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Refus de l’hégémonie

Chronologie de l’escalade française en Ukraine

Chronologie de l’escalade depuis le 26 février 2024. Le symbole « ✜ » indique un lien vers un article.

8 mai 2024 : l’éditorial du quotidien Le Monde tire à boulets rouges sur la présence de l’ambassadeur français à l’investiture du président russe Vladimir Poutine. « La France a affiché un message de confusion plus que de fermeté en envoyant son ambassadeur, Pierre Lévy au Kremlin, sans coordination avec ses principaux partenaires européens, à un moment d’extrême tension avec la Russie. »

6 mai 2024 : l’ambassadeur français à Moscou est de nouveau convoqué par les autorités russes : « Du fait des déclarations de plus en plus belliqueuses des autorités françaises et de la réception d’informations faisant étant d’une implication grandissante de la France dans le conflit autour de l’Ukraine (…), l’ambassadeur de France Pierre Lévy a été convoqué (…). La partie russe a présenté son évaluation de principe de la ligne destructrice et provocatrice de Paris, qui conduit à une escalade du conflit. » Le président russe décide le même jour de la tenue d’exercices militaires concernant les armes nucléaires tactiques.
La France réagit à la convocation de son ambassadeur en Russie de manière virulente, signifiant qu’elle « constate que les canaux diplomatiques sont une nouvelle fois détournés à des fins de manipulation de l’information et d’intimidation ». Il est parlé d’une « inversion des responsabilités » et de « manœuvres agressives visant à déstabiliser les pays européens » (cyberattaques et actions hybrides). Il est dit que « La France continuera de soutenir dans la durée l’Ukraine ».

3 mai 2024 : Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, réagit aux propos d’Emmanuel Macron dans The Economist en affirmant que « La France, en la personne du chef de l’État français, continue à évoquer en permanence la possibilité de son engagement direct sur le terrain dans le conflit autour de l’Ukraine. C’est une tendance très dangereuse ». Il a ajouté que « Nous suivons tout cela attentivement et nous continuons, et continuerons, notre opération militaire spéciale (en Ukraine) jusqu’à l’accomplissement de tous les objectifs fixés ».

2 mai 2024 : Emmanuel Macron accorde une très longue interview à l’hebdomadaire britannique The Economist, aux accents dramatiques, où il parle d’une menace existentielle pour le continent européen, et présente la Russie comme entrée dans une logique de « guerre totale ».

1er mai 2024 : le ministre chargé de l’Europe Jean-Noël Barrot raconte sur la chaîne TF1 qu’il ne se passe « pas une semaine sans que la France soit la cible de campagnes structurées et coordonnées par la Russie de Vladimir Poutine ou ses courroies de transmission pour perturber le débat en période pré-électorale ». Il attend des réseaux sociaux à se plier aux exigences : « Je les appelle à supprimer sans délai ou à bloquer sans délai l’accès aux sites internet que nous avons identifiés ».

29 avril 2024 : le ministre des Armées Sébastien Lecornu dit avoir ordonné aux industriels qui fabriquent le missile Aster (antiaérien et antibalistique) de prioriser cette production, expliquant que « les commandes civiles doivent désormais passer en second plan, après les commandes militaires ». Des pouvoirs de police administrative ont été mobilisés dans ce cadre pour la première fois d’après le ministre ; c’est la première réquisition dans le cadre de l’économie de guerre officialisée le 26 mars 2024.

27 avril 2024 : le Républicain lorrain publie un long entretien entre Emmanuel Macron et douze « jeunes », dans lequel le président français aborde en détail la question de la mise à disposition de l’arme nucléaire française à l’Europe, en ciblant directement la Russie, évoquant également la défense antimissile et les tirs d’armes de longue portée. Il explique aussi : « si on laisse la Russie gagner et qu’il y a capitulation de l’Ukraine, c’est l’insécurité pour des décennies pour les Roumains, les Moldaves, les Polonais. On joue vraiment notre sécurité, et on joue l’avenir de l’Europe. »

25 avril 2024 : discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne : « La condition sine qua non de notre sécurité, c’est que la Russie ne gagne pas la guerre d’agression qu’elle mène contre l’Ukraine. C’est indispensable (…). Dans la guerre hybride que nous mène la Russie, se joue déjà une part de la guerre d’aujourd’hui ». ✜

23 avril 2024 : dans Les Echos, tribune de Phuc-Vinh Nguyen, chercheur en politique française et européenne de l’énergie à l’Institut Jacques Delors, appelant au boycott total du gaz russe.

21 avril 2024 : Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l’Europe, affirme dans une interview à Ouest-France que « Nous sommes pilonnés par la propagande de la Russie ».

