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Les « cairns », des tas de cailloux par des tas d’imbéciles

Le béton de la ville ne suffisait pas.

Quoi de plus naturel et positif que la randonnée ? On se dit que forcément, les gens qui aiment marcher sont des gens qui ont au moins compris quelque-chose à la vie. Rien que parce que cela demande un effort prolongé et un minimum de préparation, la randonnée est à contre-courant de l’époque. Pourtant, là aussi le capitalisme a pénétré, avec son esprit de conquête et de consommation.

Alors bien sûr, ce n’est pas nouveau qu’il existe tout un business autour de la randonnée, avec des gens achetant des souliers hors de prix pour ne marcher que cinq heures par an. Ou encore l’explosion des bâtons de marches, qui en plus d’être inutiles dans beaucoup de cas, causent d’énormes soucis de destruction des sols. Mais bon, il y a malgré tout à la base une démarche rationnelle, avec l’idée de faire les choses bien. Dialectiquement, l’action participe au changement positif de l’humanité, qui cherche à développer un rapport de plus en plus élaboré à la nature.

Tel n’est pas le cas de cette horrible mode des « cairns » qui sévit sur les chemins de plus en plus chaque année. C’est là quelque-chose de tout à fait négatif, reflétant parfaitement le problème de l’humanité à l’époque de l’écocide.

Il s’agit de tas de cailloux disposés à plat, du plus large en dessous au plus fin au sommet, en général à des intersections. A l’origine, c’est censé être une habitude de randonneurs pour tracer les chemins. Le mot aurait une racine celtique, à partir de »karn » signifiant « tas de pierres ». Pourquoi pas, bien que cela soit ridicule au 21e siècle, à l’époque du GPS et des cartes accessibles facilement.

Le problème, c’est qu’on trouve maintenant ces tas de cailloux partout, faits par n’importe qui. Dans l’imagerie collective, cela renvoie surtout à la haute montagne et à la « conquête » des sommets et glaciers.

Maintenant, c’est devenu clairement un objet de consommation. Des gens marchant 1h, 2h, 3h, à la montagne, s’imaginent être des aventuriers et devoir absolument marquer le chemin de leur empreinte. Littéralement, ils apportent leur pierre à l’édifice et en général ils prennent une photo pour « partager » cette émotion consommée. Et donc, pas seulement en montagne, mais absolument partout, depuis les petits chemins isolés d’Auvergne, jusqu’aux côtes bretonnes ou provençales, on retrouve ces amas de cailloux. Et pas qu’en France d’ailleurs.

Sur le plan de l’écologie, c’est zéro, cela va sans dire. Forcément cela n’est pas anodin de déplacer des cailloux. La nature n’est pas une carte postale, mais une réalité concrète et complexe, en mouvement, où la vie s’établit en permanence. Même un cailloux à l’apparence anodine intègre et produit un écosystème.

Mais surtout, il s’agit là d’état d’esprit. Normalement, le randonneur a à l’esprit que déjà sa trace sur le chemin a un impact, et il veux réduire celle-ci le plus possible en ne sortant surtout pas des sentiers tracés. C’est précisément pour cela que les chemins sont balisés discrètement à la peinture et qu’il faut les suivre rigoureusement. La mode des « cairns » consiste exactement en l’inverse.

Il faut donc marquer son passage, il faut conquérir l’espace. La marche, la vue, le vent, les odeurs, le calme, cela ne suffit pas à ces gens. Cela se vie, mais il n’y a rien à montrer, alors il faut obstinément poser des cailloux pour « faire » quelque-chose.

On est là au même niveau que la masse d’imbéciles jetant des pièces dans les fontaines italiennes en imaginant que cela est romantique. Où ceux attachant des cadenas aux ponts parisiens, qui s’effondrent de ce poids. Quel désastre…

C’est tellement un désastre qu’on trouve maintenant des panneaux pour tenter d’expliquer aux gens que les « cairns » sont nuisibles. Ou encore, sur la presqu’île de Crozon à la pointe du Van, il y a même un espace dédié avec un tas de cailloux à disposition, pour éviter d’en faire ailleurs !

Le Parc national des Calanques à Marseille, qui déjà est sur-fréquenté, est lui aussi littéralement pollué par cette horrible mode. Il a donc été communiqué là-dessus, pour tenter d’éduquer, de rattraper le retard. Voici un extrait de la communication, qui est intelligente dans sa formulation, mais qui est bien trop défensive et ne servira malheureusement à rien :

« Les cairns, ça craint. On vous explique pourquoi.

Cette pratique est loin d’être anodine pour le milieu naturel. Dans le Parc national des Calanques, les cairns illustrent parfaitement l’impact d’un geste, qui semble inoffensif, répété par des milliers de personnes. Il aboutit à la création d’amas de pierres géants et informes, qui n’ont d’ailleurs plus rien de photogénique. Pire, la formation de ces cairns engendre plusieurs impacts néfastes sur le milieu naturel :

– En prélevant des pierres le long d’un sentier, le sol se retrouve à nu et cela entraine une forte érosion, jusqu’à atteindre la roche mère.

– En prélevant des pierres dans un éboulis, on impacte une végétation spécialisée comme la très rare Sabline de Provence, espèce protégée et endémique de la Provence calcaire.

– Le prélèvement de pierres porte atteinte à tout un cortège d’espèces comme le scorpion à pattes jaunes, le cloporte, la tarente de Maurétanie ou l’hémidactyle verruqueux.

Une fois que le cairn atteint une taille importante, les usagers doivent le contourner, ce qui provoque un élargissement du sentier par le piétinement de la végétation arbustive.

A plusieurs reprises, les agents du Parc national ont procédé à leur surpression comme dans les photos ci-dessous, le long du sentier panoramique au-dessus de la calanque d’En-Vau, avec l’aide des élèves du Lycée des Calanques. Plus anciennement, l’association MBF avait aussi prêtée main forte pour supprimer ces cairns.

Ne pas laisser de traces

Il y a fort à parier que la majorité de auteurs de cairns ignorent l’impact qu’ils ont sur l’environnement et n’ont aucune mauvaise intention. Avec cet article, nous espérons porter à la connaissance de nos visiteurs ces impacts. Mais nous rappelons également que la réalisation de cairn au sein d’un Parc national est passible d’une contravention de 135 € car elle constitue une atteinte au milieu naturel. La seule exception à cette règle est accordée aux grimpeurs qui les utilisent avec parcimonie, pour marquer ponctuellement les accès aux voies d’escalade. Le Parc national autorise ces cairns de très faible hauteur (30-40 cm) qui sont mis en œuvre exclusivement par la FFME et le CAF.

Alors, plutôt que de poster la 100 002ème photo de cairn sur Instagram, et si nous changions notre rapport à la nature en l’appréciant telle quelle ? Le panorama depuis le mont Puget sur l’archipel de Riou n’est-il pas suffisamment beau, pour avoir à lui ajouter un tas informe de pierres ?

Il n’est nul besoin de laisser une trace de notre passage dans la nature. Et si vous êtes sensible à la protection du Parc national des Calanques comme de tous les espaces naturels, il est d’autres hashtags à faire monter comme puissance, comme #stopcairns, #nocairn,  #leaveonlyfootprints ou #leavenotrace. »

Mais c’est déjà trop tard. D’ailleurs, si le parc naturel des Calanques était à la hauteur, il assumerait : il faut interdire l’accès au public, au moins l’été. C’est inévitable si on veut vraiment d’un parc naturel qui ne soit pas Disneyland. Les mentalités usées et pourries par le capitalisme ne changerons pas, à moins d’un grand bouleversement, à moins d’une révolution !

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Les fantasmagoriques « hommes enceints » du Planning familial

La décadence du capitalisme à l’oeuvre.

Des « hommes enceints », voilà la dernière croisade du Planning familial, qui comme toutes les structures de la Gauche non historique, anti-historique, a rejoint le camp du turbocapitalisme. Le monde s’enfonce dans une crise généralisée, la 3e guerre mondiale s’enclenche, mais non, l’urgence du moment et la clef absolue du progrès, ce serait les LGBT. C’est là raisonner exactement comme H&M, Google, McDonald’s, Netflix, bref tout le camp de la super-modernité capitaliste où tout se consomme vite et bien par une multitude de consommateurs aux identités sans rivages.

Ce n’est là même plus de la convergence avec le turbocapitalisme, c’est le turbocapitalisme lui-même. Ce n’est pas un accompagnement de la décadence capitaliste : c’est la décadence capitaliste elle-même. Toutes les valeurs s’effondrent dans un capitalisme qui pourrit sur pied, en triomphant dialectiquement en même temps dans tous les domaines.

Le Planning familial assume d’ailleurs cette orientation de manière tranchée, comme le font la plupart des gens s’imaginant de « gauche » mais étant en réalité aligné sur le Parti Démocrate américain et son libéralisme sur le plan des moeurs. Si on est contre ce libéralisme sur le plan des moeurs, alors on est un « facho ».

Le planning familial a choisi : il récuse le camp du prolétariat, il est dans le camp du capitalisme. Qui connaît le peuple sait que pour lui il y a des hommes et des femmes et que c’est ainsi procède la Nature, dans une opposition dialectique qu’on retrouve partout. Pour les tenants de la « modernité », c’est trop binaire. Tout comme la lutte des classes est pour eux trop « binaire ». Vivement que les masses se mettent en branle pour balayer ces sous-produits du capitalisme pourrissant.

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« Dark stores » et « dark kitchens » : l’agonie du capitalisme

La société marchande est condamnée.

Depuis plusieurs années, les villes françaises sont polluées par la prolifération de service de livraison à domicile. Cela a d’abord concerné les restaurants déjà en place, puis il y a eu des restaurants se spécialisant dans la livraison, sans aucun service d’accueil sur place. À ces « dark kitchens » s’ajoutent maintenant tout un tas de « dark stores », soit l’équivalent de supérettes ou supermarchés, mais uniquement destinés à la livraison.

Ces entrepôts posent des problèmes évident de nuisance dans les rues où ils sont implantés. D’abord en raison du va et vient des scooters (qui attendent longtemps sur place, sur les trottoirs, les éventuels commandes), mais aussi à cause des livraisons pour l’approvisionnement. Un « dark store », c’est plusieurs camions semi-remorques ou gros porteurs par semaine, souvent tôt le matin, parfois en journée, y compris le samedi. Et ce sans infrastructures, ni aucune concertation préalable avec les municipalités, contrairement aux supermarchés classiques (quoi que c’est de moins en moins vrai pour les supermarchés classiques).

Ces entrepôts sont installés en toute illégalité, et bien sûr en toutes connaissance de cause de la part des entrepreneurs. Il est joué sur la prétention de dire qu’il s’agit de commerces traditionnels (ce qui serait légal), alors qu’ils s’agit manifestement en droit urbain d’entrepôts, donc soumis à des règles et des autorisations particulières.

Il y a quelques jours, l’adjoint à la mairie de Paris en charge de l’urbanisme s’est imaginé porter une grande cause en « dévoilant » un projet gouvernemental de légaliser les « dark stores » et « dark kitchens ». Il s’agit d’un petit article d’un arrêté de la Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages, permettant de requalifier en « commerces de détail » ce qui est défini comme des « points de collecte d’achats commandés par voie télématique ». Cela mettrait définitivement fin à toute « interprétation » juridique de la chose.

C’est une vision des choses d’ailleurs très cohérente du point de vu capitaliste, car on à là effectivement des points de collecte de marchandises par des particuliers, la seule nuance étant qu’ils sous-traitent cette collecte à des domestiques.

De toutes façon, c’est là un détail tout à fait insignifiant, car en réalité ces entrepôts sont déjà légaux de fait, puisqu’ils se sont implanté de force et que personne ne les a empêché. Ni les administrations, ni les préfectures, ni les municipalités (y compris Paris), n’ont rien fait contre, alors qu’il y avait tout un tas de manières administratives et policières d’empêcher ces activités dès le premier jour.

Ne serait-ce qu’en réprimant concrètement l’occupation illégale de l’espace publique par les scooters accompagnants ces entrepôts. En réprimant l’exercice illégal de l’activité de livraison avec engin motorisé de la part d’auto-entrepreneurs grouillant autour de ces entrepôts. En réprimant la circulation sur bandes et pistes cyclables par les « speed bikes » utilisés par ces entrepôts, qui sont légalement des cyclo-moteurs.

Le ministre délégué à la Ville et au Logement Olivier Klein a mis fin à la polémique en faisant savoir qu’il n’était pas question d’imposer et que les collectivité locales doivent avoir la possibilité de refuser ces « stores », via les plans locaux d’urbanisme. C’est la magie du turbo-capitalisme : d’abord le droit est piétiné par des entrepreneurs, puis la puissance publique, qui n’a plus grand chose de publique, torpille le droit en légiférant dans le sens des entrepreneurs pour accompagner ce qui est déjà en place, et ensuite il prétendu qu’il y a le choix. Le « choix » étant l’alpha et l’oméga du turbocapitalisme.

