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Tribune: « Anasse Kazib doit pouvoir se présenter à la présidentielle 2022 ! »

Un appel à soutenir le candidat d’une tendance du NPA.

On notera la présence dans la liste de soutien de Jean-Marc Rouillan, ancien membre de l’organisation armée Action Directe, qui s’était déjà totalement reconverti en rejoignant le Nouveau Parti Anticapitaliste.

« Depuis un an, le climat politique en France est marqué par l’offensive sécuritaire, raciste et liberticide initiée par le gouvernement. De la loi sécurité globale à la loi séparatisme en passant par l’instrumentalisation de l’ignoble assassinat de Samuel Paty, les attaques contre les droits démocratiques et les militants qui les défendent s’enchaînent. Ce choix politique a ouvert la voie à des phénomènes aussi réactionnaires que la tribune des militaires ou les appels au meurtre de militantes et militants de gauche lancés par des youtubeurs d’extrême-droite.

D’ores et déjà, la majeure partie des forces politiques travaille activement à faire de la sécurité, de l’immigration ou des déficits engendrés par les milliards de cadeaux au patronat le cœur des débats. Autant de thématiques en décalage total avec les préoccupations de la population, après plus d’une année d’une pandémie qui a mis en lumière les conséquences des politiques austéritaires, notamment à l’hôpital.

A l’issue d’un quinquennat marqué par des mobilisations historiques, du mouvement des Gilets jaunes à la grande grève contre la réforme des retraites en passant par le mouvement étudiant contre la sélection en 2018, le déferlement écolo de la jeunesse en 2019 ou encore les mobilisations antiracistes de juin 2020, celles et ceux qui ont pris la rue et constitué la principale opposition au gouvernement et à l’extrême-droite risquent fort d’être évincés du tableau de l’élection.

Ce décalage entre un scrutin qui vise à élire un monarque présidentiel, incarnation suprême des traits les plus bonapartistes de la Vème République, et la situation de la majorité de la population, n’est en rien une surprise. Il n’est qu’une nouvelle expression d’un régime conçu pour empêcher ou limiter au maximum la représentation des travailleuses, des travailleurs et des classes populaires, dans toute leur diversité. Les fameux « 500 parrainages », filtre puissamment anti-démocratique visant à limiter la possibilité de faire entendre une autre voix dans l’échéance électorale centrale du pays, sont une des incarnations de cette logique.

Malgré ces obstacles, Anasse Kazib a annoncé son intention de se présenter à la prochaine élection de 2022. Non pas qu’il pense que ce sont des élections qui changeront la vie, mais parce qu’une voix radicalement alternative doit pouvoir s’y exprimer. Cheminot, figure de proue des luttes qui se sont succédé depuis 2016, fils de chibani et petit-fils de tirailleur marocain ayant grandi dans la cité rose de Sarcelles, il est l’un des visages d’une nouvelle génération militante qui rassemble le combat contre un système capitaliste profondément injuste et la lutte contre le racisme, le sexisme et la destruction de la planète. Il a également été l’un des premiers, au sein du mouvement ouvrier organisé, à soutenir le mouvement des Gilets jaunes.

En pleine offensive sécuritaire et alors que le rôle central des travailleurs et travailleuses a été mis en lumière par la crise sanitaire, sa présence à l’élection permettrait de contrecarrer l’entreprise d’étouffement de la parole populaire. Sa voix permettrait d’offrir un peu d’espoir à toutes celles et à tous ceux qui, dans les hôpitaux, les entreprises, les gares, les quartiers populaires, les écoles, les territoires, refusent les discours mortifères des politiciens professionnels. Elle constituerait, dans la foulée du mouvement Black Lives Matter qui a embrasé le monde il y a un an, un petit événement, comme première candidature d’un militant du monde du travail, issu de l’immigration maghrébine et africaine, à la présidentielle en France.

Au-delà des propositions politiques précises qui seront portées par Anasse, nous nous prononçons pour qu’il puisse être candidat à l’élection présidentielle et invitons toutes celles et tous ceux qui le peuvent à contribuer à rendre cela possible. En aidant à faire connaître sa campagne, en la soutenant financièrement et, surtout, en l’aidant à obtenir les 500 parrainages nécessaires.

Premiers signataires :

Frédéric Albert, délégué CGT Total sur la plateforme pétrochimique de Carling

Fernande Bagou, ex-gréviste d’Onet-SNCF

Allan Barte, dessinateur

Savine Bernard, avocate en droit du travail

Ahmed Berrahal, délégué CGT RATP

Taha Bouhafs, journaliste

Sidi Boussetta, militant CGT

Youcef Brakni, militant antiraciste

Adrien Cornet, délégué CGT Total Grandpuits

Florent Coste, délégué CGT Latécoère

Karim Dabaj, cheminot syndicaliste

Quentin Dauphiné, syndicaliste enseignant

Thierry Defresne, délégué syndical central CGT Total

Vikash Dhorasoo, ancien footballeur international

Serge D’Ignazio, photographe

Gaëtan Gracia, délégué CGT Ateliers de Haute-Garonne

Sylvain Grandserre, auteur, maître d’école

Kamel Guémari, ancien syndicaliste chez McDonald’s, membre fondateur de l’Après-M

Oumou Gueye, ex-gréviste d’Onet-SNCF

Simon Hallet, délégué CGT Thiolat Packaging

Kaoutar Harchi, écrivaine, sociologue

Xavier Hatterer, militant CGT à Leroy Merlin Mulhouse

Almamy Kanouté, activiste politique

Mara Kanté, militant antiraciste

Rozenn Kevel, étudiante, ex-salariée de Chronodrive et militante CGT Chronodrive

Reynald Kubecki, militant syndical CGT au Havre

Aude Lancelin, journaliste

Olivier Long, peintre, maître de conférence à l’Université Paris 1

Matthieu Longatte, auteur et comédien

LouizArt, photographe

Léa Michaelis, photographe

Mélanie N’Goye Gaham, gilet jaune membre du collectif Les Mutilés pour l’Exemple

Jean-Joseph Omrcen, machiniste à l’opéra de Paris et militant syndical

Christian Porta, délégué CGT Neuhauser et gilet jaune

Lissell Quiroz, historienne, professeure à l’Université de Cergy

Jean-Marc Rouillan, militant, ancien membre d’Action Directe, écrivain

Alaixys Romao, footballeur international

Mouloud Sahraoui, délégué CGT Geodis

Christophe Schirch, délégué CGT dans la sous-traitance automobile

Soumeya, rappeuse

Fred Sochard, dessinateur

Assa Traoré, comité La vérité pour Adama

Audrey Vernon, comédienne

Sasha Yaropolskaya, militante, journaliste, fondatrice de XY Média

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Ni Washington ni Pékin, mais les travailleurs, les animaux et la Gauche historique

Il ne faut pas tomber dans des idéologies convergeant avec la bataille pour l’hégémonie mondiale.

La France est une puissance majeure, mais elle n’a pas le poids ni des États-Unis, ni de la Chine, loin de là. Elle va se placer selon ses possibilités, en étroit rapport avec l’Allemagne et possiblement avec la Russie. Mais il ne s’agit pas de faire une réflexion géopolitique, ce qu’il faut prendre en compte, c’est comment l’affrontement sino-américain va emporter avec lui une large partie de la Gauche française. Et en fait, le processus est déjà en cours.

Il est évident que toute une partie de la Gauche française s’aligne sur le capitalisme américain, diffusant son idéologie de réformes sociétales, de société inclusive, de relativisme culturel complet, d’idéologie LGBT. Ce n’est pas encore totalement formalisé, mais cela ne saurait tarder. En Allemagne, c’est déjà mis en place : l’équivalent d’Europe Ecologie Les Verts est totalement sur cette ligne, prônant ouvertement l’affrontement avec la Russie. On peut tout à fait penser qu’EELV suivra le même mouvement jusqu’au bout.

Les choses sont encore plus claires en ce qui concerne la partie de la Gauche française alignée sur la Chine, pour qui la Russie sert d’intermédiaire. Toute la gauche du PCF et une partie de La France Insoumise est favorable à la Russie, voire même à la Chine. Elle converge ici de manière assez décomplexée avec l’extrême-Droite et il y a toute une mouvance confusionniste qui navigue entre les deux, avec un mélange de nationalisme français, de fascination patriarcale pour la Russie, de revendications sociales plus ou moins incohérentes.

Dans les deux cas, on a la même prétention à remettre en cause le capitalisme, alors qu’en fait il ne s’agit que d’un accompagnement dans une direction ou une autre. Les pro-Russie et pro-Chine s’imaginent être des rebelles alors qu’ils ne font que contribuer à faire reculer les États-Unis pour permettre à d’autres hégémonistes de se mettre en place… Alors que les pro-Etats-Unis ne font que chercher à renforcer la puissance hégémonique au moyen du turbocapitalisme.

Alors, on peut bien entendu demander, pourquoi des gens de la Gauche française s’alignent-ils sur les uns ou sur les autres ? La réponse est pourtant très simple. L’idéologie LGBT est soutenue par l’État américain, par les grandes entreprises américaines, par l’Union européenne… S’aligner sur cette idéologie permet d’apparaître comme « révolté » sans prendre aucun risque, en profitant de moyens matériels faciles à trouver. On peut même prétendre qu’on « force » les entreprises à aller en ce sens, une totale fiction.

Pour la Chine, c’est encore plus simple. La gauche du PCF est orpheline de l’URSS des années 1970 et 1980, une grande puissance visant à l’hégémonie au nom d’un nouvel ordre mondial. Avec la Chine, elle a un remplaçant tout trouvé. Pour la Russie, c’est tout aussi simple, puisque on fait face à un style nationaliste et viriliste tout à fait adéquat pour un activisme d’extrême-Droite qui se revendique populaire, sur un mode national-révolutionnaire.

Bref, c’est une tendance à la fois très mauvaise et inéluctable qui se pose ici, parce que tant les États-Unis que la Chine et la Russie sont prêts à déverser des sacs d’argent pour générer des tendances en leur faveur. Cela ne veut pas dire non plus que le capitalisme français n’a pas ses propres intérêts, bien à lui, et cela ajoute au problème.

Il y a toutefois un moyen simple de couper à tout cela. C’est de se fonder sur les travailleurs, dont les intérêts ne sont jamais ceux d’une puissance hégémonique ou désireuse de l’être. Et pour que culturellement ce soit impeccable, il faut assumer la cause animale, parce que là on rompt forcément avec tous ceux qui vivent à travers une volonté de puissance. Et pour la perspective, ce sont bien entendu les valeurs de la Gauche historique qui comptent, parce qu’elles sont justes et vraies.

C’est là la seule orientation et on voit mal comment quiconque à Gauche sort d’une telle approche a une chance de réussite. Il peut bien sûr y avoir une envie d’assumer des postes gouvernementaux pour mener des réformes, mais cela reste totalement décalé par rapport à une époque marquée par la crise et se caractérisant toujours plus par la guerre, avec en toile de fond l’affrontement sino-américain…

Tout cela sera particulièrement visible à la rentrée 2021, on peut en être certain.

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La gauche du PCF totalement dans l’orbite chinoise, quitte à usurper Mao

Une incohérence révélant beaucoup de choses.

C’est à la fois anecdotique et très important, parce que deux choses sont concernées. La première concerne l’histoire des idées. Le maoïsme, c’est Mao Zedong et c’est une opposition complète à l’URSS des années 1960-1970. Pourquoi donc la gauche du PCF, fascinée par l’URSS de la même période, valorise-t-elle subitement Mao Zedong ? C’est totalement incohérent avec toute son histoire et ses valeurs (voir La vision du monde du PCF pour son centenaire: les sympathisants).

La seconde, c’est le rapport à la Chine, qui comme on le sait vise à devenir la puissance hégémonique en remplacement des États-Unis. Or, toute la gauche du PCF est devenue pro-chinoise ces dernières années, de manière ouverte. Mao Zedong est en fait intégré comme référence fictive pour gagner en prestige « révolutionnaire » et justifier de valoriser une Chine populaire autrefois honnie.

Comprenons ce qu’il en est, en commençant avec une interview de Georges Gastaud, co-secrétaire national du PRCF par Initiative Communiste, le média internet du PRCF.

Le PRCF, c’est la gauche du PCF et de la CGT, avec une valorisation complète de l’URSS jusqu’à 1991. Et comme on le sait, les maoïstes apparaissent en France dans les années 1960, considérant que le PCF a trahi, que la CGT s’est intégrée au capitalisme, que l’URSS est social-impérialiste et même la première menace de guerre pour le monde. Inversement, le PCF et l’URSS considéraient la Chine maoïste comme une dictature militaire, un pays monstrueux, etc. Rien de plus opposé, donc.

Pourtant, dans l’interview, en date du 2 juillet, Georges Gastaud dit la chose suivante :

« Le sombre tableau que je viens de brosser serait cependant erroné et désespérant si l’on omettait de voir que, comme le disait Mao, « là où il y a oppression, il y aura résistance » : bref, si l’on oubliait ce que Hegel appelait le « patient travail du négatif » et l’existence incontournable de la contradiction dialectique. » 

On croirait lire le PCF(MLM), certainement pas le PRCF. Le PRCF n’utilise jamais le matérialisme dialectique comme référence idéologique pour ses points de vue, encore moins avec Mao Zedong. Car le matérialisme dialectique est une idéologie « totale », de type « stalinienne », ce que rejette formellement le PRCF, qui se revendique d’un matérialisme à la « méthode » dialectique sur le mode « soviétique » version années 1970-1980.

Pourquoi la référence à Mao alors ? Déjà, parce que le PRCF cherche à racoler, en se donnant une image qui ne soit pas anti-maoïste, malgré que sur le plan des idées ou de la culture cela n’ait strictement rien à voir (et ce depuis plus de cinquante ans, tout de même). Il profite par ailleurs dans cette tentative d’une tentative d’un petit groupe n’existant plus, le « parti communiste maoïste », de mener un coup de force sur un forum internet du PRCF (sur Discord) après avoir feint un rapprochement. Le PRCF s’est dit qu’il y avait un coup à jouer, un style dont on pouvait profiter, etc.

C’est là une mauvaise tambouille politicienne de la part du PRCF. Mais c’est là qu’on tombe sur un aspect bien inquiétant. La Chine actuelle, que les maoïstes rejettent totalement au nom de la « Grande Révolution Culturelle Prolétarienne » démantelée en 1976 à la mort de Mao, est devenue une référence incontournable au sein de la gauche du PCF, et jusque dans le PCF. Même la revue du PCF Cause commune a fait un éloge de la Chine (n° 22 • mars/avril 2021, à lire ici avec les autres articles en suggestion sur le côté) : il y aurait tout à apprendre de l’expérience chinoise.

Mao a alors vite fait d’être intégré dans cette valorisation chinoise, même si dans la pratique il était totalement contre une telle évolution. C’est une sorte de vaste opération de récupération, de formation d’une nouvelle idéologie… en se mettant de manière assumée dans l’orbite des ambitions chinoises. C’est une sorte de « gauche » française qui veut progresser en affirmant que les progrès des ambitions chinoises seraient des avancées contre le capitalisme.

Autrement dit, Mao et la Chine n’existaient pas auparavant pour la gauche du PCF, il faut donc renverser absolument toutes les positions et subitement les intégrer dans un dispositif idéologique bricolé dont la seule fonction est de se placer comme satellite de la Chine visant l’hégémonie mondiale.

