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Emmanuel Macron et l’économie de guerre française

Le président français a tracé une perspective lors du discours aux armées.

Emmanuel Macron a lors de son le discours aux armées la veille du 14 juillet ouvertement abordé la question de l’économie de guerre et la forme qu’elle doit prendre. Voici le passage concerné lors de son discours.

« Oui, cette année, la guerre resurgissant à nos portes, à nos frontières, a tout changé. Et elle va nous impliquer de changer encore davantage. Et c’est là-dessus que je voudrais revenir avant de terminer mon propos.

J’ai parlé il y a quelques jours d’économie de guerre.

J’aurai l’occasion de le dire demain à nos compatriotes, plus largement [lors d’une interview plus généraliste en fait à la suite du défilé militaire]. Pour répondre à ce besoin que la Nation va avoir de continuer à s’équiper, parfois d’aider certains de nos amis ou alliés à s’équiper eux-mêmes, nous devons structurer une économie française et européenne dans laquelle les modèles, les rythmes, les standards doivent être envisagés selon, si je puis dire, un solfège différent. 

À cet égard, je veux souligner les avancées européennes considérables de ces dernières années et tout particulièrement de ces derniers mois. Ces avancées, le conflit à l’Est de l’Europe nous condamne à les amplifier et nous le faisons.

Mais nous avons encore du chemin et toute notre base industrielle et technologique de défense, qui est appelée à se transformer et à se recomposer dans une logique de souveraineté y compris européenne, pour réussir à répondre aux besoins de nos forces et trouver les meilleurs compromis va devoir encore accélérer.

J’ai confiance dans nos ingénieurs de l’armement, en nos ingénieurs et techniciens civils, en nos industriels et dans tous leurs salariés, pour mener à bien ces transformations qui sont des investissements pour l’avenir. Nous avons beaucoup fait ces dernières années pour reconstituer nos capacités et rebâtir notre autonomie, lancer des grands programmes européens, aller dans le sens de plus d’innovation.

Mais nous allons devoir investir parfois plus vite, plus fort et les industriels devront répondre à ces besoins. Il faudra changer de paradigme, renverser parfois certaines logiques et considérer que les projets doivent désormais être conduits selon une autre logique. 

Je remercie ici la mobilisation constante, constante, de notre délégué général pour l’armement et de toutes ses équipes qui a su améliorer le MCO [Maintien en condition opérationnelle], les commandes, redéfinir de nouveaux projets de manière remarquable durant ces dernières années.

Mais c’est une nouvelle étape qu’il va nous falloir franchir ensemble. La très grande sophistication et la personnalisation de nos systèmes qui font notre force, notamment à l’export, doivent être évidemment préservées. Mais nous devons aussi voir qu’elles sont parfois causes de délais de développement et de production considérables et que nous avons des impératifs nouveaux auxquels il nous faut faire face.

Reconstituer plus vite et plus fort certains stocks, savoir produire davantage des matériels qui sont adaptés à ce retour de la guerre de haute intensité sur notre sol, réinterroger certains choix d’innovation pour remettre en quelque sorte en équilibre, en tension, des objectifs qui peuvent rentrer en concurrence : l’innovation la plus extrême et les délais, la capacité à les produire en masse le plus vite possible.

C’est pourquoi nous devons à chaque instant garder l’avantage technologique et tactique, tout en sécurisant les chaînes de sous-traitance et les approvisionnements en matières premières et maintenir les compétences nécessaires.

C’est donc un vrai défi stratégique, capacitaire, d’innovation, mais aussi de repenser toute la chaîne et donc de savoir questionner une partie de l’organisation de notre base industrielle et technologique de défense.

Et vous le voyez bien, il nous faut le faire entre Français, mais aussi au niveau européen, car cette capacité à faire plus vite et à garantir notre autonomie stratégique et notre indépendance, suppose aussi sur certains aspects technologiques, qui peuvent d’ailleurs parfois relever de système duaux, impose de raisonner différemment en Européens.

Et qui sur les métaux rares, les gaz rares, certains éléments que nous avions oubliés, supposent de savoir reconquérir des parts de marché et de l’indépendance. Il nous faudra donc savoir basculer dans des logiques de programmes d’urgence, de programmes de résilience et de construction renforcée d’une stratégie d’indépendance. 

Oui, nous devons intégrer l’innovation d’usage issue des forces. Nous devons aller plus vite, simplifier nos processus, parfois aussi nos référentiels.

C’est pourquoi j’ai demandé au ministre des armées de conduire ce chantier avec les industriels, avec l’appui du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, pour élaborer des propositions qui nous seront soumises à la Première ministre et à moi-même au début de l’automne.

C’est ensemble que nous relèverons le défi de la compétition technologique, de l’innovation et de la souplesse. Et nous le ferons en Européens. C’est aussi pour ça qu’avec force, je me suis battu et je continuerai de me battre pour que les taxonomies européennes puissent nous continuer d’investir dans nos innovations de défense, nos industries de défense.

Parce qu’il y a parfois des esprits étranges qui au moment où on voit la guerre revenir en Europe, s’ingénient à compliquer l’investissement dans les industries de défense en Europe.

Donc, j’assume totalement le fait que les taxonomies doivent nous permettre de consolider nos industriels grands groupes, ETI, PME, start-up, et renforcer les investissements dans ces secteurs en leur donnant de la visibilité. Mais, vous l’avez compris, ce sera une ambition exigeante qui sera portée.

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La France soutient militairement de manière massive le régime ukrainien

La France est partie prenante dans la guerre en Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron et le ministre des Armées Sébastien Lecornu

La France participe à la guerre en Ukraine, mais ne le dit pas. Ou, du moins, elle le dit uniquement aux cadres des couches dominantes, pour qu’ils comprennent les enjeux, alors que les larges masses sont mises de côté, rendues abruties par la propagande.

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a ainsi accordé une interview au Journal du Dimanche, dont les questions sont elles-mêmes une propagande hallucinée, typique de ce journal depuis quelques années, alors que le ministre est valorisé de manière démesurée : il aurait toujours voulu être ministre des Armées, il est le plus jeune ministre en ce domaine depuis la révolution française, etc.

Dans l’interview, Sébastien Lecornu dit la vérité, à moitié ; il sait à qui il s’adresse, il sait qu’il contribue à former une opinion dominante en faveur de la guerre contre la Russie. On est là dans le bellicisme de A à Z, mais de manière feutrée.

« Des soldats ukrainiens seront-ils présents sur les Champs-Élysées ?
Non. En revanche, des armées de pays d’Europe de l’Est et de l’Otan seront là. Bien sûr, la guerre en Ukraine va occuper une large place.

À ce sujet, la poussée russe dans le Donbass vous inquiète-t-elle ?
La ligne de front bouge lentement, mais elle bouge. Les dernières semaines montrent que cette guerre s’installe dans la durée. Se pose alors la question des profondeurs stratégiques des deux parties, c’est-à-dire leur capacité à se régénérer pour tenir.

Celle de la Russie est importante. Celle de l’Ukraine, c’est désormais nous, les Alliés de l’Otan et les Européens, qui l’incarnons. On a beaucoup parlé du courage des combattants ukrainiens. Il est évidemment à saluer. Désormais, c’est notre solidarité qui permet aux Ukrainiens de tenir.

​Mais eux vous réclament davantage d’armes lourdes…
Beaucoup de moyens de défense leur ont été donnés et nous allons avec nos partenaires continuer à le faire. Nous aidons l’Ukraine à se défendre pour retrouver l’intégrité de ses frontières. Aider l’Ukraine, ce n’est pas être cobelligérant. Nous faisons attention à ne pas trop en dire sur nos livraisons d’armes.

​Pourquoi ce manque de transparence ?
Nous préférons faire que dire. C’est cela qui aide opérationnellement l’armée ukrainienne.

​La France a livré pour 160 millions d’euros d’équipements, bien moins que la Pologne ou la Norvège. Pourquoi ?
Déjà, ces chiffres sont faux. Le montant est significativement plus élevé. Ces livraisons ne sont pas une course à l’échalote entre alliés. Tout dépend aussi de l’avantage stratégique que ces armes offrent, de la régularité des livraisons, de la formation qui permet aux soldats ukrainiens de s’en servir, etc. C’est ce que nous avons fait avec les douze canons Caesar que nous avons livrés auxquels vont s’ajouter très prochainement six autres.

​​Le chef d’état-major poursuit-il le dialogue avec son homologue russe ?
Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie. Oui, il y a des échanges entre responsables civils ou militaires, le fil ne saurait être totalement coupé avec Moscou. La France tient son rôle de puissance d’équilibre. L’Ukraine a besoin que nous puissions jouer ce rôle.

​Les Ukrainiens ont beaucoup de mal à comprendre ce discours…
C’est normal humainement. Si j’étais à leur place, j’aurais beaucoup de mal à le comprendre. Si la Russie ne peut, ni ne doit, gagner cette guerre, elle continuera à être un grand pays aux portes de l’Europe ! Nous devons donc assurer une sécurité collective sur le long terme. C’est notre rôle. Les décisions prises ne doivent pas nous affaiblir. Cela vaut aussi pour ce que nous livrons à l’Ukraine. Il faut être en capacité de régénérer ce que nous donnons. »

Le ministre assume deux choses : d’une part que la France est partie prenante dans le conflit en soutenant massivement l’armée ukrainienne, sans dire publiquement dans quelle mesure, de l’autre que la France veut jouer le rôle de grande puissance et être au premier rang lorsqu’il faudra, la victoire ukrainienne étant attendue, faire plier la Russie.

C’est là une logique de guerre, ni plus ni moins. Et c’est caractéristique de la chose : en faisant des hypothèses optimistes pour ne pas dire triomphalistes, les bourgeoisies nous précipitent dans les imbroglios du conflit pour le repartage du monde. C’est la marche inexorable à la guerre.

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L’objectif occidental est de dépecer la Russie

C’est le grand repartage qui est visé.

Si la Russie a des visées impériales, les autres grandes puissances en ont tout aussi et l’un de leurs objectifs est justement de dépecer la Russie. Lech Walesa, la grande figure de l’opposition ouvrière et malheureusement catholique à la domination russe dans le cadre de l’URSS comme superpuissance des années 1980, a ainsi tenu les propos suivants sur LCI :

« On compte 60 peuples qui ont été annexés comme les Ukrainiens aujourd’hui. Il faudrait soulever ces peuples qui ont été annexés par la Russie (…). Il faut soit changer le système politique de la Russie, soit la ramener à une population de moins de 50 millions d’habitants. »

C’est un discours qu’on trouve de manière récurrente depuis plusieurs mois déjà, y compris avant l’invasion. Voici une carte qu’on peut trouver ici ou là, parmi beaucoup d’autres.

Source wikipédia

Il n’est pas étonnant que Lech Walesa exprime ce point de vue car son opposition à la Russie hégémonique s’est alignée, depuis le départ, sur le nationalisme polonais et le Vatican. Ce sont deux forces qui aimeraient réduire la Russie à une « Moscovie » afin de pouvoir dominer dans la région. Il faut rappeler ici que la Pologne catholique a été jusqu’à Moscou au début du 17e siècle, alors qu’elle était une très grande puissance, puis les choses se sont totalement inversées en faveur de la Russie.

