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Troubles diplomatiques entre l’Ukraine et l’Allemagne sur fond d’accumulation militaire

L’arrivée des troupes continue.

L’Allemagne a vu sa réflexion stratégique posée par la Prusse, et c’est une démarche très machiavélique. Le coup qu’elle vient de jouer est en ce sens tout à fait exemplaire. Pour un Français, c’est surréaliste.

On a donc le chef de la Marine allemande Kay-Achim Schönbach invité par un think tank indien, à Delhi. Il tient des propos qui sont ressortis par quelqu’un ayant opportunément filmé. Et c’est littéralement énorme.

L’accusation occidentale comme quoi la Russie voudrait envahir l’Ukraine est une « ineptie », pourquoi de toutes façons la Russie voudrait-elle un bout de terre en plus? Ce que cherche Vladimir Poutine c’est le respect et il le mérite.

Quant à la Crimée, elle ne retournera pas à l’Ukraine, cette dernière ne peut pas rentrer dans l’OTAN de par sa situation. La Géorgie le peut, mais est-ce que cela serait « smart »? Non, cela ne le serait pas.

Kay-Achim Schönbach ajoute qu’il est un chrétien catholique romain très radical et il préfère un voisin chrétien comme la Russie, même si Vladimir Poutine est athée, car le véritable ennemi c’est la Chine.

Alors que cette vidéo est sortie (et que le chef de la Marine allemande a démissionné après un temps mort), l’information est sortie, même si elle a été démentie de part et d’autre, comme quoi le chancelier allemand Olaf Scholz avait refusé d’aller aux États-Unis pour avoir un entretien avec Joe Biden au sujet de l’Ukraine, son calendrier étant trop chargé !

Et cela s’ajoute au fait que l’Allemagne ne veut pas envoyer d’armes en Ukraine, en raison officiellement de son histoire à la Russie, ce qui bloque également les armes venant d’Allemagne mais arrivées dans d’autres pays, comme l’Estonie, qui veulent les remettre à une tierce partie, en l’occurrence l’Ukraine.

L’Ukraine a très bien compris que l’Allemagne visait à sauver le gazoduc Nordstream 2 et ses bons liens avec la Russie, même en cas d’invasion. Le ministre ukrainien des affaires étrangères Dmytro Kuleba a ouvertement critiqué l’Allemagne et a même convoqué l’ambassadeur allemand Anka Feldhusen.

Il faut comparer cela bien entendu à la position des autres pays. Le Canada vient de faire un prêt de 84,3 millions d’euros à l’Ukraine, la superpuissance américaine vient d’y envoyer cent tonnes de matériel et des formateurs des forces des opérations spéciales, une délégation parlementaire britannique vient de se rendre secrètement sur le front au Donbass.

Et l’ambassade américaine à Kiev va évacuer les familles du personnel diplomatique dès le 23 janvier, les États-Unis considérant que la capitale de l’Ukraine est désormais franchement menacée de par les nouvelles troupes russes en Biélorussie. L’Ukraine a quant à elle placé 120 000 soldats sur la ligne de front au Donbass.

On notera que ces derniers jours, il y a eu de très nombreuses alertes à la bombe dans les écoles de Kiev ; une journée ce furent même toutes les écoles qui furent concernées.

La Roumanie a déployé également des chars et de l’artillerie à la frontière avec la Transnistrie, une région séparatiste pro-russe (qu’une invasion russe dans le Sud de l’Ukraine pourrait rejoindre).

Escalade sur escalade, contradiction entre puissances sur contradictions entre puissances, alors que la crise pousse à la guerre dans la bataille pour le repartage du monde. Sinistre panorama !

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16-17 janvier 2022 : le rêve néo-impérial russe face à une Ukraine porte-avions terrestre de l’OTAN

Le principe de polarisation est essentiel pour saisir ce qui se passe.

En faisant des manoeuvres avec des tanks avec le drapeau national mais également celui de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) du fasciste Stepan Bandera, le régime ukrainien témoigne de la folie qui le caractérise. On nage dans un délire ultra nationaliste, auquel l’OTAN contribue de manière totalement folle.

Pour donner deux exemples concrets, en ce début janvier les médias ukrainiens et les films doivent uniquement être en ukrainien, alors qu’une large partie du pays est russophone. De très lourdes amendes sont sinon de la partie. Et la période de tolérance dans la vie publique est terminée. On ne peut plus accueillir quelqu’un dans un café en lui parlant en russe : le serveur aurait immédiatement une très grosse amende.

L’autre exemple, tout aussi significatif, est la vaste campagne « Kyiv not Kiev », visant à ce qu’au niveau international, on cesse de dire Kiev, qui est le nom venant du russe, pour utiliser le terme ukrainien. L’Agence France Presse vient d’assumer ce changement, qui évidemment n’a aucun sens historiquement puisque le terme de Kiev est utilisé depuis des siècles.

Naturellement, Kyiv a plus de sens, mais là c’est un changement fictif, sur une base nationaliste et même belliciste. C’est la même idée que quand il est réclamé qu’on renomme la Russie Moscovie, car l’Ukraine serait la seule véritable descendante de la Rus’.

Le régime ukrainien est simplement devenu le jouet des pays occidentaux. Il coure au massacre et en plus il en est très satisfait car, comme on le sait, le nationalisme rend aveugle et donne une illusion de toute-puissance.

Les deux derniers jours reflètent cette évolution toujours plus marquée, alors que la Russie continue d’amasser des troupes aux frontières.

Le 16 janvier 2022, à la suite d’un appel téléphonique du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken et du Vice-président de la Commission européenne et Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell, il a été réaffirmé que :

« l’étroite coordination entre l’Union Européenne et les États-Unis quant aux récents développements liés à la Russie et l’Ukraine continuait au plus haut niveau. »

Le même jour, la première ministre finlandaise Sanna Marin a réaffirmé les propos du ministre finlandais des affaires étrangères Pekka Haavisto la veille comme quoi la Finlande ne comptait pas rentrer dans l’OTAN. La Suède par contre a directement appelé les Etats-Unis à envoyer davantage de troupes en Europe et a envoyé des forces spéciales sur l’île de Gotland. On notera que plusieurs drones ont été aperçus en train de survoler des centrales nucléaires suédoises, provocation russe ou bien suédoise pour entraîner l’opinion publique.

Le ministre britannique de la Défense Ben Wallace a réaffirmé à la Russie qu’une intervention en Ukraine serait une « erreur stratégique », alors que les médias ukrainiens ont affirmé que les séparatistes déversaient des produits chimiques pour provoquer un incident, modifiant une information de l’Etat ukrainien comme quoi les séparatistes auraient connu un accident chimique particulièrement polluant.

Le 17 janvier 2022, la ministre des Affaires étrangères canadienne Mélanie Joly a fait un voyage en Ukraine pour soutenir le régime, ayant annoncé son voyage la veille seulement. L’Ukraine est le troisième pays vers lequel le Canada exporte et les exportations ont triplés ces six derniers mois.

Microsoft a annoncé qu’un malware, un programme malveillant, était présent dans tous les services informatiques des agences gouvernementales et les sociétés d’informatique d’Ukraine, soupçonnant un Etat d’être à la manoeuvre. L’ampleur des dégâts est encore inconnue ; l’Ukraine accuse ouvertement la Russie.

Le Danemark a annoncé 125 millions de dollars d’aides à l’Ukraine, alors que les Etats-Unis n’ont cessé à tous les niveaux (Etat, gouvernement, journalistes, hommes politiques) d’affirmer que la Russie préparait une opération de provocation pour justifier une invasion.

La Russie affirme de son côté qu’elle n’a aucune intention d’envahir l’Ukraine, que ses troupes à la frontière sont une réponse aux initiatives de l’OTAN et qu’elles resteront tant qu’il le faudra. On l’a compris il s’agit d’attendre que le nationalisme ukrainien fasse tellement dérailler la situation que l’intervention russe sera légitimée.

Autrement dit, c’est la question du Donbass séparatiste et des gens d’ethnie russe dans l’ensemble de l’Ukraine qui servira de levier à l’intervention russe, au sens où cela sera présenté comme un affrontement entre la « mère Russie » (pas simplement le pays ou la nation mais une sorte de nation-continent-culture) et l’OTAN.

De manière bien plus simple à comprendre, il y a cette vidéo. Elle correspond à la candidature de la ville de Moscou pour l’organisation de l’Exposition universelle de 2030. La Russie y est présentée par l’intermédiaire de Moscou comme jeune, subtile, résolument moderne, totalement à rebours de comment les pays occidentaux voient la Russie et les Russes, considérés comme des arriérés bougons, malpropres et stupides.

C’est très exactement la clef pour comprendre le positionnement russe dans la bataille pour le repartage du monde. La Russie se présente non pas comme un pays, mais comme une Fédération aux valeurs unificatrices par l’intermédiaire du prisme culturel russe, avec comme base l’ethnie russe. C’est l’idéologie de la conjugaison de l’oligarchie russe, qui achète des maisons de luxe à Londres et Vienne en faisant du shopping à Paris et des vacances sur la côte d’Azur, et du complexe militaro-industriel. C’est le rêve néo-impérial russe.

L’OTAN veut ainsi s’imposer avec en toile de fond la superpuissance américaine avec ses vassaux européens, alors que la Russie compte imposer son affirmation néo-impériale. Quant aux peuples, il n’est nullement demandé leur avis, naturellement. C’est très exactement cela la tendance à la guerre à travers les affirmations impériales dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde.

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Politique

Le FC Bandera, un club à l’identité nationaliste ukrainienne à Paris

Une association culturello-politique au service du bandérisme en France.

Il y a en France une population ukrainienne, vivant principalement dans les grandes villes. Celle-ci, comme toutes les minorités nationales en France s’organise culturellement, associativement, dans l’idée de se métisser tout en gardant une part de culture nationale d’origine. Cependant il arrive, comme pour d’autres minorités nationales, qu’il y ait une frange ultra, qui consiste en une expression d’un nationalisme exacerbé. C’est là ce que représente le FC Bandera.

Cette équipe de football parisienne est à la gloire du collaborationniste ukrainien Stepan Bandera. Il est une figure érigée par les ultra-nationalistes ukrainiens en héros national. Elle évolue en Commission Football Loisir, c’est un championnat dans un esprit associatif, de loisir.

Le club de football est aux couleurs de l’UPA (Armée insurrectionnelle ukrainienne) , structure armée pro-nazi, anticommuniste et antisémite. L’UPA a massacré les Polonais en Volhynie, participé aux côtés des nazis à la Shoah, et a tenté de liquider les partisans soviétiques.

Il existe aujourd’hui en Ukraine toute une frange du fascisme ukrainien qui se revendique de Bandera et de son héritage, c’est notamment Pravy Sektor (secteur droit).

Sur le site est fièrement affiché le slogan, le salut en fait, du milieu nationaliste ukrainien: « Gloire à l’Ukraine ! Gloire aux Héros ! » «  Слава Україні! Героям слава! » L’un dit « Gloire à l’Ukraine », l’autre personne répond « Gloire aux héros ».

Les joueurs posent avec le drapeau ukrainien et la bannière bandériste avant les différents matchs disputées en CFL. Le maillot des joueurs est fait par l’équipementier polonais Gera, et le sponsor de l’équipe n’est autre que l’entreprise de BTP du président du FC Bandera, étant lui-même un notable dans la diaspora ukrainienne à Paris.

Sur le groupe Facebook du club il y a plus de 1000 membres, et sur le Facebook personnel du président du club, des partages de l’ancien conseiller du ministère de la Défense qui détient un média suivi en Ukraine, mais aussi de la propagande de Pravy Sektor (le secteur droit). Parmi ses mentions « j’aime », de la propagande nationaliste, des médias pro-américains comme radio svoboda mais aussi des groupes armés comme UNA (Assemblée nationale ukrainienne – Autodéfense ukrainienne).

Le club est une véritable association culturello-politique au service du bandérisme en France, il organise aussi des soirées pour ses membres et des sorties. C’est par le biais culturel que se développe le nationalisme chez ses joueurs.

Cela témoigne bien sûr d’un esprit au sein de la diaspora ukrainienne en France, au-delà du club. Il y a par exemple chaque année les commémorations de l’ « Holodomor » organisées par les nationalistes ukrainiens.