Même le Rassemblement communiste, qui vient comme le PRCF de la gauche du PCF des années 1990, qui est historiquement on ne peut plus anti-maoïste, se lance dans une telle opération. Le document qu’elle a produit est vraiment exemplaire d’une aberration intellectuelle. Mao Zedong y est assimilé à Liu Shaoqi et Deng Xiaoping, alors que n’importe qui s’intéressant à la question sait que la révolution culturelle chinoise reflète justement leur affrontement complet à tous les niveaux.

L’éloge du régime chinois est complet, totale, absolu. C’est l’idéologie de l’État chinois qu’on retrouve ici, littéralement :

« Parti Communiste Chinois: 100 ans de combat pour le développement et le socialisme !
à l’occasion du centenaire du PCC

Le premier juillet 1921 le PCC convoquait son premier Congrès fondateur à l’initiative des premiers communistes chinois inspirés par l’exemple de la Révolution d’Octobre 1917 qui a engendré l’URSS. Les Communistes chinois étaient 13 à la fondation, puis 58.000 au moment du massacre de la Commune de Shanghai en 1927 par la bourgeoisie antipatriotique du Kuomintang et 92 millions aujourd’hui pour poursuivre l’œuvre d’édification du « socialisme à la chinoise » conçu comme une étape vers le Communisme.

C’est vers le milieu du 19éme siècle que la Chine féodale a perdu sa souveraineté nationale pour être mise sous domination impérialiste suite aux deux guerres de l’opium.

En 1911, la Révolution bourgeoise renversa la monarchie féodale mais échoua à débarrasser la Chine des seigneurs de guerres féodaux et des occupations territoriales des impérialistes anglais, français, allemands, japonais et états-uniens.

L’alliance du PCC et du Kuomintang avait pour objectif de sortir le pays du semi-féodalisme et du semi-colonialisme. A la mort du leader de la Révolution et de la République bourgeoise, Sun Yat Sen, son Parti le Kuomintang mit fin à l’alliance avec le PCC pour stopper son influence grandissante.

Le PCC théorisa « l’encerclement des villes par les campagnes » et lança la longue marche sur 9.000 km en établissant des Soviets paysans et soldats dans les différentes provinces chinoises libérées pour y appliquer la liquidation des régimes semi-féodal et semi-colonial par la mise en pratique du slogan « la terre à ceux et celles qui la travaillent. »

Une fois l’occupation militaire japonaise vaincue suite à la seconde guerre mondiale antifasciste gagnée principalement par l’URSS, le PCC continua la lutte révolutionnaire contre le Kuomintang jusqu’à la Révolution d’Octobre 1949 qui élargissait ainsi le camp socialiste à l’Asie.

La Démocratie Nouvelle chinoise était ainsi partie prenante des Démocraties Populaires qui constituaient avec l’URSS le camp socialiste qui sera rejoint ensuite par la Corée du Nord, le Vietnam et Cuba.

L’aide internationaliste de l’URSS à la Chine prit fin après le Grand Bond en Avant dans un contexte de divergences idéologiques sur les questions de l’appréciation de Staline par le rejet de la « déstalinisation » considérée comme une trahison, de la « coexistence pacifique » considérée comme un abandon de la lutte des classes et de l’anti-impérialisme, de la « dictature du prolétariat » considérée comme un opportunisme anti-marxiste-léniniste, etc.

Bien que signataires comme le PCUS de l’URSS des deux déclarations de Moscou de 1957 et de 1960, le PCC par le biais de la lettre en 25 points rédigée par Mao Ze Dong développa une ligne générale du MCI critique du « révisionnisme khrouchtchévien » avec le soutien solidaire du Parti du Travail d’Albanie (PTA).

C’est aussi dans ce contexte que sous la houlette de Mao lui même fut lancée la « Grande Révolution Culturelle (GRCP) » dont l’objectif affiché était de faire régler par la « base » ouvrière, paysanne et intellectuelle les « contradictions antagoniques » manifestées par la bureaucratisation et l’embourgeoisement minant le parti et l’Etat. La « base » était appelée à « bombarder le quartier général » pour assainir le parti et l’Etat.

Toutefois, mis à part les cas Lui Shao Shi, Lin Biao et de la « bande des quatre », les « contradictions » internes au PCC furent le plus souvent traitées comme des « contradictions non antagoniques au sein du peuple. »

La théorie des « contradictions antagoniques et non antagoniques » est une permanence dans l’histoire du PCC et de la Révolution Nationale Démocratique Populaire. C’est ainsi que l’alliance avec le Kuomintang fut d’abord définie comme « contradiction non antagonique au sein du peuple » qui doit se régler par la méthode de « l’unité, critique, unité ». Après le massacre de la Commune de Shanghai la contradiction avec le Kuomintang devint « antagonique », puis après l’attaque et l’occupation nippone de 1937, cette contradiction principale contraint à une nouvelle alliance temporaire que le PCC géra avec vigilance avant de lancer l’assaut final qui vit la fuite de la bourgeoisie pro-impérialiste du Kuomintang sur l’Île de Taïwan.

Par contre le PCC a toujours considéré les fractions patriotiques de la bourgeoisie comme parties prenantes de la Démocratie Nouvelle. C’est ainsi que les classes sociales porteuses de cette forme d’Etat révolutionnaire transitoire sont la classe ouvrière, la paysannerie, les Intellectuels et la bourgeoisie nationale par opposition à la bourgeoisie compradore.

Le PCC est à l’avant-garde de ces classes sociales dans le processus de l’émancipation anti-féodale, de la libération nationale et même de l’édification du socialisme vers le communisme. Tous les dirigeants historiques du PCC, de l’Etat de Démocratie Nouvelle et de l’édification du socialisme chinois sont d’accord sur ces quatre classes sociales révolutionnaires, sur la coexistence de longue durée des secteurs économiques socialistes, capitalistes, des moyennes et des petites entreprises privées et familiales, etc. Ce consensus va de Mao Ze Dong, Zhou En Laï, Deng Xiao Ping et Xi Jinping pour ne citer que les plus illustres dirigeants du PCC et de l’Etat.

Liu Shao Shi a clairement synthétisé la base théorique consensuelle de ces choix stratégiques de tous les dirigeants du PCC : « En raison des particularités du développement social et historique de la Chine et de son retard scientifique, c’est une tâche unique et difficile d’appliquer systématiquement le marxisme à la Chine et de le transformer de sa forme européenne en une forme chinoise… Nombre de ces problèmes n’ont jamais été résolus ou soulevés par les marxistes du monde, car ici, en Chine, la principale section des masses n’est pas constituée d’ouvriers mais de paysans, et la lutte est dirigée contre l’oppression impérialiste étrangère et les survivances médiévales, et non contre le capitalisme intérieur » (Liu Shaoqi).

Pour tous les dirigeants successifs du PCC, l’application du Marxisme-Léninisme à la Chine doit se faire d’abord pour vaincre les survivances du féodalisme et le retard économique, scientifique et technique consécutif au joug impérialiste pour jeter ainsi les fondements du socialisme vers le communisme.

On peut vérifier cela dans ces propos de Deng Xiaoping : « Le marxisme attache la plus grande importance au développement des forces productives… [Aller vers le communisme] exige des forces productives hautement développées et une abondance écrasante de richesses matérielles. Par conséquent, la tâche fondamentale de l’étape socialiste est de développer les forces productives. La supériorité du système socialiste est démontrée, en dernière analyse, par un développement plus rapide et plus important de ces forces que dans le système capitaliste. À mesure qu’elles se développent, la vie matérielle et culturelle du peuple s’améliore constamment… Le socialisme signifie l’élimination de la pauvreté. Le paupérisme n’est pas le socialisme, et encore moins le communisme. »

Même logique chez Mao lui même qui, dès 1949, fait ce lien dialectique entre développement des forces productives et élévation du niveau de vie sociale des travailleurs et du peuple : « Si nous sommes ignorants en matière de production, si nous ne pouvons pas saisir rapidement le travail de production … afin d’améliorer les moyens de subsistance des travailleurs d’abord, puis ceux des autres personnes ordinaires, nous ne serons certainement pas en mesure de maintenir notre pouvoir politique : nous perdrons notre position et nous échouerons. » Le pragmatisme de cette démarche est synthétisé par Deng Xiaoping ainsi : « Peu importe la couleur du chat, l’essentielle est qu’il attrape les souris. »

On retrouve enfin le même raisonnement chez Xi Jinping, l’actuel Secrétaire Général du PCC, lorsqu’il invite l’ensemble du PCC à faire preuve de créativité et d’innovation dans l’application du Marxisme – Léninisme aux réalités évolutives nationales chinoises : « Le marxisme se développe toujours en même temps que les réalités sociales et la technologie de l’époque. Le marxisme ne peut pas stagner. Après le début de l’ouverture, le socialisme n’a fait que continuer à progresser. Soutenir le développement du socialisme aux caractéristiques chinoises, c’est un peu comme un grand livre. Pour établir les principes et les idées fondamentales, le camarade Deng Xiaoping y a gravé sa part. La troisième génération du Comité central du Parti, avec le camarade Jiang Zemin comme noyau et le camarade Hu Jintao comme secrétaire général, a ajouté ses propres chapitres brillants à ce livre. La responsabilité de cette génération de membres du Parti communiste est d’écrire le prochain chapitre de ce grand ouvrage.

Pendant une période assez longue encore, le socialisme à son stade primaire existera aux côtés d’un système capitaliste plus productif et plus développé. Au cours de cette longue période de coopération et de conflit, le socialisme doit tirer les leçons des bienfaits que le capitalisme a apportés à la civilisation. Nous devons faire face à la réalité que les gens utiliseront les forces des pays occidentaux développés pour dénoncer le développement socialiste de notre pays. Nous devons faire preuve ici d’une grande détermination stratégique, en rejetant résolument tous les faux arguments selon lesquels nous devrions abandonner le socialisme. Nous devons corriger consciemment les différentes idées qui ne correspondent pas à notre stade actuel. Plus important encore, nous devons concentrer nos efforts sur l’amélioration de nos propres affaires, sur l’élargissement continu de notre puissance nationale globale, sur l’amélioration de la vie de notre peuple, sur la construction d’un socialisme supérieur au capitalisme, et sur l’établissement des bases d’un avenir où nous gagnerons l’initiative et aurons la position dominante.

Cette analyse nous permet de mieux apprécier le fait que la voie idéologique que nous choisissons de suivre est le problème central qui déterminera la victoire ou la défaite du travail de notre Parti, le destin même du Parti. Comme le camarade Mao Zedong l’a dit un jour : «Un parti révolutionnaire est le guide des masses. Dans les révolutions, il n’y a jamais eu de parti révolutionnaire qui ait conduit son peuple sur la mauvaise route et dont la révolution n’ait pas échoué. »

Les faits montrent que la longue marche planifiée du socialisme de marché dirigé par le PCC a engendré une puissante Chine Populaire économique, scientifique, technique, écologique, culturelle et sociale. La longue NEP chinoise qui rappelle celle courte de l’URSS apparaît de plus en plus comme l’antithèse des diktats libéraux du capitalisme impérialiste broyeurs des conquis sociaux, démocratiques et fascisants.

Les impérialistes qui ne cessent de propager qu’il n’y a pas d’alternative au capitalisme impérialiste se confrontent de plus en plus à l’alternative du « socialisme chinois » alors que leur système prédateur prend l’eau de toutes parts.

Alors que les pays rescapés camp socialiste que sont la Chine, Cuba véritable puissance médicale, la Corée du Nord puissance nucléaire défensive, Vietnam puissance économique et sociale en devenir, font la démonstration de l’efficacité économique, scientifique, écologique et sociale du choix socialiste. La pandémie du covid accélère la prise de conscience planétaire de la barbarie sociale inhumaine, anti-démocratique et anti-environnementale du capitalisme impérialiste.

Les révolutions populaires et socialistes du XXéme siècle nées de la matrice qu’est la Révolution socialiste d’Octobre 1917 sont en train de faire la démonstration que la solution alternative au capitalisme impérialiste est le socialisme scientifique appliqué comme guide de l’action des communistes organisés en Parti aux conditions et particularités nationales nationales.

Les Communistes doivent partout œuvrer à réévaluer leur appréciations du PCC et de la Chine populaire, de l’ensemble des pays rescapés du camp socialiste (Cuba, Corée, Vietnam, Laos) à la lumière des faits, des rapports des forces évolutifs, de la lutte des classes et des peuples contre le capitalisme impérialiste au plan national et international. »

Le bricolage est évident. Au lieu de réfléchir sur la société française et le capitalisme, la gauche du PCF a trouvé le moyen de remplacer l’URSS des années 1980 par la Chine des années 2020. C’est un décalque pur et simple. Et vu le caractère de la Chine actuelle, peut-on encore considérer la gauche du PCF comme relevant de la Gauche ? Ou faut-il simplement en voir les représentants français des ambitions chinoises, les satellites de l’État chinois dans sa lutte pour remplacer les États-Unis comme puissance hégémonique ?

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Le PCF a perdu le Val-de-Marne

Il préfère toutefois ne pas en parler.

Les élections départementales qui se sont tenues les même jours que les élections régionales ont été marquées par la perte du Val-de-Marne par le PCF. C’était le dernier département qu’il contrôlait et, depuis les résultats, le PCF du Val-de-Marne n’a toujours pas pris position, ce qui signifie qu’il ne fera pas.

Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, n’a rien dit non plus. C’était pourtant un bastion historique. Passé au PCF en 1966, il est perdu en 1970 puis repris en 1976, jusqu’en 2021 donc. Maurice Thorez a été député d’Ivry-sur-Seine, Georges Marchais vient de Champigny-sur-Marne et a également été député dans le Val-de-Marne… Des villes comme Ivry-sur-Seine, Villejuif, Vitry-sur-Seine, Champigny-sur-Marne, Fontenay-sous-Bois… ont été des exemples mêmes du « communisme municipal » propre au PCF.

Pourquoi, alors, ce silence ? On peut en trouver raison dans la présentation que fait justement le PCF Val-de-Marne de ce qu’est le PCF. Ce qui y est dit est simple : le PCF n’a plus rien à voir avec auparavant, il vise désormais à faire progresser les droits individuels, il est un réseau d’élus pour faire pression sur les institutions en faveur des gens le désirant.

« Le Parti communiste français se donne pour objectif de promouvoir la pleine autonomie et le plein épanouissement de chaque femme et homme, en faisant reculer toutes les formes sociales d’exploitation, de domination et d’aliénation.

Né en 1920 lors du congrès de Tours, il s’est beaucoup transformé pour faire vivre aujourd’hui un communisme de nouvelle génération ancré dans le 21è siècle.

Ses militant-e-s sont organisé-e-s au plus près des populations, au sein de cellules et sections locales pour lutter et élaborer les propositions avec le plus grand et nombre et au plus près des préoccupations populaires.

