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Politique

Le piège de la « non mise à disposition du public d’information identifiant l’éditeur d’un service de communication au public en ligne »

L’Etat commence à appliquer une loi potentiellement destructrice.

C’est un véritable piège meurtrier pour l’opinion publique contestataire à gauche et il est en train d’être mis en place… dans le cadre de la lutte contre l’extrême-Droite. Voici comment Le Monde relate la mise en examen d’un activiste antisémite.

Le créateur du site antisémite « Ils sont partout », répertoriant des personnalités de confession juive ou présentées comme telles, a été mis en examen, samedi 21 août, a confirmé dimanche le parquet de Paris à l’Agence France-Presse (AFP), confirmant une information du Parisien.

Samuel Goujon a été mis en examen notamment pour « injure publique à raison de l’origine, de l’appartenance à une ethnie, une race ou une religion », « provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence » et « provocation publique à commettre des atteintes volontaires à la vie ». Il a été placé sous contrôle judiciaire.

La répression contre un tel sinistre personnage est une bonne chose. Cependant, Le Monde a sciemment choisi de ne pas mentionner une autre raison de sa mise en examen, maquillant cela par un « notamment ».

Cette raison, c’est la non mise à disposition du public d’information identifiant l’éditeur d’un service de communication au public en ligne. L’association d’extrême-Droite « Egalité & Réconciliation » avait pareillement été mise en examen en 2016 pour cette raison, à l’appel d’associations opposées à ce mouvement (le MRAP, la LICRA, l’UEJF).

Qu’est-ce que cela signifie? Tout simplement que si vous animez un site internet et que vous publiez des textes, il faut un directeur de publication, exactement comme pour la presse. Tout site internet doit fournir le nom, les prénoms, l’adresse et le numéro de téléphone de ce directeur de publication.

Sinon, la peine est la suivante : un an d’emprisonnement et à une amende de 75 000 euros pour une personne physique et de 375 000 euros pour une personne morale. 

Il va de soi qu’il y a incohérence. L’Etat assure que « la communication au public par voie électronique est libre » selon la Loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique. De l’autre, il exige la même complexité que pour la presse. Cela ne tient pas debout et si on regarde internet, on voit bien qu’un directeur de publication n’est pratiquement jamais mentionné dès qu’on sort de structures institutionnelles.

Seulement, l’Histoire est l’Histoire de la lutte des classes et qu’est-ce que cela implique concrètement?

Tout simplement que, légalement, l’Etat peut se tourner vers le site internet de n’importe quelle organisation de la Gauche et de l’extrême-Gauche, la considérer comme une personne morale et lui infliger 375 000 euros d’amendes en plus d’une année de prison pour celui qui assumera d’être le « directeur de publication ».

Officiellement, ce ne sera pas une répression politique, mais administrative.

Et rien de plus facile, puisque pratiquement personne ne met un tel directeur, à part pour les organisations publiant un journal au format papier, tel le NPA avec L’Anticapitaliste, Lutte Ouvrière (en fait l’organe de l’Union Communiste Internationaliste), le PRCF avec Initiative Communiste.

Ainsi, la mesure est appliquée contre l’extrême-Droite aujourd’hui, mais cela n’a rien à voir avec la question de l’extrême-Droite dans ce qu’elle a d’ignoble. C’est un moyen d’introduire un moyen de mettre aux pas les médias de la contestation à Gauche. Dans une situation de crise politique, ce serait un arme particulièrement redoutable, tant par la répression ciblée que par l’intimidation forcenée que cela impliquerait.

Il faut bien avoir conscience de l’existence de cette loi, qui ne vise nullement d’ailleurs à trouver un interlocuteur – rien de plus simple par l’hébergeur d’un site ou un contact mail – mais simplement à mettre au pas, à intégrer c’est-à-dire à désintégrer.

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Écologie

L’Union Européenne et la restriction d’usage de certains antibiotiques vétérinaires à l’usage humain

La mesure vise les élevages mais également, par la bande, les vétérinaires.

C’est un problème récurrent et bien connu dans la question des soins pour animaux. Les antibiotiques sont en effet trop employés par les humains et ils sont moins efficaces, ce qui aboutit à des tentatives de freiner leur emploi. Le souci c’est qu’à chaque fois, l’emploi de ces mêmes antibiotiques pour les animaux dits de compagnie est oublié. On se retrouve alors dans une situation intenable.

Une nouvelle réglementation européenne arrivant possiblement, l’Union Professionnelle Vétérinaire de Belgique intervient en appelant à prendre leur situation en compte (il n’y a pas de réactions en France encore).

On notera ici deux choses au passage : d’abord, l’emploi d’antibiotiques ou de divers produits pharmaceutiques par les élevages existe également de manière inofficielle (ou, si l’on veut, de manière illégale). Les réglementations peuvent dire ce qu’elles veulent, sans contrôle cela peut être contourné surtout dans des milieux hypercapitalistiques comme les élevages. Ensuite, les vétérinaires relèvent eux-mêmes de plus en plus de groupes monopolistiques (voir à ce sujet le constat sur l’Atlas des vétérinaires en 2020). Leur positionnement est ainsi à prendre avec méfiance.

Pétition contre la restriction d’usage de certains Antibiotiques vétérinaires à l’usage humain

Attention à tous les propriétaires d’animaux :  L’UE veut une interdiction radicale des antibiotiques pour les animaux – un vrai danger pour nos animaux !

Le (nouveau) règlement européen sur les médicaments vétérinaires 2019/6 a été adopté il y a deux ans. La Commission européenne, les États membres et le Parlement européen doivent désormais déterminer quels antibiotiques seront réservés à l’homme et donc interdits à la médecine vétérinaire à l’avenir jusqu’à l’entrée en vigueur de la loi en janvier 2022.

En commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI) du Parlement européen, un projet de règlement présenté par la Commission sur les « Critères de classification des agents antimicrobiens réservés au traitement de certaines infections chez l’homme »  a été soumis au vote. 

Malheureusement, l’ENVI a rejeté cette proposition de la commission scientifique, bien que la proposition ait été techniquement coordonnée avec toutes les institutions (scientifiques) pertinentes, à savoir l’Agence européenne des médicaments (EMA), l’EFSA, l’ECDC, l’OIE et l’OMS.

Le Parlement européen votera sur la proposition à la mi-septembre.

Si la résolution amenée par le rapporteur responsable de l’ENVI (Les Verts, Allemagne) trouve également désormais la majorité au Parlement européen, alors une interdiction totale de l’utilisation des fluoroquinolones, des céphalosporines de 3e et 4e générations, des polymyxines et des macrolides dans la médecine vétérinaire n’y échapperait plus guère.

Toutes les espèces animales seraient affectées par l’interdiction d’utilisation, avec des effets dramatiques sur la thérapie des animaux. Les exceptions pour les animaux individuels ne seraient alors plus possibles dans le cadre juridique actuel.

De nombreuses infections bactériennes chez les animaux ne pouvaient alors plus ou plus être traitées de manière adéquate. Cela aurait un impact significatif sur le bien-être animal chez les chiens, les chats, les chevaux et les animaux de ferme !

Soutenez la campagne lancée par l’Union Professionnelle Vétérinaire (UPV) appelant le Parlement européen à rejeter la demande ENVI et à accepter la proposition de l’EMA afin que tous les antibiotiques approuvés puissent continuer à être utilisés pour le traitement de tous les animaux du futur !

Si vous êtes d’accord avec ce texte, merci de signer la prise de position en cliquant ici.

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Société

Un constat sur le rapport entre anti-pass sanitaire et anti-vax

Le mouvement anti-pass sanitaire a un noyau anti-vax.

C’est un constat très intéressant contribuant à la question de l’importance des anti-vax dans le mouvement anti-pass sanitaire. Il provient d’un article d’Anasse Kazib, qui compte se présenter à la présidentielle de 2022 pour Révolution permanente, qui publie justement le 20 août 2021 l’article source, Où va le mouvement contre le pass sanitaire?.

Rappelons, car cela renforce la valeur de ce qui est constaté, qu’Anasse Kazib et Révolution permanente soutiennent depuis le début le mouvement anti-pass sanitaire, appelant à le renforcer.

Oui, nous sommes contre le pass sanitaire et appelons à lutter contre sa mise en place, car c’est une stratégie une fois de plus autoritaire et surtout qui n’est en rien efficace pour faire face à la crise sanitaire, un permis de réprimer les salariés.

La loi votée au parlement s’accompagne d’ailleurs de décisions contradictoires avec les enjeux de santé publique comme le déremboursement des tests PCR ou encore le fait de ne plus isoler les personnes vaccinées en cas de contact avec une personne positive au Covid.

Mais il faut aller plus loin, et mettre au centre la question de la stratégie sanitaire pour en finir avec l’épidémie.

Sur ce plan, on peut entendre dans les manifestations l’idée selon laquelle « que l’on soit vacciné ou non, l’essentiel est de lutter contre le pass sanitaire ».

De fait, il y a bien un certain nombre de personnes vaccinées dans les manifestations.

Pourtant il faut reconnaitre que la pression anti-vax y est très forte, et les mots d’ordre favorables à la vaccination rares.

Pire, au-delà des mots d’ordre contre le pass sanitaire, on a pu voir de nombreux manifestants dénoncer la vaccination, parfois avec des slogans et des symboles antisémites.

Dans ce cadre, une pression s’exerce pour ne pas se prononcer sur la vaccination.

Cette pression se ressent y compris sur l’ensemble des organisations syndicales et politiques de gauche qui sont favorables à la vaccination, mais ne le disent que du bout des lèvres afin d’éviter de cliver, quand elles n’entretiennent pas volontairement une ambigüité.

Ce constat est sans appel. Anasse Kazib poursuit en disant qu’il faut prôner la vaccination, de la même manière qu’il dit que l’extrême-Droite tente de prendre le contrôle d’un mouvement anti-pass sanitaire qui, en soi, serait une très bonne chose.

En réalité, le mouvement anti-pass sanitaire est totalement réactionnaire et si l’on prend l’aspect anti-vax, et uniquement celui-là, Anasse Kazib est obligé d’admettre qu’il est culturellement omniprésent.

Cependant, comme Anasse Kazib est trotskiste et se focalise sur le social, sans donc saisir la question de la culture, il dit que ce n’est pas grave ou, du moins, que cela peut changer que c’est tout à fait secondaire. Il raisonne ainsi comme le font les populistes à gauche, pour qui toute revendication sociale serait en soi positive.

Or, c’est faux. Car la société repose sur des visions du monde en conflit et il faut voir lesquelles sont appuyées par tel ou tel phénomène, car le domaine « social » s’inscrit toujours dans un contexte.

On ne peut pas considérer une gigantesque bouderie de gens vivant dans un pays parmi les plus riches du monde comme une « protestation » potentiellement révolutionnaire. C’est bien plutôt un reflet de décadence. Et la dimension anti-vax, elle-même parfaitement lisible, visible, intouchable, en est une preuve très claire… En plus de la révolte anti-collective contre le pass sanitaire.

La Gauche doit rejeter le mouvement anti-pass sanitaire et bien comprendre l’interaction réactionnaire des revendications anti-pass sanitaire et antivax!

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Culture

Demian Dorelli rend hommage à Nick Drake

Demian Dorelli est un remarquable pianiste anglais qui a récemment annoncé la réalisation d’un projet qui lui tenait à cœur : un album en hommage à Nick Drake, « Nick Drake’s Pink Moon, a journey on piano ». Deux morceaux ont été publiés, chacun accompagnés d’un clip : Pink Moon et Place to be.

Chacun de ces deux morceaux marque immédiatement par la justesse et la sensibilité tant du jeu que de la composition. Au fil de chaque chanson, la texture et l’atmosphère de l’hommage se confondent par moment avec ceux de 1971 avant de reprendre des chemins différents et d’explorer plus en détail l’univers ouvert par Nick Drake.

Toute la difficulté de l’exercice était de ne pas chercher à s’approprier ou réinterpréter une œuvre, mais de la prolonger et d’y apporter un autre regard. Dans ce sens, le résultat une réussite : ces deux compositions ne sont pas figées dans le passé et parviennent à défendre cet héritage et cette sensibilité.

Le clip vidéo de Pink Moon est, au vu des techniques et productions actuelles, relativement simple mais réussi. La vidéo est centrée sur la pièce d’enregistrement avec le piano au centre et intègre une imposante lune rose ainsi que quelques références à Nick Drake au fil des plans. Elle accompagne ainsi le morceau avec une certaine fébrilité mais le résultat reste très plaisant à regarder.

Le clip vidéo de Place to be est dans le même état d’esprit, avec un côté dessin animé plus prononcé. Cependant, une idée vient gâcher l’ensemble : les quelques plans avec de la danse classique, au début de la vidéo. Il est dommage de mélanger la finesse et la mélancolie et de morceau avec des séquences d’entraînements de danses si rudes pour le corps. On dira, à raison, que c’est du détail, mais à ce niveau-là ils sont très importants.

Défendre le meilleur de la culture, défendre la complexité et le raffinement dans l’expression de la sensibilité humaine : voilà ce que devrait défendre la Gauche, au lieu de s’enfoncer dans le populisme, à courir derrière des Gilets Jaunes et des anti-pass sanitaire toujours plus infects au fil des mois.