La vision passéiste de l’Ukraine avec la glorification d’un traître à la culture ukrainienne qu’est Bandera ne peut à terme que renforcer l’escalade vers la Guerre en Ukraine, en mobilisant y compris ici, en France, la diaspora ukrainienne vers un nationalisme exacerbé. Cela prépare les Ukrainiens en France à laisser l’Ukraine être un pion au service des États-Unis contre la Russie et ses rêves impérialistes. De fait, en mettant en avant Bandera comme symbole du club, cela l’inscrit dans la lignée des clubs fascistes, et donc militaristes.

Il existe pourtant une culture ukrainienne progressiste et populaire. Les ukrainiens de France ne doivent pas tomber dans le panneau proposer par le club FC Bandera qui n’est qu’une antenne culturelle du fascisme ukrainien. Les peuples d’Ukraine et de Russie sont des peuples amis, ayant une base culturelle commune.Paix entre nous, guerre aux tyrans.

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2022 : la France prend la tête de la force de réaction rapide de l’OTAN

La France est alignée sur la superpuissance américaine.

La France n’est pas une simple alliée des États-Unis. Elle est pleinement actrice du dispositif militaire américain, au moyen de l’OTAN. Cela signifie des engagements très concrets et, pour l’année 2022 l’armée française s’apprête à remplir un rôle majeur au sein de cette alliance militaire. À partir du samedi 1er janvier, elle prend en effet pour un an la tête d’une force majeure de l’OTAN, nommée « Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF) ».

Celle-ci est présentée par le communiqué officiel comme étant la force (le dispositif militaire) ayant le plus haut niveau de disponibilité opérationnelle. Il s’agit d’une force « disponible en permanence et capable de se déployer en quelques jours afin de défendre tout pays de l’Alliance ».

Voici le détail quant à sa composition :

« En 2022, la VJTF se composera d’une force multinationale de plusieurs milliers de soldats. S’appuyant sur le 1er régiment d’infanterie et le 3e régiment de hussards, la Brigade franco-allemande, forte de 3 500 soldats, constituera le noyau de cette force. Dirigée par le Corps de réaction rapide – France, basé à Lille, la Brigade franco-allemande est une unité binationale, qui témoigne du lien solide unissant les deux membres de l’Alliance que sont l’Allemagne et la France.

D’autres pays de l’OTAN, dont l’Espagne, le Portugal et la Pologne, fourniront également des forces. La majorité des unités de la VJTF proviennent de la brigade principale. »

On a donc, en toute opacité, sans aucune information démocratique à ce sujet, des milliers de soldats français (et un commandement militaire français) « placés en état de haute disponibilité opérationnelle » et prêts à être déployés en un rien de temps. Autrement dit, en cas de conflit militaire majeur concernant l’OTAN, la France sera immédiatement en première ligne.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a d’ailleurs bien insisté sur cet aspect, montrant l’engagement total de la France dans l’alliance militaire américaine :

« La Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation contribue de manière substantielle à notre défense collective, et le leadership qu’assure la France est une démonstration forte de son engagement et de ses capacités.

Dans une période où les défis de sécurité sont sans précédent, il ne saurait y avoir aucun malentendu sur la détermination de l’OTAN : nous sommes unis pour défendre et protéger l’ensemble des Alliés ».

Cela est très clair, particulièrement dans le contexte actuel avec l’Ukraine prise en tenaille entre la Russie et les États-Unis, formant une véritable poudrière menaçant d’exploser à tout moment. L’existence même de cette force d’intervention rapide est de toutes manières directement liées à la question ukrainienne, puisqu’elle a vu le jour en 2014 lors du sommet de l’OTAN dit Newport où la question du Dombass était une question principale à l’ordre du jour.

Le communiqué officiel de l’OTAN pour annoncer la direction de la France évoque également directement la question ukrainienne, qui est pour ainsi dire la préoccupation majeure du moment pour les États-Unis, et donc pour l’OTAN. Il est donc expliqué dans le communiqué que cette force a été créée « en réponse aux crises survenues au Moyen-Orient et à l’agression perpétrée par la Russie contre l’Ukraine. »

Voilà qui est très clair. En prenant la tête de cette force pendant un an, la France se retrouve donc pieds et poings liés à la superpuissance américaine, précipitée de manière entière dans la grande bataille pour le repartage du monde. Et potentiellement sur la question ukrainienne, alors que la France vient d’ailleurs de réaliser un court exercice avec la marine ukrainienne, mais sans le dire officiellement de son côté (l’armée ukrainienne elle l’a fait).

Tout en multipliant les allusions bellicistes et pro-américaines.

La France est au premier rang dans le militarisme mondial et est aligné sur la superpuissance américaine pour la bataille pour le repartage du monde. C’est la tendance à la guerre qu’amène inévitablement le capitalisme.

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La Russie lance une « salve » de Zircon le 24 décembre 2021

C’est une vraie partie d’échecs belliciste.

Les troupes russes selon le ministère ukrainien de la Défense, qui considère que la Russie fait encore monter la pression avant une possible offensive

Après avoir été dans les médias le 23 décembre 2021 pour sa conférence de presse, le président russe Vladimir Poutine y est revenu le 24 décembre, pour saluer un événement de portée militaire. Alors que Noël est fêté dans les pays occidentaux, un avertissement leur a été lancé avec le lancement en Russie d’une « salve » de missiles hypersoniques Zircon en Russie. Il s’agit d’un missile de croisière mer-mer ou mer-terre, allant à 10 000 kilomètre à l’heure et pouvant toucher une cible à moins de mille kilomètres. Il peut transporter une charge nucléaire et il est calibré pour avoir une dimension furtive et ne pas apparaître au radar. Il est en effet à vitesse hypersonique dans l’atmosphère, ce qui provoque une nuage de plasma devant lui empêchant les émissions radio.

Un lancement avait également eu lieu le 16 décembre dans la région d’Arkhangelsk, mais sans annonce présidentielle à ce sujet, et naturellement le choix du 24 décembre est significatif. Déjà, parce que l’alerte est maximale quant à une possibilité d’invasion russe de l’Ukraine, les services secrets britanniques parlant justement du 24 décembre comme date possible. Ensuite, parce que c’est la veille des 30 ans de la disparition de l’Union Soviétique, le 25 décembre 1991, avec la démission de Mikhaïl Gorbatchev, remplacé le jour même par Boris Eltsine, le drapeau soviétique cédant la place au drapeau tricolore de l’époque du tsar.

Mikhaïl Gorbatchev a d’ailleurs été interviewé à cette occasion et, alors qu’il est très clairement pro-occidental depuis cette époque, il a accusé les États-Unis de pratiquer désormais « l’arrogance, l’autosatisfaction », le « triomphalisme » ; selon lui, l’élargissement de l’OTAN vise à bâtir un « nouvel empire ». Or, c’est l’agence de presse russe RIA Novosti qui l’interviewait : cela donne le ton actuellement en Russie, où les médias bombardent, entre réalisme et mauvaise foi, au sujet de la menace occidentale.

D’ailleurs, un cocktail molotov a été lancé sur le consulat russe à Lviv, la grande ville de l’ouest de l’Ukraine et bastion de l’ultra-nationalisme ukrainien. Cela a été prétexte à un matraquage russe au sujet d’un « acte terroriste » qui prolonge la « russophobie » du régime ukrainien. La porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a d’ailleurs parlé d’une « croisade contre sa population » du régime ukrainien, avec l’appui de l’OTAN qui a envoyé en Ukraine 10 000 experts militaires, dont 4 000 sont Américains. Elle a également souligné que le régime ukrainien envisageait clairement de régler par la force la question au Donbass.

Autre accusation contre l’Ukraine, un soldat russe a été arrêté par le FSB dans la région de Voronezh et accusé d’être un espion ukrainien. Et on a également une vidéo des « partisans » du groupe « Odessa ville libre » qui a été diffusée, avec la revendication de l’incendie de véhicules de l’armée ukrainienne. C’est là un élément essentiel, en raison de l’horreur qui s’est déroulée là-bas en 2014.

Le groupe « Odessa ville libre » existe depuis 2020 et avait déjà revendiqué l’incendie d’un véhicule d’un dirigeant du « corps national » formé par le bataillon Azov

Odessa est une ville sur la Mer Noire, elle a été fondée en 1794 par une décision de la fameuse impératrice Catherine II de Russie, qui est par ailleurs une Allemande avant son mariage avec Pierre III de Russie, qu’elle fit emprisonné et étranglé, lançant la dynastie des Romanov. Odessa devint rapidement une grande ville portuaire née de l’immigration, la plus grande ville même de l’empire tsariste derrière Moscou, Saint-Pétersbourg et Varsovie, et abritant par la suite la plus importante communauté juive d’URSS.

Odessa, dont les catacombes sont par ailleurs cinq fois de la taille de celles à Paris

Or, le 2 mai 2014, les tenants de l’euro-Maïdan pro-occidental et nationaliste ont pourchassé des partisans de la Russie, qui se sont réfugiés dans la maison des syndicats. Celle-ci a été incendiée, une quarantaine de personnes mourant brûlés vifs. C’est un très grand marqueur des pro-Russie et Vladimir Poutine n’a pas manqué de rappeler cet événement lors de sa conférence de presse du 23 décembre 2021. L’apparition ou plutôt la réapparition du groupe « Odessa ville libre » rentre ainsi exactement dans le faisceau de convergence que monte la Russie : l’Ukraine « russe » serait prête au soulèvement et à se détacher du reste.

Et comme reflet des contradictions entre les grandes puissances, quel navire était présent à Odessa le 24 décembre 2021 ? La frégate Auvergne de la Marine nationale, dans le cadre de la participation française aux activités de l’OTAN dans la région…

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Tout est en place pour le conflit en Ukraine

L’impasse est complète entre les grandes puissances.

Alors que l’Ukraine procède à de nouvelles mises en place de tranchées, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a accusé 120 contractants américains d’avoir installé des dispositifs militaires dans les villages d’Avdeïevka et de Priazovskoïe à la frontière des « républiques populaires » séparatistes, dont des installations sans doute chimiques.

C’est là une accusation très forte, qui reflète globalement de l’avalanche des dénonciations russes à l’encontre de l’OTAN en général et de plus en plus de l’Ukraine en particulier. Vladimir Poutine a également pris la parole lors d’une conférence élargie annuelle du ministère de la Défense. Si l’on regarde bien sur la photographie, on voit que cette conférence a été retransmise à l’ensemble des responsables militaires russes eux-mêmes réunis, ce qui est une « nouveauté ».

Dans son discours, Vladimir Poutine a parlé en général des questions militaires, jusqu’à traiter en détail de la question des salaires. Il remercie les participants, on s’attend donc à ce que ce soit fini… puis il enchaîne.

« Dans une note informelle, j’aimerais ajouter quelques mots à ce que le ministre a dit et à ce que j’ai dit dans mes remarques liminaires.

Tout le monde en parle et, bien sûr, principalement les forces armées.

Je fais référence à nos documents, nos projets de traités et d’accords pour assurer la stabilité stratégique que nous avons envoyés aux dirigeants des États-Unis et de l’OTAN.

Nous voyons déjà que certains de nos détracteurs les interprètent comme l’ultimatum de la Russie. Est-ce un ultimatum ou pas ? Bien sûr que non. Pour rappel : tout ce que notre partenaire – appelons-le ainsi – les États-Unis ont fait au cours des années précédentes, pour soi-disant assurer leurs intérêts et leur sécurité à des milliers de kilomètres de leur territoire national – ils ont fait ces choses dures, les plus audacieuses, sans l’autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU.

Quel était le prétexte pour bombarder la Yougoslavie ? Est-ce que c’était autorisé par le Conseil de sécurité, ou quoi ? Où sont la Yougoslavie et où sont les États-Unis ? Ils ont détruit le pays.

En effet, il y avait un conflit interne, ils avaient leurs propres problèmes, mais qui leur a donné le droit de mener des frappes aériennes contre une capitale européenne ? Personne ne l’a fait. Ils ont juste choisi de le faire, et leurs satellites couraient derrière eux en glapissant.

Voilà pour le droit international.

Sous quel prétexte sont-ils allés en Irak ? C’était l’Irak qui développait des armes de destruction massive. Ils sont entrés, ont détruit le pays, créé un foyer de terrorisme international, puis il s’est avéré qu’ils ont fait une erreur : « Les renseignements nous ont trompé. » Eh bien ! Ils ont détruit un pays.

