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Guerre

Les jours du Karabagh arménien sont comptés

Tout est en place pour le drame.

Ilham Aliyev, le président de l’Azerbaïdjan, devant un monument aux morts avec une carte où une partie actuelle de l’Arménie est annexée

Le régime azerbaïdjanais multiplie les provocations anti-arméniennes depuis la fin du mois d’octobre 2022, lançant incidents de frontières sur incidents de frontières, célébrant de manière outrancière les deux ans de la victoire du régime sur l’Arménie et faisant circuler des cartes montrant le territoire arménien coupé par un corridor reliant l’Azerbaïdjan à son enclave, jadis arméno-turque à l’époque soviétique, du Nakhitchevan et surtout, avec un effacement complet du Karabagh arménien.

Sur ces cartes, la capitale du Karabagh arménien, appelé Stepanakert, en hommage au plus grand révolutionnaire arménien d’Azerbaïdjan, Stepan Chahoumian (1878-1918), est rebaptisé « Khankandi », à la fois pour annoncer la volonté ouverte d’effacer les Arméniens y vivant, mais même encore, toute trace évoquant de quelque manière que ce soit le passé arménien, et révolutionnaire, de l’Azerbaïdjan.

Le but est de liquider toute référence au passé soviétique, confrontant directement le régime raciste et chauvin du président Ilham Aliyev à ses propres mensonges quant à sa démarche en fait nationaliste.

Tout est en réalité prêt à une vaste offensive militaire sur le Karabagh dans le but d’y mener une épuration ethnique des Arméniens, y compris la réannexion d’une partie de leur patrimoine historique au profit de la minorité nationale portée à bout de bras par le régime des Outis, représentant quelques milliers de personnes.

Les choses en sont au point que le dirigeant religieux de cette communauté, Robert Bagratovitch Mobili, s’appelle en réalité Mobilyan; comme tous les derniers Arméniens qui se sont maintenus en Azerbaïdjan, il a été poussé à nier son arménité, en se prétendant descendant des antiques « Albanais du Caucase », dont les Outis seraient les héritiers aujourd’hui. Cette fiction permet de nier toute présence historique des Arméniens en Azerbaïdjan, et aucun régime occidental ne condamne cette ligne ni ce qu’elle annonce : la liquidation pure et simple du Karabagh arménien.

Plus même, le régime azerbaïdjanais a obtenu ces derniers jours l’aval complet de la France et des États-Unis d’Amérique pour liquider de fait le Karabagh arménien. Le président Macron ayant dit que sa ligne rouge était le territoire souverain de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie en 1991, signifiant donc que le Karabagh, à cette date Oblast dissident de la RSS d’Azerbaïdjan elle-même sécessionniste de l’URSS, fait partie du territoire azerbaïdjanais. Bien sûr le Karabagh était en 1991 un Oblast arménien dans le cadre de la RSS d’Azerbaïdjan, mais de cela il n’est jamais question lorsque la diplomatie française aborde cette question.

Les États-Unis ont même pris position par la voix du secrétaire d’Etat Antony Blinken en corrigeant Emmanuel Macron sur le fait que toute solution, y compris donc de découper le territoire arménien pour y ouvrir un corridor au profit de l’Azerbaïdjan.

L’idée des uns et des autres est de pousser le régime d’Aliyev à se confronter aux Russes, qui ont annoncé de leur côté leur volonté de se maintenir indéfinement au Karabagh arménien pour le protéger. Cette présence étant vu autant par Paris que par Washington comme la cause de la durée de ce conflit. Mais la vérité est surtout qu’il s’agit de prendre la main sur cette région, en y écrasant la présence russe afin de l’affaiblir.

Armé jusqu’aux dents par l’Occident, et d’ailleurs aussi par la Russie, et chauffer à blanc par la propagande furieuse de son propre régime, l’Azerbaïdjan d’Aliyev est donc prête désormais à frapper l’ultime coup sur le Karabagh arménien, avec le feu vert français et américain, comptant jeter dans la guerre le peuple azerbaïdjanais, quitte à liquider les Arméniens du Karabagh.

Qui sauvera désormais les Arméniens du Caucase ? Le funeste sort qui attend tragiquement les Arméniens du Karabagh doit être un signal sur le fait qu’il y a rien à attendre de l’OTAN, en l’espèce des États-Unis et de son allié, l’État bourgeois français. Toutes les organisations arméniennes et tous les partis politiques qui se sont compromis lamentablement avec l’État français et sa meurtrière politique belliciste concernant l’Arménie doivent mourir de honte désormais : elles auront aussi sur les mains et sur leur front leur part du sang et des larmes des Arméniens du Karabagh condamnés devant la fureur que l’impérialisme français contribue à lancer contre eux.

Seule une Gauche assumant son héritage historique, assumant le passé révolutionnaire et soviétique des années 1920-1940, assumant de se confronter à l’impérialisme français et ses trahisons est en mesure de défendre ce qui restera de l’Arménie et des Arméniens dans un Caucase transformé en poudrière par les vélléités impérialistes.

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Culture

La déchéance de la culture et comment y remédier

Les efforts prolongés décident de tout.

Sánchez Cotán, Nature morte au coing, chou, melon et concombre, vers 1602

Quiconque s’intéresse à la présence de la culture, et a fortiori à son avenir, ne peut pas éviter le dilemme suivant : s’agit-il de se placer dans une tour d’ivoire afin de se préserver de l’influence délétère d’une société jusqu’au-boutiste dans son consumérisme, ou bien œuvrer à défendre les derniers acquis culturels qui n’ont pas été entièrement lessivés par la machine à acheter et à vendre ?

Ce sont deux aspects qui, naturellement, se répondent de manière dialectique, tout comme la confiance absolue qu’on doit avoir dans les masses… et le rejet profond qu’on ressent au plus profond de soi pour leur passivité, leur médiocrité. Il est simple de comprendre en effet que, pour qu’il y ait culture, il faut qu’elle soit portée par des gens réels.

Or, la bourgeoisie ne faisant plus vraiment semblant d’assumer la culture et le prolétariat s’en désintéressant, avec une petite-bourgeoisie entre les deux résolument superficielle, le problème est devenu historique. La culture est en crise, il y a une crise de la culture, on peut retourner la chose comme on le veut, de toutes façons le bilan est là : c’est un désastre.

On doit en ce sens parler de déchéance, parce que même les derniers remparts de la culture, tels les musées, trahissent et se plient aux exigences de la marchandisation. Tentant de se préserver, ces dernières forteresses acceptent le discours turbo-capitaliste selon lequel elles ne doivent plus être des temples, plein de gravité et de solennité, mais des lieux de passages apportant un supplément « spirituel » en réalité éphémère et commercial.

La réelle déchéance de la culture, c’est qu’elle est devenue un amuse-gueule, un passe-temps, un surplus, une anecdote. La culture, désormais, c’est ce qui relève de papy mamie, ce n’est pas réel, c’est une sorte de luxe intellectuel de gens relevant du passé et qui vont bientôt disparaître.

Cette catastrophe historique est un signe des temps : tout s’effondre et le capitalisme n’est plus en mesure ne serait-ce que de proposer une apparence de défense du patrimoine. Tout doit être récupéré, d’une manière ou d’une autre, sous une forme ou sous une autre, par l’accumulation de capital.

Aussi, pour remédier à la déchéance de la culture, le premier pas nécessaire est en soi-même de batailler fermement, de réaliser des efforts prolongés, pour maintenir un niveau élevé de culture dans un ou plusieurs domaines, afin de préserver humainement, subjectivement, l’exigence historique de la civilisation.

La déchéance de la culture a besoin, pour être vaincue, d’être affrontée par des gens réels, par des artistes et des intellectuels, dans le cadre d’une affirmation historique du prolétariat. C’est une problématique de niveau historique. A chacun de trouver sa place, à son niveau, à son échelle, dans cet affrontement dont l’enjeu est le passage à une forme plus élevée d’existence humaine – le Socialisme.

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Guerre

Le retrait de Kherson et la stratégie russe avec les BRICS en perspective

Le moyen terme est le critère russe absolu.

L’armée russe s’est retirée de la rive gauche du Dniepr, abandonnant la ville de Kherson, ayant initialement 300 000 habitants et prise dès le début de « l’opération spéciale ». Les plus de cent mille habitants restant ont été déplacés vers l’Est, suivis de 20 000 soldats environ.

La carte suivante montre la difficulté qu’il y avait à défendre Kherson, ainsi qu’à l’approvisionner, alors que le Dniepr comme ligne de défense apparaît comme tout à fait idéal du point de vue russe.

La carte de l’armée française (au 9 novembre) montre à quoi cela ressemble de manière plus générale pour la ligne de front.

Les réactions à ce repli sont très intéressantes. Les commentateurs militaires occidentaux sont frappés de deux choses : déjà la froideur de la décision, montrant la « rationalité » du régime russe, ensuite le caractère impeccablement réussi du repli militaire.

Naturellement, les commentateurs médiatiques parlent de défaite russe majeure, etc., mais c’est là une propagande classique, que ne croient que ceux qui ne réfléchissent pas, à l’instar de « Révolution permanente » qui y voit une « débâcle » russe avec un régime qui serait même au bord de l’effondrement.

En réalité, quand on regarde sérieusement les choses, on s’aperçoit que tout cela est très intelligent et, surtout, placé sur le moyen terme. Pour s’en convaincre sans rentrer dans trop de détails, il suffit de constater un seul phénomène.

Comme on le sait, la Russie est membre d’un partenariat avec le Brésil, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Cela représente, pour des données chiffrées, 42 % de la population de la planète et environ 25 % du PIB mondial. C’est ce qu’on appelle les BRICS.

Or, l’Algérie vient de demander à intégrer les BRICS. Pareil pour l’Arabie Saoudite, ainsi que l’Argentine et l’Iran.

L’Indonésie va officialiser sa demande très prochainement. Les BRICS viennent également de proposer au Sénégal d’intégrer les BRICS pour représenter l’Afrique de l’Ouest.

Et les ministres des finances du Nigéria, du Kazakhstan, de Thaïlande, des Emirats Arabes Unis, du Nicaragua (et d’ailleurs du Sénégal) étaient présents à la réunion des BRICS de mai 2022.

La Turquie, l’Égypte et l’Afghanistan sont également intéressés. On se doute que le Mexique serait forcément tenté mais qu’il ne le peut pas de par sa position, mais ce pays n’applique pas de sanctions à la Russie.

