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Guerre

Le découpage futur de l’Ukraine découlant de la situation actuelle

Il découle du rapport de force entre puissances.

Tant qu’à avoir fait jusqu’à présent un sans faute concernant l’analyse de la guerre en Ukraine, notamment en la prévoyant six mois avant son déclenchement, autant essayer de formuler à quoi ressemblerait le découpage de ce malheureux pays si l’on part de la base de la situation actuelle.

Et autant aller droit au but avant d’expliquer pourquoi cela ressemblerait à cela. On aurait : une zone sous contrôle occidental/américain avec Kiev, une zone tampon occidentale/européenne avec Kharkiv qui est toutefois une ville russophone proche géographiquement de la Russie, des républiques en série (Odessa, Kherson, Donetzk, Louhansk, etc.) autonomes mais convergeant entièrement avec la Russie.

Ce découpage, qui s’il a bien lieu doit se produire à l’automne au grand plus tard, obéit aux facteurs suivants.

La Russie a réussi à débouler massivement dans le Donbass, elle se doit de prendre Odessa et de faire un lien avec la Transnistrie, alors qu’en Moldavie il y a beaucoup de Russes. Elle n’a toutefois pas les moyens de prendre le reste de l’Ukraine, ou au moins ce qui est présenté comme la zone tampon, sans exercer un saut qualitatif, avec une mobilisation militaire générale.

Il y a toutefois moyen d’éviter cela et de supprimer rapidement les sanctions, au moins en grande partie ou en tout cas de revendre du gaz en Europe. En effet, l’Allemagne est horrifiée de voir quel va être le coût monstrueux que l’abandon du gaz russe va lui imposer en hiver. La situation n’arrange pas non plus la France qui veut avoir un rôle à jouer et il en va de même pour l’Italie.

Si ces pays pouvaient donc prendre pied dans cette zone tampon, avec une dimension relative puisque Kharkiv est une ville russophone…

Source wikipédia

La Russie serait d’autant plus gagnante que du côté roumain il y a les montagnes carpathiques, un grand obstacle terrestre, et l’existence de ces deux zones ukrainiennes « maîtrisées » neutraliseraient de fait une projection militaire terrestre vers Moscou. Il ne faut pas se leurrer, l’OTAN visait d’utiliser l’Ukraine (et la Pologne) pour ça.

Enfin, il resterait une Ukraine « officielle », avec Kiev comme capitale, directement sous contrôle américain comme actuellement, et surtout conservant légalement toutes les innombrables dettes du pays. La superpuissance américaine aurait alors échoué dans sa tentative de faire tomber la Russie, mais en même temps l’armée ukrainienne commence à échouer de manière suffisamment nette pour chercher à éviter une déroute complète… Et puis il peut y avoir l’idée que la Russie est suffisamment affaiblie et qu’il est enfin possible de passer au concurrent chinois.

Un tel découpage rendrait naturellement fou de rage le Royaume-Uni, qui veut le port d’Odessa et prendre pied en général dans la zone, son objectif est résolument de démembrer la Russie. Seraient très mécontents aussi la Pologne, la Roumanie et les pays baltes, qui verraient leurs ambitions s’effondrer. Ce serait alors toute cette série de pays qui seront source du conflit suivant qui ne manquera pas de suivre.

On n’en est pas là. Cependant les choses peuvent aller très vite. On voit déjà comment les accusations de crimes de guerre disparaissent en partie des médias occidentaux, comment la situation est présentée comme une sorte d’imbroglio infernal qu’il s’agirait au mieux de congeler. Naturellement, les pays occidentaux espèrent encore faire tomber la Russie. Mais si celle-ci l’emporte, la « raison » l’emportera. La raison capitaliste du repartage du monde, bien entendu, avec l’attente du prochain tour.

Il ne faut clairement plus parler de « seconde » guerre mondiale, car en français quand il n’y a que deux termes on choisit plutôt « second » que « deuxième ». La troisième a en effet déjà commencé.

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Dépêche

La réactivation de l’option « nationale-sociale »

Et ces multiples courants, dont une part marquante vient des milieux populistes de « gauche », diffusent un anticapitalisme romantique qui commence à se structurer. C’est là le noyau idéologique du fascisme à venir. C’est cela la matrice qui va profiter des contradictions entre grandes puissances et s’aligner sur la haute bourgeoisie française cherchant à faire de la France une puissance majeure. On n’en est pas là, mais les choses peuvent aller très vite !

En ce sens, nous ne pouvons qu’encourager à étudier nos articles sur l’Ukraine, en rappelant que nous avons annoncé la guerre six mois avant. C’est là une arme intellectuelle majeure et une assurance de crédibilité. La Gauche en général s’est totalement trouée sinon sur cette question. Il faut pourtant bien avoir les outils pour faire face à la menace de ceux qui veulent une France « nationale » et « sociale »… et qui vont être toujours plus nombreux. « La France Insoumise » fait bien entendu partie de ces gens.

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Guerre

Le ciel commence à tomber sur la tête des Ukrainiens

C’est le suicide d’une nation.

Parmi toutes les folies du conflit russo-ukrainien, celle qui est la plus troublante, c’est le mélange de marasme et d’envoûtement qui a pris les Ukrainiens. Ces derniers n’ont rien compris à ce qui se passe, ni depuis la guerre, ni avec le déclenchement, ni auparavant. Ils se sont fait balader intellectuellement et moralement, ils ont suivi et accepté sans aucune réflexion, engageant la survie même de leur nation dans une voie mortellement dangereuse sans même le remarquer.

Il ne faut bien entendu pas parler ici de la poignée d’oligarques contrôlant l’Ukraine, ni de ceux directement vendus aux occidentaux (comme la Femen Inna Shevchenko qui a découvert son pays d’origine à l’occasion de l’invasion afin de promouvoir sa propre carrière), ni des nationalistes voulant une Ukraine « pure ». Ces gens-là ne représentent pas grand chose numériquement.

Il faut parler des Ukrainiens qui vivent comme tout le monde vit et qui attendent du lendemain qu’il assure pareillement que la veille le parcours d’une vie personnelle. Et ces gens, qu’on va qualifier de normaux, n’ont rien compris. Alors forcément, alors que les choses tournent très mal pour l’armée ukrainienne, le ciel tombe sur la tête de ces pauvres gens.

Que se passe-t-il en fait ? Après la tentative du choc initial, l’armée russe a renversé sa position. De son point de vue, puisque les Ukrainiens ne veulent résolument pas basculer, c’est qu’ils assument de rompre entièrement avec la culture russe (en fait les gens en Ukraine n’ont pas compris du tout cet aspect), partant de là il y a le droit d’agir en rouleau compresseur pour la conquête de zones entières… en clair jusqu’à Odessa pour former la Nouvelle-Russie, mais en prenant avant tout le Donbass dans son entièreté.

L’armée russe a ainsi procédé par vagues visant à encercler, en s’appuyant sur la contradiction interne à l’armée ukrainienne. Cette dernière répond à deux impératifs :

– les intérêts occidentaux principalement américains : il s’agit d’affaiblir au maximum la Russie, pas de gagner ;

– l’orientation belliciste et nationaliste visant à la reconquête de tous les territoires, y compris la Crimée.

Le premier impératif a triomphé jusqu’ici, avec notamment l’épisode de Marioupol, car cela passe par le fait de conserver au maximum des points importants pour bloquer l’armée russe, à fatiguer, etc. Seulement le 23 juin 2022 Valery Zaluzhny, le chef d’état-major, a exigé et obtenu la tenue une réunion d’urgence du Conseil National de Sécurité et de Défense, qui a annoncé alors le retrait des forces armées ukrainiennes de Severodonetzk pour éviter l’encerclement. Voici une carte de la situation (suivant le point de vue russe, qui est confirmé).

C’est un grand retournement, à un moment clef où l’armée ukrainienne est marquée par une certaine décomposition : la guerre continue malgré les promesses de victoire rapide sur l’armée russe, cette dernière continue d’avancer, 10% du PIB ukrainien est brûlé chaque mois dans la guerre, les pertes ukrainiennes quotidiennes ont explosé.

Le problème ukrainien est que Lysychansk va elle-même connaître un encerclement, rendant nul l’avantage d’être en hauteur par rapport à Severodonetzk. D’ailleurs juste en dessous, en rouge clair sur la carte, il y a la zone Gorskoje – Zolote, avec deux points jaunes indiquant des forces ukrainiennes, où l’encerclement est réalisé. En voici la carte.

Les redditions ukrainiennes dans le contexte d’encerclement sont devenues régulières ; il y a également des révoltes de bataillons de volontaires en raison du manque de logistique. Le régime ukrainien n’est pas démocratique ni populaire, il a cherché à forcer les choses, il va en payer très cher le prix : il va avoir énormément de mal à se maintenir dans les prochaines semaines. D’où bien entendu l’acceptation de la candidature à l’Union européenne pour le renforcer. Mais c’est symbolique et on doit s’attendre à du remue-ménage à la tête de l’État ukrainien.

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Écologie

Non aux voitures électriques !