L’humanité a besoin de voir des projets comme celui de Demian Dorelli fleurir partout, pas de beaufs qui veulent continuer comme avant et s’enfoncer toujours plus dans la barbarie.

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Réflexions

Le retour des talibans témoigne aux yeux des gens de l’instabilité du monde

C’est une crise dans la crise et les gens le comprennent.

Le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan traumatise les gens et le scénario catastrophe marque d’autant plus que des avions ramènent depuis l’aéroport de Kaboul des ressortissants et des Afghans ayant soutenu les pays occidentaux.

C’est une crise dans la crise et pour les gens c’est d’autant plus incompréhensible que la crise devrait rassembler les pays du monde entier pour aller dans le bon sens. La crise est mondiale et la tendance naturelle, non capitaliste, est à l’unité, au rassemblement pour faire face aux événements.

La prise du pouvoir par les talibans apparaît comme un retour en arrière d’autant plus incompréhensible. Les talibans de retour, c’est le signe qu’on va vers le passé au moment où l’on devrait encore davantage se tourner vers l’avenir.

En fait, quoiqu’on puisse penser de la situation actuelle, il est évident que tout change à grand vitesse, que les mentalités se transforment radicalement, qu’il y a des accélérations subites. La prise du pouvoir par les talibans est peut-être la première grande expérience politique à l’échelle mondiale de la crise.

Il y a eu des émeutes, des protestations, des guerres mêmes depuis l’émergence de la pandémie. Et là il y a un changement de régime, avec un profond changement d’orientation politique, culturelle, sociale, même si l’Afghanistan d’avant les talibans était déjà lamentablement féodal, clanique, patriarcal.

C’est comme si c’était le premier grand événement de la période de crise – et il va dans le mauvais sens. Cela n’est absolument pas rassurant et les gens l’ont compris, à part bien entendu les secteurs musulmans qui, forcément, éprouvent une sympathie obligée, d’une manière ou d’une autre, pour un pays musulman se tournant de manière romantique, complète vers la religion.

C’est là d’ailleurs qu’on voit que, comme il a déjà été dit sur agauche.org, l’Islam est fini. Le romantisme taliban ne va en effet pas bien loin et entre cela et Dubaï, l’Islam n’a plus rien à proposer. L’envergure mondiale, historique, culturelle qu’il proposait durant les années 2000-2010, aussi mensongère qu’elle ait été, avait un impact comme « proposition » à l’humanité : aujourd’hui tout cela n’est plus que vanité.

C’est que dans un monde instable, les gens veulent du sens, ils veulent saisir la signification de ce qui se passe. C’est ainsi le matérialisme qui prédomine, ou bien son inverse l’irrationalisme comme celui des antivax. Mais la religion, c’est dépassé.

Quelle sera la forme que prendra la bataille entre matérialisme et irrationalisme, voilà la véritable question. Et on doit plutôt parler de formes, au pluriel, tellement il y a d’aspects. En ce sens, ce sont les marqueurs qui comptent.

Pour donner un exemple concret, on peut prendre le second tour de la présidentielle entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, en 2017. Quelle était la position matérialiste ? De voter à tout prix contre l’extrême-Droite. C’est la règle, la position raisonnable. Quelle était la position irrationaliste à Gauche ? De dire qu’on s’en moque, que tout le monde se vaut.

Ainsi, en appelant à voter pour Emmanuel Macron car il faut toujours bloquer l’extrême-Droite, un marqueur rationnel a été posé. Inversement, un marqueur irrationnel a été posé lorsque des gens ont dit que Marine Le Pen et Emmanuel Macron se valent.

C’est marqueur contre marqueur, une bataille de positions. Dans un monde toujours plus instable, cela devient littéralement l’aspect principal. Et il ne faut rien céder, absolument rien, quand on est de gauche, à l’irrationalisme de l’extrême-Droite et de l’ultra-gauche.

Ce n’est qu’ainsi que la ligne du maintien de la civilisation, de la culture, peut triompher de la crise en allant vers l’avenir, et non en faisant tourner à l’envers la roue de l’Histoire.

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Société

« Qui ? » et les allusions antisémites dans les manifestations anti passe-sanitaire

C’est l’esprit des années 1930.

Il y a une réflexion à avoir sur les nuances et différences entre ceux qui sont avant tout anti-pass sanitaire et les anti-vax. Car ces derniers ouvrent nécessairement un espace à l’antisémitisme. Exactement comme avec la « quenelle » de Dieudonné, et les Gilets Jaunes « canal historique », on observe dans les manifestations et les slogans des opposants au passe-sanitaire une sorte de mélange satirico-délirant cherchant à affirmer l’antisémitisme, mais sans le dire.

En l’espèce, c’est le « mais qui ? ». Cette pseudo-question s’appuie sur une citation d’un des militaires signataires de la tribune dite « des généraux » : le général Dominique Delawarde, qui avait affirmé en réponse à une question de Claude Posternak, lui-même juif, entrepreneur dans la communication et membre du bureau politique de LREM.

Le communicant a cherché à faire dire explicitement au général « qui, selon lui, tenait la meute médiatique ». La réponse fut « la communauté que vous connaissez bien ». Le sous-entendu visant clairement les Juifs bien sûr, au sens où l’entendent les antisémites.

Si on souligne que cette sortie antisémite d’un tel énergumène à eu lieu le 18 juin dernier, c’est-à-dire le jour anniversaire de l’appel du Général De Gaulle, on comprend que l’on a ici tout sauf un dérapage, mais la recherche de poser une référence, allant dans le sens du nationalisme derrière l’armée, prête à « faire le ménage ». La revue nationaliste « présent » n’a pas raté l’occasion, forcément.

Et que cela puisse trouver un écho parmi les manifestants « anti passe-sanitaire » en dit en soi long. En fait, cela en dit tout. On a bien sûr le cas emblématique de cette personne, Cassandre Fristot, une enseignante proche du Rassemblement National et du mouvement dissident de Philippot, qui a été arrêtée et qui sera même jugée en septembre pour une pancarte provocatrice, qui autour de la question « mais qui ? » a dressé une liste de personnage, juifs à part Emmanuel Macron, tenus pour être des « traîtres ».

Arrêter et juger une telle personne est bien sûr la moindre des choses, mais on peut s’attendre à ce que son procès ne donne pas grand chose. Ni non plus les éventuelles sanctions disciplinaires que le ministère de l’Éducation Nationale entend prendre contre elle selon ce qui a été annoncé.

Comment même une telle personne, avec un tel parcours, qui a même été évincée du Rassemblement National pour son antisémitisme ouvert, peut encore être enseignante ? Comment a-t-elle pu ainsi défilée sans rencontrer une ferme opposition, et vive tranquillement sa vie sans avoir la société l’ostracisant ?

Mais surtout, c’est la Gauche qui devrait exiger ici son éviction pure et simple de l’Éducation Nationale et que l’on devrait entendre sur cette progression de l’antisémitisme au sein de ces mobilisations des anti passe-sanitaires.

Car il est évident que parmi un tel mouvement plébéien porté par la petite-bourgeoisie hystérique et déboussoulée par la crise, l’antisémitisme ne va faire que progresser comme « socialisme des imbéciles », comme le disait le social-démocrate allemand August Bebel, c’est-à-dire comme idéologie anticapitaliste pensant critiquer le capitalisme de manière « radicale », mais en fait de manière imaginaire, virtuelle, illusoire.

En fait, qui ne voit pas la crise, qui ne comprend ni le capitalisme ni le fascisme, ne peut pas voir ni la montée de la tendance à la guerre à l’extérieur, ni celle de l’antisémitisme et du nationalisme mobilisateur à l’intérieur. Même une figure comme Éric Zemmour, qui tente de reformuler un nationalisme français néo-gaullien qui viserait les « nomades » et non les « Juifs » est pris dans cette vague.

C’est en fait un moment de lutte de classe. Et si l’antisémitisme a une dimension idéologique, c’est donc qu’il faut pouvoir lui opposer une idéologie. Et c’est là que la Gauche a besoin plus que jamais de retrouver ses concepts, de retrouver notamment le sens du terme « populaire » à opposer au « peuple » au sens des populistes qui le voient comme un « bloc » contre une oligarchie malfaisante.

Ou bien, pire encore, comme une « foule » qu’il faudrait diriger de manière plébéienne.

Il n’y a pas le choix. S’opposer à l’antisémitisme, c’est obligatoirement affirmer le Socialisme, et donc assumer la différenciation au sein du peuple entre les défenseurs aveugles de l’ancien, y compris de manière « peuple » ou « plébéienn » et les partisans de la transformation et du nouveau.

C’est une lutte de lignes, un combat pour affirmer une proposition historique. Là où des révoltés sans boussole cherche à appuyer tout mouvement en espérant « rassembler » et « orienter » les choses par le haut, il faut au contraire avancer et faire le tri, tracer les lignes rouges et pousser à la polarisation par la base.

Il ne faut pas un « spontanéisme » en mode plébéien et une fascination pour la « foule », mais une conscience socialiste porteuse d’organisation démocratique et de culture pour le peuple.

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Société

Les manifestations du samedi sont-elles surtout antipass ou antivax ?

Quel est l’aspect principal du mouvement actuel contre le pass sanitaire ? Le pass est-il vraiment central ou bien est-ce que celui-ci n’est qu’un prétexte et un moyen de ne pas assumer un positionnement anti-vaccin ?

manifestation anti pass sanitaire

Bien que les deux cas de figure sont catastrophiques, il est essentiel pour la Gauche d’analyser en profondeur ce mouvement de fond : la question est de savoir à quel vitesse ce mouvement va s’assumer comme fasciste. Si le vaccin est une question secondaire, cela pourrait laisser un tout petit plus de temps à la Gauche pour y faire face ; dans le cas contraire, les choses risquent de s’envenimer très vite.

Un mouvement né suite à l’annonce du pass sanitaire

L’argument principal pour la première hypothèse est de dire que les manifestations font suite aux annonces quant à l’arrivée du pass. La question du vaccin était présente depuis plusieurs mois, mais aucun mouvement véritable n’avait réellement pris jusque là.

En plus de cela, nombre de figures politiques et médiatiques n’ont cessé d’affirmer qu’elles n’étaient ni contre la vaccination en général ni contre ces vaccins, seulement contre les contrôles qu’impliquent ce nouveau dispositif.

Seulement cette vision est trop réductrice : elle rate un aspect fort qui est l’obligation vaccinale.

Les soignants anti-vaccins : des résistants en chemises brunes

L’image de l’infirmière qui va perdre son travail parce qu’elle refuse de se faire vacciner est loin d’être anecdotique et est un argument souvent repris par les opposants au passa sanitaire. Pourtant, on sait très bien aujourd’hui que des soignants ont transmis le virus à des personnes dans des EHPAD ou des hôpitaux depuis le début de l’épidémie, et que les gestes barrières ne sont pas suffisants, surtout avec un variant delta particulièrement contagieux.

Le refus de la vaccination dans ces cas est anti-social au possible : ces personnes nient la réalité et savent au fond qu’elles risquent de contaminer des malades. Sans même parler du fait que les hôpitaux français manquent déjà cruellement de personnel : ces départs seront des véritables trahisons et autant de coups de poignards dans le dos.

Et que voit-on chez les anti-pass sanitaire ? Une défense sans faille de ces personnes. Au nom du refus du pass. L’argument ? Populiste au possible : ces personnes vont perdre leur emploi, le pass serait un régime d’apartheid…

Rappelons que des vaccins sont déjà obligatoires pour exercer certaines professions, il y a donc déjà ce qu’ils appellent une « discrimination », mais encore faut-il ne pas avoir sombré dans l’irrationalité fasciste pour l’accepter. Sont obligatoires pour les professionnels de santé, de secours et de la petite enfance et des personnes âgées notamment les vaccins contre le tétanos, la diphtérie, la polyomélite…

Le personnel des établissements pénitentiaire doit être vacciné contre le tétanos, le personnel des laboratoires d’analyses de biologie médicale doit être vacciné contre la fièvre typhoïde…

Il y a donc bien la vaccination comme problème de fond également, puisque même des syndicats ont assumé de faire grève pour défendre des personnels médicaux qui refusent de se faire vacciner.

Nous avons un mouvement qui se concentre en apparence avant tout sur le pass, mais qui aime tout particulièrement cette image de l’infirmière qui va sombrer dans le chômage et la misère à cause de Macron et de son pass sanitaire, ce qui est une manière de mettre la question du vaccin en avant.

Un silence complice en manifestation

Pour mieux comprendre le problème faisons en parallèle avec les manifestations dites pro-palestiniennes que la France a connu ces dernières années : toute la Gauche répétait à tout bout de champ l’idée que ces manifestations n’ont jamais eu la moindre connotation antisémite. A chaque pancarte où l’étoile de David au cœur du drapeau d’Israël est remplacée par une croix gammée, tous ces aveugles complices répondaient en chœur que cela n’était pas représentatif et qu’ils condamnaient bien entendu…

Seulement, il ne s’agissait jamais que d’une pancarte problématique, mais d’un certain nombre, ainsi que de slogans islamistes, de mouvements de foule vers une synagogue, de fans de Dieudonné prompt à effectuer la « quenelle » à tout va, etc.

