l’antifascisme c’est l’unité la plus large possible contre l’extrême-Droite… la plus large possible.

Ainsi, oui il fallait voter Emmanuel Macron à la présidentielle pour barrer la route à Marine Le Pen, et oui, s’il le faut, il faudra le refaire en 2022. On peut espérer mieux, on doit espérer mieux, mais l’antifascisme c’est simplement une bouée de sauvetage et rien n’est pire que Gribouille sautant à l’eau pour ne pas être mouillé par la pluie.

Il faut donc déjà y penser : comment contribuer à l’antifascisme en 2022, comment le préserver des ignobles déformations d’ultra-gauche? Comment faire en sorte qu’il y ait des campagnes unitaires les plus larges possibles contre l’extrême-Droite?

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L’antifascisme de gauche (et non « anarchiste ») sera essentiel en 2022

L’affrontement Droite/Gauche impose une ligne claire.

L’antifascisme est historiquement un concept porté par le mouvement communiste et accepté par le mouvement socialiste. Le mouvement communiste a en effet développé le principe du « Front populaire », appelant à une unité la plus large contre une extrême-Droite aux portes du pouvoir ou du moins active de manière violente. Le mouvement socialiste a accepté ce principe, permettant une unité ouvrière à la base, avec même souvent un élargissement jusqu’à la petite-bourgeoisie intellectuelle.

L’anarchisme a toujours récusé l’antifascisme, considéré comme une trahison d’une révolution qui serait à l’ordre du jour à court terme. On notera que, historiquement, le trotskisme a sur ce plan la même conception que l’anarchisme et c’est pour cela que le trotskisme a refusé la Résistance (c’est le fameux « ils se valent »).

Or, ces dernières années, les « antifas » ce sont avant tout les anarchistes, qui prétendent que l’antifascisme s’assimile à l’anarchisme car ce serait une opposition à toute autorité. Agissant ainsi, ils pratiquent un hold-up culturel et politique et troublent totalement la définition de l’antifascisme véritable. Les médias se sont empressés de valider cette équation antifas = anarchistes.

En réalité, l’antifascisme, c’est pourtant la considération que l’écrasement de l’extrême-Droite prime sur toute autre considération. On peut pas se dire antifasciste et considérer, par exemple, que le Parti socialiste équivaut au fascisme, qu’Emmanuel Macron est similaire à Marine Le Pen, ou toute autre considération « ultra » qui va à l’opposé du sens unitaire de ce qu’est l’antifascisme.

Et l’antifascisme, ce n’est pas non plus une unité par en haut pour convaincre les convaincus. Il ne s’agit pas d’unir les antifascistes pour des « coups », des actions « choc » mais bien de mobiliser le plus de gens possibles, de faire en sorte que les gens ne soient pas happés par l’extrême-Droite. Ce qui signifie faire de la politique, et non pas des actions associatives, syndicales, « militantes » ou caritatives.

La politique a en effet horreur du vide et en ce sens, se tourner même vers des gens qui se disent réformistes de type syndical ou associatif et participent aux élections a un sens, alors que s’adresser à des anarchistes vivant en vase clos et ne prenant jamais de responsabilités politiques n’en a pas.

L’anarchisme récuse les points de vue politiques, comment pourrait-il aider à occuper le terrain politique face au fascisme ?

Il est de toutes façons clair que les « antifas » dans leur version anarchiste n’auront existé que dans une période où l’extrême-Droite activiste était marginale. Dès qu’on rentre dans une phase historique, comme c’est le cas ou bientôt le cas, le caractère incohérent de l’anarchisme saute aux yeux, ou bien, de toutes façons, il s’avère sans puissance, dépassé.

Ce qui se passe en effet, c’est que l’extrême-Droite activiste se structure hardiment en ce moment, dépassant le folklore pour poser des jalons culturels et idéologiques visant les masses. Elle n’y arrive pas, elle reste isolée, cependant elle a compris qu’en 2022 elle disposerait d’un puissant levier avec Marine Le Pen, avec l’union de l’extrême-Droite et de la Droite (ou au moins d’une partie de la Droite).

