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Municipales: la situation compliquée de la Gauche à Saint-Nazaire

Saint-Nazaire en Loire-Atlantique est une ville industrielle-portuaire de 70 000 habitants, fortement marquée par son identité ouvrière. La municipalité est à Gauche depuis la première moitié du siècle dernier. Le premier maire SFIO (ancêtre du Parti socialiste) François Blancho y a été élu en 1925, c’était un ouvrier soudeur-ajusteur. La ville pourrait cependant basculer aux prochaines élections.

L’actuel maire de Saint-Nazaire, le socialiste David Samzun, est candidat à sa propre succession. Il a déjà présenté un projet autour de 202 propositions, élaborées par son équipe qu’il dit composée d’environ 300 personnes.

Problème : le Bureau national du Parti socialiste a gelé son investiture, c’est-à-dire qu’officiellement il ne le soutient plus suite à une affaire ayant déchiré le conseil municipal. Une autre liste sera donc présentée par Gaëlle Bénizé-Thual, elle aussi élue municipale socialiste (mais plus dans la majorité), avec un appel au rassemblement de la Gauche et de l’écologie.

Cette dernière n’a pas ouvertement le soutien du Parti socialiste, en tous cas pour l’instant. Le PS a cependant été très ferme à l’encontre du maire sortant David Samzun. Suite à la dénonciation par des femmes du conseil municipal d’une ambiance générale sexiste, ainsi qu’une plainte pour harcèlement, qui n’a pas donné lieu, le Bureau national du PS avait envoyé sur place une délégation composée notamment de l’ancienne ministre aux Droits des femmes Laurence Rossignol.

> Lire également : Démission de Laurianne Deniaud à Saint-Nazaire : « la loyauté ne suffit plus à justifier l’injustifiable »

Bien que des figures socialistes locales avaient critiqué cette décision, le premier secrétaire Olivier Faure avait pleinement assumé de geler l’investiture de David Samzun, quitte à se couper de la municipalité en rappelant les valeurs, « au-delà de nos intérêts électoraux ». Il avait été considéré que :

« Il y a un certain nombre d’indices qui laissent à penser que s’est développée une culture sexiste, basée sur des stéréotypes de genres dépassés, créant un climat particulier marqué par une sexualisation importante. »

La Gauche se retrouve donc dans une situation très compliquée et pourrait tout simplement perdre la ville. Dans l’actuel conseil municipal, elle compte en tout 38 élus (divisés) contre 5 pour le Centre, 3 pour la Droite et 3 pour l’extrême-Droite. Le Rassemblement national (anciennement FN), qui avait fait son entrée pour la première fois au conseil municipal, ne cesse d’élargir sa base électorale à Saint-Nazaire et dans les communes environnantes.

Aux élections européennes, la Gauche à Saint-Nazaire avait connu un revers conforme au score national avec 23,79% (5 552 voix) pour LREM, 17,44% (4 071 voix) pour les Verts et 15,13% (3 531 voix) pour le Rassemblement national. La liste soutenue par le PS avait obtenu 10,07% (2 350 voix) et celle de la France insoumise 7,43% (1 733 voix).

Il y a donc un enjeu important pour la Gauche, tant localement que nationalement, à conserver ce bastion ouvrier afin qu’il ne bascule pas du côté d’Emmanuel Macron, ou pire de l’extrême-Droite, ce qui semble toutefois peu probable. Le RN pourrait en tous cas largement se renforcer au conseil municipal en profitant de la division de la Gauche.

Dans un récent communiqué, le PCF local a appelé de manière constructive et lucide « au « tous ensemble » pour gagner dès le premier tour des élections » :

« Une majorité municipale de gauche dans notre ville ne change pas la société ni le monde mais elle contribue à agir pour une société plus saine, plus humaine, plus solidaire et plus fraternelle et plus démocratique.

On ne doit pas jouer avec la vie quotidienne de ceux qui travaillent, qui peinent, ou qui souffrent chaque jour. La pesante actualité de la majorité municipale depuis de nombreux mois nécessite de reconstruire un fonctionnement démocratique, respectueux des différentes sensibilités politiques de gauche, sans hégémonie.

Le mouvement des Gilets Jaunes a confirmé qu’il n’y aura pas de solution à l’urgence climatique sans solution à l’urgence sociale ni développement de nouvelles formes de démocratie.

Les élections municipales de mars prochain peuvent être aussi un moment fort à Saint-Nazaire de soutien aux mobilisations contre la politique Macron (santé, école, retraites, moyens pour les collectivités, accueil des réfugiés, …) »

Cependant, au vu des démarches en cours, il semble difficilement envisageable que ce processus ait lieu à moins de six mois de l’échéance. Les électeurs de gauche risquent donc de se retrouver coincés entre le choix de la continuité et celui des valeurs, à moins qu’ils ne s’abstiennent ou partent voir ailleurs.

Le choix des personnes les plus marquées à Gauche à Saint-Nazaire ira probablement à la liste menée par Gaëlle Bénizé-Thual si elle arrive à impulser une dynamique de campagne, car les comportements anti-démocratiques qui ont été dénoncés sont inacceptables.

Il ne faut pas sous-estimer cependant le fait que beaucoup seront convaincus par les arguments de David Samzun, bénéficiant de son bilan et dénonçant un opportunisme politique de la part de ses opposants issus de la Gauche.

La situation semble donc inextricable, à moins peut-être que le maire sortant opte pour une démarche d’ouverture et d’autocritique. C’est ce que lui suggère récemment une longue lettre de la section locale de la Ligue des Droits de l’Homme, qui s’inquiète de voir la Gauche perde la ville au profit de l’extrême-Droite ou du libéralisme :

« Vous n’avez pas mal réagi, vous n’avez pas commis une faute, vous n’avez pas manqué de sensibilité mais vous avez manqué d’écoute et surtout de prise en compte de la complexité. Ce qui conduit aujourd’hui au constat que ceux qui en font les frais sont ceux qui ont parlé. En ce sens, vous n’avez pas conduit une action d’apaisement et encore moins d’émancipation.

Le risque est fort, comme a pu le dire un élu, que cet éclatement conduise à une bipolarisation lors des prochaines échéances électorales. Cet élu aurait pu rajouter que la crainte que nous pouvons avoir est que le prochain municipe ne conduira pas une politique sociale aussi forte, aussi ambitieuse que la vôtre. Entre un parti politique qui sélectionne ses pauvres et une force politique largement inspirée du libéralisme qui pose la responsabilité individuelle comme cause majeure de la pauvreté, on peut craindre évidemment un durcissement des aides aux plus vulnérables. Vous savez bien que tout cela ne conduira ni à la justice sociale ni à l’avancée des droits.

La Ligue des Droits de l’Homme, forte de ses convictions, respectueuse des principes du droit français, souhaite que le combat contre les injustices et pour l’égalité des droits reste prioritaire dans une période où nos concitoyens ont encore plus besoin d’une action publique basée avant tout sur l’intérêt général et la justice sociale. »

Notons pour finir de compléter ce panorama local très riche que Les Verts, qui avaient lancé cet été un vague « Appel écologiste et citoyen – Saint-Nazaire 2020 », ne semblent pas pour l’instant présenter de liste. Mais rien n’est figé, tant on sait que la direction nationale d’EELV souhaite avoir des listes indépendantes par rapport à la Gauche dans un grand nombre de municipalités.

Pour ajouter à la division, La France insoumise, Génération-s et le NPA ont décidé de présenter une liste, « Saint-Nazaire en Commun (e) ». Cette liste « vraiment de gauche » semble surtout faire acte de présence, avec un projet qui serait à « construire ».

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Écologie

Brétignolles-sur-mer: communiqué commun d’EELV, du PCF du PS sur la situation du projet de port

EELV, le PCF et le PS signent un communiqué commun. Il appellent au rassemblement citoyen de ce samedi 19 octobre à la Roche-sur-Yon en Vendée contre le projet de port de plaisance à Brétignolles-sur-mer.

> Lire également : Littoral : un projet de port de plaisance contesté à Bretignolles-sur-Mer en Vendée

« Face au début des travaux sur le site de la Normandelière à Brétignolles, une vaste contestation s’est mise en place. Des citoyens et citoyennes ont découvert un site « massacré » pour réaliser un futur port. Depuis la contestation se poursuit de façon pacifique dans le respect du droit.

Cette contestation vient souligner l’exigence des populations et des associations d’être entendues (les avis contre ce projet n’ont pas été assez pris en compte lors de l’enquête publique)

L’addition de signatures d’élus(es), certes respectables, ne suffit pas pour valider un projet.

Sans renier la légitimité des élus(es), nous rappelons qu’ils et elles ont aussi la charge d’anticiper l’avenir de nos territoires et de les protéger au regard du dérèglement climatique

Nul ne peut ignorer que le trait de côte est menacé partout dans le monde et donc, en particulier, à Brétignolles sur mer en Vendée. Comment peut-on après les derniers rapports de GIEC, soutenir un tel projet ?

Nous, partis politiques appelons la Ministre de la transition écologique à faire stopper ce projet destructeur qui doit être définitivement abandonné.

Une alternative existe pour ce territoire fort de nombreux atouts environnementaux et humains. Dans ce sens, et afin de sortir de l’impasse actuelle, il faut reprendre les échanges et écouter les citoyennes et les citoyens mais aussi les associations qui ont des propositions à faire

L’intérêt général, la sécurité des populations imposent la préservation du trait de côte et donc celle des zones fragiles et de la biodiversité qui en dépendent.

Claudine GOICHON  EELV 85 
Stéphane IBARRA  PS 
Marie –Françoise MICHENEAU PCF

Restons mobilisés #balancetonport ACT2 : rassemblement citoyen pour protester contre la déclaration d’Utilité Publique signée par Mr le Préfet.

NON à ce projet  destructeur, non-sens écologique, et qui fait fi des réserves émises par les commissaires enquêteurs  des 2 enquêtes publiques du port et du PLU de Brétignolles. Les travaux compensatoires ont démarré avant même le résultat des recours posés en justice…

Soyons nombreux le samedi 19 octobre à 15h place Napoléon à la Roche-sur-Yon. »

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Politique

Réaction du Parti socialiste à la fin de l’attribution d’une couleur politique pour les candidats dans les communes de moins de 9000 habitants

Voici le communiqué du Parti socialiste suite à l’annonce de la fin de l’attribution d’une couleur politique pour les candidats des petites communes lors des élections municipales de mars 2020. C’est une atteinte à la démocratie, favorisant les notables locaux au détriment du débat politique. C’est l’expression du « ni Droite, ni Gauche » d’Emmanuel Macron, strictement parallèle à celui des populismes.

« Réaction du Parti socialiste à la fin de l’attribution d’une couleur politique pour les candidats dans les communes de moins de 9000 habitants

Le ministre de l’Intérieur a annoncé ce jour la fin de l’attribution d’une couleur politique pour les candidats dans les communes de moins de 9000 habitants.

Outre le fait qu’une telle mesure est annoncée à six mois du scrutin, elle porte une atteinte lourde à la démocratie.

Pourquoi? Tout simplement parce que les électrices et électeurs ont le droit de savoir pour qui ils votent! Le parti au pouvoir veut faire croire que les listes dans les communes de moins de 9000 habitants sont apolitiques! Billevesées!

En 2014, pour les 8770 villes de France qui comptent entre 1000 et 9000 habitants, les villes ou des candidates et candidats avaient déclaré une étiquette politique étaient plus de 8300, 95% d’entre elles en fait!

La moitié des Françaises et Français vit dans une commune de cette taille. L’élection municipale est l’élection qui, après l’élection présidentielle, mobilise le plus. Le gouvernement considère donc que près de 50% des électrices et électeurs ne pourraient pas voter pour des candidats à l’identité politique clairement affichée.

Le pouvoir espère faire un coup double :

  • Faute de trouver des candidats en nombre satisfaisant, la République en Marche supprime les étiquettes politiques pour dissimuler son incapacité à se faire correctement représenter lors de la prochaine échéance électorale.
  • Et là où il en présentera, il espère, par la dissimulation, pouvoir échapper à la sanction que les électrices et électeurs s’apprêtent à lui infliger.

En vérité, c’est assez pathétique.

Le Parti socialiste déplore ce tour de passe-passe électoral grossier.

