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L’expansionnisme russe anti-ukrainien et sa base idéologique «eurasienne»

L’idéologie vise à justifier le rôle impérial – hégémonique de la Russie.

L’idéologie « eurasienne » de la Russie est extrêmement complexe, elle mêle religion, nationalisme, nostalgie de l’empire russe des tsars, mysticisme asiatique… C’est totalement pittoresque et farfelu, mais très fonctionnel pour l’Etat russe. Il est vrai qu’on connaît en France une variante de « l’eurasisme », avec le « national-bolchevique » Édouard Limonov qui a été une certaine star dans certains milieux intellectuels parisiens. Mais c’est Alexandre Douguine qui est la véritable figure tutélaire de cette mouvance, qui à la fois est reconnu officiellement par l’Etat russe, et à la fois non.

Nous reproduisons ici le précieux article à ce sujet, publié dans la revue pdf Crise (numéro 12, avril 2021).


Né en 1962, Alexandre Douguine est le principal théoricien nationaliste russe ; il avait notamment fondé en 1993, avec Edouard Limonov, le Parti national-bolchevique. Son importance idéologique est ensuite devenue immense dans la vision du monde de l’expansionnisme russe en général.

Alexandre Douguine fournit en effet les éléments idéologiques justifiant l’ensemble des manœuvres russes pour satisfaire ses ambitions et permettre de former des alliances en ce sens. Et l’idée de base est relativement simple, même si elle est ornée de justifications métaphysiques, religieuses, mystiques, etc.

La Russie ne serait pas un pays, mais un pays continent, où viendrait s’enliser tout ce qui vient des États-Unis. Cela signifie que tout ce qui s’oppose aux États-Unis doit, logiquement, venir s’appuyer sur la Russie, rentrer en convergence avec elle.

C’est un appel ouvert aux pays capitalistes de moyenne taille cherchant à s’arracher à l’hégémonie américaine, tels l’Allemagne et la France, mais aussi aux pays semi-féodaux semi-coloniaux, telle la Turquie, l’Iran ou encore la Syrie.

Mais c’est surtout un moyen de s’étendre territorialement, comme avec le Donbass et la Transnistrie.

L’Eurasie ou la Russie comme continent

Dans la conception d’Alexandre Douguine, la Russie aurait été irriguée par les invasions asiatiques et est ainsi devenue porteuse d’une psychologie impériale supra-nationale, de type conservatrice « révolutionnaire ».

Le vaste territoire impliquerait la psychologie de la conquête, de l’expansion, d’une virilité guerrière ; l’existence de multiples communautés au sein de ce vaste territoire s’associerait à l’idée de petites sociétés conservatrices repliées sur elles-mêmes au sein de l’empire.

La Russie, cœur d’un large territoire appelé « l’Eurasie », mêlerait ainsi les religions catholiques orthodoxe et musulmane, dans un élan communautaire opposé à l’esprit insulaire de la Grande-Bretagne et des États-Unis, bastion du protestantisme « matérialiste » et individualiste.

Le bien serait porté par la Russie ancrée dans la terre, le mal serait porté par les Anglo-saxons et leur puissance maritime.

Une lecture apocalyptique

La conception « eurasienne » se fonde directement sur le catholicisme orthodoxe avec une insistance très grande sur la dimension apocalyptique. On est, tout comme dans le national-socialisme, dans la tentative de fournir l’idée d’une révolution totale… mais de manière contre-révolutionnaire.

Voici comment Alexandre Douguine présente sa vision à une revue conservatrice révolutionnaire belge en 1991 :

« Après la perestroïka, il adviendra un monde pire encore que celui du prolétarisme communiste, même si cela doit sonner paradoxal.

Nous aurons un monde correspondant à ce que l’eschatologie chrétienne et traditionnelle désigne par l’avènement de l’Antéchrist incarné, par l’Apocalypse qui sévira brièvement mais terriblement.

Nous pensons que la “deuxième religiosité” et les États-Unis joueront un rôle-clef dans ce processus. Nous considérons l’Amérique, dans ce contexte précis, non pas seulement dans une optique politico-sociale mais plutôt dans la perspective de la géographie sacrée traditionnelle.

Pour nous, c’est l’île qui a réapparu sur la scène historique pour accomplir vers la fin des temps la mission fatale.

Tout cela s’aperçoit dans les facettes occultes, troublantes, de la découverte de ce continent, juste au moment où la tradition occidentale commence à s’étioler définitivement.

Sur ce continent, les positions de l’Orient et de l’Occident s’inversent, ce qui coïncide avec les prophéties traditionnelles pour lesquelles, à la fin des temps, le Soleil se lèvera en Occident et se couchera en Orient. »

L’eurasisme originaire renversé

L’eurasisme n’a pas été inventé par Alexandre Douguine, qui développe son point de vue au tout début des années 1990.

C’est initialement une conception délirante provenant de milieux ultra-conservateurs à la fin du XIXe siècle, comme le moine Constantin Léontiev qui voit en « l’asiatisme » un support à la religion catholique orthodoxe face au monde moderne, alors que l’historien Nikolaï Danilevski pense que ce support se trouve à l’opposé dans le panslavisme (« La Russie et l’Europe », 1869).

Le baron Roman von Ungern-Sternberg tenta, pendant la guerre civile suivant la révolution russe, de former une armée blanche nommée la « division sauvage » au moyen de cavaliers de la partie asiatique de la Russie, dans un syncrétisme orthodoxe-bouddhiste littéralement apocalyptique d’ailleurs soutenu par le Dalaï-Lama.

Puis cet espoir de revivifier le conservatisme russe au moyen d’un soutien extérieur a été développé par des émigrés russes fuyant la révolution d’Octobre 1917 établis en Bulgarie.

Le géographe et économiste Piotr Savitsky, le pionnier de cette idéologie, considérait que l’Eurasie était un « lieu de développement » façonnant un mode de pensée continental, non océanique, les Russes passant dans l’esprit des steppes grâce aux Mongols.

On trouve à ses côtés le linguiste Nikolai Troubetskoï, le théologien Georges Florovski, le critique musical Piotr Suvchinski ; ce groupe publia en 1921 Exode vers l’Orient, renversant les arguments anti-bolcheviks des sociaux-démocrates occidentaux. Ceux-ci accusaient les bolcheviks, c’est-à-dire les sociaux-démocrates russes, d’être trop orientaux dans leur approche ; les eurasistes affirmèrent que les bolcheviks ne l’étaient pas assez.

Des émigrés russes à Prague développèrent la même année une conception très similaire, avec la publication commune Orientations ; ce fut également le cas de George Vernadsky, le fils de l’immense savant Vladimir Vernadsky, qui devint professeur d’université aux États-Unis.

Après 1991, cette idéologie fut récupérée par le régime post-soviétique… Cependant, l’eurasisme est renversé. Alors qu’initialement il s’agissait de soutenir la Russie en appuyant son propre conservatisme par des aides extérieures, asiatiques, désormais la Russie se veut le bastion du conservatisme prêt à épauler les autres.

Une idéologie impériale

L’eurasisme a un aspect impérial : la Russie serait le seul moyen, de par son poids, de s’opposer au « monde moderne ». Il faut donc se tourner vers elle, d’autant plus qu’elle serait naturellement encline à abriter des communautés très différentes.

L’eurasisme s’oppose ainsi aux affirmations nationales, il est d’ailleurs de ce fait résolument opposé au romantisme slave. Il affirme une logique communautaire, où une sorte d’empire protège ses communautés intérieures vivant selon ses valeurs traditionnelles.

La Tchétchénie, avec son président qui est polygame, revendique son identité islamique précisément au nom d’une telle intégration communautaire dans une Russie « continent ».

Il ne s’agit pas d’une idéologie de type nationaliste classique, mais d’une logique impériale-syncrétiste, ce qui fait que n’importe qui n’importe où en Europe ou en Asie peut prétendre que « sa » communauté doit relever de l’approche eurasienne.

De manière « philosophique », on peut dire que les tenants de l’Eurasie opposent un espace au temps du libéralisme : c’est un anti-capitalisme romantique, une révolte irrationaliste contre le monde moderne.

Le « récentisme », une variante de l’eurasisme

Les « récentistes » sont un aspect de l’idéologie eurasiste. Ce sont des illuminés affirmant que la chronologie historique telle qu’on la connaît est fausse ; les civilisations antiques auraient en réalité existé durant le moyen-âge et c’est au 16e-17e-18e siècles qu’il y aurait eu une réécriture du passé.

Il y aurait ainsi au moins 800 années d’événements en trop ; la guerre de Troie serait en réalité une écriture poétique des Croisades, Jésus aurait été crucifié au 11e siècle, les Hittites seraient les Goths, Salomon serait le Sultan ottoman Soliman le Magnifique, etc.

Le fondateur du récentisme est le mathématicien russe de haut niveau, Anatoli Fomenko, né en 1945, qui affirme qu’il faut étudier l’histoire au moyen des statistiques, notamment afin d’éviter les « copies fantômes » relatant les mêmes faits historiques de manière « différente ».

Prenant par exemple les textes historiques de la Rome antique et de la Rome médiévale de manière statistique, il les compare et considère par exemple que la première est une « copie » de la seconde.

Et il explique que la falsification de la chronologie historique vise à « cacher » que, jusqu’à la fin du moyen-âge, le monde avait comme base une « horde russe » de type slave et mongole, qui aurait d’ailleurs même colonisé l’ouest américain ! Les Ukrainiens, les Mongols, les Turcs… seraient une composante historique de cette « horde russe ».

Le récentisme, idéologie relativiste jusqu’au délire, est le prolongement de l’eurasisme comme vision « civilisationnelle », où la Russie serait à travers l’Eurasie la vraie porteuse de la civilisation. L’Histoire est réécrite s’il le faut.

Le club d’Izborsk et les milieux du pouvoir

L’eurasisme ne réécrit pas seulement l’Histoire passée : il prône des orientations dans le temps présent, ce qui est sa véritable fonction en tant qu’idéologie justifiant l’expansionnisme russe. Un élément-clef est ici joué par le Club d’Izborsk.

Izborsk est une localité du nord-ouest de la Russie où l’on trouve des tumulus slaves du 6e siècle et une forteresse historique ayant entre le 12e et le 16 siècle résisté à huit sièges. C’est un symbole de la « résilience » russe, de son caractère « imprenable ».

Le Club d’Izborsk, qui est très lié à Vladimir Poutine et dont fait partie Alexandre Douguine, est le lieu de synthèse « géopolitique » de l’eurasisme. C’est là où sont produits les conceptions concrètes de l’eurasisme, les objectifs d’un expansionnisme agressif au nom d’un « traditionalisme technocratique », qui « allie modernisation technologique et conservatisme religieux ».

Le club dit d’ailleurs ouvertement que :

« Le club d’Izborsk est inclus dans des réseaux de pouvoir influents qui lui permettent de diffuser ses idées.

En juillet 2019, le président du club, Alexander Prokhanov, a été invité au Parlement pour projeter son film « Russie – Une nation de rêve », dans lequel il promeut sa vision d’une mythologie scientifique et spirituelle nationale.

Le club d’Izborsk est également proche de personnalités clés de l’élite conservatrice, comme l’oligarque monarchiste Konstantin Malofeev ou le directeur de l’agence [spatiale] Roskosmos, Dmitri Rogozin. Enfin, il est proche du cœur du complexe militaro-industriel. Témoin de ces liens, le bombardier à missiles stratégiques Tupolev Tu95-MK, qui a été baptisé Izborsk en 2014. »

Ce club a publié une déclaration à sa fondation en janvier 2013 :

« Afin de prévenir une catastrophe imminente, nous appelons tous les hommes d’État qui apprécient l’avenir de la Russie à agir comme un front patriotique et impérial uni, opposé à l’idéologie libérale de la mondialisation et à ses adhérents qui agissent dans l’intérêt de nos ennemis géopolitiques.

L’aspect le plus important de notre unité est la compréhension correcte de la difficile situation actuelle. La Russie a besoin d’une fusion de deux énergies puissantes issues des idéologies « rouge » et « blanche » du patriotisme russe.

Cette fusion implique l’introduction dans la structure et le système de l’activité de l’État d’un puissant élément de justice sociale hérité de l’URSS, et un retour aux valeurs orthodoxes − spiritualité chrétienne et universalité de la Russie traditionnelle.

Une telle synthèse rendra notre pays et notre puissance invincibles, nous permettra d’offrir à l’humanité une voie universelle de développement social basée sur l’expérience de la civilisation russe.»

