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Refus de l’hégémonie

Chronologie de l’escalade française en Ukraine

Chronologie de l’escalade depuis le 26 février 2024. Le symbole « ✜ » indique un lien vers un article.

13 juillet 2024 : à l’occasion de la traditionnelle allocution aux armées la veille du 14 juillet, Emmanuel Macron a rappelé le soutien à l’Ukraine et insisté sur « l’ambiguïté stratégique nécessaire face à un adversaire qui ne connait aucune limite » ; c’est une allusion claire et nette à son hypothèse d’envoyer des troupes françaises en Ukraine, qui avait marqué l’escalade militaire en février 2024.

11 juillet 2024 : le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, commente de la manière suivante la décision américaine de placer des missiles de longue portée en Allemagne, notamment des Tomahawk, d’une portée de 2770 km : « L’Allemagne, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni participent directement au conflit autour de l’Ukraine. Tous les attributs de la Guerre froide reviennent, avec une confrontation, avec un affrontement direct ».
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov parle « d’un simple maillon dans une escalade, d’un des éléments d’intimidation » à l’encontre de la Russie.
Emmanuel Macron se fait initialement très discret au sommet de l’Otan à Washington célébrant les 75 ans de l’alliance ; entretiens à huis clos et évitement de la presse, il se contente d’une déclaration en anglais et français sur un réseau social : « Alliés. Unis et solidaires face à la guerre d’agression brutale de la Russie en Ukraine. Moment crucial pour la sécurité et la paix de l’Europe. »
Lors d’une conférence de presse de dernière minute, juste avant de « prendre l’avion », il a catégoriquement refusé de parler de politique intérieure, mais a souligné que le cadre constitutionnel assurait l’intégration à l’Otan et que la France assureront son soutien à l’Ukraine « aussi longtemps que nécessaire », « Notre soutien continue de faire la différence et doit permettre à l’Ukraine de répondre aux attaques russes. C’est dans cet esprit que des décisions importantes ont aussi été prises, ici, à Washington pour ancrer notre soutien dans la durée et progresser vers l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan ».

10 juillet 2024 : la déclaration au sommet de l’Otan pose que « La Russie demeure la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés ».

8 juillet 2024 : début de manœuvres militaires communes Chine-Biélorussie à la frontière occidentale de cette dernière, quelques jours après l’intégration de la Biélorussie dans l’organisation de la Coopération de Shanghai et à la veille de l’ouverture du sommet de l’Otan à Washington.

3 juillet 2024 : le ministère russe des Affaires étrangères publie une photo de Marine Le Pen et commente que « le peuple français recherche une politique étrangère souveraine » et « une rupture avec le diktat de Washington » ; Marine Le Pen réagit vivement en dénonçant une provocation et « une forme d’ingérence » tout en réitérant son soutien au régime ukrainien.
La secrétaire nationale de la CGT Sophie Binet explique sur France Info qu’il faut voter contre le Rassemblement national, car il serait « extrêmement dangereux que nous ayons un gouvernement qui ait des liens pour le moins troubles avec la Russie « .

27 juin 2024 : Marine Le Pen nuance ses propos de la veille. Elle affirme sur le réseau social X que : « Sans remettre en cause le domaine réservé du président de la République, en matière d’envoi de troupes à l’étranger, le Premier ministre a, par le contrôle budgétaire, le moyen de s’y opposer. Jordan Bardella était donc fondé à rappeler qu’il est opposé à l’envoi de militaires français en Ukraine ». Elle fait allusion à un propos de Jordan Bardella du 24 juin où celui-ci fait de l’envoi de troupes en Ukraine une ligne rouge: « Je n’entends pas créer les conditions ou mettre en œuvre » un tel projet.
Comme en écho à cette relativisation, le président ukrainien Volodymyr Zelensky raconte à l’AFP, dans un commentaire à l’écrit, sa certitude que même un changement de gouvernement ne modifierait pas le soutien français. « Nous croyons que les Français continueront à soutenir l’Ukraine quelle que soit la situation politique. » « De même, par la volonté du peuple français, le prochain gouvernement continuera à soutenir pleinement l’Ukraine à la fois sur le champ de bataille. » « Nous sommes convaincus que le prochain gouvernement sera indépendant de l’agresseur russe et restera attaché aux valeurs européennes et à une Europe forte et unie, l’Europe même que l’Ukraine défend contre la tyrannie russe. »
Lors du débat télévisé avant les élections législatives, Jordan Bardella affirme qu’il ne fallait pas laisser « l’impérialisme russe absorber un État allié comme l’Ukraine ».

