Catégories
Politique

La « nationalisation » d’EDF pour « l’indépendance » de la France

C’est un Brexit à la Française.

Le Royaume-Uni a eu son Brexit et la France emprunte le même chemin. Non pas que le « Frexit » soit d’actualité, il n’est pas question pour la France de quitter l’Union européenne, dont elle est encore le moteur avec l’Allemagne. Il y a par contre la même tendance qu’au Royaume-Uni au repli nationaliste.

Ce repli est une réaction face au ratatinement du capitalisme dans le cadre de la crise. Si en période d’expansion, le capitalisme prône l’ouverture sur le monde par le marché, en période de crise il y a au contraire une tendance à vouloir faire face au monde.

La « nationalisation » d’EDF votée par l’Assemblée nationale le mardi 26 juillet est précisément l’expression de cela. L’État va reprendre le contrôle total de l’entreprise énergétique avec comme objectif de renforcer « l’indépendance énergétique de la France ».

L’enjeu, expliqué par Bruno Le Maire, le ministre en charge des questions économiques est très facile à comprendre :

« Nationaliser EDF, c’est nous donner toutes les chances d’être indépendants. »

Concrètement, il s’agit pour l’État français d’avoir les mains entièrement libres pour renforcer à vitesse grand V le parc nucléaire français, pour minimiser sa « dépendance » commerciale sur les questions énergétiques.

Il faut s’attendre à ce que la France mette en parallèle la pression contre l’Union européenne et l’indexation (harmonisation) des prix de l’énergie, afin qu’EDF (donc la France) puisse définir seule les prix. C’est donc une contre-tendance à la tendance capitaliste voulant l’ouverture par le marché. C’est typique de notre époque de crise et de guerre, où les monopoles nationaux prennent un rôle toujours plus importants nationalement.

Il y a en arrière-plan bien sûr la guerre en Ukraine et l’embargo économique contre le gaz et le pétrole russe, qui chamboulent totalement le marché mondial. La France s’imagine – en pillant par contre les mines d’uranium sur le continent africain – garantir son « indépendance » avec le nucléaire et ainsi faire face dans la grande bataille pour le repartage du monde. En pratique toutefois, cela ressemble plus à une tentative en catastrophe de sauver les meubles.

Actuellement, plus de la moitié des 56 réacteurs nucléaires sont à l’arrêt, pour maintenance ou des problèmes de corrosion. Le parc nucléaire est vieillissant, avec en plus de cela une dette de 60 milliards d’euros pour EDF. La France est en faillite comme le montre sa dette, mais comme elle a encore beaucoup de moyens financiers, il est donc prétendu pouvoir aller de l’avant sur le plan énergétique en mettant le paquet sur le nucléaire.

La prétention à aller de l’avant est un mensonge évidemment, et quiconque s’imaginerait un instant que la « nationalisation » d’EDF ait un accent social, ne serait-ce que comme aspect secondaire, se met le doigt dans l’œil et court à la désillusion.

La nationalisation d’EDF, cela va être un sauvetage à marche forcé, avec aucun véritable élan et en vérité très peu de moyens. Cela signifie donc une pressurisation des travailleurs, ainsi que le moins-disant sur le plan de la sécurité et de l’écologie. D’ailleurs, l’écologie passe totalement à la trappe et le nucléaire ne souffre plus d’aucune contestation. Le consensus est total pour sauver le capitalisme : le nucléaire doit être là pour ça.

On notera également qu’il faut ici parler de « nationalisation » ou de « renationalisation » simplement avec des guillemets, car il ne s’agit pas de cela. EDF est déjà une entreprise publique puisque l’État possède (et a toujours possédé depuis sa création) plus de la moitié de son capital. En l’occurrence l’État possède près de 85% du capital d’EDF. La nouveauté est simplement que le projet de budget rectificatif pour 2022 prévoit le rachat des 15% manquants (pour près de 10 milliards d’euros).

On est là dans une tambouille assez technique, mais certainement pas dans la « nationalisation » d’une entreprise en fait déjà publique. Mais plus personne ne connaît rien à rien et tout le monde raconte systématiquement n’importe quoi, de manière racoleuse. Le gouvernement parle de « nationalisation » pour chercher un élan dans l’opinion publique, et il n’y a personne pour le contredire.

C’est donc une véritable catastrophe. Les Français qui ont été prompts à moquer, voire vilipender les Britanniques pour le Brexit, ne voient pas qu’il se déroule aujourd’hui exactement le même processus de repli en France.

La différence, c’est qu’au moins au Royaume-Uni il y avait débat (bien que de manière faible), et pas loin de la moitié de la population était contre. En France, le consensus pour un Brexit à la française est presque total, tellement c’est l’apathie démocratique et partout la fête du capitalisme, ainsi qu’aux rêves impériaux aux dépens d’une Russie présentée comme un démon à exorciser par la guerre.

Catégories
Écologie

Nouveaux EPR: le communiqué du Réseau Sortir du nucléaire

Emmanuel Macron a annoncé vouloir relancer massivement l’énergie nucléaire en France.

