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Contre-offensive fictive de l’Ukraine

On est dans le storytelling, au prix du sang.

Le régime ukrainien a annoncé le 29 août 2022 avoir lancé sa contre-offensive dans le sud du pays, afin de récupérer la région de Kherson. Cette contre-offensive a été annoncée à de nombreuses reprises depuis deux mois, le régime ukrainien expliquant également plusieurs fois que la région serait reconquise à l’automne.

En pratique, la contre-offensive a consisté en réalité en plusieurs attaques dans la région de Kherson, quatre villages ayant été conquis – on parle ici grosso modo de l’emploi d’une centaine de véhicules, d’un millier de soldats. Car l’Ukraine n’a pas les moyens de réaliser une contre-offensive de grande ampleur, contrairement à sa rhétorique qui relève du storytelling, et ce d’autant plus que le régime est désormais totalement inféodé à la superpuissance américaine.

L’instauration il y a quelques jours de la loi 5371 qui supprime le droit du travail pour la grande majorité des salariés est une expression de cette réalité désormais coloniale, et comme la base du régime est désormais plus qu’étroite, il faut d’autant plus renforcer l’idéologie afin de mobiliser les masses. C’est le sens de l’annonce d’une pseudo contre-offensive de grande ampleur.

En pratique, ce sont les masses qui vont payer le prix du sang pour de multiples contre-attaques sans réelle portée, dont la seule fonction est le storytelling du régime. Un régime qui cherche à vendre le pays à tout prix, comme le montre le discours du président ukrainien Volodymyr Zelensky le 29 août 2022 toujours, pour l’ouverture de l’université d’été du syndicat patronal français, MEDEF.

Encore le même jour, on a l’armée ukrainienne qui a salué… la North Atlantic Fellas Organization, les fellas (ceux qui partagent la même activité, en argot américain), qui sont toujours représentés par un chien Shiba Inu. Il s’agit d’une structure produisant des « memes », des images à portée humoristique ou dédaigneuse, ici pour mener une intense propagande en ligne contre la Russie et l’armée russe.

Il va de soi que cette « armée » en ligne n’a rien de spontané, l’OTAN ayant déjà en 2015 publié un document prônant la guérilla propagandiste en ligne au moyen de memes (on peut lire le dossier de l’OTAN ici : https://www.act.nato.int/images/stories/media/doclibrary/open201705-memetic1.pdf).

Tout cela montre les limites de la défense militaire ukrainienne, vassalisée à la superpuissance américaine et s’appuyant sur une narration nationaliste délirante. Ici, impossible encore de ne pas mentionner la femen Inna Shevchenko, qui a découvert son pays avec l’invasion et propage depuis un discours halluciné, littéralement fanatique. Les Ukrainiens seraient aujourd’hui plus proches des Américains et des Britanniques que des Russes… Faut-il être biberonné aux dollars et aux euros pour sortir de tels propos.

Mais les limites de ce discours ultra nationaliste sont désormais patentes et il faut continuer à vendre du rêve, coûte que coûte, alors que la Russie se prépare de son côté à une vaste offensive dans les prochaines semaines, en ayant quant à elle réellement les moyens de la mener.

On rentre dans l’étape où un drame va se jouer pour la nation ukrainienne. Son propre destin lui échappe désormais complètement et la petite clique qui choisit pour elle l’amène à la défaite, à l’effondrement. Les Ukrainiens ne vont rien comprendre à ce qui leur arrive, tout comme ils n’ont strictement rien compris à l’invasion russe. On a là une catastrophe humaine de très grande ampleur, une horreur.

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La loi 5371 en Ukraine supprime le droit du travail

La fin du droit pour les salariés.

Alors que ce 24 août 2022 le régime ukrainien célèbre la mise en place d’une Ukraine post-soviétique en 1991, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ratifié le 23 août la loi 5371. Elle concerne 70% des masses laborieuses ukrainiennes, qui travaillent dans les Petites et Moyennes Entreprises, les PME, soit toutes les entreprises de moins de 250 personnes. Le droit du travail n’y a désormais plus cours ; chaque salarié aura maintenant son propre contrat individuel.

Cela supprime de fait le droit d’association pour les travailleurs et l’existence même de syndicats. Le rapport de force est unilatéralement en faveur des employeurs. Les travailleurs ne peuvent pas se défendre, ils sont à la merci de contrats taillés sur mesure par le patronat.

Cela a forcément un impact sur les 30% des travailleurs non concernés, pour qui la pression devient immense, puisqu’il y aura un chantage terrible. Qui revendique quelque chose sera licencié et se retrouvera dans les 70% connaissant une précarité absolue.

Pour la grande majorité des travailleurs, c’est un retour au 19e siècle, ce qui est en phase avec la modification de la nature du régime ukrainien depuis le début de la guerre. De semi-colonie américaine, le pays est devenu une colonie et la suppression du droit du travail correspond à la nature fasciste du régime, au service des intérêts américains. Les capitalistes français en profiteront aussi naturellement, à condition cela étant que le régime ukrainien se maintienne face à l’offensive russe.

Le régime ukrainien avait également fait que les travailleurs mobilisés par l’armée continuent de percevoir leurs salaires : c’en est fini, c’est le gouvernement qui s’en occupe mais cela fonctionne mal. Cela renforce cependant le rôle de l’État, qui militarise l’ensemble de la société, non pas au sens d’une armée populaire, mais d’un peuple enfermé par les armes. Cela se voit avec l’incapacité d’une mobilisation armée à grande échelle : l’Ukraine devrait mener une guerre de libération nationale, elle ne le fait pas, et elle ne peut pas le faire de par la nature du régime.

Depuis la fin juillet, il y avait d’ailleurs également des sortes de semi-contrats où les travailleurs, à hauteur de 10% du personnel, font du 32 heures par semaine avec un planning au jour le jour. Cela pavait la voie à la loi 5371, alors qu’il y avait beaucoup d’espoir du côté des syndicats ukrainiens pour que celle-ci ne soit pas ratifiée.

C’est une défaite complète. Les masses laborieuses se retrouvent concrètement divisées, éparpillées, écrasées. C’est la conséquence de l’incapacité de celles-ci à comprendre les enjeux de l’époque et comment l’Ukraine est devenue une victime de la bataille pour le repartage du monde.

Cette situation va naturellement réimpulser en même temps la lutte des classes. Mais le processus va être terriblement tortueux, et les masses ukrainiennes vont devoir être à la fois fortes et ingénieuses pour faire face à la fois à l’envahisseur russe, à la tutelle coloniale de la superpuissance américaine, à l’oligarchie ukrainienne et au régime ukrainien de type fasciste. C’est pour l’instant par ailleurs extrêmement mal parti, les Ukrainiens ne comprenant rien à ce qui leur arrive, par aveuglement nationaliste.

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L’attentat contre Alexandre Douguine et l’armée nationale républicaine russe

Quelque chose se passe.

Dans la nuit au 21 août 2022, non loin de Moscou, le véhicule de Darya Douguine a explosé car il avait été piégé, son père Alexandre Douguine devait s’y trouver mais avait changé d’avis à la dernière minute. L’action a été revendiquée depuis l’Ukraine par une Armée nationale républicaine russe.

Les gens s’intéressant à la question ukrainienne et lisant agauche.org connaissent déjà Alexandre Douguine, qui a été avec Edouard Limonov décédé en mars 2020 à la tête du mouvement « national-bolchevique » en Russie. Plusieurs mois avant le déclenchement de la guerre en Ukraine avait été publié le très important document L’expansionnisme russe anti-ukrainien et sa base idéologique «eurasienne», qui présentait l’idéologie d’Alexandre Douguine et son rôle dans la négation russe de l’Ukraine.

En mars 2022, il était également souligné dans Alexandre Douguine, la guerre en Ukraine et l’extrême-Droite française que la démarche russe « impériale » provoquerait un certain élan idéologique en France, qui s’est effectivement produit dans certains secteurs nationalistes français avec une idéologie prônant empire multi-communautaire contre le mondialisme.

Sa fille Darya Douguine, tuée dans l’explosion, était sur la même ligne et participait pareillement à des réseaux d’information sur la ligne eurasienne ; elle avait été à Bordeaux et parlait par ailleurs français.

Alexandre Douguine et sa fille Darya Douguine

Il a beaucoup été dit dans les médias français qu’Alexandre Douguine est l’éminence grise de Vladimir Poutine, son Raspoutine. Ce n’est pas exact ; Vladimir Poutine est sur une ligne nationaliste imprégnée de religion orthodoxe, dans la tradition du philosophe Ivan Iline et de l’écrivain Alexandre Soljenitsyne.

Ce qui est vrai par contre est que la conception « eurasienne » d’Alexandre Douguine forme un arrière-plan idéologique incontournable dans le dispositif russe impérial à prétention anti-capitaliste, avec Moscou comme troisième Rome représentant le « continent » contre l’esprit commerçant des « îles » (avec la Grande-Bretagne et les États-Unis), soit les forces « telluriques » contre les forces « thalassocratiques ».

Une telle démarche ne peut pas être toutefois reprise telle quelle par le régime russe, car il y a une dimension mystique délirante à tous les niveaux, Alexandre Douguine se situant ici dans le prolongement de la conception d’un affrontement « à travers les âges » développé par le nazi italien Julius Evola.

Pour cette raison, le choix d’Alexandre Douguine est assez particulier si c’est réellement une opposition interne russe, car sur le plan pratique il ne représentait rien, alors que sur le plan idéologique il était en première ligne pour nier l’Ukraine et prôner depuis 2014 son effacement historique, tout comme sa fille d’ailleurs.

Cela veut dire l’alignement complet de l’opposition russe sur l’Ukraine, et donc sur les États-Unis, ce qui enlève directement tout sol en Russie à une telle opposition. La revendication par l’Armée nationale républicaine a d’ailleurs été faite depuis Kiev par l’entrepreneur Ilya Ponomarev ayant depuis plus de deux décennies une carrière d’opposant en Russie.

Cette revendication s’aligne sur les multiples actions que tentent l’Ukraine contre la Crimée ; Ilya Ponomarev s’était opposée à l’annexion de la Crimée, une chose strictement inconcevable en Russie où la Crimée est vue comme une composante historique absolument inaliénable, avec une très grande insistance sur la ville de Sébastopol.

On est ici dans la tentative de faire s’effondrer la Russie, en générant une opposition interne qui puisse servir d’intermédiaire pour sa vassalisation, l’Ukraine se voyant prendre un rôle majeur dans la région, du moins l’imagine-t-elle car en réalité c’est la Pologne qui deviendra centrale. On retrouve ici toutes les problématiques impérialistes des années 1910-1920-1930, avec un rebattage des cartes géographiques, pour un repartage général du monde.

Il est évident ici que quelque chose de profond se passe, une tentative de prévoir les événements d’après – d’après la défaite d’un des deux protagonistes de la guerre russo-ukrainienne. L’escalade apparaît donc comme inévitable : aucune porte de sortie n’est plus possible.

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Les points chauds d’un monde en train de craquer militairement

La liste des points principaux du moment.

Le conflit militaire russo-ukrainien, ou quasiment russo-américain, voire sino-américain, n’est qu’un aspect d’une troisième guerre mondiale qui a de fait déjà commencé, propulsée sur les devants de la scène par la crise commencée en 2020. Dressons une liste des points les plus chauds, liste qui s’agrandira rapidement.

Le point le plus chaud et qui va s’avérer rapidement incendiaire est la Grèce et la Turquie. La Turquie collabore économiquement massivement avec la Russie en ce moment, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a rendu visite le 5 août au président Vladimir Poutine à Sotchi. Depuis, la Turquie prône… un accord de paix entre l’État syrien et les rebelles qu’elle a elle-même porté à bout de bras. Il s’agit d’avoir les mains libres pour se lancer contre la Grèce, contre laquelle les avertissements et menaces ne cessent pas.

