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Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev jouent aux trolls

Les Russes raffolent de ces choses.

L’humour russe a un côté collectif et fantasque, l’objectif est de faire tourner la tête. Il y a un côté « troll » : il ne s’agit pas d’avoir le plus bel esprit, un peu comme le veut l’humour français, mais d’emporter les choses dans une sorte de délire.

Cette approche donne souvent une étrange impression des Russes, mais il s’agit de quelque chose d’affectueux, même si assez bourru dans une tradition paysanne russe historique. Et comme quand les Russes commencent quelque chose, ils ne s’arrêtent plus, on peut être certain que tout tourne de manière assez folklorique !

Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev se sont ainsi amusés à, du point de vue français, jouer aux cons. Depuis le début du conflit en Ukraine, la propagande ukrainienne utilise le Seigneur des anneaux – un roman fantastique par ailleurs totalement réactionnaire – pour dénoncer la Russie.

Les soldats russes seraient des « orques » et la Russie le « Mordor ». Bref, la Russie serait monstrueuse et devrait être détruite. Dans Le Seigneur des anneaux, le chef du camp du mal s’appelle Sauron et à un moment il donne neuf anneaux à ses serviteurs.

Et le 28 décembre 2022 à Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine a apporté neuf anneaux, un pour lui et pour chaque représentant des Etats de la « Communauté des Etats Indépendants » née à la chute de l’URSS (Bélarus, Arménie, Azerbaïdjan, Tadjikistan, Kirghizstan, Turkménistan, Ouzbékistan, Kazakhstan).

Sur l’anneau on lit « Bonne année 2023 » avec l’emblème de la Communauté des Etats Indépendants, qui ressemble même vaguement à l’oeil de Sauron dans le film Le Seigneur des anneaux.

C’est typique. Dmitri Medvedev, deux jours auparavant n’avait pas raté l’occasion non plus de « troller ». Il est le vice-président du Conseil de sécurité de Russie et le successeur prévu de Vladimir Poutine, ce qu’aucun média français n’a compris jusque-là.

Voici ce qu’il raconte, mi-sérieux mi-surtout délirant, à la russe. Pour un Français, il faut s’accrocher et tous les journalistes français ont pris ça très au sérieux !

Le soir du Nouvel An, tout le monde s’amuse à faire des pronostics

Beaucoup émettent des hypothèses futuristes, comme si elles rivalisaient pour distinguer les plus folles, voire les plus absurdes.

Voici notre humble contribution.

Que peut-il se passer en 2023 :

1. Le prix du pétrole atteindra 150 dollars le baril et le prix du gaz dépassera 5 000 dollars par 1 000 mètres cubes

2. Le Royaume-Uni rejoindra l’UE

3. L’UE s’effondrera après le retour du Royaume-Uni ; L’euro ne sera plus utilisé comme monnaie de l’UE

4. La Pologne et la Hongrie occuperont les régions occidentales de l’ancienne Ukraine

5. Le Quatrième Reich sera créé, englobant le territoire de l’Allemagne et de ses satellites, c’est-à-dire la Pologne, les États baltes, la Tchéquie, la Slovaquie, la République de Kiev et d’autres parias

6. La guerre éclatera entre la France et le Quatrième Reich. L’Europe sera divisée, la Pologne repartitionnée au passage

7. L’Irlande du Nord se séparera du Royaume-Uni et rejoindra la République d’Irlande

8. La guerre civile éclatera aux États-Unis, en Californie. et le Texas devenant ainsi des États indépendants. Le Texas et le Mexique formeront un État allié. Elon Musk remportera l’élection présidentielle dans un certain nombre d’États qui, après la fin de la nouvelle guerre civile, auront été donnés au parti républicain.

9. Tous les plus grands marchés boursiers et l’activité financière quitteront les États-Unis et l’Europe et se déplaceront vers l’Asie

10. Le système de gestion monétaire de Bretton Woods s’effondrera, entraînant le crash du FMI et de la Banque mondiale. L’euro et le dollar cesseront de circuler en tant que monnaies de réserve mondiales. Les monnaies fiduciaires numériques seront activement utilisées à la place

Bonne saison à vous tous, amis anglo-saxons et leurs porcelets joyeux !

De tous les peuples slaves, les Russes sont ceux dont l’excentricité est la plus réfléchie ; ailleurs elle est plus brut (ou brute) et sentimentale. Et là les deux principales figures de l’État russe se permettent ces délires au milieu d’une tension mondiale, ce qui est plus que représentatif de toute une mentalité.

Et c’est fait de manière volontaire, afin de parler aux Russes. Cela ne peut que fonctionner.

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Guerre

Kosovo : l’armée serbe en état d’alerte

Le conflit est inéluctable.

L’armée serbe est en état d’alerte et envoie de nombreuses troupes au sud du pays, à la frontière avec le Kosovo. Une frontière que la Serbie ne reconnaît pas, considérant que le Kosovo est serbe. Le ministre serbe des Affaires étrangères Ivica Dačić a en ce sens rappelé qu’une attaque contre les Serbes du Kosovo amènerait forcément l’armée serbe à intervenir.

C’est pourquoi, en plus de l’armée serbe en état d’alerte, toutes les unités du ministère de l’Intérieur sont passées sous la direction de l’état-major serbe. La question n’est pas de savoir s’il y aura un conflit militaire, mais quand.

L’origine de ce branle-bas de combat est une situation maximale de tension provoquée par une histoire de reconnaissance des plaques d’immatriculation. Pour faire simple, le Kosovo « indépendant », où se trouve depuis 1999 la très grande base de l’Otan Camp Bondsteel, fait tout pour rendre impossible la vie des Serbes du Kosovo, pour s’en débarrasser.

Cela a conduit à des manifestations serbes, ainsi que des barricades, des blocages de routes.

Pour la Serbie, le Kosovo est un symbole national absolu et il est hors de question de reconnaître l’indépendance du Kosovo, surtout que celle-ci est fictive et artificielle. Fictive, car en réalité il s’agit pour le Kosovo d’au fur et à mesure rejoindre l’Albanie. Artificielle, car provoquée par la superpuissance américaine et l’Otan au moyen d’une intervention militaire particulièrement violente.

Les manifestations, barricades et blocus routiers de la part des Serbes du Kosovo ont donc une portée immense pour la Serbie, pour qui il est impossible de reculer. Du point de vue serbe, si le Kosovo est perdu, la Serbie se fera broyer, ce qui est effectivement le cas. La mise en place d’un Monténégro indépendant est ainsi fictive et est allé en ce sens. Demain, ce serait les régions de la Voïvodine et de Sandžak qui demanderaient « l’indépendance ».

Et si l’on connaît le caractère réactionnaire des nationalistes serbes, les nationalistes albanais ne valent pas mieux et sont qui plus est directement au service de l’Otan.

Car l’arrière-plan de cette situation tient à l’intervention de l’Otan. Historiquement, le Kosovo est une région serbe, mais en raison des avancées de l’empire ottoman en Europe au 17e siècle, sa population est devenue majoritairement albanaise. Les Serbes ont toujours tenté de reprendre ce territoire, notamment aidé par l’Autriche les utilisant contre l’empire ottoman.

Il faut se rappeler que tout le sud-est de l’Europe était passée sous la coupe de ce dernier pour une très longue période.

Le nationalisme albanais a particulièrement insisté sur l’obtention du Kosovo, passé sous contrôle serbe à l’effondrement de l’empire ottoman. L’Albanie d’Enver Hoxha avait par exemple un discours ultra-nationaliste et le Kosovo était son obsession, la dénonciation du « révisionnisme » servant en fait de masque à la tentative d’arracher le territoire à la Yougoslavie en fomentant des troubles.

Dans le prolongement de l’effondrement de la Yougoslavie, la superpuissance américaine et l’Otan ont fait en sorte de verser de l’huile sur le feu au maximum, jusqu’à ce que le Kosovo devienne « indépendant » en 2008. Et le processus de « balkanisation », de diviser pour régner, ne s’arrête pas.

Car, ce qui est incompréhensible bien souvent vu de France, c’est que tous les pays issus des empires austro-hongrois hébergent de multiples nationalités et, comme dans le Caucase, sans cadre socialiste, tout le monde est monté contre tout le monde.

Le Kosovo, c’est un peu moins de 2 millions d’habitants, avec surtout des Albanais, mais aussi des Serbes, au nombre de 250 000, moitié moins qu’avant 1999, les troubles ayant précipité leur exil. Il y a des Musulmans – dans le sens de minorité nationale et non pas religieux, on peut parler aussi de Bosniaques et de Goranis. Il y a des Roms, des Ashkalis, des Égyptiens, et des Turcs.

On est ici en Europe et déjà dans « l’Orient compliqué ». Un Orient où la seule réponse aux massacres inter-ethniques provoqués par les grandes puissances est la bataille unificatrice, démocratique-populaire, du Socialisme.

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L’État relance la fabrication d’armes légères Saint-Etienne

Le complexe militaro-industriel se restructure.

Dans les années 1990, avec la fin de la guerre froide, l’industrie de l’armement de petit calibre a subit un net coup de frein à son développement.

Dès 1989, le ministre de la Défense Jean-Pierre Chevènement privatisait en quelque sorte le Groupement industriel de l’armement terrestre (GIAT) car l’objectif était à la spécialisation et à l’allègement industriel dans un contexte de baisse générale de l’armement. Le GIAT devenait ainsi Nexter Group en 2005, et entre temps des entreprises emblématiques fermaient leurs portes, telle la Manufacture d’armes de Saint-Étienne.

Fondée en 1864 et héritière des manufactures royales du XVIIe siècles, la « Manu » était connue pour avoir équipé équiper l’infanterie française de son fameux FAMAS, acronyme désignant le « Fusil d’Assaut de la Manufacture d’armes de Saint-Étienne ». Et depuis cette fermeture, l’infanterie française se fournissait en armes légères à l’étranger, comme avec les pistolets GLOCK autrichiens ou bien les fusils d’assaut HK 416 F allemands.

Mais à l’heure de la crise générale du capitalisme et de sa tendance à la guerre de repartage, la puissance française cherche à « sécuriser » ses équipements pour son modèle d’armée complète, et cela d’autant plus qu’avec la guerre en Ukraine, l’Allemagne se retourne vers son allié historique que sont les États-Unis.

C’est pourquoi il a été envisagé depuis quelques années de reconstruire l’élément de production d’armes de petits calibres dans le cadre du complexe militaro-industriel français. Et c’est l’entreprise Cybergun qui doit se charger de cette besogne… Au départ spécialisée dans les armes de loisirs tels que le airsoft, l’entreprise s’est progressivement tournée vers les armes d’entraînement pour l’armée et la police, puis directement les armes réelles. Ainsi fournit-elle la police des fameux flashball.

C’est cela qui, entre autres, lui a permis de devenir actionnaire majoritaire (65%) dans l’une des dernières manufactures d’armes de Saint-Étienne, Verney-Carron fondée en 1820 et spécialisée dans les fusils de chasse.

Pour freiner son érosion, cette entreprise lançait en 2021 la fameuse marque Lebel avec notamment le fusil d’assaut (VCD15) dont les régimes marocains et malgaches se sont montrés intéressés, le flash-ball Superpro 2, le lance-grenade Le Matru, s’ajoutant aux fusils de précision (VCD10) et mitrailleuses de calibre de 9 mm (VCD9). Ce qui ne l’empêchait pas pour autant d’être sous le coup d’une procédure de sauvegarde depuis septembre 2021…

Il a fallu l’intervention de Cybergun et de sa prise de participation pour sauver cette fabrique d’armes. Dans son communiqué de prise de participation majoritaire de Verney-Carron officialisée en juin 2022, Cybergun déclare viser :

une montée en puissance de l’activité « DÉFENSE & SÉCURITÉ » et notamment de la marque « LEBEL », permettant ainsi de recréer une véritable filière française de l’équipement des forces armées.

Ce qui se passe derrière ce rachat est en réalité une commande de l’État lui-même.

Car Cybergun était depuis 2011 en mauvaise santé financière (sa valeur boursière a fondu de 99 % en quelques années) , à tel point que l’entreprise fut rachetée en 2014 par un fonds d’investissement belge Restarted Investment, lui ayant apporté 20 millions d’euros.

Pour continuer à être soutenu par les marchés financiers, le groupe s’est toujours plus tourné vers le marché militaire, si bien qu’il constitue aujourd’hui l’immense majorité de la rentabilité du groupe. En 2016, il lance une division spécialisée dans le marché des répliques d’armes pour l’entraînement de la police et des armées, division alors dirigée par le général de l’armée de terre (2s), Emmanuel Maurin.

En 2018, il obtient l’accord par le ministère de l’Intérieur pour produire des armées réelles et annonce envisager un partenariat avec un fabricant pour produire des armes de petits calibres.

La pandémie de Covid-19 a été pour l’entreprise une « aubaine » pour concurrencer les autres fabricants d’armes légères, attestant de la restructuration en cours. Comme le dit son PDG Hugo Brugière en décembre 2021 :

Grâce à nos efforts pour augmenter massivement nos stocks à l’été 2019 (les OCABSA [types de titres financiers] n’ont pas servi qu’à éponger la dette), Cybergun a pu considérablement accroître ses parts de marché pendant la pandémie, alors que nos concurrents plus petits (titulaires des rares licences que nous ne possédons pas, comme Beretta et H&K) n’ont pas pu s’approvisionner suffisamment. 

En 2020, Cybergun obtient ainsi en partenariat avec l’autrichien Glock le marché du remplacement des plus de 74 000 pistolets de l’armée de terre.

Puis intervient l’annonce du rachat de Verney-Carron qui ne se réalise officiellement qu’en juin 2022. Entre temps, Cybergun absorbe Vallantur, un équipement de haute technologie tourné vers l’aéronautique et dont sa branche Huard est reconnue dans la fabrication d’emballages haute sécurité pour l’armée. Grâce à cette absorption, Cybergun lance sa filiale Arkania entièrement tournée vers le secteur militaire, disposant de bureaux d’études pour des « armes innovantes ».