Le communiqué du Réseau sortir du nucléaire :

« 14 nouveaux EPR ? L’irresponsabilité en marche ! Un projet antidémocratique, hors de prix, et un leurre dans la lutte contre le changement climatique

Communiqué du 10 février 2022

Lors d’un show grandiloquent avec une mise en scène gaullienne, Emmanuel Macron vient d’officialiser son intention de construire 6 à 14 nouveaux réacteurs en France dans les décennies à venir, tout en remettant en question les fermetures déjà prévues. Nous appelons à la mobilisation contre cette relance qui, non contente de faire perdurer le risque nucléaire pendant des décennies, constituerait une impasse totale face à l’urgence climatique.

Un fait accompli inacceptable

En une dizaine de minutes, le président-candidat a annoncé un programme pharaonique de relance tous azimuts du nucléaire : 6 à 14 nouveaux réacteurs, prolongation de l’ensemble du parc, projets de petits réacteurs modulaires, reprise des études sur la 4ème génération… En fin de mandat, il réalise ainsi un carton plein pour répondre à tous les désirs de la filière.

En mettant la population devant le fait accompli de ces annonces, Emmanuel Macron fait preuve d’un immense mépris pour la démocratie. Cela fait des années que le gouvernement, dans l’opacité la plus totale, menait ses tractations avec EDF en vue de la construction de ces réacteurs. À aucun moment il n’a été envisagé de soumettre aux citoyen·nes ou à leurs représentant·es ces projets, qui relèvent d’un choix de société et enfermeraient notre pays pour encore près d’un siècle dans une voie dangereuse et aberrante.

Le débat public annoncé, suivi d’une concertation parlementaire pour réviser la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie, apparaît comme une procédure légale de pure forme qui n’aurait aucunement vocation à remettre en question le projet du président-candidat.

Les nouveaux réacteurs ne sont pas « incontournables », mais une perte de temps face à l’urgence climatique !

Présenter ce projet pharaonique comme incontournable est aussi révoltant que fallacieux. De manière mensongère, Emmanuel Macron prétend que ces constructions massives et toutes ces prolongations seraient indispensables pour atteindre la neutralité carbone, « oubliant » que les travaux de RTE avaient démontré voici quelques mois que cet objectif pouvait aussi être atteint grâce au 100 % renouvelable et ce sans remettre en question la sécurité d’approvisionnement.

Le bourbier sans fin de l’EPR de Flamanville, ses 11 ans de retard, ses coûts phénoménaux et son avalanche de malfaçons, n’ont donc pas servi de leçon pour que la France décide de reproduire cette sinistre aventure en 14 exemplaires ? Qui peut sérieusement croire que la filière nucléaire, lourdement endettée, récemment marquée par de multiples affaires de malfaçons et de fraudes et par une perte de compétence et une fragilité pointées par l’Autorité de sûreté nucléaire, se remettrait magiquement en ordre de marche pour fournir autant de réacteurs en temps et en heure, sans défauts, retard ni surcoût ?

Comment peut-il tenir un tel discours alors qu’un document interne de la Direction Générale de l’Énergie et du Climat, dévoilé par le média Contexte.com en octobre, montre précisément que ces nouveaux réacteurs ne pourraient pas sortir de terre dans les délais indiqués, ce qui rend caducs les scénarii reposant sur cette relance ?

Tabler sur ces nouveaux réacteurs, lents à construire, vulnérables aux retards et aléas de toutes sortes, revient tout simplement à mettre en péril nos échéances d’atteinte de la neutralité carbone ! Il s’agirait là d’une perte de temps impardonnable et d’un inacceptable gaspillage d’argent public, au détriment des économies d’énergie et des énergies renouvelables, dont les coûts sont pourtant bien inférieurs à ceux du nouveau nucléaire.

Alors que nous nous acheminons vers un monde plus incertain, marqué par les phénomènes climatiques extrêmes, l’urgence devrait être de tabler sur un système énergétique sobre, renouvelable et résilient. Pas sur la relance d’une technologie complexe, dangereuse, vulnérable aux aléas et productrice de déchets ingérables (à propos desquels, bien opportunément, il ne touche pas un mot par ailleurs) !. Où seraient construits ces 14 nouveaux réacteurs ? Sur des littoraux menacés de submersion ? Sur des cours d’eau dont le débit deviendra trop bas ?

Des fermetures rayées d’un trait

En un clin d’oeil, Emmanuel Macron a ordonné la prolongation de l’ensemble du parc au-delà de 50 ans de fonctionnement, revenant sur les fermetures déjà prévues dans le cadre de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie et prévues par la loi. Là encore, le mépris total et l’aveuglement prévalent. Qui peut croire à la faisabilité d’un tel projet, mené en parallèle des nouvelles constructions et exigeant des travaux lourds et inédits sur tous les réacteurs ? Alors qu’EDF a déjà des difficultés à assurer une maintenance correcte de ses installations, que se multiplient les arrêts imprévus de réacteurs et que la découverte de défauts de corrosion porte déjà la disponibilité du parc à un minimum historique ? Rappelons par ailleurs que les cuves des réacteurs français n’ont pas été conçues pour une utilisation au-delà de 40 ans et que dans le monde, seule une poignée de réacteurs a actuellement dépassé les 50 ans !