La fédération du Val-de-Marne compte 36 sections sur l’ensemble du département. À cette force militante importante, s’ajoute de nombreux élus locaux et élus nationaux, dont 1 sénatrice et 1 sénateur, qui quotidiennement travaillent en lien avec les Val-de-Marnaises et Val-de-Marnais pour faire valoir leurs droits et construire des solutions face aux problématiques que rencontre notre territoire. »

Même en admettant que cela soit juste, cela n’a rien à voir avec le PCF. Même en admettant que cela soit une évolution correcte du PCF, c’est quelque chose qui a été développé de manière totalement extérieure aux gens. Quelqu’un qui a été socialisé avec le PCF jusqu’à la fin des années 1990 ne peut tout simplement plus comprendre ce qu’est le PCF, le décalage est trop grand.

Voilà pourquoi le PCF du Val-de-Marne ne dit rien et ne peut rien dire. Il a rompu avec sa propre histoire. Voilà pourquoi également le PCF n’a rien dit : il est passé à autre chose. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est une mauvaise chose.

Il ne s’agit pas de dire que ce qu’a fait le PCF depuis 1966 était bien pour le Val-de-Marne. Il s’agit de voir qu’une organisation de Gauche a sciemment décidé de rompre avec la vie des gens, de leur tourner le dos. On peut justifier cela comme on veut sur le plan des idées. Mais le résultat inévitable est que les gens sont déboussolés.

Le PCF n’a tout simplement pas pris ses responsabilités. Et c’est d’ailleurs vrai pour toute une série d’organisations de grande ampleur qu’il dirigeait, de manière directe ou indirecte. Des centaines de milliers de gens ont vu un pôle de référence disparaître. Cela ne peut pas aider face à l’extrême-Droite. Et peut-être même que ce qui s’est passé dans le Val-de-Marne est un exemple, à petite échelle, de tout un processus historique. La socialisation de larges secteurs populaires par la Gauche a été stoppée en cours, abandonné, laissant les gens s’empêtrer dans une vie quotidienne façonnée par le capitalisme, sans plus aucune référence sur le plan des idées, de la conscience sociale.

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2022: la candidature floue et molle de Delphine Batho à la «primaire de l’écologie»

Delphine Batho a présenté sa candidature à la « primaire de l’écologie », organisée par EELV en vue de la présidentielle de 2022

C’est par une mise en scène journalistique sur BFMTV que Delphine Batho a annoncé et présenté sa candidature à la « primaire de l’écologie », organisée par EELV en vue de la présidentielle de 2022. Rien qu’avec ça, on se dira que c’est dommage, qu’il y avait mieux à faire, qu’une telle façon classiquement politicienne est loin d’être à la hauteur de l’enjeu. Il aurait pourtant fallu marquer le coup, probablement avec un document d’une grande densité, à l’image de ce qu’elle avait écrit à l’occasion du début de la crise sanitaire en avril 2020. Cela aurait eu une autre allure, sans parler du fait que démocratiquement et culturellement, c’était mieux que de réserver sa parole à un grand groupe médiatique.

Dommage, cela l’est d’autant plus que Delphine Batho est une femme politique de qualité, ayant cette capacité de s’adresser aux gens, de les écouter, de porter leur parole de manière à la fois simple et concrète, en exprimant de réelles préoccupations populaires. Le problème, c’est qu’à une époque comme la nôtre, cela ne suffit pas. Loin s’en faut.

Dans une telle situation de crise, écologique bien sûr, mais aussi morale, économique, sanitaire, sociale, culturelle, ce qu’il faut, ce sont des grandes idées, des grandes lignes. Il faut tracer une perspective qui soit immense, à l’image de l’immensité de la crise, des crises et de leurs enchevêtrements.

Delphine Batho, malheureusement, a fait le choix inverse. En 2018, elle a abandonné les grandes idées, en quittant la Gauche (elle qui était liée au PS depuis sa jeunesse), au profit de Génération écologie. Elle a choisi le pragmatisme, censée être synonyme de réalisme, en prônant un centrisme écolo « non partisan ».

Elle se retrouve maintenant coincée. D’un côté, elle n’est pas dupe de la situation et ne peut que constater l’immensité de la crise. De l’autre, sans grandes idées, elle doit bricoler avec des petites idées pour se démarquer et avoir quelque chose à proposer malgré tout.

Alors elle parle de « décroissance », mais sans aucun rapport avec ce que cela signifie vraiment. La décroissance est une idée réactionnaire très précise. Cela vient de l’extrême-droite et c’est une critique de la société industrielle sur un mode romantique. Si Delphine Batho était cohérente, elle ne pourrait pas dire que « ce n’est pas synonyme de récession » ou alors que cela permet de « créer des emplois ». C’est tout simplement antinomique avec la définition même de décroissance.

D’ailleurs, la candidate à la « primaire de l’écologie » n’est pas du tout « décroisssante » quand elle dit, de manière très juste, qu’il faut une industrie française du vélo. Mais cela n’est qu’anecdotique, à l’image de sa pseudo-définition de la décroissance qui est d’un populisme incroyable : ce serait dit-elle, les vides-greniers et Le bon coin…

Les petites idées, Delphine Batho va également les chercher du côté des catholiques, en reprenant le concept d’écologie intégrale (« 100 % écologie intégrale » est-il précisé sur ses visuels de campagne). Plus précisément, cela a été mis en avant par le pape « François 2 » avec son « encyclique » intitulée « Laudato si » en 2015.

Les véritables écologistes avaient à l’époque tout de suite compris de quoi il s’agissait en dénonçant un néo-pétainisme, une révolte contre le mode moderne faisant un hold-up sur l’écologie, tout comme les zadistes l’ont fait. Là encore, comme avec la décroissance, Delphine Batho ne va pas au bout des choses, puisqu’elle prétend en même temps relever de l’héritage des Lumières, de la laïcité.

Le pape ou les Lumières, il faut pourtant choisir. Car l’un fait clairement partie du problème, en rejetant la nature au profit d’un mysticisme pseudo-bienfaisant. Et l’autre fait clairement partie de la solution, en prônant le matérialisme philosophique, c’est à dire la reconnaissance de la nature, et donc l’écologie.

Ce n’est pas qu’une question philosophique et lointaine, idéologique et abstraite. C’est au contraire absolument concret et décisif. C’est de vision du monde qu’il s’agit, et c’est justement avec une vision du monde qu’on change les choses, si on veut réellement changer les choses. Delphine Batho le veut-elle ?

Si c’est vraiment le cas, alors elle a fait une erreur immense en rejetant la Gauche. Elle explique même maintenant qu’elle « s’en fout » du parcours des gens, que la Droite n’est miraculeusement plus un problème, que ce qui compte c’est d’agir, etc.

Pourtant, rouler en SUV et n’en avoir rien à faire des autres, c’est précisément cela une mentalité de droite, et c’est strictement opposé à l’écologie.

Au contraire, avoir l’esprit collectif chevillé au corps, c’est précisément une mentalité de gauche, et c’est uniquement de cette façon que l’humanité pourra envisager de mener la bataille pour la planète Terre.

Elle a raison de vouloir prendre le problème de l’écologie à bras-le-corps et d’agir immédiatement. Mais sans chambouler la société, sans assumer de révolution culturelle, rien ne sera possible.

Rien qu’un aspect, qui est tout à fait marquant : en vingt minutes d’émission où elle introduit son programme, jamais Delphine Batho n’a parlé des animaux, et encore moins de veganisme. Comment pourtant prétendre à sauver la planète, sans se préoccuper de ses habitants ? À moins que l’écologie ne soit qu’un prétexte à un néo-humanisme, à un anthropocentrisme s’imaginant moderne et pacificateur social.

Delphine Batho vaudra-t-elle mieux que cela ? L’accentuation de la crise et la polarisation de la société la forcera à choisir son camp.

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Marine Le Pen et le 18e congrès du Rassemblement national

La ligne est celle d’un vaste front de la Droite

Les 3-4 juillet 2021 s’est tenu à Perpignan le 18e congrès du Rassemblement national, le prolongement du Front national. Marine Le Pen, qui a été réélue présidente, a cependant bien précisé qu’il n’y aurait pas de retour en arrière. L’heure est à l’ouverture :

« Nous avons su, ces dix dernières années, nous écarter des analyses à l’emporte-pièce, des sentences irrévocables et des mesures simplistes.

Par le travail collectif, sans rien renier des lignes claires nos convictions, nous avons su nous affranchir d’une immaturité politique peu compatible avec des ambitions nationales et donner à notre mouvement les qualités nécessaires à un parti de gouvernement (…).

Nous ne reviendrons pas en arrière. Avec tout le respect que nous avons pour notre propre histoire, nous ne reviendrons pas au Front national. »

Pour ce faire, Marine Le Pen sera en retrait de son mouvement, à partir de septembre, afin de jouer la traditionnelle ligne gaulliste du « au-dessus des partis ». Jordan Bardella la remplacera, alors que sont intégrés au Bureau national deux non-membres du mouvement, le président du Parti localiste Hervé Juvin et la figure de la Droite Thierry Mariani.

Il y a toutefois un défi qui se pose à Marine Le Pen : comment attendre un mouvement nationaliste d’un peuple apathique ? Les régionales ont montré que les Français étaient ailleurs, on ne sait trop où et même eux ne le savent pas vraiment.

La vidéo du discours du dimanche 4 juillet 2021 de Marine Le Pen a été vue un peu plus de 9 000 fois, ce qui est tout à fait ridicule.

Il faut qui plus est prendre en compte ses concurrents : il y aura un candidat porté par la Droite, le chroniqueur populiste « occidentaliste » Eric Zemmour se présentera sans doute aussi, voire le général de Villiers. Cela ne joue pas en sa faveur.

Bien entendu, cela peut se retourner en son contraire : une situation caractérisée par une crise militariste mondiale amènerait des millions d’euros à se déverser sur une unité générale de la Droite, provenant d’une haute bourgeoisie qui veut un pays en première ligne pour la guerre.

Et une combinaison indirecte de tous ces mouvements réactionnaires, épaulée par une extrême-Droite activiste, peut également impulser une vague de Droite, générant un engouement assez naturel dans une France totalement beauf.

Faut-il être alors rassuré ou inquiet de ne pas savoir à quelle sauce on va être mangé ? Il va falloir observer cela avec acuité : l’antifascisme en dépend, l’opposition à la guerre en dépend.

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Tribune « Pour nous, c’est Anne Hidalgo »

200 maires et élus locaux appellent la maire de Paris à se présenter à la présidentielle 2022.

Cet appel suit le résultat des élections régionales, qui a amené le responsable du Parti Olivier Faure a considéré que le Parti socialiste devait être au centre de la recomposition pour une candidature écologiste et de Gauche à la présidentielle 2021. Il est signé par des élus justement afin de souligner le maillage territorial des élus du Parti socialiste et donc sa capacité – unique – à catalyser et canaliser un vote à Gauche pour la présidentielle.

De par l’orientation du Parti socialiste, les signataires ne précisent par contre évidemment pas leur propre nature politique et formulent un appel tout à fait généraliste, sur une ligne de centre-gauche, à rebours de toute valeur propre à la Gauche historique. Les élus signataires prétendent également appeler Anne Hidalgo à se présenter, au moyen du site Idées en commun, comme si c’était un appel de la base, alors qu’en réalité évidemment tout est parfaitement orchestré, c’est une mise en scène pour masquer qu’on est là dans une pure initiative d’appareil.

Il est vrai qu’il est malaisé de mettre en avant celle qui est la maire d’une ville bourgeoise, et d’une ville par ailleurs faisant partie des 3-4 villes majeures du monde, cœur du capitalisme mondial. On notera également l’appel à rejeter la « violence des extrémismes », une phrase totalement bourgeoise alors que la crise s’exprime toujours plus et va ré-impulser la lutte des classes.

« APPEL

La France qu’on aime, généreuse et ouverte, qui agit, aide, travaille et crée, a besoin d’être reconnue et valorisée, de s’exprimer et d’être dignement représentée, pour retrouver l’espoir.

Après des mois marqués par la pandémie, il est temps d’écrire un nouveau chapitre de notre histoire et de préparer l’avenir.

Un avenir où chacune et chacun a toute sa place. Un avenir où l’on se considère et où l’on se respecte. Un avenir où notre démocratie vit et s’exprime. Un avenir où notre jeunesse a de nouveau le droit de rêver de justice, d’égalité et d’émancipation. Un avenir qui protège notre planète, notre bien commun.

Nous sommes à un moment décisif.

Après quatre années d’une présidence qui a divisé les Français et s’est tenue si loin de leurs attentes, nous, élus de la République, partout en France, dans nos villes, petites ou grandes, dans nos départements et nos régions, urbains comme ruraux, de métropole et d’Outre-mer, nous agissons pour aider nos concitoyens à trouver un travail, à éduquer leurs enfants, à se loger, à se déplacer, à prendre soin d’eux et de leurs anciens, à veiller à leur sécurité, à garantir l’accès au service public.

C’est ainsi que nous travaillons au quotidien pour rendre concrète la transition écologique et réduire les inégalités qui minent plus que jamais notre pays.

Aujourd’hui, nous sommes convaincus que tout ce qui nous motive et nous anime pour agir au niveau local peut et doit s’incarner dans un projet global, ambitieux pour la France, les Françaises et les Français.

Un projet qui répond aux attentes légitimes de nos compatriotes comme aux grandes évolutions du monde. Un projet où chacun peut vivre dignement de son travail. Un projet où l’école offre un bel avenir à nos enfants. Un projet où chacun peut se soigner près de chez lui. Un projet où les familles des classes moyennes et populaires retrouvent l’espoir et l’ascension sociale. Un projet où la transition écologique sera le fer de lance de la réindustrialisation du pays et de sa souveraineté. Un projet qui tient la promesse de la devise de la République : Liberté, Égalité, Fraternité et qui, en fidélité avec l’esprit des Lumières, réaffirme la laïcité comme principe de concorde, de respect et d’unité.

Un projet européen, résolument humaniste, profondément solidaire, radicalement écologique. Un projet qui rassemble.

Ce projet, nous souhaitons en débattre avec les Françaises et les Français, dans la sérénité et le respect que nous leur devons, loin des invectives, loin des caricatures, loin des vociférations et de la violence des extrémismes.

Ce projet social, écologiste et républicain doit être incarné. C’est tout l’enjeu de l’élection présidentielle.

Et pour porter ce projet, la vision, l’expérience, la détermination et le courage sont essentiels.

Maire, élue et réélue, de la plus grande ville de France, que tous nos territoires ont peuplée, qu’elle a profondément transformée, Anne Hidalgo, grandie dans les quartiers populaires de Lyon, devenue inspectrice du travail pour défendre les droits des salariés, Européenne reconnue, porte une vision claire de notre société, riche de sa diversité, apaisée, mobilisée face au défi climatique. Sa capacité à gérer les crises terroristes comme sanitaires, a partout été reconnue, en France comme à l’international où ses pairs l’ont portée à la Présidence des grandes villes du monde, tout comme sa détermination à porter et mener ses combats jusqu’au bout, notamment en obtenant le retour en France, bénéfique pour tous nos territoires, 100 ans après, des Jeux Olympiques et Paralympiques.

Pour nous, Anne Hidalgo représentera dignement la France et possède toutes les qualités pour être la prochaine Présidente de la République Française.

Nous l’appelons avec enthousiasme, conviction et promesse de soutien déterminé, à être candidate à l’élection présidentielle.

Ci-dessous la liste des premiers signataires.

