Catégories
Guerre

Mobilisation nationale ukrainienne face aux avancées russes

Le régime ukrainien tente d’encaisser le choc.

L’offensive russe du 24 février 2022 a été particulièrement ciblée, l’armée disposant d’un très haut niveau technologique sur le plan des missiles et des avions pour bombarder. Elle a visé principalement le quartier-général des forces militaires, le quartier-général de la Garde nationale, 72 installations militaires, 11 aéroports militaires, la base navale d’Ochakovo, 18 radars S-300 et Buk-M1.

L’offensive n’a pas concerné tant le Donbass, même s’il y a eu des affrontements et une avancée de plusieurs kilomètres, que le nord de l’Ukraine (notamment depuis le Biélorussie) que le sud (depuis la Crimée). Dans ce dernier cas, l’offensive russe a bien réussi, rencontrant plus de difficultés au nord.

Il y a également la question de Kiev. La grande rumeur de la soirée de l’invasion, c’est que le président ukrainien Volodymyr Zelensky était particulièrement ciblé. Dans l’après-midi, la rumeur voulait que l’armée russe avait pris le contrôle de l’aéroport près de Kiev, que le président ukrainien s’était vu accorder un sauf-conduit et que deux avions turcs l’attendaient pour le transporter.

En tout cas, dans la matinée du 25 février, Kiev elle-même était atteinte par l’armée russe, avec une présence attestée dans un quartier de Kiev (Obolon), le ministre ukrainien des Affaires étrangères en appelant la population (« Nous demandons aux citoyens de nous informer des mouvements ennemis, faites des cocktails molotov, neutralisez l’occupant! »).

On notera dans la périphérie de Kiev ce tank russe avec un drapeau… soviétique. Il ne faut pas fantasmer outre-mesure dessus (jusqu’à faire de la Russie une URSS dégénérée comme fait la gauche du PCF), mais il est évident que la culture soviétique, au sens le plus large, transpire également dans tous les aspects de la question russo-ukrainienne.

L’offensive russe a donc été frappante, mais pas réellement massive. Rien à voir avec une sorte d’invasion russe au moyen d’hommes massés quantitativement, comme on le fantasme souvent en pensant à la Russie. On au contraire une précision militaire de la plus haute finesse, dont on appréciera l’esprit historique en lisant Guerre et paix de Tolstoï.

Cela obéit à deux principes : officiellement, c’est une « opération de démilitarisation » et il ne faut pas donner une impression d’invasion. Même si, naturellement, cela se transformera à un moment en « libération », avec la mise en place d’un nouveau régime.

Il faudra alors sans doute que reste un petit Etat ukrainien, afin que sa situation soit un « boulet » pour l’Union Européenne, qui aura un pays ultra-pauvre dans les mains (la partie ouest étant la plus pauvre en Ukraine historiquement), et un boulet pour l’OTAN, qui ne pourra pas intégrer un pays dont une partie est occupée par un autre (car cela impliquerait directement la guerre).

De plus, il faut une guerre un peu prolongée, afin de massacrer l’armée ukrainienne et tous les groupements ultra-nationalistes pour s’en débarrasser pour la suite.

Tout le monde a compris ainsi que le régime ukrainien était condamné, dans tous les cas. Celui-ci a décrété la mobilisation nationale le 24 au soir, le président Volodymyr Zelensky déclarant notamment :

« J’ai demandé à 27 dirigeants européens si l’Ukraine serait dans l’OTAN… Tout le monde a peur, personne ne répond. »

Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a répondu également de la manière suivante le 25 février 2021 aux tentatives de négociation de la part de l’Ukraine :

« Nous sommes prêts à des négociations, à n’importe quel moment, dès que les forces armées ukrainiennes entendront notre appel et déposeront les armes. »

C’est que l’Ukraine n’a été qu’un jouet pour la superpuissance américaine et l’OTAN, et du point de vue occidental, tant mieux si on peut avoir une Russie s’enfonçant dans la guerre, si on peut avoir prétexte pour des sanctions massives. Le régime ukrainien a une énorme responsabilité dans l’incapacité à assurer la défense nationale, ce qui met en jeu l’existence même de la nation ukrainienne dont la Russie compte se débarrasser pour en faire une « petite Russie », appendice avec les Russes blancs (les Biélorusses) de la Grande Russie.

Catégories
Société

Les Français stupéfaits par la remise en cause de leur capitalisme pacifié

Ils s’inquiètent bien plus pour eux-mêmes que de la guerre en Ukraine.

Les Français apprécient d’être étonnés par ce qui se passe ailleurs que chez eux, se prenant en quelque sorte pour le centre du monde civilisé. La guerre en Ukraine met cependant une terrible claque à ce regard hautain sur les choses, parce qu’elle n’est pas quelque chose qu’on peut gommer, mettre de côté. C’est précisément cela qui met les Français en rage. On les dérange. Que la Russie envahisse l’Ukraine, les Français trouvent cela mal ou lointain, et dans tous les cas lointain.

Et ce qui les trouble le plus, c’est la remise en cause d’un ordre international pacifié depuis trente ans dans ses grandes lignes du point de vue des pays capitalistes occidentaux…

Comment pourrait-il en être autrement ? La société française est passée à la lessiveuse capitaliste depuis 1991, avec une destruction systématique de toutes les forces se revendiquant du Socialisme, remplacés opportunément par des tenants turbocapitalistes des changements « sociétaux ». L’individualisme règne en maître, s’appuyant sur un capitalisme en expansion, tant matériellement grâce à la Chine servant d’usine que qualitativement avec l’ouverture innombrable de nouveaux marchés (outils technologiques au quotidien, plats livrés, alimentation livrée, commandes sur Amazon, séries sur des chaînes dédiées, etc.). Consommer est plus facile, plus rapide, plus systématique.

La guerre en Ukraine apparaît comme un grand trouble dans cette paix capitaliste. C’est cela qui perturbe les gens. Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas l’exigence démocratique du refus de la guerre. Encore faut-il pourtant que cette exigence s’arrache à l’aliénation et l’exploitation du capitalisme moderne, et ça, ce n’est pas gagné. Car le capitalisme a une réponse systématique dans tous les pays capitalistes occidentaux : la Russie est la seule force qui joue le rôle de trouble-fête dans cette histoire, sans la Russie tout serait comme avant, le capitalisme n’a rien à voir avec ce qui relève d’un aventurisme russe délirant.

D’où la formule, mille fois répétés en France comme dans tous les pays, du « dans la tête de Vladimir Poutine ». Comme s’il s’agissait d’un tyran qui décide de tout, qui aurait réfléchi tout seul dans son coin à un plan machiavélique pour perturber l’ordre mondial. Emmanuel Macron y est allé de ses petites phrases sur un Vladimir Poutine qui aurait changé, qui ne serait plus le même qu’avant, qui serait désormais crispé, fermé, obsessionnel, etc.

C’est simpliste, d’ailleurs même franchement niais. Cela peut pourtant avoir son effet. En fait, le capitalisme a tellement contaminé la vision du monde des gens que même s’ils cherchent à exprimer un point de vue démocratique, cela est dévié vers une interprétation subjectiviste renforçant la vision générale du monde que prône le capitalisme. La démonisation de Vladimir Poutine reflète très exactement cela. S’opposer à la guerre devient ici… s’opposer à Vladimir Poutine.

Un tel raccourci est inévitable. Cela rappelle que même la guerre en Ukraine ne saurait être un déclencheur d’une élévation instantanée et unilatérale de la conscience sociale. C’est une large bataille idéologique qui va commencer à se mener, avec le Socialisme devant s’affirmer à travers l’effondrement de la civilisation capitaliste, avec des gens qui doivent s’arracher d’eux-mêmes, difficilement, contre leur gré en fait même, au style de vie capitaliste.

Cela va passer par un nombre incommensurable d’erreurs, d’errements, parce que les gens chercheront à consommer leur critique du capitalisme, tellement ils sont façonnés par le capitalisme. Il faut que les gens se forgent dans le collectivisme, c’est un processus douloureux pour qui a accepté le confort individualiste des sociétés capitalistes.

Ainsi, les Français sont stupéfaits par la remise en cause de leur capitalisme pacifié, voilà ce qu’il faut bien comprendre : la guerre a arraché une couche d’aliénation, mais il y a trente ans de déformation qui ont eu lieu par l’expansion du capitalisme, sans compter les décennies du capitalisme auparavant… Le processus va être complexe jusqu’à la conscience humaine se reconnaissant dans le Socialisme. La question étant de savoir à quel rythme va la guerre, si elle va être plus rapide. C’est pour l’instant clairement le cas.

Catégories
Guerre

Le régime ukrainien corrompu ne fait pas le poids face à l’invasion russe

La nation ukrainienne risque son existence désormais.

Marioupol, un radar détruit non loin de la base du bataillon Azov également détruite

Dulce et decorum est pro patria mori, il est doux et honorable de mourir pour sa patrie. Encore faut-il que sa patrie ait un contenu qui corresponde à celui du peuple, et à notre époque de la démocratie. Sinon, cela n’a pas de sens. Et les couches dominantes utilisant le nationalisme conduisent ainsi des nations à la catastrophe, en les embarquant dans une aventure qui ne peut terminer qu’en désastre.

S’il est justement une chose qu’il est possible de dire de l’offensive russe du 24 février 2022, c’est que le régime ukrainien n’est pas à la hauteur de l’enjeu historique que vit la nation ukrainienne, parce qu’il est justement anti-populaire et anti-démocratique.

On peut ainsi remarquer trois aspects, qu’on peut considérer comme très vraisemblablement justes, malgré le black out informationnel. Tout d’abord, l’armée ukrainienne a été débordée en de multiples points. Sa solidité revendiquée a été fictive et ce qui est confirmée, c’est sa nature dilettante, corrompue (notamment au niveau des hauts officiers).

Ensuite, les masses ukrainiennes ne se sont pas mobilisées. Les gens sont terrorisés, ne voient pas de perspective ; il n’y a aucune mobilisation populaire de dimension nationale. Dans ce genre de situation, c’est catastrophique.

Enfin, la Russie est intervenue non seulement à l’Est du pays, mais également à l’Ouest. Elle prétend ne pas vouloir envahir le pays et faire une sorte d’opération de police générale, mais bien entendu c’est un mensonge.

L’ampleur de l’offensive est très importante, d’ailleurs. Ce sont notamment toutes les installations militaires principales qui ont été frappées, ainsi que les aéroports. Et il y a un large début des offensives terrestres. Kherson est apparemment tombée sans combattre, les troupes russes sont au niveau de la rocade entourant Kharkiv, même la ville d’Odessa est visée, des hélicoptère sont aux portes de Kiev. C’est le scénario idéal pour la Russie jusqu’à présent. Un régime oligarchique puissant et expansionniste balaie un régime oligarchique affaibli et vassalisé à l’occident.

Les frappes russes

Il va de soi que ni la Russie ni l’Ukraine ne dévoilent d’informations concrètes, notamment concernant les pertes. Cependant, on est ici dans une guerre moderne, et il y a une grande réflexion à faire à ce sujet. Tout est très technique, précis, coordonné, les forces militaires surajoutant en quelque sorte leurs forces les unes aux autres en permanence. C’est d’ailleurs pourquoi le régime ukrainien est condamné. S’il avait été démocratique et populaire, il aurait pu mobiliser en masse et avoir un soutien politique national. Là il ne peut procéder véritablement que par les regroupements ultra-nationalistes.

Cela renforce la panique générale dans le camp occidental, qui voit « la paix en Europe » se terminer. C’est un sentiment de stupeur, qui est masquée par une dénonciation très hypocrite de la Russie alors que personne n’a rien fait pour l’Ukraine depuis un an, à part mettre de l’huile sur le feu. Une Ukraine neutre aurait relativement permis d’éviter la situation actuelle, du moins de la rendre bien plus compliquée, mais les pays occidentaux ont tout fait pour faire de ce pays un porte-avions à grande échelle pour menacer la Russie.

La stupeur aboutit également à un sentiment de terreur pour des pays voisins comprenant que la Russie l’emportant les place en ligne de mire à moyen terme. Plusieurs pays ont proclamé l’état d’urgence : la Roumanie et la Moldavie, ainsi que la Lituanie. Si dans ce dernier cas, c’est surtout symbolique, la Moldavie risque en effet d’être prise à partie, en raison de sa non-appartenance à l’OTAN et de l’existence d’une poche séparatiste pro-russe, la Transnistrie, coupée du monde depuis 1991 d’ailleurs.

L’Ukraine a également coupé les ponts diplomatiques avec la Russie. Cependant, donc, le régime ne peut pas tenir. La Russie le sait et a refusé d’office toute négociation. La Chine, quant à elle, refuse officiellement de parler d’invasion russe : c’est logique, demain c’est Taïwan qui sera la cible de l’État chinois.

La boîte de Pandore est ouverte. La bataille pour le repartage du monde est entrée de plein pied dans l’Histoire – c’est le processus de la 3e guerre mondiale, qui ne commencera bien entendu pas demain, ni même après-demain… mais à moyen terme pourtant.

Catégories
Dépêche

Ni Washington ni Moscou !

La polarisation politique française oppose les conservateurs aux modernistes, ou pour résumer : Eric Zemmour à Emmanuel Macron. Les modernistes, au pouvoir, s’alignent sur la superpuissance américaine, sur l’OTAN et l’Union européenne qui marchent désormais ensemble. Les conservateurs prônent l’aventurisme expansionniste en se tournant notamment vers la Russie.

La guerre en Ukraine va naturellement polariser cette opposition. C’est un terrible piège, qui risque d’engloutir politiquement absolument tout – mais en même temps c’est une opportunité politique pour dénoncer à la fois les turbocapitalistes et les nostalgiques du vieux capitalisme.

Car ces deux camps exprimant la nature du capitalisme – qui vise l’expansion cosmopolite tout en ayant une base nationale – convergent tous deux avec la guerre. Ils acceptent la guerre, qu’ils voient comme inévitables, voire ouvertement comme souhaitables.

Il y a donc moyen de les démasquer, de révéler leur nature, d’affirmer politiquement la Gauche historique, qui est seule capable d’empêcher le cours catastrophique des choses. Car c’est de cela qu’il s’agit : d’une évolution catastrophique du capitalisme, qui bascule dans la bataille pour le repartage du monde !

Catégories
Politique

Ukraine : mobilisez vous contre la guerre sur les bases de la Gauche historique!

N’attendez rien des autres courants politiques.

La guerre en Ukraine est là, elle s’impose à l’actualité. Après la pandémie, la guerre, et en même temps il y a le réchauffement climatique. Et la pandémie n’est pas finie d’ailleurs ; tout s’accumule. Le monde court à l’abîme. Mais il existe tout un parcours historique de conscience de classe – et la lutte contre la guerre en est une constituante. Même si la société française subit l’emprise massive du capitalisme, cet aspect de refus de la guerre reste présent. C’est là-dessus qu’il faut se fonder.

