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Pas de notes de guitare au jardin du Luxembourg à Paris

La capitale est devenue une ville totalement embourgeoisée, où les valeurs populaires parisienne s’évaporent sous les coups d’esprits étriqués à la recherche d’une aseptisation commerciale. Que quelqu’un puisse avoir un PV pour jouer quelques notes de guitare au jardin du Luxembourg est une expression d’une décadence totale.

Voici le récit de Léo qui a reçu un PV pour avoir jouer de la guitare dans les Jardins du Luxembourg à Paris :

« Ce qui devait arriver est arrivé : Hier j’ai été puni comme un délinquant par la loi pour avoir joué de la musique.

Faire de la musique ne devrait pas être un délit.

« C’est bien il ne porte pas ses couilles le jeune homme, c’est une fiotte. Moi je croyais au moins que t’irais au bout du truc pour faire l’intéressant devant tes copains mais même pas. »

La musique adoucit les moeurs disait Platon. J’estime qu’interdire la musique en quelque lieu que ce soit tant qu’elle ne dérange personne relève de l’arbitraire et de l’autoritaire.

Avec un groupe d’amis, nous passions un moment agréable au Jardin du Luxembourg. Ma guitare accompagnait discrètement les conversations.

Un premier agent de sécurité vient nous sommer d’arrêter. Il rejette sèchement nos interrogations : il n’a pas d’explication à nous donner.

Depuis quand, en France, n’est-il pas possible de jouer de la musique dans un lieu public ? À Paris de surcroît, une ville qui revendique sa richesse culturelle ? Alors que les lieux culturels ferment les uns après les autres, jouer de la musique semble relever d’un acte de résistance…

Quelques heures plus tard, un deuxième agent nous rejoint, encore plus méprisant. Il nous explique que « autoriser une guitare c’est autoriser un djembé, puis une trompette, une batterie, et on s’arrête où après ? ». Ridicule. Je lui explique que sans raison valable (plainte de nos voisins de pelouse par exemple), je défendrai ma liberté de jouer et continuerai. Offusqué l’agent dresse alors un procès verbal. Au moment de me le faire signer il tente de m’intimider. Sois disant que si je refusais « je verrai bien ce qui allait m’arriver, mais que ce serait pire ». Pour quelques arpèges.

La situation ayant atteint un niveau d’absurdité indécent, j’accepte et signe. Satisfait, l’agent se gargarise : « C’est bien il ne porte pas ses couilles le jeune homme, c’est une fiotte. Moi je croyais qu’au moins t’irais au bout du truc pour faire l’intéressant devant tes copains mais même pas. » Infantilisation, humiliation, insulte, homophobie…

Outre le comportement excessivement inapproprié des deux agents, me voilà donc sanctionné pour la raison absurde que j’ai « joué dans le jardin du Luxembourg de la guitare sans autorisation spéciale ».

Je suis musicien. Je le suis par passion parce que c’est la chose qui me rend le plus heureux au monde. Je le fais tous les jours à raison de plusieurs heures par jour, et c’est parfois difficile. Mais aujourd’hui, j’ai la chance d’être appelé pour donner des concerts ou composer au service de divers projets et je retire un sentiment et une énergie positive très puissante de ce partage et de cette communion avec autrui. Me faire censurer et punir de la sorte pour avoir voulu partager et répandre gratuitement un peu de bonheur et de vie, a été une expérience violente et très désagréable que je trouve absolument révoltante.

J’ai l’intention de contester ce procès verbal, et j’aimerais que cette histoire ne se reproduise jamais pour personne. »

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La drogue et l’alcool, ce conformisme de la jeunesse

Aujourd’hui en France, on se procure de la drogue comme on veut. Dans n’importe quelle soirée électro branchée, les gens, parfois des filles très jeunes, n’hésitent pas à demander des ecstasys à n’importe-qui. En teuf, c’est-à-dire en rave-party à la campagne, lors des plus gros événements on a même des rangées de dealers qui se postent à l’entrée du site pour proposer leur marchandise, en toute tranquillité.

C’est la même chose pour le cannabis et la cocaïne, qui circulent pour ainsi dire librement, notamment depuis les cités HLM où l’on peut s’approvisionner comme au supermarché. La nouvelle tendance étant la livraison à domicile via les réseaux sociaux, uberisation de la société oblige.

Tout cela n’est pas nouveau certes, mais c’est de pire en pire. L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies a publié ces jours-ci son rapport 2019, cinq ans après l’éditions précédente en 2013. C’est officiellement ce qu’il y a de plus fiable comme données concernant la drogue et les addictions en général dans le pays. On y apprend que l’offre de stupéfiants explose, et qu’elle se diversifie.

Les mots de l’Observatoire dans son rapport sont très simples et très clairs (c’est nous qui soulignons) :

« Le marché des drogues illicites en France est en expansion, reflétant la forte progression des usages dans l’année et de leur intensité constatée depuis près de vingt-cinq ans dans les enquêtes en population générale, notamment pour le cannabis, la cocaïne et la MDMA/ecstasy. L’offre est portée par une diversité d’acteurs, des réseaux d’usagers-revendeurs aux organisations criminelles, dont l’enracinement sur l’ensemble du territoire est réel ».

Le principal indicateur quantitatif de l’étude est la saisie des drogues. Il est expliqué que les quantités saisies ont explosé. L’année 2017 a connu un record pour les quantités saisies d’herbe de cannabis (20,2 tonnes, contre 4,8 tonnes en 2013) et de cocaïne (17,5 tonnes contre 5,6 tonnes en 2013). Les quantités saisies de résine de cannabis ont été de 67 tonnes en 2017, alors qu’elles avaient fortement baissé après un pic en 2013 (70,9 tonnes).

Les drogues sont d’après l’Observatoire de plus en plus présentes dans la jeunesse, avec une augmentation chez les mineurs de l’expérimentation des drogues stimulantes, l’ecstasy (MDMA) et la cocaïne. En ce qui concerne les adultes, la consommation de cocaïne atteindrait en ce moment « un pic », avec 1,6 % des personnes en ayant consommé dans l’année.

Le phénomène récent le plus marquant est le développent dans les années 2010 des nouveaux produits de synthèse (NPS) qui imitent les effets des drogues illicites traditionnelles, mais avec des compositions chimiques légèrement modifiées pour contourner la législation. L’usage détourné de médicaments légaux à base d’opioïdes se développe également, avec des habitudes importées depuis les États-Unis via des clips de rap.

Cela correspond à un panorama général, dans lequel selon la note de synthèse du rapport :

« l’éventail des drogues consommées aujourd’hui – en Europe comme en France – est de plus en plus diversifié et les pratiques des usagers restent marquées par la polyconsommation. »

Cette diversification concerne également les réseaux d’approvisionnement, qui profitent de plus en plus d’internet où rien n’est contrôlé et où il est relativement facile de se procurer de la drogue, classique ou NPS.

Parallèlement, les drogues elles-mêmes sont de plus en plus efficientes, avec une optimisation de leurs principes actifs par des producteurs de plus en plus professionnels.

Il est expliqué que la teneur en THC a presque quadruplé durant les quinze dernières années en ce qui concerne la résine de cannabis et que la pureté de la cocaïne et de la teneur en MDMA des comprimés d’ecstasy ont augmenté de manière importante.

Un phénomène marquant est que les jeunes veulent de plus en plus d’herbe à la place de la résine de cannabis, qui reste cependant majoritaire. Cela illustre probablement la banalisation culturelle du cannabis, qui bénéficie d’une image « naturelle », voir de celle d’un produit sain. Il y a une approbation de plus en plus forte pour l’usage « thérapeutique » du cannabis, déjà autorisé par de nombreux États, parallèlement à d’intenses campagnes en faveur de la dépénalisation du cannabis en général.

À côté de cela, la consommation d’alcool est toujours aussi répandue, dans les mœurs, banale. 87 % des adultes entre 18 ans et 75 ans boivent au moins une fois dans l’année et 78 % des jeunes de 17 ans.

En ce qui concerne plus précisément la jeunesse, l’étude montre que neuf jeunes sur dix ont déjà bu de l’alcool à 17 ans, six sur dix ont déjà fumé une cigarette et quatre sur dix ont déjà fumé du cannabis. Seul 12 % des jeunes de 17 ans n’ont jamais consommé aucune des substances. Au contraire, 8 % des jeunes de 17 ans déclarent selon l’étude avoir consommé de l’alcool au moins dix fois durant le mois précédent et 7 % pour le cannabis.

La drogue est clairement une norme dans la jeunesse. C’est un conformisme, mais qui est vécu comme un anticonformisme parce qu’elle est illégale. L’alcool est quand à lui une valeur dominante, totalement assumée et souvent même revendiquée.

La jeunesse qui se drogue et se noie dans l’alcool se conforme au système, qui s’accommode en retour tout à fait de son enivrement, comme une sorte d’assurance contre les grands bouleversements sociaux et culturels.

Il faut dire que la jeunesse en France n’a jamais été aidée en cela par la Gauche, traditionnellement liée à la jeunesse mais qui n’a jamais véritablement critiqué ces paradis artificiels.Cela devrait pourtant faire partie des programmes et des valeurs les plus fondamentales.

Il ne faudrait pas croire qu’il s’agit ici d’une question de répression, car cela est secondaire. L’État connaît très bien les flux de trafics et les réseaux, au moins dans leur forme générale. Il ne faudrait pas grand-chose à un gouvernement de Gauche pour les écraser, ou en tous cas les isoler et les harceler. Seulement, cela n’est possible qu’avec une volonté de s’opposer au libéralisme, portée par des valeurs nouvelles et une volonté de véritablement changer la vie.

La jeunesse, quant à elle, ne devrait pas céder au conformisme, cette forme de vieillesse. Que vienne le moment où elle cassera massivement cette image de l’alcool et de la drogue comme étant cools, branchés, alternatifs ! La vie sur Terre a bien mieux à offrir que ces paradis artificiels, ces petites morts de sa propre existence.

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Tribune de Frédéric Thiriez : «L’UEFA va tuer la Ligue 1»

Frédéric Thiriez est l’ancien président de la Ligue de football professionnel (LFP). Sa tribune, initialement publiée dans le Parisien samedi 20 avril, dénonce le bouleversement que causerait la réforme de la Ligue des champions par l’UEFA.

S’il est une figure proche de la Gauche ayant tenté ou prétendu tenter de limiter l’emprise du business dans le football, en étant en parti à l’origine du Fair Play financier, il a pendant son mandat de 2002 à 2016 accompagné le développement du football moderne, avec notamment l’inflation des salaires et des montants des transferts. Les droits TV de la ligue 1 ont triplé durant cette période, pour atteindre plus de 600 millions d’euros.

La fin de son mandat fut marquée par une demande de démission de la part de l’Association française du football amateur suite au refus d’accepter la montée en Ligue 2 du club de Luzenac (Ariège). L’association avait considéré qu’« aujourd’hui, une certaine idée du football, faite de morale, d’éthique et de justice est morte assassinée par ceux qui sont censés défendre ses valeurs. »

Frédéric Thiriez avait par ailleurs signé un appel de personnalités du sport à voter contre Marine le Pen, au deuxième tour de la présidentielle en 2017.

« L’UEFA va tuer la Ligue 1

Un ancien président ne doit pas parler… Telle est la règle que je me suis appliquée depuis que j’ai quitté la présidence de la Ligue de football professionnel. Si je romps ce silence aujourd’hui, c’est parce que les intérêts vitaux de nos championnats sont menacés par un projet de réforme de la Champions League qui, s’il est adopté, ruinera nos championnats nationaux. Pis, l’UEFA, au mépris du modèle sportif européen, veut faire de la prestigieuse coupe une compétition fermée, au seul profit de quelques clubs milliardaires et de leurs actionnaires.