On comprend alors très bien le jeu russe : il suffit de tenir, de viser le moyen terme. L’affaiblissement européen avec la crise de l’énergie, les complications du côté de la superpuissance américaine… tout cela est excellent et la Russie a voulu simplement agir en premier afin de tirer les marrons du feu, en anticipant une situation de crise terrible ouverte en 2020.

Le retrait de Kherson n’est pas compréhensible sans saisir cette dimension du moyen terme. C’est l’affrontement sino-américain qui est la clef de tous les événements de la décennie – la Russie l’a comprise en premier.

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Guerre

Revue nationale stratégique 2022: la guerre de haute intensité assumée par la France

L’État installe tout ce qu’il faut pour aller à l’affrontement généralisé.

La Revue nationale stratégique date de 2017 et a été actualisé en 2021, elle indique les principaux axes stratégiques de l’Etat français sur le plan militaire. Il y a cependant une nouvelle version en 2022, en raison du conflit en Ukraine, et c’est à Toulon, à bord du porte-hélicoptères amphibie Dixmude, que le Président de la République Emmanuel Macron l’a officialisée.

Si d’un côté il s’est positionné comme force de proposition, avec la France jouant un rôle dans l’organisation d’un système de sécurité européen et mondial, en filigrane il y a un appel très clair à la transformation de l’armée française dans le sens de la guerre de haute intensité. Autrement dit, Emmanuel Macron pose que la guerre aura lieu aux alentours de 2030 – et qu’il faut commencer la grande réorganisation dans cette direction, en accélérant à chaque fois que l’opinion publique, marquée par la crise, le permettra.

Il n’a ainsi pas hésité à affirmer que :

 « Nous devons faire pivoter notre économie, nous adapter au nouveau contexte, pousser avec notre industrie de défense vers de nouveaux efforts et nous mettre en posture d’économie de guerre. »

Voici la vidéo du discours d’Emmanuel Macron, qui insiste bien sur le fait que « l’armée de 2030 » doit être désormais résolument nouvelle.

Le problème dans tout ça pour Emmanuel Macron, c’est qu’il faut assumer d’être désormais entièrement à la remorque de la superpuissance américaine, sans pour autant le dire. D’où deux parties totalement en incohérence l’une avec l’autre : « La France, allié exemplaire dans l’espace euro-atlantique » et « La France, un des moteurs de l’autonomie stratégique européenne ». Il faut lire en filigrane pour comprendre qu’au-delà des apparences, tout passe par l’Union européenne et donc l’OTAN et donc la superpuissance américaine.

En apparence, la France et l’Europe font leurs choix en toute indépendance, c’est revendiqué… Puis quand on voit en quoi consistent ces choix, on comprend qu’il s’agit de « choisir » d’être un satellite américain. Les phrases essentielles sont ici, et elles sont littéralement hallucinantes de franchise :

« Le recentrage américain sur la compétition stratégique avec la RPC s’accompagne d’une recomposition des rapports de force entre puissances régionales. »

« À travers la guerre en Ukraine, les États-Unis sont à nouveau apparus comme le principal pourvoyeur de la sécurité européenne, par l’ampleur des efforts de réassurance et de soutien militaire à l’Ukraine.

Un potentiel affaiblissement de l’investissement américain dans les zones d’intérêt européen (Afrique, Moyen-Orient), par ailleurs plus exposées aux visées unilatérales de puissances intermédiaires et à la montée d’opinions anti-occidentales, pourrait affecter notre capacité à contribuer durablement à la sécurité et la stabilité de ces régions. »

Ce qui va, naturellement, de pair avec une grande inquiétude sur une opposition intérieure à la guerre, qui est ici criminalisée par avance au moyen d’explications sans aucun sens : il y aurait des armes, on ne sait pas lesquelles, qui seraient « trouvées » sur le champ de bataille en Ukraine, et là les Russes auraient l’idée de les envoyer, celles-là et pas d’autres !, par la Poste à 2500 km afin qu’il y ait des attentats à Paris. C’est irréel.

« La guerre en Ukraine fait également peser le risque d’un retour au terrorisme d’État. La
désinhibition des comportements de la Russie rend crédible la possibilité d’une récupération
d’armes de tout type sur le théâtre ukrainien pour servir des groupes affidés (proxies) ou
terroristes. Celles-ci pourraient être utilisées contre nos intérêts, en complément d’une
campagne de désinformation. »

L’armée française est trop intelligente pour que ces lignes ne relèvent pas de la narration toujours plus forte comme quoi critiquer le soutien au régime ukrainien, c’est être un agent de Moscou. Dans son discours, Emmanuel Macron a d’ailleurs souligné que désormais « l’influence » serait érigée au rang de « fonction stratégique » de l’armée française, ce qui accorde à la propagande étatique supervisée par les militaires une dimension nouvelle, fondamentale.

Et pour l’instant, tout cela est accepté sans aucune protestation par la société française ! D’où l’importance de Rosa, la gazette bimensuelle contre la guerre, dont le nouveau numéro vient de paraître.

Voici ici également la Revue nationale stratégique de 2022.

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Dépêche

Le repli actuel sur son ego

La période actuelle est celle d’une très grande paralysie accolée à une anxiété profonde. Les gens considèrent tellement qu’ils ne peuvent pas agir sur le cours des choses que la pression les écrase. La société se transforme en conglomérat d’individus angoissés. Chaque jour ainsi, la société française perd ses cadres, que ce soit en politique, en économie, chez les fonctionnaires et les hauts fonctionnaires, les syndicats, les associations…

Du point individuel pour les gens en restant à ce niveau, c’est une souffrance, des tourments. Mais du point de vue historique, cela correspond à la fin d’une époque, à l’échec d’une civilisation capitaliste ayant atteint son maximum. Le cadre capitaliste est désormais inapte à satisfaire l’humanité, qui par conséquent déraille. Cela montre bien que le Socialisme est une question concernant l’humanité dans tous ses aspects et pas simplement le social ou l’économique. C’est une question de vision du monde, de moral, de science, de culture, de psychologie, d’action…

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Écologie

Les atteintes envers les animaux domestiques enregistrées par la police et la gendarmerie en 2016-2022

Un document incontournable.

La police et la gendarmerie sont des acteurs incontournables, même si indirects, de la protection animale. Même s’ils ne sont pas formés en ce sens et si les dirigeants ne sont intéressés que par la stabilité du pays, il y a des gens dans ces structures œuvrant à un esprit d’intervention pour les animaux en danger.

Le panorama pour 2016-2022 ne relève pas de cette dignité ; c’est un document administratif. Il est néanmoins fondamentalement utile pour une vue d’ensemble malheureusement si difficile à avoir… Même si on sait, en se fondant sur l’universel qu’on voit dans le particulier, qu’on est en plein cauchemar et que c’est toujours pire.

Le capitalisme qui coule, qui sombre dans la décadence, déchire toute dignité et toute empathie.

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Guerre

Le vote à l’ONU contre « toute glorification du nazisme et du néo-nazisme »

Cela permet une grille de lecture des rapports diplomatiques.

La liste des votants de la résolution

La Russie a déjà plusieurs fois réalisé une telle initiative, qui il est vrai est révélatrice. Elle propose à l’ONU un vote contre le nazisme par l’intermédiaire de la « Troisième Commission » des Nations-Unies, qui est chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles. Puis elle s’appuie sur les résultats pour affirmer sa propre position et dénoncer.

Cette année avec la séance du 4 novembre 2022, la polarisation est d’autant plus marquée étant donné que le régime ukrainien se revendique ouvertement de nationalistes ukrainiens s’étant alliés avec le nazisme ou ayant convergé avec lui. En Ukraine aujourd’hui tout ce qui relève de la Gauche historique est interdit ; publier Rosa Luxembourg est illégal, pour donner un exemple. Glorifier les collaborateurs ukrainiens de l’armée nazie pendant la seconde guerre mondiale est par contre valorisé, étant donné que cela conforte le nationalisme ukrainien.

Les pays occidentaux, opposés à la Russie et soutenant le régime ukrainien (qui est même leur marionnette, en particulier de la superpuissance américaine) ont tenté un contre-feu avec un amendement dénonçant la Russie comme utilisant un vote pour justifier son conflit avec l’Ukraine.

Cela permet un panorama diplomatique de la situation actuelle. Ce n’est guère fascinant en soi, mais utile pour savoir les positionnements de chaque pays dans la période actuelle.

SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME SESSION 45E SÉANCE – MATIN

4 NOVEMBRE 2022

La Troisième Commission entérine par consensus sept textes, mais voit la lutte contre le néonazisme cristalliser les tensions nées de la guerre en Ukraine

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a commencé, ce matin, à se prononcer sur ses projets de résolution en faisant siens huit textes, dont sept par consensus. Un vote a cependant été requis pour entériner celui relatif à la « lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée ». 

En vertu de ce projet de résolution présenté par la Fédération de Russie, et adopté par 105 voix pour, 52 voix contre et 15 abstentions, l’Assemblée générale se déclarerait profondément préoccupée par la glorification, quelle qu’en soit la forme, du mouvement nazi, du néonazisme et des anciens membres de l’organisation Waffen-SS. 

Mais la pomme de discorde est née de l’adoption, par 63 voix pour, 23 voix contre et 65 abstentions, d’un amendement présenté par l’Australie, lequel stipule que la Fédération de Russie a cherché à justifier son agression territoriale contre l’Ukraine en invoquant l’élimination du néonazisme, et souligne qu’invoquer le néonazisme comme prétexte pour justifier une agression territoriale compromet sérieusement les mesures prises pour combattre réellement ce fléau. 

Au nom de l’Union européenne (UE), la République tchèque a estimé que le projet de texte dans son ensemble s’inscrit « en contrepied » dans la mesure où la Fédération de Russie a supprimé le paragraphe qui prend note du rapport de la Rapporteuse spéciale du Conseil des droits de l’homme sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, libellé réintroduit par la délégation russe lors d’un amendement oral. 

L’Australie a précisé pour sa part que son amendement est tiré du rapport de ladite Rapporteuse spéciale.  Il s’agit d’une réaction à l’instrumentalisation grave et évidente des droits humains par la Russie, et c’est pourquoi « nous reprenons mot pour mot » le passage du rapport, a souligné la délégation. 

La Macédoine du Nord et le Libéria ont estimé que cet amendement permet de corriger l’interprétation de la résolution selon laquelle l’auteur a souhaité officiellement justifier son invasion pour procéder à ce qu’il appelle une « dénazification » de l’Ukraine. Une telle position mine gravement les efforts de lutte contre le nazisme et le néonazisme, ont estimé ces délégations, l’Ukraine décriant de son côté « le comble de l’hypocrisie ».