Il faut dire aux gens, à tous les gens, à tout le monde dans son entourage : regardez, la guerre est là, et elle était prévisible, elle était prévue, parce que le capitalisme ce n’est pas la paix, c’est la concurrence, la compétition, le chacun pour soi, y compris le chacun pour soi des Etats. Il n’existe pas de « confort » individuel à l’écart du cours du monde. Il n’est pas possible de laisser le militarisme et la guerre s’installer dans le panorama de la vie mondiale. Il faut s’organiser, il faut participer à la lutte des classes, car au fond, c’est de cela qu’il s’agit.

Agauche.org publie des articles développés sur l’Ukraine depuis début avril 2021 : appuyez-vous dessus pour comprendre la situation en profondeur et pour justifier le propos comme quoi ce conflit ne tombe pas du ciel. Et plus il est possible de faire en sorte que les gens s’expriment collectivement contre la guerre – dans un cadre associatif, syndical, politique, amical – mieux c’est.

Et il faut bien souligner que la Gauche historique existe, qu’elle a des fondements inaliénables, une continuité malgré la corruption capitaliste. C’est une bataille politique.

La Gauche historique, c’est celle des socialistes et des communistes, par opposition aux anarchistes et aux syndicalistes d’une part, qui rejettent la politique, mais également par opposition à ce courant apparu récemment, de type « post-moderne », prônant le libéralisme libertaire, les réformes sociétales.

L’opposition aux anarchistes et aux syndicalistes est traditionnelle, l’opposition aux « post-modernes » est ce que nous affirmons (contre vents et marées), parce que nous voyons bien que les conservateurs et les ultra-modernistes (pro cannabis, LGBT, PMA, communautarisme religieux, art contemporain, migrants, etc.) ne sont que les deux faces de la même pièce.

Les ultra-modernistes se disent la seule vraie force transformatrice, mais en réalité ils convergent avec le capitalisme et sont portés par les idéologies que transportent Amazon, Uber Eat, TiktTok, Twitter, etc., qu’on peut résumer au « venez comme vous êtes » de McDonald’s. Et la preuve de cela, c’est qu’ils ne disent rien contre la guerre.

Les faits sont là : les anarchistes et les syndicalistes ne comprennent rien à la guerre, les « post-modernistes » non plus. Ils dénoncent la Gauche historique comme passéiste, mais c’est simplement parce que leur seule actualité, c’est le capitalisme sans cesse renouvelé. Ils vivent de ce capitalisme, ils vivent dans ce capitalisme, ils en sont prisonniers.

Ils ne sont donc pas en mesure de cerner le cours du capitalisme. Voici par exemple ce qu’on lisait sur le site de Révolution permanente le 22 février 2022, et c’est un excellent exemple de géopolitique en mode « critique » , où on se croit plus intelligent que les bourgeois sur leur propre terrain, sans avoir aucune analyse de fond sur la nature du capitalisme.

« Par conséquent, bien que nous ne puissions pas écarter la possibilité d’une guerre et même celle d’une invasion de l’Ukraine, il existe beaucoup d’éléments d’importance stratégique pour la Russie qui la poussent à éviter les conséquences d’un tel conflit : sanctions encore plus dures, des centaines de milliers de réfugiés se dirigeant vers la Russie, une défaite militaire et politique (ce qui n’est pas du tout exclu), entre autres. C’est pour cela que centrer le conflit sur les républiques séparatistes donne une certaine marge de manœuvre à la Russie et met la pression du côté des impérialistes occidentaux. »

Ou bien encore ce qu’on lit, le même jour, sur un blog d’ultra-gauche :

« Devant nous s’ouvre un gouffre  : celui de l’incertitude. L’ensemble des scénarios est possible  : de la tape sur la main à la guerre. »

Il n’existe pas d’incertitude dans le capitalisme en crise. La guerre a un caractère inévitable, correspondant à la bataille pour le repartage du monde. Et seule la Gauche historique peut y faire face, car elle seule, de par ses fondamentaux, comprend la réelle nature du capitalisme.

Catégories
Guerre

L’invasion russe visant à la destruction de la nation ukrainienne a commencé

C’est la guerre, l’horrible guerre.

Les événements du 23 février 2022 ont été suffisamment remplies pour que le soir, cela soit le début d’une nuit blanche pour la nation ukrainienne. Rappelons les brièvement (et notre documentation sur le conflit ukrainien est littéralement unique, d’ailleurs) pour leurs aspects principaux : dans la journée les « républiques populaires » de Donetzk et de Louhansk ont appelé à l’aide la Russie face à l’armée ukrainienne, dans la foulée l’Ukraine a déclaré l’état d’urgence, Volodymyr Zelensky s’adressant ensuite le soir en russe à l’opinion publique russe.

Vers minuit, la rumeur courait : l’offensive russe commencerait à quatre heures du matin. C’est qu’une atmosphère étrange a alors pris l’Ukraine et tous ceux dont le coeur battait à son rythme ; il était en fait absolument clair que la nuit serait celle, fatidique, où la Russie chercherait à effacer la nation ukrainienne pour satisfaire son rêve impérial. Les aéroports ukrainiens se virent recouverts de véhicules, notamment de tracteurs, pour empêcher l’arrivée d’avions russes de transports de troupes, alors que l’ensemble de l’espace aérien ukrainien était fermé par les autorités administratives internationales.

Et, effectivement, à quatre heures du matin, le président Vladimir Poutine annonçait le début d’une « opération militaire spéciale ». Ce message, consistant concrètement en une déclaration de guerre, était immédiatement suivie d’une multitude d’actions militaires russes et, pour ce qui est observable, avec un succès foudroyant. C’est que l’Ukraine n’a pas de forces aériennes et pas de réelles capacités anti-aériennes, aussi l’armée russe peut procéder à des frappes comme elle l’entend. Cependant, il semble y avoir également des assauts par des forces depuis la mer, ainsi que par le ciel au moyen de parachutistes, une grande spécialité russe (même née en Russie soviétique dans les années 1920), l’armée russe parachutant même des véhicules.

Les villes de Marioupol, Kharkiv, Dnipro, Odessa, Melitopol (proche de la Mer d’Azov) et Berdyansk (sur la côte de la Mer d’Azov)… font partie des cibles prioritaires apparemment, avec des troupes russes intervenant à Marioupol et Odessa, confirmant que c’est toute la côte sud de l’Ukraine qui est visée par la Russie. Rappelons ici qu’il est très clair que le Royaume-Uni entend clairement faire d’Odessa une de ses bases, ce qui forme un aspect important dans les contradictions entre puissances ; le 23 février 2022 il a été rapporté un propos de Ben Wallace, secrétaire d’État britannique à la Défense : « les gardes écossais ont battu les Russes en Crimée, on peut recommencer ».

C’est ici anecdotique, mais il ne faut jamais perdre de vue que l’Ukraine est ici avant tout la cible de la bataille pour le repartage du monde. Sa position est d’ailleurs intenable. Le président Volodymyr Zelensky a immédiatement mis en place la loi martiale, et dans une courte vidéo il a affirmé : « Pas de panique, nous sommes prêts pour tout, nous allons vaincre ». On peut et même on doit douter de la capacité de résistance du pays. De par la nature du régime – pro-occidental libéral en mode vassal en alliance avec les ultra-nationalistes littéralement nazis même – il n’y a pas grand chose à attendre, malheureusement.

Officiellement, du côté russe, ce n’est pas une « guerre », simplement une « opération spéciale » visant à démilitariser l’Ukraine, le ministère russe de la Défense affirmant que :

« Les infrastructures militaires, les installations de défense aérienne, les aérodromes militaires et l’aviation des forces armées ukrainiennes sont mis hors d’état de nuire avec des armes de haute précision. »

Il va de soi que ce n’est qu’une première étape. Agauche.org explique depuis avril 2021 que la Russie veut la guerre et le contrôle de l’Ukraine, c’est cela qu’il faut saisir, et pas croire la Russie qui a tout orchestré pour agir de manière apparemment « défensive » – même si en même temps l’OTAN vise clairement à faire tomber la Russie. Il ne faut pas se faire piéger et basculer dans le soutien à l’un des deux blocs se faisant face, et dont la première victime est ici l’Ukraine!

Catégories
Dépêche

La guerre en Ukraine était prévisible et prévue !

Nous avons inlassablement documenté la question ukrainienne, avec plus de cent articles en un peu moins de onze mois, depuis avril 2021. Et dès le départ nous avons affirmé que c’est de guerre ouverte qu’il fallait parler, que l’Ukraine allait se faire envahir. Le 2 avril 2021, nous disions : « Nous avons besoin de construire une opinion publique anti-guerre, capable de mobiliser pour lancer des signaux internationalistes ! Le peuple ukrainien ne doit pas être seul ! ».

Pourquoi avons-nous annoncé cette guerre Russie-Ukraine ? Parce que nous avons compris le sens même de notre époque. Nous appuyant sur les principes de la Gauche historique, nous avons été capables de saisir les enjeux, le mouvement de fond. Le 5 avril 2021, nous expliquions : « Ce qui se passe à la frontière de l’Ukraine et de la Russie change la donne. C’est l’expression de la grande crise, commencée avec le COVID-19 mais traversant toute la société, toute l’économie. Plus rien ne tient. La bataille pour le repartage du monde devient la grande tendance… et on ne peut pas y échapper, à moins de la renverser. »

Nous appelons à la mobilisation anti-guerre, sur la base des principes de la Gauche historique, c’est-à-dire en se focalisant sur la question de la conscience sociale, de la vision du monde. C’est Socialisme ou barbarie !

Catégories
Guerre

L’Ukraine prononce l’état d’urgence alors que le Donbass séparatiste en appelle militairement à la Russie

Le contexte de guerre directe a été posé.

Un char des troupes séparatistes avec un drapeau de la « Nouvelle Russie »

Le 23 février 2022 a été un jour historique de par l’ampleur de l’horreur militariste. Ce jour-là, en effet, l’Ukraine s’est retrouvée au pied du mur. et pas simplement en raison d’une cyber attaque de grande ampleur faisant tomber des sites gouvernementaux. Tout est désormais très clair et le régime ukrainien, qui explique depuis des mois qu’il n’y a pas de menace d’invasion russe, a mis un terme à cette position.

La raison est que les « républiques populaires » de Donetzk et de Louhansk ont appelé la Russie au secours face à l’armée ukrainienne, et exigé que l’Ukraine se retire de l’ensemble du Donbass que ces « républiques populaires » revendiquent dans leur intégralité. Comme la veille, la Russie a expliqué qu’elle reconnaissant l’ensemble du Donbass comme leurs territoires, personne ne pouvait plus être dupe de ce que cela impliquait.

Si l’on ajoute à cela que l’armée russe a fait couper tous les téléphones portables de ses soldats, que les soldats ukrainiens ont reçu un texto expliquant que la Russie interviendrait dans le Donbass et qu’ils devaient s’enfuir pendant qu’ils le peuvent encore… Que les « républiques populaires » mobilisent absolument tous les hommes de 15 à 55 ans… Ce dernier point étant important, car cela expliquerait pourquoi l’armée russe considère pouvoir attaquer avec un nombre « insuffisant » de soldats : la mobilisation générale du Donbass séparatiste servira numériquement pour occuper les espaces conquis alors que l’armée russe elle-même avance.

Un char des troupes séparatistes avec un drapeau de la « république populaire de Donetzk » muni de son emblème

On a ici une logique implacable se présentant dans sa pure nudité. On a alors le régime ukrainien qui a instauré le même jour l’état d’urgence dans tout le pays dans la foulée, en expliquant qu’il y a 200 000 soldats russes aux frontières (c’est ici une addition des armées russes et de celles des « républiques populaires »). Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a même dit qu’il a appelé le président russe Vladimir Poutine, mais que ce dernier n’a pas répondu.

Il a expliqué cela tard dans la soirée, dans une vidéo de six minutes où il s’adresse en russe, sa langue natale, au peuple russe, l’appelant à ne pas soutenir l’entreprise de guerre.

C’est intéressant, parce qu’il est fait état de multiples scandales de la part de ministres ukrainiens, ainsi que de Volodymyr Zelensky, à l’encontre des médias occidentaux, accusés d’en faire trop sur la menace russe. Pour dire même, tous les commentateurs et experts s’intéressant à la question ukrainienne de manière poussée sont hallucinés de la manière avec laquelle l’Ukraine a réagi jusqu’à présent, qualifiant l’initiative russe de gigantesque bluff. Cela était vrai encore le 22 février 2022, et même encore en partie le 23 février lui-même avec la rumeur d’une réunion de Volodymyr Zelensky et de généraux avec les cinquante plus grandes fortunes d’Ukraine, pour leur expliquer qu’il ne se passerait rien.

Un char des troupes séparatistes avec un drapeau de la Russie

Certains ont dit que cette position officielle ukrainienne n’était pas pour répandre la panique dans le pays, un pays pauvre et corrompu, méprisé par le peuple, sans assises réelles pour parvenir à une mobilisation générale sans de très lourdes conséquences. D’autres, que le régime ukrainien ne cerne pas les enjeux de ce qui se passe. Quoiqu’il en soit désormais les tambours de la guerre ont modifié la donne le 23 février 2022.

On a aussi le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a en catastrophe participé à une initiative américaine et albanaise pour en appeler au Conseil de sécurité de l’ONU. La présence russe fait que cela échouera, mais il peut alors y avoir un passage devant l’Assemblée générale de l’ONU, dont les résolutions ne sont pas contraignantes mais du moins symboliques.

Un char des troupes séparatistes avec un drapeau de la « république populaire de Donetzk » muni de son emblème

Dans ce contexte, même la France, qui pourtant évitait jusqu’à présent d’en faire trop au nom de sa « mission diplomatique » pour empêcher la guerre, a cédé. Le ministère français des Affaires étrangères a placé l’Ukraine sur liste rouge, arguant que :

« Dans le contexte des vives tensions créées par la concentration de troupes russes aux frontières de l’Ukraine, par la décision russe de reconnaître l’indépendance des provinces de Donetsk et de Lougansk et compte-tenu de la mise en place de l’état d’urgence décidée ce jour par le Parlement ukrainien, les ressortissants français se trouvant en Ukraine doivent quitter sans délai ce pays. »

Les Etats-Unis ont quant à eux rétabli leur ambassade à Lviv, tout à l’ouest du pays, mais les diplomates vont par contre dormir en Pologne voisine. Ce qui veut tout dire : la guerre arrive, la question est simplement de savoir quel degré du pays elle va concerner.