La réforme se traduira par une augmentation insensée du nombre de matchs : on passerait de 96 matchs aujourd’hui à 224 pour la phase de groupes… Comment oser proposer une telle multiplication des rencontres, néfaste pour la santé des joueurs et mortifère pour les compétitions nationales ? Mortifère, oui, car il est strictement impossible dans le calendrier actuel de trouver les huit dates supplémentaires qu’exige la réforme. Sauf à supprimer une des deux coupes nationales ou à réduire la Ligue 1 à 18, ce que nos clubs n’accepteront pas, comme l’a bien dit Noël Le Graët(NDLR : le président de la Fédération française de football). Pourquoi seraient-ce toujours les compétitions nationales qui feraient les frais de la folie inflationniste des fédérations internationales ? L’UEFA, qui veut toujours plus, va au plus simple : pour augmenter les droits, augmentons le nombre de matchs ! Facile : sur le calendrier, la Fifa et l’UEFA se servent les premières ; les fédérations nationales ne peuvent que remplir les pauvres cases restantes.

Il y a plus grave : la réforme changera la nature même de la Champions League, qui deviendra un championnat quasi fermé. Lors de la première saison de la nouvelle formule, les cinq clubs arrivés en tête de leur groupe (il y a 4 groupes de 8), seront qualifiés automatiquement pour la Champions League de la saison suivante. Mieux, le 6e ou le 7e aussi auront une place garantie, une fois départagés par un match de barrage. Voilà donc 24 places préemptées pour la saison d’après, et pour tout dire, ad vitam aeternam pour peu que ces clubs ne finissent pas dernier de leur groupe. Une Ligue des champions fermée aux trois quarts et durablement. Avec un tel système, il est possible que le deuxième du championnat de Ligue 1, voire même le premier, soit exclu de la Champions League. C’est dire que notre championnat perdra tout son intérêt. En début de saison, nos deux ou trois clubs européens n’auront qu’une priorité : finir dans les cinq premiers de leur groupe afin d’être qualifiés encore l’année suivante. Ils délaisseront le championnat, envoyant au besoin une équipe B. Quant à la deuxième partie de saison, elle n’aura pas plus d’intérêt, puisque la « course aux places européennes » sera terminée… Qui s’intéressera alors à la Ligue 1 ? Les diffuseurs certainement pas. Un effondrement des droits télé en France est donc à redouter dès 2024.

Les 32 ligues européennes n’ont d’autre choix que de se battre pour leur survie en tirant à boulets rouges. La Premier League anglaise et la Liga espagnole ont montré le chemin. Souhaitons que la ligue française suive cet exemple. Mais à terme, il faudra bien revoir la gouvernance de l’UEFA, qui ignore superbement les ligues professionnelles, alors qu’elles font vivre les footballs nationaux. L’UEFA comme la Fifa ne peuvent à la fois prendre, comme organes régulateurs, des décisions qui s’imposent à tous et développer sans cesse de nouvelles compétitions qui minent les championnats nationaux sans que les ligues aient leur mot à dire.

Le bon sens voudrait qu’elles soient représentées à hauteur suffisante (un tiers ?) dans les organes décisionnels des fédérations internationales*. Ces dernières ont reçu de nos anciens la noble mission de gouverner le football, d’en fixer les règles et de développer notre sport partout sur la planète. Aujourd’hui, elles semblent dévorées par la « fièvre de l’or ». Le business a pris le pas sur l’intérêt général du football, les bonnes pratiques, l’avenir du jeu, l’aide aux nations défavorisées. La Fifa et l’UEFA se livrent même entre elles à une véritable guerre commerciale (Coupe du monde des clubs versus Champions League). Cette dérive inflationniste fait croître une bulle spéculative qui peut éclater à tout moment. Faut-il attendre l’implosion du système pour revenir à la raison ? »

* L’EPFL, qui représente les intérêts des ligues nationales, a fini par obtenir un siège au comité exécutif de l’UEFA sur 19.

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Les Français se sont réduits au travail, à la famille, à la patrie

Ulysse et les sirènes

On peut parler comme on le veut sur l’État français, dire qu’il est laïc, qu’il pratique l’égalité des droits, qu’il préserve la liberté, qu’il maintient la fraternité, etc. En attendant les Français sont ce qu’ils sont et leur horizon est terriblement restreint.

Le capitalisme vend beaucoup de rêves et quand on y croit, on rêve littéralement sa vie. Mais au quotidien, c’est le terre-à-terre qui l’emporte et les intérêts des Français ne vont pas bien loin. Déjà pour eux leur travail est une part énorme de leur identité, c’est-à-dire qu’ils ne conçoivent pas vraiment qu’ils vendent leur force de travail pour vivre. Ils le savent, ils le vivent, cela les insupporte, mais leur travail reste leur identité tout de même, sans réel recul. Le taux de syndicalisation en France est pour cette raison très restreint.

À côté de cela, il y a la famille. Bien entendu, fonder une famille fait partie du sens de la vie. Mais le sens de la vie ne s’y restreint pas, il y a aussi les arts, la culture en général ; il y a l’épanouissement des sens, le progrès intellectuel, l’admiration devant la nature, la joie fascinée devant les animaux, etc. Les possibilités du monde moderne sont d’ailleurs ici énormes, et pourtant que voit-on ? Que le repli sur le noyau familial est resté quelque chose de très présent, pour ne pas dire qu’il a tendance à prendre un côté clanique.

S’il n’y avait d’ailleurs pas le capitalisme pour faire imploser les familles ainsi que les couples, les gens en retourneraient pratiquement au patriarcat. Pour caricaturer, la France est constituée de gens refusant totalement le couple, la famille, ou bien de gens résumant leur vie à une forme de couple, de famille, particulièrement replié sur eux-mêmes. Exagéré ? Il suffit de regarder autour de soi.

Et il y a la patrie. Les Français ne sont pas des Suédois ou des Américains : ils ne mettent pas des drapeaux nationaux partout et ne se mettent pas en rage ou en pleurs si on critique leur pays. En revanche, il leur faut leur crise régulière de chauvinisme. S’il n’ont pas leur petit triomphe national, leur petite réussite napoléonienne parvenant à la tête de l’actualité de temps en temps, ils sont très mécontents.

Autant dire que non seulement tout ce panorama n’est pas terrible, mais qu’en plus il imprègne la société de valeurs réactionnaires. Il y a ainsi un substrat particulièrement nocif sur les idées de Gauche. Comment veut-on qu’il y ait une utopie qui s’affirme chez des gens ayant réduit tout leur horizon au noyau familial ? Comment veut-on qu’un esprit de collectivité s’installe – et il devrait s’installer de manière naturelle – chez des gens qui confondent leur existence personnelle et leur soumission individuelle à leur employeur ?

Hiver - Nuit - Vieillesse et mort, Caspar David Friedrich

Il est évident que la Gauche fait face à des obstacles culturels gigantesques. Alors, bien sûr, on peut faire comme les anarchistes, et casser parfois en manifestations ou se replier sur une ZAD. C’est toutefois de l’existentialisme, pas de la politique, et encore moins de la culture. D’ailleurs, qu’ont produit les anarchistes depuis une décennie, sur le plan culturel ? Strictement rien. Au moins, dans les années 1960 il y avait Léo Ferré et être anarchiste, c’était au moins être un peu snob, un peu exigeant sur le plan de l’autonomie des idées. Mais là, franchement, qu’y a-t-il ? Que les anarchistes aient considéré qu’il fallait se précipiter chez les gilets jaunes en dit assez long.

Oh, argumentera-t-on, n’est-ce pas le cas d’une partie de la Gauche ? Oui, c’est vrai et c’est malheureux. La majorité de la Gauche cependant n’a pas concrètement soutenu les gilets jaunes ; seule une partie s’est prononcée pour, voire a participé au mouvement. Et c’est une grave preuve de désorientation culturelle. Que le Parti socialiste soit obligé d’aller chercher Raphaël Glucksmann est un exemple assez pathétique de cela, justement. Comme si la Gauche n’était pas capable d’apporter des idées nouvelles, des gens nouveaux, comme si elle devait aller chercher ailleurs de quoi pouvoir exister.

Ce que fait Raphael Glucksmann justement, on peut le noter, est la même chose que ce qu’Emmanuel Macron a fait avec François Hollande. Être de gauche, mais pas vraiment, se présenter comme techniquement très utile, même si on n’a aucun parcours à Gauche et que philosophiquement, on ne sache même pas ce que c’est… Et l’on croit qu’avec Raphael Glucksmann, on va être capable de se confronter aux valeurs réactionnaires de la France profonde ? C’est tout simplement impossible.

Après, c’est une question d’objectif et d’analyse de la réalité. Si l’on pense que le capitalisme est indépassable et qu’aucune crise ne peut ébranler la France, alors soit. Si on a conscience toutefois de la gravité historique de la situation, si on sait qu’on a un tournant, il ne faut pas tergiverser. Il faut travailler, travailler et encore travailler.

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Un général pour superviser les travaux de la cathédrale Notre-Dame de Paris

Fleuron du patrimoine historique, la cathédrale Notre-Dame de Paris voit les travaux de « reconstruction » passer sous la coupe d’un général. Une logique nationale-catholique choisie par Emmanuel Macron en phase avec son soutien à la chasse à courre.

On ne peut pas reconstruire une œuvre médiévale et ce qu’il faudrait, c’est une réhabilitation de la cathédrale Notre-Dame de Paris, pas une « reconstruction ». Cependant, le catholicisme et la bourgeoisie veulent une continuité du statu quo social, culturel, idéologique. Il faudrait faire comme si rien ne s’était passé, pour prouver que rien ne peut se passer.

Cela a été le sens de la réunion du conseil des ministres le 17 avril avec la mairie de Paris, les architectes des bâtiments de France et les responsables des monuments nationaux. C’est le sens de l’appui des grands monopoles au financement (LVMH et la famille Arnault 200 millions d’euros, les Bettencourt et L’Oréal 200 millions d’euros, la a famille Pinault 100 millions d’euros, Total 100 millions d’euros, Bouygues 10 millions d’euros, Marc Ladreit de Lacharrière 10 millions d’euros, etc.)

C’est le sens de la nomination par le conseil des ministres de Jean-Louis Georgelin à la tête de la supervision des travaux de reconstruction. On est là au cœur de la réaction, puisqu’il s’agit d’un général d’armée cinq étoiles qui a occupé les fonctions de chef d’État-Major des armées de 2006 à 2010.

Il est également Grand-croix de la Légion d’honneur, Grand-croix de l’ordre national du Mérite, Commandeur de l’ordre des Palmes académiques, Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres, Médaille commémorative française avec agrafe « Ex-Yougoslavie », Médaille de l’OTAN pour l’ex-Yougoslavie, Grand officier de l’ordre de Saint-Charles de Monaco, Commandeur de la Legion of Merit USA, Commandeur de l’ordre de l’Empire britannique, Commandeur de l’ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne, Grand officier de l’ordre Abdul Aziz de l’Arabie Saoudite…

Commandeur de l’ordre du mérite de Centrafrique, Commandeur de l’ordre du mérite du Bénin, Commandeur de l’ordre national du Mali, Commandeur de l’ordre national du Niger, Commandeur de l’ordre national du Tchad, Commandeur de l’ordre du mérite de Pologne, Bande de l’Ordre de l’aigle aztèque du Mexique, etc.

Il a également été grand chancelier de la Légion d’honneur : c’est lui qui a remis le grand collier de l’ordre à François Hollande lors de son élection en mai 2012…

Et ce militaire a été le grand responsable des interventions militaires françaises en Côte d’Ivoire, Afghanistan, dans les Balkans, au Liban ! Quel symbole qu’un tel militariste, qu’un tel interventionniste, soit le responsable de la « reconstruction » de ce qui est censé n’être plus qu’un dispositif religieux !

Au lieu que cela soit un « civil » expert en patrimoine, on a un militaire. Au lieu d’avoir une œuvre médiévale appartenant à l’héritage culturel national, on a un appui ouvert à la France la plus réactionnaire.

C’est même tellement vrai que ce général n’a pas hésité à remettre en cause la soumission de l’armée au pouvoir civil. Reprenant la question du conflit sur le budget entre Emmanuel Macron et son chef d’état-major Pierre de Villiers en 2017, il a affirmé en 2018 sur France Culture que :

« Ce qui reste (de cet épisode) à mon sens dans les armées aujourd’hui, c’est cette agression verbale du président de la République sur le chef d’état-major. »

C’est là affirmer que l’armée serait intouchable, tout comme les notables considèrent la chasse à courre comme intouchable, tout comme la réaction en général considère que la religion catholique est intouchable.