Un autre point très chaud est le Kosovo, la Serbie considérant que c’est la phase où les Serbes vont s’en faire expulser, alors que la Serbie considère ce territoire comme historiquement à elle. Sachant que la Serbie est avec la Russie et que le Kosovo a un régime mis directement en place par la superpuissance américaine, on devine que tout va aller très vite. La question des plaques minéralogiques a suffi à mettre le feu aux poudres la semaine dernière et il suffit d’une nouvelle étincelle pour que tout s’envenime.

Le Nagorny-Karabakh est toujours d’actualité, l’Azerbaïdjan grappillant du terrain ces derniers jours, en considérant que de toutes façons c’est son territoire et que l’Arménie n’a rien à dire. Là aussi il y a un processus en cours.

La guerre entre Israël et le Hezbollah libanais, alors que des affrontements ont eu lieu il y a quelques jours en raison d’attaques israéliennes contre le Jihad Islamique, apparaît elle aussi comme inéluctable. L’aviation israélienne a été particulièrement active le 14 août 2022 et il est considéré que c’est l’activation d’une séquence militaire contre la Syrie.

Il y a également la revue de l’armée algérienne, Al Djeich, qui vient de sortir son nouveau numéro et qui a affirmé qu’il n’y aurait pas de paix avec le Maroc tant que celui-ci n’aurait pas mis un terme à son occupation du Sahara occidental. La question n’est pas de savoir s’il y aura une guerre entre l’Algérie et le Maroc, mais quand.

L’opposition birmane vient d’annoncer qu’elle a mis en place une armée de 100 000 soldats, qui manquent cependant encore de commandement unifié, de logistique et en particulier d’armes, autour de 20% étant des armes fabriquées artisanalement. Mais le régime soutenu par la Chine sait déjà qu’il devra faire face à une rébellion armée de grande ampleur.

Le Pakistan, qui vient de fêter ses 75 ans, est également tiraillé par de multiples faction internes, y compris des factions armées, avec des velléités indépendantistes également avec les Pachtounes pro-Talibans et les Baloutches. Les Tadjiks pro-talibans sont également très actifs et entendent faire vaciller le Tadjikistan ; les talibans afghans leur ont laissé la frontière afghane-tadjik.

La Chine a organisé des manœuvres assez courtes autour de Taïwan à la suite de la visite sur l’île de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis Nancy Pelosi. Mais les manœuvres sont considérées comme ayant gagné du terrain, se rapprochant toujours plus de l’île, et de toute façon la superpuissance américaine compte réussir coûte que coûte à pousser la Chine à la faute avant que son armée ne soit renforcée à très haut niveau à l’horizon de la décennie 2030.

On voit mal également comment on pourrait échapper à une guerre entre le Vietnam, désormais lié à la superpuissance américaine, et la Chine. Cet affrontement apparaît même comme inéluctable et il est étrange que strictement personne n’aborde jamais la question. La question coréenne redevient également particulièrement tendue, au point qu’une escalade est plus que probable à court terme.

Il est également surprenant qu’on n’entende pas encore parler des contradictions entre les pays sud-américains ; il est évident ici aussi que les choses vont très mal tourner.

En fait, où qu’on se tourne, on voit que la stabilité est mise de côté – les pays capitalistes occidentaux mis à part bien entendu. Là règne encore une opulence consommatrice malgré l’inflation et les protestations « sociales » sont du misérabilisme pour croquer un peu plus du gâteau de la domination mondiale sur l’écrasante majorité des pays du monde.

Mais si tout craque, les pays occidentaux craquent aussi. Et comme tout craque, de partout, du moins comme tout devient particulièrement instable, comme le sol est terriblement glissant, il est évident qu’en France également les choses vont être totalement bousculées, renversées. Et en l’absence de conscience sociale on est bien parti pour un repli sur soi de type impérialiste, avec la volonté de maintenir coûte que coûte le « modèle français » c’est-à-dire le statut de pays capitaliste développé profitant de sa suprématie dans la hiérarchie mondiale.

Qui ne veut pas voir cette corruption consommatrice dans un pays comme la France où les petits propriétaires sont majoritaires est lui-même intégré à ce capitalisme pour l’instant encore triomphant, malgré une société qui se lézarde déjà.

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L’Ukraine en train de basculer, son statut est colonial

Militairement et intérieurement.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé le 12 août 2022 que le parlement ukrainien prolonge de 90 jours, à partir du 23 août, la loi martiale et la mobilisation générale. Mais le 10 août, le chef du bureau présidentiel, Andriy Yermak, a expliqué qu’il fallait que la guerre soit terminée avant l’hiver, sans quoi le pays ne tiendrait pas en raison des blocages pratiques concernant le chauffage pour la population.

Cela veut dire que l’armée ukrainienne doit absolument l’emporter dans les trois mois à venir – sauf qu’il est désormais très clair que la fameuse contre-offensive dans la région de Kherson tant annoncée par le régime ukrainien n’a pas eu lieu, n’a pas lieu et n’aura pas lieu alors que l’armée russe a réussi à recruter en masses de nouvelles troupes, au grand dam de tous les commentateurs occidentaux.

L’armée russe continue d’ailleurs de grignoter du terrain au Donbass ; pour une victoire décisive sur l’Ukraine il faut cependant que le verrou que représente le Donbass tombe et il reste de nombreuses zones fortifiées encore. Pour que la Russie l’emporte il faut au moins deux mois, a minima.

Cela signifie que soit la superpuissance américaine et l’OTAN redoublent d’efforts pour renforcer l’Ukraine, soit ce sera la défaite irrémédiable dans les six mois. Et le régime, qui a compris et qui a admis qu’il n’était qu’une pièce dans un jeu d’échecs sanglant, est d’accord pour aller jusqu’au bout.

Cela veut dire être prêt à jouer avec le feu avec la centrale nucléaire de Zaporijia, cela veut dire aussi accepter d’être le bras armé de l’OTAN. Voici par exemple le message de l’armée ukrainienne sur un réseau social, Twitter, pour célébrer la journée de l’aviation militaire. Il y est dit que les faucons combattants ukrainiens contre-attaquent.

Le souci, c’est que l’aviation militaire ne dispose pas du tout de l’avion représenté. C’est une allusion à l’avion de combat américain F-16 Fighting Falcon (faucon combattant) que l’Ukraine espère recevoir un jour.

C’est là très important, parce que cela veut dire que l’armée ukrainienne ne se célèbre plus elle-même, son combat contre l’armée russe. Elle a choisi une sorte de petite mise en scène idéologique, assumant sa soumission complète à la superpuissance américaine. En fait, le régime s’arc-boute sur un noyau dur entièrement vendu à l’OTAN et à la superpuissance américaine, le pays est devenu littéralement une colonie.

Le pays n’est tout simplement plus maître de son destin. Si l’armée russe l’emporte, le pays est dépecé et en paie le prix pour des décennies, et si l’armée ukrainienne l’emporte, ce sera pour prolonger le mouvement contre la Russie jusqu’à ce qu’elle tombe.

Le régime est le vecteur de cette approche jusqu’au boutiste dans l’auto-destruction avec une haine désormais entièrement assumée et fanatisée de tout ce qui est russe. Si le régime ukrainien pouvait lancer une bombe atomique sur Moscou, il le ferait sans aucun souci. La femen Inna Shevchenko, qui a découvert son pays d’origine le jour du début du conflit, explique encore ces jours-ci que… « 98% des Ukrainiens pensent qu’ils vont gagner la guerre » et appelle à élargir toujours plus celle-ci.

Le régime ukrainien et ses soutiens ne cherchent même plus à prétendre défendre la nation ukrainienne, sa culture, son histoire, et ils ne l’ont d’ailleurs jamais vraiment fait. Mais même les apparences de cela ont disparu, on est désormais seulement dans un appel à littéralement effacer la Russie historiquement.

Il va de soi qu’en agissant ainsi le régime ukrainien se comporte comme Hitler dans son bunker et se coupe de l’ensemble de la réalité nationale ukrainienne. Mais comme il n’y a pas de Gauche en Ukraine – elle est interdite depuis 2014 – les possibilités d’une expression démocratique et populaire sont nulles.

L’Ukraine, pays devenu une colonie américaine, a donc un régime zombie qui pousse à un effondrement d’envergure nationale. C’est un drame complet pour la nation ukrainienne.

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« Contre la marine chinoise, nous gagnerons si nous nous battons ensemble »

Tels sont les propos de l’amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la Marine.

Le chef d’état-major de la Marine a répondu, à huis-clos, à des questions de parlementaires dans le cadre de la Commission de la défense nationale et des forces armées, le 27 juillet 2022. Les propos tenus sont cependant retranscrits par la suite.

C’est le genre de situation où on voit que tous les députés sans exception cherchent à moderniser et à renforcer l’armée française, y compris le député LFI M. Aurélien Saintoul. Et les propos de l’amiral Pierre Vandier ont été à leurs attentes, car tout a été d’un militarisme et d’un bellicisme assumés.

Voici les propos les plus significatifs, où l’ennemi c’est la Chine et la Russie, ainsi que la Turquie ; il est ouvertement dit qu’il y aura une guerre maritime contre la Chine, que la France doit pour cela être membre d’une coalition anti-chinoise, qu’on devine évidemment dirigée par la superpuissance américaine. « Il est donc temps de se battre comme des diables. »

« Les problèmes que nous rencontrons sont profonds et durables. Il ne s’agit plus de crises, comme nous en avons connu dans les trente dernières années, mais de ruptures profondes, d’ordre géopolitique, militaire et environnemental, dans un contexte de délitement accéléré de l’ordre international.

Nul besoin de dresser la liste des traités qui se sont effondrés depuis 2015 : en mer, la marine le mesure chaque jour, avec la fragilisation du respect du droit de la mer et de la liberté de navigation.

La marine est aux premières loges de ces ruptures (…).

Je vous invite maintenant à regarder les défis à venir dans leur globalité, avec la bonne focale. Le conflit en Ukraine montre le caractère global des crises. Ses effets sont ressentis bien au-delà des terres meurtries du Donbass. Si les destructions se concentrent sur l’Ukraine, le blocus naval russe a des effets sur la sécurité alimentaire de millions d’êtres humains sur plusieurs continents.

Sur le plan naval, le dispositif russe est aussi déployé en Méditerranée, dans l’océan Atlantique et dans l’océan Pacifique. Le potentiel militaire naval russe est quasiment intact, à l’exception du Moskva. La force sous-marine russe n’a quasiment pas été utilisée depuis le début du conflit.

Le conflit en Ukraine est d’abord terrestre, mais il a révélé l’effet direct de la compétition pour les flux sur nos économies. Le blocus imposé à l’Ukraine a contraint à une reconfiguration majeure des flux d’exportation de ce pays et fait peser à terme une grave hypothèque sur son avenir, récemment illustrée par les discussions autour de l’exportation du blé ukrainien.

La dépendance européenne aux flux maritimes est aussi considérable pour les biens de consommation et, depuis peu, pour l’énergie.

La mer n’est pas vide, de très nombreux bateaux de plus de quarante mètres participent à un trafic qui bouge en permanence. Chaque jour, quinze super porte-conteneurs, transportant 20 000 « boîtes » chacun, franchissent le canal de Suez en direction des ports européens. Débarqués, ces 300 000 containers représentent une file de camions ininterrompue de Brest à Berlin !

La voilà, notre dépendance. Ce que vous avez sur vos bureaux, dans votre frigidaire, vos costumes, tout cela transite en partie par le canal de Suez, qui voit passer chaque jour l’équivalent d’un Rungis annuel.

La marine et les marines alliées sont les acteurs de la sécurisation de ces flux. Tel est notamment le cas dans le détroit d’Ormuz, depuis que nous avons déployé la mission AGÉNOR en 2019, à la suite de vives tensions entre Américains et Iraniens, ces derniers menaçant le trafic commercial dans la zone. Le Surcouf, qui y participait, vient de rentrer de patrouille. Coordonnés par un état-major aux Émirats arabes unis, les Européens se relèvent pour assurer cette mission.

La route qui nous sépare des gisements de gaz du Golfe n’est pas simple.