Le Parlement européen a voté mercredi 8 juin 2022 la fin de la vente de voitures thermiques neuves en 2035 et va négocier avec les États pour valider la mesure. Il est parlé de « révolution » dans le cadre des objectif de neutralité carbone d’ici à 2050. Hors de question pourtant de toucher au modèle turbo-capitaliste du tout voiture, qui pourrit littéralement les villes et les campagnes.

Modernisation et innovation contre l’écologie

Aucune révolution donc, mais un accompagnement dans le pire, pour prétendre changer les choses sans les changer en vérité. La voiture électrique est une catastrophe. Allons-nous construire partout en Europe des dizaines de réacteurs nucléaires et accentuer le pillage de l’Afrique pour construire les batteries ?

Et lorsque ces batteries ne seront plus utilisables, qu’en fera-t-on ? Ces mêmes libéraux s’imaginent-ils que le recyclage va résoudre tous les problèmes ? Croient-ils réellement aux promesses des industriels comme Veolia ?

C’est une fuite en avant, voilà tout. On modernise et on soutient les secteurs les plus libéraux afin de relancer un mode de production en bout de course.

L’écologie est de nouveau vidée de tout sens et ne sert qu’à masquer le cœur de la démarche : le soutien à la modernisation et à l’innovation capitalistes. Cette « révolution » ne vise qu’à soutenir les pans les plus libéraux des bourgeoisies de chaque pays. C’est l’écologie-Tesla, tout le contraire de ce dont la planète et l’ensemble de ses habitants ont besoin.

Un plan inapplicable

Si tout le parc automobile (40 millions en France actuellement) passait à l’électrique, on aurait également un sacré problème de pollution aux particules fines : les voitures électriques, très lourdes, sont une catastrophe en la matière.

Et vient nécessairement la question des voitures existantes et fonctionnelles : qu’en fera-t-on ? Pour que les voitures polluent moins, produisons-en des dizaines de millions neuves ? Mais peut-être que là aussi, ces champions du libéralisme s’imaginent que l’industrie trouvera une solution ?

La révolution, ce sera de chasser les voitures, pas de les transformer en de soit-disant véhicules verts.

L’écologie, c’est un plan massif de construction de tramway urbains et ruraux, de développement du fret ferroviaire et fluvial, l’accélération de la recherche pour des voiles nouvelles génération pour le fret maritime. C’est la limitation drastique des vitesses de circulation des automobiles ainsi que de la circulation dans les centres urbains. C’est le vélo. C’est l’endiguement de l’étalement urbain combiné à une politique publique de soutien logistique au commerce de proximité, accessible sans voiture partout ou presque sur le territoire.

Et puis, tant qu’à parler des voitures, la moindre des choses serait l’interdiction immédiate et sans contrepartie des SUV et des grosses cylindrées dite sportives, électriques ou thermiques, ces monstres énergivores qui sont une insulte tant à la Raison qu’à la Nature.

A la Gauche historique de remettre la Nature au coeur du débat : pour la Terre et tous ses habitants !

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Politique

Parlement issu des législatives 2022 : l’instabilité anti-populaire

Le chaos capitaliste se fera aux dépens des prolétaires, et ce brutalement.

Il y a trois problèmes posés par les élections législatives 2022, très faciles à comprendre. Le premier, c’est que les prolétaires ne font rien ou bien soutiennent le nationalisme à prétention sociale. Marine Le Pen a été réélue haut la main dans le Pas-de-Calais (61,03%). Rien qu’avec cela, toute prétention à un changement révolutionnaire ou de rupture à court terme est anéantie. Les prolétaires ont un niveau de conscience lamentable, et tant qu’il n’y a pas de recomposition de classe il n’y aura rien.

Le second problème, c’est que la majorité présidentielle a grosso modo perdu la moitié de ses députés. Normalement, il y a une prime au gagnant de la présidentielle ; ici, le président Emmanuel Macron se retrouve avec une majorité de députés pour lui, mais une majorité relative, insuffisante donc. Étant donné que la Droite est restée avec le même nombre de députés grosso modo, cela veut dire que le gouvernement va devoir se droitiser brutalement pour se maintenir et pour cela il va falloir cogner sur les prolétaires.

Cogner, cela ne veut pas dire forcément les cibler dans des domaines précis. Il s’agit d’instaurer un climat général, afin de les pressuriser en général. Ce n’est pas le syndicalisme local qui va aider les prolétaires, mais une conscience de classe générale et une organisation générale. En attendant cela, les restructurations se réaliseront sans réelle embûche.

Le troisième problème, c’est la quasi disparition de la Gauche en France. Si on divise les tendances politiques en cinq parties, on a 2/5 pour le modernisme capitaliste, 1/5 pour le conservatisme capitaliste, 1/5 pour le nationalisme capitaliste, et enfin 1/5 pour la NUPES, conglomérat de partis issus de la Gauche historiquement (LFI, PS, EELV, PCF) mais incapable d’assumer ne serait-ce qu’une seule nationalisation.

C’est un problème immense, car les médias présentant la NUPES et son principal représentant, Jean-Luc Mélenchon, comme très à gauche. Cela sert de mobilisateur pour la bourgeoisie qui se chauffe avec la peur du « bolchevisme », cela sert aussi d’occupation petite-bourgeoise du terrain politique « à gauche ».

Il suffit de revenir dans le Pas-de-Calais pour trouver un exemple très représentatif. Depuis la fin des années 90, l’extrême-Droite y améliore son score dans la troisième circonscription à chaque élection législative. En 2017, un cadre local du PCF passé chez Marine Le Pen est devenu député. Décédé en 2021 après être passé du Front National aux Patriotes, puis à Debout la France, son suppléant laissa la candidature à un candidat RN qui fut battu aux municipales à Lens. C’est ce dernier qui a perdu en 2022 contre le Maire d’Avion.

Or ce maire d’Avion est connu pour ses sorties populistes. Il s’est opposé physiquement et devant la presse à des expulsions de locataires condamnés pour n’avoir pas payé le loyer de leur logement social, il parle de sa ville comme de  » la belle, la rebelle ». Il cultive l’image d’une gauche qui serait authentique et populaire parce que « anti-système » ou en tout cas grande gueule.

Évidemment, cet élu local a en même temps participé aux négociations menant au plan de développement économique dit « engagement pour le renouveau du Bassin Minier du Nord et de Pas de Calais » qui consiste à donner les clés du territoire à la bourgeoisie pour qu’elle utilise la population comme main d’œuvre captive.

C’est très parlant. On n’est pas ici dans une démarche de recomposition de classe et d’unité populaire, mais d’accompagnement social du capitalisme. Et il est évident qu’on ne pourra pas compter sur de tels gens lorsque le bellicisme va toujours plus avoir d’exigences en France, avec des implications militaires directes.

Telle est la réalité : les élections législatives sont un chaos aux dépens des prolétaires et la recomposition du prolétariat passe par l’aspect principal, la lutte contre la tendance à la guerre !

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Guerre

La menace nucléaire (tactique) française sur la Russie de mars 2022

Une démarche criminelle du militarisme.

C’est le Canard enchaîné qui le « révèle ». Il faut mettre des guillemets car le Canard enchaîné n’est pas un organe de presse « neutre », mais une caisse de résonance du combat fratricide des factions des classes dominantes. L’information donnée vise d’ailleurs clairement les bourgeois pour qu’ils se mettent à la page, ce n’est nullement une initiative anti-guerre !

D’ailleurs, tous les milieux informés savent que la Russie et la Chine procèdent depuis trois mois à des attaques internet massives en France. Pour autant, ce n’est dit nulle part, car il y a une opération de remue-ménage pour habituer la bourgeoisie dans son ensemble à mettre le pays sur le pied de guerre.

L’initiative militariste des 8-9 mars 2022 est ici exemplaire. L’armée française a mené un exercice de telle manière que le satellite russe puisse l’observer ; il s’agissait de 43 Rafales s’entraînant à lancer un missile atomique, dans le cadre d’une simulation avec un pays ennemi ayant, justement, toutes les caractéristiques de la Russie.

C’est là naturellement jouer avec le feu ; cela relève d’un esprit d’escalade. C’est typique d’un état-major d’un pays capitaliste visant à être aux premières loges de la bataille pour le repartage du monde.

Mais on aurait tort toutefois de penser que c’est une simple démonstration de force concernant le feu nucléaire global. Pas du tout ! C’est bien pire.

La doctrine militaire française concernant l’emploi du feu nucléaire implique en effet que l’utilisation d’un avion transportant un missile nucléaire soit symbolique. C’est pour indiquer la détermination de l’armée française, car l’avion est repérable sur les radars. Les missiles nucléaires eux-mêmes partent toutefois des « Sous-Marins Nucléaires Lanceurs d’Engins » (SNLE).

Le Canard enchaîné indique d’ailleurs que trois SNLE avaient pris la mer au début de la guerre Russie-Ukraine, au lieu d’un seul normalement. A ce niveau on est effectivement dans l’avertissement du feu nucléaire global.