Fini la démocratie dans sa forme moderne-républicaine donc, avec la bourgeoisie censée être la meilleure représentante de la société. Seul le marché compte avec le « choix » des consommateurs. Mais ce qui est vraiment remarquable dans cette histoire, c’est que même en ce qui concerne le marché, il n’y a en fait pas grand-chose.

Car il ne faut pas s’y tromper. Si ces « stores » représentent en partie une expansion du capitalisme, avec des marchandises disponibles 24h/24 ou presque, ils représentent surtout un ratatinement total du capitalisme. Ces stores n’apportent aucune plus value, ne représentent aucune valeur ni véritable modernité, si ce n’est une façon nouvelle d’avoir recours collectivement à des domestiques, sans être soi-même très riche.

Mais ces « stores » sont très loin d’être rentables et au sens strict, ils forment une concurrence déloyale aux commerces traditionnels. Mais comme les monopoles du commerce traditionnel (Carrefour par exemple) sont en général eux-mêmes actionnaires de ces nouvelles entreprises, alors ils accompagnent le mouvement en s’imaginant être placé pour l’avenir, face à la crise.

Si le capitalisme était vaillant, la bourgeoisie écraserait ces tentatives commerciales ridicules dans les centres urbains, en raison des nuisances évidente qui n’apportent en contre-partie rien au PIB du pays ni à la croissance capitaliste des villes. Mais le capitalisme est en crise, face à un mur, alors tous les moyens sont bons pour espérer. C’est ainsi que s’est développée la croyance (irrationnelle par définition) en les « start-ups » et les applications pour smartphone.

Alors, la modernité capitaliste serait de se faire livrer ses courses commandés sur iphone en 15 minutes, par des domestiques qui ont attendu sagement devant les entrepôts que le consommateurs du futur aient une petite faim, et surtout une grosse flemme de bouger du canapé ou de l’ordinateur. Il y a beaucoup de gens, surtout jeunes, pour trouver cela sympa et payer plus cher leur paquet de chips et leur sauce tomate pour ce « service » 2.0. Mais ce n’est pas ainsi que le capitalisme se sauvera de la crise, bien au contraire.

On peut d’ailleurs se douter qu’avec l’inflation et la crise énergétique, le problème des « dark stores » va être réglé rapidement. Quand les gens vont découvrir leur facture de chauffage cet hiver, alors que tous les prix vont drastiquement continuer d’augmenter en raison également de cette crise énergétique dans l’industrie et le transport, la donne ne sera plus la même. Et l’agonie du capitalisme en sera d’autant plus évidente.

Reste à savoir quelle sera la réponse populaire face à la crise sociale et économique. En attendant, sur le plan culturel, la faillite populaire est évidente, sinon ces absurdes « stores » n’auraient jamais pu voir le jour.

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La conception réactionnaire de l’origine de la vie par les astéroïdes

Une nouvelle étude revient à la charge.

Le 3 décembre 2014, la sonde Hayabusa-2 était envoyée par l’Agence d’exploration spatiale japonaise vers un des astéroïdes de type C que composent l’Univers, l’astéroïde Ryugu (« palais du dragon ») découvert en 1999.

Si les scientifiques s’intéressent à ce type d’astéroïde, c’est parce qu’il s’est constitué il y a plus de 5 milliards d’années, soit avant la formation du système solaire et qu’il présente les éléments chimiques de l’état de la matière avant la formation du Soleil.

Prélever et analyser les compositions et la dynamique d’un tel astre, c’est ouvrir la voie à la compréhension de la formation de notre système solaire, ce qui est là tout à fait intéressant et contributif en matière d’avancée scientifique universelle.

Mais voilà, la science n’est pas quelque chose qui plane dans les cieux, et il y a toujours un rapport entre un conception donnée du monde et le travail de recherche proprement scientifique. Or, dans la société bourgeoise subsiste une propension à analyser les choses de manière séparée les unes des autres, tout autant qu’à nier l’auto-suffisance et la dynamique interne de la matière dans son développement.

La thèse de l’impulsion externe, d’une « source » extérieure à la formation de l’Univers prédomine entièrement, le Big Bang étant en cela un bel exemple de la défense religieuse d’une « création originelle » de l’Univers, thèse née dans les années 1950 autour du chanoine catholique belge Georges Lemaître.

En parallèle à cette thèse du Big Bang qui suit l’idée philosophique d’un « grand horloger », on retrouve l’idée de l’origine de la vie par « panspermie ». La « panspermie », c’est cette idée qui voudrait que la vie se « ballade » dans l’Univers grâce à un moyen de transport que seraient les météorites. Et voilà que de récentes recherches sur les poussières sur l’astéroïde Ryugu remettent une couche sur cette approche idéaliste-religieuse.

En effet, le prélèvement de fragments de poussières sur l’astéroïde Ryugu en 2019, puis leur retour sur Terre fin 2020, est une prouesse technique qui a contribué à certifier objectivement la présence d’éléments chimiques essentiels à la vie dans les astéroïdes de type C, tels de l’eau et des acides aminés (à la base de la formation de protéines complexes).

Mais le problème, c’est que les scientifiques tirent le fil et enfoncent le clou en faisant de cette conclusion, une perspective idéaliste-religieuse : l’origine de la vie se situerait ici. Et c’est toute la presse, nationale comme régionale, qui reprend cette idée d’une origine spécifique et métaphysique de la vie sur Terre.

Ainsi, Patrick Michel, membre du CNRS et de l’équipe scientifique Hayabusa-2, déclare à propos des fragments de poussières de Ryugu qu’ils vont :

« nous en dire long (…) selon la matière organique contenue dans ces échantillons, sur le rôle des astéroïdes dans l’émergence de la vie sur Terre ! »

On se demandera alors pourquoi l’eau est également présente, selon des états différents, sur la Lune ou bien encore Vénus et pourquoi la vie ne semble pas y être apparue.

Pour n’importe quelle personne soucieuse d’une approche matérialiste, il ne fait nul doute que l’Univers contient en lui-même les éléments matériels consécutifs au développement d’une de ses formes particulières, que l’on nomme la vie. Par conséquent, le souci dans ces approches, c’est la volonté de trouver un moment « décisif » ainsi qu’une « source originelle » dans l’apparition de la vie sur Terre.

C’est une terrible négation des avancées majeures dans ces réflexions que sont les apports du géochimiste Vladimir Vernadsky, puis de la biologiste Lynn Margulis et du biologiste James Lovelock. Il n’y a en effet pas d’éléments « déterminants » ayant « créé » la vie, mais un processus géochimique propre à la Terre, qui s’est alors constituée comme une Biosphère.

La vie, ou plutôt la matière vivante, est le résultat d’une combinaison matérielle qui s’est réalisée de manière dynamique et interne à la Terre où tout est lié et où rien n’est plus déterminant qu’un autre, et rien n’est moins religieux que de croire (car c’est le mot à utiliser ici, et non pas « penser ») à une impulsion originelle extérieure à la Terre elle-même.

Mais tout cela n’étonnera guère quiconque analyse les choses en profondeur et sait voir la marche du monde actuel, miné par une régression à tous les étages de la vie sociale et culturelle. On bascule vers la réaction intellectuelle à tous points de vue, et en voilà une nouvelle illustration.

Car si l’on suit la thèse de la météorite… On va se demander d’où elle vient… Et d’où vient ce qui vient… Et à l’infini jusqu’à avoir besoin d’un Dieu comme grand démarreur de l’univers. C’est là-dessus que jouent tous les religieux pour combattre le matérialisme, à l’instar du best-seller du début de 2022 « Dieu, la science, les preuves ».

Il est clair que pour continuer à progresser sur le chemin rationnel de la connaissance à propos de la formation de la matière vivante, il y a un besoin de changement de société, d’une société où domineront les principes philosophiques matérialistes dans toutes les sphères de la connaissance humaine. Élan dont seule la classe ouvrière marchant vers le socialisme est en mesure de porter, car elle seule porte le collectivisme, et donc la capacité à comprendre les rapports des choses les unes aux autres.

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« Chargé.e de communication médias et des relations extérieures » du Réseau Sortir du nucléaire

Ce n’est pas comme cela que ça marche !

Le Réseau Sortir du nucléaire cherche un homme à tout faire, un militant capable de mener son agitation et sa propagande avec une grande détermination. En voici l’offre d’emploi. Non pas parce que cela aidera à trouver quelqu’un, mais pour souligner qu’une telle annonce n’a strictement aucun sens justement. Soit on se fonde sur une personne militante, et alors on n’a pas besoin d’une telle annonce dont les exigences listées sont totalement politiques sans le dire… Soit on ne se fonde pas sur une personne militante, auquel cas l’annonce est mensongère, en plus d’avoir la faiblesse de proposer un salaire au moins deux fois trop bas pour un cadre bourgeois capable de mener le travail attendu.

Cette annonce montre tout le problème en France où la notion même de militantisme est anéantie, avec une logique associative à mentalité de fonctionnaire syndicaliste. Rien que l’idée que le job proposé tiendrait en 35 heures par semaines montre l’absurdité de l’approche. C’est vraiment à l’image des Français qui veulent tout changer sans rien changer, ayant tellement une mentalité de petit-bourgeois qu’ils ne veulent rien mettre en jeu, surtout pas eux-mêmes.

« Offre d’emploi : Chargé.e de communication médias et des relations extérieures

Le Réseau « Sortir du nucléaire » recrute un·e chargé·e de communication média et relations extérieures

CDI basé à Lyon

1/ Présentation de l’association

Le Réseau « Sortir du nucléaire » est une fédération de groupes antinucléaires. Sa charte demandant une décision politique de sortie du nucléaire civil et militaire a été signée par près de 900 organisations et plus de 62 000 personnes. Association libre et indépendante, elle est financée exclusivement grâce aux dons et cotisations de ses membres et a pour but d’obtenir l’arrêt du nucléaire en France grâce à une transition énergétique reposant sur la maîtrise de l’énergie, la sobriété énergétique et le développement des énergies renouvelables. Elle compte une équipe salariée de 14 personnes.

Association d’envergure nationale, le Réseau « Sortir du nucléaire » apporte un soutien aux actions et luttes antinucléaires, qu’elles soient locales ou nationales, mène des campagnes d’information et de sensibilisation auprès du grand public sur le nucléaire et ses alternatives, ainsi qu’auprès des élu·es, des collectivités, des syndicats…, organise des mobilisations, actions et rassemblements pour obtenir l’abandon de l’énergie nucléaire, assure une présence auprès des médias pour des sujets d’actualité liés au nucléaire, publie une revue trimestrielle, mène un combat juridique pour obtenir l’arrêt des réacteurs existants, pour s’opposer à la construction de nouveaux réacteurs, et faire reconnaître la responsabilité des exploitants nucléaires lors d’incidents ou de dysfonctionnements dans les installations.

Dans la perspective du départ annoncé de la personne actuellement en charge de la communication média et des relations extérieures, le Réseau « Sortir du nucléaire » recrute une personne qui soit à même de remplir ces missions dans la période cruciale que nous traversons actuellement. Un temps de tuilage est prévu pour faciliter l’appropriation du poste.

2/ Présentation du poste et des missions

En lien direct avec le CA, les salarié·es du pôle antinucléaire, les groupes locaux et de nombreuses personnes ressources, et sous la responsabilité de la coordinatrice des activités antinucléaires et du projet associatif et de l’administrateur référent, vous assurerez les missions suivantes :

Pilotage et réalisation de la communication média

 Contribuer à la veille stratégique sur les sujets d’actualité
 Assurer la médiatisation des positions et des actions de l’association
 Selon le cas, impulser, rédiger et procéder à l’envoi des communiqués de presse, tribunes, réactions média et réactions sur les réseaux sociaux. Cette tâche est partagée avec une partie de l’équipe du pôle « antinucléaire » (chargée de campagne, chargée de communication grand public, juriste)
 Avec l’appui de la chargée de communication grand public, assurer l’interface avec les médias
 Selon la maîtrise des sujets et la disponibilité des autres porte-paroles de l’association, assurer le porte-parolat (interviews, participation à des débats télévisés, etc.)

Relations extérieures

 Assurer l’interface et représenter le Réseau auprès de structures sympathisantes,
 Assurer le plaidoyer auprès des responsables politiques et institutionnels
 Au besoin, représenter le Réseau lors d’événements à l’étranger.

Suivi de dossiers de fond

 Assurer le suivi de certains dossiers de fond (notamment énergie et climat) et rédiger des contenus,
 Participer à la relecture de fond des supports de l’association,
 Alimenter les débats stratégiques de l’association,
 En lien avec la coordinatrice des activités antinucléaires, veiller à la cohérence globale du discours de l’association avec les orientations politiques précédemment actées.