Les navires doivent franchir trois points resserrés, dont la maîtrise à moyen terme n’est pas garantie : le détroit d’Ormuz, sécurisé par la mission AGÉNOR ; le détroit de Bab-el-Mandeb, sur lequel donne Djibouti et où une base chinoise prend un essor assez inquiétant ; le canal de Suez, qui, dans l’histoire, n’a pas toujours été simple à utiliser et à la sortie duquel se trouve aujourd’hui la base russe de Tartous qui déploie une activité militaire loin d’être négligeable.

Il suffit d’une montée en tension pour que les choses se compliquent et que ces flux soient rapidement menacés.

Nul ne peut nier les effets de ces ruptures sur le quotidien des Français, sur leur niveau de vie, sur la continuité de nos approvisionnements et sur notre économie, aujourd’hui et demain plus encore. Nous le constaterons probablement cet hiver lorsque nous devrons rationner l’énergie.

Pour la marine, obéir au mot d’ordre du chef d’état-major des armées (CEMA), « gagner la guerre avant la guerre », c’est surveiller, comme nous le faisons depuis des mois, les flottes de surface et sous-marines russe et chinoise, en assurant le maintien de notre liberté de manœuvre et de la liberté de navigation.

C’est enfin atteindre le niveau d’agilité voulue par le CEMA dans l’emploi des forces. C’est ainsi qu’en quarante-huit heures, nous avons fait basculer la mission du GAN [Groupe aéronaval autour d’un porte-avions], qui était engagé en soutien de l’Irak, pour participer à la réassurance aérienne du flanc oriental de l’OTAN.

Des patrouilles aériennes de combat (Combat Air Patrol, CAP) sont parties du porte-avions pour voler au-dessus de la Roumanie, de la Croatie et de la Bosnie, où des tensions émergeaient, en appui de nos alliés, notamment un GAN américain. Pendant toute cette période, nous étions au contact permanent de la flotte russe (…).

Pour aller de Chine en Atlantique, il faut soit franchir les nombreux détroits précédemment cités, soit emprunter la route maritime du Nord. À l’heure actuelle, les Chinois construisent une flotte de cinq brise-glace pour s’offrir la possibilité de basculer leurs forces du Pacifique vers l’Atlantique, avec l’amitié des Russes.

Mon homologue norvégien, que j’ai rencontré en Norvège au mois de mars, ne m’a pas parlé de la flotte russe du Nord, basée juste à côté, à Mourmansk, mais de l’arrivée prochaine de la marine chinoise dans l’océan Atlantique.

Bientôt, il ne sera pas nécessaire d’aller en mer de Chine pour trouver des forces militaires chinoises.

J’ai passé les deux dernières années à expliquer un peu partout que nous assistons à un mouvement de réarmement naval sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.

En 2030, le tonnage de la marine chinoise sera 2,5 fois supérieur à celui de la marine américaine qui, en dépit de ses efforts, restera stable, voire continuera à se réduire, tandis que la flotte chinoise croît de façon géométrique.

En Méditerranée aussi, certaines marines affichent des croissances de leurs tonnages à trois chiffres de 2008 à 2030. Il aura fallu que les Turcs achètent aux Russes des missiles S-400 pour que les Américains renoncent à leur donner les F-35 qui devaient équiper leurs deux porte-avions !

La question qui se pose, et que vous devez vous poser dans cette commission, est la suivante : pourquoi tout ce monde réarme-t-il ? Pourquoi consacrer tant d’argent et d’énergie à l’équipement des marines, alors même que certains des pays concernés, notamment la Chine et la Turquie, sont d’abord des puissances continentales ? (…)

Nous devons aller chercher, dans la coopération avec nos alliés, ce qui nous manque, pour parvenir à la masse critique. Pour ce faire, il faut continuer à développer l’interopérabilité de nos systèmes, d’autant que l’accélération technologique la rend plus complexe.

Il faut que les systèmes se parlent et que les armes soient compatibles. Nous devons préparer la capacité à combattre ensemble. Contre la marine chinoise, nous gagnerons si nous nous battons ensemble, en coalition (…).

Pour reprendre les mots du Président de la République, « la guerre resurgissant à nos portes, à nos frontières, a tout changé. Et elle va nous impliquer de changer encore davantage. ». Cela demande un esprit combatif, d’avoir une ambition lucide et réaliste, d’avoir du courage et de la persévérance, de savoir inventer et imaginer.

Il ne faut jamais désespérer de notre talent, dirait Marc Bloch. Lorsqu’on dit d’une chose qu’elle est impossible, qu’il y a des objections insurmontables, alors il est temps, disait l’amiral Fisher, First Sea Lord de la marine britannique pendant la Première Guerre mondiale, de se battre comme un diable.

Les temps qui sont devant nous vont être durs. Notre responsabilité vis-à-vis des générations futures est historique. Il est donc temps de se battre comme des diables. »

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Le régime ukrainien est devenu un régime zombie

La rupture n’est pas loin.

C’est un événement qui révèle bien l’ampleur de la crise interne à l’Ukraine. Début août 2022, Amnesty International a publié un rapport intitulé « Ukraine. Les tactiques de combat ukrainiennes mettent en danger la population civile ». L’accusation faite par Amnesty International est la suivante :

« Les forces ukrainiennes mettent en danger la population civile en établissant des bases et en utilisant des systèmes d’armement dans des zones résidentielles habitées, notamment des écoles et des hôpitaux, lors des opérations visant à repousser l’invasion russe qui a débuté en février, a déclaré Amnesty International le 4 août.

Ces tactiques de combat violent le droit international humanitaire et mettent gravement en danger la population civile, car elles transforment des biens de caractère civil en cibles militaires. Les frappes russes qui en ont résulté dans des zones habitées ont tué des civil·e·s et détruit des infrastructures civiles. »

Le régime ukrainien a alors rué dans les brancards. Car il ne connaît pas le fonctionnement d’Amnesty International, de Greenpeace et de toutes les ONG de grande ampleur. Ces ONG accompagnent les événements, avec une critique de faible mesure servant à neutraliser une critique réelle. Les ONG servent de zones tampons pour empêcher que les choses partent trop dans le mauvais sens niveau contestation.

Donner le champ libre aux ONG est une pratique américaine qui s’est généralisée à l’ensemble des pays occidentaux, qui savent que de toute façon dans le libéralisme et le relativisme général, cela ne peut que servir.

Le régime ukrainien ne connaît rien à tout cela et il a alors accusé de manière violente Amnesty International de faire le jeu de la Russie. La responsable d’Amnesty International en Ukraine, Oksana Pokaltchouk, a démissionné au nom des mêmes motifs. C’est totalement furieux et c’est représentatif du tournant que connaît l’Ukraine.

C’est un peu comme si avait pris les commandes la Femen Inna Shevchenko, qui sur le réseau social Twitter est devenue une fanatique pro-OTAN et pro-guerre, totalement anti-russe, depuis le début de la guerre (elle qui ne parlait auparavant jamais de l’Ukraine). Pour donner un exemple concret, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé la population dans la partie sous contrôle ukrainien du Donbass à entièrement quitter la zone. L’idée est de passer à un affrontement généralisé en mode particulièrement brutal.

Le régime ukrainien prétend même que la région de Kherson, prise par la Russie dès le début de son « opération spéciale », sera reprise avant septembre ! C’est le discours rabâché depuis deux semaines, y compris et notamment par les médias occidentaux, et là à la fin de la première semaine d’août on s’aperçoit qu’il n’y a pas d’offensive ukrainienne réelle mise en place, mais par contre que l’armée russe a amassé de nombreuses troupes et matérielles dans la région.

Pour comprendre la question, voici la carte de situation établie par l’armée française. Elle date du tout début d’août mais cela ne change rien au fond.

Il y a trois zones d’affrontement sévère sur une ligne de front immense. La principale zone, c’est la zone de Donetzk, le point (2). C’est dans cette zone que la Russie a pris environ 165 km2 au mois de juillet 2022. Cela semble peu, mais c’est une zone où depuis 2014 l’Ukraine a établi de véritables forteresses, profitant notamment que ce soit une zone minière.

Rien qu’avec cela et le fait que l’armée ukrainienne soit numériquement immense, l’idée d’une Russie qui aurait voulu gagner en trois jours ne tient pas debout. Le Donbass est ultra militarisé et l’armée ukrainienne sur-développée. Mais cette armée est en déconfiture depuis plusieurs semaines et perd même chaque jour du terrain dans cette zone forteresse. Si elle tombe, c’est toute la ligne de front qui va céder, en coûtant la vie à des milliers de soldats ukrainiens.

L’armée ukrainienne tente pour cette raison de grignoter du terrain dans la zone (3), à côté de la région de Kherson et juste avant Odessa. Elle déplace même des troupes depuis la zone (2), au risque majeur de faire tomber le Donbass. Mais ce déplacement n’obéit pas réellement à une possibilité de contre-offensive. Il correspond à une manœuvre pour dire aux pays occidentaux qu’une contre-offensive est possible… et qu’il faut donc fournir des armes, du matériel, etc.

Sur le site Euromaidan press, qui reflète le point de vue du régime ukrainien, il est ainsi demandé… 1 400 tanks, 4 200 véhicules blindés d’infanterie et de transports de troupes, 1 100 canons automoteurs de type M109 et 400 canons automoteurs d’artillerie lourde de type CAESAr – Krab – Panzerhaubitze 2000, 50-60 systèmes de lance-roquettes multiples à haute précision et à longue distance.

C’est totalement fou. Pour donner un exemple, la France dispose de 58 canons CAESAr, après en avoir donné 18 à l’Ukraine. Ce que demande l’Ukraine impliquerait que tous les pays de l’OTAN fournissent pratiquement directement leur matériel.

Et la raison de cela est très simple. Le régime ukrainien a compris que la superpuissance américaine ne visait pas une victoire ukrainienne, mais une défaite russe. L’Ukraine est là pour saigner à blanc la Russie, pas pour simplement vaincre. Il y a donc une divergence d’intérêts et le seul moyen pour le régime ukrainien de modifier les choses en sa faveur est de partir dans une logique de guerre totale, pour forcer la main des pays occidentaux.

Le régime ukrainien est en fait devenu un régime zombie.

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La Gauche française écrasée entre atlantisme et néo-gaullisme

Personne n’est à la hauteur.

Alors que les choses s’accélèrent dramatiquement et que la perspective d’une guerre mondiale s’approche à grands pas, le pacifisme est toujours désespérément absent des débats politiques. En cette absence, ce sont les différentes options du camp de la guerre qui s’expriment, à l’occasion de chaque escalade militaire, à gauche comme à droite. C’est de nouveau le cas lors de l’épisode de la visite de Nancy Pelosi à Taïwan.

D’un côté, on trouve les tenants de l’atlantisme, c’est à dire de l’alignement de la France sur la superpuissance américaine au sein de l’OTAN ou à travers l’Union Européenne. Le discours accompagnant cela est celui, désormais bien rôdé, du « monde libre » faisant face à l' »axe du mal », des « démocraties » face aux « dictatures ».

Emmanuel Macron est par exemple tout à fait rangé dans ce camp. À gauche, parmi les principales figures défendant cette option, il y a notamment les organisateurs du rassemblement pro-Ukraine du 5 mars dernier à Paris, dont on pouvait apercevoir les visages entre un drapeau banderiste et des pancartes appelant ouvertement à attaquer la Russie.

De l’autre côté de l’échiquier, on trouve les tenants d’une France qui se rêve en cavalier seul, assumant sa propre puissance « indépendante » des américains, avec comme référence absolue le général de Gaulle. Parmi eux, il y a évidemment toute la mouvance souverainiste avec des figures comme Florian Philippot, Marine Le Pen, François Asselineau, des héritiers de la droite des années 1990 comme Henri Guaino, mais surtout Jean-Luc Mélenchon, qui écrivait récemment dans son article « De Gaulle était-il un Insoumis ? » :

« Son obsession pour l’indépendance, y compris contre des forces apparemment tellement puissantes est une forme d’insoumission héroïque qui doit servir de modèle. Le même raisonnement s’appliquera à sa vision des rapports au monde ensuite après 1958, qu’il s’agisse de la souveraineté militaire ou des solutions pour la guerre du Vietnam face aux Américains. »

C’est l’ancien candidat insoumis à la présidentielle qui ouvre le bal des réactions sur son blog :

« Quel est le sens de la visite de Pelosi sur place ? Taïwan est un sujet tendu depuis la libération de la Chine (NDLR : de l’occupation japonaise en 1945). Mais, pour les Français depuis 1965 et le général de Gaulle, il n’y a qu’une seule Chine. Elle siège au Conseil de sécurité. »

Parmi d’autres, le député NUPES Antoine Léaument renchérit : « Que Jean-Luc Mélenchon défende la position de l’ONU et de la France depuis de Gaulle est normal et juste ».