Nous refusons d’être condamné·es à la relance du nucléaire !

Emmanuel Macron, président en campagne, n’est malheureusement pas le seul à faire allégeance au lobby de l’atome. Parmi la majorité des candidat·es à l’élection présidentielle, la surenchère règne : c’est à qui construira le plus de réacteurs petits ou gros, à qui reviendra sur des fermetures déjà annoncées voire tentera de ressusciter des sites déjà fermés, quitte à multiplier les promesses bidons. La défense du nucléaire tient lieu de totem masquant le vide souvent abyssal de leurs engagements sur l’environnement et le climat.

Cette surenchère apparaît profondément hors sol, alors que l’immense majorité des Français·es, à des degrés plus ou moins prononcés, s’avoue préoccupée par le risque nucléaire et que 58% seraient prêt.es à voter pour une personne engageant le pays dans la sortie du nucléaire. À quel prix se fera cette relance qui ne bénéficiera qu’aux industriels du secteurs ? En taillant dans quels budgets pour y prélever l’argent public nécessaire ?

Nous appelons à la mobilisation générale contre cette fuite en avant et ce fait accompli. Ruineux, dangereux, perte de temps face à l’urgence climatique, ces projets démentiels doivent être stoppés !« 

Catégories
Écologie

Emmanuel Macron et « le temps de la renaissance nucléaire »

Le nucléaire ne souffre plus d’aucune contestation ou presque en France.

Le nucléaire est la technologie des enfants pourris gâtés du capitalisme. Et ces enfants du capitalisme n’en ont strictement rien à faire de leur propre descendance, à qui ils comptent bien léguer toujours plus de déchets radioactifs pour des centaines et des centaines d’années.

Le processus de fission atomique pour produire de l’énergie est monstrueux. C’est en quelque sorte la pollution ultime puisqu’il s’agit de casser la matière elle-même, au niveau atomique, pour en dégager l’extraordinaire puissance énergétique accumulée pendant des milliards d’années grâce à notre astre le soleil.

Le prix à payer pour casser la matière, c’est la production de déchets radioactifs extrêmement nocifs, ainsi que l’immense risque de catastrophe pour les populations, les animaux et la nature en cas d’accident. On le sait, car l’humanité a déjà connu Tchernobyl, mais cela n’a pas suffi… Puis il y a eu Fukushima, où la catastrophe a été relativement maîtrisée (toute proportion gardée), mais dont le potentiel destructif était gigantesque, et a été évité de peu.

Le choc de Fukushima a été immense dans le monde et cela fait par exemple qu’en Allemagne, il a été décidé d’en finir avec ces bombes à retardement que sont les centrales nucléaires (cela sera fait d’ici la fin de l’année 2022). La différence d’avec la France, c’est que les Allemands ont une mentalité bien plus pragmatique, ils s’imaginent pouvoir facilement relever n’importe quel défi industriel, technologique ; se passer du nucléaire est envisageable, quitte à produire en attendant plus de CO2.

Tel n’est pas le raisonnement des Français et leur mentalité étriquée d’ingénieurs s’imaginant tout pouvoir régler administrativement, par en haut, par magie. Le nucléaire est ici typiquement une réponse administrative-magique à la française, pour continuer coûte que coûte le train-train du capitalisme, en contournant la question du réchauffement climatique.

Il faut éviter les émissions de CO2 ? Pas de problème, mais ne changeons surtout pas nos habitudes, grâce au nucléaire, pensent les Français.

Et donc, c’est ce qu’a annoncé le président Emmanuel Macron, comme perspective à son nouveau mandat qu’il devrait bientôt briguer. Avec un « plan » exposé à Belfort jeudi 10 février 2022, il a parlé de pas moins de six nouveaux réacteur EPR, ainsi que huit autres à l’étude d’ici à 2050.

C’est gigantesque, avec l’ambition de tout électrifier en France, à commencer par le parc automobile. Hors de question de changer le mode de vie ultra-consommateur des Français et leur « idéal » banlieue pavillonnaire/automobile systématique.

« Il nous faut reprendre le fil de la grande aventure du nucléaire civil en France (…).

À ceux qui affirment que nous n’aurions pas besoin de nucléaire, je veux exposer la situation en toute transparence.

Nous avons, en France, la chance, grâce à la vision du Général DE GAULLE, prolongée par le président POMPIDOU, grâce à l’excellence de ce bien commun qui est notre entreprise nationale EDF, à Marcel BOITEUX et à tous ceux qui lui ont ensuite succédé, grâce aussi à l’ensemble des agents, de celles et ceux qui ont construit, bâtit ce savoir-faire et l’ont développé, grâce aussi à toutes les filières qui, partout sur le territoire ont pu accompagner cet effort historique, dans toutes les entreprises de notre pays, de pouvoir compter sur une industrie nucléaire forte, riche de savoir-faire et de centaines de milliers d’emplois.

