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Écologie

La journée du sympathisant d’AVA Bretagne dans le coma après plusieurs agressions

Le collectif AVA Bretagne a produit un document très précis relatant la journée de Frédéric, le sympathisant agressé par des veneurs, qui est dans le coma depuis 12 jours maintenant. Cela est très important, car en face le discours des défenseurs de la chasse à courre est très offensif et très organisé.

AVA Bretagne, déclinaison locale du collectif Abolissons la Vénerie Maintenant, avait annoncé la semaine dernière l’agression très violente de l’un des leurs, qui a finit sa journée à l’hôpital, plongé dans le coma après une ultime agression.

Cette information, très grave, a été complètement passée sous silence, car les partisans de la chasse à courre ont réussi à semer le trouble en diffusant massivement leur propre version des faits. Ils se présentent eux-mêmes comme des victimes et nient toute implication directe. Il y a pourtant un contexte, local et national, où les violences et les pressions contre les membres d’AVA sont régulières. Il faut se souvenir de la saison passée où, tout de même, un membre du collectif voyait sa tête placardée sur les présentoirs d’un journal local dans presque tous les commerces de l’Oise, avec des propos calomnieux et très hostiles à son égard. Les vidéos partout en France d’attitudes violentes de la part de veneurs sont récurrentes.

Mais ce n’est pas tout. Comment se fait-il, dans cette affaire bretonne, que la gendarmerie ait refusé d’enregistrer la plainte de Frédéric, avant son ultime agression, comme le racontent les membres d’AVA Bretagne ?

Cela est très grave d’un point de vue démocratique, et il est bien trop facile de la part de la gendarmerie de renvoyer les deux camps dos à dos, comme s’il s’agissait d’une simple dispute ayant mal tournée. Rappelons d’ailleurs ici, sans faire de parallèle direct mais pour rappeler le contexte sur le plan national qui n’est pas anodin, que des policiers se sont en début de saison offusqué du fait de devoir servir de protecteurs à « quelques aristocrates » pratiquant la chasse à courre.

Les membres d’AVA ont le droit d’aller en forêt pour regarder et documenter les chasses à courre, ils ont le droit de vouloir l’abolition de la vénerie maintenant, ils ont le droit de vouloir sauver les animaux du sort barbare qui leur est promis.

C’est un devoir maintenant pour toutes les personnes souhaitant défendre les valeurs démocratiques dans notre pays de suivre cette affaire AVA Bretagne de très près, de participer à ce que la lumière soit faite et que la vérité éclate rapidement. Parce que l’opposition à la chasse à courre est une cause démocratique et populaire primordiale, mais aussi parce qu’il s’agit de la possibilité même de l’existence d’une opposition aux pires conservatismes.

Voici donc le récit détaillé de la journée par le collectif AVA Bretagne.

FREDERIC: MILITANT DANS LE COMA, RECIT DU 16 FEVRIER
Voici le récit complet des évènements qui ont précédé l’hospitalisation de notre camarade Frédéric, ce samedi 16 février 2019, tel que raconté par des témoins directs. A l’heure où nous écrivons ces lignes, il est toujours plongé dans le coma, cela depuis 11 jours. Pendant ce temps, une campagne écœurante orchestrée par la Société de Vénerie fait rage, et tous leurs relais dans la presse et les institutions semblent mobilisés pour protéger leurs intérêts. Le mensonge semble érigé en système de défense chez les veneurs, ce qui est la dernière arme d’une pratique indéfendable et rejetée par 84 % des Français.
11H00. Alors que deux voitures viennent déposer des citoyens du collectif AVA à l’entrée de la forêt du Gâvre, qui comptent comme d’habitude militer pacifiquement contre la chasse à courre, une voiture avec à son bord quatre membres de l’équipage de Monsieur Mickaël P. arrive elle aussi. Frédéric H. vient de sortir par la porte avant-droite de son véhicule, lorsque Mickaël P., très en colère, surgit du sien, fonce sur ledit véhicule AVA, en arrache l’essuie-glace arrière, puis se précipite sur la porte arrière-droite de la voiture pour l’ouvrir.