L’extrême-Droite activiste se prépare donc à épauler la vague Marine Le Pen, à servir de provocateurs, d’aiguillons, d’accélérateurs de feux, de poussées dans de nouveaux secteurs. Elle va appuyer une tendance de fond, en agissant non pas au premier rang d’un activisme de masse (comme les SA allemandes d’Adolf Hitler ou les chemises noires italiennes de Benito Mussolini), mais au second rang d’une révolution conservatrice généralisée (comme en Espagne juste avant le coup d’État de Franco).

Il faudra alors qu’un antifascisme de gauche soit en mesure d’opérer, de manière totalement différente des « antifas » qui sont en fait des anarchistes. Car il s’agira de lire les choses politiquement et de répondre politiquement.

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La condamnation d’Aube dorée : une victoire en trompe-l’œil

Mercredi 7 octobre, la justice grecque a tranché : Aube dorée (Χρυσή Αυγή) est une organisation criminelle néo-nazie. C’était une évidence pour tout le monde, mais cette condamnation officielle est néanmoins très importante. Faisant suite à l’enquête visant un militant néonazi pour son assassinat du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, le procès était rapidement devenu celui de toute l’organisation.

En effet, ce parti, se revendiquant presque ouvertement du national-socialisme et du négationnisme, s’était illustré par des opérations punitives et autres ratonnades contre les immigrés, des syndicalistes ou des militants de gauche, avec des perturbations de bureaux de vote pendant les élections et de nombreuses menaces à l’égard d’associations ou simplement de ces gens que les nazis détestent : étrangers, Juifs, homosexuels, etc. Comme le parti d’Adolf Hitler jadis, Aube dorée avait une stratégie double : d’un côté une participation aux élections (qui lui a permis d’obtenir plusieurs députés pendant des années, à l’assemblée comme au parlement européen), de l’autre un militantisme de type milicien violent.

Alors que la stratégie parlementaire s’est soldée par un échec, des divisions internes et une disparition du parlement aux dernières élections, cette condamnation s’attaque directement à l’autre aspect de l’organisation. En effet, plus d’une cinquantaine de membres ont été condamnés, dont des cadres importants, comme Nikolaos Michaloliakos, le fondateur du parti, ancien cadre de l’organisation de jeunesse de la dictature, négationniste et nazi revendiqué.

Il ne faudrait pas pour autant s’imaginer que c’est une victoire décisive contre le fascisme en Grèce, ni un signe que l’Etat hellénique est un rempart contre ce dernier. Ainsi que les manifestations antifascistes importantes le jour du résultat du procès l’ont rappelé, l’opposition antifasciste est populaire. Si la justice ne s’est pas contentée de juger le meurtrier de Pavlos Fyssas, c’est parce qu’il existait une pression démocratique en ce sens. La Gauche, quoique affaiblie, demeure forte en Grèce et ancrée dans les masses, avec une extrême-gauche (marxisante ou anarchisante) assez active. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si cet important procès contre Aube dorée a débuté sous le mandat d’Alexis Tsipras, dirigeant du parti issue de la gauche Syriza.

Ces manifestations ont été principalement menées par la Gauche, évidemment. On retrouve notamment le Parti communiste de Grèce, avec le syndicat PAME et la Jeunesse communiste de Grèce qui lui sont liés. Les slogans, dans un esprit très « Front populaire », parlent d’eux-mêmes : « Le peuple exige l’emprisonnement des nazis », « Ce ne sont pas des innocents. Ce sont des ennemis. Par la lutte populaire, écrasons le fascisme. », « Dès hier, le peuple travailleur avait rendu son verdict ! ». D’autres organisations et militants issus de la gauche ou liés à celle-ci étaient présents, comme le Mouvement uni contre le racisme et la menace fasciste, dont l’appel fondateur contre le racisme avait été signé, entre autres, par Mikis Theodorakis, grande figure (désormais égarée dans un chauvinisme idiot, notamment sur la question macédonienne) de la gauche antifasciste grecque.

Par ailleurs, si les commentateurs médiatiques avaient proclamé, en même temps qu’ils encensaient « Koulis » Mitsotakis comme supposé « Macron grec, jeune et moderne », qu’Aube dorée ayant disparu de son parlement, la Grèce retrouvait une vie politique apaisée, c’est évidemment une analyse d’une imbécillité crasse.