Il est d’une gravité a absolue qu’un telle figure militaire soit à la tête de la « reconstruction ». Cela va conférer un prestige immense à l’Armée au moment de la fin de celle-ci. Cela renforce le bloc national-catholique en France, cela appuie les étroits rapports entre la direction de l’Armée et le Vatican.

La Gauche, assumant ses valeurs historiques, doit vigoureusement dénoncer ce dispositif réactionnaire.

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Notre-Dame de Paris : désacraliser le point zéro des routes de France

La cathédrale de Notre-Dame de Paris relève du passé, du patrimoine national, ce n’est pas une « actualité ». Elle ne peut pas être « reconstruite ». À moins de l’intégrer dans le dispositif idéologique religieux.

Emmanuel Macron, lors de son allocution à la télévision après la catastrophe du 15 avril 2019, a affirmé la chose suivante :

« Il nous revient de retrouver le fil de notre projet national, celui qui nous a faits, qui nous unit : un projet humain, passionnément français. »

C’est le fond philosophique justifiant sa position selon laquelle la cathédrale de Notre-Dame de Paris devra être reconstruite dans les cinq ans. Et c’est un double problème.

En effet, la cathédrale Notre-Dame ne relève pas de l’actualité nationale, mais de l’héritage culturel national. Ce sont deux choses fondamentalement différentes. Les catholiques font tout justement pour présenter la cathédrale comme une actualité, quelque chose de vivant, reliant le passé au présent et même au futur, dans une fusion du national et du religieux.

Cela ne peut pas être le point de vue de la Gauche. En fait, la seule position tenable pour la Gauche par rapport à la cathédrale Notre-Dame de Paris est que celle-ci devrait être un musée. Il faut radicalement désacraliser ce lieu au cœur de la capitale. D’ailleurs, il y a un point sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris qui est le centre symbolique des routes de France, la distance par rapport à Paris étant calculé par rapport à elle, et ce depuis 1739.

Le vrai centre de la ville devrait en fait être à la pointe de l’île de la Cité ; on aura compris qu’il s’agit de faire de Notre-Dame un symbole national-catholique, ce qui fut l’objectif de Victor Hugo. Ces derniers jours, on a eu beaucoup de commentaires comme quoi ce serait également le bâtiment représentatif de la France, ce qui n’a jamais été le cas, puisqu’on parlerait bien plutôt de la Tour Eiffel ou bien du château de Versailles.

Il faut briser tout cela, sans quoi on laisse le champ libre à la religion catholique. Ce qui amène au second problème : la reconstruction. Car tout en liant la cathédrale à l’actualité nationale (et non au passé), Emmanuel Macron entend poser une continuité nationale-religieuse, d’où son propos lyrique comme quoi :

« Nous rebâtirons la cathédrale Notre-Dame plus belle encore. »

Or, une œuvre architecturale médiévale ne peut pas être rebâti et rendue plus belle encore. On peut reproduire quelque chose à l’identique, mais la dimension historique en disparaît alors. Et ce serait une tromperie. Pas évidemment selon les catholiques, qui voient une continuité dans la cathédrale. D’où la grande importance qu’ils ont eu à souligner qu’avaient été sauvés des flammes « la sainte Couronne, la tunique de saint Louis, un morceau de la Croix et un clou de la Passion » (mettons entre guillemets ces folies). On est là en pleine superstition la plus délirante.

Il y a également la manière dont a été présenté le fait que Jacques Chanut, qui est président de la Fédération Française du bâtiment, a trouvé le coq de la flèche dans les décombres. Que ce soit le président qui le trouve, alors qu’on le pensait perdu, est présenté comme une sorte de miracle. Et ce n’est pas pour rien, car ce coq contient des reliques : une partie de la Sainte-Couronne d’épines, une de Saint-Denis et une de Sainte-Geneviève.

S’agit-il de contribuer à une telle superstition ? Absolument pas. Et comme toutes les cathédrales d’avant le XXe siècle appartiennent à l’État, il faut aller jusqu’au bout du raisonnement. C’est comme pour l’École d’ailleurs : il est inacceptable que l’État rémunère les professeurs des écoles privées. Il faut même que toute l’École passe sous la supervision de l’État.

Le catholicisme, qui a été utile dans le passé, cherche à maintenir ses positions depuis longtemps caduques. Il faut finir le travail démocratique de liquidation des positions des religions dans la société.

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Cathédrale Notre-Dame de Paris : la France dans la stupeur

La France est sous le choc : l’un des grands symboles culturels de son héritage national a été en partie détruit. C’est toute l’Histoire comme aventure humaine qui vacille et la confiance en elle qui est ébranlée.

La France est dans un état de stupeur. La destruction d’une partie de la cathédrale Notre-Dame à Paris sous le coups des flammes l’a littéralement ébahie. Comment une telle chose est-elle possible ? Comment, au cœur de Paris, une œuvre historique commencée il y 850 ans, s’est-elle retrouvée ciblée par les flammes ? Le choc est immense. La confiance en la continuité du progrès est ébranlée.

Car les destructions sont conséquentes, à cause d’un feu ayant pris dans les combles de la cathédrale peu avant 19 h, qui serait parti au niveau d’échafaudages installés sur le toit de l’édifice. Les deux tiers de la toiture ont ainsi été ravagés par les flammes, tandis que la flèche culminant à 93 mètres de haut s’est effondrée sur elle-même un peu avant 20 heures.

Les pompiers sont intervenus rapidement, mais leur grande échelle venue de Versailles, qui mesure 46 mètres alors que la cathédrale en mesure 69, n’a évidemment pas suffit. La structure de l’édifice a néanmoins  été sauvée et « préservée dans sa globalité » selon le chef des pompiers. Cela n’était pas évident encore à 21h30, où il n’était pas certain que le beffroi nord soit épargné.

Il est important de saisir que la cathédrale a une double nature. D’un côté, c’est une œuvre d’art, qui relève d’un parcours historique de la civilisation. Cela appartient au parcours de l’amélioration des mœurs à travers la religion comme outil (temporaire), du développement de l’art gothique, à la formation de Paris comme grande ville culturelle.

De l’autre, c’est un lieu qui relève de la religion et de sa folie mystique, de l’adoration délirante pour la « mère de Dieu », avec un infantilisme extrêmement profond. La cathédrale Notre-Dame de Paris est un outil idéologique d’une importance très grande, elle est le symbole de la France comme nation « fille aînée de l’Église ».

Il y a donc toute une souffrance générale dans le pays, soit pour des raisons relevant du patrimoine, soit pour des raisons religieuses. Il n’est cependant pas juste de mettre les deux aspects au même niveau. C’est la question patrimoniale qui prime. La cathédrale appartient d’ailleurs à l’État et relève des Monuments historiques.

Notre-Dame de Paris, c’est avant tout un lieu chargé d’Histoire, construit par le peuple, ayant été un lieu de passage d’une amélioration sur le plan de la civilisation. Ce n’est que de manière secondaire le lieu de la folie religieuse et du romantisme catholique-social tel que celui de Victor Hugo.

La question de la dimension historique de la cathédrale a d’ailleurs été la source d’une vaste polémique lors des travaux d’Eugène Viollet-le-Duc au milieu du XIXe siècle. C’est à cette occasion que la nouvelle flèche a été construite, sans rapport avec celle ayant existé originellement des origines à la Révolution française.

En fait, pour l’héritage culturel national, la cathédrale Notre-Dame de Paris relève de la mémoire ; pour le catholicisme, c’est une actualité religieuse. C’est une opposition de vues qui doit prendre tout son sens dans les réactions à la destruction partielle de la cathédrale. Il a beaucoup été appelé aux dons, la famille Pinault a promis cent millions, etc. : c’est erroné, c’est à la nation toute entière de payer, et donc à l’État.

Encore faudra-t-il savoir de quelle reconstruction il va s’agir. Car la cathédrale de Notre-Dame de Paris appartient non pas à Dieu, mais à l’Histoire, et il ne faut pas tomber dans une reconstruction « à l’identique » qui serait symbolique sur le plan religieux mais constituerait une falsification de la réalité historique.

La problématique est ici d’une haute complexité et exige des choix faits par le pays, pas par la religion. Et à la stupeur doit s’associer la colère : celle contre un État incapable de préserver le patrimoine.

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L’école en France, la faillite de la collectivité ?

Cela fait des années et des années qu’en France on regarde ailleurs, qu’on sait que les modèles scolaires sont meilleurs dans pleins d’autres pays, qu’il ne faudrait par exemple plus de cours en classe l’après-midi. Ce n’est cependant qu’un aspect partiel et secondaire du problème, qui est que l’École ne remplit pas son rôle d’éducation générale de la jeunesse, sa mission de civilisation.

L’esprit du capitalisme a renversé les familles, établissant des rapports entre individus aux dépens des notions de collectivité, de responsabilité, de hiérarchie des normes. À moins d’être un libéral-libertaire, c’est une évidence et quelque chose de critiquable. Le Parisien a à ce titre publié un article qui peut servir d’exemple très fort de cette situation toujours plus dramatique, où les individus errent sans jamais trouver de sens à leur propre vie.

Dans l’article « Exclu temporairement du collège, Hugo a « joué toute la journée sur l’ordinateur » », on a ainsi une mère qui pose fièrement avec son fils, tout sourire. Elle est scandalisée que son fils ait eu une journée d’exclusion pour avoir déclenché l’alarme incendie du couloir, lors de l’interruption des cours à midi. C’est typique. Qui connaît l’Éducation nationale sait que les parents sont de plus en plus des fous furieux, considérant que le collège et le lycée doivent agir comme une entreprise dont eux-mêmes seraient les clients. Et le client est roi.

Les propos de la présidente de l’Union locale des parents d’élèves de Villepinte (Seine-Saint-Denis) sont eux-mêmes assez caricaturaux :

« La plupart des gamins exclus restent vissés devant la Playstation, quand ils ne traînent pas en bas des bâtiments de leur cité. »

N’y a-t-il pas des parents capables d’enlever les câbles de la dite Playstation ? N’y a-t-il pas d’ailleurs des parents tout court ? Mais on sait que non. Bien souvent, les parents ne sont pas là, ou bien sont des « copains ». Les parents ne veulent pas être parents, c’est trop de responsabilités, ils veulent juste consommer leurs enfants.

Non pas que l’Éducation nationale soit irréprochable, au contraire même : elle vacille toujours plus, elle n’a plus de fondamentaux, tout le monde fait semblant que les choses tiennent, mais rien ne tient plus. Les professeurs sont autant arrogants qu’il y a 25 ans, sauf que les élèves ne se laissent plus faire et les conflits sont nombreux. Les jeunes ayant une culture idéologique par contre totalement nulle, cela tourne à l’antagonisme nihiliste.

Cependant, il faut bien voir qu’avec 2 500 élèves exclus en moyenne chaque jour rien qu’en Île-de-France, c’est la faute de l’Éducation nationale, pas de la jeunesse. La pédagogie qu’il faut qualifier de morbide qu’on trouve à l’école est tellement peu vivante qu’elle est considérée comme insupportable. Rien de plus normal.

À cela s’ajoute le fait que le personnel n’est pas formé, que des classes entières sont confiées sans supervision à des personnes, professeurs ou surveillants, qui ne savent pas comment se comporter avec des adolescents. Cela devient vite dramatique et les heures de « colle » pleuvent comme Don Quichotte se bat contre ses moulins. C’est absurde au possible, mais l’Éducation nationale n’est capable de s’intéresser qu’à ceux qui sont considérés comme des très bons élèves d’un côté, et à ceux qui se heurtent frontalement à sa routine de l’autre.

> Lire également : Le délitement de la discipline dans les établissements scolaires est de moins en moins supporté

Cela ne veut pas dire qu’il faille sombrer dans le populisme pour autant. Sinon, on en arrive à célébrer les gilets jaunes, ce que certains font, ce qui est honteux, anti-intellectuel, anti-socialiste, à rebours de tous les enseignements du mouvement ouvrier.