D’autres tâches pourrons occasionnellement occuper le·la chargé·e de communication média et relations extérieures :

 Formation de bénévoles (Média training, …) ,
 Au besoin, assurer un lien avec les mouvements antinucléaires à l’étranger

3/ Le profil recherché, les compétences et les qualités requises

Savoirs et Savoirs faire

 Formation en sciences politiques, sciences sociales, communication média ou toute expérience probante dans ce domaine
 Une bonne connaissance de la thématique du nucléaire (bases techniques, historique et politique) et des alternatives, ou en tout cas la volonté d’approfondir le sujet
 Aisance avec la prise de parole en public, le porte-parolat et très bonne capacité d’expression orale et écrite
 Très bonnes capacités d’analyses et de synthèse
 Connaissance du monde associatif et capacité à appréhender un univers militant diversifié
 Connaissance du monde des médias, de ses contraintes et temporalités
 Connaissance des bases des relations presse
 Langues requises : anglais. L’allemand serait un plus

Savoir être

 Diplomatie
 Pugnacité
 Écoute et sens de la réflexion collective
 Empathie vis-à-vis du monde militant
 Réactivité
 Capacité à argumenter dans un contexte contradictoire
 Capacité à suivre plusieurs projets en même temps
 Capacité à travailler dans l’urgence et à gérer plusieurs temporalités
 Autonomie
 Rigueur intellectuelle

Seraient également appréciées
 Connaissance de l’association et de la lutte antinucléaire,
 De précédents engagements associatifs ou militants
 Une expérience sur un poste similaire
 Être habitué·e des réunions publiques et au plaidoyer politique

4/ Les informations pratiques sur le poste

 Type de contrat : CDI
 Lieu de travail : Lyon (Croix Rousse, Rhône), déplacements réguliers, notamment sur Paris, à prévoir pour les besoins du poste.
 Durée de travail hebdomadaire : 35 heures
 Date souhaitée d’entrée en poste : novembre 2022
 Rémunération : 2 608 € brut mensuel (groupe H, coefficient 400 de la convention collective ECLAT) + points de reconstitution de carrière pour un emploi dans le domaine de l’économie sociale et solidaire ou de nature similaire à celui-ci, tickets restaurant, mutuelle, contrat de prévoyance, contribution de 50 % à un abonnement local de transport en commun, prise en charge totale des frais lors de déplacements, plan de formation.
 Le cadre légal : convention collective ECLAT et règlement intérieur de l’association (disponibles sur simple demande).
 Disponibilité en soirée et le week-end : dans le cadre d’un travail avec des bénévoles, des réunions sont à prévoir en soirée et certains samedis. Le règlement intérieur de l’association met en place la récupération du temps travaillé en dehors des 35h.

5/ Les modalités pour déposer votre candidature

Les candidatures diversifiées sont appréciées.

Merci de bien vouloir envoyer votre lettre de motivation et CV, uniquement par mail, impérativement dans un seul document au format PDF en indiquant dans le sujet de mail « Chargé.e de communication médias » au plus tard le 31 août avant 18h à : recrutement@sortirdunucleaire.fr

Merci de faire circuler cette annonce à toute personne susceptible d’être intéressée.

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Un vrai scandale policier passé sous silence à Paris

Cela montre le caractère officiel des médias et des réseaux sociaux.

On sait comment il est courant du côté populiste de « gauche » de dénoncer à tort et à travers les policiers, ce qui relève d’une fantasmagorie petite-bourgeoise. La Gauche historique a toujours critiqué la police comme institution, comme composante de l’État, un État à remplacer par un autre d’une autre nature. Mais il n’a jamais été question, comme le font les anarchistes, de raconter tout et n’importe quoi afin de se complaire dans les délires anti-État de la petite-bourgeoisie.

Surtout que les policiers ont totalement changé de nature par rapport à il y a trente ans, sans parler d’avant. Ce ne sont plus des fils de paysans ou des gens arriérés et bornés, ce sont littéralement des prolétaires désormais, dont les esprits sont toutefois façonnés par une institution qui elle n’a pas changé de nature, ainsi que par la confrontation au nihilisme social d’un capitalisme en perdition.

C’est cela qui explique l’indifférence criminelle des policiers présents à Paris le 22 juillet 2022 à Paris dans le 15e arrondissement. On aurait pu penser que depuis l’affaire trouverait un écho, mais en fait pas du tout.

Voici les faits, qui parlent d’eux-mêmes. Il y a un local désaffecté sous la station Sèvres-Lecourbe qui est utilisé par des mineurs en perdition, ces fameux « mineurs non accompagnés » venant d’Afrique du Nord. La RATP le sait et a tenté de les empêcher de l’utiliser, mais sans succès. C’est déjà une première faillite, ou plutôt une seconde car le fait que des mineurs non accompagnés, sans papiers et drogués errent dans les rues de Paris est déjà une faillite.

Le soir du 22 juillet 2022, quelques uns de ces mineurs tentent de se frayer un passage vers le local, en passant par le toit que la RATP a renforcé plusieurs fois. La police nationale est alertée et arrive sur les lieux et demande aux jeunes de descendre du toit. Ils refusent et partent sur la voie du métro, qui est aérien sur cette ligne à ce niveau. Que fait la police ? Elle n’a pas le droit d’aller sur les voies du métro, donc… Elle repart. Encore une faillite.

Ensuite des agents GPSR (Groupe de Protection et de Sécurisation des Réseaux) de la RATP vont sur les quais, mais ne voient pas les jeunes. Ils abandonnent les recherches.

Le matin du 23 juillet 2022… le premier métro qui passe entre les stations Pasteur et Sèvres-Lecourbe découvre le corps d’un homme calciné. C’est l’un des mineurs qui s’était enfui. Il n’était pas en fait mineur, c’est un homme de 24 ans, né à Rabat au Maroc, le quotidien Le Parisien s’empressant d’ajouter qu’il était « alcoolisé et ayant pris du Rivotril — un médicament utilisé pour lutter contre les convulsions lors de crises d’épilepsie au moment de son altercation avec la police ».

Cette histoire est terrifiante. On est ici dans une non-assistance à personne en danger dont la première responsabilité va à la police. Il y a ici un sens de la dé-responsabilité qui est aberrant. L’affaire passe pour un fait divers, alors qu’on est littéralement avec des policiers qui laissent les choses se faire, et tant pis pour une vie humaine après tout si les choses tournent mal.

On peut bien entendu expliquer cela facilement humainement à petite échelle, en disant que de toute façon les policiers ne peuvent pas aller dans le métro, que le fuyard était un anti-social drogué, que les policiers n’allaient pas se plier en quatre pour un type pareil qui de toute façon disparaîtrait rapidement dans la nature, etc.

Mais là cette petite échelle n’est plus tenable et reflète un effondrement complet de la société française en général. On peut ne pas le remarquer au niveau individuel, mais qui voit les choses avec envergure comprend bien que c’est la fin d’une époque. C’est Socialisme ou barbarie, et les choses se précipitent.

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Rapport entre les classes Société

Face aux fortes chaleurs, il faut utiliser le droit d’alerte

Concernant les fortes chaleurs, le code du travail français est dépassé. Il faut donc savoir utiliser son droit d’alerte et si besoin de retrait.

La santé au travail est une revendication majeure du mouvement ouvrier. Les CHSCT (qui n’existent plus, ayant fusionné au sein des CSE) ont été le fruit de la lutte âpre des travailleurs, notamment des mineurs, pour avoir le droit à la considération de leur santé et de leur sécurité dans l’organisation du travail. Les expositions aux risques sont listées et réglementées dans le code du travail ; augmenter ces listes et les obligations qui en découlent pour l’employeur est un rapport de force perpétuel.

Et le changement climatique amène son lot de nouvelles situations à risque et les épisodes de chaleurs extrêmes en font partie.

Cela fait quelques années que ces épisodes sont annoncés comme devenant plus récurrents par les scientifiques et qu’ils s’installent dans la vie quotidienne. Pour autant, le code du travail ne contraint toujours pas les employeurs à quoique ce soit concernant la chaleur sur le lieu de travail. Il oblige simplement à prendre des mesures de sensibilisation et de « bons gestes », aujourd’hui dérisoires avec des températures qui demandent une véritable adaptation de l’organisation du travail.

En conséquence de ces lacunes, les salariés doivent prendre le relais en s’informant sur le fonctionnement métabolique humain face à la chaleur, sur ses limites et utiliser le droit d’alerte envers l’employeur. Ce droit, moins connu que le droit de retrait, en facilite l’utilisation en fixant les points de risques auprès de l’employeur ; le droit de retrait, lui, s’utilise au moment du danger lorsqu’il subsiste.

Le droit d’alerte est d’autant plus utile lorsque le danger encouru par le salarié n’est pas clairement identifié et recensé dans les procédures habituelles. Par exemple avec l’épidémie de covid19, on avait un danger difficile à évaluer, car on ne connaissait pas bien le virus, il y avait le fait d’être « à risque » soi-même ou son entourage, ainsi que le fait de ne pas avoir de mesures barrières mises en place.

Des droits de retraits ont pu être reconnu par les tribunaux en partie parce que l’alerte avait été donnée en parallèle par des syndicats, permettant ainsi le maintien des salaires.

Avec les chaleurs extrêmes et les manquements du code du travail à ce propos, la situation de flottement est assez similaire.

Le droit d’alerte peut être posé individuellement par le salarié ou collectivement par un syndicat, un collectif de travailleurs, élus CSE, etc. Pour pouvoir alerter, il faut bien connaître les risques encourus et les faire remonter à l’employeur, tout en demandant des adaptations sur le lieu de travail, dans le rythme de travail etc.

Concernant les chaleurs, il faut savoir que la température à elle seule n’est pas ce qui met à mal l’organisme humain, l’humidité présente dans l’air est un facteur très important. Il faut donc signifier à l’employeur qu’il doit surveiller et informer sur ce taux d’humidité autant que sur la température.

Voici un graphique qui donne la température ressentie en fonction de l’humidité :

Et un graphique de l’indice de Thom, indice de stress thermique pour les humains en fonction de la température et de l’humidité:

On voit donc que dès 42°C il existe un risque de mort imminente et que globalement, quel que soit le taux d’humidité, le travail devrait être arrêté à 40°C pour ne pas avoir à sortir de chez soi. À 35°C le taux d’humidité devrait être scruté avec attention et le travail en extérieur arrêté. À partir de 30°C le taux d’humidité doit être surveillé, car à partir de 80 % d’humidité, le risque de malaise est présent.

Concernant les métiers nécessitant d’être dans un véhicule, à partir de 30°C dans l’habitacle, la vigilance se détériore, des pauses pour se rafraîchir sont nécessaires sous peine de risques accrus d’accidents. L’employeur peut certes proposer la climatisation dans les véhicules, mais au-delà d’ajouter des problèmes au problème du climat, cela peut également être un faux-ami en provoquant des chocs thermiques.

La charge physique d’un poste de travail est un facteur à prendre en compte. Il existe une classification de l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) de la charge de travail sur quatre niveaux.

– Travail léger : Travail de secrétariat ; Travail assis manuel léger (taper sur un clavier, écrire, dessiner, coudre, faire de la comptabilité) ; Travail assis avec de petits outils, inspection, assemblage ou triage de matériaux légers ; Travail des bras et des jambes (conduite de véhicule dans des conditions normales, manœuvre d’un interrupteur à pied ou à pédales) ; Travail debout (fraisage, forage, polissage, usinage léger de petites pièces) ; Utilisation de petites machines à main ; Marche occasionnelle lente (inférieure à 3,5 km/h)

– Travail moyen : Travail soutenu des mains et des bras (cloutage, vissage, limage…) ;Travail des bras et des jambes (manœuvre sur chantiers d’engins : tracteurs, camions…) ; Travail des bras et du tronc, travail au marteau pneumatique, plâtrage, sarclage, binage, cueillette de fruits et de légumes ; Manutention manuelle occasionnelle d’objets moyennement lourds ; Marche plus rapide (3,5 à 5,5 km/h), ou marche avec charge de 10 kg

– Travail lourd : Travail intense des bras et du tronc ; Manutention manuelle d’objets lourds, de matériaux de construction ; Travail au marteau ; Pelletage, sciage à main, rabotage ; Marche rapide (5,5 à 7 km/h), ou marche de 4 km/h avec charge de 30 kg ; Pousser ou tirer des chariots, des ; brouettes lourdement chargés ; Pose de blocs de béton

– Travail très lourd : Travail très intense et rapide (par exemple déchargement d’objets lourds) ; Travail au marteau à deux mains ou à la hache (4.4 kg, 15 coups/minutes)  ;Pelletage lourd, creusage de tranchée ; Montée d’escaliers ou d’échelles ; Marche rapide, course (supérieure à 7 km/h).

Plus le travail est lourd, plus le seuil de température qui met en danger est bas.

Il y a aussi des facteurs individuels qui exposent davantage les personnes au stress thermique, ce sont globalement les personnes vulnérables.

Par exemple, les femmes enceintes ne devraient pas travailler au-dessus de 28°C, mais rien n’est spécifié dans le code du travail français ; l’employeur devrait garantir un poste adéquat ou si cela est impossible maintenir à domicile avec maintien de salaire.

Il est par contre possible de demander une visite chez le médecin du travail pour demander un aménagement, voir un arrêt de travail et cela est aussi valable pour les personnes présentant certaines pathologies chroniques ou bien étant sous certains traitements.