Sous l’effet du procès, de son recul électoral, et de rivalités internes, Aube dorée a commencé à éclater il y a déjà quelques mois et deux partis ont depuis été formés par d’anciens cadres. Les « Grecs pour la Patrie » entendent suivre le modèle (jusque dans le logotype) de la Ligue du Nord italienne, en coupant avec le fascisme revendiqué, pour adopter une ligne national-populiste plus « ouverte », et certains sondages optimistes les placent déjà en situation d’espérer entrer au parlement aux prochaines élections, puisqu’ils pourraient frôler le seuil de 3% requis. Quant à la « Conscience nationale populaire », alliée à l’Union patriotique populaire grecque (dont l’acronyme grec « ΛΕΠΕΝ » est un hommage à Jean-Marie Le Pen), elle semble vouloir maintenir un militantisme certes plus prudent face à la justice mais toujours aussi radical.

En juillet 2019, dans un article paru sur Slate.fr, le journaliste Alexandros Kottis expliquait que « l’extrême droite grecque ne disparaît pas, elle se recompose », citant les liens historiques entre la droite et l’extrême-droite dans le pays, sur fond d’anticommunisme, ainsi que l’absence d’épuration politique de l’appareil d’état après la dictature. Il est de notoriété publique que l’armée est un repère de nazis, dans ce pays, et on se souviendra que Tsipras s’était allié à un parti d’extrême-droite pour gouverner, en faisant des clins d’œil appuyés à l’armée. Le grand parti de la droite grecque, la Nouvelle démocratie, comporte en son sein des gens issus ou liés à l’extrême-droite. De plus, alors que la « grande trahison » de son père avait permis la dictature en 1967, l’actuel premier ministre Kyriakos Mitsotakis n’a pas hésité à nommer dans son gouvernement deux anciens membres de l’extrême-droite : Spyrídon-Ádonis Georgiádis, issu du parti nationaliste Alerte populaire orthodoxe (LAOS), aujourd’hui ministre de la croissance et des investissements, et Makis Voridis, ministre de l’agriculture, également issu du LAOS, mais aussi de l’extrême-droite issue de la dictature, connu pour ses saluts nazis et son négationnisme.

Élu, entre autres, grâce aux voix d’anciens électeurs d’Aube dorée, le gouvernement actuel inquiète par sa politique agressivement réactionnaire, fortement anticommuniste (et anti-Gauche en général), au service des grands capitalistes du pays, profondément nationaliste, militariste et sécuritaire. De surcroît, un nouveau parti d’extrême-droite est entré au parlement en 2019 : la Solution grecque, qui a également récupéré une partie de l’électorat d’Aube dorée.

Aujourd’hui, alors que les provocations la Turquie attisent de nouveau un climat guerrier entre les deux pays, et que le gouvernement grec choisit ouvertement d’aller à la confrontation militaire, la menace fasciste est d’autant plus grande dans le pays, d’autant que les conséquences de la crise sur une population toujours plus pressurisée sont évidemment encore là. Plus que jamais, il faut défendre la Gauche qui était aujourd’hui dans la rue et l’aider à se reconstruire. Loin du populisme antisémite des amis de Mélenchon, et de la gestion du capitalisme portée par les dirigeants de Syriza et des restes du Pasok, il faut une Gauche ouvrière, internationaliste, pacifiste, capable de mener un Front populaire pour faire reculer le fascisme dans ce pays.

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Attaques de groupes violents d’extrême-Droite à Paris et Chambéry

Exactement sept ans après la mort de Clément Méric, l’extrême-Droite a mené des opérations de casse à Paris et Chambéry afin d’œuvrer dans le sens de la provocation. C’est son rôle que de chercher à produire une fausse actualité alors que la crise s’accentue.

La frange violente de l’extrême-Droite a mené plusieurs attaques le même jour. À Chambéry ce sont les locaux du PCF ainsi que l’espace autogéré L’insolente qui ont été victimes de dégradations. On est ici dans une expression « offensive », car la région dispose de très solides réseaux violents historiquement. C’est un coup de pression visant à maintenir tout un rapport de force.

 

 

À Paris on a été dans une expression « défensive », car en région parisienne l’extrême-Droite a beaucoup de mal et ne s’est pratiquement jamais relevé de la grande offensive du SCALP des années 1980, ainsi que des « chasseurs de skins » et des « redskins ». Le propriétaire du bar attaqué est d’ailleurs un « redskins » historique des années 1980, entre-temps devenu biker après avoir été une figure du syndicat syndicaliste-révolutionnaire CNT.