L’intelligence a échoué – c’est tout ce qu’ils avaient à dire pour justifier leurs actions. Il s’est avéré qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive là-bas. Au contraire, tout avait été détruit comme convenu.

Comment sont-ils allés en Syrie ? Avec l’autorisation du Conseil de sécurité ? Non.

Ils font ce qu’ils veulent.

Cependant, ce qu’ils font, essaient ou prévoient de faire en Ukraine ne se passe pas à des milliers de kilomètres de notre frontière nationale.

C’est à la porte de notre maison. Ils doivent comprendre que nous n’avons tout simplement nulle part où nous retirer.

Il y a des experts ici, assis avec nous, je reste en contact permanent avec eux. Les États-Unis ne possèdent pas encore d’armes hypersoniques, mais nous savons quand ils en auront. Cela ne peut pas être caché. Tout est enregistré, tests réussis ou infructueux. Nous avons une idée du moment où cela pourrait arriver.

Ils fourniront des armes hypersoniques à l’Ukraine et les utiliseront ensuite comme couverture – cela ne veut pas dire qu’ils commenceront à les utiliser demain, car nous avons déjà le [missile de croisière hypersonique] Zircon et pas eux – pour armer les extrémistes d’un État voisin et les inciter contre certaines régions de la Fédération de Russie, comme la Crimée, lorsqu’ils pensent que les circonstances sont favorables.

Pensent-ils vraiment que nous ne voyons pas ces menaces ?

Ou pensent-ils que nous resterons les bras croisés à regarder émerger des menaces contre la Russie ?

C’est le problème : nous n’avons tout simplement pas de place pour battre en retraite. Telle est la question.

Les conflits armés et les effusions de sang ne sont absolument pas notre choix. Nous ne voulons pas que les événements se déroulent ainsi. Nous voulons utiliser des moyens politiques et diplomatiques pour résoudre les problèmes, mais nous voulons au moins disposer de garanties juridiques clairement formulées.

C’est l’objet de nos propositions. Nous les avons consignées sur papier et envoyées à Bruxelles et à Washington, et nous espérons recevoir une réponse claire et complète à ces propositions.

Il y a certains signaux que nos partenaires semblent prêts à travailler là-dessus. Mais il y a aussi le danger qu’ils tentent de noyer nos propositions dans les mots, ou dans un marécage, pour profiter de cette pause et faire ce qu’ils veulent.

Que ce soit clair pour tout le monde : nous en sommes conscients, et cette tournure des événements, ces évolutions, ne fonctionneront pas pour nous.

Nous attendons avec impatience des pourparlers constructifs et significatifs avec un résultat visible – et dans un délai précis – qui garantirait une sécurité égale pour tous.

C’est ce que nous nous efforcerons d’atteindre, mais nous ne pourrons le faire que si les Forces armées se développent correctement.

Au cours des dernières années, nous avons réussi à gérer cela et nous avons atteint un bon niveau de préparation au combat.

J’en ai parlé et le ministre vient d’en faire rapport. Nous avançons à un rythme décent – le genre de rythme dont nous avons besoin.

Il y a des questions qui nécessitent plus d’attention, comme la production, que nous traitons de façon continue. Comme vous le savez peut-être, nous nous réunissons à Sotchi deux fois par an. Pourquoi Sotchi ? Ce n’est pas à cause du beau temps, mais parce que tout le monde s’y rend et que nous éliminons les distractions telles que les affaires de routine et nous concentrons sur l’industrie de la défense et le développement des forces armées.

Ces réunions sont très significatives et efficaces. Je le répète, il y a beaucoup de questions, mais nous sommes au-dessus d’elles. J’espère vivement que nous continuerons à maintenir ce rythme alors que nous progressons dans nos efforts pour assurer la sécurité de la Russie et de ses citoyens.

Merci beaucoup. Bonne année!

L’armée russe doit être prête au combat : tel est le message. La Russie a d’ailleurs rendu public sans médias la sortie d’un nouveau drone de combat, l’Okhotnik, qui fait vingt tonnes. Mais c’est une sorte d’anecdote militariste dans un contexte de guerre : la Russie veut faire reculer l’OTAN, l’OTAN ne veut pas reculer, la Russie n’attendra pas que l’Ukraine rentre dans l’OTAN, l’Ukraine veut forcer pour récupérer le Donbass et la Crimée.

Le tout dans un contexte de crise du capitalisme au niveau mondial, et alors que la Russie a littéralement asséché l’oléoduc Yamal, ayant déjà verrouillé celui passant par l’Ukraine, précipitant le prix du gaz à un niveau inégalé en raison des pénuries!

Tous les phénomènes se combinent, c’est là la nature même d’une crise à tous les niveaux.

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Le G7 prolonge l’OTAN dans l’offensive anti-Russie

L’objectif est de briser la Russie.

Si la Russie continue ses mouvements de troupe, il en va de même pour l’Ukraine qui place toujours plus d’armements offensifs dans la zone de conflit, une chose normalement non permise de par le cessez-le-feu en vigueur. Obusiers automoteur, chars de combat, mortiers automatiques, canons antichars, systèmes d’armes de missiles antichars… Tout cela est listé par les observateurs de l’OSCE, mais absolument aucun média n’en parle, tous se focalisant sur une propagande ininterrompue contre la Russie.

Il faut également à cela des missiles anti-chars FGM-148 Javelin fournis par la superpuissance américaine, sur lequel l’Ukraine a décidé un embargo médiatique. Il y a également un avion de reconnaissance RC-135W Rivet Joint américain passant dans la région, au lieu des traditionnels drones, et la France a pareillement envoyé un avion de reconnaissance. Tout est fait pour permettre l’offensive ukrainienne.

C’est en ce sens qu’il faut comprendre le message des ministres des affaires étrangères du G7 le 12 décembre 2021 :

« Nous, ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni, ainsi que le Haut représentant de l’Union Européenne, sommes unis dans notre condamnation du renforcement de la présence militaire et du discours agressif de la Russie à l’encontre de l’Ukraine.

Nous appelons la Russie à la désescalade, à la recherche de solutions diplomatiques, et au respect de ses engagements internationaux de transparence sur ses activités militaires comme le Président Biden l’a fait dans son appel avec le Président Poutine le 7 décembre.

Nous reconfirmons notre soutien aux efforts de la France et de l’Allemagne au sein du format Normandie pour atteindre la pleine mise en œuvre des Accords de Minsk afin de résoudre le conflit dans l’Est de l’Ukraine.

Tout recours à la force pour modifier les frontières est strictement interdit par le droit international.

La Russie ne devrait avoir aucun doute que toute nouvelle agression militaire contre l’Ukraine aurait des conséquences massives et un coût sévère en réponse.

Nous réaffirmons notre soutien sans faille à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ainsi qu’au droit de tout Etat souverain à déterminer son propre avenir. Nous saluons l’attitude de retenue de l’Ukraine.

Nous intensifierons notre coopération en vue d’une réponse commune et globale. »

Il faut en effet bien voir que ce n’est pas que l’invasion de l’Ukraine qui est ici condamnée, mais bien toute intervention russe en général. En clair, si l’Ukraine tente de reprendre le contrôle des « républiques » séparatistes en lançant une offensive militaire, toute réaction russe sera considérée comme une agression militaire contre l’Ukraine.

Ou, plus exactement comme le dit le document, une « nouvelle agression militaire », car il est considéré que les « républiques séparatistes » sont directement une manipulation russe, à quoi s’ajoute bien attendu l’annexion de la Crimée. L’Ukraine ne parle d’ailleurs pas de « séparatistes » mais de « militaires russes », niant toute existence d’une contestation contre le régime par ailleurs.

Le régime bascule d’ailleurs en ce moment. Depuis 2014, c’est une sorte d’alliance de forces libérales et pro-Union européenne, de partis liés aux oligarques, de forces conservatrices directement pro-OTAN, de forces nationalistes et fascistes se revendiquant de Stepan Bandera qui s’était allié aux nazis.

La Russie parle d’ailleurs d’une Ukraine « fasciste », « banderiste ». C’était totalement réducteur. Mais là les « banderistes » donnent le ton, même s’ils ne dirigent pas directement le pays. Auparavant, saluer la résistance soviétique était interdit, saluer les alliés des nazis autorisé. Maintenant, on passe à une valorisation ultra-nationaliste d’une sorte d’Ukraine mythique qui aurait connu pendant tout le 20e siècle de multiples tentatives d’extermination par la Russie (le « holodomor »).

C’est d’autant plus fort que l’économie ukrainienne est à l’agonie, en raison de la main-mise des oligarques, d’une corruption systématique (jusqu’à avoir son diplôme de médecin), avec 10% d’inflation en 2021, aucun investissement étranger non plus d’ailleurs dans un tel contexte, etc.

Cela en fait d’autant plus le jouet de l’OTAN ou plus exactement de la superpuissance américaine. L’Ukraine est l’outil de la superpuissance américaine dans sa tentative de briser la Russie – qui elle aimerait bien que l’Ukraine redevienne son satellite.

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Ukraine : escalade militaire en mer d’Azov

La course à la guerre se renforce d’une narration victimaire de part et d’autre.

Après la discussion Biden-Poutine du 7 décembre 2021, la Russie et les États-Unis ont présenté les faits de la manière suivante : nous avons fait ce qu’il fallait pour arrondir les angles, nous avons bien discuté, nous ne voulons pas d’escalade, etc.

Pour autant, les renforts militaires n’ont pas cessé tant en Ukraine qu’en Russie, aux frontières des deux pays. On a même eu le ministre de la Défense lituanien venant lui-même dans un avion cargo avec plusieurs millions d’euros de matériel pour l’offrir à l’armée ukrainienne.

La rhétorique accusatrice ne cesse pas. Le 9 décembre, à une réunion du Conseil des droits de l’ homme, le président russe Vladimir Poutine a dit au sujet de l’Ukraine, dans ce qui est une narration justifiant une éventuelle intervention :

« Je dois parler de la russophobie comme d’un premier pas vers un génocide. C’est ce qui se passe en ce moment dans le Donbass, nous le voyons bien, nous le savons. »

Il est tout à fait vrai que le régime ukrainien est nationaliste, ignoble et qu’il a mis en place une nouvelle loi visant à supprimer dans les faits la langue russe. Mais on est ici dans une logique belliciste dans les deux camps. Pour preuve, l’escalade militaire en mer d’Azov, avec un scénario digne de Hollywood.

Voici une image présentant l’Ukraine. La zone à droite en jaune consiste en les « républiques populaires » séparatistes pro-russe, la zone en-dessous en jaune consiste en la Crimée. La mer d’Azov se situe en haut à droite de la Crimée.

Comme on le voit les villes au Sud de l’Ukraine qui ont des port voient leurs navires être placés dans une zone désormais bloquée par la Russie.

On remarquera à l’Ouest les montagnes carpathiques (« carpathians mountains »), un obstacle naturel à la logistique de guerre que la Russie aimerait avoir le plus proche possible de sa frontière, d’où l’importance accordée à la Moldavie (« Mol. »)

Un aspect important consiste ici en le détroit de Kertch, qui est désignée sur la carte suivante par le petit cercle rouge.

Récapitulons : à gauche du détroit, il y a donc la Crimée, occupée et annexée par la Russie, à droite la Russie. Ce qui signifie que la Russie contrôle désormais ce détroit, qui n’est pas fermé, mais il y a donc des exigences administratives russes, des navires de guerre russes dans la zone, etc.

La Mer d’Azov, au-dessus du cercle rouge montrant le détroit de Kertch, fait 39 000 km2

Le 9 décembre 2021, un vieux navire ukrainien – construit en 1969 il servait d’atelier flottant de la marine soviétique – est parti de Marioupol, en haut de la Mer d’Azov, en direction du détroit de Kertch, ne répondant ensuite à aucun appel russe. L’armée russe s’est alors mise en branle, le détroit a été fermé bloquant 80 navires. Le navire ukrainien ne répondait même pas aux signaux des garde-côtes.

Puis, à 18 miles nautiques du détroit (soit 33 kilomètres), il a finalement fait demi-tour, toujours en refusant les contacts. Cet événement est pour le moins étrange, mais il prend tout son sens quand on voit que le nom du navire est… « Donbass ». C’est un message de l’Ukraine à la Russie après la téléconférence Biden-Poutine : nous comptons quoiqu’il arrive récupérer la partie occupée du Donbass.