Les personnes ayant dépassé 55 ans sont plus vulnérables à la chaleur, ce qui devrait remettre en question le recul de l’âge de la retraite pour les corps de métier particulièrement exposés.

Aussi, l’alcool, les drogues et toutes les substances stimulantes empêchent l’organisme de faire son travail de rafraîchissement et sont par conséquent à bannir.

Pour l’heure, mis à part des secteurs très précis comme le bâtiment, les horaires et les postes sont très peu adaptés, les employeurs se contentent de recommander de boire régulièrement, éventuellement de fournir de l’eau supplémentaire. Cela ne change pas beaucoup des recommandations classiques lors des chaleurs estivales, alors que l’organisme est davantage sollicité. À un niveau ou le corps nécessite plus de temps de pause pour faire tomber sa température, cela nécessite un accès à de l’eau, à un endroit frais, à la possibilité de se mouiller…

Voici donc un exemple de droit d’alerte avec comme exemple le métier de livreur, mais qui pourra être adapté à d’autre métiers, en précisant les conditions particulières collectives et individuelles.

Le droit d’alerte s’adresse par écrit (mail, courrier, lettre recommandée avec accusé de réception), il doit évidemment être adapté s’il est adressé de la part d’un salarié ayant une fonction représentative. Le cas échéant en utilisant le pluriel et des formules telles que « En tant que… ».

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Si vous ne craignez pas une guerre nucléaire…

C’est que vous n’êtes pas réalistes !

L’utilisation des armes nucléaires apparaît comme très lointaine pour les gens, pour deux raisons. La première, c’est qu’elle n’a pas été utilisée depuis longtemps, depuis la deuxième guerre mondiale avec la superpuissance américaine au Japon. On se dit donc que cela ne sera plus jamais utilisé. La seconde, c’est que les gens pensent qu’on en reste à « l’équilibre de la terreur » et que personne n’utiliserait une bombe nucléaire car les répliques seraient telles que ce serait la fin du monde.

Cette conception est dépassée. Prenons un exemple parlant. Vladimir Poutine a dit le 25 juin 2022 que :

« En Europe, les Américains ont 200 armes nucléaires tactiques, dans six pays européens. Pour leur utilisation éventuelle, 257 avions ont été préparés, non seulement américains mais aussi appartenant aux pays que j’ai mentionnés. »

C’est quelque chose de vrai et que personne ne sait pratiquement. En plus de la France qui a la bombe nucléaire et en contrôle l’utilisation, il existe des bombes nucléaires dans des pays de l’Union Européenne, sous contrôle américain. On en trouve ainsi en Allemagne, en Belgique, en Italie et aux Pays-Bas (ainsi qu’en Turquie et au Royaume-Uni).

Et ce sont des bombes nucléaires tactiques, de petite échelle. On parle ici de destruction relativement circonscrite, permettant par exemple de détruire toute une armée sur une petite zone (voir l’article La menace nucléaire (tactique) française sur la Russie de mars 2022 expliquant ce principe).

De telles armes sont la base d’une escalade militaire sans pareil. Et la Russie, dont l’utilisation d’armes tactiques n’est pas au programme à part comme dernier recours, s’aligne sur cette escalade, parce qu’elle compte « maintenir son rang ».

En fait, l’existence même de bombes nucléaires tactiques est la base d’une escalade d’un côté, et un contournement de « l’équilibre de la terreur » de l’autre. Il n’y aura pas de guerre nucléaire mondiale immédiate si une bombe nucléaire détruisant 4 km2 est lancée d’un côté et de l’autre. Mais c’est un puissant moyen d’aller dans le sens de cette guerre nucléaire mondiale à moyen terme, alors qu’auparavant le risque était bien trop grand.

On commence par lancer une telle bombe, puis une seconde, puis une troisième… puis c’est l’engrenage et la catastrophe complète.

Dans une telle situation, les gens qui pensent en France à leur retraite tranquille sont sur la planète Mars. Les enjeux sont immenses et qui s’imagine s’en sortir à l’écart du reste du monde est hors sol. Car on parle de la possibilité même de vivre un avenir qui ne soit pas terrifiant. Il suffit de voir les films extrêmement difficiles Threads, Le jour d’après et Le dernier rivage pour comprendre que les survivants d’une guerre nucléaire vivraient d’incroyables souffrances pendant plusieurs générations.

La question est désormais collective. Elle concerne l’humanité toute entière. Les questions du réchauffement climatique, du rapport aux animaux, de la pollution… également d’ailleurs. Tout cela devient de plus en plus incontournable. Le repli individuel est une illusion qui conduit à un cul-de-sac complet, à la dépression et au nihilisme.

Si vous ne craignez pas une guerre nucléaire, c’est que vous n’êtes pas réalistes. Pour l’instant, on s’y précipite, parce que cela fera partie de la guerre mondiale qui a déjà commencé, en février 2022. Le désastre est prévu : il faut maintenant l’empêcher !

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La France : année zéro

Le niveau est à zéro, tout est à faire !

Le premier tour des élections législatives 2022 a montré que la confiance générale dans la stabilité de la société française était absolue. Bien entendu, il y a des courants contestataires formulant l’idée qu’il y aura un « troisième tour social » à la rentrée. Cependant, on ne trouve nulle part l’idée que tout est illusion et qu’en réalité on va à une grande rupture civilisationnelle.

Autrement dit, emprisonnés dans le capitalisme et son 24 heures sur 24, les gens croient en une évolution des choses, qui sera lente, et non pas en un saut qualitatif révolutionnant tout le cadre de pensée et d’action. Le capitalisme est considéré comme installé et solide ; il pourrait être réorienté dans telle ou telle direction, éventuellement « dépassé » en certains domaines. Il n’est toutefois pas raisonné en termes de cassure.

Cela montre ici que lorsque les gens parlent de Karl Marx en France, ils le limitent à une dimension « sociale » et ils ne saisissent pas qu’au contraire la question est fondamentalement humaine, avec la question de l’exploitation et de l’aliénation d’un côté, celle de l’épanouissement personnel dans un cadre collectif de l’autre.

Cela montre surtout qu’il n’existe aucune « charge » prolétarienne en France, que le prolétariat, qui porte le nouveau monde, est aux abonnés absents, qu’il ne diffuse rien, qu’il ne soutient rien, qu’il est décomposé.

Si on rate cette décomposition, alors on ne peut pas comprendre il y aura recomposition. Une recomposition qui va malheureusement passer par l’opposition à la guerre, aux mesures économiques d’appauvrissement et de pression accrue au travail. Mais une recomposition qui porte en elle le programme pour établir le Socialisme en France, au fur et à mesure de son avancée.

Il est en tout cas tout à fait évident désormais que le capitalisme a englouti le prolétariat et que sans recomposition, il n’y a rien. Le capitalisme s’est tellement développé dans les pays riches qu’il a corrompu les prolétaires pour en faire des petits-bourgeois. La recomposition va consister en le grand décrochage d’avec cette corruption, ce qui ne se fera pas sans heurts, sans remise en cause.

En ce sens, l’espoir ne vient pas du tout de l’alliance électorale NUPES, petite-bourgeoise de bout en bout, voire même bourgeoise d’ailleurs. Il vient en bonne partie de l’effondrement à venir du Rassemblement National qui a piégé les prolétaires au moyen du nationalisme. Le Rassemblement National est le véritable grand obstacle à la recomposition, car il fait croire aux prolétaires que le nationalisme peut les protéger d’un capitalisme devenant toujours davantage un turbocapitalisme.

Mais le Rassemblement National n’est pas en mesure de proposer un tant soit peu du concret alors que la situation devient toujours plus tendue au niveau international ; il ne sert même à rien et cela va être tout à fait clair. Cela va amener cette digue à se briser.

Dans tous les cas, quel que soit la forme du processus, c’est la recomposition du prolétariat qui est la clef. Tout le reste est mensonge, expression de la corruption par une société capitaliste opulente.

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1er tour des législatives 2022 : la France du vide

La France est capitaliste de manière assumée.

Les Français ont choisi de partir en vacances avant l’heure et le premier tour des élections législatives le reflète bien. Aucun candidat n’a parlé de la pandémie, ni de la guerre en Ukraine, afin de ne pas fâcher une France capitaliste qui a une seule obsession, celle de pouvoir au maximum continuer comme avant.

Le plus fou est que tout le monde sait très bien que cela ne va pas durer, que cela ne peut pas durer. Cela rend cependant d’autant plus important le refus de la réalité et de ses « complications ». La France est vide, elle veut être vide, elle ne veut rien savoir.

Les résultats en disent d’ailleurs long. 52% des électeurs ne se sont pas déplacés. 25,75% ont voté pour la majorité présidentielle, qui comme on le sait propose un capitalisme « moderne », axé sur le libéralisme tant économique que sociétal. 18,68% ont choisi le Rassemblement National de Marine Le Pen, soit la réponse nationaliste au capitalisme « qui va trop vite ». 4,24% ont choisi Reconquête et Eric Zemmour, soit le nationalisme agressif et sans perspective, en déroute totale à ces élections d’ailleurs.

11,29% ont choisi Les Républicains et l’UDI, soit la Droite traditionnelle. Ce qui fait d’ailleurs que si l’on considère la Droite en général, avec la majorité présidentielle également malgré ses quelques tendances sociales-réformistes, on obtient 60%. Un chiffre énorme, qui correspond tout à fait à la société française, qui est résolument pro-capitaliste, traditionaliste tout en saluant les élargissements de la société de consommation.

On est au degré zéro de la conscience sociale et politique, pire encore on a des gens rêvant dans leur grande majorité d’être des profiteurs.

D’où l’illusion de la NUPES, l’alliance électorale autour de Jean-Luc Mélenchon, avec La France Insoumise, Europe Écologie Les Verts, le Parti communiste français et le Parti socialiste. Son score est bon, avec 25,66% des voix. Mais son programme ne correspond à aucune lame de fond dans la société, c’est un assemblage de bric et de broc de propositions néo-réformistes et populistes. Culturellement, c’est le néant, ou alors le modernisme capitaliste convergeant avec Emmanuel Macron (LGBTQ+, ethno-différentialisme communautariste, pro-cannabis, etc.).

Autrement dit, le capitalisme continue d’avancer et il y a une frange néo-réformiste pour l’accompagner, pour pacifier en arrondissant les angles. Et on n’y peut rien, car si néo-réformisme est là, c’est parce que le capitalisme peut se le permettre.

Ce qu’on peut par contre, c’est défendre le drapeau rouge, en voyant bien que le capitalisme vit à crédit depuis la pandémie, que la tendance à la guerre l’emporte, que toutes les valeurs de la civilisation capitaliste amènent dans le mur à l’échelle de l’Histoire. Tout va craquer, pas une pierre ne restera en place. C’est du point de vue de l’avenir qu’il faut se placer, pas du néant actuel.

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Que fait la police ? Que fait la Justice ?

Le Droit et l’ordre public ont de moins en moins cours en France.

La lutte des classes est un processus historique complexe. On ne peut pas résumer cela comme le font les syndicalistes en un simple affrontement entre « patrons » et « salariés ». Il y a un aspect fondamental à saisir qui est celui de la légitimité sociale.

C’est très simple. La bourgeoisie impose le capitalisme, mais en échange elle n’est pas remise en cause car elle est considérée comme légitime socialement. Cette légitimité ne tombe pas du ciel : la bourgeoisie l’a conquise de haute lutte pendant des siècles de lutte de classe face à la noblesse. En France, c’est un phénomène très identifiable, facile à voir dans les livres d’Histoire.

Et donc, pour être légitime, la bourgeoisie doit se poser comme la plus à même d’organiser la société. Historiquement, cela a consisté surtout en le fait de porter la démocratie face à l’arbitraire monarchique et à l’insécurité féodale. Autrement dit, c’est le Droit plutôt que la loi de Dieu, et l’ordre public plutôt que la loi du plus fort. Avec forcément la Justice et la police pour faire appliquer cela.

Qu’en est-il de cette légitimité de la bourgeoisie en 2022 en France ?

Cela saute aux yeux, et ça ne date pas d’hier, que le Droit est de plus en plus faible. Déjà depuis longtemps les lois sont des sacs de nœuds difficiles à interpréter et les passe-droits sont nombreux (surtout en ce qui concerne la fiscalité). Mais ce qui est plus récent, c’est de constater à quel point en France la loi n’a très souvent même plus cours, dans des situations pourtant très simples et qui étaient jusque là tout à fait respectées.

C’est le cas de l’immigration par exemple. Dans la seconde moitié du 20e siècle, quand la bourgeoisie française a eu besoin massivement d’une main d’œuvre étrangère à exploiter dans les usines, les mines ou sur les chantiers, elle a organisé leur venue. Ce n’est plus du tout le cas. Aujourd’hui l’immigration est totalement anarchique, avec c’est bien connu des gens interdits de territoire facilement identifiés, mais qui ne sont pas expulsés.

