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Société

La souffrance de l’échec de la mobilisation d’entre les deux tours de la présidentielle 2022

La gravité de la situation est patente.

Il y a eu trois initiatives politiques concrètes à la suite du premier tour de la présidentielle 2022. La première a été prise par La France insoumise, la seconde par la fraction engagée des étudiants, la troisième par divers associations et syndicats.

Dans ce dernier cas, c’est dramatique. Les rassemblements dans une trentaine de villes pour protester contre la présence de Marine Le Pen au second tour n’ont rassemblé que 30 000 personnes, bien que 150 000 personnes soient revendiquées. L’ambiance était à la prétention comme quoi l’élection présidentielle n’aurait été qu’un malentendu, un accident. Au point que la ligne prédominante fut « Ni Macron ni Le Pen ».

Les structures ayant appelé aux manifestations sont : Ligue des droits de l’Homme (LDH), ActionAid France, Amis de la Terre France, APF France handicap, Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort), Association des familles des prisonniers et disparus Sahraouis (AFAPREDESA), Association des femmes de l’Europe méridionale (Afem), Association de promotion des cultures et du voyage, Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Attac France, Campagne antiracisme et solidarité, Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (Ceméa), Centre de recherche et d’information et de développement (Crid), La Cimade, Coalition libertés associatives, Collectif Chabatz d’entrar de la Haute-Vienne, Collectif Front populaire écologique, Collectif Ganges solidarités (CGS), Collectif Ivryen de Vigilance Contre le Racisme (CIVCR), Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Collectif les Outils du soin, Collectif pour l’avenir des foyers (Copaf), Collectif Unis pour le climat, Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire (Cnajep), Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), Confédération générale du travail (CGT), Confédération paysanne, Droit au logement (Dal), Education World 86, Fasti, Fédération des associations générales étudiantes (Fage), Fédération Citoyens & Justice, Fédération des Conseils de Parents d’Elèves (FCPE), Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), Fédération nationale des Francas, Fédération des mutuelles de France, Fédération syndicale unitaire (FSU), Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), France Amérique Latine (Fal), Front social (FS), Fédération syndicale étudiante (FSE), Greenpeace France, Groupe accueil et solidarité (Gas), HES LGBTI+, Inter-LGBT, Jeunesse au plein air (JPA), Ligue de l’enseignement, Ligue des femmes iraniennes pour la démocratie (LFID), Marche Mondiale des Femmes France, arche des solidarités, Mémorial 98, Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (Mrap), Mouvement national lycéen (MNL), Mouvement de la Paix, Observatoire national de l’extrême-droite, Oxfam France, Osez le féminisme, Planning familiale, Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes (RAAR), Réseau Euromed France (Ref), Réseau féministe « Ruptures », Solidarité Laïque, SOS Racisme, Syndicat des avocats de France (Saf), Syndicat de la magistrature (SM), Tous Migrants, Union fédérale d’intervention des structures culturelles (Ufisc), Union juive française pour la paix (UJFP), Union nationale des étudiants de France (Unef), Union syndicale Solidaires, Uniopss, Vigilance et initiatives syndicales antifascistes (Visa), 350.org.

Mais il y avait également d’autres structures, comme la Jeune Garde, le Parti socialiste, le PCF, le NPA…. Car la démarche avait comme fond de montrer la nécessité d’une alternative. Sauf qu’il n’y a pas de profondeur idéologique, aucune surface populaire. On est dans un milieu replié sur lui-même, vivotant, récusant toute dimension historique et toute allégeance morale et personnelle à des idéologies.

Et dans ce contexte, certains ont la folie des grandeurs. La France insoumise, dont le dirigeant a récolté 22% des voix au premier tour de la présidentielle, aurait pu prendre la décision d’appeler à la formation d’un grand parti de gauche, ou du moins une union. Elle ne l’a pas fait, car elle a quitté les rangs de la Gauche pour le camp du « populisme », un concept assumé tel quel. Elle a décidé de tenter de passer en force en s’appuyant sur le résultat à la présidentielle et de proposer un pacte gouvernemental au PCF et à EELV, tous les autres, quels qu’ils soient, ayant été mis de côté.

C’est là totalement vaniteux et cela n’a aucun sens qui plus est. Cela reflète l’erreur complète qui est d’accorder une quelconque valeur à La France insoumise quand on est de gauche. On est là dans le populisme, l’opportunisme, l’absence de valeurs déterminées.

La troisième initiative a été prise par la fraction engagée des étudiants, qui voulaient marquer le coup après le premier tour, en essayant d’être constructif en lançant un mouvement.

Mercredi 13 avril, une assemblée générale « contre l’arnaque du second tour » est convoquée devant la Sorbonne : plusieurs centaines d’étudiants se retrouve devant celles-ci se dirigeant vers l’entrée de l’établissement, ils scandent « laissez-nous rentrer ! », cependant la sécurité refuse de les laisser passer. Les étudiants font alors le tour et pénètrent dans le bâtiment, et après un instant de flottement, investissent un amphithéâtre dans lequel va se dérouler l’assemblée générale.

Il a été décidé d’occuper la Sorbonne, au moyen de quelques centaines d’étudiants. Mais l’absence de nombre, la peur de prendre très cher pour les dégradations commises par les « ultras » tous partis entre-temps… a provoqué l’effondrement au bout d’un peu plus de 24 heures. L’occupation de l’École Normale Supérieure a connu le même échec, tout comme celle de Sciences Po Paris. Dans ces deux cas, on notera qu’on parle de gens faisant partie de l’élite estudiantine, ayant déjà franchi un pas dans la bourgeoisie, s’ils n’y appartiennent pas déjà.

Un grand souci a été que l’occupation de la Sorbonne a été accompagnée de dégradations commises par des activistes d’ultra-gauche cherchant, s’imaginent-ils, à mettre de l’huile sur le feu de la « révolution sociale » au moyen d’actions spontanées, désordonnées et provocatrices. Cela a embarqué les gens dans quelque chose dont ils ne voulaient nullement faire partie. Alors qu’il y a eu un haut le cœur cherchant à s’exprimer.

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Mais on parle ici uniquement d’une petit minorité des étudiants. Plusieurs assemblées générales ont ainsi été convoquées par les étudiants de plusieurs universités, mais sans grand impact. Celle de Nanterre n’a rassemblé par exemple qu’une centaine de personnes, dont une grande partie venait en réalité de l’occupation de la Sorbonne. C’est assez représentatif.

On paie ici des années de substitutisme, de prétention petite-bourgeoise, de refus de la classe ouvrière et du Socialisme, de fascination pour les délires identitaires turbocapitalistes, de rejet de toutes les traditions historiques socialistes et communistes…

Et ce ne n’est qu’un début.

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Guerre

L’Ukraine entre LGBT et Azov, surarmée par l’OTAN

La nation ukrainienne est devenue un jouet.

Cet uniforme de l’armée ukrainienne avec une licorne n’est pas une mauvaise blague. C’est un écusson officiel. Car contrairement à ce que raconte, dans un texte délirant de bout en bout, des libertaires sur les LGBTQ+ en Ukraine (« Deux poids, deux mesures : racisme, transphobie et patriarcat au travers de la guerre en Ukraine« ), changer de « genre » est reconnu par l’État ukrainien et il y a tout un espace de propagande au sujet des LGBTQ+ participant à l’armée ukrainienne.

Ce qui est tout à fait cohérent, puisque la constitution ukrainienne affirme la nécessité de rejoindre l’Union européenne, dont l’idéologie LGBTQ+ est une composante. La ministre de l’Intérieur allemande, Nancy Faeser, vient d’ailleurs tout juste de formaliser l’autorisation de présenter systématiquement, sauf pour les dates nationales importantes, les drapeaux LGBTQ+ sur les bâtiments nationaux. Cela fait partie du panorama et les tenants de cette idéologie ne sont que les partisans du turbo-capitalisme.

On se demandera comment cela conjugue avec le fait que dans l’armée ukrainienne, les nazis d’Azov jouent un rôle particulièrement significatif. Rappelons que leur symbole emprunte directement à l’iconographie nazie, avec la « wolfsangel », le « soleil noir » de la SS ayant été mis de côté.

C’est facile à comprendre. Les LGBTQ+ représentent l’idéologie du turbocapitalisme, facilitant le développement du capitalisme en Ukraine. Mais l’Ukraine est en même temps un pays du tiers-monde. Aussi, pour asseoir sa domination, les grandes puissances appuient les forces en quelque sorte néo-féodales. D’où le soutien occidental, notamment américain et canadien, à Azov, qui profite du matériel militaire de pointe.

Cela n’a aucune cohérence, mais il s’agit pour les grandes puissances occidentales de jouer sur tous les tableaux, en attendant la suite.

LGBTQ+ et couleurs bandéristes, tout un programme

C’est, si l’on veut, un investissement, comme lorsque la superpuissance américaine fournit, depuis le début de l’invasion russe, 1,7 milliard de dollars d’armements à l’Ukraine, et qu’elle décide, le 14 avril 2022, d’en ajouter pour 800 millions de dollars.

On parle ici de 18 obusiers d’artillerie avec 40 000 obus, de 300 drones suicides Switchblade 300/600, de 500 missiles antichar Javelin, de drones maritimes de défense côtier, d’explosif plastique C-4, de mines anti-personnelles M18A1 Claymore… De 10 radars de contre-batterie AN/TPQ-36, de 10 radars courte portée AN/MPQ-6, de 200 véhicules blindés de transport de troupe M113, de 100 véhicules légers de transport de troupes HMMWV/Humvee, de 11 hélicoptères de transport moyen Mi-17…. De 30 000 packs d’infanterie comprenant un casque et un gilet pare-balles, de 2 000 systèmes optiques de télémétrie laser.

Ou comme lorsque Anne Hidalgo, en première ligne pour l’OTAN, annonce un soutien à la ville de « Kyiv », au lieu de Kiev, conformément à la demande du régime ukrainien suivi par les médias anglo-saxons ou encore le quotidien français Libération.

Ou lorsque l’armée britannique fournit des missiles de haute précision Neptune et des équipes pour les gérer à l’armée ukrainienne, qui sont sans doute à l’origine de la destruction le 14 avril 2022 du navire militaire Moskva, un croiseur lance-missiles navire amiral de la flotte de la mer Noire.

On notera que c’est là un choix subtile des Britanniques, puisque le navire Moskva est connu pour l’affaire de l’île des Serpents. On se souvient de ces soldats ukrainiens lui disant « d’aller se faire f. » avant de se faire bombarder. C’était de la propagande, car en réalité ils se sont rendus. Ce qui n’empêche pas le régime ukrainien de les récupérer lors d’un échange de prisonniers, de leur remettre une décoration, de faire un timbre au sujet de cette histoire.