En ce qui concerne les avions, par contre, on fait face à la question des petites bombes nucléaires, celles qu’on considère désormais comme pouvant être utilisés sans déclencher la guerre nucléaire globale. On parle ici d’armes nucléaires tactiques ; elles sont de maximum 300 kilotonnes, de moindre puissance par rapport aux armes nucléaires traditionnelles. Voici un exemple pour une bombe de 100 kilotonnes lancée à la surface de Paris.

En jaune, la boule de feu nucléaire, entouré en rose claire du souffle principal ; en vert la zone radioactive, et la petite zone autour est celle des dégâts moyens ; en orange clair la zone concernée par la chaleur (brûlure au 3e degré) ; en gris les dégâts légers.

Voici un exemple pour une bombe de 10 kilotonnes.

Cela n’a jamais été rendu officiel, mais en cas de conflit entre l’OTAN et le Pacte de Varsovie dans les années 1980, il était prévu des deux côtés d’utiliser ces armes nucléaires tactiques en cas de victoire rapide du camp ennemi. Du côté de l’OTAN par exemple, si jamais les tanks du Pacte de Varsovie réussissaient à massivement passer, que ce soit par la trouée de Fulda, la plaine d’Allemagne du Nord ou la vallée du Danube en Autriche, les armes nucléaires tactiques seraient employées.

La France entendait faire elle-même pareillement si le Pacte de Varsovie arrivait vers ses frontières, ce qui signifie que la Belgique et l’Allemagne seraient la cible d’armes nucléaires tactiques françaises visant les troupes ennemies.

Plus qu’une guerre nucléaire généralisée détruisant tout, la guerre entre les deux camps ennemis dans les années 1980 aurait été une sorte de guerre totale avec l’emploi d’armes nucléaires tactiques de manière régulière, du moins au départ.

Cela étant, cela aurait vite débordé. La technologie n’était en fait pas encore assez au point. Les forces américaines en Allemagne de l’Ouest devaient ainsi déclencher à la main les bombes nucléaires tactiques, dans un contexte de guerre venant de commencer et donc de chaos relatif dans le commandement. Il n’y avait pas encore des satellites comme aujourd’hui, des missiles efficaces, précis et rapides, etc.

Il était donc prévu du côté de l’OTAN d’anéantir directement l’Autriche avant que le Pacte de Varsovie ne passe, afin de ne rien risquer, et les deux camps auraient lancé massivement leurs missiles nucléaires en cas de perte de vitesse pour ne pas se laisser vaincre par surprise, tellement il était difficile d’avoir un aperçu général de la situation, de par la situation technologique alors.

Désormais, une guerre nucléaire tactique est par contre tout à fait jouable… On peut gérer les choses de manière « millimétrée ». Cela rejoint la question du contournement de l’équilibre de la terreur (qu’on trouve exposée dans l’article « Les stratégies impérialistes de contournement de l’équilibre de la terreur à l’époque de la seconde crise générale du capitalisme : l’asphyxie comme approche de la superpuissance américaine, le délitement comme approche sino-russe » dans la revue pdf Crise de Février 2022).

En fait, l’arme nucléaire, de stratégique, devient tactique. C’est cela qui est en train de se mettre en place. Personne ne lancera une guerre nucléaire globale pour la destruction nucléaire de quelques kilomètres carrés sur un territoire – tout en répondant de la même manière.

C’est la bataille pour le repartage du monde, c’est le processus en cours, c’est la catastrophe en cours.

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Guerre

Les valets américains Macron, Scholz et Draghi à Kiev

L’Union européenne est un appendice de l’OTAN qui a à sa tête la superpuissance américaine.

Dmitri Medvedev, vice-président du conseil de sécurité spécial de la Fédération de Russie, a commenté de la manière suivante sur le réseau social Twitter la visite à Kiev du président français Emmanuel Macron, du chef du gouvernement allemand Olaf Scholz, du chef du gouvernement italien Mario Draghi, le 16 juin 2022 :

« Les amateurs européens de grenouilles, de saucisses de foie et de spaghettis adorent leur visite de Kiev. Avec zéro résultat. Ils ont promis l’adhésion à l’UE et de vieux obusiers à l’Ukraine, ils se sont rués sur la gorilka [une sorte de vodka ukrainienne] et sont rentrés chez eux en train, comme il y a 100 ans. Tout va bien. Pourtant, cela ne rapprochera pas l’Ukraine de la paix. L’heure tourne. »

C’est méprisant et provocant, mais il y a une fine allusion que les chancelleries auront noté (et les journalistes français pas du tout). Début mai 2022, l’ambassadeur ukrainien en Allemagne, Andrij Melnyk, avait traité le chancelier allemand Olaf Scholz de « saucisse de foie vexée ». C’est à cela que Dmitri Medvedev fait allusion. L’insulte de l’ambassadeur ukrainien faisait suite à ce qu’Olaf Scholz a exprimé un certain désarroi à ce que l’Ukraine refuse catégoriquement en avril 2022 la venue à Kiev du président allemand Frank-Walter Steinmeier, considéré comme pro-Russie.

L’Ukraine tire en fait à boulets rouges de manière régulière contre la France et l’Allemagne, accusées de vouloir temporiser, de vouloir que l’Ukraine signe un traité de paix rapide à tout prix, afin de ne pas fournir d’armes. Et il est vrai que jusqu’à présent, la France et l’Allemagne, avec d’ailleurs l’Italie, soutiennent entièrement l’Ukraine car ils s’alignent sur l’OTAN, tout en traînant des pieds car un alignement complet les placerait entièrement à la remorque de la superpuissance américaine et affaiblirait leurs économies.

De plus, si les choses tournent encore plus mal, la France, l’Allemagne et l’Italie devraient s’impliquer militairement et ainsi se confronter à la Russie. Cette dernière rappelle régulièrement d’ailleurs qu’il y a des lignes rouges à ne pas franchir et que participer à l’organisation de l’armée ukrainienne, à sa logistique, à ses actions, revient à devenir une cible. Dmitri Medvedev avait par exemple publié le message suivant sur Twitter le 30 mai 2022 :

« Biden a déclaré que les États-Unis ne fourniraient pas à l’Ukraine les systèmes de missiles capables de frapper la Russie. C’est raisonnable. En cas d’attaque contre nos villes, la Russie frapperait les centres où ces décisions criminelles sont prises [car relevant des services secrets occidentaux et de leur capacité satellitaire, ainsi que la gestion directe des missiles employés].

Certains d’entre eux ne sont pas à Kiev [mais dans des pays comme les États-Unis, la Grande-Bretagne, voire l’Allemagne et la France]. Ce qui vient ensuite est évident. »

La visite à Kiev montre que ce « en même temps » franco-germano-italien a pris fin. La France, l’Allemagne et l’Italie appellent désormais ouvertement à la victoire complète de l’Ukraine, avec également la récupération de la Crimée.

La France, l’Allemagne et l’Italie appellent également à ce que l’Ukraine devienne candidate à l’entrée de l’Union européenne, alors que les exigences demandées pour cela rendent normalement la chose totalement impossible. Cela en dit long au niveau stratégique aussi.

Car le régime ukrainien est fantoche, le pays est une colonie anglo-américaine, à la fois totalement corrompu depuis deux décennies et désormais économiquement à l’agonie. Une entrée dans l’Union européenne rendrait cette dernière encore plus soumise à la superpuissance américaine, alors que de toute façon l’Union européenne reconnaît officiellement l’OTAN comme sa forme militaire.

La France, l’Allemagne et l’Italie cèdent ainsi à l’hégémonie de la superpuissance américaine. L’Union européenne, déjà entièrement alignée sur l’OTAN. L’ombre de la guerre s’installe encore davantage sur l’Europe. On ne peut pas voir les choses autrement que comme la troisième guerre mondiale qui s’installe, avec comme cœur le conflit entre la superpuissance américaine et son challenger chinois.

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Guerre

Le t-shirt anti-URSS de Volodymyr Zelensky

Le côté réactionnaire est assumé.

Le président Volodymyr Zelensky lance chaque jour un message, que ce soit pour le festival de Cannes ou pour le parlement d’un pays européen. Comédien, il excelle dans sa présentation et ses appels, et il profite d’un story telling immanquablement produit aux États-Unis par une équipe coordonnée par l’armée américaine. Rien n’est laissé au hasard, que ce soit au niveau des références (Verdun pour la France par exemple) ou du style employé.

Ainsi, pour le salon parisien VivaTech dédié aux start-ups, Volodymyr Zelensky a surfé sur l’imagerie de Star Wars, intervenant par vidéo le 17 juin 2022 sous forme d’un hologramme (comme il y en a dans les films de cette série cinématographique mystico-élitiste).

Cette vidéo a également été diffusé le même jour dans des salons « tech » à Amsterdam, London et Stockholm. Une start up a mis son savoir-faire en avant et le régime ukrainien se présente comme totalement lié à la modernité capitaliste, tout en appelant aux investissements.