Le youtubeur français « HugoDécrypte » (1,5 millions d’abonnés) met en ligne un entretien avec le président ukrainien Zelensky, à Kiev dans un cadre officiel, nécessairement avec l’aval et l’appui des autorités françaises. Ils y abordent la question de l’envoi de soldats français sur le front en Ukraine ainsi que le risque d’emballement avec l’implication directe de la France dans une guerre contre la Russie. La mise en scène est totale, jusqu’à faire semblant à la fin de l’entretien que celui-ci se déroule en off, dans les escaliers, en abordant des sujets personnels, du type que dites-vous à vos enfants ? La guerre vous a-t-elle changé ? Vous pensez à la vie après la guerre ?

20 avril 2024 : sur LCI, une chaîne d’intense propagande quant à la supposée imminente défaite totale de la Russie, le général Michel Yakovleff qui a été membre de l’état-major de l’Otan assure que la production européenne d’artillerie sera plus puissante que celle de la Russie en 2025.

18 avril 2024 : interviewé par BFMTV, le premier ministre Gabriel Attal affirme que « la victoire de la Russie sur l’Ukraine serait un cataclysme pour le pouvoir d’achat des Français ».

17 avril 2024 : tribune publiée dans Le Monde et signée notamment par l’économiste Thomas Piketty demandant que soient confisqué les avoirs russes pour les attribuer par la force au régime ukrainien.

13 avril 2024 : l’économiste Thomas Piketty appelle à l’intégration de l’Ukraine dans une tribune publiée dans Le Monde.

12 avril 2024 : la Russie convoque l’ambassadeur français ; le ministre des Armées Sébastien Lecornu affirme vouloir « moderniser » le recensement des jeunes, afin d’être en mesure d’identifier les compétences et dans une perspective de « remilitariser » la Journée défense et citoyenneté ; Sébastien Lecornu dans une interview à Ouest France parle de guerre à venir et annonce que des pilotes ukrainiens sont entraînés en France ; un pseudo sondage du CEVIPOF et de l’IRSEM annonce qu’un jeune sur deux est prêt à s’engager dans l’armée française pour se battre en Ukraine. ✜

11 avril 2024 : Emmanuel Macron pose la première pierre d’une usine de poudre pour obus à Bergerac. « Nous sommes partis durablement pour nous installer dans un changement géopolitique, géostratégique où les industries de défense vont avoir un rôle croissant. »

8 avril 2024 : le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, depuis Abidjan, affirme qu’une rupture de contact avec la Russie est nécessaire. Il prend pour prétexte de dénoncer les comptes rendus russes des discussions qui seraient mensongers. Il explique qu’il n’y aura pas de retour à la normale avant une évolution sur le terrain militaire pour l’Ukraine.

5 avril 2024 : la tête de liste PCF pour les Européennes, Léon Deffontaines, est interviewé par Franceinfo où il affirme que « Moi, je suis favorable, et on l’a toujours dit, à aider les Ukrainiens militairement, à se défendre, et il faut regarder bien sûr les besoins qu’ils ont, et il faut qu’on regarde bien évidemment en fonction des besoins du front ukrainien. Il faut cesser à tout prix, à tout prix, que les Russes continuent d’avancer ».

4 avril 2024 : à la suite de l’entretien téléphonique de la veille, la Russie affirme espérer que la France n’a rien à voir avec l’attentat islamiste à Moscou, ce qui amène le président français Emmanuel Macron à dénoncer des commentaires « baroques et menaçants ».

3 avril 2024 : le Chef d’état major de l’armée de terre Pierre Schill explique lors d’un long entretien sur France culture que l’intention d’Emmanuel Macron « est la perspective de franchir une marche supplémentaire dans l’aide à l’Ukraine« .
Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu s’entretient au téléphone avec son homologue russe Sergueï Choïgou pour la première fois depuis octobre 2022, et souligne que la France « continuera de soutenir l’Ukraine aussi longtemps et aussi intensément que nécessaire ».

2 avril 2024 : le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken se rend, visitant l’usine Nexter avec le ministre des Armées Sébastien Lecornu, faisant une conférence de presse avec le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, rencontrant finalement le président Emmanuel Macron.

1er avril 2024 : le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné se rend à Pékin, rencontrant son homologue Wang Yi et le Premier ministre Li Qiang, et demande que la Chine cesse son soutien à la Russie (« Nous attendons de la Chine qu’elle passe des messages très clairs à la Russie« ) afin que s’établisse un « rapport de force favorable à l’Ukraine ».

31 mars 2024 : dans une interview au quotidien La Tribune, le ministre des armées Sébastien Lecornu annonce que la France allait fournir au régime ukrainien un nouveau lot de missiles Aster 30 et des centaines de véhicules de l’avant blindé.