Une idéologie d’alliance

Si l’on regarde les idéologies des « républiques populaires » de Donetzk et Lougansk dans le Donbass, elles témoignent dans un mélange de religiosité orthodoxe et de nostalgie « soviétique » sur un mode impérial. Elles sont dans la ligne droite du Club d’Izborsk et de l’eurasisme.

Un militaire français engagé comme volontaire dans les forces armées de la « République populaire » de Donetzk présente de la manière suivante la mentalité des combattants :

« Ici, les fantasmes hégémoniques d’une Russie blanche, d’un empire soviétique, d’une Europe chrétienne sont incompatibles avec la réalité d’un front où se battent ensemble dans la même tranchée des européens, caucasiens, ouzbeks, tatars, tchétchènes, asiatiques, des orthodoxes, musulmans, païens, athées, des communistes, nationaux-bolcheviques, impériaux, cosaques, anarchistes etc. »

Il est du propre de l’eurasisme de considérer que l’idéologie est un moteur idéaliste personnel et que la question concrète est celle d’un « front » anti-libéral. C’est valable au niveau des États : en 2014 a été fondée l’Union économique eurasiatique avec la Biélorussie, le Kazakhstan et la Russie, rejoints par l’Arménie ; les idéologies des États biélorusse, russe et kazakh sont directement « eurasiennes » d’ailleurs.

Ces États se veulent les bastions d’un conservatisme impénétrable à « l’occidentalisme », avec un idéalisme conservateur. Et cet anti-« occidentalisme » serait populaire et donc révolutionnaire.

Il n’est pas difficile ici de voir justement qu’en Europe il existe de nombreuses structures « conservatrices » mais « révoltées » qui convergent directement avec l’eurasisme (comme en France La France Insoumise, le PRCF, l’hebdomadaire Marianne, Égalité & Réconciliation), ou bien convergent avec malgré des réticences concernant l’Islam (le Vlaams Belang en Belgique, Marine Le Pen en France).

La question de l’alliance avec les républiques séparatistes en Ukraine a cependant amené le premier grand défi.

Alexandre Douguine et la partition de l’Ukraine

Dans une interview de 2014 à une revue conservatrice autrichienne, Alexandre Douguine expliqua que l’Ukraine était condamnée, en raison de l’appel de l’eurasisme pour sa « meilleure » partie.
C’est là très exactement l’idéologie de l’expansionnisme russe aux dépens de l’Ukraine.

Il dit :

« Professeur Douguine, le 1er janvier 2015, l’Union Économique Eurasienne deviendra une réalité. Quel potentiel détient cette nouvelle organisation internationale ?

L’histoire nous enseigne que toute forme d’intégration économique précède une unification politique et surtout géopolitique. C’est là la thèse principale du théoricien de l’économie allemand,

Friedrich List, initiateur du Zollverein (de l’Union douanière) allemand dans la première moitié du XIXe siècle.

Le dépassement du « petit-étatisme » allemand et la création d’un espace économique unitaire, qui, plus tard, en vient à s’unifier, est toujours, aujourd’hui, un modèle efficace que cherchent à suivre bon nombre de pays.

La création de l’Union Économique Eurasienne entraînera à son tour un processus de convergence politique. Si nous posons nos regards sur l’exemple allemand, nous pouvons dire que l’unification du pays a été un succès complet : l’Empire allemand s’est développé très rapidement et est devenu la principale puissance économique européenne.

Si nous portons nos regards sur l’Union Économique Eurasienne, on peut s’attendre à un développement analogue. L’espace économique eurasien s’harmonisera et déploiera toute sa force. Les potentialités sont gigantesques.

Toutefois, après le putsch de Kiev, l’Ukraine n’y adhèrera pas. Que signifie cette non-adhésion pour l’Union Économique Eurasienne ? Sera-t-elle dès lors incomplète ?

Sans l’Est et le Sud de l’Ukraine, cette union économique sera effectivement incomplète. Je suis d’accord avec vous.

Pourquoi l’Est et le Sud ?

Pour la constitution d’une Union Économique Eurasienne, les parties économiquement les plus importantes de l’Ukraine se situent effectivement dans l’Est et le Sud du pays.

Il y a toutefois un fait dont il faut tenir compte : l’Ukraine, en tant qu’État, a cessé d’exister dans ses frontières anciennes.

Que voulez-vous dire ?

Nous avons aujourd’hui deux entités sur le territoire de l’Ukraine, dont les frontières passent exactement entre les grandes sphères d’influence géopolitique.

L’Est et le Sud s’orientent vers la Russie, l’Ouest s’oriente nettement vers l’Europe.

Ainsi, les choses sont dans l’ordre et personne ne conteste ces faits géopolitiques.

Je pars personnellement du principe que nous n’attendrons pas longtemps, avant de voir ce Sud et cet Est ukrainiens, la “nouvelle Russie”, faire définitivement sécession et s’intégrer dans l’espace économique eurasien.

L’Ouest, lui, se tournera vers l’Union Européenne et s’intégrera au système de Bruxelles.

L’État ukrainien, avec ses contradictions internes, cessera pratiquement d’exister. Dès ce moment, la situation politique s’apaisera. »

Alexandre Douguine prônait ainsi que les séparatistes pro-russes en Ukraine établissent une « Nouvelle Russie » dans tout l’Est du pays. Ce fut même le plan initial du séparatisme pro-russe.

Toutefois, les défaites militaires amenant une perte de territoire et de ce fait l’incapacité à conquérir la partie orientale de l’Ukraine amena un « gel » en 2015 du projet, alors qu’en novembre 2014 est limogé le gouverneur de la « République populaire » de Donetzk, Pavel Goubarev.

Alexandre Douguine fut parallèlement mis de côté en Russie, considéré comme allant trop loin dans la logique du conflit avec l’occidental, nuisant ainsi à une partie des oligarques profitant largement du capitalisme occidental.

Alexandre Douguine au club d’Izborsk

Dans un article du 9 avril 2021 pour le club d’Izborsk, intitulé « La géopolitique de la Nouvelle-Russie sept ans après », Alexandre Douguine formule le point de suivant au sujet de la crise du Donbass.

« En 2014, c’est-à-dire il y a 7 ans, la Russie a fait une énorme erreur de calcul. Poutine n’a pas utilisé la chance unique qui s’est présentée après [la révolte pro-occidentale de la place] Maidan, la prise de pouvoir de la junte à Kiev et la fuite de Ianoukovitch en Russie.

Cohérent dans sa géopolitique, le Président n’a pas été fidèle à lui-même cette fois-ci. Je le dis sans aucune réjouissance, mais plutôt avec une profonde douleur et une rage sincère.

Cette occasion manquée a été appelée « Novorossiya » [Nouvelle-Russie, un nouvel « État » dans l’Est de l’Ukraine], « printemps russe », « monde russe ». Sa signification était la suivante :

– Ne pas reconnaître la junte de Kiev, qui avait pris le pouvoir lors d’un coup d’État violent et illégal,

– demander à [Viktor] Ianoukovytch [alors président ukrainien et destitué lors de l’Euromaïdan] de se lever pour restaurer l’ordre constitutionnel,

– soutien au soulèvement dans l’est de l’Ukraine,

– introduction de troupes à la demande du président légitime (modèle Assad),

– établir le contrôle sur la moitié du territoire ukrainien,

– mouvement sur Kiev (…).

Le rejet d’un tel développement était motivé par un « plan astucieux ». Sept ans plus tard, il est clair qu’il n’y avait, hélas, aucun « plan astucieux ». Ceux qui l’ont préconisé étaient des scélérats et des lâches (…).

C’est alors, et précisément pour ma position sur la Novorossiya, que le Kremlin m’a envoyé en disgrâce. Qui dure jusqu’à aujourd’hui (…).

Le projet Novorossiya a été esquissé par Poutine lui-même, mais il a immédiatement été abandonné (…).

La Syrie a été une manœuvre géopolitique réussie et correcte, mais elle n’a en rien supprimé ou sauvé l’impasse ukrainienne. Une victoire tactique a été obtenue en Syrie.

C’est bien. Mais pas aussi important qu’une transition vers un effort eurasien complet pour restaurer une puissance continentale. Et cela ne s’est pas produit. La Nouvelle Russie était la clé (…).

Aujourd’hui, après l’arrivée brutale de Biden à la Maison Blanche, les choses sont revenues là où les choses s’étaient arrêtées en 2014 (…).

Seule l’armée ukrainienne a pu, en 7 ans, se préparer, se rapprocher de l’adhésion à l’OTAN et élever une génération entière de russophobes radicaux.

Pendant tout ce temps, le Donbass a été dans un état de flottement. Oui, il y a eu de l’aide ; sans elle, il n’aurait tout simplement pas survécu. Mais pas plus que ça (…).

Au cours des 20 dernières années, la Russie a tenté de trouver un équilibre entre deux vecteurs.

– continental-patriotique et

– modéré-occidental.

Il y a 20 ans déjà, lorsque Poutine est arrivé au pouvoir, j’ai écrit que cet exercice d’équilibre serait extrêmement difficile et qu’il valait mieux choisir l’Eurasie et la multipolarité.

Poutine a rejeté − ou plutôt reporté indéfiniment − le continentalisme ou s’en rapproche au rythme d’un petite cuillère par heure. Ma seule erreur a été de suggérer qu’une telle tiédeur ne pouvait pas durer longtemps. C’est possible et c’est toujours le cas. Mais tout a toujours une fin.

Je ne suis pas sûr à 100% que c’est exactement ce qui se passe actuellement, mais il y a une certaine − et très significative – possibilité (…). Je dis simplement que si Kiev lance une offensive dans le Donbass, nous n’aurons pas la possibilité d’éviter l’inévitable. Et si la guerre ne peut être évitée, elle ne peut être que gagnée.

Ensuite, nous reviendrons sur ce qui a été décrit en détail dans le livre « Ukraine. Ma guerre » − c’est-à-dire à la Novorossiya, le printemps russe, la libération finale de la sixième colonne [= « c’est-à-dire les libéraux au pouvoir, les oligarques et une partie importante, sinon la majorité, de l’élite russe qui, bien que formellement loyale au cours patriotique du président Poutine, est organiquement liée à l’Occident], la renaissance spirituelle complète et finale de la Russie.

C’est un chemin très difficile. Mais nous n’avons probablement pas d’autre issue. »

Pas d’espace pour l’Ukraine

La ligne dure appliquée par la Russie au début avril 2021 indique un retour à la ligne d’Alexandre Douguine. On est dans une perspective annexionniste agressive, plus dans une temporisation comme choisie en 2014. C’est bien évidemment la crise générale qui est la source du renforcement de la fraction la plus agressive de l’expansionnisme russe.

Et dans une telle approche eurasiste, l’Ukraine n’a pas le droit à l’existence, pour deux raisons.

La première tient à ce que dans une perspective purement « eurasiste », l’Ukraine est une petite Russie, une annexe, qui ne peut exister face au « libéralisme » que comme communauté inféodée à l’État-continent. L’expansionnisme russe peut en fait légitimer n’importe quelle subversion en prétendant que les forces « saines » prennent le dessus et qu’il s’agit de les soutenir – en attendant la suite.

La seconde, c’est que la nature nationale ukrainienne n’est finalement qu’une sorte d’accident, de malentendu, la Russie étant le véritable noyau civilisationnel authentique.

La Russie-continent s’imagine ainsi avoir une vocation expansionniste naturelle, allant de l’Atlantique à l’Oural. Et l’Ukraine est sur sa route.

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Guerre

Le Royaume-Uni et les Etats-Unis préparent l’opinion publique à la guerre contre la Russie

Les préparatifs psychologiques sont incessants.

Il y a eu pour la période du 12 au 14 novembre 1 889 violations du « cessez-le-feu » au Donbass, contre seulement une vingtaine du 14 au 16. Mais le matériel de guerre ukrainien est toujours activement transporté aux frontières, la Suède a décidé d’envoyé des formateurs militaires, et le Royaume-Uni est allé encore plus loin. Non seulement il fera de même, mais sa presse ne cesse de raconter que la Russie va lancer une invasion.

Le chef d’état-major de l’armée britannique, Nick Carter, a également expliqué que le risque de guerre accidentelle avec la Russie était encore plus grand qu’au moment de la guerre froide avec l’URSS! C’est dire comment l’opinion publique britannique est travaillée au corps, alors que le secrétaire d’Etat à la défense britannique Ben Wallace est justement en visite en Ukraine.

Le Royaume-Uni a également officialisé un prêt à l’Ukraine pour qu’elle lui achète des navires de guerre et des missiles (une frégate, deux chasseurs de mines, huit navires avec des missiles). Et le ministre des affaires étrangères ukrainien Dmitry Kuleba a averti ses homologues français et allemand Jean-Yves Le Drian et Heiko Maas qu’il fallait tout de suite organiser le soutien militaire futur à l’Ukraine contre la Russie, car dans le feu de l’action il n’y aura plus le temps.