A chaque fois la Gauche, qui est systématiquement écrasée par les islamistes depuis fort longtemps, essaie de croire à ses propres mensonges.

Même si les éléments ouvertement antisémites étaient sûrement très minoritaires, le problème est que ces personnes se sentaient drôlement à l’aise dans ces manifestations ! Mais toute la Gauche préférait répéter en boucle les mêmes discours vains.

Aujourd’hui, beaucoup d’anti-pass sanitaire se disent certainement pour l’idée de vacciner contre la Covid, tant que cela n’est pas forcé bien entendu (sinon cela impliquerait un pass sanitaire). Ils tiennent à rassurer et montrer qu’ils sont raisonnables et que leur critique et pleine de raison. Pourtant, les plus anti-sociaux se sentaient drôlement à l’aise dans les manifestations de ces dernières semaines.

Ne parlons même pas des pancartes antisémites qui fleurissent doucement : logique de la part d’un mouvement proto-fasciste.

Anti-pass sanitaire, anti-collectivité

Le problème de fond des anti-pass en ce qui concene le pass est son caractère collectif, presque totalitaire : ils veulent vivre sans que l’État vienne les déranger, chacun devrait avoir le choix de faire ce qu’il veut, etc. C’est beauf et violemment anti-social.

La question de savoir si l’aspect principal de cette réaction anti-collectif est le pass en lui-même ou bien la vaccination est alors très importante.

Le vaccin en lui-même ravive de nombreux discours anti-scientifiques et complotistes. Avec la question des soignants, des discours totalement hallucinants et anti-sociaux ont été assumés et défendus publiquement. Que des syndicats appellent à faire grève contre une obligation vaccinale en période de crise sanitaire en dit long sur le pourrissement de la France et sur les années à venir.

Tout cet irrationalisme puise énormément dans les discours anti-vaccins et il est fort à parier que les masques tombent rapidement et que le fond anti-vaccin soit de plus en plus ouvertement assumé.

Le rejet du pass sanitaire revient vite à des discours petits-bourgeois paranoïaques classiques : il y a matière à fantasmer, à jouer les héros et les intellectuels bière-merguez mais il n’y a pas autant de matière ésotérique que ceux des anti-vaccins. Ces derniers embrassent beaucoup plus volontiers le complotisme et le rejet de la science.

Ils sont un matériau de choix pour toute une base qui va nécessairement chercher des images fortes et mobilisatrice, un irrationalisme toujours plus assumé, etc. Sans même parler de théories vitalistes (il faudrait laisser faire le système immunitaire, pas besoin d’un vaccin, etc). En bref, c’est un terreau de choix pour le fascisme et c’est déjà le cas dans les autres pays occidentaux.

Et si ces discours délirants restaient marginaux jusque là, force est de constater qu’ils prennent place et infusent au sein des mouvements anti-pass sanitaire.

La question pour la Gauche est de savoir s’ils ont déjà pris, s’ils vont prendre ou s’ils vont échouer à se placer au coeur de la dynamique actuelle.

A la Gauche de produire et de faire vivre le débat afin de se préparer. Nous sommes au début des années 1930 : la machine est enclenchée et le temps est compté. L’importance de la logique anti-vaccin chez les anti-pass sanitaire doit être correctement évaluée !

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Société

Emmanuel Macron a pris la parole sur l’Afghanistan car l’opinion publique est épouvantée

La situation épouvantable en Afghanistan a touché les gens au cœur.

Le 16 août 2021 le président français Emmanuel Macron a fait une allocution télévisée: il s’est est senti obligé. Pourquoi cela, alors que plus de 7 000 kilomètres séparent la France de l’Afghanistan?

C’est que les gens en France sont horrifiés, d’une part. Ici, on est dans la tradition des Lumières et s’il est une chose que les Français détestent, c’est le fondamentalisme religieux. Le triomphe des talibans leur paraît à la fois épouvantable et anachronique.

De plus, et cela va avec, les gens sont étonnés ou surpris ou du moins se questionnent sur la nature de l’échec en Afghanistan. Comment des obscurantistes religieux peuvent-ils revenir alors qu’ils ont été battus?

Et là, c’est toute l’idéologie interventionniste des pays capitalistes qui en prend un sale coup. Depuis 2001 en effet, voire depuis le début des années 1990 avec l’Irak de Saddam Hussein ou la Yougoslavie avec Slobodan Milošević, les interventions militaires américaine, française, celles de l’OTAN etc. se font au nom du droit international, de l’établissement de la démocratie.

Or, l’exemple afghan montre que cela ne marche pas. Personne n’était vraiment dupe de cela de toutes façons, tout le monde savait bien qu’à l’arrière-plan il y avait une question d’intérêts économiques. Cependant, les gens acceptaient les interventions, au Mali ou en Somalie, au Kosovo ou en Syrie, au nom d’une ingérence jouant en faveur, d’une manière ou d’une autre, des droits de l’Homme.

Impossible d’y croire encore désormais. C’est une vraie catastrophe qui se présente à tous les niveaux pour l’idéologie interventionniste et cela montre encore qu’on a totalement changé de situation par rapport à il y a quelques années.

D’où la nécessité pour Emmanuel Macron d’intervenir pour essayer de sauver les meubles, au moins en apparence. C’est vraiment historique que cette intervention pour un changement de régime dans un pays lointain.

Et sa mission était impossible. Il fallait justifier l’intervention en Afghanistan et le retrait, soutenir la « civilisation » de manière universelle et en même temps accepter ce recul particulier pour l’Afghanistan. Il fallait dénoncer l’obscurantisme, tout en l’acceptant dans les faits. Il fallait rappeler le soutien à la condition féminine tout en acceptant la souffrance en Afghanistan.

On ne saurait sous-estimer la perte de légitimité historique du capitalisme, de la France et d’Emmanuel Macron. C’est tout la tendance à la raison et à la démocratie qui est ici en contradiction avec eux et cela, pour les gens, c’est quelque chose qui ne peut pas passer, parce que l’Histoire va dans un sens.

C’est comme pour « Je suis Charlie »: même si Charlie Hebdo pouvait être critiqué et même si on ne les aimait pas, l’attentat sanglant contre Charlie Hebdo a tout de suite polarisé dans un sens démocratique. Il y a des choses avec lesquelles en France on ne transige pas.

Et le discours présidentiel est en décalage avec cette exigence. C’est le reflet de toute une défaite historique.

ALLOCUTION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE RELATIVE À LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Mes chers compatriotes, de l’hexagone, des Outre-mer et de l’étranger, 

Je m’adresse à vous ce soir, alors que nous continuons à nous battre contre le virus avec détermination, et que tout est fait pour que la relance économique et sociale soit la plus forte possible dans notre pays, parce qu’à quelques milliers de kilomètres d’ici un tournant historique est à l’œuvre, en Afghanistan, loin de nos frontières, mais avec des conséquences majeures pour l’ensemble de la communauté internationale, pour l’Europe, et pour la France. 

Après une guerre de vingt années, après la décision de retrait des troupes américaines prise successivement par le président Trump et le président Biden, Kaboul, la capitale de l’Afghanistan, est tombée en quelques heures, sans résistance, aux mains des Talibans. L’intervention américaine et internationale a commencé il y a exactement vingt ans, après les attentats du 11 septembre 2001, et le refus du régime taliban de l’époque en Afghanistan, de livrer Ben Laden, l’organisateur de ces attentats. 

Notre pays a été, pendant treize années, engagé militairement en Afghanistan, de 2001 à 2014. 

Le Président Jacques Chirac, dès octobre 2001 a décidé la participation de la France à l’action internationale, par solidarité avec nos amis et alliés américains qui venaient de subir une attaque effroyable sur leur sol. Avec un objectif clair : combattre une menace terroriste qui visait directement notre territoire et celui de nos alliés depuis l’Afghanistan, devenu le sanctuaire du terrorisme islamiste. 

À partir de juin 2011, le Président Nicolas Sarkozy a engagé le retrait des premières troupes françaises. 

Le Président François Hollande, a ensuite décidé du retrait complet de nos troupes combattantes de manière coordonnée avec les autorités afghanes d’alors, ainsi qu’avec avec nos alliés. 

L’intervention militaire française a donc définitivement cédé la place, le 31 décembre 2014, à l’action civile que nous avons continué de mener à bien, auprès du peuple afghan, avec lequel nos liens d’amitié sont anciens et profonds. 

En Afghanistan, notre combat était juste et c’est l’honneur de la France de s’y être engagé. La France n’y a jamais eu qu’un ennemi : le terrorisme. Nos interventions militaires n’ont pas vocation en effet à se substituer à la souveraineté des peuples, ni à imposer la démocratie de l’extérieur mais à défendre la stabilité internationale et notre sécurité. Partout, la mise en place de processus politiques crédibles est notre priorité. C’est ce principe fondamental de notre politique étrangère que nous avons appliqué en Afghanistan et que nous continuerons de mettre en œuvre. 

Bon nombre d’unités de l’armée française sont passées dans ces vallées durant ces 13 années : légionnaires, tirailleurs, marsouins, chasseurs alpins, marins, aviateurs. Et c’est à eux que je tiens d’abord, ce soir, à m’adresser. A ceux qui ont combattu, aux familles de ceux qui sont morts ou ont été grièvement blessés. Nous n’oublierons pas nos soldats. Nous n’oublierons pas nos morts. 90 au total. 

Le 18 août 2008, dans l’embuscade d’Uzbin, il y a 13 ans presque jour pour jour, 10 soldats français et un interprète afghan étaient tués, 21 soldats français blessés. Ce combat que la France a mené était utile et était notre honneur. Il portera un jour ses fruits et je vous demande de vous en souvenir. 

À cet instant, la situation en Afghanistan se dégrade rapidement et brutalement. A l’heure où je vous parle, les Talibans sont maîtres de la quasi-totalité du pays. Ils sont entrés dans Kaboul et contrôlent la ville à l’exception de l’aéroport où les activités sont coordonnées par les Américains. Le Président afghan a quitté le pays. Les vols commerciaux ont cessé. 

Ce tournant, auquel nous étions préparés, nécessite des décisions et des initiatives immédiates, à la mesure de la gravité de la situation pour répondre à la catastrophe humanitaire. 

L’urgence absolue est de mettre en sécurité nos compatriotes, qui doivent tous quitter le pays, ainsi que les Afghans qui ont travaillé pour la France. 

Nos ressortissants ont été progressivement évacués en anticipation ces dernières semaines. Nous sommes en contact avec tous les Français qui veulent rejoindre le sol national, qu’ils se trouvent à l’aéroport militaire, à l’aéroport civil ou sur le site historique de l’ambassade où la situation demeure préoccupante. Je veux ici remercier nos représentants sur place, nos diplomates, policiers, militaires pour leur engagement et leur courage. Remercier aussi nos alliés américains, indispensables pour mener à bien ces évacuations. 

La France est l’un des très rares pays à avoir décidé de maintenir sur place jusqu’au bout les moyens de protéger ceux qui ont travaillé pour elle. Nous avons aussi anticipé les opérations d’évacuation dans les dernières semaines.

Tous les employés afghans des structures françaises qui pouvaient être menacés ainsi que leurs familles, ce qui représente plus de 600 personnes, ont ainsi pu être accueillis et pris en charge dans de bonnes conditions dans notre pays. 

La France protège en ce moment le délégué de l’Union Européenne et a apporté protection aux collaborateurs afghans de la représentation européenne. La France a également apporté protection et soutien à tous les personnels français d’Organisations non gouvernementales souhaitant quitter le pays. 

Des opérations sont conduites depuis plusieurs années, pour accueillir en France les personnels civils afghans qui ont travaillé pour l’armée française, ainsi que leurs familles. C’est notre devoir et notre dignité de protéger ceux qui nous aident : interprètes, chauffeurs, cuisiniers et tant d’autres. Près de 800 personnes sont d’ores et déjà sur le sol français. Plusieurs dizaines de personnes sont encore sur place qui ont aidé l’armée française et pour lesquelles nous restons pleinement mobilisées. 

De nombreux afghans, défenseurs des droits, artistes, journalistes, militants, sont aujourd’hui menacés en raison de leur engagement. Nous les aiderons parce que c’est l’honneur de la France d’être aux côtés de celles et ceux qui partagent nos valeurs, autant que nous pourrons le faire et en tenant compte de la nécessaire adaptation de notre dispositif. Je remercie les associations, 
collectifs et communes qui aideront à leur accueil. Afin de procéder à ces opérations d’évacuation, qui ne se conduiront pas sans une étroite coordination avec les militaires américains sur place, j’ai décidé l’envoi de deux avions militaires et de nos forces spéciales. Ils seront sur place dans les prochaines heures. 

Au-delà de l’urgence, j’entends prendre au nom de la France plusieurs initiatives en lien étroit avec les autres états européens et nos alliés. 

Notre action visera à continuer de lutter activement contre le terrorisme islamiste sous toutes ses formes. 