Magali ADAM, Adjointe au Maire d’Elbeuf-sur-Seine (76)

Dominique ADENOT, Conseiller municipal de Clermont-Ferrand (63)

Lounes ADJROUD, Adjoint au Maire de Châtillon, conseiller départemental des Hauts-de-Seine (92)

Zohra AMIMI, Conseillère municipale de Rouen (76)

Catherine ANAVOIZARD, Conseillère municipale de Villeurbanne (69)

Alain ANZIANI, Maire de Mérignac, Président de Bordeaux Métropole (33)

Nathalie APPÉRÉ, Maire de Rennes, Présidente de Rennes Métropole (35)

Benoît ARRIVE, Maire de Cherbourg-en-Cotentin (50)

Michel ARROUY, Maire de Frontignan (34)

Viviane ARTIGALAS, Sénatrice des Hautes-Pyrénées (65)

Isabelle ASSIH, Maire de Quimper (29)

David ASSOULINE, Sénateur de Paris (75)

Marie ATINAULT, Conseillère municipale de Rouen, Vice-Présidente de la Métropole Rouen Normandie (76)

Martine AUBRY, Maire de Lille (59)

Nadège AZZAZ, Maire de Châtillon, conseillère régionale d’Ile-de-France (92)

Brigitte BAGES, Conseillère municipale d’Aureilhan (65)

Laurent BARON, Maire du Pré Saint-Gervais (93)

Christophe BERTUCAT, Adjoint au Maire de Clermont-Ferrand (63)

Martial BEYAERT, Maire de Grande Synthe et conseiller régional des Hauts de France (59)

Christine BEYSSI, Adjointe au Maire de Villeurbanne (69)

Olivier BIANCHI, Maire de Clermont-Ferrand, Président de Clermont Auvergne métropole (63)

Joël BIGOT, Sénateur du Maine-et-Loire (49)

Michel BISSON, Maire de Lieusaint, Président de Grand Paris Sud (77)

Florence BLATRIX CONTAT, Sénatrice de l’Ain (1)

Celia BLAUEL, Adjointe à la Maire de Paris (75)

Patrick BLOCHE, Adjoint à la Maire de Paris, membre honoraire du Parlement (75)

Nicole BONNEFOY, Sénatrice de la Charente (16)

Malika BONNOT, Maire-adjointe du 9ème arrondissement de Lyon (69)

Denis BOUAD, Sénateur du Gard (30)

Flavie BOUKHENOUFA, Adjointe à la Maire de Rennes (35)

Annie BOULON-FAHMY, Conseillère municipale de Rouen (76)

Mickaël BOULOUX, Maire de Le Rheu (35)

Pascale BOUSQUET-PITT, Adjointe au Maire de Bordeaux, conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine (33)

Dominique Bizat, Maire de Saint-Céré (46)

Matthieu BRASSE, Conseiller régional de Normandie (76)

Jean-Pierre BREUGNOT, Maire de Gouy, Vice président Métropole Rouen Normandie (76)

Dominique BRIAT, Conseillère départementale du Puy-de-Dôme (63)

Isabelle BRIQUET, Sénatrice de la Haute-Vienne (87)

Colombe BROSSEL, Adjointe à la Maire de Paris (75)

Charlotte BRUN, Adjointe au Maire de Lille (59)

Philippe BUISSON, Maire de Libourne (33)

Thomas CAILLOT, Adjoint au Maire d’Elbeuf-sur-Seine (76)

Renaud CALVAT, Conseiller départemental de l’Hérault (34)

Marion CANALÈS, Adjointe au Maire de Clermont-Ferrand (63)

Rémi CARDON, Sénateur de la Somme (80)

Nathalie CARDONA, Conseillère municipale de Pont-du-Château (64)

Marie-Arlette CARLOTTI, Sénatrice des Bouches-du-Rhône (13)

Luc CARVOUNAS, Maire d’Alfortville, Vice Président de la Métropole du Grand Paris (94)

Arnaud CATHERINE, Maire adjoint de Cherbourg-en-Cotentin, Vice-président de l’agglomération Le Cotentin (50)

Fanny CHAPPÉ, Maire de Paimpol (22)

Regis CHARBONNIER, Maire de Boissy-Saint-Léger (94)

Marie CHAVANON, Maire de Fresnes (94)

Kader CHEKHEMANI, Adjoint au Maire de Rouen (76)

Frédéric CHÉREAU, Maire de Douai (59)

Christiane CONSTANT, Conseillère municipale de Brignais, conseillère régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes (69)

Helene CONWAY-MOURET, Sénatrice des Français de l’étranger, ancienne ministre (99)

Alexandra CORDEBARD, Maire du 10e arrondissement de Paris (75)

Jérôme COUMET, Maire du 13e arrondissement de Paris (75)

Benoît COURTIN, Maire de Ferrière-la-Grande, Vice-président de la Communauté d’agglomération Maubeuge Val de Sambre (59)

Yann CROMBECQUE, Adjoint au Maire de Villeurbanne, conseiller régional d’Auvergne-Rhône-Alpes (69)

Benoît CUVILLIER, Adjoint au Maire de Grande-Synthe (59)

Maxime DES GAYETS, Conseiller régional d’Ile-de-France (75)

François DAGNAUD, Maire du 19e arrondissement de Paris (75)

Isabelle DAHAN, Conseillère municipale de Bois-Colombes (92)

Christine DE CINTRÉ, Conseillère municipale de Rouen, conseillère métropolitaine de la métropole Rouen Normandie (76)

Hélène DE COMARMOND, Maire de Cachan (94)

Marie Pierre DE LA GONTRIE, Sénatrice de Paris (75)

Jean-François DEBAT, Maire de Bourg en Bresse (1)

Michaël DELAFOSSE, Maire de Montpellier, Président de Montpellier Méditerranée Métropole (34)

Ludovic DELESQUE, Conseiller régional de Normandie (76)

Benjamin DELRIEUX, Conseiller Régional de Nouvelle-Aquitaine (24)

Victor DENOUVION, Conseiller départemental de la Haute-Garonne (31)

Arnaud DESLANDES, Adjoint au Maire de Lille (59)

Gilbert-Luc DEVINAZ, Sénateur du Rhône (69)

Mamadou DIALLO, Conseiller municipal délégué de Rouen (76)

Dieynaba DIOP, Adjointe au Maire des Mureaux, conseillère régionale d’Ile de France (78)

Sylvie DONATI, Conseillère municipale de Villeurbanne (69)

Thibaut DROUET, Conseiller municipal de Rouen (76)

Marie DUCAMIN, Maire de Saint-Jacques-de-la-Lande (35)

Christian DUPESSEY, Maire d’Annemasse (74)

Laurent DUPORGE, Maire de Lievin (62)

Caroline DUTARTE, Conseillère départementale de Seine-Maritime (76)

Michele EDERY, Adjointe au Maire de Saint-Fons, conseillère métropolitaine de Lyon (69)

Lamia EL AARAJE, Députée de Paris (75)

Sondès EL HAFIDHI, Adjointe au Maire de Clermont-Ferrand (63)

Thierry FALCONNET, Maire de Chenôve, Vice-président de Dijon Métropole (21)

Rémi FÉRAUD, Sénateur de Paris (75)

Christelle FERON, Adjointe au Maire de Grand-Quevilly (76)

Martine FILLEUL, Sénatrice du Nord (59)

Clotilde FLAMANT, Conseillère municipale du 8ème arrondissement de Lyon (69)

Christophe FOUILLÈRE, Adjoint à la Maire de Rennes (35)

Michel FOURCADE, Maire de Pierrefitte-sur-Seine, conseiller départemental de Seine-Saint-Denis (93)

Stéphane FRIOUX, Adjoint au Maire de Villeurbanne (69)

Afaf GABELOTAUD, Adjointe à la Maire de Paris (75)

Loïc GACHON, Maire de Vitrolles (13)

Guillaume GAROT, Député de la Mayenne et conseiller régional des Pays de la Loire (44)

Laura GANDOLFI, Adjointe au Maire de Villeurbanne (69)

Emmanuelle GAZEL, Maire de Millau (12)

Hervé GILLÉ, Sénateur de la Gironde (33)

Jean Luc GLEYZE, Président du Conseil Départemental de la Gironde (33)

Sandrine GOMBERT, Maire de Petite-Forêt et conseillère régionale du Nord (59)

Charlotte GOUJON, Maire de Petit-Quevilly (76)

Emmanuel GREGOIRE, Premier adjoint à la Maire de Paris (75)

Marc GRICOURT, Maire de Blois, Premier Vice-président de la Région Centre-Val de Loire (41)

Jérôme GUEDJ, Conseiller régional d’Ile de France (91)

Sylvie GUILLAUME, Députée européenne

Antoine GUILLOU, Adjoint à la Maire de Paris (75)

Daniel GUIRAUD, Premier Vice-président du Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis (93)

Florent GUITTON, Conseiller municipal d’Aubière, conseiller métropolitain de Clermont Auvergne Métropole (63)

Patrick HADDAD, Maire de Sarcelles (95)

Melouka HADJ MIMOUNE, Adjointe au maire de Villeurbanne (69)

Béatrice HAKNI-ROBIN, Adjointe à la Maire de Rennes (35)

Estelle HAMEL, Conseillère municipale de Cherbourg-en-Cotentin (50)

Laurence HARRIBEY, Sénatrice de la Gironde (33)

Mathieu HAZOUARD, Adjoint au Maire de Bordeaux, conseiller régional de la Nouvelle-Aquitaine (33)

Dominique HEBERT, Adjoint au Maire de Cherbourg-en-Cotentin (50)

Lori HELLOCO, Premier Adjoint au Maire de Flers, conseiller départemental de l’Orne (61)

Florence HÉROUIN LÉAUTEY, Adjointe au Maire de Rouen, conseillère départementale de Seine-Maritime (76)

Olivier JACQUIN, Sénateur de Meurthe-et-Moselle (54)

Pierre JANNIN, Conseiller municipal de Rennes (35)

Victoire JASMIN, Sénatrice de la Guadeloupe (97)

Jules JOASSARD, Conseiller municipal de Sérézin-du-Rhône (69)

Bernard JOMIER, Sénateur de Paris (75)

Nicaise JOSEPH, Adjointe au Maire de Clermont-Ferrand (63)

Thierry JOUENNE, Maire de Sahurs (76)

Chantal JOURDAN, Députée de l’Orne (61)

Pierre JOUVET, Maire de Saint-Vallier, Président de la communauté de communes DrômArdèche (26)

Patrick KANNER, Sénateur du Nord, Président du groupe socialiste, écologiste et république du Sénat (59)

Bertrand KERN, Maire de Pantin (93)

Eric KERROUCHE, Sénateur des Landes (40)

Claudine KHATCHADOURIAN, Conseillère municipale de Clermont-Ferrand (63)

Jonathan KIENZLEN, Conseiller régional d’Ile-de-France (94)

Mathieu KLEIN, Maire de Nancy, Président de la métropole du Grand Nancy (54)

Lucie KOCEVAR, Adjointe au Maire de Fameck (57)

Pénélope KOMITES, Adjointe à la Maire de Paris (75)

Delphine LABAILS, Maire de Périgueux (24)

Elizabeth LABAYE, Conseillère municipale de Rouen (76)

André LAIGNEL, Maire d’Issoudun (36)

Hugo LANGLOIS, Maire d’Amfreville-la-Mivoie (76)

Philippe LE GOFF, Maire de Guingamp (22)

Jean-Claude LEBLOIS, Président du Conseil Départemental de la Haute-Vienne (87)

Eric LEJOINDRE, Maire du 18e arrondissement de Paris (75)

Marie-Christine LEMARDELEY, Adjointe à la Maire de Paris (75)

Claudine LEPAGE, Sénatrice des Français établis hors de France (99)

Luc LESIEUR, Conseiller Métropolitain Rouen Métropole Normandie (76)

Véronique LEVIEUX, Adjointe à la Maire de Paris (75)

Michel LIEBGOTT, Maire de Fameck, président de communauté d’agglomération du Val de Fenschet, Député honoraire (57)

Audrey LINKENHELD, Première adjointe au maire de Lille et Vice-Présidente de la Métropole Européenne de Lille (59)

Jean-Jacques LOZACH, Sénateur de la Creuse (23)

Gerard LURÇON, Maire de Saint-Germain-du-Corbéis (61)

Victorin LUREL, Sénateur de la Guadeloupe (97)

Line MAGNE, Maire de Moissy-Cramayel (77)

Antonin MAHÉ, Conseiller municipal de Paimpol (22)

Philippe MAITRIAS, Premier Adjoint au Maire de Cournon-d’Auvergne (63)

Marie-Andrée MALLEVILLE, Adjointe au Maire de Rouen (76)

Christine MANDON, Maire d’Aulnat (63)

Abdelkrim MARCHANI, Conseiller municipal de Rouen, Vice Président de la métropole Rouen Normandie (76)

Didier MARIE, Senateur de la Seine Maritime, conseiller départemental d’Elbeuf (76)

David MARTI, Maire du Creusot, Président de la communauté urbaine Creusot Montceau (71)

Jacques MARTIAL, Adjoint à la Maire de Paris (75)

Fabrice MATTEUCCI, Conseiller municipal de Caluire (69)

Nicolas MAYER-ROSSIGNOL, Maire de Rouen, Président de la Métropole Rouen Normandie (76)

Slim MAZNI, Conseiller municipal de Tarare (69)

Peggy MAZZERO, Conseillère régionale Grand Est (57)

Amin MBARKI, Conseiller municipal à Montreuil (93)

Nicole MENDY, Conseillère municipale de Châtillon (92)

Djoudé MERABET, Maire d’Elbeuf-sur-Seine, Vice président Metropole Rouen Normandie (76)

Georges MÉRIC, Président du Conseil départemental de la Haute-Garonne (31)

Nadia MEZRAR, Maire de Saint-Pierre-lès-Elbeuf (76)

Jean Jacques MICHAU, Sénateur de l’Ariège (9)

Ali MOHAMED AHAMADA, Adjoint au maire de Villeurbanne (69)

Jacques MOIGNARD, Maire de Montech (82)

Franck MONTAUGÉ, Sénateur du Gers (32)

Laurence MOULIN, Première Adjointe de Corbas (69)

Adrien NAIZET, Conseiller municipal de Rouen (76)

Christophe NAJDOVSKI, Adjoint à la Maire de Paris (75)

Yohann NÉDÉLEC, Adjoint au Maire de Brest (29)

Nicolas NORDMAN, Adjoint à la Maire de Paris (75)

Bruno NOUALI, Adjoint à la maire de Petit-Quevilly (76)

Henri OCTAVE, Maire de Gandrange (57)

Luce PANE, Maire de Sotteville-lès-Rouen (76)

Sophie PANTEL, Présidente du Conseil Départemental de la Lozère (48)

Marie Christine PARROT, Conseillère municipale de Paimpol (22)

Germinal PEIRO, Président du Conseil Départemental de la Dordogne (24)

Eric PENSO, Maire de Clapiers, Vice-président de Montpellier Méditerranée Métropole (34)

Eric PLIEZ, Maire du 20e arrondissement de Paris (75)

Olivia POLSKI, Adjointe à la Maire de Paris (75)

Pascal PRAS, Maire de Saint-Jean-de-Boiseau (44)

Angèle PRÉVILLE, Sénatrice du Lot (46)