Le t-shirt de Volodymyr Zelensky relève également de l’imagerie Star Wars ; le voici avec une variante en fond bleu pour plus de clarté. On y voit une figure connue (celle de Boba Fett ou du Mandalorian) avec à l’arrière-plan des vaisseaux de Star Wars (chasseurs X et le petit vaisseau de Dark Vador), ainsi que d’autres représentations militaristes.

Mais surtout la figure principale a à ses pieds le cadavre d’un cosmonaute soviétique, l’acronyme « CCCP » étant parfaitement reconnaissable deux fois sur la tenue.

Et comme slogan, on a « Come to the Dark Side » (Rejoins le côté obscur) et « Dominate or die » (Dominer ou mourir).

C’est là tout à fait exemplaire de pourquoi le régime ukrainien est désormais de type fasciste. Avant la guerre il était déjà sous la coupe occidentale avec l’extrême-Droite diffusant librement et massivement son nationalisme. Avec la guerre, l’État ukrainien a pris le contrôle de toute la société, tout en devenant un État fantoche au service de la superpuissance américaine.

Ce t-shirt est même tellement caricatural qu’il rend sympathique l’exigence russe de ne pas balancer par dessus bord tout le patrimoine historique commun russo-ukrainien. Naturellement, la Russie profite de cette question pour asseoir son hégémonie sur l’Ukraine, ou plutôt la faire disparaître en tant que nation. Cependant, le régime fantoche ukrainien est lui-même le fossoyeur de la nation ukrainienne dont il liquide tout le parcours démocratique et populaire pour la transformer en base territoriale de l’OTAN.

L’absence de camp démocratique en Ukraine explique d’ailleurs pourquoi agauche.org, qui a annoncé l’invasion russe six mois avant qu’elle ait lieu et a appelé à la solidarité avec l’Ukraine tout en présentant inlassablement la situation, est passé inaperçu à ce niveau. Le camp démocratique, celui du peuple, est tellement faible partout que les puissances font ce qu’elles veulent dans le processus de repartage du monde.

En plus de l’invasion, c’est le drame actuel de l’Ukraine.

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Société

La France : année zéro

Le niveau est à zéro, tout est à faire !

Le premier tour des élections législatives 2022 a montré que la confiance générale dans la stabilité de la société française était absolue. Bien entendu, il y a des courants contestataires formulant l’idée qu’il y aura un « troisième tour social » à la rentrée. Cependant, on ne trouve nulle part l’idée que tout est illusion et qu’en réalité on va à une grande rupture civilisationnelle.

Autrement dit, emprisonnés dans le capitalisme et son 24 heures sur 24, les gens croient en une évolution des choses, qui sera lente, et non pas en un saut qualitatif révolutionnant tout le cadre de pensée et d’action. Le capitalisme est considéré comme installé et solide ; il pourrait être réorienté dans telle ou telle direction, éventuellement « dépassé » en certains domaines. Il n’est toutefois pas raisonné en termes de cassure.

Cela montre ici que lorsque les gens parlent de Karl Marx en France, ils le limitent à une dimension « sociale » et ils ne saisissent pas qu’au contraire la question est fondamentalement humaine, avec la question de l’exploitation et de l’aliénation d’un côté, celle de l’épanouissement personnel dans un cadre collectif de l’autre.

Cela montre surtout qu’il n’existe aucune « charge » prolétarienne en France, que le prolétariat, qui porte le nouveau monde, est aux abonnés absents, qu’il ne diffuse rien, qu’il ne soutient rien, qu’il est décomposé.

Si on rate cette décomposition, alors on ne peut pas comprendre il y aura recomposition. Une recomposition qui va malheureusement passer par l’opposition à la guerre, aux mesures économiques d’appauvrissement et de pression accrue au travail. Mais une recomposition qui porte en elle le programme pour établir le Socialisme en France, au fur et à mesure de son avancée.

Il est en tout cas tout à fait évident désormais que le capitalisme a englouti le prolétariat et que sans recomposition, il n’y a rien. Le capitalisme s’est tellement développé dans les pays riches qu’il a corrompu les prolétaires pour en faire des petits-bourgeois. La recomposition va consister en le grand décrochage d’avec cette corruption, ce qui ne se fera pas sans heurts, sans remise en cause.

En ce sens, l’espoir ne vient pas du tout de l’alliance électorale NUPES, petite-bourgeoise de bout en bout, voire même bourgeoise d’ailleurs. Il vient en bonne partie de l’effondrement à venir du Rassemblement National qui a piégé les prolétaires au moyen du nationalisme. Le Rassemblement National est le véritable grand obstacle à la recomposition, car il fait croire aux prolétaires que le nationalisme peut les protéger d’un capitalisme devenant toujours davantage un turbocapitalisme.

Mais le Rassemblement National n’est pas en mesure de proposer un tant soit peu du concret alors que la situation devient toujours plus tendue au niveau international ; il ne sert même à rien et cela va être tout à fait clair. Cela va amener cette digue à se briser.

Dans tous les cas, quel que soit la forme du processus, c’est la recomposition du prolétariat qui est la clef. Tout le reste est mensonge, expression de la corruption par une société capitaliste opulente.

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Société

1er tour des législatives 2022 : la France du vide

La France est capitaliste de manière assumée.

Les Français ont choisi de partir en vacances avant l’heure et le premier tour des élections législatives le reflète bien. Aucun candidat n’a parlé de la pandémie, ni de la guerre en Ukraine, afin de ne pas fâcher une France capitaliste qui a une seule obsession, celle de pouvoir au maximum continuer comme avant.

Le plus fou est que tout le monde sait très bien que cela ne va pas durer, que cela ne peut pas durer. Cela rend cependant d’autant plus important le refus de la réalité et de ses « complications ». La France est vide, elle veut être vide, elle ne veut rien savoir.

Les résultats en disent d’ailleurs long. 52% des électeurs ne se sont pas déplacés. 25,75% ont voté pour la majorité présidentielle, qui comme on le sait propose un capitalisme « moderne », axé sur le libéralisme tant économique que sociétal. 18,68% ont choisi le Rassemblement National de Marine Le Pen, soit la réponse nationaliste au capitalisme « qui va trop vite ». 4,24% ont choisi Reconquête et Eric Zemmour, soit le nationalisme agressif et sans perspective, en déroute totale à ces élections d’ailleurs.

11,29% ont choisi Les Républicains et l’UDI, soit la Droite traditionnelle. Ce qui fait d’ailleurs que si l’on considère la Droite en général, avec la majorité présidentielle également malgré ses quelques tendances sociales-réformistes, on obtient 60%. Un chiffre énorme, qui correspond tout à fait à la société française, qui est résolument pro-capitaliste, traditionaliste tout en saluant les élargissements de la société de consommation.

On est au degré zéro de la conscience sociale et politique, pire encore on a des gens rêvant dans leur grande majorité d’être des profiteurs.

D’où l’illusion de la NUPES, l’alliance électorale autour de Jean-Luc Mélenchon, avec La France Insoumise, Europe Écologie Les Verts, le Parti communiste français et le Parti socialiste. Son score est bon, avec 25,66% des voix. Mais son programme ne correspond à aucune lame de fond dans la société, c’est un assemblage de bric et de broc de propositions néo-réformistes et populistes. Culturellement, c’est le néant, ou alors le modernisme capitaliste convergeant avec Emmanuel Macron (LGBTQ+, ethno-différentialisme communautariste, pro-cannabis, etc.).

Autrement dit, le capitalisme continue d’avancer et il y a une frange néo-réformiste pour l’accompagner, pour pacifier en arrondissant les angles. Et on n’y peut rien, car si néo-réformisme est là, c’est parce que le capitalisme peut se le permettre.

Ce qu’on peut par contre, c’est défendre le drapeau rouge, en voyant bien que le capitalisme vit à crédit depuis la pandémie, que la tendance à la guerre l’emporte, que toutes les valeurs de la civilisation capitaliste amènent dans le mur à l’échelle de l’Histoire. Tout va craquer, pas une pierre ne restera en place. C’est du point de vue de l’avenir qu’il faut se placer, pas du néant actuel.

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Dépêche

Des bourgeois partout dans une France perdue

Il y a les bourgeois et ceux qui s’alignent sur eux, dans le style, l’apparence, le sens de la mesure. Et qu’a-t-on vu aux législatives 2022 ? Que des bourgeois, des bourgeois partout ! Même les candidats qui n’étaient pas bourgeois cherchaient toujours à rester dans le cadre, à ne surtout pas heurter, à se présenter à pas feutrés.

La guerre en Ukraine ? La tendance en général à la guerre ? La pandémie ? La question de la situation des hôpitaux et de la Santé en général ? Les dettes immenses causées par la crise issue de la pandémie ? Rien, rien de tout cela !

Car le capitalisme est considéré comme l’horizon indépassable, la société capitaliste française est vue comme d’une stabilité inébranlable, le mode de vie dominant est conçu comme indépassable. Il n’y a aucun projet de civilisation alors que, de toutes façons, les Français seraient bien incapables de s’y intéresser.