Des groupes terroristes sont présents en Afghanistan et chercheront à tirer profit de la déstabilisation. Le Conseil de sécurité des Nations unies devra donc apporter une réponse responsable et unie. J’ai échangé sur ce point avec le Premier ministre Johnson et nous prendrons des initiatives communes dans les prochaines heures. Le retour de la stabilité passera par une telle action, politique et diplomatique au sein du Conseil de sécurité. L’Afghanistan ne doit pas redevenir le sanctuaire du terrorisme qu’il a été.

C’est un enjeu pour la paix, la stabilité internationale, contre un ennemi commun : le terrorisme et ceux qui le soutiennent ; à cet égard, nous ferons également tout pour que la Russie, les Etats Unis et l’Europe puissent efficacement coopérer, car nos intérêts sont bien les mêmes. 

Ensuite, la déstabilisation de l’Afghanistan risque également d’entraîner des flux migratoires irréguliers vers l’Europe. La France, comme je l’ai dit, fait et continuera de faire son devoir pour protéger celles et ceux qui sont les plus menacés. Nous prendrons toute notre part dans le cadre d’un effort international organisé et juste.

Mais l’Afghanistan aura aussi besoin dans les temps qui viennent de ses forces vives et l’Europe ne peut pas à elle seule assumer les conséquences de la situation actuelle. Nous devons anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants qui mettraient en danger ceux qui les empruntent, et nourriraient les trafics de toute nature. 

Nous porterons donc, en lien avec la République Fédérale d’Allemagne, et je me suis entretenu il y a quelques instants à ce sujet avec la Chancelière Merkel, et avec d’autres états européens, une initiative pour construire sans attendre une réponse robuste, coordonnée et unie qui passera par la lutte contre les flux irréguliers, la solidarité dans l’effort, l’harmonisation des critères de protection, et la mise en place de coopérations avec les pays de transit et d’accueil comme le Pakistan, la Turquie ou l’Iran. 

Enfin, il nous faut continuer de défendre nos principes, nos valeurs, qui font ce que nous sommes. 

L’histoire de l’Afghanistan n’a pas commencé pas en 2001. Nous sommes intervenus dans un pays ébranlé par quarante ans de guerre, un grand pays tourmenté. Et Nous, Français, sommes à même de le comprendre. Nous, à qui il a fallu des siècles de lutte, de fautes, d’avancées et de reculs pour bâtir une nation conforme aux plus grandes espérances humaines : l’égalité sans considération d’origine, de sexe ou de religion et la liberté de choix et de conscience. 

Et nous savons combien ces combats sont chaque jour à recommencer. 
Les défis auxquels les Afghanes et les Afghans seront confrontés dans les prochaines semaines et les prochains mois sont terribles, immenses. 

Le peuple afghan a le droit de vivre dans la sécurité et le respect de chacun. Les femmes afghanes ont le droit de vivre dans la liberté et la dignité. Et si le destin de l’Afghanistan est entre ses mains, nous resterons, fraternellement, aux côtés des Afghanes et des Afghans. En soutenant la société civile afghane et en faisant notre devoir de protection de celles et ceux que nous pouvons protéger.

En disant très clairement à ceux qui optent pour la guerre, l’obscurantisme et la violence aveugle qu’ils font le choix de l’isolement. En étant toujours du côté de ceux qui combattent pour la liberté, les droits des femmes, qui portent dans le monde le même message que le nôtre. C’est le choix de la raison, c’est le choix de ce que nous sommes profondément. 

Vive la République 
Vive la France

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Guerre

L’Afghanistan aux mains des talibans… mais aussi de la Chine

La chute du régime afghan relève de la bataille pour le repartage du monde.

La prise du pouvoir en Afghanistan par les Talibans, littéralement 20 ans après le 11 septembre et l’intervention américaine qui a suivi, est une terrible défaite américaine. Les Etats-Unis avaient en effet tout fait pour installer un régime qui soit à leur service ; en vingt ans, ils ont investi 2 261 milliards de dollars.

Et là, il a suffi d’enclencher le départ des troupes américaines en juillet pour que les Talibans lancent une offensive allant de victoire en victoire. Le 10 août 2021, les Etats-Unis craignaient que la capitale Kaboul tombe d’ici 30-90 jours… elle tombait sans combattre le 15 août, le président afghan Ashraf Ghani s’enfuyant. Les Talibans ont pu occuper tous les lieux de pouvoir, comme le palais présidentiel, sans coup férir.

Le drapeau blanc est celui de l’Emirat et est un motif islamique des tout débuts avec Mahomet, il y est d’ailleurs inscrit dessus la chahada : «  J’atteste qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu et j’atteste que Mahomet est le Messager de Dieu. »

Les Talibans de 2021 sont cependant très différents de ceux de 2001. Ils ne sont plus un mouvement sur le tas d’étudiants en théologie formé par des cadres de la résistance à l’invasion soviétique. Ils relèvent d’un « Émirat Islamique d’Afghanistan » se présentant comme une entité étatique établie, avec même des représentants officiels vivant au Qatar et discutant depuis des années avec les principales puissances.

En fait, officiellement, ils relevaient déjà cet « émirat » de 1996 à 2001 lorsqu’ils contrôlaient le pays. Mais l’apparence mouvementiste, élémentaire, plébeienne millénariste, a été désormais gommée, au profit d’un positionnement « sérieux ». Le motif récurrent, c’est celui de vieux barbus censés exprimer une sagesse clanique-patriarcale dans le respect des traditions religieuses.

On remarquera d’ailleurs ici que, contrairement à Al Qaïda et encore plus à l’Etat islamique, les talibans intègrent désormais dans leur idéologie un dimension nationale. Leurs communiqués sont à moitié religieux à moitié patriotiques, insistant sur la libération de la nation afghane.

« Lié à la nation », une vidéo de propagande des talibans, on notera que les femmes sont systématiquement exclus de toute représentation

Les talibans n’ont donc pas d’objectif millénariste ou transnational. Ils ont également ces dernières années combattu militairement l’Etat islamique cherchent à s’implanter en Afghanistan, alors qu’Al Qaïda a de toutes façons été brisé par les Etats-Unis. On est ici dans une force féodale somme toute classique, du genre à se vendre à une grande puissance pour former un appareil d’Etat bureaucratique.

Pour donner un exemple concret, les Talibans, c’est 60 000 hommes. Ce n’est militairement strictement rien pour le contrôle d’un pays, fut-il petit, et l’Afghanistan est un grand pays de 38 millions d’habitants. En fait, il en va comme des 100 000 hommes au grand maximum de l’Etat islamique à son pic. Ce sont des gangs armés dans une société totalement en décomposition où les gens n’ont aucune capacité à s’organiser.

D’où leur victoire, impossible dans un pays n’ayant pas sombré. En comparaison, l’Espagne avait dans les années 1930 un peu plus de 25 millions d’habitants et lors de la guerre d’Espagne, chaque camp avait 500 000 soldats extrêmement bien organisés, avec toute une intendance.

L’Afghanistan, comme l’Irak, est concrètement un pays totalement déstructuré, brisé, dans un processus qui part de 1979 et des velléités impériales de l’URSS se posant en challenger de la superpuissance américaine. Tout est histoire de clans et d’ethnies vivant littéralement sur le tas, de manière traditionnelle sur un mode féodal, les talibans représentant d’ailleurs les pachtounes, également largement présents au Pakistan (pays soutenant les talibans depuis le début de leur histoire).

Historiquement, les pachtounes ont comme cible les persanophones (le persan est la langue vernaculaire d’Afghanistan), c’est-à-dire les Tadjiks et les Ouzbeks, mais surtout les Hazaras, qui ont comme particularité d’avoir été bouddhistes et d’être musulmans chiites. La fameuse statue géante du Bouddha de Bamîyân se situait justement en plein territoire hazara. Historiquement, les hazaras ont dû supporter massacres et esclavage tout au long de leur histoire.

Bamyan, avec le Bouddha désormais absent

Cependant, il faut bien garder en tête que c’est un environnement féodal et que tel ou tel clan, quel que soit son ethnie, peut se retrouver dans tel ou tel camp. C’est d’autant plus vrai que la victoire des talibans n’aurait pas été possible sans les « parrains ».

Ainsi, la Chine s’était empressée d’annoncer il y a quelques jours déjà qu’elle reconnaîtrait la victoire éventuelle de cet « Émirat » des talibans, alors que les activités de l’ambassade russe à Kaboul pris par les talibans continuent comme si de rien n’était.

Car la chute du régime totalement corrompu et pro-américain en Afghanistan se place, naturellement, dans le cadre du conflit entre la superpuissance américaine et son challenger chinois. Pour dire les choses simplement, la Chine et la Russie ont réussi à chasser les États-Unis.

Mais c’est une grande défaite turque également. La Turquie entendait assurer la « sécurité » de l’aéroport de Kaboul après le départ américain et d’ailleurs envoyer des troupes. Les Talibans avaient envoyé des avertissements très fermes à ce sujet.

Et c’est, déjà, une défaite pour les femmes. Les talibans sont totalement féodaux-patriarcaux, ils méprisent ou haïssent femmes, les considérant comme à la fois impures, secondaires et en fin de compte sans réelle valeur.

C’est la barbarie et d’ailleurs les gens en France ont un affreux haut-le-cœur devant de tels événements. Il leur reste à comprendre que c’est un aspect d’une crise mondiale emportant tout sur son passage dans un capitalisme se ratatinant jusqu’à chercher la sortie par la guerre.

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Société

Déloyauté à la collectivité : 215 000 anti-pass sanitaire le 14 août 2021

La fièvre existentialiste ne s’arrête pas.

Le nombre de manifestants anti-pass sanitaire pour les rassemblements nationaux a un peu chuté, en passant à 215 000 le 14 août 2021.

Mais tout le monde reconnaît que c’est tout de même un chiffre qui est un tour de force alors que le 15 août représente traditionnellement la période la plus creuse de tout l’été. De plus, ce chiffre reste plutôt discutable et est très vraisemblablement sous-évalué.

C’est que c’est une lame de fond, sur la base de tout un existentialisme anti-collectif, anti-modernité, qui puise sa force dans un immense corpus livresque des années 1920 et 1930. En ce sens, les manifestants anti-pass sanitaire ayant brandi une banderole à Avignon avec une longue citation d’Antoine de Saint-Exupéry ont absolument tout compris à leur propre démarche.

Il y a une sorte de saut qualitatif dans l’élan des anti-pass sanitaire. C’est ce qui était à craindre.

Et pour donner un exemple de comment cette lame de fond arrache tout sur son passage, voici un exemple avec une section CGT qui se comporte comme absolument jamais elle n’aurait pu le faire il y a quelques temps encore. Se moquer ouvertement de son représentant national, agir en se moquant du cadre confédéral…

Ce simple exemple montre que la CGT est carbonisée ; à force d’avoir joué sur le côté plébéien, c’est la catastrophe. Et on voit mal comment elle peut s’en sortir alors que son aile gauche est liée au Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF), qui a pris dès le départ position contre le pass sanitaire (qui serait « un moyen brutal, ségrégatif, antidémocratique » contribuant à « une société de contrôle permanent »).

C’est que, surtout, on a désormais de manière généralisée une expression élémentaire de la protestation, c’est-à-dire une expression prétendument spontanée mais ayant tout les traits du fait de vomir. C’est comme sur twitter : tout le monde y va de son petit argument, c’est un assemblage hétéroclite, il n’y a ni programme ni organisation, tout est sur le tas, de manière subjectiviste, avec un fanatisme et une obsession petite-bourgeoise anti-collectivité.

Et il est impossible de saisir raisonnablement un mouvement irrationnel, à moins de se focaliser sur des détails honteux, tels des slogans antisémites ou beaufs (tel « Je me ferai vacciner quand Brigitte [Macron] sera enceinte »). L’utilisation des éclairs de la SS allemande pour les deux du mot « pass » ont été quelque chose qu’on pouvait également souvent voir.

C’est tellement flagrant qu’on se demande comment les gens qui à gauche ont soutenu ce mouvement – c’est-à-dire en fait pratiquement tout le monde à gauche du Parti socialiste – ne peuvent pas se retrouver à avoir totalement honte.

C’est un terrible exemple de quelque chose de typiquement français: les gens à gauche du Parti socialiste sont effectivement plus à gauche, mais ils ne peuvent pas s’empêcher de passer hors-sol, plébéien, populiste, et d’ainsi perdre toute crédibilité.

Et ainsi, un journaliste et homme d’affaires ouvertement capitaliste comme Georges Ghosn peut se retrouver cent fois plus dans le réel que toute la gauche de la gauche… C’est dire le problème!

Son éditorial dans VSD, malgré ou à cause de sa vulgarité, est dans la dignité du réel, elle exprime une colère qui est, d’ailleurs, le ressenti de tous les gens rationnels. En ce sens, elle a un véritable aspect historique.

La Gauche vient clairement de rater toute une option historique en n’étant pas à la hauteur de l’État lui-même!

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Politique

Deux analyses de fond sérieuses contre le coronablues à gauche

Il y a encore à gauche des gens qui réfléchissent.

Le mouvement anti-pass sanitaire est en train de démolir profondément toute la gauche « activiste » ou tout au moins de profondément la disqualifier. Comment celle-ci peut-elle s’être imaginée qu’il suffirait de suivre les gilets jaunes hier et les anti-passs sanitaire aujourd’hui pour être dans le courant de l’Histoire?

