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Politique

« Qui menace la paix en Ukraine ? » Pas la Russie ?

Un exemple de propagande pro-russe.

Jusqu’à présent, le silence a été complet à Gauche et à l’extrême-Gauche concernant la question ukrainienne. Il va de soi qu’il faudra bien prendre position à un moment donné, lorsque les événements se précipiteront. Néanmoins, il est déjà criminel de ne pas avoir mené une campagne de fond à ce sujet, car l’enjeu est immense. Arriver lorsque tout est déjà en cours, pour distribuer les bons et les mauvais points, ce n’est pas faire de la politique. Agauche.org joue ici un rôle exemplaire, nécessaire et essentiel. Il est bon de le souligner.

Et il est bon de savoir ce que pensent à ce sujet les gens qui, hier, se tournaient vers l’URSS et en sont, en un sens, encore orphelins aujourd’hui. Car il faut bien voir qu’il existe une conception politique se revendiquant du socialisme et convergeant avec la Russie, et d’ailleurs avec la Chine, dans la mouvance du Parti Communiste Français pris au sens le plus large possible. La Chine est de manière systématique présentée comme un contre-modèle, y compris dans la revue du PCF Cause commune destinée aux cadres. La Russie est présentée comme une sorte d’entité flottante ayant une nature anti-impérialiste en soi.

Et on a un premier exemple de ce qui va être désormais de plus en plus exprimé par ce camp, avec sur Initiative Communiste, le site du Pôle de Renaissance Communiste en France, l’article intitulé Qui menace la paix en Ukraine ? publié le 28 janvier 2022. Il faut y porter son attention.

Car qu’Eric Zemmour soit ouvertement pro-Russie, c’est dans l’ordre des choses. Il veut une France faisant cavalier seul et pratiquant le « réalisme ». C’est un réactionnaire et il l’assume. La Russie est ici un allié possible pour les opérations françaises (et inversement). Cependant, on peut voir ici qu’il y a malheureusement des gens se disant de gauche et se contentant, par incompréhension de la nature dialectique des choses, par esprit unilatéral… d’opposer abstraitement les choses. Ce qui donne : si l’OTAN est mauvaise, alors Poutine est bon. Si l’armée française est mauvaise, alors un putsch militaire au Mali est bon. Et ainsi de suite. C’est stupide, aberrant, atroce.

L’article publié sur Initiative Communiste est ici exemplaire en ce sens que, dans son élan, il assimile la Russie d’aujourd’hui à l’URSS ! Cela serait une pauvre victime d’une propagande mensongère ! C’est dire tout de même où mène une pensée unilatérale. Quoiqu’on pense de l’URSS des années 1970-1980 – qu’elle soit socialiste (pour le PCF) ou social-impérialiste (pour les maoïstes) ou capitaliste d’État (pour certains trotskystes et les anarchistes) ou État ouvrier dégénéré (pour d’autres trotskystes), etc. – quel rapport avec la Russie des oligarques du début des années 2020?

Est-il si difficile de dire que cet État a des visées hégémoniques, qu’il ne cache d’ailleurs même pas lorsque Vladimir Poutine dit que l’Ukraine n’existe pas? Car Vladimir Poutine dit tout de même franchement que l’Ukraine est une invention bolchevique. Les gens du Pôle de Renaissance Communiste en France ne peuvent pas ne pas le savoir s’il s’intéressent à la question. Comme ils se revendiquent de Lénine, ils devraient sauter au plafond et dire que l’Ukraine est une nation, que Vladimir Poutine n’est qu’un nationaliste grand-russe, que l’URSS a eu raison de reconnaître pleinement la nation ukrainienne, d’y généraliser la langue ukrainienne, etc. Mais ils ne le font pas.

Au lieu de cela, il faudrait selon eux rire de l’accusation comme quoi la Russie voudrait envahir l’Ukraine. Pas certain que cela fasse rire les Ukrainiens de voir comme en ce moment… la grande majorité des troupes russes à ses frontières immédiates, avec désormais aussi tout le matériel nécessaire à l’action telles les installations médicales et les banques de sang…

« Pour les obsédés de l’ogre moscovite, la Russie a tous les torts. Elle ne se contente pas de menacer l’Ukraine en massant ses blindés à ses frontières, elle veut aussi installer à Kiev un pouvoir pro-russe (…).