La sortie du timbre juste avant que le navire russe ne soit coulé montre comment le soutien de l’OTAN est à la fois militaire et fondé sur les opérations psychologiques.

Un story telling impeccable mis en place par l’OTAN

En tout cas, ce qui risque de ressortir ici, c’est un prétexte pour la Russie d’annoncer officiellement la guerre, donc de mobiliser en masse, et surtout de se « permettre » désormais une annexion de la Nouvelle-Russie, qu’il aurait été difficile de justifier dans le cadre d’une « opération spéciale ».

La superpuissance américaine le sait, d’où les accusations de « génocide » à l’encontre de la Russie, alors que dans de nombreux pays de l’Est les responsables disent que la Russie est pire que l’Allemagne nazie, etc.

Alors, aussi, que pour la première fois un représentant occidental est allé rendre visite à Vladimir Poutine le 11 avril 2022. Le chancelier autrichien Karl Nehammer, dont le pays est un satellite allemand, venait d’aller voir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lui assurant d’un soutien moral, quand il s’est précipité par surprise deux jours après à Moscou.

Car pour l’Allemagne, hors de question de stopper le gaz russe. L’économie allemande serait totalement plombée, comme l’économie autrichienne. Si en plus on ajoute à cela que l’oligarchie russe est à Vienne comme un poisson dans l’eau, qu’il est bien connu que l’Autriche est un porte-avions de l’espionnage russe avec même son ministère de la défense considéré comme une annexe du GRU (la direction générale des renseignements de l’État-Major russe des Forces armées)…

Il y a ici à l’arrière-plan les contradictions entre grandes puissances, alors que la bataille pour le repartage du monde fait déjà rage, qu’elle prédomine toujours plus à tous les niveaux dans tous les pays du monde, faisant de ceux-là des acteurs ou des victimes, voire des victimes utilisées comme acteurs telle l’Ukraine.

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Dépêche

Vivons-nous une crise « révolutionnaire » ?

À lire les médias d’ultra-gauche, c’est-à-dire tout ce qui rattache de près ou de loin à l’anarchisme et au trotskisme, la révolution ne serait plus très loin, le peuple serait en ébullition, le régime totalement fragilisé, bref tout serait possible.

C’est totalement faux. En réalité, il y a une crise, mais elle n’est pas révolutionnaire, c’est tout simplement une crise qui est générale, car toute la société française tourne au désastre. Tout le monde donne son avis sans réflexion ni mesure, personne n’a envie de s’engager, la société de consommation est totalement acceptée et il n’y a de la part des Français aucune volonté, aucun désir, aucune intention de changer de mode de vie.

Les Français veulent qu’on leur foute la paix. La minorité capitaliste veut continuer à capitaliser et soutient Emmanuel Macron, une large partie des prolétaires et des petits-bourgeois veut vivre comme avant et soutient Marin Le Pen comme frein protectionniste. Et cela se déroule dans un capitalisme torpillé par la crise de 2020, alors qu’on a déjà même une guerre conventionnelle en Europe, expression de la course à la guerre pour le repartage du monde.

Il n’y a aucun engouement pour le collectivisme, pour l’Utopie, pour l’abnégation et le sens du sacrifice. Or, sans cela, évidemment, il n’y a pas de Socialisme. Tout est question de conscience et d’organisation. Voilà les choses telles qu’elles sont, et qui dit autre chose ment en servant le capitalisme au moyen d’une machine à illusions.

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Politique

La signification des 21,95% de voix pour Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle

Le mouvement est tout, le but n’est rien ?

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Jean-Luc Mélenchon a reçu les voix de 21,95% des votants lors du premier tour de la présidentielle 2022, le 10 avril. Tous les gens de gauche ont pu s’apercevoir dans leur entourage que, les 10 derniers jours, il y a eu sans doute un grand appel d’air en sa faveur. Même des gens éloignés de lui sur le plan des idées ont décidé de se tourner vers lui.

Ce processus a en fait commencé formellement à la mi-avril 2022, avec un appel en sa faveur du « Réseau national d’acteurs des quartiers populaires » (signé par des figures militantes antiracistes issues de l’immigration et s’enfermant dans une démarche « anticoloniale »). Cependant, de manière un peu plus profonde, le processus remonte aux douze derniers mois ou un peu plus, avec un attirance assez profonde de ce qu’on va appeler la « gauche Twitter » pour Jean-Luc Mélenchon.

On parle ici de gens pour qui être de gauche c’est « militer » plus que les idées, et ainsi Twitter est un vecteur essentiel de revendication et d’affirmation, ainsi qu’un lieu de passage et de consommation.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas d’idées. Il n’y a même que ça, chacun voyant les choses à sa manière. Le seul dénominateur commun maintenant un cap est cependant l’action. On est ici très exactement dans un actionnisme résumé par le réformiste Bernstein, rejeté alors par la social-démocratie à la fin du 19e siècle, comme quoi le mouvement est tout, le but n’est rien.

Cette démarche est d’ailleurs désormais commune à, on peut dire, la quasi totalité de la Gauche française, qui a balancé par-dessus bord toute liaison avec la Gauche historique. Ce qui compte, ce ne sont pas les objectifs, mais le programme, le mouvement, les initiatives, etc.

D’où l’insistance permanente d’ailleurs de Jean-Luc Mélenchon sur le principe du référendum, avec comme référence centrale la gauche latino-américaine, partisane d’un « front ample » structurée sur une ligne populaire-patriotique de réformes sociales censées être profondes.

Le succès de Jean-Luc Mélenchon relève ici de toute une attitude générale des gens composant la Gauche militante en France. Sauf que justement, Jean-Luc Mélenchon ne se définit plus comme de gauche, et d’ailleurs une partie toujours plus significative de cette Gauche militante non plus. Parler de militantisme est d’ailleurs ici en soi erroné, car ce militantisme correspond à un mode opératoire dans un esprit étudiant ou syndicaliste. Ce n’est pas du militantisme politique, structuré autour d’objectifs relevant d’un programme.

En ce sens, Jean-Luc Mélenchon et son mouvement La France insoumise reflètent une liquidation historique. La Gauche française des années 1980 regarderait ahurie, et avec dégoût, la scène militante de gauche actuelle. Elle les considérerait, avec justesse, comme un milieu de décomposés et d’opportunistes, de mouvementistes et de pragmatiques.

Et, au cœur de cela, il y a une manipulation tout à fait terrible. Il est évident que de tous les gens ayant voté Jean-Luc Mélenchon, bien peu seraient d’accord avec le principe de balancer des missiles nucléaires sur les populations d’autres pays. C’est pourtant bien la position de La France Insoumise, comme ici expliquée le 11 janvier 2022 par son député Bastien Lachaud au sujet de la « dissuasion nucléaire ». Bastien Lachaud prône même la militarisation de l’espace !

C’est un exemple parmi d’autres. Mais il est typique d’un mouvement magmatique, où il n’y a pas de valeurs claires sur le plan idéologique, au sens où les objectifs ne sont pas définis. On est dans un populisme mouvementiste qui permet tout et rien, qui a du succès par son opportunisme et sa capacité à proposer au moins quelque chose à n’importe qui, sans que cela se débouche sur rien.

Il y a une logique McDonald’s et Netflix dans le mouvement de Jean-Luc Mélenchon : on peut venir comme on veut, on choisit ce qu’on veut retenir, mettant le reste de côté. C’est là aux antipodes des principes d’élévation des consciences et d’exigence d’organisation de la Gauche historique.

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Société

Un premier tour de la présidentielle 2022 reflétant la capacité intégratrice du capitalisme

Le capitalisme profite des institutions pour se renouveler.

Tout le monde sait bien que le capitalisme a une formidable capacité corruptrice et intégratrice, cherchant à récupérer même ce qu’il y a de plus rebelle, afin de se réimpulser. Échapper à cela nécessite un véritable travail de fond, que les Français ne font nullement. Ils sont parfois critiques du capitalisme, voire peut-être même hostiles pour une minorité, mais ils acceptent de l’accompagner, même passivement.

Les Français ont, autrement dit, un certain mode de vie façonné par le capitalisme et ils y tiennent. Partant de là, il n’y a pas de participation à une démarche de rupture, que ce soit sur le plan des idées, de la culture, de la vie quotidienne. C’est ce que reflète parfaitement la présidentielle de 2022.

Elle témoigne que pour les Français, ce qui compte c’est où placer le curseur, certainement pas de changer les choses en profondeur. Il y a pourtant de grands thèmes universels qui sont inévitables, incontournables – la pandémie, la guerre en Ukraine, la question animale, le réchauffement climatique. Tout cela a été passé à la trappe.

Il y a 44 millions d’inscrits et le président sortant, Emmanuel Macron, a eu le soutien de 9 millions de personnes. C’est là un grand acte de légitimisme, de confiance. Et c’est l’expression d’une idéologie de l’entreprenariat, du carriérisme, de l’initiative capitaliste.

Pour ceux et celles qui ne sont pas de la partie, qui se trouvent en décalage avec cette logique de succès capitaliste individuel, il y avait Marine Le Pen, l’opposante démagogue nationaliste-protectionniste servant à représenter une protestation populaire primitive, informe, qui obtient 8 millions de voix.

Et derrière, on a Jean-Luc Mélenchon avec 7 millions de voix, qui représente désormais la nouvelle social-démocratie en mode désormais populiste-tribunicienne.

Cela fait là 24 millions d’électeurs, sur 44 millions d’électeurs. C’est à la fois peu et beaucoup, et en tout cas dans une France d’une pesanteur absolue, cela suffit à donner la tendance. Si vous êtes pour un capitalisme toujours plus moderne, vous avez les libéraux d’Emmanuel Macron. Si vous êtes sur le bord de la route, vous avez le protectionnisme de Marine Le Pen. Si vous voulez davantage de social dans un esprit « sociétal », vous avez Jean-Luc Mélenchon.

Tout le reste s’y rattache, d’où la mise de côté des candidats, non pas par un « vote utile » rationnel, mais de manière tendancielle. Yannick Jadot d’EELV, Valérie Pécresse des Républicains et Anne Hidalgo du Parti socialiste ne représentaient qu’une variante de la tendance que représente Emmanuel Macron, leur candidature était superflue. D’où une marginalisation, avec respectivement 1,5 million pour les deux premiers, 5000 000 voix pour la troisième.

Nicolas Dupont-Aignan et Eric Zemmour représentait pareillement un accompagnement de Marine Le Pen, d’où là encore leur mise de côté, avec 700 000 et un peu plus de 2 millions de voix.