Ainsi, le rachat de Verny-Carron par Cybergun permet à celle-ci d’augmenter son capital, et ainsi de passer la barrière des 50 millions d’euros de chiffre d’affaire annuel, condition nécessaire pour répondre aux appels d’offres de l’État lui-même.

Il est donc fort à parier que derrière toute l’opacité de ces rachats et redressements financiers se loge en fait une consigne de l’État lui-même, prise en charge concrètement par la Direction générale de l’armement qui, par le truchement de l’entre-soi mêlant chefs d’entreprises, cadres militaires et dirigeants politiques, vise à remettre sur pied une filière d’armes françaises destinées à l’infanterie.

Nul hasard donc si le député Renaissance Thomas Gassilloud, et président de la commission défense de l’Assemblée nationale, était en visite à l’usine Verney-Carron vendredi 9 décembre. Une conférence de presse a même eu lieu dans les ateliers en sa présence, ainsi qu’avec les patrons de Verney-Carron, de Cybergun et du député Renaissance local, Quentin Bataillon.

Lors de cette conférence de presse, Thomas Gassilloud a notamment déclaré la chose suivante :

On a cru être à l’abri des conflits avec la mondialisation et les intérêts commerciaux (…)

La réalité est apparue brusquement : un conflit de masse, avec de nombreux mobilisés, à forte létalité où la technologie joue son rôle décisif mais pas plus que les hommes et les armes de petits calibre [la guerre en Ukraine]. Or, nous achetons les fusils d’assaut (forces spéciales exceptées) à l’Allemagne, nos munitions à la Belgique, nos pistolets à l’Autriche… »

Verney-Carron passé sous contrôle de Cybergun prévoit ainsi la construction d’une nouvelle usine, avec à la clef la fabrication de 100 000 fusils d’assauts par an à l’horizon 2025. Les débouchés futurs ? Remplacer tous les stocks d’anciens FAMAS en même temps que l’exportation au quatre coins du globe, mais aussi et surtout anticiper l’armement des soldats de la guerre de « haute intensité » à venir. Thomas Gassilloud n’y allant sur ce point pas par quatre chemins :

Rappelons aussi que nous allons augmenter considérablement le nombre de nos réservistes et qu’au-delà, nous devons être en mesure d’équiper une mobilisation plus large encore… 

Voilà qui est donc tout à fait clair et confirme ce qui est dit depuis quelques temps ici : le complexe militaro-industriel français se renforce et par ce renforcement il prend toujours plus d’importance dans l’appareil d’État lui-même.

Ce n’est là ni plus ni moins qu’une expression de la marche à la guerre générale. Et la France s’y jette à corps perdu.

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Le valet Zelensky rend visite à son maître à Washington

« Jusqu’au dernier Ukrainien »… pour les USA.

Le 21 décembre 2022, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est rendu pour quelques heures à Washington pour son premier déplacement international depuis le début du conflit militaire avec la Russie. Il a tenu une conférence de presse avec le président américain Joe Biden et s’est adressé au Congrès.

Cela a été un show à l’américaine, avec du sentimentalisme surjoué, des émotions infantilisantes, des discours sur le bien contre le mal, une douzaine de standings ovations dont une de plus d’une minute pour le président ukrainien, femmes en tailleurs bleus et écharpe jaune, boutonnières de couleurs bleu et jaune pour les hommes, etc.

Voici un exemple de l’idéologie mise en avant, ici par le président ukrainien :

« Cette bataille [contre la Russie] va définir le monde dans lequel nos enfants et petits enfants vivront, et ensuite leurs enfants et petits-enfants. Cela définira si ce sera une démocratie des Ukrainiens et pour les Américains, pour tous. »

Cette propagande est d’autant plus intense que la « partie » est commencée et qu’elle n’est pas prête de s’arrêter. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a annoncé une aide de 1,85 milliards de dollars, avec notamment des batteries de missiles « Patriot ».

Et, surtout, le Congrès américain va voter une aide de… 44,9 milliards de dollars. Par « aide » il faut entendre bien entendu des dons et des prêts, toujours conditionnés à l’achat d’armements américains. L’Ukraine est une colonie américaine, ni plus, ni moins. Volodymyr Zelensky est venu rappeler son allégeance à la superpuissance américaine.

On a même eu droit à un échange de drapeaux entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et la présidente de la chambre des représentants Nancy Pelosi, le drapeau ukrainien étant signé de soldats ukrainiens et le drapeau américain ayant flotté sur le Capitole.

Il est révélateur que le président ukrainien ne soit pas allé à Bruxelles, même en passant. L’Union européenne n’est qu’un outil américain et il n’y a strictement aucun intérêt, même symbolique, à s’y attarder. C’est la superpuissance américaine qui décide et elle seule.

Les puissances intermédiaires, celles du « second monde », doivent s’aligner sur les superpuissances, américaine et chinoise. Tout cela pour se partager le tiers-monde, dont fait partie l’Ukraine.

Lorsque le président américain Joe Biden dit « Nous serons à vos côtés aussi longtemps que nécessaire », c’est comme la corde soutient le pendu, surtout alors que le même jour la Russie a décidé de faire passer son armée à 1,5 million de soldats et de renforcer le soutien économico-productif à celle-ci.

C’est la condamnation à mort d’une Ukraine qui a de toutes façons déjà décidé de se suicider. Le régime ukrainien est un jouet fanatique visant à un seul but : la destruction de la Russie. Un pays entier a été transformé en outil pour une guerre américaine par procuration.

Et cela fait parfaitement le jeu de la Russie qui nie l’existence historique de l’Ukraine. Si c’est ça l’Ukraine, seule la superpuissance américaine la veut. Une Ukraine fictive, asservie économiquement, sous contrôle militaire américain, belliciste, nationaliste, entièrement façonnée par l’idéologie « banderiste », propagandiste pour l’expansion occidentale et heureuse de faire du peuple de la chair à canon…

Le ministère ukrainien de la Défense dans un exemple de propagande : c’est ainsi que naîtraient les enfants nés à Kiev afin de les « protéger du Mal qui vient de l’Est ».

Le 21 décembre 2022 a été pour l’Ukraine un jour au moins aussi funeste que le 24 février 2022. L’intervention russe représente une guerre fratricide, mais là on passe de la guerre entre frères à une guerre américano-russe. L’Ukraine ne s’en remettra pas à moins de se ressaisir historiquement de manière magistrale, ce qui n’est pas à l’ordre du jour.

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Lutte Ouvrière et sa position « ni – ni » sur l’Ukraine

Lutte Ouvrière considère qu’il faut opposer tout à tout, sans rien faire.

Comment stopper la guerre en Ukraine ? En combattant l’affrontement entre les superpuissances américaine et chinoise, qui est le véritable plan historique, et en faisant en France de l’OTAN l’ennemi numéro 1.

Sur le papier, Lutte Ouvrière dit la même chose pour qui ne connaît pas les magouilles du trotskisme. Car, de manière typique, on a la forme, mais pas le fond. Le trotskisme aspire les énergies pour les anéantir.

Voici ce que dit Lutte Ouvrière sur le conflit militaire en Ukraine à son congrès de décembre 2022 (dont le contenu d’ensemble n’a pas encore été rendu public ; on notera que pareillement « Révolution permanente » a tenu son congrès de fondation d’une organisation révolutionnaire les 17-18 décembre, mais que rien n’a encore été dit à ce sujet).

« La guerre en Ukraine opposant les puissances impérialistes de l’OTAN à la Russie avec la peau du peuple ukrainien, mais aussi celle du peuple russe, menace le monde entier d’une déflagration généralisée.

Quels que puissent être la concrétisation future de cette menace et le cheminement qui y mène et quels seront les camps en présence, ce sera une guerre de la bourgeoisie impérialiste contre les peuples embrigadés comme chair à canon.

Pour éviter la guerre, les peuples ne peuvent pas compter sur la bourgeoisie impérialiste, ses hommes politiques, ses états-majors qui, au contraire, préparent méthodiquement l’embrasement général par l’accumulation d’armes et par la mise au pas des populations. Les travailleurs devront s’opposer à la guerre avec leurs moyens et leurs armes de classe, avec comme perspective la transformation de la guerre en guerre civile contre la bourgeoisie.

Les travailleurs conscients doivent refuser le mécanisme guerrier qui se met en place. Comme ils doivent refuser toute forme d’union sacrée derrière leur bourgeoisie et l’État qui défend les intérêts de cette dernière. Ils doivent se méfier de toute la propagande mensongère de la classe dominante, à commencer par la défense de la patrie, alors que derrière ces mots, il n’y a que les intérêts de la classe capitaliste et des plus riches.

Pour ce qui est de la guerre déjà présente en Europe, les travailleurs n’ont à prendre parti ni pour la Russie de Poutine, ni pour l’Ukraine de Zelensky sous la protection des puissances impérialistes.

Ils doivent rejeter tous les clans politiques de la bourgeoisie impérialiste, ceux qui tiennent ouvertement un langage guerrier, comme ceux qui prétendent œuvrer pour la paix par des négociations. L’intérêt des travailleurs est de reprendre à leur compte, aussi bien ici, en France, qu’en Russie, en Ukraine, et partout où les masses sont angoissées par les préparatifs de la guerre généralisée, le slogan du révolutionnaire allemand Karl Liebknecht : « L’ennemi principal est dans notre propre pays ».

Seul le renversement du pouvoir de la bourgeoisie et de la domination de l’impérialisme sur le monde peut écarter la menace de la guerre mondiale, assurer des relations fraternelles entre les peuples et créer les conditions de leur collaboration pour le bien commun de l’humanité. »

C’est une escroquerie complète. D’un côté, on a la forme : oui il faut rejeter les grandes puissances (même si la Russie n’est pas ici vue comme impérialiste), oui l’ennemi est dans son propre pays.

Mais sur le fond, ça dit que… On verra demain, car la France n’est pas en guerre, donc la question ne se pose pas, et lorsque cela ce posera, ce sera une question mondiale.

Il n’y a donc… rien à faire. On a juste l’apparence d’un discours anti-guerre, mais ce sont des mots, et que des mots. Qui servent à donner le change, et qui permettent de faire en sorte d’agir comme d’habitude sinon, une fois cette « bonne conscience » acquise.

Quelle tromperie !

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Le président turc menace de frapper… Athènes

La Turquie pourrait tirer un missile sur la capitale grecque.

Le 17 décembre 2022, la Grèce a bouclé son budget 2023. Le ministre de la défense de la Grèce, Nikos Panagiotopoulos, a expliqué à cette occasion qu’il était très satisfait de la situation militaire de la Grèce.

Le budget militaire est passé de 3,35 milliards d’euros en 2020 à 5,44 milliards en 2021, 6,39 milliards en 2022, et sera de 5,65 milliards en 2023.

Selon lui, la Grèce est désormais en position de force par rapport à la Turquie, dont il décrit l’agressivité comme « pré-électorale », mais également comme portant des « éléments d’objectifs politiques révisionnistes stables dans notre région ».

Il y a là un événement de la plus grande portée, car en admettant que cela soit vrai, cela montre bien que l’analyse que nous faisons d’une Turquie avec le doigt sur la gâchette est tout à fait juste. Pour la Turquie, c’est maintenant ou jamais, comme en témoigne l’affaire qui a précédé l’annonce du ministre grec de la défense d’une « supériorité » grecque.

À l’origine, il y a une fuite dans la presse turque, en tous cas c’est officiellement présenté comme une fuite, à propos du missile Tayfun développé par la Turquie. L’agence de presse Demirören News Agency a montré les images d’un essai en commentant la réussite de celui-ci. La cible aurait été atteinte à une distance de 561 kilomètres en 456 secondes seulement, soit moins de 8 minutes.

Le tir aurait eu lieu le 18 octobre 2022, depuis un tracteur-érecteur-lanceur positionné à Rize, sur les bords de la mer Noire. Réelle ou fictive, cette « fuite » dans la presse a en tous cas été très à propos, puisque le président turc s’est saisi de l’occasion pour menacer la Grèce comme jamais. Le 11 décembre 2022, Recep Tayyip Erdoğan a ouvertement menacé de frapper la capitale grecque avec ce missile balistique puissant.

On ne parle pas là d’allusion, de sous-entendu, ou même de simples avertissements pour la forme. Ce qu’il a dit est on ne peut plus concret, furieusement belliciste.

« Nous avons maintenant commencé à produire nos propres missiles. Cela effraie les Grecs, bien sûr. Quand vous dites ‘Tayfun’, les Grecs ont peur. Ils se disent qu’il pourrait frapper Athènes.

Et cela pourrait arriver si vous ne gardez pas votre calme. Si vous essayez d’envoyer sur les îles les armes que vous avez reçues des États-Unis, dans ce cas, un pays comme la Turquie ne va pas se contenter de ramasser des poires : il va faire quelque chose. »

Quand il parle des îles, il faut comprendre les îles de la mer Égée que nous avons régulièrement évoquées ici. Les lecteurs désireux d’en savoir plus peuvent par exemple lire cet article : La France pousse la Grèce à la guerre contre la Turquie

Toujours est-il que de tels propos sont loin d’être anecdotiques. On parle là d’un pays menaçant de frapper tout azimut la capitale d’un autre pays. C’est-à-dire que même la Russie n’a jamais employé un tel langage à propos de Kiev avant de lancer son offensive !

Et surtout, il faut lire entre les lignes pour comprendre la portée de ces propos. Le président turc parle ici des armes américaines, alors que la Grèce est dans l’Otan (l’alliance américaine) tout comme la Turquie. Le propos vise donc tout autant les États-Unis et l’Otan en général, que la Grèce.

La Turquie dit ici au bloc américain : maintenant il va falloir définir très vite et très clairement les camps, car nous ne lâcheront rien face à la Grèce et si vous l’aidez, nous ferons immédiatement partie du camp d’en face.

C’est la logique des blocs : il est évident que la Turquie, dans ses visées expansionnistes, entend bien profiter de la guerre mondiale pour mener à bien ses plans. Pour cela, peut importe qu’elle choisisse le bloc américain ou le bloc chinois, elle prendra ce qui est le plus conforme au moment venu.