Le discours ukrainien depuis plusieurs mois consiste également à vouloir réduire la Russie à une Moscovie. Et ces nationalismes polonais et ukrainien convergent avec les objectifs de la superpuissance américaine de manière ouverte. Lech Walesa a pu ainsi expliquer sur LCI que :

« On doit comprendre que l’Occident développe son pouvoir par l’OTAN, par l’UE, en s’élargissant mais c’est par voie démocratique. La Russie le fait par la violence. »

Cet objectif de dépecer la Russie est au cœur de l’initiative de l’OTAN, parce que sinon il serait impossible d’obtenir l’unité de pays aux intérêts divergents. La prise de contrôle de la Russie est l’objectif avoué du Royaume-Uni, qui est d’une agressivité totalement folle : il est peu présent dans la région et a tout à gagner. Le port d’Odessa est son objectif principal.

L’Allemagne, très présente quant à elle dans la région, n’a pu être poussée dans le soutien à l’Ukraine, et encore avec difficulté, que par une proposition justement de s’élargir à l’Est, aux dépens de la Russie : sans cet objectif, elle a tout à perdre, car elle gagnait énormément d’un statu quo.

La France est entre les deux, et elle penche du côté où elle a le plus à gagner, et verrait bien la Russie perdre maintenant qu’elle s’en est retirée et qu’elle a perdu toutes ses positions là-bas.

Il est en fin de compte considéré que le gâteau russe est tellement grand qu’il satisfera bien tout le monde, au moins pour un temps. Si cela rate par contre et que la Russie gagne, les contradictions entre grandes puissances vont alors devenir très rapidement explosives.

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Six mois de mission militaire française secrète dans l’océan Indien

La France se prépare à faire la guerre à l’autre bout du monde.

Le sous-marin nucléaire d’attaque Améthyste est revenu à sa base de Toulon jeudi 6 juillet, à l’issue d’une mission nommée « confiance « . C’est une mission particulièrement longue, une demi-année coupée du monde à l’autre bout de la planète, qui a volontairement été maintenue confidentielle pour ensuite faire la publicité de sa longévité et surtout de sa discrétion.

La Marine nationale française se vante ainsi d’être « l’une des seules au monde à pouvoir conduire  » ce genre de « déploiement lointain ». Voici donc le genre de contribution militaire qu’entend apporter la France au bloc mené par la superpuissance américaine. Il est expliqué que :

« La mission Confiance permet de garantir la capacité de la Marine à se déployer avec réactivité si le besoin était avéré. »

L’équipage du sous-marin n’a été relevé qu’une seule fois, à Goa en Inde, avec l’appui indispensable d’un navire moderne d’assistance dédié. De plus, lors du déploiement de cette mission « confiance  » avec l’Améthyste, il y avait en plus trois autres sous-marins nucléaires d’attaque en opération pour le compte de l’OTAN face à la Russie : un sous-marin aux côtés du porte-avions Charles de Gaulle en Méditerranée et deux dans l’Atlantique Nord.

La Marine française entend assumer par là une grande capacité de projection militaire mondiale coordonnée. C’est indispensable pour les grandes puissances allant à la guerre à notre époque.

On remarquera bien entendu que cela a lieu dans la très brûlante région indo-pacifique, qui est sans aucun doute le grand enjeu de la bataille pour le repartage du monde qui se joue actuellement, et qui mène l’humanité vers une troisième guerre mondiale. La Chine y déploie largement ses navires, au grand dam de l’Inde, qui accueille à bras ouvert la France venue faire du repérage et de l’espionnage.

La France, qui de par ses larges possessions extra-territoriales dispose du deuxième espace maritime mondial derrière celui des États-Unis, entend pour sa part peser et se placer dans cette région dans la perspective de la guerre pour le repartage du monde.

« L’océan Indien est une région d’intérêt stratégique pour la France », dit la Marine nationale au sujet de la mission « confiance  » en expliquant y avoir « coopéré avec plusieurs partenaires de 1er plan ». Il y eu des des entraînements en lutte anti-sous-marine avec les marines indiennes et émiraties menées avec l’appui militaire français basé à Djibouti.

Au delà de l’exercice et de l’effet d’annonce – quoi que « l’annonce » est confidentielle, tant les questions militaires sont taboues en France – sur la capacité française à se déployer si longuement si loin se ses base, il ne faut pas oublier l’intérêt opérationnel du travail mené.

Il est parlé officiellement de « connaissance de la zone », ce qui signifie ni plus ni moins que l’étude des possibilités opérationnelles dans la région. Il y a un intérêt concret, en plus de l’exercice militaire, à avoir patrouillé ainsi pendant six mois dans l’océan indien. Et on peut être certain que le travail fait l’est, au moins en grande partie, pour le compte de l’OTAN, voire directement de l’état-major américain.

La France se prépare donc concrètement à la guerre mondiale, et il n’y a malheureusement personne pour s’y opposer.

Pour l’anecdote, il y avait le lendemain du retour de l’Améthyste à Toulon, l’audition du ministre des Armées à l’Assemblée nationale. Personne n’a parlé de cette mission, pourtant loin d’être anodine. Le député « France insoumise » Bastien Lachaud a préféré demander une meilleure intégration des LGBT dans l’armée, car il ne faudrait pas se priver de capacité de recrutement. Quand à Fabien Roussel du PCF, il a tenu à dire d’entrée de jeu – c’était sa première intervention au sein de cette commission – qu’il y serait sage et respectueux, se contentant pour l’occasion de demander gentiment au ministre si éventuellement il serait possible de discuter au Parlement de la nouvelle posture stratégique de l’OTAN visant ouvertement la Chine.

Cela donc, alors que la Marine française achève la veille une mission importante visant justement très précisément la Chine, les intérêts chinois, la concurrence avec le bloc constitué par la Chine dans l’Océan indien dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde.

Quel décalage. Quel inconsistance. A quelle catastrophe il va falloir faire face !

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La Finlande et la Suède lancent leur adhésion à l’OTAN, l’Allemagne se lance

Les trente pays membres doivent valider leur candidature.

Le 4 juillet 2022, des négociations ou plus exactement de pseudos-négociations ont eu lieu entre l’OTAN, supervisé par sa secrétaire générale adjointe pour les affaires politiques et la politique de sécurité, l’Allemande Bettina Cadenbach, et le ministre finlandais des Affaires étrangères, Pekka Haavisto, le ministre finlandais de la Défense, Antti Kaikkonen, la ministre suédoise des Affaires étrangères, Ann Linde.

Puis, le 5 juillet 2022, les demandes formelles d’adhésion ont été formellement acceptées, la Turquie ayant accepté ces demandes en l’échange d’une cessation des interventions nordiques dans sa zone d’intérêt, l’accord ayant été mis en place sous la forme d’un memorandum. Il y aura notamment 73 personnes désignées comme terroristes par la Turquie qui seront expulsés pour être jugés par elle.

Désormais, les trente pays membres de l’OTAN doivent chacun donner leur accord pour les deux adhésions, ce qui ne sera qu’une formalité. La Finlande deviendra alors une nouvelle ligne de front où l’affrontement ne pourra qu’être cataclysmique. Cela ne dérange naturellement pas la superpuissance américaine qui réussit ici son coup de transformer le continent en poudrière.

Il est vrai que, de toutes façons, la Finlande et la Suède étaient déjà enserrées dans l’OTAN ; en ce sens, l’intégration militaire des armées des deux pays dans les protocoles d’OTAN ne sera qu’une formalité, car c’était déjà le cas. La non-appartenance de ces deux pays à l’OTAN était une fiction à la fois diplomatique et pour l’opinion publique intérieure. Personne de sérieux ne peut être dupe à ce sujet.

Juste au même moment, à l’occasion de son centième jour de commandement de la marine allemande, le vice amiral Jan Christian Kaack a affirmé que :

« De mon point de vue, la mise en place à court terme d’une expansion efficace de l’arsenal naval dans la région de la mer Baltique est l’étape décisive et nécessaire pour améliorer la disponibilité opérationnelle de la flotte à long terme et à l’avenir. »

Cela signifie que l’Allemagne reprend ses ambitions impériales, la Baltique étant sa zone traditionnelle d’influence historiquement. On est là dans une véritable mobilisation qui ne vise pas autre chose que la guerre pour le repartage du monde. Il est considéré qu’une alliance générale peut permettre de faire tomber la Russie, et si l’Allemagne a hésité au départ, désormais elle se lance de toutes ses forces. La guerre germano-russe, impossible encore à imaginer il y a six mois, de par l’espoir allemand d’un bloc Paris-Berlin-Moscou pour tirer son épingle du jeu, apparaît désormais comme inévitable.

On nage en plein cauchemar et chaque poussée de fièvre s’accompagne désormais immédiatement d’une autre poussée, le tout formant une vaste vague nous conduisant à la guerre, le tout s’entremêlant. Le capitalisme n’a pas du tout de compréhension de ce qu’il fait, mais il avance inexorablement vers la guerre, irrésistiblement attiré vers elle en raison du besoin des grandes puissances de procéder en leur faveur à une redivision du monde.

Il faut néanmoins voir comment vont réagir les masses finlandaise et suédoise, car il existe dans ces deux pays une immense tradition ouvrière. Elle est bien entendu terriblement affaiblie comme partout dans le monde, elle n’en reste pas moins bien présente. Il est vrai également que le nationalisme est omniprésent dans ces deux pays, ayant contaminé l’ensemble des gens, même si souvent sous une forme allégée dans la forme.

Ces deux pays vont en tout cas connaître d’immenses bouleversements à court terme, car ils sont en première ligne dans le prochain conflit contre la Russie. Il faut que le militarisme se systématise – il est vrai que la Suède a réinstauré le service militaire en 2018 déjà, alors que la Finlande est une armée se voulant ancrée dans la population : le pays a moins de six millions d’habitants mais 1,2 million de réservistes, soit autant que la Russie.

Tout cela met d’autant plus la Russie sous pression… renforçant l’engrenage devenant inarrêtable à moins d’un bouleversement dont on ne voit nullement l’horizon. La bataille contre la guerre va être difficile et il faudra pourtant bien la gagner !

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Tout passe par la guerre

Ne pas se positionner contre la guerre, c’est se couper de l’Histoire.

Il y a une fâcheuse tendance à voir la guerre comme quelque chose relevant d’une sphère séparée des autres enjeux de société. Il y aurait la guerre d’un côté, la politique de l’autre.

Cette manière de voir est évidemment fausse et la tendance à la guerre actuelle le confirme. Car comment ne pas voir que la guerre en Ukraine, en tant que jalon de la guerre de repartage entre grandes puissances, est en train de redessiner toutes les problématiques, et pas dans le bon sens ?

Cela ne concerne pas seulement la question strictement militaire, mais également les questions sociale, écologique, éducative, industrielle, culturelle… l’ensemble des problématiques de fond.

Dans un entretien accordé hier au journal Les Echos, le nouveau ministre des Armées, Sébastien Lecornu parle d’une « économie de guerre » et annonce le déploiement de 7 à 8 000 soldats français en Roumanie, contre 500 actuellement. Il déclare également la chose suivante :

« Personne ne peut comprendre qu’en temps de guerre, il faille entre 18 et 24 mois pour réassortir un stock (…). L’exercice que nous allons faire avec les industriels est inédit, il sera mené en collaboration avec le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.

La réflexion portera aussi bien sur les matières premières, les savoir-faire, les simplifications administratives et les perspectives à l’exportation.

Au moment où la France va faire un effort budgétaire sans précédent pour ses armées, les industriels doivent être au rendez-vous. La politique du flux tendu et du zéro stock qui optimise les marges correspond à un temps de paix. »

Par conséquent, toutes les politiques publiques passent par le filtre de cette « économie de guerre ». Et cela a des répercussions évidemment délétères du point de vue des enjeux historiques, qu’ils soient politiques, sociaux et écologiques.