La Russie n’est pas en reste non plus : elle vient de mettre en place des facilités d’importation et d’exportations de produits en provenance du Donbass séparatiste. C’est une manière d’accentuer l’intégration économique (puisque c’est comme s’il n’y avait plus de frontières) et d’exercer toujours davantage de pression contre l’Ukraine. Et en détruisant un vieux satellite soviétique au moyen d’un missile, la Russie a fait une démonstration de force militariste à ce niveau.

De toutes façons le but de la Russie est de désagréger l’Etat ukrainien, que ce soit au moyen de pressions militaires et économiques, d’une intense propagande, ou bien la guerre. Il faut dire que pressée par la crise, la Russie est dans un expansionnisme débridé et qu’elle entrevoit une possibilité de conquête. L’Etat ukrainien est totalement corrompu, le niveau de vie le plus bas d’Europe, les lois ne sont pas appliquées à quiconque à des moyens financiers un tant soit peu important, l’extrême-Droite est hyperactive alors qu’une partie de la population ne respecte de toutes façons pas le régime en raison de ses attachements culturels à la Russie.

Inversement, le Royaume-Uni et les Etats-Unis veulent affronter la Chine et s’il y a moyen pour eux d’affaiblir son allié russe en utilisant l’Ukraine comme chair à canon… Il y a donc tous les ingrédients pour la guerre. Ce n’est pas par choix ou calcul, c’est une tendance générale, et cette tendance contient également du choix et du calcul. Et le peuples sont passifs, soit parce qu’ils n’ont pas compris qu’il y aurait la guerre… Soit parce qu’ils l’ont déjà intégré en leur for intérieur. Il y a ici une véritable cassure entre l’ouest et l’est de l’Europe.

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Société

Les Français apprennent dans les médias le changement de couleur du drapeau national

C’est littéralement surréaliste.

C’est à peine croyable et en fait cela en dit long sur la société française. Le drapeau national a changé de couleur, a-t-on appris par les médias, et encore ce changement a trois ans déjà! Il inverse le choix de 1976, un choix dont d’ailleurs personne n’était au courant de toutes façons.

Voici les trois drapeaux: avant 1976, à partir de 1976, puis à partir de 2018.

Le changement de 1976 avait été réalisé par la président de la République Valéry Giscard d’Estaing. Chef de file de la bourgeoisie moderniste, avec notamment Simone Weil, il voulait montrer que la France s’intégrait dans le projet européen. Le bleu du drapeau devint moins « agressif » en prenant le ton du drapeau européen (dont le bleu et les douze étoiles sont très clairement des allusions chrétiennes, dans le sens de la démocratie-chrétienne).

On notera au passage que Valéry Giscard d’Estaing avait… ralenti la Marseillaise, François Mitterrand rétablissant le rythme par la suite. Et là, donc, on apprend qu’a eu lieu un autre « fait du Prince », avec un nouveau changement consistant en un retour au drapeau d’avant 1976, c’est-à-dire un remplacement du bleu cobalt (de l’Union européenne) parle bleu marine (présent à l’origine).

Le Figaro résume cela ainsi:

« L’Élysée a modifié le bleu du drapeau tricolore accroché à son fronton pour revenir au bleu marine d’avant-1976, a confirmé lundi la présidence française, évoquant «l’imaginaire des Volontaires de l’An II, des Poilus de 1914 et des Compagnons de la Libération de la France libre».

Ce changement pour un bleu plus foncé, opéré en toute discrétion, s’est appliqué d’abord aux drapeaux posés derrière les allocutions d’Emmanuel Macron à partir de fin 2018, puis pour ceux accrochés au fronton de l’Élysée et des autres bâtiments de la présidence depuis 2020. »

Mais on apprend en même temps que la démarche est incitative : il ne s’agit pas de forcer au changement du bleu. Ce qui implique que deux nuances de bleu vont coexister… Le libéralisme, jusqu’aux couleurs du pays! Il faut dire que la constitution française – un pays pourtant pointilleux sur les détails de par sa culture historique – ne précise pas de quel bleu il s’agit, parlant seulement de bleu, blanc et rouge.

Qui plus est, il y a déjà des usages : lorsque c’est un drapeau qui flotte par exemple sur une mairie le bleu est sombre, dans des documents il est clair, etc. Bref, c’est à n’y rien comprendre et tant mieux, car cela montre que si les Français savent être des idiots chauvins totalement aveuglés, ils se désintéressent de tout fanatisme outrancier. Personne n’en a rien à faire du changement de couleur!

C’est quelque chose de vraiment marquant. Le président change les couleurs du pays, et les gens disent : ah bon, pourquoi pas, il n’a rien d’autre de mieux à faire, bof, oui, ok, etc. C’est très surprenant, dans un autre pays cela serait une question nationale, même là où on ne s’y attend pas. Il suffit de penser, par contraste, au fanatisme « soft » qu’on trouve en Suède, par exemple, pays où les gens se veulent ouvert au monde mais où le drapeau est présent partout (jusqu’aux couleurs de sacs Ikea) et où critiquer le pays est un crime de lèse-majesté.

C’est là qu’on voit qu’un type malsain comme Eric Zemmour peut déverser sa propagande et même réussir son entreprise nationaliste, mais qu’au fond cela ne tiendra pas, parce que les gens en France ont une autre envergure que du néo-pétainisme. Malheureusement, les gens étant fainéants, la catastrophe peut arriver avant que le nationalisme n’échoue…

Et en même temps, tout ce chaos au sujet du drapeau montre que l’État a totalement perdu les pédales, qu’on a affaire à une administration prenant des mesures on ne sait trop comment, on ne sait trop pourquoi, au point que le drapeau national a changé et que les gens ne le savent même pas. C’est littéralement n’importe quoi et en fait c’est à l’image d’un pays où on laisse faire les choses et une fois qu’elles sont installées, on les valide, en disant qu’on ne peut pas faire autrement et qu’après tout, pourquoi pas.

Là il y a un vrai travers français.

Cela montre aussi que la France est un pays à bout de souffle, sans esprit d’unité. Ce qui est logique, car la lutte des classes a démoli une unité nationale temporaire historiquement, aidé par l’inévitable mondialisation (malheureusement encore capitaliste). Il faut une nouvelle unité, populaire, dont le drapeau ne pourra qu’être rouge. Pour cela il faut un romantisme propre à la Gauche historique. C’est d’elle dont on a besoin, et pas de la gauche caviar ni de la gauche kebab.

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Écologie Planète et animaux

La ligne flexitarienne de l’industrie de la viande

Elle est en phase avec le libéralisme.

Alors que l’Union européenne vient d’autoriser l’utilisation du criquet migrateur comme aliment pour les humains, il y a lieu de saisir la stratégie de l’industrie de la viande, qui a su parfaitement s’adapter à l’émergence de la contestation de la condition animale. En effet, alors que le véganisme était initialement portée par une frange marginale, isolée et contestatrice, une nouvelle génération vegan façonnée par le capitalisme a émergé, emportant tout sur son passage.

L’industrie de la viande a alors réagi conformément à la capacité du capitalisme de tout intégrer du moment qu’il y a des bénéfices possibles. Des grandes marques de viande ont commencé à produire des aliments végétaliens simili-carnés, arguant du fait qu’il faut de tout pour faire un monde et également pour neutraliser toute contestation en l’intégrant sous le grand drapeau du flexitarisme.

Le site ID a décidé d’interviewer à ce sujet Marc Pagès, directeur général d’Interbev (association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes), n’hésitant pas à dire que, tout de même, le flexitarisme consistait à l’origine en du végétarisme libéral par rapport à la viande, et non un consommateur de viande libéral consommant parfois du végétarien, voire du vegan. Mais Marc Pagès assume:

« Interbev est une interprofession qui réunit l’ensemble de la filière bovine et ovine française, qui va des éleveurs jusqu’à la boucherie artisanale et la grande distribution (…).

Actuellement, nous sommes à 300 grammes de viande hebdomadaire par personne, ce qui veut dire que les Français en consomment 2 à 3 fois par semaine. Notre objectif est justement de pousser l’information sur la viande pour faire en sorte que les citoyens soient informés sur cet équilibre alimentaire par rapport à leurs évolutions récentes de consommation, qu’ils fassent les bons choix dans leurs actes d’achat (…).

[Sur le flexitarisme] Pour nous, il s’agit de l’omnivore du XXIème siècle. C’est un consommateur éclairé et libre de manger de tout, en toute conscience. C’est vraiment cette notion de manger de manière raisonnable sur laquelle nous voulons insister. »

C’est là on ne peut plus intelligent et tout à fait en phase avec l’esprit général du véganisme commercial qui s’est totalement imposé. Non seulement il y a une sorte de tolérance générale dans les consommations, mais même au sein de celles-ci, il y a une absence de règles et de frontières. Le turbocapitalisme a permis l’affirmation d’un capitalisme vegan et, comme prolongement logique, il y a interpénétration des consommations. Ce qui est vrai ici pour le véganisme est d’ailleurs vrai pour toute « communauté », chacune influençant l’autre, tout en restant distincte, dans une sorte de gigantesque fourre-tout où le seul dénominateur commun est la consommation capitaliste.

L’industrie de la viande, un pilier du capitalisme, l’a très bien compris et a donc accompagné l’émergence du capitalisme vegan et est en train de refermer le cercueil. Un vegan, aujourd’hui, est un consommateur comme un autre, qui agit comme les autres, mais avec une variante, tout comme en religion il y a des variantes catholique romaine, catholique orthodoxe, juive, musulmane, etc.

Cela se reflète dans cette obsession simili-carnée totalement incohérente puisqu’il y a une reproduction d’un goût et d’une texture qui devraient faire naturellement horreur (mangerait-on du simili-carné d’humain?). En fait, le vegan du début des années 2020 est juste un consommateur trop traumatisé par la condition animale et se mettant de côté, mais il ne porte rien lui-même comme valeur. C’est un sous-produit du capitalisme tout comme peut l’être le zadiste ou le punk à chien, le hardcore gamer ou le petit épicier bio. En apparence, il y a quelque chose de différent, mais en pratique tout est une composante du capitalisme aux mille facettes, aux dizaines de milliers de facettes, conformément à la nature d’un système fondé sur l’accumulation ininterrompue de marchandises.

Dans un tel cadre, il faut être un consommateur strict et en même temps un citoyen libéral, surtout pas un producteur démocratique et un camarade déterminé. Et dans ce panorama sinistre, les animaux sont en première ligne dans cette défaite du véganisme, puisque leur espoir de voir leur condition modifiée s’évapore parallèlement à l’expansion des restaurants vegans et des associations intégrées dans l’opinion publique consommatrice.

C’est un drame mondial qui se joue là. Les animaux ont besoin de rigueur pour les défendre, et le capitalisme fait en sorte d’empêcher cela, en corrompant avec succès les valeurs. Cela doit changer, fondamentalement changer !

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Politique

Position du PCRF sur la présidentielle 2022

Elle se fonde sur une longue analyse.

Le Parti Communiste Révolutionnaire de France (PCRF) a rendu public, le 11 novembre 2021, sa position pour la présidentielle 2022. Voici le document de 14 pages l’explicitant.

rapport_cc_16oct2021

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Politique

Emmanuel Macron propose la ligne conservatrice-moderniste du capitalisme triomphant

C’est une ligne électorale pour la présidentielle 2022.

L’allocution télévisée d’Emmanuel Macron le 9 novembre 2021 a surpris par le manque d’annonce réelle effectuée. En lieu et place de décisions, on a eu droit à un programme électoral pour 2022. C’est qu’Emmanuel Macron sait bien qu’il ne peut pas conjuguer la systématisation du pass sanitaire sur le long terme et le populisme électoral.

Le pass sanitaire va se prolonger, la 3e dose sera inévitable, puis sans doute la 4e, la 5e, etc. Il a juste été dit que le rappel va être obligatoire, comme troisième dose, pour les plus de 65 ans, et les plus de 50 ans ont été appelés à faire de même, mais c’est juste pour lancer un effet d’entraînement. Le pass sanitaire va s’instaurer à l’échelle du pays, les tests PCR et antigéniques ne seront plus à terme reconnus nulle part.

Ce n’est guère encourageant comme perspective et Emmanuel Macron a donc préféré éviter le sujet. Il a donc surtout affirmé que le capitalisme était florissant, que les entreprises cherchaient des employés dans de multiples domaines, que les entreprises avaient profité du soutien de l’Etat, que la France profite de l’économie la plus vive en Europe, que le niveau de vie s’est élevé, etc.