Pareillement, ne formaient qu’un appendice de la tendance exprimée par Jean-Luc Mélenchon Fabien Roussel (PCF), avec 700 000 voix, Philippe Poutou (NPA) avec 250 000 voix, Nathalie Arthaud (LO) avec 200 000 voix.

Jean Lassalle, avec un million de voix, ne représente quant à lui qu’une anecdote provinciale sans contenu autre que le pittoresque électoral. Mais il montre justement, avec un tel score, que les élections se consomment.

Et toute consommation implique une forme de rationalisation, d’où les consommations majeures en trois courants et leurs variantes. Et c’est passager, car la tendance sera forcément, comme aux États-Unis, à une structuration plus avancée de toutes ces variantes, autour de deux blocs.

Aux États-Unis il y a des primaires, avec les républicains unissant ainsi depuis les anarcho-capitalistes jusqu’aux conservateurs nationalistes protectionnistes, et les démocrates unissant depuis des forces se revendiquant de la gauche la plus radicale jusqu’au centre-gauche libéral.

On va y tendre. En ce sens, la vie politique va connaître des mutations pour aller en ce sens. La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, par exemple, sera obligé d’abandonner ses discours « utopiques » post-socialiste pour proposer, ce qui est déjà fait à demi-mot, un « capitalisme organisé ».

Mais cette tendance consommatrice qui se reflète ici dans un capitalisme victorieux, divisé en conservateurs traditionnels et modernistes sociaux, se heurte aux très violents conflits existant au sein des couches dominantes du capitalisme en crise, chacune essayant de faire privilégier sa propre option. Une armée française autonome, une armée française dans le cadre de l’Union Européenne, une armée française dans le cadre de l’OTAN… les options ne manquent pas, car la situation française est bien différente de celle, historiquement, de la superpuissance américaine.

La vie politique française s’américanise donc, car c’est le modèle d’un capitalisme installé… Mais en même temps, le capitalisme français n’a pas la stabilité du capitalisme américain. Cela promet une situation troublée politiquement.

Et ici, il faut souligner le rôle improductif, voire franchement néfaste de Jean-Luc Mélenchon et de son mouvement la France Insoumise. En se présentant comme le fer de lance d’un changement de l’intérieur de la société capitaliste, en réfutant le mouvement ouvrier au nom du populisme… il opère entièrement sur le terrain d’une polarisation entre conservateurs traditionnels et modernistes sociaux exigée par le capitalisme.

Son incapacité à dénoncer l’OTAN alors que celle-ci, et donc la France, est ouvertement partie prenante dans la guerre en Ukraine, le montre parfaitement : il y a alignement sur la continuité capitaliste.

Or, on ne peut pas relever du camp du prolétariat, contre la bourgeoisie, dans le cadre de la lutte des classes, et en même temps s’installer dans une tendance du capitalisme à intégrer les forces politiques, à les agglomérer dans son propre dispositif de renouvellement, de réimpulsion.

Pour qui veut le socialisme, l’intégration dans le capitalisme, c’est la désintégration. Le premier tour de l’élection présidentielle de 2022 souligne parfaitement cette dimension intégratrice. La question est désormais de savoir dans quelle mesure, et comment, la lutte de classes va faire sauter ce verrou historique.

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Dépêche

La guerre en Ukraine, la grande absente de la présidentielle 2022

Les candidats à la présidentielle 2022, au soir du premier tour, n’ont jamais abordé la question de la guerre en Ukraine, à part éventuellement de manière succincte et allusive. Il en est de fait allé pareillement durant la campagne elle-même. Cette guerre de grande ampleur, conventionnelle entre deux armées, en pleine Europe, a été passée même sous silence.

Cela montre à quel point la France capitaliste est unanime dans son élan. Il y a des gens proposant des variantes plus libérales ou conservatrices, des choix sociaux différents, des manières autres de structurer les institutions. Cela ne modifie en rien, pourtant, les choix fondamentaux, qui sont en l’occurrence d’entièrement aligner l’Union Européenne sur l’OTAN, d’intégrer toujours plus fortement la France dans l’OTAN.

Et, concrètement, la France fournit des armes à l’Ukraine, lui envoie des conseillers techniques voire même, sans qu’on le sache précisément, des forces spéciales. Tout cela est opaque, tout en étant plus ou moins connu, et en tout cas c’est accepté, car cela relève du fond des intérêts d’une France capitaliste auquel personne, au grand jamais, ne doit toucher.

La présidentielle 2022, reflétant la pesanteur de la société capitaliste française, accompagne ainsi la tendance à la guerre, l’engagement de la France dans la bataille pour le repartage du monde, avec en premier lieu en ce moment la mobilisation idéologique et psychologique contre la Russie.

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Société

Les Français, menteurs et présomptueux, vont payer cher la présidentielle 2022

L’horizon s’arrête à un petit « moi » délavé par la société de consommation.

La France est un pays de petits-bourgeois tournés sur eux-mêmes, présomptueux, s’imaginant gérer avec distance une réalité qui pour eux a la même substance qu’une série télévisée. Et il y a une facture à payer pour cela.

Quel que soit le résultat de l’élection présidentielle 2022, cela va être un jeu de massacre. Soit les choses continuent comme avant en s’empirant, en raison d’une légitimité accrue, soit les choses changent en renforçant l’apolitisme, le repli, l’absence d’implication personnelle, le dédain pour tout ce qui a de l’envergure, l’infantilisme émotionnel – sentimental – intellectuel.

Dans tous les cas, il ne se passera rien de bon. Il n’y aura pas de transformation profonde, réelle, tant des choses que des gens. La course à l’abîme, au vide de la société de consommation, continue.

Il est évident que le monde pourrait s’effondrer que cela ne choquerait d’ailleurs pas les Français. D’ailleurs, le monde s’effondre. La France aussi s’effondre. Les mentalités deviennent toujours plus pourries, l’esprit de trafiquant se répand, le repli individualiste se généralise, l’absence d’engagement est complet, tous les tissus sociaux se déchirent. Tout cela, les Français le cachent, avec des fictions sur la France et ses traditions, ses valeurs, son art de vivre, et tous les discours artificiels d’une société satisfaite d’elle-même parce qu’elle n’est plus une société, mais une accumulation d’individus.

Et pourtant, ici et là, le cynisme s’efface devant les accidents de la vie qui alors brisent les gens qui ne voulaient pas y croire, et c’est l’écroulement personnel, le ciel qui tombe sur la tête. Le divorce, le licenciement, le déclassement, l’isolement, les problèmes psychologiques, les troubles psychiatriques… Car le capitalisme c’est marche ou crève et malheur à qui ne tient pas le rythme exigé.

Les Français, menteurs et présomptueux, vont payer cher la présidentielle 2022. Ils ont trop contourné les exigences de la réalité afin de satisfaire leurs misérables petites ambitions individualistes pour ne pas payer la facture. Ce qui les attend, c’est la désolation. La désolation des choses qui ne changent pas ou, pire, des choses qui changent en s’empirant.

L’avenir a pourtant lancé des appels. La question animale a été posée, les Français auraient pu être à la hauteur d’un changement concret de leurs pratiques, par souci moral et culturel, en se tournant vers la vie. Ils en ont un peu parlé, disant oui ou on va changer, puis rien, bien sûr, car modifier une vie fournie par le capitalisme, pourquoi le faire ? Si les choses doivent changer, elles le feront d’elles-mêmes, etc.

Il y a également le mouvement Je suis Charlie. Il avait ses limites, mais il était une expression sympathique d’universalisme et de culture, face à la barbarie et à la division. Tout cela a été immédiatement liquidé. On pourrait même peut-être dire que ce fut le dernier moment où la France cultivée s’est exprimée, avant que ne triomphe le marasme généralisé d’un capitalisme en crise, d’une civilisation à bout de souffle, avec des gens dont le comportement est en adéquation avec cette catastrophe historique.

L’avenir va porter un jugement impitoyable sur des Français du passé. La condamnation morale et culturelle sera totale. Ne pas être à la hauteur d’une époque avec tellement d’exigences, c’est criminel. Et chaque jour qui passe augmente la gravité de la chose. Le 10 avril 2022 ne fait qu’entériner la chose.

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Politique

Ukraine : ni « campisme » ni relativisme, l’ennemi c’est l’OTAN

L’ennemi, c’est son propre capitalisme.

Il existe deux écueils à éviter fondamentalement au sujet de l’intense propagande belliciste que font les médias français, qui reprennent mot pour mot ce que l’Ukraine leur propose, c’est-à-dire le régime ukrainien, et plus précisément encore le régime ukrainien avec une horde de conseillers de l’OTAN.

Le premier, c’est de tomber dans le « campisme », de considérer qu’il n’existe qu’une seule force négative historiquement, la superpuissance américaine. Cette erreur pousse à trouver tout ce qui est anti-américain forcément vrai et juste, à considérer qu’il existe un vaste « camp » objectivement « anti-impérialiste » au-delà des conceptions différentes (Cuba, l’Iran, la Syrie, la Chine, la Corée du Nord, etc.). Un exemple parlant de cela est le site investigaction, et toute la scène nostalgique du PCF des années 1970-1980 est sur cette ligne.

Le second, c’est de pratiquer le relativisme, de dire que tant un côté que l’autre sont à combattre, et qu’il faut par conséquent ne rien faire, ou du moins affirmer soutenir l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre. Cette erreur pousse à se mettre à la remorque de son propre capitalisme, qui est partie prenante du conflit sans l’être officiellement. Un exemple parlant de cela est l’Union Communiste Libertaire et en général la scène politique marquée par l’anarchisme ou le trotskisme ; c’est également dans une version plus opportuniste encore celle de La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon (les députés européens Manon Aubry, Anne-Sophie Pelletier, Emmanuel Maurel, Leïla Chaibi, Manuel Bompard et Younous Omarjee ont voté le premier mars 2022 un texte européen appelant à des sanctions contre la Russie, une aide militaire à l’Ukraine, un renforcement régional de l’OTAN).

La seule ligne juste, c’est de dire que la Russie est l’agresseur, qu’il faut soutenir la nation ukrainienne… Mais que le régime ukrainien est entièrement un outil de l’OTAN qui a des visées impériales aux dépens de la Biélorussie, de la Russie.

Comme la France est dans l’OTAN, et qu’on est en France, alors soutenir l’Ukraine comme nation indépendante… C’est combattre l’OTAN. Les tâches de la Gauche authentique dans chaque pays dépend des conditions objectives. De la même manière qu’en Russie il faut combattre la guerre d’invasion… En France il faut refuser les sanctions et les livraisons d’armes à l’Ukraine.