Même son de cloche chez Florian Phillipot, qui déclare :

 « ‘Une seule Chine’ est la position officielle de la France depuis le 27 janvier 1964 et le général de Gaulle. Encore une polémique idiote et inutile ! »

François Asselineau choisit quant à lui de publier sur Twitter une photo historique du Général de Gaulle rencontrant le premier ambassadeur de Chine en France.

Côté atlantistes, le dirigeant d’Europe Écologie Les Verts Julien Bayou répond à Jean-Luc Mélenchon sur BFM TV : « Si on est attachés à la démocratie, on l’est partout dans le monde et tout le temps. On ne peut pas abandonner Taïwan, quand bien même cela fâche un régime autoritaire comme la Chine. »

Sur le même thème de l' »axe du mal », l’ancien candidat à la présidentielle Yannick Jadot se contente d’un tweet : « Une seule Chine, c’est d’abord une seule dictature. La liberté et la démocratie sont des joyaux au cœur de nos combats politiques. Partout ! »

Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, choisit de critiquer l’événement de façon purement formelle, comme pour en relativiser la portée : 

« L’opportunité de la visite de N.Pelosi à Taïwan est discutable, la volonté des taïwanais de vivre en démocratie ne l’est pas. Biden n’en voulait pas. Tokyo et Séoul non plus. »

C’est finalement Raphael Glucksmann qui est le plus enflammé dans un lyrisme va-t-en-guerre :

« L’anti-américanisme érigé en boussole conduit cette gauche-ci à épouser la cause des tyrans et à mépriser celle des peuples et des individus qui se dressent face à eux. Cette fracture n’est pas neuve et le combat culturel et politique doit inlassablement être repris. Il suppose l’affirmation de principes intangibles, quitte à heurter les rêves légitimes d’unité.

Alors soyons clairs et restons-le. Le soutien aux Ukrainiens plongés dans la nuit de l’invasion russe et du fascisme poutinien n’est pas négociable. La solidarité avec les Taiwanais construisant une démocratie vibrante sous la menace permanente des autocrates de Pekin n’est pas négociable.

La lutte pour la fermeture des camps dans lesquels sont parqués les Ouïghours n’est pas négociable. L’espoir d’une puissance européenne démocratique et écologique capable de défendre ses principes et d’aider celles et ceux qui les font vivre à Kyiv [sic], Taipeh ou ailleurs n’est pas négociable. »

Fait marquant, il va même jusqu’à dénoncer le pacifisme comme n’étant qu’une hypocrisie coupable  :

« Il y a toujours eu (…) des “pacifistes” préférant composer avec les tyrans qui déclenchent les guerres plutôt que leur résister. »

Notons que les cadres du PCF sont restés muets. On peut d’ailleurs deviner la gêne au sein du parti à travers les déclarations de Fabien Roussel pendant la campagne présidentielle, qui avait confondu Taïwan et Hong-Kong, parlant d' »un pays, deux systèmes ».

Voilà donc le panorama politique qui s’offre à nous à l’aube de la guerre, avec différentes nuances de bellicisme qui rivalisent entre elles, qui mobilisent sans réel obstacle. Plus d’un siècle après 1914, la Gauche semble avoir oublié ses leçons. Il est encore temps éviter la boucherie, il le faut, mais cela ne se fera pas sans un regain formidable de conscience dans les masses, et pour cela, il faut de la politique !

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L’explosion à l’usine de Bergerac, une expression de l’économie de guerre

Le complexe militaro-industriel français tourne à l’abri des regards.

L’usine Manuco de Bergerac

Mercredi 3 août 2022, des explosions et un début d’incendie ont eu lieu sur le site de la poudrerie d’Eurenco à Bergerac faisant huit blessés, dont un grave. Cette usine produit de l’explosif en utilisant de la nitrocellulose, une matière extrêmement explosive et inflammable, ce qui explique qu’elle soit classée SEVESO « seuil haut ».

C’est ce produit qui est à l’origine de l’explosion dans la zone de stockage.

A l’origine, l’usine est possédée par Manuco, entreprise spécialisée dans la fabrication de nitrocellulose qui a pris racine à Bergerac en pleine première guerre mondiale, en vue de fournir l’artillerie de l’époque. D’autres accidents de ce type eurent lieu en juillet 1928 et octobre 1980, chaque fois causés par cette matière.

En 2021, l’usine a été rachetée par Eurenco, entreprise elle-même née d’une fusion en 2004 entre la Société Nationale des Poudres et Explosifs, une filiale de Nexter anciennement Groupement industriel des armements terrestres (GIAT), et de NEXPLO, une entreprise commune entre les géants de l’armement suédois Saab et finlandais Patria.

Cela fait de l’European Energtics Corporation (Eurenco), en majorité détenue par la SNPE française donc désormais Nexter, une entreprise stratégique dans le complexe militaro-industriel français visant à assurer sa place dans l’industrie de l’armement européenne. Une orientation dûment revendiquée par l’entreprise elle-même sur son site :

« un acteur clé du secteur de la défense au service de la souveraineté de la France et de l’Europe. Nous concevons, produisons et fournissons des produits et solutions innovants et à forte valeur ajoutée dans les domaines de la pyrotechnie et de la chimie. »

En tant que pièce maîtresse du complexe militaro-industriel français, Eurenco est un des principaux fournisseurs d’explosifs pour l’armée française, notamment pour la fabrication des obus de 155mm utilisés par le canon dit CAESAr ou encore les futures bombes de grandes puissances destinées à équiper les nouveaux modèles de Rafales.

L’entreprise vient aussi de conclure un contrat avec l’OTAN pour produire leurs munitions explosives d’artillerie utilisant les mêmes obus de 155mm. Eurenco produit aussi des explosifs à destination de l’industrie minière et pétrolifère qui sont des industries ultra stratégique pour l’approvisionnement des armées.

Le territoire français abrite donc deux sites de productions d’Eurenco, celui de Bergerac en Dordogne, spécialisé dans les objets combustibles, et celui de Sorgue dans le Vaucluse, où sont produits les explosifs et des additifs de carburants.

Tout comme lors de l’incendie militaire au camp de Canjuers, la société française découvre des installations dangereuses liés au complexe militaro-industriel français qui fonctionnent à l’abri des préoccupations de la société civile.

Car faire opérer des ouvriers de maintenance au contact d’un tel matériau explosif en pleine sécheresse et canicule semble ahurissant, mais cela ne l’est pas pour des industriels au cœur d’une « économie de guerre » annoncée récemment par Emmanuel Macron. Comme l’a déclaré (à huis clos) le chef d’état major des armées de terre, Pierre Shill, devant la commission défense de l’Assemblée nationale le 20 juillet :

« Quant à l’industrie de défense, la question sera de prévoir la capacité d’entrer dans une
économie de guerre et de sortir d’une logique de flux pour disposer des stocks indispensables
à la réactivité et à la capacité à durer, d’ouvrir des lignes de fabrication et de produire des
équipements, des munitions, des pièces de rechange dans des délais très courts. »

Une telle perspective implique une maîtrise organisationnelle très importante à une époque où la bourgeoisie se montre incapable à maintenir des règles strictes d’organisation sociale et il est à craindre que d’autres accidents industriels aient lieu ailleurs, alors que la tendance à la guerre engendre des hausses de budgets militaires partout dans le monde, promettant à Eurenco un développement croissant.

La présence d’une telle industrie militaire devrait donc questionner toutes les personnes faisant du pacifisme et de l’internationalisme un étendard, car cet accident ne doit pas seulement questionner la sécurité des industries dites dangereuses, mais bien notre rapport à la production en générale, et en particulier à celle qui participe à la destruction de la Terre et de la Paix.

Cet accident est d’ailleurs déjà un drame, car les ouvriers n’ont pas à payer le prix du militarisme de grandes puissances, alors même que participer à la production d’obus capable de traverser des murs en béton et réduire des habitations en poussière comporte un danger plus que considérable.

Considérer qu’il soit normal que les armées possèdent de telles armes destructrices produites sur notre territoire, c’est accepter que ces armes soit utilisées quelque part et développent leurs effets dévastateurs. Mais c’est aussi accepter que des problèmes au cours de cette production puissent avoir lieu et entraîner des explosions et des morts ici même.

Cet accident doit donc être saisi comme un accident de type militaire et doit servir à comprendre concrètement quelle est le rôle de notre pays dans les différentes organisations militaires et ce que cela implique dans la vie quotidienne.

Pour la paix, pas un euro ne doit aller au militarisme et pas un seul obus ne devrait pouvoir sortir des usines sans un contrôle populaire strict. Le développement des usines d’Eurenco doit être soumis à des choix démocratiques d’ensemble de part ses caractéristiques industrielles dangereuses (Seveso) et ses débouchés militaires. Cela implique un changement fondamental de régime.

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L’Assemblée nationale vote l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN

Le camp du bellicisme est totalement dominant en France.

Ce 2 août 2022, dans le plus grand silence médiatique, s’est tenue à l’Assemblée nationale la « discussion du projet de loi autorisant la ratification du protocole au Traité de l’Atlantique Nord sur l’accession de la République de Finlande et la ratification du protocole au Traité de l’Atlantique Nord sur l’accession du Royaume de Suède ».

Il ne s’agit bien entendu pas d’une discussion, mais d’un moment où chaque groupe parlementaire exprime son opinion tout en nuances par rapport à ce qui est considéré comme déjà acquis. Personne n’a ainsi dénoncé l’OTAN ; il y a ceux pour, ceux pour d’une autre manière, ceux qui pensent qu’on aurait pu ou dû faire différemment. Cela s’arrête là et en deux heures l’affaire a été pliée, prolongeant le même vote au Sénat le 21 juillet 2022, après la mise en place du projet de loi par le gouvernement et l’aval immédiat par le Conseil d’État, les 12-13 juillet.

Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères, a présenté cette adhésion comme un « grand réveil stratégique ». Elle a souligné le parallèle entre l’OTAN et l’Union européenne ; elle a affirmé que pour la période intermédiaire jusqu’à l’adhésion (puisque tous les pays membres doivent signer leur accord), la Finlande et la Suède seront « protégés ».

Catherine Colonna a d’ailleurs à ce niveau prétendu que la Finlande et la Suède seraient en « rupture » avec leur neutralité précédente. Cela n’est pas du tout vrai. En réalité, la Suède faisait comme la Norvège en agissant comme pays pseudo « neutre » pour servir d’intermédiaires, notamment lors de l’établissement d’accords de paix ou de l’accueil et l’intégration d’opposants politiques fuyant leurs pays (et rompant en pratique ainsi avec ceux-ci).

Et sur le plan militaire, la Finlande et la Suède sont organisées depuis longtemps avec l’OTAN, même si de manière non officielle. Il faut bien comprendre que l’OTAN exige une correspondance à haut niveau sur le plan du matériel et de bonnes relations pratiques. Tout cela est déjà mis en place depuis longtemps déjà. Si ce n’était pas le cas, jamais l’adhésion n’aurait pu avoir lieu de manière aussi rapide !

Catherine Colonna a d’ailleurs bien été obligée de dire qu’effectivement les armées finlandaise et suédoise disposaient déjà d’une vaste interopérabilité avec les forces de l’OTAN. L’adhésion ne fait que tomber les masques.

Bien entendu, cela implique d’autant plus de dénoncer la Russie comme seule fautive, l’OTAN étant soit disant seulement défensive. C’est Jean-Louis Bourlanges, rapporteur de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale et membre du Modem (et donc de la majorité présidentielle), qui s’est chargé de tenir un discours violemment agressif à ce sujet. « Pour l’OTAN c’est l’heure du réveil », « L’Amérique est de retour »… En avant, marche !