Cette chance, nous devons la saisir (…).

Oui, se noue ici [à Belfort] quelque chose de la France que nous voulons pour 2030, une France qui, sur le terreau de son passé, sur ces terres qui ont porté notre histoire industrielle, sur la force et la base de ces savoir-faire que savons su construire et transmettre, une France qui renoue avec sa grande histoire industrielle, regarde l’avenir et montre le chemin.

Oui, le temps de la renaissance nucléaire est là, le temps de la renaissance industrielle aussi, reposant sur la recherche technologique, reposant sur la fabrication, reposant sur à la fois le numérique et les métiers les plus industriels.

C’est la réconciliation de ce qu’on a trop longtemps opposé. Une France qui, par les savoir-faire de ses ingénieurs, de ses ouvriers, de ses travailleurs, invente pour le monde une industrie de progrès et de solutions aux défis des temps. »

En 2017, Emmanuel Macron ne tenait pourtant pas du tout ce discours. Lors de la campagne électorale, Emmanuel Macron prévoyait une diminution progressive de la part du nucléaire dans la production d’électricité, et évoquait la question du coût réel de cette technologie (utra-subventionnée en France) en donnant raison aux « écologistes » ayant mis le sujet sur la table.

Mais c’était il y a 5 ans, et les Français n’étaient pas les mêmes, ils étaient encore capables de questionnement, de raisonnement, grâce à des succès du mouvement anti-nucléaire si durement conquis… Qu’on pense à la terrible traversée du désert des années 1980-1990-2000, où le nucléaire était littéralement tabou.

Le changement majeur, depuis les avancées, c’est que la crise est passée par là et ce qui compte maintenant c’est uniquement de renforcer le capitalisme national. Même pas de le maintenir, mais bien de le renforcer, pour avancer en marche forcée. Dans le contexte actuel de crise énergétique, d’inflation et de tensions guerrières mondiales conditionnant les approvisionnements en matières premières, la France du capitalisme se tourne donc à nouveau unilatéralement vers le nucléaire, dans une logique autarcique et colonial en même temps.

C’est une preuve que l’époque a clairement changé, que le capitalisme est ouvertement en mode rouleau compresseur et rien ne doit plus s’opposer à sa tentative de trouver une nouvelle expansion. La question du nucléaire n’y échappe pas en France et les propos d’Emmanuel Macron sont on ne peut plus clair à ce sujet : la France se veut « de retour ».

Catégories
Écologie

L’Union européenne envisage de classer le nucléaire comme énergie « durable »

Le nucléaire peut bénéficier d’investissements « écologiques» selon la Commission européenne.

La fission nucléaire est une horreur totale sur le plan écologique en raison de sa dangerosité. La moindre faille, comme à Tchernobyl en 1986 ou Fukushima en 2011, et c’est un désastre pour l’environnement, les animaux et les êtres humains pendant des années et des années. Cela bien sûr sans compter sur la question des déchets produits par la fission nucléaire dans les réacteurs, qui doivent être enfouis sous terre dans des sarcophages pour des centaines d’années au moins.

C’est pour cela que les mouvements écologistes dans les années 1970 se sont fortement opposés à l’énergie nucléaire et la construction de centrales nucléaires. La question du nucléaire est d’ailleurs directement à l’origine de l’engagement écologiste de nombreuses personnes, tellement cela représente quelque chose d’horrible sur le plan environnemental, mais aussi moral.

En Allemagne, le mouvement écologiste anti-nucléaire a été historiquement très fort, ce qui fait que le capitalisme allemand n’a jamais fondamentalement misé sur cette technologie, puis a finalement reculé sur la question après la catastrophe de Fukushima. D’ici à la fin de cette année 2022, il ne doit plus y avoir de centrale nucléaire en activité dans le pays. Trois réacteurs ont été débranchés le 31 décembre 2021, et il n’en reste plus que trois en activité dont le débranchement est prévu dans l’année.

Tel n’est pas le cas en France, pays d’« ingénieurs » s’imaginant au-dessus de la nature, où le nucléaire est massif et représente 70 % de la production d’électricité. Il y a 18 centrales totalisant 56 réacteurs nucléaires, pour une production de 379,5 térawatt-heure, ce qui rend le pays totalement dépendant à cette énergie.

De surcroît, l’objectif de la France (avec le gouvernement actuel, mais aussi pour la plupart des candidats à la présidentielle 2022) est justement de s’appuyer sur cette énergie nucléaire dans le cadre de la limitation des émissions de gaz à effet de serre, particulièrement de CO2. Il se pose toutefois un problème pour la France, qui est que le nucléaire n’est pas officiellement une énergie « verte », et que donc les investissements considérés comme « durables », « écologiques », « verts », ne peuvent pas être dirigés vers le financement du nucléaire.