Le ministre de l’intérieur aurait mieux à faire que de s’occuper d’organiser une tambouille électorale en faveur du parti qu’il dirigeait il y a peu encore. Les sujets ne manquent pas, nous lui conseillons les suivants : lutte contre le terrorisme, évolution des lois et règlements sur les sites classés SEVESO, colère justifiée des personnels…. »

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Politique

La Gauche à la Fête de l’Humanité : l’unité «salade, tomate, union»

Traditionnellement, la Fête de l’Humanité marque la rentrée politique de la Gauche. Cette année encore, à peu près toutes les figures y étaient et se sont échangées les amabilités d’usage, en souhaitant l’unité la plus large. Cela n’est cependant pas très convaincant, de la part de gens qui s’écartent toujours plus des classes populaires et ne sont pas à la hauteur des enjeux historiques.

Lors d’un de ces nombreux discours à la Fête de l’Humanité, le dirigeant du PCF Fabien Roussel a expliqué qu’il lançait un appel à « travailler ensemble », pour une union à construire « de la base au sommet ». Ce sont là de bien belles paroles, mais elles sont sans contenu. La preuve, il a ensuite fait dans l’humour, comme il le fait souvent, en ajoutant :

« [l’union] ici à la Fête de l’Huma on en a même dans nos assiettes, on peut manger des sandwiches salade, tomate, union ! Et à la sauce marxiste. Et c’est ce repas qu’on préfère, nous les communistes ».

Cette référence au kebab (salade, tomate, oignon) est d’un populisme hallucinant, indigne d’un discours politique. Ce n’est pas sérieux, comme il n’est pas sérieux de parler de « sauce marxiste » quand on parle d’unité de la Gauche, alors que se profilent les élections municipales. Le PS, Génération-s, éventuellement les Verts ou la France insoumise à tel ou tel endroit, ne sont pas « marxistes » : faudrait-il ne pas faire l’unité, dans ce cas ?

Bien sûr que si, il faut faire l’unité, car ce qui compte n’est pas la « sauce marxiste », mais le contenu commun, les valeurs de Gauche, pour le Front populaire. Ce qui se profile en face, c’est l’union de la Droite et de l’extrême-Droite, avec notamment Marion Maréchal comme figure de proue. Pas pour les municipales évidemment, mais pour après. Or, si la Gauche perd un certain nombre de municipalités en 2020, ce sera autant de points d’appuis en moins pour faire face au nationalisme. C’est aussi simple que cela.

Fabien Roussel n’aide donc ici aucunement les forces de Gauche avec ses guignolades populistes en référence au kebab et sa « sauce marxiste ». Celle-ci est d’ailleurs bien fade, le pauvre Karl Marx doit se retourner dans sa tombe en entendant une telle horreur qui est non seulement pas marxiste, mais même pas vraiment de gauche :

« [nous voulons] faire marier le drapeau rouge du mouvement ouvrier avec le drapeau bleu, blanc, rouge, de la République française. »

Cela ne date pas d’aujourd’hui cependant, on ne va pas s’étonner ici que le vieux PCF en soit encore à chanter la Marseillaise le poing levé. Là n’est pas la question. Ce qui est vraiment problématique par contre, c’est de voir la Gauche s’éloigner encore et toujours plus des classes populaires françaises et du cœur de la classe ouvrière.

Ces propos du dirigeant du PS Olivier Faure lors du débat commun en disent très long :

« En un an, nous avons connu trois grands mouvements protestataires entre #MeToo, les Gilets jaunes et la Marche pour le climat. Et ils se sont tous construits en dehors de nous. »

Encore heureux que la Gauche n’était pas au cœur de ces « mouvements », qui n’ont rien de populaires ! Il faut en dire de même pour l’immigration, rengaine d’à peu près tous les dirigeants de gauche ce week-end : tant que la Gauche persistera à défendre l’immigration aujourd’hui, elle n’arrivera à rien auprès des classes populaires, particulièrement de la classe ouvrière.

Alors, oui le PCF a raison de dire qu’il faut s’unir pour gagner ou conserver des municipalités avec un programme de gauche écologiste. Le PS et Génération-s, ainsi que quelques autres forces qui leur sont respectivement liées, disent aussi la même chose. Il convient donc de le faire.

Par contre, si ce programme ne consiste qu’en des invectives populistes sans contenu populaire réel, comme avec cette autre touche d’« humour » de Fabien Roussel évoquant la chanson Disney de La Reine des neiges, alors cela ne fonctionnera jamais :

« Nous rêvons d’une France libérée, délivrée du capitalisme et de la finance. »

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Écologie

Communiqué du PS : « La Santé vaut plus que les profits de l’agro-business ! »

Le Parti socialiste publie un communiqué ainsi qu’un appel à soutien aux maires qui interdisent les pesticides de synthèse à proximité des habitations sur leurs communes. Chacun sait à quel point c’est aujourd’hui une question écologique et de santé publique essentielle ; la Gauche doit assumer ce combats contre les dégâts de l’agro-industrie capitaliste.

« Interdiction des pesticides : La Santé vaut plus que les profits de l’agro-business !

30 août 2019
En ordonnant mardi la suspension de l’arrêté municipal pris par le Maire de Langouët visant à interdire l’utilisation de pesticides à moins de 150 mètres des habitations dans sa commune, le tribunal administratif de Rennes, saisi pat la Préfète d’Ille-et-Vilaine, refuse au maire l’application du principe de précaution en vue de protéger la population des effets nocifs des pesticides de synthèse.
Nous dénonçons le double discours de l’Etat qui d’un côté semble vouloir donner raison au maire en annonçant par la voix du Président de la République la mise en place d’une nouvelle législation et qui de l’autre attaque l’arrêté devant un tribunal administratif et demande sa suspension immédiate.
Cette situation risque d’ailleurs de se répéter. A Perray-en-Yvelines, Château-Thierry, Parempuyre, Ruelle-sur-Touvre, Gennevilliers, Sceaux, Audincourt, dans une vingtaine de communes déjà, d’autres maires ont pris des décisions identiques pour sauvegarder la santé de leurs habitants. Ils risquent à leur tour de voir leurs arrêtés suspendus.
Dans ce contexte, nous tenons à affirmer notre soutien aux maires qui défendent la santé des gens avant les profits des grandes industries de l’agro-business. Chacun sait que les arrêtés d’aujourd’hui seront la loi de demain. C’est pourquoi nous lançons aujourd’hui un appel pour amplifier ce mouvement et soutenir les maires dans leur action.
Nous affirmons également aux agriculteurs que nous avons conscience de leur situation. Ils sont victimes d’un système productiviste et industriel dépassé. Nous les invitons à se joindre à ce mouvement pour poursuivre le combat que nombreux d’entre eux mènent afin de produire une alimentation de qualité.
Notre devoir collectif est de préserver et renforcer la santé de nos concitoyennes et concitoyens et celle des génération futures. »

Voici l’appel en question, qui peut être signé ici :

« Appel à soutenir les maires dans leur combat contre les pesticides

Le Parti socialiste salue l’engagement des maires de France qui ont pris la décision d’interdire l’usage des pesticides sur le territoire de leur commune. 

A Langouët, Perray-en-Yvelines, Château-Thierry, Ruelle-sur-Touvre, Gennevilliers, Sceaux, Audincourt, Parempuyre, dans une vingtaine de communes déjà, des maires ont pris la décision d’interdire le glyphosate dans l’agriculture car, analyses à l’appui, ils ont pris la mesure des risques encourus pour la santé des habitants. Au cœur d’une controverse scientifique sur la dangerosité de cette molécule, ils ont décidé tout simplement d’appliquer le principe de précaution pour protéger leur population.  
Nous soutenons ces maires qui refusent la non assistance à population en danger, en défendant la santé des gens avant les profits des grandes industries de l’agro- business.  
Nous soutenons ces maires qui veulent garantir notre sécurité alimentaire en refusant de pratiquer « en même temps » la culture des sols pour se nourrir et la pollution de ces mêmes sols au risque d’en mourir.  
Nous soutenons ces maires qui concilient dans leur action au quotidien exigence sociale, précaution sanitaire et impératif écologique. Les mettre en cause au nom de la loi n’est pas être à la hauteur. Il est déjà arrivé dans l’Histoire que la loi ait besoin pour évoluer d’un aiguillon civique.  
Voilà pourquoi nous appelons à amplifier ce mouvement qui n’est pas contre les agriculteurs, mais qui les invite à participer avec nous au combat pour une agriculture et une alimentation qui ne soient pas dominées par les intérêts financiers de quelques-uns mais par un souci d’agronomie, d’économie territoriale, d’emploi, de qualité et qui préservent et renforcent la santé de nos concitoyens et celle des générations futures. »
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Politique

Didier Guillaume, PS, habitué des corridas et ministre de l’agriculture d’Emmanuel Macron

Littéralement toute la Gauche s’offusque, à juste titre, de la présence de deux ministres à une corrida. C’est cependant malheureusement un exemple de plus du verbalisme contestataire sans grand fondement.

Le souci : la Gauche n’a jusqu’à présent rien fait contre la corrida, ni d’ailleurs en faveur des animaux en général. Qui plus est, le ministre principalement concerné par l’affaire vient du Parti socialiste, auquel il a appartenu pratiquement 40 ans. Et il est déjà allé à des corridas avant…

La corrida est quelque chose d’infâme et pour assister sans se révolter à un tel spectacle odieux, il faut avoir perdu une sacrée capacité à l’empathie, ce qui est plus qu’inquiétant. Il est donc scandaleux que la Gauche n’ait jamais interdit les corridas. Elle en avait l’occasion, que ce soit avec la vague populaire de 1981 ou encore avec la « vague » de 2012 avec François Hollande, avec aux mains de la Gauche une large majorité des départements, la quasi totalité des régions, le parlement et le Sénat.

Cependant, la Gauche est gangrenée par les valeurs de la Droite et ce depuis bien longtemps. Elle ne s’est donc jamais opposée à la corrida et on peut être humainement assez dégoûté de voir tout le monde à Gauche dénoncer les deux ministres y étant allé, à Bayonne, sans aucune autocritique. Surtout que le principal argument employé est que Didier Guillaume est ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation et à ce titre responsable de la condition animale.

Allons donc ! Qu’a fait la Gauche pour les animaux jusqu’à présent ? Rien ! Et elle continue de ne rien faire. L’abolition de l’expérimentation animale n’est même pas au programme, alors que cela devrait être une valeur de base de la Gauche. Dénoncer Didier Guillaume est donc trop facile.

Surtout que celui-ci vient de la Gauche. Responsable des jeunes socialistes de la Drôme, il est le coprésident du comité de soutien départemental à François Mitterrand… en 1981. Il est premier secrétaire fédéral de la Drôme du PS de 1986 à 1997. On lit bien : de la Drôme. Un département où la culture de Gauche est très alternative.

C’est un premier problème. Il y a une faille culturelle à Gauche. Le second souci, c’est que Didier Guillaume a été, entre autres, sénateur PS de 2008 à 2018 et même président du groupe socialiste au Sénat de 2014 à 2018. Ce n’est donc pas n’importe qui… et il est passé avec armes et bagages chez Emmanuel Macron !

Pour enfoncer le clou, ce n’est pas la première fois non plus que Didier Guillaume va à une corrida. Cela veut dire quoi, qu’avant c’était acceptable, et plus maintenant ? En quoi donc la présence à une corrida de Didier Guillaume, le ministre de l’Agriculture et Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires, a-t-elle quelque chose de nouveau ?

Emmanuel Macron ne soutient-il d’ailleurs pas ouvertement la chasse ? À un moment il faut tout de même se rappeler que la Gauche, c’est la Gauche et la Droite, la Droite ! Les propos du député du Cher, François Cormier Bouligeon (LREM), sur Twitter, sont un bon exemple ici :

« Soutien total à mon ami @dguillaume26 en prise avec une vilaine polémique fomentée par les partisans d’une triste société aseptisée qui veulent nous imposer de manger de steacks de soja et boire de l’eau tiède ! Et ne comprennent rien à la portée symbolique des rituels. »

On dira : oui mais Didier Guillaume est également responsable de la condition animale, du « bien-être animal », en tant que ministre de l’agriculture. Soit. Mais quelle est la condition animale en France ? Elle est dramatique et correspond ainsi tout à fait à la présence d’un ministre de l’agriculture à une corrida.

S’offusquer est donc particulièrement ridicule. À lire les responsable de la Gauche scandalisés, on a l’impression qu’ils sont tous devenus vegans. On se doute que ce n’est pas du tout le cas… et on l’aura compris, la Gauche n’est ici tout simplement pas au niveau et c’est le règne de la démagogie.