Après cette introduction, les intervenants de chaque groupe ont parlé… cinq minutes.

Tematai Le Gavic a parlé le premier, pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine (mis en place par le PCF), sans vraiment le dire puisqu’il a parlé en fait en quelque sorte de la NUPES en général, lui-même étant un indépendantiste polynésien (de 21 ans) rattaché au groupe du PCF (groupe lui-même membre de la NUPES). Il a tenu un discours sympathique et n’allant pas loin, il a dit qu’il fallait plus de diplomatie, moins de guerre et que par conséquent… Les députés NUPES voteront soit contre, soit s’abstiendront.

Comme lui-même est député de la Polynésie française, il a d’ailleurs justement un petit discours sur les armes atomiques (de par les tests français dans la région), ce qui est censé suffire pour apparaître comme « positif ».

Après lui, le centriste « neutre » Stéphane Lenormand et Natalia Pouzyreff, de la majorité présidentielle et même du parti gouvernemental (« Renaissance »), ont tous les deux souligné l’importance d’une « Europe de la Défense », la seconde mettant en valeur les sanctions contre la Russie, qui seraient efficaces.

Après cela, Laurent Jacobelli, du Rassemblement National, a dit qu’il faudrait bien discuter avec la Russie, qu’il ne fallait pas suivre les impérialismes russes et américain, que l’Union européenne était une bureaucratie, que l’adhésion de la Finlande et de la Suède étaient trop précipitée. Il est resté somme toute très mesuré, comme son parti et Marine Le Pen depuis le début de la guerre.

Aurélien Saintoul, de La France Insoumise, a pris la parole après eux, et a directement commencé en dénonçant la Russie, son invasion et les crimes commis dans la foulée, reprenant donc à son compte le discours dominant.

Puis il a expliqué qu’il fallait partir du point de vue des intérêts français. Il a alors expliqué que tout était très compliqué, bref il a fait de la géopolitique, en disant qu’il fallait faire autre chose. C’est la ligne réelle de Jean-Luc Mélenchon et de La France Insoumise : la France doit être une sorte de capitalisme impérial à vocation sociale et trouvant une place idéale en jouant sur la carte du « monde multipolaire ». La preuve de cela, c’est qu’il n’y a aucune dénonciation de l’OTAN et cela montre bien la nature de La France Insoumise.

Michèle Tabarot, de la Droite traditionnelle avec Les Républicains, a expliqué que son groupe soutenait l’adhésion, et voilà tout.

Frédéric Petit, du Modem et Indépendants, donc de la majorité présidentielle, a dénoncé « l’impérialisme moscovite », reprenant le discours ukrainien qu’il n’y a pas de Russie, mais simplement une « Moscovie », lui-même utilisant le terme.

Ce député a également parlé de la région qui lui tient à cœur et qui allait « de la mer Baltique à la Mer Noire », ce qui est le discours historique de l’expansionnisme polonais de Pilsudski des années 1930. Et on comprenne qu’elle lui tienne à cœur, cette région, puisqu’il a été employé dans l’Est européen par Consolis, « groupe industriel européen du secteur de la construction , des travaux publics et de l’infrastructure ferroviaire, spécialisé dans la conception d’ouvrages et de bâtiments hautes performances en béton ».

Alain David, pour les socialistes, a grosso modo présenté le soutien à l’adhésion de la Finlande et de la Suède comme inévitable, et a appelé à la mise en place d’une « armée européenne » représentant l’Union européenne.

Sa prise de parole a été suivie par celle de Jean-François Portarrieu, du groupe Horizons et apparentés (Horizons est un parti de la majorité présidentielle, fondé par l’ancien premier ministre Édouard Philippe), qui a dit la même chose sur la nécessité d’une armée européenne.

A suivi Cyrielle Chatelain, d’Europe Écologie Les Verts, qui a bien entendu soutenu l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN, dénonçant la Russie en reprenant tous les arguments de la propagande ukrainienne et américaine. Elle a appelé à une Europe de la Défense où l’armée française, fort de son ampleur, jouerait un rôle central, ce qui permettrait de mieux défendre les zones d’influence françaises !

C’est Emmanuelle Ménard (dont le mari est Robert Ménard, maire de Béziers) qui a conclu, c’est une souverainiste (députée de Béziers) et ce qu’elle a dit n’était pas clair du tout.

On se rappellera ici que la Turquie a dit qu’elle accepterait l’adhésion de la Finlande et de la Suède s’il y a expulsion de gens considérés comme terroristes. Ce thème a été repris par Jean-Louis Bourlanges (le rapporteur de l’assemblée), Aurélien Saintoul (de LFI), Michèle Tabarot (LR), Alain David (PS) et Cyrielle Chatelain (EELV) afin de dénoncer très violemment la Turquie. Jean-Louis Bourlanges a ouvertement expliqué que la Turquie attaquerait la Syrie et la Grèce, mais sans doute pas encore de par le climat actuel.

La guerre avec la Turquie est clairement un leitmotiv à l’arrière-plan de la vie politique française.

Il y a eu après ces interventions un vote rapide, à main levée, pour les articles, s’ils sont à modifier. Ont suivi alors des « explications de vote ».

Jean-Paul Le Coq a pris la parole le premier, au nom du groupe mis en place par le PCF. La première chose qu’il a mis en avant c’est… la solidarité avec l’Ukraine, et le soutien aux « résistants ukrainiens » sur le terrain ! Il a appelé à la paix et a expliqué qu’il faudra à l’avenir une zone démilitarisée à l’Est de l’Europe.

Mireillee Clapot, du parti présidentiel Renaissance, a directement dit que l’Union européenne c’était le politique et le social, l’OTAN le militaire.

Nadège Abomangoli, de La France Insoumise, a regretté l’époque où la Finlande et la Suède étaient (soit disant) non-alignés et d’excellents « médiateurs », mais leur choix de rejoindre l’OTAN revient au Poutine qualifié de « criminel ». Elle a également dénoncé longuement le régime turc. Elle a ensuite prôné de manière assez confuse un monde « multipolaire ».

Jean-Louis Thiérot, de la Droite traditionnelle avec Les Républicains, a dénoncé l’agresseur russe, menace collective pour la sécurité européenne.

Frédéric Petit, du Modem et Indépendants, a repris la parole, pour expliquer que la Russie souffre des sanctions, et que de toutes façons « l’impérialisme moscovite » est le même depuis deux cents ans. Ce fou furieux représente vraiment la fraction la plus agressive visant au démantèlement de la Russie et à ce titre il faudra suivre ses délires, car plus il aura du poids, plus cela voudra dire que le bellicisme le plus dangereux prend le dessus.

Guillaume Garot, des socialistes, a simplement dit qu’il y avait une nouvelle géopolitique à la suite de l’invasion russe, et que les socialistes voteraient l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN.

Hubert Julien-Laferrière, d’EELV, a dénoncé la Russie et mit en valeur l’idéologie de l’Union européenne.

Enfin, un peu avant 23h30, il y a le vote, avec 308 votants, 255 suffrages exprimés, 209 voix pour, 46 contre.

L’Assemblé nationale a voté pour la Finlande et la Suède dans l’OTAN. Aucune voix n’a dénoncé l’OTAN comme une entreprise belliciste, personne n’a dénoncé la fourniture d’armes, de matériel et d’argent à l’Ukraine par la France et l’Union européenne. Tout passe comme une lettre à la poste, avec La France Insoumise et le PCF servant de faire-valoir au régime, faisant beaucoup de bruit au sujet du social, tout en ne remettant en rien en cause du fond même du régime français, de son capitalisme, de sa marche à la guerre.

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La provocation américaine de Nancy Pelosi à Taïwan

La superpuissance américaine pousse à la guerre.

« La visite de Taiwan »

La rupture entre la superpuissance américaine et son challenger chinois est maintenant consommée. Le mois d’aout 2022 est le premier d’une nouvelle ère, avec l’affrontement sino-américain comme aspect principal s’exprimant désormais ouvertement. Tout cela était en germe, la crise commencée en 2020 a ouvert la nouvelle période, nous l’avons ici largement commenté, surtout avec l’invasion russe en Ukraine. Mais la situation a pris maintenant une toute autre tournure.

En se rendant sur l’île de Taïwan, la représentante du Congrès américain Nancy Pelosi provoque, en toute conscience, une tempête. Cinquante années de compromis sino-américain sur la question d’une Chine unique vole en éclat, malgré les avertissement chinois, ou plus justement en raison des avertissements chinois, afin de provoquer la Chine dès maintenant, de la forcer à réagir sans attendre d’être renforcée.

Anecdotique ou pas : le vol de Nancy Pelosi a fait exploser les compteurs sur le site de suivi de la circulation aérienne Flightradar24. Ce sont plus de 700 000 personnes qui l’ont suivie en direct, sachant très bien l’enjeu historique de ce voyage. En effet, la Chine n’a maintenant plus le choix, elle avait très fortement dénoncé à l’avance une telle visite, elle va devoir assumer son opposition à la superpuissance américaine qui a désigné officiellement l’île de Taïwan comme le lieu et le sujet de l’affrontement.

Avec Taïwan, l’administration américaine a un gouvernement chinois « démocratique » (selon sa conception) à soutenir contre la Chine « populaire » (en fait social-fasciste) qui concurrence son hégémonie. Inversement, la République populaire de Chine a besoin d’écraser le régime rebelle de Taïwan (selon sa conception) trop proche des États-Unis, pour développer ses propres ambitions mondiales.

La seule différence est que les États-Unis sont une puissance dominante, alors que la Chine (et dans son camp la Russie) est une puissance challenger. Mais tant le régime américain que le régime chinois sont aux abois, avec une propagande montreuse contre l’autre camp pour finir de préparer l’opinion à la guerre.

La télévision chinoise matraque de publicités patriotiques vantant l’Armée populaire de libération (qui n’a plus rien de populaire depuis des décennies). Dans un autre style, la presse américaine, surtout celle Démocrate, martèle quand à elle à propos de l’importance de la question taïwanaise.

Immédiatement après l’atterrissage de Nancy Pelosi, c’est ainsi le fameux Washington Post qui a directement publié une tribune d’elle que seuls les abonnés payants ont le droit de lire (le grand public américain a droit à des discours anti-chinois beaucoup moins élaborés, car il ne s’agit pas d’instruire le peuple mais de préparer la guerre).

On y lit :

« La visite de notre délégation doit être considérée comme une déclaration sans équivoque selon laquelle l’Amérique se tient aux côtés de Taïwan, notre partenaire démocratique, qui se défend et défend sa liberté.

Pourtant, cette démocratie dynamique et solide… et fièrement dirigée par une femme, la présidente Tsai Ing-wen, est menacée.

Ces dernières années, Pékin a considérablement intensifié les pressions sur Taïwan. La République populaire de Chine a multiplié les patrouilles de bombardiers, d’avions de chasse et d’avions de surveillance à proximité, voire au-dessus, de la zone de défense aérienne de Taïwan, ce qui a amené le ministère de la défense américain à conclure que l’armée chinoise se prépare probablement à une éventualité d’unification de Taïwan à la RPC par la force. »

Ce qui se passe est exactement la même chose que ce qui s’est passé en Ukraine. Les États-Unis façonnent des régimes qui lui sont inféodés et s’en servent comme tampon, comme base militaire et politico-culturelle, contre ses concurrents. C’est ce qu’ils ont fait depuis 2014 avec l’Ukraine, c’est ce qu’ils font depuis 1949 avec l’île de Taïwan, qui est chinoise.

Tant la Russie que la Chine ne sont pas des régimes démocratiques, alors ils assument totalement de jouer une partition miroir à celle des États-Unis : l’Ukraine et Taïwan sont pour eux des objets ne servant qu’à leur quête d’influence et d’hégémonie en concurrence avec l’hégémonie américaine.

Voilà comment se déclenche une guerre mondiale. Des puissances belliqueuses rivalisent de provocations, jusqu’à la rupture. Cette fois, ce sont les États-Unis qui ont provoqué, et fort. La Chine en réponse est maintenant à deux doigts de déclarer la guerre.