En un sens, il a raison, car le capitalisme avance. Mais il ne fait pas qu’avancer, cependant cela Emmanuel Macron ne le voit pas ou plus. Il représente une bourgeoisie conservatrice croyant en un capitalisme de modernisant par l’intermédiaire de l’Union Européenne. Mais qu’un libéral moderniste se retrouve à devenir conservateur révèle déjà le problème.

L’absence de perspective du capitalisme est évident, le capitalisme survit, les seules choses proposées consistent en ce qui existe déjà. On ne touche à rien : telle est la ligne d’Emmanuel Macron. C’est cela qu’il va proposer pour la présidentielle de 2022.

D’où des mesures libérales modernistes comme si la crise n’avait pas eu lieu : si la réforme des retraites est repoussée, il y aura bien réforme de l’assurance-chômage, élévation de l’âge de la retraite et construction de centrales nucléaires.

Cela a un côté rassurant pour la bourgeoisie et même pour la petite-bourgeoisie. Car, pour l’instant, la crise est contournée grosso modo sur le plan économique – renforçant d’autant plus la tendance à la guerre. Et Emmanuel Macron a mentionné les grandes puissances américaine, chinoise et russe, disant que l’Union Européenne était le meilleur moyen de faire face aux tensions internationales.

L’idée est de continuer à faire tourner le capitalisme français et d’échapper aux tempêtes sous le parapluie européen. C’est exactement la ligne allemande et à l’arrière-plan il y a clairement le tandem franco-allemand. Il y a ici l’espoir d’éviter le conflit sino-américain et, au moyen d’un fort tandem franco-allemand, de profiter du résultat du conflit pour s’imposer. C’est du cynisme « géopolitique ».

Et c’est vain. Penser comme Emmanuel Macron – et comme tous les Français – que la France va échapper à une crise mondiale, à un affrontement mondial, c’est un chauvinisme aberrant. S’imaginer que le capitalisme est en panne sèche et endetté dans le monde entier mais que le génie français va permettre une exception, c’est du chauvinisme délirant.

Mais, encore une fois, tous les Français sont ici d’accord avec Emmanuel Macron… Sauf la haute bourgeoisie qui exige une capacité bien plus élevée de conflictualité. Et qui, à la première crise économique venue, va jeter de l’huile sur le feu comme jamais. C’est tout le régime qui va être en jeu.

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Société

Zoo du Bouy: une pseudo condamnation reflétant l’horreur de la condition animale

C’est une preuve que rien ne change.

On ne peut même pas parler de condamnation dans cette affaire ou bien cela implique que le droit, en fait, n’existe que de manière apparente pour ce qui concerne les animaux. Et c’est bien le cas, mais là c’est dans de telles proportions qu’on ne peut qu’être estomaqué.

L’affaire concerne l’ancien propriétaire et gérant du zoo de Bouy, dans le Puy-de-Dôme, jugé à Clermont-Ferrand. Trafic international d’espèces protégées, maltraitance envers les animaux, utilisation irrégulière… il y avait 14 motifs d’inculpation et pour la plupart, le tribunal a considéré que la personne était coupable.

Le zoo en question avait été fermé par l’État en 2015, alors que depuis quatre ans, 200 animaux étaient morts dans des conditions terrifiantes, c’est-à-dire par la faim, le soif, l’absence de soins. La Fondation 30 millions d’Amis avait pris par la suite 150 animaux en charge.

La condamnation? La voici, chaque aspect étant incohérent :

  • 18 mois de prison avec deux ans de sursis probatoire. Pas de prison ferme.
  • Interdiction à vie de posséder des animaux. Mais droit dans cinq ans d’exercer une profession en rapport avec les animaux!
  • 1000 euros à payer à quatre parties civiles sur six (30 millions d’amis, la fondation Brigitte Bardot, l’association Stéphane Lamart et la fondation Assistance aux animaux). 4000 euros au total donc, ce qui n’est rien du tout au final.

On doit ici bien parler de pseudo-consommation du point de vue des animaux. Ce sont des peines insignifiantes eu égard au crime. Seulement il faut bien l’admettre : dans cette société, ce ne sont pas des crimes, et d’ailleurs la personne a été jugée par un tribunal correctionnel, qui s’occupe justement seulement des délits.

On le voit bien d’ailleurs lorsque le tribunal dit que la personne n’a pas le droit personnellement de posséder des animaux mais qu’elle a le droit professionnellement d’exercer une activité en rapport avec eux. Il y a une dissociation vie personnelle / vie professionnelle qui est aberrante et dont le sens réel est en fait de protéger les zoos et toutes les activités de ce type.

Le tribunal a reproché à la personne concernée d’avoir mal gérée et l’a condamné en conséquence, elle ne lui a pas reproché un crime. Et c’est là tout le problème.

Cela montre à quel point il faut radicalement changer les choses et les états d’esprit. Et déjà il faut saisir cela : la condition animale n’avance pas, c’est impossible dans le capitalisme. Les structures comme L214 ou le Parti animaliste sont des menteurs et des opportunistes, ce sont des marchands d’illusion.

La réalité est que la société est décadente, que donc les choses empirent, et qu’elles empirent avant tout pour les animaux, tous les animaux, comme le montre cette affaire qui concerne tant les animaux « apprivoisés » que les animaux sauvages victimes de trafics.

Ce qu’il faut comprendre, c’est l’alternative Socialisme ou barbarie et qui ne saisit pas la question animale est une partie du problème, pas de la solution.

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Le chef d’État-Major des armées des États-Unis Mark Milley et la bataille pour l’hégémonie

La guerre sino-américaine est à l’ordre du jour.

La guerre sino-américaine est rendue inévitable en raison de la crise. Contrairement aux esprits peu développés politiquement qui pensent que, éventuellement, la guerre peut être une solution « choisie » par le capitalisme, il existe une tendance inévitable et historique du capitalisme à l’expansion, à la crise, à la guerre pour dépasser la crise.

On le voit d’ailleurs très bien avec les Etats-Unis et la Chine qui, s’ils ont agi en tandem à un moment, finissent par se faire face. Objectivement, on pourrait penser qu’ils pourraient se partager le gâteau. Mais le capitalisme n’est pas rationnel, il est une force « intégratrice ». C’est ainsi une compétition inéluctable afin de viser l’hégémonie.

C’est le sens des propos de Mark Milley, chef d’état-major des armées US. Lors d’un Forum sur la sécurité organisé par l’institut Aspen le 4 novembre 2021, il a expliqué la chose suivante :

« Nous entrons dans un monde tripolaire avec les États-Unis, la Russie et la Chine, toutes de grandes puissances (…). Ils [les Chinois] nous défient régionalement et leur aspiration est de défier mondialement les Etats-Unis (…).

Aujourd’hui elle [la Chine] a des capacités dans l’espace et le cyber, la terre, la mer, l’air, sous-marine et ils nous défient clairement régionalement (…). Nous avons ici ainsi le cas d’un pays qui devient extraordinairement puissant, qui veut réviser l’ordre international à son avantage. Cela veut être un réel défi lors des prochaines années. Dans les prochaines 10, 20 années. Cela va être réellement significatif pour les Etats-Unis (…).

Nous vivons en ce moment l’une des plus grandes transformations dans les rapports de force mondiaux géostratégiques que le monde ait jamais vu… Si nous, les Etats-Unis, ne modifions fondamentalement rien dans les 10 à 20 ans, nous serons du mauvais côté du conflit. »

Ces propos sont tout à fait clairs et, pourtant, l’immense majorité des Américains ne le voient pas, pas plus que d’ailleurs les Français ou les Britanniques. C’est très paradoxal : les militaires présentent de manière non voilée la bataille à venir, pour autant les gens continuent de vivre le capitalisme au quotidien comme si de rien n’était.

Ce n’était pas le cas avant 1914 ni avant 1939, car il existait une Gauche historique puissante, qui a largement bataillé contre la guerre, l’expansionnisme, le militarisme, les velléités impérialistes. Aujourd’hui par contre il n’y a pas de Gauche historique alors que les gens sont encore plus prisonniers du capitalisme, qui les enserre toute leur vie, dans tous les domaines.

Cela implique également que le capitalisme aura, pour la guerre, davantage de mal à les remodeler dans un sens militariste. Mais il en a les moyens, car les gens en France, par exemple, sont pétris du chauvinisme de grande puissance et sont prêts à soutenir le militarisme si cela défend leur niveau de vie. Les Français n’ont pas voulu mourir pour Prague en 1938, dans une Tchécoslovaquie agressée par les nazis, ils ne veulent pas le faire pour Marioupol en 2021, dans une Ukraine agressée par la Russie.

Preuve de cela, la question de la guerre n’existe pour aucun candidat à la présidentielle de 2022, à part pour justement soutenir le militarisme, la logique de la compétition et du conflit. Cela reflète le positionnement des gens, dont les mentalités sont corrompues par le niveau économique français.

Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faille proposer une ligne anti-guerre abstraite – cela n’aurait aucun sens. Cela veut dire qu’il faut saisir le processus de guerre qui se met en place et, sur ce terrain, arriver à arracher les esprits aux mentalités chauvines de grande puissance. C’est inévitablement très difficile, il suffit de voir en 1914 quelle catastrophe cela a été, avec toute la Gauche se précipitant dans l’Union Sacrée, y compris les anti-militaristes les plus acharnés.

Mais il y a un avantage à pouvoir observer, de l’extérieur relativement, la montée en puissance du conflit sino-américain : cette distance peut aider à comprendre plus aisément les choses, à se faire moins emporter par l’irrationalisme militariste.

Il y a ici tout un processus d’éducation à entreprendre. C’est le sens du suivi de la tendance à la guerre, du conflit Russie-Ukraine, du conflit dans la zone indo-pacifique. Agauche.org a ici une fonction essentielle, en pointe pour le suivi et la compréhension des processus jouant un rôle central dans l’Histoire actuelle du monde et, pour cette raison même, « oubliée » par ceux pour qui le capitalisme est éternel.

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Politique

Eric Zemmour candidat, la principale menace

Il représente l’aspect principal du problème et donc de la solution.

En l’espace de quelques semaines, Eric Zemmour a été propulsé sur le devant de la scène politique. Il dispose de cadres et de soutiens financiers, il a des appuis politiques et l’aval de la haute bourgeoisie. Son émergence est la même qu’Emmanuel Macron, mais cette fois pas au service du libéralisme moderniste : c’est cette fois du nationalisme et du militarisme qu’il s’agit.

C’est tout aussi artificiel. Mais ce ne sont pas les mêmes catégories sociales qui en sont la source. Et force est de constater qu’Eric Zemmour a réussi à largement affaiblir Marine Le Pen, ce qui est une nouveauté d’une haute signification, puisque c’est elle qui représentait l’extrême-Droite jusqu’à présent. C’est dire si tout a changé.

Avant, Marine Le Pen était un vecteur. Désormais, il y a Eric Zemmour, qui doit être un outil. Il ne s’agit plus de faire un contre-poids nationaliste et militariste. Il s’agit d’avancer en mode rouleau compresseur. Et cela marche.

En quelques semaines, on a assisté à une réorganisation générale de la Droite nationaliste, avec une recomposition générale, l’émergence de cadres et surtout – surtout – la mise en place d’une ligne. C’est toujours la ligne qui décide de tout. Et là, l’aspect principal de la crise, dans son expression politique du côté de la haute bourgeoisie, c’est Eric Zemmour.

Son « Z » est le symbole d’une nouvelle mythologie, d’une nouvelle rhétorique, d’une orientation nationaliste ouvertement tournée vers le militarisme.

Et dans une France glauque, avec des gens dépolitisés, aliénés par le travail, exploités par le capital, le capitalisme régnant en maître, Eric Zemmour est le nouveau panorama, l’actualité – événement, le moyen d’occuper les esprits, d’encore plus les réduire, les assécher, les éteindre… et même, par la suite, de les mobiliser.

Cela ne veut pas dire que Marine Le Pen ne soit plus une menace. Son influence dans le milieu ouvrier est énorme. Mais Marine Le Pen a justement eu un tel succès populaire que cela ne permettait plus à la Droite nationaliste proposer une stratégie. L’enfermement mental des ouvriers était si réussi qu’il était impossible d’en sortir sans remettre tout en cause.

Eric Zemmour est lui un levier pour aller de l’avant, avoir une démarche offensive. Les ouvriers endormis par Marine Le Pen, la haute bourgeoisie peut passer à l’offensive avec la crise, tandis que les libéraux modernistes espèrent maintenir leur place… si la crise ne s’exprime pas trop, si la tendance à la guerre ne s’impose pas trop rapidement.