Voilà pourquoi la Commission européenne, organe anti-démocratique par excellence, a dévoilé le 31 décembre 2021 un projet de labellisation « verte » pour le nucléaire, afin de classer les investissements dans les centrales nucléaires comme « durables ». Le texte affirme ainsi qu’il est « nécessaire de reconnaître que les secteurs du gaz naturel et l’énergie nucléaire peuvent contribuer à décarboniser [SIC] l’économie de l’Union européenne », avec comme objectif de diriger les investissements « durables » vers de nouvelles centrales nucléaires.

Le nucléaire est donc amené à se développer dans les vingts prochaines années, et cela au nom de la lutte contre le réchauffement climatique… C’est un véritable désastre, mais quasiment personne n’en parle, alors que les « députés » européens sont censés en débattre et voter ce texte d’ici à la mi-janvier.

L’Allemagne, avec sa coalition politique « tricolore » où les « Verts » ont une place importante, critique forcément cette option, crédibilité oblige. Le vice-chancelier Robert Habeck accuse la Commission européenne de « greenwashing, en prétendant appliquer une politique verte, pour couvrir en réalité des pratiques destructrices pour l’environnement ». C’est également la position de l’Autriche, où le nucléaire est constitutionnellement banni. Mais cela ne fera pas le poids en raison de la force de la France sur cette question, accompagnée d’autres pays telles la Pologne ou la République Tchèque.

La question du nucléaire est d’ailleurs symptomatique de l’état de décomposition sociale et culturelle des forces vives du pays en France, particulièrement de la classe ouvrière. Car le PCF et la CGT ont été dans la seconde partie du XXe siècle d’ardents accompagnateurs et défenseurs de l’industrie nucléaire. En fait, en France personne n’en a rien à faire, malgré que la consommation électrique de chaque habitant, selon les chiffres d’EDF, produit près de 2 kg de déchets radioactifs par an… On imagine que les Français prêteraient plus d’attention à la question si ces déchets devaient être enfouis dans leur propre jardin, eux qui sont si attachés à leur rêve pavillonnaire petit-bourgeois et leur vie bien tranquille.

En attendant, l’Union européenne s’apprête à favoriser un choix déterminant pour les prochaines décennies, alors que le nucléaire est déjà ultra-dominant et qu’il sera très difficile d’en sortir.

C’est tellement un désastre que la Commission européenne se moque ouvertement du monde dans son texte avec de prétendus gardes-fous écologiques. Il est expliqué qu’une centrale nucléaire ne sera considérée comme « verte » uniquement si elle dispose « d’un plan, de fonds et d’un site pour éliminer en toute sécurité les déchets radioactifs ». Quelle blague, comme si des centrales nucléaires étaient construites sans prétendre à « régler » la question des déchets. C’est là une totale langue de bois.

Jamais une Gauche authentique, viscéralement attaché aux intérêts fondamentaux du peuple et consciente de la Nature, n’aurait pu laisser faire en France une telle hégémonie du nucléaire. Il est grand temps de faire le ménage pour laisser place à une nouvelle génération de gauche, à la vraie Gauche, celle s’appuyant sur ses valeurs historiques, qui se donnera pour mission essentielle de démanteler cet immonde appareil techno-industriel du capitalisme triomphant qu’est l’industrie nucléaire.

Catégories
Écologie

L’autorité de sureté nucléaire s’inquiète de la gestion des déchets radioactifs

Le nucléaire est une folie, et c’est d’autant plus une folie quand il a lieu dans le cadre d’un capitalisme en crise, de plus en plus incapable d’assurer des choses aussi élémentaires que penser à s’occuper des déchets radioactifs… Voici à ce sujet le communiqué très inquiétant de l’autorité de sûreté nucléaire, un organisme d’État.

« L’ASN a rendu ses avis sur la gestion des matières et déchets radioactifs

Publié le 07/06/2021 à 14:00

Note d’information

Saisie par le ministère chargé de l’énergie dans le cadre de l’édition 2016-2018 du Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR), l’ASN a rendu, en 2020 et 2021, sept avis sur la gestion des matières et des déchets radioactifs produits sur le territoire national. Dans ces avis, l’ASN souligne notamment le fait que des décisions seront nécessaires, à court terme, afin que des filières de gestion sûres soient disponibles pour tous les types de déchets radioactifs dans les 15 à 20 ans à venir.

Ces avis se fondent sur l’analyse approfondie des études remises par les producteurs et gestionnaires de matières et déchets radioactifs en application de l’arrêté du 23 février 2017[1], sur les conclusions du débat public mené pour la première fois en 2019 en vue de la préparation du 5e PNGMDR, et sur les grandes orientations décidées par la ministre de la transition écologique et le président de l’ASN le 21 février 2020 à la suite du débat public. Ils ont pour objectif de fournir des recommandations d’actions concrètes, sur des sujets pour lesquels des décisions peuvent être prises dès à présent ou à défaut, pendant la durée du plan.