26 juin 2024 : Marine Le Pen, du Rassemblement National, affirme dans une interview au quotidien Le Télégramme que « Chef des armées, pour le président (de la République), c’est un titre honorifique puisque c’est le premier ministre qui tient les cordons de la bourse ». Elle ajoute que « Jordan (Bardella) n’a pas l’intention de lui chercher querelle, mais il a posé des lignes rouges. Sur l’Ukraine, le président ne pourra pas envoyer de troupes ».

25 juin 2024 : la Russie interdit 81 médias européens, dont plusieurs médias français. Il s’agit de LCI, Radio France, l’AFP, Le Monde, Libération, La Croix, L’Express, CNews et Arte TV.
Lors d’un débat télévisé avec Manuel Bompard (Nouveau Front populaire) et Gabriel Attal (Renaissance), Jordan Bardella pose à ce dernier la question « Vous voulez mettre un Franco-Russe à la tête d’une centrale nucléaire ? » pour justifier sa position d’interdiction d’emplois sensibles aux binationaux. Gabriel Attal lui répond « Si c’est une mesure qui concerne les Franco-Russes dans les postes sensibles, est-ce que vous pouvez dire aux Français qui nous regardent qui est Tamara Volokhova ? », en référence à une conseillère européenne du Rassemblement National. Jordan Bardella lui a répondu qu’elle ne dirigeait pas une centrale nucléaire.

24 juin 2024 : le président du Rassemblement national Jordan Bardella, pressenti pour être Premier ministre en cas de victoire de son parti aux élections législatives, affirme que la Russie est une « menace multidimensionnelle », contestant « des intérêts français, depuis plusieurs mois, plusieurs années sur nos zones d’influence historique en Afrique, en mer Noire et aussi dans nos outre mer, en prenant fait et cause pour notamment pour les Comores ».
Comme en écho, Emmanuel Macron, au côté du secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, à l’Elysée, a rassuré sur la continuité du choix stratégique de la France. « Notre soutien à l’Ukraine demeure et demeurera constant et nous continuerons de nous mobiliser pour répondre aux besoins immédiats de l’Ukraine, porter le message de notre détermination sans équivoque pour nous tenir au côté des Ukrainiens dans la durée. »

15 juin 2024 : lors d’un sommet en Suisse sur la paix en Ukraine, mis en place par le camp occidental, le président français Emmanuel Macron a souligné l’importance « de construire ce qui devrait être un ensemble d’exigences clés de la communauté mondiale que nous pourrions mettre sur la table vis-à-vis de la Russie », et « de mettre en place « un suivi afin d’élargir le cercle des pays qui se joignent à nos efforts ». Tout cela au nom de la paix en apparence : « Personne dans cette salle n’est en guerre contre la Russie, mais tout le monde souhaite une paix durable, c’est-à-dire une paix qui respecte les règles internationales et qui rétablisse l’Ukraine dans sa souveraineté ». Le quotidien Le Temps présente Emmanuel Macron comme « absent, ou peu investi », « comme sonné par l’implosion du système politique français pourtant provoquée par son annonce de dissolution de l’Assemblée nationale ».

11 juin 2024 :  lors de la troisième Conférence pour la reconstruction de l’Ukraine, à Berlin, le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné est absent, ayant annulé sa venue pour cause de dissolution.

7 juin 2024 : le président ukrainien Volodymyr Zelensky a le droit à une journée bien remplie à Paris, avec une cérémonie en son honneur à l’Hôtel national des Invalides, un discours devant l’Assemblée nationale, une visite du quartier général des Forces armées françaises, une visite d’une usine d’armement, un entretien avec le Président américain Joe Biden également présent à Paris, puis une réception à l’Élysée. Annonce officielle de la prise en charge par la France de la formation et de l’équipement d’une brigade ukrainienne (plus de 4000 soldats).