Il faut au contraire de la lucidité, de la clairvoyance, de l’intelligence sociale. Il ne faut avoir aucune peur, quand on est de gauche, qu’on est pris entre le marteau de l’ennui proposé par l’école et l’enclume de jeunes aliénés par une société capitaliste qu’ils voient comme leur seul horizon.

Il faut affirmer haut et fort la morale et la justice, la supériorité de la collectivité sur le l’égoïsme, du général sur le particulier. La jeunesse, par définition, a soif d’apprendre, elle ne demande qu’à absorber ce que les adultes sont capables de lui transmettre. Et la principale chose qu’il y a apprendre, c’est à vivre ensemble, pour s’épanouir ensemble.

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Benoît XVI sur l’Église catholique et la dégénérescence du monde moderne

Le pape « retraité » Benoît XVI a fait une longue lettre publiée au sein de l’Église catholique. Il y explique que celle-ci connaît une attaque venant de ceux qui veulent la moderniser, l’adapter à des mœurs qu’ils considère somme toute comme dégénérées. C’est toute la logique mystique d’une « révolte contre le monde moderne ».

La Gauche historique a un grand point commun avec le catholicisme, et cela la distingue de la gauche post-moderne, post-industrielle. Ce point commun, c’est l’affirmation d’une morale et de valeurs bien déterminées, d’une éthique du quotidien. Ni la Gauche historique, ni le catholicisme ne professent le libéralisme. Ni l’une, ni l’autre n’acceptent le discours libéral-libertaire de déconstruction des normes et des valeurs.

Naturellement, la Gauche historique et le catholicisme ont des visions du monde bien différentes. Mais les deux ont des valeurs et en cela, ils sont opposés à une « modernité » capitaliste faisant de l’individu, de ses caprices, de ses « choix », l’alpha et l’oméga du sens de la vie. C’est pour cette raison que l’Église catholique, comme elle professe un mysticisme, est catégoriquement contre le mariage des prêtres. On ne peut être marié qu’à l’Église comme intermédiaire avec le divin.

Cela semble incompréhensible pour une écrasante majorité de Français, catholiques ou pas. Car les Français sont libéraux et ne comprennent pas que tout ne soit pas relatif. Ils ont accepté les règles culturelles du capitalisme comme quoi tout se vaut. Or, les religions ne sont pas relatives, elles viennent de Dieu, si on accepte leur discours.

Évidemment, il n’y a pas de Dieu, donc ce qui est dit est relatif, car le produit de l’Histoire. Le christianisme a joué un rôle progressiste, le catholicisme d’abord, le protestantisme ensuite. Mais c’est du passé et aujourd’hui on n’en a plus besoin. Beaucoup de gens l’ont compris, même de ceux qui croient en les religions ! Et cette incohérence est un problème, car les religions, de leur côté, maintiennent forcément leur discours.

Pour le pape Benoît XVI, donc, la religion n’est du passé, mais un présent ininterrompu, celui de la révélation, et dans un long texte, il défend le caractère sacré des institutions religieuses. Il formule cela avec lyrisme, refusant toute modification, toute « innovation » comme le disent les musulmans :

« L’idée d’une meilleure Église, créée par nous-mêmes, est en fait une proposition du Diable, par laquelle il veut nous éloigner du Dieu vivant, à travers une logique trompeuse par laquelle nous sommes trop facilement dupés. »

Tout cela ne peut évidemment que perturber les catholiques français. « Abus sexuels, un texte troublant de Benoît XVI », dit d’ailleurs le titre d’un article à ce sujet dans La Croix, le quotidien catholique. Le sous-titre de l’article tente de désamorcer l’affaire :

« Analyse Une revue allemande a publié un texte de Benoît XVI dans lequel le pape émérite semble prendre le contre-pied du pape François sur la question des abus sexuels. »

La Croix ment ici et cherche à masquer le problème en tordant les faits. Ce n’est en effet pas une revue allemande, mais la revue du clergé catholique de Bavière et du Palatinat rhénan. Il y a donc une dimension tout à fait légale à ce texte, publié dans un cadre relevant directement de l’Église catholique romaine.

À cela s’ajoute que le texte est d’un pape « retraité », une sommité théologique. Et il a été bien précisé lors de la parution de l’article qu’il y avait l’accord du pape François pour sa sortie. Les derniers mots du texte sont d’ailleurs :

« À la fin de mes réflexions, j’aimerais remercier le pape François pour tout ce qu’il fait afin de nous montrer, de manière toujours renouvelée, la lumière de Dieu, qui encore aujourd’hui n’a pas disparu. Merci, Saint Père ! »

Il est vrai que le texte fait mal à tous ceux qui tentent de réinterpréter le catholicisme de manière libérale ; le quotidien italien le Corriere della Sera parle d’ailleurs d’un « véritable coup de poing dans l’estomac ». La Croix est même obligé de conclure l’article par un autre pieux mensonge :

« Certains vont toutefois jusqu’à mettre en doute la paternité d’un texte dans lequel ils ne reconnaissent pas la plume habituelle de l’ancien pape qui, à 92 ans la semaine prochaine, leur apparaît plus que jamais sous la coupe de son entourage. »

De tels propos sont risibles pour qui sait que Benoît XVI est l’un des plus grands théologiens catholiques de la seconde moitié du 20e siècle et qu’il a toujours défendu les mêmes positions.

Que dit-il, d’ailleurs, dans le texte, ou plutôt que rappelle-t-il ? Que les affaires de pédophilie qui ont récemment fait scandale dans l’Église romaine, où l’on s’aperçoit toujours plus que c’est une forme de violence s’exprimant de manière récurrente dans le clergé, auraient des sources extérieures à l’Église. Il ne va pas dire le contraire, puisque pour lui tous les problèmes viennent du monde matériel et toutes les solutions du monde spirituel. L’Église étant une forme spirituelle, elle est donc intouchable.

Tous les problèmes sont attribués par Benoît XVI à une dégénérescence, le monde moderne en étant son expression la plus complète. C’est pour cela qu’il faut rétablir la Gauche historique et dénoncer la décadence. Il n’y a que trois interprétations : le « monde moderne » est bien car libéral, le « monde moderne » est mauvais car dégénéré, ou bien la société capitaliste est décadente. Le libéralisme et le conservatisme sont d’ailleurs une image inversée l’un de l’autre ; seule la vision socialiste dépasse réellement le capitalisme.

Et, donc, Benoît XVI attaque la dégénérescence. D’où ses dénonciations de la « révolution sexuelle » apparue dans les années 1960, l’hypersexualisation mercantile qui s’est développée, jusqu’à la pornographie, et qui aurait contaminé des pans entiers de l’Église, dans la mesure où il y aurait des propositions de « s’adapter » au monde moderne.

Un exemple notamment mentionnée est le manifeste de Cologne de 1989, signé par des centaines de théologiens allemands, autrichiens, suisses et néerlandais. Un autre est la formation, qui n’est nullement un secret, de clubs homosexuels à l’intérieur de l’Église, menant une très importante guerre d’influence. Le pape François en a également parlé.

C’est que le conservatisme ne peut pas tenir face au libéralisme, effectivement. La religion catholique étant un mysticisme avec un clergé censé être « pur », il y a forcément une contamination par la décadence. Et effectivement, s’il y a davantage de pédophilie dans une société capitaliste en pleine décadence, alors cela se reflète d’autant plus dans une structure comme le clergé catholique avec ses mœurs anti-naturelles.

En fait, Benoît XVI a raison, sauf qu’il croit voir une dégénérescence alors que c’est une décadence, et il croit voir en l’Église quelque chose de pur qui pourrait tenir le choc, alors qu’en réalité c’est une relique du passé, condamnée à être balayée. En ce sens, l’anticléricalisme primaire résumant la pédophilie à l’Église est fondamentalement erroné. Il faut dénoncer la pédophilie en général, et bien voir qu’elle s’étend dans l’Église en particulier, de par ses mœurs mystiques par définition délirantes.

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Le dopage est-il évitable ou inhérent au sport ?

Il y a de quoi s’offusquer des propos du journaliste sportif Patrick Montel qui, dans une vidéo, avait donné l’impression de relativiser la fuite rocambolesque reprochée à la marathonienne Clémence Calvin, appelant à une certaine compréhension sur la question du dopage.

Clémence Calvin prépare au Maroc le marathon de Paris (qui aura lieu dimanche). Son compagnon, l’athlète Samir Dahmani, se serait interposé physiquement face à des contrôleurs antidopage français, ce qui aurait permit à Clémence Calvin de prendre la fuite, l’athlète ne donnant depuis aucune nouvelle.

Le journaliste sportif Patrick Montel a fait des commentaires à ce sujet, en disant que le dopage était généralisé dans le sport et qu’il fallait comprendre le phénomène de manière bien plus large.

Le recordman du monde du décathlon Kevin Mayer s’est emporté sur les réseaux sociaux à son encontre. Il lui a rétorqué :

« Ces propos sortants de la bouche d’un commentateur sportif « spécialisé » dans l’athlétisme… Faire du dopage une généralité chez les Athlètes de haut niveau… Autant j’arrivais à supporter @LaProlon malgré ses nombreux défauts, mais là c’en est trop.

Le dopage est un raccourci pour les flemmards qui n’ont aucune conscience. Je vous inviterai bien à passer avec moi les 6 derniers mois de ma préparation avant Doha… Mais ce serait un rude sacrifice de ma part

Pour finir, vous profitez de votre notoriété pour balancer des infos sur lesquels vous n’avez aucune connaissance… Vous discréditez une grande partie des athlètes qui s’acharne tous les jours pour s’exprimer et inspirer des millions de personnes! J’arrête, je suis hors de moi »

On peut tout à fait comprendre que Kevin Mayer s’emporte de la sorte, se sentant visé, mis dans le même sac que des tricheurs par un journaliste qui explique presque que le dopage est inhérent au sport et qu’on y pourrait pas grand-chose.

Patrick Montel a étayé son propos dans une autre vidéo, où il insiste sur le fait qu’il a du mal à supporter l’acharnement contre les dopés, expliquant que les conséquences (suspension) sont déjà assez graves quand quelqu’un se fait « attraper par la patrouille » pour qu’il soit la peine « d’en rajouter ».

Son point de vue à propos du dopage est centré sur les individus. Ceux-ci pourraient commettre une faute en cédant à ce qui serait une pression, et il faudrait se satisfaire d’une sanction individuelle, juridique.

Il faut au contraire comprendre en quoi le dopage est un phénomène social déviant, qui doit être condamné en général, et non pas seulement en particulier. La condamnation populaire des sportifs dopés, ce qui est appelé ici « acharnement », est donc très importante. On peut même dire qu’elle est plus importante que la suspension elle-même.

Le dopage dénature le sport. C’est une décadence morale, qui relève de la corruption des valeurs, de la perte de repères. C’est à mettre sur le même plan que la délinquance ordinaire. C’est insupportable dans les classes populaires.

Kevin Mayer a très bien compris la chose quand il dit que « le dopage est un raccourci pour les flemmards qui n’ont aucune conscience ».

La lutte contre le dopage est une cause démocratique de très haute importance, qui relève de la bataille des idées entre les partisans du monde tel qu’il est, et ceux qui veulent le rendre meilleur.

Ceux qui disent que le dopage est inhérent au sport et que c’est une course perdue d’avance n’ont pour seul horizon que le capitalisme et la reproduction du capital. Ils n’imaginent pas qu’un autre monde soit possible, sans le business et toutes les horreurs qu’il suppose.

L’humanité n’est pas corrompue par nature, et le dopage est incompatible avec les valeurs populaires qu’il faut généraliser.

C’est d’ailleurs tout l’honneur de la Gauche, via le combat de Marie-George Buffet du PCF, que d’avoir eu un grand rôle pour la lutte antidopage, aboutissant sur la création de l’Agence mondiale antidopage (AMA) en 1999.

Cela ne fait pas suffisamment le poids, bien sûr, car il y a en face des forces très puissantes et très organisées. Cela donne l’impression que seuls les plus « petits » se font attraper, comme dans l’athlétisme, alors que dans le football par exemple, les contrôles sont quasiment inexistants et le problème est nié.