Audrey PULVAR, Adjointe à la Maire de Paris et conseillère Régionale d’Ile-de-France (75)

Michaël QUERNEZ, Maire de Quimperlé (29)

Pierre RABADAN, Adjoint à la Maire de Paris (75)

François RAGE, Maire de Cournon-d’Auvergne (63)

Valentin RASSE LAMBRECQ, Conseiller municipal de Rouen, conseiller départemental de Seine-Maritime (76)

Laurence RENOU, Adjointe au Maire de Sotteville-lès-Rouen, vice-présidente de la Métropole Rouen Normandie (76)

René RÉTHORÉ, Maire de Nandy (77)

Bertrand RINGOT, Maire de Gravelines (59)

Sylvie ROBERT, Sénatrice d’Ille-et-Vilaine (35)

Frédéric ROIG, Pégairolles-de-l’Escalette (34)

Gilbert ROGER, Sénateur de la Seine Sain-Denis (93)

Carine ROLLAND, Adjointe à la Maire de Paris (75)

Johanna ROLLAND, Maire de Nantes et Présidente de Nantes métropole (44)

Jean-Luc ROMERO MICHEL, Adjoint à la Maire de Paris (75)

Chantal RONSIN, Conseillère municipale de Cherbourg-en-Cotentin (50)

Margaux ROUCHET, Conseillère régionale Hauts de France (59)

Nicolas ROULY, Maire de Grand-Quevilly (76)

Fabrice ROUSSEL, Maire de la Chapelle-sur-Erdre (44)

Sandrine RUNEL, Adjointe au Maire de Lyon (69)

Pierre SABATIER, Conseiller municipal de Clermont-Ferrand (63)

Benjamin SAINT-HUILE, Maire de Jeumont (59)

Isabelle SANTIAGO, Députée du Val-de-Marne, conseillère départementale (94)

Sylvaine SANTO, Maire de Roncherolles-sur-le-Vivier (76)

Maxime SAUVAGE, Adjoint au Maire du 20e arrondissement de Paris (75)

Sébastien SÉMERIL, Adjoint au maire de Rennes (35)

Paul SIMONDON, Adjoint à la Maire de Paris (75)

Nicolas SORET, Maire de Joigny (89)

Sileymane SOW, Adjoint au maire de Rouen (76)

Lucien STANZIONE, Sénateur du Vaucluse (84)

Jean-Pierre SUEUR, Sénateur du Loiret, ancien ministre (45)

Eric SWARTVAGHER, Conseiller municipale de Paimpol (22)

Agnès TAVARD, Adjointe au Maire de Querqueville (50)

Karen Taieb, Adjointe à la Maire de Paris (75)

Amel TEBESSI, Adjointe au Maire de Le Rheu (35)

Rachid TEMAL, Sénateur du Val d’Oise, conseiller régional d’Ile-de-France (95)

Jean Pierre THEVENOT, Maire de Cany-​Barville (76)

Jean-François TIMMERMAN, Conseiller Métropolitain Rouen-Normandie (76)

Anouch TORANIAN, Adjointe à la Maire de Paris (75)

Selene TONON, Conseillère municipale de Rennes (35)

David TRAVERS, Adjoint au Maire de Rennes (35)

Yannick TRIGANCE, Conseiller régional Ile-de-France (93)

Stéphane TROUSSEL, Président du Département de la Seine-Saint-Denis (93)

Jérôme UCHAN, Maire de Lombrès (65)

Laurent UGHETTO, Conseiller départemental de l’Ardèche, ancien président du département (7)

Cédric VAN STYVENDAEL, Maire de Villeurbanne (69)

Claudine VASSAS MEJRI, Maire de Castries (34)

François VAUGLIN, Maire du 11e arrondissement de Paris (75)

Sarah VAUZELLE, Adjointe au Maire de Rouen (76)

Jean-Marc VAYSSOUZE-FAURE, Maire de Cahors (46)

Dominique VERSINI, Adjointe à la Maire de Paris (75)

Christophe VIAL, Maire de Saint-Genès-Champanelle (63)

Roger VICOT, Maire de Lomme, conseiller départemental du Nord, vice-président de la Métropole Européenne de Lille (59)

Jean-Claude VILLEMAIN, Maire de Creil, président de l’Agglomération Creil Sud Oise (60)

Sébastien VINCINI, Maire de Cintegabelle, conseiller départemental de Haute-Garonne (31)

Michaël WEBER, Maire de Woelfling lès Sarreguemines, conseiller régional du Grand Est (57)

Ariel WEIL, Maire de Paris Centre (75)

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Régionales 2021: le triomphe de l’esprit petit-bourgeois

Rien ne change, rien ne doit changer.

66% d’abstention, et les votants prônant que rien ne change. Les sortants n’ont pas été sortis. Le sortant LR Laurent Wauquiez a gagné en Auvergne-Rhône-Alpes (55%), l’ex-LR Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France (54%), l’ex-LR Valérie Pécresse en Île-de-France (45,5%),  le LR sortant Renaud Muselier en PACA (56%), le LR Jean Rottner dans le Grand Est (39%), l’ex-UDI Hervé Morin en Normandie (44%), la PS Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté (43%), la LR Christelle Morançais dans les Pays de la Loire (46,5%),  le PS Loïg Chesnais-Girard en Bretagne (31%).

C’est très significatif, parce qu’en France, la contestation passe notamment par le fait de sortir les sortants. Le Rassemblement National de Marine Le Pen n’est ainsi arrivé à rien. Et les choses ont tellement non-changé, si l’on ose dire, que le moribond Parti socialiste considère qu’il est au cœur de la Gauche. Son dirigeant Olivier Faure a expliqué que le PS avait « la responsabilité de rassembler l’ensemble de la gauche et des écologistes pour pouvoir aller vers l’élection présidentielle ».

Il y a quelque chose de « réaliste » au sens où le Parti socialiste a un réseau d’élus. C’est bien plus pertinent en tout cas que Julien Bayou, le secrétaire national d’EELV, qui explique que « l’écologie est la seule force en dynamique ». Seulement c’est passer à côté de la question essentielle.

Car il faudrait être fou pour s’imaginer qu’une pandémie et qu’une crise allant avec, notamment économique, n’a pas tout changé. La vérité, c’est que tout a changé, mais que cela n’a rien cristallisé du tout. Les gens font comme si de rien n’était. Même tout ce que la Gauche peut compter d’activistes fait d’ailleurs comme si de rien n’était.

Le Figaro s’en réjouit, dans son éditorial, car il considère, en toute bonne logique, que c’est la bonne vieille Droite qui va reprendre le dessus, car elle reflète au mieux la « sociologie » du pays.

« Le vieux monde est de retour! En Paca, le Rassemblement national espérait qu’un sursaut de participation, symétrique de celui qui lui avait coûté la victoire entre les deux tours des régionales de 2015, viendrait cette fois inverser la donne en sa faveur ; le sursaut n’a pas eu lieu.

Résultat : rien ne change. Sept régions de droite, cinq régions de gauche! Tous les sortants sont reconduits.

D’un scrutin à l’autre, la carte politique de la France des régions ne bouge pas d’un iota.Tout ça, pour ça!

Un scrutin pour rien? C’est ce que prétendront tous ceux qui, pour une raison ou pour une autre, ont intérêt à minimiser les conséquences de cette «parenthèse» minée par l’abstention, et, disent-ils, absolument «déconnectée» des échéances futures.

En vérité, par ce qu’elles révèlent de l’état de l’opinion autant que par les effets qu’elles ne manqueront pas de produire, ces élections régionales rebattent fortement les cartes politiques qu’on disait déjà distribuées, une fois pour toutes. »

Les choses sont différentes, en réalité. Car, ce qui a triomphé, c’est l’esprit petit-bourgeois, la conscience sans envergure, le regard beauf sur la vie, l’immédiateté faussement tranquille rassurée par la propriété seulement. Ce n’est pas seulement un conservatisme, c’est une guerre à l’intelligence, une réduction de tout ce qui a de l’ampleur à quelque chose de rapiécé, de consommable, de posé dans un coin.

La France est un pays de petit-bourgeois, voilà comment sont les choses. Le prolétaire veut être un petit-bourgeois quand il n’a pas déraillé vers les lumpens, le bourgeois est satisfait d’un style petit-bourgeois modernisant ses possibilités de consommer, bien au-delà du style Neuilly-Auteuil-Passy traditionnel et traditionaliste.

Voilà pourquoi la France est un enfer : il n’y a pas de luttes de classe, dans un pays où tout le monde est ou veut être un petit-bourgeois !

La crise va radicalement changer cela. Mais à quelle vitesse ? On aura soit une lente décadence, un pays qui sombre, soit un retour de bâton nationaliste et militariste pour conformer le pays au contexte mondial.

Cela va être une terrible claque.

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Suspension de la réforme de l’assurance chômage

Le Conseil d’État n’a pas jugé sur le fond le réforme de l’assurance chômage, mais il l’a suspendu en attendant (elle était prévue pour le 1er juillet 2021). Voici les communiqués de la CGT, de la CFDT et de la CGT-FO qui s’en félicite, tout en rappelant que la mobilisation doit continuer à ce sujet :

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Retrait de la Gauche en PACA aux régionales 2021: une victoire

Le recul reflète l’exigence à Gauche de ne pas pouvoir laisser gagner l’extrême-Droite.

On l’a échappé belle.

Lors du premier tour des élections régionales de juin 2021 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, le 20 juin, les scores ont été de 36,38% pour le candidat RN Thierry Mariani, de 31,9% pour le candidat Les Républicains (et sortant) Renaud Muselier. Suit le candidat commun à EELV, PS, PCF, Génération.s, Génération écologie, les Radicaux de gauche, la Gauche Républicaine et socialiste, Place publique et le Mouvement des progressistes.

Il s’agit de Jean-Laurent Félizia, qui a fait 16,89% des voix.

Dès les résultats connus, rejetant le barrage à l’extrême-Droite, celui-ci, un chef d’entreprise de 52 ans membre d’EELV, a affirmé qu’il se maintiendrait. Son explication était longue, son ton très offensif, dénonçant même dans la soirée, par un message sur Twitter, le responsable du Parti socialiste, Olivier Faure.

« Je n’ai pas à répondre aux @faureolivier. Les états majors parisiens sont parfois déconnectés de la réalité du terrain. C’est une décision collective que nous assumons »

Heureusement, la vague de contestation a été immense. Jean-Laurent Félizia a dû manger son chapeau. Le 21 juin, il publiait un long texte justifiant le barrage à l’extrême-Droite, justifiant le retournement de la manière suivante.

« L’écart entre Renaud Muselier et le candidat de l’extrême droite est hélas plus élevé que celui annoncé dans les premières heures de la soirée et nous a mis face à nos responsabilités. »

Tout le monde lui est en fait tombé dessus, EELV le menaçant même d’exclusion. C’est d’ailleurs toute la direction locale qui risquait de se faire virer, car pratiquement toute la direction d’EELV en PACA comptait continuer cette « aventure ».

Cela ne doit pas étonner. EELV ne possède aucune tradition historique de l’antifascisme et est composé de bourgeois de centre-villes pour qui seul compte le libéralisme moderniste. Il n’y a pas d’autres priorités et l’extrême-Droite, ce n’est pas pour eux le fascisme, mais simplement des « autoritaires » à rejeter.

Heureusement, la culture de la Gauche historique a été suffisamment présente pour bloquer EELV. Cela montre que même si sur le plan de l’organisation, tout est à un niveau catastrophique, sans parler des idées, il y a tout de même un fond diffus de valeurs de la Gauche historique qui parvient à s’imposer.

Ce n’est pas le point de vue des anarchistes, des trotskistes et de La France Insoumise qui a triomphé. C’est le point de vue de la Gauche historique qui s’est imposé, exigeant le barrage absolu à l’extrême-Droite, dans le prolongement de l’esprit du Front populaire.

C’est une victoire. Mais c’est une victoire fragile. Que EELV en PACA ait osé tenter à passer en force, à maintenir la liste… en dit long sur l’opportunisme. La bataille est gagnée, mais pas la guerre. Et cela sera ainsi jusqu’à la présidentielle de 2022.

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Premier tour des Régionales 2021: le jeu de massacre

La France est aux abonnés absents, la Gauche est écrasée.

Comme prévu, la crise a frappé les élections régionales de 2021 de plein fouet. Le premier tour a été marqué par une abstention record : 67,2% ne se sont pas déplacés. C’est conforme à l’indifférence complète des Français pour la politique (ainsi que pour l’idéologie, voire pour la culture) et les responsabilités. Le pays connaît une vague de relativisme nihiliste qui fait froid dans le dos.

C’est ainsi, logiquement, la prime aux forces « enracinées », représentant les notables, les traditions, les intérêts locaux. Suivent les contestataires de l’extrême-Droite, de manière affaiblie en raison de la faible mobilisation, puis les libéraux-sociaux (autour d’Emmanuel Macron) et une Gauche post-socialiste, post-communiste, en orbite d’EELV elle-même écologiste – moderniste de centre-gauche.

Et cela fait très mal. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Droite fait 33,6%, l’extrême-Droite fait 34,4%. Dans les Hauts-de-France, la Droite fait 42,5%, l’extrême-Droite fait 24%. On parle ici d’une hégémonie complète de la Droite et de l’extrême-Droite.

Il en va relativement de même dans le Grand Est, où la Droite fait 31,5%, l’extrême-Droite fait 20,7%, et en Auvergne-Rhône-Alpes où la Droite fait 43,9%, l’extrême-Droite fait 12,2%.

Dans tous ces cas, la Gauche est balayée, représentant vaguement autour de 20%, en comptant le plus largement possible et encore sans aucune unité, ni base culturelle, ni socle militant. Dans pratiquement tous les cas la Droite et l’extrême-Droite ne sont pas loin de la majorité.

Dans le Centre-Val de Loire, l’extrême-Droite fait 25,5% et la Droite 18,4% ; en Normandie l’extrême-Droite fait 21,3% et l’alliance du centre-droit 39,6% ; en Bretagne la Droite fait 15,7% et l’extrême-Droite 14,4%. En Bourgogne-Franche-Comté l’alliance de la Droite fait 20,9% et l’extrême-Droite 24,1%.

En Île-de-France la Droite fait 36,4% et l’extrême-Droite 13,7% ; en Pays de la Loire la Droite fait 34,5% et l’extrême-Droite 12,6%.

Enfin, exceptions, en Nouvelle-Aquitaine la Droite fait 12,2% et l’extrême-Droite 18,6% ; en Occitanie la Droite fait 12,3% et l’extrême-Droite 23% ; en Guyane la Droite fait 31,2%.

Enfin, notons qu’il y a bien une spécificité corse, témoignant d’une vraie question nationale. Les résultats sont les suivants, avec une définition des positions politiques choisis par le Figaro: Gilles Simeoni (autonomiste) 29,19%, Laurent Marcangeli (ex-LR) 24,86%, Jean-Christophe Angelini (autonomiste) 13,22%, Paul-Félix Benedetti (indépendantiste) 8,39%, Jean-Guy Talamoni (indépendantiste) 6,9%, Jean-Charles Orsucci (LREM) 5,92%, François Filoni (RN) 4%, Agnès Simonpietri (EELV) 3,75%, Michel Stefani (PCF) 3,18%, Jean-Antoine Giacomi (extrême droite) 0,59%.