Nous vivons là un drame historique, car ce n’est pas la Gauche historique qui a tort, non, c’est la société française dans son ensemble. Cette société française se survit à elle-même ; elle est ébranlée, ses tissus sociaux sont déchirés, son niveau culturel est en chute libre. Elle est un assemblage d’individus ne pensant qu’à leur petit confort consistant à être le moins dérangé possible.

La critique de la civilisation capitaliste prend, dans un tel contexte, une signification toujours plus importante. Elle est essentielle !

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Guerre

L’armée russe l’emporte en Ukraine

Le tournant est passé.

Une chose véritablement terrible des cent premiers jours de la guerre Russie-Ukraine au point de vue politique en France est de voir qu’il n’y a aucune capacité d’analyse de la part de la Gauche française. Cette dernière reprend intégralement ce que disent les médias, et donc la propagande de l’OTAN. Que ce soit avec les pseudos massacres ou les pseudos bombardements d’hôpital ou d’école, la rhétorique propagandiste du régime ukrainien a été acceptée tel quel, ainsi que les évaluations du ministère britannique de la Défense.

Partant de là, il y a trois semaines, tout le monde reprenait l’antienne comme quoi la Russie était en train de perdre. Or, c’était naturellement faux, cela servait à continuer la pression pour un soutien acharné au régime ukrainien. L’Ukraine est utilisée comme chair à canon dans la guerre occidentale contre la Russie. Personne n’en a rien à faire dans les pays occidentaux de la nation ukrainienne, de la culture ukrainienne. Tout cela est d’une hypocrisie sordide.

La situation sur le front au 10 juin telle qu’évaluée par l’armée française

Sur le terrain, l’Ukraine est en train de perdre totalement, pour deux raisons. Tout d’abord, ses forces militaires professionnelles sont fatiguées, ensuite, son artillerie n’a plus de munitions. Inversement, la Russie n’a pas institué l’état de guerre et dispose de troupes encore opérationnelles dans une large mesure, et surtout dispose de deux années de munitions d’artillerie.

Concernant ce dernier point, il y a également une dimension quantitative : l’armée russe utilise de dix à vingt fois plus d’artillerie que l’armée ukrainienne.

Et comme maintenant il est clair que l’Ukraine a « choisi » de rompre avec la Russie, alors tout est plus facile pour l’armée russe, qui pilonne et qui pilonne, de manière ininterrompue, et occupe toujours plus de terrain, avec comme objectif avoué désormais, la Nouvelle Russie, ce qui avait été annoncé sur agauche.org début mai 2022 déjà. Les passeports russes commencent ainsi à être distribués à Kherson et à Mélitopol.

Le 9 juin, à l’occasion du 350e anniversaire de Pierre le Grand, le président russe Vladimir Poutine n’a ainsi pas du tout parlé d’une Ukraine slave ou petite-russe ; il a parlé d’une Russie obligée de batailler pour que sa population soit à l’intérieur de son territoire.

Nous venons de visiter une exposition consacrée au 350ème anniversaire de Pierre le Grand. C’est étonnant, mais presque rien n’a changé (…).

Pierre le Grand a combattu la Grande Guerre du Nord pendant 21 ans. On aurait pu dire qu’il était en guerre contre la Suède et qu’il leur prenait quelque chose. Il ne leur a rien enlevé. Il a repris ce qui appartenait à la Russie (…).

Lorsqu’il a fondé une nouvelle capitale [Saint-Pétersbourg], aucun des pays d’Europe ne reconnaissait ce territoire comme appartenant à la Russie. Tout le monde le considérait comme faisant partie de la Suède. Mais depuis des temps immémoriaux, des slaves vivaient là-bas aux côtés des peuples finno-ougriens (…).

Apparemment, c’est aussi à nous maintenant de reprendre ce qui appartient à la Russie. Et si nous partons du principe que ces valeurs sont la base de notre existence, nous parviendrons certainement à atteindre nos objectifs. »

La situation économique ukrainienne est également catastrophique. Entre les destructions des infrastructures, des usines, les destructions (et il faut compter ici les déforestations massives), les explosifs qui traînent dans de nombreuses zones… le pays voit sa réalité productive massacrée. Le pays a perdu tout moyen d’être indépendant, d’où justement toutes les initiatives de l’Union européenne pour ouvertement vassaliser ce qui va rester de l’Ukraine.

Il y a d’ailleurs des tendances déjà pour aller directement en ce sens. L’Allemagne traîne totalement des pieds pour envoyer du matériel militaire au régime ukrainien, au point que les raisons données régulièrement deviennent toujours plus ridicules (il manque des pièces, il faut former les soldats ukrainiens, etc.). La France envoie des armes, mais aimerait bien que tout se termine, car elle comprend que si les choses continuent sa position secondaire au niveau international va être clairement établie.

Et il y a question des céréales ukrainiennes qui sont bloquées et qui risquent de provoquer, par leur non-exportation, à de grandes déstabilisations dans plusieurs pays, avec des émeutes de la faim. Les prix des céréales explosent d’ailleurs en général dans le monde et cela ajoute à l’inflation galopante dans le monde avec la montée du prix du gaz et du pétrole.

Tout cette ampleur montre bien qu’on est dans le contexte du repartage du monde par les grandes puissances, que c’est là tout l’enjeu de l’époque. Le monde capitaliste a bien basculé avec la pandémie en 2020, il est rentré dans la crise mondiale. C’est d’ailleurs pour cela qu’aux élections législatives de 2022, qui se tiennent aujourd’hui, aucun candidat ne parle ouvertement ni de la pandémie, ni de la guerre en Ukraine. On est dans la machine bourgeoise à illusions, pour essayer de forcer les choses, de faire tenir l’ensemble coûte que coûte… avant que tout ne craque inéluctablement.

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Société

Que fait la police ? Que fait la Justice ?

Le Droit et l’ordre public ont de moins en moins cours en France.

La lutte des classes est un processus historique complexe. On ne peut pas résumer cela comme le font les syndicalistes en un simple affrontement entre « patrons » et « salariés ». Il y a un aspect fondamental à saisir qui est celui de la légitimité sociale.

C’est très simple. La bourgeoisie impose le capitalisme, mais en échange elle n’est pas remise en cause car elle est considérée comme légitime socialement. Cette légitimité ne tombe pas du ciel : la bourgeoisie l’a conquise de haute lutte pendant des siècles de lutte de classe face à la noblesse. En France, c’est un phénomène très identifiable, facile à voir dans les livres d’Histoire.

Et donc, pour être légitime, la bourgeoisie doit se poser comme la plus à même d’organiser la société. Historiquement, cela a consisté surtout en le fait de porter la démocratie face à l’arbitraire monarchique et à l’insécurité féodale. Autrement dit, c’est le Droit plutôt que la loi de Dieu, et l’ordre public plutôt que la loi du plus fort. Avec forcément la Justice et la police pour faire appliquer cela.

Qu’en est-il de cette légitimité de la bourgeoisie en 2022 en France ?

Cela saute aux yeux, et ça ne date pas d’hier, que le Droit est de plus en plus faible. Déjà depuis longtemps les lois sont des sacs de nœuds difficiles à interpréter et les passe-droits sont nombreux (surtout en ce qui concerne la fiscalité). Mais ce qui est plus récent, c’est de constater à quel point en France la loi n’a très souvent même plus cours, dans des situations pourtant très simples et qui étaient jusque là tout à fait respectées.

C’est le cas de l’immigration par exemple. Dans la seconde moitié du 20e siècle, quand la bourgeoisie française a eu besoin massivement d’une main d’œuvre étrangère à exploiter dans les usines, les mines ou sur les chantiers, elle a organisé leur venue. Ce n’est plus du tout le cas. Aujourd’hui l’immigration est totalement anarchique, avec c’est bien connu des gens interdits de territoire facilement identifiés, mais qui ne sont pas expulsés.

La bourgeoisie en profite pour avoir une main d’œuvre corvéable, surtout dans le secteur du BTP, du nettoyage et du maraîchage. A la marge, la petite bourgeoisie, voire des prolétaires, en profitent également pour se payer des domestiques partagés afin de se faire livrer des courses ou des repas via des plateformes type « Uber ».

Ce dernier exemple est flagrant en ce qui concerne les centre-villes. Le Droit, en l’occurrence le code du travail, le code du commerce et le code de la route, est piétiné par les livreurs « auto-entrepreneurs » (ou locataires illégaux de compte d’auto-entrepreneur). Tout le monde le sait, tout le monde le voit (surtout en ce qui concerne le code de la route). Mais cela s’installe pourtant durablement, car la bourgeoisie n’est plus en mesure de garantir le Droit. Force ne va plus à la loi.

Certes, on parle là d’un phénomène tout à fait marginal, n’intéressant pas les gens et ne modifiant en rien (en tous cas en apparence) le quotidien du pays. Mais c’est en fait le cas pour quasiment tout, et partout, ce qui donne une situation générale qui se dégrade largement. L’ordre public est de moins en moins respecté.

De fait, c’est le tissu social lui-même, ce qui est appelé parfois le « vivre ensemble », qui s’effrite, se décompose dans une telle situation. La promesse historique de la bourgeoisie de garantir le Droit et l’ordre public est de moins en moins tenue.