Le « Saint-Sauveur » est au cœur de Belleville, au cœur du dernier quartier parisien encore largement marqué par une culture de gauche en général et un esprit contestataire parisien « à l’ancienne ». Voici le communiqué du bar.

Le groupe d’extrême-Droite qui a attaqué est tout à fait représentatif de ce qui a émergé ces dernières années à la marge du Rassemblement National. Il s’agit d’une mouvance violente et provocatrice, puisant dans le style « casual » (c’est-à-dire post-hooligan) pour un mélange de nationalisme et de virilisme.

Si l’approche s’imagine être celle du Fascisme italien, on est bien plutôt dans le style espagnol des années 1930 : ultra-minoritaire, à l’ombre d’une extrême-Droite avec une large base et d’autant plus ultra-provocateur, limitation de la démarche au style et au nationalisme anti « système ». Le communiqué du groupe est tout à fait représentatif de la démarche.

Ces groupes accordent une attention précise à leur démarche provocatrice. Ainsi, il y a tout un jeu du chat et de la souris avec les « antifas » ; en l’occurrence, la photographie des « zouaves » après leur attaque a été prise derrière la porte d’Auteuil, dans un endroit isolé où ont coutume de se rejoindre les « ultras » du Paris Saint-Germain.

C’est tout un jeu malsain pour attirer l’attention, avec une copie des styles, des looks, des iconographies, du type d’action, etc. Il s’agit de semer la confusion, de focaliser les attentions, afin d’empêcher qu’on puisse s’orienter et que des méthodes qui n’ont rien à voir avec celles du mouvement ouvrier ou de l’antifascisme historique se diffusent. Un exemple connu est que la police d’écriture historique des fascistes italiens des années 1970 est désormais couramment employée par des « antifas », ce qui se veut une « récupération », mais est en réalité une acculturation.

Le nom du bar attaqué, le Saint Sauveur, provient également d’une chanson du groupe La Souris Déglinguée qui s’est placée historiquement exactement entre les deux fronts, avec une énorme ambiguïté (pas raciste mais d’esprit soldat perdu, nationalisme et anti-communisme mais dans un esprit rocker tourné vers le punk, affirmation de la révolte de la jeunesse, etc.), se résolvant naturellement parfois brutalement dans le public de leurs concerts.

Le but des fascistes est, on l’aura compris, de contribuer à la déformation du contenu de la Gauche, à exciter les attentions et à monopoliser les esprits. C’est tout à fait flagrant alors qu’une crise sans précédent touche la France et va avoir des conséquences immenses.

Le communiqué diffusé par le média d’extrême-Droite « Ouest Casual » souligne également cet aspect, avec un calcul particulièrement intelligent. Il est en effet appelé à être encore plus « radical », à s’opposer au « système ».

Il est joué sur la fierté, sur l’honneur patriarcal, sur la « radicalité »… afin de pousser à la faute, à l’isolement social, au refus de l’Unité de la Gauche. Le communiqué vise autant à donner à l’extrême-Droite une image de « véritable » ennemi du « système » qu’à pousser ceux qui sont ses ennemis à se précipiter dans son piège d’une « course » à la « radicalité ».

Le communiqué est ici un cas d’école et tout à fait représentatif de quelle est l’approche des groupes violents d’extrême-Droite qui, on l’aura compris, cherchent à former une nouvelle vague.

« La descente des Zouaves Paris en plein Ménilmontant a été un vrai moment de plaisir pour tout esprit éclairé qui ne peut pas encadrer la mouvance antifasciste, à juste titre. Au-delà du beau coup de pression qui leur a été mis dans la gueule, cette attaque a dévoilé au grand jour les contradictions et le ridicule idéologique dans lesquels baignent les antifas.
 
On a ainsi pu voir le Vice-président du Sénat se pointer au Saint-Sauveur pour « témoigner de sa solidarité », Jean-Luc Mélenchon partager le statut du leader de L’AFA Marseille prenant parti pour ses copains parisiens, le député LFI Éric Coquerel dénoncer les « fassistes » (sic), et toute une traînée d’autres mange-merdes, députés, élus municipaux, conseillers d’Anne-Hidalgo se répandre en discours larmoyants.
Il y a franchement de quoi ricaner quand on assiste aux déballages de communication de l’Action Antifasciste Paris-Banlieue sur leur pseudo radicalité et leur soi-disant posture anti-système, qui ne trompe plus personne, hormis eux.
 