Passer dans une « économie de guerre », cela ne peut que se traduire au plan politique par un contrôle accru de l’armée sur les décisions, avec pour effet d’accentuer toute une mentalité aristocratique, expansionniste et anti-démocratique dans l’appareil dirigeant.

C’est également un basculement culturel, comme l’attestent ces auteurs de science-fiction placés au service de l’armée française (la « Red Team » que nous dénoncions en décembre 2020) ou l’annonce récente de rattacher au ministère des Armées la secrétaire d’État chargée de la jeunesse et du service national universel.

Au niveau social, il y a évidemment la question de l’inflation. Soutenir des mesures sociales anti-inflation pour les plus pauvres et ne pas s’opposer à l’orientation de cette « économie de guerre », ce n’est ni plus, ni moins qu’accompagner la restructuration du capitalisme.

On pourrait également parler de l’augmentation du budget militaire prévu par la prochaine actualisation de la loi de programmation-militaire, ce qui va nécessiter des coupes budgétaires anti-sociales afin d’assurer la solvabilité de la dette française qui atteint des sommets historiques.

Au niveau environnemental, on apprend que la centrale à charbon de Saint-Avold en Moselle, fermée en mars, est prévue à la réouverture en octobre dans le cadre de la crise énergétique… causée par la guerre et l’embargo sur les énergies fossiles russes, principalement le gaz et le charbon. Il est ainsi prévu de rappeler les salariés licenciés de Saint-Avold grâce à une modification du code du travail qui permettrait de proposer des CDD « exceptionnels » de 36 mois !

Au Havre, un terminal flottant d’importation de GNL (gaz naturel liquéfié) est prévu pour livraison en septembre 2023, une cadence de construction qui passe notamment par le fait d’accélérer (en fait bâcler) les procédures de suivi environnementales, cela étant prévu par le volet « souveraineté énergétique » de la prochaine loi pouvoir d’achat.

De la même manière que les industriels de la biométhanisation, un type de production d’énergie par la fermentation des déchets agricoles, s’empressent de s’engouffrer dans la brèche de la crise énergétique pour justifier l’augmentation d’installations de gigantesques centrales, comme c’est le cas à Corcoué-sur-Logne en Loire-Atlantique et ce malgré les inquiétudes environnementales.

Au niveau énergétique, la guerre vient renforcer la désorganisation générale liée à la crise sanitaire et aux effets du réchauffement climatique ayant engendré des retards dans la maintenance des centrales nucléaires ainsi que dans l’installation de nouveaux moyens de production énergétique. Sans même parler du réchauffement climatique qui amoindrit les capacités des centrales nucléaires pour tout un tas de raisons.

Bref, la tendance à la guerre redessine le champ économique, social et écologique des sociétés, avec au centre la question de la restructuration générale du capitalisme. Il est difficile de voir comment on peut opter pour un changement de société sans passer par la case du pacifisme et de l’internationalisme issu de la Gauche historique.

Car si la critique du militarisme et la défense du pacifisme est une nécessité politique et morale, ces valeurs forment aujourd’hui et demain le cœur même d’une orientation réellement à Gauche. On peut bien contester les politiques anti-sociales ou les projets anti-écologiques mentionnés, cela n’aura que peu d’impacts historiques si l’on ne l’inscrit pas dans l’opposition générale à la guerre.

L’opposition à la guerre, ce n’est pas simplement quelque chose de complémentaire mais le préalable à l’émancipation humaine. C’est avoir compris le sens de l’Histoire. Ce sens, c’est socialisme ou barbarie ; ou le Socialisme triomphe du capitalisme, ou ce dernier fait basculer le monde dans la guerre.

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La chute de Lyssytchansk et la « République populaire de Louhansk »

C’est une seconde défaite majeure pour le régime ukrainien après Marioupol.

C’est de manière très baroque que l’armée russe a célébré l’arrivée jusqu’à l’hôtel de ville de Lyssytchansk. Les soldats tchétchènes ont lancé des « Allah Akhbar », alors qu’était hissé le drapeau de la victoire soviétique sur le nazisme, et bien entendu également celui de la « République populaire de Louhansk », qui a désormais pratiquement obtenu l’ensemble du territoire qu’elle revendiquait.

Pour le régime ukrainien, c’est une débâcle et le rapport de l’armée ukrainienne a tout simplement « oublié » de parler de Lyssytchansk. Voici une carte des opérations et il faut se rappeler de deux choses : tout d’abord l’armée ukrainienne est numériquement plus nombreuse que l’armée russe depuis le lancement de « l’opération spéciale » en février 2022, ensuite le cœur de l’armée ukrainienne se situe au Donbass. Une défaite dans la zone marquerait la déroute de l’armée ukrainienne.

Toute la partie bleue sur la carte ci-dessus consiste en un territoire revendiqué par la « République populaire de Donetzk ». On est comme on le voit encore loin du compte, mais voici une autre carte pour comprendre l’importance de Lyssytchansk (en rose sur la carte), qui se situait juste en face de Severodonetzk et qui est désormais à la fois encerclée par l’armée russe, ainsi que prise par celle-ci dans sa majorité.

Comme on le voit c’était un très important verrou pour bloquer la prise du Donbass dans son ensemble. Une percée russe démantèlerait le noyau dur de l’armée ukrainienne et unifierait le front offensif russe.

Tout cela montre en tout cas très bien que l’armée russe ne pouvait pas, comme le prétendent les médias occidentaux, battre l’armée ukrainienne en trois jours et elle ne l’a jamais pensé. L’offensive de Kiev, qui n’a pas eu de réussite, visait à éviter justement d’avoir cet affrontement long et sanglant. Et, de par la situation, les affrontements vont durer au moins tout l’été, l’objectif russe central restant de toutes façons Odessa. On va directement à un découpage en trois du pays, rendu « inévitable » de par la crise économique mondiale et les contradictions entre puissances s’aiguisant au point de diviser le bloc occidental.

C’est du moins ce qu’espère la Russie et il y a ici beaucoup de réalisme. L’idée de Vladimir Poutine était qu’en tirant la première, la Russie se placerait avec avantage dans le repartage du monde. Jusque-là le pari est relativement réussi ; c’est si l’on veut un Brexit à la russe.

Et si cela marche aussi, c’est par la folie nationaliste et belliciste du régime ukrainien. Il n’y a vraiment rien à sauver chez lui et il est en train d’entraîner la nation ukrainienne dans un effondrement généralisé. C’est littéralement le suicide d’une nation, à la fois anesthésiée et hypnotisée, sans aucune conscience historique de la situation.

Mais le même sort n’attend-il pas les Français, qui ne comprennent rien à la situation…? Il suffit de voir le congrès de l’OTAN qui vient de se tenir à Madrid : il est historique et dramatique par l’annonce prochaine de 300 000 soldats dans la « force de réaction » de l’OTAN… Et pourtant, absolument personne n’en parle. Tout le monde préfère rester dans sa bulle consommatrice, avec éventuellement des revendications « sociales »…

On est comme avant 1914, avec des zombies allant à guerre mondiale.

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Les députés européens de « gauche » qui ont voté pour l’intégration de l’Ukraine

C’est très révélateur.

Le 23 juin 2022, le parlement européen a contribué au bellicisme en acceptant la candidature de l’Ukraine (ainsi que de la Moldavie, et accepté la future candidature de la Géorgie). Regardons ce qu’ont fait les députés européens de « gauche », car c’est très révélateur.

La France insoumise et apparentés a six députés européens. Anne-Sophie Pelletier, Leïla Chaibi et Manon Aubry ont voté pour l’acceptation, ce qui les place dans un alignement direct avec le bellicisme et le militarisme. Younous Omarjee et Manuel Bompard ne semblent pas avoir été présents ; en ce qui concerne le second il était en tout cas sur RTL le matin et BFM TV ensuite.

Le seul qui a été un tant soit peu correct, et encore relativement car il n’a pas voté « non », c’est Emmanuel Maurel (de la Gauche républicaine et socialiste) qui s’est abstenu.

Qu’est-ce que cela signifie ? Que La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon n’est absolument pas un rempart contre la guerre. C’est un accompagnement « social » des décisions prises par le capitalisme, y compris la guerre. Car qu’est-ce que signifie d’autre l’acception de l’Ukraine comme candidate, à un moment où ce pays est devenu le jouet de l’OTAN pour transformer l’Europe en champ de bataille ?

Regardons les autres mouvements considérés comme de gauche. Du côté du Parti socialiste et apparentés, avec six députés européens également, tous ont voté pour, sauf Nora Mebarek, absente : Raphaël Glucksmann (de Place publique), Sylvie Guillaume, Éric Andrieu, Aurore Lalucq et Pierre Larrouturou (de Nouvelle donne).

Cette unanimité ne doit pas surprendre, elle montre que le Parti socialiste a fait un choix très clair, celui d’accepter et de soutenir l’expansionnisme capitaliste. C’est également vrai pour Europe Écologie Les Verts, devenu farouchement pro-OTAN ces dernières années : tous les députés européens ont voté pour, à part deux absentes (Michèle Rivasi et Karima Delli) : Yannick Jadot, Damien Carême, Marie Toussaint, David Cormand, Mounir Satouri, Caroline Roose, François Alfonsi (du Parti de la nation corse), Benoît Biteau, Gwendoline Delbos-Corfield et Claude Gruffat (sans étiquette).

Ces députés européens considérés comme de « gauche » ont ainsi voté comme les députés européens de la Droite avec Les Républicains (8 députés, Brice Hortefeux n’était toutefois pas présent), et comme les 24 députés européens pro-Emmanuel Macron (avec trois absents).

C’est terrible, car il y aurait eu le moyen de faire un bloc de gauche contre l’expansionnisme et le militarisme. Car qu’a fait l’extrême-droite française ? Du côté des forces pro Marine Le Pen, n’étaient pas là : Jordan Bardella, Hélène Laporte, Joëlle Mélin, Virginie Joron, Julie Lechanteux, Philippe Olivier.

Ont voté contre : Thierry Mariani, Dominique Bilde, Hervé Juvin, Jean-Paul Garraud, Catherine Griset, Gilles Lebreton, Jean-François Jalkh, Aurélia Beigneux, Annika Bruna, France Jamet, André Rougé, Mathilde Androuët, Jean-Lin Lacapelle.

A ces derniers députés, il faut ajouter deux ex-pro-Marine Le Pen passés à Reconquête d’Eric Zemmour : Nicolas Bay et Jérôme Rivière, leurs acolytes Gilbert Collard et Maxette Pirbakas n’ayant pas été présents.

Cela ne fait pas lourd, car ils ont été très isolés dans leur démarche. C’est là que c’est impressionnant : la résolution pour accepter l’Ukraine comme candidate à l’Union européenne a reçu le soutien de 529 députés européens, 14 s’étant abstenus et 45 ayant été contre.

Sur ces 45 contre, on a ainsi 15 français d’extrême-Droite, pour un total de 29 appartenant à l’extrême-Droite, 3 aux conservateurs, 8 aux non-inscrits (mais en fait souvent d’extrême-Droite), et… seulement six de gauche !

On parle ici d’Özlem Demirel de la gauche allemande « Die Linke », de la Tchèque Kateřina Konečná du Parti communiste de Bohême et Moravie, d’Anja Hazekamp du Parti pour les animaux (aux Pays-Bas), de Sandra Pereira et João Pimenta Lopes du Parti Communiste portugais, de Manu Pineda du Parti Communiste d’Espagne.