La bourgeoisie en profite pour avoir une main d’œuvre corvéable, surtout dans le secteur du BTP, du nettoyage et du maraîchage. A la marge, la petite bourgeoisie, voire des prolétaires, en profitent également pour se payer des domestiques partagés afin de se faire livrer des courses ou des repas via des plateformes type « Uber ».

Ce dernier exemple est flagrant en ce qui concerne les centre-villes. Le Droit, en l’occurrence le code du travail, le code du commerce et le code de la route, est piétiné par les livreurs « auto-entrepreneurs » (ou locataires illégaux de compte d’auto-entrepreneur). Tout le monde le sait, tout le monde le voit (surtout en ce qui concerne le code de la route). Mais cela s’installe pourtant durablement, car la bourgeoisie n’est plus en mesure de garantir le Droit. Force ne va plus à la loi.

Certes, on parle là d’un phénomène tout à fait marginal, n’intéressant pas les gens et ne modifiant en rien (en tous cas en apparence) le quotidien du pays. Mais c’est en fait le cas pour quasiment tout, et partout, ce qui donne une situation générale qui se dégrade largement. L’ordre public est de moins en moins respecté.

De fait, c’est le tissu social lui-même, ce qui est appelé parfois le « vivre ensemble », qui s’effrite, se décompose dans une telle situation. La promesse historique de la bourgeoisie de garantir le Droit et l’ordre public est de moins en moins tenue.

On le voit aisément sur la route avec la multiplication des comportements barbares. Cela a fait l’actualité récemment, car des agents de police faisant face directement à un chauffard en plein Paris, ont été dans l’obligation concrète de faire usage de leur arme, entraînant la mort accidentelle de la passagère et la blessure grave de la personne qui était au volant.

Les agents de police en question, plutôt que d’être pris en charge par la société, soutenus psychologiquement et moralement, se retrouvent mis en accusation. Heureusement pour eux, il y a des images de vidéosurveillance de la RATP qui prouvent facilement qu’ils étaient en situation de légitime défense face à un danger corporel personnel immédiat.

Pourtant, personne ne devrait avoir quoi que ce soit à reprocher à ces policiers. On parle toute de même là d’un chauffard ivre et sous l’emprise de la drogue, sans permis, fonçant dans la circulation, puis sur un agent de police, plutôt que de se soumettre à un simple contrôle suite à une flagrance de non-port de ceinture. Tout cela alors que l’homme en question était en semi-liberté…

C’est évident pour qui a le sens de la morale : c’est la société elle-même qui était en état de légitime défense dans cette situation, et heureusement qu’il y a eu des policiers courageux pour faire valoir l’intérêt de la société en neutralisant cette personne plutôt que de se faire écraser et risquer l’écrasement d’autres piétons ou cyclistes. La mort de la passagère fut le prix à payer, mais les policiers n’en sont nullement responsables.

On parle d’ailleurs là de policiers à vélo, donc très loin de l’image de cow-boy de la BAC qui ferait de sa voiture et de son arme un fétiche. Alors, que faire face à des délits de fuite, qui sont clairement devenus la norme pour tout un tas de personnes surtout en Île-de-France ? Car il est évident que si on laisse s’installer cela, il en est définitivement fini de l’ordre public, et ce pendant des années.

Rien qu’en une semaine, on a au moins deux cas similaires :

Dimanche 5 juin 2022, Vienne (Isère), un policier ouvre le feu pour stopper un chauffard au volant d’une voiture volée, qui refusait d’obtempérer. Un policier a été traîné sur plusieurs mètres avant de chuter, ce qui n’a pas empêché le chauffard de poursuivre sa tentative de fuite.

Mardi 7 juin 202, Argenteuil (Val-d’Oise), un policier ouvre le feu sur un automobiliste refusant le contrôle et qui percute une policière.

C’est grave, extrêmement grave et inquiétant quand au niveau de décomposition sociale en France.

Ce qui se passe est évident : l’ordre social et la Justice ne sont plus garantis en France. Une des base de ce qui fait la légitimité de la bourgeoisie s’effrite littéralement sous les yeux d’une population médusée, mais figée.

Ce serait une bonne nouvelle s’il y avait en face une classe ouvrière organisée, consciente d’elle-même et de sa force historique, prête à prendre la place de la bourgeoisie. Prête à assumer sa légitimité sociale en assumant l’ordre public et le Droit, et bien plus encore !

Tel n’est malheureusement pas le cas, alors il faut bien avoir conscience que la situation va aller en s’empirant. Et ce n’est là qu’un aspect particulier de la crise, qui a de multiples contours et va être de plus en plus ravageuse.

Et dans une telle situation, le rôle de la Gauche historique est évidemment : il ne faut pas critiquer et conspuer de manière anarchiste la police et la Justice. Au contraire, il faut se battre pour une police populaire et une Justice populaire, c’est-à-dire une police et une justice portées par le peuple lui-même, de manière démocratique et populaire.

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Les enseignements capitalistes majeurs de Roland Garros 2022

Le capitalisme a encore étendu son rayon d’action.

Les Français aiment le tennis, un sport à la fois physique et ingénieux, où l’action doit être évaluée et bien placée, comme au rugby. Cela correspond beaucoup à la psychologie nationale. A ce titre, la bourgeoisie a fait de Roland Garros, tournoi se déroulant dans l’Ouest parisien, un véritable bastion idéologique. Le style des spectateurs est le style bourgeois classique.

Or, il y a un événement majeur sur ce plan, avec l’introduction de matchs de nuit, une dizaine, se déroulant après 20 heures. Sur le plan capitaliste il y a deux aspects. Le premier, c’est que ces sessions sont diffusées sur des plate-formes payantes. Le match entre Rafael Nadal et Novak Djokovic a été diffusé gratuitement par Amazon Prime (en échange des coordonnées personnelles), afin d’éviter un trop grand scandale, mais c’est là un élargissement majeur du capitalisme, qui ouvre un nouveau marché.

Le second aspect, c’est que les bourgeois parisiens allant voir ces matchs qui se terminent très tard – sans qu’il y ait de moyens de rentrer car on est en France donc c’est le chaos et des Uber à 60 euros pour faire deux kilomètres, concurrence oblige – lâchent prise, parce que c’est la soirée, avec une dimension festive et consommatrice. Le subjectivisme se répand ainsi sans bornes, avec les cris à outrance, les attitudes véhémentes ou faussement émotionnelles.

Jamais les bourgeois parisiens de Roland Garros des 1982, guindés et éduqués, n’auraient toléré le style de leurs équivalents de 2022. C’est l’autre aspect : la décadence.

Un autre enseignement majeur de Roland Garros 2022 a été l’esprit de compétition artificiel exigé. Cela s’est révélé avec la polémique sur le tennis féminin. Les sessions de soirée n’ont concerné que des matchs masculins, à un exception près. La responsable du tournoi, Amélie Mauresmo, l’a justifié en disant dans Le Parisien que le tennis féminin n’était pas intéressant en ce moment :

« Sur les dix affiches nocturnes, une seule a concerné un match féminin…

Ce n’est pas un regret au vu des confrontations que l’on avait et de ce que l’on voulait présenter à des spectateurs qui viennent pour un match unique. Dans l’ère dans laquelle nous sommes, et en tant que femme et ancienne joueuse, je ne trouve pas ça injuste de dire qu’il y a plus d’attrait pour les matchs masculins.

Mon objectif, lorsque j’ai commencé la programmation au jour le jour, c’était d’essayer de voir quels seraient les matchs du tableau féminin qui pourraient être présentés en session de nuit. Sincèrement, j’ai essayé de me pencher dessus presque tous les jours. »

Ce qui est reproché au tennis féminin, c’est qu’il n’y a pas 2, 3, 4 figures majeures dominant tout le reste, et proposant ainsi une concurrence fascinant un public biberonné à suivre ces feuilletons consommateurs. La victoire de la joueuse Iga Świątek pour la seconde fois à Roland Garros a été à ce titre saluée : enfin l’arrivée d’une « patronne ».

On voit ici comment le capitalisme se fait agressif sans commune mesure. Il ne veut pas seulement de la concurrence, il assume l’hégémonie de monopoles s’affrontant pour la domination totale. On a ici un reflet d’une logique impérialiste.

Cela en dit long sur la société française et l’évolution en cours. Et il n’est pas étonnant que cela se lise aussi facilement dans le tennis, un sport revendiqué idéologiquement par la bourgeoisie parisienne d’un côté, un sport où le dopage joue un rôle majeur de l’autre, avec un individualisme forcené à l’arrière-plan.

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Stade de France : faillite de l’État et indécence du ministre de l’Intérieur

La France s’enlise.

La France, qui plus est dans sa région capitale où vivent plus de 12 millions de personnes, s’est avérée incapable d’organiser un simple match de football avec quelques dizaines de milliers de supporters anglais et espagnols.

Rappelons que ce match, qui est chaque année en Europe le match de football le plus prestigieux de la saison, a commencé avec 37 minutes de retard, alors que des milliers de supporters du Liverpool FC n’étaient toujours pas dans l’enceinte. Ce n’est qu’à la toute fin de la première mi-temps, soit 1h30 après l’heure prévue du début de la rencontre, que tous (ou presque) les possesseurs d’un billet étaient à leur place.

Quelle débandade pour la France, qui s’imaginait récolter les lauriers en organisant ce match prévu initialement à Saint-Pétersbourg, mais relocalisé en raison de l’invasion russe de l’Ukraine.

Rien n’allait ce soir-là : les stadiers étaient extrêmement peu nombreux, avec aucun d’entre eux pour guider les gens. La communication visuelle pour l’accès aux différentes portes du stade était faible ou inexistante, d’ailleurs des portes étaient fermées sans information pour les personnes concernées, et de nombreux tourniquets ont été mis hors service par le passage de faux billets (ou en tous cas supposément faux).

Les témoignages expliquant cela sont innombrables. La presse étrangère s’en régale tellement c’est une occasion en or de clouer le bec aux Français traditionnellement si arrogants. Mais il n’y a pas que cela : il y a dans la presse étrangère, qui reflète (de manière imparfaite et désorientée) l’opinion publique de chaque pays, un haut le cœur face à un tel plantage.

Car évidemment, personne n’est à l’abri et chacun des voisins de la France sait être aussi concerné par cet genre de ratage accompagnant et renforçant la crise du capitalisme. Certes, il y a le plaisir (tout à fait compréhensible) de critiquer les Français, mais il y a aussi et surtout un profond dégoût pour ce qui menace toutes les sociétés capitalistes avancées, c’est-à-dire le chaos.

De quoi tout cela est-il le nom, si ce n’est d’un capitalisme à bout de souffle, incapable de fournir la main d’œuvre suffisante à un événement de masse, ni d’assurer la fiabilité de ses opérations, et s’enfonçant alors dans le désordre ?

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a affirmé lors d’une conférence de presse où il était sommé de s’expliquer sur la situation que :

« Le mal à la racine à l’origine [sic] de la situation samedi soir : une fraude massive et industrielle. »

C’est faux. Le mal à la racine est l’absence de stadiers suffisamment nombreux et formés, combiné à un système défaillant de lecture des billets. C’est une réalité peu connue, mais qui va l’être de plus en plus : la France peine à recruter du personnel de sécurité fiable, voire à en recruter tout court.

Plus personne ne veut faire cela, tellement c’est devenu un métier insupportable et dangereux, en raison de l’agressivité qui se généralise, ainsi que de la violence systématique. La solution a été de compter sur des immigrés censés être moins regardants, mais eux non plus ne veulent plus, ou pas à ce prix-là.

Et comme dans le même temps, en raison du capitalisme, il y a de plus en plus de marchandises et de flux à surveiller, alors cela engendre un manque flagrant de personnel.

C’est cela le premier problème du Stade de France samedi 28 mai 2022. Alors les forces de l’ordre, comme d’habitude, ont dû compenser comme elles pouvaient en mettant la pression. Cela n’a fait qu’empirer la situation, car les supporters (essentiellement du côté anglais) se retrouvaient pris dans des goulots d’étranglement en raison des dispositifs policiers, ce qui gênait les flux.

Puis, quand tout cela a dégénéré, la police a dû employer (relativement) la force, surtout du gaz lacrymogène, pour gérer la foule, une foule forcément en colère de ne pas pouvoir entrer au stade malgré le billet (payé au prix fort qui plus est).

C’est alors que des bandes de délinquants et criminels, soit des jeunes venant des quartiers environnants, soit des migrants des bidonvilles autour du périphérique, sont venus enfoncer le clou de cette ambiance de chaos : tabassage, coups de couteau, et vol de téléphone, de billet, de papiers d’identité, etc. Certaines images et récits de ces razzias sont effroyables, c’est particulièrement vrai dans la presse espagnole qui en a beaucoup parlé.

Mardi 31 mai, six personnes ont été jugées en comparution immédiate à Bobigny pour ces actes, alors que 48 personnes avaient été placées en garde à vue pour ces mêmes motifs.