Les exceptions ne font que confirmer la règle. Sur le plan général, une catastrophe. Le traditionalisme l’emporte, avec la passivité et, quand il y a « contestation », c’est l’extrême-Droite qui la porte. La Gauche ne consiste qu’en des restes plutôt bobo – centre-ville. D’ailleurs, c’est le Parti socialiste qui est au premier rang de ces restes (Carole Delga en Occitanie avec près de 40%, François Bonneau en Centre-Val de Loire avec 25,6% ; Loïg Chesnais-Girard en Bretagne avec 20,8%, Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté avec 26,2%, , Alain Rousset en Nouvelle-Aquitaine avec 28,6%). Carole Delga a d’ailleurs souligné la chose suivante :

Je fais partie d’une gauche réformiste qui traite tous les sujets, qui n’a aucun de tabou, j’aime à la fois les salariés et les chefs d’entreprise,

Il ne reste plus rien à part des décombres. Mais il faut en plus boire le calice jusqu’à la lie. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, les forces se revendiquant de la Gauche et de l’écologie se maintiennent au second tour, refusant de faire barrage coûte que coûte à l’extrême-Droite ! C’est la négation de l’antifascisme. Cela revient à dire, dans une version électoraliste, la même chose que Lutte Ouvrière, qui en tant qu’organisation trotskiste rejette formellement l’antifascisme, comme elle l’explique au soir du premier tour :

Le premier tour étant passé, le seul où le « camp des travailleurs » a pu s’exprimer, le deuxième tour n’a ni enjeu, ni intérêt pour les travailleurs et les classes populaires.

Lutte ouvrière ne cautionnera pas la supercherie consistant à présenter aux travailleurs des hommes politiques qui sont souvent aussi réactionnaires, aussi anti-ouvriers que ceux d’extrême droite, comme un rempart contre la menace du RN au pouvoir. Il n’est pas question pour Lutte ouvrière de soutenir quelque variante que ce soit du Front républicain.

Cette république est celle de la bourgeoisie. Elle ne réserve, à ceux qui n’ont que leur travail pour vivre, qu’un avenir d’exploitation et de mépris  de la part des riches parasites. Les travailleurs auront à combattre la classe capitaliste pour l’empêcher de conduire la société vers la catastrophe.

C’est honteux. Il faut au contraire tout faire pour empêcher l’extrême-Droite de s’inscrire au plus haut niveau. Ne pas voir une différence qualitative entre la Droite et l’extrême-Droite, c’est ne pas rien comprendre à la rupture que signifie le fascisme. Et on va exactement dans cette direction, avec une Droite qui s’impose, une contestation happée par l’extrême-Droite, un apolitisme massif, une Gauche pourrie par le libéralisme qui a comme seule visée de moderniser le capitalisme.

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Des élections régionales françaises de juin 2021 dans l’indifférence

Et cela alors que l’extrême-Droite avance étape par étape.

Les élections régionales des 20 et 27 juin 2021 sont marquées par la grande menace de l’extrême-Droite. Il est évident que celle-ci va faire des avancées électorales. Il en a été beaucoup parlé dans les médias, beaucoup de gens sont inquiets, l’ambiance est mauvaise. La chaîne Cnews et le polémiste Éric Zemmour sont littéralement aux premières loges médiatiques, travaillant au corps l’opinion.

L’extrême-Droite est d’autant plus forte en France en 2021 qu’elle sait que les Français ne veulent rien savoir : ils veulent juste déléguer les responsabilités et qu’on les laisse tranquilles. La campagne électorale a d’ailleurs été anecdotique pour les Français. Comme, de toutes façons, le rôle des conseils régionaux n’est guère connu… et qu’en plus il y a un déconfinement largement mis en place… autant dire que le désintérêt est total.

La politique dégoûte même les gens au plus haut point et les questions théoriques les fatiguent. Le mot d’ordre national est travail – consommation – flemme. La société est congelée, les mentalités flemmardes, la beauferie est de rigueur, l’immédiateté la valeur cardinale.

On a ainsi tous les ingrédients pour que cela tourne mal. Si cela tourne même très mal, cela renforcera d’autant la crise politique promise en 2022 avec la présidentielle. L’extrême-Droite, gagnant en crédibilité, s’unirait à la Droite. Cela formerait un rouleau compresseur…

On est donc dans une séquence plus que délicate. Il ne manque plus qu’un conflit militaire prononcé, où l’OTAN serait impliqué notamment, pour que tout s’accélère. Dans cet ordre d’idée, on est pour l’instant surtout dans un scénario à l’espagnol, où un coup d’Etat vient conclure une offensive électorale de la Droite épaulée par les actions d’éclat de l’extrême-Droite.

Cela ne veut pas dire que les gens ne peuvent pas se révolter, à un moment, d’une façon ou d’une autre. Ce que cela veut dire par contre, c’est que les gens sont en retard, beaucoup trop en retard. Ils ne sont pas à la hauteur de leur époque. Dans le meilleur des cas, on aurait alors un scénario à l’italienne, avec une vaste grève insuffisamment politique débouchant sur un raz-de-marée de la Droite, un gouvernement de la Droite phagocytant les institutions puis le régime lui-même. Benito Mussolini a ainsi légalement dirigé le gouvernement en modifiant graduellement le régime.

Dans un cas comme dans l’autre, la Gauche va être sur la défensive. Mais elle n’est pas prête, en raison de deux travers bien français : les pragmatiques pensent qu’ils vont reconquérir des postes institutionnels à court terme, les actionnistes pensent que la grève générale est pour demain. Résultat, rien n’est construit sur le long terme. Or, ce n’est qu’avec une vision sur le long terme qu’on peut saisir les étapes des avancées de l’extrême-Droite.

Le communiste bulgare Dimitrov souligne de la manière suivante la question de la montée en puissance de l’extrême-Droite, de la nécessité de découvrir les étapes par lesquelles elle opère.

« L’arrivée du fascisme au pouvoir, ce n’est pas la substitution ordinaire d’un gouvernement bourgeois à un autre, mais le remplacement d’une forme étatique de la domination de classe de la bourgeoisie – la démocratie bourgeoise – par une autre forme de cette domination, la dictature terroriste déclarée (…).

Camarades, on ne saurait se faire de l’arrivée du fascisme au pouvoir l’idée simpliste et unie qu’un comité quelconque du capital financier déciderait d’instaurer à telle date la dictature fasciste.

En réalité, le fascisme arrive ordinairement au pouvoir dans une lutte réciproque, parfois aiguë, avec les vieux partis bourgeois ou une portion déterminée d’entre eux, dans une lutte qui se mène même à l’intérieur du camp fasciste et qui en arrive parfois à des collisions armées, comme nous l’avons vu en Allemagne, en Autriche, et dans d’autres pays.

Tout cela sans affaiblir cependant l’importance du fait qu’avant l’instauration de la dictature fasciste, les gouvernements bourgeois passent ordinairement par une série d’étapes préparatoires et prennent une série de mesures réactionnaires contribuant à l’avènement direct du fascisme.

Quiconque ne lutte pas, au cours de ces étapes préparatoires, contre les mesures réactionnaires de la bourgeoisie et le fascisme grandissant, n’est pas en état d’entraver la victoire du fascisme, mais au contraire la facilite. »

Ce dont on a besoin, c’est d’une compréhension de ces étapes préparatoires. Et les régionales de juin 2021 en sont indéniablement une.

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Fiasco complet de la « marche des libertés » du 12 juin 2021

Ce fut contre-productif, tout simplement.

Tout s’est passé comme on pouvait le craindre. D’un côté, la marche contre l’extrême-Droite s’est tenue dans 140 villes. Un très bon chiffre! Le problème… c’est qu’il n’y avait personne. 700 personnes à Tours, 300 à Avignon, 350 à Niort, 1 000 à Nantes, 300 à Pau, 800 à Nancy, 100 à Digne-les-Bains, 400 à Poitiers, 500 à Strasbourg, 1 200 à Rennes, 400 à Chambéry, 900 à Rouen, 300 à Avignon, 1 000 à Toulouse, 350 à Saint-Brieuc, 200 à Tulle, 1 500 à Marseille, 800 à Bordeaux, 100 à Limoges, 9 000 à Paris…

Il y a eu 37 000 manifestants selon la police et…150 000 selon les organisateurs, ce qui est risible. C’est de l’intox.

Mais admettons toutefois que le chiffre de 150 000 personnes soit vrai. L’appel à manifester a été signé par 110 organisations. Ces organisations ne sont pas forcément politiques, en fait la grande majorité est même de type syndicale et associative, donc de masse. L’appel tapait d’ailleurs le plus largement possible. Et pourtant, cela fait que chaque organisation aurait ramené 1350 personnes. Ce n’est rien du tout : même si le chiffre de 150 000 était vrai, il refléterait une catastrophe totale!

En fait on a compris ce qui s’est passé : tous les militants de la gauche associative, politique et syndicale sont descendus dans la rue. Et ils ont montré trois choses :

– que leur horizon ne dépasse pas des revendications sociétales ;

– que leur nombre est incroyablement restreint ;

– que leur implantation dans la société est nulle.

Mais ce n’est pas tout, on a également l’auto-satisfaction, l’auto-intoxication ! Par exemple, Thomas Portes, porte-parole national et président de l’Observatoire National de l’Extrême Droite, parle d’une « magnifique mobilisation à Paris et partout en France ». Et il appelle à en refaire une! C’est ahurissant. On est là dans un délire total, un déni complet. Et pourtant le même explique qu’à Tarbes, des militants ont été attaqués lors de la manifestation et suivi jusqu’à leur domicile !

On ne doit pas être étonné d’une telle attitude cependant. Cela a une base de classe. Thomas Porte est allé, avant la manifestation, manger, avec Jean-Luc Mélenchon (LFI), Eric Coquerel (LFI), Elsa Faucillon (PCF), Clémentine Autain (LFI), Sandrine Rousseau (EELV)… Ces gens sont des bourgeois ne prenant rien au sérieux, et encore il vaut mieux parler de beaufs!

Résultat, au lieu d’avoir une initiative pour faire reculer l’extrême-Droite, on lui a plutôt donné prétexte à une grande joie. Devant tant de faiblesse numérique, de nullité idéologique et culturelle, d’absence d’impact dans la société… l’extrême-Droite se dit qu’elle a un boulevard. On court à la catastrophe.

Tel est le prix à payer pour l’effacement de la Gauche historique.

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Lutter contre l’extrême-Droite oui, mais donc contre le fascisme

Qui n’associe pas l’extrême-Droite au fascisme est condamné au libéralisme et à la défaite.

L’appel pour les libertés du 4 mai et celui pour le rassemblement contre l’extrême-Droite le 12 juin posent un énorme problème. En effet, qu’y apprend-on? L’appel du 4 mai est formel : l’extrême-Droite, ce serait le recul des libertés, le racisme et des mesures anti-sociales. Autrement dit, il n’y a aucune dimension antifasciste dans cet appel. L’extrême-Droite, ce serait les « fachos », et les « fachos » ce serait ceux qui empêchent les gens de faire ce qu’ils veulent. C’est exactement la même définition de l’extrême-Droite que les libéraux.

L’appel au rassemblement du 12 juin reprend exactement cette approche, dénonçant même une « société autoritaire de surveillance et de contrôle », c’est-à-dire assument entièrement de se positionner sur une ligne libérale. Cela n’a strictement rien à voir avec les valeurs de la Gauche historique.

Il suffit, pour s’en prouver, de regarder le programme du Front populaire. La question de la guerre y est omniprésente et quand il est parlé de libertés, non seulement elles sont précisées de manière concrète, mais elles sont mises en perspective avec l’affirmation d’une société nouvelle, se confrontant aux classes dominantes.

L’appel du 4 mai est donc creux et celui pour le rassemblement du 12 juin n’a aucune perspective. C’est à soutenir, mais sans illusion : l’échec est obligé.

On arguera que l’initiative des 4 mai et 12 juin ne vise pas à former un Front populaire. On répondra à cela que le Front populaire a fait ses preuves. Et, même en admettant que ce n’est pas ce qu’il faut faire, il faut au moins reconnaître que ce n’est pas en pleurnichant qu’on combattra l’extrême-Droite. Il faut un programme, des valeurs positives. Pas simplement dire que l’extrême-Droite est méchante, en réduisant les thèmes à quelques questions sociétales, sans comprendre que c’est la lutte des classes : la Gauche veut écraser la Droite, et inversement, et c’est normal.

Par exemple, l’extrême-Droite fait le forcing sur la question animale. Il ne suffit pas de dénoncer cette démagogie : il faut faire mieux, être là à la base pour aider les animaux. Cela devrait être normal d’ailleurs pour toute personne de Gauche. Si on ne le fait pas, effectivement on se fait déborder. Mais cela les libéraux ne le comprennent pas : ce n’est pas le contenu qui les intéresse, mais les libertés formelles.

En fait cette critique n’est même pas assez dure, tellement ces appels relèvent du bricolage, suintant le désespoir. Il n’y a pas d’idées, pas de valeurs, encore moins de romantisme. C’est plat, cela ne fait pas rêver et on ne dirait même pas qu’il y a une crise directement mondiale comme l’humanité n’en a jamais connu jusque-là.

Cela montre de manière terrible comment en fait la Gauche française est totalement sous la coupe des petits-bourgeois, voire des bourgeois. C’est mesquin, sans ambition, étroit d’esprit, pragmatique… Personne dans le peuple ne peut adhérer à une telle chose.

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L’appel du 4 mai 2021 pour les libertés, contre les idées d’extrêmes droite et la manifestation du 12 juin

On parle là d’initiatives dans un esprit libéral.

En effet, tant l’appel du 4 mai 2021 à la défense des « libertés » que l’appel à manifester le 12 juin ont une orientation que pourrait pratiquement signer Emmanuel Macron et LREM!

4 mai 2021

L’appel pour les libertés, contre les idées d’extrêmes droite

Depuis maintenant plusieurs mois nous constatons toutes et tous que le climat politique et social en France, comme partout en Europe et dans le monde est de plus en plus imprégné́ par l’extrême droite et ses idées.

Face à ce climat de haine, raciste et attentatoire aux libertés individuelles et collectives, nous appelons à une réaction forte, unitaire et rassembleuse, pour réaffirmer notre combat commun contre l’extrême droite, ses idées, et toutes celles et ceux qui participent à sa propagation.

De Bolsonaro à Trump en passant par Orban et Salvini, nous assistons à une offensive raciste et réactionnaire particulièrement inquiétante pour l’avenir de la planète. En France, cette offensive raciste a pour corollaire la multiplication des politiques sécuritaires, liberticides et anti-sociales.

Ce climat ne doit rien au hasard. Le gouvernement, et ses quatre vigies Darmanin, Vidal, Blanquer et Schiappa, se chargent de l’alimenter depuis des mois. De la loi sécurité́ globale à la loi sur le séparatisme en passant par la chasse à l’islamo-gauchisme et la suppression de l’Observatoire de la laïcité, ce quinquennat accumule les gages à destination de l’extrême droite, en reprenant ses éléments de langage mais aussi certaines de ses propositions.