La première réponse a été l’envoi d’une vingtaine d’avions militaires dans la zone d’identification de défense aérienne taïwanaise. C’est habituel de la part de la Chine, mais c’est systématiquement considéré par Taïwan comme une provocation : c’est en tous cas un acte de franche hostilité militaire et cela prend dans ce contexte une toute autre dimension.

La Chine a donc parlé d' »actions militaires ciblées » à venir pour « défendre résolument la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale et à fermement contrecarrer les ingérences extérieures et les tentatives séparatistes d’“indépendance de Taïwan” ». Des manœuvres militaires sont ainsi prévues… au large de Taiwan.

Deux portes-avions ont été déployés dans la zone, le CNS Liaoning et le CNS Shandong, ainsi qu’un croiseur 055D , équipé de 112 tubes de lancement et une frégate 054.

Le ministère de la Défense chinois a fait savoir que :

« Les États-Unis auront assurément la responsabilité des conséquences et devront payer le prix de leur atteinte à la sécurité de la Chine. »

Du côté américain, le porte-avions USS Ronald Reagan croise au sud de Taïwan avec le destroyer USS Higgins et le navire ravitailleur USS Carl Brashear. Et ce n’est que le début d’une situation explosive.

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Taïwan, l’étincelle de la 3e guerre mondiale

La tension est à son comble.

Lors d’un échange téléphonique récent avec Joe Biden, le président chinois Xi Jinping aurait expliqué que « ceux qui jouent avec le feu finissent par se brûler », en invitant « la partie américaine » à comprendre cela. La menace est on ne peut plus claire.

C’est que la perspective d’une visite de Nancy Pelosi sur l’île de Taïwan irrite au plus haut point les dirigeants de la République populaire de Chine, les obligeant à assumer un haut degré de tension en réponse à ce qui est évidemment une provocation diplomatique.

Symboliquement, on parle d’une des élues les plus importantes du régime américain, qui assure la présidence de la Chambre des représentants (l’équivalent de l’Assemblée nationale française). Elle est notamment seconde dans l’ordre de succession présidentielle.

L’irritation chinoise est d’autant plus importante que la partie américaine ne dit rien clairement quant à cette visite, tout en ne démentant pas les rumeurs (probablement fabriquées de toutes pièces d’ailleurs). Dimanche 31 juillet, Nancy Pelosi a confirmé être en route vers l’Asie, mais sans parler de l’île taïwanaise.

Il est en tous cas évident que cette question est au cœur de son déplacement. Son communiqué dit de manière explicite :

« Je conduis une délégation du Congrès dans la région Indo-Pacifique pour réaffirmer l’engagement inébranlable de l’Amérique envers ses alliés et amis dans la région ».

Elle précise également, ce qui évoque forcément la question de Taïwan :

« À Singapour, en Malaisie, en Corée du Sud et au Japon, nous tiendrons des réunions de haut niveau pour discuter de la manière dont nous pouvons promouvoir nos valeurs et nos intérêts communs notamment la paix et la sécurité, la croissance économique et le commerce, la pandémie de Covid-19, la crise climatique, les droits de l’homme et la gouvernance démocratique »

Ce qui se passe est très simple à comprendre : il y a une escalade de part et d’autre, les provocations se succédant pour pousser l’autre camp à la faute et construire ainsi le récit national et mondial préparant la guerre.

La République populaire de Chine a toujours considéré le gouvernement de la République de Chine établi à Taïwan comme étant rebelle et illégitime, mais sans jamais pour autant assumer l’invasion. Pareillement, les États-Unis ont toujours soutenu militairement la République de Chine (Taïwan), tout en ne le reconnaissant pas diplomatiquement et en privilégiant le rapport diplomatique et commercial avec la République populaire de Chine.

En quelques sorte, la question de Taïwan a été laissée de côté pendant plusieurs décennies, telle une carte joker à garder en main pour la jouer en cas de nécessité. C’est précisément là où nous en sommes en 2022. La guerre mondiale pour le repartage du monde est une tendance irrésistible, avec en son cœur la contradiction de plus en plus forte entre la superpuissance américaine et la puissance challenger chinoise qui jouent la carte taïwanaise.

Les américains prendraient bien prétexte d’une invasion de l’île de Taïwan par la République populaire de Chine pour lancer la guerre, donc ils provoquent en ce sens. En mars 2022 déjà, une délégation américaine se rendait sur l’île, emmenée par l’amiral Mike Mullen, ni plus ni moins que l’ancien chef d’état-major interarmées.

Inversement, la République populaire de Chine sait qu’elle va devoir passer un cap dans sa concurrence avec la superpuissance américaine et que la question Taïwanaise pourrait très bien servir d’élément déclencheur. Donc elle pousse le gouvernement de Taïpeï à la faute par des provocations militaires, en espérant un dérapage taïwanais servant d’étincelle allumant la mèche.

La potentielle visite de Nancy Pelosi pose ainsi problème au gouvernement chinois car elle le pousse dans ses retranchements. Soit il ne réagit pas et les États-Unis prennent l’ascendant en assumant quasi-ouvertement leur protectorat sur l’île. Tout conflit enclencherait alors directement la guerre mondiale. Soit le gouvernement chinois réagit, mais alors il se retrouve en position d’assumer lui-même la responsabilité principale de l’escalade guerrière menant au conflit mondial.

Cette seconde option est d’ailleurs déjà ouvertement sur la table. Le gouvernement chinois a déjà prévenu qu’il considère la question de l’indépendance taïwanaise comme une ligne rouge à ne pas franchir, le ministre chinois de la Défense Wei Fenghe ayant prévenu qu’il déclencherait alors la guerre, « quel qu’en soit le prix ».

Du côté américain, il est évident que cela est compris de cette manière et l’administration de Joe Biden hésite très clairement à assumer ou non ce déclenchement potentiel de la troisième guerre mondiale. La semaine à venir sera donc décisive avec le choix américain de visiter ou non les dirigeants de l’île de Taïwan.

Dans tous les cas, visite ou non, le retour en arrière ne sera pas possible dans ces conditions et l’escalade va mener un jour ou l’autre à la guerre, à moins d’une opposition démocratique et populaire mondiale à la guerre, notamment en Chine et aux États-Unis. Ce qui présentement est absolument inenvisageable.

Personne à Taïwan ne s’oppose aux exercices militaires annuels, menés la dernière semaine de juillet avec des simulations d’interception d’attaques chinoises depuis la mer.

Personne aux États-Unis ne dénonce l’utilisation de la question taïwanaise par le gouvernement, ni le déploiement du porte-avions USS Ronald Reagan avec sa flottille depuis Singapour vers la mer de Chine méridionale pour une « opération programmée ».

Personne en Chine ne dénonce l’exercice militaire mené samedi 30 juillet avec des munitions réelles dans le secteur de l’île de Pingtan, à environ 120 kilomètres des côtes taïwanaises. Personne ne dénonce la communication de l’Armée montrant le lancement d’un système hypersonique DF-17 censé pouvoir détruire un porte-avion avec une vitesse supérieur à Mach 5.

La guerre mondiale est la tendance irréversible de notre époque, c’est même concrètement l’actualité…

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Parlement : où est la voix du pacifisme à gauche ?

Perdue entre les social-patriotes et les euro-libéraux.

Mardi 26 juillet avait lieu devant la commission de défense de l’Assemblée nationale la présentation du futur projet de loi pour la ratification du protocole d’accession de la Suède et de la Finlande à l’OTAN.

C’est la députée de la majorité présidentielle Natalia Pouzyreff qui en tant que rapporteuse du projet de loi a énoncé devant les différents membres de la commission les enjeux de ces adhésions, reprenant de bout en bout la litanie américaine à propos de la « menace russe » et de la nécessité d’apporter soutien à l’adhésion des deux pays nordiques à l’OTAN.

Après avoir présenté vaguement la « contribution » militaire de ces deux pays à l’alliance atlantique, elle a dévoilé le principal objectif qui est l’ « apport de profondeur stratégique sur le flanc oriental », consistant en fait à accentuer une logique de bloc contre bloc, et donc l’engrenage belliciste.

Les présidents de chaque groupe parlementaire devaient à la suite de cette présentation exposer leurs positions en vue du prochain vote à l’Assemblée nationale le 2 août. La Gauche était en droit d’attendre la défense de positions pacifistes et internationalistes. Or, comme l’ont déjà montré les votes au Sénat des différentes groupes parlementaires de « gauche », rien de tout cela n’est ressorti et la NUPES révèle d’ailleurs ces craquements sur ce sujet si fondamental.

Pour Aurélien Saintoul, président du groupe LFI, il n’a fait que simplement regretter un « mécanisme de polarisation des relations internationales » qui ne serait pas dans l’intérêt des pays nordiques, ni dans celui de la France alors que leur adhésion à l’Union européenne et leur participation aux exercices de l’OTAN suffiraient à les protéger.

Mais le pire est sûrement les propos du député LFI Frédéric Mathieu qui, tout en dénonçant les positions pro-OTAN de la présidente du groupe EELV Anne le Hénanff et plus indirectement celle d’Isabelle Santiago, présidente du groupe PS, également pro-OTAN, fustige ces adhésions car cela renforcerait l’industrie militaire américaine, au détriment du complexe militaro-industriel français (pompeusement dénommé par son nom institutionnel « base industrielle technologique de défense » – BITD).

La paix et la solidarité entre les peuples, dans tout cela ? Pas un mot. La Gauche est inexistante dans cette affaire, puisque l’on a droit à un alignement chauvin sur la France, ou bien une position pro-OTAN, pro-UE par le PS et EELV, ce dernier par la voix de sa présidente Anne le Hénanff reprenant tout l’argumentaire de la propagande anti-russe.

Et malheureusement, comme on en a que trop l’habitude, c’est la démagogie d’extrême-droite qui réussit à dénoncer les arguments pro-OTAN tenus par la majorité présidentielle, même si le groupe préconise une bien timide abstention puisqu’au fond l’idée est surtout de pouvoir tisser une alliance militaire « autonome » avec ces pays nordiques.

Toujours est-il que seul Laurent Jacobelli, président du groupe RN, a rappelé que les deux pays nordiques étaient liés militairement depuis longtemps aux États-Unis, rappelant le « renoncement du programme militaire suédois dans les années 1980 fait en contrepartie d’une garantie d’assistance militaire par les États-Unis » et interprétant ces adhésions comme un « signal belliqueux envoyé à la Russie ».

Pire, bien pire car cela devrait être le B-A-BA d’une position de Gauche en relation avec un rejet franc de ce projet de loi, Laurent Jacobelli a eu ces propos en fin de commission :

N’oublions pas quand même que notre objectif, en tout cas je l’espère mes chers collègues, n’est pas la guerre et madame la rapporteur j’ai été, je le crois, assez étonné, même un peu surpris de vos propos, toujours précis et toujours très clairs, mais vous nous avez expliqué que l’on avait essayé la diplomatie, vous nous avez expliqué que l’on avait essayé les représailles économiques, que tout ça n’avait pas marché et qu’on avait un ennemi qui est la Russie. J’ai très peur de la troisième étape. Donc faisons attention aux éléments qui pourraient laisser imaginer que nous sommes dans une attitude de vouloir la troisième guerre mondiale

Évidemment, il ne faudrait pas tomber dans le piège tendu par l’extrême-droite qui est d’apparaître comme pacifiste pour mieux être populaire. On sait combien le RN souhaite redessiner un axe nationaliste pour la France, en partenariat notamment avec la Russie.

Et c’est cela qui est inquiétant car sans une dénonciation ferme du bellicisme pro-OTAN sur une base internationaliste, c’est un mauvais substitut qui triomphera dans une partie de l’opinion publique, à savoir le fascisme… Espérons que les députés PCF, visiblement absents lors de cette présentation à la commission, assumeront cela lors des débats à l’assemblée nationale le 2 août.

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La Hongrie dans le grand jeu avec la guerre en Ukraine

La zone devient une poudrière.