On parle ici, on l’aura compris, de personnes isolées dans leur démarche, alors qu’un soutien de La France insoumise aurait permis d’en cimenter l’action. Ce n’est toutefois pas du tout l’option de La France insoumise.

On notera également que parmi les abstentionnistes, six seulement sont de gauche. On a l’Irlandaise Clare Daly, qui affirme ouvertement que l’Ukraine est utilisée comme chair à canon pour mener la guerre à la Russie, tout comme l’Irlandais Mick Wallace, tous deux étant membres des « Indépendants pour le changement », un mouvement de gauche. On a Marc Botenga du Parti du Travail de Belgique, Giórgos Georgíou du Parti progressiste des travailleurs (à Chypre), Sira Rego de la Gauche Unie (en Espagne).

Quel intérêt que cette abstention ? Il n’y en a pas bien entendu. On a besoin de fermeté face au capitalisme qui a décidé de tout engloutir sur son passage et de se précipiter dans la guerre. Et l’exemple de ce vote au parlement européen montre qu’il n’y a rien à attendre de ce niveau, et que La France insoumise n’est pas du tout dans une démarche anti-guerre.

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La décision d’affrontement du sommet historique de l’OTAN à Madrid

L’armée de l’OTAN doit disposer de plus de 300 000 soldats en Europe.

Tout ce qui a été décidé au sommet de l’OTAN à Madrid les 29-30 juin 2022 avait été annoncé juste auparavant, néanmoins un élément est ressorti qui a rendu les diplomates chinois plein de rage : la Chine est présentée comme relevant d’un « défi systémique » pour les intérêts de l’Union européenne. C’est là une intéressante manière de voir les choses puisque cela permet de transformer l’alliance transatlantique en bloc devant épauler la superpuissance américaine dans la zone indo-pacifique. Rappelons qu’étaient également présents au sommet les représentants de l’Australie, du Japon, de la Nouvelle-Zélande et de la République de Corée.

Emmanuel Macron s’est empressé, lors de la conférence de presse qui a suivi, d’expliquer que l’OTAN n’était pas en guerre. C’est totalement vain de par l’ampleur du soutien financier et militaire fourni à l’Ukraine et de par la décision d’organiser à court terme une armée de l’OTAN de 300 000 soldats en Europe. C’est le nombre qu’il faut pour une guerre conventionnelle avec la Russie.

Le compte twitter du président de la république a également publié une image montrant la présence de l’armée française sur le flanc Est, ce qui montre le sens de l’engagement belliciste. Dans la version anglaise, cela donne même le « front de l’Est » ! Mais l’OTAN n’est pas en guerre, pas du tout !

Mais de toutes façons, Emmanuel Macron n’a plus vraiment son mot à dire au sens strict, puisque c’est maintenant la superpuissance américaine qui décide de la stratégie française. La France reste un pays capitaliste indépendant, avec sa propre armée, mais stratégiquement, elle a été satellisée. Ses intérêts, lorsqu’ils existent en particulier, doivent forcément se situer dans la perspective des intérêts américains en général.

C’est pour cela d’ailleurs que personne à gauche en France ne parle du sommet de l’OTAN. Il y a des protestations à l’intérieur du capitalisme français, dans le cadre qu’il impose. Mais il n’y a pas de remise en cause générale, d’envergure historique. Sinon il serait bien vu que la contestation « à la française » est insignifiante par rapport à ce qui se déroule réellement. La société française va se voir précipiter dans la guerre et s’en étonner comme en 1914 !

Encore est-il que le sommet de l’OTAN impose une accélération puisque pour arriver à une armée de 300 000 soldats, il faut des efforts colossaux. La superpuissance américaine compte bien que l’Union européenne, désormais alignée sur l’OTAN à 100%, finance tout le projet ou du moins une très grande partie. Il faut donc mobiliser, aligner les opinions, les préparer au conflit, etc. Cela promet une sacrée ambiance bien délétère dans les prochains mois !

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Sommet historique de l’OTAN à Madrid

L’OTAN se prépare à la guerre.

Mercredi 29 juin 2022 s’est tenu à Madrid un sommet de l’OTAN qui a une portée historique. Le sommet se déroule en deux jours, mais tout a été dit lors du premier, pour un jalon évident sur la terrifiante route menant à la 3e guerre mondiale qui se dessine sous nos yeux. Voici, pour y voir clair et de la manière la plus simple possible, un résumé en six point de la journée.

1.

La Finlande et la Suède ont participé à toutes les réunions et ont été officiellement invitées à rejoindre l’alliance militaire, qui va donc s’élargir vers le nord de l’Europe, contre la Russie.

2.

Les États-Unis affirment leur domination de l’alliance militaire et la vassalisation de l’Europe sur le plan militaire. Le président américain a annoncé un nouveau centre de commandement permanent en Pologne, un renforcement de la présence militaire américaine en Allemagne, en Italie et en Roumanie, l’arrivée de deux nouveaux escadrons de F-35 (unités d’avions de chasse) au Royaume-Uni et de deux nouveaux destroyers (navire contre-torpilleur) en Espagne. Il a dit faire la promesse de défendre « chaque pouce » (chaque mètre carré) du territoire européen.

Il n’est plus question d’aucune autonomie stratégique européenne et les ambitions du président français Emmanuel Macron (et de l’Allemagne) d’une force militaire européenne sont mortes et enterrées.

3.

Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a réaffirmé le soutien indéfectible de l’alliance militaire à l’Ukraine. De nouvelles livraisons d’armes, de véhicules blindés, de moyens médicaux, de moyens de communication, et de moyens de défense ont été annoncés.

Le président du régime ukrainien Vladimir Zelensky était invité en visioconférence. Il a réclamé la livraison de beaucoup plus d’équipements modernes pour « [briser] la prépondérance de l’artillerie russe », ainsi qu’un soutien financier de 5 milliards de dollars par mois.

4.

Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a confirmé le renforcement de la « posture stratégique » de l’alliance militaire en portant celle-ci à 300 000 hommes, en « haut niveau de préparation ». Ce sont des troupes militaires fournies par les différents pays de l’alliance, qui doivent pouvoir être mobilisées instantanément et pour le compte exclusif de l’OTAN qui en assure le commandement.

5.

Les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’OTAN ont approuvé le nouveau concept stratégique de l’OTAN qui fixe les priorités, les tâches fondamentales et les stratégies de l’alliance militaire pour les dix prochaines années. Il est considéré comme le deuxième document le plus important pour l’OTAN et consiste en la définition de la situation mondiale actuelle et détermine l’orientation politique et militaire de l’alliance.

Il est considéré qu’il faut augmenter les dépenses militaires et qu’il « ne faut pas écarter la possibilité d’une attaque contre l’intégrité territoriale ou l’intégrité d’un allié ». C’est une manière hypocrite d’annoncer le futur conflit conventionnel en Europe.

6.

La superpuissance chinoise est officiellement définie par ce document comme une puissance ennemie, ainsi que le présente le communiqué officiel de l’OTAN du mercredi 29 juin :

« Dans ce document, la Russie est définie comme « la menace la plus importante et la plus directe » pour la sécurité des Alliés, et la question de la Chine est abordée pour la première fois, au travers des défis que Pékin fait peser sur la sécurité, les intérêts et les valeurs de l’Alliance. »

La zone indo-pacifique est au cœur de la bataille pour le repartage du monde avec la concurrence entre les superpuissances américaine et chinoise. Dans ce cadre, l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République de Corée étaient invités et ont participé pour la première fois à un sommet de l’OTAN !

Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a d’ailleurs déclaré :

« Nous assistons à un resserrement du partenariat stratégique entre Moscou et Pékin. Et le fait que la Chine s’affirme de plus en plus et s’appuie sur des politiques de coercition a des conséquences pour la sécurité des Alliés et de leurs partenaires ».

Le capitalisme en crise veut se refaire une santé en démolissant la Russie et en cassant la Chine. La superpuissance américaine est au cœur de l’opération. Et seules les masses se soulevant peuvent empêcher la guerre à venir.

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« La Russie ne peut ni ne doit gagner la guerre »

Les choses vont vites et l’emballement est total.

Il y a quelques jours encore, on pouvait voir une sorte de relâchement sur la question de l’Ukraine, avec une acceptation relative de la partition exigée par la Russie et l’idée de simplement faire durer le conflit pour affaiblir la Russie à terme.

C’était évident sur le plan international que le président français Emmanuel Macron avait le rôle de celui voulant maintenir une fenêtre de dialogue avec la Russie, laissant la place à de possibles accords entre l’OTAN et la Russie sur la question ukrainienne (quitte à ne pas respecter ensuite les engagements pris).

C’est bel et bien fini, la superpuissance américaine considère maintenant qu’il n’y a plus le choix et qu’il faut braquer directement les canons contre la Russie. Le sommet de l’OTAN, ouvert mardi 28 juin 2022 à Madrid par un dîner avec l’infâme roi d’Espagne, va être historique.

Dans un tel contexte, on n’insistera jamais assez sur l’importance de se mobiliser en affirmant fortement les principes : non à la guerre, non à l’OTAN. C’est ici qu’une initiative comme Rosa la gazette anti-guerre va être très utile. Car il va falloir mobiliser face au rouleau compresseur de la guerre. Par tous les moyens.

Et donc, pour donner le ton question rouleau compresseur, le président français a radicalement changé sa ligne depuis Essen en Allemagne mardi 28 juin 2022, avant de s’envoler pour Madrid dans la soirée. Pour lui, « la Russie ne peut ni ne doit gagner la guerre ».

Voilà qui annonce la couleur, alors qu’il va être question pour l’OTAN d’inscrire dans son nouveau « Concept stratégique » que la Russie constitue une menace directe pour sa sécurité. La diplomatie américaine a déjà donné les contours du sommet, où les « alliés » sont invités à venir entendre qu’il va falloir fournir « un effort supplémentaire ». Et « même la France », a-t-il été précisé, à en croire le Figaro.

Et même la Turquie, faut-il ajouter également. Car une annonce décisive a été faite juste avant le sommet de l’OTAN : la Turquie qui bloquait les candidatures suédoise et finlandaise à l’OTAN depuis mi-mai a signé un mémorandum d’accord levant ce blocage. Tout le monde est donc prié d’arrêter ses compositions personnelles et de s’aligner totalement sur les exigences américaines d’affrontement avec la Russie.

De son côté, la Russie ne compte certainement pas relâcher la pression. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a réaffirmé sa volonté de voir l’Ukraine déposer les armes dans « toutes les conditions fixées par la Russie ». Et s’il faut pour cela aller contre l’OTAN, la Russie laisse entendre qu’elle assumera.

L’ancien président russe Dmtri Medvedev, actuel vice-président du Conseil de sécurité de Russie et dirigeant du parti Russie unie de Vladimir Poutine, a déclaré par exemple qu’il était hors de question qu’il soit touché à la Crimée (comme le réclame le régime ukrainien), et que si celle-ci était attaquée, alors « ce sera la troisième guerre mondiale ».

Voilà l’état du monde, fin juin 2022, à la veille d’un sommet historique de l’OTAN. Où est la Gauche, pour s’y opposer, pour alerter l’opinion et éduquer les esprits les plus affûtés ? Il y a urgence !

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Jens Stoltenberg annonce la mise en place d’une puissante armée de l’OTAN en Europe

Le camp de la guerre met en place son projet.

La superpuissance américaine décide, l’OTAN applique. Le sommet de l’OTAN n’a lieu que le 29 juin 2022, mais le secrétaire de l’OTAN Jens Stoltenberg en a déjà révélé le contenu, à proprement parler hallucinant. Les mesures annoncées consistent en effet en la mise en place en Europe d’une armée conventionnelle pour affronter la Russie. La Chine est également présentée comme l’ennemie suivant.