C’est un paradoxe pour qui ne perçoit pas le jeu contradictoire des inter-relations entre les puissances. Mais c’est cela faire de la politique au sens réel du mot.

Il faut pareillement ne pas croire et ne pas faire aux confiances aux médias français dont les activités, par définition même, sont au service du capitalisme et de ses entreprises bellicistes. Il faut comprendre que le capitalisme est un bloc. On ne peut pas le contourner. On ne peut pas faire confiance au capitalisme et encore moins à son propre capitalisme. Ce serait de la corruption, comme en 1914.

Les pro-OTAN l’ont bien compris, ou plutôt ils ont parfaitement senti le moment, ils ont compris qu’il y avait un signal lancé avec le prétendu massacre de Bucha, utilisé de manière entièrement politique, tel un signe pour l’offensive belliciste anti-Russie. Il est appelé à livrer des armes, à faire intervenir l’OTAN, à renverser le régime russe…

C’est concrètement une opération psychologique. C’est un processus réfléchi, calculé, mis en place. L’OTAN, c’est aussi cela. Ne pas le comprendre, c’est ne pas comprendre ce qu’est l’OTAN. Ce n’est pas qu’une alliance militaire. C’est une unité politico-militaire : pour rentrer dans cette structure, il faut prêter allégeance au niveau de l’organisation des institutions et de la société auprès de la superpuissance américaine.

Toutes les initiatives de l’OTAN correspondent à l’agenda de cette dernière, en intégrant de manière contradictoire les intérêts des autres membres. Toutes les institutions et les médias servent ces initiatives, particulièrement dans un moment de crise comme nous le vivons.

Aussi, parler de l’Ukraine, soutenir l’Ukraine, c’est dénoncer et combattre l’OTAN, ainsi que l’Union européenne entièrement alignée sur elle. Et c’est l’aspect principal.

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Guerre

Le pape en première ligne pour la guerre contre la Russie avec son drapeau militaire ukrainien

La convergence avec un camp est totale.

Pour comprendre pourquoi le pape est en première ligne contre la Russie, il y a deux points essentiels à saisir. Le premier, c’est que l’Ukraine est, pour caricaturer, coincée entre deux puissances principales historiquement dans la région, la Pologne et la Russie.

Contrairement au discours larmoyant d’une Pologne toujours martyre, celle-ci a en réalité été une très grande puissance, de 1569 à 1795, dans le cadre de la « république des Deux Nations » avec la Lituanie. Les Polonais entrent même dans Moscou en 1610.

L’Ukraine est alors coincée entre la Pologne, qui met le catholicisme romain en avant, et la Russie qui utilise de son côté le catholicisme orthodoxe. Il faut à cela ajouter les incursions tatares ; historiquement les incursions musulmanes feront des millions d’esclaves dans cette partie du monde.

Ce moment historique est raconté par Gogol, dans son fameux roman Taras Boulba, avec les cosaques. Le fameux tableau d’Ilia Répine, Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie, montre justement les cosaques en train de rejeter les prétentions de l’empire ottoman, dans le cadre d’une prétendue demande de reddition.

Encore est-il que l’Ukraine, historiquement, a fini par basculer du côté de la Russie et de la religion catholique orthodoxe, au grand dam de certaines figures historiques secondaires désormais principales dans les manuels d’histoire ukrainien.

Comme cependant la partie tout à l’ouest était sous occupation autrichienne, puis polonaise (jusqu’en 1939 puis 1945), le catholicisme romain a pu s’y développer librement. Et depuis que le régime ukrainien est passé de la tutelle russe à la tutelle américaine en 2014, il existe un mouvement ukrainien de formation d’une Église orthodoxe ukrainienne entièrement séparée de la Russie.

Ces deux tendances sont convergentes. Pour cette raison, l’Église catholique orthodoxe russe soutient entièrement l’invasion de l’Ukraine au nom d’une mission de la « Sainte Russie » (on trouvera une explication du texte officiel de cette Église dans l’article « Le sens du ralliement de l’Église russe à la guerre menée en Ukraine » de la revue au format pdf Crise n°20).

L’Église catholique romaine met tout autant les bouchées doubles, voyant dans la présente situation un moyen de se propulser en Ukraine, appuyée ici bien entendu surtout par la Pologne, qui compte bien profiter de l’Ukraine comme satellite, afin de réussir ce qui a été raté historiquement il y a plusieurs centaines d’années.

Le pape François a donc régulièrement soutenu le régime ukrainien depuis l’invasion russe, et le 6 avril 2022 il a largement médiatisé sa dénonciation de la « cruauté de plus en plus horrible, perpétrée même contre des civils sans défense, des femmes et des enfants » à Boucha, reprenant toute l’argumentation du camp occidental, sans preuves ni rien, dans une vaste orchestration visant à la mobilisation générale pour la guerre à la Russie.

En présence d’enfants réfugiés, il a également mis en avant un drapeau qu’on lui a amené de Boucha. On y voit une croix… mais ce n’est pas la croix catholique. C’est la croix dite cosaque, employée par l’armée ukrainienne.

La croix est également entrecroisée d’une épée (un peu courbée) et d’une masse d’armes, ce qui est également typique de l’armée ukrainienne. On n’arrive pas à lire ce qu’il y a marqué sur le drapeau, sauf les deux derniers mots : « cent Maidan ». Maidan fait référence à la « révolution » de 2014, du nom de la place à Kiev.

L’Église catholique romaine est une institution très bien gérée. Elle est idéaliste et décadente, mais elle sait ce qu’elle fait. Il ne peut pas y avoir de hasard à ce drapeau. Et il en dit long. L’Église catholique romaine est manipulatrice dans ses discours, s’adaptant selon les pays, et cherchant à s’imposer comme étant une composante « organique » de chaque pays en particulier. Là l’Église catholique romaine se pose comme élément du conflit, pour en récolter les fruits après la victoire militaire espérée.

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Culture Société

Nihilisme anti-russe : un tableau de Degas rebaptisé « ukrainien » par la National Gallery de Londres

C’est simplement du fanatisme belliciste.

La National Gallery est en quelque sorte l’équivalent du musée du Louvre, version britannique. Elle possède un tableau du peintre français Edgar Degas, Danseuses russes, peint vers 1899, d’ailleurs non exposé. En raison de la guerre en Ukraine, la National Gallery a pris l’initiative de renommer le tableau, dans une relecture forcée et artificielle de l’Histoire. Ce sont désormais des « danseuses ukrainiennes ».

On ne peut pas ici montrer le tableau, car si le musée est gratuit, la reproduction des œuvres ne l’est pas, le capitalisme ayant conquis ce domaine également. On peut voir le tableau ici ; on remarquera alors que les danseuses ont dans les cheveux et sur les jupes des danseuses des rubans bleus et jaunes. C’est le prétexte pour la National Gallery pour dire que les danseuses sont en fait ukrainiennes. Officiellement, cela répond à une demande de Tanya Kolotusha, une Ukrainienne vivant à Londres.

C’est là un exemple de nationalisme, de bellicisme, de décadence des institutions bourgeoises, et donc de barbarie et de nihilisme. Pour deux raisons. Tout d’abord, on ne peut pas renommer un tableau dont le titre a été choisi par son réalisateur. Cela n’a pas de sens. On peut faire une précision, un panneau critique à côté de l’œuvre, mais on ne décide pas arbitrairement de réécrire l’Histoire.

Ensuite, il y a la nature du tableau en lui-même. Car il ne faudrait pas croire qu’Edgar Degas, en peintre réaliste, s’est promené dans les contrées paysannes ukrainiennes à la fin du 19e siècle pour faire un portrait du peuple. Edgar Degas est un impressionniste parisien, qui n’en fait qu’à sa tête. Le quotidien Le Figaro se moquait de lui ainsi en 1877 :

« Essayez donc de faire entendre raison à M. Degas ; dites-lui qu’il y a en art quelques qualités ayant nom : le dessin, la couleur, l’exécution, la volonté, il vous rira au nez et vous traitera de réactionnaire. »

Et l’une de ses sources d’inspiration pour ses œuvres impressionnistes, ce sont les danseuses de l’opéra. Voilà où Edgar Degas a vu les danseuses russes et d’ailleurs il y a plusieurs tableau de danseurs russes. Car Edgar Degas s’était focalisé sur ce thème. Cela est présenté ainsi par le site du ministère français de la culture L’Histoire par l’image, dans l’article Degas et la célébration de la danse féminine à l’opéra :

« Peintre des danseuses » : ainsi Manet définit-il Degas dans une lettre adressée à Fantin-Latour en 1868, anticipant d’une dizaine d’années le jugement des critiques ; ainsi est-il encore connu aujourd’hui en raison du grand nombre d’œuvres qu’il a consacrées à ce sujet de 1860 jusqu’aux années 1890.

Degas ne partage pourtant pas, à l’égard des danseuses, l’admiration intéressée de la plupart des habitués de l’Opéra, notamment des riches abonnés. Si le peintre insiste auprès de l’administration du théâtre pour obtenir l’abonnement annuel à trois soirées hebdomadaires, partageant les frais – et la place – avec des amis, et s’il se réserve le très convoité droit d’accès aux coulisses et au foyer de la danse, ce n’est pas pour des aventures galantes.

Degas est fasciné par le monde des danseuses et le représente tel qu’il est, sans tomber dans le voyeurisme ou dans les préjugés qu’il suscite dans la société de son temps. Comme il peut assister aux classes, aux répétitions, aux spectacles et au repos des danseuses et que, de plus, il en invite souvent dans son atelier, Degas connaît bien leurs habitudes et leur milieu de travail, le dur entraînement caché derrière les gestes légers et élégants et les sourires affichés sur la scène.

Ce que cela implique, c’est qu’il y a une très faible probabilité pour que ces danseuses aient été ukrainiennes. La danse était déjà en Russie une activité extrêmement développée, le ballet russe était déjà professionnel. Comme l’Ukraine paysanne était marginalisée et exploitée dans l’empire russe, il y a peu de chances matérielles qu’elle ait pu envoyer des danseuses. Il y a par contre bien plus de chances que ce soit des danseuses russes, de Moscou ou de Saint-Pétersbourg, célébrant un aspect culturel, ukrainien, de l’empire russe…

Mais raisonner ainsi c’est déjà raisonner et on sort de ce qu’a fait la National Gallery, qui se place simplement en convergence avec le bellicisme délirant du Royaume-Uni. Tous ces gens qui travaillent dans la culture sont formés par le capitalisme, ils ont des mentalités capitalistes, et ils se précipitent toujours pour être en phase avec le capitalisme.