Elle cherche à utiliser ce qu’elle peut, sans se soucier d’aucune crédibilité. Qui la ridiculise aux yeux des gens. Prenons Julien Bayou, porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts. Il a affirmé la chose suivante :

« Le ministre de l’Agriculture lui-même est responsable du bien-être animal et il devait annoncer des pistes pour améliorer les questions de condition animale. Pourtant, il se prête à un spectacle lugubre où il s’agit de traumatiser et finalement de massacrer des taureaux comme si c’était un spectacle. C’est évidemment rigoureusement contradictoire avec tous les discours et les attentes sur la question du bien-être animal. Ce gouvernement doit tenir parole ou alors arrêter de nous bassiner les oreilles avec de grands discours sur l’écologie et le bien-être animal. Au bout d’un moment, il faut agir. »

Soit ! Mais alors pourquoi EELV n’a-t-il rien dit contre la corrida depuis des années et notamment lorsqu’il était au gouvernement dans la « gauche plurielle » ? Pourquoi rien n’a été dit lorsque Noël Mamère, député écologiste, avait expliqué dans un de ses livres en 2002 qu’il appréciait tant la corrida que la chasse ?

Car ce n’est pas comme s’il n’y avait pas de nombreux gens s’étant fait cassés la figure pour s’être opposé aux corridas. Ce n’est pas comme si la corrida n’était pas dénoncée ardemment par certains milieux à Gauche (et comme le dessinateur de Charlie Hebdo Charb, mort assassiné).

En fait, il aura fallu un ministre qui aura été au Parti socialiste pendant presque 40 ans pour que la Gauche découvre la corrida. C’est dramatique. Et au-delà de cela, il faudra se rappeler cet épisode, lorsque demain il faudra exiger de tous ces beaux-parleurs qu’ils s’engagent vraiment contre la corrida !

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Audrey Pulvar à Aix-en-Provence avec le PCF le vendredi après-midi pour parler d’écologie, à La Rochelle avec le PS dès le lendemain matin

Le PCF organise son université d’été 2019 à Aix-en-Provence du 23 au 25 août et Audrey Pulvar est mise en avant comme une invitée de marque pour parler d’écologie lors du premier débat le vendredi après-midi. Elle sera présente dès le lendemain matin à La Rochelle, à 800 km de là au campus d’été du PS pour un autre débat sur l’écologie…

Le PCF, ce parti historique de la Gauche, qui a été très implanté dans la classe ouvrière et a connu de nombreux intellectuels et scientifiques à ses côtés, n’est plus que l’ombre de lui-même. Il n’est pas mort, mais c’est tout comme. Car inviter et mettre en avant Audrey Pulvar pour parler d’écologie à son université d’été, il fallait le faire !

Quel est le rapport entre cette bobo parisienne et l’écologie ? Est-elle une scientifique aguerrie défendant la planète depuis de nombreuses années ? Est-elle une militante de terrain, rompue à la confrontation au capitalisme écocidaire ? Rien de tout cela, comme chacun le sait. Cette bourgeoise portant des lunettes en écaille de tortue à plusieurs milliers d’euros issues de la « Maison Bonnet » a simplement été présidente de la fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme, dont personne ne sait d’ailleurs très bien à quoi elle sert.

Évincée par le retour de Nicolas Hulot à la tête de sa fondation (il paraît qu’ils ne s’entendent pas bien), elle a finalement monté un « fonds de dotation pour l’Afrique » nommé AfricanPattern. On est là dans une démarche bourgeoise typique, dans le caritatif mondain qui brasse du vent pour se donner bonne conscience. Il est incroyable de voir que le PCF n’a rien trouvé de mieux comme invitée que cette ancienne présentatrice sur de nombreuses chaînes de télévision puis directrice du très bobo magazine Les Inrockuptibles.

Cela en dit long sur l’état de la Gauche à notre époque. D’autant plus qu’elle n’est pas une simple invitée parmi tant d’autres, mais elle est mise en avant dans la présentation de l’université d’été comme une sorte de faire-valoir d’un tournant vers l’écologie :

« L’écologie tiendra une grande place à l’université d’été : nous accueillerons ainsi Audrey Pulvar, présidente (2017-2019) de la Fondation pour la nature et l’homme, à l’occasion d’un grand débat avec Fabien Roussel sur le climat et les voies à dégager pour emporter cette bataille de haute importance. Le regard de scientifiques sera, comme chaque année, précieusement sollicité. Mais cette question mérite aussi d’être abordée sous l’angle des marches pour le climat et de leur écho : nous y accorderons toute l’attention nécessaire à partir des premiers travaux menés sur ces mouvements. »

Tout cela est d’autant plus affligeant qu’Audrey Pulvar ne fera que passer en coup de vent à Aix-en-Provence puisqu’elle est annoncée dès le lendemain matin à 9h30 pour un débat au campus du PS à La Rochelle.

C’est non seulement pas très écolo comme façon de faire, mais en plus cela en dit long sur l’engagement et la démarche d’une telle personne, qui mise sur sa notoriété pour se placer et se faire inviter, alors qu’elle ne représente rien du tout, n’a aucune démarche de fond.

L’écologie n’est pour elle qu’un créneau qu’elle a choisi un beau jour en trouvant cela porteur. Elle fait partie de ces gens très actifs sur les réseaux sociaux pour s’offusquer de tout et n’importe quoi en s’imaginant avoir un impact. La pseudo « affaire du siècle » qu’elle avait lancée avec d’autres ONG pour soi-disant intenter une procédure contre l’État pour inaction écologique est typique de sa démarche.

Quand on est de Gauche, on ne peut que détester ce genre de personnage. La Gauche, si elle veut se réconcilier avec les classes populaires, devra dresser un solide rideau de fer entre elle et ce genre de figure bobo insupportable.

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Le campus d’été du PS à La Rochelle aura lieu du 23 au 25 août 2019

Dans deux semaines aura lieu le campus du Parti socialiste à La Rochelle, du 23 au 25 août 2019. Cet événement, qui s’appelait auparavant « université d’été », a longtemps été une institution pour le PS et il était connu qu’il s’y déroulait de nombreuses tractations en « off ». Cela faisait trois ans qu’il n’existait plus, illustrant la grande crise que traverse ce parti qui avait également été contraint de vendre son siège historique de la rue de Solférino à Paris.

Le premier secrétaire Olivier Faure mise sur cet événement pour redonner de la visibilité à son organisation en impulsant une nouvelle dynamique. Le format de ce campus est présenté comme moderne et plus démocratique, alors que le rendez-vous de La Rochelle s’était transformé d’après lui « en concours d’éloquence au mieux, et en bal des égos au pire ».

Le thème central de cette première édition sera « pour un avenir écologique et social ». La question des élections municipales de mars 2020 sera cependant le sujet principal de ces trois jours ; c’est un enjeu fondamental, voire vital pour le PS qui est avant tout une structure électorale.

D’après la presse, plusieurs structures de gauche dont Place publique, le Parti radical de gauche, le PCF et probablement Génération-s devraient y participer. Cela ne figure toutefois pas dans le programme officiel sur le site dédié.

Voici le programme général :

Vendredi 23 août, à partir de 13H00 : ouverture des travaux

Samedi 24 août, 18H00 : Discours d’Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste

Samedi 24 août, 20H00 : Banquet et soirée conviviale

Dimanche 25 août, 10H00 : Échanges de questions/réponses avec Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste et la direction du Parti

Dimanche 25 août, 12H00 : Clôture des travaux

Le détail des ateliers, débats, formations n’est pas disponible publiquement à ce jour, mais un « avant-goût des intervenants » est proposé sur le site : campus19.fr/un-avant-gout-des-intervenants

On reconnaîtra des thèmes classiques de la Gauche urbaine et intellectuelle, pour ne pas dire bobo, avec beaucoup d’universitaires et bien sûr aucun ouvrier.

Le campus est ouvert aux sympathisants du PS et pas seulement aux adhérents ou élus. L’inscription (hors hébergement) coûte entre 30€ et 60€ et peut se fait en ligne : evenements.parti-socialiste.fr/ue-2019

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Il y a 50 ans le 11 juillet 1969, la naissance et renaissance du Parti socialiste

Le congrès d’Issy-les-Moulineaux du Parti socialiste marquait une renaissance après une première constitution deux mois auparavant, marqué entre-temps par un échec électoral complet. Il renaîtra encore une fois avec l’intégration en 1971 de François Mitterrand.

Le 11 juillet 1969, il y a cinquante ans, commençait le congrès d’Issy-les-Moulineaux constitutif du Parti socialiste. Le PS se voulant le continuateur du Parti socialiste SFIO (devenu entre temps surtout « SFIO »), il est considéré comme le 57e congrès, et se déroula jusqu’au 13 juillet, à Issy-les-Moulineaux en banlieue parisienne.

En fait, ce congrès constitutif en est un sans en être un. Car formellement, il est la réalisation du congrès précédent, tenue deux mois auparavant, le 4 mai, à Alfortville en banlieue parisienne. Le symbole du poing et de la rose vient de là, et le nom officiel est « Nouveau Parti Socialiste ».

Entre les deux congrès, Gaston Defferre avait fait 5 % aux présidentielles, première source de crise, d’où le second congrès, et même bientôt encore un autre, le fameux congrès d’Epinay, en banlieue parisienne, marquant en 1971 l’intronisation à sa tête de François Mitterrand, resté à l’écart jusque-là.

Ce n’est pas clair, mais cela ne dérange pas les socialistes alors, car ils sont pragmatiques. Il y a bien entendu des conflits d’idées, de tendances. Cela a toujours été secondaire cependant par rapport au critère fondamental des socialistes français : l’appareil électoral. C’est lui qui compte et peu importe son nom. Le Parti socialiste a ainsi pratiquement trois actes fondateurs, voire un quatrième si on prend la SFIO.

À l’arrière-plan, on retrouve tout un mal français. Les socialistes font les élections politiques, la CGT les luttes syndicales et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. C’est cela, l’origine de la faillite historique de la Gauche en France.

Déjà, parce qu’il n’y a pas la primauté de la politique, contrairement à ce qui s’est passé dans les pays ayant connue une véritable social-démocratie, comme mouvement politique de masse. Il faut ici penser à l’Allemagne, l’Autriche, la Tchéquie, etc. Ensuite, parce que l’horizon est électoral et qu’il n’y a aucune volonté d’organiser à la base. Il faudra attendre le PCF des années 1960-1980 pour voir un parti de Gauche atteindre une réelle base de masses profondément ancrée.

Quand on voit cela, on comprend pourquoi le Parti socialiste existe encore : ses membres espèrent un redémarrage conçu comme inévitable historiquement. La soumission à la candidature de Place publique pour les Européennes n’était clairement comprise que comme un petit passe-temps tactique et même une grande partie du PS le regrettait. L’idée, c’est qu’on a toujours besoin d’un PS, avec des technocrates capables de gouverner sans se définir comme de droite et qu’il n’y a que cela de réaliste à gauche en France.

Naturellement, le Parti socialiste de 1969 ne disait pas cela : il voulait la rupture avec le capitalisme. Il affirmait possible une voie socialiste différente de celle du PCF, mais les deux finiront par s’unir, pour finalement ne même plus vouloir le Socialisme.

Il ne faut pas s’étonner quand on voit cela si on n’y comprend plus rien : trois congrès socialistes, pour finalement s’allier avec le PCF, tout cela pour abandonner le principe de l’établissement d’une société socialiste… En politique, on se dit : tout cela pour cela ? Et on passe son chemin…

Pour cette raison, une reconstruction de la Gauche implique la réaffirmation des valeurs de la Gauche historique, ce qui implique de comprendre comment la France n’a pas réussi à produire une social-démocratie historique à la fin du 19e siècle. Tout est une question de matrice politico-culturelle.

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Communiqué du Parti socialiste sur l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur

Le Parti socialiste appel au rassemblement de la Gauche et des écologistes pour s’opposer à l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur (Amérique du Sud) :

« Accord UE – Mercosur : un accord qui menace les intérêts des Européens et la planète

Le 28 juin 2019, la Commission européenne a annoncé la conclusion de l’accord entre l’UE et le Mercosur, qualifiant celui-ci « d’historique ». A son tour, Emmanuel Macron s’en est félicité, déclarant : « A ce stade, l’accord est bon, compte tenu du fait que les préoccupations de la France ont été intégralement prises en compte. »

Depuis, la Commission n’hésite pas à présenter cet accord comme la réponse au protectionnisme et à la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. En réalité, elle a poussé à la conclusion de deux décennies de négociations libérales, flouant ainsi les intérêts de millions de citoyens, d’agriculteurs et d’éleveurs européens.