Bien entendu, la Grèce est immédiatement montée au créneau par la voix de son chef de la diplomatie, Nikos Dendias. A ses collègues européens, en fait surtout de l’Otan, il a dit :

« La menace d’une attaque de missile contre la Grèce proférée par un allié de l’Otan est à la fois inacceptable et tout à fait condamnable. Les attitudes de style nord-coréen ne peuvent et ne doivent pas être tolérées par l’Alliance. »

Mais aucune réaction n’est venue du côté européen, ni du côté de l’Otan, ni du côté américain. Cela en dit très long sur la situation mondiale. Pour l’instant, les États-Unis ne sont pas encore prêts à lâcher la Turquie dans le camp d’en face, alors la Turquie va en profiter à fond.

Et comme la Grèce, de son côté, est elle aussi tout autant furieusement anti-turque, belliciste, les choses vont aller de mal en pis, jusqu’à l’explosion inévitable. C’est une immense escalade guerrière de plus entre les deux pays, qui sont à couteaux tirés, prêts à se lancer dans la guerre mondiale pour le repartage du monde. En pratique, la 3e guerre mondiale pour le repartage du monde a déjà commencé.

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Karabagh arménien : dernier acte de la tragédie

La nation arménienne d’Azerbaïdjan est la première à s’effondrer dans la guerre pour le repartage du monde.

« Kürte dedi anneannem, kalbin dilidir.
Türkçe, müziktir. Bir sarap deresi gibi akar, yumusak, tatli, parlak.
Bizim dilimiz, dive bagirdi acinin dilidir.
Ölümü tattik hep ; dilimizde nefretin, acinin yükü var.

Le kurde, disait ma grand-mère, est la langue du cœur. 
Le turc est la musique. Il coule comme un flot de vin, doux, sucré, brillant. 
Notre langage est le langage de la douleur,
Nous avons toujours goûté la mort ; Il y a un fardeau de haine et de douleur dans notre langue. »

William Saroyan

On ne peut qu’être saisi d’horreur et de rage devant la barbarie régressive que le régime de Bakou mobilise pour figer les masses d’Azerbaïdjan dans la haine contre les masses arméniennes, spécifiquement celles du Karabagh.

Ces derniers jours en effet, le régime de Bakou a organisé une mobilisation « citoyenne » pour bloquer complétement la population civile du Karabagh. À l’heure actuelle, la population civile, y compris des dizaines de milliers d’enfants, de personnes âgées fragiles, se retrouve littéralement coupée du monde, sans approvisionnement énergétique, voire sans eau potable dans certains secteurs. 

Le tout face à des activistes haineux et chauffés à blanc dans leur haine de la seule existence d’Arméniens dans ce qui est considéré comme une « terre turque », avec en arrière-plan une armée azerbaïdjanaise en alerte prête à une éventuelle escalade. On voit par exemple sur la photo servant ici d’illustration des personnes devant un poste de l’armée russe dans le « couloirs de Latchine reliant le Karabagh à l’Arménie, faisant de leurs mains un signe de ralliement ultra-nationaliste censé miner la tête d’un loup (un animal totémique et généalogique dans la mythologie raciste pantouranienne).

Ce faisant, le régime azerbaïdjanais réalise trois objectifs allant dans la même direction de sa propre fuite en avant nationaliste :

  • Il contourne la question d’une agression militaire directe ou même d’un blocus militairement organisé, en laissant croire à qui le voudra que cette agression est une expression libre de citoyens. Quand on connaît l’état de la société civile en Azerbaïdjan, écrasée par la corruption et la répression, il est évident qu’une telle opération n’a rien ni de populaire, ni de démocratique sur la forme.
  • Il oppose à l’armée russe présente sur place ou même aux puissances occidentales qui ont formellement protesté de ce blocus une apparente masse de civils, piégeant les uns dans l’impossibilité pratique d’une réaction militaire frontale et les autres dans leurs propres contradictions, puisque ni la France ni même les États-Unis ne sont en mesure de dénoncer le régime de Bakou comme un régime nationaliste ultra-chauvin, raciste à visée génocidaire, corrompu et corrupteur d’ailleurs aussi de secteurs non négligeables d’organes politiques, culturels (notamment des universités comme par exemple la faculté de Lettres de l’Université de Haute Alsace à Mulhouse), ou médiatiques en France particulièrement. Même si sur ce plan, la corruption d’organes français est moindre qu’au Royaume-Uni ou en Suisse notamment.
  • Il piège les masses azerbaïdjanaises en organisant un reflet de leur supposé chauvinisme, envoyant là un message de propagande censé paralyser toute opposition interne, en montrant des masses plus ultras que le régime qui ne fait que suivre, voire même « calmer » les penchants « naturellement » nationalistes fous furieux du peuple.

Le message envoyé aux Arméniens du Karabagh est sans équivoque pour qui pouvait encore douter du sort réservé à ces derniers par le régime d’Ilham Alyev. Officiellement, il est considéré que les Arméniens pourront éventuellement rester au Karabagh, mais selon toute une série de « conditions » : notamment ne pas avoir porté d’armes dans une armée « arménienne » et ne pas avoir circulé sans autorisation vers l’Arménie. Autant dire que très concrètement, aucune famille arménienne ne pourra rester au Karabagh.

Mais si tout cela n’était pas clair, les hordes de manifestants appelant à vider le Karabagh des Arméniens y vivant offre un avant-goût de ce qui attendrait les éventuels Arméniens qui voudraient demeurer au Karabagh une fois celui-ci sous occupation du régime.

Que valent dans ce cas les protestations françaises et américaines ? Rien. Ou si peu, quand on voit que la position officielle de ces États est de toute manière très ouvertement de laisser Bakou réoccuper le Karabagh, en exigeant simplement une façon le moins tragique possible de le faire. Et au fond, c’est exactement ce que fait Bakou. La population arménienne est en voie d’effondrement au Karabagh depuis 2020, ainsi que nous l’avions annoncé dès le début, et cela avec la complicité objective totale de pays comme la France.

Lire aussi : https://agauche.org/2020/11/14/la-cisjordanisation-du-karabagh-armenien/

Les Arméniens se retrouvent de nouveau seuls et face à leurs propres erreurs historiques dramatiques. Qui à part les gens écrivant sur agauche.org ont défendu en France la communauté culturelle des nations arméniennes et turques, ainsi que le proclame la poésie de William Saroyan, de Nâzim Hikmet ou la pensée d’Ibrahim Kaypakkaya, ainsi que l’illustrent la cuisine, la musique, la littérature de Nariman Narimanov et les milles et uns exemples unissant au-delà de tous les chauvinismes ces deux nations, et de celles-ci avec les autres nations d’Anatolie et du Caucase ? Qui à part les gens écrivant sur agauche.org a mis en avant l’héritage national des Arméniens d’Azerbaïdjan, qui aurait dû être défendu bec et ongle par les Arméniens et les Turcs de France ? Qui à part les gens écrivant sur agauche.org ont défendu la référence de la TransCaucasie soviétique des années 1920-1940 ?

Il y a presque un siècle, en décembre 1920, l’armée rouge venait au secours de la nation arménienne, alors déjà lamentablement dirigée par ses propres forces bourgeoises chauvines et en voie d’écrasement par le pantouranisme. C’est un État arménien réduit à une faible poche autour de Yerevan que l’Armée Rouge est venue libérer après avoir écrasé le pantouranisme en Azerbaïdjan. Le grand État soviétique a ensuite assuré à l’Arménie une République solide, et aux Arméniens d’Azerbaïdjan une reconnaissance nationale garantie. Voilà la base historique sur laquelle existent l’Arménie et l’Azerbaïdjan actuels.

Traduction : 

Le peuple ne vivait que d’espoirs, il gardait et élevait sa culture, et ses trésors recueillis sous les cendres des incendies. Des poèmes épiques se transmettaient de bouche en bouche, une poésie lyrique puissante et tragique se développait, l’architecture – sévère et grande – gardait son style, unique au monde.

  Le peuple arménien a été amèrement déçu lorsque l’espoir de libération qui avait éclaté après la révolution de février a été anéanti par la misérable trahison des dachnaks et des mencheviks.

     Et enfin, l’étoile à cinq branches de la liberté s’est levée sur l’Arménie !  Le peuple a pris le pouvoir entre ses mains !

Mais en 2022, aucune armée Rouge ne viendra cette fois à temps pour sauver les Arméniens du Karabagh. Plus personne ne peut maintenant grand chose face au tragique destin qui attend les populations arméniennes du Karabagh. Voilà la sombre réalité factuelle. Néanmoins, les révolutionnaires ne laisseront pas impunis tous ces fauteurs de guerre et tous les assassins de la parole qui découpent par leurs discours chauvins les masses en miettes afin de mieux les vendre aux puissances impérialistes, toujours prêts à mettre un drapeau dans les mains du premier abruti chauvin qui lève la main, ou de les perdre dans le funeste gouffre abominable de la guerre.

La tragédie arménienne sera vengée par la Révolution et la Fraternité internationale le jour venu. Nos articles seront nos premières archives quand le glaive du Droit démocratique se lèvera sur la nuque de tous les nationalistes criminels, c’est une des raisons pour lesquels nous les documentons minutieusement.

La Crise dans laquelle bascule le monde de l’époque du capitaliste décadent emporte aujourd’hui sous nos yeux les Arméniens du Karabagh, comme elle emporte la nation ukrainienne, et comme demain elle pourra emporter la nation kurde de Syrie ou d’Irak. 

Cela doit être un signal à tous ceux qui entendent se dresser contre le fatal destin mortel du capitalisme et défendre la Culture, la Civilisation, l’Humanité pacifique en harmonie avec sa biosphère : il faut rompre, s’organiser, développer l’alternative à tous les niveaux de sa vie. Et se préparer à la grande lutte héroïque qui vient, dont nous seront les comptables devant l’Histoire et dont nous sommes responsables devant le futur.

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Guerre

La Conférence bilatérale pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine

Elle s’est tenue à Paris le 13 décembre 2022.

L’Ukraine est devenue un satellite de la superpuissance américaine ; en pratique c’est une colonie. Les nationalistes ukrainiens, qui vantaient la nation ukrainienne, n’ont été dans la pratique que le vecteur de la perte de l’indépendance nationale. La Conférence bilatérale pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine à Paris le 13 décembre 2022 entérine ce fait.

Mais de la même manière, les faits se sont précipités et la France est également un satellite américain. La Conférence bilatérale le montre, puisque la France se voit laisser des miettes en Ukraine… à condition de soutenir entièrement l’effort de guerre au service de la superpuissance américaine.

Cette Conférence a en effet comme organisateur Bruno Le Maire, le ministre français de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Ont été présents pas moins de 700 représentants d’entreprises françaises.

L’objectif : faire pénétrer le capital français dans les domaines de la santé, des infrastructures, des systèmes énergétiques, du secteur agricole et agroalimentaire, des technologies et du numérique.

Le principe : l’Ukraine est en ruine, c’est une cible facile qui n’aura pas le choix que de céder entièrement au capital des pays se plaçant sous le parapluie américain.

Mais pour cela il faut raquer. La France doit s’impliquer entièrement dans le soutien au régime ukrainien. Le ticket d’entrée a donc consisté déjà en 200 millions d’euros de « liquidités d’urgence » à l’opérateur national énergétique ukrainien Naftogaz et la société nationale des chemins de fer ukrainiens…

En un prêt de 300 millions d’euros à UkrEnergo qui gère les réseaux électriques ukrainiens… En un prêt de 37,6 millions d’euros pour la fourniture de 20 000 tonnes de rail produits en France par la société Saarstahl pour la réparation de plus de 150km de voies ferrées…

En la fourniture par la France de 25 ponts en kit et de 20 millions d’euros de semences par trois sociétés françaises exportatrices (MAS Seeds, Lideas Seeds, RAGT)…

La Commission européenne va également financer l’achat de 30 millions d’ampoules LED, alors que l’ensemble des pays occidentaux présents à la conférence ont promis de fournir au régime ukrainien 415 millions d’euros qui seront alloués au secteur de l’énergie, 25 millions pour l’eau, 38 millions pour l’alimentation, 17 millions pour la santé, 22 millions pour les transports, avec 493 millions d’euros encore à dispatcher.

Et le régime ukrainien en a profité, bien entendu, pour demander encore plus d’armes, notamment des tanks, en sachant que désormais il n’existe que comme chair à canon. C’est parce qu’il est la principale marionnette de tout cela que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été choisi comme personnalité de l’année par le magazine américain Time.

Mais l’Ukraine ne peut déjà plus s’en sortir. C’est une nation meurtrie, assassinée en premier lieu par son régime en faisant un jouet de la superpuissance américaine. Les destructions sont immenses ; la femme du président ukrainien, Olena Zelenska, a ainsi affirmé à l’occasion de la conférence la chose suivante :

« Mais comment ressentir tout ce que cette guerre fait à notre pays et notre population ? Comment ressentir ce que signifient plus de 4000 missiles qui ont touché les villes ukrainiennes ? Qu’est-ce que 50 000 missiles lancés en une seule journée contre notre pays ? Que sont 2719 établissements éducatifs touchés ou détruits ? Comment ressentir plus de 1 100 établissements médicaux détruits ou touchés ? Pouvez-vous imaginer la moitié de la France privée d’électricité ? »

Dans un pays à la stabilité déjà extrêmement faible avant la guerre, un tel panorama est catastrophique. Un retour en arrière est impossible.

Et le grand paradoxe historique de tout cela, pour mettre une perspective historique populaire en avant, c’est que si l’armée ukrainienne avait immédiatement perdu la guerre, l’armée russe aurait été mise en déroute par le peuple ukrainien.

Le régime ukrainien mis de côté, rien ne freinait plus la mobilisation populaire ukrainienne, et la victoire militaire russe dans le pays aurait précipité une remise en cause patriotique ukrainienne, que les masses russes auraient elles-mêmes soutenues tellement elles sont proches de l’Ukraine!