Mickaël P., responsable de la Société de vénerie et maître d’équipage
Frédéric H. met alors sa main sur son épaule pour tenter de le retenir. Monsieur P. se retourne et lui assène aussitôt plusieurs coups de poing au visage, cassant ses lunettes et occasionnant une hémorragie nasale importante.

Frédéric, quelques instants après les coups reçus au visage. Son hématome principal au front se colorera de violet tout au long de l’après-midi
Jimmy N. accourt pour porter secours à Frédéric H. et reçoit plusieurs coups, Mickaël P. essayant de lui arracher sa caméra.

L’agression de Jimmy N quelques secondes plus tard. On y voit Mickaël P., aidé de suiveurs qui filment l’agression, tenter de lui arracher sa caméra Go-Pro
Les militants d’AVA subissent ensuite des pressions pendant un long moment, entourés de suiveurs qui les provoquent et les insultent. Frédéric H. est particulièrement ciblé, les veneurs ne le lâchant pas et ne cessant de le provoquer, à tel point qu’une partie de ses camarades juge nécessaire de le mettre en sécurité dans un véhicule, puis de quitter la forêt.

Arthur M. ainsi que d’autres suiveurs, encerclant la voiture dans laquelle a été mis à l’abri Frédéric
Des veneurs les suivent en voiture jusque dans un centre commercial à des kilomètres de la forêt, contraignant les amis de Frédéric à solliciter la protection d’un vigile, qui met les poursuivants dehors.

Arthur M. et un acolyte sont reconduits à la sortie d’un centre commercial où ils avaient poursuivi le groupe de Frédéric
Vers 15H30, Frédéric H. se présente à la gendarmerie de Blain pour y déposer plainte. On lui demande de revenir le lendemain avec un certificat du médecin.
Ses camarades, qui l’accompagnent pendant l’après-midi, notent que le nez de Frédéric H. se remet à saigner plusieurs fois et que son hématome au front se colore peu à peu de violet.
Frédéric H. quitte ses camarades vers 16H30 pour aller chercher de l’essence. Il devait retrouver certains d’entre eux plus tard, mais n’est jamais arrivé à destination. Selon les informations portées à notre connaissance, il se serait écroulé vers 17H45 sur la voie publique, vomissant du sang.
Frédéric H., souffrant de graves lésions et d’un œdème cérébral, a été pris en charge par les pompiers et transporté aux Urgences de Redon, puis placé sous coma artificiel et transféré vers minuit au Service Réanimation Chirurgicale de Pontchaillou, à Rennes.
Vendredi 21 février 2019 au soir, soit quelques heures après l’annonce de l’état de santé de Frédéric, Jimmy N. est victime de ce qui ressemble fort à une expédition punitive, en pleine rue et devant témoins, à Rennes. Il a également été transporté par les pompiers aux Urgences Médico-Chirurgicales de Pontchaillou, qui ont constaté de multiples blessures. L’un des deux auteurs a été formellement identifié comme étant Arthur M., membre de l’équipage de Mickaël P. déjà impliqué dans les faits du 16.
Compte tenu des difficultés rencontrées par la famille de Frédéric H. et par Jimmy N. auprès des gendarmeries respectives de Blain et de Guémené Penfao, les plaintes ont été déposées par Me Angélique Chartrain, Avocate, directement entre les mains du Procureur de la République de Saint-Nazaire, notamment pour violences aggravées et harcèlement.
Ceci étant posé, nous déplorons, dans toute la France, une escalade dans la violence des veneurs à l’encontre des militants pacifistes d’AVA, qui ne font qu’exercer leurs libertés les plus strictes d’aller et venir, se rassembler, exprimer leur opinion et informer la population.
Rien qu’en Bretagne et en Loire-Atlantique, une trentaine de plaintes ont été déposées cette saison, sans compter celles qui ont été abusivement refusées par des gendarmes ou OPJ ainsi que celles qui n’ont pas été déposées par dépit ou lassitude.
Nous nous interrogeons aussi sur le rôle de certains gendarmes et la préservation du secret de l’enquête, la Société de vénerie évoquant sur les réseaux sociaux un « rapport de police », alors que nul n’est censé avoir accès à des éléments de l’enquête avant la clôture de celle-ci. De même, le Capitaine de gendarmerie de la compagnie de Châteaubriant, Bruno Perochaud, non chargé de l’enquête, a fait de multiples déclarations sur les circonstances supposées des faits, certaines allant à l’encontre de témoignages directs et d’éléments concrets en notre possession.
En tout état de cause, nous n’entendons pas nous laisser intimider et sommes plus que jamais déterminés à mettre tout en œuvre pour que les auteurs, qui semblent animés tant par le sentiment d’impunité que la vindicte, répondent de leurs actes devant les tribunaux.
Soyons tous unis face à la terreur, demandons justice pour Frédéric !
ABOLISSONS LA CHASSE A COURRE ET LA VIOLENCE QU’ELLE REPRESENTE !