L’ASN insiste sur l’importance d’anticiper les choix de gestion des matières et des déchets radioactifs. En particulier, l’ASN considère que :

  • le caractère valorisable des matières radioactives doit être apprécié en tenant compte des horizons temporels de disponibilité des filières industrielles d’utilisation de ces matières, et des volumes de matières concernés. La valorisation d’une matière radioactive peut être considérée comme plausible si l’existence d’une filière industrielle est réaliste à un horizon d’une trentaine d’années. Pour toute perspective plus lointaine, il est nécessaire d’anticiper les besoins d’entreposage sur les durées correspondantes, plus longues qu’une trentaine d’années, dans des conditions sûres, et la gestion possible de la substance radioactive en tant que déchetEn tout état de cause, l’absence de perspective d’utilisation à l’horizon d’une centaine d’années doit conduire à requalifier la substance en déchet. Ces principes doivent être notamment appliqués pour une quantité substantielle de l’uranium appauvri actuellement entreposé en tant que matière ;
  • la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie devra définir les perspectives audelà de 2040 en matière de retraitement des combustibles usés afin que les actions nécessaires à un arrêt ou à une poursuite de cette politique puissent être anticipées ;
  • Dans l’attente de solution de stockage, les besoins en entreposage doivent être anticipés. En particulier, la réalisation de capacités supplémentaires pour l’entreposage de combustibles usés constitue un enjeu stratégique pour la sûreté globale des installations nucléaires. EDF doit déposer au plus tôt un dossier de demande d’autorisation de création pour l’option d’une piscine d’entreposage centralisé qu’elle a choisi ;
  • l’entreposage de longue durée ne peut pas constituer une solution définitive pour la gestion des déchets à haute activité à vie longue. Il suppose en effet le maintien d’un contrôle de la part de la société et la reprise des déchets par les générations futures, ce qui semble difficile à garantir sur des périodes de plusieurs centaines d’années ;
  • la transmutation des déchets déjà conditionnés de l’inventaire de réserve de Cigéo n’est pas une perspective crédible à l’échelle industrielle. Si des études devaient se poursuivre sur le sujet, il conviendrait de les faire porter sur la transmutation des substances radioactives actuellement qualifiées de matières ou sur la transmutation des déchets produits par un futur parc de réacteurs ;
  • les producteurs doivent mettre en œuvre un programme ambitieux de caractérisation des colis de déchets bitumés, indispensable pour démontrer que tout ou partie de ces colis pourrait être stocké avec un haut niveau de sûreté dans le centre de stockage Cigéo, sans traitement préalable ;
  • les exploitants doivent mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour reprendre et conditionner les déchets anciens (RCD) de haute et moyenne acticité vie longue (HA-MA/VL) produits avant 2015 dont ils sont responsables, dans le respect du délai de 2030 fixé par la loi, en priorisant les actions du point de vue de la sûreté ;
  • Afin d’anticiper la création de stockages de déchets de très faible activité (TFA) répondant aux besoins, l’ANDRA doit déposer une demande d’augmentation de la capacité autorisée du CIRES au moins six ans avant la saturation prévue et étudier la mise en place d’installations complémentaires de stockage de déchets TFA, centralisé ou décentralisé ;
  • la valorisation de certains types de déchets TFA, dont les volumes produits seront importants, doit être encouragée, notamment par la mise en place d’un cadre spécifique de dérogation et de contrôle pour la valorisation de matériaux métalliques de faible activité ;
  • les efforts doivent être accentués pour permettre la création de capacités de stockage des déchets de faible activité vie longue (FA-VL). à cet égard, l’ANDRA doit remettre d’ici mi 2023, un dossier présentant les options techniques de sûreté retenues pour le stockage de déchets FA-VL en faible profondeur sur le site de la communauté de communes de Vendeuvre‑Soulaines (Aube).

Dans ces avis, l’ASN souligne la nécessité d’associer l’ensemble des parties prenantes intéresséesnotamment les représentants des territoires impliqués ou susceptibles de l’être, aux choix de gestion pour les déchets de très faible activité (TFA), les déchets de faible activité à vie longue (FA-VL), les stockages historiques de déchets radioactifs et la gestion des eaux issues des anciens sites miniers d’uranium, en s’appuyant en particulier sur des analyses multicritères pluralistes[2].

Le projet de 5e PNGMDR, désormais élaboré sous l’unique responsabilité du ministère de la transition écologique, fera l’objet de consultations de l’Autorité environnementale et du public d’ici la fin de l’année 2021. En parallèle, l’ASN rendra un dernier avis sur les projets de textes réglementaires du 5e PNGMDR. Le plan tel qu’arrêté par le Gouvernement fera ensuite l’objet d’une évaluation par le Parlement. »

Catégories
Écologie

«Le réacteur n°1 de Fessenheim s’arrête enfin: un arrêt qui doit ouvrir le bal des autres fermetures!»