Prétendre que Moscou prépare la guerre pour assouvir ses appétits territoriaux aux dépens de ses voisins mériterait un éclat de rire s’il ne s’agissait d’une crise internationale sérieuse au cours de laquelle, une fois de plus, le bellicisme de Washington tente d’enrayer le déclin irrésistible d’un Occident vassalisé. »

Comment peut-on dire que Moscou ne prépare pas la guerre ? Il faudrait que le pays soit socialiste pour ne pas le faire ? Ou alors il y a des pays non socialistes qui ne préparent pas la guerre ? Mais alors en vertu de quoi ?

Il n’y a rien qui puisse flotter au-dessus de la réalité. Soit un pays est capitaliste, soit il ne l’est pas. Et si on en arrive à nier la volonté assumée par la Russie elle-même de nier le caractère national de l’Ukraine et de la satelliser, c’est qu’il y a un vrai problème de fond dans l’analyse. Cela mène dans un cul-de-sac ou à se retrouver dans le mauvais camp. La seule orientation correcte, comme dit en juillet 2021, c’est Ni Washington ni Pékin, mais les travailleurs, les animaux et la Gauche historique.

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Culture

Ukraine : les pleurs de Slavia

C’est un nouveau drame slave qui se joue.

Comme elle est loin l’année 1848 où les peuples slaves, opprimés notamment par l’Autriche et la Hongrie, organisaient un congrès slave à Prague. Comme elle apparaît lointaine cette épopée slave réalisée au début du 20e siècle par l’artiste Alfons Mucha, avec ses tableaux monumentaux retraçant les principaux événements des nations slaves.

Le premier de la série, intitulée Les Slaves dans leur site préhistorique – Entre le knout touranien et le glaive des Goths indique le fond de l’approche : malgré les invasions et les oppressions, les Slaves ont tenu bon.

Comme est aussi lointain le film de 1938 d’Eisenstein Alexandre Nevski, qui retrace la victoire de celui-ci sur les chevaliers teutoniques au 13e siècle. Le film a bien entendu une portée anti-nazie et la dimension slave de la victoire soviétique a été maintes fois souligné alors. Lorsque Staline s’adresse au peuple le 9 mai 1945 pour annoncer la victoire, il dit notamment :

« La lutte séculaire des peuples slaves pour leur existence et leur indépendance a abouti à la victoire sur les envahisseurs allemands et sur la tyrannie allemande. »

Et où en est-on au début du 21e siècle? Les peuples yougoslaves se méprisent ou se haïssent. Les Tchèques et les Slovaques se sont tournés le dos, alors que les premiers se veulent « européens » et sans rapport avec les Slaves arriérés, et que les seconds vivent dans leur bulle pleine d’autosatisfaction nationaliste. Les Polonais ne jouent qu’à passer pour des victimes tout en regrettant secrètement l’époque où ils avaient un grand empire, alors que les Russes veulent manger des Ukrainiens qui de leur côté se verraient bien devenir un État américain.

Pour les occidentaux, les pays slaves ne sont que des pays étranges et lointains au bas niveau de vie, où l’on peut cyniquement profiter des « filles de l’Est » (tout autant « jolies » et féminines que les hommes seraient « moches » et grossiers), placer des usines à bas salaires, éventuellement faire du tourisme pas cher avec alcool à volonté, etc. Quel drame !

Les langues slaves

Il faut savoir que Karl Marx et Friedrich Engels avaient tiré à boulets rouges sur les Slaves du Sud au milieu du 19e siècle. Ils considéraient que ces peuples étaient le plus souvent trop petits et trop arriérés, qu’ils devaient se raccrocher au développement plus avancé des nations développés dont ils faisaient partie au lieu de prôner un séparatisme ayant toujours le mauvais goût de se tourner vers la Russie tsariste.

Dire qu’ils avaient surmonté cela avec la Yougoslavie (ou la Tchécoslovaquie) et que tout a été réduit à néant! Les peuples slaves sont désormais typiques de ces petits pays aux mentalités étroites, avec un mépris ou une haine pour le voisin, entièrement autocentrés, coupés des grandes évolutions du monde et attendant que les choses se passent sans eux. Tout cela les amène à relever du tiers-monde dans l’Europe. Et à tomber d’autant plus dans le nationalisme, tout en assumant une émigration massive. Un Serbe sur trois se revendique foncièrement serbe… Tout en n’habitant pas en Serbie. Sept millions de personnes ont quitté l’Ukraine depuis 2001…

Quel drame ! Il ne reste plus que les pleurs pour la déesse Slavia.

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Guerre

La superpuissance américaine et l’OTAN disent non à la Russie

Un camp doit désormais céder ou c’est la guerre.