Eric Zemmour est ainsi l’aspect principal de la question, il est le fil qui, une fois tiré, tire tout le reste. C’est vrai pour la haute bourgeoisie, cela doit être vrai pour la Gauche. Malheureusement, envoûté par le capitalisme, même à gauche les gens ont une mentalité petite-bourgeoise, ils ne sont pas en mesure de saisir la menace.

C’est donc un processus prolongé qui s’ouvre, de prise de conscience à travers de profondes remises en causes. L’Histoire se met en branle, les choses sérieuses commencent – comme avant 1914, comme avant 1939.

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Guerre

Vers l’affrontement Maroc – Algérie

La crise force les deux régimes à se combattre.

Il y a eu ces derniers mois une énorme tension entre l’Algérie et le Maroc, au point que les relations diplomatiques ont été rompues. La chronologie de l’escalade de juillet à octobre 2021 fait froid dans le dos.

Et désormais, on a le prétexte de la guerre, puisque le Maroc a pris une initiative meurtrière et, on s’en doute, indirecte. Ont été en effet visés deux camions algériens en Mauritanie non loin de la zone contrôlée par le Front Polisario au Sahara Occidental. Ce Front a lutté depuis 1973 contre l’Espagne, puis à partir de 1976 contre le Maroc, ce dernier occupant 80% du pays.

Le Maroc compte annexer la zone et vient récemment de se voir reconnu ce territoire par la superpuissance américaine en échange de la reconnaissance de l’Etat israélien. L’Algérie refuse depuis cinquante ans l’initiative marocaine, soutenant le Front polisario.

C’est la raison pour laquelle le Maroc a visé le 1er novembre 2021 les deux camions, considérés comme liés au Front. Trois algériens ont été tués dans une opération menée de manière névralgique, au moyen de drones. Officiellement, l’Algérie n’est donc pas concernée directement à part pour ses ressortissants, mais l’arrière-plan est très clair.

L’agence officielle de presse algérienne APS a affirmé que « leur assassinat ne restera pas impuni », car c’est « nouvelle manifestation d’agressivité brutale qui est caractéristique d’une politique connue d’expansion territoriale et de terreur » de la part du Maroc. Le communiqué de l’agence de presse se termine même par des propos ouvertement militaristes et fanatiques :

« Les trois victimes innocentes de cet acte de terrorisme d’Etat rejoignent, en ce glorieux jour du 1er Novembre, les Martyrs de la Libération nationale. »

Les médias algériens ont annoncé que la réponse serait cruelle, les sondages algériens – plus ou moins bidons bien sûr – donnent 79% en faveur d’une réponse militaire.

Le parlement algérien a tout de suite appuyé les initiatives du président algérien et ce quelles qu’elles soient (il faut l’accord du parlement algérien pour une opération extérieure) :  il « adhère à toute entreprise qui sera menée par le président de le république pour défendre notre patrie et châtier l’état terroriste qui n’a pas hésité à tuer les innocents pour servir ses ambitions de domination et d’expansion ».

Le ministre des affaires étrangères Ramtane Lamamra a parlé d’un acte de « terrorisme d’Etat », en appelant à l’ONU et l’Union africaine, ainsi que la Ligue des Etats arabes et l’Organisation de la coopération islamique.

L’ambiance est électrique et les propos de Kader Abderrahim, professeur à Sciences-Po Paris à TV5 monde en témoignent:

« J’ai toujours pensé qu’il n’y aurait pas de conflit ouvert entre le Maroc et l’Algérie. Je suis plus mesuré aujourd’hui. Tous les indicateurs sont au rouge. Nous ne sommes pas à l’abri d’un dérapage qui pourrait enflammer la région. »

On a même un ancien officier de l’armée de l’air d’Algérie, Mokhtar Mediouni, qui a appelé le Front Polisario a semer « le désordre et la terreur dans la société marocaine ». C’est symptomatique de comment les va-t-en-guerre des deux pays considèrent que la stabilité du leur passe par la déstabilisation de l’autre.

Il faut bien comprendre que les deux régimes sont KO. Le Maroc voit ses richesses pomper par une sorte de bourgeoisie bureaucratique enchevêtrée à la monarchie et liée notamment à la France, espérant s’en tirer par une sorte de modernisation libérale et une pression politique incessante. L’Algérie est une dictature militaire depuis une indépendance directement confisquée par les colonels et après avoir profité des ressources naturelles, l’économie est à bout de souffle.

Il est d’ailleurs étonnant que Révolution Permanente, au sujet de ce conflit, n’imagine pas vraiment comme possible la guerre et présente l’Algérie comme anti-coloniale. Plus personne ne peut croire une telle fiction.

D’ailleurs, l’Algérie et le Maroc représentent 61% des importations d’armes en Afrique. Ces Etats corrompus, exerçant une odieuse dictature sur leurs peuples, sont en crise, ils agonisent. Ils sont en passe d’être emportés par l’Histoire et ils cherchent à s’en sortir par le nationalisme et la guerre.

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Guerre

Chronologie des tensions Algérie Maroc de juillet à octobre 2021

L’escalade actuelle a une base solide.

La présente chronologie déborde du cadre direct Algérie-Maroc, mais on y trouve les éléments pour comprendre la crise actuelle. Elle est tirée de la revue pdf Crise (Analyse de la seconde crise générale du mode de production capitaliste) n°16.

13-14 juillet 2021 : rencontre virtuelle du Mouvement des non-alignés en Azerbaïdjan, où le ministre algérien des affaires étrangères Ramtane Lamamra souligne la nécessaire indépendance du Sahara Occidental occupé par le Maroc et le délégué permanent du Maroc auprès des Nations Unies Omar Hellal a appelé à « l’indépendance du peuple kabyle » en Algérie.

18 juillet 2021 : l’Algérie rappelle son ambassadeur au Maroc.

25 juillet : le président tunisien Kaïs Saïed limoge le gouvernement, gèle le parlement, suspend l’immunité des députés et prend les pleins pouvoirs.

18 août 2021 : l’Algérie décide de réviser ses relations avec le Maroc.

24 août 2021 : l’Algérie rompt les relations diplomatiques avec le Maroc en accusant celui-ci d’être à l’origine d’incendies meurtriers en Kabylie en liaison avec des mouvements séparatistes.

14 août 2021 : visite du ministre algérien des affaires étrangères, Ramtane Lamamra, à son homologue turc Mevlut Cavusoglu ; il est parlé de feuille de route et de convergence concernant les questions de la Libye, de la Tunisie et de l’Afrique en général.

9 septembre 2021 : le ministre algérien des affaires étrangères Ramtane Lamamra explique lors d’un Conseil de la Ligue arabe qu’ « une analyse de la situation nous fait comprendre que certains cherchent à s’attribuer des rôles influents dans la structure de l’ordre régional et international en établissant des alliances dangereuses dans l’unique but de réaliser des acquis immédiats au détriment des nobles objectifs du système de l’action arabe commune ».

Il y a « des parties [qui] recourent à l’aide et la puissance d’un ennemi historique pour attenter aux frères et s’attaquer directement aux voisins ». L’Agence de presse algérienne APS explique que ces propos font « allusion aux actes perpétrés par le Maroc qui s’allie avec l’entité sioniste pour entamer les intérêts de l’Algérie ».

Ramtane Lamamra s’est rendu dans les jours suivant à Niamey au Niger, Nouakchott en Mauritanie, Le Caire en Égypte, Kinshasa en République démocratique du Congo (qui préside actuellement l’Union africaine, Brazzaville au Congo-Brazzaville (qui préside le Haut comité africain de suivi du dossier libyen).

12 septembre 2021 : début en Azerbaïdjan des manœuvres militaires « Trois frères » avec des forces armées de la Turquie, de l’Azerbaïdjan et du Pakistan.

22 septembre 2021 : l’Algérie n’autorise plus les avions civils et militaires marocains à la survoler, alors qu’elle ne renouvelle pas le contrat d’acheminement de gaz algérien jusqu’à l’Espagne via le gazoduc Maghreb Europe passant par le territoire marocain.

25 septembre 2021 : à l’assemblée des Nations-Unies le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga explique que « La nouvelle situation née de la fin de Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d’autres partenaires ».

Le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov a confirmé que le Mali avait pris contact avec des sociétés privées russes (servant de forces militaires, par ailleurs présentes au Syrie, au Soudan, en Libye, en République centrafricaine et au Mozambique, en Guinée et au Tchad).

28 septembre 2021 : la France annonce la réduction drastique de visas pour les ressortissants du Maroc, de l’Algérie et la Tunisie, au motif que ces pays ne reprennent pas leurs ressortissants expulsés. Conférence de presse du président français Emmanuel Macron et du premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis annonçant un partenariat stratégique.

29 septembre 2021 : l’ambassadeur français à Alger est convoqué et se voit notifier une protestation du gouvernement algérien.

1er octobre 2021 : l’Iran, qui accuse l’Azerbaïdjan de collusion avec Israël, mène de vastes manœuvres militaires à la frontière avec l’Azerbaïdjan, nommées Fatehan-e Khaybar (les conquérants de Khaybar, du nom du village d’une tribu juive conquise par Mahomet).

2 octobre 2021 : Le Monde relate des propos du président français Emmanuel Macron lors d’une rencontre deux jours plus tôt avec des petits-enfants de familles liées à la guerre d’Algérie : il parle d’une haine de la France de la part « du système politico-militaire qui s’est construit sur cette rente mémorielle ». Il dit également que le « système algérien est fatigué, le [mouvement de contestation lancée en 2019 et nommé] Hirak l’a fragilisé ».

Enfin, il dénonce la Turquie : « La construction de l’Algérie comme Nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question. Il y avait de précédentes colonisations. Moi, je suis fasciné de voir la capacité qu’a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée. Et d’expliquer qu’on est les seuls colonisateurs, c’est génial. Les Algériens y croient ».

Le jour même, l’Algérie rappelle son ambassadeur à Paris et ferme son espace aérien aux avions militaires français.

3 octobre 2021 : l’ambassadeur français à Alger est convoqué et se voit notifier une protestation du gouvernement algérien. 80 militaires de l’armée algérienne participent à des manœuvres avec la Russie en Ossétie du Nord. La Russie est le premier fournisseur de l’armée algérienne et sa part a augmenté de 64% entre 2016 et 2020.

4 octobre 2021 : Omer Celik, porte-parole du Parti de la Justice et du Développement du président turc Recep Tayyip Erdoğan, dénonce Emmanuel Macron : « si vous deviez faire une déclaration sur un pays en particulier, pourquoi mariez-vous le nom de la Turquie, de notre président et de l’Empire ottoman dans cette affaire ? »

6 octobre 2021 : en visite à Bamako une seconde fois depuis le 28 août pour rencontrer le colonel putschiste pro-russe Asimi Goïta, le ministre algérien des affaires étrangères Ramtane Lamamra déclare que « le président de la République Abdelmajid Tebboune m’a dépêché auprès du Président de la transition et auprès du Premier ministre pour témoigner la solidarité agissante de l’Algérie au peuple, au gouvernement malien, en cette période de l’histoire contemporaine de votre nation avec laquelle nous
avons un destin commun ».

7 octobre 2021 : le ministre algérien des affaires étrangères Ramtane Lamamra explique à l’agence de presse turque Anadolu, en marge du sommet Italie-Afrique, qu’il était nécessaire de dénoncer « très fortement » et « très fermement » la position française, et que « quelle que soit la crise que traversent les relations algéro-françaises, elle n’aura pas d’impact sur les relations de l’Algérie avec des pays frères comme la Turquie ». Il a souligné que la Turquie était un « acteur international très important ».

[Le 10 octobre 2021 le président algérien Abdelmajid Tebboune menace le Maroc d’une « guerre sans fin » dans une interview télévisée.

En novembre, l’Algérie a annoncé que le groupe public Sonatrach ne reconduirait pas le contrat du gazoduc passant par le Maroc et alimentant l’Espagne en gaz.]

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Écologie

« Euthanasiés doucement avec du gaz carbonique »

La banalisation du massacre reflète notre époque.

Le capitalisme, c’est la compétition et la vision de la Nature qui en découle reflète cela. Mais le capitalisme en crise, c’est la compétition pour le repartage du monde et ce qui en découle, c’est la banalisation de la destruction de l’ennemi.

Cela se produit insidieusement, dans la négation de l’empathie. Pour preuve, cet article du Parisien où l’on trouve des propos terrifiants, balancés juste en passant. L’article s’intitule « Écolo et efficace : Toulouse teste l’utilisation de furets pour chasser les rats » et on y lit donc :

Dans une zone bien délimitée, des filets avaient ainsi été installés sur les galeries et la furette a été introduite dans l’une d’elles.