Catégories
Dépêche

Plus rien ne tient et tout le monde s’en doute

On ne s’en sort plus de cette crise ukrainienne, et effectivement il n’y a pas de sortie possible. Les intérêts contradictoires des pays et le mépris pour les peuples font qu’on marche à la guerre, dans un processus non linéaire, où la seule chose dont on peut être certain, c’est que chaque jour on charge davantage la barque. Les choses vont toujours plus mal tourner et ce constat s’impose avec d’autant plus de fatalisme que justement, personne n’arrive à suivre le rythme effréné des événements.

Il ne faut pas croire pour autant qu’il y ait ici un agenda bien détaillé de la part de la Russie. En fait, la compétition entre pays amène celle-ci à pousser dans un sens, coûte que coûte, et peu importe comment cela se passe, du moment qu’il se passe quelque chose. On peut faire la parallèle avec Eric Zemmour d’ailleurs. Il y a d’autant plus d’agressivité qu’il s’agit de vouloir imposer une nouvelle forme, un nouveau contenu, un nouveau rythme général au cours des choses.

Il s’agit ici de forcer le cours des choses, et à l’arrière-plan c’est le capitalisme qui cherche à se forcer lui-même comme pour se subsister à lui-même. Nous vivons quelque chose d’historique, tout le monde sait et est saisi d’angoisse au plus profond de lui-même – d’angoisse, mais aussi d’espoir, à condition d’assumer la Gauche historique.

Catégories
Guerre

L’Ukraine face au Donbass séparatiste en expansion

La Russie a mis en place le vecteur militaire de sa politique.

Pour comprendre où nous en sommes dans le conflit ukrainien, il faut bien cerner un aspect essentiel. Lors de son allocution télévisée du 21 février 2022, le président russe Vladimir Poutine a terminé par les mots suivants :

« Nous voulons que ceux qui ont pris le pouvoir et le gardent à Kiev cessent immédiatement les hostilités. Autrement, la responsabilité pour la continuation du bain de sang reposera entièrement sur la conscience du régime en place en Ukraine.

Alors que j’annonce les décisions [de reconnaître le Donbass séparatiste comme souverain], je reste confiant sur le soutien des citoyens de Russie et les forces patriotiques du pays.

Merci. »

C’est là un avertissement tout à fait clair à l’Ukraine. Et le 22 février 2022, cet avertissement s’est concrétisé géographiquement. Pour expliquer de quoi il en retourne, voici le dialogue, très révélateur, entre des journalistes et le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov.

CNN : En ce qui concerne la reconnaissance de la souveraineté de la RPD [République Populaire de Donetzk] et de la RPL [République Populaire de Louhansk], dites-moi, est-ce que nous parlons de les reconnaître dans leur situation actuelle, les frontières de fait, ou dans les frontières de l’ensemble des régions de Donetzk et Louhansk? De ce que je comprends, celles-ci sont relativement différentes.

Dmitry Peskov : Dans les frontières qu’ils ont eux-mêmes proclamé.

CNN : Proclamés à quel moment ?

Dmitry Peskov : Eh bien, lorsque ces deux républiques ont été proclamés.

Bloomberg [une agence d’information pour financiers] : Pouvez-vous développer cette question ?

Dmitry Peskov : Non, je n’ai rien à ajouter.

Ekho Moskvy [la radio Écho de Moscou] : Est-ce que ces frontières incluent [la ville de] Marioupol, par exemple ?

Dmitry Peskov : Je n’ai rien à ajouter à cela. Dans les frontières dans lesquelles ils existent et qui ont été proclamées.

Ekho Moskvy : Dans lesquelles elles existent ou dans lesquelles elles ont été proclamées ?

Dmitry Peskov : Eh bien, dans celles dans lesquelles ils ont été proclamés et existent.

Ekho Moskvy : Cela signifie les frontières actuelles ?

Dmitry Peskov : Je n’ai rien à ajouter à cela. 

BBC News : Pouvez-vous clarifier ? Je ne comprends pas vraiment. Est-ce que la reconnaissance des républiques populaires signifie les frontières dans lesquelles elles existent maintenant ou celles dans lesquelles elles se sont proclamées ?

Dmitry Peskov : Celles dans lesquelles ces républiques ont été proclamées.

BBC News : En 2014 ? Cela veut dire l’ensemble des régions de Donetzk et Louhansk ?

Dmitry Peskov : En ce cas, j’ai dit tout ce que je pouvais sur ce sujet.

Voici les cartes pour visualiser les choses. A gauche on a l’oblast de Donetzk, c’est-à-dire la région de Donetzk, avec en gris le territoire actuel de la « république populaire ». A droite, on a l’oblast de Louhansk, avec en hachuré le territoire actuel de la « république populaire ». Or, dans les deux cas, les « républiques populaires » affirment que leur territoire réel est l’ensemble de l’oblast. Cela implique d’en chasser les institutions et l’armée ukrainiennes qui y sont présentes.

Vladimir Poutine lui-même a confirmé cela le même jour :

« Nous les avons reconnus, ce qui signifie que nous avons reconnu tous les documents fondamentaux, y compris la Constitution, et la Constitution définit les frontières dans les régions de Donetsk et de Louhansk à l’époque où elles faisaient partie de l’Ukraine. »

Pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté, le même jour, la décision présidentielle a également été ratifié à l’unanimité des présents à la chambre haute du parlement russe et au parlement lui-même.

Ce que cela signifie est ainsi très simple. Le Donbass séparatiste n’a qu’à pousser à l’affrontement et, immédiatement, la Russie se devra, en raison de l’accord signé le 21 février 2022, venir à sa rescousse. Les bombardements entre le Donbass séparatiste et le régime ukrainien ne cessent d’ailleurs pas, prenant toujours plus d’ampleur, débordant toujours plus des zones habituelles.

Pour ce faire, Vladimir Poutine a demandé et obtenu du Conseil de la Fédération l’autorisation d’envoyer des troupes russes au-delà des frontières (on reconnaît le grand souci légaliste de la Russie historiquement). Ce qui donne ici une lecture très impériale des choses : on a annexe le voisin, mais légalement du point de vue interne.

Et il y a eu également l’évacuation de l’ambassade russe à Kiev, des consulats de Kharkiv, Odessa et Lviv. C’est là naturellement un signe annonciateur d’une offensive militaire, allant de pair avec l’ultimatum fait le 21 février à l’Ukraine.

Cette dernière, de son côté, a proclamé la mobilisation des réservistes, 218 000 hommes, ce qui exige une intendance énorme que, de fait, le régime n’est pas du tout en mesure de satisfaire. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba s’est d’ailleurs précipité à Washington, le président américain Joe Biden prenant la parole pour annoncer une panoplie de sanctions, alors que la superpuissance américaine va envoyer dans les pays baltes 800 hommes et 20 hélicoptères d’attaque AH-64 (depuis l’Italie), huit avions de chasse F-35 quittant l’Allemagne pour la Pologne.

Le Royaume-Uni compte viser des banques et des oligarques russes, l’Allemagne a gelé la certification du gazoduc North Stream 2, l’Union Européenne a visé les 351 députés russes ayant voté la reconnaissance, ainsi que 27 personnalités et entreprises. Ont pareillement mis des sanctions l’Australie, le Canada, le Japon…

En fait, la Russie a mis le feu à l’ordre international capitaliste, en raison de sa propre position de challenger – la Chine fera de même, historiquement c’est inévitable. Tout cela est un saut qualitatif de plus dans le bellicisme. Et cette situation catastrophique n’en est qu’au début.

Catégories
Politique

PCF (mlm) : La crise ukrainienne relève de la guerre impérialiste – rejoignez la bannière du marxisme-léninisme-maoïsme!

Une position politique.

Le drapeau de l’Ukraine soviétique

La position du PCF (mlm) sur la crise ukrainienne.

Nous voulons ici avertir que les événements en Ukraine portent une charge qualitative entièrement nouvelle, au sens où il ne s’agit pas simplement d’une tension avec des traits bien spécifiques liée à une situation particulière et à un moment particulier. Il ne s’agit pas, en tant que tel, d’un affrontement de deux pays issus de l’URSS, la Russie et l’Ukraine, sur la base de questions d’orientation politiques et économiques extérieure et intérieure.

Il s’agit en effet d’une réalité ayant un caractère nouveau et une dimension générale, reflétant une période historique bien déterminée, car l’heure est à l’accentuation militaire des contradictions inter-impérialistes. La Russie agit ici comme un challenger bousculant l’ordre capitaliste mondial afin de forcer violemment au repartage du monde, afin de parvenir à la mise en place d’un nouvel empire russe.

Il ne s’agit pas de troubles ayant une portée militaire – mais bien d’un effondrement de la « paix » capitaliste.

Nous affirmons cela, parce que notre position communiste marxiste-léniniste-maoïste nous permet de caractériser la crise capitaliste et ce qu’elle implique.

Nous avons compris que le capitalisme était devenu fondamentalement instable avec l’irruption de la pandémie. Dialectiquement, le maintien de son apparente stabilité, au moyen de la multiplication des crédits, se paie par un basculement dans la bataille pour le repartage du monde. La paix intérieure du capitalisme a comme prix la guerre extérieure. Aussi avons-nous justement souligné, depuis pratiquement une année, que la crise ukrainienne allait devenir majeure – une analyse correcte qui est une preuve de la validité de notre analyse du mode de production capitaliste connaissant un processus d’effondrement général.

Il faut ici bien souligner sur ce plan que le monde est totalement sous le choc que la Russie se soit permise d’aligner la majeure partie de ses troupes autour de l’Ukraine et de reconnaître officiellement, le 21 février 2022, les républiques séparatistes de l’Est de l’Ukraine. Les médias, les analystes, les experts, les diplomates… sont tous débordés par cette réalité nouvelle, dont la dimension militaire est ouverte.

Fondamentalement, ce n’est pas que ce soit une initiative militaire unilatérale qui marque les capitalistes, mais qu’il s’agisse là d’un phénomène contribuant massivement au caractère instable des rapports internationaux, une frontière considérée comme infranchissable depuis l’effondrement du bloc social-impérialiste soviétique en 1989 et l’utilisation de la Chine sociale-fasciste dans le dispositif productif international.

Pour employer un terme aux contours trop flous mais parlant, c’est la mondialisation qui se voit ébranlée de manière fondamentale par la crise ukrainienne. L’unification internationale par le marché capitaliste se voit confrontée à une contre-tendance interne : les contradictions inter-impérialistes, et ces dernières prennent de plus en plus le dessus.

Nous le répétons : la stabilité intérieure du capitalisme a provoqué une instabilité extérieure. Le cadre international, pacifié depuis 1989, s’effondre littéralement. La Russie bousculant l’ordre européen au sujet de l’Ukraine reflète, comme exemple et comme point le plus avancé en ce domaine, l’aventurisme impérialiste se systématisant dans le monde.

Le capitalisme impérialiste (de la superpuissance impérialiste américaine, de la Chine, du Japon, de la France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de la Russie…) et le capitalisme bureaucratique semi-féodal semi-colonial expansionniste (de la Turquie, de l’Iran, du Brésil, de l’Inde…) assument toujours plus de rompre avec la stabilité internationale auparavant reconnue et acceptée comme prioritaire, ou du moins comme constituant le cadre général où agir.

Et comment procèdent les capitalismes en crise, s’alignant sur l’aventurisme ? En faisant en sorte de diviser pour régner. Les haines nationalistes, les passions guerrières, les volontés hégémoniques, les intérêts matériels, les traditions religieuses… Absolument toutes les nuances et différences entre les peuples, entre les gens eux-mêmes, sont utilisées par les grandes puissances pour provoquer la division, pour fomenter des troubles, pour fomenter des mouvements de « révolte » sur une base irrationnelle, des tendances aux séparatismes… afin que cela serve d’appui aux opérations rentrant dans le cadre des visées impériales.

La division entre les peuples russe et ukrainien est artificielle, elle est produite par le jeu des grandes puissances

Ce qui se déroule en Ukraine est exemplaire de cette opération impérialiste de « diviser pour régner ». Les peuples russes et ukrainiens, qui se connaissent si bien depuis des siècles et qui sont si proches culturellement malgré leurs différences nationales, se voient projeter l’un contre l’autre.

Les choses sont montées en épingle de manière disproportionnée, avec un énorme matraquage idéologique, des opérations psychologiques de grande envergure, une propagande exacerbée réécrivant l’Histoire selon les besoins impérialistes.

Deux grandes puissances sont ici responsables de l’horrible situation de l’Ukraine.

La superpuissance impérialiste américaine, hégémonique dans le monde, utilise l’OTAN comme vecteur afin de placer le continent européen sous son contrôle, élargissant pour cela son dispositif à l’Europe de l’Est. L’Ukraine est le dernier pays manquant encore avant la Russie, d’où les milliards déversés par la CIA afin de pousser à une « révolte » pro-occidentale, qui se réalisa en 2014 avec le coup d’État de l’Euromaidan dont une composante importante consista en les mouvements d’extrême-droite Svoboda et Pravdy Sektor.

L’impérialisme russe tente de reformer, non pas tant la superpuissance social-impérialiste soviétique des années 1960-1980, que l’empire russe d’avant Octobre 1917. L’intégration-désintégration de l’Ukraine est ainsi à l’ordre du jour pour la Russie d’aujourd’hui comme à l’époque des Tsars où la nation ukrainienne était niée, la langue ukrainienne interdite, la culture ukrainienne martyrisée, les Ukrainiens considérés comme des « petits-russes » de moindre valeur.

La thèse de la seconde crise générale du capitalisme est confirmée

Les événements en Ukraine ne sont pas compréhensibles à partir d’un prisme « géopolitique », de considérations économiques, d’analyses militaires. Il va de soi qu’il y a des aspects militaires, politiques, économiques… dans tout cela. Mais ce n’est pas la substance des choses.

Le véritable déclencheur des événements, ce qui a ouvert la boîte de Pandore, c’est la seconde crise générale du capitalisme, déclenchée par la pandémie. Le capitalisme procède en effet par expansion, tout en se heurtant à un moment donné à une limite. Il se confronte alors à un obstacle infranchissable empêchant la continuité de l’accumulation de capital et de travail.

Il doit tout faire pour forcer la continuation de l’expansion. C’est alors la tendance à la guerre qui s’exprime, jusqu’à la guerre impérialiste.

La première crise générale du capitalisme s’est produite dans les années 1910, avec le déclenchement de la guerre mondiale et la révolution russe d’Octobre 1917. L’accumulation capitaliste était alors littéralement torpillée, les sociétés se déchirant politiquement, culturellement, socialement.

Le capitalisme n’avait alors pas encore atteint le degré de maturité permettant une société de consommation, l’encadrement complet des comportements et des mentalités au moyen des institutions (dont les syndicats font partie), d’un travail salariat perpétuellement rationalisé.

La contradiction entre le travail intellectuel et le travail manuel était explosive dans un tel cadre, et le fascisme comme mobilisation de masse pour dévier les protestations et empêcher l’affirmation du besoin de communisme se systématisa, précipitant les pays dans la seconde guerre mondiale.