30 mars 2024 : Anne Hidalgo, maire de Paris, se rend à Kiev où elle affirme que « Je veux dire aux athlètes russes et aux (athlètes) biélorusses qu’ils ne sont pas les bienvenus à Paris et dire aux athlètes ukrainiens et à l’ensemble du peuple ukrainien que nous les soutenons de façon très active, très forte« .
Le Premier ministre polonais Donald Tusk affirme lors d’une interview à la presse occidentale que « Cela semble dévastateur, surtout pour la jeune génération, mais nous devons nous habituer au fait qu’une nouvelle ère a commencé: l’ère de l’avant-guerre. Je n’exagère pas » et que « Le plus inquiétant en ce moment est qu’absolument tous les scénarios sont possibles ».

28 mars 2024 : voyage secret jusqu’au dernier moment à Kiev de la  présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, accompagnée d’une délégation du groupe parlementaire européen libéral Renew Europe, dont la présidente Valérie Hayer est également tête de liste pour la majorité présidentielle aux élections européennes; la première a souligné que « nous ne mettons pas de limite a priori à notre engagement » et que « rien n’est a priori exclu de ce qui pourrait se révéler nécessaire », la seconde a dit que le soutien français était « inébranlable », « aussi longtemps qu’il faudra », « quoi qu’il en coûte ».

26 mars 2024 : conférence de presse du ministre des Armées Sébastien Lecornu avec Emmanuel Chiva, délégué général pour l’armement, et Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées, où est annoncée la possible réquisition de l’industrie de l’armement pour renforcer la production, conformément à ce que permet désormais la loi de programmation militaire 2024-2030.

24 mars 2024 : dans le cadre de l’attentat islamiste à Moscou, l’Etat français remet Vigipirate à son plus haut niveau (« urgence attentat »), clairement une opération de propagande psychologique.

19 mars 2024 : le chef d’Etat-major de l’armée de Terre Pierre Schill explique dans une tribune dans le quotidien Le Monde que l’armée de terre « est prête » et disposée à prendre la tête d’un corps d’armée de coalition de 60 000 hommes, alors qu’en Russie le chef des services secrets extérieurs annonce l’envoi de 2000 soldats français en Ukraine, qui seront alors « une cible prioritaire et légitime pour les attaques des forces armées russes ».

16 mars 2024 : le quotidien Le Parisien publie une interview d’Emmanuel Macron effectuée lors de son retour de Berlin. « Peut-être qu’à un moment donné – je ne le souhaite pas, n’en prendrai pas l’initiative –, il faudra avoir des opérations sur le terrain, quelles qu’elles soient, pour contrer les forces russes. »

15 mars 2024 : réunion à Berlin du chancelier allemand Olaf Scholz, du premier ministre polonais Donald Tusk et du président français Emmanuel Macron, annonçant des mesures de soutiens militaires au régime ukrainien.

14 mars 2024 : le président français Emmanuel Macron accorde une interview au au « 20 heures » des chaînes TF1 et France 2. Il y présente la Russie comme un « adversaire ».

13 mars 2024 : le Sénat vote en faveur de l’accord bilatéral franco-ukrainien, par 293 voix pour, 11 abstentions, 22 contre.

12 mars 2024 : l’Assemblée nationale vote en faveur de l’accord bilatéral franco-ukrainien (signé le 16 février 2024), par 372 voix pour, 101 abstentions et 99 voix contre.

11 mars 2024 : l’institut suédois SIPRI fournit son rapport sur les ventes d’armes, où la France est le second exportateur mondial pour la période 2019–23.

8 mars 2024 : le ministre français des Armées Sébastien Lecornu annonce que des armements français seront directement produits en Ukraine. Il mentionne l’entreprise KNDS (qui produit des munitions, les canons Caesar et des véhicules militaires). Sont également concernés le producteur de véhicules Arquus et le fabricants de drones Delair.

7 mars 2024 : le président français Emmanuel Macron reçoit à l’Elysée les chefs des partis politiques ayant une représentation au Parlement, afin de parler de la question ukrainienne.

29 février 2024 : le Parlement européen vote pratiquement à l’unanimité deux appels contre la Russie, celle-ci devant par passer une étape de « désimpérialisation, décolonisation et refédéralisation ».

26 février 2024 : conférence à Paris de soutien au régime ukrainien, avec au 27 pays représentés au plus haut niveau (la liste n’est pas rendue publique). Emmanuel Macron est le seul présent à la conférence de presse et explique que l’envoi de troupes au sol en Ukraine est une possibilité.