Cela rappelle curieusement les hommages gênants rendus à Clément Meric au lendemain de sa mort par toute une clique de politiciens, allant du NPA à l’UMP (on se souvient notamment de Nathalie Kosciusko-Morizet se pointant comme une fleur à la manifestation de l’AFA, ou des scènes du Premier Ministre et du Ministre de l’Intérieur, promettant de dissoudre autant de mouvements nationalistes que possible). Sans compter les litanies délirantes des medias dominants à la gloire de Méric, qui a claqué pour avoir pris la confiance face à plus fort que lui.
 
Un jeune bourgeois étudiant à Sciences-Po et ses potes bien blancs agressant un prolo nationaliste d’origine espagnole ? On croirait au début d’une blague, dont la suite est d’ailleurs franchement drôle.
 
On entend d’ici les antifas rétorquer qu’ils n’ont sucé personne pour avoir droit à toutes ces bienveillances politico-médiatiques. Peut-être. Mais on attend encore qu’ils envoient promener tous ces politiciens et ces journalistes complaisants si ce n’est complices, et qu’ils leur signifient que leur solidarité, ils n’en ont rien à carrer. À croire qu’ils trouvent la situation confortable.
 
Alors, malgré les communiqués pitoyables des antifas tentant de transformer une défaite en une semi-victoire, comme l’a si bien dit un de leur pote, « WALLAH LES ZOUAVES PARIS ILS ONT ENCULÉ LE SAINT-SAUVEUR ».
 
Heureusement, le Système est là pour leur mettre du baume sur le fondement, comme d’habitude. »

Il y a ici un piège complet et, malheureusement, on peut se douter qu’il y aura beaucoup de jeunes hommes tombant dedans, se précipitant dedans par méconnaissance, incompréhension (ou même refus) du mouvement ouvrier et des véritables enjeux qu’il y a en réalité.

Mais c’est qu’ici, il faut savoir distinguer l’antifascisme né du mouvement ouvrier (avec le Front populaire français ou l’Action antifasciste allemande des années 1930), des « antifas » des années 2010 qui sont une nouvelle variété d’anarchisme.

 

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Nantes: la CGT a obtenu l’annulation de la venue de Laurent Obertone à la Maison des syndicats

Laurent Obertone a entamé une tournée de dédicace dans le cadre de son dernier roman, en tête des ventes sur Amazon. Dans ce cadre, il devait se rendre ce vendredi 25 octobre à la Maison des Syndicats de Nantes, ce qui bien évidemment a été dénoncé par la CGT comme une provocation et l’événement a été déplacé.

Laurent Obertone est un écrivain ayant fait son fonds de commerce du thème d’une France au bord de la guerre civile entre différentes communautés. De manière racoleuse, il décrit cela dans des romans aux scénarios dignes d’un très mauvais jeu-vidéo des années 2000, qui forcément plaisent à l’extrême-Droite puisque cela sert directement leur mystique nationaliste et identitaire. Il figurait d’ailleurs parmi les invités de la Convention de la Droite du 28 septembre dernier.

Voici le communiqué antifasciste de la CGT nantaise, suivit de la lettre à la Préfecture du Secrétaire général de la CGT Loire-Atlantique :

« COMMUNIQUE DE PRESSE UL CGT NANTES 25 OCTOBRE 2019

Nous avons appris hier après-midi qu’une conférence était prévue à la maison des syndicats de Nantes, de l’essayiste Laurent Obertone, organisée par la librairie Dobrée, connue pour ses accointances avec l’extrême droite.
Ses écrits sont soutenus par Marine Le Pen, Eric Zemmour, Robert Ménard ou Bruno Gollnisch et des publications telles que Fdesouche, Valeurs Actuelles ou Breizh Info.
La venue d’un personnage assimilé à l’extrême droite, dans les locaux de la maison des syndicats, là où se trouvent les plaques mémorielles commémoratives en l’honneur des militants CGT torturés et tués par les barbares nazis il y a bientôt 80 ans, était une véritable provocation.
La CGT a demandé l’annulation d’une telle conférence dans les murs de la maison des syndicats à la Préfecture et interpellé la mairie. Nous avons été entendus.
La CGT se félicite de l’annulation de cette conférence à la maison des syndicats.
Pour autant continuons à lutter contre la propagation des idées de haine d’extrême droite dans la société. Ce lent poison divise les travailleurs au profit du grand capital.
N’oublions pas qu’avant-guerre les grands patrons clamaient « plutôt Hitler que le Front Populaire ».