2% du PIB pour l’armée dans chaque pays est considéré comme le minimum. Et pour parfaire ce décorum belliciste, le président ukrainien Volodymyr Zelensky participera au sommet de l’OTAN.

Voici ce que Jens Stoltenberg a expliqué le 27 juin lors d’une conférence de presse :

Bon après-midi.

Notre sommet de l’OTAN à Madrid cette semaine sera transformateur. Avec de nombreuses décisions importantes. Y compris sur un nouveau concept stratégique pour une nouvelle réalité de sécurité. Un changement fondamental dans la dissuasion et la défense de l’OTAN. Et un soutien à l’Ukraine maintenant et pour l’avenir.

Notre nouveau Concept nous guidera dans une ère de concurrence stratégique. J’espère qu’il indiquera clairement que les Alliés considèrent la Russie comme la menace la plus importante et la plus directe pour notre sécurité.

Il s’adressera à la Chine pour la première fois. Et les défis que Pékin pose à notre sécurité, nos intérêts et nos valeurs.

Il couvrira également notre approche évolutive face à un certain nombre d’autres menaces et défis. Y compris le terrorisme, le cyber et l’hybride.

Au Sommet, nous renforcerons nos défenses avancées. Nous renforcerons nos groupements tactiques dans la partie orientale de l’Alliance jusqu’au niveau des brigades. Nous transformerons la Force de réaction de l’OTAN.

Et augmenteront le nombre de nos forces à haut niveau de préparation.

À bien plus de 300 000.

Nous allons également donner un puissant élan à notre capacité à nous renforcer en cas de crise et de conflit. Y compris avec davantage d’équipements prépositionnés et des stocks de fournitures militaires. Plus de capacités déployées vers l’avant, comme la défense aérienne. Un commandement et contrôle renforcés. Et des plans de défense améliorés, avec des forces pré-assignées pour défendre des Alliés spécifiques.

Ces troupes exerceront avec les forces de défense intérieure. Et elles se familiariseront avec le terrain local, les installations et nos nouveaux stocks pré-positionnés. Afin qu’elles puissent répondre en douceur et rapidement à toute urgence.

Ensemble, cela constitue la plus grande refonte de notre dissuasion et de notre défense collectives depuis la guerre froide. Et pour ce faire, nous devrons investir davantage. Aujourd’hui, nous publions de nouveaux chiffres sur les dépenses de défense. Ils montrent que 2022 sera la huitième année consécutive d’augmentations chez les Alliés européens et au Canada.

D’ici la fin de l’année, ils auront investi bien plus de 350 milliards de dollars américains supplémentaires depuis que nous avons convenu de notre promesse d’investissement dans la défense en 2014. Neuf Alliés atteignent désormais – ou dépassent – ​​l’objectif de 2 %. Dix-neuf Alliés ont des plans clairs pour l’atteindre d’ici 2024. Et cinq autres ont des engagements concrets pour le respecter par la suite.

Deux pour cent sont de plus en plus considérés comme un plancher et non comme un plafond. Nous conviendrons également d’investir davantage ensemble dans l’OTAN. Au profit de notre sécurité.

Le gouvernement et le peuple ukrainiens continuent de résister à la guerre d’agression brutale de la Russie. Leur courage et leur engagement sont une source d’inspiration. Et je me réjouis que le président Zelensky se joigne à nous au sommet de l’OTAN.

L’OTAN et les Alliés ont fourni un soutien substantiel à l’Ukraine depuis l’annexion illégale de la Crimée par la Russie en 2014. Y compris avec une aide militaire et financière. Et l’entraînement de dizaines de milliers de soldats ukrainiens.

Tout cela fait une différence sur le champ de bataille chaque jour. Et depuis l’invasion de février, les Alliés se sont allés encore plus loin. Avec des milliards d’euros d’aide militaire, financière et humanitaire.

Lors du sommet, nous nous mettrons d’accord sur un programme d’assistance global renforcé pour l’Ukraine. Cela comprendra des livraisons substantielles de soutien. Dans des domaines tels que les communications sécurisées, les systèmes anti-drones et le carburant. À plus long terme, nous aiderons l’Ukraine à passer de l’équipement militaire de l’ère soviétique à l’équipement moderne de l’OTAN. Et à renforcer davantage ses institutions de défense et de sécurité.

Au Sommet, nous prendrons également des décisions pour continuer à adapter l’OTAN. Y compris avec un nouveau Fonds OTAN pour l’innovation d’un milliard d’euros pour investir dans les technologies émergentes à double usage. Et sur le changement climatique, nous conviendrons de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour l’OTAN en tant qu’organisation.

Nous approfondirons également notre coopération avec les partenaires les plus proches de l’OTAN. Je me réjouis que l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République de Corée se joignent à nous pour la première fois à notre sommet. La Géorgie et l’Union européenne y participeront également.

Et nous adopterons de nouveaux programmes de soutien pour nos partenaires la Géorgie, la Bosnie-Herzégovine et la République de Moldavie. Ainsi que la Mauritanie et la Tunisie. Nous visons également à faire avancer les candidatures historiques de la Finlande et de la Suède à l’adhésion à l’OTAN. Tout en veillant à ce que les préoccupations de sécurité de tous les Alliés soient prises en compte.

J’ai parlé avec le président Erdogan samedi et rencontrerai le Premier ministre Andersson plus tard dans la journée. Je suis heureux que le président Erdogan, le président Niinisto et le premier ministre Andersson aient accepté mon invitation à se rencontrer demain à Madrid. Et aujourd’hui, nous accueillons une autre réunion de hauts responsables des trois pays ici au siège de l’OTAN.

Enfin, les Alliés discuteront des menaces et des défis du sud. Nous nous réengagerons dans la lutte contre le terrorisme. Résoudre la crise alimentaire causée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Et considérer notre réponse à l’influence croissante de la Russie et de la Chine dans notre voisinage méridional.

Surtout, nous réaffirmerons que le lien transatlantique reste le socle de notre sécurité. L’Europe et l’Amérique du Nord, ensemble dans l’OTAN. Sur ce, je suis prêt à répondre à vos questions. »

Comme il a été dit sur agauche.org, la troisième guerre mondiale est un processus déjà enclenché. Il faut l’empêcher !

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Le Royaume-Uni déclare pratiquement la guerre à la Russie

Cela ne fait pas semblant.

Le général Sir Patrick Sanders est depuis peu le nouveau chef d’état-major de la British Army, l’armée britannique. Sa ligne est radicalement différente de celle de son prédécesseur puisqu’il s’agit d’assumer totalement la guerre, alors qu’avant il était même question de réduire les effectifs…

Dans un message interne à ses troupes le 18 juin 2022, expliquant qu’il est le premier chef d’état-major depuis 1941 à prendre le commandement de l’armée dans l’ombre d’une guerre terrestre en Europe impliquant une puissance continentale, il dit ni plus ni moins qu’il s’agit d’être « prêt à combattre et à gagner des guerres terrestres ».

Cela entre autres déclarations du genre, d’un bellicisme incroyable :

« Il y a urgence à bâtir une armée capable de combattre aux côtés de nos alliés et de vaincre la Russie au combat ».

« Nous sommes la génération qui doit préparer l’armée à se battre à nouveau en Europe ».

« C’est particulièrement mon devoir de rendre notre armée aussi meurtrière et efficace que possible. Le moment est venu et c’est à nous de saisir l’occasion ».

Le même jour, le Premier ministre britannique Boris Johnson allait exactement dans le même sens en déclarant dans la presse :

« Je crains que nous devons nous armer pour une longue guerre, alors que Poutine recourt à une campagne d’usure, essayant d’écraser l’Ukraine avec brutalité. Le Royaume-Uni et ses partenaires doivent réagir en veillant à ce que l’Ukraine ait l’endurance stratégique pour survivre et, finalement, l’emporter ».

La messe est dite. L’armée britannique n’acceptera aucune partition de l’Ukraine. Elle est d’ores et déjà prête à assumer une guerre contre la Russie. Le Royaume-Uni défend donc, au sein de l’Otan, une ligne ultra pour aller jusqu’au bout. C’est que l’armée britannique se voyait déjà faire d’Odessa son port avancé en Orient, alors elle n’imagine pas que ses plans soient contrariés.

Le problème, c’est que la guerre en Ukraine est à un tournant et l’armée ukrainienne va connaitre défaite sur défaite, alors qu’elle n’a remporté quasiment aucune victoire depuis le début de l’invasion. Il n’y a donc pas d’alternative : soit l’Otan ou en tous cas une armée puissante comme la British Army s’en mêle directement, soit la Russie obtiendra une partition de l’Ukraine (ce qui n’est pas incompatible avec un conflit larvé en parallèle, qui existe de fait déjà depuis 2014).

Voici d’ailleurs un texte d’une signification quasi-historique, sur lequel il ne serait pas sérieux de faire l’impasse. C’est une déclaration commune du ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine Dmytro Kuleba et de son homologue pour le Royaume-Uni, Liz Truss, le dimanche 26 juin 2022.

Il est question d’armes lourdes en masse, pour défaire directement l’armée russe. Cela équivaut en pratique à une déclaration de guerre britannique envers la Russie, et c’est en tous cas comme cela que la Russie va le considérer.

Le mot « paix » est prononcé à de nombreuse reprises pour justement en repousser le contenu, car le Royaume-Uni ne veut surtout pas d’un quelconque traité dans les conditions actuelles.

« Le Royaume-Uni est aux côtés de l’Ukraine sur la voie d’une démocratie européenne libre. Nous l’avons renforcé grâce à notre partenariat trilatéral avec la Pologne. Maintenant plus que jamais, nous sommes solidaires.

Le président Zelenskyy et le Premier ministre Boris Johnson sont unis pour défendre la sécurité et la liberté de l’Europe. Nous avons tous les deux noué une étroite amitié en tant que ministres des Affaires étrangères, voyant d’un même œil la Russie et bien d’autres questions.

Le partenariat entre nos grandes nations est fondé sur le principe fondamental selon lequel les gens doivent être libres de choisir leur propre avenir. Pourtant, c’est un anathème pour Vladimir Poutine. Il se sent menacé par la perspective de succès des démocraties libres voisines comme l’Ukraine, car cela risque d’exposer les échecs de l’autoritarisme. Il est donc maintenant déterminé à éteindre la flamme de la liberté en Ukraine par une guerre totale.

Pour obtenir la paix et protéger notre mode de vie, l’Ukraine et le monde libre doivent rester forts et unis. Nous devons ignorer les voix défaitistes qui insistent sur le fait que les gens commencent à se fatiguer et qui proposent de vendre l’Ukraine pour mettre fin rapidement à l’horreur implacable. Le peuple ukrainien n’a pas le luxe de se sentir fatigué. Le reste du monde libre non plus. Les preuves de crimes de guerre odieux continuent de s’accumuler, du bombardement de civils ukrainiens innocents au viol, à la torture et à l’enlèvement.

Les forces russes militarisent la faim dans le monde en arrêtant les exportations de céréales ukrainiennes et en volant les récoltes. Les mandataires russes ont enfreint la Convention de Genève dans la manière dont ils traitent les prisonniers de guerre, y compris les citoyens britanniques servant dans les forces armées ukrainiennes. Il est donc impératif que le G7 et l’OTAN démontrent cette semaine que leur engagement envers l’Ukraine ne sera jamais surpassé par la détermination de Poutine à s’en emparer.