On a un exemple français parlant avec l’orchestre philharmonique de Strasbourg qui, devant jouer Stravinski, Rachmaninov et Prokofiev, a début mars 2022 supprimé les titres des représentations « De Paris à Moscou », « Esthétiques russes » et « Maîtres russes ».

C’est là directement servir les grandes puissances voulant dépecer la Russie et, pour pouvoir le faire, il faut prétendre qu’elle n’a jamais vraiment existé.  C’est du nihilisme et cela correspond à la réécriture fasciste de l’Histoire.

La directrice générale de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg a justifié cette décision en expliquant :

« Il y a des mots qu’on ne peut plus manier aujourd’hui sans provoquer un risque de controverse. Que se serait-il passé si on avait affiché partout en ville un concert intitulé « Maîtres russes » ? Je pense que cela n’est plus à propos dans le contexte géopolitique actuel. »

Marie Linden, directrice générale de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, ce n’est pas n’importe qui. Sa ville est parsemée d’affiches de son orchestre. Et elle fait de la « géopolitique » . Et elle a décidé : les maîtres russes n’en sont plus, l’esthétique russe n’est ni esthétique ni russe, Moscou est un mot banni.

A part ça, ni elle ni la National Gallery ne sont dans le fanatisme anti-Russie, non, pas du tout !

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Société

Les réactionnaires poussent en France à la guerre contre la Russie

Ils convergent avec l’OTAN en prenant comme prétexte le « génocide ».

Un yacht d’une valeur de 90 millions d’euros a été saisi aux Baléares. Il y a en effet le soupçon qu’il appartienne à l’oligarque russe Viktor Vekselberg. Celui-ci n’est pourtant pas visé par les sanctions de l’Union européenne. Mais la saisie s’est faite à la demande du Département du Trésor des États-Unis, qui vise quant à lui cet oligarque depuis 2018, dans le cadre des sanctions américaines en général contre la Russie. Cela en dit long sur le rôle de la superpuissance américaine et sur son influence. Ce qu’elle décide est, peu ou prou, appliqué.

Et l’objectif américain est de faire tomber la Russie et de la démanteler. C’est tout à fait clair. La ligne de Donald Trump était de mettre la Russie de côté pour se focaliser entièrement sur la Chine, la ligne de Joe Biden est que le chemin à Pékin passe par Moscou. Dans ce cadre, l’Ukraine sert de chair à canon, d’une part, de levier militariste pour faire des pays européens de la chair à canon également, d’autre part.

L’accusation de « génocide » à l’encontre de l’armée russe contre la population civile de Boutcha concerne précisément le second aspect. Il s’agit d’une levée en masse politique et médiatique pour mobiliser l’opinion publique européenne en faveur de la guerre. L’objectif est de tout mettre en œuvre pour fragiliser, agresser la Russie, la faire vaciller, le faire tomber. Le moyen est le blocus généralisé – jusqu’à l’effacement culturel comme on l’a vu avec les auteurs et compositeurs russes passant à la trappe – et la fourniture massive d’armes, avec la tendance à aller le plus possible à l’intervention de l’OTAN en Ukraine.

La thèse de l’armée russe massacrant les civils ukrainiens est unanimement acceptée. Elle est reprise dans une grande convergence avec les intérêts de l’OTAN, car il n’existe pas de fausse naïveté : quand on reprend pour argent comptant ce que dit l’armée ukrainienne, on ne peut pas dire qu’on ne sait pas ce qu’on fait. Car la source, c’est l’armée ukrainienne, avec des médias directement inféodée à elle. Qui croit que les choses se passent différemment n’a rien compris au capitalisme et aux grandes puissances.

Et la pression est énorme. Elle oblige à converger avec la superpuissance américaine à moins d’être démocratique et populaire, parce que là il est clair, du point de vue occidental, qu’il y a un moyen de faire tomber la Russie et de la conquérir. Les intérêts de la grande puissance française s’imposent… Il est d’ailleurs clair ici que Jean-Luc Mélenchon, en admettant l’hypothèse qu’il soit élu président de la République, n’aurait jamais sorti la France de l’OTAN. Pareil pour Eric Zemmour d’ailleurs. Leur acceptation de la prédominance américaine en acceptant le discours sur le « génocide » est ici opportuniste et révèle bien leur nature.

On notera le discours plus ambigu de Marine Le Pen, mais tendanciellement il vans la même direction.

Tout cela a une raison très simple : l’actualité mondiale, c’est l’affrontement pour l’hégémonie mondiale entre la superpuissance américaine et son challenger chinois. C’est par rapport à cela que tout se place. Et inévitablement, ceux qui sont pour le capitalisme en substance se mettent à converger, d’une manière ou d’une autre, avec cet affrontement.

La question de la future guerre mondiale est totalement décisive, elle impose la formation de blocs et aspire les forces qui sont incapables d’indépendance – en raison de faiblesses sur le plan des idées, sur le plan de la base sociale, sur le plan des analyses, sur le plan programmatique, etc.

Personne ne peut contourner cette réalité. Et l’accusation de « génocide » relève d’une phase très précise de mobilisation sous l’égide de la superpuissance américaine, pour la guerre contre la Russie.

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Guerre

La réorientation russe de début avril 2022 dans la guerre en Ukraine: la « Nouvelle Russie »

Désormais, pour la Russie, l’Ukraine doit payer, et payer cher.

S’il est une chose que les Russes ne supportent pas, c’est l’ingratitude. C’est un trait historique, qui remonte sans doute aux communautés paysannes médiévales très marquées par le partage, les « mirs ». Quoiqu’il en soit, on peut considérer que début avril 2022, la Russie voit l’Ukraine comme une ingrate et, par conséquent, elle passe à la trappe.

Contrairement aux affirmations occidentales, la Russie a jusqu’ici été prudente à ne pas lancer des opérations dévastatrices, car l’objectif était d’obtenir une Ukraine retombant dans son giron. L’armée russe n’a ainsi pas du tout opéré comme elle est censé ele faire. C’est par exemple ce qui explique que, au niveau de Kiev, elle a payé cher lors de ses tentatives de prise de la ville et de ses alentours.

Maintenant, c’est fini. La Russie cesse, de manière chauvine, de considérer les Ukrainiens comme des petits-russes plus ou moins arriérés. Elle voit non pas seulement que l’Ukraine résiste, mais qu’elle est passée de manière ouverte dans une accumulation d’armes occidentales et d’appels aux occidentaux. C’est naturellement le régime ukrainien qui fait cela, mais pour les Russes, la question ukrainienne est en quelque sorte une question de famille. Là, l’Ukraine sort de la famille. Cela ne passe pas. Une telle ingratitude ne peut avoir comme sort qu’une seule chose : le rejet, violent.

Désormais, la Russie va avoir un but simple : faire payer très cher sa trahison à sa petite « sœur » – il y a trois sœurs, la troisième étant la Biélorussie. Les coups vont faire mal et vont viser à briser les infrastructures ukrainiennes. Déjà que l’Ukraine est le pays le plus pauvre d’Europe, dans une situation catastrophique, alors là il s’agit de ramener le pays cinquante ans en arrière, de la réduire à un pays intermédiaire du tiers-monde.

La Russie considère qu’ainsi, au fil des décennies, des frustrations venant de l’échec complet de la ligne du régime ukrainien, il y aura un rapprochement. Mais en attendant, la coupure est là. Regardons ainsi la carte de la situation militaire, telle que donnée par l’arme française.

Cette carte, qui attribue davantage de succès à l’armée russe que ne le font les Américains et les Britanniques, montrent bien qu’il s’agit de prendre en étau l’armée ukrainienne présente dans le Donbass. Quant à la suite, voici ce qui est immanquablement l’objectif : la « Nouvelle-Russie ». On parle ici de tout le flanc sud de l’Ukraine, au bord de la Mer d’Azov et de la Mer Noire, conquis à la fin du 18e siècle sur l’empire ottoman par l’impératrice russe Catherine II (par ailleurs allemande).

Source wikipédia

C’est une région où il y a beaucoup de russophones. Mais de toutes façons cela ne change pas grand chose. La Russie considère que ce territoire lui revient de droit historiquement, que c’est stratégiquement incontournable, donc cela deviendra russe coûte que coûte. Il est strictement impossible pour le régime russe d’accepter de perdre Odessa, alors qu’il y a l’occasion historique de la prendre. D’ailleurs si elle ne devient pas russe, en raison des contradictions entre grandes puissances, elle passera sous tutelle britannique qui y amènera sa flotte militaire (et alors avec la Turquie il y aura la tentative de prendre la Crimée).

Source wikipédia

La Russie – et elle aura ainsi l’assentiment massif de sa population – considère que puisque l’Ukraine a récupéré la Nouvelle-Russie dans un parcours historique commun, alors puisqu’elle veut aller ailleurs, elle doit laisser les bijoux de famille. Et de ce point de vue, tant pis pour elle si elle perd tout accès à la mer, alors que c’est économiquement vital pour elle. Pour la Russie, la trahison a un prix. C’est désormais le sens de l’opération « Z ».

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Dépêche

Il n’y a aucune raison de croire les accusations de génocide à l’encontre de l’armée russe

« Les pays occidentaux expriment à l’unisson leur effroi » dit Le Figaro, alors que le régime ukrainien se lance dans les pires accusations contre l’armée russe : viols, tortures, meurtres de masse ! Comment s’étonner ? Qu’on se souvienne de ce que la France disait contre l’Allemagne en 1914 : supprimons le militarisme allemand et il n’y aura plus de guerre ! Eh bien là, on a la même chose avec la Russie, présentée comme infernale.

Une preuve de cela est que si on regarde ce que dit le régime ukrainien, on reconnaît aisément le fanatisme le plus délirant. La Russie serait génocidaire avec les Ukrainiens, elle voudrait tous les exterminer, elle aurait toujours agi ainsi, etc. C’est totalement aberrant.

Aberrant, mais fonctionnel. Car l’Ukraine doit servir de chair à canon contre la Russie. Il faut donc fanatiser les masses sur une base nationaliste, diviser les peuples entre eux. D’ailleurs, cela marche dans l’autre sens aussi, car jamais les Russes ne pardonneront à l’Ukraine de lancer de telles accusations, les pires qui soient. Et encore dans l’autre sens, avec un régime russe se présentant comme relevant de l’immaculée conception et dont les actions seraient par définition justifiées puisque ce serait la Sainte Russie à l’œuvre ! Ce que bien entendu, inversement, la nation ukrainienne ne saurait accepter puisqu’elle serait rétrogradée en « petite Russie ».

Tel est le piège, telle est la propagande de guerre, tel est le bellicisme.