En outre, cet accord apparaît totalement anachronique face aux enjeux à relever en matières climatique, sanitaire, sociale et environnementale. L’heure n’est plus au libre-échange mais au juste-échange, c’est-à-dire au développement de modes de production, de distribution et de consommation soutenables pour la planète. Le Parti socialiste appelle le président de la République à sortir de l’ambiguïté sur cet accord avec le Mercosur.

A l’instar de son opposition à la ratification du CETA, soumise au vote de l’Assemblée nationale ce mois-ci, le Parti socialiste sera mobilisé en France et en Europe aux côtés de ses partenaires pour empêcher une ratification du Mercosur. Il invite solennellement les autres formations de gauche et écologistes à se joindre à une opposition commune. »

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Tribune de Jean-Christophe Cambadélis : « Il faut construire, bâtir et élaborer un cycle nouveau. »

Dans une tribune publiée par le Journal du Dimanche, Jean-Christophe Cambadélis appelle la Gauche à se reconstruire dans un nouveau cycle.

S’il peut être considéré comme une figure usée représentant un certain passé ayant échoué, Jean-Christophe Cambadélis compte néanmoins parmi les figures importantes d’une Gauche ayant réussi à conquérir tous les pouvoirs en France et ce à plusieurs reprises.

D’ailleurs, il ne considère pas lui-même avoir échoué, car la mission de la Gauche consisterait simplement à « dompter » le capitalisme, pour y introduire « une part de justice, d’égalité et d’humanité ».

Pour lui, la Gauche est quelque-chose de très large, de très sociétale et il considère qu’elle représente encore beaucoup de choses et de gens en France. Cependant, il admet cette évidence que tous les compteurs doivent être maintenant remis à zéro entre les forces, entre les courants. « Tout est pardonné », dit-il avant de conclure qu’« il faut que l’on se parle ! »

Le Rassemblement national de Marine Le Pen représentant une menace très sérieuse, il s’agit donc selon lui de ne pas jouer avec le feu au risque de tout perdre.

Voici sa tribune :

« Il manque de tout à gauche : d’union, de stratégie d’ensemble et de nouveaux concepts. Surtout de bienveillance et d’humilité. La gauche est un « no man’s land » où les ambitions ne manquent pas, où l’inimitié est partout et la dynamique nulle part. La gauche n’est pas pour autant détruite. Cumulée électoralement, elle avoisine les 30%. Socialement, elle est sans équivalent. Au niveau local, la gauche municipale est un réseau solide et structurant.

Culturellement, même si elle a beaucoup perdu, elle produit, crée et agit partout sur le territoire. Intellectuellement, même si sa domination sans partage est entamée par le libéralisme, elle reste bien vivante. Et malgré le nomadisme électoral, un Français sur deux se dit de gauche.
La gauche est divisée, atomisée, percluse de querelles de chefs, ce qui la rend sans ressort pour la conquête du pouvoir. Alors que ceci serait ô combien nécessaire à la France d’aujourd’hui.

Évidemment, les écologistes peuvent critiquer l’absence de radicalité dans la transition écologique. Mais c’est par la gauche qu’ils ont pu peser, obtenir des ministres, une présidente de région, voire un groupe parlementaire. Ils ont participé à un gouvernement qui a imposé un accord mondial historique sur le climat. Et combien de collectivités locales où les écologistes travaillent au quotidien avec toute la gauche… Jamais ceci n’aurait été possible en incarnant un « ni droite ni gauche ».

Chacun le sait, l’écologie est avec le numérique la question de notre temps. Mais l’écologie ne règle pas la nouvelle question sociale, tellement prégnante dans le capitalisme immatériel. Et celle-ci ne règle pas la question écologique. Alors un courant écologiste durable ne peut être dans un seul parti. Et un parti de gauche sans l’écologie est un couteau sans lame. La gauche et les écologistes sont condamnés à s’entendre. Comme le dit avec raison son secrétaire national David Cormand : « Il faut faire 50% pour gagner une élection. Et même dans mes rêves les plus fous, je ne vois pas les écolos les faire seuls ».

A gauche les fractures sont nombreuses. Une partie reproche à l’autre de l’avoir entravée dans son action et cette dernière reproche à la première d’avoir dévoyé son projet. Chacune porte une part de l’échec. Car les leaders de l’une ont gouverné avec l’autre. Et celle qui ne gouvernait pas n’a pas réussi à proposer une alternative majoritaire. Elles ont été irréconciliables. L’une a fait perdre l’autre, qui lui a bien rendu. La gauche réformiste s’est effondrée dans la présidentielle. Et la gauche radicale est revenue à son étiage aux européennes.

Il est possible de faire de ces revers un bien. Personne ne peut dire : « la gauche, c’est moi ». Il y a une fenêtre pour l’union. Aux municipales d’abord. Il n’est pas compréhensible que, ayant gouverné, travaillé, espéré ensemble dans les collectivités locales, nous partions en ordre dispersé. La compétition est utile à condition qu’une unité soit au rendez-vous.

Si nous en restons là, les écologistes d’un côté, la gauche de gouvernement de l’autre, la gauche radicale, la gauche républicaine, la gauche européenne, la gauche mouvementiste, et pour finir, dans chaque famille, les divisions d’hier et les ambitions d’aujourd’hui, alors la gauche s’abîmera et trônera sur les étagères de l’Histoire.

L’enjeu, c’est la nouvelle France. Qui ne voit pas que seule la gauche est en capacité de construire une transition social-écologique au nouveau capitalisme numérique immatériel?

Les gauches ont forgé leur réflexion et déployé leur action dans le capitalisme industriel. Elles ont introduit une part de justice, d’égalité et d’humanité dans ce capitalisme. C’est tout l’enjeu du nouveau combat pour domestiquer écologiquement et socialement le capitalisme immatériel. C’est la nouvelle frontière de la gauche, les querelles de l’ancien monde n’ont plus leur place dans celui qui vient.

Ces nouveaux combats sont propres à fonder une nouvelle unité et un nouveau progressisme. L’un ne va pas sans l’autre.
Il y a une autre raison de surmonter nos querelles d’un autre temps. L’urgence de la situation politique. Qui ne voit pas qu’Emmanuel Macron est devenu un rempart de papier face à Marine Le Pen? Rejeté par près de 70% du pays, il est détesté à gauche et à droite. La dédiabolisation des frontistes du Rassemblement national, combinée à la détestation maximale d’Emmanuel Macron, crée les conditions d’un tournant obscur dans un pays agité par les amertumes de toutes sortes.

L’effondrement du clivage gauche droite a libéré les populismes et donné une nouvelle force au national-populisme, incarné par la famille Le Pen. Dans un pays où la crise du résultat produit un profond « du pareil au même », le maintien de Macron par le rejet des extrêmes n’est jouable que si le consensus est grand autour de ce dernier. Ce qui, à l’évidence, n’est pas le cas.

La droite n’est pas en état de faire barrage comme chacun peut le constater. Et si la gauche est divisée en chapelles hostiles, alors le terrain est dégagé pour le lepénisme et ses 11 millions d’électeurs au second tour de la présidentielle.  Face à une France politique en décomposition, la force relative mais compacte du lepénisme permet d’envisager le pire.

On se rassurera à bon compte aux municipales, régionales, départementales, mais la machine infernale est en place. Et ce n’est pas l’accélération libérale et la stratégie du débauchage, enrôlant les malgré nous du macronisme, qui va changer la donne.

Alors, chers amis, où que vous soyez, quels que furent vos engagements d’hier, tout est pardonné. Tout doit être surmonté, avec bienveillance, humilité et imagination. Il faut construire, bâtir et élaborer un cycle nouveau.
Cela ne passera pas par un seul parti, encore moins par une seule personnalité, mais par un nouveau « tous ensemble ».

Il faut que l’on se parle! Réconcilions-nous. »

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Démission de Laurianne Deniaud à Saint-Nazaire : « la loyauté ne suffit plus à justifier l’injustifiable »

Le conseil municipal de Saint-Nazaire est dans la tourmente depuis plusieurs semaines après une plainte en diffamation déposée contre la première adjointe Laurianne Deniaud qui avait exposé des faits de violence sexuelle. Elle a présenté hier sa démission dans une lettre très politique, assumant un parcours et un engagement important à Gauche ainsi que cette question démocratique des valeurs, de l’attitude à avoir.

Ce que reproche Laurianne Deniaud, du Parti socialiste, au maire de Saint-Nazaire David Samzun, également du Parti socialiste, c’est son attitude sur la question des violences sexuelles.

Plutôt que de soutenir les femmes dénonçant un viol ainsi que des attitudes nauséabondes envers les femmes au sein de l’équipe municipale, il a selon elle pris le parti des personnes incriminées. Martin Arnout, également du PS, qui est mis en cause pour le viol présumé de Gaëlle Betlamini Da Silva a ensuite porté plainte pour diffamation, ce qui a lancé l’affaire publiquement.

On retrouvera une description plus détaillée de la situation dans ce résumé de la conférence de presse des femmes du conseil municipal par le site Saint-Nazaire News.

Gaëlle Betlamini Da Silva a depuis démissionné de son mandat d’élue, car « la situation devient humainement intenable ». Laurianne Deniaud a annoncé hier sa démission de l’exécutif municipal, tout en gardant légitimement son mandat de conseillère municipale.

Elle expose ses motifs dans une longue lettre publique en rappelant son action publique en tant que première adjointe dans cette ville populaire de Saint-Nazaire. Elle y parle aussi de valeurs qui ne sont plus les siennes, d’éthique qui n’est plus respecté, considérant que la situation est injustifiable.

On peut regretter le manque d’engagement socialiste de sa lettre de démission qui ne reproche pas à David Samzun d’avoir failli en tant que camarade, mais seulement en tant que « chef d’équipe ». Elle ne parle pas de la Gauche ni du Socialisme, mais simplement d’humanisme, alors qu’il y a dans cette affaire un sujet fondamental pour la Gauche.

Comment des hommes peuvent-ils en effet se prétendre de gauche, bénéficier de l’héritage démocratique du mouvement ouvrier et avoir des attitudes telles que celles dénoncées par Laurianne Deniaud et ses camarades ?

Cette question avait déjà été évoquée ici à propos des affaires de viol au sein du MJC, dans l’article « Les hommes démocratiques ne commettent pas d’agressions sexuelles ».

Les violences sexuelles ne naissent pas d’idées, mais d’un style de vie qui est mauvais. Les hommes moraux ne violent pas et les hommes véritablement à Gauche, non seulement ne violent pas car ils ont une morale, mais refusent toute attitude beauf et sexiste au nom de cette morale. Cela inclus de soutenir fermement les femmes dénonçant cela, évidemment.

Quoi qu’on pense de l’attitude du maire de Saint-Nazaire David Samzun et quelque soit les précautions qu’il est d’usage et de devoir de prendre quant à la présomption d’innocence, c’est évident qu’il a tord de prétendre que cette histoire ne concerne pas les affaires communales :

« La justice étant saisie, il appartient aux parties de s’expliquer devant elle. Je ne ferai donc aucun commentaire sur un contentieux qui ne concerne pas les affaires communales ».

Au contraire justement, quand on est à Gauche, quand on est membre d’un parti qui se revendique du Socialisme, de surcroît dans une ville importante pour la classe ouvrière, on assume haut et fort toutes les questions démocratiques. L’attitude des hommes envers les femmes, qui aboutit trop souvent au viol, est une éminente question démocratique.

Voici la lettre de Laurianne Deniaud :

« Monsieur le Maire,

Depuis 5 ans j’ai eu l’honneur d’être première adjointe à Saint-Nazaire.

C’est mon attachement à ma ville et mon engagement politique pour un monde plus juste qui m’ont guidés chaque jour. Saint-Nazaire, c’est ma ville. C’est ici que je suis née, que j’ai grandi et où j’ai choisi de construire ma vie. C’est cette ville, son histoire, ses habitants, ses associations, ses militants qui m’ont donné le goût de l’engagement, de la solidarité, de la lutte contre les injustices. C’est ici que la rencontre de l’associatif, de l’éducation populaire m’a conduit à l’engagement politique.