UNION LOCALE CGT NANTES »

 

« COMMUNIQUE DE PRESSE UL CGT NANTES 25 OCTOBRE 2019

Monsieur le Préfet,

Nous venons d’apprendre la tenue d’une conférence demain soir vendredi 25 octobre de 20 h à 23 h à la maison des syndicats, place de la gare de l’Etat, à l’initiative de l’association des amis de la librairie Dobrée, connue pour ses proximités avec l’extrême-droite. Cette conférence a pour protagoniste l’essayiste Laurent Obertone, dont le travail est centré sur la criminologie, les médias et le multiculturalisme. Ses thèses sont particulièrement influentes dans les milieux d’extrême-droite.

Lors d’une conférence tenue en octobre 2018, Laurent Obertone déconseille l’utilisation du terme « français de souche » car les personnes désignées par cette expression, selon lui, seront bientôt minoritaires. Il relie l’immigration à la montée de l’insécurité, aux maladies et à la baisse du QI des Français. Il fustige le vivre-ensemble selon lui imposé par un formatage de « médias comme Le Monde que personne ne lit » mais soutien l’extrême-droite sur internet comme TV Libertés, cite Charles Maurras, acclame le succès d’Eric Zemmour et espère « que la France ait un Trump ou un Salvini ». Il soutient les implantations de lieux d’extrême droite et identitaires. En décembre 2018, Laurent Obertone participe à un colloque du parti d’extrême droite du Rassemblement National sur « l’ensauvagement de la société ».

Selon France Info, si Laurent Obertone « journaliste fétiche du FN » conteste tout racisme, il soutient que la criminalité est liée à l’immigration et à « certaines communautés » – sous-entendu « communautés africaines » pas « adaptées », de par « leur culture et leur histoire », « au mode de vie occidental ». Il rejette l’antiracisme, le multiculturalisme, le « droit-de-l’hommiste » et considère que « la France attache plus d’importance aux agressions commises à l’encontre des musulmans ou des juifs qu’aux actes de violence contre des « Français de souche ». », opinions qui lui valent le soutien de Marine Le Pen, Eric Zemmour, Robert Ménard et Bruno Gollnisch et de l’extrême-droite sur internet tel que Novopress, Fdesouche, ou Riposte Laïque.
Vous comprendrez aisément que la tenue de cette manifestation dans une salle municipale, qui plus est dans la maison des syndicats, lieu symbolique, n’est pas acceptable pour notre organisation, notamment.

Ce lieu ne peut recevoir l’extrême droite alors que les plaques mémorielles y rappellent le combat et le martyr de nos camarades contre la barbarie nazie et la collaboration de la droite extrême.

Le risque de troubles à l’ordre public est important si cette réunion provocatrice est maintenue.

Plus largement, la CGT demande que cette conférence ne puisse avoir lieu ni à la maison des syndicats ni ailleurs car les thèses défendues sont xénophobes et racistes.

La CGT appellera la population à manifester si cette conférence n’est pas interdite, ce qui serait encourager l’extrême droite déjà décomplexée avec toutes les exactions perpétuées à Nantes depuis quelques années (ratonnades sur le campus universitaire, attaque violente d’un bar nantais, tentative d’homicide à l’arrêt de tram du Chaffault, multiples attaques de militants antiracistes…).

Dans l’attente de votre décision que nous attendons avec intérêt, nous nous tenons prêts à toute initiative pour empêcher en place publique à Nantes les discours haineux et porteurs de troubles sociétaux.

Nous vous prions de recevoir, Monsieur le Préfet, nos salutations distinguées.

Pour la CGT de Loire Atlantique
Fabrice DAVID, secrétaire général »

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PCF: communiqué sur l’exhumation de Franco

Voici le communiqué du PCF à propos de l’exhumation de Franco. C’est là une question démocratique d’une grande importance, non seulement en Espagne, mais aussi dans le monde entier, tant le monstre fasciste menace à nouveau à notre époque.