Soit, mais c’est justement tout l’honneur d’un sport que d’être l’objet d’une plus grande lutte antidopage que les autres, et de voir tomber ses tricheurs.

Il y a la même considération par rapports à d’autres pays et des athlètes français peuvent parfois déplorer que l’Agence française de lutte contre le dopage soit bien plus alerte que les agences d’autres pays.

Là encore, c’est tout l’honneur d’une fédération sportive nationale que de voir les tricheurs de son sport bien plus inquiétés qu’ils ne peuvent l’être ailleurs.

Tout relativisme à propos du dopage est donc insupportable pour qui a des valeurs, le sens de la morale. Ce qu’il faut critiquer au contraire, c’est plutôt que la lutte antidopage a de moins en moins de moyens, qu’elle perd beaucoup de terrain depuis quelques années, malgré les avancées qu’elle avait pu connaître au tournant des années 2000.

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« Prier pour que les Martiens m’enlèvent sur leur planète »

Les Français ont perdu le sens de la gravité. Face aux attentats, ils ont eu un indéniable sens de l’honneur et de la démocratie, mais cela ne tient pas, cela glisse sur une société qui préfère le divertissement. Les choses importantes exigent pourtant que l’on sache se concentrer, s’investir, en des termes graves. Les gens restent pourtant trop complaisants avec eux-mêmes.

Ludres

La série des films OSS se moque allègrement de cette vieille France faussement sérieuse, en fait surtout réactionnaire, très guindé et policé, incapable de saisir des choses compliquées. Pourtant, malgré mai 1968, la France n’a pas changé, même si en apparence elle est devenue une adepte du divertissement. Le président François Hollande allant en scooter tromper sa compagne, Dieudonné faisant des sketches se moquant du génocide nazi, les youtubeurs jouant aux jeux vidéos ou racontant leurs déboires existentiels, la coupe de monde du football… Tout cela est très vain.

Et si jamais on le dit, on passe pour un rabat-joie, un puritain. Eh bien, soit, disons-le : il faut du puritanisme à la France. Et être puritain, c’est une bonne chose ; ce n’est pas être de Droite comme le pensent les libéraux se prétendant de gauche, c’est au contraire être de Gauche dans ce qu’elle est un vecteur de civilisation, de culture. Cette sainte-Alliance des catholiques et des libéraux pour dénoncer le puritanisme est une chose odieuse qu’il faut écraser, sans quoi il n’y aura jamais d’espace pour une Gauche sérieuse dans notre pays.

Prenons un exemple, qui se déroule en Meurthe-et-Moselle, à Ludres, dans une classe de CE1 de l’école primaire Jacques Prévert. Pour le spectacle de fin d’année, l’école a choisi une chanson de Guillaume Aldebert, qui s’appelle « Pour louper l’école, je ferais n’importe quoi ». On l’a compris, le choix correspond au nom de l’école, puisque Jacques Prévert était justement une sorte d’anarchiste surréaliste valorisant la « créativité » contre les normes. C’est d’ailleurs un nom couramment choisi pour les écoles, mais passons.

Les écoliers, donc, chantant cette chanson, prononcent des paroles comme : « faire le tour de la maison en pyjama pour chopper froid », « me laver à l’eau de javel », « prier pour que les Martiens m’enlèvent sur leur planète », « faire pipi sur un policier », « prendre en otage ma petite sœur », « faire sauter la salle de classe à la dynamite ». Cela va du lamentablement stupide à l’odieux ; dans tous les cas, c’est totalement décadent et indigne d’un niveau culturel réel.

Malheureusement, personne à Gauche n’a réagi et on peut même être certains qu’il y a de nombreux parents de gauche qui trouvent cela très bien, par libéralisme, jeu, incompréhension des exigences de culture et d’éducation. Les parents de droite n’ont pas hésité et prévenu l’inspection de l’éducation nationale, ainsi que le syndicat France-Police.

C’est un exemple très certainement parmi une foule d’autres. Nombre de gens de Gauche sont pourris par le libéralisme et n’ont aucune exigence culturelle, ils n’ont aucun sens de la gravité. Pour eux, la gravité c’est un truc de facho, quelque chose qui relève du passé. Ils en arrivent donc aux mêmes positions que les bobos et les hipsters, sans s’en apercevoir ou bien finalement pour l’assumer. C’est cela aussi qui explique le passage de tout un pan des votes socialistes à Emmanuel Macron.

Il est évident qu’un tel libéralisme n’est pas celui de la Gauche historique, lorsque les ouvriers donnaient le ton. Et c’est à cette Gauche-là qu’il faut revenir, ou plus exactement qu’il faut reconstituer. C’est même une urgence, car face au prolo facho, il n’y a que l’ouvrier pétri dans les certitudes du travail et des exigences de civilisation qui peut l’emporter.

Les ouvriers, eux, ne tombent jamais aussi bas dans leur esprit, leur mentalité, qu’ils en arrivent à « prier pour que les Martiens m’enlèvent sur leur planète ». D’ailleurs, ils ne prient pas, ils transforment la réalité. Et c’est cela qui change tout.

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« La France est issue de migrations »

C’est un leitmotiv d’une large partie de la Gauche : la France serait issue de migrations. D’abord, c’est faux, ensuite ce n’est pas cela qui compte, c’est même sans importance.

Diane de Versailles
Diane de Versailles

« La France est issue de migrations », « Nous sommes tous des enfants d’immigrés », nombreux sont les slogans du même type qu’on peut retrouver à Gauche. Les gens qui mettent cela en avant sont tout à fait sincères et très sympathiques dans leurs intentions. Cependant, ils se trompent lourdement.

D’abord, parce que ce n’est pas vrai du tout. La France est une construction nationale et la question est culturelle, économique, sociale, ce qui n’a aucun rapport avec la population de cette nation. Par ailleurs, la population française ne s’appuie pas sur l’immigration, mais sur différents peuples (gaulois, francs, romains, etc.) qui ont fusionné dans un seul peuple. Il y a eu de l’immigration, mais cela date d’après la fusion des petits peuples dans un grand peuple, et qui plus est cela ne concerne qu’une minorité.

Ensuite, parce que cela n’a rien d’antifasciste en soi. Le nationalisme français n’a jamais été ethnique ou religieux. L’armée française en 1914 profitait de soldats des colonies africaines, ainsi que de travailleurs des colonies asiatiques. L’appareil d’État n’est pareillement pas plus intéressé que cela pour savoir d’où viennent les ancêtres de ses membres. Cela est vrai même pour les plus hauts postes : Nicolas Sarkozy a un père hongrois.

L’obsession pour l’identité française est une abstraction de l’extrême-droite et le souci c’est que le slogan selon lequel la France serait issue d’immigration n’en est que la version inversée. Et dans les deux cas, il y a la négation de la problématique réelle, qui est celle de la culture française.

Car la question de fond, c’est la suivante : y a-t-il une seule culture française ? Emmanuel Macron l’a dit plusieurs fois, pour lui, ce n’est pas réellement le cas. Il est sur la ligne post-moderne, post-industrielle, post-nationale : il n’y aurait que des individus, en provenance logiquement d’horizons très divers. Cette position a malheureusement contaminé une large partie de la Gauche.

Il ne s’agit pas ici de sombrer dans les abstractions nationalistes à peine maquillées et utilisant des concepts comme celui de souverainisme. Il s’agit du fait qu’il existe une culture populaire, des valeurs culturelles partagées par toute la population. L’Histoire est passée à travers cette culture, elle s’est exprimée à travers cette culture, et nier cette culture nationale, c’est nier l’Histoire. Et comment changer le pays, si on nie l’Histoire ?

Joachim du Bellay
Joachim du Bellay

On l’aura compris : si la France n’est plus composée que d’individus, s’ils n’ont aucun parcours historique commun, alors pourquoi y aurait-il une mobilisation collective dans un sens historique ? Sans synthèse du passé, aucune projection vers le futur n’est possible.

Le problème qui se pose ici est qu’il y a des gens qui pensent que c’est être ouvert d’esprit que de coincer les immigrés dans l’immigration, de résumer des parcours personnels dans des fétiches ethniques ou religieux. Comme s’il n’y avait pas de culture, de civilisation, de valeurs plus grandes que les particularismes.

Il en va de même pour les régionalismes : on pense bien faire en valorisant des parcours populaires, des éléments culturels négligés. Et on en fait un fétiche, on se met à rejeter l’universel, et on en arrive à démanteler tout principe universaliste.

La Gauche fait face à deux pièges : celui de faire comme les anarchistes et de croire que les nations ne seraient qu’un préjugé et ne transporteraient aucune valeur culturelle, celui de faire comme la Droite qui fait du parcours historique et de ses expériences des fétiches identitaires. Il est difficile de faire la part des choses, c’est évident, mais on ne s’en sortira pas non plus en prétendant que le monde entier est déjà mélangé et qu’il n’y a qu’une seule nation mondiale : ce n’est malheureusement pas le cas.

Espérons que cela arrive le plus vite possible, mais cela ne se produira pas tout seul : il faut vivre les cultures populaires et il faut qu’elles s’échangent. Et pour dépasser les nations, il faut les reconnaître : aller plus loin que le passé pour aller à l’avenir passe par tirer le meilleur du passé.

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Rapport entre les classes Société

La France périurbaine, une faillite morale, culturelle et sociale

Dans la France des lotissements, on s’ennuie et on travaille loin de chez soi. Mais on ne veut surtout pas du Socialisme. Les gilets jaunes ont exprimé à l’origine cette forme sociale profondément réactionnaire mise en place par le capitalisme.

La France périurbaine, c’est le plus souvent cette horreur architecturale de maisons individuelles en série, correspondant au rêve de petite propriété de pans entiers de la société française aliénée par le capitalisme, y compris dans la classe ouvrière. Même quand il n’est pas réalisé, le rêve est considéré comme à mettre en œuvre dès que possible.

Cette fascination pour la zone pavillonnaire comme refuge face au reste du monde exprime à la fois un besoin de s’arracher à la brutalité des villes qu’un repli individualiste forcené. L’égoïsme prime toutefois comme aspect principal, car avoir des enfants dans de tels endroits, c’est les condamner à une souffrance psychique et physique très importante.

Il n’y a rien pour eux. Pas de transports, pas de lieux culturels, pas de centres sportifs, juste de longs boulevards, avec des habitations individuelles à l’infini, entre les ronds points. C’est l’anéantissement de toute perspective de civilisation comme première prise de conscience de l’adolescence. Un véritable cauchemar, qui de par les faiblesses structurelles de la vie culturelle française, ne produit ni Nirvana, ni Minor Threat, deux groupes de musique d’une intensité sans pareil nés précisément d’un tel terreau aux États-Unis.

Ici en France, la seule révolte contre cet enfermement connu par plus de 15 millions de Français, c’est le Front National, désormais le Rassemblement National. Les instituts de sondages appellent cela « le vote des haies de thuyas », en référence à cet esprit petit propriétaire d’enfermement sur sa parcelle.

Avec les gilets jaunes, on a bien vu comment cette France de petits propriétaires ne peut pas supporter de faire face à l’effondrement économique. Elle sait bien que le Socialisme n’a qu’une chose à lui proposer : sa destruction. Il faut détruire ces zones, tout refaire. Elles ne sont ni des villes, ni des campagnes. Alors qu’il faut combiner les deux, avec les zones pavillonnaires on n’a justement ni la ville, ni la campagne.

La France périurbaine ne peut que le constater : elle n’a ni culture de la ville, ni sa densité en termes d’infrastructures médicales, scolaires, universitaires, administratives. Elle n’a pas non plus d’accès à la nature, d’environnement non bétonné. Aller plus loin ne servirait pas à grand-chose non plus : les représentants des chasseurs n’ont-ils pas expliqué que les forêts sont à eux et que si on n’aimait pas la chasse, il ne fallait pas habiter la campagne ?

Le souci fondamental dans toute cette histoire de toutes façons, c’est que la France périurbaine ne peut exprimer qu’un terrible ressentiment qui va renforcer le fascisme.