Il est vrai cependant qu’elle n’a rien imaginé du tout. Elle se survit à elle-même et pioche de partout : dans le style syndicaliste révolutionnaire bière et merguez de la CGT, dans le mode véhément des rassemblements des ultras du football (banderoles, fumigènes et slogans martiaux), dans le misérabilisme de la charité chrétienne (avec les maraudes et la fiction d’une pauvreté massive), dans des marques fétiches pour les jeunes « militants » (Northface, Lyle & Scott, Fred Perry, Stone Island).

Il y a, fort heureusement, tout de même une certaine conscience de tout cela. C’est un « corona blues », comme il est constaté ici.

Une démarche marxiste ferme est d’autant plus nécessaire que la méfiance envers le discours officiel engendre actuellement l’émergence de nombreuses « explications alternatives » fallacieuses et fantaisistes des événements.

Des théories « complotistes » plus fantaisistes les unes que les autres voient le jour et sont partagées par des millions d’adeptes : la pandémie et aujourd’hui la vaccination massive seraient une machination des Chinois pour assurer leur suprématie, un complot de la bourgeoisie mondiale pour préparer la guerre ou restructurer l’économie mondiale, une prise de pouvoir par une internationale secrète de virologues ou encore une conspiration mondiale nébuleuse des élites (sous la direction de Soros ou Gates), …

Cette ambiance générale provoque même une désorientation du milieu politique, un véritable « Corona blues ».

Cette situation provient d’un très intéressant et très long document intitulé Rapport sur la pandémie et le développement de la décomposition. C’est le document le plus intéressant du moment avec un autre très intéressant et très long document, De la première à la seconde crise générale du capitalisme (à la base un article de la revue en pdf Crise).

Le premier est publié par le Courant Communiste International, un mouvement « communiste des conseils » se revendiquant de ce qu’on appelle historiquement l’ultra-gauche (ici dans ses variantes allemande et italienne). Le second par les maoïstes. Dans les deux cas cela relève de la Gauche programmatique.

Il y a plus de trente ans, chaque organisation de gauche et d’extrême-gauche auraient fait pareillement et produit une longue évaluation de la situation. C’était la norme, parce qu’il en allait de nombreuses choses : la crédibilité, l’analyse ininterrompue des événements, la nécessité de donner des orientations.

Le fait qu’il n’y ait plus rien de tout cela souligne comment tout un patrimoine intellectuel et pratique a été perdu. Il faut dire pratique également, car comment militer ou agir sans orientation? Mais aujourd’hui les « militants » ont repris l’un des principes fondamentaux du capitalisme, à savoir opposer la théorie et la pratique, la raison et l’action.

Les raisons pour cela sont nombreuses : l’inféodation aux réseaux sociaux et à leur immédiateté (avec le marquant et le spectaculaire à tout prix), le triomphe de l’idéologie syndicaliste anti-politique, le confusionnisme à la française appelé anarchisme…

Ces deux documents sont à ce titre des choses importantes, car servant à élever le niveau de conscience. Ils se placent comme pôles de référence – à tort ou à raison -, comme sources d’inspiration, et à ce titre ils relèvent de ce qu’a toujours fait la Gauche historiquement.

Est-ce que cela suffira contre le coronablues à gauche? De toutes façons, c’est inévitable, si ce n’est aujourd’hui, alors demain. Toute devient bien trop compliqué pour les réponses simplistes. Et ceux à gauche qui ne voudront pas faire d’efforts, on sait malheureusement déjà où ils vont terminer, s’ils n’y sont pas déjà objectivement : à l’extrême-Droite.

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Politique

Les deux documents contre le coronablues pour sortir de la crise

Quelle est la nature de la crise actuelle?

Il y a lieu de se tourner vers les deux documents anti-coronablues :

Il y a d’autant plus intérêt à le faire que leurs mises en perspective se répondent l’une à l’autre et que la réflexion avance d’autant plus facilement. Le premier document dit en effet que la crise actuelle est l’expression aggravée d’une décomposition déjà entamée et lisible depuis trente ans.

Le second document, à l’inverse, explique que ces trente dernières années ont été marquées par un saut qualitatif. Autrement dit le premier document dit que la crise vient d’un capitalisme au bout de sa vie, en « décomposition », alors que le second document expose la crise comme l’expression d’un capitalisme en expansion accélérée et venant seulement de rentrer dans le mur.

C’est, comme on le voit, très différent. Voici un extrait exposant le point de vue du premier document.

Cette immense catastrophe que constitue la pandémie n’est pas le produit de la fatalité ni de l’insuffisance des connaissances scientifiques ou des outils sanitaires (comme cela a pu être le cas dans des modes de production antérieurs) ; elle n’arrive pas non plus comme un coup de tonnerre dans un ciel serein ni ne constitue une parenthèse passagère.

Elle exprime l’impuissance fondamentale du mode de production capitaliste déclinant, qui va au-delà de l’incurie de tel ou tel gouvernement mais qui est au contraire révélatrice du blocage et du pourrissement sur pied de la société bourgeoise.

Et surtout, elle révèle l’ampleur de cette phase de décomposition qui s’approfondit depuis 30 ans (…).

Le pourrissement du capitalisme s’est étendu et approfondi à travers des phénomènes qui ont progressivement affecté de plus en plus d’aspects de la société et qui constituent les ingrédients qui ont provoqué le caractère explosif de la crise planétaire du Covid-19.

Certes, pendant ces 30 ans, la progression des phénomènes a été discontinue, mais elle s’est déroulée sur différents plans (crise écologique, chacun pour soi impérialiste, fragmentation d’États, terrorisme, émeutes sociales, perte de contrôle de l’appareil politique, pourrissement idéologique), minant de plus en plus les tentatives du capitalisme d’État de contrer son avancée et de maintenir un certain cadre partagé (…).

Ce rapport [=l’article] a montré que la pandémie n’ouvre pas une période nouvelle mais qu’elle est d’abord un révélateur du niveau de pourrissement atteint durant les 30 années de phase de décomposition, un niveau souvent sous-estimé jusqu’ici.

En même temps, la crise pandémique annonce aussi une accélération sensible de divers effets de la décomposition dans la période à venir (…).

La crise du Covid-19 engendre donc une situation encore plus imprédictible et confuse. Les tensions sur les différents plans (sanitaire, socio-économique, militaire, politique, idéologique) généreront des secousses sociales majeures, des révoltes populaires massives, des émeutes destructrices, des campagnes idéologiques intenses [de la part du capitalisme], comme celle autour de l’écologie.

Ainsi, pour le premier document, la crise sanitaire est un symptôme. Il y a un défi et le capitalisme est débordé. S’il l’est, c’est parce qu’il est à bout de souffle. C’est un événement s’ajoutant à des soubresauts profonds, comme a pu l’être l’attentat du 11 septembre 2001, l’élection du « vandale » Donald Trump, etc.

Ce n’est pas une période nouvelle, mais une catastrophe de grande ampleur renforçant la « décomposition ».

Voici un extrait exposant le point de vue du second document.

Le capitalisme a su laisser du temps libre pour la consommation tout en obtenant une élévation insensée de la productivité, au prix de la déformation des personnalités, de l’utilisation maximisée de leur potentiel nerveux et psychique.

L’un des aspects essentiels de cette aliénation se lit particulièrement dans la passivité et l’incompréhension des masses de la nature de ce que propose le capitalisme : des produits moches, de mauvaise qualité, cela pour les aliments comme pour les meubles, avec une capacité à accepter et vouloir ce qui est jetable, changeable.

L’incohérence se lit particulièrement dans le rapport aux animaux, alors que l’utilisation de ceux-ci a pris des proportions dantesques (…).

En fait, pour les gens vivant dans les pays capitalistes, il n’y a pas d’autre horizon que les cycles de la production et de la consommation capitalistes, qui sont par ailleurs très nombreux, puisque le capitalisme a multiplié les modes, les marchés, les possibilités de se « différencier », d’occuper son temps.

Et c’est pour cela, notamment, que la cassure imposée par la pandémie marque la seconde crise générale du capitalisme. Le rythme du capitalisme a été cassé, son cours normal a été stoppé et modifié (…).

[citation d’un document du PCF(mlm) de janvier 2020, soit juste avant la pandémie:] « Les années 2000 ont été marquées par d’immenses modifications technologiques généralisées – depuis les téléphones portables jusqu’à l’informatisation et internet – permettant au capitalisme d’affiner ses initiatives, de procéder à des modernisations, de relancer de nouvelles consommations, certains secteurs l’emportant sur d’autres.

Les années 2010 ont été le prolongement des années 2000, avec à la fois une consommation de masse encore plus élargie et, en même temps, un gouffre séparant une haute bourgeoisie aux mœurs toujours plus oligarchiques, décadentes, et les larges masses.

Pour nous, la période 1989-2019 n’a été qu’une parenthèse et c’est justement parce que telle a été sa nature qu’il y a eu un développement significatif des idéologies post-modernes, à l’initiative d’intellectuels identitaires produits par l’impérialisme (fondamentalisme islamiste, théorie du genre et LGBT, idéologie de la décroissance, etc.).

Les années 2010 ont comme aspect principal précisément d’aboutir à un retour aux années 1980, ou aux années 1930, ou aux années 1910, c’est-à-dire à une période où la bataille pour le repartage du monde est engagée, où le capitalisme s’enlise et n’est plus capable de satisfaire à ses propres exigences d’élargissement du profit. »

Le second document fait de la crise sanitaire une crise de croissance. Le capitalisme a connu une formidable expansion, la preuve les gens des pays capitalistes l’ont tous (ou presque) accepté ces trente dernières années. Mais l’apport de l’intégration des pays de l’Est et de la Chine comme usine du monde a formé un élan d’expansion destructeur ne pouvant pas durer éternellement.

La crise sanitaire est l’expression cette limite, par le heurt entre le capitalisme conquérant, bouleversant la planète comme Biosphère, et la vie elle-même.

On peut résumer comme suit, même si c’est caricaturer le propos :

– pour le premier document, la crise est une preuve de plus que le capitalisme a perdu ;

– pour le second document, la crise est la preuve concrète que le capitalisme a gagné.

Naturellement, cela sous-tend deux difficultés. Les auteurs du premier document doivent en effet prouver que la décomposition a bien lieu depuis trente ans, et de plus trente ans de décomposition, c’est long… comment expliquer que le capitalisme tienne encore?

Les auteurs du second document disent qu’il y a une « seconde crise générale du capitalisme » qui s’est ouverte en 2020. Il va falloir que les faits donnent raison à cette analyse des événements comme « cataclysmique » et cela on le saura assez rapidement.

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Société

Lobby individualiste des deux roues: nouvelle capitulation, sur le contrôle technique

Le président Emmanuel Macron lui-même est venu annuler la réglementation.

Il y avait déjà eu à la toute fin du mois d’août la capitulation sur la remontée interfile des motards. Cette fois, c’est sur le contrôle technique. Le lobby des deux roues, notamment la Fédération Française des Motards en Colère, a réussi à bloquer une mesure pourtant européenne, en accusant la mesure d’être un « racket ».

On connaît le principe pour les voitures: de manière régulière, il faut aller faire vérifier sa voiture, passer un contrôle technique rendu toujours plus difficile. Si des choses ne vont pas, il faut réparer, cela coûte cher, de plus en plus cher. Il y a ici deux aspects. Le premier c’est que le capitalisme force à consommer, d’où des directives toujours plus pressantes. C’est un véritable gouffre financier à terme.

De l’autre, c’est une question de sécurité. Dans les faits, la mortalité sur les routes s’est totalement effondrée. C’était un véritable carnage dans les années 1960. Autrement dit, sur le plan technique, en tout cas, les voitures et les deux roues n’ont plus grand chose à voir avec leurs équivalents d’il y a quarante ans. C’est plus technique, plus fiable, plus électronique aussi.

Cela a un prix : c’est plus compliqué à vérifier. Et le contrôle technique empêche d’avoir des véhicules zombies (ce qui est à relativiser de par le nombre de lumpen roulant sans permis sans assurance dans des voitures sans contrôle technique).

En tout cas, et quoi qu’on en pense, aucune société ne peut accepter que des gens utilisent un moyen de transport en prétendant ne jamais le faire vérifier de manière neutre. On peut discuter de ce qu’il faut vérifier, mais dire comme les possesseurs des deux roues qu’il ne faut aucun contrôle, qu’il faut laisser les gens faire ce qu’ils veulent, que la société n’aurait pas son mot à dire, c’est inacceptable.

Car c’est ce que dit le lobby des motards : ceux-ci n’auraient de comptes à rendre à personne! Voici la prose turbocapitaliste de la Fédération Française des Motards en Colère:

Dans un contexte économique de plus en plus difficile, les usagers de 2 et 3 RM refusent de payer, même quelques dizaines d’euros, une prestation dont ils n’ont pas besoin pour assurer leur sécurité.

Et si le contrôle technique devait maintenir l’activité, et donc la rentabilité, des grandes enseignes de contrôle, elle condamnerait à terme celle de tous les préparateurs et accessoiristes moto puisque leurs clients ne pourraient plus « personnaliser » leur véhicule, même pour lui apporter des améliorations, qu’elles soient techniques ou esthétiques. Ce serait alors la fin de la « culture moto » telle qu’on la connaît depuis toujours.