Depuis 5 ans, servir les Nazairiennes et les Nazairiens a été pour moi un privilège immense.  Avec la majorité municipale des écologistes et de la gauche unie, les projets que nous avons réalisés et que j’ai eu la responsabilité de conduire ou de lancer resteront pour moi une grande fierté.

Je pense à la réalisation de la dernière phase du front de mer et à la Place du Commando, qui ont changé le visage de notre ville.

Je pense à toutes les actions mises en place au service des habitants de nos quartiers prioritaires, au plan de rénovation des quartiers populaires, de la rénovation du quartier de la Tréballe, au futur centre de santé du Petit Caporal.

Je pense au futur éco-quartier de Sautron, aux premières formes d’habitats participatifs qui y naîtront, aux premiers bâtiments à énergie passive de la ville, outils indispensables face au bouleversement climatique qui approche.

Je pense aux projets d’aménagement que nous avons construits en équipe et partagés avec les Nazairiens du réaménagement des digues du Brivet au nouveau visage du bourg de Saint-Marc.

Je pense au projet de rénovation des Halles, qui seront plus dynamiques, plus conviviales, à l’appel à manifestation d’intérêt pour redonner vie aux halles de Penhoët.

Je pense au travail considérable qu’il a fallu mener pour la “grenellisation” de notre plan local d’urbanisme et au plan local d’urbanisme intercommunal, au travail engagé pour la protection de notre patrimoine architectural, paysager mais aussi végétal.

Je pense enfin à la charte de la concertation citoyenne et aux conseils citoyens de quartiers nouvelle génération, à l’introduction de nouvelles formes de participations citoyennes, du tirage au sort aux projets collaboratifs.

Je remercie très sincèrement les équipes formidables de la ville, ses agents sont des serviteurs dévoués du service public qui m’ont beaucoup appris et accompagné dans ces missions. Une politique publique n’est jamais le résultat de la décision d’un seul, c’est un travail éminemment collectif.

J’ai servi avec conviction, humilité et bonheur les Nazairiens, pour accompagner leurs projets, pour échanger, pour dialoguer. Publiquement, j’ai toujours assumé et porté les choix de notre exécutif, quels qu’aient pu être parfois les nuances, les désaccords, les regrets sur certains projets ou sur certaines façons de faire. Et, dans le dialogue avec les citoyens, c’est toujours la position collective que j’ai assumée quoi qu’il ait dû m’en coûter.

Je regrette profondément la situation actuelle. L’humain, l’attention aux autres et l’égalité sont le socle de mon engagement. Depuis plus de quatorze mois, votre gestion de cette situation n’a pas été la hauteur de ce que qu’aurait dû être celle d’un employeur, d’un chef d’équipe,  d’un responsable politique humaniste.

Vous m’avez indiqué explicitement à deux reprises que c’est à la rentrée 2018, et plus précisément le jour où j’avais posé par écrit des éléments sur les confidences dont nous vous avions déjà fait part oralement (relatives à des faits pouvant, s’ils étaient avérés être qualifiés de viol) et sur le climat oppressif et sexiste (que nous étions déjà quelques-unes à ressentir et dénoncer), que j’avais “perdu [votre] confiance”.

Votre absence de soutien revendiquée, alors qu’une plainte en diffamation a été déposée à mon encontre pour avoir simplement précisé la nature des faits que vous avez vous-même évoqué dans une réunion que vous avez convoqué ne peut pas être acceptée, pas plus que la campagne de dénigrement conduite contre moi et les membres du collectif.

L’inversion des responsabilités, pratiquée depuis la plainte en diffamation déposée à mon encontre, est un procédé de musèlement classique dans les affaires de violences sexuelles. C’est inacceptable.

Nos grands-mères se sont battues pour voter, nos mères pour obtenir le droit de maîtriser leur corps. Nous nous souvenons trop peu de la violences de ses batailles, nous avons oublié les héroïnes de ces débats, de ce qu’elles subirent à l’époque.

Les femmes de ma génération se battent aujourd’hui pour que nous ne subissions plus les violences sexuelles, les violences physiques, le sexisme au quotidien, les inégalités dans le monde du travail. C’est un devoir pour que nous ne soyons plus demain une sur deux à subir une violence sexuelle au cours de nos vie ou 30% à subir du harcèlement dans notre vie professionnelle tout en étant payées 25% de moins que les hommes.

Cet engagement je le dois à ma grand-mère, à ma mère, à ma sœur, à mes amies, à mes collègues, à ma fille. Chaque matin depuis plus d’un an, c’est en la regardant, que j’ai trouvé la force de parler et de tenir, de faire tout ce que je pouvais faire d’où j’étais pour que le monde dans lequel elle grandit soit plus juste pour les femmes.

Le message qui est renvoyée aujourd’hui à Saint-Nazaire, où l’inversion des responsabilités expose d’abord les victimes et les femmes qui se taisent encore, est à rebours de l’histoire. Il ne fait pas honneur à notre ville.

Je n’ai jamais pensé faire de la politique une carrière. Être élu n’est pas un métier que l’on pratiquerait des décennies durant. J’avais d’ailleurs décidé au lendemain des élections législatives de me remettre en mouvement professionnel, ce que, comme vous le saviez parfaitement, j’ai commencé à faire.

Lire et entendre ces derniers mois que c’est une prétendue ambition politicienne qui m’aurait animée est intolérable.

La décision que je prends est un déchirement. Mais il y a un moment où la loyauté ne suffit plus à justifier l’injustifiable. Pour moi les valeurs, le combat pour l’égalité femmes hommes, la lutte contre les violences, les pratiques et l’éthique primeront toujours sur les calculs politiciens.

Je choisis aujourd’hui de quitter l’exécutif municipal qui s’est trop éloigné des valeurs humaines et politiques qui m’animent et je vous remets ma démission.

 

Veuillez agréer, monsieur le maire, mes salutations,

Laurianne Deniaud »

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Lettre ouverte de Rachid Temal au Premier secrétaire du Parti socialiste

Le sénateur socialiste Rachid Temal a adressé une lettre ouverte au Premier secrétaire du PS Olivier Faure dans laquelle il regrette son éviction de l’instance dirigeante du parti.

En tant que numéro 2 du PS, Rachid Temal avait assuré l’intérim à la tête de l’organisation après la démission de Jean-Christophe Cambadélis et avant l’élection d’Olivier Faure. Il avait récemment critiqué la stratégie de soutien à Raphaël Glucksmann aux élections européennes, considérant que c’était un effacement non-opportun pour le PS.

> Lire également : Place publique fait un hold up sur le Parti socialiste

Il prône au contraire une affirmation de l’identité du parti et de ses fondamentaux historiques, comme c’est expliqué dans sa lettre ouverte :

Lettre ouverte au Premier secrétaire du Parti socialiste

Monsieur le Premier secrétaire, Cher Olivier,

C’est de retour de Belfort que j’ai appris par une indiscrétion journalistique avoir été gommé de la photo de l’exécutif du Parti socialiste.

J’étais, ce vendredi et samedi à Belfort, à la demande de la fédération apporter mon soutien aux salariés, à l’intersyndicale de Général Electric et aux élus locaux en participant à la mobilisation nationale.

J’y étais également pour représenter le groupe Socialiste et Républicains du Sénat.

Nous avons d’ailleurs proposé à l’intersyndicale de venir au Sénat pour y être reçu par tous les sénateurs volontaires pour porter les enjeux de la bataille menée par les GE : maintenir un outil industriel au nom de la préservation des emplois, d’un savoir-faire unique et de la transition énergétique. Sans oublier bien évidemment le respect des engagements pris dans un protocole d’accord par le groupe General Electric.

Nous étions nombreux et la gauche unie !

Effacé donc de l’exécutif du Parti socialiste lors d’un Conseil national, instance qui n’intéresse malheureusement plus ou si peu l’opinion publique.

Un de plus. La liste est désormais longue comme l’a d’ailleurs montré l’opération «évictions aux européennes» où ce

,

La reconstruction de la Gauche est processus difficile, et on voit bien avec cet épisode important de la vie d’un des plus importants parti politique français que la tendance n’est encore pas à l’unité, mais

rtaines et certains camarades en ont fait les frais. Et combien de départs des instances ou du parti de militants ou d’élus, combien de mise en retrait depuis le dernier congrès.

Profitant de mon absence pour cause de mobilisation à Belfort, sans débat, ni entretien, tu organises une nouvelle éviction.

Alors que nous avons tous les deux porté sur la même estrade la parole des socialistes lors du meeting transpartisan ce mercredi contre la privatisation d’ADP, pas un mot de sur ton opération d’éviction.

Voilà pour la forme.

Pour le fond. Je me doute bien que ma prise de position concernant ta stratégie d’effacement pour les élections européennes t’a fortement déplu.

Pour mémoire, j’ai indiqué au Conseil national les raisons de mon refus de cette stratégie, j’ai proposé une alternative, et indiqué que je me rangerai au vote de cette instance et que je ferai campagne pour la liste. C’est ce que j’ai fait. Tout autre Premier secrétaire aurait provoqué une explication. Pas toi.

Cher Olivier, je te redis :

Oui, je pense toujours que le dépassement n’est pas l’effacement,

Oui, je persiste à penser que tu aurais dû être candidat parce que tu es Premier secrétaire et ce sur une orientation éco-socialiste et avec une liste ouverte,

Oui l’électorat de gauche qui se détachait de l’actuel pouvoir et de LFI y aurait vu l’espoir d’une gauche qui se reconstruit,

Oui, 6,1% c’est un échec et en aucun cas un « contrat rempli ».

Oui. Il faut redonner la parole aux militants. Ils ne l’ont pas eu pour choisir la stratégie aux européennes, ils doivent l’avoir à nouveau pour la stratégie pour les élections territoriales et plus largement sur notre avenir. C’est une nécessité. Nous ne pouvons pas demander que la parole soit donnée aux Français via le RIP et ne pas l’appliquer à notre famille politique.

Oui, nous devons engager un double processus : préparer les élections et en même temps comprendre les raisons de notre échec aux européennes et engager une « révolution idéologique » sous peine de sortir de l’Histoire.

Je pense qu’il faut bâtir une stratégie pérenne et travailler notre nouvelle doctrine.

Je pense que c’est une erreur de s’éloigner des groupes parlementaires et de notre fédération d’élus qu’est la FNSER.

Je pense que nous devons réfléchir à notre mutisme médiatique et notre absence de campagne de mobilisation sur nos fondamentaux.

Je pense que notre Parti doit retrouver le goût du débat interne et même du vote. C’est la force des socialistes. C’est notre ADN. C’est une des conditions de notre renouveau idéologique.

Je pense que nous devons sortir de la politique de l’addition de logos pour entrer dans une « politique du frigo », bref partir de nos concitoyens, classe moyenne, employé, ouvrier, fonctionnaire, chômeurs et précaires, salariés « ubérisés », indépendants et commerçants au moment où notre société bascule dans l’ère du capitalisme numérique afin de leur proposer un nouveau projet de société. Nous devons devenir, à nouveau, le parti de l’espoir et de l’espérance.

Pour ma part, j’ai toujours défendu l’intérêt général de notre famille politique. Je crois que mes états de service à la direction du Parti l’attestent que cela soit comme Secrétaire national ou quand j’ai dû assurer les fonctions de Premier secrétaire et que j’ai dû, avec d’autres, sauver politiquement et économiquement le Parti de Jaurès, Blum et Mitterrand.

Aussi, je continuerai à être au service des militants, des élus et des fédérations de ma famille politique. Notre histoire est trop grande pour la brader.

Nous devons reparler, débattre et reconstruire avec les socialistes « dans et hors les murs ». Et ils sont si nombreux.

Je compte bien utiliser ma liberté pour mener le combat pour le renouveau de notre famille politique qui en a décidément bien besoin.

Avec mes salutations socialistes maintenues

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Tribune : « L’Europe a besoin des socialistes »

Voici une tribune d’Alain Bergounioux, président de l’Office universitaire de recherche socialiste et d’Henri Weber, ancien sénateur et député européen, expert associé à la Fondation Jean-Jaurès, initialement publiée par Libération.

Ils appellent à une alliance large à Gauche derrière le courant majoritaire, que l’on peut qualifier de centriste et qui est incarné au parlement européen par le groupe S&D du Parti des socialistes européens (PSE).

Le PSE regroupe les grands partis de la Gauche européenne, le PS français, le SPD allemand, le SPÖ autrichien, le Labour britannique, le PSOE espagnol, le PD italien ou encore le Partij van de Arbeid néerlandais.