Les médias russes ont très largement informé de ce fait, mis en avant comme un exemple de provocation. On notera que le même jour, au-dessus de la Mer Noire (juste en dessous de la Mer d’Azov), deux avions de guerre… français ont été interceptés par l’armée russe et « accompagnés ». La même chose s’était déroulée la veille ! C’est dire tout de même de la tension qu’il y a là-bas…

La Russie a alors réagi de la manière suivante. Elle a annoncé le lendemain… des manœuvres militaires avec tirs d’artillerie en Mer d’Azov. Qui commencent immédiatement, et qui durent… un mois. Et qui concernent 70% de la Mer d’Azov. Et qui ont lieu en partie dans les eaux territoriales ukrainiennes…

La réponse russe à la provocation ukrainienne est donc très claire. De toutes façons, les deux camps sont fanatiques et si on rajouter à cela l’OTAN, c’est la compétition de fous pour qui contribuera le plus au déclenchement de la guerre.

De toutes façons, la Russie a, le même jour que l’annonce des exercices (donc le 10 décembre), officiellement demandé à l’OTAN d’annuler l’annonce de 2008 du début du processus d’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN. L’OTAN a refusé dans la foulée. Personne ne recule sur rien, chacun cherche à avoir l’air bien par rapport à son opinion publique, cherchant une faille laissant craindre les pires provocations pour pousser l’autre à la faute.

L’ombre de la guerre continue ainsi de s’étendre et d’obscurcir cette partie du monde. L’Horreur se profile toujours davantage. Le slogan « guerre à la guerre », si important, doit devenir un mot d’ordre essentiel !

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Ukraine : le retour du « scénario cauchemardesque »

Les intérêts impériaux américain et russe s’affrontent jusqu’au bout.

La Russie a affirmé avoir arrêté en Crimée le 2 novembre 2021 trois espions des services secrets ukrainiens (le SBU) avec des armes et des explosifs, et le même jour, Dmitri Peskov, secrétaire de presse du président russe Vladimir Poutine, a clairement expliqué que :

« Le risque d’un conflit armé général dans le Sud-Est de l’Ukraine est extrêmement haut et devient un réel motif d’inquiétude pour la Russie. »

Quant au président biélorusse Alexandre Loukachenko, dans une interview au média russe RIA Novosti, il a expliqué qu’un référendum se tiendrait en Biélorussie le 20 décembre…

« à moins que la guerre ne commence ».

Cela donne le ton et toute solution diplomatique semble définitivement bloquée. La rencontre du 2 décembre 2021 du ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avec son homologue américain Antony Blinken, dans le cadre d’une réunion de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), à Stockholm, a en effet échoué.

Elle n’aura même duré qu’une demi-heure, Antony Blinken tenant même des propos qui normalement n’ont pas leur place dans un cadre diplomatique feutré :

« Si la Russie décide de continuer sur la voie de la confrontation, elle subira de graves conséquences. »

C’est une menace brutale, qui puise sa source dans le fait que la superpuissance américaine a les cartes en main. Cette image proposée par l’ambassade russe en Grande-Bretagne est totalement caricaturale, mais elle a sa part de vérité : l’Ukraine est utilisée comme pion par la superpuissance américaine (ainsi que par la Grande-Bretagne) pour étendre sa zone d’influence et de contrôle.

On notera que cette caricature représente de manière stéréotypée l’Ukraine sous les traits d’un cosaque à la Taras Boulba simplet et dépassé par les événéments.
Ce genre de représentation est typique de la propagande expansionniste russe anti-ukrainienne, les Ukrainiens étant considéré comme incapable de raisonnement autonome par rapport au grand frère russe.

La rumeur bien informée veut d’ailleurs que la véritable négociation entre les ministres américain et russe des affaires étrangères avait eu lieu la veille, à l’occasion d’un dîner organisé par la diplomatie suédoise. La mésentente serait allée jusqu’à « l’hostilité ».

La Russie rappelle sa ligne rouge : l’OTAN doit affirmer qu’elle n’intégrera pas l’Ukraine et doit cesser de placer des armements à ses frontières. Les Etats-Unis répliquent qu’ils n’en ont rien à faire. Les Etats-Unis exigent que la Russie cesse d’intervenir directement ou indirectement en Ukraine, la Russie répond qu’elle n’en a rien à faire. La confrontation est objectivement inévitable, et si on ajoute à l’arrière-plan la crise mondiale en raison de la pandémie, la tendance à la guerre l’emporte.

Les dés semblent donc jetés et la question n’est même plus de savoir qui va tirer le premier, car la confrontation est déjà choisie. Reste à mettre en place une narration suffisante pour avoir une image de victime acculée.

D’où les propos très défensifs du ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans son discours de neuf minutes le 2 novembre à l’OSCE, comme quoi on était en train de revenir au « scénario cauchemardesque » de la confrontation de l’époque de la guerre froide, mentionnant notamment la possibilité de missiles intermédiaires placés en Pologne (et en Roumanie) et visant la Russie.

D’où la déformation complète de ces propos, les médias occidentaux récitant à tue-tête que Sergueï Lavrov menaçait l’Europe d’un « scénario cauchemardesque ».

Soulignons d’ailleurs un fait très simple. Voici une carte faite par le média ukrainien nv.ua au sujet des armées russes et pro-russes (sont pris en compte la Biélorussie et le Donbass). C’est énorme, bien sûr.

115 000 soldats, 40 bataillons de groupes tactiques, 1200 tanks, 2900 véhicules blindés, 1600 pièces d’artillerie, 28 systèmes de missiles, 330 avions, 240 hélicoptères, 75 navires, 6 sous-marins (on notera que la liste compte les soldats des « républiques » séparatistes comme intégrés dans l’armée russe)

Mais, inversement, il y a la moitié de l’armée ukrainienne dans le Donbass, soit 125 000 soldats!

La Russie peut attaquer l’Ukraine, c’est un fait. Il y a peu de soldats pour une offensive massive… Mais l’aviation militaire ukrainienne est très faible numériquement et a technologiquement deux générations de retard. La supériorité aérienne russe amènerait une destruction des bases, des principes infrastructures et de la logistique ukrainienne en 72 heures grand maximum.

Tout comme l’Ukraine peut attaquer les deux « républiques » séparatistes, alors qu’elle ne cesse d’utiliser son artillerie par ailleurs et qu’elle aussi cache ses installations militaires aux missions de l’OSCE censés superviser un « cessez-le-feu » dans le Donbass.

Bombardement (les petits points lumineux dans le ciel) de Dokuchaevsk, village de la « république » séparatiste de Donetzk, par l’armée ukrainienne le 2 décembre 2021

Donc, si la Russie est expansionniste, l’Ukraine est forcenée aussi en tant uqe bras armé d’une superpuissance américaine qui s’empresse en ce moment de fermer toutes les portes diplomatiques et d’attiser les braises. Rappelons ici les propos du 30 novembre 2021 du secrétaire de l’OTAN, Jens Stoltenberg :

« La russie n’avait pas de veto, aucun droit d’interférer dans le processus [d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN] ».

Et le président finlandais Sauli Niinistö en a rajouté une couche en disant de son côté que l’adhésion de son pays à l’OTAN était une option et que cela ne regardait pas la Russie.

Tout cela est de la folie. Et cela devient une folie aux proportions toujours plus meurtrières.

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Guerre

Ukraine : la Biélorussie interviendra en cas de guerre

La confrontation englobera toute la région.

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a expliqué le 29 novembre 2021 qu’il n’était pas au courant d’une opération russe de l’invasion de l’Ukraine et que, s’il y avait un plan en ce sens, il serait au courant. Puis il a expliqué que si l’ouest provoquait une guerre à la frontière occidentale de la Russie, la Biélorussie ne resterait pas passive, et il était tout à fait clair quant au camp qu’elle choisirait. Ces propos ont été tenus alors qu’il était en uniforme militaire dans le cadre d’une rencontre avec les plus hauts représentants de l’armée.

Ont en même temps été annoncé des manoeuvres militaires Biélorussie-Russie à la frontière avec l’Ukraine.

C’est là bien entendu une contribution puissante à la tendance à la guerre. Et c’est aussi une réponse à l’OTAN. L’élargissement de l’OTAN vise en effet directement à asphyxier la Biélorussie et la Russie. Et Alexandre Loukachenko a raison de dire que s’il y a une guerre régionale, alors l’Union Européenne perdra sa substance en étant amené à s’aligner sur l’OTAN sous l’impulsion américaine.

La superpuissance américaine et la Grande-Bretagne poussent l’Ukraine à la guerre de manière littéralement fantasmatique. Et cela marche, de par la base nationaliste agressive du régime ukrainien. Ainsi, l’Ukraine bombarde comme jamais les territoires séparatistes en ce moment.

Et le président ukrainien Volodymyr Zelensky a joué avec le feu. Le 26 novembre 2021, il répondait à « trente questions pour le président », une émission durant cinq heures. Et comme en passant, il a expliqué qu’un coup d’Etat était prévu le premier décembre. Il en a profité pour accuser un oligarque historiquement proche de la Russie, Rinat Akhmetov, de relever d’une guerre contre l’Ukraine.

Cela a provoqué un gigantesque scandale en Ukraine, alors qu’en plus les médias ayant eu accès à l’émission étaient restreints. Et au milieu de tout cela, le président ukrainien a limogé le 29 novembre 2021, Alexander Rusnak, le chef du département de contre-espionnage des services secrets ukrainiens, le SBU. Autant dire que cela ajoute de l’huile sur le feu d’une ambiance ukrainienne explosive.

Pour ajouter dans le délire, il y a des fous furieux cherchant à se rendre « intéressant ». Il y a les nationalistes qui mènent des opérations incessantes ces derniers jours (destruction filmée d’une stèle en l’honneur de combattants face à l’invasion nazie, attaque d’un bar gay, etc.). Il y a un ancien ministre ukrainien des affaires étrangères, Vladimir Ohrzyko, qui explique que l’Ukraine est préparée à attaquer la Russie à coup de missiles sur des villes et des centrales nucléaires. On a un journaliste ukrainien, Iouri Boutoussov, qui se filme en tenue de soldat en train d’utiliser un obusier pour tirer sur les territoires séparatistes, afin de « venger les morts de l’holodomor » (suivant la théorie que les Russes auraient voulu pendant cent ans génocider les ukrainiens).

Du côté russe, on n’est pas en reste. Il semble que des troupes spéciales aéroportées soient en place et actives dans les territoires séparatistes. Leur rôle est de procéder comme sapeur pour préparer le terrain en cas d’offensive russe. Difficile d’en savoir plus car il existe une mission de l’OSCE afin de procéder à des inspections, mais leur accès aux deux parties est de plus en plus difficile voire impossible ces derniers jours. Il y a d’ailleurs un avion ayant survolé le Donbass… ce qui est normalement interdit. On ne sait pas à quel camp il appartient, les deux camps accusant l’autre.

Il y a également la zone frontalière de la Russie avec l’Ukraine passée sous la coupe des militaires ; elle est fermée à part pour les habitants qui doivent passer des checkpoints. Et l’armée procède encore et encore à l’envoi de matériel à l’ouest. Il y a l’annonce subite le 30 novembre 2021 d’un entraînement de 10 000 soldats à côté de l’Ukraine… Avec également, le même jour l’annonce d’une réunion le soir même du président russe Vladimir Poutine avec les plus hauts responsables militaires et ceux des services secrets.

Il a même attendu une éventuelle prise de parole de Vladimir Poutine à minuit! C’est dire à quel point l’atmosphère est irrespirable, alors qu’en plus ces derniers jours les hauts responsables russes ne cessent de dire que l’Ukraine va tenter une provocation. Ce qui est largement possible, alors que son économie s’effondre littéralement et qu’il y a pénurie de gaz et de charbon…

L’OTAN s’est également réuni le 30 novembre 2021, pour évoquer les sanctions à prendre en cas d’offensive russe. Bref, c’est comme si tout semblait prêt au grand jeu de massacre. Sur le dos principalement du peuple ukrainien, voire de la nation ukrainienne qui risque de se faire dépecer.

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Culture

Résumé sommaire du parcours historique de l’Ukraine

Une début d’approche pour qui se tourne vers ce pays.