On le voit aisément sur la route avec la multiplication des comportements barbares. Cela a fait l’actualité récemment, car des agents de police faisant face directement à un chauffard en plein Paris, ont été dans l’obligation concrète de faire usage de leur arme, entraînant la mort accidentelle de la passagère et la blessure grave de la personne qui était au volant.

Les agents de police en question, plutôt que d’être pris en charge par la société, soutenus psychologiquement et moralement, se retrouvent mis en accusation. Heureusement pour eux, il y a des images de vidéosurveillance de la RATP qui prouvent facilement qu’ils étaient en situation de légitime défense face à un danger corporel personnel immédiat.

Pourtant, personne ne devrait avoir quoi que ce soit à reprocher à ces policiers. On parle toute de même là d’un chauffard ivre et sous l’emprise de la drogue, sans permis, fonçant dans la circulation, puis sur un agent de police, plutôt que de se soumettre à un simple contrôle suite à une flagrance de non-port de ceinture. Tout cela alors que l’homme en question était en semi-liberté…

C’est évident pour qui a le sens de la morale : c’est la société elle-même qui était en état de légitime défense dans cette situation, et heureusement qu’il y a eu des policiers courageux pour faire valoir l’intérêt de la société en neutralisant cette personne plutôt que de se faire écraser et risquer l’écrasement d’autres piétons ou cyclistes. La mort de la passagère fut le prix à payer, mais les policiers n’en sont nullement responsables.

On parle d’ailleurs là de policiers à vélo, donc très loin de l’image de cow-boy de la BAC qui ferait de sa voiture et de son arme un fétiche. Alors, que faire face à des délits de fuite, qui sont clairement devenus la norme pour tout un tas de personnes surtout en Île-de-France ? Car il est évident que si on laisse s’installer cela, il en est définitivement fini de l’ordre public, et ce pendant des années.

Rien qu’en une semaine, on a au moins deux cas similaires :

Dimanche 5 juin 2022, Vienne (Isère), un policier ouvre le feu pour stopper un chauffard au volant d’une voiture volée, qui refusait d’obtempérer. Un policier a été traîné sur plusieurs mètres avant de chuter, ce qui n’a pas empêché le chauffard de poursuivre sa tentative de fuite.

Mardi 7 juin 202, Argenteuil (Val-d’Oise), un policier ouvre le feu sur un automobiliste refusant le contrôle et qui percute une policière.

C’est grave, extrêmement grave et inquiétant quand au niveau de décomposition sociale en France.

Ce qui se passe est évident : l’ordre social et la Justice ne sont plus garantis en France. Une des base de ce qui fait la légitimité de la bourgeoisie s’effrite littéralement sous les yeux d’une population médusée, mais figée.

Ce serait une bonne nouvelle s’il y avait en face une classe ouvrière organisée, consciente d’elle-même et de sa force historique, prête à prendre la place de la bourgeoisie. Prête à assumer sa légitimité sociale en assumant l’ordre public et le Droit, et bien plus encore !

Tel n’est malheureusement pas le cas, alors il faut bien avoir conscience que la situation va aller en s’empirant. Et ce n’est là qu’un aspect particulier de la crise, qui a de multiples contours et va être de plus en plus ravageuse.

Et dans une telle situation, le rôle de la Gauche historique est évidemment : il ne faut pas critiquer et conspuer de manière anarchiste la police et la Justice. Au contraire, il faut se battre pour une police populaire et une Justice populaire, c’est-à-dire une police et une justice portées par le peuple lui-même, de manière démocratique et populaire.

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Politique

Interview d’un candidat de la Fédération de la Gauche Républicaine en Seine-et-Marne

Gurvan Judas est membre de la Gauche Républicaine et Socialiste.

Pouvez-vous présenter le sens de votre candidature ?

Ma candidature se veut la candidature de la France périphérique selon l’expression de Christophe Guilluy. C’est la candidature de cette France dont je suis issu, cette France qui souffre des transports en mauvais état de l’éloignement des zones d’emplois. La candidature de la ruralité, des Gilets Jaunes très importants dans mon département. C’est une candidature jeune, populaire d’une personne qui connaît les problèmes que rencontrent ses concitoyens au quotidien.

Je veux défendre les gens que je connais et que j’ai côtoyés toute ma vie, répondre à leurs problèmes. C’est le sens de ma candidature et de ma démarche.

Une candidature résolument de gauche, sociale, pour le pouvoir d’achat, proche des gens et républicaine.

Vous êtes candidat de la Fédération de la Gauche Républicaine, qu’est-ce que cela signifie ?

Cela signifie plusieurs choses : s’inscrire dans une longue histoire, celle d’une tradition politique issue de la Révolution française, jusqu’à Jaurès ou le CERES ensuite. Un ancrage à gauche, une gauche de transformation sociale, laïque, républicaine, une gauche de rupture. Enfin, une stratégie d’union la plus large.

C’est donc une candidature ancrée à Gauche, mais qu’en est-il de la NUPES ?

Je salue l’initiative de la NUPES, nous avons toujours à la Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) œuvré pour l’union la plus large possible à gauche. Nous regrettons ne pas avoir été incorporés à l’accord alors que nous avons effectué une démarche de discussion. Néanmoins la NUPES a ces limites : programme flou sur différents points essentiels, non prise en compte des réalités politiques locales etc.

C’est pourquoi je suis candidat je présente un programme avec ces particularités, ces thèmes, différents de la NUPES. La gauche est devenu incapable de parler à la ruralité, à la France périphérique, on le voit quand on regarde la sociologie de La France Insoumise (LFI) laissant ces catégories à l’extrême droite. J’ai vocation à parler à ces catégories dont je suis issu.

Ma candidature est complémentaire à la NUPES, la gauche dans sa diversité et dans sa pluralité.

J’ai également un programme qui ne transige pas sur les principes républicains, la nation, la laïcité, l’universalisme. Mon programme est clair et structuré idéologiquement.

En quoi votre candidature présente-t-elle un sens particulier dans votre circonscription ?

La 5e circonscription de Seine-et-Marne est particulière : beaucoup de villages, très rurale, 54 communes et quelques bourg à l’est (Coulommiers, La Ferté-sous-Jouarre).

Mais à l’ouest elle est beaucoup plus urbaine avec des communes de l’agglomération du Val d’Europe. Les réalités entre l’est et l’ouest n’ont rien à voir. Depuis Serris, avec le RER A, Paris est à 25 minutes. Depuis Coulommiers et le Transilien Ligne P il faut une heure.

Le sens particulier de ma candidature sur ce territoire est que je connais ce territoire, je l’aime et je souhaite parler aux différentes catégories de population de ce territoire. Réussir à articuler le local et le national. Des thématiques locales qui ont une résonance pour l’ensemble du pays.

De plus la gauche est faible dans ce territoire, je veux lui permettre de s’imposer comme la force dans cette circonscription et mettre fin au règne de F.Riester, véritable baron local.

Comment votre candidature s’inscrit-elle dans la perspective d’une avancée de la Gauche à l’avenir ?

Je veux que la gauche redevienne une force politique sur mon territoire et nationalement. Mais pour cela il faut reconstituer une majorité politique dans ce pays. Et pour ce faire, la gauche doit se réemparer de certains thèmes qu’elle a abandonnés : La République, la Nation, la Laïcité sans jamais délier ces thèmes de la question sociale. Un républicain est central, pas centriste.

Cela tient en trois points : la reconquête des classes populaires, la rupture avec l’Union Européenne et l’universalisme républicain et la laïcité.

Les trois abandons de la gauche.

Voilà en quoi ma candidature s’inscrit dans la perspective d’une avancée de la gauche à l’avenir. Je veux parler à la France rurale, la France périphérique, la France qui souffre et incarner une gauche radicale et fidèle à ce qu’elle devrait être. Une gauche proche du réel qui retrouve son électorat.

De plus, ma candidature permet de faire exister la pluralité de la gauche, sa diversité et est une pierre à l’édifice pour la reconstruction de notre camp politique afin de le faire avancer la gauche à l’avenir.

Comment voyez-vous idéalement la Gauche dans les prochaines années ?

Je ne fais pas de politique fiction. Je fais de l’histoire et je sais que rien n’est jamais écrit d’avance.

Mais cela n’empêche pas d’être idéaliste.

Idéalement, une gauche républicaine unie pour reconstituer une majorité politique, retrouver son électorat. Une gauche qui incarne un véritable projet de transformation sociale et de rupture.

La question du logiciel idéologique et de la colonne vertébrale idéologique est primordiale. C’est la priorité, ensuite on pourra discuter des questions stratégiques et de stratégies de prise de pouvoir, mais d’abord la gauche doit retrouver sa boussole.

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Politique

Législatives 2022 : huit candidats de la Fédération de la Gauche Républicaine

Dix professions de foi pour se faire un avis.

Voici dix professions de foi de candidats de la Fédération de la Gauche Républicaine, qui unit la Gauche Républicaine et Socialiste, le MRC, L’écologie populaire, Les Socialistes, L’engagement, Les Radicaux de Gauche, la Nouvelle Gauche Socialiste. Une mise en perspective commune où, comme on peut le voir dans ce qui est mis en avant, les intérêts primordiaux restent très différents, tout comme les approches.