Quand on connaît le prix d’une moto (et du casque et des gants et de son entretien nécessaire, etc.), ces propos sur les quelques dizaines d’euros ne sont pas seulement risibles : ils sont pathétiques comme l’est la figure du petit propriétaire se considérant au-dessus de toutes les lois et crachant sur les autres qui exigent une vie en commune sécurisée.

La Fédération Française des Motards en Colère a le même degré d’argumentation que le lobby de l’automobile, celui de chasseurs, que les gilet jaunes aussi d’ailleurs, bref de tous les beaufs pour qui l’État c’est moche ce n’est que les taxes laissez moi faire ce que je veux, etc.

Et les beaufs en deux roues ont eu le soutien direct du président de la République. Tout part de l’Union Européenne qui a décidé il y a quelques mois que, cette fois, il y en avait assez et que tout ce qui a deux roues et une puissance d’au moins 50 cm³ pour le moteur doit passer au contrôle technique tous les deux ans, dans toute l’Europe.

Et pareil pour ce qui a trois roues, pour les quads, les voitures sans permis, etc.

Cela donne un premier contrôle technique en 2023 pour les véhicules immatriculés avant 2016, en 2024 pour les ceux entre 2016 et 2020, et en 2025 pour ceux de 2021.

On notera que ce contrôle régulier existait déjà pour tous les deux roues déjà sous cette forme en Autriche, en Croatie, en Espagne, en Lituanie et en Italie. Inversement, la France ne faisait rien, comme la Finlande, l’Irlande et les Pays-Bas. Cela fait longtemps qu’il y a un débat en fait en France à ce sujet, mais à chaque fois le lobby des deux roues a été très offensif.

Et cela continue, puisque si le 12 août 2021 au matin le contrôle technique était annoncé publiquement, quelques heures après, il y a eu demande d’Emmanuel Macron de finalement ne pas appliquer la réglementation, qui est, officiellement, du point de vue gouvernemental « suspendue jusqu’à nouvel ordre ».

Le Monde explique ainsi l’argumentation populiste:

« Après avoir découvert cette mesure, le président de la République a décidé que ce n’était pas le moment d’embêter les Français », a expliqué un conseiller de l’exécutif. 

« Avec la crise sanitaire, le passe, on leur demande déjà beaucoup. On peut être pour la sécurité sans embêter les Français dans leur quotidien, a priori sans adhésion de leur part. »

Tel est le turbocapitalisme : c’est un capitalisme qui va jusqu’à élargir tellement la propriété qu’il supprime le droit, qu’il bouleverse tout pour permettre une consommation plus grande à tout prix, jusqu’au nihilisme.

Cabu nous manque!
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Société

Réactions de « Ras Le Scoot » à la reculade sur le contrôle technique des deux roues

L’association se réjouissait le matin, pour déchanter dans la journée.

Voici le communiqué de l’association Ras le scoot :

Ras Le Scoot déplore la manoeuvre électoraliste d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron sacrifie la santé, la sécurité et la tranquillité des Français sur l’autel de l’électoralisme. 

Ras Le Scoot se réjouissait ce matin de la décision du gouvernement de faire entrer dans le droit commun les deux-roues motorisés, exemptés sans raison de contrôle technique en dépit de leur dangerosité, du bruit et de la pollution qu’ils provoquent et des bricolages improbables que leurs pilotes réalisent au mépris de la réglementation pour les rendre plus bruyants, plus rapides ou plus tape-à-l’oeil.

Le lobby motard avait fait savoir son intention de manifester bruyamment pour démontrer à tous la capacité de nuisance de ses engins. Il n’aura pas fallu une journée à Emmanuel Macron pour lui céder sur toute la ligne : désavouant son propre gouvernement et par simple fait du prince, il revient sur une mesure pourtant exigée par une directive européenne de 2014.

La France risque ainsi d’être condamnée en raison de calculs électoraux douteux. On se demande d’ailleurs s’ils seront payants : en dehors d’un lobby très bruyant mais très minoritaire, les Français sont dans leur ensemble exaspérés par les nuisances innombrables que leur causent les 2RM.

Ras Le Scoot remarque qu’Emmanuel Macron sait également choisir son moment : trois jours après la publication d’un rapport alarmant du GIEC, il fait le choix de laisser sans contrôle des véhicules très fréquemment montrés du doigt pour leur rejets polluants aggravés par la modification des échappements dont sont coutumiers les motards.

Dans une étude menée en 2018, le Conseil international sur le transport propre notait l’« impact disproportionné » des 2RM sur la pollution atmosphérique en ville : leurs émissions de monoxyde de carbone (CO) sont ainsi dix fois plus élevées que celles des voitures à essence et vingt fois plus que celles fonctionnant au diesel.

Ras Le Scoot se scandalise qu’une petite minorité parvienne à faire plier le président de la République, visiblement plus soucieux de grappiller des voix que de préserver la santé, la sécurité et la tranquillité des Français.

Trouvera-t-on un jour un politique courageux pour oser braver les oukases des lobbys motards sous lesquels sont contraints de vivre soixante-sept millions de Français ?

Voici le communiqué de l’association plus tôt en matinée, se réjouissant du contrôle technique instauré (et repoussé dans le foulée en fait).

Ras Le Scoot salue la mise en place du contrôle technique pour tous les deux-roues motorisés

Le gouvernement instaure à compter de janvier 2023 un contrôle technique pour les deux-roues motorisés. Partisan de cette mesure depuis sa naissance, Ras Le Scoot ne peut que saluer cette décision qui vient rompre avec des années d’hésitation des pouvoirs publics jusqu’alors tétanisés face au lobby motard.

C’est en effet au 1er janvier 2021 qu’une directive européenne fixait la date limite au-delà de laquelle les États membres devaient avoir mis en place cette mesure de sécurité routière.

Le contrôle technique auquel sont soumises les automobiles depuis 1991 s’impose maintenant comme une évidence tant il paraît inimaginable de laisser circuler sur les routes des véhicules susceptibles de mettre en danger les autres usagers.

Il est donc incompréhensible qu’il ait fallu attendre plus de trente ans pour mettre un terme au régime d’exception dont jouissaient les deux-roues motorisés, pourtant plus dangereux, plus bruyants et plus polluants que les voitures.

D’autres pays européens n’ont pas connu les mêmes atermoiements : les 2RM d’Allemagne, du Royaume-Uni ou d’Italie passent un contrôle technique obligatoire depuis le début des années 2000.

Ras Le Scoot relève, non sans une certaine satisfaction, que cette nouvelle obligation vise tous les 2RM, quand la directive européenne la circonscrivait aux seuls véhicules dont la cylindrée dépassait 125 cm3. Les scooters, qui représentent un tiers du parc des deux-roues motorisés, font en effet l’objet des modifications les plus lourdes, en particulier concernant leur échappement très fréquemment trafiqué afin d’en accroître les émissions sonores.

Il n’est pas une chaîne YouTube spécialisée qui ne fasse pas la promotion de ces pétarades qui importunent aussi bien les citadins que les ruraux, confrontés aux virées tonitruantes auxquelles invitent les routes dégagées des campagnes.

La liste des points de contrôle reste à établir : Ras Le Scoot appelle à la plus grande vigilance à cet égard sachant le lobbying intense dont sont capables les associations motardes. Toujours prêtes à brandir les nuisances qu’on leur reproche comme une arme, elles avancent la menace de manifestations assourdissantes.

Leur céder – comme ce fut déjà le cas lors d’une réforme avortée en 2017 – reviendrait à faire fi de l’exaspération des Français qui ne sauraient se contenter d’un contrôle a minima pour remplir les obligations européennes.

Compte tenu de l’accidentologie dramatiquement élevée de ce mode de transport, mais aussi des enjeux en matière de bruit et de pollution qui s’y rattachent, nous demandons que lui soient appliqués les mêmes critères de contrôle que les voitures. Une attention toute particulière doit être portée au bruit, dont les deux-roues motorisés sont la principale source en ville.

Si ce combat semble enfin remporté, Ras Le Scoot rappelle que les normes de bruit et de pollution auxquelles doivent obéir les 2RM et dont le contrôle technique améliorera le respect demeurent incroyablement laxistes en comparaison des normes automobiles.

À l’heure où les constructeurs de voitures, pressés par les pouvoirs publics, annoncent les uns après les autres l’échéance de leur transition vers les moteurs électriques, il est urgent d’étendre cette réflexion aux 2RM. C’est à l’échelle européenne que s’édictent les normes et à cette échelle qu’il convient de penser les nuisances qu’un mode de transport en retard sur son temps inflige à tous les Européens.

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Écologie

Appel au gouvernement contre l’abandon des animaux

La tribune est signée quelques acteurs, humoristes, chanteurs, influenceuses…

C’est une tribune intéressante, forcément, de par le thème. L’abandon des animaux est en effet commun à tous les pays occidentaux en général et il a augmenté de manière très significative ces derniers mois, à la suite d’achats compulsifs au moment du confinement.

Il y a ici un véritable drame historique et cette tribune témoigne qu’en France, il y a une véritable opinion démocratique qui se maintient.

Après, cela a ses limites, car cela relève souvent de ce qu’on peut ou doit appeler la petite-bourgeoisie intellectuelle – et dans le capitalisme, les humoristes et les miss France en font partie…

Pour cette tribune, les problèmes sont ainsi flagrants. Déjà, elle est à l’origine publiée de manière payante sur Lemonde.fr. Ce n’est pas démocratique.

Ensuite, on y trouve un éloge du gouvernement qui se serait mis à soutenir les associations face aux abandons.

Là, ce n’est pas seulement pas démocratique, c’est anti-démocratique. Parce que même en admettant que ce soit le cas – et ce n’est pas le cas, évidemment – c’est aux associations de le dire, pas aux signataires de la tribune.

Ici ce n’est pas une erreur, mais une faute, de la part d’humoristes, d’un moine bouddhiste, d’une influenceuse dont la dernière vidéo est une publicité pour le site d’habits fashion-luxe Farfetch… Cela ne veut pas dire que ces gens ne veulent pas bien faire, ni qu’ils ne font pas déjà des choses bien. Mais il faut savoir servir une cause, s’y insérer, et non pas venir plaquer des sentiments ou des idées.

Rappelons ici que le gouvernement prétend avoir pris différentes mesures (sensibiliser, accompagner, sanctionner), « accompagner » signifiant enfin se mettre à évaluer le nombre d’animaux abandonnés et fournir 20 millions d’euros aux associations et refuges.

Or, cet argent, on attend de le voir ; ensuite, qui l’aura? On attend de le voir. Est-ce suffisant? Cela, pas la peine d’attendre de le voir, c’est tout vu, c’est non.

Et rappelons que ces 20 millions d’euros font partie du plan de relance de l’économie dans le cadre de la pandémie. Ce plan de relance est de…  100 milliards d’euros. C’est dire le caractère faible de la chose.

En ce sens la tribune part de bons sentiments, mais son axe est erroné. Il aurait fallu voir dans les faits ce que cela donne et non pas de manière abstraite en intellectuel.

On peut bien sûr ne pas attendre de gens aux bons sentiments d’avoir un vrai regard sur les choses et d’appeler à la nationalisation de tous les refuges et à leur gestion publique et démocratique. Mais dire que le choses avancent… alors que non, c’est erroné.

« Nous appelons le gouvernement à aller beaucoup plus loin pour lutter contre l’abandon des animaux »

Il est impossible d’ignorer la situation critique qui s’abat aujourd’hui sur les refuges animaliers de France, saturés partout sur le territoire et peinant à faire face à la vague d’abandons sans précédent qui déferle depuis le déconfinement. Il nous revient de prêter notre voix aux chiens, chats, lapins, hamsters et autres individus délaissés par milliers, dont le traumatisme et le tourment d’être abandonnés par les familles censées les protéger sont déchirants.

Notre gouvernement a publiquement reconnu l’ampleur de la crise et a mis en place certaines mesures, et nous en sommes profondément reconnaissants. Il est en effet vital et essentiel d’aider et de soutenir concrètement et financièrement les refuges et les associations qui les gèrent.

Néanmoins, aucun refuge ne sera jamais assez grand pour pouvoir accueillir tous les animaux mis au monde de manière irresponsable et achetés sur un coup de tête. Des solutions doivent urgemment être mises en œuvre pour s’attaquer à la racine du problème : il est indispensable de promouvoir la stérilisation et, de manière encore plus cruciale, d’interdire de vendre des animaux en ligne et dans les animaleries.

Des experts, des vétérinaires et des députés en attestent, une des solutions les plus efficaces pour endiguer cette catastrophe est la stérilisation des animaux de compagnie. Rappelons que, sans stérilisation, une chienne et sa progéniture peuvent mener à la naissance de 67 000 chiots en à peine six ans et, en sept ans, une chatte et ses petits peuvent engendrer le nombre astronomique de 370 000 chatons, tout cela dans un contexte où il y a déjà des milliers d’animaux adoptables et affectueux attendant dans les refuges de France.