La seconde crise générale du capitalisme s’est produite au début de l’année 2020, avec l’irruption d’une maladie issue du terrible écocide provoquée par le capitalisme à l’échelle mondiale. La destruction de la Nature a pris une immense proportion, allant jusqu’à une crise dans le cadre de la contradiction entre les villes et les campagnes, aboutissant au dérèglement des rapports entre les espèces et les maladies.

Le capitalisme a pris de plein fouet l’irruption de la pandémie, toute sa production a été bouleversée, ainsi que le rythme fondamental du 24 heures sur 24 de la vie quotidienne avec sa consommation forcenée. La machinerie capitaliste s’est enrayée.

C’est précisément la compréhension de cette seconde crise qui nous a permis, dès le milieu de l’année 2021, d’affirmer que la crise ukrainienne relevait d’une dimension nouvelle, d’une confrontation militaire à une nouvelle échelle, de la guerre impérialiste pour le repartage du monde.

La crise ukrainienne a comme arrière-plan la contradiction entre la superpuissance impérialiste américaine et son challenger chinois

La bataille pour le repartage du monde est concrètement la grande actualité des pays du monde, que ceux-ci soient des pays capitalistes développés (comme la Belgique, la France…) ou des pays semi-féodaux semi-coloniaux (comme la Turquie, le Brésil ou le Mali). Il faut trouver un moyen d’arriver à l’expansion, à tout prix, sinon le régime s’effondre comme un château de cartes de par la pression de la crise.

La situation en Ukraine doit d’autant moins être comprise de manière « géopolitique » que ce qui se joue à l’arrière-plan, c’est la mise en place de la troisième guerre mondiale impérialiste entre la superpuissance impérialiste américaine et son challenger chinois.

Le capitalisme a réussi à se relancer grâce à une expansion aux dépens d’une partie importante des territoires auparavant sous la dépendance du social-impérialisme soviétique, ainsi qu’avec l’utilisation de la Chine comme atelier du monde, puis comme usine du monde.

La fin de cette expansion commencée en 1989 s’est exprimée en 2020 avec la pandémie et elle apporte au monde une nouvelle grande puissance, la Chine, qui vise à l’hégémonie mondiale en remplacement de la superpuissance impérialiste américaine.

La Chine, un pays social-fasciste depuis la restauration du capitalisme en 1976, a profité de l’expansion capitaliste mondiale en exploitant massivement la classe ouvrière chinoise et en s’appuyant sur un régime terroriste. Profitant de sa taille et de sa population, l’impérialisme chinois vise à s’affirmer sur la scène mondiale, aux dépens de la superpuissance impérialiste américaine.

Le conflit entre l’impérialisme russe et l’Ukraine est ainsi, sur le plan de la tendance historique, également un conflit entre la Russie et la superpuissance impérialiste américaine, et revient même à un affrontement entre la Chine et la superpuissance impérialiste américaine.

Le moteur principal de la guerre impérialiste au niveau mondial est l’affrontement sino-américain, qui joue à tous les niveaux, dans tous les affrontements militaires.

L’OTAN est un appareil militaire à visée externe et interne

La Belgique est pays impérialiste de faible importance, la France est un pays impérialiste d’importance significative. Cependant, la Belgique accueille le siège de l’OTAN à Bruxelles et porte en ce sens une très lourde responsabilité, celle d’assurer une stabilité permanente afin de légitimer l’OTAN.

L’OTAN a été en effet le bras armé accompagnant le développement du capitalisme occidental dans les années 1960-1980, ce qui veut dire que ce n’a pas été simplement une structure militaire se définissant par rapport au bloc de l’Est dirigé par le social-impérialisme soviétique. L’OTAN a également été tout un appareil d’affirmation symbolique, de pression psychologique, d’échanges d’informations des services secrets et d’opérations militaires, dans le sens de la contre-insurrection.

L’OTAN est un appareil exerçant une pression pour uniformiser la défense des intérêts économiques et politiques du capitalisme occidental ; il ne faut jamais oublier l’importance que l’OTAN accorde pour chacun de ses membres, aux formes institutionnelles, aux prises de position diplomatiques, à l’organisation des rapports sociaux.

C’est d’ailleurs pour cela que l’Ukraine n’a pas encore pu adhérer à l’OTAN et qu’elle connaît d’intenses modifications internes afin justement d’être en mesure de répondre aux exigences du capitalisme occidental.

D’où les difficultés également de la France, pays exemplaire du capitalisme occidental mais cherchant à disposer souvent d’une indépendance stratégique, dans ses rapports avec l’OTAN.

Cet aspect de la question de la guerre impérialiste est essentiel, car qui dit guerre dit appareil militaire, et on ne peut pas comprendre les modalités de la guerre sans voir comment celle-ci se développe, comment elle se met en place, comment elle cherche à se dérouler.

La Russie est un pays impérialiste

Même si en Belgique et en France l’OTAN reste l’aspect principal de la tendance à la guerre, il ne faut absolument pas pour autant attribuer une valeur positive, à caractère « anti-impérialiste », à la Russie. Ce pays, dont les visées expansionnistes sont indubitables, n’a eu de cesse de développer un immense appareil idéologique pour se présenter sous un jour favorable, comme simple « victime » de l’OTAN.

Des médias comme RT et Sputnik, des agitateurs permanents sur les réseaux sociaux, des hommes politiques soudoyés, et même des organisations d’extrême-gauche ou d’ultra-gauche en mal de légitimité… présentent la Russie comme un pays pacifique, contribuant au progrès mondial dans tous les domaines, jouant le rôle de principal obstacle à la mondialisation capitaliste.

La Russie porterait, malgré sa nature, des traits « soviétiques », un respect des codes de l’honneur, des principes communautaires « socialistes », permettrait la mise en place d’un monde « multipolaire », ne serait pas gangrené par un capitalisme déchaîné, etc.

Tout cela relève de la propagande impérialiste, aussi ne saurait-on sous-estimer le rôle néfaste joué par la Russie dans sa tentative se présenter comme devant être naturellement soutenue si on s’oppose au à un capitalisme qui serait « occidental », par opposition à une « Eurasie » qui porterait une identité « socialiste ».

On doit ici considérer qu’il y a une contradiction inter-impérialiste et s’il y a bien toujours un aspect principal, il ne faut jamais perdre de vue le principe de l’autonomie prolétarienne, du maintien des principes idéologiques communistes, de l’auto-suffisance sur le plan de l’organisation.

Il faut avoir dans l’idée qu’on est dans la même configuration qu’avant 1914 et il ne s’agit pas de prendre parti pour un impérialisme contre un autre.

Nous en sommes revenus à la situation d’avant 1914

Il est nécessaire de constater qu’un piège impérialiste s’est refermé sur l’Ukraine, la superpuissance américaine et l’impérialisme russe transformant ce malheureux pays en cible pour leur propre expansionnisme. La première veut élargir sa zone d’influence et de contrôle, en faisant de l’Ukraine son satellite, alors que la Russie aimerait justement que celle-ci intègre son champ de domination « impériale ».

Cela nous ramène à la situation mondiale avant 1914, avec la compétition entre puissances pour se développer aux dépens d’autres pays, au moyen de coups de pression, d’interventions militaires.

La crise militaire en Ukraine le monte bien : les interventions militaires sont désormais considérées comme le facteur décisif, comme l’expression politique la plus nette, la plus tranchante, la plus à même de permettre l’expansion.

La seconde crise générale du capitalisme a apporté un saut qualitatif, où la tendance à la guerre l’emporte sur les autres tendances, de manière ouverte ou indirecte, franche ou insidieuse. Et les capitalistes profitent de toutes les améliorations techniques et technologiques, du caractère plus développé des forces productives.

Le caractère nouveau de la guerre moderne

Nous voulons souligner le fait que, malheureusement, les larges masses n’ont pas une compréhension juste de ce qu’est la guerre moderne. Elles ne saisissent pas ce qu’est un État, donc elles ne voient pas ce qu’est le pouvoir dans son rapport aux classes. Qui plus est, et c’est là essentiel, elles ne voient pas les immenses modifications que connaît la guerre dans ses formes concrètes depuis trente ans.

L’irruption des nouvelles technologies a largement modifié la gestion des conflits, avec une capacité de connaissance en temps réel désormais des acteurs sur place et une distribution immédiate des décisions à ces mêmes acteurs sur le champ de bataille.

Ce saut qualitatif dans la gestion des actions a contribué à un renforcement quantitatif de par une interaction démultipliée des troupes militaires elles-mêmes. C’est le sens de la professionnalisation des armées : la guerre moderne exige un haut niveau de technicité, tant pour maîtriser les innombrables types d’armes que pour être en mesure de gérer ou participer à des opérations désormais coordonnées de manière très approfondie.

La guerre moderne possède en ce sens de très nombreux aspects, qui ne sont pas tant nouveaux que faisant l’acquisition d’une autre magnitude et se combinant bien davantage. Que ce soit par l’espionnage, le sabotage, la guerre psychologique, les piratages informatiques, les opérations consistant en des « coups » bien déterminés… la guerre moderne a obtenu un caractère « hybride » comme le formulent les experts militaires bourgeois.

Les armées modernes intègrent même directement dans leurs activités tant la surveillance que l’utilisation des réseaux sociaux pour leurs opérations. Il y a cette anecdote de Facebook fermant des comptes se prétendant maliens mais en fait liés aux armées française et russe en décembre 2020, cependant dans les faits chaque armée assume entièrement cette dimension d’opération psychologique, de manipulation.

On peut dire que, avec les technologies actuelles, il y a une combinaison encore plus avancée des services secrets avec l’armée et inversement, ce qui renforce la signification des décisions prises au plus haut niveau au sein d’un appareil d’État toujours plus centralisé.

Jamais les États n’ont ainsi été autant coupés du peuple – mais, en même temps, jamais ils n’ont été autant capable de réactivité et de prises d’initiative d’écrasement rapide.

Il n’est pas de retour en arrière possible

Comme l’a affirmé Staline à la suite de Lénine, « pour supprimer l’inévitabilité des guerres, il faut détruire l’impérialisme ». Toute autre conception est une convergence avec le mode de production capitaliste et il faut souligner ici la menace que représentent les courants bourgeois « socialistes » prétendant réorganiser le capitalisme, le réguler, lui mettre des barrières, le refaçonner, lui imposer des règles, etc.

Il y a deux ennemis et non pas un : il faut combattre ceux qui veulent la guerre impérialiste, au nom du nationalisme, de l’expansionnisme, et il faut aussi combattre ceux qui mentent en prétendant pouvoir faire changer le capitalisme.

Aussi vaines que soient ces prétentions à « améliorer » ou « modifier » le capitalisme, elles désorientent, elles font perdre du temps, elles empêchent de voir la gravité de la situation historique.

Le capitalisme aboutit immanquablement à la guerre impérialiste et il n’est pas de retour en arrière possible une fois un tel processus enclenché. Seul le démantèlement des monopoles peut briser les forces menant à la guerre, et quel sens aurait un retour au capitalisme qui remettrait en branle le processus menant à des monopoles ?

Les réformistes répondront ici qu’un « capitalisme organisé » est possible : c’est un mensonge qui masque les intérêts du capitalisme cherchant à sauver son existence. Il y aura aussi les romantiques économiques qui proposeront un retour en arrière à une forme primitive de capitalisme, avec l’artisanat, voire le troc. C’est là incompatible avec les exigences de notre époque.

Les exigences de notre époque

La guerre qu’amène le capitalisme est aussi, dialectiquement, une contre-réponse à la paix planétaire qui est historiquement possible.

Nous avons besoin d’une société mondiale unifiée, d’une humanité unifiant et centralisant toutes ses forces, afin d’élever le niveau de vie des masses mondiales et d’en même temps protéger la planète, en adoptant un mode de vie qui soit naturel et non plus décidé artificiellement par les capitalistes pour développer la consommation.

La guerre imposée par le capitalisme est également un moyen de propager la concurrence, la compétition, le cynisme, l’égoïsme… Alors que sont à l’ordre du jour la compassion, l’empathie, le Socialisme. Au lieu d’avoir une humanité pacifiée et cultivée, se tournant vers la Nature et en particulier les animaux, ayant la tête dans les étoiles pour envisager la colonisation spatiale, le capitalisme cherche à défigurer le monde à coups de divisions, de sectarisme, de particularismes.

C’est là un aspect essentiel. Le capitalisme propage les divisions qui se conjuguent pour former une légitimité au crime à grande échelle. Il faut que les communistes soient en mesure de faire face à une telle entreprise, et cela implique d’être capable d’avoir une lecture approfondie de ce qu’est la société socialiste, le besoin de communisme.

Toute réduction à de l’économisme, à des considérations sans profondeur, sans âme, sans reconnaissance de la dignité du réel… amène la défaite face aux mobilisations provoquées par le capitalisme, qui profitent tant de moyens matériels élevés que d’un irrationalisme particulièrement prononcé.

Il faut impérativement avoir conscience de cette dimension !

Vive la nation ukrainienne, victime du complot militariste réalisé par la superpuissance américaine et l’impérialisme russe !

Guerre à guerre impérialiste, guerre à l’OTAN !

Guerre populaire jusqu’au Communisme !

Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste de Belgique

Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)

Février 2022

Catégories
Politique

OCML-VP : Ukraine : américain, russe ou européen, l’impérialisme c’est la guerre !

Une position politique.

La position de l’OCML Voie Prolétarienne concernant la crise ukrainienne.

A nouveau le bruit des bottes et des canons en Europe. Après la Syrie, l’Ukraine devient le nouveau terrain de l’affrontement des grandes puissances, les USA impérialistes de Biden, la Russie impérialiste de Poutine, l’Europe impérialiste de Macron et Scholz.

Après les grandes crises financières de 2010, la crise sanitaire depuis fin 2019, les chaos africain et proche-oriental, le retrait d’Afghanistan, c’est à nouveau sur le terrain politico-militaire que l’affrontement revient.

Chaque impérialisme défend sa zone d’influence, qu’il cherche à élargir pour contrer ses concurrents, assoir ses marchés. Là-dedans, les peuples ne sont que de la chair à canon, quoiqu’en chantent tous les discours nationalistes de part et d’autre. Les nazillons ukrainiens comme les miliciens pro-russes se moquent comme d’une guigne de la misère, de la mort, des destructions subies par les peuples, prêts à toutes les provocations pour justifier de leur prétendu « bon droit » et du fait que ce sont « les autres » les agresseurs.