  1. L’Ukraine a la même origine que la Biélorussie et la Russie : la Rus’ de Kiev, un État slave qui a existé au moyen-âge avant de se faire écraser par l’invasion mongole. Il y a un grand dénominateur commun entre ces trois pays, les « trois sœurs ».
  2. Contrairement à la Pologne (avec une composante litanienne) et la Russie cependant, l’Ukraine n’a pas formé d’État et s’est retrouvé coincée entre ces deux puissances s’affrontant (la Pologne parvient même momentanément à prendre le contrôle de la Russie). A cela s’ajoutent les invasions tatars. L’Ukraine est alors grosso modo devenu un terrain de passage pour des soldats et en réaction apparaissent les cosaques luttant contre les uns et les autres, comme le raconte le fameux roman de Gogol, Taras Boulba.
  3. Finalement, l’Ukraine passe sous la coupe russe dans une sorte d’accord conte la Pologne et les Tatars, devenant une « petite Russie » victime du chauvinisme russe dans l’empire tsariste. L’Est du pays connaît en même temps une immigration russe, voire une colonisation, avec une grande influence de la langue russe.
  4. Une intense affirmation nationale ukrainienne a lieu au 19e siècle, avec comme principale figure Taras Chevtchenko. La révolution russe d’Octobre 1917 permet ensuite la reconnaissance de l’affirmation de la nation ukrainienne : le pays est reconnu tel quel, la langue est enfin développée, la culture se développe, etc.
  5. L’affirmation nationale ukrainienne a eu une tendance à tourner au nationalisme, qui est réprimée mais se réaffirme pendant la seconde guerre mondiale avec un mouvement nationaliste s’alliant aux nazis sous l’égide de Stepan Bandera.
  6. La victoire sur les nazis permet une récupération des territoires ukrainiens encore possédés par la Pologne et la Tchécoslovaquie. Ils sont historiquement les plus éloignés de la culture russe et du mouvement ouvrier, formant le bastion des ultra-nationalistes.
  7. L’effondrement de l’URSS amena l’indépendance de l’Ukraine, qui devint un satellite de la Russie. Le pays est dominé par des oligarques comme en Russie, mais étant en plus soumis à la Russie, il est totalement corrompu, l’économie s’effondre, etc.
  8. Le développement de l’OTAN dans l’Est de l’Europe ainsi que des entreprises occidentales amènent la formation d’un camp pro-occidental en Ukraine. Se tourner en Europe apparaît comme un espoir de développement dans un pays gelé socialement, économiquement, culturellement.
  9. En 2012-2014, une vague de révolte qui fut appelée Euromaïdan amène le renversement du régime pro-Russie. Elle est portée par les gens en ayant assez de la corruption et de l’oppression, par le camp pro-occidental qui prend le contrôle, par les petites mouvances anarchistes et par les puissants mouvements ultra-nationalistes.
  10. Une partie tout à l’Est du pays fait alors sécession en formant des « républiques populaires » de Donetzk et de Louhansk, dans un soulèvement armé touchant toute la région. La Russie en profite pour annexer la Crimée.
  11. Le nouveau régime interdit tout ce qui est relatif à l’URSS et promet le nationalisme le plus agressif, alors que les « républiques populaires » mêlent nostalgie de l’empire soviétique et nationalisme russe.
  12. En 2020-2021 les États-Unis font passer l’Ukraine dans leur orbite et poussent le pays à une adhésion à l’OTAN et à l’affrontement avec la Russie, tandis que cette dernière vise toujours à en faire un satellite de nouveau, sinon à au moins en annexer une partie.

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Guerre

Escalade en Ukraine: la France se lance dans la sinistre partie

La France s’aligne sur l’OTAN.

Le 20 novembre 2021, le média institutionnel russe RT, dans sa version anglophone, a publié un article d’un universitaire norvégien intitulé… « La guerre Russie – OTAN devient toujours plus inévitable ». C’est un message d’une agressivité très claire. Naturellement, l’article dit que la situation est imposée par l’expansion de l’OTAN – ce qui est une partie de la vérité. Même s’il n’y avait pas l’expansionnisme russe, l’OTAN vise de toutes façons à faire tomber la Russie. Pour cela, l’Ukraine sert littéralement de porte-avions et l’OTAN ne cesse d’envoyer du matériel, de fournir des instructeurs militaires, etc.

Le président russe Vladimir Poutine a tenu un discours portant notamment voire principalement sur ce sujet, le 18 novembre 2021, au ministère russe des Affaires étrangères. Il a expliqué que l’OTAN cherchait la confrontation et qu’elle ne portait pas attention aux inquiétudes russes quant à son élargissement en Europe de l’Est. Les « lignes rouges » dont il avait parlé récemment ne sont prises en compte que de « manière superficielle » et il a souligné l’importance de ce qui se passe en mer Noire.

« Nos partenaires occidentaux aggravent la situation en livrant des armes modernes et létales à Kiev et en menant des exercices militaires provocants en mer Noire et dans d’autres régions proches de nos frontières, a déclaré le président russe. 

En ce qui concerne la mer Noire, cela dépasse vraiment certaines limites. Des bombardiers stratégiques volent à 20 kilomètres de nos frontières et transportent, comme on le sait, des armes très dangereuses. »

Et que fait l’École de guerre française dans la foulée ? Elle annonce que vient d’avoir lieu une simulation d’une intervention de l’armée française dans la région de la mer d’Azov, c’est-à-dire en mer Noire (la mer d’Azov, peu profonde, est imbriquée entre différents pays depuis la mer Noire). C’est une affirmation ouverte du militarisme français, avec un alignement sur l’OTAN et un soutien au militarisme du nationalisme ukrainien.

De leur côté, les médias américains considèrent que la guerre est prévue pour janvier (plus ou moins au plus tard) et qu’en tout cas il est clair et net qu’en l’état de la situation, il y aura un conflit.

Il faut bien saisir ce que cela implique. Vu le degré de conflictualité, il est clair alors que la Russie visera à récupérer toute la partie orientale de l’Ukraine, là où les locuteurs russes sont majoritaires, et encore au sens le plus large possible, puisqu’il s’agit d’aller jusqu’à la Transnistrie et de protéger tout le flanc nord de la Crimée.

L’idée est qu’en effet l’Ukraine va basculer dans l’Otan, donc autant jouer le tout pour le tout. Les troupes russes qui s’accumulent à la frontière avec l’Ukraine rendent cette hypothèse tout à fait plausible… Plus que plausible. Il faut ici rappeler que pour la Russie, l’Ukraine n’existe pas en tant que nation et que le texte de Vladimir Poutine à ce sujet doit même être étudié par les soldats.

Le massacre à la tronçonneuse de l’Ukraine espéré notamment par le courant « eurasien« 

Dans tous les cas, l’Ukraine est une nation qui serait la première victime de la guerre. Aux mains des nationalistes et d’une sorte de couche capitaliste ultra-bureaucratique dans un pays pauvre et entièrement corrompu, elle bascule dans le giron américain, avec en face une Russie qui ne reconnaît pas la légitimité de son existence.

Et il est devenu clair que la France est devenue partie prenante et qu’elle n’est plus dans l’attentisme comme l’est l’Allemagne, qui aimerait ménager la Russie. La France espère la défaite de la Russie et s’aligne pour profiter du gâteau. C’est de l’impérialisme comme à la veille de 1914.

Il faut que tous les partisans de la Gauche historique saisissent l’importance de ce qui se déroule et joue le rôle d’aiguillon pour faire progresser les consciences dans ce moment dramatique de l’Histoire. Ce n’est pas pour rien que personne – à part agauche.org – n’aborde ce thème. C’est trop brûlant, c’est trop essentiel, il y a trop de choses en jeu.

C’est justement de là qu’il faut partir (et non pas y arriver péniblement en constatant qu’il y a une guerre, ce que feront les populistes et l’ultra-gauche qui vivent dans leur bulle, déconnectés de la réalité, totalement hors-sol). L’Histoire existe et elle a une ampleur immense. Qui n’est pas à la hauteur est condamné intellectuellement, moralement, politiquement, culturellement, psychologiquement, physiquement même, de par l’ampleur des désastres.

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Ukraine et Donbass séparatiste : les mysticismes « romantiques »

Le fascisme est une idéologie ici hautement développée.

Lorsqu’il y a eu la guerre civile en Yougoslavie, l’extrême-Droite a été très partagée. Certains sont partis rejoindre les forces armées serbes, d’autres les forces croates. On peut résumer la différence de sensibilité comme suit :

– la Serbie avait une identité nationale bien identifiée, il y avait une forte dimension conservatrice avec l’Eglise orthodoxe, voire étatique-autoritaire avec un Etat fort déjà en place ;

– la Croatie était une nation posant une indépendance avec d’autant plus d’idéalisme et par conséquent on pouvait plaquer dessus beaucoup de rêves.

La même césure s’est déroulée au moment de la crise dans le Donbass. Certains activistes d’extrême-Droite ont rejoint les pseudos « républiques populaires », parce que c’était l’Eglise orthodoxe, la Russie sacrée avec ses rêves impériaux, l’idée d’un continent eurasiatique comme puissance mondiale. C’est ici un romantisme à la fois religieux et impérial. L’article L’expansionnisme russe anti-ukrainien et sa base idéologique «eurasienne» présente de manière incontournable cette idéologie.

En voici un exemple aussi avec une vidéo d’un Français ayant rejoint les forces armées séparatistes et s’étant converti au catholicisme orthodoxe, exposant à travers une chanson mystique – chevaleresque sa vision du monde.

Ceux qui sont partis en Ukraine ont un autre profil. Déjà, il ne faut pas tant parler de volontaires militaires que de cadres politiques rejoignant l’idée d’une Ukraine comme base pour un nationalisme européen. On parle ici de visites, de fréquentations, d’échanges d’expérience, d’inspiration. On est ici aussi dans la mystique national-socialiste extrêmement puissante en Ukraine en raison des multiples organisations fascistes et de l’idéologie de l’Etat ukrainien, qui valorise Stepan Bandera, qui s’était allié aux nazis pendant la seconde guerre mondiale pour tenter de former une Ukraine fasciste.

Il y a ainsi un Français qui a été arrêté en Ukraine en 2015 alors qu’il comptait revenir avec 125 kilos d’explosifs et 5 fusils d’assaut (il a été condamné à six ans de prison pour terrorisme, la justice française y voyant par contre un simple trafiquant d’armes…). Il y a surtout le groupe de metal « Peste Noire » qui est régulièrement valorisé en Ukraine, de mouture identitaire, nihiliste et élitiste (qui ne correspond pourtant pas du tout à l’idéologie national-socialiste « populaire » voire « basiste » promue en Ukraine).

Si l’on veut vaincre le fascisme, il faut avoir conscience de ces idéologies, notamment de leur rôle en France dans la réactivation de l’extrême-Droite, dans la cristallisation de son idéologie. Mais ce n’est pas tout : le fascisme a besoin de porter un faux romantisme, un romantisme idéaliste, pour parvenir à concurrencer la Gauche historique et lui enlever sa base.

Cela, bien entendu, la gauche caviar ne le voit pas en raison de ses préoccupations gouvernementales, tout comme la gauche kebab des « antifas » dans leur version d’ultra-gauche ne le comprennent pas, car leur camp est finalement celui des libéraux et des turbocapitalistes. Ceux-là sont finalement bien souvent autant opposés à l’extrême-Droite qu’à la Gauche historique.

Cependant, les gens portant les valeurs de la Gauche historique ne doivent pas perdre cela de vue. Il s’agit de changer la vie et d’être à la hauteur de la promotion d’un idéal amenant tous les êtres humains à changer dans le plus profond de leur être. C’est une humanité nouvelle qui est à l’ordre du jour.

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L’Ukraine au bord du gouffre

L’escalade régionale amène une situation intenable.

Cela fait quelques jours que les Etats-Unis déversent l’information qu’il existe un mouvement de troupes russes en direction de l’Ukraine. Cette dernière prétend de son côté qu’il n’y a pas de mouvement de troupes et que c’est une intox russe. Les Etats-Unis ont pourtant maintenu le cap et intensifient de manière très forte leur accusation, parlant désormais d’invasion russe comme réelle menace, comme pour préparer l’opinion publique, alors que l’Ukraine amène elle-même depuis plusieurs jours des composantes armées près des pseudos « républiques populaires » du Donbass, dont de l’artillerie lourde.