« Espagne/exhumation de Franco: Persévérer dans l’exigence de vérité, justice et réparation pour les victimes du franquisme

Le Parti communiste français se réjouit de l’exhumation du dictateur Franco de ce véritable « musée des horreurs du franquisme » que représentait le « Valle de los caidos ».

Cette journée souligne avant tout une avancée notoire pour toutes celles et tous ceux qui se sont battus et continuent à se battre pour que la vérité, la justice et la réparation soient rendues à toutes les victimes du franquisme et parmi elles, les dizaines de milliers de combattants antifascistes aujourd’hui encore ensevelis dans les fossés et les tombes.

Comme le soulignent notamment nos camarades communistes espagnols et les autres forces de progrès qui se sont battues pour la démocratie en Espagne, avec les associations et collectifs de mémoire démocratique, cette avancée souligne également le chemin qui reste à parcourir pour éliminer tous les vestiges du franquisme encore présents, mettre fin à l’impunité des crimes contre l’humanité engendrés par la dictature franquiste et faire droit aux exigences de justice et de dignité des disparus et de leurs familles tout en  luttant contre toute réminiscence de l’idéologie franquiste et fasciste dans les institutions. »

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Dissolution du mouvement Bastion social, une victoire du camp démocratique

La dissolution du mouvement Bastion social par l’État français ce mercredi 24 avril 2019 est une nouvelle importante pour toutes les personnes ayant conscience de l’importance du combat antifasciste. C’est indiscutablement une bonne chose, car ce groupe d’activistes d’extrême-droite représentait une menace directement dangereuse pour le mouvement démocratique et populaire en France, notamment à Lyon.

De manière typiquement fasciste, l’idéologie du mouvement Bastion social consistait à prôner une « troisième voie », nationaliste, par rapport au capitalisme et au Socialisme.

Nous avons évoqué ce mouvement à plusieurs reprises dans des articles, et nous l’avions présenté dans un article complet et détaillé en février 2018.

> Lire également : Le “Bastion social” et ses locaux à Lyon, Strasbourg, Chambéry, Aix-en-Provence, Marseille

Organisé autour de ce qui se voulait être des squats d’extrême-droite, sur le modèle de Casapound en Italie, il devait être un mouvement fédérateur de la jeunesse nationaliste radicale, avec pour objectif de constituer des brigades de choc, afin de se confronter, de provoquer.

La dissolution du mouvement Bastion social est donc une victoire, partielle mais réelle, du camp démocratique sur le fascisme. Cela ne sera bien sûr pas suffisant, car seule la classe ouvrière, en portant le Socialisme, peu véritablement écraser le fascisme. Le libéralisme d’un Emmanuel Macron, qui s’avère être par ailleurs un réactionnaire partageant des valeurs de la Droite la plus conservatrice, notamment sur la chasse à courre, ne peut pas grand-chose face au romantisme nationaliste. Il est même évident que cela l’alimente.

Il faut cependant raisonner de manière politique, intelligente, et reconnaître ici à quel point il était juste de voter pour Emmanuel Macron contre Marine Le Pen au second tour de la Présidentielle, justement parce que le gouvernement d’Emmanuel Macron a dissout Bastion social, ce que n’aurait jamais fait Marine Le Pen.

Il ne s’agit pas pour autant d’avoir des illusions sur la capacité d’Emmanuel Macron à mener la bataille qu’il imagine contre le populisme, voire le nationalisme – les déboires de la tête de liste LREM aux Européennes Nathalie Loiseau, concernant sa présence sur une liste d’extrême-droite à une élection étudiante dans sa jeunesse, en dit déjà très long sur tout cela.

Cette dissolution par l’État d’un groupe fasciste est importante, mais elle n’est qu’un aspect partiel, temporaire, à l’efficacité très limitée. C’est un coup porté au fascisme, mais il se renforcera d’une autre manière si la situation ne change pas.

C’est à la Gauche de mener pleinement la bataille contre le nationalisme et le fascisme, de manière unitaire, en assumant les valeurs historiques du mouvement ouvrier. Ce qu’il faut, évidemment, c’est un nouveau Front populaire en France, comme en 1936 !