6 juin 2024 : la Russie n’a pas de représentant invité en France pour le 80e anniversaire du débarquement en Normandie, alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky est quant à lui président; le président américain Joe Biden dénonce le président russe Vladimir Poutine comme « un tyran » et le président français Emmanuel Macron annonce la fourniture à l’Ukraine la fourniture d’avions de chasse et la mise en place pratique par la France de 4500 soldats ukrainiens (formation, matériel, etc.) en Ukraine même.

Le ministère français des Armées publie une mise à jour des matériels livrés à l’Ukraine ; depuis le début de l’année 2024, il annonce avoir livré : 100 800 rations de combat, 1526 jumelles vision nocturne, 15 système Milan (anti-chars), 34 VAB (véhicules blindés), 5 camions TRM 10 000, 19 Zodiacs Futura, 5 citernes carburant, 65 tonnes de produits pétroliers, 8065 m de carburéacteur, 620 000 munitions petit calibre, 2500 Grenades, 10 000 cartouches 12,7 mm, 1000 105 mm AMX10 RC,16 500 155mm Caesar et TRF1, 60 drones de reconnaissance, 200 pétards, 1300 détonateurs, 1400 matériels pyro, 1000 mines anti-char, 155 mitrailleuse 7,62 mm, 150 mitrailleuse 12,7 mm, 10 fusil de précision et 63 bombes Mk81 ; en ce qui concerne les bombes guidées AASM, le nombre est gardé secret.

5 juin 2024 : un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères réagit aux propos de l’ambassade de Russie en France disant que les soldats, spécialistes et instructeurs militaires français sur le sol ukrainien seraient une cible légitime : « ce sont des propos scandaleux qui ne resteront pas sans conséquences » ; il précise que des discussions sont en cours quant à la réponse française à faire à la Russie.

2 juin 2024 : le site officiel de Microsoft publie un article intitulé « Comment la Russie tente de perturber les Jeux Olympiques de Paris 2024 », afin de présenter une note détaillée du Microsoft Threat Analysis Center à ce sujet ; les efforts russes consisteraient en le fait de dénigrer la réputation du CIO et de faire peur quant à une explosion de violence lors de l’événement.

1er juin 2024 : cinq cercueils recouverts du drapeau français et de l’inscription « Soldats français morts en Ukraine » sont déposés devant la tour Eiffel à Paris ; un Bulgare, un Allemand et un Ukrainien sont interpelés dans la foulée, la chaîne d’État France info évoquant deux jours après une possible « ingérence russe » ainsi qu’une « tentative de déstabilisation politique », alors qu’un des trois interpelés est présenté comme suspect dans l’affaire des mains rouges taguées sur le mémorial de la Shoah à Paris.

28 mai 2024 : lors d’une conférence de presse aux côtés du chancelier Olaf Scholz au château de Meseberg, près de Berlin, le président français Emmanuel Macron affirme que l’armée ukrainienne a le droit de frapper sur le territoire russe avec des armes fournies par les pays de l’Otan (« On doit leur permettre de neutraliser les sites militaires d’où sont tirés les missiles »).
Interviewé par Public Sénat, le Général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale, estime que l’envoi de formateurs français sur le sol ukrainien ne relève plus que d’une simple « question de timing ».
Une tribune publiée dans Le Monde affirme que « Il est indécent d’inviter la Russie aux commémorations du débarquement en Normandie, le 6 juin ». Signée par des universitaires et dans un grand style propagandiste, elle dénonce la présence éventuelle de la Russie pour le 80e anniversaire du débarquement, en raison du « cortège de viols, d’enlèvements d’enfants, de tortures et de frappes sur les hôpitaux, les écoles ou les infrastructures énergétiques ».

27 mai 2024 : le chef de l’armée ukrainienne Oleksandr Syrsky annonce l’envoi de formateurs français dans un message sur le réseau Telegram, après une discussion vidéo avec le ministre français des Armées Sébastien Lecornu. « Je salue l’initiative de la France d’envoyer des instructeurs en Ukraine pour former les militaires ukrainiens. J’ai déjà signé les documents qui permettront aux premiers instructeurs français de se rendre prochainement dans nos centres de formation et de se familiariser avec les infrastructures et leur personnel. » La France dément en affirmant que le projet n’est encore qu’à l’étude.