Le 20 juillet 2022, l’Union européenne a proposé un plan de réduction de la consommation du gaz de 15%, afin d’aider les pays membres restant très dépendants du gaz russe. Immédiatement, la Grèce, l’Espagne et le Portugal ont refusé.

Et le 21 juillet 2022, le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto était à Moscou pour acheter 700 millions de mètres cubes supplémentaires de gaz naturel . Il y a même eu une conférence de presse à ce sujet. La Hongrie dépend de la Russie pour 65% de son pétrole et 80% de son gaz.

Le président hongrois Viktor Orban a par la suite expliqué le 23 juillet dans un discours que l’Ukraine ne pouvait pas gagner la guerre, que les sanctions ne servaient à rien contre la Russie et que par contre les gouvernements européens allaient tomber comme des dominos. La seule solution est un dialogue américano-russe. « Ce n’est pas notre guerre » a-t-il souligné, qualifiant de « propagande ukrainienne » l’idée que la Russie attaque ensuite un membre de l’OTAN comme la Pologne ou la Lituanie.

Là où cela devient d’autant plus intéressant – et d’autant plus complexe – c’est que ce discours a été tenu en Roumanie, lors d’une université d’été annuelle, à Baile Tusnad, un lieu de cure thermale, en Transylvanie. Pourquoi là-bas ? Car il y a 1,4 million de Hongrois ethniques en Roumanie, qu’historiquement la Hongrie a tenté d’annexer lors de l’alliance avec l’Allemagne nazie pendant la seconde guerre mondiale.

Proportion de Hongrois ethniques en Roumanie en 2002 (Wikipédia)

Et il y a plus de 150 000 Hongrois ethniques… en Ukraine, dans la région de la Transcarpatie.

Proportion de Hongrois ethniques en Hongrie en 2001 (Wikipédia)

Là où cela se corse, c’est que de manière officielle, l’armée hongroise est en alerte et prête à intervenir pour aider/sauver les Hongrois ethniques d’Ukraine.

Les Hongrois ethniques en Europe (Wikipédia)

En fait, depuis le Traité de Trianon de 1920, la Hongrie réactionnaire considère la récupération de la grande Hongrie comme sa mission. Ce fut la ligne de la Hongrie pendant la deuxième guerre mondiale, qui a réalisé nombre d’annexions aux dépens de ses voisins.

Annexions hongroises à partir de 1938 (Wikipédia)

Il serait vain en effet de considérer que lors de la marche à la guerre, il y aurait un affrontement unilatéral bloc contre bloc. Les intérêts des uns ne sont jamais les intérêts des autres ; seul le prolétariat a une approche universelle. Pour cette raison, les contradictions entre puissances ne s’arrêtent jamais, elles peuvent être secondaires à certains moments, par des alliances, temporairement, voilà tout. C’est cela qui rend également inexorable la tendance à la guerre.

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Le Sénat valide l’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN

La convergence avec l’OTAN est quasi totale.

Les médias français ont passé sous silence le vote du Sénat concernant l’acceptation de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN. Les résultats du scrutin ont été les suivants : sur 348 votants, il y a eu 340 votes exprimés, avec 323 pour, 17 contre.

Les 17 votants contre l’acceptation :

– appartiennent au groupe sénatorial mis en place par le PCF pour 15 d’entre eux : Cathy Apourceau-Poly, Éliane Assassi, Jérémy Bacchi, Éric Bocquet, Céline Brulin, Laurence Cohen, Cécile Cukierman, Fabien Gay, Mme Michelle Gréaume, Gérard Lahellec, Pierre Laurent, Marie-Noëlle Lienemann, Pierre Ouzoulias, Pascal Savoldelli, Marie-Claude Varaillas ;

– consistent en deux élus de Droite souverainiste et d’extrême-Droite pour le reste : Jean Louis Masson, Stéphane Ravier.

C’est une très bonne chose que les sénateurs liés au PCF aient en bloc voté contre l’adhésion. C’est très positif, car le PCF va devoir basculer. Avant la guerre en Ukraine, il était encore pour la sortie de la France de l’OTAN et même la dissolution de l’OTAN. Seulement, aujourd’hui, assumer une telle position est quelque chose d’extrêmement conflictuel.

Le PCF osera-t-il affronter une opinion publique chauffée à blanc, des institutions totalement pro-Ukraine ? C’est tout simplement impossible. Et autant là le vote du Sénat est passé inaperçu, autant le vote à l’Assemblée nationale sera plus visible et là il faudra assumer dans un sens ou dans un autre.

Surtout que, bien entendu, ce n’est pas du tout la position du Parti socialiste et d’EELV. Chez EELV, l’unanimité a été pro-OTAN. Du côté socialiste, 59 ont voté pour, 5 autres se cachant dans l’abstention : Jérôme Durain, Gisèle Jourda, Laurence Rossignol, Jean-Claude Tissot, Mickaël Vallet.

Ces gens se sont mis dans une position intenable, cherchant à échapper à une question hautement politique en passant inaperçu. L’Histoire va ici être impitoyable avec leur lâcheté.

Les 3 derniers abstentionnistes sont de la Droite traditionnelle : Sylvie Goy-Chavent, MM. Alain Houpert, Alain Joyandet, de Les Républicains, les autres sénateurs membres du groupe s’alignant sur l’OTAN.

Cela montre que la question va tanguer politiquement à gauche, car la totalité des institutions est pro-OTAN. Y a-t-il encore de la place pour une contestation à la PCF ? On va très vite le savoir et on sait déjà que la réponse sera négative dans un tel contexte de marche à la guerre.

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Vote au Sénat pour l’élargissement de l’OTAN : les bellicistes à « gauche » vont se dévoiler

Ils s’aligneront pour l’OTAN, ou ne feront au mieux rien contre.

Ce sont les institutions françaises qui œuvrent à armer l’Ukraine, pas simplement le gouvernement sous l’égide du président Emmanuel Macron. C’est ainsi devant la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat que le 19 juillet la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a annoncé l’envoi de six canons CAESAr en Ukraine.

Cela porte à 18 le nombre total de ces canons (de plus de huit mètres) fournis à l’armée ukrainienne. Et la ministre a de nouveau souligné la ligne française de tout masquer par rapport à l’opinion publique

« À titre national, la France prend toute sa part, même si nous soulignons moins que d’autres ce que nous faisons. Nous avons fait le choix de ne pas communiquer sur la totalité de notre contribution militaire ».

On sait cependant qu’ont déjà été fournies à l’armée ukrainienne des missiles antichars Milan, des missiles antiaériens Mistral et qu’en ce moment des Véhicules de l’Avant Blindés sont en train d’être envoyés par trains, des photos ayant été prise dans une gare parisienne par un journaliste.

C’est là une participation à la guerre en Ukraine et les institutions, principalement le Sénat, accompagne le processus, voire l’aiguille. C’est très exactement la nature de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat.

Voici justement la liste des gens au Sénat qu’on peut considérer, au sens le plus large possible, comme de gauche. Ils sont dans des « groupes », qui reflètent pour résumer le camp autour du Parti socialiste, celui autour du PCF, celui autour d’EELV.

Groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, 64 membres :

ANTISTE Maurice, ARTIGALAS Viviane, ASSOULINE David, BIGOT Joël, BLATRIX CONTAT Florence, BONNEFOY Nicole, BOUAD Denis, BOURGI Hussein, BRIQUET Isabelle, CARDON Rémi, CARLOTTI Marie-Arlette, CHANTREL Yan, CONCONNE Catherine, CONWAY-MOURET Hélène, COZIC Thierry, DEVINAZ Gilbert-Luc, DURAIN Jérôme, ÉBLÉ Vincent, ESPAGNAC Frédérique, FÉRAUD Rémi, FÉRET Corinne, FICHET Jean-Luc, FILLEUL Martine, GILLÉ Hervé, HARRIBEY Laurence, HOULLEGATTE Jean-Michel, JACQUIN Olivier, JASMIN Victoire, JEANSANNETAS Éric, JOLY Patrice, JOMIER Bernard, JOURDA Gisèle, KANNER Patrick, KERROUCHE Éric, de LA GONTRIE Marie-Pierre, LECONTE Jean-Yves, LE HOUEROU Annie, LOZACH Jean-Jacques, LUBIN Monique, LUREL Victorin, MAGNER Jacques-Bernard, MARIE Didier, MÉRILLOU Serge, MEUNIER Michelle, MICHAU Jean-Jacques, MONIER Marie-Pierre, MONTAUGÉ Franck, PLA Sebastien, POUMIROL Émilienne, PRÉVILLE Angèle, RAYNAL Claude, REDON-SARRAZY Christian, ROBERT Sylvie, ROGER Gilbert, ROSSIGNOL Laurence, STANZIONE Lucien, SUEUR Jean-Pierre, TEMAL Rachid, TISSOT Jean-Claude, TODESCHINI Jean-Marc, VALLET Mickaël, VALLINI André, VAN HEGHE Sabine, VAUGRENARD Yannick

Groupe communiste républicain citoyen et écologiste, 14 membres et un rattaché) :

APOURCEAU-POLY Cathy, ASSASSI Éliane, BACCHI Jérémy, BOCQUET Éric, BRULIN Céline, COHEN Laurence, CUKIERMAN Cécile, GAY Fabien, GRÉAUME Michelle, LAHELLEC Gérard, LAURENT Pierre, LIENEMANN Marie-Noëlle, OUZOULIAS Pierre, SAVOLDELLI Pascal, VARAILLAS Marie-Claude

Groupe Écologiste – Solidarité et Territoires, 12 membres :

BENARROCHE Guy, BREUILLER Daniel, DANTEC Ronan, DOSSUS Thomas, FERNIQUE Jacques, GONTARD Guillaume, LABBÉ Joël, de MARCO Monique, ARIGI Paul Toussaint, PONCET MONGE Raymonde, SALMON Daniel, VOGEL Mélanie

Ces gens, aujourd’hui 21 juillet 2022, doivent voter pour une loi qui demande au gouvernement d’accepter l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN. S’ils votent oui, il faudra les dénoncer comme des va-t-en guerre, car personne à gauche peut ne pas reconnaître le caractère militariste de l’OTAN qui est entièrement dirigée par la superpuissance américaine.

S’ils ne votent pas ou s’abstiennent, c’est qu’ils sont dans un dilemme, mais que la lâcheté triomphe, car ils refusent de se confronter au militarisme.

S’ils votent contre, alors il faudra les saluer et honorer leur position antagonique. Force est de reconnaître qu’il ne faut pas s’attendre ici à grand chose. La pression en faveur de la guerre est immense et les sénateurs sont au service des institutions. Si celles-ci sont entraînées dans la guerre, eux suivent, car ils ne peuvent rien voir, ils ne veulent rien voir et ils ne vont pas oser mettre leur perspective de carrière en jeu.

Mais il faudra justement bien étudier les résultats de ce vote… et de celui qui suivra le 2 août à l’Assemblée nationale.

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Guerre: le Sénat va voter l’extension de l’OTAN à la Finlande et la Suède

Les sénateurs français vont ratifier l’élargissement du bloc américain.

La guerre pour le repartage du monde est l’actualité des grandes puissances et les parlements sont mobilisés pour accompagner le mouvement. Chaque pays membre doit en effet approuver l’extension de l’alliance militaire atlantique et cela se fait en général par une loi.

En France, le Parlement doit voter un projet de loi autorisant le gouvernement à ratifier le traité d’accession de la Suède et de la Finlande à l’OTAN. C’est le Sénat qui ouvre le bal avec une séance prévue le 21 juillet. Ensuite, ce sera au tour de l’Assemblée nationale de boucler la boucle avec un vote prévu le 2 août, pour une ratification du projet de loi immédiatement dans la soirée.

Pas de temps pour le débat démocratique donc. On peut d’ores et déjà se douter que cela va passer comme une lettre à la poste, tellement personne en France n’est capable de s’opposer à la guerre et à l’affrontement mondial entre la superpuissance américaine et sa concurrente chinoise qui se profile.