Pour la Fédération de Russie, l’amendement, dont elle s’est dissociée, visait tout simplement à empêcher l’adoption de la résolution. Il ne s’agit pas d’une approche constructive, a-t-elle regretté.  La République arabe syrienne et la Chine, ainsi que par le Burundi et l’Égypte, entre autres, ont regretté pour leur part que l’incorporation de l’amendement vienne « politiser » une résolution thématique. 

(…)

Préalablement au vote sur le projet de résolution dans son ensemble, l’Australie a présenté le projet d’amendement A/C.3/77/L.52, par lequel l’Assemblée générale constaterait avec inquiétude que la Fédération de Russie a cherché à justifier son agression territoriale contre l’Ukraine en invoquant l’élimination du néonazisme, et soulignerait qu’invoquer le néonazisme comme prétexte pour justifier une agression territoriale compromet sérieusement les mesures prises pour combattre réellement ce fléau. 

Le projet d’amendement a été adopté par 63 voix pour, 23 voix contre et 65 abstentions. 

Déclarations et explications de vote sur le projet d’amendement

Avant le vote, lAustralie, qui avait initialement soumis deux projets d’amendement aux côtés du Japon, du Libéria et de la Macédoine du Nord, a tout d’abord indiqué qu’à la suite de la révision annoncée par la Fédération de Russie, le premier avait été retiré car il était devenu « redondant ». 

Elle a par ailleurs précisé que le libellé de l’amendement maintenu est tiré du rapport de la Rapporteuse spéciale, lequel note avec inquiétude que la Fédération de Russie a essayé de justifier son invasion militaire de l’Ukraine en avançant l’élimination du néonazisme.  Il s’agit d’une réaction à l’instrumentalisation grave et évidente des droits humains par la Russie, a souligné la délégation.  C’est pourquoi, a-t-elle déclaré, « nous reprenons mot pour mot » le passage du rapport. 

Au nom de l’Union européenne (UE), la République tchèque a rappelé que la lutte contre le racisme est un principe fondateur de l’UE qui, depuis 10 ans, prend une part active et constructive à cette résolution. Le projet de texte présenté cette année s’inscrit, selon elle, « en contrepied » dans la mesure où la Fédération de Russie a supprimé le paragraphe qui prend note du rapport de la Rapporteuse spéciale. La raison de la suppression de ce paragraphe est évidente et ne peut être justifiée par des raisons techniques, a-t-elle fait valoir. 

En effet, le rapport prend note avec inquiétude que la Russie a justifié son invasion militaire de l’Ukraine en invoquant l’élimination du néonazisme.  Il s’agit pour la délégation d’une « instrumentalisation de préoccupations vives concernant les droits humains ». 

L’utilisation sous forme de prétexte du néonazisme pour justifier une agression territoriale compromet sérieusement les mesures prises pour combattre réellement ce fléau, a déploré la délégation, qui a expliqué que pour toutes ces raisons, l’UE votera en faveur de l’amendement. 

À sa suite, la Macédoine du Nord et le Libéria ont estimé que cet amendement corrige l’interprétation de la résolution selon laquelle l’auteur a souhaité officiellement justifier son invasion pour procéder à ce qu’il appelle une « dénazification » de Ukraine. 

Une telle position mine gravement les efforts de lutte contre le nazisme et le néonazisme, ont estimé les délégations, qui ont appelé à la mobilisation pour ne pas faire du projet de résolution une « arme de propagande » aux mains de l’agresseur.

Hostile à ce projet d’amendement, la Fédération de Russie a appelé à voter contre.  Rappelant qu’elle mène, d’année en année, des négociations ouvertes sur ce texte, elle a estimé que le but de l’amendement est de « politiser le sujet ». Nous avons toujours été disposés à mener un dialogue et à aborder toute proposition constructive, a assuré la délégation. 

Néanmoins, nous rejetons toute proposition visant à modifier l’essence ou la finalité de la résolution, dont l’objectif n’est pas de pointer du doigt, a-t-elle ajouté, relevant qu’il s’agit d’un texte thématique qui évoque des problèmes « transfrontières » concernant de nombreux pays du monde. Cette position a également été soutenue par l’Azerbaïdjan. 

Avant le vote sur le projet de résolution dans son ensemble, tel que révisé oralement et amendé, l’Arménie, qui s’exprimait au nom de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), a indiqué que ce texte jouit d’un large soutien parmi les États membres de cette organisation, qui font front commun contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  Ils le font grâce à la bravoure de leurs citoyens, qui, au prix de leurs vies, ont libéré les peuples d’Europe du nazisme, a-t-elle souligné, en s’élevant contre les « campagnes politiques » de certains pays qui visent à « réécrire l’histoire ». 

Le Canada et les États-Unis ont, de leur côté, exprimé leur opposition à ce projet de résolution qui vise, selon eux, à légitimer un discours basé sur la désinformation.  Ils ont été appuyés par le Japon et le Royaume-Uni, ce dernier constatant que le « régime de Putin » est en train de se livrer aux actes les plus dévastateurs, semblables à ceux de certains des pires régimes du XXe siècle. 

Quant à l’Ukraine, elle a estimé que ce projet de texte n’a rien à voir avec l’intitulé de la résolution, mais est, au contraire, un prétexte utilisé par la Russie pour justifier sa guerre brutale contre son pays et les crimes abjects commis contre l’humanité. La délégation y a vu le « comble de l’hypocrisie ». 

Après le vote du projet de résolution, le Mali s’est déclaré en faveur du texte, tout comme Singapour qui a cependant estimé qu’une question aussi importante ne doit pas être politisée, « ce qui est malheureusement le cas aujourd’hui ».

Le Venezuela, en tant que co-auteur de ce projet « opportun », a regretté l’amendement, qui, selon lui, ne contribue pas à l’objectif final.  Il s’est donc dissocié de ce passage, à l’instar du Nicaragua qui a regretté les tentatives visant à détourner l’attention de la lutte pour l’éradication de toutes ces idéologies néfastes et extrémistes. 

La Croatie a dit avoir voté contre ce texte « pour la première fois en 10 ans ». Même remarque de l’Australie, qui a appelé à une approche plus inclusive pour lutter contre les formes contemporaines du racisme et de la xénophobie. La Russie doit nouer un dialogue transparent autour de cette résolution, a-t-elle plaidé. 

À son tour, la Slovénie a exprimé son rejet de l’approche défendue par le texte, de même que l’Islande, qui, au nom d’un groupe de pays, a rejeté une « instrumentalisation » destinée à justifier une agression contre un pays souverain. Quant à la Suisse, qui s’est abstenue, elle a estimé que le projet de résolution ne reflète pas les formes les plus contemporaines de ces fléaux. 

Le Guatemala a ensuite dit avoir voté en faveur du projet de texte, tout comme Cuba, qui s’est dite pleinement engagée dans la lutte contre toutes les formes de nazisme et du néonazisme, y voyant « les manifestations les plus extrémistes de théories visant à mettre en place la suprématie d’une race ». Abondant dans le même sens, Sri Lanka a regretté l’amendement au texte, avant de rejeter une approche ciblant un pays en particulier. 

La Fédération de Russie a remercié tous les États Membres qui ont voté en faveur d’une résolution « fondamentale pour le système des Nations Unies ». 

Elle a ensuite condamné les manifestations les plus graves de glorification du nazisme, notamment la destruction de monuments érigés à la mémoire de ceux qui ont lutté contre le nazisme. Pour la délégation, l’issue du scrutin n’a fait que confirmer que l’objectif de l’amendement était tout simplement d’empêcher l’adoption de la résolution. 

Il ne s’agit pas d’une approche constructive, a-t-elle dénoncé, avant de se dissocier de l’ajout fait au texte. À son tour, le Bélarus a rendu hommage à ceux qui ont permis au monde de « ne pas sombrer dans les abysses de la haine sous l’étendard du nazisme » et s’est également dissocié du paragraphe ajouté, tout comme le Vietnam, la Malaisie et l’Afrique du Sud, celle-ci estimant en outre que la Troisième Commission n’est pas le « forum idoine » pour examiner les droits humains dans des pays spécifiques. 

Favorables au texte soumis par la Fédération de Russie, ces pays ont été rejoints par la République arabe syrienne et la Chine, également hostiles à l’amendement, ainsi que par le Burundi et l’Égypte.  Ces délégations, qui se sont portées co-auteurs du projet de texte, ont regretté que l’incorporation de l’amendement vienne « politiser » une résolution thématique. 

L’Algérie a, pour sa part, indiqué avoir voté en faveur du texte dans son ensemble, mais s’être abstenue sur le projet d’amendement. 

Pour finir, Israël est revenu sur l’Holocauste, jugeant que la « plus sombre période de l’histoire du peuple juif » a démontré à quel point l’être humain peut être « vil au plan moral ». C’est, hélas, un phénomène contemporain dont il est impératif d’identifier les racines profondes, a-t-il affirmé, appelant à la mobilisation des gouvernements et de la communauté internationale ainsi que des plateformes de réseaux sociaux. La délégation a ajouté que, si elle s’est prononcée en faveur du texte, son vote ne doit pas être considéré comme un « feu vert » donné à un pays qui envahit un État souverain. 

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Guerre

Le sens stratégique du jour de l’unité russe le 4 novembre 2022

L’Europe de l’Est se précipite dans la guerre.

Le monument à Kouzma Minine et Dmitri Pojarski

Le 4 novembre 2022, le président russe Vladimir Poutine s’est rendu sur la place Rouge afin de déposer une gerbe de fleurs devant le monument dédié à Kouzma Minine et Dmitri Pojarski, devant la cathédrale Basile-le-Bienheureux. Le prétexte était le jour de l’unité nationale, fêtée auparavant par le tsarisme et réintroduit en 2004.

La date fait référence à la grande révolte populaire à Moscou du 4 novembre 1612 contre l’occupant polonais. Le marchand Kouzma Minine et le prince Dmitri Pojarski dirigèrent ce combat menant à l’indépendance russe et à l’instauration de la dynastie des Romanov.

Cet épisode est totalement inconnu en France où la narration polonaise a masqué cette période, afin de donner plus de volume à l’occupation russe de la Pologne par la suite. Mais au 17e siècle, la Pologne, au sein de la « République des Deux Nations » avec la Lituanie, était une puissance majeure et expansionniste.

Le territoire de cette force féodale recouvrait alors les territoires actuels de la Pologne, une grande partie de l’Ukraine, de la Lituanie et de la Biélorussie, mais également une petite partie de la Russie, de la Lettonie et de l’Estonie. 