Une partie de la Gauche de plus en plus importante récuse le rôle et l’action du PSE qui a voté en 2017 à 90 % la même chose que la Droite (PPE) lors votes finaux, selon une étude de la fondation Robert Schumann.

Il faut néanmoins, pour être tout à fait honnête, interpréter cette de donnée dans le cadre particulier du Parlement européen, qui fonctionne par des compromis négociés longuement, y compris à l’intérieur même des groupes.

Notons pour finir qu’il est question dans cette tribune de s’opposer à l’ordo-libéralisme, à quoi est opposé traditionnellement le keynésianisme, et non pas le Socialisme. Le Socialisme s’oppose par définition au mode de production capitaliste, dont l’ordo-libéralisme et le keynésianisme sont deux aspects.

« L’Europe a besoin des socialistes

Le 26 mai, il faut conforter le Parti des socialistes européens (PSE) et son groupe parlementaire à Strasbourg, «l’Alliance des démocrates et des socialistes». Implanté de longue date dans les 28 Etats de l’Union, (la Grande-Bretagne est encore des nôtres !); fort aujourd’hui de 188 députés, le PSE est la seule force politique au Parlement européen capable de promouvoir une coalition progressiste rassemblant les sociaux-démocrates, les écologistes, et les centristes.

Une telle coalition est nécessaire et urgente, face à la montée des nationalismes d’extrême droite et des partis europhobes, crédités de 25% des sièges, dont l’objectif proclamé est la destruction de l’UE. Elle est indispensable aussi pour réorienter la construction européenne dans le sens d’une Europe plus écologique, plus sociale, plus solidaire, plus volontaire. Jamais les risques d’enlisement et de désagrégation nationaliste qui menacent l’Europe n’ont été aussi grands. Mais jamais non plus les chances de tourner le dos à l’ordo-libéralisme longtemps dominant et d’engager la transition écologique et la révolution numérique en Europe n’ont été aussi fortes.

La prise de conscience de l’urgence écologique dans la grande opinion a beaucoup progressé depuis cinq ans. Elle joue en faveur d’un «Green New Deal», une nouvelle donne écologique, en deux volets : le renforcement qualitatif des normes et règles en défense de l’environnement et de la qualité de la vie. C’est le volet défensif, auquel s’ajoute un volet offensif : la mise en œuvre de politiques industrielles volontaristes et ambitieuses en vue de réaliser les objectifs de la COP 21, la reconversion thermique des bâtiments, le développement des «mobilités propres» et des énergies renouvelables, la généralisation d’une «agriculture raisonnée»…

Cette transition écologique que chacun appelle désormais formellement de ses vœux, ne peut être le fruit du libre jeu des forces du marché, toute l’histoire du capitalisme l’atteste. Elle appelle au contraire une forte impulsion de la puissance publique, à tous ses niveaux : local, régional, national, européen et mondial, le niveau continental s’imposant toutefois de plus en plus comme l’espace stratégique. Ce retour nécessaire de la puissance publique s’affirme à un moment où les dogmes du néo-libéralisme économique, triomphants au début du siècle, ont beaucoup perdu de leur crédibilité, en raison des résultats des politiques qu’ils ont inspirés. Peu nombreux sont ceux qui croient encore dans les vertus autorégulatrices des marchés. L’idée que le monde souffre, non pas d’un excès, mais d’une carence d’organisation, de régulation, de planification, d’intervention des acteurs publics, s’est peu à peu imposée, après la crise de 2008. Elle a pris tout d’abord la forme régressive d’une montée des protectionnismes nationalistes. Mais elle peut prendre aussi, celle, progressiste, de politiques publiques coopératives et socialement inclusives, comme on dit à Bruxelles, préconisées par la social-démocratie au niveau de l’UE et de chacun de ses Etats membres.

Malgré ses déboires dans certains pays, la famille socialiste restera la principale force progressiste au Parlement européen et au Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement dans la prochaine législature (2019-2024). La seule force capable de fédérer la gauche, les écologistes et le Centre-gauche pour mettre en échec les offensives désagrégatrices des partis europhobes et de réorienter l’Europe. C’est pourquoi nous appelons à voter pour la liste «Envie d’Europe», emmenée par Raphaël Glucksmann. Le 26 mai, il s’agit d’élire le Parlement européen, non de censurer ou de plébisciter le Président de la République française. »

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La socialiste historique Élisabeth Guigou soutient Emmanuel Macron

Figure éminente de l’histoire du Parti socialiste, Élisabeth Guigou a écrit une tribune dans une publication ultra-libérale pour annoncer son soutien à la liste pro-Macron aux élections européennes. C’est toute sa vie politique qu’elle jette aux oubliettes, et la Gauche avec.

Incroyable, il n’y a pas d’autres mots. Qu’Élisabeth Guigou décide de soutenir la liste pro-Emmanuel Macron pour les élections européennes, c’est déjà agir tel un renégat quand on a été socialiste toute sa vie. Mais en plus le faire au moyen d’une tribune dans l’organe de presse ultra-libéral l’Opinion, là on est vraiment dans l’indignité la plus complète.

Vous vous imaginez ? On parle ici de quelqu’un au Parti socialiste depuis 1973 ! Qui auparavant était au PSU avec Michel Rocard… Qui a encore parrainé la candidature de Benoît Hamon pour la présidentielle de 2017… Quelqu’un qui est au bureau national du PS, qui a été secrétaire nationale du PS chargée des questions sociales de 1995 à 1997, secrétaire nationale du PS chargée de la réforme de l’État et des collectivités territoriales de décembre 2008 à 2012…

Quelqu’un qui, en tant que socialiste, a été entre autres député, député européen, ministre déléguée aux Affaires européennes du second gouvernement de Michel Rocard, ministre de la Justice puis ministre de l’Emploi et de la Solidarité du gouvernement de Lionel Jospin…

Quelqu’un qui, en mars encore, racontait avec fierté dans Libération avoir chanté l’Internationale et Le temps des cerises à la buvette de l’Assemblée nationale…

« Une nuit, en plein examen du projet de loi sur le pacs que je présentais, il devait être 2 heures du matin et on venait de subir quatre ou cinq heures de discours de Christine Boutin. J’étais sur le banc des ministres et je suis sortie faire un tour pour souffler. J’ai entendu des rires et j’ai alors vu une vingtaine de députés de tous bords à la buvette en train de boire et de chanter le Temps des cerises ou l’Internationale, sous la houlette de Louis Mexandeau [alors député PS du Calvados]. Je me suis jointe à eux quelques minutes qui m’ont fait oublier la fatigue. »

Comment Élisabeth Guigou peut-elle alors soutenir Emmanuel Macron ? Ce qu’elle explique dans la tribune qu’elle a écrit prend comme seul justificatif, comme seul indicateur, la construction de l’Union européenne, quelque chose « sans précédent et sans équivalent dans l’histoire du monde ». C’est là un peu vite oublier la formation des États-Unis d’Amérique, de l’Union Soviétique, de l’Union Indienne, etc.

Sans compter qu’elle précise immédiatement elle-même : « Il est vrai que ce fut avec le soutien des États-Unis dans un contexte de guerre froide », ou encore « l’ordre établi après 1945 sous l’égide des États-Unis cède la place à un monde imprévisible et dangereux ». C’est là ouvertement admettre que l’Union européenne n’est pas née sur une base de Gauche… et l’accepter. C’est là le drame d’Élisabeth Guigou. Elle est passée de la Gauche politique à la gauche des institutions, l’admettant elle-même en devenant la présidente de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale (2012-2017).

Elle a abandonné la Gauche et ses idéaux, pour se poser en pragmatique de gauche au sein des institutions. C’est le même parcours que François Hollande, Lionel Jospin et tant d’autres. Voici justement comme elle dresse le catalogue de ce que propose Emmanuel Macron, où on cherchera vainement quelque chose ayant un rapport avec le Parti socialiste des origines, dont elle a fait partie :

« Les propositions d’Emmanuel Macron ont le mérite de se concentrer sur quelques priorités : la souveraineté économique, technologique, monétaire, fiscale, sociale et écologique contre la concurrence déloyale des États dominants comme celle des géants du numérique et de l’intelligence artificielle ; la transition écologique financée par une banque du climat et la sécurité sanitaire, face à certains lobbies sans foi ni loi ; la cohésion sociale sans laquelle l’UE ne serait qu’un marché sans âme ; la protection et la promotion de l’Europe de la culture, qu’ont commencé d’incarner, bien insuffisamment, Erasmus et la protection des droits d’auteur ; la maîtrise des migrations par un meilleur contrôle partagé des frontières de l’Union et une solidarité accrue entre les États membres de Schengen ; la sécurité par la lutte contre les cyberattaques, et des règles européennes contre la diffusion par Internet des discours de haine et de violence ; de nouveaux progrès vers une défense réellement autonome, associant le Royaume-Uni en dépit du Brexit, dans un Conseil européen de sécurité intérieure. »

Dans Libération en mars, Élisabeth Guigou se plaignait du manque de reconnaissance des politiques, de « la violence, le mépris et l’antiparlementarisme ambiants… ». Mais ce sont des gens comme elle qui fabriquent cela. Quand on a défend toute sa vie des idées, et qu’on les jette par-dessus bord, on déboussole, on désoriente, on dégoûte. Et voilà ce que fait Élisabeth Guigou, et rien d’autre.

Et on ne sait même pas l’intérêt pour elle de le faire. Au lieu de chercher l’honneur de la loyauté et de s’inscrire dans la reconstruction de la Gauche, qui ne lui aurait pas coûté grand-chose, elle se vend pour strictement rien auprès de personne, car tout le monde s’en moque chez Emmanuel Macron, où elle va agir en simple anecdote pro-institutionnel. C’est idiot, et en plus c’est vide !

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Des socialistes anglais, espagnols, allemands, autrichiens… mais pas français, pourquoi ?

Pourquoi la social-démocratie est-elle encore si puissante en Allemagne, en Angleterre, en Espagne, en Autriche ? Parce que dans ces pays, la social-démocratie a été un mouvement de masse à l’origine. Elle est ancrée dans la population. Il n’y a jamais eu rien de tel en France.

Il faut bien une explication ! Pourquoi le Parti socialiste est-il si faible ? Parce qu’il a participé au gouvernement, qu’il est corrompu ! Allons donc ! En Allemagne et en Autriche, les socialistes participent aux institutions depuis 1945, ont formé d’innombrables gouvernements d’alliance avec la Droite. Ils sont pourtant toujours là ! En Angleterre, le Labour a été au pouvoir plusieurs fois, et Tony Blair était encore plus libéral que François Hollande. En Espagne, le PSOE a toujours plus trahi ses traditions aussi. Et il existe encore, puissant !

Non, la réponse ne peut pas être la corruption de la direction, la participation au gouvernement. Car une direction, cela se change, une orientation, cela se modifie. Mais justement, en Allemagne, en Angleterre, en Autriche, en Espagne, il y a une base pour impulser ce changement, pour le forcer. En France, il n’y a pas cela. Et cela s’explique par des raisons multiples.

Primo, le Parti socialiste n’a jamais atteint une réelle base de masse, il a toujours été un petit parti électoral avec beaucoup de voix, et ce déjà à l’époque de Jean Jaurès. Par contre, en Allemagne et en Autriche c’était un vaste mouvement politique marxiste qui faisait le choix de participer aux élections (et de former des syndicats). En Angleterre, c’était un mouvement syndical qui a fait le choix d’établir un parti politique et de participer aux élections pour gagner de l’espace pour ses revendications. En Espagne, ce fut un mouvement de masse également, avec une histoire plus tortueuse.

Secundo, les traditions historiques jouent. Les socialistes se sont donnés comme naissance historique le congrès d’Epinay, fusion organisé par François Mitterrand de plusieurs courants socialistes, dans les années 1970. Cela ne peut pas suffire. Les socialistes allemands, anglais, autrichiens, espagnols, assument eux un siècle de mouvement. Et vues les histoires tourmentées de l’Espagne, de l’Autriche, de l’Allemagne, forcément, assumer l’identité socialiste, cela pèse.

Tertio, même lorsqu’il y a eu des références au-delà des années 1970, les socialistes n’ont rien pu en faire. Léon Blum ? Ouvertement marxiste, pas possible. Jean Jaurès ? Parfait car mélangeant tout de manière confuse mais avec un grand lyrisme, et pourtant par là même inutilisable. Les autres ? Tous aussi confus, tous incapables de formuler une doctrine.