Voici le communiqué commun du Réseau « Sortir du nucléaire » et des associations Stop Fessenheim, CSFR, Stop Transports-Halte au Nucléaire et Citoyens Vigilants des Environs de Fessenheim :

« Le réacteur n°1 de Fessenheim s’arrête enfin : un arrêt qui doit ouvrir le bal des autres fermetures !

Enfin ! Après 8 ans de reports et de marchandages, le réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Fessenheim doit fermer ce 22 février, suivi le 30 juin par le réacteur n° 2. Nous nous réjouissons de cette avancée, résultat de plus 50 ans de mobilisation dans la vallée du Rhin et partout en France.

Vieille, enchaînant les pannes, vulnérable par son implantation en zone sismique et en contrebas du grand canal d’Alsace : la centrale nucléaire de Fessenheim cumulait les risques. Sa fermeture était un impératif pour éviter un accident. À la mi-2020, l’Alsace sera enfin débarrassée du risque nucléaire actif [1] et pourra aborder l’avenir avec plus de sérénité… sans pour autant être plongée dans le noir (comme le rappelle RTE), ni voir ses émissions de CO2 monter en flèche ! Cette fermeture rendra d’ailleurs la région plus résiliente face au changement climatique, les eaux du Rhin cessant d’être réchauffées par les rejets de la centrale.

Si nous nous réjouissons de cette fermeture imminente, nous dénonçons vivement l’attitude d’EDF, qui a tout fait pour la repousser et s’est livrée à tous les marchandages. Il est indécent que l’entreprise reçoive à ce titre, aux frais du contribuable, une compensation pour des dépenses dont elle aurait déjà dû provisionner le montant, ainsi qu’une indemnisation pour une électricité qu’elle n’aurait certainement pas pu produire [2]. Cette affaire a fait l’objet d’une plainte devant la Commission Européenne. EDF a par ailleurs pratiqué le fait accompli et prétexté de cette fermeture pour ne pas réaliser certains travaux de mise aux normes, qui restaient pourtant nécessaires une fois la centrale arrêtée. Coûteux travaux évités et indemnisation juteuse : l’entreprise a obtenu le beurre et l’argent du beurre !

Nous attendons avec impatience la fermeture du 2ème réacteur. Mais cette perspective ne doit pas faire oublier le sort des autres réacteurs français, à peine plus récents. A la fin de cette année, 49 réacteurs auront dépassé les 30 ans de fonctionnement, et 13 les 40 ans. Si 12 réacteurs pourraient être arrêtés d’ici 2035, 44 autres sont censés continuer à tourner, un fonctionnement à 50 ans, voire plus, étant désormais considéré comme la norme ! Nous dénonçons fermement cette prolongation de l’ensemble du parc nucléaire, au mépris de la sécurité des populations et de la sûreté des installations.

L’arrêt de Fessenheim ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt ! Il est nécessaire et urgent que d’autres fermetures suivent, pour engager enfin la sortie du nucléaire et une transition énergétique digne de ce nom. »

Catégories
Écologie

Soudures défectueuses sur le chantier de l’EPR de Flamanville

L’Autorité de sûreté nucléaire a confirmé hier que huit soudures situées à l’intérieur du bâtiment réacteur EPR de Flamanville (Manche) sont non conformes aux exigences de sûreté. La construction de cette centrale nucléaire gigantesque connaît de nombreux retard, alors qu’elle était censée démarrer en 2012.

Les défaillances sur ces soudures avaient été rendus publique l’année dernière, ce qui révélait un problème de conception très grave et très inquiétant. Elles s’ajoutent à de nombreuses anomalies en tous genres, détectées ou suspectées, qui montrent la folie de ce projet, qui devrait être abandonné immédiatement. Elle montre encore une fois l’instabilité des entreprises capitalistes, y compris dans les domaines censés être à la pointe, comme chez Boeing.

Le Réseau « Sortir du nucléaire » et l’association Greenpeace France avaient alors porté plainte à propos de ces soudures. Voici les arguments alors avancés :

« Soudures défectueuses sur le chantier de l’EPR de Flamanville : le Réseau “Sortir du nucléaire“ et Greenpeace France portent plainte

Communiqué du 18 juillet 2018

Voici quelques mois, des soudures défectueuses ont été détectées sur des tuyauteries du circuit secondaire de l’EPR de Flamanville ; plus d’un tiers d’entre elles seraient concernées. Ce 18 juillet 2018, le Réseau “Sortir du nucléaire“ et Greenpeace France déposent plainte à ce sujet contre EDF, Framatome et contre X pour 10 infractions devant le procureur de la République de Cherbourg.

En effet, les industriels ont laissé fabriquer et installer sur le chantier ces tuyauteries dont les soudures ne correspondaient pas aux exigences de sûreté, et omis d’en informer l’Autorité de sûreté nucléaire. Nous ne laisserons pas l’industrie nucléaire jouer la tactique du fait accompli !