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Politique

Présidentielle 2022 : quoique vous fassiez, les dés sont jetés

La France n’est plus maître de son destin.

Il est trop tard. La guerre en Ukraine a fini, en se prolongeant, par approfondir une torpeur générale commencée avec la pandémie, avec à chaque fois un impact économique, culturel, psychologique, social. La France, congelée par la crise, a une surface politique désormais inexistante.

Tout se passe dans les profondeurs, et plus personne n’est en moyen d’influencer cela. Aucun mouvement politique, quel qu’il soit, n’a de prise à ce niveau, de par son absence d’impact, de pénétration dans les masses, d’ampleur activiste, d’influence idéologique, d’ancrage culturel.

Il est possible d’appeler à voter pour tel ou tel personnage, de ne pas appeler à voter, de voter blanc, tout ce qu’on veut, tout cela ce sont des mots, de vaines prétentions. C’est désormais ailleurs qu cela se joue, un ailleurs auquel personne n’a accès. C’est là-dessus qu’il faut se fonder quand on ne pratique pas l’escroquerie politique.

Cela ne signifie nullement qu’une telle attitude soit purement observatrice; bien au contraire, c’est dans une conscience claire que peut naître une subjectivité authentique, assumant la rupture avec le capitalisme et son quotidien infernal. C’est une question de mental, c’est une question psychologique. C’est nécessaire pour ne pas être corrompu.

En ce sens, Nathalie Arthaud et Philippe Poutou ont fait une erreur en se présentant. Ce ne sont pas des élections comme les autres. Même en arguant que leur stratégie est de profiter des élections pour faire de la propagande – ce que leurs mouvements font depuis cinquante ans par ailleurs – on ne s’inscrit pas impunément dans une phase d’effondrement sans en payer le prix politique.

On peut déjà le remarquer avec Fabien Roussel et Anne Hidalgo. Le premier, candidat du Parti Communiste Français, n’a cessé de se montrer sous le jour d’un beauf. Et la seconde a été incapable de proposer quoi que ce soit, à rebours des traditionnelles propositions socialistes. L’époque les a fracassés.

Quant à Jean-Luc Mélenchon, il a anticipé tout cela, c’est vrai, en abandonnant la Gauche pour le populisme. Il avait tout compris, et donc rien compris. Parce que c’est dans l’autre sens qu’il fallait aller.

Ce sens, c’est celui de la Gauche historique. Il faut viser la bourgeoisie comme classe, assumer la lutte des classes, comprendre la marche du capitalisme afin de rejeter ses valeurs. Il ne faut pas les accompagner en se faisant un promoteur du turbocapitalisme.

Il faut du contenu. C’est à ce la qu’oeuvre agauche.org, en s’inscrivant dans la durée, car la période future va être tourmentée, les années qui suivent vont être agressives, avec la guerre inévitable qui s’annonce de par le repartage du monde par les grandes puissances.

Et dans un tel panorama, ne pas parler des animaux c’est ne rien comprendre aux enjeux de notre époque. Plus on s’enfonce dans la crise, et moins on parle d’eux, alors que toute notre époque appelle à un rapport différent à Biosphère. C’est cela le combat de notre époque : abattre le cynisme, l’égoïsme, l’égocentrisme, promouvoir la compassion, l’empathie, construire une civilisation sur ces fondements.

Et cela n’a rien à voir avec la fausse bienveillance du consumérisme capitaliste notamment LGBTQ. On ne parle pas d’individualisme et d’acceptation des egos. On parle de collectivisme, de projet relevant de la collectivité, d’affirmation personnelle au sein du grand Tout qu’est la société, la Nature. Des valeurs qui sont totalement éloignés des gens en France, même des prolétaires, mais pas du prolétariat. Le décalage est ici immense. Il doit être résolu.

Et c’est l’Histoire qui va s’en charger, en reconstituant le prolétariat… avec la Gauche historique en première ligne pour mener cette tâche.

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Politique

Deux exemples de diffusion de l’idéologie fasciste par le régime ukrainien

Le régime ukrainien est réactionnaire.

Nous avons dès avril 2021 inlassablement expliqué qu’il y allait avoir une invasion russe et qu’il fallait soutenir la nation ukrainienne. Nous pouvons dire avec une légitimité complète que tout le soutien à l’Ukraine depuis le début de l’invasion est fictif à 99%, il ne fait que servir l’OTAN, l’objectif d’asservir la Russie. Avez-vous vu d’ailleurs quelque part qu’il soit parlé de la culture ukrainienne ? Il n’y a cela nulle part, car tout cela n’a rien de démocratique ni de populaire.

Le régime ukrainien joue un grand rôle dans cela, car son idéologie nationaliste est délirante, entièrement en phase avec les objectifs de la superpuissance militaire américaine. Voici par exemple un message du Parlement ukrainien sur Twitter.

Voici ce qu’on lit : « Les occupants russes ont saisi et détruit de la littérature et des livres d’histoire ukrainiens. C’est la littérature qui ne coïncide pas avec la propagande du Kremlin. » Puis : « La littérature prétendue  »extrémiste » inclut des livres d’école sur l’histoire de l’Ukraine, de la littérature historique populaire et scientifique, en particulier des livres sur les révolutions démocratiques en Ukraine, également connue comme les Maidans ukrainiens ».

Enfin et c’est là où c’est marquant : « Les occupants ont également une liste de noms devant être interdits d’être mentionnés. Parmi ceux-ci il y a des figures exceptionnelles de l’histoire de l’Ukraine – Ivan Mazepa, Symon Petlioura, Stepan Bandera, Roman Shukhevych, Viacheslav Chornovil ».

De quelles des figures exceptionnelles parle-t-on ?

Ivan Mazeppa est une figure du 17e siècle, qui a trahi le tsar et cherché à s’allier à l’empire ottoman contre les Russes.

Symon Petlioura est une figure de la république ukrainienne opposée à l’Armée rouge, bien connu en France pour avoir été exécuté par Samuel Schwartzbard, désireux de venger les pogroms. Le soutien à Samuel Schwartzbard amena la naissance de la LICRA et il fut même acquitté au procès par le tribunal français.

Stepan Bandera est le dirigeant de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne  alliée aux nazis, Roman Shukhevych en fit partie et est particulièrement haï en Pologne pour ses massacres de civils. Ces deux figures sont totalement fascistes, responsables de l’assassinat de Juifs, de Polonais, évidemment de gens de gauche. Le scandale a été immédiat en Pologne et le parlement ukrainien a dû enlever ce message.

Quan à Viacheslav Chornovil, c’est un nationaliste ukrainien des années 1960-1990.

Tout cela est révélateur de la nature du régime ukrainien. Et cela se lit aussi avec le régiment Azov. On peut trouver facilement des informations diffusées par ce régiment, dans le cadre de la guerre, leur bastion étant Marioupol, une ville russophone qu’ils contrôlent. La Femen Inna Shevchenko les a par exemple mis en avant.

Mais c’est le cas également de la presse, comme Le Figaro, Le Parisien, etc.

Ce régiment Azov, formant la garde nationale supervisée par le ministère de l’Intérieur, est à la fois un mouvement néo-nazi menant des campagnes nationalistes de masse, un parti politique sans succès électoral , une branche armée intégrée à l’État. Ses cadres sont des suprémacistes blancs, sa base vient du hooliganisme et de ceux aspirés par le romantisme nationaliste. Sa symbolique est nazie, avec le soleil noir de la SS, ainsi qu’un symbole Waffen SS.

Le symbole d’Azov à l’origine, le nouveau symbole, le soleil noir néo-nazi souvent tatoué chez Azov, un symbole Waffen SS par ailleurs historiquement très utilisé en Italie par les nazis

Notons ici tout de suite un point très important. On peut lire parfois, sur des blogs d’ultra-gauche, de la part de gens n’y connaissant rien du tout et à l’attitude honteuse, scandaleuse, voire carrément pro-fasciste, que le fascination pour les nazis serait une réponse spontanée, somme toute toute un peu « bête », en réaction à l’expansionnisme russe, ou à l’époque aux collectivisations des terres.

C’est totalement faux. Le nationalisme ukrainien remonte aux années suivant immédiatement la révolution russe. L’Ukraine, c’est comme la Pologne : ce sont deux pays avec une histoire intellectuelle et culturelle immensément riches, et il ne faut pas croire leurs représentants nationalistes qui parlent de nations « martyrs » et qui jouent aux idiots.

Le nationalisme ukrainien n’est pas né en 2022, ni en 2014, ni même en 1991. Il a bien plus d’un siècle. C’est l’idéologie du régime ukrainien actuel et c’est ultra-réactionnaire, convergeant avec le fascisme, avec la superpuissance américaine.

Il faut le dire sans ambiguïtés : si vous êtes de gauche et que vous lisez cet article, depuis 2014 en Ukraine votre opinion serait interdite et vous seriez sous la menace physique des nazis d’Azov. Et Azov a irradié l’idéologie de l’extrême-Droite française depuis 2014.

D’ailleurs, sur le plan idéologique, on pourrait caricaturer en disant qu le régime ukrainien c’est Eric Zemmour président avec un libéralisme économique généralisé, laissant les activistes d’extrême-Droite faire ce qu’ils veulent en périphérie. C’est quasiment un modèle et dans les pays de l’Est, cela ressemble beaucoup à cela en pratique.

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Guerre

Guerre en Ukraine : le  directeur du renseignement militaire français viré comme un malpropre

Ce qui se passe est bien français.

© DRM

Au lieu de faire des mugs à en-tête, les dirigeants de la direction du Renseignement militaire auraient dû lire Agauche.org sur l’Ukraine. Mais ils l’ont forcément fait, car c’est leur travail que de tout lire, et il n’y avait pas grand monde, pour ne pas dire personne, pour en parler, surtout dès avril 2021, pour annoncer qui plus est que la guerre était inévitable.

Cette guerre, le général Vidaud n’y a toutefois pas cru, et il vient de se faire éjecter pour cela de son poste de chef de la direction militaire, sept mois seulement après sa nomination. La presse parle de « briefings insuffisants » et d’un « manque de maîtrise des sujets », en clair : il n’a pas suivi correctement la tendance à la guerre et a été dépassé.

Seulement voilà, là où c’est intéressant, c’est que le général en question n’était pas un stratège, mais ce que l’armée française produit de « mieux » : des hommes de coups de main. C’est par exemple lui qui, au Mali, a dirigé la liquidation le 3 juin 2020, d’Abdelmalek Droukdal, chef d’Al Qaïda au Maghreb islamique. Voici comment le Renseignement militaire français présentait encore hier son directeur :

Saint-Cyrien de la promotion « général Callies » (86-89), le général de corps d’armée Éric Vidaud choisit, à la fin de sa scolarité, de servir dans les troupes de marine, spécialité infanterie. A la sortie de son école d’application, il est affecté au 1er régiment de parachutistes d’infanterie de marine (1er RPIMa) à Bayonne en 1990.