24 mai 2024 : le Conseil de Paris vote à l’unanimité la décision de donner le nom d’une rue de Paris à Alexeï Navalny, en faisant en sorte que cela soit le plus proche possible de l’Ambassade de Russie. Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné affirme que « la Russie a multiplié les provocations aux frontières de l’Union européenne en Estonie, Finlande et Lituanie. Pleine solidarité avec l’Estonie, la Finlande, la Lituanie face à ces actions agressives inacceptables. Nous suivons attentivement la situation aux côtés de nos alliés, qui agissent avec calme et sang froid. »

23 mai 2024 : la tête de liste du Rassemblement National aux Européennes Jordan Bardella présente, lors d’un débat télévisé avec le premier ministre Gabriel Attal, la Russie comme « une menace multidimensionnelle ».
L’éditorial du quotidien Le Monde exige qu’on comprenne qu’il y a une alliance sino-russe contre les Etats-Unis.

22 mai 2024 : le Canard Enchaîné affirme, repris par tous les médias, que la Russie serait derrière les tags défigurant le mur des Justes à l’extérieur du mémorial de la Shoah.

21 mai 2024 : les huit principales (selon LCI) têtes de liste françaises aux élections européennes étaient réunies pour un débat ; Jordan Bardella (RN), Valérie Hayer (Renaissance), Raphaël Glucksmann (PS-Place Publique), François-Xavier Bellamy (LR), Manon Aubry (LFI), Marion Maréchal (Reconquête!), Marie Toussaint (Les Écologistes), et Léon Deffontaines (PCF) ont été unanimes quant à leur hostilité à la Russie

19 mai 2024 : le président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale Jean-Louis Bourlanges appelle la France à « lever un tabou injustifiable, « à sortir de sa réserve et à prendre une décision comparable à celle des Britanniques et des Américains », et donc à autoriser l’armée ukrainienne à frapper en Russie même au moyen d’armes françaises.

18 mai 2024 : la Russie affirme que la région de Belgorod a été attaqué par l’armée ukrainienne au moyen de « bombes guidées de fabrication française Hammer » et de « missiles anti-radar Harm de fabrication américaine ».

16 mai 2024 : le New York Times rapporte les propos dup résident du comité des chefs d’état-major interarmées de l’armée américaine sur la présence future de formateurs occidentaux en Ukraine : « Nous finirons par y arriver, avec le temps ».

11 mai 2024 : à la question « allons-nous partir en guerre ? » (lors d’une mise en scène d’échange vidéo avec des « internautes »), Emmanuel Macron répond qu’il faut être prêt à agir contre la Russie (« pour les dissuader ») ; il explique espérer de toutes ses forces ne pas avoir à partir en guerre, mais qu’il faut néanmoins s’armer, être dissuasifs et crédibles, concluant par le fait qu’il n’exclut pas d’intervenir.

8 mai 2024 : l’éditorial du quotidien Le Monde tire à boulets rouges sur la présence de l’ambassadeur français à l’investiture du président russe Vladimir Poutine. « La France a affiché un message de confusion plus que de fermeté en envoyant son ambassadeur, Pierre Lévy au Kremlin, sans coordination avec ses principaux partenaires européens, à un moment d’extrême tension avec la Russie. »

6 mai 2024 : l’ambassadeur français à Moscou est de nouveau convoqué par les autorités russes : « Du fait des déclarations de plus en plus belliqueuses des autorités françaises et de la réception d’informations faisant étant d’une implication grandissante de la France dans le conflit autour de l’Ukraine (…), l’ambassadeur de France Pierre Lévy a été convoqué (…). La partie russe a présenté son évaluation de principe de la ligne destructrice et provocatrice de Paris, qui conduit à une escalade du conflit. » Le président russe décide le même jour de la tenue d’exercices militaires concernant les armes nucléaires tactiques.
La France réagit à la convocation de son ambassadeur en Russie de manière virulente, signifiant qu’elle « constate que les canaux diplomatiques sont une nouvelle fois détournés à des fins de manipulation de l’information et d’intimidation ». Il est parlé d’une « inversion des responsabilités » et de « manœuvres agressives visant à déstabiliser les pays européens » (cyberattaques et actions hybrides). Il est dit que « La France continuera de soutenir dans la durée l’Ukraine ».