Au sens strict, dire que la superpuissance américaine et l’OTAN disent non à la Russie est erroné, car l’OTAN est un outil américain. Il y a beau avoir des nuances au sein de l’OTAN, cela n’y change rien. Bien entendu, la Bulgarie vient d’affirmer qu’elle ne voulait pas de soldats américains sur son sol (mais d’autres pays), la Croatie a dit qu’en cas de conflit Ukraine/Russie elle enlevait ses soldats de l’OTAN, ce sont mille soldats français que la Roumanie va accueillir, enfin cela ne change pas grand chose au final.

Le fait est que, le 26 janvier 2022, c’est l’ambassadeur américain à Moscou, John Sullivan, qui a remis aux affaires étrangères russes une lettre des États-Unis et une lettre de l’OTAN (il a ensuite été prétendu qu’il n’avait pas remis la seconde lettre, car le symbole est plus que grossier tout de même). Les deux lettres disent la même chose : les exigences russes sont réfutées, mais tant les États-Unis que l’OTAN sont prêts à continuer à discuter.

En ce sens, le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le chef de l’Otan Jens Stoltenberg ont chacun de leur côté tenu une conférence de presse, campant sur leurs positions.

Pendant ce temps-là, à Paris, avait lieu une réunion des partenaires des accords dit de Minsk, au format dit « Normandie », sous la forme des conseillers des présidents allemand, français, russe et ukrainien. C’était à une époque où la France suivait l’Allemagne dans la tentative de s’éloigner de la superpuissance américaine.

LAllemand Jens Plötner, le producteur de film et avocat ukrainien (à la mère russe) Andriy Yermak, un conseiller Russe dont le nom n’est mentionné nulle part enfin le Français Emmanuel Bonne

Voici le communiqué de la réunion, qui ne dit rien du tout, à part : « on va se revoir bientôt ». On remarquera qu’il est parlé d’un cessez-le-feu qui est dans les faits bafoués depuis 2014 de toutes façons.

Les conseillers des Chefs d’État et de gouvernement du format Normandie, avec la participation de représentants des ministères des affaires étrangères, se sont réunis à Paris le 26 janvier 2022.

Ils réaffirment que les Accords de Minsk sont la base du travail du format Normandie, et restent engagés pour atténuer les désaccords actuels dans les travaux à venir.

Ils soutiennent un respect inconditionnel du cessez-le-feu et une pleine adhésion aux mesures de renforcement du cessez-le-feu du 22 juillet 2020, indépendamment des différences sur d’autres sujets relatifs à la mise en œuvre des accords de Minsk.

Ils ont discuté de l’importance du groupe de contact trilatéral et ses groupes de travail pour intensifier leurs activités en vue de progrès rapides dans la mise en œuvre des accords de Minsk.

Ils sont convenus de se réunir de nouveau à Berlin dans deux semaines.

Que va-t-il se passe maintenant? L’Ukraine dit… qu’il n’y a pas de menace d’invasion à court terme, tout en armant 130 000 miliciens, avec naturellement toute l’extrême-Droite qui se précipite. Les États-Unis et le Royaume-Uni considèrent que c’est imminent ; il a d’ailleurs été demandé aux ressortissants américains de quitter l’Ukraine. La Russie répète sans cesse qu’elle ne veut pas envahir, mais alerte sans cesse sur les provocations ukrainiennes contre les « républiques populaires » du Donbass. La France et l’Allemagne aimeraient temporiser.

Au niveau militaire, l’Ukraine reçoit des centaines de tonnes de matériel militaire (américain et britannique principalement) mais cela ne changera pas grand chose face à l’armada russe en place. Il ne manque qu’une chose à celle-ci désormais : beaucoup plus de soldats, mais ceux-ci peuvent être très rapidement sur place alors que l’immense matériel militaire est déjà présent.

On notera ici au passage que si on lit très régulièrement que la Russie est pauvre, elle n’est pas pour autant ruinée ; elle n’est en fait non seulement pas endettée, mais dispose de plus 600 milliards d’euros de réserves. C’est cela qui joue aussi dans la confrontation dans le cadre de la crise ouverte par la pandémie, donnant naissance à la logique impériale.

La Russie fait partie du bloc avec les Chinois, à l’écart du grand impact causé sur le capitalisme mondial dont le cœur sont les pays occidentaux. Elle considère qu’il y a l’opportunité d’établir une dimension impériale face à un bloc très puissant mais devant, pense-t-elle, s’effriter.