Parce qu’à la base, on a la même histoire que la Grenouille voulant se faire aussi grosse que le bœuf. Pleins de petit-bourgeois ou de bourgeois petits ont voulu mener la vie de château à peu de frais, achetant une grande maison et un terrain, pour s’apercevoir que finalement il n’y avait rien dans le coin, que les crédits s’éternisaient, que le terrain ne sert à rien en soi et demande de l’entretien, que la maison consommait beaucoup d’énergie et que sa qualité laissait à désirer.

On a également des prolétaires qui les ont imités, faisant la même-chose en moins grand et moins cher, dans des quartiers encore moins intéressants.

Ces gens-là sont tellement déçus de ne pas être devenus des sortes de petits châtelains qu’ils sont aigris, alors que leur vie privée a subi les contrecoups de cet isolement, que ce soit avec la perte de vue d’amis, le divorce, etc. Les prolétaires, de par leur rôle dans la production, expriment moins cette aigreur car ils ont plus facilement conscience de la nature sociale du problème. Mais dans sa substance, cette aigreur n’en est pas moins présente chez eux également.

Ce schéma est reproductible dans pleins de variantes, que l’investissement à l’origine ait été important ou pas. Dans tous les cas, la déception prédomine et désormais il y a la hantise de ne pas basculer socialement dans le prolétariat, ou de se voir assumer sa condition prolétaire de manière franche. Cette inquiétude est un grand moteur du fascisme, alors qu’elle devrait se transformer en une volonté de changement, pour le Socialisme.

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Les hommes démocratiques ne commettent pas d’agressions sexuelles

Les terribles affaires de viols au sein des JC ont montré à quel point à Gauche il y avait une perte de repère quant au principe de la morale. Il y a pourtant une morale de Gauche et celle-ci est culturellement supérieure ; qui n’admet pas cela est un libéral ou bien relève de l’idéologie de la post-modernité.

L’occasion fait le larron : tel est le point de vue de ceux et celles pour qui le viol est une arme propre aux hommes si on les laisse faire. Le viol relève ici de l’individu, de l’individu en tant qu’homme qui, en raison de son sexe, peut chercher à abuser, à violenter, à agresser sexuellement. Il s’agirait par conséquent de chercher à contrer cette tendance, en œuvrant de manière perpétuelle à la « déconstruction » de ce genre d’attitudes.

Aussi juste que puisse avoir l’air une telle démarche appelant les hommes à se remettre en cause, c’est une fiction totale. Le viol, les agressions sexuelles en général, relèvent en effet d’une attitude non démocratique et le niveau de conscience démocratique dépend de la société. Dans une société où la beauferie est largement ancrée, les agressions sexuelles émergeront inévitablement, étant produites socialement. Tant que la base est mauvaise, ce qui en sort ne sera jamais bon.

Il va de soi évidemment que les agressions sexuelles commises par les hommes s’appuient sur leur réalité sexuelle. Ce n’est cependant pas un phénomène isolé de tout le reste. Cette barbarie relève de la barbarie en général et il n’y a pas de différence de substance entre l’homme appréciant d’utiliser des armes, abandonnant son chien, nettoyant sa voiture avec ostentation, coupant une fleur sans état d’âme. C’est la même barbarie dans sa substance.

Les femmes n’expriment pas cette barbarie de la même manière, pour des raisons historiques, en raison de leur place secondaire forcée depuis l’époque de l’agriculture et de la domestication. Elles n’en sont pas moins contaminées elles-mêmes par la barbarie et expriment elles-mêmes des tendances destructrices, tel un cynisme cinglant, une violence psychologique à l’égard des enfants et en particulier des jeunes adolescentes, une indifférence outrageante envers les questions de société (c’est-à-dire la politique).

Mais tout cela est une question de culture et quand on parle de culture, on parle d’une société portant cette culture, et quand on parle de société, on parle d’une économie portant cette société. Les violences sexuelles ne naissent pas d’idées, mais d’un style de vie. On dit parfois, avec justesse, que la pornographie est l’idéologie du viol, ce n’est toutefois juste que si l’on voit que la pornographie est elle-même le produit de la société.

Il n’y aurait pas de pornographie sans l’ultra-libéralisme et l’esprit de consommateur, la pornographie naissant dans les pays scandinaves et en Californie comme vecteur soi-disant libérateur du désir individuel, dans les années 1960. Il s’agit là d’un style de vie enraciné dans une réalité économique.

La gauche post-moderne ne voit que des individus et ne peut proposer que de « déconstruire » des briques individuelles. Sans tradition social-démocrate, le fond à l’air démocratique au premier abord et la forme a l’air intéressante à première vue. Mais on se rend vite compte qu’il n’y a aucune perspective. Le seul but est de tout déconstruire…

La gauche post moderne ne propose rien d’autre qu’une remise à plat des rapports de concurrence entre entreprises et au sein de la société : plus de morale, plus de nature, plus rien… on repart de zéro et chacun peut choisir librement ce qu’il est, ce qu’il devient, avec qui il négocie, etc.

La Gauche historique, celle de la centralité ouvrière, raisonne en terme d’ensemble, de société, de culture, de mouvement, d’évolution, de Nature… Elle pose donc la question non pas en terme d’individus mais en terme de culture : il faut une rupture avec les valeurs dominantes, il faut une culture socialiste, un ordre nouveau.

Voilà pourquoi les hommes moraux ne violent pas. Si leur morale est juste – et elle l’est quand on est véritablement démocratique, ancré à gauche et dans l’histoire de la Gauche – alors ils restent inébranlables. Ce n’est pas qu’ils ne cèdent pas à la « tentation » ou qu’ils se refrènent ; c’est simplement qu’ils ne prennent pas leur partenaire féminin pour un objet, qu’ils ne se retrouvent pas dans une situation où la réalité personnelle de l’autre est niée.

Ils n’ont rien déconstruit chez eux ; ils ont simplement fait attention à ce que les rapports avec l’autre personne soient authentiques et démocratiques. Et il va de soi que cela n’est pas possible dans un milieu où règnent l’alcool et les drogues, où le niveau culturel est terriblement faible et où il n’y a donc aucun moyen d’être réellement démocratique, parce qu’on est incapable de faire face à tous les paramètres, parce qu’on n’est pas en mesure de suivre ce qui se passe.

Aucun rapport démocratique ne peut non plus avoir lieu dans une relation marchande, dans une relation déséquilibrée en raison de l’âge (avec l’expérience que cela implique) ou des rapports hiérarchiques. Voilà pourquoi il n’est pas moral pour un médecin d’avoir un rapport sexuel avec une patiente, pour un homme d’avoir une compagne bien plus jeune, pour un patron de se marier avec sa secrétaire en quittant sa propre compagne, pour un homme d’avoir un rapport avec une prostituée, etc.

> Lire également : La terrible crise des agressions sexuelles au sein des JC

C’est là un principe essentiel de la Gauche historique, démocratique, et voilà pourquoi la « gauche » postmoderne affabule avec ses « déconstructions » individuelles et ses remises en cause fictives de comportements qui proviendraient d’on ne sait où, qui par ailleurs ne produisent strictement aucun résultat comme le prouvent les affaires récurrentes dans ces milieux.

Qui est démocrate vit dans des rapports démocratiques et a le souci de toujours vivre dans de tels rapports – et n’est pas en mesure de se retrouver dans des situations non démocratiques où il perd sa nature !

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« Être trans, c’est faire la révolution à l’intérieur de soi »

Cela a été l’un des plus grands hold-ups de la « gauche » postindustrielle, post-moderne, à l’américaine : profiter de la bataille pour les droits des femmes, les droits des homosexuels, et les détourner vers la théorie du genre et une conception identitaire de l’existence.

Voilà ce que dit Paul B. Preciado dans une interview à Libération («Nos corps trans sont un acte de dissidence du système sexe-genre») :

« Être trans, c’est accepter qu’on arrive à être soi-même grâce au changement, à la mutation, au métissage. C’est faire la révolution à l’intérieur de soi. »

La boucle est ainsi bouclée et en un sens il était temps. En s’appuyant sur la philosophie existentialiste affirmant qu’on est ce qu’on choisit d’être, sur la philosophie structuraliste expliquant que le monde est composé de structures sociales, idéologiques, culturelles, morales, économiques, etc., en s’appuyant sur la philosophie désirante de Michel Foucault et Gilles Deleuze faisant du désir le sens même de l’existence, la gauche postindustrielle a diffusé des thèses ultra-libérales en abusant les gens de Gauche.

Tous les acquis de la Gauche historique ont été massacrés. L’Histoire ? Elle n’aurait aucun sens, ce serait juste des événements qu’on rapprocherait plus ou moins, arbitrairement. La lutte de classes ? Du passé, il faudrait raisonner en termes de structures, comme avec le sociologue Bourdieu, et donc « déconstruire » les préjugés. Les droits des femmes ? Inutiles, puisqu’il n’y aurait plus que des individus et que chacun se définit comme il l’entend. Les droits des gays et des lesbiennes ? Une abstraction, puisque les sexualités seraient multiples à l’infini.

Jusqu’à présent, la gauche postindustrielle n’a jamais osé formuler les choses ouvertement ainsi, et attaquaient comme « réactionnaires » les tenants de la Gauche historique pour affirmer que c’était le fond de leur démarche. Le temps a suffisamment passé cependant pour que les masques tombent et l’interview dans Libération présentent des points de vue extrêmement claires :

Qui êtes-vous, Paul B. Preciado ?

La question de l’identité ne m’intéresse pas. Je ne me sens ni espagnol, ni français, ni catholique, ni homme… Ce qui m’intéresse, c’est la critique des normes sexuelles, de genre, raciales, patriotiques. Ce qui est le plus urgent n’est pas de défendre ce que nous sommes, homme ou femme, hétérosexuel ou homosexuel, mais de le rejeter, de se désidentifier de la coercition politique qui nous force à désirer la norme et à la reproduire. Comme le genre, la nation n’existe pas en dehors des pratiques collectives, qui l’imaginent et la construisent. Ce que je vois aujourd’hui, ce ne sont pas des identités, mais des rapports de pouvoir qui construisent le sexe, la sexualité, la race, la classe, le corps valide. Arrêtons de nous focaliser sur les identités, parlons plutôt des technologies de pouvoir, remettons en cause l’architecture politique et juridique du colonialisme patriarcal, de la différence des sexes et de la hiérarchie raciale, de la famille et de l’Etat-nation

L’auteur de ces propos s’est même installé à Athènes, ville qui serait elle-même en « transition ». C’est conforme aux propos tenus, qui sont une négation de toute la réalité sociale, culturelle, nationale, biologique, au profit d’une aventure individuelle et encore fondée uniquement sur sa propre conscience, dans l’esprit de Descartes.

Seulement, la Gauche historique ne se revendique pas de Descartes ni de Thomas d’Aquin, pas plus que de Maïmonide, Ghazali ou bien l’imam Khomeini. Elle se revendique de l’humanisme et de la Renaissance, des philosophes matérialistes des Lumières, des premiers utopistes socialistes, tout cela formant l’arrière-plan du mouvement ouvrier. Et là il n’y a pas d’esprit qui se balade au-dessus de la réalité et fait ses choix comme on fait du shopping.

« Mon genre est non-binaire »

Car c’est bien de shopping qu’il s’agit. L’ultra-libéralisme affirme qu’on peut et qu’on doit tout choisir : sa vie, son emploi, son sexe, son genre, son identité, sa nationalité, ses origines, sa personnalité, son appartenance ethnique, son type de sexualité, son type de couple, etc.

C’est totalement irréaliste d’un côté, cela s’oppose aux principes du déterminisme de l’autre. Et le déterminisme est la base de l’affirmation de la lutte des classes : sans la philosophie du déterminisme, il n’y a plus de classes, donc plus de luttes de classes, donc plus besoin de la Gauche historique.

Et c’est là l’objectif de la Gauche post-industrielle, qui veut se débarrasser du mouvement ouvrier, de la classe ouvrière, du Socialisme, des ouvriers eux-mêmes, de tous ces concepts pour elle dépassés, surannés, vieillis, d’un autre temps. C’est là même son objectif prioritaire, car la Gauche post-industrielle est née dans les universités américaines et diffusée en Europe par l’intermédiaire de l’Angleterre, en étant financée massivement par ces institutions éducatives du supérieur.