3 mai 2024 : Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, réagit aux propos d’Emmanuel Macron dans The Economist en affirmant que « La France, en la personne du chef de l’État français, continue à évoquer en permanence la possibilité de son engagement direct sur le terrain dans le conflit autour de l’Ukraine. C’est une tendance très dangereuse ». Il a ajouté que « Nous suivons tout cela attentivement et nous continuons, et continuerons, notre opération militaire spéciale (en Ukraine) jusqu’à l’accomplissement de tous les objectifs fixés ».

2 mai 2024 : Emmanuel Macron accorde une très longue interview à l’hebdomadaire britannique The Economist, aux accents dramatiques, où il parle d’une menace existentielle pour le continent européen, et présente la Russie comme entrée dans une logique de « guerre totale ».

1er mai 2024 : le ministre chargé de l’Europe Jean-Noël Barrot raconte sur la chaîne TF1 qu’il ne se passe « pas une semaine sans que la France soit la cible de campagnes structurées et coordonnées par la Russie de Vladimir Poutine ou ses courroies de transmission pour perturber le débat en période pré-électorale ». Il attend des réseaux sociaux à se plier aux exigences : « Je les appelle à supprimer sans délai ou à bloquer sans délai l’accès aux sites internet que nous avons identifiés ».

29 avril 2024 : le ministre des Armées Sébastien Lecornu dit avoir ordonné aux industriels qui fabriquent le missile Aster (antiaérien et antibalistique) de prioriser cette production, expliquant que « les commandes civiles doivent désormais passer en second plan, après les commandes militaires ». Des pouvoirs de police administrative ont été mobilisés dans ce cadre pour la première fois d’après le ministre ; c’est la première réquisition dans le cadre de l’économie de guerre officialisée le 26 mars 2024.

27 avril 2024 : le Républicain lorrain publie un long entretien entre Emmanuel Macron et douze « jeunes », dans lequel le président français aborde en détail la question de la mise à disposition de l’arme nucléaire française à l’Europe, en ciblant directement la Russie, évoquant également la défense antimissile et les tirs d’armes de longue portée. Il explique aussi : « si on laisse la Russie gagner et qu’il y a capitulation de l’Ukraine, c’est l’insécurité pour des décennies pour les Roumains, les Moldaves, les Polonais. On joue vraiment notre sécurité, et on joue l’avenir de l’Europe. »

25 avril 2024 : discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne : « La condition sine qua non de notre sécurité, c’est que la Russie ne gagne pas la guerre d’agression qu’elle mène contre l’Ukraine. C’est indispensable (…). Dans la guerre hybride que nous mène la Russie, se joue déjà une part de la guerre d’aujourd’hui ». ✜

23 avril 2024 : dans Les Echos, tribune de Phuc-Vinh Nguyen, chercheur en politique française et européenne de l’énergie à l’Institut Jacques Delors, appelant au boycott total du gaz russe.

21 avril 2024 : Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l’Europe, affirme dans une interview à Ouest-France que « Nous sommes pilonnés par la propagande de la Russie ».

Le youtubeur français « HugoDécrypte » (1,5 millions d’abonnés) met en ligne un entretien avec le président ukrainien Zelensky, à Kiev dans un cadre officiel, nécessairement avec l’aval et l’appui des autorités françaises. Ils y abordent la question de l’envoi de soldats français sur le front en Ukraine ainsi que le risque d’emballement avec l’implication directe de la France dans une guerre contre la Russie. La mise en scène est totale, jusqu’à faire semblant à la fin de l’entretien que celui-ci se déroule en off, dans les escaliers, en abordant des sujets personnels, du type que dites-vous à vos enfants ? La guerre vous a-t-elle changé ? Vous pensez à la vie après la guerre ?

20 avril 2024 : sur LCI, une chaîne d’intense propagande quant à la supposée imminente défaite totale de la Russie, le général Michel Yakovleff qui a été membre de l’état-major de l’Otan assure que la production européenne d’artillerie sera plus puissante que celle de la Russie en 2025.