La République des Deux Nations en jaune clair et en rouge, on remarquera que la future Ukraine en fait partie – elle se rebellera contre les Polonais ainsi que contre les Tatars sous la forme des guerriers cosaques qui se tourneront alors vers la Russie (wikipédia)

Maintenant, à moins d’être naïf, il n’est pas bien difficile de voir qu’il existe actuellement une alliance stratégique Ukraine – Pologne – Lituanie – Lettonie – Estonie contre la Russie, avec comme objectif assumé de la démembrer. La Suède, qui historiquement a mené de nombreuses guerres dans la région (et a précipité la chute de la République des Deux Nations), est de la partie, tout comme la Finlande.

Le but est de dire que la Russie est un empire, qu’il faut « libérer » ses peuples, donc former une « Moscovie » de taille réduite, en s’appropriant au passage des territoires, et décomposer le reste en « républiques » semi-coloniales.

Le jour de l’unité russe en 2022 prend donc une tournure stratégique tout à fait significative. Du point de vue français cela ne se voit pas, mais à l’Est les choses sont claires, c’est soit la Russie, soit le bloc Ukraine – Pologne – Lituanie – Lettonie – Estonie.

Le maréchal fasciste polonais des années 1920 – 1930, Józef Piłsudski, avait d’ailleurs déjà conceptualisé ce principe d’un « intermarium ». Il s’agissait alors pour la Pologne, allié ou plus exactement vassalisé au Royaume-Uni, devenir une grande force régionale.

On en revient au même schéma puisque le Royaume-Uni est première ligne contre la Russie et prête à envoyer des troupes, alors que dès février 2022 a été instaurée une alliance Ukraine – Pologne – Royaume-Uni dénommée la « trilatérale ».

Il faut donc bien comprendre qu’en Europe de l’Est, on va vers un affrontement significatif, au minimum. Et si la superpuissance américaine parle beaucoup de l’utilisation par la Russie d’une bombe nucléaire tactique, c’est également parce que si tout déborde, la Russie ne se laissera pas faire par le bloc en face.

En parlant de cette menace pratique, la superpuissance américaine ne mène pas seulement une attaque contre la Russie, elle avertit en même temps les fous furieux que sont le Royaume-Uni, les pays baltes, la Pologne et l’Ukraine…

Ainsi que la Finlande et la Suède. Leurs dirigeants de gouvernement, Sanna Marin et Ulf Kristersson, n’ont pas hésité à expliquer au tout début du mois de novembre 2022 qu’il serait possible que leurs pays accueillent des armes atomiques américaines. C’est là suicidaire, déjà que l’entrée de la Finlande dans l’OTAN fait de Helsinki une cible directe de par la géographie de la zone.

On est complètement dans le repartage du monde, avec chacun cherchant à en profiter le plus possible. La Pologne est en effet tout autant susceptible d’avaler une partie de l’Ukraine qu’une partie de la Biélorussie, selon les possibilités du moment… Tout est une question d’opportunités… C’est l’ère de l’impérialisme.

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Écologie

Indignations suite à des études barbares sur des macaques à Harvard

C’est du terrorisme.

Une publication soi-disant scientifique de septembre dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) a suscité de nombreuses réactions : plus modérées de la part de scientifiques et incendiaires de la part de PeTA (People for the Ethical Treatment of Animals). Il est ici question de séparer des mères macaques de leurs nouveaux-nés, les remplacer par des peluches, et de suturer les yeux de certains !

Note : nous ne publierons pas ici des images des mères et leurs enfants, en souffrance, dont il est question ici. Par respect de leur dignité.

Arracher des nouveaux-nés de leurs mères… et les remplacer par des peluches

Dans un article intitulé « Triggers for mother love » (déclencheurs de l’amour maternel), publié le 19 septembre 2022, Margaret Livingstone explique que des mères à qui l’on a retiré l’enfant s’attachent à des peluches de remplacements. De même pour les nouveaux-nés.

Disons ici les choses clairement : il s’agit de terrorisme. Il n’y a pas d’autres mots pour décrire l’horreur de non seulement arracher un petit à sa mère, mais en plus d’essayer de proposer à chacun une peluche afin de les tromper et de voir leurs réactions.

La perversité de ces gens va jusqu’à retirer un enfant mort-né des bras de sa mère. Pourquoi ? Parce qu’il était nécessaire d’examiner l’enfant… Même le deuil d’un enfant est interdit. Comment peut-on aller aussi loin dans la perversité ? Tout cela pour étudier… l’amour maternel ?

Sans surprise, la mère a dû être anesthésiée et est devenue très énervée à son réveil. Afin de réduire le stress, Margaret Livingstone a décidé de placer une peluche de quinze centimètres dans sa cage : celle d’une souris… sans visage. Elle note que la mère s’est calmée, a tenu la peluche près d’elle durant les deux semaines suivantes et s’est montré très protectrice : les signes d’une mère avec son enfant observe fièrement la soi-disant scientifique.

D’autres mères et d’autres enfants ont été victimes de la perversité de cette personne. Tout cela au nom de la science.

Ceci a mis en lumière d’autres études de cette même personne impliquant aussi de jeunes macaques… dont on a suturé les paupières.

Britches

Il faut bien comprendre que ceci renvoie à l’histoire tristement célèbre du singe Britches, aux États-Unis.

Ce jeune macaque né en mars 1985 a été arraché des bras de sa mère le jour de sa naissance, ses yeux ont été suturés et une sonde placée sur sa crâne afin de réaliser diverses expériences sadiques.

En avril 1985, une cellule de l’ALF s’introduit dans un laboratoire de l’université de Californie et vient sortir Britches de cet enfer, ainsi que 467 autres animaux. L’affaire prendra une ampleur considérable lorsque la PeTA diffusera un film monté grâce aux images tournées par l’ALF en avril 1985.

Le symbole est ici très fort. Cette affaire a mis en lumière que d’autres jeunes macaques ont connu un sort similaire à celui de Britches, dans le cadre de travaux menés par cette soi-disant scientifique au cours des vingt, trente dernières années.

D’autres jeunes macaques ont été arrachés des bras de leurs mères et ont vu leurs paupières suturées… d’autres Britches, d’autres mère de Britches ont connu l’enfer des laboratoires de vivisection.

En 1985, l’affaire avait suscité un vif haut-le-cœur : comment rester de marbre lorsque l’on apprend , lorsque l’on voit ce que certains terroristes sont capables de faire ?

Des réactions officielles en défense de l’indéfendable

En 2022, ces crimes crimes continuent et restent impunis. Face aux attaques, documentées, de la PeTA, l’université a été contrainte de prendre une position officielle à la mi-octobre. S’en est suivi un communiqué de la principale concernée.

L’université commence par expliquer que les images et vidéos des articles de PeTA ne proviennent pas de recherches menées par l’équipe de Margaret Livingstone. Ce qui est juste : l’article rappelle l’histoire du jeune Britches qui a connu un sort similaire. La PeTA ne cherche à aucun moment à faire passer ces images pour celles des expériences de la terroriste Livingstone.

S’ensuit le grand classique, le récit pompeux des découvertes fondamentales réalisées par cette dame au niveau de la vision, du développement cérébral et de troubles neuronaux. Le communiqué évoque fièrement la découverte de traitements contre Alzheimer et certains cancers très agressifs – chacun au stade expérimental. Celui de l’intéressée reprendra également l’argument des traitements dont la découverte aurait été impossible sans expérimentation animale.

Le problème ? Il semblerait que ces communiqués exagèrent légèrement la réalité.

La neuroscientifique Katherine Roe a vivement réagi, dans un article relayé par PeTA, à ce sujet. Elle y dit, entre autres :

« Si la moindre de ses expériences dépravées a permis de découvrir des traitements contre Alzheimer, le glioblastome ou les tremblements – comme elle le prétend dans son communiqué – elle n’a publié aucun de ces travaux, donc ne la croyons pas sur parole. Nous demandons des preuves. »

https://www.peta.org/media/news-releases/peta-demands-proof-of-human-benefits-claimed-by-harvards-margaret-livingstone/

Et effectivement, les liens proposés ne renvoient pas vers des études ou des publications scientifiques, mais vers un article de presse ou un vague communiqué d’un autre département de l’université.

Ceci est un grand classique : les défenseurs de la vivisection prétendent qu’elle est un mal nécessaire. Face à de la barbarie pure et simple, des prestigieuses instances évoquent alors fièrement tel ou tel traitement en cours de validation… peu importe que cela débouche sur quoi que ce soit derrière, peu importe l’absence d’études scientifiques, peu importe l’absence totale de conscience, peu importe les résultats faussés dès le début, peu importe la réalité…

Enfin, tout le monde s’accorde pour dire qu’il serait idéal de se passer des animaux mais que cela est impossible aujourd’hui. Avec bien évidemment, des longues phrases au sujet du respect du bien-être animal, des normes en vigueur, etc.

Et même là, les communiqués parviennent à mentir en minimisant les horreurs commises au cours des dernières années. Un article de PeTA, en anglais, relève ces mensonges, preuves à l’appui.

Ces gens torturent quotidiennement des animaux dans leurs établissements et viennent parler de respect des animaux ? Ces gens travaillent pour l’expérimentation animale qui est d’une opacité sans nom, qui n’hésite pas à mentir et faire du chantage affectif immonde et s’inventent une conscience qu’ils ont perdu depuis des lustres ?

Car aucun des ces soi-disant scientifiques n’assumera la réalité de la vivisection. Aucun n’assumera le nombre d’animaux tués et torturés chaque loin des regards.

Qu’ils expliquent concrètement au grand public ce qui se passe dans leurs laboratoires. Qu’ils arrêtent d’inventer des découvertes fracassantes qui donnent rien. Qu’ils donnent un aperçu réel de ce que représente la vivisection, au quotidien.

Qu’ils assument de mener des expériences dans lesquelles on arrache des nouveaux-nés à leurs mères. Des expériences dans lesquelles des jeunes macaques sont brisés à vie pour que des scientifiques aient des données à publier dans des revues prestigieuses. Peu importe les avancées réelles de la science : il ne s’agit que d’accumuler, tâtonner, sans jamais rien expliquer.

Qu’ils assument d’être des terroristes et des sadiques.

La question de la vivisection est une question brûlante. C’est une question de civilisation fondamentale, la devise « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » doit être défendue et appliquée partout. L’humanité doit se relever de la barbarie dans laquelle elle s’enfonce chaque jour davantage.