Un candidat en Dordogne se sent par exemple obligé de dénoncer « la révolution » afin de rassurer comme il faut les bourgeois (il vient lui-même de quitter le Parti socialiste dont il relève de l’aile droite) ; une autre dans le Val d’Oise dénonce les « élites » et se revendique des Gilets jaunes ; un autre encore en Moselle se focalise entièrement sur les artisans.

Difficile d’y voir clair à moins de regarder clairement au cas par cas.

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Guerre

Un néo-nazi français meurt dans les rangs de l’armée ukrainienne

On parle ici de terroristes.

Selon sa mère, Wilfried B. de Bayeux était simplement parti en voyage humanitaire pour aider l’Ukraine, et se serait attaché aux gens. En réalité, c’était un militant néo-nazi assumant la ligne terroriste et s’engageant par conséquent dans les rangs des nationalistes ukrainiens les plus furieux. Le voici avec le drapeau noir et rouge des banderistes – les partisans de Bandera – et le symbole de la « misanthropic division », le mouvement néo-nazi nihiliste né en Ukraine, qui sert d’ailleurs de relais européen pour les nationalistes ukrainiens d’Azov.

Un compte de la « misanthropic division » sur les réseaux sociaux le présente d’ailleurs comme un

« fier membre de la WSMDivision, légionnaire français, homme qui a combattu contre le bolchévisme et les antifascistes toute sa vie ».

Le message dit encore :

« Notre frère d’armes est mort le 1er juin en défendant l’Europe et l’Ukraine des hordes asiatiques. Il est mort en homme avec un AK dans les mains lors d’un bombardement russe dans la région de Kharkiv (…). Wilfried, ton nom ne sera pas sur les monuments des morts pour la France et pourtant, nous louons le jour où nous serons assez dignes pour le rejoindre au Valhalla, le paradis des guerriers tombés au combat. »

Le discours sur les « hordes asiatiques » que représenterait la Russie est tout à fait classique de l’extrême-droite ukrainienne, voire du régime lui-même, qui considère que les vrais successeurs de la Rus’ médiévale, c’est l’Ukraine, la Russie étant une sorte d’anomalie semi-asiatique.

Pour porter un symbole de la « misanthropic division », il faut effectivement s’être lancé à 100% dans le néo-nazisme le plus nihiliste, de facture terroriste. On a un excellent profil de ces néos-nazis dans les photos de l’article « Le label La barricade et Misanthropic Division Vinland : un véhicule pour le mouvement néonazi international au Québec« .

On ne parle pas ici soldats perdus devenant des pèlerins du néant car soutenant une « cause perdue » erronée, ni de nationaux-révolutionnaires petits-bourgeois au romantisme raté. On parle de furieux fanatique des armes et du combat rapproché, avec qui aucune discussion n’est possible. Les trois seuls principes de la « misanthropic division » sont porter une arme, cacher son visage, rester et agir en groupe. On est dans la démarche des fraternités virilistes racialistes adeptes d’un paganisme justifiant tout et n’importe quoi.

N’importe quel régime démocratique digne de ce nom s’en débarrasserait le plus rapidement possible, ces gens étant non seulement des criminels en puissance, se formant pour l’être de la pire manière qui soit, mais également déjà des acteurs virulents du fascisme. Si d’ailleurs ce néo-nazi français mort en Ukraine était revenu vivant, il aurait inévitablement profité de son expérience militaire pour renforcer les activistes de son type.

Il faut d’ailleurs s’attendre à une montée en puissance du terrorisme nationaliste, qui est désormais coupé de l’extrême-Droite jouant le jeu électoral. On va avoir en France, comme dans l’Espagne des années 30, une Droite virulente, un terrorisme nationaliste provocateur et agressif, avec une armée aux aguets pour profiter de la situation.

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Société

Les enseignements capitalistes majeurs de Roland Garros 2022

Le capitalisme a encore étendu son rayon d’action.

Les Français aiment le tennis, un sport à la fois physique et ingénieux, où l’action doit être évaluée et bien placée, comme au rugby. Cela correspond beaucoup à la psychologie nationale. A ce titre, la bourgeoisie a fait de Roland Garros, tournoi se déroulant dans l’Ouest parisien, un véritable bastion idéologique. Le style des spectateurs est le style bourgeois classique.

Or, il y a un événement majeur sur ce plan, avec l’introduction de matchs de nuit, une dizaine, se déroulant après 20 heures. Sur le plan capitaliste il y a deux aspects. Le premier, c’est que ces sessions sont diffusées sur des plate-formes payantes. Le match entre Rafael Nadal et Novak Djokovic a été diffusé gratuitement par Amazon Prime (en échange des coordonnées personnelles), afin d’éviter un trop grand scandale, mais c’est là un élargissement majeur du capitalisme, qui ouvre un nouveau marché.

Le second aspect, c’est que les bourgeois parisiens allant voir ces matchs qui se terminent très tard – sans qu’il y ait de moyens de rentrer car on est en France donc c’est le chaos et des Uber à 60 euros pour faire deux kilomètres, concurrence oblige – lâchent prise, parce que c’est la soirée, avec une dimension festive et consommatrice. Le subjectivisme se répand ainsi sans bornes, avec les cris à outrance, les attitudes véhémentes ou faussement émotionnelles.

Jamais les bourgeois parisiens de Roland Garros des 1982, guindés et éduqués, n’auraient toléré le style de leurs équivalents de 2022. C’est l’autre aspect : la décadence.

Un autre enseignement majeur de Roland Garros 2022 a été l’esprit de compétition artificiel exigé. Cela s’est révélé avec la polémique sur le tennis féminin. Les sessions de soirée n’ont concerné que des matchs masculins, à un exception près. La responsable du tournoi, Amélie Mauresmo, l’a justifié en disant dans Le Parisien que le tennis féminin n’était pas intéressant en ce moment :

« Sur les dix affiches nocturnes, une seule a concerné un match féminin…

Ce n’est pas un regret au vu des confrontations que l’on avait et de ce que l’on voulait présenter à des spectateurs qui viennent pour un match unique. Dans l’ère dans laquelle nous sommes, et en tant que femme et ancienne joueuse, je ne trouve pas ça injuste de dire qu’il y a plus d’attrait pour les matchs masculins.

Mon objectif, lorsque j’ai commencé la programmation au jour le jour, c’était d’essayer de voir quels seraient les matchs du tableau féminin qui pourraient être présentés en session de nuit. Sincèrement, j’ai essayé de me pencher dessus presque tous les jours. »

Ce qui est reproché au tennis féminin, c’est qu’il n’y a pas 2, 3, 4 figures majeures dominant tout le reste, et proposant ainsi une concurrence fascinant un public biberonné à suivre ces feuilletons consommateurs. La victoire de la joueuse Iga Świątek pour la seconde fois à Roland Garros a été à ce titre saluée : enfin l’arrivée d’une « patronne ».

On voit ici comment le capitalisme se fait agressif sans commune mesure. Il ne veut pas seulement de la concurrence, il assume l’hégémonie de monopoles s’affrontant pour la domination totale. On a ici un reflet d’une logique impérialiste.

Cela en dit long sur la société française et l’évolution en cours. Et il n’est pas étonnant que cela se lise aussi facilement dans le tennis, un sport revendiqué idéologiquement par la bourgeoisie parisienne d’un côté, un sport où le dopage joue un rôle majeur de l’autre, avec un individualisme forcené à l’arrière-plan.

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Guerre

L’opposition turque à l’intégration de la Suède et de la Finlande dans l’OTAN

La question kurde est ici la clef.

Le 18 mai 2022, la Finlande et la Suède ont fait part de leur demande d’intégration dans l’OTAN, dans le cadre d’une petite cérémonie au siège de l’OTAN à Bruxelles, avec Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, Klaus Korhonen, l’ambassadeur de la Finlande auprès de l’OTAN, et Axel Wernhoff, l’ambassadeur de Suède auprès de l’OTAN.

On en est pourtant au point mort depuis, en raison de la farouche opposition turque à une telle adhésion. La raison, présentée ouvertement par le président turc Recep Tayyip Erdogan, est le soutien de la Suède aux forces séparatistes kurdes en Turquie. La Finlande est également considérée comme pratiquant une vraie mansuétude à l’égard de ceux-ci, mais la Suède est considérée comme pratiquant un soutien structurel.

Par forces séparatistes kurdes en Turquie, on parle bien entendu du PKK, mais également du PYD présent en Syrie, qui applique la même idéologie « municipaliste » que le PKK et contrôle la zone appelée le « Rojava ». Le Rojava est particulièrement mis en avant dans les milieux anarchistes français depuis plusieurs années, ce serait un modèle de « révolution ».