La Russie impérialiste de Poutine, affaiblie au plan économique mais encore puissance militaire importante, cherche à regagner ses zones d’influence et marchés du passé pour revenir dans la concurrence mondialisée, comme elle cherche à étendre son influence en Afrique. Hors de question de laisser l’OTAN verrouiller l’Ukraine, et il faut faire un exemple à l’heure où les peuples se soulèvent contre leur bourgeoisie en Biélorussie comme au Kazakhstan, ces zones dont la Russie veut conserver le contrôle plus ou moins direct.

Les USA impérialistes de Biden soufflent sur les braises pour attiser le conflit et pousser Poutine à la faute, pour au contraire renforcer leur présence dans une région qui leur échappe largement.

Quant aux impérialistes européens, ils temporisent au contraire, car ils se sont imposés en Ukraine avec les nouveaux gouvernements issus de la « révolution orange » et ensuite comme premiers partenaires économiques (la France y est le premier employeur étranger). Tout en continuant de commercer avec la Russie, en particulier avec les fameux contrats gaziers source de revenus importants pour les monopoles d’Etat russes et les oligarques. Mais au final, ils s’aligneront sur Biden.

Qui croire, entre fakenews et intoxications, propagande militaire ouverte ou cachée ? En tous les cas certainement pas les diverses puissances impérialistes et leurs larbins, politiciens, hommes de main, miliciens ou propagandistes.

Le peuple ukrainien est pris entre tous les feux de la guerre impérialiste, il faut qu’il retrouve son indépendance de classe, refuse de se soumettre à l’une ou l’autre puissance pour tracer lui-même le chemin de sa libération.

Nous militants de l’OCML Voie Prolétarienne soutenons toutes les forces qui prennent ce chemin, et appelons à la construction d’une véritable force rouge, prolétarienne et internationaliste pour en finir avec les impérialismes et leurs guerres !

Guerre à la guerre impérialiste !

Catégories
Réflexions

« L’origine du conflit Russie-Ukraine : la compétition entre l’expansionnisme russe et la superpuissance américaine »

Une analyse de fond.

La question ukrainienne pose beaucoup de questions ; ce document tente d’en exposer les traits généraux. On remarquera qu’il a la particularité d’être d’avril 2021 et de très clairement annoncer les événements (revue pdf Crise 11 / avril 2021).

***

Pour comprendre le conflit russo-ukrainien, il faut cerner ses deux aspects principaux. Il y a tout d’abord la tendance à la guerre, avec des interventionnismes américain et russe très marqués. Il y a ensuite les rapports historiques entre la Russie et l’Ukraine.

La question du rôle du challenger

Dans les années 1960-1970, Mao Zedong a considéré que l’URSS social-impérialiste était la principale menace pour la paix du monde. La raison en est que l’URSS était le challenger. La superpuissance américaine ayant l’hégémonie, elle cherche surtout à maintenir ses positions, alors que le challenger doit venir chercher le numéro un sur son terrain.

Cela ne veut nullement dire que la superpuissance américaine ne poussait pas à la guerre. Néanmoins, la superpuissance soviétique était l’aspect principal de la contradiction entre superpuissances. On voit d’ailleurs que le pacte de Varsovie avait en 1982 pratiquement deux fois plus de tanks que l’OTAN, que l’URSS avait bien plus de têtes nucléaires que les États-Unis, etc.

Le piège de Thucidyde

L’universitaire américain Graham Allison, qui a été notamment conseiller de plusieurs secrétaires d’États (sous Reagan, Clinton et Obama) et est une figure des thinks tanks impérialistes américains, a publié en 2017 un ouvrage intitulé « Destinés à la guerre : l’Amérique et la Chine peuvent-elles échapper au piège de Thucydide ? ».

Il se fonde sur l’ouvrage La Guerre du Péloponnèse de l’Athénien Thucydide, où on lit que « Ce qui rend la guerre inévitable était la croissance du pouvoir athénien et la peur qui en résultait à Sparte. » Plus qu’une analyse géopolitique, cela reflète surtout la ligne stratégique américaine.

Car il ne faut pas confondre l’engrenage menant à la guerre et le caractère inéluctable de la guerre dans un cadre capitaliste, en raison de la nécessité du repartage du monde.

Le caractère inéluctable de la guerre

Staline, évaluant la situation, précise bien en 1952 dans Les problèmes économiques du socialisme en URSS :

« Il se peut que, les circonstances aidant, la lutte pour la paix évolue çà et là vers la lutte pour le socialisme, mais ce ne sera plus le mouvement actuel en faveur de la paix, mais un mouvement pour renverser le capitalisme.

Le plus probable, c’est que le mouvement actuel pour la paix, c’est-à-dire le mouvement pour le maintien de la paix, contribuera, en cas de succès, à conjurer une guerre donnée, à l’ajourner temporairement, à maintenir temporairement une paix donnée, à faire démissionner le gouvernement belliciste et à y substituer un autre gouvernement, disposé à maintenir provisoirement la paix. Cela est bien, naturellement. C’est même très bien.

Mais cela ne suffit cependant pas pour supprimer les guerres inévitables en général entre pays capitalistes. Cela ne suffit pas, car malgré tous ces succès du mouvement de la paix, l’impérialisme demeure debout, reste en vigueur. Par suite, l’inéluctabilité des guerres reste également entière. Pour supprimer le caractère inévitable des guerres, il faut détruire l’impérialisme. »

On doit bien distinguer l’engrenage, qui peut porter sur tel ou tel point et est toujours relatif, de la tendance à la guerre qui est-elle absolue.

Le conflit russo-ukrainien : la compétition impériale

Il n’existe pas de conflit entre les peuples russe et ukrainien, qui historiquement sont fondamentalement liés. L’amitié entre les peuples a cependant été pris en étau par l’expansionnisme russe et par la superpuissance américaine.

La Russie, dans un esprit chauvin où elle est de caractère « grand-russe », par opposition aux « petits-russes », a exigé la satellisation de la Biélorussie et de l’Ukraine. Les forces capitalistes bureaucratiques ont été soutenus, avec une oligarchie contrôlant des pays corrompus où l’opposition est écrasée.

La superpuissance américaine avait-elle préparé le terrain pour mener une révolution idéologique et culturelle et donner naissance à sa propre couche capitaliste bureaucratique.

Cet affrontement va provoquer la partition de l’Ukraine en 2014.

Le conflit russo-ukrainien : le rôle américain

En fait, à partir des années 1980, la superpuissance américaine a, depuis ses universités et surtout Harvard, proposé une relecture de l’histoire russo-ukrainienne des années 1920-1930.

L’URSS aurait voulu briser l’Ukraine, et ce dès le départ. Elle aurait sciemment laissé des gens mourir de faim en Ukraine, afin de l’écraser nationalement.

Il y aurait une extermination par la faim (« Holodomor » en ukrainien), coûtant la vie à entre entre 2,6 et 5 millions de personnes. Cette théorie a été reprise officiellement par l’État ukrainien après l’effondrement de l’URSS, avec une négation systématique de tout ce qui avait un rapport culturel ou historique avec le passé soviétique.

Quant à l’historien américain James Mace, à la tête de la commission américaine sur la « famine en Ukraine » dans les années 1980, et le théoricien du prétendu « holodomor » servant à détruire l’Ukraine en tant que nation, il a été enterré en Ukraine, dans un cimetière dédié désormais aux « patriotes ».

Et la rue de l’ambassade américaine à Kiev, auparavant rue de la Collectivisation puis Yuri Kotsyubinsky (du nom d’un renégat fusillé en 1937), a pris son nom en 2016.

La théorie de l’holodomor

L’idéologie de l’État ukrainien à partir du début des années 1990 est ainsi un pur produit américain. La nation ukrainienne aurait manqué d’être exterminé par l’URSS. L’historien américain James Mace résume cela ainsi en 1982 à Tel Aviv :

« Pour centraliser le plein pouvoir entre les mains de Staline, il était nécessaire de détruire la paysannerie ukrainienne, l’intelligentsia ukrainienne, la langue ukrainienne, l’ukrainien, l’histoire telle que comprise par les Ukrainiens, pour détruire l’Ukraine en tant que telle… Le calcul est très simple et primitif : s’il n’y a pas de peuple, alors il n’y a pas de pays séparé, et par conséquent, il n’y a pas de problèmes. »

On lit, dans cette optique nationale fantasmagorique, dans le document officiel de l’État ukrainien « Holodomor Le génocide en Ukraine 1932-1933″, que :

« LES FERMIERS UKRAINIENS n’ont pas été privés de nourriture dans le but de les obliger à rejoindre les fermes collectives ; le processus de la collectivisation bolchevique des terres était pratiquement achevé en été 1932.

Le génocide par la famine a été volontairement dirigé dès l’origine contre la paysannerie ukrainienne en tant que noyau central de la nation ukrainienne qui aspirait à un État indépendant.

Elle était gardienne des traditions séculaires d’une agriculture libre et détentrice de valeurs nationales ; l’un et l’autre contredisaient l’idéologie communiste et suscitaient l’hostilité débridée des dirigeants bolcheviks. »

L’inanité de la théorie de l’holodomor

Les tenants de cette fantasmagorie sont pourtant en même temps obligés de reconnaître que la systématisation de la langue ukrainienne date précisément des années 1920-1930, que l’ukrainisation généralisée a caractérisé la politique soviétique.

Il n’y avait auparavant pas de presse ukrainienne, pas de maisons d’édition, le tsarisme écrasait l’Ukraine. Avec l’URSS, l’Ukraine s’affirme ouvertement sur le plan culturel et national. Il est donc absurde de constater cette affirmation et d’en même temps prétendre que l’URSS aurait voulu « anéantir » l’Ukraine. Il s’agit très clairement d’une interprétation façonnée par la superpuissance américaine afin de faire converger les multiples courants nationalistes ukrainiens.

Le rapport historique entre l’Ukraine et la Russie

Le rôle de la Russie n’est pas moins pervers que celui de la superpuissance américaine. En effet, la Russie abuse des liens culturels et historiques.

Car l’Ukraine est « russe » autant que la Biélorussie et la Russie. La première structure étatique est d’ailleurs la Rus’ de Kiev, qui a existé du 9e au 13e siècle. Elle s’est effondrée sous les coups des Mongols. Il y a alors, pour simplifier, trois forces dans la région :

– un bloc polonais-lituanien-biélorusse-ukrainien, qui existe jusqu’en 1795 comme grand-duché de Lituanie puis République des Deux Nations ;

– une Ukraine cherchant à se libérer de la domination du premier bloc, tout en étant la cible régulière des Tatars passant par la Crimée ;

– un bloc russe avec la grande-principauté de Moscou qui parvient à supprimer le joug mongol pour former un tsarat qui ne va pas cesser de s’agrandir, notamment aux dépens du khanat de Sibérie.

La Pologne, qui aujourd’hui se présente comme un martyr de l’Histoire, a ainsi en fait été une grande puissance visant à l’hégémonie régional, allant jusqu’à occuper Moscou au début du 17e siècle.

Les Ukrainiens devaient quant à eux choisir un camp. Le chef des cosaques, Bogdan Khmelnitski, fit alors le choix de la Russie, après s’être rebellé contre la noblesse polonaise.

Le traité de Pereïaslav de 1654 marque alors littéralement la fusion de l’histoire russe et ukrainienne, comme peuples « russes » parallèles.

Le conflit russo-ukrainien : le rôle russe

L’expansionnisme russe abuse cette histoire « russe » parallèle de manière complète, avec une démagogie sans limites. Elle le fait dans une optique grand-russe, où l’Ukraine ne serait jamais qu’une petite-Russie ne pouvant exister sans sa réelle base historique. Elle diffuse un ardent nationalisme en Russie.

Et aux gens en Ukraine qui sont attachés à la Russie, car il s’agit de deux peuples frères, elle dit que ne pas obéir à la Russie serait perdre tout caractère russe, comme si seule la Russie portait historiquement la Rus’ de Kiev.

Cela marque surtout les gens tout à l’est de l’Ukraine, du Donbass, le bassin houiller du Donets, mais même la partie est du pays en général, particulièrement lié à la Russie et parlant couramment le russe dans leur vie quotidienne, voire le pratiquant comme principale langue.

Il y a bien entendu une part de vérité, car les forces au service de la superpuissance américaine veulent inventer une Ukraine qui n’aurait aucun rapport historique avec la Russie. Et c’est d’autant plus vrai que les forces nationalistes ukrainiennes sont ultra agressives.

Le conflit russo-ukrainien : le nationalisme ukrainien

Le nationalisme ukrainien a une forme très particulière. Sa base historique vient en effet de l’extrême-ouest du pays, ce qui lui confère des traits déformés au possible.

Lorsque le tsarisme s’effondra, les forces bourgeoises ukrainiennes fondirent une « République populaire ukrainienne », qui ne dura que jusqu’en 1920 avec la victoire de l’armée rouge.

La Galicie orientale resta cependant aux mains de la Pologne. Cette région et l’Autriche deviennent alors le bastion des nationalistes ukrainiens, qui fondent en 1929 l’Organisation des nationalistes ukrainiens, avec comme dirigeant Stepan Bandera.

Anti-polonaise, antisémite, antisoviétique, pratiquant dans les années 1930 régulièrement le meurtre jusque des opposants, l’organisation convergea ensuite avec l’Allemagne nazie et forma une légion ukrainienne, puis une Armée insurrectionnelle ukrainienne massacrant notamment 100 000 Polonais dans une perspective de purification ethnique.

Cette « armée » finit par se retrouver à combattre très brièvement l’Allemagne nazie en cherchant un appui américain, avant d’être écrasée par l’avancée de l’armée rouge, alors que Stepan Bandera est exécuté par le KGB en Allemagne de l’Ouest en 1959.

La Galicie orientale devint alors soviétique, mais reste marqué par cette aventure « banderiste », surtout que la mouvance banderiste des pays occidentaux s’est précipité dans le pays après l’effondrement de l’URSS.

La valorisation de Stepan Bandera et de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne relève désormais de l’idéologie officielle et est portée par de multiples organisations nationalistes extrêmement actives et militarisées.

L’Euromaïdan et les nationalistes ukrainiens

Les organisations nationalistes ukrainiennes ont été très médiatisées au moment des rassemblements appelés « Euromaïdan », de par leur activisme violent et leur iconographie ouvertement nazie.

Ces organisations, comme Secteur droit ou Svoboda, se veulent les successeurs de Stepan Bandera, leur bastion est la partie extrême-occidentale du pays, la Galicie qui n’a rejoint le reste de l’Ukraine qu’en 1945.

Elles ont joué le rôle des troupes de choc lors de l’Euromaïdan, c’est-à-dire les rassemblements sur la place Maïdan (c’est-à-dire de l’indépendance) à Kiev, fin 2013 – début 2014. Jusqu’à 500 000 personnes ont protesté contre le régime, corrompu et à bout de souffle.

Ce fut alors la « révolution », c’est-à-dire la mise de côté de l’oligarchie pro-russe et son remplacement par une autre oligarchie, cette fois pro-américaine ou pro-européenne.