Il ne faut pas s’en étonner. Le département de la Seine-Saint-Denis relève clairement du tiers-monde et se rapproche toujours plus du Bronx des années 1980 et 1990. C’est ce qu’avait rappelé il y a peu l’ancien football Thierry Henry, qui est un célèbre consultant à la télévision outre-manche :

« Techniquement, faites attention, le stade est situé à Saint-Denis. Saint-Denis, ce n’est pas Paris. Croyez-moi, vous ne voulez pas être à Saint-Denis, ce n’est pas la même chose que Paris… »

Il aurait fallu des moyens importants pour encadrer et assumer un tel événement en Seine-Saint-Denis, défini par Emmanuel Macron comme « la Californie sans la mer ». Mais la France en est manifestement devenue incapable.

Et autre signe des temps, de la décadence de l’État : l’attitude abjecte du ministre de l’Intérieur. Gérald Darmanin aurait dû immédiatement être démis de ses fonctions après un tel raté. Au contraire, celui-ci persiste et signe pour expliquer qu’il a tout bien fait, mais que tout est la faute des britannique qui se sont mal comporté :

« Il n’y a singulièrement que dans le football et avec certains clubs anglais qu’il y a ces événements »

On est là dans le populisme pour faire peur aux gens ayant en tête les hooligans d’il y a trente ans, alors que désormais le football anglais est totalement encadré et policé. Le hooliganisme anglais, avec ses groupes de choc, n’existe plus, à part éventuellement dans les divisions inférieures et encore.

En cause également selon le ministre de l’Intérieur, 30 000 à 40 000 supporters du Liverpool FC avec des faux billets ou sans billet, et 70% des billets présentés au pré-filtrage qui étaient faux. Ce chiffre est délirant, et n’est corroboré par rien du tout d’officiel. Comme si 30 000 à 40 000 fraudeurs refoulés du stade aurait pu disparaître par enchantement !

Car les abords du stade étaient vides une fois tout le monde rentré à l’intérieur vers 22h30, alors personne ne peut croire un tel chiffrage absolument gigantesque. Il faudrait d’ailleurs des moyens industriels pour un tel déploiement de faux billets et les polices anglaise et française auraient forcément vu quelque-chose en amont, aussi faibles soient-elles.

D’après l’AFP et RMC Sport, la Fédération française de football (organisatrice de l’événement pour le compte de l’UEFA) a pour sa part donné un tout autre chiffre lors d’une réunion lundi au ministère des Sports : 2 800  faux billets.

Et encore que cela inclut probablement un grand nombre de bugs des machines elles-mêmes. Un de joueurs du match, l’Ecossais Andy Robertson, a lui-même raconté avoir donné des billets à des proches, qui ont été considérés comme falsifiés, alors qu’ils étaient vrais.

Ce qui s’est passé samedi 28 mai 2022 aux abords du Stade de France à Saint-Denis est très significatif. C’est l’expression de manière crue d’une réalité qui est en cours depuis des années, mais qui s’est définitivement installée avec la crise sanitaire : la France est devenue une société en décomposition, avec un capitalisme qui se casse la figure, avec une puissance publique de moins en moins capable d’organiser le vivre-ensemble.

Et malgré que tout le monde soit conscient de cette réalité, tout le monde continue de faire semblant… pour l’instant.

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Société

Permis à points : le gouvernement va dans le sens des chauffards

Libéraux et fachos contre la sécurité routière.

Le ministère de l’Intérieur a annoncé par voie de presse qu’il menait une réflexion pour assouplir le Code de la route. Et l’Élysée a fait savoir que le Président est d’accord. Il s’agirait de ne plus retirer un point aux conducteurs sanctionnés d’un excès de vitesse considéré comme « petit », c’est-à-dire de moins de 5 km/h au-dessus de la vitesse réglementaire.

Le gouvernement prétend, en se basant sur un rapport de la Cour des comptes, qu’en lâchant du lest ici, il pourrait éventuellement gagner ailleurs et améliorer la sécurité routière. C’est irrationnel, et mensonger, mais tellement typique des mœurs libérales qui polluent la France et les Français, incapables de discipline collective.

C’est irrationnel, car dans la pratique, les excès de vitesse de moins de 5 km/h sont déjà considérés comme petits, et donc peu sanctionnés. C’est le principe du permis à point. On en a 12 (ou seulement 6 pendant les trois premières années de permis), et si on en perd un, il est automatiquement renouvelé au bout de six mois (sauf nouvelle infraction, évidemment).

Où est le problème dans ces conditions ? A moins de vouloir aller dans le sens des gens qui roulent systématiquement vite et qui prétendent que ce n’est pas si grave ! Il ne faudrait surtout pas perturber la petite bulle auto-centrée qu’est l’habitacle de leur voiture chérie…

Ajoutons également le fait que dépasser la vitesse de 5 km/h, cela signifie avoir déjà dépassé deux marges. La première, c’est le compteur de la voiture, qui surestime la vitesse réelle. La seconde, c’est l’abattement automatique de la vitesse retenue par les appareils de mesure, pour considérer une marge d’erreur. Jusqu’à 90 km/h, c’est 5km/h. Au delà, c’est un pourcentage.

Concrètement, il faut rouler à 56 km/h en vitesse réelle pour être sanctionné d’une vitesse retenue à 51 km/h. Et donc, à l’affichage sur le compteur de la voiture, on est en général déjà à 60 km/h.

À grande vitesse, l’écart est plus important. Il faut rouler à 116 km/h vitesse réelle (donc plutôt à 120 km/h sur le compteur de la voiture) pour une vitesse retenue de 111 km/h. Il faut rouler à 137 km/h vitesse réelle (donc au-delà de 140 km/h sur le compteur de la voiture) pour une vitesse retenue de 131 km/h.

Et encore, cela ne concerne que les radars fixes automatiques, qui sont annoncés par un panneau, ainsi que par des applications GPS ou des cartes (ce qui devrait êtres interdit !!). Pour les radars mobiles, c’est-à-dire les contrôles qui ne sont pas annoncés (en tous cas tant qu’ils ne sont pas détectés par les délinquants de la route sur les applications), les abattements sont plus importants encore…

Pour une vitesse retenue de 51 km/h, il faut alors rouler à 61 km/h, donc au-delà des 60 km/h sur le compteur de la voiture). Pour une vitesse retenue de 81 km/h, il faut rouler à 91 km/h, donc au-delà des 90 km/h sur le compteur de la voiture). Pour une vitesse retenue de 131 km/h, il faut rouler à 143 km/h, donc plus proche des 150 km/h sur le compteur de la voiture).

Et donc, quand bien même l’automobiliste se serait laissé aller à ce « petit » excès de vitesse, il ne perd qu’un seul point sur 12, qu’il récupérera dans 6 mois. Mais c’est encore trop, et le gouvernement français a la bonne idée de se dire qu’on pourrait assouplir cela…

Mais dans quel monde vivent ces gens ? Ils ne lisent pas les rapports de terrains de la police et de la gendarmerie, qui font remonter des comportements de plus en plus dangereux sur la route depuis la période du confinement ? C’est comme si un nombre important de conducteurs s’était totalement débridés, sur le mode « après moi le déluge », ce qui est typique d’une société en décomposition.

D’ailleurs, nul besoin de constater un rapport ou une enquête de police ou gendarmerie : il suffit d’être à bord d’une voiture ne serait-ce qu’une heure, en ville ou à la campagne c’est pareil, pour constater un nombre incroyable d’excès de vitesse flagrants et de comportements dangereux en tout genre.

Seulement, comme la majorité des gens est quand même relativement prudente, que les moyens sont mis pour les infrastructures, que les véhicules eux-mêmes sont calibrés pour assumer de gros accidents, alors cela donne au final des chiffres d’accidents considérés comme « acceptables ». Bien loin du carnage des années 2000, ou pire encore du massacre de masse des années 1970 (18 000 morts en 1972, ainsi que des dizaines de milliers de blessés dont des très graves).

Il n’y a rien d’acceptable à la situation actuelle. En ôtant la suppression de point pour les « petits » excès de vitesse, le gouvernement va clairement dans le sens des chauffards. Car ce sont eux qui sont à un point près sur leur permis, mais certainement pas les gens normaux qui n’ont aucune inquiétude de n’avoir que 11 points pendant 6 mois.

Remarquons également une chose très significative : ce sont surtout les chauffards qui ont de l’argent qui verraient leur impunité augmenter. Car l’amende forfaitaire reste, jusqu’à 135 euros, en général plutôt 45 euros. Cela est dissuasif pour les gens normaux, mais pas pour ceux qui roulent déjà dans une grosse voiture et ont des moyens. Ils ne sont pas à 50 ou 130 euros près, surtout s’ils ne risquent rien pour leur permis.

Qui plus est que cela plaît beaucoup aux fachos. Le Rassemblement national trouve la suggestion du gouvernement très bien, tout comme le mouvement d’Eric Zemmour. Celui-ci est d’ailleurs sur ce plan un fou furieux, ouvertement pro-chauffards.

Pour lui, il faut arrêter « la chasse à la vitesse », remettre en place les 90 km/h sur les routes secondaires, supprimer les limitations sur autoroute, interdire aux maires de limiter à 30 km/h dans certaines rues ou quartiers.

On nage ici en plein délire. Et cela pose une question de fond : comment vivre en démocratie avec ces gens là, comment la cohabitation est-elle possible ? La Gauche, forcément, porte la Sécurité routière et le renforcement du Code de la route, par une guerre aux chauffards. Mais ces derniers, que feraient-ils si la Gauche (la vraie) était au pouvoir ? Prendre les armes, pour défendre leur droit à se croire seul au monde sur les routes ? Ce n’est pas absurde d’imager un tel scénario, loin de là.

Car il y a sur cette question de la sécurité routière un véritable clivage au sein de la société française. D’un côté le camp démocratique, assez important numériquement mais très faible politiquement et culturellement. Et de l’autre le camp des fachos et des libéraux, qui ont clairement l’hégémonie politique et culturelle, et qui travaillent la société au corps pour la souiller, saper son unité, déstructurer ses bases.

A la Gauche d’être à la hauteur et saisir l’enjeu, s’en donner les moyens. La sécurité routière est une question démocratique fondamentale. Chaque attaque du Code de la route au nom des chauffards doit être considérée avec la plus grande importance, tellement cela oriente la société française et sa destinée immédiate. On ne peut pas être de gauche en 2022 si on ne voit pas ça.

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Pap Ndiaye, un militant racialiste à l’Éducation nationale

Il n’est pas tourné vers l’Afrique, mais vers les grandes universités américaines.

Immédiatement après son entrée en fonction comme ministre de l’Éducation vendredi 20 mai 2022, Pap Ndiaye a donné le ton :

« je suis peut-être un symbole, celui de la méritocratie, mais aussi, peut-être aussi, celui de la diversité. Je n’en tire nulle fierté, mais plutôt le sens du devoir et des responsabilités qui sont désormais les miennes. »

Il n’en tire aucune fierté, mais il en parle quand-même dans sa prise de parole de quelques minutes, sans que cela n’ait de rapport avec l’Éducation nationale. Voilà qui illustre très bien la perspective de Pap Ndiaye : il est un militant racialiste à l’américaine, avec une bonne dose d’indigénisme à la française. Tout ce qui compte, c’est de focaliser sur la couleur de peau, de manière identitaire, voire franchement raciste.

Il y a pourtant une tradition républicaine bourgeoise en France qui est de ne pas parler de sa couleur de peau, car ce n’est pas important, et surtout cela ne doit pas être un sujet. Il peut être parlé des origines, d’un parcours personnel lié à l’immigration et à l’intégration à la France, mais nullement pour en faire un sujet principal, surtout pas d’entrée de jeu.

Prenons un exemple très concret et tout aussi récent : la nouvelle ministre de la Culture Rima Abdul Malak. Elle est née dans un pays arabe, le Liban, et arrivée en France à 10 ans. Mais ce n’est pas un sujet dans sa prise de parole après son entrée en fonction. Elle a plutôt parlé de la culture, félicitant au passage sa prédécesseure pour avoir récité du Molière, du Racine, du Joachim du Bellay, bref la culture classique française.

Précisément ce que rejette Pap Ndiaye et la mouvance racialiste post-moderne qu’il incarne. Et ce, de manière caricaturale. Alors l’extrême-Droite s’est régalée après son entrée en fonction, tellement son parcours est grossier et grotesque : participation à des réunions « interdites aux blancs » et discours sur le « racisme d’État », dénonciation de la Police nationale comme marquée par un « racisme » institutionnel, discours sur les « violences policières », etc.

Il fait d’ailleurs partie des gens ayant soutenu de très près les militants racialistes du comité Adama Traoré. Il a pour référence les racialistes Franz Fanon et Aimé Césaire, qui tous deux assument un ethno-différentialisme profondément marqué. Et tout comme eux, il est totalement intégré et inséré dans les grandes institutions françaises. Son parcours scolaire est absolument lisse, dans des établissements très bourgeois : lycée Lakanal de Sceaux, classes préparatoires au Lycée Henri-IV de Paris, École normale supérieure à Saint-Cloud, agrégation d’histoire, thèse d’histoire aux États-Unis et enfin maître de conférences à l’EHESS.