L’OTAN met la pression, en expliquant que pour l’entrée de la Macédoine du Nord le processus avait pris 12 mois et qu’il s’agit cette fois d’aller encore plus vite. C’est qu’il faut battre le fer anti-russe tant qu’il est chaud, avant que l’Ukraine n’ait déjà perdu la guerre.

En attendant, la Finlande et la Suède bénéficient du statut d’invité de l’OTAN, alors que dans les faits ces pays sont déjà très proches de l’OTAN depuis longtemps, techniquement parlant. Il n’y a par contre qu’après la validation de leur intégration par les 30 pays membres que ces nouveaux pays seront engagés par l’article 5 de la Charte de l’OTAN qui oblige à la mobilisation de chacun des membres en cas d’attaque.

Des « garanties » en amont avant la demande d’adhésion ont cependant été fournies par la superpuissance américaine et le Royaume-Uni.

Il ne faut pas être dupe quant aux prétentions défensives de l’OTAN. Cet élargissement est un pas de plus vers la guerre mondiale, c’est une manœuvre d’alliance pour préparer l’affrontement avec la Russie, puis la Chine. Et c’est une manœuvre américaine, bien entendu, car l’OTAN est un outil de puissance pour les États-Unis.

D’ailleurs, en vérité, les pays membres de l’OTAN ne sont là que pour enregistrer formellement la volonté américaine. En dernier lieu, c’est le gouvernement des États-Unis qui décide, toutes les ratifications doivent lui être notifiées avant d’être validées définitivement par lui.

Les pays candidats quant à eux auront dû déposer leurs « instruments d’accession » directement auprès du Département d’État américain, l’équivalent d’un ministère des Affaires étrangères.

Il est donc demandé au Parlement français de se plier à cette volontés américaine d’extension de l’OTAN aux pays baltes. Ceux-ci vont s’exécuter, de manière naturelle. C’est une expression du rapport de forces entre grandes puissances, dans le cadre de la tendance à la guerre.

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Dmitri Medvedev et le « jugement dernier » pour l’Ukraine si elle touche à la Crimée

Le danger est plus que réel.

Dmitri Medvedev était auparavant présenté par les « experts » comme quelqu’un de mesuré ; désormais, il fait figure de tête brûlée du régime russe, par lequel il est de plus en plus mis en avant comme un homme à poigne, une sorte de Vladimir Poutine bis.

Lorsque Vladimir Poutine ne pouvait plus être président, en raison de deux mandats consécutifs, c’est d’ailleurs Dmitri Medvedev qui a servi de président homme de paille de 2008 à 2012. Il a ensuit été à la tête du gouvernement de 2012 à 2020, puis vice-président du Conseil de sécurité de Russie (Vladimir Poutine étant le président). Il est également depuis 2012 à la tête de « Russie unie », le parti présidentiel.

Bref, c’est quelqu’un qui compte dans le régime russe et voici les propos qu’il vient de tenir au sujet de la Crimée, récupérée par la Russie en 2014 au moyen d’un coup de force et d’une annexion aux dépens de l’Ukraine, même si historiquement la Crimée est russe.

« Des clowns sanglants exaltés qui apparaissent périodiquement là-bas [en Ukraine] avec des déclarations essaient également de nous menacer, je veux dire l’attaque contre la Crimée, etc. Si quelque chose comme ça se produit, pour tous, le jour du jugement viendra d’un coup, très vite et durement, il sera très difficile de se cacher. »

Cela fait suite à des propos ininterrompus de la part du régime ukrainien, qui cette dernière semaine explique que la guerre ne cessera pas avant que l’ensemble de l’Ukraine d’avant 2014 ne soit reconquise. Cela va de pair avec un jusqu’au boutisme ultra-nationaliste et belliciste, alors que le régime ukrainien connaît lui-même beaucoup de problèmes internes.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ainsi limogé la procureure générale Iryna Venediktova et le chef des services de sécurité Ivan Bakanov, dans le cadre d’une grande enquête sur l’influence des réseaux russes. C’est un signe de panique, naturellement, surtout alors qu’Ivan Bakanov est un grand ami du président ukrainien, et ce depuis l’enfance, les deux ayant participé au business des médias avant leur lancée en politique.

C’est que le régime ukrainien est à un moment clef. Sur le terrain, il perd : les opérations russes grignotent toujours plus de territoire, l’armée ukrainienne se délite, la tendance est très mauvaise et dans l’état, l’Ukraine ne passera pas l’hiver en raison du manque de ressources pour se chauffer, voire se nourrir.

Le régime maintient pourtant la fiction d’une vaste contre-offensive, sans cesse repoussée : il a été parlé de l’été, de septembre, possiblement avant la fin de l’année… Mais en pratique ce n’est pas possible.

La raison de cette fiction est l’arrivée de matériel américain, français, allemand… permettant hypothétiquement de neutraliser l’armée russe. On parle ici de lance-roquettes multiples, avec des roquettes extrêmement précises (et extrêmement onéreuses, on parle ici autour de 150 000 dollars la roquette).

Il s’agit des Himars américains (qui sont au nombre de 21 pour l’instant), des CAESAr  français… qui frappent à grande distance, 50-300 km selon le type, puis se déplacent rapidement pour éviter de subir des représailles. C’est là quelque chose de très technique et il est fort probable qu’il y ait sur place du personnel militaire américain, français, allemand, britannique, canadien, etc.

Ces deux dernières semaines, l’armée ukrainienne a pu ainsi détruire chaque jour en moyenne un dépôt de munitions russe.

Pour faire simple, on a ainsi en gros l’armée russe qui bombarde à coups d’obus pas forcément précis, mais faisant masse, avec des stocks immenses, et l’armée ukrainienne qui espère obtenir des lance-roquettes multiples mobiles, de manière suffisante pour renverser la vapeur. Or, même si les pays occidentaux le voulaient, ils ne pourraient pas fournir des centaines de tels armements avec leurs munitions, car ils ne sont pas disponibles.

Ils peuvent cependant en fournir suffisamment pour prolonger la guerre en Ukraine et frapper en Russie même, notamment en Crimée. D’où l’avertissement de Dmitri Medvedev, alors qu’en plus l’Union européenne vient de décider, par une réunion des ministres des Affaires étrangères, de fournir 500 millions d’euros de plus d’armement à l’Ukraine (ce qui fait un total de 2,5 milliards d’euros).

On est ici dans un processus d’escalade : la superpuissance américaine utilise l’Ukraine comme chair à canon, les pays de l’Union européenne acceptent cela car cette institution est désormais pieds et poings liés par rapport à l’OTAN (et ce de manière officielle), la Russie comprend cela comme un vaste défi à ses ambitions impériales.

Vu ainsi, la guerre en Ukraine est partie pour durer… alors que vont s’enchaîner les événements la transformant, inexorablement, de manière prolongée et contradictoire, en troisième guerre mondiale.

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Montée explosive des tensions turco-grecques

On va droit à la guerre.

Les événements se précipitent depuis un mois de manière absolument catastrophique. On est dans une accumulation de faits exactement comme avant 1914. Et la journée du 17 juillet 2022 a été marquée par l’arrivée de troupes de part et d’autres, avec construction de tranchées, de part et d’autre de la frontière gréco-turque marquée par le fleuve Maritsa.

Voici un article racontant cette situation saisissante et effroyable, tiré du numéro 21 / juillet 2022 de la revue maoïste Crise (téléchargeable dans son ensemble ici).

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Un 14 juillet 2022 sous le signe de l’OTAN

L’armée française est entièrement inféodée à l’OTAN.

Historiquement, les armées sont un marqueur de l’indépendance nationale des pays. Pour une puissance historiquement forte sur le plan militaire telle que la France, cela est particulièrement vrai. Et c’est pour cela que chaque année la fête nationale est accaparée par le militarisme avec un immense défilé des troupes et du matériel de guerre.

Mais la donne a changé au 21e siècle et la France n’est plus la puissance qu’elle fut. Si cela a pris des chemins sinueux, la chose est maintenant entendue : la France est une puissance de second rang, entièrement alignée sur la superpuissance américaine dont elle intègre le bloc. Cela ne veut pas dire que les choses sont figées et on n’est pas à l’abri d’une poussée nationaliste en France avec un Brexit à la française, dont le processus est déjà en cours, de manière contradictoire.

En attendant, l’armée française est tellement soumise à l’OTAN que le logo prévu pour le défilé du 14 juillet 2022 intègre le drapeau de l’OTAN. Il ne s’agit pas là d’un symbole relatif, il s’agit au contraire de toute la démarche de ce défilé, non pas national, mais militariste aligné sur les intérêts américains contre la Russie.

Le drapeau de l’OTAN sur le drapeau du défilé est d’ailleurs fondu avec celui de l’Union européenne. Cela en dit également très long, car l’Union européenne est ouvertement devenue le pendant politico-économique de ce qu’est l’OTAN sur le plan militaire depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Preuve en est, la veille le 13 juillet 2022, le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg s’adressait directement au Parlement européen aux membre de la Commission des affaires étrangères et à la Sous-commission « sécurité et défense ».

La situation est on ne peut plus lisible. Dans le contexte de guerre pour le repartage du monde, la puissance militaire américaine mobilise à fond les puissances qui lui sont liées, par le biais de l’OTAN qui est son outil pour cela, et avec l’Union européenne comme relais politique. La France n’est pas en reste de cette mobilisation exigée par l’OTAN.

Voilà pourquoi neuf nations étrangères étaient invitées à parader avec les armées françaises, toutes des pays du flanc Est de l’OTAN : Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie et Slovaquie. Autrement dit, ce sont tous des pays qui font directement face à la Russie en se plaçant dans le camp de l’OTAN et donc du bloc américain. C’est l’agenda militaire américain qui devient celui de la France pour son défilé militaire du 14 juillet 2022.

6 300 militaires ont donc défilé, ainsi que 64 avions, un drone Reaper, 25 hélicoptères, 200 chevaux et 181 véhicules motorisés. Et c’étaient les troupes des pays du flanc Est de l’OTAN qui ouvraient la marche, suivies des soldats français des régiments engagés pour le compte de l’OTAN sur son flanc Est, en Roumanie et en Estonie.

La présence d’un drone Reaper est historiquement marquante, parce qu’il y a quelques années, les institutions françaises, y compris militaire, rejetaient le principe de drones tueurs, au nom de la « morale ». Tout a ici été renversé et on va vers une généralisation de ces drones tueurs pour la guerre à venir.

Sur le plan aérien, c’est la capacité nucléaire française qui a été mise en avant, ainsi que sur le plan naval, avec l’équipage d’un des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. La France, puissance nucléaire alignée sur les États-Unis faisant face à la Russie et à la Chine, voici donc le message qu’il fallait comprendre.

Ou comme le dit l’Elysée, l’idée était de mettre en avant « la capacité de la France à faire face aux défis du moment comme puissance d’équilibre et d’entraînement ». La veille, c’est le président lui-même qui a présenté le programme dans son discours aux armées, où il a même abordé ouvertement la question de l’économie de guerre française, car « tout a changé ».

L’Afrique de l’Ouest, où la France s’imaginait encore il y a quelques années pouvoir tenir un rôle de gendarme, n’est plus la priorité. La « nécessité stratégique » est de s’y replier, tant pis pour la lutte antidjihadiste au Sahel. Ce n’est pas la priorité américaine.

La priorité par contre, c’est de réévaluer l’actuelle Loi de programmation militaire pour augmenter le budget du ministère des Armées et préparer la guerre. Ou « la perspective du retour possible d’un affrontement de haute intensité » comme Emmanuel Macron présente cela, pour dire les choses sans prononcer les mots qui fâchent.

Le budget militaire français va donc continuer à croître pour atteindre 44 milliards d’euros en 2023. Et l’accent va être mis en directement de la jeunesse avec le renforcement du Service national universel (SNU).

Quelle cynisme alors de la part du président d’affirmer qu’ »il ne s’agit pas de militariser la jeunesse, encore moins la société », alors qu’en vérité toute son action vise précisément à cela.

« La République a besoin que vous fassiez davantage » a-t-il demandé aux armées, mais il aurait du surtout préciser : « l’OTAN a besoin que vous fassiez davantage pour le compte de la superpuissance américaine ».