Mais tel n’a pas été le scénario et désormais du point de vue russe, l’Ukraine a commis la grande trahison d’avoir choisi l’Occident, la superpuissance américaine. La mise hors de service du réseau électrique à Odessa il y a quelques jours montre qu’il n’y aura pas de pardon et que toute la « Nouvelle Russie » serait conquise par la Russie coûte que coûte.

Pour l’instant, on va en plein dans la direction d’un découpage de l’Ukraine en trois zones, comme le voit l’article du 26 juin 2022 sur le découpage futur de l’Ukraine.

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Guerre

Ukraine en mode pro OTAN: l’appel CGT – FSU – LFI – NPA – EELV

On est dans une convergence très claire.

Lors de la Conférence bilatérale pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine à Paris le 13 décembre 2022, le président Emmanuel Macron a parlé du « plan de paix en dix points » du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qu’il a présenté comme « une excellente base sur laquelle nous allons bâtir ensemble ».

Ces dix points sont principalement : « La Russie doit retirer toutes ses troupes et formations armées du territoire de l’Ukraine », « La Russie doit réaffirmer l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans le cadre des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale des Nations unies et des documents internationaux contraignants applicables », « l’établissement du Tribunal spécial concernant le crime d’agression de la Russie contre l’Ukraine et la création d’un mécanisme international pour compenser tous les dommages causés par cette guerre ».

Il y aussi : « Des restrictions de prix sur les ressources énergétiques russes devraient être introduites », « des milliers de nos concitoyens — militaires et civils — sont en captivité chez les Russes [et doivent être libérés] », « La Russie doit immédiatement retirer tous ses combattants du territoire de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia ».

Ainsi que : « l’Ukraine peut exporter 45 millions de tonnes de nourriture cette année »,  » 200 000 hectares de nos terres sont contaminés par des mines et des obus non explosés [et il faut s’en occuper] », « la Russie a pu déclencher cette guerre précisément parce que l’Ukraine est restée dans la zone grise — entre le monde euro-atlantique et l’impérialisme russe [et l’Ukraine doit être dans le camp occidental] », « un document confirmant la fin de la guerre devra être signé par les partie ».

Ce qu’on lit là, et qu’Emmanuel Macron salue, est repris mot à mot par tout une partie de la « Gauche » française ! C’est tout à fait révélateur de la nature sociale-chauvine de ces gens ne font que défendre leur propre capitalisme, leur propre impérialisme, en mendiant simplement une dimension « sociale ».

Une paix juste et durable pour l’Ukraine

Une crise humanitaire sans précédent menace la population d’Ukraine cet hiver. La situation de conflit qui prévalait dans l’est de l’Ukraine depuis 2014 est devenue une guerre totale, « de haute intensité » depuis l’invasion du territoire ukrainien par les troupes de Poutine, le 24 février 2022.

Cette « opération spéciale » avait comme but explicite de renverser le gouvernement ukrainien et de détruire la République d’Ukraine comme entité indépendante. L’échec de ce premier objectif a conduit le gouvernement de la Fédération de Russie à en modifier les objectifs et à prolonger une brutale guerre de conquête avec la proclamation de l’annexion d’une grande partie du territoire ukrainien.

Les victimes se comptent en dizaines de milliers, les personnes déplacées en millions, les dommages en dizaines de milliards d’euros. Les forces d’invasion commettent des crimes de guerre, et, par leur caractère systématique, des crimes contre l’humanité – comme la destruction des infrastructures vitales, les déplacements forcés et la déportation de populations – y compris des enfants. Sans oublier les viols massifs.

En Russie, des gens sont enrôlés de gré ou de force pour faire une guerre, à laquelle, de diverses manières, ils sont des centaines de milliers à vouloir à raison se soustraire ou à courageusement s’opposer frontalement.

Toute guerre se termine un jour, toute négociation qui permettrait d’y mettre un terme sera bienvenue. Mais une paix juste et durable ne s’établira pas sans conditions, elle ne peut être envisagée que sur la base du respect de certains principes élémentaires :

• Le retrait de toutes les troupes d’invasion de tout le territoire de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues ;

• Le retour, dans des conditions de sûreté garantie, de tous·tes les réfugié·es et des personnes déplacées ;

• Le respect du droit international, tant en ce qui concerne le droit de la guerre (libération des prisonnier·ères de guerre) que le droit humanitaire et les principes de la charte des Nations unies et des autres documents internationaux (dont la Convention européenne des droits humains et les principes fondateurs de l’Organisation de la sécurité et de la coopération en Europe).

D’autres questions, telles que celles des réparations des dommages de guerre, des poursuites pénales éventuelles devant les juridictions nationales et internationales compétentes, ainsi que les garanties de sûreté, de liberté d’expression des populations et d’exercice de leurs droits individuels et collectifs, pourront être précisées une fois les principes ci-dessus affirmés et aussi vite que possible mis en pratique.

L’appui à ces objectifs des opinions dans le monde entier sera un élément essentiel pour une paix juste et durable pour les peuples d’Ukraine et de Russie.

Liste des premiers signataires :

Simon DUTEIL, co-porte-parole de l’Union syndicale Solidaires
Murielle GUILBERT, co-porte-parole de l’Union syndicale Solidaires
Philippe MARTINEZ, secrétaire général de la CGT
Benoît TESTE, secrétaire général de la FSU

François ALFONSI, eurodéputé Verts/ALE
Rodrigo ARENAS, député LFI de Paris
Clémentine AUTAIN, députée LFI de Seine-Saint-Denis
Esther BENBASSA, sénatrice écologiste de Paris
Laurence BOFFET, vice-présidente Ensemble Lyon Métropole
Leïla CHAIBI, eurodéputée LFI
Paul-André COLOMBANI, député LIOT de Haute-Corse
Hendrik DAVI, député LFI des Bouches-du-Rhône
Alma DUFOUR, députée LFI de Seine-Maritime
Benjamin JOYEUX, conseiller régional EELV Auvergne-Rhône-Alpes
Hubert JULIEN-LAFFÉRIÈRE, député EELV du Rhône
Andy KERBRAT, député LFI de Loire-Atlantique
Marianne MAXIMI, députée LFI du Puy-de-Dôme
Paul MOLAC, député LIOT du Morbihan
Sandrine ROUSSEAU, député EELV de Paris
Michel SALA, député LFI du Gard

Branislava KATIC, secrétaire générale de l’Union des artistes ukrainiens
Jean-Pierre PASTERNAK, Union des Ukrainiens de France

Olivier BESANCENOT, ancien candidat à l’élection présidentielle
Eva JOLY, ancienne candidate à l’élection présidentielle
Noël MAMÈRE, ancien candidat à l’élection présidentielle
Philippe POUTOU, ancien candidat à l’élection présidentielle

Vincent DREZET, porte-parole d’Attac France
Merlin GAUTHIER, co-animateur de PEPS
Myriam MARTIN, porte-parole de la Gauche écosocialiste
Margot MEDKOUR, porte-parole de Nantes en Commun
Jean-François PELLISSIER, porte-parole d’Ensemble !
Christine POUPIN, porte-parole du NPA

Étienne BALIBAR, philosophe
Sergio CORONADO, ancien député EELV
Gilles LEMAIRE, ancien secrétaire EELV
Twefik ALLAL, militant associatif algérien
Albert HERSZKOWICZ, médecin, Mémorial 98
Jacques SIMON, fondateur de Kinoglaz (cinéma soviétique et russe)
Philippe CORCUFF, politologue
Philippe MARLIÈRE, politologue
Catherine SAMARY, économiste

Fred ALFI, musicien
Daman, musicien
Dubamix, musicien
Footprint System, musiciens
Jacques KIRSNER, scénariste, producteur
Dominique LABOURIER, comédienne

Jean MALIFAUD, mathématicien
Marnix DRESSEN-VAGNE, sociologue
Alexis CUKIER, philosophe
Didier EPSZTAJN, auteur
Pierre COURS-SALIES, sociologue
Pierre KHALFA, économiste
François GÈZE, éditeur
Pierre SALAMA, économiste
Ben CRAMER, rédacteur
Francis SITEL, éditeur
Jean-Paul BRUCKERT, historien
Gustave MASSIAH, économiste
Jean DHOMBRES, historien des sciences
Stefan BEKIER, interprète de conférence
Bernard DREANO, militant de la solidarité internationale
Bernard RANDE, mathématicien
Gilles GODEFROY, directeur de recherche émérite
Violaine AUBERT, CPGE lycée Henri-IV
Nara CLADERA, professeure des écoles, SUD Éducation
Fabienne MESSICA, sociologue
Georges MENAHEM, sociologue, économiste
Gilles MANCERON, historien
Vincent PRESUMEY, professeur
Claire BORNAIS, syndicaliste enseignante , FSU
Idriss MAZARI, mathématicien
Anne MARCHAND, sociologue
Benjamin SCHRAEN, mathématicien
Michelle GUERCI, journaliste, militante féministe antiraciste
Patrick SILBERSTEIN, médecin, éditeur
Bruno SLAMA, chef d’entreprise
Julien TROCCAZ, SUD-Rail
Christian GOURDET, ouvrier du Livre retraité
Christian MAHIEUX, cheminot retraité, éditeur
Pierre ROUSSET, Europe solidaire sans frontières
Monique DENTAL, réseau féministe Ruptures
Abraham BEHAR, président de l’Association des médecins français pour la prévention de la guerre nucléaire
Daniel GUERRIER, éditeur
Jan MALEWSKI, éditeur
Bernard PINAUD, ancien délégué CCFD-Terre solidaire
Patrick FARBIAZ, militant écologiste
Pierre BERNARD, mathématicien
Huayra LLANQUE, militante associative ATTAC
Patrick LE TREHONDAT, auteur, éditeur
Mariana SANCHEZ, journaliste, éditrice
Robi MORDER, juriste, chercheur associé
Antoine RABADAN, militant anticapitaliste et internationaliste
Christian VARIN, militant anticapitaliste et internationaliste
Henri MERME, militant autogestionnaire et internationaliste
Roland MÉRIEUX, militant autogestionnaire et internationaliste
Jean-François FONTANA, enseignant retraité, syndicaliste
Michel LANSON, militant internationaliste
Olivier AUBERT, consultant en prospective,
Béatrice WHITAKER, militante internationaliste
Jean-Paul ALLOUCHE, directeur de recherche émérite
Michel BROUE, mathématicien
Faouzia CHARFI, physicienne, ancienne secrétaire d’État (Tunisie, 2011)
Kevin VACHER , Nos Vies Nos Voies , Mouvement citoyen marseillais

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Guerre

Le régime ukrainien veut qu’on interdise Tchaïkovski

Comme d’ailleurs toute la musique russe.

Le régime ukrainien est aux mains de fanatiques pour qui l’Ukraine n’aurait jamais rien eu à voir avec la Russie. Ce qui ne tient pas du tout debout.

D’un part, parce que l’Ukraine paysanne orthodoxe était martyrisée par la Pologne catholique et les Tatars musulmans, avant de se tourner vers la Russie. Ensuite, parce que c’est l’URSS qui a permis la génération d’une presse et de livres en langue ukrainienne, d’une éducation ukrainienne, d’une culture nationale ukrainienne reconnue comme principale.

C’est tellement vrai que les bâtiments principaux de l’Etat ukrainien relèvent de l’architecture « stalinienne » d’esprit national ukrainien le plus classique. Tant le bâtiment présidentiel que le parlement et le siège du ministère des Affaires étrangères (anciennement du Parti Communiste d’Ukraine) datent de l’époque de Staline et relèvent du style national local, une démarche obligatoire dans le réalisme socialiste.

En raison de ce rapport historique à la Russie (et à l’URSS), le nationalisme ukrainien a une obsession, celle de détruire la Russie, celle de prétendre que la Russie n’a jamais existé, que l’Ukraine a été colonisée et n’a jamais eu rien à voir avec elle. Le régime ukrainien dénonce ainsi régulièrement que de la musique classique russe soit jouée dans les pays occidentaux.

C’est vrai depuis le début de la guerre, et même avant, puisqu’en Ukraine tout ce qui est russe est interdit à la base, au point que Ihor (ou Igor) Terekhov, le maire de Kharkiv, une ville russophone, a eu une amende fin novembre 2022 pour avoir parlé russe dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Mais le régime ukrainien étant dans sa phase de pré-effondrement, il est d’autant plus agressif. La Scala de Milan avait décidé il y a trois ans de commencer sa saison 2022 le 7 décembre avec l’opéra Boris Godounov du compositeur russe Modeste Moussorgski. C’est un grand classique.

Le consul ukrainien de Milan Andrii Kartysh a exigé que ce soit annulé, ce que le surintendant Dominique Meyer a heureusement refusé. Ce Français, qui a auparavant géré l’opéra de Vienne et est donc une des plus grandes sommités de la culture mondiale, a affirmé avec justesse que :

« Je suis contre attaquer la culture russe parce qu’elle est russe, et les artistes russes parce qu’ils sont russes. »

C’est démocratique, et très courageux. L’opéra de Londres a par exemple supprimé le ballet de Bolchoï de sa programmation, la Philarmonie de Paris a supprimé l’orchestre du théâtre Marinski de Saint-Pétersbourg, l’opéra de Cardiff (au Pays de Galles) a déprogrammé le compositeur russe Tchaïkovski.

Et justement, le ministre ukrainien de la culture Oleksandr Tkachenko a fait une tribune le 7 décembre 2022, bien entendu dans la presse britannique si fanatiquement anti-Russie, exigeant de bannir Tchaïkovski le temps de la guerre, et pas seulement Tchaïkovski : toute la culture russe. De toutes façons, on pourrait la remplacer par la culture ukrainienne et bien mieux.

Voici un exemple de ce fanatisme hypocrite en ce qui concerne la durée de cet effacement, comme on le devine très bien :

« Le boycott de la culture russe est une étape importante.

Nous ne parlons pas d’annuler Tchaïkovski, mais plutôt de suspendre les représentations de ses œuvres jusqu’à ce que la Russie cesse son invasion sanglante.