C’est là, dans ce bastion de la « gauche » postmoderne, qu’il a développé son créneau universitaire racialiste, focalisant sur la couleur de peau de la peau des gens. Il a pour cela écrit un livre au titre évocateur : La Condition noire : essai sur une minorité française, tout en étant partie prenante du « Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) ».

Pap Ndiaye est un racialiste tellement forcené qu’il était opposé à la suppression du mot « race » dans la Constitution française en 2018. Voici le verbiage universitaire dont il faisait usage dans Le Monde pour justifier sa position :

« Même s’il est évident que la « race » n’existe pas d’un point de vue biologique, force est de constater qu’elle n’a pas disparu dans les mentalités : elle a survécu en tant que catégorie imaginaire historiquement construite, avec de puissants effets sociaux.

Même si l’intention est louable, abolir la « race » dans les sciences sociales ou la Constitution ne fera pas disparaître les discriminations fondées sur elle. L’usage de la catégorie raciale n’implique pas un engagement ontologique douteux du législateur ou du chercheur sur l’existence des « races », mais l’utilisation pragmatique d’une catégorie située pour décrire des phénomènes discriminatoires. »

Et donc, cette personne est maintenant ministre de l’Éducation nationale. Cela en dit très long sur l’état de décomposition morale et politique de la France. C’est là un aspect évident de la crise, car une telle personne avec un telle discours aurait été impensable il n’y a ne serait-ce que dix ans. La France s’américanise, mais pas dans le bon sens : elle copie dans ce qu’il y a de pire le monstre qu’est la superpuissance américaine, et elle va s’effondrer aussi brutalement qu’elle.

On notera au passage que Jean-Luc Mélenchon trouve cela très bien. Selon lui, Pap Ndiaye est un « grand intellectuel », et sa nomination relève de « l’audace ». Ce n’est pas étonnant : on assiste en France à un découpage à l’américaine entre « Républicains » et « Démocrates », Emmanuel Macron tentant d’unir pour l’instant les uns et les autres, en lessivant le reste. Et Pap Ndiaye représente typiquement ces gens voulant ré-impulser le capitalisme au moyen de réformes sociétales.

Comment ne peut-on pas le voir d’ailleurs ? C’est tellement évident que le capitalisme, s’il un a côté conservateur, de repli nationaliste-belliciste, a également un côté cosmopolite – relativiste de toute morale pour oeuvrer à élargir son marché. Ne pas voir cela c’est ne pas regarder le capitalisme dans sa contradiction interne qui saute pourtant aux yeux !

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L’Happy hour permanent de la bourgeoisie française

L’hiver politique n’en finit plus !

Il a été maintes fois répété sur agauche.org que la société française est congelée, que les esprits ont été corrompus par le capitalisme et qu’en France, un pays riche puissamment développé, les gens acceptent tout du moment que la société de consommation reste ce qu’elle est. Et il faut le répéter, car on a là la caractérisation de toute une époque.

Il n’est pas bien difficile de voir que les couches sociales favorisées de la société capitaliste se goinfrent, que les riches deviennent de plus en plus riches, que leur style de vie devient toujours plus ostensible, décalé par rapport au reste des gens. Mais comme les gens vivent leur petite vie avec une réalité matérielle suffisante, même si parfois compliquée, cela anesthésie tout. La France peut même participer activement dans l’OTAN, cela n’y change rien.

C’est à croire que cela n’en finira plus. Et c’est peut-être le cas. Peut-être que nous vivons une période de transition relativement longue où la société de consommation périclite lentement mais sûrement. Cela accorderait à la critique de la société capitaliste une valeur d’autant plus grande, d’autant plus importante, afin d’obtenir un regard historique adéquat.

Peut-être également que cette période est relativement courte, même à échelle humaine, ce qui implique alors que le choc va être brutal, les gens étant en total décalage avec les exigences de l’époque. On parle ici d’une cassure historique, d’une césure, et là forcément sur le plan émotionnel, le plan psychologique, sans parler des plans sociaux, économiques, c’est rude.

Dans tous les cas, on voit bien que quelque chose ne tourne pas rond. La société française se décompose et cela est visible malgré que la bourgeoisie domine entièrement la situation. Il faudrait être naïf en effet pour penser que le projet électoral NUPES de Jean-Luc Mélenchon pour les élections législatives de juin 2022 représente quoi que ce soit d’historiquement concret. Il n’y a même pas de nationalisations au programme, ce qui est tout de même très parlant.

Alors que va-t-il se passer alors que la bourgeoisie française vit une sorte de Happy hour permanent, vivant l’ivresse d’un paradis artificiel ? Quand y aura-t-il enfin un décrochage réel, significatif, un mouvement de fond faisant enfin vivre l’utopie autrement que de manière gesticulatoire ou électoraliste – opportuniste?

Autrement dit, quand est-ce que cet odieux monde en noir et blanc va reprendre de la couleur et enfin se transformer de manière profonde, avec ampleur, pour correspondre aux exigences de notre époque ?

Et où sont les artistes pour exprimer cela ? Et où sont les artistes correspondant à cette phase historique, à cette grande transition, à ce déchirement intérieur de la société française ?

Il y a véritablement quelque chose qui ne tourne pas rond. Ce calme précède la tempête. Mais quelle sera la forme de la tempête, alors que tout relève d’un calme insupportable aux prolétaires exploités et aliénés, aux animaux tourmentés, à un monde bétonné, à une culture défigurée, à une science dénaturée ?

Qu’importe ! On saura la reconnaître. Et en faire partie.

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Suite à la guerre en Ukraine, la GPA n’est plus illégale en France

La GPA s’impose de plus en plus à la société française

Il y a les lois, et puis il y a la façon dont la bourgeoisie les contourne. C’est très connu en ce qui concerne la fiscalité, avec tout un tas de combines pour payer moins d’impôts, cacher telle ou telle richesse, etc.

C’est aussi le cas avec la GPA. Normalement, c’est interdit en France et le gouvernement ne compte pas revenir dessus. En pratique, le droit est régulièrement torpillé à coup de missiles anti-démocratiques, pour piétiner la loi et reconnaître cette pratique barbare.

Initialement, c’est très simple. Les bourgeois trouvent une mère « porteuse » à l’étranger avec qui ils combinent pour qu’elle abandonne son enfant, puis ils l’adoptent et obligent la justice française à reconnaître leur combine.

Seulement voilà, il y a la guerre. En effet, l’Ukraine, qui est un pays pauvre, est un bastion de la GPA. Il y a de nombreuses cliniques pour cela avec un business très structuré. C’est très facile pour des bourgeois français de se rendre là-bas et de récupérer l’enfant qu’ils ont acheté à une femme, dont le corps et ses neufs mois de gestation sont considérés comme une marchandise. L’enfant lui-même, d’ailleurs, est de fait une marchandise dans ces conditions.

Les bourgeois ayant recours à une telle pratique ne reculent devient rien, ils disposent d’énormes moyens. Alors, pour ne pas voir leur projet d’achat remis en cause par la guerre, certains ont fait venir les mères « porteuses » ukrainiennes concernées pour accoucher en France.

C’est arrivé au moins trois fois, en avril et en mai, et probablement deux autres fois encore. Mais personne n’a de chiffres quant à d’autres cas, car tout cela est mené dans la plus grande opacité, avec la complicité des autorités qui laissent faire. On n’arrête pas le business.

Le procédé est très simple. Le couple acheteur fait venir la mère « porteuse » en France, il suffit de dire qu’elle est réfugiée de la guerre. Cette dernière accouche sous X et abandonne l’enfant, tandis que le père biologique (puisqu’il a donné ses gamètes pour une insémination artificielle, une PMA) reconnaît l’enfant. Puis il y a une procédure d’adoption lancée par l’autre personne du couple.

Et le tour est joué.

L’État civil se rend donc complice de la GPA en acceptant de nier l’existence de la mère ukrainienne, qui a pourtant accouché devant témoin sur le territoire français, et dont on a accepté l’abandon de son enfant pour une raison commerciale.

C’est littéralement une importation de la GPA en France, car l’État français laisse objectivement faire cela sur son propre sol. La GPA peut donc rester interdite en France pendant des années, peu importe car les bourgeois ayant recours à cette pratique barbare savent comment contourner la loi sans être inquiétés.

De fait, la GPA n’est plus illégale en France avec un nouveau cap franchi.

Il y avait eu l’arrêt de la Cour de cassation en octobre 2019 reconnaissant les GPA faites à l’étranger et le concept délirant de « mère d’intention », il y avait une décision de la cour d’appel de Rennes en novembre 2019 ordonnant la transcription complète de l’état-civil farfelu de six enfants nés à l’étranger dans le cadre d’une GPA, puis il y a eu dans la foulée, de manière encore plus délirante en décembre 2019, la Cour de cassation reconnaissant des enfants avec deux « pères » ou deux « mères »…

Il y a eu ensuite la loi sur la « PMA pour toutes », qui faisait officiellement des enfants une marchandise et qui gravait dans le marbre le concept délirant de « parent d’intention ».

Il y a maintenant en 2022 des GPA en France.

Quel cynisme que ce soit au prétexte de la guerre en Ukraine. La nation ukrainienne sert déjà de chair à canon pour le capitalisme occidental mené par la superpuissance américaine. Voilà maintenant que des femmes ukrainiennes sont importées, il n’y a pas d’autre mot, sur le territoire français pour y imposer la GPA.

C’est une nouvelle victoire du turbocapitalisme, dans l’indifférence la plus totale de la population française. Une pierre de plus à la généralisation de la société de consommation capitaliste qui est parallèle à une crise menant le monde à la guerre.

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Élection présidentielle 2022 : Emmanuel Macron réélu, la mort de la politique

La France est amorphe.

Emmanuel Macron a été réélu à la présidence de la République avec un peu plus de 58 % des voix, obtenant une nouvelle victoire sur Marine Le Pen au second tour, comme en 2017. C’est là l’expression de deux choses relativement simples à comprendre. D’un côté, la bourgeoisie se modernise, va de l’avant, transformant les centres urbains importants en bastion d’un style de vie de consommation permanente. De l’autre, le prolétariat toujours plus placé en périphérie de ces centres se recroqueville sur ce qu’il a, rejetant un capitalisme qui va trop vite, beaucoup trop vite.

Tel est le sens des votes, avec une bourgeoisie « progressiste » au sens de réimpulser le capitalisme par l’élargissement des marchés, dont Emmanuel Macron est le grand représentant, et un prolétariat conservateur, enferré dans les acquis de la société de consommation mais sans envergure ni perspective, avec Marine Le Pen comme espoir pour exprimer à la fois rancœur, protestation et espoir.

Il y a également une petite-bourgeoisie, couche sociale coincée entre les deux classes historiques du capitalisme, tendant vers l’un, vers l’autre, voire les deux en même temps avec Jean-Luc Mélenchon comme grand représentant. Quiconque regarde La France Insoumise voit qu’il y existe un discours patriotique grandiloquent, des mesures sociales, une volonté d’orienter le capitalisme et de le moderniser, etc.

Ce sont là de grands traits qui transcendent la réalité concrète : l’élection présidentielle de 2022 a « oublié » la pandémie, les dettes abyssales qui en ont découlé, la guerre en Ukraine. C’est littéralement incroyable. On est ici dans un positionnement de classe totalement hors sol. C’est une sorte de prolongement informe de cinquante années de développement de la société de consommation.

C’est en ce sens la mort de la politique. La France est amorphe. Il n’y a plus de cohérence dans les idées et leur exposition, entre les idées et les pratiques, entre les états d’esprit et les conceptions des choses, entre les sensibilités et les points de vue. C’est la fin de tout un capitalisme qui assurait, d’une manière ou d’une autre, un certain sens de l’exigence, ou bien, plus exactement, c’est la fin d’une civilisation.

Il y a deux possibilités seulement qui en découlent. Soit la société capitaliste va se déstructurer toujours davantage, en allant à la guerre pour le repartage du monde, avec la formation de petits Etats-Unis d’Amérique dans chaque pays, avec un mélange d’individus et de communautés dans un effondrement culturel et un individualisme consumériste forcené. Ce serait ici un processus prolongé où, très lentement et avec d’énormes difficultés, des poches de résistance se formeraient.

Soit la société capitaliste rentre dans le mur relativement rapidement en raison des immenses contradictions qui s’imposent par la force des choses. Emmanuel Macron, pour prendre l’aspect le plus important, va forcément impliquer toujours plus la France dans l’OTAN et donc dans l’agression belliciste contre la Russie. On rentre ici dans une véritable démarche de guerre. C’est quelque chose ici qui bouleverserait, d’une manière ou d’une autre, la société française. Pas forcément dans le bon sens, d’ailleurs.

Garder l’esprit clair dans une telle France amorphe est extrêmement difficile, mais forme une exigence de rupture fondamentale pour qui ne veut pas se voir aliéné au point de devenir une partie du problème et pas de la solution. C’est une question de dignité et de réalisme – c’est toute une humanité qu’il faut conquérir, une humanité nouvelle, reforgée.