18 avril 2024 : interviewé par BFMTV, le premier ministre Gabriel Attal affirme que « la victoire de la Russie sur l’Ukraine serait un cataclysme pour le pouvoir d’achat des Français ».

17 avril 2024 : tribune publiée dans Le Monde et signée notamment par l’économiste Thomas Piketty demandant que soient confisqué les avoirs russes pour les attribuer par la force au régime ukrainien.

13 avril 2024 : l’économiste Thomas Piketty appelle à l’intégration de l’Ukraine dans une tribune publiée dans Le Monde.

12 avril 2024 : la Russie convoque l’ambassadeur français ; le ministre des Armées Sébastien Lecornu affirme vouloir « moderniser » le recensement des jeunes, afin d’être en mesure d’identifier les compétences et dans une perspective de « remilitariser » la Journée défense et citoyenneté ; Sébastien Lecornu dans une interview à Ouest France parle de guerre à venir et annonce que des pilotes ukrainiens sont entraînés en France ; un pseudo sondage du CEVIPOF et de l’IRSEM annonce qu’un jeune sur deux est prêt à s’engager dans l’armée française pour se battre en Ukraine. ✜

11 avril 2024 : Emmanuel Macron pose la première pierre d’une usine de poudre pour obus à Bergerac. « Nous sommes partis durablement pour nous installer dans un changement géopolitique, géostratégique où les industries de défense vont avoir un rôle croissant. »

8 avril 2024 : le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, depuis Abidjan, affirme qu’une rupture de contact avec la Russie est nécessaire. Il prend pour prétexte de dénoncer les comptes rendus russes des discussions qui seraient mensongers. Il explique qu’il n’y aura pas de retour à la normale avant une évolution sur le terrain militaire pour l’Ukraine.

5 avril 2024 : la tête de liste PCF pour les Européennes, Léon Deffontaines, est interviewé par Franceinfo où il affirme que « Moi, je suis favorable, et on l’a toujours dit, à aider les Ukrainiens militairement, à se défendre, et il faut regarder bien sûr les besoins qu’ils ont, et il faut qu’on regarde bien évidemment en fonction des besoins du front ukrainien. Il faut cesser à tout prix, à tout prix, que les Russes continuent d’avancer ».

4 avril 2024 : à la suite de l’entretien téléphonique de la veille, la Russie affirme espérer que la France n’a rien à voir avec l’attentat islamiste à Moscou, ce qui amène le président français Emmanuel Macron à dénoncer des commentaires « baroques et menaçants ».

3 avril 2024 : le Chef d’état major de l’armée de terre Pierre Schill explique lors d’un long entretien sur France culture que l’intention d’Emmanuel Macron « est la perspective de franchir une marche supplémentaire dans l’aide à l’Ukraine« .
Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu s’entretient au téléphone avec son homologue russe Sergueï Choïgou pour la première fois depuis octobre 2022, et souligne que la France « continuera de soutenir l’Ukraine aussi longtemps et aussi intensément que nécessaire ».

2 avril 2024 : le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken se rend, visitant l’usine Nexter avec le ministre des Armées Sébastien Lecornu, faisant une conférence de presse avec le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, rencontrant finalement le président Emmanuel Macron.

1er avril 2024 : le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné se rend à Pékin, rencontrant son homologue Wang Yi et le Premier ministre Li Qiang, et demande que la Chine cesse son soutien à la Russie (« Nous attendons de la Chine qu’elle passe des messages très clairs à la Russie« ) afin que s’établisse un « rapport de force favorable à l’Ukraine ».

31 mars 2024 : dans une interview au quotidien La Tribune, le ministre des armées Sébastien Lecornu annonce que la France allait fournir au régime ukrainien un nouveau lot de missiles Aster 30 et des centaines de véhicules de l’avant blindé.