Les lieux culturels ukrainiens l’ont déjà fait avec lui et d’autres compositeurs russes.

Nous appelons nos alliés à faire de même. Déjà, de nombreux théâtres et lieux culturels qui refusaient auparavant de jouer de la musique russe ou de coopérer avec des artistes russes qui soutiennent la guerre ont depuis renouvelé leurs liens.

Et la culture ukrainienne a tant à offrir. Nos compositeurs ont produit des chefs-d’œuvre, et nos écrivains ne devraient pas être moins estimés que leurs homologues russes. La littérature ukrainienne a des racines profondes et continue de se développer activement. Nos beaux-arts et nos arts décoratifs partagent leurs origines avec la riche histoire culturelle de l’Europe. »

Toute culture nationale mérite démocratiquement le respect, mais oser dire que la culture ukrainienne a le degré de développement, l’ampleur de la culture russe… c’est de la folie pure. La Russie fait partie d’un cercle très restreint de nations ayant développé à très haut niveau tant les différents arts que les différents secteurs de la science.

On a ici affaire au fanatisme ukrainien, qui précipite l’Ukraine dans l’abîme. 15 millions d’Ukrainiens ont quitté le pays, il en reste 29 millions vivant une situation terrible avec les infrastructures énergétiques détruites… Il n’y a pas de chiffres officiels des soldats tués, mais la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré mercredi 30 novembre que 100 000 militaires ukrainiens avaient été tués, avant que ce passage mis en ligne soit très rapidement censuré de son discours appelant à créer un « tribunal spécial pour juger les crimes » de la Russie.

La nation ukrainienne est en train d’agoniser, assassinée par un régime nationaliste la manipulant pour en faire une machine de guerre anti-Russie, et ainsi une marionnette de la superpuissance américaine. Les impérialistes russes se frottent les mains d’une telle folie qui ne peut que les aider dans leurs desseins.

Seule une Ukraine démocratique et populaire aurait pu faire face, en parvenant à mobiliser tout le monde dans le pays et en obtenant l’appui des masses démocratiques mondiales !

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Guerre

Vladimir Poutine en mercedes sur le pont de Crimée parce que voilà

C’est le style russe.

Le 8 octobre 2022, jour de l’anniversaire du président russe Vladimir Poutine par ailleurs, l’Ukraine frappait le pont de Crimée. L’article relatant cela ici soulignait d’ailleurs que cela impliquait désormais la guerre totale du côté russe et ça a bien été le cas. Encore hier 70 missiles ont été lancés contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes.

Le 5 décembre 2022, Vladimir Poutine est allé voir à quoi ressemblent les travaux. Et son style a été celui typiquement débonnaire russe. En mode : ben voilà, il faut bien aller voir. Dans la vidéo mise en ligne par le Kremlin, on le voit conduire une mercedes, s’arrêter, discuter habillé normalement au milieu de gens habillés normalement, la capuche même sur la tête.

Pour un Français, c’est inconcevable, car il y a une exigence de cadre, tout comme un Allemand eut insisté sur l’aspect technique de la reconstruction du point, un Anglais sur la dimension flegmatique face à la situation, etc.

Mais les Russes sont des Russes et donc il n’y a rien eu de tout ça. Vous allez voir un dimanche un cousin pour savoir comment il va, Vladimir Poutine va voir sur le pont de Crimée comment ça se passe.

Naturellement, c’es aussi une anti-narration à l’américaine.

Sur la photo suivante, le type avec le bonnet qui montre du doigt, c’est Marat Khousnoulline, le vice-président du gouvernement russe!

A côté on a encore Nikita Khrapov, un ingénieur en chef des ponts et chaussées, et Yevgeny Chibyshev, le responsable de la Nizhneangarsktransstroy qui s’occupe des travaux.

Cet aperçu sur le stye russe permet de comprendre deux choses également.

Il faut déjà savoir que le 29 novembre 2022, Tamila Tasheva, la représente ukrainienne pour la Crimée, a redit que tous les Russes qui n’étaient pas passés par la douane ukrainienne seraient expulsés de la Crimée reconquise.

C’est là un exemple de la folie furieuse du régime ukrainien. Déjà, parce que la Crimée n’est historiquement pas ukrainienne, ensuite parce que cela met de l’huile sur le feu en Russie, pour qui la Crimée est une terre historique pour laquelle il faut être prêt à tout sacrifier. Il y a unanimité russe à ce sujet.

La visite de Vladimir Poutine reflète le fait qu’aucun compromis historique n’est possible entre la Russie et le régime ukrainien.

Ensuite, cela permet de comprendre pourquoi le régime russe s’est lancé dans la guerre. Il a senti que la crise allait arriver dans le monde et que tout allait mal tourner. Or, la Russie était mal parée pour tenir.

Aidé de la mentalité russe du « bon ben voilà », le régime russe a donc précipité les choses. En se doutant que les gens feraient comme il faut faire si on leur demande, parce que voilà.

On notera que les Ukrainiens subissant la guerre ont la même attitude, qui est un trait slave plus qu’autre chose, même si bien entendu avec des nuances, les Serbes n’étant pas des Ukrainiens qui ne sont eux-mêmes pas des Russes ni des Tchèques ou des Polonais, etc.

Cela étant, le régime russe accepte le style slave, alors que le régime ukrainien a adopté la narration américaine. Et là, c’est aussi une cause de dégoût profond vis-à-vis de l’Ukraine du côté de beaucoup de Slaves, parce que si une guerre entre peuples frères peut être « fatale », le fait de nier les liens historiques et de se prétendre occidental relève de la trahison.

Le style débonnaire de Vladimir Poutine sur le pont de Crimée révèle bien des facettes de la question de la guerre en Ukraine !

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Le Rojava menacé par l’invasion turque

Les Kurdes se retrouvent de nouveau seuls.

La guerre civile en Syrie commencée en 2011 a été le prétexte de la formation d’une zone sous contrôle kurde, le Rojava. Les anarchistes français en ont beaucoup parlé, certains allant même là-bas, en raison d’un romantisme idéaliste. Le Rojava serait un modèle de fédéralisme, de décentralisation, etc.

En réalité, à la suite de l’arrestation d’Abdullah Öcallan en 1999, le PKK (Partiya Karkerên Kurdistanê – Parti des Travailleurs du Kurdistan) a mis en avant un « confédéralisme démocratique », qui lui permettait d’ajuster de manière très pragmatique ses positions.

Ainsi, la mise en place du Rojava dans le cadre de la guerre civile en Syrie a profité d’un soutien américain et français, dans le cadre de la lutte contre l’Etat islamique, ainsi que d’une certaine neutralité de l’Etat syrien. Le tout sans avoir une idéologie faisant peur aux Etats occidentaux et permettant des campagnes de soutien en Europe occidentale.

Le souci est que désormais la Turquie est à l’offensive et que le Rojava est lourdement menacé. Voici la carte actuelle pour comprendre ce qu’il en est.

La partie en rose, la plus grande, montre ce que contrôle l’Etat syrien, avec l’appui russe. En blanc, il s’agit des « rebelles », à savoir les islamistes issus d’Al Qaïda. En vert tout en bas, c’est une zone sous contrôle américain avec des « rebelles » pro-américains servant de justification.

En vert pomme tout en haut, ce sont les zones du pseudo gouvernement intérimaire syrien, avec l’armée turque. En jaune, c’est le Rojava, et en orange, une zone contrôlée par les forces du Rojava ainsi que l’Etat syrien.

Comme le Rojava est dirigé par le Partiya Yekîtiya Demokrat (Parti de l’union démocratique), la version syrienne du PKK, la Turquie compte faire d’une pierre deux coups : liquider les forces kurdes et pratiquer une expansion.

Cela est également nécessaire afin d’avoir le champ libre pour la Grèce et de ne pas avoir à se préoccuper de cette question à moyen terme. Aussi, la Turquie a accusé les Kurdes de Syrie d’être responsables de l’attentat dans une rue piétonne d’Istanbul le 13 novembre 2022.

Pour cette raison, elle bombarde depuis le 20 novembre jusqu’à aujourd’hui la zone frontalière, en visant les forces kurdes. Cela a fait une soixantaine de morts déjà. Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a également annoncé une opération sur le terrain. Sont clairement visées les villes de Tel Rifat et Manbidj, pour une pénétration terrestre sur 30 km, devant on le devine par la suite aboutir à une annexion.

La superpuissance américaine et la France sont vent debout contre cette décision. Les États-Unis ont envoyé un émissaire, alors que le ministre américain de la Défense Lloyd Austin affirmé sa « forte opposition » à une telle initiative.

Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu a de son côté directement appelé son homologue turc Hulusi Akar le 29 novembre 2022. Voici le compte-rendu officiel :

« Paris, le 30 novembre 2022
Entretien de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, avec Hulusi Akar ministre de la Défense de la Turquie le 29 novembre 2022

Sébastien Lecornu, ministre des Armées, s’est entretenu par téléphone avec son homologue turc, Hulusi Akar. Au cours de cette conversation, les ministres ont échangé leurs appréciations de la situation sécuritaire en Syrie et en Irak. Sébatien Lecornu a exprimé sa vive préoccupation à propos des frappes menées par la Turquie en Syrie et en Irak. Elles conduisent à une escalade des tensions qui menace la stabilité de la région et les progrès réalisés depuis plusieurs années par la Coalition internationale dans la lutte contre Daech.

Il a prévenu qu’une intervention, en particulier à l’Est de l’Euphrate, risquait de mettre en danger la sécurité des personnels de la Coalition opérant dans le Nord-Est syrien et de favoriser l’évasion de combattants de l’état islamique compromettant ainsi la sécurité de nos concitoyens en France. Il a enfin rappelé l’attachement de la France à la mission de lutte contre le terrorisme. »

Dans les faits, les forces kurdes ont dit avoir cessé leurs opérations contre l’État islamique, et les troupes américaines ont cessé leurs patrouilles dans la région.

Surtout, la Russie reste bien silencieuse… Car, on l’aura compris, elle a fait un deal avec la Turquie. Il y a ici un échange de bons procédés, avec la guerre en Ukraine à l’arrière-plan. La Russie pousse d’ailleurs la Syrie à renouer avec la Turquie, alors que ce pays a été un des principaux soutiens et organisateurs des rebelles islamistes.

Preuve de cela, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a affirmé qu’il était prêt à rencontrer le président syrien Bachar al-Assad. Une telle chose était encore inconcevable il y a quelques mois, voire quelques semaines.

C’est qu’on est en pleine bataille de repartage du monde. Et ici les Kurdes se retrouvent de nouveau trahis, comme il y a cent ans, lorsque le Traité de Lausanne de 1923 remplaçait le Traité de Sèvre de 1920. La Turquie de Mustafa Kemal obtenait alors des grandes puissances l’assurance que les Kurdes ne soient plus reconnus.

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Guerre

Le complexe militaro-industriel français dans la course aux armements avec la Turquie en ligne de mire

La course aux armements s’accélère dans la zone euro-méditerranéenne.

Alors que la Turquie multiplie les coups de menton sur ses frontières, face à l’Arménie, face à la Syrie, à l’Irak et face à la Grèce et Chypre, la France a annoncé ce mois-ci le début de la livraison des premières frégates dites de défense et d’intervention (FDI) à la marine française, qui doit en être équipée de manière opérationnelle pour 2024, avant la marine grecque, qui sera livrée en 2025.

La Grèce a annoncé l’achat de quatre FDI (trois plus une en option), et le ministre grec des armées, Nikolaos Panagiotopoulos, était d’ailleurs présent à Lorient, en Bretagne, dans le département du Morbihan, qui abrite la principale base des sous-marins de la Marine de guerre française, et où se trouve aussi le site de production d’un des principaux monopoles du complexe militaro-industriel français, Naval Group, chargé de l’assemblage de ces frégates.

On parle là d’un véhicule considéré comme étant à la pointe de la technologie actuelle, avec une capacité de longue autonomie technique et numérique, bénéficiant d’une installation de haut niveau en mesure de contrer théoriquement toute attaque de type informatique, tout en embarquant un équipement complet et quasiment autonome de traitement de données complexes.

Le bateau en lui-même est conçu pour être à la fois rapide, discret et en mesure d’embarquer un lourd armement de frappe : drone, hélicoptère d’assaut, dont le modèle à venir Guépard Marine, en commande chez Airbus et surtout tout un arsenal (antiaérien, antinavire, antisous-marin et mer-sol) de missiles de frappe produit par MBMA , sans compter la capacité à projeter des groupes armés des forces spéciales.

Les FDI sont donc des armes polyvalentes, conçues autant pour appuyer le renseignement, l’attaque et la défense, avec un système de radar conçu par Thalès en mesure de constituer un bouclier anti-missile.

Le discours prononcé à l’occasion de ce lancement par le PDG de Naval Group, Pierre Éric Pommellet, lui-même polytechnicien passé par le MIT américain, s’est donc voulu extrêmement clair sur l’engagement central du complexe militaro-industriel au service de l’État français, en parlant frontalement d’économie de guerre :

« Nous sommes fiers d’être présents ici à Lorient aujourd’hui pour célébrer ce jalon important pour l’Amiral Ronarc’h, première de la série FDI, la nouvelle génération de frégates de premier rang de la Marine nationale. La mise à l’eau d’un navire de guerre est aussi l’occasion de rappeler que l’outil industriel français est au service de nos forces armées, engagé dans l’économie de guerre.

Dès 2025, le site Naval Group de Lorient réalisera ainsi jusqu’à deux bateaux par an. Aujourd’hui, nous célébrons également l’avenir du programme FDI avec la présence du ministre Nikolaos Panagiotopoulos, l’occasion de rappeler l’importance de la coopération militaire et industrielle en Europe, la FDI associant déjà de nombreux industriels grecs dans la réalisation du programme pour la Grèce ».

Il faut voir ici que Naval Group a annoncé la création de près de 2000 emplois pour satisfaire cette commande, et que donc la pression sur les masses en terme de propagande et de bourrage de crâne pro-militariste ne peut que s’accroître, d’abord de manière sectorielle sur la région, mais cette tendance ne peut que se renforcer de plus en plus de manière générale au plan national.