Voici le communiqué du Ministère de l’Intérieur sur la dissolution du mouvement Bastion social :

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Société

« La France est issue de migrations »

C’est un leitmotiv d’une large partie de la Gauche : la France serait issue de migrations. D’abord, c’est faux, ensuite ce n’est pas cela qui compte, c’est même sans importance.

Diane de Versailles
Diane de Versailles

« La France est issue de migrations », « Nous sommes tous des enfants d’immigrés », nombreux sont les slogans du même type qu’on peut retrouver à Gauche. Les gens qui mettent cela en avant sont tout à fait sincères et très sympathiques dans leurs intentions. Cependant, ils se trompent lourdement.

D’abord, parce que ce n’est pas vrai du tout. La France est une construction nationale et la question est culturelle, économique, sociale, ce qui n’a aucun rapport avec la population de cette nation. Par ailleurs, la population française ne s’appuie pas sur l’immigration, mais sur différents peuples (gaulois, francs, romains, etc.) qui ont fusionné dans un seul peuple. Il y a eu de l’immigration, mais cela date d’après la fusion des petits peuples dans un grand peuple, et qui plus est cela ne concerne qu’une minorité.

Ensuite, parce que cela n’a rien d’antifasciste en soi. Le nationalisme français n’a jamais été ethnique ou religieux. L’armée française en 1914 profitait de soldats des colonies africaines, ainsi que de travailleurs des colonies asiatiques. L’appareil d’État n’est pareillement pas plus intéressé que cela pour savoir d’où viennent les ancêtres de ses membres. Cela est vrai même pour les plus hauts postes : Nicolas Sarkozy a un père hongrois.

L’obsession pour l’identité française est une abstraction de l’extrême-droite et le souci c’est que le slogan selon lequel la France serait issue d’immigration n’en est que la version inversée. Et dans les deux cas, il y a la négation de la problématique réelle, qui est celle de la culture française.

Car la question de fond, c’est la suivante : y a-t-il une seule culture française ? Emmanuel Macron l’a dit plusieurs fois, pour lui, ce n’est pas réellement le cas. Il est sur la ligne post-moderne, post-industrielle, post-nationale : il n’y aurait que des individus, en provenance logiquement d’horizons très divers. Cette position a malheureusement contaminé une large partie de la Gauche.

Il ne s’agit pas ici de sombrer dans les abstractions nationalistes à peine maquillées et utilisant des concepts comme celui de souverainisme. Il s’agit du fait qu’il existe une culture populaire, des valeurs culturelles partagées par toute la population. L’Histoire est passée à travers cette culture, elle s’est exprimée à travers cette culture, et nier cette culture nationale, c’est nier l’Histoire. Et comment changer le pays, si on nie l’Histoire ?

Joachim du Bellay
Joachim du Bellay

On l’aura compris : si la France n’est plus composée que d’individus, s’ils n’ont aucun parcours historique commun, alors pourquoi y aurait-il une mobilisation collective dans un sens historique ? Sans synthèse du passé, aucune projection vers le futur n’est possible.

Le problème qui se pose ici est qu’il y a des gens qui pensent que c’est être ouvert d’esprit que de coincer les immigrés dans l’immigration, de résumer des parcours personnels dans des fétiches ethniques ou religieux. Comme s’il n’y avait pas de culture, de civilisation, de valeurs plus grandes que les particularismes.

Il en va de même pour les régionalismes : on pense bien faire en valorisant des parcours populaires, des éléments culturels négligés. Et on en fait un fétiche, on se met à rejeter l’universel, et on en arrive à démanteler tout principe universaliste.

La Gauche fait face à deux pièges : celui de faire comme les anarchistes et de croire que les nations ne seraient qu’un préjugé et ne transporteraient aucune valeur culturelle, celui de faire comme la Droite qui fait du parcours historique et de ses expériences des fétiches identitaires. Il est difficile de faire la part des choses, c’est évident, mais on ne s’en sortira pas non plus en prétendant que le monde entier est déjà mélangé et qu’il n’y a qu’une seule nation mondiale : ce n’est malheureusement pas le cas.

Espérons que cela arrive le plus vite possible, mais cela ne se produira pas tout seul : il faut vivre les cultures populaires et il faut qu’elles s’échangent. Et pour dépasser les nations, il faut les reconnaître : aller plus loin que le passé pour aller à l’avenir passe par tirer le meilleur du passé.