A la Gauche de relever le drapeau de la civilisation, de libérer tous les animaux des laboratoires de vivisection et de traîner leurs bourreaux devant des tribunaux qui les jugeront pour ce qu’ils sont, pour ce qu’ils portent : des démons de l’ancien monde.

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Guerre

Emmanuel Macron officialise le soutien unilatéral au régime ukrainien

Le président français revendique le « soutien militaire à l’Ukraine ».

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Le 1er novembre 2022, le président français Emmanuel Macron s’est entretenu au téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ce qui a abouti à des décisions qui, sans aucun doute, ont été élaborées directement au sein de l’OTAN. Emmanuel Macron officialise en effet le soutien militaire à l’Ukraine : il ne s’agit plus en apparence de soutenir l’Ukraine parce qu’il le faudrait bien face à une invasion, désormais on est dans une convergence ouverte avec la superpuissance américaine mobilisant pour faire guerre à la Russie.

La France est clairement partie prenante dans le conflit, épaulant totalement le régime ukrainien ; le communiqué de l’Elysée ne peut pas se lire autrement.

Le Président de la République s’est entretenu par téléphone avec le Président de l’Ukraine, M. Volodymyr ZELENSKY, ce mardi 1er novembre 2022.

Ils ont échangé sur la situation sur le terrain et sur les derniers développements de la contre-offensive ukrainienne. Le chef de l’État a redit la pleine mobilisation de la France pour augmenter dans les plus brefs délais son soutien militaire à l’Ukraine, en particulier concernant la défense anti-aérienne.

Le Président de la République a également marqué sa détermination à aider l’Ukraine à résister à l’approche de l’hiver, alors que les frappes russes ont considérablement endommagé les infrastructures électriques et d’approvisionnement en eau du pays. Il a indiqué que la France intensifiera son soutien à cet égard et participera à la mobilisation internationale.

Les deux présidents sont convenus d’organiser le 13 décembre à Paris une conférence internationale destinée à soutenir la résilience civile du pays tout au long de la période hivernale. Un travail de préparation avec les autres partenaires de l’Ukraine sera lancé prochainement à cette fin. Par ailleurs, les deux présidents se sont également accordés sur l’organisation d’une conférence bilatérale visant à mobiliser les entreprises françaises, qui se tiendra le 12 décembre.

Les deux présidents ont évoqué la suspension par la Russie de la mise en œuvre de l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes par corridor maritime. Le chef de l’Etat a dénoncé une décision unilatérale de la Russie qui nuit de nouveau à la sécurité alimentaire mondiale.

Ils ont de même abordé la situation à la centrale nucléaire de Zaporijjia, où les pressions exercées par l’armée russe sur le personnel ukrainien compromet encore davantage la sûreté de la centrale. 

Enfin, sur les fausses allégations de la Russie concernant la préparation d’une bombe sale, le Président de la République a salué la transparence exemplaire de l’Ukraine qui a permis sans délais une mission de l’AIEA sur place, afin de démontrer que l’Ukraine respecte pleinement son accord de garanties et d’écarter les accusations infondées.

Si cela n’a rien de surprenant, l’aspect principal est qu’on est ici dans une escalade, dans un schéma narratif généralisé visant à entraîner ouvertement dans la guerre. Tout est fait pour que l’intervention directe de l’OTAN dans le conflit Ukraine – Russie apparaisse comme inéluctable. La France ne fait même plus semblant d’être ouverte au dialogue avec la Russie ; le régime ukrainien est littéralement soutenu à bout de bras.

La passivité des masses françaises face à une telle tendance militariste va se payer très cher. Il faudrait une mobilisation de l’ensemble de la Gauche contre la guerre, mais cette question n’est pratiquement jamais abordée, et lorsqu’elle l’est, pour la considérer comme un bruit de fond gênant et horrible, mais sans impact réel.

Alors que dans les faits, la guerre est l’actualité principale de l’Histoire du monde. On est en pleine tendance menant à la guerre mondiale de repartage. Qui ne fait pas de la guerre l’alpha et l’oméga de son raisonnement politique s’est en pratique aligné sur le capitalisme en décomposition.

Très rapidement on va voir que les choses vont empirer dans cet investissement français en faveur du régime ukrainien. La France, satellisée par la superpuissance américaine, est désormais un pion à sacrifier dans la stratégie américaine de maintien de son hégémonie face à son challenger chinois et son allié russe.

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Politique Refus de l’hégémonie

L’ennemi principal en France, c’est la superpuissance américaine

C’est le rapport à la superpuissance qui détermine la vie politique française… et son absence.

S’il ne se passe rien en France, c’est également parce que les décisions ne sont plus prises à Paris, mais à Washington. Et de par l’ampleur d’un tel phénomène, c’est même le facteur principal : ce n’est pas également parce que Washington décide, mais surtout parce que Washington décide. C’est la superpuissance américaine qui décide des orientations internationales de la France (et de l’Union européenne), qui encadre ses perspectives militaires, qui orientent ses moeurs et même ses mentalités.

La société française suit un modèle américain, avec sa fragmentation sociale à la fois individualiste et communautaire ; tous les intellectuels universitaires se situent de manière assumée dans la perspective post-moderne dont le contenu tient à l’idéologie LGBTQ, l’écriture inclusive, l’art contemporain, le relativisme moral, la négation des classes (ou alors pour dénoncer le « classisme »), l’absence de toute critique du militarisme, etc., etc. !

La superpuissance américaine est le coeur du monstre capitaliste, c’est là que se décide le mode de vie dominant, qui se répand à travers les grandes entreprises américaines et l’influence étatique américaine. La crise de la civilisation capitaliste est avant tout la crise de la superpuissance américaine.

Ce n’est pas pour rien que des nationalistes français comme Eric Zemmour, Marion Maréchal, Marine Le Pen ont capitulé devant l’OTAN et le soutien au régime ukrainien lors du démarrage de l’opération militaire russe en février 2022. Ils savent que s’ils assumaient une rupture avec la superpuissance américaine, il aurait alors fallu une remise en cause du mode de vie français, et ça ils ne peuvent certainement pas l’assumer.

C’est une grande chance que nous avons en France, car à l’inverse en Russie malheureusement les forces nationalistes ont réussi à synthétiser une idéologie pour galvaniser les masses, prenant les commandes du refus de l’OTAN pour l’aligner sur un expansionnisme russe tout aussi impérialiste. Cela signifie qu’il existe un espace en France pour dénoncer la superpuissance américaine et basculer de là dans un rejet du capitalisme.

Il va de soi que cette dénonciation de la superpuissance américaine ne saurait tenir en l’anti-américanisme ou en l’alignement sur la Russie ou la Chine, cette dernière voulant simplement prendre la place des États-Unis. Cette dénonciation doit reposer sur la critique systématique, complète, intransigeante du mode de vie capitaliste dominant, avec son exploitation et son aliénation, sa destruction de la culture et sa fuite dans la guerre.

Une telle chose fait que la question animale est par exemple essentielle, car McDonald’s est un grand symbole du mode de vie capitaliste destructeur. Tout comme la dénonciation des réseaux sociaux, calibrés pour assécher les esprits, les faire se désorienter dans une consommation abrutissante, doit prendre une place réelle. On ne peut pas dénoncer le capitalisme en perdant sa vie sur Instagram, Facebook, Twitter, Tinder, Youtube et autres variantes pas forcément américaines, comme TikTok.

Dire qu’en France l’ennemi principal c’est la superpuissance américaine, c’est opposer non pas la France au États-Unis, mais les intérêts démocratiques et populaires des larges masses à l’alignement sur la superpuissance américaine et ses valeurs dans tous les domaines.

L’apolitisme en France est l’expression de cet alignement et rien ne peut se faire sans le rejet affirmé de la superpuissance américaine !

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Réflexions

L’échec de l’extrême-Droite française reflète que la France relève du second monde

La France est une puissance en déclin.

La France est un pays où les gens fuient la réalité. Même l’extrême-Droite, pourtant normalement volontariste, a fui le conflit militaire en Ukraine, afin de soigneusement éviter d’avoir à soutenir la Russie. Des figures comme Eric Zemmour et Marion Maréchal auraient pu se poser en grands rebelles gaullistes en rejetant l’OTAN et les sanctions contre la Russie, mais ils ne l’ont surtout pas fait.

Il existe une base objective à cela : le déclin de la France, son déclassement, son incapacité à produire une extrême-Droite néo-gaulliste conséquente. Les traditions sont là, notamment dans l’armée, jamais elles ne s’expriment de manière prolongée, structurée, profonde. Le néo-gaullisme n’arrive pas à émerger, alors que logiquement on devrait le voir se développer à grande vitesse.

Pour saisir cette question, on peut se tourner vers la théorie des trois mondes exposée par la Chine de Mao au début des années 1970. Mao résume cette conception selon quoi « trois mondes se dessinent » comme suit :

« Je pose que les États-Unis et l’Union Soviétique appartiennent au premier monde. Les éléments du milieu, comme le Japon, l’Europe, l’Australie et le Canada, appartiennent au second monde. Nous sommes le troisième monde (…).

Tous les pays asiatiques, excepté le Japon appartiennent au troisième monde. Toute l’Afrique et également l’Amérique latine appartiennent au troisième monde. »

La Chine soulignait ainsi qu’il existait des contradictions entre les superpuissances et les pays du second monde, malgré le fait d’être tous capitalistes (pour la Chine de Mao l’URSS était une superpuissance où le capitalisme avait été rétabli à la mort de Staline). Les pays du second monde étaient aspirés par l’hégémonie des superpuissances, mais en même temps cherchaient à secouer leur joug. Les pays du tiers-monde ou troisième monde connaissaient un même processus, mais de manière encore plus marquée.

C’est par exemple pourquoi la Chine de Mao avait de bons rapports diplomatiques avec la France de De Gaulle, tout en soutenant la contestation étudiante de mai 1968 (dénoncée par le PCF et la CGT), car la France exprimait de manière prononcée une contradiction avec la superpuissance américaine.

Si l’on prend ce schéma et qu’on le projette en 2022, on a les États-Unis et la Chine comme superpuissances, et on a la France comme relevant toujours du second monde, à ceci près qu’elle a beaucoup perdu de sa force capitaliste. Le gaullisme, si puissant dans les années 1960-1980, s’est largement effacé ; il n’y a plus de bourgeoisie s’alignant sur cette idéologie. La bourgeoisie s’est largement macronisée, s’est façonné dans un style conforme aux intérêts du capitalisme américain.