Restèrent donc les grandes personnalités. Les François Mitterrand, Michel Rocard, Lionel Jospin, ou même François Hollande. Des gens avec de la culture, de la prestance, de l’ambition mais politique, bien cadré, bien posé. Ce sont des gens qui sentent les choses, qui portent les événements, qui comprennent, et qu’on comprend, cette chose si rare en politique. Oui, mais tout cela n’a rien de spécifiquement socialiste comme approche, et une fois les types partis, que reste-t-il ? Pas grand-chose, au mieux, des décombres, au pire.

Il ne reste plus qu’à reconstruire par en bas, donc. Mais avec quelle base ? Le Parti socialiste a eu ces dernières années une base où les entrepreneurs prenaient une place toujours plus importante. À part certaines sections, l’embourgeoisement était flagrant. Ces gens-là sont partis, évidemment. Et les autres aussi ! Il n’y a pas eu la fierté d’être socialiste, de maintenir le drapeau. Même les derniers volontaires ont quitté le navire, allant avec Benoît Hamon faire autre chose ou bien parasiter Jean-Luc Mélenchon en attendant mieux.

C’est que le Parti socialiste était un parti comme les autres. Ce n’est pas le cas des partis sociaux-démocrates d’Allemagne, d’Angleterre, d’Autriche et d’Espagne. Cela ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas s’effondrer, s’enliser, échouer. Mais eux ont une histoire, alors que le Parti socialiste a montré qu’il n’aura été qu’un appareil électoral ou bien gouvernemental.

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Le programme de la liste « envie d’Europe écologique et sociale » menée par Raphaël Glucksmann et soutenue par le Parti socialiste

Le programme de la liste conduite par Raphaël Glucksmann pour les élections européennes a été publié ce lundi 6 mai et a été présenté comme « l’embryon de ce qui va reconstituer la Gauche dans les années qui viennent ». On n’y trouvera cependant pas beaucoup de rapport avec la Gauche historique et ses fondamentaux liés aux classes populaires.


Le cœur du projet présenté par Raphaël Glucksmann et soutenu par le Parti socialiste est défini comme « la rencontre du social et de l’écologie », ce qui serait « un projet de rupture » avec « l’idéologie du libre-échange » et « le dogme de l’austérité ».

Il est considéré que les institutions européennes sont indispensables pour cela, afin de lutter contre le réchauffement climatique et régler les questions d’ordre économique et social. L’Union européenne étant cependant « dénaturée par les intérêts privés et les forces de l’argent des lobbies », il faudrait changer radicalement les politiques qu’elle mène.

C’est le sens donné au programme de cette liste « envie d’Europe écologique et sociale », qui s’intitule : « Nos 10 combats écologiques et sociaux pour changer la vie des Européennes et des Européens. »

Les mots « changer la vie » sont une référence évidente aux grandes années du Parti socialiste. C’était le nom de l’hymne du parti adopté en 1977, dans la lignée du Programme commun de gouvernement avec le PCF en 1972, dans lequel figuraient aussi ces mots. La victoire de François Mitterrand en 1981 fut ensuite directement associée à cette idée de « changer la vie ».

On remarquera également une similarité avec les « 110 propositions pour la France » de François Mitterrand en 1981, puisque le programme de la liste européenne est constitué de 119 propositions.

Ces propositions visent donc à séduire les gens de gauche, d’autant plus qu’il y est aussi parlé de justice sociale, d’imposition des grandes entreprises ou encore de droits des travailleurs. Ces derniers sont cependant considérés comme relevant des droits humains en général, et pas d’une question centrale. On ne peut pas dire qu’il s’agisse d’un programme écrit en priorité pour les classes populaires, sans même parler de la classe ouvrière, ce qui est pourtant l’ADN de la Gauche historiquement.

Lors de la présentation du programme, il a clairement été question de s’adresser aux « orphelins de la Gauche », avec dans l’idée de préparer l’après, l’indispensable reconstruction à venir. La liste est donc présentée comme une liste d’unité, mais le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a eu la drôle d’idée d’affirmer qu’elle est la seule « à promouvoir l’Europe, le social, l’écologie ».

Cela est faux bien entendu, puisqu’il y a au moins les listes dirigées par Benoit Hamon et Ian Brossat qui disent exactement la même chose à ce sujet. On peut même considérer qu’une partie importante des personnes potentiellement convaincues par ce discours européen, social et écologiste choisiront plutôt la liste des Verts menée par Yannick Jadot, voir même celle de la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron, qui ne disent pas forcément grand-chose de différent.

Il faut ajouter ici une remarque très importante sur le fond, à propos de ce programme. Il est fait à travers ces 119 propositions comme s’il s’agissait d’un programme de gouvernement, qui pourrait être appliqué.

Cela n’est pas vrai du tout, pour deux raisons essentielles. Il y a d’abord le fait que l’élection est européenne, donc la France n’élit qu’une petite partie ( 79 ) des 750 députés européens. Le travail parlementaire s’effectue ensuite en groupes, constitués obligatoirement de députés de plusieurs pays : il faut donc raisonner par rapport à un groupe parlementaire européen, ce que ce programme ne fait pas du tout, et ce dont il ne parle pas du tout.

L’autre point important est que les députés européens n’ont pas l’initiative législative, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent rien proposer. Leur rôle n’est que d’approuver ou rejeter les propositions législatives, ou alors de les amender, mais c’est là un processus très complexe nécessitant une multitude de compromis et d’alliances électorales.

Il est donc entièrement mensonger de dire « nous ferons ceci, nous ferons cela » si nous sommes élus comme cela est écrit dans ce programme de la liste « envie d’Europe écologique et sociale ». Même si elle raflait l’ensemble des 79 sièges qui lui sont accessibles, elle ne pourrait pas faire ce qu’elle prétend, par définition.

On ne peut pas dire ici que ce n’est qu’une question de forme et que la liste présente des orientations générales, ce qu’elle pourrait voter ou non lors des sessions parlementaires. Les 119 propositions de son programme sont très précises, et formulées pour la plupart de manière affirmative.

En voici quelques-unes :

11. […] Nous favoriserons en particulier le retour de la nature en ville,
d’espaces verts dans les zones carencées, et la restauration écologique des rivières et des espaces bétonnés superflus. […]

13. Nous sortirons les dépenses liées à la transition écologique du calcul des « 3 % » de déficit public.

52. Nous interdirons les emballages plastiques et polystyrènes sur tout le territoire de l’Union européenne d’ici 2025.

56. Nous renforcerons les pouvoirs du Parlement face au Conseil et à la
Commission, en lui donnant un réel pouvoir législatif et en élargissant le champ de la codécision avec le Conseil à des domaines comme le budget, la fiscalité et la protection sociale.

69. Nous ferons de l’Europe un leader dans la défense des droits des personnes LGBTI+. […]

72. Nous mettrons fin au règlement de Dublin qui renvoie les demandeurs d’asile vers les pays de première entrée qui se retrouvent seuls en Europe à assurer le premier accueil. […]

77. Nous créerons une garantie européenne pour l’enfance, visant à assurer à tout enfant vivant sur le sol de l’Union européenne un accès à un logement, un système de garde, une éducation, une alimentation et aux soins de santé.

79. Nous mettrons en place un « Erasmus pour tous » qui permettra à chaque jeune européen de 16 à 25 ans de bénéficier d’une bourse à la mobilité allant jusqu’à 5 000 euros pour mener un projet éducatif, professionnel ou associatif dans un autre pays européen que le sien. […]

Notons également que, de manière très étrange, certaines propositions ne sont pas affirmatives, mais formulées comme des propositions justement :

14. Nous proposerons de taxer le kérosène sur tous les vols intra-européens.

54. Nous défendrons une reconnaissance internationale de l’écocide en tant que crime contre la nature et la biodiversité.

113. Nous plaiderons pour une Union européenne mieux représentée au Conseil de sécurité des Nations unies, avec un soutien clair à l’obtention d’un siège de membre permanent pour l’Allemagne, en plus du siège de la France.

Cela est encore plus faux ! Les députés européens ne peuvent rien proposer, cela n’a aucun sens d’écrire cela dans un programme pour les Européennes. Tout cela consiste donc surtout en un catalogue de mesures « idéales », pour prétendre avoir une identité « européenne », mais sans rapport réel et concret avec ce qu’est en pratique l’Union européenne.

C’est, sur le plan strictement politique, d’une grande faiblesse, et aura de la peine à convaincre. Cela n’a pas grand-chose à voir avec les fondamentaux de la Gauche historique, des grands partis de gauche en Europe qui ont à l’origine porté le point de vue de classe ouvrière et des classes populaires en général, qui ont su élaborer dans les années 1930 des fronts populaires solides contre aux nationalismes – ce dont nous avons à nouveau besoin aujourd’hui.

> Le programme de la liste « envie d’Europe écologique et sociale » : Nos 10 combats écologiques et sociaux pour changer la vie des Européennes et des Européens.

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La Gauche pourrait n’avoir aucun député au Parlement européen

Un sondage publié ce dimanche 5 mai 2019 donne la liste menée par Raphaël Glucksmann et soutenue par le Parti socialiste en dessous des 5 % requis pour avoir des élus aux Européennes. Cela serait un grand échec politique pour la Gauche française si aucune de ses listes ne parvenait à obtenir des députés européens.

Les sondages valent ce qu’ils valent et on peut même penser qu’ils sont très critiquables dans la mesure où ils influencent injustement les campagnes électorales. En attendant, ils existent et ils participent de la réalité, tout en la reflétant au moins dans les grandes lignes.

La grande information politique d’hier était donc ce sondage donnant la liste emmenée par Raphaël Glucksmann ( ENVIE D’EUROPE ÉCOLOGIQUE ET SOCIALE ) sous la barre des 5 %, soit le seuil minimum pour avoir des élus.

L’enquête réalisée par l’institut Harris Interactive-Epoka pour les médias RTL, Le Figaro, et LCI-TF1 donne la liste à 4,5 %, en recul de 0,5 point par rapport à l’enquête précédente. C’est border-line comme ont dit, et si on peut penser que cela se situe dans la marge d’erreur, que c’est rattrapable avec une bonne dynamique de campagne pendant trois semaines, le signal est néanmoins très clair.

Force est de constater que la Gauche est tombée très bas en France. Son principal parti, le PS, ne présente même pas de tête de liste, et se retrouve maintenant menacé par un sondage de soutenir une liste qui fera chou blanc.

C’est que la Gauche est dispersée, elle n’a pas été en mesure de s’entendre. Ni Ian Brossat, tête de la liste liée au PCF ( POUR L’EUROPE DES GENS CONTRE L’EUROPE DE L’ARGENT ), ni Benoît Hamon, tête de la liste liée à Génération-s ( LISTE CITOYENNE DU PRINTEMPS EUROPEEN AVEC BENOÎT HAMON SOUTENUE PAR GÉNÉRATION.S ET DÈME-DIEM 25 ), n’ont su aller dans le sens de l’unité.

À elles trois, ces listes cumulent pourtant aux alentours de 10 %, en fonction des sondages. Ce n’est pas énorme, mais au moins cela serait significatif, marquant un pôle de la Gauche, établissant une dynamique nécessaire pour faire face à l’extrême-droite.

C’est malheureusement tout l’inverse qui se passe. En plus d’être rongée de l’intérieur, la Gauche est attaquée par les flancs, surtout par son flanc droite en fait. Yannick Jadot, qui conduit la liste EUROPE ÉCOLOGIE, explique partout qu’il n’est surtout pas de gauche, mais un sorte d’équivalent d’Emmanuel Macron en un peu moins libéral. Il entraîne cependant avec lui beaucoup de gens de gauche, notamment des personnes qui sont ou étaient liées aux Verts.

> Lire également : Yannick Jadot fait en sorte qu’EELV tourne le dos à la Gauche

C’est d’ailleurs exactement la même chose pour l’ancienne socialiste Delphine Batho, présente sur la liste URGENCE ÉCOLOGIE, qui avait expliqué récemment qu’elle n’est plus de gauche.

Il se passe bien-sûr la même chose avec la formation de Jean-Luc Mélenchon, la France insoumise, qui assume ouvertement le populisme plutôt que la gauche, mais attire à elle une partie de l’électorat de la gauche. La tête de la liste LA FRANCE INSOUMISE, Manon Aubry, n’est pas de gauche mais entend bien s’accaparer des voix pour faire un score important et mettre la Gauche dans les cordes.