Le nom choisi pour ce premier navire est d’ailleurs aussi une sorte de symbole, l’Amiral Ronarc’h ayant été un officier très engagé dans le cadre de la Première Guerre mondiale, et s’étant formé face à la Chine dans le cadre de la guerre des Boxers (1899-1901).

Mort en avril 1940, après avoir été chef d’état-major de la Marine, il a aussi l’avantage de ne pas avoir eu à se postionner face à la capitulation décidée par le Maréchal Pétain en juin 1940.Pierre Éric Pommellet n’a bien sûr pas manqué d’appuyer l’alliance militaire qui se constitue de manière toujours plus nette avec la Grèce, avec bien entendu la Turquie en ligne de mire.

Il faut voir que la Grèce dispose ainsi d’une perspective redoutable de consolidation de son arsenal, avec une alliance militaire renforcée, désignée comme la QUAD (EUNOMIA), liant Chypre, la Grèce, l’Italie et la France, explicitement formée pour affirmer l’hégémonie de ces pays en Méditerranée orientale.

L’horizon 2024-2025 est d’autant plus significatif du côté turc, que la République de Turquie célébrera alors son centenaire, et que Recep Tayyip Erdogan annonce depuis des années vouloir faire de cette date une sorte de refondation de la puissance turque.

La course aux armements qui s’élance pour le repartage de la Méditerranée, mettant face à face la Turquie et la France, au-delà de la Grèce, a de très bonnes chances de faire exploser toute cette situation bien avant cela… On est à la limite de l’ouverture du conflit – ce qui implique en réalité que la limite a déjà été dépassée : les conflits dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde se mettent toujours en place avant même de commencer formellement.

Le désastre n’est pas devant nous : il est parmi nous.

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Guerre

Sommet de l’OTSC à Yerevan: la fuite en avant suicidaire de l’Arménie

D’où que l’on regarde, le sort de l’Arménie semble scellé dans la montée à la guerre.

L’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) réunissant autour de la Russie la Biélorussie, le Kazakhstan, le Tadjikistan et le Kirghizistan a tenu jeudi 24 novembre une réunion à Yerevan en Arménie. Pour l’Arménie, il s’agissait d’une occasion de tenter de mettre la pression sur son protecteur russe afin d’obtenir un positionnement clairement agressif dans le cadre de son conflit avec l’Azerbaïdjan.

L’OTSC n’a en effet jusqu’aujourd’hui pris aucune position sur ce conflit, ni sur la question du Karabagh arménien, ni même sur les agressions menées par Bakou sur le territoire arménien en lui-même. Lorsque la Russie est intervenue en novembre 2020 au Karabagh, cela a été de son propre chef, malgré les appels du régime arménien à ses alliés de l’OTSC à intervenir.

Or, le régime arménien dirigé par Nikol Pashinyan s’est montré depuis un satellite tout à fait discipliné dans le cadre de cette alliance puisqu’il n’a pas hésité à envoyer des troupes réprimer entre le 6 et le 11 janvier 2021 de larges manifestations qui secouaient le régime Kazakh, allié de
Moscou, qui craignait la chute de ce régime en faveur d’un gouvernement pro-occidental.

Face donc aux récentes agressions de Bakou sur la frontière arménienne, réclamant l’ouverture à travers le territoire arménien d’un « corridor de circulation » pour relier l’Azerbaïdjan à son enclave du Nakhitchevan, et au-delà à la Turquie, le régime arménien multiplie tout azimut les appels pour tenter d’impliquer au maximum les grandes puissances dans ce conflit.

Ainsi, il est organisé à Paris une rencontre entre parlementaires français et le président de la République auto-proclamé de « l’Artsakh », c’est-à-dire du Karabagh arménien en Azerbaïdjan, Araïk Haroutiounian, prévue pour le 7 décembre. Dans le même ordre d’idée, le régime a laissé s’exprimer une manifestation pro-occidentale dénonçant la passivité de l’OTSC et revendiquant une alliance avec l’Union européenne et les États-Unis d’Amérique à Yerevan durant la visite de Vladimir Poutine en Arménie à l’occasion du sommet de l’OTSC. Des drapeaux ukrainiens ont même été brandis durant la manifestation, avec des slogans dénonçant l’occupation russe.

Le président Nikol Pashinyan lui-même a exprimé ouvertement ses reproches à l’organisation en tentant d’obtenir une position ferme sur une éventuelle intervention en cas d’attaque de l’Azerbaïdjan. Cela correspond à une opinion largement exprimée dans les couches dirigeantes de l’État arménien et même son élite universitaire, comme quoi l’Arménie serait une sorte d’île n’ayant rien à faire en Orient et devant tout faire pour se connecter à l’Europe occidentale et aux États-Unis, selon la même logique qu’a développé le régime israélien ou celle que voudraient suivre certains mouvements nationalistes kurdes en Syrie par exemple.

Mais de toute manière, il est inutile de chercher de la cohérence à la politique du régime arménien, il est en fait littéralement aux abois, ayant cherché à négocier un rapprochement avec la Turquie, en arrêtant et en extradant sans conditions par exemple en septembre deux combattants kurdes des HPG/YPG ayant cherché à se réfugier en Arménie, tout en multipliant les signes de soumission à l’influence de la France, par le relais de sa diaspora et par celui de l’Organisation de la Francophonie, et en poussant dans le même temps la Russie à s’engager plus directement à ses côtés.

Le fait est que le sol se dérobe sous les pieds de l’Arménie et que son régime cherche désespérement de l’air pour échapper à l’étranglement turco-azerbaïdjanais qui cherche à le mettre à genou, et éventuellement à l’écraser militairement.

Le prix de toutes ses années de corruption nationaliste, engagée depuis la Perestroïka dans les années 1980, est cher pour l’Arménie d’aujourd’hui. Il est dramatique de constater à quel point les Arméniens ont été ni plus ni moins écrasés par l’Azerbaïdjan, et à quel point ils ont tout fait pour participer à ce massacre général et attiser les haines.

La situation, totalement tragique pour l’Arménie et les Arméniens est désormais la suivante :

  • La Russie et l’OTSC, dont l’unité s’effrite face à la guerre en Ukraine, n’interviendront pas dans un conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Moscou ayant signifié que sa position était que la question des frontières devait être clarifiée sur la base de l’intégrité territoriale, ce qui implique que le Karabagh arménien est totalement suspendu à la Russie, et que l’Arménie devait accepter un corridor de circulation Est-Ouest sur son territoire.
  • La priorité pour Moscou est de maintenir coûte que coûte une influence sur Bakou, avec qui un corridor Nord Sud a été décidé.
  • L’Arménie ne peut se retirer de l’OTSC malgré tout, le président biélorusse ayant clairement signifié la centralité de la guerre en Ukraine, et que toute défaite russe sur ce front impliquait un effondrement des régimes liés à Moscou, comme le sont celui de Minsk et de Yerevan de fait, et la fin de l’OTSC de toute manière.
  • L’Azerbaïdjan triomphe diplomatiquement, ayant annoncé avoir plus d’influence dans l’OTSC que l’Arménie sans même en faire partie et en poursuivant d’ailleurs pendant le sommet de l’OTSC ses provocations frontalières sur l’Arménie.
  • Malgré toute l’agitation du régime arménien, aucune puissance occidentale ne parle du Karabagh arménien, sinon pour accuser la Russie d’y maintenir des troupes, et s’il est envisagé par la France de s’opposer à une expansion turque sur le territoire arménien en lui-même, le Karabagh arménien aux mains des russes est lui totalement abandonné à son sort devant l’Azerbaïdjan.
  • L’Iran en pleine agitation sociale et politique, est potentiellement hors de capacité d’intervenir massivement contre une attaque de l’Azerbaïdjan contre l’Arménie, malgré des annonces faites en ce sens.
  • Le Sud Caucase est potentiellement à la portée d’une attaque panturque coordonnée par Bakou et Ankara, établissant un corridor de circulation en l’imposant à l’Arménie par une victoire militaire.

Alors que la Turquie, puissance du capitalisme bureaucratique expansionniste, se trouve aux portes d’un choix historique : ou bien l’expansion et donc la guerre, ou bien le reflux, que le régime turc est chauffé à blanc sous le poid de ses propres préjugés nationalistes, et que son allié azerbaïdjanais à le fusil à la botte, prêt à se ruer sur le Karabagh arménien et l’Arménie, le régime arménien a choisi le suicide de la fuite en avant, n’ayant de fait plus d’espace dans la Crise qui monte et le repartage du monde allant à la guerre mondiale qui se précise chaque jour un peu plus.

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Guerre

Les eurodéputés français de « gauche » aux ordres de l’OTAN votent contre la Russie « terroriste »

A chaque vote au Parlement européen, ils s’alignent sur l’OTAN !

Les eurodéputés de « gauche » sont de bons petits soldats aux ordres de l’OTAN. Qu’ils soient socialistes, de LFI, ou encore d’EELV, ils sont tous sur la même ligne : il faut converger avec le capitalisme occidental, voter selon les exigences de l’OTAN et éventuellement en paroles se positionner comme le moins pire dans le genre.

On avait déjà vu cela cet été avec la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Et ce n’est pas mieux à l’Assemblée nationale où début octobre le régime ukrainien a été unanimement salué.

Là, on a ça de nouveau avec le vote le 23 novembre 2022 d’une résolution au Parlement européen affirmant que la Russie est un « État promoteur du terrorisme », qu’elle a recours aux « moyens du terrorisme », qu’elle doit être isolée de manière encore plus grande, que ses institutions faisant de la « propagande » doivent être fermées, qu’un neuvième paquet de sanctions doit être mis en place.

494 eurodéputés ont voté en faveur de la résolution, 59 contre, 44 se sont abstenus.

Sur ces 59 contre, 27 sont d’extrême-Droite, 10 sont non inscrits mais en fait d’extrême-Droite ou populistes.

12 sont socialistes ou « démocrates », mais avec naturellement aucun français. 10 sont de Gauche assumée dans une orientation hostile au capitalisme, avec également là aucun Français bien entendu.

N’ont pas participé au vote 6 députés d’extrême-Droite, 6 non inscrits, 3 conservateurs, 1 libéral, 9 socialistes ou démocrates, 4 écologistes, ainsi que 15 députés considérés comme les plus à Gauche.

Là on trouve des Français, puisqu’on a les députés La France Insoumise, avec Manon Aubry, Leïla Chaibi, Marina Mesure (qui a remplacé Manuel Bompard au Parlement), Younous Omarjee, Anne-Sophie Pelletier. Emmanuel Maurel n’apparaît pas dans la liste, il était sans doute absent.

Vu le positionnement du PCF, si celui-ci avait eu des eurodéputés, cela aurait été cette même attitude de « critique » passive, de refus de la confrontation avec la propagande militariste de l’OTAN.

Cette dernière peut bien entendu compter sur les socialistes et les écologistes français, qui sont objectivement des valets américains de manière systématique.

Les députés EELV et affiliés ont naturellement voté pour la résolution : François Alfonsi, Benoît Biteau, Damien Carême, David Cormand, Gwendoline Delbos-Corfield, Karima Delli, Claude Fruffat, Yannick Jadot, Michèle Rivasi, Caroline Roose, Mounir Satouri, Marie Toussaint.

Pareil pour les députés socialistes et affiliés : Éric Andrieu, Raphaël Glucksmann, Sylvie Guillaume, Aurore Lalucq (Pierre Larrouturou et Nora Mebarek étant a priori absents).

Cela rappelle deux choses. Tout d’abord, la Gauche gouvernementale n’est pas capable d’autre chose que de s’aligner sur le capitalisme occidental. Ensuite, que la Gauche populiste – La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon assume ce terme – n’est pas capable d’autre chose que de converger avec le capitalisme occidental.

On est ici dans la corruption par le capitalisme occidental, dans la soumission aux institutions, aux valeurs dominantes, au style de vie dominant, et finalement à l’OTAN, à la superpuissance américaine.

On est en dehors des valeurs de la Gauche historique, du refus de la guerre, du combat contre la guerre, de la dénonciation des menées militaristes, de l’opposition au bourrage de crâne.

Tant la Gauche gouvernementale que la Gauche populiste ne servent à rien, ou alors ils trompent, ils mentent, ils endorment les gens. On va à la guerre, et ces gens font comme si de rien n’était, comme si tout cela était somme toute bien secondaire !

C’est criminel et il est évident que lorsque les choses vont mal tourner, très mal tourner, on ne pourra pas compter sur eux.

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Guerre

La Turquie prête à mettre le feu

Elle va se lancer.

Agauche.org avait annoncé la guerre en Ukraine dès avril 2021 et il a déjà été expliqué ici également que la Turquie allait être le détonateur régional d’un conflit. Nous voilà rentré indubitablement dans la phase finale.

Tout comme la Russie devait y aller ou se replier de manière massive, la Turquie doit abattre ses cartes ou passer son tour.

Quelle est la particularité de la situation ?

Factuellement, les propos et menaces militaristes contribuant à l’accroissement de la tension n’ont jamais cessé depuis des mois maintenant entre la Turquie et la Grèce. Sauf qu’elles ont désormais atteint un point de non-retour avec l’intégration le 11 novembre 2022 de la République turque de Chypre du Nord comme Etat observateur auprès de l’Organisation des États turques.

Cela correspond à une reconnaissance de facto par les pays liés à la Turquie des institutions de la partie de Chypre occupée militairement par la Turquie. On parle ici de l’Azerbaïdjan (en pleine visée sur l’Arménie), du Kazakhstan, du Kirghizstan et de l’Ouzbékistan.

La République turque de Chypre du Nord est en effet entièrement isolée diplomatiquement depuis sa mise en place à la suite du conflit gréco-turc de 1974; si elle fait partie de l’Organisation de la coopération islamique, c’est comme « Etat turc de Chypre », sans reconnaissance formelle.