Il est breveté de l’enseignement militaire supérieur et obtient également le Master of Business of Administration (MBA) d’HEC pendant la période 2000 et 2002.

Détaché à la direction du Trésor au sein du ministère des Finances, il est chargé de la politique économique en Afrique de l’Ouest et du suivi du franc CFA de 2004 à 2006. Il est affecté à l’État-major de l’armée de Terre (EMAT) en charge des relations parlementaires pour l’armée de Terre tout en étant auditeur de l’Institut des hautes études de l’entreprise (IHEE) pendant les deux années suivantes.

En 2008, il prend le commandement du 1er RPIMa.

De septembre 2010 à juin 2011, il est auditeur de la 60e session du Centre des hautes études militaires et de la 63e session de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN).

En juillet 2011, il devient directeur des opérations au Commandement des opérations spéciales (COS). Il est ensuite affecté au cabinet du ministre de la Défense au poste de chef du bureau réservé d’octobre 2012 à septembre 2017.

Promu général de brigade en 2017, il devient le commandant supérieur des forces armées dans la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI) et commandant de la base de défense de La Réunion-Mayotte.

En juillet 2019, il prend la direction du Commandement des opérations spéciales (COS).

Il est nommé directeur du renseignement militaire à compter du 1er septembre 2021, élevé le même jour aux rang et appellation de général de corps d’armée.

Le général de corps d’armée Éric Vidaud a été engagé à plusieurs reprises en opérations extérieures dans les Balkans, en Somalie, en République Centrafricaine, au Congo Brazzaville, en République de Côte d’Ivoire, en Haïti et en Afghanistan.

Officier de la Légion d’Honneur, commandeur de l’ordre national du Mérite, le général de corps d’armée Éric Vidaud est titulaire de la croix de la valeur militaire avec cinq citations.

On chercherait en vain une dimension stratégique. Le type est un homme de main, un de ces baroudeurs à la française, dont l’heure de « gloire » fut la guerre d’Algérie. Donc on le choisit.C’est tout à fait représentatif de l’armée française. D’ailleurs, qu’est-ce que raconte le chef d’état-major des armées Thierry Burkhard au quotidien Le Monde après le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ? Que :

« Les Américains disaient que les Russes allaient attaquer, ils avaient raison. Nos services pensaient plutôt que la conquête de l’Ukraine aurait un coût monstrueux et que les Russes avaient d’autres options. »

C’est là encore exemplaire de la mentalité du baroudeur, qui organise un coup, et qui calcule de manière comptable si ce coup est rentable ou pas. C’est la quintessence de l’esprit militaire français, et on reconnaît que le théoricien militaire de l’armée française, c’est Napoléon, avec l’ingéniosité pour les batailles « décisives ».

L’exemple suprême peut-être de la démarche est racontée par Tolstoï dans son fameux roman Guerre et paix. Devant en 1805 prendre un long pont contrôlé par les Autrichiens, Lannes et Murat y vont les mains dans les poches, faisant croire qu’un armistice est signé. Les soldats français suivent pareillement, l’air de rien mais en réalité enlevant les explosifs et prenant le contrôle du pont.

De la subtilité et du panache… Le rêve du soldat français. D’ailleurs, qui est pressenti pour prendre la tête du Renseignement militaire ? Le général Jacques de Montgros, un parachutiste qui a été en Bosnie, au Rwanda, au Tchad, en en République centrafricaine, en Afghanistan… C’est totalement à rebours par exemple de la Defense Intelligence Agency américaine, dont les directeurs sont non pas des baroudeurs, mais des analystes.

C’est à la fois révélateur et riche d’enseignement. Parce que ce sont ces gens-là qui vont diriger la guerre dans laquelle nous précipite la grande bourgeoisie française. Il faut savoir comment ils fonctionnent, car il faudra triompher d’eux !

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Dépêche

Les commandos d’extrême-Droite s’activent

Depuis plusieurs mois, les commandos d’extrême-Droite s’enhardissent, menant un peu partout en France des opérations coups de poing contre des militants, des gens qui diffusent des tracts, des réunions… au moyen du nombre, de poings américains, de ceintures, voire même de couteaux. Ces actions visent non seulement à blesser, à faire peur en particulier, mais surtout à forger une atmosphère délétère, à attirer l’attention antifasciste pour la précipiter dans un piège : celui du combat de rue, en faisant perdre de vue l’aspect principal qu’est le combat idéologique et culturel.

Le modèle de ces actions-provocations n’est en effet pas ce qui a existé en Allemagne et en Italie, avec un mouvement de masse fasciste. Non, le modèle, c’est la France et l’Espagne des années 1930, avec des commandos adeptes du coup de force œuvrant parallèlement à la Droite, pour rendre la situation intenable, intolérable, pour faire basculer la situation, pour empêcher une expression développée de la Gauche.

Les actions-provocations visant à focaliser l’attention sur des crapules violentes, au lieu de se concentrer sur le Socialisme, la lutte des classes, l’approfondissement des idées, l’élargissement des éléments culturels démocratiques et populaires. C’est une tactique relevant de la grande guerre contre l’intelligence et plus précisément contre l’émergence d’une Gauche politique ne se résumant pas au « militantisme », ni aux activités associatives, ni au syndicalisme.

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Culture Culture & esthétique

Sans mémoire, une existence toute en illusions: le rôle de l’art

C’est la question de la vie intérieure qui doit primer.

Ce qui est très intéressant lorsqu’on s’intéresse à la question des arts et des lettres, c’est qu’on peut voir que la Russie a apporté une immense contribution, dans absolument tous les domaines. Que ce soit en peinture, en musique, en danse, en architecture, en sculpture, en littérature… on retrouve d’importantes figures.

Et ce qui est significatif, c’est qu’il existe dans ce pays, historiquement, une profonde continuité dans cette expression artistique. C’est-à-dire que l’irruption de la modernité telle qu’elle a eu lieu plus à l’ouest – avec l’impressionnisme, l’expressionnisme, etc. – n’y a pas eu lieu, à part avec une cubisme et un futurisme qui n’ont pas duré et qui, de toutes façons, étaient eux-même très « russe ».

Pourquoi? Parce que lorsque Kazimir Malevitch fait son carré blanc sur fond blanc, il est en quête d’absolu, d’une vie intérieure puissante. Lorsque les constructivistes, avec à leur tête Alexandre Rodtschenko par la suite photographe renommé, parlent d’organiser le monde, ils le font au nom d’une vie intérieure consciente.

Il y a, dans tous les cas, une obsession russe pour la vie intérieure. En France, deux noms reviennent souvent ici : Tolstoï et Dostoïevski. Mais il suffit de regarder la définition de l’écrivain chez Staline (aidé comme on le sait de Maxime Gorki) pour voir la même préoccupation fondamentale :

« L’écrivain est un ingénieur des âmes. »

Et cette définition est en fait même rapporté à l’artiste en général. Il y a le mot âme, c’est flagrant ; on sait pourtant que les communistes sont athées, alors quel est le sens de ce mot? C’est un équivalent de « vie intérieure ». Et qu’est-ce que la vie intérieure? C’est la reconnaissance de ce qu’on a vécu, comme un assemblage d’expériences, de sensations, de considérations, de réflexions.

Il s’agit alors d’accorder un sens à cela, d’y mettre de l’ordre. Seulement, comment peut-on le faire s’il n’y a pas la mémoire de son propre vécu?

Que peut faire une personne vivant de manière ininterrompue dans un présent sans cesse renouvelé? Et c’est précisément ce que propose ou plutôt impose le capitalisme. Présent vingt-quatre heures sur vingt-quatre, il interdit toute pause, toute introspection. On est dans un egotrip permanent et toujours remis en avant par une consommation ou une autre. Un nouvel habit, une nouvel épisode d’une série, une nouvelle relation sexuelle, un « nouveau » corps, etc.

Andreï Tarkovski a raison quand il dit que :

« Privé de mémoire, l’être humain devient le prisonnier d’une existence toute en illusions. Il est alors incapable de faire un lien entre lui et le monde, et il est condamné à la folie. »

Le temps scellé (Cahiers du Cinéma 2004 ou bien Philippe Rey 2014)

L’artiste ne saurait donc échapper à une considération approfondie sur la question de ce qui va être tiré de son œuvre, en termes de mémoire. Il doit être capable de produire une œuvre qui s’inscrive dans la vie de tout un chacun, qui possède ainsi une nature particulière s’adressant à chacun en particulier, et en même temps dispose d’une portée universelle pour s’adresser à tous.

Autrement dit, l’artiste doit inscrire son œuvre dans l’Histoire, pour être capable de toucher chaque histoire personnelle des gens confrontés à son œuvre. Il doit établir un lien authentique avec la réalité, celle que tout le monde vit, sans quoi son œuvre ne serait qu’un fantasme.

La capacité du capitalisme est de proposer un nombre immense d’œuvres fantasmés à des gens fantasmant, multipliant les marchés. Ce faisant, le capitalisme tue la possibilité d’une œuvre universelle, d’une œuvre classique, d’un chef d’œuvre. Le relativisme tue l’universel et démolit le temps en le fragmentant en autant de « durées » perçues individuellement.

La course à la subjectivité massacre le monde objectif. L’artiste doit s’y opposer, pour exister en tant qu’artiste, pour s’arracher à la négation du réel, pour porter une œuvre dans un cadre historique. Réfléchir à ce qu’on retenir de son œuvre, à ce qui sera naturellement retenu, est donc essentiel.

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Politique

Lutte Ouvrière : la guerre est inévitable, oui, non, peut-être

La question de la reconnaissance de la tendance à la guerre est épineuse.

Si l’on prend la Gauche française dans sa totalité, on peut s’apercevoir qu’il y a somme toute très peu de structures considérant que la guerre est inévitable, car le capitalisme en crise y pousse inexorablement. C’est là quelque chose de tout à fait dramatique et cela reflète que, sur le plan des conceptions du capitalisme, on est revenu aux années avant 1905, avant la naissance de la SFIO rassemblant les socialistes dans le cadre de la seconde Internationale.

Il est bien reconnu que la guerre est possible, très fortement possible, mais elle ne relèverait que de la panoplie du capitalisme, ce serait un aspect militariste. Il n’y a pas la conception que le capitalisme en crise implique le fascisme et la guerre.