Cela signifie augmenter et accélérer leur approvisionnement en armes lourdes, continuer à sanctionner tous ceux qui sont complices de la guerre de Poutine et couper complètement les importations d’énergie russe. Chaque arme livrée aidera le peuple ukrainien à repousser les forces russes, à reprendre des villes actuellement sous le feu comme Severodonetsk et celles contrôlées par la Russie comme Kherson.

Chaque sanction contribuera à affamer la machine de guerre de Poutine et à sauver davantage de civils innocents d’une nouvelle barbarie. Le peuple ukrainien se bat sans crainte pour sa patrie. Ils peuvent gagner cette bataille et la gagneront avec le soutien indéfectible du monde libre.

C’est pourquoi le Royaume-Uni est à l’avant-garde de la fourniture d’armes lourdes. Les systèmes britanniques de lance-roquettes multiples M270 sont en route pour aider l’Ukraine à se défendre contre l’artillerie russe à longue portée.

Le Royaume-Uni a déjà fourni 1,3 milliard de livres sterling d’aide militaire, notamment des missiles antichars, des systèmes de défense aérienne, des véhicules blindés et de la formation. Le peuple ukrainien se souviendra à jamais de ce que le Royaume-Uni a fait à ses heures les plus sombres. Le Royaume-Uni augmente ses sanctions, avec une nouvelle législation cette semaine sur une série d’interdictions commerciales, et d’autres à venir le mois prochain.

Le monde libre, collectivement, doit faire pression plus fort pour couper la Russie de ses principales sources de revenus étrangers : l’énergie et d’autres exportations telles que l’or. Nous ne pouvons pas être intimidés par Poutine qui essaie d’allumer le monde avec des menaces sinistres. Chaque fois que l’OTAN a résisté à son intimidation, il a été contraint de reculer, et non d’encore plus avancer. Son agression ne réussit qu’à encourager davantage de nations à rejoindre l’alliance défensive la plus réussie au monde.

Il viendra un temps pour la paix. Mais il faut que ce soit une paix bonne et durable. Le chemin de Poutine vers la table des négociations passe par les champs de bataille de l’Ukraine. Il ne sera sérieux au sujet des négociations qu’une fois que le peuple ukrainien aura repoussé ses troupes. Les partisans de l’Ukraine doivent tous jouer leur rôle pour que le président Zelensky puisse négocier en position de force face à un Poutine affaibli. C’est essentiel pour que la paix dure.

Il ne peut y avoir de règlement négocié qui reproduise l’accord de Minsk, qui s’est fait au détriment de la souveraineté, de la sécurité et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Ceux qui proposent de sacrifier la terre ukrainienne proposent en fait de payer en sang ukrainien pour l’illusion de la paix. Ce sera un mirage s’il n’est pas accompagné de la restitution du territoire ukrainien et de l’endiguement de l’impérialisme de Poutine.

Poutine a clairement indiqué qu’il ne s’arrêtera pas à l’Ukraine dans ses ambitions, mais ira plus loin en ciblant d’autres nations souveraines – en particulier celles qu’il croit pernicieusement faire partie de la Russie. C’est pourquoi personne ne peut se sentir en sécurité jusqu’à ce que la Russie se retire de l’Ukraine et ne soit plus jamais en mesure de perpétrer une telle agression.

Le peuple ukrainien ne se bat pas seulement pour son avenir, mais aussi pour l’avenir de la liberté et de la démocratie en Europe et dans le reste du monde. C’est la guerre de tous, car la victoire de l’Ukraine est dans notre intérêt à tous, aussi longtemps que cela prendra. Ensemble, nous pouvons assurer l’avenir de l’Ukraine dans une Europe entière et libre, où la paix règne à nouveau. »

Ces gens sont des furieux. Ils précipitent le monde dans la guerre, ils assument totalement de déclencher la 3e guerre mondiale. Le régime britannique et les dirigeants nationalistes et corrompus de l’Ukraine jettent le peuple ukrainien en pâture, comme première chair à canon de la nouvelle guerre mondiale pour le repartage du monde.

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Le découpage futur de l’Ukraine découlant de la situation actuelle

Il découle du rapport de force entre puissances.

Tant qu’à avoir fait jusqu’à présent un sans faute concernant l’analyse de la guerre en Ukraine, notamment en la prévoyant six mois avant son déclenchement, autant essayer de formuler à quoi ressemblerait le découpage de ce malheureux pays si l’on part de la base de la situation actuelle.

Et autant aller droit au but avant d’expliquer pourquoi cela ressemblerait à cela. On aurait : une zone sous contrôle occidental/américain avec Kiev, une zone tampon occidentale/européenne avec Kharkiv qui est toutefois une ville russophone proche géographiquement de la Russie, des républiques en série (Odessa, Kherson, Donetzk, Louhansk, etc.) autonomes mais convergeant entièrement avec la Russie.

Ce découpage, qui s’il a bien lieu doit se produire à l’automne au grand plus tard, obéit aux facteurs suivants.

La Russie a réussi à débouler massivement dans le Donbass, elle se doit de prendre Odessa et de faire un lien avec la Transnistrie, alors qu’en Moldavie il y a beaucoup de Russes. Elle n’a toutefois pas les moyens de prendre le reste de l’Ukraine, ou au moins ce qui est présenté comme la zone tampon, sans exercer un saut qualitatif, avec une mobilisation militaire générale.

Il y a toutefois moyen d’éviter cela et de supprimer rapidement les sanctions, au moins en grande partie ou en tout cas de revendre du gaz en Europe. En effet, l’Allemagne est horrifiée de voir quel va être le coût monstrueux que l’abandon du gaz russe va lui imposer en hiver. La situation n’arrange pas non plus la France qui veut avoir un rôle à jouer et il en va de même pour l’Italie.

Si ces pays pouvaient donc prendre pied dans cette zone tampon, avec une dimension relative puisque Kharkiv est une ville russophone…

Source wikipédia

La Russie serait d’autant plus gagnante que du côté roumain il y a les montagnes carpathiques, un grand obstacle terrestre, et l’existence de ces deux zones ukrainiennes « maîtrisées » neutraliseraient de fait une projection militaire terrestre vers Moscou. Il ne faut pas se leurrer, l’OTAN visait d’utiliser l’Ukraine (et la Pologne) pour ça.

Enfin, il resterait une Ukraine « officielle », avec Kiev comme capitale, directement sous contrôle américain comme actuellement, et surtout conservant légalement toutes les innombrables dettes du pays. La superpuissance américaine aurait alors échoué dans sa tentative de faire tomber la Russie, mais en même temps l’armée ukrainienne commence à échouer de manière suffisamment nette pour chercher à éviter une déroute complète… Et puis il peut y avoir l’idée que la Russie est suffisamment affaiblie et qu’il est enfin possible de passer au concurrent chinois.

Un tel découpage rendrait naturellement fou de rage le Royaume-Uni, qui veut le port d’Odessa et prendre pied en général dans la zone, son objectif est résolument de démembrer la Russie. Seraient très mécontents aussi la Pologne, la Roumanie et les pays baltes, qui verraient leurs ambitions s’effondrer. Ce serait alors toute cette série de pays qui seront source du conflit suivant qui ne manquera pas de suivre.

On n’en est pas là. Cependant les choses peuvent aller très vite. On voit déjà comment les accusations de crimes de guerre disparaissent en partie des médias occidentaux, comment la situation est présentée comme une sorte d’imbroglio infernal qu’il s’agirait au mieux de congeler. Naturellement, les pays occidentaux espèrent encore faire tomber la Russie. Mais si celle-ci l’emporte, la « raison » l’emportera. La raison capitaliste du repartage du monde, bien entendu, avec l’attente du prochain tour.

Il ne faut clairement plus parler de « seconde » guerre mondiale, car en français quand il n’y a que deux termes on choisit plutôt « second » que « deuxième ». La troisième a en effet déjà commencé.

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Le ciel commence à tomber sur la tête des Ukrainiens

C’est le suicide d’une nation.

Parmi toutes les folies du conflit russo-ukrainien, celle qui est la plus troublante, c’est le mélange de marasme et d’envoûtement qui a pris les Ukrainiens. Ces derniers n’ont rien compris à ce qui se passe, ni depuis la guerre, ni avec le déclenchement, ni auparavant. Ils se sont fait balader intellectuellement et moralement, ils ont suivi et accepté sans aucune réflexion, engageant la survie même de leur nation dans une voie mortellement dangereuse sans même le remarquer.

Il ne faut bien entendu pas parler ici de la poignée d’oligarques contrôlant l’Ukraine, ni de ceux directement vendus aux occidentaux (comme la Femen Inna Shevchenko qui a découvert son pays d’origine à l’occasion de l’invasion afin de promouvoir sa propre carrière), ni des nationalistes voulant une Ukraine « pure ». Ces gens-là ne représentent pas grand chose numériquement.

Il faut parler des Ukrainiens qui vivent comme tout le monde vit et qui attendent du lendemain qu’il assure pareillement que la veille le parcours d’une vie personnelle. Et ces gens, qu’on va qualifier de normaux, n’ont rien compris. Alors forcément, alors que les choses tournent très mal pour l’armée ukrainienne, le ciel tombe sur la tête de ces pauvres gens.

Que se passe-t-il en fait ? Après la tentative du choc initial, l’armée russe a renversé sa position. De son point de vue, puisque les Ukrainiens ne veulent résolument pas basculer, c’est qu’ils assument de rompre entièrement avec la culture russe (en fait les gens en Ukraine n’ont pas compris du tout cet aspect), partant de là il y a le droit d’agir en rouleau compresseur pour la conquête de zones entières… en clair jusqu’à Odessa pour former la Nouvelle-Russie, mais en prenant avant tout le Donbass dans son entièreté.

L’armée russe a ainsi procédé par vagues visant à encercler, en s’appuyant sur la contradiction interne à l’armée ukrainienne. Cette dernière répond à deux impératifs :

– les intérêts occidentaux principalement américains : il s’agit d’affaiblir au maximum la Russie, pas de gagner ;

– l’orientation belliciste et nationaliste visant à la reconquête de tous les territoires, y compris la Crimée.

Le premier impératif a triomphé jusqu’ici, avec notamment l’épisode de Marioupol, car cela passe par le fait de conserver au maximum des points importants pour bloquer l’armée russe, à fatiguer, etc. Seulement le 23 juin 2022 Valery Zaluzhny, le chef d’état-major, a exigé et obtenu la tenue une réunion d’urgence du Conseil National de Sécurité et de Défense, qui a annoncé alors le retrait des forces armées ukrainiennes de Severodonetzk pour éviter l’encerclement. Voici une carte de la situation (suivant le point de vue russe, qui est confirmé).

C’est un grand retournement, à un moment clef où l’armée ukrainienne est marquée par une certaine décomposition : la guerre continue malgré les promesses de victoire rapide sur l’armée russe, cette dernière continue d’avancer, 10% du PIB ukrainien est brûlé chaque mois dans la guerre, les pertes ukrainiennes quotidiennes ont explosé.

Le problème ukrainien est que Lysychansk va elle-même connaître un encerclement, rendant nul l’avantage d’être en hauteur par rapport à Severodonetzk. D’ailleurs juste en dessous, en rouge clair sur la carte, il y a la zone Gorskoje – Zolote, avec deux points jaunes indiquant des forces ukrainiennes, où l’encerclement est réalisé. En voici la carte.