Si les universités américaines financent de telles personnes, ce n’est pas pour rien, c’est parce qu’il y a convergence d’intérêts, que ces gens se mettent au service de l’ultra-libéralisme. Il faut donc choisir : soit ces gens, soit le mouvement ouvrier avec la Gauche historique !

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Tel un tango finlandais (l’absurde concept d’«appropriation culturelle»)

La « gauche » post-moderne a fait de l’ « appropriation culturelle » un thème important à ses yeux. Mais l’appropriation n’existe pas : le sens de la vie, ce sont les échanges ininterrompus. Qui en a peur vit dans le passé.

L’humanité est composée de nombreux peuples, qui n’ont cessé d’échanger des objets et des idées. Il est vrai que parfois cela s’est déroulé dans des conditions qui ne sont pas idéales, mais l’Histoire n’a que faire des idées, elle vit dans le concret. Certaines étapes étaient malheureusement inévitables et la « découverte » de l’Amérique en fait partie. S’il s’agit bien sûr de prendre en compte les peuples amérindiens restant, cela ne veut pas dire qu’il faut faire de la « colonisation » une mauvaise « idée » alors que cela relève de tout un processus historique inévitable.

Mais on sait justement que ce terme d’inévitable n’existe pas pour ceux qui raisonnent en termes de libre-arbitre, de choix, d’individus… bref, qui emploient les concepts libéraux en faisant passer cela pour du progressisme. Le colonialisme est pour eux un crime « conscient », commis par des personnes « conscientes » de ce qu’elles faisaient ; le concept d’ « appropriation culturelle » est directement liée à une telle vision des choses.

Chaque communauté aurait ses valeurs propres, qu’elle a produit elles-mêmes et qui ne devraient pas être récupérés, ce qui n’est ni plus ni moins que le même discours ethno-différentialiste que les racistes de la fin du 19e siècle. Et voilà donc la « gauche » post-moderne dénoncer les blancs en dreadlocks ou l’utilisation de jeux de couleurs, de symboles, de musique par tel ou tel artiste. Ce serait du racisme, ce serait de la récupération culturelle visant à effacer telle ou telle communauté.

En cela ils ont raison, il s’agit bien d’effacer telle ou telle communauté, sauf qu’ils se trompent, car c’est une bonne chose. Être réellement de gauche, ce n’est pas seulement dire qu’il ne faut pas de racisme contre telle ou telle communauté, mais également qu’à terme, ces communautés se seront fondues dans un peuple uni. Voilà ce que réfute catégoriquement la « gauche » post-moderne qui ne fait que reproduire les valeurs idéalisés de la salade de macédoine américaine. Rappelons que l’expression provient directement de la Macédoine du 19e siècle, avec sa mosaïque de communautés non unies.

À écouter la « gauche » postmoderne, les Finlandais seraient ainsi des criminels, car ils ont adopté le tango comme rythme et mélodie, « volant » ainsi les Argentins pour développer toute une vaste musique populaire. Avec une telle vision, tout un pan de la culture finlandaise serait ni plus ni moins que faux, les Finlandais vivraient dans une abstraction complète. C’est là ne rien comprendre à ce qu’est la culture populaire.

Il n’y a en effet pas de création, que de la production. Tout vient toujours de quelque chose, à l’infini. La culture est toujours récupération, modification, amélioration, ouverture de nouvelles perspectives. Cela est vrai entre les gens, mais également entre les peuples. C’est comme cela d’ailleurs qu’on arrive finalement à une culture nationale, qui est le fruit de mélange de différents regroupements fusionnant à un niveau de culture supérieur. La culture puise toujours dans la culture, s’identifiant avec ce qu’elle peut trouver de meilleur, lui imprimant sa propre expérience.

C’est pour cela que les Français ont apprécié la polka, les Finlandais le tango, certains peuples arabes la musique andalouse, les Anglais le blues rock, etc. Croire qu’il y aurait des cultures séparées, comme des communautés séparées, quelle erreur ! Le métissage est un processus inévitable et juste quand il est spontané. Il ne s’agit pas de cohabitation, de « mêmes droits » à donner à tout le monde, mais bien que tout le monde soit pareil, formant un seul peuple, une seule culture, si riche qu’elle sera capable d’avancer en ouvrant toujours de nouvelles perspectives.

Si jamais on se demande ainsi à quoi ressemblera la culture d’un pays devenu socialiste, alors on peut répondre simplement qu’elle sera tel un tango finlandais. Elle puise dans le meilleur pour donner le meilleur, elle sait reconnaître ce qui est universel dans le particulier et le développer toujours plus.

Le tango finlandais n’est pas un mauvais tango, il n’est pas la négation du tango argentin, il n’est pas non plus une variante ou un sous-produit. Il est le prolongement universel de la vie du tango né sous une forme particulière. Il n’y a pas de culture sans vie et donc sans échange, sans universalité. Comment sinon apprécierait-on les œuvres du passé, les œuvres d’ailleurs ? On peut les apprécier, car il y a quelque chose en elle qui nous parle malgré toutes les différences, qui nous parle au-delà de nos différences. Il y a quelque chose de vrai pour tous.

Mais cela implique qu’il y a des choses vraies pour tous, et que c’est même ce qu’on appelle la vérité. Or, une société de consommation ne veut pas de vérités pour tous, seulement des vérités pour chacun. La « gauche » postmoderne ne fait que refléter cela en rejetant l’ « appropriation culturelle » qui est en fait un moyen inévitable d’avancer pour la culture… Ce qui ne veut pas dire qu’il suffit de faire de la récupération pour faire de la culture.

Tout cela apparaîtra bien évident à qui sait qu’il y a une culture populaire, à qui ne fait pas vivre ses idées à partir d’écrits d’universitaires coupés de toute réalité, vivant dans une tour d’ivoire et exerçant une véritable fascination pour une poignée de petits-bourgeois qui seraient bien les nouveaux Jean-Paul Sartre, les nouvelles Simone de Beauvoir. Qui travaille, qui sait ce qu’est la culture populaire, sait comment cela marche : on prend, on reprend, on échange, on apprend à soi, on apprend aux autres, on se tourne vers les autres et inversement, tout se combine, se recombine… Tel un tango finlandais.

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Ce que l’affaire Boeing nous dit des entreprises capitalistes

On connaît la légende : seules des entreprises tournées vers le profit pourraient être efficaces, tout le reste terminant dans la bureaucratie et l’absence d’innovation. L’affaire Boeing rappelle à quel point c’est faux : les entreprises capitalistes sont bureaucratiques, leurs cadres toujours moins bons voire franchement mauvais, le travail réalisé de plus en plus bâclé, etc.

L’idée de l’efficacité des entreprises est souvent simple et par-là totalement fausse. S’il y a concurrence, alors il y a l’obligation de faire mieux que les concurrents. Ainsi, le socialisme ne pourrait qu’échouer car une entreprise socialiste ne connaît pas de concurrents : elle est obligée de devenir bureaucratique. Cela ne tient pas debout du tout et ce pour deux raisons essentielles.

La première, est que la concurrence aboutit forcément au monopole. La « bureaucratisation » apparaît donc ici comme inévitable également. La seconde, est que les entreprises s’appuient sur des travailleurs avec une certaine culture, dans le cadre d’une certaine organisation du travail. C’est cela qui est vraiment décisif.

L’affaire Boeing est un bon exemple, car c’est une entreprise d’envergure mondiale, qui n’a comme réel concurrent qu’Airbus. C’est une entreprise avec une très longue tradition, produisant des avions ce qui implique un très haut niveau technologique. On est là dans le « top du top » du capitalisme. Et pourtant toute la dernière série de ses avions est clouée au sol, parce qu’il y a vraisemblablement un souci avec le programme de la gestion de l’élévation du nez de l’avion juste après le décollage. Les deux récents crashs en seraient la conséquence directe.

Cela ne doit rien au hasard. Rien que le doute à ce sujet montre une chose simple à comprendre : les entreprises capitalistes sont débordées. Il y a à la fois les défauts du monopole et ceux de la concurrence. D’un côté il y a en effet le fait de s’asseoir sur une certaine situation, avec un confort tranquille ruinant les exigences. Appuyés ouvertement par l’État américain, Boeing est dans une situation relative de monopole et sait que ses avions seront vendus de toute façon.

Pour en vendre davantage, il faut cependant en même temps aller toujours plus loin et là on s’aperçoit que tout craque. En ajoutant toujours plus de technologies, avec un personnel toujours plus pressurisé, avec une société toujours plus décadente, les déséquilibres sont toujours plus grands. La conséquence est alors inévitable : les entreprises capitalistes trichent. Elles trichent sur les chiffres, elles trichent sur la qualité du matériel, elles trichent sur les vérifications, elles trichent sur tout.

Il n’y a même pas besoin de mentionner les récents multiples scandales, comme ces entreprises mentant sur la pollution de leurs voitures, ou encore l’affaire du glyphosate. Il faut d’ailleurs ici souligner l’importance de l’expérimentation sur les animaux, honte morale et escroquerie intellectuelle dont la seule fonction est de légitimer toutes ces tricheries. Les fabricants de cigarettes ont pendant des décennies fait fumer des chiens pour justifier que leurs produits ne donneraient pas de cancer.

Non, il suffit de regarder dans la vie quotidienne pour s’apercevoir qu’il y a un décalage énorme entre les prétentions des entreprises capitalistes et la réalité de leurs produits. C’est d’ailleurs là-dessus que joue Apple : leurs produits sont, eux, à la hauteur. En payant cher, on sort de la consommation des gens « normaux », qui eux restent dépendants du décalage entre la réalité du produit et sa mise en valeur commerciale.

La vérité est que les entreprises capitalistes s’appuient sur un mode d’organisation anti-démocratique, avec un personnel sous pression ou bien bureaucratisé, avec donc un niveau pratique inadéquat. La fumisterie et la mise en valeur personnelle, les rapports hiérarchiques abstraits, la compétition à l’intérieur de l’entreprise… poussent au mensonge, empêchent de voir les choses telles qu’elles sont.

La pourriture de la société s’insère aussi dans l’entreprise, avec des attitudes ignobles sur le plan humain. Le récent scandale frappant le média Vice – guère étonnant de par l’idéologie sordide du racolage qui en est la base – montre bien d’ailleurs que moins l’entreprise a de culture interne, plus elle reflète la société de manière directe. Et quand il y a une culture interne, elle est réactionnaire, bien souvent périmée, avec comme but la reproduction de leurs propres élites.

Que Boeing se retrouve avec des soucis avec ses avions, ce fleuron de la technologie, en dit long sur ce qu’il se passe en général. Et cela ne peut être que de pire en pire. Quiconque croit en la stabilité de l’entreprise capitaliste, en sa « justification » économique, n’a pas un regard adéquat. L’entreprise capitaliste se comporte toujours plus comme un regroupement de pirates prêt à forcer le passage pour écouler sa production, rien de plus !

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Le sens historique du massacre de Christchurch

L’attentat meurtrier qui s’est produit en Nouvelle-Zélande n’est pas un acte raciste flottant au-dessus de l’Histoire, il est au contraire l’expression de toute une décadence qui vise à faire le plus de bruit possible pour empêcher qu’on assume les défis de notre époque.

Christchurch

 L’attentat terrible ayant frappé deux mosquées à Christchurch en Nouvelle-Zélande, ayant fait 49 morts et un nombre très important de blessés, rappelle immédiatement les actions en Norvège d’Anders Breivik, notamment lorsque celui-ci a froidement assassiné des jeunes socialistes, un par un, sur une petite île. On a pareillement un « manifeste » qui a été laissé, avec une vision du monde à la fois paranoïaque et raciste, ce qui va bien souvent ensemble par ailleurs, car pour agir ainsi, il faut être porté par une peur panique sur le plan social.

Il n’y a en effet pas de racisme qui flotte au-dessus de la société tel un préjugé, et qu’il s’agirait de déconstruire : cette expression post-moderne est fausse. La réalité est que le racisme est relié à des forces sociales, à des expressions de couches sociales bien particulières utilisant le racisme comme levier pour faire avancer leurs intérêts.