La dénomination du mouvement vient de Radio Free Europe, la radio américaine, alors que les États-Unis ont déversé des milliards par l’intermédiaire d’associations et d’ONG. Depuis 2014, le régime en place est ainsi pro-occidental, violemment anti-russe, farouchement anti communiste, réécrivant l’histoire ukrainienne.

Le séparatisme au Donbass et la question de la Crimée

Initialement, il y a eu des révoltes contre la ligne triomphant à l’Euromaïdan. Ces révoltes, manipulées par la Russie, ont immédiatement abouti à des mouvements séparatistes, usurpant l’antifascisme et les références soviétiques. Cela a donné deux pseudos-républiques populaires, celle de Donetsk et celle de Louhansk.

Dans les deux cas il s’agit de régimes satellites de la Russie, de forme anti-démocratique, patriarcale-clanique, avec les exécutions sommaires et la torture, tout comme d’ailleurs chez les unités anti-séparatistes néo-nazies quelques kilomètres plus loin.

L’idée était initialement d’unifier ces deux « républiques populaires » avec l’Est de l’Ukraine, pour former une « Nouvelle-Russie ». D’ailleurs, initialement les séparatistes avaient davantage de territoires ; à la suite de l’intervention ukrainienne, ils en perdu les deux-tiers.

La Russie a également profité de la situation pour annexer la Crimée. Cette région avait été littéralement offerte à l’Ukraine par le révisionniste Nikita Khrouchtchev, alors qu’historiquement la région est russe. Le prétexte était le 300e anniversaire du traité de Pereïaslav signé par Bogdan Khmelnitski avec la Moscovie, liant l’Ukraine à la Russie.

L’écrasante majorité des gens de Crimée a accepté le coup de force et l’annexion russe. Il n’en reste pas moins que c’est une invasion et une annexion contraire au principe du droit international, avec qui plus est des troupes russes sans uniformes afin de masquer les faits.

La Crimée ou la Nouvelle-Russie ?

L’expansionnisme russe fait face à un dilemme qui caractérise toute son attitude militaire et politique. D’un côté, la Crimée est alimentée en eau potable par un canal partant d’Ukraine et désormais fermé. Il lui faut impérativement débloquer cette situation.

Cependant, cela impliquerait, du point de vue expansionniste, d’effectuer un débarquement massif et de s’approprier une bande de terre au bord de la mer Noire, ce qui est délicat à défendre. Il faudrait en fait même étendre cette bande jusqu’aux pseudos « républiques populaires » et cela veut dire que le débarquement doit s’accompagner d’une pénétration massive par les troupes pour maintenir la conquête.

De l’autre, la Russie a l’espoir de disposer de l’accord passif d’une partie de la population à l’Est du pays en cas de passage à une hégémonie russe. Cela veut toutefois dire qu’il faudrait une pénétration militaire massive et, de ce fait, cela ne résoudrait pas la question de l’eau potable pour la Crimée.

Une troisième option serait une double combinaison débarquement – pénétration massive, mais ce serait là littéralement mener une guerre ouverte à l’Ukraine, alors que les deux autres options peuvent se maintenir comme opérations « localisées ».

L’expansionnisme russe se heurte à l’hégémonie de l’OTAN

Dans tous les cas, l’expansionnisme russe à l’Est se heurte à l’hégémonie de l’OTAN, qui s’est installé en Europe centrale et dans pratiquement tous les pays de l’Est européen. Les velléités impérialistes des uns et des autres ne peuvent qu’entrer en contradiction antagonique.

La tendance à l’affrontement impérialiste est inéluctable de par la prise d’initiative des uns et des autres, alors que le conflit sino-américain se dessine en toile de fond comme base pour la troisième guerre mondiale. La question russo-ukrainienne doit être réglée en un sens ou un autre, telle est la logique des deux blocs : les Américains pour passer à la Chine, la Russie pour assumer son expansionnisme.

La prise d’initiative des peuples du monde face à la guerre va être essentielle et cela dans un contexte de seconde crise générale du capitalisme qui va exiger un haut niveau d’engagement de leur part. L’époque va être particulièrement tourmentée et nécessitera une implication communiste à la hauteur.

Catégories
Politique

Les positions du camp nationaliste (Marine Le Pen, Eric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon) sur la reconnaissance du Donbass séparatiste par la Russie

Trois candidats à la présidentielle 2022 tournés aussi ou notamment vers la Russie.

Il existe en France deux bourgeoisies. Il y a celle soutenant la participation à l’OTAN et l’Union européenne, considérant qu’il faut s’aligner sur la superpuissance américaine, qu’il y a là une garantie de croissance. Représentée par Emmanuel Macron, mais également le Parti socialiste et la Droite classique (ainsi que l’ultra-gauche), elle est favorable à des modifications sociétales profondes (PMA, LGBT, cannabis légalisé, flexitarisme alimentaire, etc.) parce que cela permet d’ouvrir de nouveaux marchés, de réimpulser le capitalisme.

Il y a celle qui, par contre, considère que la France perd son rang en se plaçant dans le sillage américain, qu’elle se déclasse en tant que grande puissance et qu’elle ferait mieux de jouer sa propre partition. Il faut donc éviter de trop bousculer la société, voire appliquer une ligne conservatrice pour figer la société au maximum, pour qu’elle fasse bloc afin de la mobiliser de manière nationaliste. Dans cette optique, la Russie fait office d’allié incontournable, de par son idéologie conservatrice révolutionnaire, sa concurrence avec la superpuissance américaine, son absence de concurrence directe avec la France dans la plupart des cas.

C’était la ligne de François Fillon, avant qu’il se fasse descendre politiquement par le Canard enchaîné au moment des présidentielles de 2017, permettant au candidat tombé du ciel (car choisi par la haute bourgeoisie de la première faction), Emmanuel Macron, de triompher. François Fillon est désormais administrateur indépendant de Sibur, géant russe de la pétrochimie, et représentant de la Fédération de Russie au Conseil d’administration du groupe pétrolier public Zaroubejneft.

C’était également la ligne de Marine Le Pen, dont le parti avait obtenu un prêt de la Russie, ou encore de Jean-Luc Mélenchon voyant comme la gauche du PCF une dimension « anti-impérialiste » dans la Russie.

Or, c’est la première faction qui donne le ton depuis le début des années 1990, avec la chute de l’URSS et l’intégration de la Chine dans le capitalisme international, qui a permis une incroyable expansion. Voilà pourquoi Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont été ainsi des représentants de la seconde faction, mais sans perspective de succès concret. Aussi ont-ils modifié leur positionnement, l’adoucissant… perdant ainsi toute leur spécificité, ce qui les amène à se voir remplacer par Eric Zemmour une fois la crise venue avec la pandémie.

Ce qui fait qu’Eric Zemmour dit en fait la même chose aujourd’hui, au sujet de la Russie, que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon hier, faisant aussi office de François Fillon II, en quelque sorte. C’est absolument flagrant. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon prennent désormais une certaine distance avec la Russie, afin de ne pas « heurter » trop la première faction de la bourgeoisie, Eric Zemmour fait vaguement semblant pour ne pas heurter son public libéral ayant un fort tropisme pro-américain, afin toutefois, dans le fond, d’entièrement s’aligner sur la Russie.

Ainsi, Marine Le Pen veut une grande négociation y compris avec les Etats-Unis, à total rebours de son positionnement historique ; Eric Zemmour dit qu’au fond il faut un accord entre les pays européens et la Russie (sans les Etats-Unis) ; Jean-Luc Mélenchon dit qu’il n’y aura pas de guerre (!!), que la Russie a fait n’importe quoi et que l’OTAN va avancer, ce qui nuit aux intérêts français.

Communiqué de Marine Le Pen sur la situation en Ukraine

La décision de Vladimir Poutine est un acte éminemment regrettable qui ne participe pas à la nécessaire désescalade des tensions que j’appelle de mes vœux depuis le début de la crise.

Néanmoins, tout doit être fait pour retrouver la voie du dialogue afin d’assurer la paix en Europe.

Désormais, la solution passe probablement par l’organisation d’une conférence réunissant les Etats-Unis, la Russie, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni ainsi que la Pologne, la Roumanie, la Hongrie et la Slovaquie, états frontaliers de l’Ukraine.

Cette conférence aurait pour objectif de négocier une solution sur la base de l’accord de Minsk, accord dans lequel la France avait joué un rôle déterminant et dont l’application assurerait la paix.

Communiqué de Jean-Luc Mélenchon sur la situation en Ukraine

Plus que jamais il faut se méfier des guerriers de plateau de télé qui s’échauffent dans l’invective et les mouvements de menton. Faire sérieusement le point demande qu’on parte du seul point de vue qui vaille en temps de crise : l’intérêt de notre pays.

Car le contexte est hors de notre portée.

En Ukraine et sur toutes les frontières à l’est du continent nous sommes en présence des rebondissements d’une de ces guerres sans fin qui, depuis Pierre le grand et Catherine II, tenaillent les peuples du secteur. L’implosion de l’URSS est le premier cas de l’ère moderne ou un Empire s’effondre sans négociation des frontières qui en résultent. Cela justifiait une prudence plus grande qu’ailleurs dans les décisions et les évolutions. La destruction de la Yougoslavie, la création de l’état artificiel du Kosovo ont vite montré que le rapport de force serait partout la règle. Le récent déploiement d’armes et de militaires de l’Otan dans tous les pays baltes l’ont confirmé.

Pour autant la reconnaissance des républiques russophones du Donbass par Poutine est une très mauvaise affaire pour les Français. Le respect des frontières, quelles qu’elles soient est une condition de base d’une vie internationale où la diplomatie et l’ONU tranchent plutôt que les armes et les coups de force. Si nous voulons nous-mêmes être indépendants, notre intérêt est que les frontières soient intangibles ou bien qu’elles ne bougent qu’après des procédures concertées, acceptées et contrôlées.

Il est à craindre qu’à la décision russe succède une décision américaine d’intégrer l’Ukraine dans l’OTAN. Autre mauvaise affaire pour nous Français qui n’avons aucun intérêt à l’extension de la domination militaire des USA et de leurs intérêts sur notre continent.

Poutine a dû comprendre que la décision était déjà prise et qu’il ne pourrait jamais obtenir de garantie sur ce sujet. Il a vu que les USA ne lui cédaient rien sur ce point depuis le début de la crise. La reconnaissance des républiques du Donbass est donc sa prise d’avantage dans le nouvel ordre qui s’installe dans cette région. Il l’a fait avant que la nouvelle frontière de l’OTAN ne lui interdise de le faire.

Comme tout cela se déduit très facilement de l’observation, on peut se demander si n’entre pas déjà en vigueur un nouvel ordre quasi convenu. Car qui ferait la guerre pour le Dombass ? Personne.

Et d’abord parce que la guerre sur place dure depuis huit ans et que les parties concernées (russophones et ukrainiennes) en sont rendu à un degré de haine mutuelle qui bloque toute vie commune. Et Comme Kiev n’a jamais mis en œuvre le moindre commencement d’application des accords de Minsk à propos du Donbass, on peut penser que les Russes se le tiennent pour dit. Mais la Russie de son côté ne fera pas non plus la guerre pour l’Ukraine. Elle attendra qu’elle tombe comme un fruit mur, le moment venu.

N’empêche que c’est une escalade, et que la Russie en porte la responsabilité et qu’il faut le condamner dans notre interêt bien compris.

Quoiqu’on pense des arrières pensées ou des logique de situation, il n’empêche que c’est bien la Russie qui a pris la responsabilité de cet épisode. L’annexion de l’Ukraine dans l’OTAN ne tardera plus. Peu importe qu’elle ait été déjà prévue avant cela. Peu importe, parce qu’on ne juge d’une situation que par les actes qui y sont posés.

Aussi longtemps qu’une ligne n’est pas franchie on peut penser que la suivante ne le sera pas et s’organiser pour cela. Une ligne est franchie. Sauf a capituler sans condition les USA sont dans l’obligation d’étendre l’OTAN et les Européens sont obligés de dire oui à tout et au reste. Le reste c’est le blocage provisoire de Northstream II et l’approvisionnement en gaz de schiste américain. Avec, cela va de soi, de nouveaux déploiements de troupes USA et l’extinction des bavardages sur l’autonomie de défense européens.

Je ne dis rien à cette étape du bilan navrant de Macron dans cette séquence. Il y aura joué des rôles sans contenu réel. Il est inutile d’espérer qu’il fasse mieux. Il peut faire pire. On doit lui laisser une possibilité de respecter au moins la démocratie de son pays. Le Premier ministre doit une explication au pays dans les heures qui viennent devant l’Assemblée nationale.

Cette situation me conforte dans ma proposition d’une conférence des frontières. Elle permettrait de fixer des règles et de gérer avant la crise les autres situations de tensions frontalières qui murissent sur notre continent.

Catégories
Guerre

La Russie introduit un nouveau désordre mondial en reconnaissant la souveraineté du Donbass séparatiste

Toute une époque a pris fin.

Le monde pacifié né de la fin de l’URSS et de l’inscription de la Chine dans le capitalisme mondial a bel et bien disparu : la prospérité capitaliste pendant trois décennies cède la place au chaos de la bataille pour le repartage du monde. La reconnaissance par la Russie des « deux républiques » populaires du Donbass séparatiste le 21 février 2022 a cloué le cercueil d’une période frappée à mort par l’irruption de la pandémie en 2020.

Le capitalisme a alors été incroyablement ralenti, bien qu’il ne puisse justement pas ralentir, par définition même. La course pour rattraper l’accumulation s’est transformée en tendance à la guerre et l’Ukraine a été le grand point de fixation, avec Taiwan. C’est pourquoi agauche.org en parle depuis avril 2021 de manière intense, et cela a été juste : cela montre la valeur d’avant-garde, au sens de la Gauche historique, du travail d’analyse et d’orientation mené.

Ceux qui ont considéré que les gilets jaunes ou telle grève de fonctionnaires formaient une « actualité » n’ont rien compris au sens de l’Histoire. Il faut voir les choses en grand, avoir de l’envergure. Sans cela on en reste au point de vue du capitalisme et de ses représentants. Car toute les figures politiques françaises sont sous le choc. Toutes croient fermement en la stabilité du capitalisme, alors forcément le ciel leur tombe sous la tête.

Même Eric Zemmour, pro-Russie, disait la veille qu’il ne croyait pas en une intervention militaire russe, alors que Marine Le Pen, historiquement pro-Russie également, a réagi à la nouvelle situation en affirmant qu’il fallait une grande conférence européenne sur la base des accords de Minsk que la Russie vient justement de jeter à la poubelle en reconnaissant les régions séparatistes ukrainiennes comme des Etats.

On notera d’ailleurs que la reconnaissance par la Fédération de Russie de la « république populaire » de Donetzk et de celle de Louhansk, dans la plus pure tradition « légaliste » russe, relève de deux « oukazes » différents.