En quinze minutes, elle a délogé les rongeurs qui se sont retrouvés coincés dans les filets. Ils ont ensuite été placés dans une boîte noire, pour éviter le stress, avant d’être euthanasiés doucement avec du gaz carbonique.

Comment ne pas penser, immédiatement, aux meurtres nazis où l’on procédait par tromperie pour mettre les gens dans des pièces pour les gazer? Et comment la personne ayant écrit ces lignes peut-elle penser qu’on est « euthanasié » doucement en étant asphyxié ?

Ce n’est d’ailleurs pas une « euthanasie », les rats n’étant pas malades de manière incurable et en souffrance. Mais tout cela apparaît inévitablement comme trop subtile à une époque où les problèmes doivent être liquidés, où tout doit céder le passage à… on ne sait trop quoi, mais en tout cas c’est la destruction.

Car, de toutes façons, ces rats qu’on cherche à repousser, ils ne tombent pas du ciel, pas plus que la pandémie avec le COVID-19. L’être humain refaçonne tout ce qu’il touche, il joue les apprentis-sorciers, tout lui pète à la figure et sa réaction, c’est : la Nature est méchante, elle refuse de se plier à mes désirs, je vais encore plus lui faire la guerre.

C’est d’autant plus vrai que le capitalisme propose une multitude de solutions fictives aux problèmes. On trouve le meurtre des animaux horribles ? Pas de soucis, contente toi d’aller manger végétalien au restaurant. En panne dans sa vie privée ? Invente toi une vie en regardant des séries. Mal dans sa peau ? Voici des anxiolytiques et des antidépresseurs. Mal à l’aise dans son corps ? « Change » de sexe. Envie de succès facile ? Pose sur instagram et va à Dubai. Etc., etc., etc., jusqu’à la nausée.

Ce qui est frappant, et terriblement révélateur, c’est que toutes ces postures individualistes s’accompagne toujours d’un dédain pour les animaux. Les fuites proposées par le capitalisme sont toujours « culturelles » au sens de consommateur, et ainsi toujours anti-naturelles. Partant de là, les animaux sont invisibles.

Et, pourtant, la question animale est une clef pour appréhender la vision du monde des gens. Qui veut la guerre ne se préoccupe pas des animaux, qui se préoccupe des animaux ne veut pas la guerre. C’est une question de priorités.

En ce sens, Eric Zemmour a du succès et correspond à l’époque, car lui sait être le méchant complet, alors que ceux qui veulent être bons n’y parviennent pas. S’il continue d’avancer et d’avoir du succès, le reproche à faire à ceux qui tombent du ciel sera facile à faire : Eric Zemmour n’a jamais aidé un refuge pour animaux, et toi non plus.

Le rapport est évident et si la personne interpellé ne le voit pas, c’est qu’elle n’a pas compris la bataille des valeurs de toute une époque.

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Société

Pourquoi les gens de Gauche ne prennent-ils pas Eric Zemmour au sérieux?

C’est une constante qui risque de coûter très cher.

C’est un véritable phénomène de société : les gens de gauche sont horrifiés par Eric Zemmour mais, en même temps, ne le prennent pas au sérieux. Ils pensent que c’est quelqu’un de bruyant diffusant des valeurs rétrogrades, qu’il donne la nausée. En même temps, ils pensent que c’est juste un accident médiatique et qu’il n’est que passager.

Il y a deux problèmes majeurs qui découlent de cela. Tout d’abord, cela ne permet pas de comprendre l’immense impact qu’il a sur la société française. La Droite est galvanisée et même si Eric Zemmour disparaissait du paysage demain, de nombreuses autres figures le remplaceront. Ensuite, il n’y a pas de raison qu’il disparaisse. Et là la conséquence horrible s’il se maintient, c’est que les mêmes gens, n’ayant pas compris la menace qu’il représente, dise : Macron-Zemmour au second tour, je m’abstiens, car cela revient au même.

Le fondement même de tout ce raisonnement est apolitique, littéralement anarchiste. Cela reflète une incapacité à analyser la situation politiquement, c’est-à-dire en termes de classe et de besoins de ces classes. Peu importe en effet ici qu’Eric Zemmour soit seulement Eric Zemmour. Ce qui compte, c’est le rôle qu’il peut jouer pour une haute bourgeoisie prônant un virage nationaliste et militariste. Et là, non seulement il joue déjà un rôle significatif, mais même demain il peut jouer un rôle de premier plan, s’il s’adapte suffisamment à ce qu’on attend de lui.

Aurait-on oublier que l’Allemagne et l’Italie, deux pays de très haute culture, ont accueilli à bras ouverts Adolf Hitler et Benito Mussolini, deux insultes à la culture? Ces deux criminels s’étaient parfaitement insérés politiquement dans les attentes de la haute bourgeoisie et ils ont été portés au pouvoir.

Car Eric Zemmour n’avance pas seul. Ce n’est pas un phénomène individuel, mais historique. On voit bien d’ailleurs comment les médias l’ont littéralement mis en place comme figure politique. Alors pourquoi ne pas le prendre au sérieux? Pourquoi s’imaginer que ces mêmes médias ne peuvent pas aller plus loin, que la haute bourgeoisie ne peut pas le pousser?

Après tout, Emmanuel Macron a pareillement été une marionnette portée à bout de bras par la fraction la plus moderniste de la bourgeoisie. Du jour au lendemain, il a eu des fonds et un mouvement politique avec des cadres. Tout a été produit artificiellement en peu de temps. Pourquoi cela ne pourrait-il pas être pareil avec Eric Zemmour?

Ce qu’il faut voir aussi, c’est que les gens de gauche sont comme l’ensemble des Français, ils sont blasés, ils ne pensent pas vraiment que quelque chose puisse arriver. Ils ne considèrent pas qu’il y ait une crise ou du moins font-ils confiance au capitalisme pour la résorber, comme il l’aurait toujours fait. Ils ont en fait perdu le fil de l’Histoire, car qui regarde l’Histoire sait que la crise se résout par l’écrasement des travailleurs à l’intérieur du pays et l’expansion à l’extérieur.

Eric Zemmour, c’est la guerre. Qui ne le voit pas n’a pas saisi les principes à l’oeuvre dans l’Histoire. Eric Zemmour, c’est le fascisme. Et l’existence de Marine Le Pen n’affaiblit pas cette proposition, bien au contraire elle la renforce parallèlement, elle ajoute à l’entreprise de démolition anti-démocratique qui est en cours.

C’était bien la peine de se moquer des Américains avec Donald Trump si c’est pour agir avec la même passivité complice, avec le même dédain intellectuel, avec la même incompréhension de la gravité de la situation !

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Réflexions

Qu’est-ce que l’antifascisme ? (1935)

Il ne s’agit pas simplement d’écraser les bandes fascistes.

(Publié le 22 juin 1935 dans Le Populaire, l’organe du Parti socialiste SFIO ; son auteur, Paul Faure, en était le dirigeant avec Léon Blum (pour ensuite capituler devant Pétain en 1940.)

Je crois bien que la vraie lutte anti-fasciste, c’est la lutte de classe, c’est l’organisation des travailleurs en parti de classe sur le terrain politique, c’est l’organisation des travailleurs en syndicats fédérés et confédérés sur le terrain professionnel.

Ce n’est pas vrai seulement parce que c’est dans la tradition de tout le mouvement ouvrier, mais aussi parce que les faits quotidiens apportent à cette conception des confirmations éclatantes et répétées.

Prenez la journée d’hier à la Chambre. Il ne s’agissait pas, je vous assure, de prendre des positions extraordinaires, mais de réclamer la mise à l’ordre du jour d’un rapport parlementaire concernant les agissements des ligues fascistes. Qui plus est, l’auteur de ce rapport est précisément un radical.

Eh bien, il s’est trouvé un nombre important de radicaux pour refuser ce geste d’élémentaire « défense républicaine » et de respect des règles parlementaires. Comment s’en étonner quand les représentants autorisés de ce parti siègent dans les gouvernements d’union nationale avec les réactionnaires les plus notoires ?

Ils en sont là quand il n’est question que d’une discussion sur la date d’un rapport ! Que serait-ce donc s’il fallait s’associer à une lutte réelle et directe contre les causes précises du fascisme lui-même.

Certes, d’abord, avant toute chose et pour courir au plus pressé, dissolution et désarmement des ligues et formations fascistes. Mais ne perdons pas de vue que ces ligues et formations n’existent que parce qu’il a une crise économique avec une anarchie et une misère croissantes que certains ont intérêt à exploiter ; que parce qu’il y a a des banquiers et industriels qui subventionnent ces ligues ; que parce que ces mêmes banquiers et industriels lâchent sur l’opinion la sale mitraille de leur presse immonde.

La lutte contre le fascisme ne saurait donc se limiter à des mesures nécessaires contre des groupes armés au mépris des lois.

Il faut attaquer la crise économique de front en exigeant la nationalisation des banques et des principales industries ; la suppression de la fabrication et du commerce privés des armes ; la nationalisation du crédit ; la création d’offices agricoles en vue d’assainir le marché et d’écouler les produits ; la diminution du chômage par la semaine de quarante heures sans toucher aux salaires et par la mise en train de grands travaux utiles.

Il faut lutter contre la guerre en poursuivant, à Genève, une active politique de réduction et de suppression des armements qui, seule, permettra aux grands États de disposer des sommes nécessaires pour rétablir leurs finances et contre-battre efficacement les effets de la crise.

Qui n’accepte pas ce programme minimum d’action immédiate n’est pas sincèrement antifasciste, même s’il adhère à des formations ou des rassemblements sous le signe de l’antifascisme.

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Société

Pourquoi il faut parler cyclisme

Un sport de riches pratiqué par des pauvres, un symbole du socialisme.

Il n’y a rien de plus français que le Tour de France, il n’y a rien de plus populaire que le Tour de France. Et si l’on regarde bien, il y a dans le cyclisme quelque chose qui est par définition même ce qui est la Gauche historique.

De quoi s’agit-il ? Tout simplement de ce fait capital que le cyclisme est un sport de riches pratiqué par des pauvres. Et ça, ça change tout.

En effet, le football, par exemple, a un profond travers, c’est son immédiateté. Cela lui confère une base de masse qui, en fait, est fictive. Si tout le monde aime taper dans un ballon ou jouer avec une balle, il apparaît très vite que le football, on en fait vite le tour. Les Français ne sont pas les Brésiliens et leur affection pour le jeu de balles.

Et si supporter un club est une forte tradition en France parfois, il n’y a pas de réel public de masse à grande échelle pour autant en France et une des preuves de cela est qu’il n’y a pas réellement plusieurs clubs par ville contrairement à beaucoup d’autres pays. Le football est présent, mais il n’est pas validé et il n’existe d’ailleurs pas dans notre pays sans faire face, tel un yin et yang, au rugby.

Car les Français aiment l’esprit et le style, ce que le football ne permet pas dans une large mesure, le rugby étant son inverse. Le cyclisme le permet par contre par la grâce de ses courbes, ses codes et surtout son esprit. Mais ce trait national-démocratique français – qu’aucun nationaliste ou cosmopolite d’ultra-gauche ne comprendra jamais en raison de leur incapacité à fournir des efforts culturels prolongés – a un contenu socialiste de par un aspect substantiel.

Le cyclisme a ceci ici en effet de très différent par rapport au football que c’est une activité qui exige un investissement financier et intellectuel. C’est accessible sans réellement coûter quelque chose, puisqu’on peut rouler ici ou là gratuitement, même si parfois il faut se déplacer en voiture ou en train pour y accéder.

Par contre, le matériel coûte cher, très cher. 1500 euros un vélo correct, 150 euros le cuissard cycliste long et 90 euros pour le haut, 60 euros le casque, 30 euros pour des gants mi-saison et 150 euros pour des chaussures, sans parler des chaussettes, de la pompe à vélo, un lubrifiant pour la chaîne, des pneus à changer régulièrement, etc.

Et faire du vélo c’est se préoccuper de savoir que faire en cas de crevaison, c’est faire l’effort de chercher les routes où l’on peut rouler, etc. Ce n’est pas taper dans un ballon en bas de chez soi. Le football, c’est d’ailleurs accepter l’urbanisation, la ville, alors que le cyclisme, c’est la fuir tout en l’assumant sur le plan matériel au niveau de la modernité et de la culture.