Qui plus est, il y a quelques jours, Dmytro Iaroch a été nommé nommé conseiller du commandant en chef de l’armée ukrainienne. On parle ici du chef historique du « Secteur Droit », l’une des principales organisations fascistes ukrainiennes. Le drapeau du « Secteur Droit » flotte d’ailleurs sur le barrage devant le village de Staromarievka repris il y a quelques jours aux « républiques populaires » séparatistes. Ce sont les couleurs historiques des fascistes pro-nazis durant la seconde guerre mondiale.

On notera d’ailleurs qu’il existe une véritable organisée des fascistes ukrainiens de se massifier dans les académies militaires. Et sur les réseaux sociaux, Dmytro Iaroch a posté le message suivant à ses partisans nationalistes le 10 novembre 2021, notamment les « volontaires nationaux » dont il a été le responsable officiel dans l’armée :

« Il est possible que dans un avenir proche, votre expérience et votre potentiel militaire, de combat, organisationnel et humain, votre forte motivation et votre position d’État soient à nouveau nécessaires à l’Ukraine »

De la même manière, en Pologne l’opinion publique est chauffée à blanc contre la menace d’invasion russe et biélorusse. Il a même été annoncé que le nombre de soldats de l’armée polonaise devait bientôt pas moins que doubler! C’est dire le militarisme en cours. L’armée polonaise doit passer à 250 000 hommes (au lieu de 110 000), comme l’a annoncé le premier ministre Jaroslaw Kaczynski parlant des vélléités « impériales » russes.

Le 11 novembre était d’ailleurs le jour de l’indépendance polonaise, avec par conséquent traditionnellement des fortes mobilisations nationalistes, notamment de l’extrême-Droite, et également une allocution télévisée très offensive du président Andrzej Duda. Car il y a bien entendu la problématique migratoire actuelle, la Biélorussie ayant littéralement importé et laissé passé de nombreux migrants qui s’amassent dans des conditions sordides à la frontière polonaise, avec des interventions en série des militaires, garde-frontières et policiers polonais pour les bloquer.

C’est un drame humain qui se joue, avec des migrants encore une fois utilisés comme outil de déstabilisation. L’Ukraine envoie d’ailleurs de son côté 8 500 soldats à sa frontière avec la Biélorussie, alors que cette dernière a annoncé que ses frontières étaient désormais surveillées par son aviation et celle de la Russie. Le président biélorusse Alexandre Loukashenko a menacé également de fermer le gazoduc Yamal-Europe, qui alimente depuis la Russie à la fois la Pologne et l’Allemagne, alors qu’ont été immédiatement stoppées les négociations pour que l’Ukraine importe du charbon biélorusse après que la Russie ait il y a quelques jours cessé les siennes. L’Ukraine a demandé à la Slovaquie de l’aider pour l’électricité et espère une aide américaine.

Le chef de la « république populaire » de Donetzk, Denis Pouchiline, a de son côté affirmé le 11 novembre que :

« Nous devons nous préparer, nous préparer et nous préparer à la détérioration de la situation en première ligne. »

Il a également annoncé le même jour l’intégration de la « doctrine russe » dans la constitution : le Donbass serait russe, la langue doit être le russe, l’Eglise orthodoxe est un pilier national russe, etc. C’est là conforme aux volontés russes d’annexion de ce territoire ukrainien.

La Russie a par ailleurs dénoncé la présence de navires de guerre de l’OTAN en mer Noire, alors qu’il y a le 12 novembre 2021 une réunion des dirigeants des ministères des Affaires étrangères et de la Défense de la France et de la Russie à Paris en marge d’une conférence internationale sur la Libye.

Tout cela est catastrophique, comme expliqué depuis le départ avec les articles sur le conflit Russie-Ukraine. On est dans un contexte de crise et on marche littéralement à la guerre, à grande vitesse. La bataille pour le repartage du monde a déjà commencé et l’engrenage littéralement impérialiste accélère son rythme.

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Guerre

Donbass : offensive ukrainienne avec pour la première fois l’emploi d’un drone

La déstabilisation est massive.

C’est la première fois qu’en Europe un drone est employé dans un conflit armé. Le grand précédent a eu lieu dans le Caucase, dans le cadre de la guerre indirecte entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie en 2020, avec la seconde guerre du Haut-Karabagh entre l’Azerbaïdjan et l’Artsakh, la rébublique séparatiste arménienne. Les drones ont été décisifs pour la victoire de l’Azerbaïdjan. Par la suite ils ont été employés en Afrique du Nord, en Libye, pareillement de manière décisive pour les forces pro-turques.

Dans le cas du Donbass, il faut penser que la ligne de front ressemble à un mélange de la zone interdite autour de Tchernobyl et les tranchées de la guerre de 1914-1918. Il y a un statu quo marqué par des tirs de snipers, des tirs d’artillerie, le déploiement de mines et des opérations de déminages, le tout dans un décor plus ou moins post-apocalyptique.

L’affrontement est limité par ce qu’on appelle le protocole de Minsk du 19 septembre 2014, d’ailleurs renforcé en juillet 2020. L’emploi de certaines armes est interdit et elles sont censées se trouver à au moins 30 kilomètres. Ce n’est évidemment pas vraiment respecté. L’Ukraine a cependant franchi un cap en employant le 26 octobre 2021 un drone d’un haut niveau de technicité, un Bayraktar TB2 acheté à la Turquie, afin de bombarder un parc de chars, un obusier et un dépôt pétrolier.

L’utilisation du drone a été confirmée par le chef d’état-major de l’armée ukrainienne, Valery Zalujny, alors que le facebook de l’armée ukrainienne a même publié une vidéo de l’opération. Il n’est parlé que de l’opération contre des obusiers, à la suite de bombardements (où un soldat ukrainien a été tué et un autre blessé), le drone n’ayant officiellement « pas franchi la ligne de contact ».

La nuit précédente avait également eu lieu une démonstration de force avec des tirs de mortiers, d’artillerie, de lance-grenades sur toute la ligne de front. Il y a même eu une offensive dans la « zone grise » entre l’Ukraine et les « républiques populaires » du Donbass, l’Ukraine récupérant le village de Staromaryevka. L’OSCE qui surveille le « cessez-le-feu » depuis des années parle de 205 violations en 24 heures.

C’est là ainsi une offensive ukrainienne, avec un processus d’escalade. Pour donner l’ambiance en Ukraine, on peut penser aux propos d’Alexeï Arestovitch, représentant ukrainien au sein du groupe trilatéral sur le Donbass, expliquant que son pays travaillait à des missiles pour être en mesure d’atteindre Moscou, ou bien le décapitation d’une statut de soldat soviétique à Lviv, une ville à l’ouest du pays qui relève du bastion nationaliste ukrainien.

Il y a également, voire surtout, l’annonce prochaine de l’établissement d’une commission dédiée partenariat stratégique américano-ukrainien. C’est le ministre des affaires étrangères Dmytro Kuleba qui l’a annoncé le 27 octobre 2021, le lendemain de l’emploi du drone. Le nationalisme ukrainien et la superpuissance américaine cherchent l’escalade.

La Russie a de son côté dénoncé une violation de l’accord de Minsk, épaulée par l’Allemagne qui a fait la même accusation. C’est que la mise en place du gazoduc germano-russe Nord-Stream 2 doit bientôt entrer en fonctionnement et il s’agit de tout faire pour qu’il n’y ait pas d’obstacle à ce niveau.

C’est tout à fait une situation comme avant 1914, avec un jeu des puissances et des nationalismes, du militarisme et des vélléités impérialistes.

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Culture

Pale Swordsman, album black metal de Këkht Aräkh

Këkht Aräkh est un groupe de black metal ukrainien assez atypique et dont le dernier album, Pale Swordsman, a connu un certain succès. Le groupe est composé d’une seule personne et existe depuis peu : le premier enregistrement publié remonte à 2018, suivi du premier album quelques mois après.

Këkht Aräkh

Deux choses rendent Pale Swordsman remarquable : le piano et l’atmosphère romantique-médiéval / vampire.

L’album commence avec une langoureuse mélodie au piano en guise d’introduction. Avec son bruit de fond de vieux vinyl et ses quelques accords de guitares, saturés, l’ambiance est posée : une sensation d’être hors du temps et transporté dans un château médiéval, niché sur une colline, l’appel de la nuit… Arrive ensuite du black metal façon Norvège des années 1990, plus proche du réel hommage que de la fade copie, enveloppé dans cette atmosphère propre à Këkht Aräkh.

Le reste de l’album se compose de chansons de black metal brut et froid d’un côté, et de passages instrumentaux au piano – ou à la guitare. Côté black metal, les riffs sont simples sans être simplistes et les morceaux construits avec finesse. Tout se mélange à merveille et le chant, mélancolique, agonisant, colle parfaitement à l’ambiance générale.

De leur côté, les morceaux au piano comme l’introduction, Nocturne ou Swordsman permettent de poser cette ambiance et de nous replonger dedans avec force lorsque le black metal reprend, comme la transition prenante de Nocture à Amid the stars.

Sur le plan esthétique, Pale Swordsman se démarque par ses paroles : les tourments, les aspirations et les regrets d’un personnage, que l’on devine être un vampire. L’album n’est pas une succession de morceaux composés et alignés indifféremment : il s’agit d’un tout, avec une ambiance et un style qui lui sont propres. Dans une interview, l’artiste derrière Këkht Aräkh explique ainsi :

Je pense être romantique, dans une certaine mesure, oui. Mais ce n’est pas seulement une question d’amour et de romance dans le sens que nous lui donnons habituellement. Je pense souvent profondément aux choses dans le monde, au bien et au mal. A propos du mal fou auquel nous faisons face ici et là. Que ce soit au sujet de notre vie humaine, ou encore de choses plus fondamentales qui arrivent dans la Nature que nous considérons comme allant de soi.

Et l’amour et la joie pures qui ne peuvent être atteints dans ce monde, et qui doivent donc l’être uniquement dans notre imaginaire. Cette tragédie, que je ne peux supporter, est le moteur principal de ma créativité. Et l’ambiance particulière que ces anciens groupes norvégiens portaient correspond à cet état d’esprit.

En période de trouble, on se raccroche à ce qui exige authenticité et Pale Swordsman fait des œuvres artistiques auxquelles se raccrocher avec force : se plonger tout entier dans cet univers si particulier, le temps de ne plus être seul. C’est un romantisme qui a ses limites, mais il a la dignité de poser des sentiments et des émotions, dans un monde où c’est rejeté au profit de la superficialité et de l’égo.

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Guerre

Montée des tensions entre la mer Noire et le Golfe Persique en passant par la Transcaucasie

La ligne de front des conflits est immense géographiquement parlant.

Cela barde de plus en plus dans tout un arc de confrontations allant de la mer Noire au Golfe persique, en passant par la Transcaucasie. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, après avoir changé de ministre de l’Intérieur (qui trustait cette position depuis de longues années), a remplacé le ministre de la défense, le chef d’Etat-major, le commandant des forces aériennes d’assaut et celui des forces opérant dans le Donbass.

Et un opposant biélorusse, Vitali Chychov, a été retrouvé pendu en Ukraine, laissant planer bien sûr l’intervention des services secrets biélorusses, alors qu’inversement une opération de propagande est menée avec une athlète biélorusse « fuyant » le Japon pour éviter d’avoir à retourner dans son pays, où des problèmes l’attendraient en raison de sa critique de l’équipe technique des Jeux Olympiques.

Autrement dit, cela n’arrête pas. Et, désormais, il semble que l’Iran soit arrivé de manière directe dans la ligne de mire occidentale. Israël, les États-Unis et le Royaume-Uni accusent en effet ce pays d’avoir mené une attaque faisant deux morts, au moyen de drones contre le pétrolier japonais Mercer Street, battant pavillon libérien, géré par une société britannique, appartenant à un milliardaire israélien.

Le ton israélien et britannique est particulièrement violent concernant l’exige d’une réplique occidentale collective. En réalité, cela fait des mois que l’Iran et Israël mènent des attaques contre des navires, au moyen de drones, de mines, de saboteurs, etc.

Mais vu avec attention, la montée des tensions s’explique aisément. Comme en Ukraine, il s’agit de cibler un régime favorable à la Chine, là-bas la Russie de Poutine, ici l’Iran islamique chi’ite. À chaque fois, il s’agit de puissance moyenne en terme industriel et militaire, avec un régime fragile, voire bancal concernant l’Iran.