Yves Marie, le frère de Frédéric, nous donne des nouvelles de son état de santé et s’exprime suite à la campagne de dénigrement organisée contre lui par les veneurs.
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Culture

Armance de Stendhal (1827)

Armance ou quelques scènes d’un salon de Paris en 1827, plus connu sous son titre abrégé Armance, est le premier roman de Stendhal, publié en 1827. S’inscrivant dans la période romantique, ce roman nous fait part d’une description des mœurs de l’époque de la noblesse sous la Restauration française à travers une histoire d’amour mêlant le jeune Octave de Malivert à sa cousine Armance de Zohiloff.


Stendhal expose la situation sociale d’une noblesse spoliée après la Révolution française, bénéficiant d’indemnités en conséquence de la loi du « milliard aux émigrés » signée par la Chambre en avril 1825. Ces « émigrés » étaient des monarchistes ayant décidé de fuir la France entre 1789 et 1815 dans le but de combattre les forces révolutionnaires de l’extérieur ou de fuir la Terreur.

De par ce roman, Stendhal propose ainsi une critique globale de la noblesse.
Octave de Malivert est présenté comme en contradiction totale avec sa classe sociale.
Politiquement, il partage des idées libérales et progressistes contrairement à sa famille qui est le profil emblématique d’une noblesse réactionnaire.

C’est un jeune homme brillant issu de la noblesse qui vient tout juste de sortir de l’école de Polytechnique. Par le biais de sa famille, il rencontre sa cousine Armance de Zohiloff pour qui il s’éprend d’amour, sentiment entretenu réciproquement par cette dernière.

La belle Armance de Zohiloff vient de la même couche sociale que lui et est originaire d’une famille russe.

L’intrigue se poursuit alors entre malentendus et confusions de la part des deux amoureux, chacun n’osant déclarer ses sentiments à l’autre.

Octave se verra toutefois contraint d’avouer son amour à Armance, ce qui donnera suite à de nombreuses péripéties.

Sur le plan émotionnel, Octave est également incompris par sa famille. C’est un personnage complexe qui ne peut être heureux en raison de son impuissance sexuelle qu’il garde comme un secret. Il éprouve ainsi un profond mal-être, allant jusqu’à se comparer lui-même à un monstre.

Cette souffrance interne que ressent Octave est une expression du romantisme français. On retrouve également dans ce roman l’obsession de la noblesse pour le mariage. La famille de Malivert veut absolument marier Octave pour ses propres intérêts, cela étant le principal moyen de se reproduire socialement.

Dans son avant-propos, Stendhal commence par tromper le lecteur en ne se présentant non pas comme auteur mais comme correcteur d’un livre lui ayant été remis. Par ce fait, il a pour objectif d’écarter les critiques et la censure, ainsi que d’évincer une certaine responsabilité. Ce roman se veut être un « miroir au public », formule qui par la suite caractérisera l’auteur, dont l’œuvre la plus célèbre est Le rouge et le noir.

Cette œuvre est écrite d’une manière très fluide et accessible à tous. Le lecteur se voit ainsi voyager dans cette France du XIXe siècle sous la Restauration, avec des données géographiques très détaillées.

Stendhal laisse le lecteur découvrir le secret d’Octave avec minutie au fil du roman en attendant de lui une certaine patience. Il émet également des sous-entendus à ce sujet, rendant l’intrigue intéressante.