Cela fait que le cyclisme pratiqué par les pauvres implique une exigence socialiste, car c’est dire: nous sommes pauvres, mais nous voulons la richesse matérielle afin de pouvoir nous épanouir, développer nos facultés, pour nous tourner vers la nature depuis la culture.

Phénomène récent devenant de masse, le gravel bike est grosso modo un vélo de course avec des roues valables pour le gravier, le sable, les chemins… permettant des parcours plus marquants que ceux purement routiers et sans la lourdeur des VTT

Seul le capitalisme développé permet d’ailleurs une telle démarche. Il y a une incroyable montée en puissance du cyclisme en France : dès les années 1920-1930 il y a des comptes-rendus en première page de l’Humanité, puis les années 1960 marquent le début d’une consécration culturelle nationale.

La pandémie a, de manière marquée, encore plus renforcé la présence du vélo, mais cela est par contre vrai dans tous les pays occidentaux, comme d’ailleurs l’expansion des pistes cyclables et marquages cyclables sur les routes. C’est un aspect important, mais là n’est pas l’essentiel.

L’essentiel, c’est que le cyclisme implique des pauvres ne s’enfermant pas dans l’immédiateté, faisant des efforts prolongés et conscients pour vivre mieux. Il y a là tout un symbole.

Et puis bien sûr il y a la dimension sportive, prolétaire, bien loin des pouilleux zadistes ou des syndicalistes toxicomanes. La Gauche historique a toujours souligné l’importance de la santé, du bien-être physique et mental.

Voilà pourquoi il faut parler cyclisme, car le cyclisme parle de lui-même à l’esprit français, tout comme le font le Varzesh-e Pahlavani en Iran, le tennis de table en Chine, le hockey sur glace en Tchéquie, le ski en Autriche, le cricket au Pakistan et en Inde, le volleyball au Sri Lanka…

Et cela, c’est de la culture, démocratique : c’est avec cela qu’on écrase le fascisme, et avec rien d’autre.

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Politique

Quand Eric Zemmour pose la question de la nature de l’antifascisme

Eric Zemmour pose des défis politiques et culturels.

Lors de son passage à Nantes le 30 octobre, Eric Zemmour a directement abordé la question du fascisme et de l’antifacisme. Il l’a fait de manière bien calculée, car Nantes est un bastion anarchiste et évidemment 450 personnes ont pratiqué une ligne substitutiste, cherchant à perturber le meeting d’Eric Zemmour en entrant dans l’enceinte du Zénith pour essayer de le bloquer, ainsi qu’en collant la veille des affiches avec une cible sur le visage d’Eric Zemmour. C’est inefficace et même contre-productif, puisque cela ne fait que renforcer le « buzz » d’Eric Zemmour.

Il est tout à fait logique qu’Eric Zemmour aborde, dans un même meeting, la question du fascisme et celle de la chasse, prenant pour la première fois position sur cette dernière. A rebours des anarchistes qui ne comprennent rien à rien, Eric Zemmour a compris que ce qui était en jeu, c’était la question du mode de vie fondé sur une certaine vision du monde. Il a a saisi que la question animale était fondamentale pour le camp du changement, et comme il ne veut pas le changement, et que de toutes façons le véganisme est trop « difficile » pour des Français fainéants et libéraux, il sait qu’il a un boulevard.

Quant à l’antifascisme défini comme « une colonisation intellectuelle de l’humanité, voulue par le cerveau malade de Staline », c’est une référence très précise à l’Histoire. L’antifascisme comme démarche a en effet été défini par le Bulgare Georgi Dimitrov et systématisé par le mouvement communiste dans le cadre du septième congrès de l’Internationale Communiste en 1935.

Le siège central des communistes en Allemagne, en 1932, avec le symbole de l’Action antifasciste sur le bâtiment et le slogan « Dans les rangs de l’Action antifasciste contre la guerre, la faim et le fascisme! »

Cela est très peu connu en France, car les anarchistes ont pratiqué un lessivage sur le plan des idées afin de se présenter comme « antifas » alors qu’en réalité, ils ont toujours nié la nécessité du « front » antifasciste. Le « front » est historiquement l’alliance des socialistes et des communistes (principalement), les anarchistes et l’ultra-gauche dénonçant une trahison de la révolution. Cela dit ce n’est pas toujours exact : dans le front populaire espagnol, on trouvait la CNT au gouvernement, et seule une frange d’ultra-gauche s’y opposait.

En France c’est cette ligne d’ultra-gauche qui prévaut chez les « antifas », avec un soutien naturel de la part des libéraux, comme cet article du Monde du 26 octobre 2021, L’antifascisme, un renouveau par la jeunesse, qui fait leur éloge, notamment de la « Jeune Garde ». Le capitalisme libéral apprécie que l’antifascisme soit réduit à une défense des migrants et un rejet des bandes fascistes, à une critique de l’autoritarisme de l’État, etc. Des éditions anarchistes viennent même d’ailleurs de sortir un jeu de société « antifa » dans cet esprit.

Le souci, ce n’est pas simplement que ce soit faux, c’est que c’est suicidaire. Comme en témoignent les propos triomphalistes sur porte-parole de la Jeune Garde (à la suite du passage chez Hanouna ou de l’article du Monde).

On n’arrive à rien du tout, oui. CNews utilise les « antifas » pour montrer aux bourgeois qu’Eric Zemmour est efficace pour polariser. S’imaginer qu’un bourgeois puisse craindre quelque chose dans un contexte comme le nôtre, c’est littéralement délirer. L’offensive bourgeoise est gigantesque. C’est un rouleau compresseur qui déboule, parce que la situation est celle d’une crise.

Alors, oui les antifas forment une mouvance importance de plusieurs centaines de personnes, mais leur impact sur la société est à l’image de celui de la Gauche, pratiquement inexistant. La dernière manifestation « antifa » à Lyon a rassemblé 2 000 personnes le 23 octobre 2021 et c’est présenté comme une victoire. Lyon, c’est avec son environnement direct pratiquement deux millions de personnes. Dans les sondages, Eric Zemmour est à 17%, Marine Le Pen à 16%. Les meetings d’Eric Zemmour sont pleins et tout un pan de la bourgeoisie le soutient, avec à l’arrière-plan la haute bourgeoisie désireuse d’une sorte de Brexit à la française. La majorité des ouvriers est peu ou prou sous l’hégémonie de Marine Le Pen.

Voilà pourquoi les seules réponses antifascistes réelles peuvent et doivent être politiques. L’ultra-gauche a failli, comme le montrent d’ailleurs son soutien aux gilets jaunes et aux anti-pass sanitaire. C’est la Gauche historique qu’il faut réactiver.

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Politique

Eric Zemmour et l’antisémitisme de Jean-Luc Mélenchon

2021 devient toujours plus ignoble.

Jean-Luc Mélenchon a mené une sortie électorale antisémite tout à fait calculé, dans la perspective de la présidentielle de 2022. Il a dit deux choses très précises : tout d’abord il a dit qu’Eric Zemmour était juif, ce que tout le monde sait et ce dont tout le monde se moque parce qu’on est en France et que ce genre de choses ne compte pas. Il est le premier dans le cadre de la campagne présidentielle à affirmer cela, faisant tomber un tabou républicain.

Ensuite, il a dit qu’Eric Zemmour avait des positions politiques qui reflétaient le fait qu’il soit juif. Ce faisant, il lance une offensive antisémite, ou plus exactement anti-judaïque. Pratiquement personne ne sait en effet qu’Eric Zemmour a ou a eu du moins un positionnement personnel de juif profondément croyant et relativement orthodoxe dans sa pratique. Jean-Luc Mélenchon a dû le savoir et balance la chose.

Concrètement, il vise très clairement à une polarisation judéo-arabe pour un clivage religieux et/ou raciste, dont il profiterait électoralement. Il agit ainsi comme l’ultra-gauche française qui manie autant les drapeaux palestiniens qu’elle ne fait strictement rien, en pratique, pour les Palestiniens dont la situation est toujours plus dramatique.

Voici les propos de Jean-Luc Mélenchon, tenus sur BFMTV:

Le journaliste: Il est antisémite ou pas? C’est une vraie question que se pose la communauté juive notamment.

Jean-Luc Mélenchon: Ah bon (…). Après, qu’un juif soit antisémite est une nouvelle. Sur le moment cela m’a fait sourire, j’aime bien ce type de paradoxes. Je me suis dit comment c’est possible un truc pareil.

Mais, oui, parce qu’il me semble qu’il se trompe. Monsieur Zemmour ne doit pas être antisémite parce qu’il reproduit de nombreux scénarios culturels : “On ne change rien à la tradition, on ne bouge pas, la créolisation mon dieu quelle horreur”. 

Et tout ça, ce sont des traditions qui sont beaucoup liées au judaïsme. Ça a ses mérites, ça lui a permis de survivre dans l’histoire. Donc moi je ne crois pas qu’il soit antisémite.

Enfin je sais pas car à véritablement c’est pas mon problème. S’il est antisémite il sera condamné. Il est raciste, ça c’est sûr. Il a été condamné pour ça.

Jean-Luc Mélenchon ment. Il sait très bien que les propos d’Eric Zemmour sur Pétain ont provoqué un scandale chez les Juifs. Il ne peut pas ne pas le savoir.

Il sait sans doute aussi que la communauté juive religieuse a une démarche l’amenant à être hostile à tout ce qui pourrait la faire remarquer. C’est une tradition remontant au début du moyen-âge où il s’agissait de subsister comme minorité sans se faire remarquer et écraser par les autorités politique et religieuse.

Il sait par contre forcément que l’histoire regorge de juifs antisémites, de juifs ayant la haine de soi. C’est un phénomène très répandu historiquement. Eric Zemmour en est un exemple classique d’ailleurs. C’est typiquement le Juif ressemblant à un Arabe cherchant à fuir dans un imaginaire ce qu’il est lui-même.

Quant à l’interprétation du judaïsme que fait Jean-Luc Mélenchon, elle est digne de Dieudonné et de Soral. Car le judaïsme est une religion qui se prétend traditionnelle, mais ne l’est pas du tout. Ses traditions ont sans cesse été renouvelées par de multiples commentateurs et autorités religieuses, il existe une multitude de courants se tolérant mais d’approches fondamentalement différentes. Le judaïsme est ainsi un véritable kaléidoscope d’opinions et de conceptions différentes voire antagoniques, littéralement un chaos sans nom, même si les pratiques restent les mêmes pour tous, mais même là avec une tolérance maximale pour leur degré d’acceptation.

Autrement dit, le judaïsme c’est n’importe quoi niveau structure et considérations intellectuelles, tout comme l’Islam d’ailleurs : l’absence de centralisation induit des courants et des sous-courants sans fin, des conceptions et des points de vue différents innombrables, etc. Parler d’un judaïsme traditionnel ou d’un Islam traditionnel, c’est croire les mensonges des fondamentalistes apparues les deux derniers siècles et leurs fictions d’un « retour aux sources ».

Mais de toutes façons le but de Jean-Luc Mélenchon est de dire que l’antisémitisme, on s’en moque, que ce qui compte c’est le racisme, sous-entendu politiquement : opposons les Arabes aux Juifs en faisant en sorte de présenter les premiers comme les opprimés les seconds comme les valets ou les maîtres du pouvoir en place.

La preuve de tout cela est que Jean-Luc Mélenchon, devant le tollé, a publié sur son facebook un texte aussi intelligent et juste que ses propos sur BFMTV étaient ignobles. Une telle différence montre qu’il savait ce qu’il faisait.

Jean-Luc Mélenchon dit à l’oral qu’il ne sait pas si Eric Zemmour est antisémite et il écrit qu’en fait il serait le porte-parole de l’antisémitisme français. Il faudrait savoir ! Mais tel est le populisme de Jean-Luc Mélenchon que de chercher à construire une sorte de narration politique l’amenant à triompher à la présidentielle… à tout prix.

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Société

On ne combat pas le fascisme chez Cyril Hanouna ni Vincent Bolloré

Seule la Gauche historique possède le volume nécessaire contre l’extrême-Droite.

Le capitalisme développé a réussi à mettre en place des démarches emprisonnant littéralement les gens sur le plan de la culture et des mentalités. Que ce soit Koh Lanta, Netflix ou TikTok, on parle ici de constructions visant à produire la passivité et à réduire la pensée à une sorte de magma instinctif.

L’émission « Touche pas à mon poste! » est emblématique depuis une décennie déjà de la course au crétinisme par l’intermédiaire du voyeurisme et de la stupidité. Son animateur, Cyril Hanouna, est désormais l’une des figures les plus connues (et appréciées) de France ; indéniablement intelligent, il s’est mis au service de la futilité consommatrice, de l’écrasement de l’intelligence. Les procédés sont insupportables, cela fonctionne dans un mélange de racolage et stupidités, c’est odieux.