La vente d’animaux de compagnie a suscité un vif débat à l’Assemblée nationale en mai 2021, avec une proposition de loi visant à interdire la vente d’animaux de compagnie sur les sites et plates-formes non spécialisés.

Pas étonnant, lorsqu’on sait que ce commerce mène à une transformation de l’animal en objet. Celui-ci est mis au monde pour le profit ; il est vendu comme une vulgaire marchandise, et subit dans d’innombrables cas négligence, maltraitance ou abandon.

Nous faisons face également à de nombreux vols de chiens de race qui sont ensuite revendus sans scrupule à travers des annonces en ligne, mais aussi à la découverte d’élevages clandestins qui cherchent à tirer profit de la demande en animaux de compagnie et enfin à des réseaux de trafiquants d’animaux de compagnie.

Ainsi, nous remercions le gouvernement d’avoir enfin pris conscience de l’immensité du problème et de la nécessité d’agir, mais nous l’appelons à aller beaucoup plus loin en mettant en place des mesures réellement efficaces pour lutter à la source contre les abandons, en promouvant la stérilisation des animaux de compagnie et en interdisant leur vente en magasin et en ligne, sur des sites comme Leboncoin.

L’immense intérêt pour la cause animale est impossible à ignorer – 89 % des Français déclarent que la protection et le bien-être des animaux de compagnie sont une problématique qui leur tient à cœur – et, aujourd’hui, les Françaises et les Français attendent des actions décisives pour faire cesser la maltraitance, la négligence et les souffrances des chiens, chats, lapins et autres animaux qui méritent une vie meilleure.

Signataires :

Nathalie Baye, actrice ; Marilou Berry, actrice et réalisatrice ; Laëtitia Bléger, hôtesse de l’air et viticultrice, Miss France 2004 ; Jacques Dutronc, acteur et chanteur ; Karine Ferri, animatrice de télévision et mannequin ; Rémi Gaillard, vidéaste et militant de la cause animale ; Greg Guillotin, vidéaste, scénariste et humoriste français ; David Hallyday, chanteur et musicien ; Bérengère Krief, comédienne et humoriste ; Raphaël Mezrahi, acteur et humoriste ; Jérôme Niel, acteur, humoriste et vidéaste ; Monsieur Poulpe, animateur de télévision et humoriste ; Matthieu Ricard, moine bouddhiste et écrivain ; Romy, influenceuse; Bruno Sanches, acteur ; Delphine Wespiser, animatrice de télévision, Miss France 2012 ; Lambert Wilson, acteur.

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Société

Le pass sanitaire ou le socialisme malgré lui

Le capitalisme est obligé de faire du socialisme en raison de la crise sanitaire.

Le pass sanitaire n’est pas un « choix » gouvernemental, c’est une obligation historique en situation de pandémie. Lors d’une crise touchant tout le monde, il n’y a pas de réponse particulière : la solution est forcément du même niveau, de la même ampleur.

Et donc, comme la crise sanitaire est générale, alors c’est la mobilisation générale. On ne peut donc pas dire, comme le fait Anasse Kazib de Révolution Permanente, qui espère se présenter à la présidentielle 2022, que :

Le pass sanitaire est une mesure liberticide et anti sociale que le gouvernement utilise pour se dédouaner de son absence de stratégie sanitaire.

Ce n’est absolument pas vrai. Les faits montrent très bien que le pass sanitaire est rendu obligatoire par les faits eux-mêmes, que quel que soit le gouvernement et le pays, que ce soit la France, l’Autriche ou l’Italie, il y a une pression de la crise sanitaire telle qu’il est nécessaire de parer par des moyens de grande ampleur.

Les gouvernements ne sont d’ailleurs nullement contents d’avoir à le faire. Et pour cause! Le pass sanitaire est une mesure fondamentalement de gauche. Il s’agit en effet d’une procédure administrative universelle, qui s’impose d’elle-même, plaçant les intérêts généraux au-delà des égoïsmes individuels.

Ou, comme le résume Spock dans la série originelle Star Trek très ancré à gauche justement :

L’intérêt du plus grand nombre l’emporte sur l’intérêt d’un seul.

Les commentateurs du Figaro ne s’y trompent pas, justement, dénonçant sans cesse le pass sanitaire comme une mesure « liberticide », parlant de manière anxieuse d’un futur pass environnemental. Et ils ont raison : telle est la tendance historique.

L’Histoire commence à imposer une remise en cause générale de ce que fait l’humanité. Non pas de l’humanité abstraite, mais bien de l’humanité concrète : celle qui est socialement façonné par le capitalisme et qui s’imagine sortie de la Nature.

L’humanité s’imagine composée d’individus tous différents les uns les autres, l’Histoire remet en cause cette absurdité en rappelant que la planète est un grand tout, une Biosphère, et qu’il n’y a pas de partie qui puisse se prétendre séparée, ayant plus de valeur, unique, « libre » de faire ce qu’elle veut, etc.

L’époque qui vient est celle de la grande remise en cause et, forcément, cela va être très autoritaire. Les gens de droite ont raison de penser que la Gauche (historique) veut l’État policier : ils savent ce qui les attendent ! L’intolérable ne sera plus toléré…

Tony Estanguet, président du comité d’organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024, explique qu’il faut choisir des sports spectaculaires « des sports qui cartonnent sur les réseaux sociaux », tels le surf et le breakdance… eh bien dans le Socialisme il ne pourra pas raconter des choses pareilles, car d’autres valeurs que la course à l’expansion du capitalisme prédomineront, celles venant du peuple et s’exprimant démocratiquement.

Cela sera un pass sanitaire… dans le sport. Et pareil dans tous les domaines. Le socialisme va imposer des mœurs nouvelles, des comportements nouveaux, au nom d’une conception de la vie opposée à ce qui prévaut dans le capitalisme… En ce sens, le socialisme, c’est la multiplication des pass du type pass sanitaire.

S’installer dans un village? Oui, mais il faudra avoir le pass montrant qu’on a fait un stage expliquant la situation locale de la Nature et comment la protéger.

Faire des études de médecine? Oui, mais il faudra avoir le pass montrant qu’on a fait un stage centré sur l’empathie et la compassion.

Partir en vacances en Corse? Oui, mais il faudra un pass montrant qu’on a fait un stage d’introduction à la culture nationale corse et au respect de sa faune et de sa flore.

Et la liste est sans fin, et la liste sera définie par le peuple lui-même, de manière démocratique. Et elle sera imposé par la force, parce que comme on le sait, le peuple ne plaisante pas avec la réalité.

En ce sens, le pass sanitaire, c’est le socialisme malgré lui : l’époque oblige le capitalisme à assumer le collectivisme malgré lui, parce que l’ampleur de ce qui se passe l’oblige à agir ainsi.

L’époque mûrit toujours davantage. Et l’ultra-gauche et les syndicalistes pleurant les mesures « liberticides » sont juste des petits-bourgeois larmoyants regrettant le monde d’avant. Ils n’ont pas compris le besoin d’un ordre nouveau.

« L’action de défense des travailleurs menée par les syndicats, la constitution d’organes socialistes, les expériences socialistes en régime bourgeois, la conquête incessante de nouveaux postes dans les organismes avec lesquels les bourgeois gouvernent la société, tout cela aujourd’hui est insuffisant, est devenu inutile.

C’est de tout autre chose dont nous avons besoin si nous ne voulons pas être écrasés et tout perdre.

Dominateurs de toute la société, il faut que ce soient les ouvriers, les paysans, les travailleurs de toute catégorie qui le deviennent, qu’ils aient le pouvoir et qu’ils l’exercent au moyen d’institutions nouvelles capables de donner à la société une nouvelle forme et une implacable discipline d’ordre et de travail pour tous. »

Antonio Gramsci, L’Ordine nuovo [L’Ordre nouveau], 13 mai 1921
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Société

Crise sanitaire et Covid-19: un vaccin annuel?

Le caractère périodique de la vaccination est une réelle possibilité.

Alors que le pass sanitaire devient la règle en France, il faut rappeler une chose essentielle : on navigue à vue et on n’a aucune idée de la durée de la validité des vaccins réalisés.

C’est cela qui rend d’autant plus odieux les anti-pass sanitaire, puisque ils se comportent dans le déni, dans la négation de la crise sanitaire. Ils veulent que tout reprenne comme avant, comme s’il y avait un complot pour les empêcher de consommer tranquillement comme dans le passé.

En réalité, le situation est tendue et même doublement tendue. Car non seulement la vaccination n’atteint pas une partie suffisante de la population, mais en plus on ne sait pas combien de temps les vaccins opèrent.

C’est là où on aurait besoin d’une opinion publique éclairée, d’une participation populaire pour relayer les informations sanitaires. Au lieu de cela, on a une gestion administrative – bureaucratique, par an haut, et une contestation plébéienne hors-sol.

Ce qui implique une hypocrisie de la part de l’État. On peut en effet considérer que, du point de vue des États, la crise sanitaire formera un arrière-plan sur le long terme. Il n’y aurait pas de mise en place d’un pass sanitaire sans cette perspective. C’est une bonne chose que de mettre en place le pass sanitaire, mais il faudrait, de manière démocratique, dire ouvertement que c’est sur le long terme.

Au lieu de cela, l’État français ne fait que souligner que c’est temporaire, que cela ne durera pas, etc. Ce faisant il croit bien faire en prenant les gens pour des idiots et permet justement aux idiots de protester. Alors que si la gravité de la situation était montrée, les choses seraient claires pour les esprits.

En ce sens, il faut aller voir vers l’Autriche, ce pays qui sert depuis des mois de « laboratoire » pour les mesures prises. La raison historique d’une telle situation est assez facile à comprendre: l’Allemagne se sert de son satellite autrichien, qui a un haut niveau administratif, comme « testeur » et cela se répercute ensuite sur le reste.

D’ailleurs, le pass sanitaire ne pose là-bas aucun problème pratique depuis quelques temps déjà et n’est prétexte à pratiquement aucune contestation, à part chez une poignée d’ésotériques et d’activistes d’extrême-Droite.

Et donc, en Autriche, la durée de la validité de la vaccination après la piqûre de rappel est de 270 jours.

L’État autrichien, dans son formalisme administratif et juridique, dit les choses clairement. Légalement, le vaccin n’a une validité que de 270 jours.

L’État se protège ainsi de tout recours juridique et annonce surtout la couleur, de manière indirecte. Ce qui est sous-entendu, c’est une vaccination annuelle.

Que voit-on, d’ailleurs? Le patron de Moderna vient de saluer les résultats de tests montrant que le vaccin de son entreprise est efficace à 93%… pour six mois. Il va de soi que cela implique un prolongement de la vaccination.

Dans des articles ultra-racoleurs, le site Futura Sciences dit qu’éventuellement l’immunité pourrait durer plusieurs années. L’Académie des sciences naturelles de Suisse est elle plus réaliste :

Combien de temps dure la protection fournie par les vaccins à ARNm autorisés ?

On ne le sait pas encore avec certitude. On sait, toutefois, que l’efficacité des vaccins à ARNm a été testée deux à trois mois après la vaccination. Cela signifie qu’ils fonctionnent bien pendant au moins ce délai.

Comme ces études n’ont été réalisées que récemment, des données à long terme ne sont pas encore disponibles. Toutefois, les volontaires des essais cliniques continueront à être observé·e·s et examiné·e·s. De cette façon, la durée de l’effet pourra être évaluée pour des périodes de plus en plus longues.

En fait, le problème principal, ce sont les anticorps, qu’on ne sait pas encore évaluer correctement. C’est ce qui fait qu’on a du mal à évaluer la situation des millions de personnes déjà infectées. Non seulement les effets prolongés du virus ne sont pas vraiment connus (le fameux covid long), mais en plus on ne sait pas vraiment dans quelle mesure le système immunitaire conserve la capacité à repousser le virus ou pas.

Il faudrait une enquête de masse… mais pour cela une administration démocratique dans un cadre populaire. On a évidemment rien de tout cela.

Et comme le résume la BBC à la mi-juillet:

Il est désormais difficile de dire avec certitude si la population générale aura besoin de cette dose supplémentaire. Tout dépendra de la durée de l’immunité offerte et des variantes qui apparaîtront.

L’article de la BBC rappelle ainsi bien entendu qu’il faut distinguer entre un rappel nécessaire car l’effet du vaccin faiblit et un vaccin modifié en raison d’un variant. Et de citer un scientifique mentionnant une possibilité tout à fait concrète:

« Chaque année, on analyse les variantes de la grippe qui circulent dans le monde et qui ne coïncident pas toujours dans le même hémisphère ou continent.

Chaque pays prépare ensuite des vaccins spécifiques pour ces variantes. Quelque chose de similaire se produirait avec le coronavirus », a souligné il y a quelques mois à la BBC Mundo le Dr José Manuel Bautista, professeur au département de biochimie et de biologie moléculaire de l’université Complutense de Madrid, en Espagne.

Si l’on prend les 270 jours autrichiens, on a cette perspective là. Et ce ne serait guère étonnant. L’humanité, en détraquant la planète, en massacrant la Biosphère provoque des catastrophes de grande ampleur. La crise sanitaire en est une de plus.