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La souffrance de l’échec de la mobilisation d’entre les deux tours de la présidentielle 2022

La gravité de la situation est patente.

Il y a eu trois initiatives politiques concrètes à la suite du premier tour de la présidentielle 2022. La première a été prise par La France insoumise, la seconde par la fraction engagée des étudiants, la troisième par divers associations et syndicats.

Dans ce dernier cas, c’est dramatique. Les rassemblements dans une trentaine de villes pour protester contre la présence de Marine Le Pen au second tour n’ont rassemblé que 30 000 personnes, bien que 150 000 personnes soient revendiquées. L’ambiance était à la prétention comme quoi l’élection présidentielle n’aurait été qu’un malentendu, un accident. Au point que la ligne prédominante fut « Ni Macron ni Le Pen ».

Les structures ayant appelé aux manifestations sont : Ligue des droits de l’Homme (LDH), ActionAid France, Amis de la Terre France, APF France handicap, Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort), Association des familles des prisonniers et disparus Sahraouis (AFAPREDESA), Association des femmes de l’Europe méridionale (Afem), Association de promotion des cultures et du voyage, Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Attac France, Campagne antiracisme et solidarité, Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (Ceméa), Centre de recherche et d’information et de développement (Crid), La Cimade, Coalition libertés associatives, Collectif Chabatz d’entrar de la Haute-Vienne, Collectif Front populaire écologique, Collectif Ganges solidarités (CGS), Collectif Ivryen de Vigilance Contre le Racisme (CIVCR), Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Collectif les Outils du soin, Collectif pour l’avenir des foyers (Copaf), Collectif Unis pour le climat, Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire (Cnajep), Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), Confédération générale du travail (CGT), Confédération paysanne, Droit au logement (Dal), Education World 86, Fasti, Fédération des associations générales étudiantes (Fage), Fédération Citoyens & Justice, Fédération des Conseils de Parents d’Elèves (FCPE), Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), Fédération nationale des Francas, Fédération des mutuelles de France, Fédération syndicale unitaire (FSU), Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), France Amérique Latine (Fal), Front social (FS), Fédération syndicale étudiante (FSE), Greenpeace France, Groupe accueil et solidarité (Gas), HES LGBTI+, Inter-LGBT, Jeunesse au plein air (JPA), Ligue de l’enseignement, Ligue des femmes iraniennes pour la démocratie (LFID), Marche Mondiale des Femmes France, arche des solidarités, Mémorial 98, Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (Mrap), Mouvement national lycéen (MNL), Mouvement de la Paix, Observatoire national de l’extrême-droite, Oxfam France, Osez le féminisme, Planning familiale, Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes (RAAR), Réseau Euromed France (Ref), Réseau féministe « Ruptures », Solidarité Laïque, SOS Racisme, Syndicat des avocats de France (Saf), Syndicat de la magistrature (SM), Tous Migrants, Union fédérale d’intervention des structures culturelles (Ufisc), Union juive française pour la paix (UJFP), Union nationale des étudiants de France (Unef), Union syndicale Solidaires, Uniopss, Vigilance et initiatives syndicales antifascistes (Visa), 350.org.

Mais il y avait également d’autres structures, comme la Jeune Garde, le Parti socialiste, le PCF, le NPA…. Car la démarche avait comme fond de montrer la nécessité d’une alternative. Sauf qu’il n’y a pas de profondeur idéologique, aucune surface populaire. On est dans un milieu replié sur lui-même, vivotant, récusant toute dimension historique et toute allégeance morale et personnelle à des idéologies.

Et dans ce contexte, certains ont la folie des grandeurs. La France insoumise, dont le dirigeant a récolté 22% des voix au premier tour de la présidentielle, aurait pu prendre la décision d’appeler à la formation d’un grand parti de gauche, ou du moins une union. Elle ne l’a pas fait, car elle a quitté les rangs de la Gauche pour le camp du « populisme », un concept assumé tel quel. Elle a décidé de tenter de passer en force en s’appuyant sur le résultat à la présidentielle et de proposer un pacte gouvernemental au PCF et à EELV, tous les autres, quels qu’ils soient, ayant été mis de côté.

C’est là totalement vaniteux et cela n’a aucun sens qui plus est. Cela reflète l’erreur complète qui est d’accorder une quelconque valeur à La France insoumise quand on est de gauche. On est là dans le populisme, l’opportunisme, l’absence de valeurs déterminées.

La troisième initiative a été prise par la fraction engagée des étudiants, qui voulaient marquer le coup après le premier tour, en essayant d’être constructif en lançant un mouvement.

Mercredi 13 avril, une assemblée générale « contre l’arnaque du second tour » est convoquée devant la Sorbonne : plusieurs centaines d’étudiants se retrouve devant celles-ci se dirigeant vers l’entrée de l’établissement, ils scandent « laissez-nous rentrer ! », cependant la sécurité refuse de les laisser passer. Les étudiants font alors le tour et pénètrent dans le bâtiment, et après un instant de flottement, investissent un amphithéâtre dans lequel va se dérouler l’assemblée générale.

Il a été décidé d’occuper la Sorbonne, au moyen de quelques centaines d’étudiants. Mais l’absence de nombre, la peur de prendre très cher pour les dégradations commises par les « ultras » tous partis entre-temps… a provoqué l’effondrement au bout d’un peu plus de 24 heures. L’occupation de l’École Normale Supérieure a connu le même échec, tout comme celle de Sciences Po Paris. Dans ces deux cas, on notera qu’on parle de gens faisant partie de l’élite estudiantine, ayant déjà franchi un pas dans la bourgeoisie, s’ils n’y appartiennent pas déjà.

Un grand souci a été que l’occupation de la Sorbonne a été accompagnée de dégradations commises par des activistes d’ultra-gauche cherchant, s’imaginent-ils, à mettre de l’huile sur le feu de la « révolution sociale » au moyen d’actions spontanées, désordonnées et provocatrices. Cela a embarqué les gens dans quelque chose dont ils ne voulaient nullement faire partie. Alors qu’il y a eu un haut le cœur cherchant à s’exprimer.

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Mais on parle ici uniquement d’une petit minorité des étudiants. Plusieurs assemblées générales ont ainsi été convoquées par les étudiants de plusieurs universités, mais sans grand impact. Celle de Nanterre n’a rassemblé par exemple qu’une centaine de personnes, dont une grande partie venait en réalité de l’occupation de la Sorbonne. C’est assez représentatif.

On paie ici des années de substitutisme, de prétention petite-bourgeoise, de refus de la classe ouvrière et du Socialisme, de fascination pour les délires identitaires turbocapitalistes, de rejet de toutes les traditions historiques socialistes et communistes…

Et ce ne n’est qu’un début.

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Un premier tour de la présidentielle 2022 reflétant la capacité intégratrice du capitalisme

Le capitalisme profite des institutions pour se renouveler.

Tout le monde sait bien que le capitalisme a une formidable capacité corruptrice et intégratrice, cherchant à récupérer même ce qu’il y a de plus rebelle, afin de se réimpulser. Échapper à cela nécessite un véritable travail de fond, que les Français ne font nullement. Ils sont parfois critiques du capitalisme, voire peut-être même hostiles pour une minorité, mais ils acceptent de l’accompagner, même passivement.

Les Français ont, autrement dit, un certain mode de vie façonné par le capitalisme et ils y tiennent. Partant de là, il n’y a pas de participation à une démarche de rupture, que ce soit sur le plan des idées, de la culture, de la vie quotidienne. C’est ce que reflète parfaitement la présidentielle de 2022.

Elle témoigne que pour les Français, ce qui compte c’est où placer le curseur, certainement pas de changer les choses en profondeur. Il y a pourtant de grands thèmes universels qui sont inévitables, incontournables – la pandémie, la guerre en Ukraine, la question animale, le réchauffement climatique. Tout cela a été passé à la trappe.

Il y a 44 millions d’inscrits et le président sortant, Emmanuel Macron, a eu le soutien de 9 millions de personnes. C’est là un grand acte de légitimisme, de confiance. Et c’est l’expression d’une idéologie de l’entreprenariat, du carriérisme, de l’initiative capitaliste.

Pour ceux et celles qui ne sont pas de la partie, qui se trouvent en décalage avec cette logique de succès capitaliste individuel, il y avait Marine Le Pen, l’opposante démagogue nationaliste-protectionniste servant à représenter une protestation populaire primitive, informe, qui obtient 8 millions de voix.

Et derrière, on a Jean-Luc Mélenchon avec 7 millions de voix, qui représente désormais la nouvelle social-démocratie en mode désormais populiste-tribunicienne.

Cela fait là 24 millions d’électeurs, sur 44 millions d’électeurs. C’est à la fois peu et beaucoup, et en tout cas dans une France d’une pesanteur absolue, cela suffit à donner la tendance. Si vous êtes pour un capitalisme toujours plus moderne, vous avez les libéraux d’Emmanuel Macron. Si vous êtes sur le bord de la route, vous avez le protectionnisme de Marine Le Pen. Si vous voulez davantage de social dans un esprit « sociétal », vous avez Jean-Luc Mélenchon.

Tout le reste s’y rattache, d’où la mise de côté des candidats, non pas par un « vote utile » rationnel, mais de manière tendancielle. Yannick Jadot d’EELV, Valérie Pécresse des Républicains et Anne Hidalgo du Parti socialiste ne représentaient qu’une variante de la tendance que représente Emmanuel Macron, leur candidature était superflue. D’où une marginalisation, avec respectivement 1,5 million pour les deux premiers, 5000 000 voix pour la troisième.

Nicolas Dupont-Aignan et Eric Zemmour représentait pareillement un accompagnement de Marine Le Pen, d’où là encore leur mise de côté, avec 700 000 et un peu plus de 2 millions de voix.

Pareillement, ne formaient qu’un appendice de la tendance exprimée par Jean-Luc Mélenchon Fabien Roussel (PCF), avec 700 000 voix, Philippe Poutou (NPA) avec 250 000 voix, Nathalie Arthaud (LO) avec 200 000 voix.

Jean Lassalle, avec un million de voix, ne représente quant à lui qu’une anecdote provinciale sans contenu autre que le pittoresque électoral. Mais il montre justement, avec un tel score, que les élections se consomment.

Et toute consommation implique une forme de rationalisation, d’où les consommations majeures en trois courants et leurs variantes. Et c’est passager, car la tendance sera forcément, comme aux États-Unis, à une structuration plus avancée de toutes ces variantes, autour de deux blocs.

Aux États-Unis il y a des primaires, avec les républicains unissant ainsi depuis les anarcho-capitalistes jusqu’aux conservateurs nationalistes protectionnistes, et les démocrates unissant depuis des forces se revendiquant de la gauche la plus radicale jusqu’au centre-gauche libéral.

On va y tendre. En ce sens, la vie politique va connaître des mutations pour aller en ce sens. La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, par exemple, sera obligé d’abandonner ses discours « utopiques » post-socialiste pour proposer, ce qui est déjà fait à demi-mot, un « capitalisme organisé ».

Mais cette tendance consommatrice qui se reflète ici dans un capitalisme victorieux, divisé en conservateurs traditionnels et modernistes sociaux, se heurte aux très violents conflits existant au sein des couches dominantes du capitalisme en crise, chacune essayant de faire privilégier sa propre option. Une armée française autonome, une armée française dans le cadre de l’Union Européenne, une armée française dans le cadre de l’OTAN… les options ne manquent pas, car la situation française est bien différente de celle, historiquement, de la superpuissance américaine.

La vie politique française s’américanise donc, car c’est le modèle d’un capitalisme installé… Mais en même temps, le capitalisme français n’a pas la stabilité du capitalisme américain. Cela promet une situation troublée politiquement.

Et ici, il faut souligner le rôle improductif, voire franchement néfaste de Jean-Luc Mélenchon et de son mouvement la France Insoumise. En se présentant comme le fer de lance d’un changement de l’intérieur de la société capitaliste, en réfutant le mouvement ouvrier au nom du populisme… il opère entièrement sur le terrain d’une polarisation entre conservateurs traditionnels et modernistes sociaux exigée par le capitalisme.

Son incapacité à dénoncer l’OTAN alors que celle-ci, et donc la France, est ouvertement partie prenante dans la guerre en Ukraine, le montre parfaitement : il y a alignement sur la continuité capitaliste.

Or, on ne peut pas relever du camp du prolétariat, contre la bourgeoisie, dans le cadre de la lutte des classes, et en même temps s’installer dans une tendance du capitalisme à intégrer les forces politiques, à les agglomérer dans son propre dispositif de renouvellement, de réimpulsion.

Pour qui veut le socialisme, l’intégration dans le capitalisme, c’est la désintégration. Le premier tour de l’élection présidentielle de 2022 souligne parfaitement cette dimension intégratrice. La question est désormais de savoir dans quelle mesure, et comment, la lutte de classes va faire sauter ce verrou historique.