Pourquoi des gens sont-ils alors allés dans une telle émission pour parler d’antifascisme? Quel sens peut-il y avoir à cela? Le sens de cela, c’est qu’il y a des gens qui ne veulent pas rompre avec le capitalisme, qui en accepte donc les règles, et qui s’imaginent pouvoir changer les choses de l’intérieur du capitalisme.

D’ailleurs, une personne de l’association L214 est également passée dans l’émission le lendemain, le 28 octobre 2021. Comme si on pouvait changer les choses en faveur des animaux dans une émission structurée pour vider les esprits et amener à une consommation passive. Il n’y a pas « Touche pas à mon poste! » sans McDonald’s, et inversement.

Tout comme il ne peut pas y avoir « Touche pas à mon poste! » sans Didier Raoult et inversement. Celui-ci est passé également le 28 octobre 2021, mais c’est une habitude pour ainsi dire (il y était même encore tout récemment, le 19 octobre).

Il est donc totalement absurde, et absolument incompatible avec l’antifascisme, de se pointer à une telle émission, comme l’a fait le 27 octobre le porte-parole de la « Jeune Garde« , et de porter une pseudo-contradiction à une activiste d’extrême-Droite, Juliette Briens, tenant des propos violents et caricaturaux. C’est simplement servir le spectacle racoleur de « Touche pas à mon poste! ».

Malheureusement c’est inévitable de la part de gens qui considèrent que le fascisme se combat « dans la rue ». C’est là une conception « ultra » qui a déjà été rejetée par l’antifascisme dans les années 1920-1930, parce que le fascisme vise justement, par sa violence, à empêcher la politique et à faire perdre son temps à la Gauche par des escarmouches.

Le fascisme ne se combat pas dans les rues ni sur les plateaux de télévision. Le fascisme est un processus historique d’un capitalisme en crise se militarisant et allant à la guerre. Telle est la conception de la Gauche historique qui vise, par conséquent, à assumer la politique, l’idéologie, la culture, bref la conscience. Ce n’est pas le spontanéisme, ce n’est pas la précipitation, ce n’est pas le spectaculaire.

On notera d’ailleurs que Cyril Hanouna a mis en place en 2010 la société H2O Productions, qui les deux premières années appartenait majoritairement à Havas. Havas est alors une filiale du groupe Bolloré. C’est d’ailleurs le groupe Bolloré qui possédait la chaîne C8. Celle-ci est vendue à Canal +, mais Canal + est vendu à Vivendi, dont le principal actionnaire est… Vincent Bolloré.

Vincent Bolloré qui possède donc CNews qui est la chaîne d’informations qui est un des très grands vecteurs de l’extrême-Droite, qui a propulsé Eric Zemmour.

Ce qui fait pour résumer qu’on est censé avoir de « l’antifascisme » mis en avant dans une des pires émissions mondiales de la stupidité et du racolage, sur une chaîne appartenant à Vincent Bolloré, milliardaire propulsant les idées d’extrême-Droite et Eric Zemmour !

Il va de soi que cela ne tient pas une seule seconde, ni intellectuellement, ni culturellement, ni idéologiquement, ni politiquement. Ce qui montre que l’action antifasciste ne peut se fonder que sur la conscience politique et viser la conscience politique, afin de ne pas se faire piéger. Et cette conscience politique ne peut se fonder que sur la Gauche historique, pour qui le fascisme c’est le capitalisme en crise pressurisant les travailleurs et cherchant en la guerre un moyen de s’en sortir.

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Guerre

Donbass : offensive ukrainienne avec pour la première fois l’emploi d’un drone

La déstabilisation est massive.

C’est la première fois qu’en Europe un drone est employé dans un conflit armé. Le grand précédent a eu lieu dans le Caucase, dans le cadre de la guerre indirecte entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie en 2020, avec la seconde guerre du Haut-Karabagh entre l’Azerbaïdjan et l’Artsakh, la rébublique séparatiste arménienne. Les drones ont été décisifs pour la victoire de l’Azerbaïdjan. Par la suite ils ont été employés en Afrique du Nord, en Libye, pareillement de manière décisive pour les forces pro-turques.

Dans le cas du Donbass, il faut penser que la ligne de front ressemble à un mélange de la zone interdite autour de Tchernobyl et les tranchées de la guerre de 1914-1918. Il y a un statu quo marqué par des tirs de snipers, des tirs d’artillerie, le déploiement de mines et des opérations de déminages, le tout dans un décor plus ou moins post-apocalyptique.

L’affrontement est limité par ce qu’on appelle le protocole de Minsk du 19 septembre 2014, d’ailleurs renforcé en juillet 2020. L’emploi de certaines armes est interdit et elles sont censées se trouver à au moins 30 kilomètres. Ce n’est évidemment pas vraiment respecté. L’Ukraine a cependant franchi un cap en employant le 26 octobre 2021 un drone d’un haut niveau de technicité, un Bayraktar TB2 acheté à la Turquie, afin de bombarder un parc de chars, un obusier et un dépôt pétrolier.

L’utilisation du drone a été confirmée par le chef d’état-major de l’armée ukrainienne, Valery Zalujny, alors que le facebook de l’armée ukrainienne a même publié une vidéo de l’opération. Il n’est parlé que de l’opération contre des obusiers, à la suite de bombardements (où un soldat ukrainien a été tué et un autre blessé), le drone n’ayant officiellement « pas franchi la ligne de contact ».

La nuit précédente avait également eu lieu une démonstration de force avec des tirs de mortiers, d’artillerie, de lance-grenades sur toute la ligne de front. Il y a même eu une offensive dans la « zone grise » entre l’Ukraine et les « républiques populaires » du Donbass, l’Ukraine récupérant le village de Staromaryevka. L’OSCE qui surveille le « cessez-le-feu » depuis des années parle de 205 violations en 24 heures.

C’est là ainsi une offensive ukrainienne, avec un processus d’escalade. Pour donner l’ambiance en Ukraine, on peut penser aux propos d’Alexeï Arestovitch, représentant ukrainien au sein du groupe trilatéral sur le Donbass, expliquant que son pays travaillait à des missiles pour être en mesure d’atteindre Moscou, ou bien le décapitation d’une statut de soldat soviétique à Lviv, une ville à l’ouest du pays qui relève du bastion nationaliste ukrainien.

Il y a également, voire surtout, l’annonce prochaine de l’établissement d’une commission dédiée partenariat stratégique américano-ukrainien. C’est le ministre des affaires étrangères Dmytro Kuleba qui l’a annoncé le 27 octobre 2021, le lendemain de l’emploi du drone. Le nationalisme ukrainien et la superpuissance américaine cherchent l’escalade.

La Russie a de son côté dénoncé une violation de l’accord de Minsk, épaulée par l’Allemagne qui a fait la même accusation. C’est que la mise en place du gazoduc germano-russe Nord-Stream 2 doit bientôt entrer en fonctionnement et il s’agit de tout faire pour qu’il n’y ait pas d’obstacle à ce niveau.

C’est tout à fait une situation comme avant 1914, avec un jeu des puissances et des nationalismes, du militarisme et des vélléités impérialistes.

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« 10 choses à retenir du discours d’Anne Hidalgo à Lille »

10 choses surtout totalement hors sol.

Le Parti socialiste n’a pas froid aux yeux après le sidérant fiasco du lancement de la campagne d’Anne Hidalgo à Lille : il assume en bloc en résumant comme suit les mesures proposées, faisant ainsi comme s’il n’y avait ni crise, ni menace de l’extrême-Droite, ni des tensions ininterrompues allant dans le sens de conflits et d’une guerre mondiale à travers l’affrontement sino-américain pour le repartage du monde.

1 – Une rémunération digne pour chacun

« Notre politique du travail sera d’abord celle d’une rémunération digne pour chacune et chacun. Digne pour les « premiers de corvée », en augmentant les salaires. Et digne pour les « premiers de cordée », qui doivent partager équitablement la valeur ajoutée dans les entreprises ! »

2 – Droit de vote à 16 ans

« Pour faire davantage participer les citoyens, le prochain gouvernement d’Allemagne propose d’abaisser l’âge du vote à 16 ans : nous le ferons !

Qu’est-ce qui justifie encore d’exclure de la vie démocratique ceux qui seront le plus concernés par les décisions d’aujourd’hui ? »

3 – Une assurance chômage universelle

« Pour la protection sociale, nous mettrons en place une assurance chômage universelle, nous reviendrons sur la suppression des 5 700 lits d’hôpitaux et nous ferons de la santé mentale, qui est à l’abandon aujourd’hui en France, une grande cause de mon quinquennat. »

4 – Un service public de la petite enfance

« Pour la famille, le cœur de nos vies, nous créerons un service public de la petite enfance. Dans l’attente, nous garantirons aux familles monoparentales un accès renforcé à la garde d’enfants. »

5 – Un droit à mourir dans la dignité

« Par ailleurs, nous ne pouvons pas tolérer que les femmes, les hommes frappés par l’irréversible perte de leur autonomie soient reclus et abandonnés. Nous ferons tout pour les accompagner le mieux possible, en développant massivement les soins palliatifs et en soutenant les aidants pour laisser aux familles la possibilité d’accompagner leurs proches sans risque de perdre leur travail. 

Et nous ouvrirons à celles et ceux qui le veulent le droit de mourir dans la dignité. Je souhaite qu’une loi encadre ce droit nouveau dès l’année prochaine. »

6 – Un droit réel à la sécurité

« Comment assurer aux Français un droit réel à la sécurité quand la police est éloignée des lieux de vie ? C’est une véritable police de la sécurité du quotidien qu’il faut bâtir ! Une police républicaine respectée et présente partout sur le territoire, dans les petites communes et bien sûr dans nos quartiers. »

7 – 60 % d’une classe d’âge diplômé du supérieur et suppression de ParcourSup

« Le premier objectif sera de porter à 60 % d’une classe d’âge, le nombre de diplômés du supérieur (car il faut préparer la France de demain). 

Je souhaite que les étudiants et les apprentis, plus nombreux soient mieux guidés dans leur choix de formation. Nous abrogerons Parcoursup ! 

Nous donnerons aux universités les moyens de fonctionner, d’investir et d’innover ! 

Nous créerons un dispositif national de suivi et d’accompagnement pour les plus de 100 000 jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme ni formation, avec les conséquences dramatiques que l’on connaît sur la suite de leur vie. 

Parce que l’école, c’est l’âme de la République, nous bâtirons une République de l’école. »

8 – Atteindre la neutralité carbone en 2050 et instaurer un ISF climatique

« Le deuxième objectif cest d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Je serai pour cela la candidate de l’écologie des solutions. 

Et je veux le dire ici en toute sincérité : ce combat pour l’environnement ne doit pas nous diviser, car ce sont les plus pauvres, les plus fragiles qui souffrent en premier du dérèglement climatique.

Nous créerons une écologie des droits, droits du vivant, droits de la nature, en intégrant la protection des biens communs dans la Constitution, en définissant un crime d’écocide et en instituant un Défenseur de l’environnement, chargé de veiller à son respect en France. »

« Nous conduirons une écologie du partage. Un ISF climatique pèsera sur les ménages aisés dont le patrimoine émet le plus de carbone. »

9 – Egalité totale des salaires en cinq ans

« Ce quinquennat, je m’y engage, sera celui du droit des femmes comme une nation moderne doit le garantir !

Je veux être la première présidente de l’histoire de France parce qu’il est temps d’accomplir une grande avancée, celle de l’égalité des femmes et des hommes au travail. 

Je sais, (pour les avoir vues, pour les avoir subies), ce que les différences de traitement et les discriminations peuvent faire !

Ça suffit les attaques au respect des femmes et de leur corps ! La primauté du droit à la contraception et à l’interruption volontaire de grossesse sera assuré sur l’ensemble du territoire.

Ça suffit les 20 % de discriminations salariales ! Je m’engage à ce qu’une loi de programmation sociale soit votée dès l’été 2022, pour atteindre l’égalité totale des salaires en cinq ans

Ce sera notre première mesure, notre première loi. »

10 – Le droit à la contraception et à l’IVG assurés sur tout le territoire national

« Ça suffit les attaques au respect des femmes et de leur corps ! La primauté du droit à la contraception et à l’interruption volontaire de grossesse, sera assurée sur l’ensemble du territoire. »

Le Bonus  

Parce qu’en vérité, on a pas réussi à en faire que 10…

Garantir qu’aucun ménage ne consacre plus d’un tiers de ses revenus pour se loger et encadrement des loyers