Désormais la situation bascule, avec une reconnaissance « stratégique » qui vise à précipiter les choses. Il y a, à l’arrière-plan de cette reconnaissance « turque », la future « demande » de la République turque de Chypre du Nord à rejoindre la Turquie.

Cette question de Chypre, véritable détonateur régional, a déjà été annoncée comme telle ici en juillet 2022.

Bien entendu la Grèce ne compte pas du tout accepter une telle chose, dénonçant immédiatement, avec l’appui de l’Union européenne, la reconnaissance de ce « pseudo État ». La Grèce profite ici de l’appui européen, car la Turquie est considérée comme une puissance montante devenant concurrente.

La France est à ce titre, depuis octobre 2021, membre d’une alliance avec la Grèce, dans le cadre d’accords secrets.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan n’a évidemment pas raté l’occasion de répondre publiquement à la Grèce à la suite de cette question chypriote. Il a repris son antienne du « Nous pouvons venir en une nuit », qui avait défrayé le début du mois de septembre 2022.

Il a ajouté à ces propos, le 16 novembre 2022, que la Grèce ne faisait pas le poids, qu’elle ferait bien d’apprendre de l’histoire, qu’elle ferait bien de rester à sa place, que militariser les îles proches des côtes turques ne les protégerait pas de la colère turque.

Ces propos correspondent à ceux des médias turcs qui chauffent à blanc l’opinion publique. Le rapprochement étroit de la Grèce avec la superpuissance américaine, avec notamment l’annexe américaine qu’est devenu le port grec d’Alexandroupoli dans le nord de la mer Égée, force la main à la Turquie.

Son armée a réalisé pas moins de 8 880 violations de l’espace aérien grec entre janvier et octobre, soit avec des avions. Le chiffre était de 2 744 pour la même période en 2021. 

La Grèce n’est pas en reste, assumant la même rhétorique nationaliste et militariste. Le chef des forces armées grecques, le général Konstantinos Floros, expliqué le 21 novembre, à l’occasion du jour de l’armée grecque, que :

« Quiconque commettrait l’erreur fatale de « venir [de nuit] » doit savoir par avance qu’il fera face à un nouveau Marathon, un nouveau Salamine, un nouveau 731. »

C’est là une allusion :

– à la bataille de Marathon, où Athènes a vaincu une opération de débarquement de la part de la Perse en 490 avant notre ère ;

– à la bataille de Salamine, où les cités-États grecques ont vaincu la Perse lors d’une bataille navale en 480 avant notre ère ;

– à la bataille sur la colline dite 731 (car de 731 mètres de hauteur), où l’armée italienne a été totalement défaite en 1941 par l’armée grecque, perdant 8 000 soldats (contre 1 000 pour la Grèce), dans dans un terrible affrontement le plus souvent au corps au corps et avec tellement de bombardements que la colline a perdu deux mètres en hauteur.

En bleu : zone revendiquée par la Grèce et Chypre
En rouge : zone revendiquée par la Turquie

On est dans la narration justifiant le conflit, avec chacun des protagonistes jouant sur le plus de tableaux possibles, tant symboliques que concrets. Ainsi, la Turquie se lance également dans une mobilisation en Syrie. Le 20 novembre 2022 a été commencée  l’opération « Griffe Epée » contre le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et les Unités de Défense du Peuple (YPG), au moyen de 70 avions et drones, pénétrant l’Irak jusqu’à 140 km et la Syrie jusqu’à 20 km.

Le président turc a prévenu d’ores et déjà que les tanks et les troupes suivraient, annonçant donc une expansion militaire turque dans la région.

Il a également, en marge de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de football au Qatar, rencontré le président égyptien Abdelfattah El-Sisi. C’est là un fait majeur, car le régime égyptien actuel est né du renversement du régime pro-Frères musulmans, dont le Qatar et la Turquie sont les grands représentants étatiques.

Il y a à l’arrière-plan un « gel » de la question libyenne, où les deux pays s’affrontent.

On notera que la Grèce est de la partie par ailleurs. Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias s’est rendu le 17 novembre 2022 à Tripoli pour rencontrer le président du Conseil présidentiel Mohammad el-Menfi, avant de se rendre à Benghazi, capitale rebelle. Mais comme la ministre libyenne des Affaires étrangères Najla el-Mangouch l’attendait à l’aéroport, il est directement reparti pour Benghazi.

La raison est qu’il ne veut pas reconnaître le gouvernement basé à Tripoli et que Najla el-Mangouch est la responsable ayant signé, avec le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, l’accord avec la Turquie concernant l’exploration des hydrocarbures.

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a également de son côté, le 22 novembre 2022, réaffirmé la continuation des explorations turques d’hydrocarbures et dénoncé l’Union européenne comme soutenant la Grèce et Chypre, parlant de provocations grecques, d’une situation dangereuse pour les Turcs vivant en Grèce dans les régions de Thrace et du Dodécanèse.

On aura compris que ces deux dernières régions sont visées par la Turquie…

Le même jour, le ministre turc de la défense, Hulusi Akar, a expliqué que la Turquie n’accepterait aucun fait accompli à Chypre, en Mer Égée et en Mer Méditerranée.

On est là véritablement dans des contradictions antagoniques et que tout est chauffé à blanc, pour parvenir au point de non-retour. C’est le même scénario qu’avant la guerre en Ukraine.

Et ce qui s’ensuit, c’est la guerre – menée ou non, le résultat sera le même. La Turquie est à la croisée des chemins : pour se poser comme puissance, elle doit agir maintenant ou jamais.

Soit elle assume son expansion, soit elle se ratatine. la Turquie est ici une seconde Russie.

Un jalon de plus va se poser, dans un sens ou dans un autre, dans la bataille pour le repartage du monde.

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Écologie Guerre

La Chine bouscule déjà la COP27

Et ce sans attendre.

A peine la COP27 terminée le 20 novembre 2022 que la Chine, le 21 novembre 2022, la bouscule déjà. Ce qu’elle explique correspond à ce qui est expliqué dans notre présentation de la COP27 : les contradictions entre les blocs prime, l’agenda des décisions dépend entièrement de cela.

Que dit la Chine ? Tout d’abord, elle tient son discours habituel comme quoi le progrès avance dans le monde, que les choses se développent, qu’il faut que ça continue, etc. C’est son idéologie à prétention pacifique reflétant sa ligne de marche forcée dans le capitalisme mondial.

Puis, au sein de ce discours, elle lance une pique, visant à se présenter comme à la tête d’un bloc, tout en défendant ses propres intérêts. Ning, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a ainsi expliqué que « La gouvernance mondiale sur le climat a encore un long chemin à parcourir ».

Sous-entendu : rien ne se fera sans nous, et encore cela se produira-t-il selon nos propres manières.

La Chine souligne trois points précis, qui reviennent au même. Tout d’abord, les pays développés doivent payer pour les dégâts climatiques et ils rechignent. Ensuite, la COP27 parle de la mise en place de fonds pour les « pertes et dommages » pour les victimes de ces dégâts, mais cela reste virtuel.

Enfin, hors de question que la Chine soit considérée comme un pays développé et mette la main à la poche.

Et, dans la foulée, elle souligne qu’elle contribue à la coopération Sud-Sud, se présentant comme le fer de lance des pays en développement, leur meilleur défenseur.

C’est là la stratégie impérialiste chinoise : se placer en numéro 1, en superpuissance hégémonique, et dire aux pays du tiers-monde qu’ils profiteront de renversement de l’ordre mondial.

C’est un appel du pied au moyen de la question du climat et de la COP27, et il en va ainsi désormais de tout. Le conflit sino-américain pèse sur absolument tout et force à ce que les choses penchent dans le sens d’un bloc. Et cela va aller en empirant.

Ne serait-ce que l’année dernière, la Chine n’aurait jamais osé exprimer un tel avis international, de manière isolée, en faisant en sorte que cela se sache.

C’est un symbole essentiel de comment la Chine commence à abattre ses cartes, comment elle rentre ouvertement dans le grand jeu historique. C’est un événement littéralement historique, d’une portée immense. Dans quelques années, on dira de cette expression chinoise au lendemain de la COP27 qu’elle a été le premier pas ouvert franchi par la superpuissance chinoise.

Un acte nouveau se joue dans ce drame historique, par conséquent.

Et le rôle de la Gauche historique est de trouver un espace indépendant dans ce conflit sino-américain pour parvenir à une rupture révolutionnaire pour le socialisme – afin d’exprimer de la lumière dans un monde tombant dans l’obscurité de la troisième guerre mondiale.

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Guerre

Le CEMA Thierry Burkhard assume la guerre au Sénat

L’armée française est subordonnée à la superpuissance américaine et relève de la tendance à la guerre.

L’anglais est assumé jusqu’au symbole du Groupe aéronaval français, constitué autour du porte-avions Charles De Gaulle

Dans le cadre du projet de loi de finances pour 2023, le Sénat a interrogé le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées, ainsi que le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre. Cela s’est déroulé le 19 octobre 2022, mais cela vient d’être rendu public.

Voici les passages les plus importants de ce que dit le « CEMA », Thierry Burkhard, ce que disant Pierre Schill concernant surtout la modernisation de l’armée de terre.

Le soutien à l’armée ukrainienne est assumé, tout comme la ligne de mise à niveau de l’armée française pour un conflit de haute intensité. La subordination à la superpuissance américaine est complète.

On notera particulièrement les propos suivants : « En Afrique, nous faisons face à un adversaire installé, puissant et qui donne l’apparence de jouer dans le sens de l’histoire. » Cela implique que le CEMA est tout à fait conscient de la ligne russe – russo-chinoise en fait – de prétendre représenter le tiers-monde contre l’ordre mondial imposé par les pays développés.

C’est à cela qu’on voit qu’il y a ce qui est dit publiquement, comme narration pour militariser… Et comment derrière, de manière masquée, il y a la logique des blocs, dans le cadre de l’affrontement sino-américain au coeur de la troisième guerre mondiale ayant pratiquement commencé avec la guerre en Ukraine.

Sur la guerre en Ukraine et le soutien au régime ukrainien de l’armée française.

« Le 24 février dernier constitue un point de bascule et l’expression « changement de monde » n’a jamais été si vraie. Depuis, le monde ne s’est pas stabilisé et il est très difficile de cerner l’ampleur et la diversité des défis qui nous attendent dans les années à venir. Les incertitudes restent nombreuses. Par conséquent, il nous faut réinterroger nos choix, nos modes d’action, nos organisations pour s’assurer qu’ils demeurent pertinents, avec une nouvelle grille de lecture « post-24 février ».

Cette situation n’est pourtant pas une surprise : les Armées avaient anticipé la possibilité d’un retour de guerre entre États. Pour autant, une forte accélération est en train de se produire, qui dépasse d’ailleurs le strict cadre européen, et qu’il nous faut prendre en compte pour ne pas rester sur le bord du chemin (…).

En Ukraine, la Russie développe une stratégie de long terme. Certes, elle est en difficulté, mais cela ne suffit pas à la détourner de ses objectifs. C’est pourquoi nous ne devons pas nous démobiliser. Le rappel des réservistes, qui a été engagé par la Russie, ne correspond pas à une mobilisation générale : pour autant, les effectifs, même s’ils sont très importants – de l’ordre de plusieurs centaines de milliers d’hommes -, ne changeront pas immédiatement le cours des opérations mais cela montre que les Russes réfléchissent à la suite des opérations au-delà de l’hiver.

L’hiver, en ralentissant les opérations militaires, sera, d’une part, une période critique dans le champ des perceptions et, d’autre part, une période difficile pour la cohésion du camp occidental, car les leviers énergétiques seront utilisés à plein par la Russie.

Les Russes ont aussi effectué des bombardements sur des cibles à usage dual – installations électriques, centres de distribution d’eau -, qui ne visaient pas à affaiblir l’armée ukrainienne mais à atteindre d’abord la résilience de la nation ukrainienne à l’approche de l’hiver.

L’enjeu pour la France est d’affirmer sa crédibilité militaire sur le haut du segment.

Notre engagement s’est traduit, dès le premier jour de la guerre en Ukraine, par le déploiement de nos avions Rafale au-dessus de la Pologne pour défendre le flanc Est de l’Otan, par le redéploiement du groupe aéronaval, deux jours après, au-dessus de la Croatie, pour effectuer des patrouilles de défense aérienne, et par le déploiement du bataillon Aigle en Roumanie, sept jours après le début des opérations russes en Ukraine, dans le cadre de l’échelon d’intervention d’urgence de l’Otan.

La France, conformément à la volonté du Président de la République, est désormais « Nation-cadre » du dispositif de réassurance de nos alliés de l’Otan en Roumanie.

Dans une logique d’adaptation dynamique de notre dispositif, nous avons décidé de mobiliser des capacités dites de « haut du spectre » – chars Leclerc, véhicules blindés de combat de l’infanterie (VBCI), systèmes d’artillerie – lors de la relève à l’automne prochain.

Nous déploierons en Lituanie des Rafale, pour la première fois, dans le cadre de la mission de police du ciel des pays baltes, à partir du mois de décembre prochain pour une durée de quatre mois. Nous mettons des navires français à disposition des task groups de l’OTAN. Nous maintenons notre présence militaire en Estonie, au titre de la réassurance et de la solidarité stratégique.

Les enjeux sur le flanc Est de l’OTAN doivent s’inscrire dans le cadre d’une stratégie de sécurité européenne pour les dix prochaines années, car, quelle que soit l’issue du conflit en Ukraine, nous devrons « cohabiter » – avec la Russie.

Nous devons aussi poursuivre notre appui à l’Ukraine. En plus des cessions de matériels, la formation est un besoin important, auquel la mission d’assistance militaire de l’Union européenne (EUMAM) permettra de répondre. La France y contribuera (…).

Les armées fournissent du matériel répondant d’abord au besoin des forces armées ukrainiennes : des équipements individuels du combattant, des armements pour assurer leur défense et les munitions associées.