Quand on souffle sur des braises incandescentes et qu’on passe son temps à attiser les haines, cela a des conséquences concrètes. Cela peut même conduire au pire comme nous l’avons vu récemment avec l’attentat contre la mosquée de Bayonne.

Après l’envahissement du Conseil régional d’Occitanie par l’Action Française, le saccage d’une librairie et l’attaque de la marche lesbienne à Lyon par des identitaires, les polémiques sur le prétendu islamo-gauchisme et le prétexte de groupes de parole entre personnes discriminées pour attaquer l’UNEF ou s’en prendre à Audrey Pulvar, un cap supplémentaire vient d’être franchi.

En moins de 72h un néo-nazi voulant mener un attentat contre la mosquée du Mans a été arrêté, la mosquée de Nantes a été, elle, incendiée, et le centre culturel islamique de Rennes a été recouvert de tags islamophobes.

Un appel de militaires factieux, s’appuyant sur la chasse aux sorcières lancée par des membres du gouvernement, est diffusé par l’hebdo d’extrême droite Valeurs Actuelles et est soutenu par Marine Le Pen sans réaction d’Emmanuel Macron ni que gouvernement ne porte plainte devant la justice.

Nous ne pouvons accepter que celles et ceux qui subissent haine, discrimination, et injustice soient aujourd’hui accusés de racisme et jetés en pâture par l’extrême droite.

Nous n’acceptons plus que la lutte contre les actes terroristes, que nous condamnons fermement, s’accompagne d’amalgames honteux

Nous ne pouvons accepter que nous militantes et militants politiques, syndicaux, associatifs soyons montrés du doigt alors que chaque jour ce gouvernement déroule un tapis rouge à l’extrême droite avec ses Lois réactionnaires et liberticides.

Nous ne pouvons plus accepter les menaces directes qui nous sont maintenant faites.

Nous, militant-e-s politiques, associatifs, syndicalistes et personnalités de la société civile appelons à une grande manifestation au printemps 2021 pour dire non à l’extrême droite, à ses idées qui se propagent jusqu’au gouvernement et défendre nos libertés individuelles et collectives.

Nous nous adressons aux associations, syndicats, collectifs, partis qui partagent le fond de cet appel pour qu’ils se réunissent afin d’en construire les conditions.

Les premiers soutiens

Arié Alimi, Avocat – Rodrigo Arenas, Co -Président de la FCPE – Ariane Ascaride, Actrice – Manon Aubry, Députée Européenne (cop-présidente du groupe GUE/NGL) – Clémentine Autain, Députée (LFI) – Delphine Bagarry, Députée (Nouveaux Démocrates) – Esther Benbassa, Sénatrice (EELV) – Ugo Bernalicis, Député (LFI) – Olivier Besancenot, Porte-parole du NPA – Manu Bompard, député Européen (groupe GUE/NGL) – Taha Bouhafs, Journaliste (Le Média) – Youcef Brakni, Militant antiraciste – Julia Cagé, Économiste – Anthony Caillé, syndicaliste CGT-Police – Émilie Cariou, Députée (Nouveaux Démocrates) – Majdi Chaarana, Trésorier de l’UNEF – Latifay Chay, Porte-parole des Nouveaux Démocrates – Guillaume Chiche, Député (Nouveaux Démocrates) – Éric Coquerel, Député (LFI) – Alexis Corbiere, Député (LFI) – Esther Cyna, Enseignante à l’Université Sorbonne-Nouvelle – Françoise Davisse, Réalisatrice – Pascal Debay, Responsable confédéral du collectif contre l’extrême droite pour la CGT – Laurence De Cock, Historienne – Joséphine Delpeyrat, Porte-parole de Génération.s – Jean-Marc Devauchelle, Secrétaire général fédération SUD Santé Sociaux – Alma Dufour, chargée de campagne aux amis de la terre – Carla Dugault, Co-Présidente de la FCPE – Mathieu Delvaminck, Président de l’UNL – Rokhaya Diallo, Journaliste et réalisatrice – David Dufresne, Cinéaste et écrivain – Christian Etschen, Secrétaire général de la libre pensée – Jean-Baptiste Eyraud, Porte-parole du DAL – Éric Fassin, Sociologue et anthropologue – Elsa Faucillon, Députée (PCF) – Caroline Fiat, Députée (LFI) – Aurélie Filippetti, Autrice et ancienne Ministre de la Culture – Gérard Filoche, Porte-parole de GDS – Léa Filoche, Conseillère de Paris (Génération.s) – Magali Fricaudet, Co-Présidente de l’AITEC – Bruno Gaccio, Journaliste – Khaled Gaiji, Président des Amis de la Terre France – Denis Gravouil, Secrétaire Général CGT spectacle – Benoit Hamon, Fondateur de Génération.s et ancien ministre –Bertrand Heilbronn, Président de l’AFPS – Cédric Herrou, Militant pour l’aide aux migrants – Julien Hezard, Secrétaire général de l’UD CGT Meurthe et Moselle – Pierre Jacquemain, Journaliste (Regards) – Eddie Jacquemart, Président national de la CNL – Régis Juanico, Député (Génération.s) – Bastien Lachaud, Député (LFI) – Aurore Lalucq, Députée européenne (Place Publique) – Pierre Larrouturou, Député européen (Nouvelle Donne) – Mathilde Larrère, Historienne des Révolutions – Michel Larive, Député (LFI) – Yvan Le Bolloc’h, Acteur – Claire Lejeune, co-fondatrice de Résilience Commune – Benjamin Lucas, coordinateur national de Génération.s – Mélanie Luce, Présidente de l’UNEF – Corinne Masiero, Comédienne – Caroline Mécary, avocate – Jean Luc Mélenchon, Député, Président du groupe LFI – Sébastien Menesplier, Secrétaire général de la FNME CGT – Bénédicte Monville, Conseillère régionale EELV et Co fondatrice de PEPS – Aline Mouquet, Co-présidente de Nouvelle Donne – Elodie Nace, Porte-parole d’Alternatiba – Danièle Obono, Députée (LFI) – Younous Omarjee, Député européen (LFI) – Mathilde Panot, Députée, co-présidente du groupe LFI – Gilles Péret, Réalisateur – Éric Piolle, Maire de Grenoble (EELV) – Ugo Palheta, sociologue (Université de Lille) – Stéphane Peu, Député (PCF) – Jean Louis Peyren, syndicaliste CGT Sanofi – Jean-François Pellissier, Porte-parole d’Ensemble – Thomas Piketty, Économiste – Pablo Pillaud-Vivien, Journaliste (Regards) – Natacha Pommet, Secrétaire générale de la Fédération Cgt des Services publics – Thomas Portes, Porte-parole de Génération.s – Paul Poulain, Membre fondateur d’Emancipation Collective – Christine Poupin, Porte-parole du NPA – Philippe Poutou, Porte-Parole du NPA, Loïc Prud’homme, Député (LFI) – Adrien Quatennens, Député (LFI) – Gaël Quirante, secrétaire départemental Sud PTT 92 – Raphaëlle Rémy-Leleu, Conseillère de Paris (EELV) – Ali Rabeh, Maire de Trappes (78) – Olivier Randria, Porte-parole de Nouvelle Donne – Muriel Ressiguier, Députée (LFI) – Sandrine Rousseau, Économiste (EELV) – Sabine Rubin, Députée (LFI) – François Ruffin, Député (LFI) – Jean-Chrisophe Sellin, Conseiller régional Occitanie (coordinateur du PG) – Danielle Simonnet, conseillère de Paris (LFI) – Aïssata Seck, Présidente de l’association pour l’histoire des tirailleurs sénégalais – Anthony Smith, syndicaliste CGT inspection du travail – Gabrielle Siry, Porte-parole du PS – Mireille Stivala, Secrétaire générale de la Fédération Cgt de la Santé et de l’Action sociale – Aurélien Taché, Députée (Nouveaux Démocrates) – Azzedine Taibi Maire de stains (PCF) – Anne Tuaillon, Vice Présidente de l’AFPS – Sophie Taillé-Polian, Sénatrice (Génération.s) – Baptiste Talbot, Coordinateur de la CGT Fonction publique – Louis-Georges Tin, Président d’honneur du CRAN – Fabien Villedieu, Syndicaliste SUD Rail – Emmanuel Vire, Secrétaire général du syndicat national des journalistes CGT (SNJ-CGT)

Voici l’appel pour le 12 juin.

Communiqué de presse : appel au 12 juin

Depuis maintenant plusieurs mois nous constatons un climat politique et social alarmant. S’allier avec l’extrême droite ou reprendre ses idées ne constituent plus un interdit. Les propos et actes racistes et sexistes au travail et dans la vie se propagent. Les attaques contre les libertés et les droits sociaux s’accentuent gravement. Dans ce contexte politique, économique, social et sanitaire les injustices explosent et génèrent une forte misère sociale.

Plusieurs lois liberticides organisent une société autoritaire de surveillance et de contrôle qui empêcheraient d’informer sur des violences policières, déjà trop importantes. De plus, si certaines de ces lois stigmatisent une partie de la population en raison de sa religion, d’autres en ciblent en raison de leur activité militante.

Comme les signataires de l’appel pour les libertés et contre les idées mortifères de d’extrême droite (https://www.appelpourleslibertes.com), nous ressentons toutes et tous l’urgence de construire une réponse forte et unitaire qui dessine l’alliance des libertés, du travail et d’un avenir durable.

Face à ce climat de haine, raciste et attentatoire aux libertés individuelles et collectives, nous avons décidé collectivement d’organiser le samedi 12 juin une première grande journée nationale de manifestation et de mobilisations qui se déclinera localement.

Cette journée fait partie des initiatives unitaires qui se multiplient. D’ores et déjà, nos organisations syndicales, politiques, associations, collectifs, signataires de l’appel, ont décidé de co-construire ce combat dans la durée.

Les premiers signataires :

Syndicats : CGT, FSU, Union syndicale Solidaires, Syndicat des Avocats De France, Syndicat de la Magistrature, UNEF (Union nationale des Étudiants de France), UNL (Union nationale des Lycéens), Fidl, MNL (Mouvement national Lycéen), Solidaires Etudiant-e-s, FSE (Fédération Syndicale Etudiante), l’Alternative, Confédération Paysanne, USP (Union Syndicale de la Psychiatrie), CNT-SO, CGT-Police, Résilience France, SNMPMI (Syndicat National des Médecins de Protection Maternelle et Infantile).

Associations et collectifs : Attac, LDH, FCPE, Fondation Copernic, Oxfam, Alternatiba, Amis de la terre, Résilience commune, DAL, CNL (Confédération nationale du Logement), Comité justice pour ibo, Emancipation collective, Rencontre des justices, Coexister, CRAN, SOS Racisme, QNQF (Quartiers nord, Quartiers forts Marseille) , Observatoire National contre l’extrême droite, MRAP, association ViSA, Femmes égalité, Collectif National pour les Droits des Femmes, Collectif féministe Les Rosies, Les effronté.e.s, JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) , AFPS, Conseil démocratique Kurde France, FTCR, CRLDHT, UTAC, France Amérique Latine, La Jeune Garde (Lyon, Strasbourg et Paris), Université Ouverte, Unis pour le climat et la biodiversité, collectif Police Contre la Prohibition, Youth For Climate, Changer de Cap, Compagnie Jolie Môme, Mémoire Traumatique et Victimologie, Héro.ïnes95, Union des Femmes Socialistes de Turquie, La Maison des Femmes de Montreuil, CNAJEP, les Francas, Solidarités Asie France, La Maison des Potes, Osons le féminisme, collectif Taubira Pour 2022, Le peuple uni, RAAR (Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes), Résister aujourd’hui, Etats généraux migrations, France Nature Environnement, Le mouvement pour une Alternative Non-violente, Reporters en Colère, La Fabrique des Mobilités, Carré Géo & Environnement France, La Cimade, Collectif occupation Odéon, Autres Brésils, L’UJFP (Union juive française pour la paix), Association Concordia, Le collectif Enseignant.e.s Pour la Planète, La ligue de l’enseignement, GISTI, CSP75.

Médias : Regards, L’Humanité, Politis, Contretemps, Le Media, Blast, Kedistan, Lyon Insurrection, Bastamag

Organisations politiques : ENSEMBLE !, Génération.s, La France Insoumise, EELV, GDS, Nouveaux Démocrates, NPA, Place Publique, le Parti de Gauche, Nouvelle Donne, les jeunes écologistes, MJCF (Mouvement des Jeunes Communistes), UEC, PEPS, Jeunes Génération.s, Rassemblement Communiste, UCL (Union Communiste Libertaire), PCOF, MdP (Mouvement des progressistes).

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L’affaire du maillot de football ukrainien

Un mot d’ordre fasciste sur le maillot reflète un véritable problème de fond.

Le championnat d’Europe de football se tient en juin 2021 et l’équipe d’Ukraine utilise pour ce faire un nouveau maillot, ce qui est la règle, à la fois traditionnelle et commerciale. Une partie de son territoire étant occupée par la Russie, l’Ukraine en a profité pour présenter une carte du pays sur le maillot, en respectant évidemment les frontières conformément au droit international, montrant donc fort logiquement comme territoire ukrainien le Donbass (occupé par les séparatistes pro-Russie) et la Crimée (occupée et annexée par la Russie).

Seulement voilà, le régime ukrainien est sur une base fanatiquement anti-russe, anti-gauche, et s’est permis une provocation tout à fait banale pour lui, mais inacceptable pour l’UEFA, l’organisme international du football, qui s’est empressé de demander à ce qu’il soit mis un terme à cela, une fois compris l’ampleur du désastre. La Russie avait également mis de l’huile sur le feu, et pour cause.

Le col du maillot contient en effet deux mots d’ordre : « Gloire à l’Ukraine! » et « Gloire aux héros! ».

Or, ces deux slogans sont ceux des troupes fascistes ukrainiennes ayant soutenu l’invasion nazie de l’URSS. C’est là qu’on voit la catastrophe qu’est le régime ukrainien, corrompu et passé sous la coupe des États-Unis.

« Gloire à l’Ukraine! » (Slava Ukraini!) est initialement un mot d’ordre patriotique, provenant d’un poème de l’auteur national ukrainien Taras Chevtchenko. Les fascistes ont récupéré ce mot d’ordre, en y ajoutant un second, « Gloire aux héros » (Heroiam slava!). On parle ici de « l’Organisation des nationalistes ukrainiens » (OUN) fondée en Autriche en 1929, qui mettra ensuite en place une Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) convergeant avec l’Allemagne nazie.

C’est à la fondation de l’UPA que les deux mots d’ordre sont devenus des salutations : la première personne dit « Gloire à l’Ukraine », la seconde « Gloire aux héros », ou bien simplement « Gloire! » et « Gloire », avec d’ailleurs le salut romain comme norme, dans la tradition fasciste. Après 1945, les deux mots d’ordre furent interdits en URSS ; après l’effondrement de l’URSS en 1991 et jusqu’à la fin des années 2000, il y a ensuite une montée en puissance en Ukraine de « Gloire à l’Ukraine! », qui s’installe vraiment à partir des années 2000 et est devenu en 2018 la salutation militaire courante.

Les années 2010 ont également été marquées par une association toujours plus grande de ce mot d’ordre à « Gloire aux héros », notamment depuis l’Euro-Maïdan et l’activisme effréné de l’extrême-Droite, notamment de l’organisation « Svoboda » (Liberté).