Des soudures non-conformes sur des équipements cruciaux

Lors de la conception de l’EPR de Flamanville, EDF avait décidé que certains composants parmi les plus essentiels relèveraient du principe d’ « exclusion de rupture ». N’étant surtout pas censés rompre, ces équipements étaient supposés présenter une qualité de conception et de fabrication à toute épreuve. Leur rupture étant de ce fait supposée impossible, EDF pouvait se dispenser d’en étudier les conséquences. C’était le cas, notamment, de la cuve de l’EPR.

Or d’autres équipements sont concernés par ce principe. Après la cuve de l’EPR, ce sont des soudures du circuit secondaire, qui transfère la vapeur sous pression des générateurs de vapeur vers les turbines, qui sont concernées par un nouveau scandale.

Le 22 février 2018, EDF a dû rendre public ce nouveau défaut, qui faisait l’objet d’échanges avec l’ASN depuis plus d’un an. Ainsi, lors de la préfabrication de ces soudures, en 2012 et 2013, EDF n’avait pas transmis à son sous-traitant Framatome (anciennement Areva) les prescriptions renforcées permettant d’atteindre le niveau de qualité supérieur exigé. Le problème aurait été détecté dès 2015 en usine ; l’ASN n’en a cependant été informée que début 2017. Par ailleurs, ces exigences renforcées n’auraient pas été transmises pour les soudures réalisées à partir de 2016 sur le chantier, si bien que de nouveaux défauts y ont été découverts.

Pire : le 10 avril 2018, de nouveaux défauts ont été détectés par EDF sur d’autres soudures du circuit secondaire, qui avaient pourtant été contrôlées après fabrication et déclarées conformes. Suite à une inspection, l’ASN a déclaré que « l’organisation et les conditions de travail lors des contrôles de fin de fabrication ont globalement nui à la qualité des contrôles ».

Pour l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, cette situation constitue une « alerte sérieuse ». Dans un avis du 11 avril 2018, pointant « des défaillances humaines et organisationnelles », « un manque de rigueur des fournisseurs » et « une insuffisance du système de surveillance mis en place par EDF », il préconise l’extension des contrôles.

Le 30 mai 2018, une nouvelle inspection de l’ASN a mis en évidence une organisation du travail pour le moins perfectible [1] concernant la mise en œuvre des contrôles. Cette affaire paraît semblable à une pelote qui n’en finirait plus de se dévider, chaque inspection révélant de nouveaux défauts et la nécessité d’étendre les contrôles à de nouveaux équipements !

De graves infractions qui doivent être sanctionnées

Le fait d’installer et utiliser des équipements sous pression nucléaire ne satisfaisant pas aux exigences essentielles de sûreté constitue un délit. Sur les tuyauteries concernées, le niveau de sûreté attendu n’est pas atteint et l’affirmation d’EDF selon laquelle « ces circuits sont aptes à assurer leur mission en toute sûreté » relève de la pure mauvaise foi. Cette irresponsabilité est d’autant plus grave au regard des caractéristiques des tuyauteries concernées, dans lesquelles circuleraient plusieurs tonnes de vapeur par minute à une pression de plusieurs dizaines de bars. Comme l’indique le cabinet indépendant WISE Paris dans une note, leur rupture serait susceptible d’entraîner un déséquilibre thermique et de réactivité dans le cœur du réacteur et d’endommager gravement les équipements environnants. Et il ne s’agit pas d’une anomalie isolée : selon l’ASN, plus d’un tiers des soudures du tuyauteries du circuit secondaire présenteraient des défauts [2] !

EDF a également commis un délit en n’informant l’ASN qu’en 2017 de défauts qu’elle avait pu constater dès 2015 en usine. Avoir attendu plus de deux ans constitue-t-il le symptôme d’un dysfonctionnement grave de l’organisation interne d’EDF ? Ou s’agit-il d’une volonté délibérée de retarder le traitement des « écarts » pour bénéficier du fait accompli, les tuyauteries étant alors installées ?

Face à des faits aussi graves et à une telle pratique du fait accompli, il est urgent de mettre un coup d’arrêt aux agissements d’EDF, d’autant que la liste des problèmes n’est sans doute pas close.

C’est pourquoi le Réseau “Sortir du nucléaire“ et Greenpeace France déposent aujourd’hui plainte pour 10 infractions. Au-delà de la nécessaire sanction d’industriels délinquants, cette plainte doit interpeller les pouvoirs publics sur l’urgence d’abandonner ce chantier catastrophique. Ce réacteur criblé de malfaçons ne doit démarrer sous aucun prétexte !

Consulter la plainte

Notes

[1] Contrôles effectués à la lampe frontale dans des lieux peu éclairés, interrogation sur la qualification des agents en charge des contrôles, etc.

[2] Voir la déclaration de Pierre-Franck Chevet, Président de l’ASN, devant laCommission d’Enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité nucléaire le 7 juin 2018 : « La procédure [de vérification] est en cours et nous en attendons le bilan global de façon imminente. D’après les indications dont nous disposons, environ 35 % des soudures présenteraient des défauts ». »