En Ukraine, la pression était retombée du fait de l’échec, relatif, du bloc britannico-américain à entraîner les pays capitalistes de l’Union européenne dans un conflit ouvert contre la Russie. En particulier, l’Allemagne s’était opposée à un tel conflit du fait de ses intérêts propres et de sa stratégie allant dans le même sens que « l’Eurasianisme » promeut par le régime de Moscou.

Concernant Iran, le bloc britannico-américain peut compter sur le ralliement de l’Arabie saoudite et des Émirats, ainsi que sur celui d’Israël, qui sont chauffés à blanc face à l’Iran, sur lequel sont projetés toutes les difficultés internes. Dans ces pays, une large propagande entretient depuis des années une hostilité ouverte contre l’Iran avec des accents militaristes et chauvins toujours plus poussés.

Pour autant, le ralliement des pays de l’Union européenne n’est pas là non plus garanti, avec la France notamment, qui entretient d’importantes forces navales et aériennes dans le secteur, aux Émirats et à Djibouti en particulier, ne se montre pas favorable à un conflit ouvert et reste pour le moment alignée sur l’Allemagne.

C’est cet arrière-plan général qui aide à comprendre la pression qui s’exerce sur les pays de la Transcaucasie, en particulier l’Arménie et l’Azerbaïdjan, et dans une moindre mesure la Géorgie.

Parce que, effectivement, toute cette partie du monde a été transformé en poudrière.

C’est vrai en particulier pour une Transcaucasie qui participe avec engouement à cette vaste confrontation, dont les intérêts la dépasse, mais qui appuie localement les régimes ou les tendances militaristes et nationalistes chauvines, constituant plus largement des factions ralliées à tel ou tel bloc impérialiste, et pensant ainsi en profiter pour « tirer les marrons du feu ».

L’Azerbaïdjan est ici le pivôt de ces enjeux tragiques. Son régime corrompu, tenu par le clan Aliev, l’entraîne à toutes les compromissions et toutes les aventures.

De fait, l’Azerbaïdjan est poussé à la fuite en avant nationaliste. Le pays a bien tenté ces derniers mois d’exister sur la scène internationale par les compétitions sportives en mode démagogique : grand prix de F1 à Bakou, tenue de matchs de la coupe d’Europe de football, participation aux championnats d’échecs, etc… mais aucune de ces tentatives n’a suscité d’entrain populaire.

Les réseaux sociaux azéris, plus libres que les médias en termes de contrôle de la parole, ont vu fleurir ces derniers mois les critiques acerbes contre la corruption du régime et son caractère cosmopolite décadent, au point même que la presse arménienne a pu largement contribuer à diffuser toutes les nouvelles permettant de discréditer le régime.

Bien sûr, cela se heurte au fait que le plus grand titre de gloire d’Ilham Aliev est l’écrasante victoire obtenue sur l’Arménie, en particulier la reconquête symbolique de Chouchi/Shusha.

Bloqué sur toutes les autres voies, le régime ne cesse ainsi de radicaliser sa position face à l’Arménie et multiplie les provocations et les tentatives d’intimidation contre son voisin. Malgré la position officielle, qui voudrait que la question du Karabagh serait réglée pour Bakou, la propagande chauvine et raciste anti-arménienne ne cesse ainsi de gagner en ampleur.

Et les accrochages meurtriers à la frontière Arménie-Azerbaïdjan ont été nombreux.

De l’autre côté, en Arménie, Nikol Pashinyan est parvenu à se maintenir au pouvoir malgré la défaite, sur la même ligne nationale-libérale. Il faut voir que l’ancien régime militariste pro-russe est très largement déconsidérée dans la population, notamment la jeunesse, mais aussi que Nikol Pashinyan a révisé ses positions en partie.

D’un côté, il s’est aligné officiellement sur Moscou, réclamant même que les frontières avec l’Azerbaïdjan soient désormais gardées par l’armée russe, comme le sont déjà les frontières avec la Turquie. C’est là quelque chose de très clair.

La position militaire de la Russie dans le secteur n’a pour cette raison jamais été aussi forte.

Mais de l’autre, il poursuit néanmoins sa politique pro-européenne : multipliant les accords avec l’Allemagne, notamment en terme de liaison aérienne, et avec la France, en terme de coopération militaire. L’immense ambassade des États-Unis à Yerevan se fait aussi plus active.

En résumé, on a donc un Azerbaïdjan puissant, grand acheteur d’armements et où s’ouvre d’immenses chantiers délirants en terme de BTP financés à coup de pétrodollars, avec tout un projet devant faire de Chouchi/Shusha une ville moderne à l’équipement complet en terme d’infrastructures.

La Turquie notamment cherche à s’y faire une place, voire à satelliser l’Azerbaïdjan, mais elle est dépassée en terme de capitaux par les moyens de l’Allemagne et de ses alliés, notamment la Suisse et l’Autriche, soucieux de renforcer leurs positions dans ce pays.

La Suisse est de fait un élément clef de toutes les finances d’Azerbaïdjan, qui vient d’ailleurs d’ouvrir un bureau commercial en Israël.

L’Arménie de son côté n’est qu’une bonne affaire que chacun soutient en vue de faire pression sur Bakou afin de pousser le régime à toujours plus de dépendance, de militairisme et de corruption, entraînant l’Arménie sur la même pente.

Mais avec la confrontation ouverte qui se dessine entre le bloc britannico-américain et les pays favorables à Pékin, Russie et Iran notamment, la situation risque bien de virer du tragique à l’apocalyptique.

L’Iran a annoncé la semaine passée sa volonté d’intervenir au Karabagh pour assurer la paix, afin d’éviter que l’Azerbaïdjan ne bascule trop nettement dans le camp occidental, ou du moins afin de verrouiller la situation, là aussi en instrumentalisant l’Arménie contre Bakou.

Il faut voir que pour Téhéran il y a là une question essentielle : tout le nord du pays autour de Tabriz consiste en une zone turcophone traditionnellement instable, voire hostile, qui est d’ailleurs l’Azerbaïdjan historique, le pays nommé aujourd’hui « Azerbaïdjan » n’en étant que le prolongement Transcaucasien.

Il faut également souligner que l’Afghanistan, en proie à un désastre depuis sa conquête par la superpuissance soviétique en 1979, est en train de tomber de nouveau aux mains des Talibans, avec pour le coup cette fois un appui chinois.

Toute offensive ouverte dans le Golfe persique contre l’Iran aura donc nécessairement des répercussions dramatiques en Transcaucasie d’un côté, vers l’Afghanistan de l’autre, et dans tous les cas notamment sur l’Arménie, dont l’existence ne tient de plus en plus qu’aux intérêts instables et aux manœuvres machiavéliques des puissances engagées dans ces conflits.

Il n’y a là pourtant aucun « plan » justement, c’est littéralement le sac de nœuds et l’issue, c’est la guerre et le déchirement de la région, tout cela pour satisfaire les intérêts des grandes puissances.

Et la clef, ce qui décide de la tendance générale, c’est l’affrontement entre la superpuissance américaine et son challenger chinois.

Les autres affrontements sont ce même affrontement, indirect et oblique, avec comme objectif de « bloquer » l’influence de la Chine et de ses soutiens plus ou moins alignés sur un front coupant le Proche-Orient sur cet axe mer Noire-Golfe Persique d’une part et d’autre part dans le Pacifique.

Le long de ces « fronts » la superpuissance américaine et ses alliés allument des foyers de tensions visant à multiplier les crises et à fragiliser toujours plus Pékin, alors que la Mer de Chine devient un point névralgique. L’Allemagne vient d’ailleurs d’y envoyer une frégate d’attaque et l’Inde envoie elle quatre navires de guerre de première ligne.

Le dispositif de guerre, avec des visées impériales, s’installe de manière plus forte, plus complexe, et comme avant 1914, les masses sont aveugles encore… d’où la nécessité, comme à l’époque, d’assumer les fondements de la Gauche historique et de présenter cette actualité, de la dénoncer, de la combattre!

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Guerre

L’Allemagne choisit la Russie, les Etats-Unis cèdent sur l’Ukraine

L’Allemagne a réussi à revenir au centre du jeu dans le conflit Russie-Ukraine.

Test le 19 juillet 2021 du missile de croisière hypersonique russe Tsirkon

« Trahison » : voici comment le journal Kyiv Post – un média fondé aux États-Unis traitant de tout ce qui concerne l’Ukraine avec une ligne pro-occidentale agressive – résume la visite de la chancelière allemande Angela Merkel aux États-Unis. En effet, le président américain Joe Biden a fini, contrairement à certaines attentes, par céder et à accepter l’existence du Nord Stream 2, un gazoduc germano-russe passant par la mer Baltique, doublant le Nord Stream 1 déjà existant.

Or, la principale conséquence est que les gazoducs venant de Russie passaient jusqu’ici principalement par l’Ukraine, et perdent leur importance. L’un des éléments importants donnant de la valeur à l’intégrité territoriale ukrainienne aux yeux des pays européens disparaît.

Les gazoducs provenant de Russie

Les 1200 km du gazoduc Nord Stream 2 étaient en passe d’être terminés, mais les États-Unis avaient bien insisté pour dire que ce n’était pas une raison et qu’il était encore temps de l’arrêter. L’objectif américain était d’isoler la Russie ; stopper Nord Stream 2 quasiment terminé, c’était établir une détermination sans faille contre la Russie, réaliser un vrai bloc européen.

L’opération a échoué. En Allemagne la bataille interne, très remuante, a tourné à la victoire des tenants de l’affirmation hégémonique, contre une soumission – intégration aux États-Unis. Le choix a été fait d’exiger la mise en place de Nord Stream 2. Comme le constate l’éditorial du Monde du 23 juillet 2021, c’est toute la diplomatie européenne dans son opposition à la Russie qui tombe à l’eau.

Le désarroi ukrainien est, de fait, très grand. Il y a peu le pays était sur des charbons ardents, gonflé à bloc, prêt à en découdre avec la Russie en s’estimant soutenu par toute l’Union européenne et les États-Unis. Fin juillet, le pays se retrouve clairement comme un pion qui a été plus ou moins abandonné.

Officiellement, bien sûr, ce n’est pas le cas. Victoria Nuland, la numéro trois du département d’État américain, a résumé comme suit l’accord germano-américain du 21 juillet 2021 :

« Si la Russie devait tenter d’utiliser l’énergie comme une arme ou commettre d’autres actes agressifs à l’égard de l’Ukraine, l’Allemagne s’engage, dans cet accord avec nous, à prendre des mesures au niveau national, et à faire pression pour des mesures efficaces au niveau européen, y compris des sanctions pour limiter les capacités d’exportation russes vers l’Europe dans le secteur énergétique. »

Si les choses se passent rapidement sur le terrain, un tel engagement ne signifie pourtant pas grand chose, l’Ukraine le sait bien.

De toutes façons, l’Allemagne, la principale puissance européenne, décidera comme elle l’entend. C’est d’autant plus vrai que toute l’Europe de l’Est et du Sud dépend du gaz russe. L’Allemagne et son satellite autrichien ont donc vite fait de prendre partie.

Et si l’accord russo-ukrainien sur le transit du gaz finit en 2024 et si l’accord germano-américain prévoit que l’Allemagne soutienne la reconduite du contrat pour dix ans, cela veut simplement dire que l’Allemagne compte passer à l’offensive pour littéralement faire passer sous sa coupe toute cette région du monde, en partenariat avec la Russie.

On peut ainsi constater ici que la vaste offensive de l’OTAN contre la Russie, si puissante il y a quelques jours, quelques semaines, vient de se voir mettre en échec par les contradictions germano-américaines. On a ici un moment clef avec une affirmation profondément agressive de l’Allemagne comme grande puissance avec des visées hégémoniques.

La Russie a accompagné ce processus de manière prononcée.