« Sur la reconnaissance de la Rrépublique Populaire de Donetzk »
« Sur la reconnaissance de la Rrépublique Populaire de Louhansk »

Cette décision présidentielle de reconnaissance des « républiques populaires » suit également toute une procédure, commencé par un vote effectué en ce sens au parlement russe le 15 février 2022, sur proposition du Parti communiste de la Fédération de Russie de Guennadi Ziouganov, principale force d’opposition avec un peu moins de 20% des voix.

Pour : 351 voix (78%), Contre: 16 voix (3,6%), Abstention : 1 (0,2%), Participation : 351 (81,8%).

Officiellement, le président russe Vladimir Poutine et le gouvernement n’y étaient pas favorables, car cela remettrait en cause les accords de Minsk, qui prévoient ou plutôt prévoyaient un retour du Donbass séparatiste dans le cadre d’une Ukraine fédérale. Un tel retour empêcherait, par le droit de veto fédéral, l’intégration de l’Ukraine à l’Otan ou l’Union Européenne. L’étude présidentielle de la proposition de reconnaissance du Donbass séparatiste semblait donc hypothétique, théoriquement remise à plus tard, sans vraie réponse formelle attendue, etc.

Aussi, lorsque Vladimir Poutine a appelé à un réunion du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie le 21 février 2022, il a pris tout le monde de court en transformant cela en discussion sur la reconnaissance de la souveraineté du Donbass séparatiste. Cette discussion du Conseil de sécurité a amené à des prises de position, qu’on devine unanimes.

Se sont prononcés pour la reconnaissance de la souveraineté des « républiques populaires » le premier ministre, le président de la Douma (c’est-à-dire le parlement), le plénipotentiaire présidentiel du district fédéral central, la présidente du Conseil de la fédération de Russie, le secrétaire du Conseil de sécurité, le ministre des Affaires Etrangères, le directeur du FSB (les services secrets intérieurs), le directeur du Renseignement (les services secrets extérieurs), le ministre de la Défense, le ministre de l’Intérieur, le chef de la Garde nationale.

Deux responsables ont voté pour la reconnaissance en l’absence d’amélioration de la situation : le vice-président du Conseil de sécurité Dmitri Medvedev et le secrétaire du Conseil de sécurité Nikolaï Patrouchev, tous deux extrêmement proches du président russe Vladimir Poutine. Ce dernier n’a pas immédiatement donné son avis.

On remarquera au Conseil de sécurité la distanciation, systématique depuis la pandémie chez Vladimir Poutine à moins d’innombrables tests (Emmanuel Macron à Moscou en avait fait quatre mais avait refusé un test russe par désir de ne pas laisser son ADN, tout comme le chancelier allemand Olaf Scholz par ailleurs)

Et lorsque le Conseil de sécurité russe a commencé en début d’après-midi et que le thème de la reconnaissance du Donbass séparatiste a été connu, les diplomaties des pays occidentaux ont été sous le choc, réagissant de manière outrée. La veille encore le président Vladimir Poutine avait expliqué au président Emmanuel Macron qu’il acceptait une rencontre prochaine avec le président américain Joe Biden, et qu’il n’y aurait pas d’intervention en Ukraine. Le jour même, les ministres français et russe des Affaires étrangères (Jean-Yves Le Drian et Sergueï Lavrov) avaient convenus de se rencontrer le 24 février à Paris pour des « consultations préparatoires » en vue d’un sommet sur l’Ukraine.

Tout cela est tombé à l’eau d’un coup. A 19h, le président Vladimir Poutine a appelé le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz pour leur faire part de sa décision de reconnaître la souveraineté des « républiques populaires », passant immédiatement par la signature d’un traité d’amitié et d’entraide avec leurs présidents, Denis Pouchiline (pour Donetzk) et Leonid Pasechnik (pour Louhansk).

Leonid Pasechnik, Denis Pouchiline, Vladimir Poutine

Vladimir Poutine a ensuite embrayé pour une allocution d’une heure à la télévision russe pour rendre publique son choix et expliquer la situation, avec un mélange de vérité et de contre-vérité afin que les choses s’interprètent dans le sens de l’expansionnisme russe. Les Russes du Donbass séparatiste seraient la cible d’un génocide du régime fantoche ukrainien (ce qui est faux même si le régime est fanatiquement anti-russe), qui a fait du pays une colonie américaine (ce qui est vrai), avec l’OTAN cherchant à installer à la fois des bases et des installations nucléaires (ce qui est vrai aussi).

De toutes façons l’Ukraine serait, dit Vladimir Poutine, une invention de Lénine, aidé de Staline en 1945 avec le retour de la partie ukrainienne orientale (ce qui est vrai au sens où les bolcheviks ont reconnu la nation ukrainienne et mis en place une politique d’ukrainisation dans les années 1920-1930). Faisant allusion à la « décommunisation » menée en Ukraine de manière forcenée depuis 2014, il en conclut qu’une réelle « décommunisation » impliquerait le retour de l’Ukraine à la Russie. Voici la vidéo de l’intervention, qui dure une heure, en français, qu’il est résolument utile de connaître.

Dans la foulée, l’armée russe a été envoyée dans les « républiques populaires » pour oeuvrer à la « pacification », alors que les bombardements (à l’artillerie et aux mortiers) entre celles-ci et l’Ukraine continuent de manière effrénée. Il va de soi que cela forme un contexte explosif.

Sans attendre, la France et la Grande-Bretagne ont annoncé oeuvrer à des sanctions, la France ayant d’ailleurs immédiatement tenu un conseil de défense et de sécurité nationale avec le président Emmanuel Macron, le ministre de l’Europe et Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, la ministre des Armées Florence Parly, ainsi que le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire.

La superpuissance américaine a instauré immédiatement des représailles économiques contre les « républiques populaires », évacuant vers la Pologne le personnel de l’ambassade américaine en Ukraine de Lviv (à l’ouest du pays) et conseillant au président ukrainien Volodymyr Zelensky d’être prêt à quitter Kiev pour Lviv.

Volodymyr Zelensky a également tenu une brève allocution… à deux heures du matin pour expliquer que la décision russe mettait un terme aux accords de Minsk et ne changeait finalement rien du tout, l’armée ukrainienne veillant à la situation. Plus tard encore dans la nuit, les Nations Unies tenaient un conseil de sécurité d’urgence.

Car c’est de fait la panique dans toutes les diplomaties mondiales, dans tous les gouvernements du monde. La Russie a ouvert la voie de la déstabilisation par la force – et tout le monde a bien conscience que le processus n’est même pas terminé encore, puisque l’armée russe entoure l’Ukraine armée jusqu’aux dents, que la déstabilisation de l’Ukraine est en cours. Tout l’édifice né en 1991 est ébranlé. Comme dit le 5 avril 2021 dans l’article L’incroyable silence sur le conflit Russie-Ukraine :

« Ce qui se passe à la frontière de l’Ukraine et de la Russie change la donne. C’est l’expression de la grande crise, commencée avec le COVID-19 mais traversant toute la société, toute l’économie. Plus rien ne tient. La bataille pour le repartage du monde devient la grande tendance… »

Catégories
Guerre

Incessants bombardements au Donbass et réouverture en France de manière pro-Zemmour de la représentation officielle de la « république populaire » de Donetsk

Aucun camp ne lâche prise.

La Biélorussie et la Russie devaient terminer leurs manœuvres militaires en Biélorussie le 20 février et c’est finalement repoussé en raison de l’importante tension dans le Donbass qui sert ici de prétexte prévu ou calculé, et jouant dans tous les cas un rôle utile alors que la Russie continue d’amener troupes et matériel aux frontières ukrainiennes, rapprochant celles en place des frontières en tant que tel. Il y a ainsi près de Belgorod, à quelques kilomètres de l’Ukraine, des chars T-72 équipés de charrues anti-mines, de réservoirs supplémentaires, de protections latérales réactives… L’une des questions qui se posent ici au sujet de ces troupes se rapprochant de l’Ukraine est l’application de la lettre Z sur certaines unités, la principale théorie étant d’éviter de confondre celles-ci avec l’armée ukrainienne utilisant le même matériel.

A la menace plus que concrète, totalement réelle et formant même un processus déjà en cours, de l’invasion russe de l’Ukraine, s’associe en tout cas avec les manœuvres prolongées la menace de la participation de la Biélorussie, qui est située très proche de Kiev. Cela impliquerait une occupation d’une large partie du pays dans un tel cas de figure, ainsi qu’un possible passage par la zone d’exclusion mise en place à la suite de la catastrophe de la centrale nucléaire de Tchernobyl.

Carte de la radioactivité autour de Tchernobyl en 1996 (Eric Gaba – wikipédia)

On sait comment cette zone est désormais également un lieu de passage pathétique pour des touristes occidentaux écervelés, se mettant en scène de manière morbide surtout dans la ville abandonnée de Pripiat. On est là dans l’exemple même de la stupidité de gens façonnés par le 24 heures sur 24 du capitalisme et se retrouvant dans ce qui est glauque, malsain, et d’ailleurs célébré par des jeux vidéos, des films, des séries, etc. D’ailleurs, si rester sur la zone n’est pas dangereux, elle est fatale aux guides qui ne peuvent mener leur activité que 10-15 ans avant de succomber. On imagine l’impact qu’aurait des dizaines de milliers de soldats et surtout de véhicules militaires très lourds, libérant la poussière radioactive de manière massive.

Pripiat, une ville victime d’une catastrophe nucléaire et cible d’un voyeurisme ignoble

De manière étrange, le président français Emmanuel Macron a eu le 20 février 2022, pendant presque deux heures, le président russe Vladimir Poutine au téléphone, qui lui a garanti que la Russie quitterait bien la Biélorussie à la fin des manœuvres. Cela ne colle pas avec la continuation des manœuvres. Il ne faut cependant pas chercher de la cohérence et il est vrai cependant que l’Élysée lui-même a présenté cet appel comme celui « de la dernière chance ». Les promesses n’engagent que ceux qui y croient et tout est dit tout le temps, y compris son contraire. C’est le sauve-qui-peut et d’ailleurs, à la suite de son appel à Vladimir Poutine, Emmanuel Macron a appelé le président américain Joe Biden, le chancelier allemand Olaf Scholz, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, puis de nouveau Vladimir Poutine!

Autre exemple d’incohérence apparente, propre à cette situation dramatique, à la conférence de Munich sur la sécurité le 19 février 2022, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a expliqué qu’il fallait de la résolution contre la Russie et le risque d’invasion, qu’il fallait soutenir l’Ukraine contre la menace russe, qu’il fallait des sanctions préventives contre la Russie… Alors qu’en même temps lui et l’ensemble du gouvernement ukrainien expliquent qu’il n’y a aucune menace d’invasion russe à court terme, que l’armée russe n’a rien mis en place indiquant une offensive.

Le régime ukrainien dit également être sur la défensive, alors que dans les faits il y a eu les 19 et 20 février de violents et toujours plus nombreux bombardements au moyen de l’artillerie et de mortiers contre le Donbass séparatiste, qui réplique de manière acharnée bien sûr. Le régime ukrainien explique cela en disant que le Donbass séparatiste fait lui-même dynamiter des bâtiments pour ensuite l’accuser. Le Donbass séparatiste explique de son côté qu’il a repoussé une tentative de pénétration de la 79e brigade d’assaut ukrainienne et que l’Ukraine prévoit de l’attaquer la nuit du 21 février.

La Russie ne dit étrangement rien au sujet de cette escalade, alors qu’en plus elle doit accueillir à Rostov-sur-le-Don un million de réfugiés et qu’elle a commencé à en recevoir plu de 50 000. Ce silence est expliqué par l’intervention publique prévue de Vladimir Poutine le 22 février, où il abordera la question du Donbass de manière très franche, est-il dit, notamment parce que le parlement russe a demandé la reconnaissance comme souveraine des « républiques populaires » de Donetzk et Louhansk.

En même temps, la Russie a fermé militairement, pour des manœuvres, une large partie de la mer d’Azov tant au transport aérien que maritime.

Et qu’a-t-on de nouveau en France à ce sujet ? L’ouverture de la représentation officielle de la « république populaire » de Donetsk en France ! Le compte Twitter du représentant a été ouvert le 13 février, en mode totalement pro-Eric Zemmour naturellement, mais officialisé le 19 février. En fait, il s’agit d’une initiative de Hubert Fayard, ancien premier adjoint de Bruno Mégret à la mairie de Vitrolles et déjà « représentant » depuis 2017, avant que l’État n’interdise cela en mars 2021.

L’adresse de la représentation était la même qu’une « agence de rencontres », dénommée « Amour de Russie », ce qui a valu à Hubert Fayard 18 mois avec sursis et mise à l’épreuve pour « proxénétisme aggravé ».

Pro-chasse, évidemment !

Une association parallèle avait été montée et la « représentation » compte désormais ouvrir plusieurs succursales, dan chaque région, au premier mars. Il va de soi qu’il s’agit là d’une initiative s’inscrivant dans la mise en perspective « hybride » de la guerre par la Russie. C’est là un dispositif « conservateur révolutionnaire » tout à fait en phase avec Eric Zemmour, qui est extrêmement prudent dans ses formulations pro-Russie, mais qui relève forcément du même phénomène : si Marion Maréchal le rejoint, alors il est très clair qu’il y a aussi la Russie à la manœuvre.

La France devient le terrain de bataille du camp pro-américain et pro-turbocapitaliste et du camp pro-russe conservateur révolutionnaire. Mais la France est suffisamment un pays de lutte de classe pour que ce sinistre conflit ne devienne pas l’actualité… A condition que la Gauche historique soit à la hauteur !

Catégories
Dépêche

Le conflit en Ukraine n’est pas « géopolitique »

Ce qui est affligeant dans les analyses concernant le conflit en Ukraine, c’est de voir à quel point le concept réactionnaire de « géopolitique » est partout à l’oeuvre. Les Etats « penseraient », les élites auraient des réflexions approfondies sur des décennies, les pays des besoins « naturels » d’expansion, telle ou telle zone – en pratique, absolument toutes – formerait un verrou « stratégique ». Tout cela est faux, c’est un fantasme sur le capitalisme organisé qui est en fait anarchique.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas des plans militaristes, des études visant à concrétiser les expansions. Cependant, tout cela n’est pas rationnel, c’est produit par des esprits malades, déformés par des conceptions réactionnaires, aliénés par des valeurs militaristes, rendus difformes par des démarches anti-populaires et anti-démocratiques. Et c’est au service des hautes bourgeoisies déconnectées d’un réel uniquement vu à travers le prisme de l’expansion capitaliste.