Qui refuse d’admettre que la société capitaliste est comme Rome à la veille de son effondrement ne peut pas le comprendre, évidemment. Car c’est d’une nouvelle civilisation qu’on a besoin et justement les actions terroristes visent à empêcher l’émergence de celle-ci. Les attentats meurtriers de l’État islamique, d’Anders Breivik ou comme là en Nouvelle-Zélande relèvent du même procédé : celui de la terreur de masse visant à provoquer une fracture sociale et un choc médiatique, avec l’affirmation d’une contre-civilisation qui serait la réponse à la « crise ».

La crise est naturellement présentée comme religieuse ou relevant des « races » ; ici que l’attentat contre deux mosquées se soit déroulé dans une ville dénommée Christchurch – l’église du Christ – a une portée symbolique évidente. L’attentat vise à présenter « l’Islam » comme un phénomène unifié et organisé qui serait l’ennemi d’un monde « occidental » en déliquescence. Le meurtrier s’imagine comme un chevalier des temps modernes et il avait d’ailleurs une caméra sur son casque, le film de son action se retrouvant sur internet.

Et cette conception du monde est très répandue en France. Toute une frange du black metal a été happé par le nationalisme plus ou moins ouvert, et diffuse exactement cette même démarche où des chevaliers isolés ayant pris conscience de « l’agression » de la « communauté » doivent aller à l’affrontement en assumant individuellement le combat. Rappelons que le principal activiste historique d’une telle démarche, le Norvégien Varg Vikernes, s’est installé dans le Limousin avec son épouse, française, après sa peine de prison en Norvège.

Les identitaires racialistes en Ukraine sont également très puissants et alimentent puissamment en imageries, idées et matériel de propagande la scène française. Il s’agit là-bas d’un mouvement de masse et cela ajoute à la crédibilité en termes de perspective, avec évidemment un indéniable romantisme, un facteur déterminant.

Ainsi, on a le même risque d’attentats de ce type en France, où toute une « scène » tend à réaliser de tels actes ; ces « identitaires » profitent également de la polarisation recherchée par toute la propagande anti-« islamophobe » diffusée par des secteurs islamistes aidés par la « gauche » post-moderne.

Tout cela est l’expression d’un profond pourrissement de la société capitaliste, et ce dans le monde entier ; c’est une société qui ne peut rien proposer à part la consommation et si l’on ne voit pas la lutte des classes, on a vite fait de basculer dans un anticapitalisme romantique sur la base d’un idéalisme communautariste.

Un tel anticapitalisme romantique n’est nullement forcément terroriste : les zadistes et les gilets jaunes ne vont nullement dans le sens d’attentats de masse. Il y a par contre le même irrationalisme, l’idéalisation d’une communauté remise sur pied, avec à chaque fois la valorisation du passé. Cette obsession du passé, ce fondamentalisme, a comme ennemi central la vision d’un futur idéal, de l’utopie socialiste, de la transformation collective et collectiviste.

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Le plaisir de chiner ses vêtements en friperie

Acheter ses vêtements en friperie est aujourd’hui quelque-chose de très tendance. Il y a bien sûr cette fascination pour l’ancien, plus précisément pour le vintage comme l’exprime cet intraduisible mot américain issu du français. Il y a aussi, et peut-être surtout, cette volonté d’avoir du particulier, pour ne pas céder à la société de consommation qui standardise les goûts et les codes de manière outrancière.

Quand on s’habille en friperie, c’est peut être parce qu’on ne souhaite surtout pas ressembler à ces gens qui n’ont aucun style et s’habillent tous pareil, sans avoir vraiment choisi ce qu’ils portent. C’est un peu comme dans la musique : il y a ceux qui écoutent NRJ, Fun Radio ou Skyrock, et puis ceux qui se font un devoir de ne surtout pas écouter ces programmations insipides et ultra standardisées.

Il y a dans la mode des friperies une exigence culturelle, la volonté d’être acteur de sa vie, de son style, sans céder à l’uniformité des boutiques des centres commerciaux et leurs collections très limitées, qui se ressemblent d’ailleurs toutes comme deux gouttes d’eau.

Le problème n’est pas l’uniformité : que l’on soit plus ou moins branché ou passif dans sa façon de s’habiller, garçon ou fille, la norme chez les jeunes est presque toujours les baskets. Nike, Converse, Puma ou Van’s, quelque-soit les modèles, les jeunes ont presque toujours les mêmes chaussures. Mais là n’est pas le problème en tant que tel, car il y a là une uniformité assumée, et d’ailleurs peut-être est-ce même nécessaire culturellement.

La chose est un peu différente en ce qui concerne les vêtements et, ceux qu’on trouve dans une friperie, respirent bien plus la vie, ont une saveur qui représente quelque-chose de mieux qu’une vague marchandise acheminée depuis l’autre bout du monde par une grande multinationale selon un même catalogue mondial ou européen.

Il ne faut bien sûr pas s’imaginer que les friperies seraient en dehors du capitalisme, puisque ces vêtements proviennent à l’origine en général des ces mêmes circuits qui existent depuis bien longtemps. Il n’y a qu’à voir d’ailleurs l’énorme engouement de la part des jeunes les plus branchés pour le sporstwear et le workwear des années 1990, qui ont envahit les friperies.

Celles-ci regorgent maintenant de vestes hyper colorées en nylon, de bas de jogging à pression et autres vestes en jean’s ou sweatshirts « oversize », comme cela se faisait à l’époque.

Mais là où quelques grandes chaînes distribuent des versions remises au goût du jour de grandes marques des années 1990 comme Fila, Ellesse, Diadorra ou Schott, une partie de la jeunesse veut de l’authentique, du vrai. Quitte à s’habiller comme à l’époque de ses parents, autant que cela soit pour de vrai, avec des véritables vêtements des années 1990 qu’on a chiné en friperie. Surtout que cela représente bien plus de choix, c’est à dire plus de possibilités de personnalisation, de s’affirmer en particulier.

On ne va pas faire un fétiche ici des friperies et prétendre que cela représenterait quelque chose de révolutionnaire ou d’alternatif au capitalisme. Cela est d’ailleurs à peine plus vrai sur le plan écologique car, si bien sûr le recyclage des vêtements comme de n’importe quelle marchandise est une bonne chose, il faut bien voir que les friperies sont la plupart du temps fournies par des grands réseaux internationaux spécialisés, tout à fait équivalent à ce qui peut se faire dans le prêt-à-porter traditionnel.

Cela représente cependant une affirmation culturelle positive, rompant avec la morosité du capitalisme et de ses grandes multinationales qui assèchent tout.

Un autre aspect est celui de la qualité, car les vêtements d’aujourd’hui ne le sont pas, et de moins en moins, à moins d’y mettre le prix. On trouve donc plus facilement dans les friperies des vêtements de grandes marques à des prix abordables. Surtout pour les pantalons et les robes ou jupes.

Cela est un vrai critère : quand on a des exigences sociales et culturelles élevées, on ne peut aucunement se satisfaire de vêtements de mauvaise qualité, mal taillés, peu solides.

Pour toutes ces raisons, mais aussi parce que les trouvailles sont souvent le fruit d’une longue et exaltante recherche, parce qu’on y trouve de belles choses pour trois fois rien, parce que le style ne se démode pas, chiner ses vêtements dans une friperie est souvent un vrai plaisir !

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La terrible crise des agressions sexuelles au sein des JC

C’est une affaire très grave qui, malheureusement, reflète tout un état d’esprit omniprésent de par le libéralisme culturel existant dans une large partie de la Gauche. La conséquence de la rupture avec les valeurs ouvrières et la tradition socialiste-communiste a été la valorisation d’une « ouverture d’esprit » au libéralisme culturel et de la promiscuité comme « libération sexuelle », provoquant des situation où les femmes se retrouvent les victimes de manipulateurs et de pervers.

Ces derniers jours, le scandale est ainsi relativement vaste chez les Jeunesses Communistes, qui ont connu une croissance significative ces dernières années, au moyen d’une démagogie populiste très prononcée, avec une large ouverture aux thèses post-modernes, post-industrielles, post-marxistes, etc.

Le résultat en a été bien entendu une structure interne largement poreuse aux valeurs de libéralisme des mœurs, avec les inévitables tendances ultra-patriarcales en profitant pour s’affirmer, notamment lors des événements d’envergure, de soirées ou de conférences. Les viols et les agressions sexuelles ont été nombreux.

Avec, en toile de fond, l’inévitable triptyque promiscuité – alcool et drogues – libéralisme culturel, exactement comme pour les Jeunes Socialistes et l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), frappés de la même ignominie ces dernières années.

Un des actes racontés dans le quotidien Le Monde en dit long sur l’ambiance typique des mœurs des militants de ces structures libérales culturellement, avec deux jeunes militants dormant totalement saouls, l’un dans la salle de bains et l’autre sur la moquette, alors qu’un autre militant plus âgé chercher à abuser sexuellement d’une jeune militante.

C’est là quelque chose de caricatural, et de typique de la Gauche refusant la hiérarchie et ses responsabilités bien déterminés, rejetant les principes idéologiques et culturels, considérant comme périmée la morale ouvrière. Et la caractéristique odieuse et pathétique de ces affaires est toujours que la structure s’est protégée en niant les faits, tandis que les victimes ont été, malgré leurs prétentions à posséder un haut niveau idéologique et une forte capacité de rébellion, totalement incapables de faire face à la situation.

La source du problème est bien entendu la base sociale du mouvement. Il va de soi qu’une Gauche liée à la classe ouvrière n’aurait jamais pu, à la base même, accepter de tels comportements et aurait de manière expéditive réglé le compte à ceux qui ont un comportement décadent. Mais qui rejette le principe de décadence n’est pas en mesure de faire face à cela.

Qui considère qu’il n’y a pas de morale ne peut pas rejeter les actes immoraux ; qui considère qu’il n’y a que des individus est obligé de se faire déborder par les expressions d’un capitalisme décadent.

C’est donc ici, pour les Jeunesses Communistes mais également le PCF, ni plus ni moins qu’une faillite sur toute la ligne, un terrible échec dans l’affirmation du féminisme, mais un échec inévitable : quand on rompt avec la classe ouvrière, on ne peut pas faire face aux violeurs, qui profitent du relativisme, du libéralisme, de l’individualisme.

Croire qu’on peut s’en sortir au moyen d’une brochure pour les adhérents, comme l’a fait le PCF, est d’une absurdité complète. L’Humanité donne la parole à deux femmes s’exprimant publiquement (notamment sur twitter ici et ), mais l’article en ligne est payant ! Et Le Monde affirme même ouvertement que des zones entières sont particulièrement touchées par la présence de violeurs, comme la Gironde, le Bas-Rhin, le Nord, Paris, la Haute-Vienne, l’Indre-et-Loire et le Val-de-Marne !

Cette affaire des agression sexuelles indique pleinement que les Jeunesses Communistes sont tombées aussi bas, sur le plan des mœurs et de la culture, que l’ultra-gauche qui dans son ensemble est largement influencée par les mœurs libertaires prônés par la Ligue Communiste Révolutionnaire dans les années 1970.

Refuser la promiscuité serait « réactionnaire » ; la consommation d’alcool et de drogues dans les soirées relèveraient de la « modernité » . Il n’y aurait plus de membres d’un Parti avec des règles, mais des adhérents qui seraient des « modernes ». La classe ouvrière serait  « réactionnaire » sur le plan des valeurs.

Face à tout cela, il est plus que temps de réactiver les valeurs de la Gauche historique. Le féminisme est une composante historique du mouvement ouvrier et ne peut exister que par lui, parce que seul le Socialisme sait affirmer une morale nouvelle. Ce qui est, pour la gauche post-moderne, un insupportable puritanisme.

Les femmes doivent ici bien cerner les enjeux de la question ; si elles échouent à comprendre le cul-de-sac que représente le courant post-moderne, post-industriel, né dans les universités américaines, elles ne parviendront jamais à écraser les valeurs patriarcales s’insérant dans les interstices de l’individualisme.