Mais surtout, la France offre des capacités opérationnelles, et pas seulement du matériel. Nous aidons le partenaire à mettre en place un maintien en condition opérationnelle (MCO) durable, en lien avec les industriels. Nous avons également mis en place des hotlines pour permettre aux Ukrainiens de s’approprier rapidement et durablement les équipements cédés. Nous nous impliquons aussi dans la mission européenne d’assistance militaire, avec un important volet « formation et entraînement». »

Sur la militarisation de l’Etat français dans la perspective de la guerre pour le repartage du monde

« Le terme d’« économie de guerre » ne suffit pas à dire tout ce qu’il recouvre. C’est non seulement la manière dont l’industrie se donne les capacités de soutenir une guerre, notamment en matière de production, mais aussi ce que les Armées et la Direction générale de l’armement (DGA) envisagent en matière de simplification, de la spécification des besoins et des normes aux processus de qualification et de recette. Il faut donc une action conjointe. Les industriels sont confrontés à une situation nouvelle, car le monde a changé.

Les industriels doivent donc s’interroger, par exemple sur la capacité à faire des stocks ou à produire rapidement. Quant aux Armées, elles doivent rester à l’écoute des industriels pour faciliter l’établissement d’une réponse crédible techniquement et militairement, dans un délai adapté, à nos besoins. L’état-major des armées et la DGA mènent un travail collectif sur la question, non pas contre les industriels mais avec eux. Il s’agit bien d’une responsabilité collective et partagée.

S’agissant de la Défense Sol-Air, pendant vingt ans, nous avons opéré sur des théâtres où il n’y avait pas de menace aérienne, de sorte que nous avons favorisé d’autres domaines ; ces choix étaient cohérents avec le contexte des engagements. Nous ne sommes pas pour autant démunis en la matière, puisque nous disposons de différents systèmes – Mamba, Crotale et Mistral.

Mais le contexte a changé, et il n’est pas exclu pour l’armée de Terre ou pour la Marine de devoir intervenir dans un environnement où la supériorité aérienne n’est plus durablement acquise.

La menace des drones est également prise en compte dans la défense sol-air multicouches. Les appareils sont très divers, allant de plusieurs tonnes jusqu’aux nanodrones, dont les modèles évoluent très rapidement de sorte que nous devons nous montrer agiles. Il est prévu que nous améliorions notamment le système Mamba et nous envisageons de remplacer le Crotale par le missile d’interception, de combat et d’auto-défense (MICA VL). Tout cela est pris en compte dans la LPM en cours et dans les travaux préparatoires de celle à venir.

En matière de transition énergétique, un certain nombre de véhicules de servitude et de service sont déjà passés à l’électrique. D’un point de vue opérationnel, si la capacité à transporter et à stocker l’énergie électrique fait encore défaut, une réflexion est néanmoins en cours, car l’électrique présente des avantages, notamment en matière de signature thermique ou acoustique (…).

A propos de Djibouti : c’est un point d’appui stratégique pour la France, plus important encore avec le retour de la compétition entre puissances, Pour ses dirigeants, la relation avec la France est considérée comme stabilisatrice. Nous devons donc discuter avec eux, en prenant en compte à la fois nos besoins et leur stabilité.

L’innovation reste un axe de très grande importance et l’attention portée aux crédits d’étude sera maintenue. Parmi nos grandes priorités je citerai la lutte anti-drones, l’hypervélocité et les fonds marins, ainsi que le développement d’armes à énergie dirigée.

Comment gagner la guerre des coeurs et des esprits en Afrique ? Nous la menons depuis longtemps, mais l’on voit bien que la guerre dans le champ des perceptions prend encore plus d’importance avec les réseaux sociaux et les nouvelles technologies, notamment au sein de la jeunesse africaine. La France doit donc repenser sa présence, mais cela ne relève pas seulement des Armées.: Il y a encore quelques dizaines d’années, des centaines de coopérants civils étaient présents en Afrique aux côtés des militaires, dans des domaines divers, sport, éducation, culture, développement, etc. Ce nombre a considérablement diminué, alors que les forces armées n’ont pas réduit leur présence dans les mêmes proportions ; cela explique peut-être en partie l’évolution de l’image de la France. La « reconquête des coeurs et des esprits » passe par un effort interministériel coordonné, mais aussi sans doute par une moindre visibilité des armées. Après Barkhane, l’objectif est bien de renouveler notre mode de présence en Afrique, et cela nécessite l’accord et l’engagement de tous.

Pour ce qui concerne les Armées, nous devons consacrer des moyens aux stratégies d’influence. Un exemple est la formation en France des militaires étrangers. Dans le passé, nous avons beaucoup fait venir des stagiaires, mais, depuis quinze ou vingt ans, nous privilégions les formations sur place (…).

En Afrique, nous faisons face à un adversaire installé, puissant et qui donne l’apparence de jouer dans le sens de l’histoire.

Le combat n’est pas perdu pour autant, nous devons être présents dans la guerre des narratifs et dans le champ des perceptions. De l’autre côté, toute une galaxie d’acteurs est conduite par des proxys russes disposant de moyens que nous n’atteindrons jamais : des dizaines de milliers d’individus, dont au moins un millier d’opérateurs entièrement consacrés à l’Afrique. Nous sommes cependant en train de compenser notre retard, pour faire en sorte que nos adversaires ne soient pas seuls présents sur ce champ de bataille (…). »

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Guerre

Les jours du Karabagh arménien sont comptés

Tout est en place pour le drame.

Ilham Aliyev, le président de l’Azerbaïdjan, devant un monument aux morts avec une carte où une partie actuelle de l’Arménie est annexée

Le régime azerbaïdjanais multiplie les provocations anti-arméniennes depuis la fin du mois d’octobre 2022, lançant incidents de frontières sur incidents de frontières, célébrant de manière outrancière les deux ans de la victoire du régime sur l’Arménie et faisant circuler des cartes montrant le territoire arménien coupé par un corridor reliant l’Azerbaïdjan à son enclave, jadis arméno-turque à l’époque soviétique, du Nakhitchevan et surtout, avec un effacement complet du Karabagh arménien.

Sur ces cartes, la capitale du Karabagh arménien, appelé Stepanakert, en hommage au plus grand révolutionnaire arménien d’Azerbaïdjan, Stepan Chahoumian (1878-1918), est rebaptisé « Khankandi », à la fois pour annoncer la volonté ouverte d’effacer les Arméniens y vivant, mais même encore, toute trace évoquant de quelque manière que ce soit le passé arménien, et révolutionnaire, de l’Azerbaïdjan.

Le but est de liquider toute référence au passé soviétique, confrontant directement le régime raciste et chauvin du président Ilham Aliyev à ses propres mensonges quant à sa démarche en fait nationaliste.

Tout est en réalité prêt à une vaste offensive militaire sur le Karabagh dans le but d’y mener une épuration ethnique des Arméniens, y compris la réannexion d’une partie de leur patrimoine historique au profit de la minorité nationale portée à bout de bras par le régime des Outis, représentant quelques milliers de personnes.

Les choses en sont au point que le dirigeant religieux de cette communauté, Robert Bagratovitch Mobili, s’appelle en réalité Mobilyan; comme tous les derniers Arméniens qui se sont maintenus en Azerbaïdjan, il a été poussé à nier son arménité, en se prétendant descendant des antiques « Albanais du Caucase », dont les Outis seraient les héritiers aujourd’hui. Cette fiction permet de nier toute présence historique des Arméniens en Azerbaïdjan, et aucun régime occidental ne condamne cette ligne ni ce qu’elle annonce : la liquidation pure et simple du Karabagh arménien.

Plus même, le régime azerbaïdjanais a obtenu ces derniers jours l’aval complet de la France et des États-Unis d’Amérique pour liquider de fait le Karabagh arménien. Le président Macron ayant dit que sa ligne rouge était le territoire souverain de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie en 1991, signifiant donc que le Karabagh, à cette date Oblast dissident de la RSS d’Azerbaïdjan elle-même sécessionniste de l’URSS, fait partie du territoire azerbaïdjanais. Bien sûr le Karabagh était en 1991 un Oblast arménien dans le cadre de la RSS d’Azerbaïdjan, mais de cela il n’est jamais question lorsque la diplomatie française aborde cette question.

Les États-Unis ont même pris position par la voix du secrétaire d’Etat Antony Blinken en corrigeant Emmanuel Macron sur le fait que toute solution, y compris donc de découper le territoire arménien pour y ouvrir un corridor au profit de l’Azerbaïdjan.

L’idée des uns et des autres est de pousser le régime d’Aliyev à se confronter aux Russes, qui ont annoncé de leur côté leur volonté de se maintenir indéfinement au Karabagh arménien pour le protéger. Cette présence étant vu autant par Paris que par Washington comme la cause de la durée de ce conflit. Mais la vérité est surtout qu’il s’agit de prendre la main sur cette région, en y écrasant la présence russe afin de l’affaiblir.

Armé jusqu’aux dents par l’Occident, et d’ailleurs aussi par la Russie, et chauffer à blanc par la propagande furieuse de son propre régime, l’Azerbaïdjan d’Aliyev est donc prête désormais à frapper l’ultime coup sur le Karabagh arménien, avec le feu vert français et américain, comptant jeter dans la guerre le peuple azerbaïdjanais, quitte à liquider les Arméniens du Karabagh.

Qui sauvera désormais les Arméniens du Caucase ? Le funeste sort qui attend tragiquement les Arméniens du Karabagh doit être un signal sur le fait qu’il y a rien à attendre de l’OTAN, en l’espèce des États-Unis et de son allié, l’État bourgeois français. Toutes les organisations arméniennes et tous les partis politiques qui se sont compromis lamentablement avec l’État français et sa meurtrière politique belliciste concernant l’Arménie doivent mourir de honte désormais : elles auront aussi sur les mains et sur leur front leur part du sang et des larmes des Arméniens du Karabagh condamnés devant la fureur que l’impérialisme français contribue à lancer contre eux.

Seule une Gauche assumant son héritage historique, assumant le passé révolutionnaire et soviétique des années 1920-1940, assumant de se confronter à l’impérialisme français et ses trahisons est en mesure de défendre ce qui restera de l’Arménie et des Arméniens dans un Caucase transformé en poudrière par les vélléités impérialistes.

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Guerre

« Le militarisme » par Frans Fischer (1902)

Extrait d’une brochure anti-militariste écrite par le militant socialiste belge Frans Fischer en 1902.

La raison capitaliste  

A vrai dire, l’hypocrite et monstrueuse mégalomanie des rois et autres pasteurs des peuples ne suffirait pas à justifier l’existence d’armées permanentes, alors que ces peuples eux-mêmes demandent ardemment la paix.  

Le militarisme est un mal nécessaire à l’existence même du régime capitaliste. C’est grâce à lui, grâce à sa force, que des hommes qui ne se laisseraient pas dépouiller impunément, sont frustrés des richesses qu’ils ont créées et dont ils sont les maîtres légitimes.  

Si l’on voulait, en les dégageant des mensonges voulus de l’histoire, rechercher les causes de toutes les guerres qui ont ensanglanté l’humanité, on devrait bien vite reconnaître que toujours ces causes furent économiques et que les luttes visaient la conquête de richesses par la force. A plus forte raison, dans une société basée sur la libre concurrence, où les plus grands et les plus puissants doivent nécessairement écraser les plus petits et les plus faibles, la guerre et son expression immédiate, le militarisme doivent inévitablement perdurer.  

Sans doute, lorsqu’on envisage la politique internationale moderne, on peut affirmer que les guerres entre peuples civilisés d’un même continent deviennent de moins en moins fréquentes. C’est la conséquence du régime de la paix armée qui a contraint toutes les nations à augmenter leurs charges militaires, à s’armer jusqu’aux dents et à créer, par des alliances, ce qu’on appelle notamment l’équilibre européen. C’est la paix du chat et du chien qui s’épient et se gardent bien de commencer l’attaque, parce qu’ils savent réciproquement que le chat possède des griffes et que le chien a ses crocs.  

Mais du moment où l’on croit l’adversaire inférieur en force, où l’on est certain de l’indifférente inaction des autres puissances, la guerre est bien vite déchaînée. Qu’un pays réputé inférieur ait le malheur de recéler des richesses, et l’on verra d’autres nations, sous le mensonger prétexté de civilisation et d’expansion coloniale, se ruer sur ce malheureux peuple et, par le fer et le feu, lui dérober ses biens et sa liberté.  

Aussi l’on comprend que tous les « glorieux faits d’armes « des guerriers de nos jours constituent en réalité des brigandages d’individus munis d’armes perfectionnées contre des pauvres gens sachant à peine se défendre ; le pillage du Palais d’Eté, les exactions des Français au Tonkin et à Madagascar, les exploits de nos coupeurs de mains au Congo, des civilisateurs hollandais à Atjeh, et des bourreaux anglais au Transvaal, tout cela révèle la même cruauté, la même lâcheté et la même cupidité des capitalistes. Humanité, Justice, défense des petits et des opprimés sont autant de mots qui disparaissent lorsqu’on invoque la nécessité de conquérir la richesse sans travailler.  

Conquérir et conserver la richesse, car les armées ont un double rôle. 

[…] 

Dans la société capitaliste, cette paix universelle ne saurait être qu’une utopie, puisque le régime tout entier procède de la lutte et de l’écrasement des faibles par la force. C’est en supprimant les causes fondamentales de la guerre et du militarisme, les antagonismes économiques, que l’on fera disparaître à jamais ces deux maux.  

Le Socialisme a pour mission de détruire les causes de lutte et de souffrance ; en établissant la justice sociale, en restituant aux travailleurs la part de richesse et de liberté qui leur revient légitimement, en proclamant la solidarité internationale de tout ce qui travaille, pense et crée, il fera définitivement la paix entre les hommes.  

Et d’un grand geste libérateur, il appellera l’humanité à consacrer, à donner tout son merveilleux effort, non plus aux œuvres de haine et de destruction, mais à l’amélioration, à l’épanouissement, à la glorification de la vie.  

Qui veut combattre la guerre, doit lutter contre le militarisme et aider au renversement du capitalisme.

Qui veut la paix doit rechercher la justice toute entière dans le Socialisme.