Vladimir Poutine, en Russie, dénonce principalement cela. Lorsqu’il vante la religion orthodoxe russe et dénonce la décadence occidentale, il défend les intérêts de la bourgeoisie russe en disant aux bourgeois russes : attention, si vous vous alignez culturellement sur le capitalisme occidental, vous vous effacerez devant leurs dispositifs économiques et serez satellisés. Comme la bourgeoisie russe est soumise à une oligarchie liée à l’État, Vladimir Poutine a pu concrétiser cette démarche de rupture.

Un tel processus n’a pas lieu en France. Il n’y a pas eu de secteur de la bourgeoisie française exigeant, en accord ou en soumission avec une partie ou toute la haute bourgeoisie, que la France assume une autonomie stratégique la plus grande possible. La France est du second monde mais son rang est tellement bas que la soumission au premier monde est devenue majeure, voire complète si l’on prend que l’armée française, aujourd’hui, ne peut tout simplement plus être découplée de l’OTAN.

Le gaullisme avait justement bien fait en sorte que l’armée française soit indépendante, tout en étant liée à l’OTAN. Désormais, sans l’OTAN, l’armée française n’est plus en mesure de se projeter, de formuler d’interventions réelles. La dépendance militaire sur le plan stratégique est patente. Cela reflète et découle à la fois du fait que la France relève du second monde, de manière profondément marquée.

L’Allemagne connaît le même processus et s’aligne militairement entièrement sur la superpuissance américaine depuis deux mois. La différence est qu’il existe une grande agitation contre cette tendance, de la part de l’extrême-Droite et de représentants de la Gauche historique comme Sahra Wagenknecht, qui sont ici en grande concurrence.

En France, l’extrême-Droite s’est alignée sur l’OTAN et les milieux nationalistes agressifs soutiennent directement le régime ukrainien. Ce faisant, l’extrême-Droite converge avec la mise en orbite de la France autour de l’astre américain. Stratégiquement, la France est désormais un satellite américain.

L’échec de l’extrême-Droite reflète le statut de la France, pays du second monde en perte totale de vitesse.

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Rapport entre les classes Réflexions

La véritable misère en France est psychologique

Le capitalisme détruit l’esprit et dissout l’âme.

Il n’existe pas de problématique de pauvreté en France, ou alors seulement jusqu’au niveau du très désagréable. Cela ne va pas toutefois jusqu’à une remise en cause existentielle, à part pour des populations marginalisées, très souvent immigrées. Car le capitalisme en 2022 produit beaucoup de marchandises, il est actif dans de très nombreuses sphères et on peut y trouver une place, même extrêmement déplaisante, mais tout de même.

Cela peut changer, mais cela n’a pas encore changé et de toutes façons même si ça change, les gens vont mettre un certain temps avant de comprendre ou d’accepter une baisse de leur niveau de vie. Cela produira inexorablement des mouvements pré-fascistes ou fascistes à la Gilets Jaunes.

Et le véritable arrière-plan dans le capitalisme développé, où il y a des marchandises partout, c’est que la misère psychologique est partout, que s’épanouir semble impossible, alors qu’au niveau de l’activité de l’esprit tout se réduit à la portion congrue et que l’âme, en quête de grandeur, se voit littéralement dissoute.

Il ne suffira pas que le capitalisme soit freiné ou recule pour que les gens comprennent l’ampleur de cette question psychologique. Mécaniquement, les gens se réfugieront bien plus dans la nostalgie d’un capitalisme permettant une certaine aisance. Le mouvement des Gilets Jaunes, cette horreur réactionnaire (au sens réel du terme puisque nostalgique d’un passé idéalisé), en témoigne de manière exemplaire.

Combattre la misère psychologique est donc fondamental et ce n’est pas là d’ailleurs quelque chose d’étranger au marxisme, comme on peut le penser en France, c’est bien au contraire au cœur de la question. Voici comment Karl Marx définit la situation des prolétaires dans le Capital en parlant de la paupérisation, c’est terrifiant et c’est vrai :

« L’analyse de la plus-value relative nous a conduit à ce résultat : dans le système capitaliste toutes les méthodes pour multiplier les puissances du travail collectif s’exécutent aux dépens du travailleur individuel; tous les moyens pour développer la production se transforment en moyens de dominer et d’exploiter le producteur : ils font de lui un homme tronqué, fragmentaire, ou l’appendice d’une machine ; ils lui opposent comme autant de pouvoirs hostiles les puissances scientifiques de la production-, ils substituent au travail attrayant le travail forcé ; ils rendent les conditions dans lesquelles le travail se fait de plus en plus anormales et soumettent l’ouvrier durant son service à un despotisme aussi illimité que mesquin ; ils transforment sa vie entière en temps de travail et jettent sa femme et ses enfants sous les roues du Jagernaut [sorte de chariot géant, utilisé pour les processions hindouistes] capitaliste.

Mais toutes les méthodes qui aident à la production de la plus-value favorisent également l’accumulation, et toute extension de celle-ci appelle à son tour celles-là.

Il en résulte que, quel que soit le taux des salaires, haut ou bas, la condition du travailleur doit empirer à mesure que le capital s’accumule.

Enfin la loi, qui toujours équilibre le progrès de l’accumulation et celui de la surpopulation relative, rive le travailleur au capital plus solidement que les coins de Vulcain ne rivaient Prométhée à son rocher.

C’est cette loi qui établit une corrélation fatale entre l’accumulation du capital et l’accumulation de la misère, de telle sorte qu’accumulation de richesse à un pôle, c’est égal accumulation de pauvreté, de souffrance, d’ignorance, d’abrutissement, de dégradation morale, d’esclavage, au pôle opposé, du côté de la classe qui produit le capital même. »

Être marxiste c’est considérer que les travailleurs sont en France des êtres humains tronqués, fragmentaires, frappés par la pauvreté, la souffrance, l’ignorance, l’abrutissement, la dégradation morale, l’esclavage salarié.

C’est là le contraire du discours misérabiliste – républicain des syndicats et de la Gauche gouvernementale, et de toutes les variantes d’ultra-gauche ! Pour eux les travailleurs n’ont pas besoin de changer, ils sont déjà très bien…

Eh bien non ! Ils doivent se transformer ! Pour être en mesure de transformer le monde. Sans cela, ils restent un simple rouage de la machinerie capitaliste, qui désormais précipite le monde à la guerre.

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Guerre

Ukraine : avertissement russe quant à une bombe sale

L’utilisation de l’arme nucléaire tactique se profile.

Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a appelé ses homologues français (Sébastien Lecornu), turc (Hulusi Akar), américain (Lloyd Austin) et britannique (Ben Wallace), afin de les avertir que le régime ukrainien travaillait à utiliser une bombe dite sale. On parle ici d’une bombe traditionnelle, mais à qui on associe du matériel radioactif afin de provoquer une contamination nucléaire. Sergueï Choïgou a présenté la situation en Ukraine comme ayant « une tendance à une escalade incontrôlable ».

Naturellement, le régime ukrainien a démenti la chose, tout comme la superpuissance américaine et le Royaume-Uni. La France a cherché à se la jouer comme une future interlocutrice pour un accord de paix, il faut dire qu’elle perd tout en ce moment, en tant que grande puissance, en s’étant mise à la remorque de la superpuissance américaine et en étant mise ouvertement de côté par l’Allemagne.

De toutes façons, le fond de la question n’est pas là. Ce qui est en jeu, c’est ce qu’explique fort justement l’article Les stratégies impérialistes de contournement de l’équilibre de la terreur à l’époque de la seconde crise générale du capitalisme : l’asphyxie comme approche de la superpuissance américaine, le délitement comme approche sino-russe (Crise, février 2022).

C’est-à-dire qu’on va vers l’emploi de l’arme nucléaire tactique, en cherchant à trouver un moyen de contourner le principe de la destruction mutuelle assurée en cas d’utilisation d’une arme atomique. Si l’on suit les événements depuis le début de la guerre (ce que fait seulement Agauche.org et d’ailleurs depuis six mois avant le début du conflit), on voit très bien comment les choses s’agencent en effet en cette direction. On est ici dans un drame littéralement prévu.

La bombe sale n’est, il faut bien le saisir, pas une bombe atomique, c’est une bombe puissante qui irradie en raison de la présence de matériaux radioactifs se dispersant. Mais cette irradiation est en fait de très faible portée, la portée n’est concrètement quasiment que psychologique. C’est cependant cela qui en fait l’utilité dans une démarche visant à aller dans le sens de l’emploi d’une arme nucléaire tactique.

Il faut dire les choses telles quelles : le régime ukrainien est tout à fait capable d’utiliser une bombe sale, effectivement. Le fanatisme nationaliste qui l’oriente est nihiliste et correspond à ce genre d’approches, de plus en plus. Le régime russe n’a lui rien à gagner alors qu’il va doubler la taille de son armée dans les prochaines semaines, et au pire des cas pour lui d’ailleurs il utilisera le cas échéant une bombe nucléaire tactique.

Il est aussi nécessaire de présenter le contexte, pour saisir la tension immense actuelle. Tout tourne actuellement autour de la ville de Kherson, que la Russie fait évacuer, soulignant notamment les menaces ukrainiennes sur le barrage hydroélectrique de Kakhovka, qui retient 18 180 millions de m3 d’eau. Kherson se trouve ici sous le (2) de la carte proposée au 23 octobre 2022 par le ministère français de la Défense.

L’armée ukrainienne se précipite et cherche une victoire rapide à petite échelle, même symbolique. Elle a compris qu’elle ne vaincrait pas si le conflit se prolonge, que le régime ne tiendrait pas le choc et que la Russie ira jusqu’au bout. Il faut donc précipiter les choses.

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Réflexions

Rien ne se fera sans grandeur d’âme

Ce qui est étroit d’esprit doit être banni.

Alexandre Deineka, Conférence de femmes, 1937

Ce qui caractérise le capitalisme en putréfaction, c’est le misérabilisme, la réduction des grandes causes à des aspects secondaires, voire littéralement sans importance ou grotesque. Au lieu de voir les choses en grand, on réduit son regard à une partie sans importance, sans vie réelle, et on se focalise de manière fétichiste là-dessus, perdant son temps et celui des autres.

Alors qu’on a besoin d’un héroïsme propre aux exigences des temps, qu’on doit vivre un romantisme conforme au besoin d’adéquation à une révolution du rapport entre Nature et culture, la société capitaliste produit à la chaîne des fascinations toujours plus morbides et grotesques pour des phénomènes bruyants mais sans contenu.