De manière plus sérieuse, les forces kurdes pratiquent un agenda nationaliste pragmatique, cherchant à trouver une voie pour s’affirmer nationalement dans un imbroglio régional datant d’un siècle. Le « municipalisme » n’est qu’une variante idéologique pour proposer une décentralisation utile aux Kurdes, qui n’ont pas les moyens d’obtenir leur indépendance, eux-mêmes étant d’ailleurs divisés historiquement dans plusieurs pays.

En ce sens, les grandes puissances utilisent la question kurde lorsque cela les arrange. Dans le contexte de guerre à l’État islamique, la France a ainsi armé, formé et épaulé par des spécialistes militaires les forces kurdes en Syrie, les YPG. La superpuissance américaine a fait de même avec un appui aérien.

Dans un tel contexte, les diasporas kurdes soutenant le PKK (et le PYD) ont plus ou moins de marge de manœuvre. En Allemagne et en Autriche, le PKK est massivement réprimé depuis des décennies ; impossible par exemple d’utiliser des symboles du PKK et du PYD sans affronter la répression.

En France, la pression est moindre mais réelle pour le PKK ; le PYD est par contre reconnu au plus haut niveau du ministère des affaires étrangères, avec des rapports militaires étroits.

En Suède et en Finlande, les activités sont bien plus aisées, puisque d’un côté le PYD n’est pas interdit, de l’autre parce qu’il y a une certaine convergence d’intérêts, surtout avec la Suède. Le PYD dispose d’un bureau officiel à Stockholm, il dispose de rapports officiels au plus haut niveau avec le ministère suédois des affaires étrangères, la Suède fournit une « aide humanitaire » d’importance au Rojava, etc.

Il faut bien ici comprendre le PKK et le PYD et ne pas les interpréter de manière erronée. Ces forces kurdes ont une démarche patriotique avec une idéologie nationaliste pragmatique. Leur but est d’arriver à quelque chose et il n’y a nullement de perspective idéologique de type socialiste ou communiste. Les fantasmes de forces kurdes « révolutionnaires » n’ont pas de sens. Les milieux anarchistes (ainsi que « marxistes-léninistes » albanais, qui sont désormais pratiquement communistes libertaires) se trompent totalement.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas historiquement de choses positives dans la cause kurde. Il existe une réalité kurde appelant à une véritable solution démocratique. Mais il faut prendre le PKK et le PYD comme ils sont et non pas comme on s’imagine qu’ils soient. D’ailleurs, la gauche turque en fait régulièrement l’expérience puisque le PKK exige l’hégémonie absolue là où il est présent et tout ce qui dépasse du cadre est systématiquement remis en place de manière significative.

Et lorsque les grandes puissances s’en mêlent, il faut être rigoureux. La cause kurde peut être juste mais la convergence avec les intérêts des grandes puissances est inacceptable et d’ailleurs dessert la cause kurde elle-même. Le pragmatisme est une plaie et une plaie prétentieuse : il y a la prétention de profiter de ce qu’il y a pour avancer, mais c’est vraiment un pas en avant, deux pas en arrière.

Et là les Kurdes risquent de le payer cher en se voyant un thème essentiel pour la question de l’unité de l’OTAN. La Turquie exige que la Suède et la Finlande se mettent à combattre le PYD pour qu’elle accepte leur intégration dans l’OTAN. C’est une situation terrible.

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Guerre

Azov change son logo, les tatouages nazis restent

Le régime ukrainien s’appuie sur les nazis.

Si agauche.org annonçait dès avril 2021 qu’il y aurait l’invasion de l’Ukraine par la Russie, tout en suivant depuis inlassablement les événements, il est pour autant évident que la nature du régime ukrainien rendait très difficile une mobilisation pour l’Ukraine. Le régime ukrainien interdit ce qui est de gauche, s’est vendu à la superpuissance américaine et s’appuie sur les nazis comme pilier pour la mobilisation nationaliste.

Et l’Ukraine ne cesse de s’empêtrer dans cette question nazie. Il y avait par exemple eu le 8 mars 2022 un message « féministe » de l’OTAN sur les réseaux sociaux, avec une femme soldate – une chose extrêmement rare en Ukraine d’ailleurs – avec un symbole nazi, le « soleil noir ».

L’image a bien entendu été retirée ensuite, mais cela a fait tâche, surtout qu’il est difficile de masquer tout cela tellement c’est généralisé. Alors, début juin 2022, les nazis d’Azov ont décidé de changer leur logo, afin au moins d’arrondir un peu les angles. On retrouve le trident ukrainien, mais avec trois épées.

Azov abandonne donc formellement la « wolfsangel » nazi, qui était auparavant elle-même placée sur un « soleil noir » nazi.

Le premier symbole d’Azov, le second, le « soleil noir » nazi qui était un symbole SS, le blason de la 2e Division SS Das Reich

Le logo se situe toutefois dans la foulée du symbole nazi de la « wolfsangel » au sens où l’on retrouve trois lignes. Le Parti social-national d’Ukraine devenu « Svoboda » (liberté) a fait pareil en 2003, troquant la « wolfsangel » (officiellement le logo de « l’idée nationale ») contre une main levant trois doigts.

Impossible par contre de changer les tatouages des membres d’Azov, le ministère russe des affaires étrangères se faisant un malin plaisir à diffuser un document avec des tatouages de combattants de Marioupol capturés et devant passer en procès dans les « républiques populaires » séparatistes du Donbass.

Les gens d’Azov ne se sont de toutes façons jamais cachés de leur idéologie à part pour les journalistes. Comme ces derniers sont des propagandistes au service du régime dominant, ils ont joué le jeu et accepté de cacher ce qu’est Azov.

Il suffit inversement de creuser simplement un tout petit peu pour savoir que les groupes néo-nazis d’Europe avaient des liens avec Azov, qui servait de référence et de base arrière. Le groupe français de métal nazi « Peste Noire » a très largement été valorisé en Ukraine, son chanteur était installé à Kiev et il y a d’ailleurs de nombreux Allemands et Autrichiens ayant rejoint Azov depuis le début de l’invasion russe.

En fait, si les partis populistes – nationalistes, comme le Rassemblement National de Marine Le Pen, ont tous en Europe des liens avec la Russie, pour les activistes nazis Azov est depuis plusieurs années une référence, avec son nationalisme exacerbé, son virilisme agressif, son intégration officielle dans l’armée ukrainienne, ses initiatives nationalistes de masse et ses références puisant dans les années 1940.

Impossible donc de regretter la défaite d’Azov, et même sa liquidation, car toute avancée de ces néos-nazis aurait donné des ailes à leurs acolytes dans les autres pays d’Europe. Avoir choisi ces gens et non pas le drapeau de la démocratie, sans parler du Socialisme, est l’erreur dramatique de l’Ukraine.

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Restructurations économiques

Recul du PIB français au premier trimestre 2022

L’économie capitaliste française recule.

Nous rentrons dans une nouvelle période, celle de la restructuration économique, ou plus exactement des restructurations économiques. Car l’inflation de 5,2% pour la période mai 2021 – mai 2022 est l’expression d’un capitalisme en crise qui cherche à surmonter ses faiblesses aux dépens des prolétaires. Il faut faire payer la crise aux prolétaires. Et l’affaire devient urgente alors que la crise commencée avec la pandémie, désormais accentuée par la guerre Russie-Ukraine, prend une ampleur toujours plus grande.

Ainsi, au premier trimestre 2022, le PIB français a reculé de 0,2% et il est déjà considéré que le prochain trimestre sera également caractérisé par le recul. Autrement dit, on sait maintenant pourquoi il y a une ambiance de mort dans la société française depuis plusieurs semaines, comme le présentent de nombreux articles sur agauche.org (La société française vers le crash, « Surtout ne touchez à rien », etc.).

D’ailleurs, si agauche.org a depuis quelques semaines toujours plus de lecteurs (soit une croissance habituelle de plusieurs pour cents), le nombre de lecture d’articles a baissé de 50%. C’est très révélateur de comment les gens sont KO debout (y compris à gauche depuis la présidentielle).

Il n’est ici nul besoin de rechercher des causes précises à ce phénomène de recul du PIB. Car au sens strict, il ne devrait pas avoir lieu. Il est en effet considéré du côté capitaliste que la crise est finie, que la pandémie est terminée, que tout revient comme avant. C’est d’ailleurs ce que disent absolument tous les candidats aux législatives 2022, aucun ne disant : le capitalisme est en crise, il va fracasser les prolétaires au moyen de restructurations et nous précipiter dans la guerre. Tous disent qu’on est revenu au monde « d’avant ».

Les faits disent le contraire et la catastrophe monte chaque jour en puissance. Il commence à y avoir un rapport profond entre les mentalités et le cours de la crise. C’est précisément dans une telle période que les choses tournent très mal – ou très bien. L’instabilité gangrène toute la société, les repères s’effacent, les événements se précipitent.

Et là il est évident que la bourgeoisie française va regretter d’avoir remis Emmanuel Macron à la présidence. Il n’a plus le charisme d’avant, il est trop hautain, il persiste trop dans la « start up nation », il est trop facilement une cible à dénoncer.

Ce qu’on vit en ce moment est un grand basculement – ce qui reste à prouver, ce qu’on ne va pas trop tarder à savoir.