30 mars 2024 : Anne Hidalgo, maire de Paris, se rend à Kiev où elle affirme que « Je veux dire aux athlètes russes et aux (athlètes) biélorusses qu’ils ne sont pas les bienvenus à Paris et dire aux athlètes ukrainiens et à l’ensemble du peuple ukrainien que nous les soutenons de façon très active, très forte« .
Le Premier ministre polonais Donald Tusk affirme lors d’une interview à la presse occidentale que « Cela semble dévastateur, surtout pour la jeune génération, mais nous devons nous habituer au fait qu’une nouvelle ère a commencé: l’ère de l’avant-guerre. Je n’exagère pas » et que « Le plus inquiétant en ce moment est qu’absolument tous les scénarios sont possibles ».

28 mars 2024 : voyage secret jusqu’au dernier moment à Kiev de la  présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, accompagnée d’une délégation du groupe parlementaire européen libéral Renew Europe, dont la présidente Valérie Hayer est également tête de liste pour la majorité présidentielle aux élections européennes; la première a souligné que « nous ne mettons pas de limite a priori à notre engagement » et que « rien n’est a priori exclu de ce qui pourrait se révéler nécessaire », la seconde a dit que le soutien français était « inébranlable », « aussi longtemps qu’il faudra », « quoi qu’il en coûte ».

26 mars 2024 : conférence de presse du ministre des Armées Sébastien Lecornu avec Emmanuel Chiva, délégué général pour l’armement, et Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées, où est annoncée la possible réquisition de l’industrie de l’armement pour renforcer la production, conformément à ce que permet désormais la loi de programmation militaire 2024-2030.

24 mars 2024 : dans le cadre de l’attentat islamiste à Moscou, l’Etat français remet Vigipirate à son plus haut niveau (« urgence attentat »), clairement une opération de propagande psychologique.

19 mars 2024 : le chef d’Etat-major de l’armée de Terre Pierre Schill explique dans une tribune dans le quotidien Le Monde que l’armée de terre « est prête » et disposée à prendre la tête d’un corps d’armée de coalition de 60 000 hommes, alors qu’en Russie le chef des services secrets extérieurs annonce l’envoi de 2000 soldats français en Ukraine, qui seront alors « une cible prioritaire et légitime pour les attaques des forces armées russes ».

16 mars 2024 : le quotidien Le Parisien publie une interview d’Emmanuel Macron effectuée lors de son retour de Berlin. « Peut-être qu’à un moment donné – je ne le souhaite pas, n’en prendrai pas l’initiative –, il faudra avoir des opérations sur le terrain, quelles qu’elles soient, pour contrer les forces russes. »

15 mars 2024 : réunion à Berlin du chancelier allemand Olaf Scholz, du premier ministre polonais Donald Tusk et du président français Emmanuel Macron, annonçant des mesures de soutiens militaires au régime ukrainien.

14 mars 2024 : le président français Emmanuel Macron accorde une interview au au « 20 heures » des chaînes TF1 et France 2. Il y présente la Russie comme un « adversaire ».

13 mars 2024 : le Sénat vote en faveur de l’accord bilatéral franco-ukrainien, par 293 voix pour, 11 abstentions, 22 contre.

12 mars 2024 : l’Assemblée nationale vote en faveur de l’accord bilatéral franco-ukrainien (signé le 16 février 2024), par 372 voix pour, 101 abstentions et 99 voix contre.

11 mars 2024 : l’institut suédois SIPRI fournit son rapport sur les ventes d’armes, où la France est le second exportateur mondial pour la période 2019–23.

8 mars 2024 : le ministre français des Armées Sébastien Lecornu annonce que des armements français seront directement produits en Ukraine. Il mentionne l’entreprise KNDS (qui produit des munitions, les canons Caesar et des véhicules militaires). Sont également concernés le producteur de véhicules Arquus et le fabricants de drones Delair.

7 mars 2024 : le président français Emmanuel Macron reçoit à l’Elysée les chefs des partis politiques ayant une représentation au Parlement, afin de parler de la question ukrainienne.

29 février 2024 : le Parlement européen vote pratiquement à l’unanimité deux appels contre la Russie, celle-ci devant par passer une étape de « désimpérialisation, décolonisation et refédéralisation ».

26 février 2024 : conférence à Paris de soutien au régime ukrainien, avec au 27 pays représentés au plus haut niveau (la liste n’est pas rendue publique). Emmanuel Macron est le seul présent à la conférence de presse et explique que l’envoi de troupes au sol en Ukraine est une possibilité.