L’affirmation de ces mots d’ordre sur le maillot national est donc terrible, cela reflète la main-mise toujours plus grande d’une idéologie nationaliste fantasmagorique sur l’Ukraine. C’est le triomphe d’un fanatisme délirant, où le mal consiste en ce qui est russe ou socialiste. La Russie n’a pas de mal, malheureusement, à en profiter pour sa démagogie visant à justifier son expansionnisme. C’est une situation insupportable pour les démocrates et le peuple ukrainien.

Et surtout cela fait du peuple ukrainien de la chair à canon alors que les Etats-Unis et l’OTAN comptent faire s’effondrer le régime russe.

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Politique

L’antifascisme ne passe pas par l’ultra-gauche

L’union fait la force et il n’y a pas de place pour ceux hostiles à l’unité.

Ce qui est paradoxal et insupportable, c’est qu’aujourd’hui en France on désigne par « antifas » des gens d’ultra-gauche, alors qu’historiquement l’ultra-gauche est opposée à l’antifascisme, considérée comme une « trahison » de la révolution permanente. Même « No pasaran », « ils ne passeront pas », un slogan unitaire de la guerre d’Espagne, a été récupérée et déviée par l’ultra-gauche, dans un sens « batailleur », « radical », volontariste, subjectiviste, etc.

C’est évidemment typique de l’ultra-gauche que de procéder ainsi, pour s’approprier du prestige et tromper les gens. L’ultra-gauche, c’est la cinquième colonne, l’irruption des forces hostiles à la transformation sociale dans le camp de la transformation sociale, au nom… de la transformation sociale. C’est difficile à saisir, mais on a un bon exemple avec Jean-Luc Mélenchon actuellement, qui refuse l’unité de la Gauche… au nom de la victoire à la présidentielle d’une ligne censée aller « plus loin » que tout le monde.

On ne rappellera ainsi jamais assez que l’antifascisme, c’est l’union de toute la Gauche… à l’exception de l’ultra-gauche. Cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas y avoir d’anarchistes ou de syndicalistes révolutionnaires. Durant la guerre d’Espagne, la CNT a participé au Front populaire. Seule l’ultra-gauche avait refusé.

Alors qu’entend-on par ultra-gauche? Tout simplement les adeptes de la « révolution permanente », qui refusent de considérer que la Gauche réformiste puisse s’intégrer à l’antifascisme, qui rejette les mots d’ordre démocratiques et populaires, qui refuse de considérer que le fascisme est la menace numéro 1 et qu’il faut savoir faire des compromis pour obtenir l’unité face à lui.

Plus simplement, l’ultra-gauche oppose une « révolution » fictive au fascisme, considérant que seule la révolution barre au fascisme… tout en déniant à la révolution un caractère démocratique, la réduisant à une sorte de coup de force, d’ailleurs assez dans l’esprit des gilets jaunes.

« L’union c’est la force », affiche de la guerre d’Espagne, avec sur les brassard UGT et CNT, les deux principaux syndicaux (socialiste et communiste, anarchiste et syndicaliste révolutionnaire respectivement)

Il est évident que face à l’extrême-Droite qui monte, et qui montera jusqu’à la présidentielle de 2022, il faudra l’antifascisme. Encore faut-il que le concept n’ait pas été balayé par l’ultra-gauche. Il y a ici une lutte opiniâtre à mener, une lutte acharnée. L’antifascisme ce n’est pas l’anarchisme, l’antifascisme c’est l’unité la plus large possible contre l’extrême-Droite… la plus large possible.

Ainsi, oui il fallait voter Emmanuel Macron à la présidentielle pour barrer la route à Marine Le Pen, et oui, s’il le faut, il faudra le refaire en 2022. On peut espérer mieux, on doit espérer mieux, mais l’antifascisme c’est simplement une bouée de sauvetage et rien n’est pire que Gribouille sautant à l’eau pour ne pas être mouillé par la pluie.

Il faut donc déjà y penser : comment contribuer à l’antifascisme en 2022, comment le préserver des ignobles déformations d’ultra-gauche? Comment faire en sorte qu’il y ait des campagnes unitaires les plus larges possibles contre l’extrême-Droite?

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Politique

« Montjoie Saint Denis », un nouveau coup d’éclat d’extrême-droite

Le petit attentat contre le président Emmanuel Macron mardi 8 juin 2021 est significatif de l’époque : la société en crise charrie une Droite qui s’assume de plus en plus et des activistes d’extrême-droite assumant de plus en plus le romantisme sur le mode du coup d’éclat.

Il n’y a aucun doute sur l’identité politique de l’agresseur d’Emmanuel Macron à Tain-l’Hermitage dans la Drôme. On a à faire à un royaliste dans la mouvance de l’Action Française, issu de toute la tradition développée par Charles Maurras.

Son action, une gifle au président de la République en criant « Montjoie Saint Denis ! A bas la macronie » est absolument typique. On a quelque-chose se voulant très radical et transgressif, mais qui est en réalité insignifiant sur le plan du contenu et de la forme. Cela est violent certes, mais ce n’est qu’un coup d’éclat, une occasion pour asséner un cri de ralliement romantique sur le mode du slogan.

« Montjoie Saint-Denis » renvoie à toute la mythologie nationaliste des royalistes français s’imaginant puiser dans l’Histoire de France. Il ne s’agit en fait que de folklore et de culte irrationnel à partir d’imageries féodales datant d’avant l’apparition de la France, pour appuyer un discours nationaliste tout ce qu’il y a de plus contemporain. Le slogan est ici censé faire référence à la défense de la France, sur le mode chevaleresque.

On remarquera que le youtubeur Papacito, qui vient de défrayer la chronique avec sa vidéo appelant à liquider physiquement la Gauche, est pareillement un admirateur des Wisigoths, sur un mode idéalisé.

En ce qui concerne les termes « Montjoie Saint-Denis », on les retrouve dans le fameux poème médiéval la Chanson de Roland, qui est une affirmation féodale chrétienne à l’époque des croisades. Cela n’a bien sûr aucun rapport avec la situation actuelle, ni avec la prétendue « macronie ».

Mais les nationalistes n’ont certainement pas besoin de voir de rapport entre les choses, car ils ne fonctionnent pas de manière rationnelle. Emmanuel Macron est pour eux la cible de choix, un symbole, pour dérouler la fiction d’un discours politico-culturel au contenu aboutit.

On notera au passage la grande décadence des services de protection de l’État français, incapable d’assurer le minimum pour ce qui est censé être la figure la plus importe des institutions françaises en la personne du président de la République. En l’occurrence, une simple émission télévisée de divertissement, Quotidien, avait pu discuter avec le protagonistes et ses acolytes… 4 heures avant les faits et connaître leurs motivations !

Ces gens étaient donc sur place depuis longtemps, facilement identifiable de par un certain look, et surtout assumant publiquement leur discours royalistes. On a l’un d’eux (pas le gifleur) parlant du déclin de la France et se disant anarchiste, ce qui est typique des activistes de l’Action Française pour qui le royalisme consisterait en « l’anarchie + 1 », c’est-à-dire l’anarchie (soit l’absence de toute modernité étatique et de toute structure sociale centralisée) + le Roi (c’est-à-dire une figure mystique romantique s’imposant à tout, pour tuer toute expression la société, au-delà des classes, etc.).

On notera au passage la grande incohérence de ces activistes d’extrême-droite, avec l’ami du gifleur qui s’exprimait à la caméra en expliquant regretter le fait que le président dise « on n’a pas de culture » (sous-entendu française, nationale)… alors qu’il porte lui-même un t-shirt avec l’immonde figure du Joker de Batman, ce qui est en soi une agression culturelle (ou anti-culturelle si l’on veut).

Toujours est-il que ces gens ont le vent en poupe, ils se sentent portés par l’époque. Et l’État n’est même pas capable d’assurer le service minimum pour les contenir et prévenir un tel coup d’éclat. Cela en dit très long sur l’ambiance en France et ce à quoi il faut s’attendre dans la période à venir.

Il est plus que jamais temps pour la Gauche de relever la tête et d’assumer sa tâche historique qui est d’écraser la Droite et toutes les expressions de celle-ci au moyen de la démocratie populaire.

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Politique

Les youtubeurs Papacito et Code Rheino appellent à des commandos armés de droite contre la Gauche

La vidéo fortement relayée du lundi 7 juin 2021 est sans ambiguïté.

Le nationaliste d’extrême-droite, c’est typiquement un gros beauf arrogant, une caricature d’homme patriarcal et brutal, à la fois stupide et en même temps capable de briller pour faire aboutir sa stupidité. On aurait pu croire ces dernières années que ce cliché avait disparu, que ce genre de figure s’était effacée au profit d’un nationalisme plus politique cherchant à conquérir électoralement et culturellement la population.

Seulement voilà, même les fachos sont décadents et leur posture « conservatrice révolutionnaire » ne s’élève pas au-dessus des errances d’un Donald Trump. On a avec la vidéo de Papacito et Code Rheino une terrible illustration de comment ces gens existent vraiment, et peuvent avoir un impact. Leur crédo est simple : il s’agit d’adopter une posture anti-culturelle et anti-intellectuelle, valorisant un pseudo bon-sens populaire pour en fait contribuer à tirer la société vers le bas et maintenir les gens prisonniers dans le passé.

C’est exactement le sens de la vidéo de Papacito et Code Rheino, formant une vaste mise en scène. Elle se veut subtile au moyen de l’humour pour dire sans dire, tout en disant, et en même temps mettant les pieds dans le plat de manière franche en utilisant un langage et des mises en scène très violentes, puisque en l’occurrence le mannequin sur lequel il est tiré est censé représenter un « gauchiste ».

https://youtu.be/KHY-01mxxNw

Concrètement, la vidéo est ainsi un appel au meurtre des personnes considérées comme de gauche, au sens le plus large qui soit. Elle est suivie de toute une partie technique avec la présentation d’armes, de la façon de s’en procurer (avec un simple permis de chasse comme prétexte), de quelles munitions choisir, etc.

Code Rheino a produit une seconde vidéo dans la foulée, elle aussi tout à fait clair sur le sens de la démarche : il faut purger la Gauche, bien évidemment assimilée à la fraction libérale post-moderne pro-migrants pro-LGBT, etc., ainsi qu’à Jean-Luc Mélenchon, qui en a profité pour faire un scandale afin de se mettre lui-même en valeur.

https://youtu.be/v0Wb637dSvk

Un tel message, un tel niveau d’apologie de la violence gratuite et directe est quasiment inédit depuis de nombreuses années, à part du côté des islamistes prônant le djihad. On pourra tout à fait dire que cela a un impact marginal, que l’immense partie de la population, notamment chez les jeunes, n’en a que faire, n’en entendra même jamais parler, etc.

C’est tout à fait vrai, mais cela ne change rien au problème. Non seulement la vidéo de Papacito et Code Rheino est malgré tout très connue en seulement une journée, alors que Papacito est proche d’Eric Zemmour par ailleurs . Mais surtout, il ne faut pas s’imaginer que le danger fasciste consiste forcément en des millions de militants activistes.

Combien de personnes sont concernées par l’appel à former des commandos armés anti-gauche par Papacito et Code Rheino ? Quelques centaines ? Un millier ? Dix milles tout au plus ? C’est déjà énorme, et largement suffisant pour considérer qu’il s’agit là d’une proposition politico-militaire de grande importance. On peut tout à fait considérer l’existence de quelques bandes armées de droite, sur le mode beauf et viriliste exactement comme le proposent Papacito et Code Rheino (« montez vos équipes »), afin d’accompagner un mouvement politico-culturel de droite plus massif et officiel, s’exprimant notamment électoralement.

Les deux ne sont certainement pas incompatibles et c’est d’ailleurs le modèle historique de la victoire du fascisme en Espagne, parallèlement au coup d’État de Franco. Il y avait un parti électoraliste d’extrême-Droite et une cohorte de petits mouvements violents fonctionnant à la provocation.

L’imagerie de l’Espagne franquiste dans la vidéo appelant à purger la Gauche en France

Il est question ici d’armes et de violence armée, et c’est donc très sérieux. Il existe en France des gens de droite suffisant radicaux pour en appeler publiquement à l’action armée contre les gens de gauche. La réponse ne peut qu’être que démocratique à grande échelle, en cherchant la mobilisation populaire la plus large face à la Droite. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de dimension militaire, car il s’agit concrètement d’envisager la résistance contre des attaques armées.

Toute personne se situant dans la tradition de la Gauche historique le sait.

Ainsi, nous ne sommes plus à l’aube des années 1930 comme cela a pu être considéré ces cinq ou dix dernières années, nous sommes en plein dans une période similaire à celle des années 1930, avec une crise d’ampleur et un activisme nationaliste de droite « populaire » vindicatif, assumant la violence. La réponse ne peut qu’être portée par la Gauche historique, assumant haut et fort ses valeurs ancrées dans le mouvement ouvrier et en même temps profondément enracinées dans l’époque, avec notamment le fait que les femmes soient aux commandes, avec la cause animale comme référence incontournable.

C’est cela s’opposer réellement à la démarche de Papacito, Code Rheino et autres nihilistes qui sont une honte au pays de Montaigne, Rabelais, Molière, Racine, Diderot, Rousseau…

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Conservateurs révolutionnaires pro « purge »: l’entrée dans l’ère de la violence

La crise impose un rythme nouveau aux contradictions.

La vidéo des youtubeurs Papacito et Code Rheino qui appelle à des commandos armés de droite contre la Gauche reflète le passage à une nouvelle période. Il y a désormaisi un large espace pour un populisme national-nostalgique avec Marine Le Pen, Eric Zemmour et le général de Villiers, combiné avec un activisme violent de bandes d’extrême-Droite, le tout formant une « révolution conservatrice » alignée sur l’eurasisme de la Russie de Vladimir Poutine.

Quant au peuple, on ne lui demande même pas d’être protagoniste de tout ce nationalisme, mais simplement de rester passif, d’accepter sagement une restructuration militariste. Puis, ensuite, l’engrenage aidant, il sera trop tard pour reculer, comme en 1914, et le nationalisme l’emportera de manière traditionnelle.

D’ailleurs, les masses restent totalement anesthésiées par la consommation que propose le capitalisme pour tous les moments et toutes les étapes de la vie. Elles n’ont aucune perception d’elles-mêmes, chacun se saisissant comme un simple individu.

Autant dire que c’est un scénario cauchemardesque. Les gens les plus conscients l’ont compris depuis quelques temps déjà et ils observent, avec stupeur, qu’il n’existe pour l’instant aucune contre-tendance. Il y aurait dû avoir les ouvriers avec les fermetures de boîtes ces derniers mois, mais leur seul horizon a été une négociation permettant un gros chèque. L’écologie et les animaux, personne ne veut concrètement en entendre parler non plus.

Que reste-t-il alors ? La perspective que tout va être très dur. Le potentiel démocratique du peuple est en France immense. Mais le niveau est à zéro et la révolution conservatrice a un boulevard. Il va donc falloir passer l’ouragan pour que le navire populaire puisse reprendre un vrai chemin démocratique. Reste à savoir la force de l’ouragan. Que faire si la guerre pour le repartage du monde prend tout le monde de vitesse ?

C’est tout simplement l’Histoire qui est en train de se jouer. Il faut bien le saisir.