Car, et c’est là l’essentiel, le conflit en Ukraine n’a pas comme base la géographie, l’OTAN, les séparatistes, les russophones, même si ce passé joue bien entendu fondamentalement. La base, ou plutôt la substance, c’est le présent de la crise ouverte par la pandémie en 2020 qui a placé tous les capitalistes au pied du mur, en cassant leur croissance. Pour rattraper le rythme capitaliste, il faut forcer les choses. C’est alors la guerre.

Catégories
Dépêche

Une Gauche silencieuse alors que la guerre s’impose en Ukraine

Le Donbass séparatiste a connu une intense nuit de bombardements de la part de l’Ukraine, qui de son côté prétend ne mener aucune action. On est là dans un jeu cynique – de part et d’autre – qui consiste à développer une escalade exactement comme en 1914, afin d’installer des conditions de guerre.

Et la Gauche française, qui devrait assumer cette question de l’Ukraine, de la guerre, ne fait rien, prolongeant son suicide politique. Il suffit de regarder les sites de gauche, d’extrême-gauche, ou même d’ultra-gauche, pour voir qu’il n’est pas parlé de l’Ukraine. Il n’y a rien. La seule chose éventuelle qu’on puisse trouver et encore rarement est une position bricolée à la va-vite et se contentant d’un point de vue généraliste sur « l’impérialisme ». Faut-il rappeler que le mouvement des gilets jaunes, totalement marginal numériquement et idéologiquement réactionnaire, avait par contre provoqué à la fois une grande fascination et une avalanche d’articles ?

Cela en dit long sur le fond du problème : les Français vivent dans une bulle capitaliste oscillant entre l’envoûtement pour un capitalisme encore plus rapide, un turbocapitalisme (la livraison de plats, de biens de consommation, les LGBT, Uber, etc.), et la nostalgie d’un capitalisme plus tranquille, plus stable, même si plus arriéré (depuis la démarche zadiste jusqu’à Eric Zemmour). Et la Gauche en est prisonnière…

Catégories
Guerre

Départ de la population civile du Donbass séparatiste pour la Russie

Le Donbass séparatiste applique la mobilisation totale.

Le Donbass avait été marqué le 17 février 2022 par de violents affrontements à coups d’artillerie (et de snipers, et de drones laissant tomber des grenades). Ils avaient commencé très tôt, s’étaient arrêtés dans la matinée, pour reprendre par la suite notamment en soirée, montant en charge à chaque fois.

On peut se demander pourquoi le régime ukrainien est assez fou ou stupide pour se permettre une telle participation aux combats alors qu’il y a pratiquement 200 000 soldats d’une armée russe cherchant un prétexte pour lancer son offensive. Cela montre vraiment à quel point ce régime est gangrené par la superpuissance américaine et l’aveuglement nationaliste. Un pays est transformé en chair à canon pour satisfaire les ambitions des pays capitalistes occidentaux dans leur conquête de l’Est.

L’aggravation de la situation a amené, de manière authentique ou forcée (ou du moins calculée), les « républiques populaires » de Donetzk et Louhansk à annoncer le 18 février dans l’après-midi une mesure radicale : celle de la mobilisation totale. L’ensemble de la population civile non intégrable dans les forces combattantes – femmes, enfants, retraités – est envoyé en Russie, à Rostov sur le Don.

Il y a environ 2,3 millions de personnes dans la « république populaire » de Donetzk et 700 000 personnes vont être transférées ; il y a environ 1,5 million de personnes dans la « république populaire » de Louhansk, donc on parle d’autour d’un peu plus d’un million de personnes au total. C’est un chiffre immense, cela demande une intendance gigantesque, et bien entendu une mobilisation étatique complète.

C’est quelque chose qui marque très profondément l’opinion publique russe, mais aussi les gens en Ukraine, qu’ils soient liés à la culture nationale russe de manière directe ou pas. Il y a là une cassure historique – qu’il faut assumer ou pas. C’est une action choc s’inscrivant parfaitement dans la narration russe justifiant l’invasion de l’Ukraine.

Le pire est qu’il y a une part de vérité dans l’accusation faite comme quoi le régime ukrainien veut tenter de prendre le Donbass séparatiste par la force, ou plus exactement de prendre militairement la zone frontalière avec la Russie et de couper géographiquement les deux « républiques populaires ». Car plus que d’une invasion totale du Donbass séparatiste, tel est l’objectif ukrainien, en sachant que si cela réussit, le reste tombera assez rapidement dans la foulée.

Les deux « républiques populaires » se positionnent, quoi qu’il en soit, pour une guerre totale. On remarquera que leurs décisions, si elles sont les mêmes, sont toujours strictement distinctes, les deux « républiques » appliquant à tous les niveaux le principe d’un gouvernement distinct appliquant des mesures distinctes.

Des soldats de la LNR, la « république populaire de Louhansk »

On notera que les acteurs sur les réseaux sociaux favorables à l’OTAN – des experts attitrés ou non – sont allés jusqu’à affirmer que la Russie bombarderait les réfugiés du Donbass allant en Russie, pour ensuite accuser l’Ukraine. Devant la grossièreté de l’accusation, ils ont fini par retirer ces posts, mais c’est assez typique. Les réseaux sociaux, principalement twitter et telegram, avec des individus agissant de manière « romantique », ou bien des experts ou des think tank, déversent toutes les propagandes faites d’un côté comme de l’autre.

On rentre de toutes façons dans la période où la première victime est la vérité, car désormais les choses doivent être forcées. L’arc narratif est mis en place, ce qui est dit relève de coups assénés pour faire avancer les choses et plus il y a des idiots utiles mieux c’est. Car coups montés ou réelles actions, il devient impossible de savoir.

Il y a eu ainsi le 18 février un attentat à Donetzk, une voiture a explosé près des bâtiments gouvernementaux, celle du colonel Denis Sinenkov, chef de la milice populaire. Est-ce un véritable attentat ou une mise en scène? Le même jour, la « république populaire » de Donetzk a intercepté deux commandos ukrainiens composés de gens parlant polonais en mission pour aller faire sauter une usine de produits chimiques. Or, les Etats-Unis avaient prévenu d’un « false flag » impliquant des agents chimiques. S’agit-il d’une propagande du Donbass séparatiste ou bien d’une tentative ukrainienne pour accuser le Donbass séparatiste si l’opération avait réussi?

Il y a également un gazoduc ayant connu une explosion non loin de Louhansk, ce qui a grandement inquiété les médias pour le coup, car la question du gaz est primordial. Le président du Conseil italien Mario Draghi a d’ailleurs expliqué le même jour qu’il ne fallait surtout pas que les sanctions contre la Russie en cas d’invasion touchent les importations de gaz. Le bloc occidental n’est pas unifié ; il ne peut l’être qu’en cas de victoire, mais elle n’est pas assurée. C’est la superpuissance américaine qui tient avant tout à disposer d’une unité anti-russe, d’où les propos encore très agressifs du président américain Joe Biden à la Maison Blanche le même jour dans une allocution au sujet de l’Ukraine.

La situation se développe exactement comme expliqué depuis début avril 2021 sur agauche.org/ukraine. La bataille pour le repartage du monde refaçonne des pays, des sociétés, des rapports entre les pays, des situations politiques, des rapports de force militaire, la nature des actions internationales en général en leur conférant une nature militaire directe ou indirecte…

Et on se demande ce qui est le pire en ce moment en France : la nullité des très rares gens à gauche cherchant à parler de l’Ukraine car c’est une actualité vue à la TV, ou bien le silence général de la Gauche en général, qui passe complètement à côté d’un événement fondamental changeant la face du mur. Que les gens aient peur des grandes transformations quand elles se profilent ainsi, c’est compréhensibles. Mais de la part de gens affirmant comprendre le monde et savoir comment le changer, c’est inacceptable.

Catégories
Guerre

Intenses affrontements dans le Donbass le 17 février 2022

La ligne de front se pose comme poudrière.

Le Donbass, c’est le bassin houiller du Donets, où l’on trouve notamment la ville de « Torez », avec notamment la compagnie minière « Torezanthracite », en référence à Maurice Thorez qui fut lui-même mineur avant de diriger le Parti Communiste Français des années 1930 aux années 1950. La ville s’appelle encore ainsi, car elle se situe dans la partie séparatiste, plus précisément dans la « République populaire de Donetzk » qui a comme voisine la « République populaire de Louhansk ». La ville de Torez aurait dû normalement changer de nom selon les lois ukrainiennes qui interdisent systématiquement tout ce qui a un caractère « soviétique ».

Voici la carte de la région administrative du Donbass, coupée en deux avec la partie ukrainienne (en jaune avec les villes en bleu) et la partie séparatiste (en rose avec les villes en rouge).

Rouge et rose: villes ou zones qui sont sous le contrôle séparatiste, ; orange: zones de conflits militaires directs entre l’Ukraine et les séparatistes, bleu et jaune: villes ou zones sous le contrôle du gouvernement ukrainien (source wikipédia)

La « ligne de contact » entre les deux est une sorte de mélange de no man’s land et de zones habitées, où dans des conditions d’une précarité immense des snipers, des drones artisanaux lâcheurs de grenades et des artilleurs frappent parfois, et ce de manière ininterrompue depuis 2014.

La pression vient ici clairement de l’Ukraine qui se pose dans une logique de harcèlement permanent, afin de ne pas permettre aux « républiques populaires » de s’installer, même si elles y parviennent relativement de par le poids démographique et économique de la ville de Donetzk, et bien entendu le soutien russe, qui est toutefois relatif. La Russie ne fournit pas du matériel militaire ultra-moderne, gardant une distance officielle tout en contrôlant le régime qui est une sorte de mélange de royaume de seigneur de la guerre et de capitalisme bureaucratique avec une imagerie néo-soviétisante insistant lourdement sur la religion catholique orthodoxe.

Et, donc, cette ligne de contact a été, le 17 février 2022, dès très tôt le matin, le lieu d’intenses tirs d’artillerie avec du matériel normalement non employé de par les accords de Minsk, avec également des escarmouches, l’OSCE comptabilisant 500 ruptures du cessez-le-feu (contre dix fois moins normalement). Rien que du côté du Donbass séparatiste, désormais en alerte général et mobilisant tous les hommes possibles (les passages vers la Russie ont été fermés), cela donne cela le catalogue suivant des actions ukrainiennes à son encontre.

5h32 : bombardement de Sokolniki (Front de Lugansk) depuis les positions de Kriakovka, au moyen de 5 obus de mortier 120 mm et 9 obus de SPG-9 (73mm).
5h35 : bombardement de Zolotoe 5 (Front de Lugansk) depuis Zolotoe 4, au moyen de 7 obus de SPG-9 et 32 grenades autopropulsées AGS-17 tirés, ainsi que des rafales de mitrailleuses lourdes.
5h38 : bombardement de Stanitsa Luganskaïa (Front de Lugansk) depuis les positions de Veselenkoe, au moyen de 12 obus de mortiers de 82 mm.
5h41 : bombardement de Nijne Lozovoe (Front de Lugansk) depuis les positions de Luganskoe. 15 obus de mortiers de 120 mm.
5h55 : bombardement de Kominternovo (Sud de la RPD) depuis les positions de Vodianoe: 2 obus SPG 9 et 20 grenades AGS 17.
5h57 : bombardement d’Oktyabr (Sud de la RPD) depuis les positions de Pishchevik, au moyen de 20 grenades AGS 17.
6h58 : bombardement du village de Petrovskoye (45 km Sud Donetsk) depuis les positions de Starognatovka. 8 obus de mortier de 120 mm.
7h42 : bombardement de Novolaspa (40km Sud Donetsk) depuis les positions de Starognatovka. 12 obus de mortier de 120 mm.
8h24 : bombardement de Novolaspa depuis les positions de Starognatovka, au moyen de 20 grenades AGS 17.
8h25 : mitraillage de Yelenovka (20 km Sud Donetsk) depuis les positions de Taramchouk, au moyen de mitrailleuses lourdes.
8h26 : mitraillage du village de Signalnoe (20 km Sud Donetsk) depuis les positions de Slabnoe, au moyen de mitrailleuses lourdes.
8h30 : bombardement du village minier de Gagarine (Ouest Gorlovka) depuis les positions de Leninskoïe, au moyen de 16 obus de mortier de 82 mm.
9h00 : bombardement du village minier d’Isotov (Nord Ouest de Gorlovka) depuis les positions de Majorsk ,au moyen de 16 mines obus de mortier de 82 mm.
9h15 : bombardement du village minier 6/7 (Nord Ouest Gorlovka) depuis les positions de Majorsk, au moyen de 29 grenades AGS 17.
9h32 : bombardement du village Petrovskoïe depuis les positions de Bogdanovka, au moyen de 20 grenades AGS 17.
9h37 : bombardement du village minier de Trudovsky (Sud Ouest de Donetsk) depuis les positions de Marinka, au moyen de 8 obus SPG 9 et 19 grenades AGS.
9h50 : bombardement du village de Donetskoe, quartier de Mandrynko (Sud Donetsk) depuis les positions de Novomikhailovka, au moyen de 5 obus de mortier de 82 mm.
10h30 : bombardement de Nikolaevka (front de Lugansk) depuis les positions de Oljovoe, au moyen de 15 obus d’artillerie lourde de 122mm, endommageant 4 maisons d’habitations et une usine de production d’huile.
10h42 : bombardement de Novolaspa depuis les positions de Starognatovka, au moyen de 20 grenades AGS.

De leur côté, les Ukrainiens ont notamment accusé les séparatistes d’avoir visé un jardin d’enfants, qui avaient été mis à l’abri quelques minutes auparavant. Cela sent cependant ici la mise en scène, car la fenêtre intacte à côté de l’impact est détruite sur d’autres photos. De toutes manières, chaque camp procède à une campagne d’intoxication permanente.

Les actions armées ont cessé en fin de matinée pour reprendre très brutalement dans l’après-midi. Le même jour, le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken a tenu un discours à l’ONU où il a accusé la Russie de viser à une invasion de l’Ukraine, tandis que la Russie a fait part de sa réponse concernant les messages des Etats-Unis et de l’OTAN, expliquant bien entendu sa déception et la nécessité d’une réponse « technique » sur le plan militaire de sa part. La Russie a également expulsé le numéro deux de l’ambassade des Etats-Unis à Moscou, Bart Gorman, en représailles d’une mesure équivalente récente de la part des Etats-Unis.

La Russie a également fourni des documents à l’ONU concernant des crimes de guerre commis par l’Ukraine en 2014 lors des troubles menant à la naissance des « républiques populaires » séparatistes. Ces dernières parlent de charniers venant d’être découverts. En réalité, ils sont connus depuis le départ, les forces ukrainiennes cherchant à « purger » la zone et les forces séparatistes réagissant dans l’ultra-violence. On est là dans la mise en place d’un schéma narratif et d’un arc de tensions afin de faire s’exprimer la guerre dans les conditions adéquates.