Il n’est pas de différence en effet entre le nazi des campagnes rejoignant le bataillon Azov en Ukraine et le LGBT des villes vivant à fond le turbocapitalisme consumériste, entre l’étudiant pseudo-contestataire des manifestations syndicales et l’adulte se complaisant dans sa vie d’entreprise. Tout cela est une fuite ou une raison pour fuir, tout cela est sans saveur, sans réalité réelle, c’est une vie qui se perd en s’éloignant toujours plus tant de la Nature que de la culture.

Il est effarant qu’une vie quotidienne aussi morne que celle de la société française ne provoque pas une grande révulsion, une vague de romantisme éperdu exigeant la transformation de secteurs entiers de l’existence, notamment au minimum la possibilité de rapports amoureux, l’empathie pour les animaux, deux choses sans lesquelles on ne peut pas vivre ne serait-ce qu’un peu.

Ce qui est même à la fois terrifiant et odieux là, c’est de voir que les gens continuent, pour reprendre l’expression cliché, de perdre leur vie à la gagner, de vivre au jour le jour sans jamais de recul ou de mise en perspective, et que cela dure, et que cela dure, et que jamais ils ne se remettent en cause.

S’il est ainsi des gens qui s’imaginent qu’avec un tel arrière-plan historique, un capitalisme ralenti ou perturbé va amener les gens à basculer à gauche de manière mécanique, c’est qu’ils n’ont rien compris. Ce qui va avoir lieu, avant tout, c’est une crise de civilisation, une remise en cause qui va provoquer d’abord des troubles intérieurs, d’immenses inquiétudes, des désorientations massives.

La tendance est d’ailleurs déjà là, se profilant avant l’émergence de la crise du capitalisme en 2020, telle la marée annonce son mouvement avant de s’officialiser concrètement par son vaste mouvement.

Pour cette raison, qui veut s’en sortir, au-delà d’un réel niveau sur le plan des idées et de la culture, doit déjà être à la hauteur humainement, en se rappelant que, substantiellement, rien ne se fera sans grandeur d’âme. Qui est mesquin ne serait-ce que dans un détail, dans un aspect anodin, bascule dans le passé, nie l’avenir, reste prisonnier d’une époque révolue, empêche l’esprit des temps nouveaux de se systématiser.

La vie quotidienne est un ensemble, tout marche en rythme même si de manière décalée. Il faut même voir sa propre vie telle une composition. Une composition musicale, littéraire, architecturale, picturale, comme on le voudra, de toutes façons cela revient au même : tout est synthèse et la question est de savoir quelle synthèse on veut être.

C’est pourquoi ce qui est étroit d’esprit doit être banni. Il faut voir la grandeur même dans les petites choses, tout comme le particulier porte l’universel.

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Société

Lamentable manifestation syndicale le 18 octobre 2022

Mais que c’est mauvais !

Et une de plus ! Encore une de ces manifestations syndicales ne servant à rien historiquement, à part à être utile au fantasme de la « grève générale » et aux intérêts corporatistes de tel ou tel secteur auparavant protégé par le capitalisme florissant dans les périodes 1950-1980 et 1990-2020.

Encore qu’il faille plutôt parler de scandale, tellement le niveau moral et intellectuel d’une telle démarche est criminelle. Le monde brûle littéralement, mais il faudrait mendier quelques euros de plus. Si on parlait d’un vrai réformisme, exigeant beaucoup, au moins cela aurait cette dignité. Mais là quelle petitesse, quelle étroitesse d’esprit, quel affront à notre époque !

Et qu’il y ait eu 100 000 ou 300 000 manifestants, selon la police et les syndicats, ne change rien à l’affaire. Il pourrait y avoir dix millions de personnes dans les rues qu’avec un tel niveau, on n’avancerait pas d’un millimètre historiquement.

Il suffit d’ailleurs de lire le communiqué de presse triomphaliste de la CGT, qui n’aborde naturellement pas la question de la guerre. On y trouve toutes les tournures d’un esprit étriqué, anti-historique, de petit-bourgeois lié au monde du travail ayant sa petite propriété à défendre.

Cela ne va pas non plus sans une ignoble démagogie, pour faire croire qu’il s’agit de lutte de classe, de combat contre le capital. Alors qu’il suffit de voir partout que la bourgeoisie n’est jamais dénoncée comme classe, ce qui veut tout dire !

Ce n’est même pas un réformisme prétendant mettre de côté la bourgeoisie, c’est du misérabilisme petit-bourgeois à base populaire.

Au-delà de toute considération idéologique et politique, disons simplement : comment peut-on autant manquer d’ambition? Comment la société française peut-elle être aussi minable alors que l’époque pose des enjeux immenses? Quel décalage… Vivement que tout cela s’effondre. Et malheureusement, comme cela ne sera pas positivement en raison de la fainéantise ouvrière, cela sera négativement par la 3e guerre mondiale… Alors il faudra bien se réveiller, pour l’alternative socialisme ou barbarie !

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Politique

Pourquoi le PRCF n’ose-t-il pas aborder la question de la guerre en Ukraine?

Un positionnement absurde depuis le départ.

Le Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF) est la principale structure sortie du PCF dans le courant des années 1990, en exprimant une grande nostalgie pour le PCF des années 1980. On y trouve bien entendu un tropisme romantique pro-Russie, amenant d’ailleurs le PRCF à prendre position sans prendre position quant à la guerre en Ukraine. Reflet de tout cela, le PRCF vient d’envoyer quelqu’un en Russie, R. Barchi (un Brésilien), pour aller discuter avec le Parti Communiste de la Fédération de Russie. Et le message envoyé à l’occasion par le PRCF à ce parti russe qui est depuis le départ pour la guerre contre l’Ukraine… « oublie » de parler de la guerre en Ukraine. Le voici.

Paris, le 29 septembre 2022,

Au camarade Guennadi Andreïevitch Ziouganov, secrétaire national du Parti communiste de la Fédération de Russie,

Cher Guennadi Andreïevitch,

Depuis 2014, le Parti communiste de la Fédération de Russie n’a eu de cesse de défendre les peuples du Donbass victimes des hordes fascistes soutenues par l’Occident. Nous communistes français, membres du Pôle de Renaissance communiste en France sommes solidaires de vos actions, de votre analyse du conflit actuel et notamment des convois humanitaires que vous organisez régulièrement et avec une constance qui force le respect en direction du Donbass.

Quand certains partis en Occident se revendiquant du marxisme (comme le parti français trotskyste NPA) n’hésitent pas à dire qu’il faudrait envoyer davantage d’armes au régime de Kiev, nous pensons tout au contraire qu’il faut envoyer plus d’aide pour aider à reconstruire le Donbass et vous présentons ainsi notre modeste contribution qui a suscité un élan de solidarité au sein du peuple français qui n’accepte pas de vivre dans le bourrage de cranes de la propagande de guerre des médias impérialistes.

En cette année d’anniversaire de la naissance de l’Union des Républiques socialistes soviétiques, nous sommes heureux de renouer ainsi ces liens entre communistes français et russes, liens toujours fraternels et marqués par la profonde convergence de l’action des jacobins et des bolcheviques.

Vive les peuples du Donbass, vive les peuples soviétiques, vive les peuples libres qui secouent le joug impérialiste.

Pour le Pôle de Renaissance communiste en France,

Léon Landini, président du PRCF, ancien officier des F.T.P.-M.O.I., Grand Mutilé de Guerre, Médaille de la Résistance, Officier de la Légion d’honneur, Décoré par l’U.R.S.S. pour faits de Résistance.
Pierre Pranchère, président de la Commission International, ancien maquisard F.T.P.F., ancien député de Corrèze, Combattant Volontaire de la Résistance
Georges Gastaud, Fadi Kassem, co-secrétaires nationaux
Aymeric Monville, secrétaire de la commission International du P.R.C.F.,
Gilliatt Destaërck, responsable national des J.R.C.F., l’organisation de jeunesse du PRCF

On est là dans une sorte de romantisme hors sol, complètement à l’ouest, qui parle du Donbass afin de ne surtout pas parler du reste. Et ce n’est pas tant simplement parce que le PRCF s’aligne sur un « anti-impérialisme » russe… c’est surtout un moyen pour le PRCF de ne rien assumer et de ne pas appeler à combattre l’OTAN, à dénoncer la tendance à la guerre.

Le PRCF se dit pourtant bien contre l’OTAN, mais il n’en parle en fait jamais, c’est de la démagogie, la réalité concrète ne l’intéresse pas, il ne veut surtout pas se mouiller ! Comme d’ailleurs toute l’extrême-Gauche et l’ultra-Gauche, qui ne parlent tout simplement jamais de la guerre en Ukraine, ou bien vaguement avec un article de loin en loin !

Ce qui reflète le pessimisme du petit-bourgeois à l’écart du monde, cherchant simplement un capitalisme qui soit « social » et qui le laisse s’agiter dans son coin.

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Société

La pathétique marche du 16 octobre 2022 « contre la vie chère et l’inaction climatique »

Aucune valeur historique !

La marche « contre la vie chère et l’inaction climatique » du dimanche 16 octobre a rassemblé à Paris, entre Nation et Bastille, 140 000 personnes selon les organisateurs, 30 000 selon la police. Par organisateurs, il faut entendre des partis d’un côté, des associations de l’autre, et des « personnalités. Plus précisément, on parle ici des principaux partis de la Gauche gouvernementale, prise au sens le plus large, parce que ce qui est de gauche au sens réel du terme, il faut le chercher pour le trouver : le Parti socialiste, le PCF, Europe Écologie-Les Verts, et surtout La France insoumise.

Il faut bien voir que, même si on accepte le chiffre de 140 000, le chiffre est terriblement faible, car la manifestation était nationale. C’est qu’on est revenu à la Gauche d’avant 1914 : de bons scores électoraux… mais une base d’activistes très faibles, une capacité mobilisatrice très faible.

Pour rappel, le 10 avril 2022, Jean-Luc Mélenchon dirigeant de la France Insoumise obtenait au premier tour de l’élection présidentielle… 7 712 520 suffrages.

Autant dire que tout cela ne pèse pas lourd, alors que la situation est censée être très grave à entendre les discours brandis, les gens en France étant proche de la misère ! Le décalage est immense avec la réalité d’un pays lancé à pleine vitesse dans le capitalisme 24 heures sur 24 et où, il faut le souligner, les Français acceptent l’inflation car ils soutiennent la guerre contre la Russie, espérant en toucher les dividendes.

Les masses françaises sont corrompues par une mentalité impérialiste. Elles acceptent la tutelle stratégique américaine, elles espèrent se débarrasser des problèmes économiques par la victoire ukrainienne sur la Russie, et le dépeçage de la Russie.