Autrement dit, il est clair que l’objectif russe est de partir d’un incident du Donbass pour détruire l’armée ukrainienne et les milice nationalistes, former un gouvernement ukrainien pro-russe en abandonnant ce qui sera appelé les « Galiciens » (à l’ouest de l’Ukraine, avec la ville de Lviv comme centre) considérés comme étrangers à l’histoire « russe » intégrant les Ukrainiens.

Quant à la superpuissance américaine et au Royaume-Uni, ils rêvent que la Russie échoue et s’effondre, et tablent cyniquement pour cela sur une résistance ukrainienne à l’afghane.

La France est partante pour manger le gâteau russe, l’Allemagne aussi mais elle n’y croit que moyennement et pense que la Russie tiendra, aussi qu’il est bien de se rapprocher d’elle pour laisser passer le grand conflit sino-américain à venir.

Nous sommes comme avant 1914, avec les puissances manœuvrant pour leurs visées impériales. La guerre est l’actualité du monde capitaliste.

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Culture

La plus grande personnalité ukrainienne: le bio-géo-chimiste Vladimir Vernadsky

Il est à l’origine du concept de Biosphère.

Vladimir Vernadsky est l’une des plus grandes personnalités de l’Histoire, et indéniablement la plus grande personnalité ukrainienne. Ce minéralogiste, chimiste, biochimiste, géochimiste… est à l’origine du concept de Biosphère, c’est-à-dire d’une planète, en l’occurrence la nôtre, qui est une réalité s’appuyant sur une intense interaction des éléments chimiques tant des êtres vivants que de la matière « morte ».

Autrement dit, les êtres vivants transforment la planète car ils exercent une influence chimique tout autant que la pluie, le vent, l’érosion, les éruptions volcaniques, les ouragans, les tornades, etc. Les êtres vivants morts ont donné des fossiles à l’origine du gaz et du pétrole, les oiseaux transportent des graines et laissent leurs fientes sur de vastes espaces, l’humanité modifie des territoires entiers à grande échelle.

C’est aujourd’hui quelque chose que l’humanité commence seulement à saisir, et encore elle préfère ne pas le savoir en raison de la magnitude de son impact, et Vladimir Vernadsky le constatait dans les années 1920 déjà. Il avait compris l’énorme impact de l’existence humaine sur la planète :

« Avec l’apparition de l’homme dans la biosphère conformément au second principe biogéochimique, l’action de la vie sur notre planète se développe et change tellement par l’effet de son intelligence, qu’il devient possible de parler d’une époque psychozoïque spéciale dans l’histoire de notre planète, analogue à d’autres époques géologiques par le changement effectué dans la nature vivante de la Terre, aux époques cambrienne ou oligocène par exemple.

Avec l’apparition d’un être vivant doué d’intelligence sur notre planète, celle-ci passe à un autre stade de son histoire. »

On trouvera ici un très long dossier sur les multiples aspects des travaux de Vladimir Vernadsky. Mais ce qui est très intéressant également dans la biographie de Vladimir Vernadsky, c’est qu’il résume tout un parcours historique ukrainien. Son père est cosaque, sa mère russe, lui-même a passé toute sa jeunesse en Ukraine, puis il étudie à Saint-Pétersbourg alors capitale de la Russie. Devenu un savant de dimension internationale, il participe au mouvement libéral des cadets (les « constitutionnels-démocrates »).

A ce titre, il ne soutient pas les bolcheviks à l’origine, tout en prenant des initiatives lors de la chute du tsarisme puisque l’Ukraine devient enfin un pays en tant que tel. Il fonde l’Académie des Sciences d’Ukraine (aujourd’hui à son nom), la Bibliothèque nationale. Il est ensuite à Paris de 1922 à 1925. Puis, il décida finalement de participer à la mise en place des institutions scientifiques soviétiques, travaillant en tant que savant donc tout à fait reconnu par le régime.

Vladimir Vernadsky est aujourd’hui encore tout à fait reconnu en Russie et en Ukraine. Du côté russe, c’est logique car le régime se prétend le continuateur du « meilleur » de l’URSS, ce qui ne marche que parce ce qui est mis en avant c’est le côté « superpuissance » des années 1960-1980, avec la Russie au cœur d’un empire visant l’hégémonie dans le monde. Évidemment tout cela va de pair avec une « russification » de tout ce qui est considéré comme juste, utile, bien.