> Lire également : Alexis Corbière assume de rejeter la Gauche

À gauche de la Gauche, si l’on peut dire les choses ainsi, il y a les listes LUTTE OUVRIERE – CONTRE LE GRAND CAPITAL, LE CAMP DES TRAVAILLEURS menée par Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière et PARTI RÉVOLUTIONNAIRE COMMUNISTES menée par
Antonio Sanchez, issu du PCF. Cela ne représente toutefois a priori pas grand-chose et ces personnes n’ont de toutes manières, traditionnellement jamais fait le choix de l’unité à Gauche, à part pour des visées électoralistes.

Cela n’est pas tout. La Gauche, en étant incapable de se positionner comme un pôle clair et dynamique aux yeux de la société française, favorise de surcroît un éparpillement des initiatives. Il y a parmi les 33 listes déposées officiellement pour les élections du 26 mai prochain, beaucoup de petites listes que l’on pourrait qualifier de « thématiques » et qui pourraient séduire des gens de gauche.

C’est le cas par exemple de la liste « animaliste », de la liste « décroissance », de la liste censée représenter les jeunes ( ALLONS ENFANTS ) ou encore les questions liées au numérique ( PARTI PIRATE ), et même d’une certaine manière des « listes gilets jaunes ».

Tout cela relève de problématiques qui devraient être largement assumées par la Gauche, qui attirerait alors à elle les initiatives, pour former un grand élan démocratique et populaire dans la société française. Il en est de même évidemment de l’écologie, qui n’a pas de raison d’être considérée de manière autonome, mais doit faire partie de la proposition d’ensemble de la Gauche.

C’est d’ailleurs ce que disent tant Raphaël Glucksmann que Benoît Hamon et Ian Brossat, sauf que la dynamique de gauche n’est pas suffisamment puissante pour que cela se traduise concrètement, ici dans les votes, et autrement dans les pratiques quotidiennes et les préoccupations politiques concrètes.

La Gauche donc, risque de se retrouver bien mal dans trois semaines, avec un score très faible et une incapacité à faire front face au grand succès d’extrême-Droite qui se profile. Si, de son côté, l’extrême-Droite connaît aussi de nombreuses listes, celles-ci sont bien plus l’illustration d’une dynamique générale que d’un éparpillement. La liste PRENEZ LE POUVOIR, LISTE SOUTENUE PAR MARINE LE PEN de Jordan Bardella du Rassemblement national est promise à un très gros score et pourrait même obtenir le meilleur score en France, devant la liste représentant la majorité présidentielle.

La Gauche ne sera en mesure d’y faire face qu’en faisant front, en assumant ses valeurs historiques liées au mouvement ouvrier, en assumant le Socialisme, en assumant de vouloir réellement changer la vie pour emmener avec elle les classes populaires vers de meilleurs lendemains.

N’avoir aucun député européen à l’issue de ces élections ne changerait pas grand-chose à la donne politique et à la possibilité de construire un Front populaire dans les années à venir. Cela serait toutefois un échec symbolique retentissant pour la Gauche, qu’il vaudrait probablement mieux éviter.

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Un premier mai 2019 viennois comme tour de force social-démocrate

La social-démocratie autrichienne a connu la même crise que le Parti socialiste en France aujourd’hui. Repartie sur les fondamentaux, elle s’est totalement relancée.

Sur l’image ci-dessus, on voit la dirigeante de la social-démocratie autrichienne avec deux pins. Le premier montre le logo du parti entouré des étoiles de l’Europe. Le second indique « cent ans de Vienne la rouge, SPÖ », avec en logo un dessin représentant la cité Karl Marx, le plus grand HLM construit dans les années 1920 par la mairie social-démocrate, bastion ouvrier et lieu de la résistance au coup d’État austro-fasciste de 1934.

C’est un double positionnement qui témoigne d’une remise en question fondamentale, que le Parti socialiste a de son côté raté en France.

Il y a quelques temps, la social-démocratie autrichienne était pourtant pratiquement aussi mal que le Parti socialiste de notre pays. Les raisons étaient les mêmes, à ceci près que le SPÖ était qui plus est imbriqué dans l’appareil d’État depuis 1945, participant à des gouvernements de coalition avec la Droite. Autant dire que sa légitimité était brisée.

L’arrivée au gouvernement de la Droite et de l’extrême-Droite aurait donc pu porter le coup de grâce. Seulement, le SPÖ a fait le contraire du Parti socialiste en France : il est reparti puiser dans ses sources. N’ayant jamais abandonné ses traditions, il a pu relancer sa base, comme en témoigne le premier mai 2019.

Ce sont plus de 100 000 personnes, pour un pays d’un peu moins de neuf millions d’habitants, qui ont convergé de toute la ville vers la mairie. Celle-ci est un bastion social-démocrate depuis toujours, avec une grande majorité de la ville qui fut membre du parti dans les années 1920, diffusant un austro-marxisme multipliant les initiatives de grande ampleur, notamment dans la question du logement.

Voici la liste des points de rassemblements des 23 arrondissements de la ville. Vienne a une superficie de 414,89 km², contre 105,4 km² pour Paris intra-muros ; avec quasi deux millions d’habitants, elle est la seconde ville germanophone la plus peuplée. Pour cette raison, les habitants du 23e arrondissement sont venus en bus, étant trop éloignés du centre. Les autres sont venus par contre en cortège, parfois avec des orchestres, depuis les 22 autres arrondissements.

Voici une image de propagande du SPÖ, avec le maire de la ville. Sur la pancarte au fond à gauche, un peu floue, on lit : « Dépassement du capitalisme ! » Derrière le maire, le drapeau avec les trois flèches, entourés du cercle de l’unité, symbole de la social-démocratie autrichienne après 1945 ( il n’y avait auparavant pas le cercle ).

Sur cette autre affiche du SPÖ, largement propagée dans la ville de Vienne, on lit le slogan « Ensemble, nous sommes Vienne » et on voit Victor Adler, Autrichien juif qui fut le premier grand dirigeant de la social-démocratie, à partir de 1888. On notera que le SPÖ ne mentionne cependant jamais Otto Bauer, autre Autrichien juif, qui dirigea le parti durant les années 1920, mais défendait une ligne qui était alors la plus à gauche dans toute la social-démocratie européenne d’alors.

Le message du SPÖ sur les réseaux sociaux à l’occasion du premier mai. « Vive le premier mai », « L’être humain au lieu du monopole », « Le cortège de mai d’aujourd’hui se situe sous le signe des votes pour les élections européennes – toi aussi fais en partie. Ici la liste des rendez-vous ». Le slogan principal est « Vive le premier mai », « Liberté, égalité, justice ». En dessous : « Partage cette image si tu places les intérêts des employés avant ceux de ceux des monopoles ! ».

La photographie du grand rassemblement devant la mairie. Aux drapeaux du SPÖ et de ceux de l’Union européenne, s’ajoutait une variante de celui de l’UE, mise en rouge et avec les trois flèches.

La photographie de la mairie, avec le symbole des trois flèches au-dessus du podium, ainsi que des hommes en rouge sur la toile protégeant la réfection de la tour principale.

Le podium en gros plan, avec les trois flèches.

Le maire de la ville et la dirigeante de la social-démocratie autrichienne, Pamela Rendi-Wagner, tous deux avec des fanions rouges. Celui de la dirigeante est frappé du cercle et des trois flèches.

Au moyen de ballons, une banderole a été soulevée par la jeunesse du SPÖ, appelant à aller plus loin : « Cela suffit avec le silence, en avant pour l’opposition ! »

On notera qu’une section locale du SPÖ a fait une bannière pour rejeter Thomas Drozda, figure opportuniste : « Drozda, tu as regardé l’heure ? Il est temps de partir ! ». Il en est de même pour une autre section dont la bannière disait : « Il est cinq minutes avant minuit, y compris sur ta Rolex ! »

Naturellement, on pourra critiquer le programme, l’opportunisme, l’hypocrisie, etc. ; en attendant, il y a une Gauche, forte, puisant aussi dans ses traditions historiques. Et cela sans être à la remorque des syndicats. Il est vrai que ce qui aide, c’est qu’il n’y a en a qu’un et que les élections à la chambre du travail se font pas fractions. La fraction social-démocrate écrase tout le monde en faisant 60%, les autres étant au mieux très loin derrière.

Et cela sans les fonctionnaires, qui ne participent pas au vote de la dite chambre. Imagine-t-on en France la Gauche politique obtenir 60% dans les votes pour les syndicats du privé ? Et pourtant, c’est à cela qu’il faudra parvenir !

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Raphaël Glucksmann falsifie Jean Jaurès pour son premier meeting

Cherchant à faire les yeux doux aux socialistes pour son premier meeting des Européennes, Raphaël Glucksmann a cité Jean Jaurès. Mais, évidemment, il a été obligé de falsifier la citation, qui parlait effectivement bien de réforme, mais de réforme pour abolir le salariat, supprimer tout le capitalisme ainsi que la propriété bourgeoise…

Ce samedi se tenait à Toulouse un petit meeting du Parti socialiste, de Place publique et de Nouvelle donne. C’est évidemment Raphaël Glucksmann qui était attendu au tournant, après sa prestation considérée comme très faible et sans orientation lors du premier débat télévisé des élections européennes de mai 2019.

Cherchant à convaincre, il s’est lancé notamment dans une longue citation de Jean Jaurès, qu’il a bien entendu dû totalement modifier pour que cela passe. Jean Jaurès était un effet un réformiste, mais un réformiste membre du Parti socialiste SFIO et donc visant tout de même le socialisme, c’est-à-dire la socialisation des moyens de production.

Voici la citation telle que Raphaël Glucksmann l’a lue lors du meeting de Toulouse :

« Parce que le Parti socialiste est un parti de révolution, précisément parce qu’il ne se borne pas à réformer et à pallier les pires abus du régime actuel, mais veut réformer en son principe et en son fond ce régime même, il est le parti le plus activement et le plus réellement réformateur.

Il est le seul parti qui puisse donner à toute tentative partielle d’affranchissement et d’amélioration, la plénitude d’une force que rien n’arrête et que rien n’effraie. »

Raphaël Glucksmann a ensuite parlé de radicalisme et de réformisme comme étant ce qui caractérise le Parti socialiste, à l’opposé des tentatives « autoritaires » comme celle des bolcheviks. En apparence, c’est de l’anticommunisme, en réalité c’est de l’antisocialisme.

Ce n’est pas pour rien qu’au meeting, il a par ailleurs souligné que les socialistes, c’était Jaurès et Blum, mais aussi Mendès-France et Rocard. Car ces deux dernières figures n’étaient que des figures de centre-gauche, n’ayant justement rien à voir avec le Jaurès et Blum, avec les valeurs du socialisme.

Et Jaurès donc, bien qu’il n’ait jamais agi dans l’esprit de la social-démocratie allemande – avec son marxisme orthodoxe porté par Karl Kautsky – appartenait bien à un parti voulant le socialisme. Pour cette raison, Raphaël Glucksmann a été obligé de falsifier la citation de Jean Jaurès.

Voici les propos réels de Jean Jaurès, au congrès de Toulouse du Parti socialiste SFIO, en 1908 :

« Nous vous disons, précisément parce que le Parti socialiste est un parti de révolution, précisément parce qu’il ne se borne pas à réformer et à pallier les pires abus du régime actuel, mais veut réformer en son principe et en son fond ce régime même, précisément parce qu’il veut abolir le salariat, résorber et supprimer tout le capitalisme, précisément parce qu’il est un parti essentiellement révolutionnaire, il est le parti le plus activement et le plus réellement réformateur.

Précisément parce qu’il n’est pas arrêté, dans sa revendication incessante, par le droit, périmé à ses yeux, de la propriété bourgeoise et capitaliste, il est le seul parti qui puisse pousser toutes les réformes jusqu’à la réforme totale et il est le seul parti qui puisse donner à chaque réforme, à chaque tentative partielle d’affranchissement et d’amélioration, la plénitude d’une force que rien n’arrête et que rien n’effraie. »

« Abolir le salariat, résorber et supprimer tout le capitalisme », « la propriété bourgeoise et capitaliste » comme un droit périmé… Cela est bien loin de Raphaël Glucksmann et de son style grand-bourgeois Paris-New-York. C’est à l’opposé les valeurs de la Gauche historique, dont nous avons besoin aujourd’hui.