Les redditions ukrainiennes dans le contexte d’encerclement sont devenues régulières ; il y a également des révoltes de bataillons de volontaires en raison du manque de logistique. Le régime ukrainien n’est pas démocratique ni populaire, il a cherché à forcer les choses, il va en payer très cher le prix : il va avoir énormément de mal à se maintenir dans les prochaines semaines. D’où bien entendu l’acceptation de la candidature à l’Union européenne pour le renforcer. Mais c’est symbolique et on doit s’attendre à du remue-ménage à la tête de l’État ukrainien.

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L’Union européenne entame une colonisation de la Moldavie et de l’Ukraine

Deux pays dépecés par la guerre.

Si la nature du projet européen pouvait faire illusion dans les années 1990 et 2000, avec l’utopie libérale d’un continent unifié par le marché, il est dorénavant clair que l’Union européenne n’est qu’un appendice à l’expansion de la superpuissance américaine. Elle est la version politico-économique de ce que l’Otan est sur le plan militaire.

En décidant unilatéralement le 23 juin 2022, sans aucun mandat démocratique et au mépris de toutes les procédures normales, d’accorder à l’Ukraine et à la Moldavie le statut de candidates officielles à l’Union européenne, les chefs d’État des 27 pays membres ont fait acte d’allégeance aux États-Unis dans sa concurrence acharnée avec la Russie.

Car il ne s’agit que de cela. Personne fait semblant d’en avoir quelque chose à faire des nations ukrainienne et moldaves et des peuples ukrainiens et moldaves, de leur caractère à la fois occidental et oriental. Ces nations sont niées et leurs peuples (voire même seulement leur territoire uniquement, tant les populations ne sont pas considérées) ne sont que des outils manipulés comme des cartes dans le grand jeu diplomatique américain. Exactement comme cela s’est fait dans les années précédent la première grande guerre mondiale où les nations ont été dénaturées, manipulés, sabordés, pour servir un camp contre un autre.

Cette « diplomatie » toutefois n’est pas un jeu et cela signifie concrètement la guerre, les morts, la destruction, avec au bout uniquement la perspective de soumission au capitalisme dans sa version occidentale-américaine. Car ce qui est proposé à l’Ukraine et à la Moldavie, ce n’est certainement pas un développement économique et démocratique. Tant l’Ukraine que la Moldavie sont des pays pauvres, rongés par la corruption et les mafias, l’Union européenne n’a rien à leur proposer d’autre qu’une forme moderne de colonialisme.

On pensera, pour donner deux exemples significatifs, pour la Moldavie au pillage des ressources par le groupe français Lafarge et pour l’Ukraine à l’abominable marché de la GPA, qui est ni plus ni moins qu’un pillage programmé d’enfants pour le compte de riches européens.

Quand on voit la manière dont sont traitées la Roumanie et la Pologne en Europe, avec les mœurs de leurs peuples systématiquement moquées et vilipendées, et leurs travailleurs directement débauchés pour venir casser les conquêtes ouvrières plus à l’ouest, on sait qu’il ne faut pas s’attendre à autre chose pour la Moldavie et l’Ukraine. D’autant plus qu’elles sont chacune historiquement la cible d’un expansionnisme roumain pour la première et d’un expansionnisme polonais pour la seconde.

Concrètement, leur vocation est d’être le 5e boulon de la 5e roue du carrosse… et de servir de ligne de front militaire. D’ailleurs, il ne faut même pas croire les 27 dirigeants européens quand ils disent vouloir intégrer ces deux pays. Tout ce qui compte, c’est d’avoir une relation officielle formelle, pour contrer la Russie, mais cela peut très bien en rester là, du moment que cela suffit aux opérations de la superpuissance américaine.

L’Ukraine et la Moldavie, en tant que nations, sont donc les premières grandes victimes de la bataille pour le repartage du monde du 21e siècle, alors que l’Union Européenne compte également intégrer à terme… la Géorgie.

On peut ainsi dorénavant considérer que le dépeçage de l’Ukraine par les grandes puissances est acquis. D’un côté par la superpuissance américaine qui au moyen de l’Union européenne intègre de manière officielle la partie Ouest du pays, avec comme centre de gravité la capitale Kiev. De l’autre par la Russie qui poursuit très efficacement ses opérations dans l’Est du pays sans qu’on puisse imaginer un quelconque retour en arrière.

L’Ukraine est coupée en deux, et il en sera probablement de même pour la Moldavie, à moins que la Transnistrie ne soit directement broyée et sacrifiée dans ce jeu de massacre, de par sa situation géographique.

Tout cela dépendra maintenant de la seconde phase de l’opération russe en Ukraine, qui sera, voire est déjà, la bataille pour Odessa. Et cela va cogner fort, cette fois au moyen non plus au moyen de l’Union européenne, mais directement de l’armée britannique qui entend contrôler ce port mondial, comme sous-traitant pour le compte américain évidemment. Les lance-roquettes multiples britanniques sont déjà sur le champs de bataille pour le contrôle de l’île au serpents, base avancée déterminant le sort d’Odessa.

La Russie de son côté va aller le plus loin possible contre l’Otan pour s’accaparer Odessa, objectif ultime de son invasion de l’Ukraine.

Les peuples Moldaves et Ukrainiens vont payer ici un très lourd tribus à cette bataille acharnée qui se profile dans le cadre d’une deuxième phase de la guerre en Ukraine. Et l’Union européenne n’est certainement pas de leur côté, alors qu’on rentre de fait dans la troisième guerre mondiale dont le coeur est l’affrontement sino-américain pour l’hégémonie mondiale.

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La France s’enfonce toujours plus dans le bellicisme

La tendance à la guerre modifie l’orientation même de l’appareil d’État.

Lors de son passage au salon de l’armement Eurosatory à Paris, Emmanuel Macron a déclaré que la France devait rentrer dans une économie de guerre et que cela allait durer. Il en a profité pour appeler à une réévaluation de la loi de programmation militaire qui planifie les dépenses militaire de l’armée française.

La loi actuelle à été établie en 2018 et planifie les dépenses jusqu’à 2025 c’est-à-dire dans 3 ans avec l’objectif d’avoir 2% du PIB français investi dans l’armée à cette date.

Vouloir aujourd’hui augmenter subitement cette programmation est le signe que la guerre sur le territoire ukrainien a changé la donne dans le rapport entre les pays et que les choses s’accélèrent rapidement, prenant une tournure militariste toujours plus assumée.

Avec les nombreuses livraisons d’armes au régime ukrainien, mais aussi le déploiement de soldats et de matériel dans les pays de l’Est, la France a diminué ses stocks militaires alors même que les tensions entre grandes puissances oblige à massifier et diversifier les armées. Il faut donc suivre la course aux armements, et reconstituer des stocks revus à la hausse.

Tout cela était déjà un très mauvais signe concernant l’évolution des choses mais un article du Monde (payant) publié lundi 13 juin nous apprend qu’un texte de loi est en train d’être mis en place pour autoriser l’État Français à réquisitionner des éléments économiques du secteur civil pour renforcer les capacités militaires de la France.

Par matériel, il faut comprendre la mobilisation des usines, machines et travailleurs compris. Ce texte de loi vise à reproduire le « Defense Priorities and Allocations System Program (DPAS) » adopté dans les années 1950 aux États-Unis pour réquisitionner certains secteurs industriels, non pas simplement en temps de guerre mais aussi pour préparer la guerre.

Concrètement des secteurs industriels tels que l’aviation, le naval, l’électronique, l’usinage et le décolletage, la plasturgie ou bien encore le textile, qui ne produisent habituellement que partiellement ou pas du tout de matériel militaire, pourraient stopper leur production civile pour se concentrer sur une production militaire à la demande directe de l’État.

Au vue des pénuries qui frappent le monde entier, il est à parier qu’il y aura un volet spécifique sur la réquisition de certaines matières premières en vue de cette production, des grands groupes tels qu’ArcelorMittal pourrait ainsi se voir réquisitionner différents métaux, par exemple.

Le fait que cette loi soit directement initiée par la direction générale de l’Armement (DGA) est significative de la poussée belliqueuse au sein de l’appareil d’État. Ce qui se passe, c’est une transformation progressive de la ligne de conduite dans l’appareil d’État, avec une prise en compte assumée de la tendance à la guerre.

Et de fait, cette transformation passe par le renforcement de l’influence dans l’État du commandement militaire dans la politique générale, mais aussi des grands fabricants d’armes. Il faut penser ici à Nexter, Naval group, Arquus, Dassault, MBDA, Thalès dont le poids économique pèse parfois beaucoup, comme dans la région de Bourges où l’industrie militaire représente 7 000 salariés.

Cela se fait évidemment sans débat général dans la société, dans une sorte de « révolution de palais » alors même que les peuples sont entraînés dans une logique belliqueuse et militariste de leur pays. Et c’est un mécanisme dont il est difficile de revenir en arrière une fois qu’il s’est lancé…

Car cette tendance historique qui met le complexe militaro-industriel toujours plus au centre de l’économie, et donc de la société, stimule entre autres choses les innovations technologiques. A ce titre, les quelques critiques à propos de l’industrie de guerre font souvent l’erreur de ne considérer seulement le poids économique de l’industrie d’armement, sans voir que la question n’est pas uniquement quantitative mais aussi qualitative, soit la capacité d’orienter et de dynamiser les choses.

C’est une perspective que les sociétés capitalistes ont bien connue dans les décennies 1910-1920, 1940-1950, ou dans une autre mesure dans les années 1980, où les industries de guerre omniprésentes dans le tissu industriel, puis aux commandes de l’État pendant les guerres mondiales elles-mêmes, ont permis des modernisations d’ensemble, que cela soit avec l’automobile civile, l’aviation civile et l’informatique et Internet.

Ce qui se joue ici, c’est le cœur même de la crise avec d’un côté la tendance à la guerre qui modifie la direction dans l’appareil d’État, contribuant à un régime anti-démocratique (et non plus simplement non-démocratique), ce qui a pour conséquence de l’autre côté, de générer un terrain pour la restructuration capitaliste elle-même.

Ainsi, il faudra suivre de près ce qui va se passer avec cette proposition de loi, notamment en scrutant qui va voter pour ou contre à l’Assemblée nationale et au Sénat. Cela permettra de voir qui soutient le capitalisme français et va nous emmener vers la guerre, et qui soutient les peuples sur une base pacifiste et démocratique.

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La menace nucléaire (tactique) française sur la Russie de mars 2022

Une démarche criminelle du militarisme.

C’est le Canard enchaîné qui le « révèle ». Il faut mettre des guillemets car le Canard enchaîné n’est pas un organe de presse « neutre », mais une caisse de résonance du combat fratricide des factions des classes dominantes. L’information donnée vise d’ailleurs clairement les bourgeois pour qu’ils se mettent à la page, ce n’est nullement une initiative anti-guerre !

D’ailleurs, tous les milieux informés savent que la Russie et la Chine procèdent depuis trois mois à des attaques internet massives en France. Pour autant, ce n’est dit nulle part, car il y a une opération de remue-ménage pour habituer la bourgeoisie dans son ensemble à mettre le pays sur le pied de guerre.

L’initiative militariste des 8-9 mars 2022 est ici exemplaire. L’armée française a mené un exercice de telle manière que le satellite russe puisse l’observer ; il s’agissait de 43 Rafales s’entraînant à lancer un missile atomique, dans le cadre d’une simulation avec un pays ennemi ayant, justement, toutes les caractéristiques de la Russie.

C’est là naturellement jouer avec le feu ; cela relève d’un esprit d’escalade. C’est typique d’un état-major d’un pays capitaliste visant à être aux premières loges de la bataille pour le repartage du monde.

Mais on aurait tort toutefois de penser que c’est une simple démonstration de force concernant le feu nucléaire global. Pas du tout ! C’est bien pire.