Cependant, on comprend aisément le problème pour le régime ukrainien qui veut promouvoir un nationalisme fondamentalement anti-soviétique et même anti-russe. Le régime ukrainien interdit le russe, détruit tout ce qui est soviétique, supprime tout point de vue favorable à quelque niveau que ce soit à l’URSS. C’est un fanatisme systématique.

Or, Vladimir Vernadsky s’est positionné comme un Ukrainien qui se considère comme naturellement lié à la Russie et qui a intégré l’URSS, de Staline qui plus est. Ce n’est pas du tout bon pour le régime ukrainien ! Cela ne colle pas du tout qui plus est à l’idéologie fantasmatique de l’Holodomor voulant que la Russie ait toujours cherché à exterminer les Ukrainiens.

On a là un bon exemple de comment les régimes russe et ukrainien sont non-démocratiques et anti-populaires. Sinon on n’aurait pas une telle situation et Vladimir Vernadsky aurait la reconnaissance qu’il mérite. Il ne serait pas un outil prétexte à la diffusion d’idéologies nationalistes. C’est aussi cela la catastrophe ukrainienne (et russe) : une terrible perte pour la culture et la science, massacrées par le nationalisme et le bellicisme.

La situation aurait horrifié Vladimir Vernadsky, qui était tellement démocratique qu’il est même parvenu à un raisonnement d’une dimension planétaire !

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Guerre

Un 24 janvier 2022 dramatique pour la nation ukrainienne… Vive l’Ukraine!

Les grandes puissances sont les assassins de l’Ukraine!

C’est un drame historique qui se joue, dans une indifférence mondiale complète, à part du côté des acteurs de la bataille pour le repartage du monde.

L’existence même de la nation ukrainienne est en jeu. Deux monstres la visent : la Russie, qui entend l’asservir en niant sa réalité historique, en en faisant un appendice à pressuriser sans limites. La superpuissance américaine, qui à l’aide des pro-occidentaux et des fascistes réécrivent l’histoire ukrainienne pour former une véritable fiction dénaturant toute la culture ukrainienne afin de la réduire à une sorte de colonie occidentale arriérée.

Les responsables des affaires étrangères deux monstres, Antony Blinken et Sergueï Lavrov, s’étaient réunis le 21 janvier 2022 à Genève, promettant de continuer à discuter : tout a empiré depuis. La tendance apparaissant alors a tout simplement continué : les troubles diplomatiques entre l’Ukraine et l’Allemagne sur fond d’accumulation militaire.

Il est très clair en effet désormais que l’Allemagne a fait en sorte qu’il n’y ait pas de mesures concernant le système bancaire internationale (dit « SWIFT ») contre la Russie en cas de guerre. L’Ukraine ne cesse d’enrager à ce sujet et malheureusement dans une perspective suicidaire. Le régime est en effet totalement anti-démocratique et anti-populaire, il est aux mains des pro-occidentaux et des fascistes fascinés par le nazisme.

Le régime ukrainien appelle donc le Royaume-Uni à envoyer des troupes, il célèbre l’arrivée de mercenaires américains pour former les siennes, alors que le président Volodymyr Zelensky tient des propos ultra-bellicistes lors de la « journée du renseignement extérieur » :

Aujourd’hui, notre État est confronté à des menaces extrêmement dangereuses, en particulier des menaces à la souveraineté, à l’intégrité territoriale et à l’unité. Dans cette période décisive, le renseignement efficace joue un rôle extrêmement important…

Nous avons appris à contenir et contrer efficacement les agressions extérieures. 

Je suis sûr qu’il est temps de passer à des actions offensives pour défendre nos intérêts nationaux.

Vous avez l’expérience et la capacité de mettre en œuvre une telle stratégie. Le renseignement, la capacité à générer des solutions non conventionnelles à des problèmes aigus, le courage et le dévouement de chaque officier du renseignement doivent continuer à être des outils efficaces pour travailler au profit de notre État.

Nos citoyens sont unis pour rendre nos territoires et souhaiter la paix à notre État indépendant. »

Car le régime ukrainien nie que l’Est du pays est lié à la Russie : pour lui, les séparatistes du Donbass, c’est la Russie et son objectif est ni plus ni moins que la récupération des territoires perdus, ainsi que de la Crimée. Le but est d’inventer une Ukraine fictive qui n’aurait jamais eu aucun rapport avec la Russie, sur aucun plan, au moyen de la réécriture de l’Histoire, de la destruction et de l’épuration ethnique s’il le faut.