Le 16 juillet 2021, à Tachkent en Ouzbékistan, les ministres des affaires étrangères chinois et russe, Wang Yi et Sergueï Lavrov, se sont rencontrés, soulignant l’entente sino-russe et son opposition à une « stratégie indo-pacifique » emplie d’une « mentalité de Guerre froide ». Sergueï Lavrov a mis en valeur que :

« Les relations sino-russes sont à leur meilleur niveau dans l’histoire et elles ne constituent pas une alliance militaro-politique similaire à celles forgées pendant la période de la Guerre froide, mais un nouveau type de relations bilatérales. »

Le 19 juillet s’est tenue une réunion sur le développement stratégique russe et le premier vice-Premier ministre russe Andreï Belousov a affirmé que le transit maritime par l’Arctique passerait de 1,3 million de tonnes en 2020 à 30 millions de tonnes en 2030.

Le même jour a eu lieu le test d’un nouveau missile hypersonique, Tsirkon, lancé depuis la frégate Admiral Gorshkov contre une cible de surface à 350 km. Tsirkon a atteint Mach 7. Ce missile de croisière, dont la vitesse maximale est Mach 8 (10.780 km/h), peut parcourir 600 kilomètres à une moyenne de 6 000 km/h ; il doit équiper tous les sous-marins et tous les navires de surface de l’armée russe.

L’armée russe a également mis en place l’étude systématique par son personnel de l’article sur l’Ukraine du président russe Vladimir Poutine. Rappelons que l’existence de l’Ukraine comme nation indépendante y est niée.

Et lors du Salon international aérospatial MAKS 2021, s’ouvrant le 20 juillet 2021, l’armée russe a présenté le Soukhoï Su-75, surnommé Checkmate. Ce chasseur de haute qualité, sorte d’équivalent low cost du Rafale français, doit être produit à partir de 2025 pour être exporté. C’est un élément essentiel dans une politique hégémonique que d’être capable de fournir du matériel de guerre à ses satellites.

Le Soukhoï Su-75

La Russie a donc réussi à échapper à une offensive de l’OTAN et à renverser la partie par l’intermédiaire de l’Allemagne. Désormais, elle redevient la menace principale dans la région, avec clairement un risque pour l’unité territoriale ukrainienne.

Et la tension principale se déplace. Il est évident que les États-Unis entendent éviter deux fronts. Une seconde réunion au sommet américano-russe a d’ailleurs été mis en place en urgence et doit se tenir dans quelques jours ; comme celle du 16 juin 2021, elle se tiendra à Genève.

Il faut donc désormais porter une attention significative à la mer de Chine, puisque l’affrontement sino-américain direct redevient, comme sous Donald Trump, l’aspect principal. Et déjà le 20 juillet le Royaume-Uni a annoncé le déploiement permanent de deux navires de guerre en mer de Chine…

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Avertissement russe au Royaume-Uni et grand ménage intérieur ukrainien

Les plaques tectoniques continuent de se mouvoir.

Le 14 juillet 2021, Mikhail Popov, secrétaire député du Conseil de Sécurité de la Russie, a abordé la question de l’incident avec le navire de guerre britannique HMS Defender, en Mer Noire, dans les eaux de la Crimée (conquis à l’Ukraine par la Russie et annexée). Dans une interview accordée à la Rossiiyskaya Gazeta, un média institutionnel, il a donné un grand avertissement :

« Des actions similaires seront contrecarrées à l’avenir par les méthodes les plus dures de la part de la Russie, quelle que soit l’allégeance étatique du contrevenant. Nous suggérons à nos opposants de bien réfléchir à la pertinence d’organiser de telles provocations compte tenu des capacités des forces armées russes. »

Il a spécifiquement nommé deux figures institutionnelles britanniques, le premier ministre Boris Johnson et le secrétaire d’État aux affaires étrangères Dominic Raab, abordant ouvertement le sort des soldats britanniques :

« Ce ne sont pas les membres du gouvernement britannique qui seront à bord des navires et navires utilisés à des fins de provocation. Et c’est dans ce contexte que je veux poser une question aux mêmes Boris Johnson et Dominic Raab – que diront-ils aux familles des marins britanniques qui seront blessés au nom de si « grandes » idées? »

C’est là un avertissement très clair.

Du côté ukrainien, il y a eu un événement capital, puisque le ministre de l’Intérieur Arsen Avakov  a été débarqué. Il faut s’imaginer ce que cela peut représenter, en prenant compte les faits suivants au sujet de Arsen Avakov :

– il était ministre de l’Intérieur depuis 2014 ;

– il a été nommé dans le gouvernement provisoire issu de la révolte de l’Euromaïdan ;

– il a survécu à des dizaines de scandales, de protestations contre lui ;

– la Garde Nationale de 60 000 hommes et des dizaines de bataillons de volontaires mis en place étaient sous sa direction directe, notamment le fameux bataillon Azov, lui-même étant lié au dirigeant nationaliste Andriy Biletsky ;

– il accompagnait souvent l’actuel président ukrainien Volodymyr Zelensky au début de sa présidence et jouait un rôle essentiel dans la politique ukrainienne comme représentant de la ligne offensive anti-russe.

On peut pratiquement parler de coup d’État, dans le prolongement de l’exigence américaine de mettre au pas les oligarques. La grande question actuellement en Ukraine est de connaître le prochain rôle d’Arsen Avakov.

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Guerre

Les discours de rupture Russie-Ukraine

Chaque pays dénie l’existence de son voisin, servant la guerre.

C’est secondaire en ce qui concerne la menace internationale de guerre, mais il est important de se pencher sur les discours servant à légitimer la guerre. La Russie et l’Ukraine, depuis quelques semaines, développent un discours fanatique. Aux yeux de la Russie, l’Ukraine n’existe pas, ce sont de vagues paysans russes en périphérie. Pour l’Ukraine, la Russie est un monstre avec laquelle elle n’aurait jamais eu de rapport. Ce sont des visions fantasmagoriques, intenables heureusement pour les populations russe et ukrainienne. C’est cependant un véritable danger.

Le 12 juillet 2021, le président russe Vladimir Poutine a publié un long article intitulé « Sur l’unité historique des Russes et des Ukrainiens ». Initialement, il constate bien que les Ukrainiens n’ont pas choisi de s’aligner sur la Pologne devenant catholique, qu’ils sont restés dans le style slave orthodoxe, dans la perspective russe historique, d’ailleurs née à Kiev, la capitale de l’Ukraine actuelle.

Puis, il affirme que la Russie a été volée par les bolcheviks, qui ont arraché l’Ukraine pour en faire une entité fictive. Il faut se rappeler ici que l’ukrainisation organisée par les bolcheviks est la base même de l’affirmation nationale ukrainienne, étant donné que le pays était auparavant totalement réprimé par le Tsar. La reconnaissance nationale de l’Ukraine par les bolcheviks est inacceptable pour Vladimir Poutine qui regrette clairement l’ancien tsar.

« Dans les années 1920 et 1930, les bolcheviks ont activement promu la politique d' »indigénisation », qui a été menée en RSS d’Ukraine sous le nom d’ukrainisation. Il est symbolique que dans le cadre de cette politique, avec l’assentiment des autorités soviétiques, M [ykhaïlo]. Hrushevsky, l’ancien président de la Central Rada, l’un des idéologues du nationalisme ukrainien, qui a jadis bénéficié du soutien de l’Autriche-Hongrie , est retourné en URSS et a été élu membre de l’Académie des sciences.

« L’indigénisation » a incontestablement joué un grand rôle dans le développement et le renforcement de la culture, de la langue et de l’identité ukrainiennes. Dans le même temps, sous couvert de combattre le soi-disant chauvinisme des grandes puissances russes, l’ukrainisation était souvent imposée à ceux qui ne se considéraient pas comme Ukrainiens. 

C’est la politique nationale soviétique – au lieu d’une grande nation russe, un peuple trinitaire composé de Grands Russes, de Petits Russes et de Biélorusses – qui a consolidé la disposition sur trois peuples slaves distincts au niveau de l’État : russe, ukrainien et biélorusse.

En 1939, les terres précédemment saisies par la Pologne sont restituées à l’URSS. Une partie importante d’entre eux est annexée à l’Ukraine soviétique. En 1940, une partie de la Bessarabie, occupée par la Roumanie en 1918, et le nord de la Bucovine sont entrés dans la RSS d’Ukraine. En 1948 – l’île aux serpents sur la mer Noire. En 1954, la région de Crimée de la RSFSR a été transférée à la RSS d’Ukraine – en violation flagrante des normes juridiques en vigueur à l’époque.

Je parlerai séparément du sort de la Russie subcarpatique, qui, après l’effondrement de l’Autriche-Hongrie, s’est retrouvée en Tchécoslovaquie. Une partie importante des résidents locaux étaient des Rusynes. On se souvient peu de cela maintenant, mais après la libération de la Transcarpatie par les troupes soviétiques, le congrès de la population orthodoxe de la région a appelé à l’inclusion de la Rus subcarpatique dans la RSFSR ou directement dans l’URSS – en tant que république distincte des Carpates. Mais cette opinion des gens a été ignorée. 

Et à l’été 1945, il a été annoncé – comme l’écrit le journal « Pravda » – l’acte historique de la réunification de l’Ukraine transcarpathique « avec sa patrie de longue date – l’Ukraine ».

Ainsi, l’Ukraine moderne est entièrement le fruit de l’ère soviétique. Nous savons et nous nous souvenons qu’il a été créé dans une large mesure aux dépens de la Russie historique. Il suffit de comparer quelles terres ont été réunies à l’État russe au XVIIe siècle et avec quels territoires la RSS d’Ukraine a quitté l’Union soviétique.

Les bolcheviks considéraient le peuple russe comme un matériau inépuisable d’expérimentations sociales. Ils rêvaient d’une révolution mondiale qui, à leur avis, abolirait complètement les États-nations. Par conséquent, les frontières ont été arbitrairement coupées et de généreux « cadeaux » territoriaux ont été distribués.

 En fin de compte, ce qui a guidé exactement les dirigeants des bolcheviks, coupant le pays, n’a plus d’importance. Vous pouvez discuter des détails, du contexte et de la logique de certaines décisions. Une chose est claire : la Russie a en fait été volée. »

Conclusion : l’Ukraine doit revenir à la Russie et Vladimir Poutine donne comme exemple de rapport… celui des États-Unis et du Canada modèle, celui de l’Allemagne et de l’Autriche. C’est ni plus ni moins qu’un appel à une satellisation, à une pseudo-indépendance.

Du côté ukrainien, on n’est pas en reste. Le ministre de la réintégration des territoires temporairement occupés d’Ukraine, Oleksiy Reznikov, a affirmé que 500 000 Russes se sont installés en Crimée depuis l’annexion en Russie : ils seront expulsées par la force une fois le territoire repris. On peut comprendre la logique de la démarche, cependant l’approche est uniquement militariste : il s’agit de faire de la Crimée une sorte de vaste base militaire anti-russe.

D’où la nouvelle loi sur les minorités nationales, plus précisément sur les peuples indigènes d’Ukraine. On parle ici des Tatars de Crimée, des Karaïtes et des Krymchaks. Il s’agit de trois communautés turcophones de Crimée, les deux dernières consistant en des petites communautés juives de moins de deux mille personnes. Voici un exemple de ce que donne culturellement les Krymchaks.

La reconnaissance des cultures est une bonne chose, si elle vise à l’échange, à la fusion, mais malheureusement l’Ukraine fait clairement cela pour s’allier à la Turquie et lancer une opération commune de récupération de la Crimée. C’est la reprise de ce qu’avaient tenté avec un certain succès l’Allemagne nazie (puis la Turquie pro-américaine juste après 1945), aboutissant à la déportation de 180 000 Tatars de Crimée à l’intérieur de l’Union Soviétique.

L’Ukraine fait ainsi d’une pierre deux coups. La loi sur les indigènes permet d’accentuer le rapprochement avec la Turquie.

Et la loi sur les indigènes n’intègre pas les Russes du pays et ne protège donc pas leur langue, visant à casser tout lien avec la Russie. La langue russe est désormais chassée de l’éducation, des médias et des entreprises. Cela ne peut pas être unilatéral bien sûr de par le poids du russe à travers le pays, principalement dans la partie orientale (d’ailleurs le buteur de l’euro Artem Dovbyk s’est fait réprimandé pour avoir répondu en russe à une interview lors de l’euro 2020 cet été 2021).

On notera qu’il y a également ici une question slave qui est en jeu. Après la scission silencieuse tchèque-slovaque, l’affrontement meurtrier croate-serbe, la cassure entre la Russie et l’Ukraine marquerait la destruction définitive d’une aire culturelle.