Or, la guerre en Ukraine oblige à prendre position et à annoncer l’avenir. Comment faire ? La plupart ne prennent même pas position ou en prennent une purement symbolique, et chez certains il n’a même pas été parlé de la guerre en Ukraine. C’est de l’économie politique, c’est trop compliqué.

Lutte Ouvrière a une économie politique et devait prendre position. Elle l’a fait, mais en prenant deux positions antagoniques en même temps. L’article « Le prologue d’une guerre généralisée ? » réfute la conception qu’on trouve sur agauche.org. L’article « Votez pour dénoncer les fauteurs et les profiteurs de guerre, et les gouvernements qui veulent nous embrigader ! » dit le contraire… Ou alors c’est subtile et il faut voir ce qu’il en est.

L’article « Le prologue d’une guerre généralisée ? » dit les choses clairement : il n’y a pas de tendance à la guerre actuellement. Il peut y avoir la guerre, mais seulement comme accident de parcours. La guerre accompagne le capitalisme, ce n’est pas un aboutissement de celui-ci.

« Il n’y a pas aujourd’hui un mécanisme économico-politique qui pousse inévitablement à la généralisation de la guerre du même type que ce qui a précédé la Deuxième Guerre mondiale, et même dans une certaine mesure la Première Guerre mondiale (un impérialisme coincé par ses concurrents et étouffant faute d’espace vital).

Mais on est déjà au-delà de l’affirmation si juste mais abstraite de Jean Jaurès : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage. »

La guerre en Ukraine sera peut-être considérée par les historiens du futur comme une des étapes préparatoires d’une guerre généralisée à venir. Un peu comme ce qu’ont été avant la Deuxième Guerre mondiale l’invasion de l’Éthiopie par les troupes de Mussolini ou celle de la Mandchourie par l’armée de l’Empire du Japon, avec la course à l’armement, les mercenaires préparant le terrain, la manipulation de l’opinion publique, l’embrigadement de la population, les massacres de masse.

L’interpénétration de la situation de crise et des préoccupations guerrières des uns et des autres est susceptible de provoquer un « processus autoréalisateur ». C’est-à-dire que la guerre, en aggravant la crise, en bouleversant les rapports de force, en soulignant les contradictions entre les puissances impérialistes elles-mêmes, pousse à un mécanisme conduisant à la guerre généralisée. Il ne faut pas raisonner uniquement en fonction de ce qui s’est passé lors de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale. D’ailleurs, les deux n’étaient identiques qu’en ceci : elles ont concrétisé la barbarie vers laquelle évolue l’impérialisme, c’est-à-dire le capitalisme pourrissant.

Pour le moment, le camp impérialiste, représenté par son organisme militaire, l’OTAN, dominé par les États-Unis, prend moult précautions pour pouvoir affirmer qu’il n’est pas en guerre, tout en renforçant son dispositif d’encerclement tantôt de la Russie, tantôt de la Chine.

On peut entrevoir plusieurs cheminements possibles, les uns à l’initiative de Poutine qui, coincé par l’insuccès de la guerre éclair qu’il avait espérée avec l’accord des sommets de la bureaucratie, pourrait essayer de donner le change en Moldavie, en Géorgie ou ailleurs.

Quant à l’OTAN, tout en se gardant de passer pour l’agresseur, elle continue à livrer des armes à l’Ukraine en quantités croissantes, ce qui peut entraîner bien des dérapages.

Mais, encore une fois, c’est l’approfondissement de la crise, aggravée par le fait même de la guerre en cours, dans une économie archi-mondialisée, où tout le monde dépend de tout le monde, qui peut rendre la généralisation de la guerre inévitable.

« Ne demande pas pour qui sonne le glas, il sonne pour toi. » Il en sera ainsi tant que le prolétariat n’aura pas détruit le capitalisme, la propriété privée des moyens de production, la concurrence, c’est-à-dire la guerre économique qui porte en elle la guerre tout court. »

L’article « Votez pour dénoncer les fauteurs et les profiteurs de guerre, et les gouvernements qui veulent nous embrigader ! » semble pourtant, en apparence, dire le contraire.

« S’il est  impossible de prévoir comment la situation internationale va évoluer, une chose est sûre, ceux qui nous gouvernent ont commencé à aiguiser leurs couteaux.

Il y a cent ans, toute une génération a connu la boucherie de la Première Guerre mondiale. Puis la génération suivante s’est retrouvée sur les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, il y a eu les guerres coloniales, au Viet Nam ou en Algérie. En réalité, les guerres ne se sont jamais arrêtées. Les désastres en Syrie, en Irak ou au Yémen sont là pour en témoigner.

Le système capitaliste, fondé sur l’esclavage salarial, mène inévitablement à la guerre. La guerre fait partie du capitalisme. Et si elle est une tragédie pour les populations, elle est un énorme business pour les trusts. Les profits des groupes pétroliers et de ceux de l’armement en sont l’illustration écœurante.

On lit bien : « Le système capitaliste, fondé sur l’esclavage salarial, mène inévitablement à la guerre ». C’est tout à fait clair. Sauf que, en fait, il est dit que « la guerre fait partie du capitalisme », et qu’en fait il y a la guerre tout le temps. La guerre va inévitablement arriver dans le capitalisme… sauf que, en fait, non, c’est un phénomène qui se produit comme un à côté du capitalisme. Lutte Ouvrière ne considère pas que le capitalisme en crise mène à la guerre. D’ailleurs, pour Lutte Ouvrière, le capitalisme est en crise depuis des décennies, voire depuis 1917.

C’est tellement vrai que pour Lutte Ouvrière, la Russie actuelle porte encore quelque chose de socialiste. Si on regarde ce que dit Lutte Ouvrière, il n’est jamais affirmé qu la Russie est impérialiste. Il est toujours parlé du camp impérialiste, et de la Russie, qui on ne sait trop quoi, une sorte de bureaucratie post « État ouvrier dégénéré », où le capitalisme n’en est pas vraiment un (on trouvera son long justificatif théorique ici).

Lutte Ouvrière est ici coincé entre les trotskistes de Révolution permanente, pour qui la guerre n’est pareillement qu’un accompagnement du capitalisme, et le Pôle de Renaissance Communiste en France, qui considère que la Russie, c’est… autre chose que du capitalisme, de l’impérialisme.

Tout cela parce que les gens restent coincés dans le passé et ne veulent pas voir que depuis 1945, et depuis 1989, le capitalisme s’est formidablement développé à travers le monde.

Entre ceux vivant dans le passé pour qui le capitalisme a arrêté de grandir en 1917 et qui ne voient donc pas la société de consommation, et ceux qui baignent tellement dans celle-ci qu’ils s’imaginent que le turbocapitalisme (PMA, GPA, LGBTQ, migrants, drogues, etc.) est l’avenir, on est bien mal parti. C’est à l’image du pays dans la présidentielle 2022, avec d’un côté les nostalgiques (Marine Le Pen, Eric Zemmour, Fabien Roussel), de l’autre les modernistes (Emmanuel Macron, Yannick Jadot), et d’autres jonglant entre les eux (Valérie Pécresse, Jean-Luc Mélenchon).

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Culture

Ce que révèle la statue de Taras Chevtchenko sur le pseudo Holodomor

Les choses sont tout de même claires.

Traitant de l’actualité de la guerre en Ukraine, Le Figaro a a publié me 27 mars 2022 l’article À Kharkiv, des barricades de sable pour sauver la statue du poète Chevtchenko des obus. On y apprend que :

« Pétrie de culture et d’histoire, la deuxième ville d’Ukraine tient à protéger ses monuments «dressés en l’honneur de ceux qui ont fait la gloire de la ville». Parmi eux, la sculpture du poète Taras Chevtchenko, principale figure du patriotisme ukrainien du XIXe siècle. »

Les monuments sont protégés par des sacs de sable, notamment celui considéré comme le plus important.

« La plus importante d’entre elles trône au cœur du centre-ville, dans un vaste parc aux arbres centenaires: menton en avant et l’allure conquérante, le poète Taras Chevtchenko est la principale figure du patriotisme ukrainien du XIXe siècle. Depuis l’indépendance du pays en 1991 avec l’effondrement de l’Union soviétique, pas une ville ukrainienne qui n’ait son avenue ou sa place Chevtchenko, également nom de la plus grande université ukrainienne à Kiev. »

Taras Chevtchenko est effectivement la principale figure ukrainienne et l’un des plus grands symboles de la nation ukrainienne, c’est la chanson Rugit, gémit le vaste Dniepr. Seulement, on lit quelque chose d’assez marquant sous la photographie en illustration, à savoir une précision d’ailleurs reprise dans l’article. La statue a été érigée en 1935.

1935 ? Mais pourtant, l’idéologie nationaliste – fasciste ukrainienne, selon la conception élaborée dans les universités américaines durant les années 1980, affirme que les Russes ont voulu génocider la nation ukrainienne au début des années 1930. Pourquoi alors la Russie aurait-elle accepté la mise en valeur de la plus grande figure culturelle ukrainienne, qui est en même temps la grande figure historique de l’opposition nationale ukrainienne à la Russie tsariste?

Pourquoi une Russie qui aurait voulu génocider l’Ukraine comme nation aurait-elle accepté que Kharkiv mette en valeur celui qui a affronté la répression tsariste pour avoir rejeté justement la négation chauvine grand-russe de la nation ukrainienne? Et quand on parle de Kharkiv, il y a également un monument à Kiev érigé en 1939.

Si l’on ajoute à cela que c’est l’URSS qui a reconnu la nation ukrainienne, a développé sa littérature et sa presse (la langue ukrainienne étant bannie sous le tsarisme), alors on voit que la fiction de l’holodomor, d’un génocide russe des Ukrainiens, ne tient pas du tout debout.

C’est une fiction inventée pour permettre à une idéologie ultra-nationaliste ukrainienne de servir de fer de lance anti-russe, à rebours de toute l’histoire ukrainienne, d’où que le bastion de ce nationalisme – nihilisme se situe tout à l’Ouest, dans une zone historiquement occupée l’Autriche puis la Pologne (c’est la fameuse Galicie).

On se rappellera ici également que le président russe Vladimir Poutine a écrit un long article expliquant que justement, l’Ukraine était une invention bolchevique. Comme lui prolonge l’idéologie tsariste sur ce point, il est obligé de rejeter la connaissance nationale ukrainienne.

L’Ukraine est bien mal partie entre d’un côté les nationalistes délirants alliés aux pro-occidentaux voulant une Ukraine fictive, et de l’autre le chauvinisme grand-russe voulant une Ukraine asservie comme « sous-produit » de la nation russe.