Et les anti-pass sanitaire qui veulent vivre comme avant ne sont que les nostalgiques d’un monde conduisant à la catastrophe.

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Écologie

« Nouveaux aliments »: l’expérimentation animale systématique

Le capitalisme agit vite et mal.

C’est quelque chose de tout à fait sordide et de malheureusement profondément méconnu : la réglementation européenne exige des tests sur les animaux pour les « nouveaux aliments ».

De quoi parle-t-on ici? Eh bien, de tout ce qui n’était pas traditionnellement consommé en Europe avant 1997.

Si l’on peut prouver qu’il existait un équivalent avec 1997, alors on peut en partie contourner la réglementation, mais pas pour le reste, que ce soit pour des produits naturels venant hors d’Europe ou bien des nouveautés issues des avancées techniques.

Graines de chia, pulpe sèche de baobab, açaï, pulpe de noni, huile d’algue extraite de la microalgue Ulkenia, gomme de guar, Oléorésine de lycopène extrait de la tomate, extrait d’écorce de magnolia, méthylcellulose, extrait mycélien du shiitaké, extrait d’huile de tournesol… rien n’y échappe et parfois même le produit fini, comme un jus de fruit, peut être concerné, car les tests concernent également les utilisations nouvelles, les procédés nouveaux.

Nestlé présente cette exigence comme suit :

« Toutes les autorités réglementaires s’appuient sur les tests sur les animaux, dans le cadre du dossier, pour démontrer que les nouveaux aliments, ou les aliments qui contiennent de nouveaux ingrédients, sont sans danger pour la consommation.

Par conséquent, Nestlé utilise les tests sur les animaux lorsque l’autorisation de commercialiser des aliments avec de nouveaux ingrédients nécessite ce type de tests. »

On notera que cette explication provient du site britannique, le site français n’abordant pas la question, alors que le site belge propose quant à lui un très long texte pour prétendre que les tests seraient très rares, que pour les nouveaux aliments les tests auraient dans « certains cas », etc.

En réalité, les tests sont systématiques pour les « nouveaux aliments ». Bien entendu, il est très important de vérifier que des produits mis sur le marché ne sont pas nocifs pour la santé. Cependant, il est intolérable que ce soit des animaux qui soient les victimes de cela. Il est moralement inacceptable qu’au lieu de la science, on ait des expérimentations sur des êtres vivants en cherchant des rapprochements. C’est un fiasco moral et scientifique.

C’est d’autant plus vrai que, administrativement, on a quelque chose de très sérieux. Demander l’autorisation d’un « nouvel aliment », c’est devoir attendre plusieurs années et payer de quelques centaines d’euros jusqu’à un million, avec entre 20 000 et 45 000 euros en moyenne. On pourrait, on devrait donc s’attendre à quelque chose en phase avec les exigences de notre époque, pas à une boucherie.

Pourquoi en est-on là? Que signifie cette exigence de tests sur les animaux? En fait, il est parlé de santé, mais en réalité, les exigences visent à renforcer le monopole des entreprises les plus grandes, de par l’ampleur financière dont il faut disposer pour effectuer des tests. Exiger de tels tests, c’est protéger une industrie contre une autre, les gros contre les petits. Si jamais un amateur de cuisine découvre une nouvelle manière de mélanger des graines de chia et du baobab en utilisant alternativement la cuisson et le refroidissement… il lui faudra allonger une petite fortune.

De plus, et c’est absolument essentiel, cela sert à appuyer la tendance à « complexifier » les produits de manière artificielle, conformément à l’esprit capitaliste d’élargir les marchés. Les tests permettent de vérifier à court terme si une chose va ou ne va pas. On n’atteint pas une connaissance substantielle du produit nouveau, mais à court terme, voire à moyen terme, cela passe pour des êtres vivants, donc on considère que c’est bon et le capitalisme peut tourner.

Les exigences de l’Union Européenne sont ainsi ainsi une aide ouverte aux nouveaux produits industriels, tels les aliments à base d’insecte, tout ce qui est modification chimique, tout ce qui est relatif aux OGM, etc. Les exigences sécuritaires visent à permettre rapidement l’expansion de nouveaux marchés. C’est strictement la même chose que pour les vaccins anti-COVID 19, à ceci près évidemment que pour les vaccins il y a une réelle urgence sanitaire, pas pour la mise sur le marché de nouveaux produits hautement industrialisés.

On notera d’ailleurs au sujet de cette question industrielle cet exemple intéressant: l’entreprise Impossible Foods a décidé de mettre un burger vegan, en affirmant s’opposer à tout ce qui cause du tort aux animaux. Mais un élément du burger provient d’une nouveauté de l’ingénierie chimique et cet élément, l’hème, a été testé sur les animaux aux Etats-Unis, conformément à la loi, l’entreprise acceptant cela de manière ouverte, comme un moindre mal pour aller de l’avant. Le burger est ainsi végétalien, mais pas vegan, puisque historiquement testé sur les animaux…

Mais, donc, il en va de même pour les graines de chia. Des rats et des souris ont dû en manger et se les voir directement pompés dans l’estomac, avant la mise sur le marché… Elles sont donc végétaliennes, mais cependant pas vegans.

On peut considérer qu’on ne peut pas mettre sur le même plan des aliments traditionnels non-européens, ou de belles découvertes naturelles, et la fuite en avant chimico-industriel d’une industrie capitaliste cherchant simplement de nouvelles parts de marchés, de nouvelles consommation. Le problème n’en est pas moins que les « superfoods » consistent en de « nouveaux aliments », qu’ils sont donc passés par l’expérimentation animale…

Ce monde est un cauchemar de bout en bout.

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La catastrophe crypto-fasciste continue: 237 000 anti-pass sanitaire le 7 août 2021

Et cela dans une convergence nationale et sociale toujours plus marquée.

Les Français sont bien les plus forts. Dans tous les pays occidentaux, les anti-vaccins et anti-pass sanitaires ont consisté en des troupes d’ésotériques, de nationalistes, de nationaux-révolutionnaires, de complotistes et de confusionnistes… et ils ont été traités tels quels : ils ont été maintenus à la marge.

Nous avons à plusieurs reprises souligné ce phénomène, auquel la France avait, fort heureusement, échappé pendant la confinement.

Et là les Français ont décidé de faire plus fort que tout le monde en soutenant cette marge, en la validant, en la valorisant, en la soutenant par des manifestations de masse. C’est la grande convergence des plébéiens et des populistes, au-delà de toute opposition Droite / Gauche.

Florian Philippot, l’ex-comparse de Marine Le Pen, engrange les succès d’estime avec sa ligne anti-pass sanitaire

Dialectiquement, c’est au moins une bonne chose : les masques tombent et tous les populistes, les plébéiens de la Gauche se précipitent dans les rangs des anti-pass sanitaire, dont le mouvement a clairement comme origine des courants d’extrême-Droite et ésotériques-spiritualistes.

Ce faisant, ils montrent qu’ils sont totalement décomposés et qu’ils ont quitté tout rapport avec la Gauche historique et avec les nécessités de notre époque. L’Histoire fait le ménage. Il faut être pour le pass sanitaire, ou contre le pass sanitaire.

Il faut être pour les anti-pass sanitaires, ou contre les anti-pass sanitaires. Entre les deux, il n’y a rien.

Drapeaux français, de la CNT, du NPA… la déchéance, en l’occurrence à Bordeaux

C’est d’autant plus vrai qu’il y a désormais une ampleur de masse, qui fait froid dans le dos. Avoir plus de gens qu’à la manifestation précédente, c’est déjà marquant. Rappelons qu’il y avait eu 114 000 manifestants le 17 juillet, 160 000 le 24 juillet, 205 000 le 31 juillet, et donc 237 000 le 7 août.

Mais, justement, un 7 août, au moment estival marqué par le plus de torpeur, parvenir à mobiliser et en plus sur une base plus grande… On sent comment l’irrationalisme transporte.

Le Puy-en-Velay, Montpellier, Angoulême, Clermont-Ferrand, Lille, Bayonne, Nantes, Tulle, Strasbourg, Nîmes, Annecy, Toulon, Metz, Aix-en-Provence, Épinal, Avignon, Colmar, Guingamp, Gap, Quimper, Dijon, Marseille, Toulouse, Narbonne, Grenoble, Nice, Angers, Limoges, Paris, Vannes, Perpignan, Bordeaux, Toulouse… La fièvre crypto-fasciste provoque un engouement dans tout le pays.

Le style petit-bourgeois contestataire est aussi vain qu’ignoble

Et beaucoup l’ont observé : la part des femmes était significative dans les manifestations du 7 août 2021. C’est un point à étudier, car si c’est bien le cas, alors le mouvement a vraiment passé un cap dans la société et parvient à mobiliser telle une lame de fond sur une base « élémentaire ».

L’engouement irrationnel petit-bourgeois a-t-il atteint un tel niveau?

Si c’est le cas, un tel phénomène implique une catastrophe à la rentrée. Le mélange « national-social »qui commence à prendre implique un rôle destructeur. Cela va être le moment décisif pour ceux qui portent les vrais valeurs de la Gauche historique.

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Les anti-pass sanitaire ou le degré zéro du romantisme

Cette révolte plébéienne du type gilets jaunes n’a aucune profondeur.

Il existe une réelle dimension populaire dans l’opposition au pass sanitaire, mais ce n’est pas une chose bien. Car de quel peuple parle-t-on? On parle d’un peuple totalement intégré dans le capitalisme, vivant de manière beauf, composé de gens n’ayant aucune envie qu’on les dérange et pour qui l’idée de se sacrifier pour une cause collective est une abstraction intellectuelle.

Les gens ne veulent pas qu’on les dérange, voilà la vérité. Les populistes et les réseaux sociaux les arrangent, car ils n’exigent rien d’eux, ils n’en attendent rien. Le principe de commander par Amazon ou Ebay s’appuie également en partie sur ce côté individualiste anti-social. Les gens du peuple vivent leur vie et veulent qu’on les laisse tranquille.

Le mouvement anti-pass sanitaire est le produit d’une telle vision du monde. Il est une insistance sur le fait de vouloir être laisser à l’écart des responsabilités et des décisions, de la séparation radicale entre la sphère publique et la sphère privé. Cela a un certain sens: le prolétaire qui bosse ne veut pas, en plus, avoir à assumer des choses, au sens où il fait son job, mais qu’on ne lui en demande pas plus.

Seulement voilà, les gens de gauche veulent que les gens du peuple assument et prennent les commandes de la société. Faut-il donc les soutenir dans leur rejet anti-intellectuel, anti-culture ?

Certainement pas !

A moins qu’on pense que le style des partisans de Donald Trump ou des skinheads anglais des années 1970-1980 soit ce qu’il faut pour changer le monde. Parce que les anti-pass sanitaires relèvent de cette même engeance apolitique-plébéienne qui existe dans les pays riches. C’est un mélange de petits-bourgeois anti-riches et anti-prolétaires et de prolétaires semi-décomposés socialement.

Ou, pour mieux formuler la chose, c’est une variante moderne du public des nationaux-socialistes allemands et des chemises noires italiennes. Et comme tant l’ultra-gauche que la CGT sont assez idiotes pour soutenir les anti-pass sanitaires, on ne va pas couper à l’émergence d’un vaste mouvement protestataire à la fois national et social, appelant à changer ou renverser le « régime », avec un style qui s’appuie sur la haine de la raison, la guerre à l’intelligence, le mépris pour la culture, la destruction de ce qui est intellectuel.

Et ce n’est même pas le pire. Car que des gens désireux de changer les choses ne comprennent pas l’importance de l’intellect, d’avoir un projet concret, de saisir le monde où l’on vit… cela se conçoit, il faut parfois du temps. Cependant, ce qui est inacceptable, c’est cette absence totale de romantisme.

Les anti-pass sanitaires sont tout simplement ignobles dans leur approche. Ce sont des beaufs, il n’y a aucune envergure, aucune dimension sensible, aucun besoin existentiel. Ce ne sont rien d’autre que des gens soucieux de pouvoir, de vouloir… vivre comme avant. Et qu’on leur foute la paix.

Les anti-pass sanitaires, c’est le triomphe de la mesquinerie et de l’étroitesse d’esprit. Ce sont des gilets jaunes renouvelés. Et à de tels gens, on ne peut pas s’adresser ni rationnellement, ni de manière sensible. Pense-t-on que ces gens, avec leur approche, vont s’intéresser à l’expérimentation animale, à la tendance à la guerre, au dérèglement du climat, à l’aliénation de la société capitaliste de consommation, à la destruction des zones sauvages, à la négation capitaliste de la culture, la condition animale, l’horreur de l’architecture dans la vie quotidienne?

Absolument pas. Ces gens sont une expression du nivellement par le bas qu’impose le capitalisme et la chose la plus importante pour eux, c’est de ne rien changer à leur vie quotidienne, justement. C’est une expression réactionnaire. Le capitalisme est un navire qui prend l’eau et eux ne sont pas d’accord : il ne faut pas que ça coule, rien ne doit changer, il faut vivre comme avant!

C’est à la fois faux et horrible. C’est le fruit de décennies de lessivage sur le plan humain. Et le pire, c’est qu’au fond, ils le savent, au moins en partie. Mais ils s’en moquent.