C’est pour cela que la manifestation du 16 octobre 2022 n’abordait même pas la question de la guerre en Ukraine, que les blacks blocks anarchistes présents ont mené leur petit cinéma ridicule contre les policiers comme si de rien n’était, bref que tout était comme avant, comme si le monde n’avait pas fondamentalement changé.

La lutte des classes est totalement au point mort. Il y a bien la grève des opérateurs de raffineries en ce moment, mais cela reste circonscrit à quelques centaines d’ouvriers, tout à fait intégrés dans la consommation et réclamant (de manière tout à fait légitime) une encore plus grosse part du gâteau.

C’est bien, ou pas mal en tous cas, mais cela ne changera pas le monde, et d’ailleurs les travailleurs en grève ne comptent pas du tout changer quoi ce soit, ils veulent vivre comme avant, voilà tout.

Idem pour la grève qui se profile à la RATP ou à EDF, des secteurs protégés du capitalisme où les travailleurs jouissent d’une situation très favorable stratégiquement plutôt que d’une réelle combativité de classe.

Il faut le dire et le répéter, car c’est là l’esprit de la société française pour cette période. La 3e guerre mondiale, voilà l’actualité, mais ça n’intéresse personne, et certainement pas les enfants pourris gâtés du capitalisme qui demande encore plus d’État protecteur, toujours plus d’État protecteur, et jamais de lutte des classes.

Mais l’Histoire se chargera bien vite de la remettre sur le devant de la table et balayera ce genre d’initiatives hors du temps et de la marche du pays. C’est pourquoi il faut porter l’alternative, les valeurs, les conceptions de la Gauche historique, sans céder à cette pesanteur, cette torpeur, cette décadence, ce nihilisme que propage le capitalisme pourrissant.



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Restructurations économiques

La manifestation du 16 octobre 2022 aurait dû être syndicale… pour une grève politique de masse

La politique est une chose, les revendications économiques une autre chose.

La manifestation parisienne du 16 octobre 2022 contre la vie chère n’a pas obtenu le soutien de la CGT, ni de Force ouvrière. C’est dans l’ordre des choses. La politique est une chose, les revendications économiques une autre chose.

Si l’on prend le mouvement ouvrier d’avant 1914, tant dans la social-démocratie que chez les « socialistes français », il était considéré que le travail politique et le travail syndical étaient deux choses distinctes, qu’il ne fallait pas mélanger les genres.

Naturellement, il y avait une différence de fond. Pour la social-démocratie, forte en Allemagne, en Autriche-Hongrie notamment, le Parti avait la primauté et le syndicat, tout en ayant sa spécificité, était un rouage de la stratégie politique générale du Parti.

Pour les socialistes français, le Parti et le syndicat étaient indépendants et marchaient côte à côte ou plutôt parallèlement, les syndicalistes révolutionnaires refusant d’ailleurs même l’idée de Parti, les partis étant considérés comme des « sectes » comme il est dit dans la Charte d’Amiens de la CGT en 1906.

Après 1918, les choses sont restées tels quels, à ceci près qu’en France il y avait le PCF avec la CGT-Unitaire et le Parti socialiste SFIO avec la CGT. Lorsqu’il y a une réunification avec le Front populaire en 1936, la liaison de la CGT unifiée avec les socialistes ou les communistes est flagrante.

Après 1945, la CGT marche avec le PCF et la CFDT (issue du syndicalisme chrétien) avec les socialistes, ou peut-être plutôt l’inverse d’ailleurs, en tout cas au moins pour le PCF, car la ligne impulsée par Maurice Thorez fut vraiment celle du PCF comme « Parti du syndicalisme ». Force Ouvrière, ouvertement mise en place par les États-Unis comme scission de la CGT, reste indépendante ou proche des socialistes.

Tout cela est désormais bien loin. Aujourd’hui, alors que la CGT est en perte de vitesse, que Force ouvrière est en crise d’identité et que la CFDT est devenu le syndicat moderniste accompagnant ouvertement les gouvernement, la question se pose de la nature même du syndicalisme.

Et si les syndicats CGT, FO et CFDT avaient appelé à la manifestation du 16 octobre 2022, ils se suicidaient. Reste à savoir désormais quoi faire.

Leur penchant naturel est un syndicalisme anti-politique, et c’est là une erreur, une faute historique. Le syndicalisme doit assumer sa place, mais seulement sa place. Il doit se soumettre à la politique, comme la CGT l’a d’ailleurs fait au moment du Front populaire en 1936.

Il n’y a guère ici à attendre de la CFDT, qui accompagne les gouvernements comme force « moderniste », ni de Force ouvrière façonné par un anti-communisme virulent. Reste la CGT.

Elle avait appelé à une journée de grève interprofessionnelle, le 29 septembre 2022, et cela n’a pas été une réussite ; elle espérait être aux premières loges ainsi. Et il n’y a pas à attendre qu’elle s’imagine autre chose. Elle vit dans un mythe politique où elle joue le premier rôle.

En admettant que cela soit possible, alors cela aurait eu lieu en mai 1968, là la CGT pouvait jouer ce rôle central. Elle ne l’a pas fait car elle ne le pouvait pas, et d’ailleurs elle ne le voulait pas : elle a été l’un des pires ennemis de mai (et juin) 1968.

Son organisation est qui plus est corrompue et bureaucratique depuis des décennies. Et s’imaginer qu’on peut faire repartir la CGT sur une base de « lutte de classe », d’unité de classe, ou en formant des syndicats « syndicalistes révolutionnaires », c’est ne pas comprendre les défauts inhérents au syndicalisme.

Le syndicalisme français ne peut renaître qu’en assumant d’être une forme secondaire de lutte de classe par rapport au Parti, donc en cessant les délires sur la « grève générale » pour assumer la grève politique de masse.

Le Parti ne doit pas se réduire aux revendications économiques, les revendications économiques n’ont un sens que dans la stratégie du Parti pour aller au Socialisme.

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Restructurations économiques

16 octobre 2022 : l’appel des partis contre la vie chère

Une lecture opportuniste de la vie chère.

L’appel pour une manifestation à Paris le 16 octobre 2022 contre la vie chère est littéralement hallucinant. Non pas parce qu’on n’y parle de capitalisme, parce que ça, ça n’est pas hallucinant, c’est traditionnel de la part de gens cherchant à se faire une place « sociale » dans le capitalisme.

Non, c’est hallucinant, parce qu’il n’y a pas un mot sur la guerre en Ukraine. On est en pleine bataille pour le repartage du monde, l’Union européenne et la France ont instauré des sanctions contre la Russie, cela provoque une inflation importante dans le domaine de l’énergie…

Et ces gens font tous semblant que la France soit une île capitaliste-sociale bien heureuse peuplé de gens aux rêves de propriétaire petit-bourgeois, où il s’agit juste de chercher à grappiller un peu plus de sous afin de pouvoir davantage consommer dans le capitalisme.

Cet appel est une honte absolue sur le plan historique.

« 16 organisations politiques et syndicales ont lancé un appel pour une grande marche contre la vie chère et l’inaction climatique le 16 octobre à Paris.

Europe Écologie-Les Verts, Ensemble !, Gauche Démocratique et sociale (GDS), Gauche Écosocialiste, Génération·s, La France insoumise, L’Alternative, La Voix lycéenne, Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Nouvelle Donne, Parti de gauche (PG), Parti ouvrier indépendant (POI), Parti socialiste, Place publique, Pour une Écologie Populaire et Sociale (PEPS), Révolution Écologique pour le Vivant (REV) s’adressent à toutes celles et ceux, associations, syndicats, partis politiques, à toutes les personnes, structurées ou non dans un collectif de lutte, qui se reconnaissent dans le mot d’ordre “fin du monde, fin du mois même combat” à se rassembler pour marcher le 16 octobre contre la vie chère et l’inaction climatique d’Emmanuel Macron. 

[Le PCF s’est ajouté à la liste.]

Vie chère, urgence climatique, retraites : mobilisons-nous !

Les prix explosent et les fins de mois sont de plus en plus difficiles. Mais le pouvoir macroniste refuse d’augmenter les salaires, de geler les loyers ou de bloquer les prix face à la vie chère.

Pire encore, il prévoit de nouvelles attaques contre le régime des retraites et l’assurance-chômage et organise la destruction des services publics, notamment ceux de l’éducation et de la santé.
La planète brûle et l’eau manque. Mais le gouvernement, déjà condamné pour inaction environnementale, poursuit une politique antiécologique qui met en danger l’avenir même de notre écosystème. Il y a urgence à agir pour planifier la transition indispensable face à l’urgence climatique pour en finir avec notre dépendance aux énergies fossiles et aux fluctuations des prix du gaz et du pétrole. 

Pendant que le peuple subit et que la planète souffre, Macron protège ses amis les plus fortunés : quelques superprofiteurs continuent à engranger. Les dividendes versés aux actionnaires ont atteint cette année un record historique. Les hyper riches peuvent toujours profiter de leurs jets et yachts super-polluants : les restrictions ne les concernent jamais. La taxe sur les superprofits, pourtant mise en place dans de nombreux pays d’Europe, n’est toujours pas à l’ordre du jour ! 

Cette situation ne peut plus durer. Nous lançons un appel à une grande marche contre la vie chère et l’inaction climatique à Paris le dimanche 16 octobre, précédée par des initiatives symboliques le samedi 15 octobre.

Cette initiative nationale s’inscrira dans la continuité des mobilisations engagées par les syndicats et associations, dont les journées nationales d’action des 22 et 29 septembre et la mobilisation climat du 23 septembre.
Nous marcherons :

– pour la hausse des salaires et des minimas sociaux et contre la réforme de l’assurance chômage
– pour le blocage des prix de l’énergie, des produits de première nécessité et le gel des loyers
– pour la taxation immédiate des superprofits 
– pour des investissements massifs dans la bifurcation écologique créatrice d’emplois locaux ; et notamment dans les transports en commun pour les rendre accessibles à tous, dans l’isolation des logements pour réduire les factures et les pollutions, dans la conversion vers une agriculture écologique pour rendre l’alimentation saine accessible à tous, dans les énergies renouvelables moins coûteuses et écologiques 
– contre le report de l’âge de départ à la retraite et pour le retour à la retraite à 60 ans
– pour une allocation d’autonomie pour les jeunes dès 18 ans

Nous proposons à l’ensemble des organisations syndicales, associatives, politiques et aux collectifs de citoyens qui partagent ces revendications de construire avec nous cette initiative commune.