La doctrine militaire française concernant l’emploi du feu nucléaire implique en effet que l’utilisation d’un avion transportant un missile nucléaire soit symbolique. C’est pour indiquer la détermination de l’armée française, car l’avion est repérable sur les radars. Les missiles nucléaires eux-mêmes partent toutefois des « Sous-Marins Nucléaires Lanceurs d’Engins » (SNLE).

Le Canard enchaîné indique d’ailleurs que trois SNLE avaient pris la mer au début de la guerre Russie-Ukraine, au lieu d’un seul normalement. A ce niveau on est effectivement dans l’avertissement du feu nucléaire global.

En ce qui concerne les avions, par contre, on fait face à la question des petites bombes nucléaires, celles qu’on considère désormais comme pouvant être utilisés sans déclencher la guerre nucléaire globale. On parle ici d’armes nucléaires tactiques ; elles sont de maximum 300 kilotonnes, de moindre puissance par rapport aux armes nucléaires traditionnelles. Voici un exemple pour une bombe de 100 kilotonnes lancée à la surface de Paris.

En jaune, la boule de feu nucléaire, entouré en rose claire du souffle principal ; en vert la zone radioactive, et la petite zone autour est celle des dégâts moyens ; en orange clair la zone concernée par la chaleur (brûlure au 3e degré) ; en gris les dégâts légers.

Voici un exemple pour une bombe de 10 kilotonnes.

Cela n’a jamais été rendu officiel, mais en cas de conflit entre l’OTAN et le Pacte de Varsovie dans les années 1980, il était prévu des deux côtés d’utiliser ces armes nucléaires tactiques en cas de victoire rapide du camp ennemi. Du côté de l’OTAN par exemple, si jamais les tanks du Pacte de Varsovie réussissaient à massivement passer, que ce soit par la trouée de Fulda, la plaine d’Allemagne du Nord ou la vallée du Danube en Autriche, les armes nucléaires tactiques seraient employées.

La France entendait faire elle-même pareillement si le Pacte de Varsovie arrivait vers ses frontières, ce qui signifie que la Belgique et l’Allemagne seraient la cible d’armes nucléaires tactiques françaises visant les troupes ennemies.

Plus qu’une guerre nucléaire généralisée détruisant tout, la guerre entre les deux camps ennemis dans les années 1980 aurait été une sorte de guerre totale avec l’emploi d’armes nucléaires tactiques de manière régulière, du moins au départ.

Cela étant, cela aurait vite débordé. La technologie n’était en fait pas encore assez au point. Les forces américaines en Allemagne de l’Ouest devaient ainsi déclencher à la main les bombes nucléaires tactiques, dans un contexte de guerre venant de commencer et donc de chaos relatif dans le commandement. Il n’y avait pas encore des satellites comme aujourd’hui, des missiles efficaces, précis et rapides, etc.

Il était donc prévu du côté de l’OTAN d’anéantir directement l’Autriche avant que le Pacte de Varsovie ne passe, afin de ne rien risquer, et les deux camps auraient lancé massivement leurs missiles nucléaires en cas de perte de vitesse pour ne pas se laisser vaincre par surprise, tellement il était difficile d’avoir un aperçu général de la situation, de par la situation technologique alors.

Désormais, une guerre nucléaire tactique est par contre tout à fait jouable… On peut gérer les choses de manière « millimétrée ». Cela rejoint la question du contournement de l’équilibre de la terreur (qu’on trouve exposée dans l’article « Les stratégies impérialistes de contournement de l’équilibre de la terreur à l’époque de la seconde crise générale du capitalisme : l’asphyxie comme approche de la superpuissance américaine, le délitement comme approche sino-russe » dans la revue pdf Crise de Février 2022).

En fait, l’arme nucléaire, de stratégique, devient tactique. C’est cela qui est en train de se mettre en place. Personne ne lancera une guerre nucléaire globale pour la destruction nucléaire de quelques kilomètres carrés sur un territoire – tout en répondant de la même manière.

C’est la bataille pour le repartage du monde, c’est le processus en cours, c’est la catastrophe en cours.

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Les valets américains Macron, Scholz et Draghi à Kiev

L’Union européenne est un appendice de l’OTAN qui a à sa tête la superpuissance américaine.

Dmitri Medvedev, vice-président du conseil de sécurité spécial de la Fédération de Russie, a commenté de la manière suivante sur le réseau social Twitter la visite à Kiev du président français Emmanuel Macron, du chef du gouvernement allemand Olaf Scholz, du chef du gouvernement italien Mario Draghi, le 16 juin 2022 :

« Les amateurs européens de grenouilles, de saucisses de foie et de spaghettis adorent leur visite de Kiev. Avec zéro résultat. Ils ont promis l’adhésion à l’UE et de vieux obusiers à l’Ukraine, ils se sont rués sur la gorilka [une sorte de vodka ukrainienne] et sont rentrés chez eux en train, comme il y a 100 ans. Tout va bien. Pourtant, cela ne rapprochera pas l’Ukraine de la paix. L’heure tourne. »

C’est méprisant et provocant, mais il y a une fine allusion que les chancelleries auront noté (et les journalistes français pas du tout). Début mai 2022, l’ambassadeur ukrainien en Allemagne, Andrij Melnyk, avait traité le chancelier allemand Olaf Scholz de « saucisse de foie vexée ». C’est à cela que Dmitri Medvedev fait allusion. L’insulte de l’ambassadeur ukrainien faisait suite à ce qu’Olaf Scholz a exprimé un certain désarroi à ce que l’Ukraine refuse catégoriquement en avril 2022 la venue à Kiev du président allemand Frank-Walter Steinmeier, considéré comme pro-Russie.

L’Ukraine tire en fait à boulets rouges de manière régulière contre la France et l’Allemagne, accusées de vouloir temporiser, de vouloir que l’Ukraine signe un traité de paix rapide à tout prix, afin de ne pas fournir d’armes. Et il est vrai que jusqu’à présent, la France et l’Allemagne, avec d’ailleurs l’Italie, soutiennent entièrement l’Ukraine car ils s’alignent sur l’OTAN, tout en traînant des pieds car un alignement complet les placerait entièrement à la remorque de la superpuissance américaine et affaiblirait leurs économies.

De plus, si les choses tournent encore plus mal, la France, l’Allemagne et l’Italie devraient s’impliquer militairement et ainsi se confronter à la Russie. Cette dernière rappelle régulièrement d’ailleurs qu’il y a des lignes rouges à ne pas franchir et que participer à l’organisation de l’armée ukrainienne, à sa logistique, à ses actions, revient à devenir une cible. Dmitri Medvedev avait par exemple publié le message suivant sur Twitter le 30 mai 2022 :

« Biden a déclaré que les États-Unis ne fourniraient pas à l’Ukraine les systèmes de missiles capables de frapper la Russie. C’est raisonnable. En cas d’attaque contre nos villes, la Russie frapperait les centres où ces décisions criminelles sont prises [car relevant des services secrets occidentaux et de leur capacité satellitaire, ainsi que la gestion directe des missiles employés].

Certains d’entre eux ne sont pas à Kiev [mais dans des pays comme les États-Unis, la Grande-Bretagne, voire l’Allemagne et la France]. Ce qui vient ensuite est évident. »

La visite à Kiev montre que ce « en même temps » franco-germano-italien a pris fin. La France, l’Allemagne et l’Italie appellent désormais ouvertement à la victoire complète de l’Ukraine, avec également la récupération de la Crimée.

La France, l’Allemagne et l’Italie appellent également à ce que l’Ukraine devienne candidate à l’entrée de l’Union européenne, alors que les exigences demandées pour cela rendent normalement la chose totalement impossible. Cela en dit long au niveau stratégique aussi.

Car le régime ukrainien est fantoche, le pays est une colonie anglo-américaine, à la fois totalement corrompu depuis deux décennies et désormais économiquement à l’agonie. Une entrée dans l’Union européenne rendrait cette dernière encore plus soumise à la superpuissance américaine, alors que de toute façon l’Union européenne reconnaît officiellement l’OTAN comme sa forme militaire.

La France, l’Allemagne et l’Italie cèdent ainsi à l’hégémonie de la superpuissance américaine. L’Union européenne, déjà entièrement alignée sur l’OTAN. L’ombre de la guerre s’installe encore davantage sur l’Europe. On ne peut pas voir les choses autrement que comme la troisième guerre mondiale qui s’installe, avec comme cœur le conflit entre la superpuissance américaine et son challenger chinois.

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Le t-shirt anti-URSS de Volodymyr Zelensky

Le côté réactionnaire est assumé.

Le président Volodymyr Zelensky lance chaque jour un message, que ce soit pour le festival de Cannes ou pour le parlement d’un pays européen. Comédien, il excelle dans sa présentation et ses appels, et il profite d’un story telling immanquablement produit aux États-Unis par une équipe coordonnée par l’armée américaine. Rien n’est laissé au hasard, que ce soit au niveau des références (Verdun pour la France par exemple) ou du style employé.

Ainsi, pour le salon parisien VivaTech dédié aux start-ups, Volodymyr Zelensky a surfé sur l’imagerie de Star Wars, intervenant par vidéo le 17 juin 2022 sous forme d’un hologramme (comme il y en a dans les films de cette série cinématographique mystico-élitiste).

Cette vidéo a également été diffusé le même jour dans des salons « tech » à Amsterdam, London et Stockholm. Une start up a mis son savoir-faire en avant et le régime ukrainien se présente comme totalement lié à la modernité capitaliste, tout en appelant aux investissements.

Le t-shirt de Volodymyr Zelensky relève également de l’imagerie Star Wars ; le voici avec une variante en fond bleu pour plus de clarté. On y voit une figure connue (celle de Boba Fett ou du Mandalorian) avec à l’arrière-plan des vaisseaux de Star Wars (chasseurs X et le petit vaisseau de Dark Vador), ainsi que d’autres représentations militaristes.

Mais surtout la figure principale a à ses pieds le cadavre d’un cosmonaute soviétique, l’acronyme « CCCP » étant parfaitement reconnaissable deux fois sur la tenue.

Et comme slogan, on a « Come to the Dark Side » (Rejoins le côté obscur) et « Dominate or die » (Dominer ou mourir).

C’est là tout à fait exemplaire de pourquoi le régime ukrainien est désormais de type fasciste. Avant la guerre il était déjà sous la coupe occidentale avec l’extrême-Droite diffusant librement et massivement son nationalisme. Avec la guerre, l’État ukrainien a pris le contrôle de toute la société, tout en devenant un État fantoche au service de la superpuissance américaine.

Ce t-shirt est même tellement caricatural qu’il rend sympathique l’exigence russe de ne pas balancer par dessus bord tout le patrimoine historique commun russo-ukrainien. Naturellement, la Russie profite de cette question pour asseoir son hégémonie sur l’Ukraine, ou plutôt la faire disparaître en tant que nation. Cependant, le régime fantoche ukrainien est lui-même le fossoyeur de la nation ukrainienne dont il liquide tout le parcours démocratique et populaire pour la transformer en base territoriale de l’OTAN.

L’absence de camp démocratique en Ukraine explique d’ailleurs pourquoi agauche.org, qui a annoncé l’invasion russe six mois avant qu’elle ait lieu et a appelé à la solidarité avec l’Ukraine tout en présentant inlassablement la situation, est passé inaperçu à ce niveau. Le camp démocratique, celui du peuple, est tellement faible partout que les puissances font ce qu’elles veulent dans le processus de repartage du monde.

En plus de l’invasion, c’est le drame actuel de l’Ukraine.