D’où, parallèlement à l’accumulation criminelle de troupes par la Russie (et désormais la Biélorussie), un accumulation forcenée de troupes par l’Ukraine sur la ligne de front au Donbass, avec d’importants moyens de bombardements. La superpuissance américaine vient également de fournir à l’Ukraine massivement des lance roquettes jetables M141 BDM (Bunker Defeat Munition) permettant de détruire des fortifications. Ces armes ne sont clairement pas « défensives » et ne peuvent avoir un sens que contre le Donbass séparatiste.

Des mercenaires américains en Ukraine

A cela s’ajoute que le week-end du 22-23 janvier, le Royaume-Uni a ouvertement accusé la Russie d’avoir préparé un coup d’État en Ukraine, nommant plusieurs personnes faisant partie du présumé complot. Cela peut tout à fait être vrai, comme cela peut être faux et un prétexte pour le régime ukrainien afin de procéder à des épurations, alors que l’ancien président Petro Porochenko, issu du coup d’État pro-occident de « l’euro-Maidan » en 2014, est accusé officiellement d’avoir aidé le Donbass séparatiste contre lequel il a justement mené le combat!

Le régime ukrainien est une catastrophe, un mélange de corruption généralisée, de vassalisation pro-occidentale et d’agitation systématique par les fascistes, ce qui sert totalement la Russie qui compte bien profiter des faiblesses que cela implique, tant au niveau de l’organisation, de la légitimité, de la capacité de mobilisation des masses.

Les Ukrainiens, même s’ils veulent protéger leur pays en toute sincérité, sont totalement coincés car ils ne peuvent que s’inscrire dans le bellicisme pro-occidental qui les mène à la défaite.

Et les occidentaux sont bien contents de manipuler les Ukrainiens comme chair à canon. L’Union Européenne vient d’allouer… 1,2 milliard d’euros à l’Ukraine, ce qui monte la somme total des subventions et prêts depuis 2014 à… 17 milliards d’euros.

De l’autre déjà il y a l’abandon de l’Ukraine à elle-même. Les pays suivants ont demandé à leurs ressortissants de ne pas rester en Ukraine sauf raisons impératives, aux familles des diplomates de partir, à une partie de l’équipe des ambassades de partir : Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne et Australie. Les pays européens se préparent à faire de même même s’ils prétendent le contraire.

Les compagnies aériennes Swiss Air, Lufthansa, Austrian Airlines et KLM ont annoncé que leurs avions ne resteraient plus sur place pendant à la nuit à l’aéroport international de Boryspil (Kiev) en raison de la menace russe. L’État israélien, toujours prêt à se renforcer au niveau population pour élargir sa colonisation, a même annoncé qu’il était prêt à recevoir 75 000 Juifs!

Il y a eu même le 24 janvier une réunion en visioconférence au sujet de l’Ukraine du président américain Joe Biden avec les responsables français (Emmanuel Macron), britannique (Boris Johnson), allemand (Olaf Scholz), italien (Mario Dragui), polonais (Andrzej Duda), de la Commission Européenne (Ursula von der Leyen), du Conseil Européen (Charles Michel) et de l’OTAN (Jens Stoltenberg). Au sujet de l’Ukraine… Mais sans l’Ukraine, contrairement aux mensonges américains affirmés en permanence à ce sujet.

Ce qui prouve par ailleurs également l’équation Union Européenne = OTAN.

L’Ukraine se fait utiliser et elle est prête à être dépecée. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Et il faut rappeler que de nombreux cadres de l’extrême-Droite française n’ont eu de cesse de se rapprocher et d’étudier l’extrême-Droite ukrainienne, en raison de son caractère de masse servant de modèle, convergeant par là même totalement avec la superpuissance américaine dans sa conquête de l’Est.

Nous vivons un drame historique. Et comme tous les drames, il s’imposera dans la réalité de tous de gré ou de force.

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Écologie

« Entrepreneurs du vivant »: l’hypocrisie d’un référent « bien-être animal » dans tous les élevages

On accompagne l’ignominie, on la modernise.

L’avantage pour le capitalisme d’être en expansion, c’est qu’il peut proposer de nouveaux marchés qui « révolutionnent » les anciens, amenant des gens à tomber dans le panneau en pensant qu’ils peuvent influer la consommation. Ainsi, malgré que la consommation mondiale de viande augmente, certains pensent que comme la consommation de l’alimentation végétalienne augmente, alors les choses changent.

C’est là ne pas comprendre le capitalisme qui avance justement en rebondissant de part et d’autre, comme d’ailleurs tout phénomène au sens strict, de par les multiples aspects, les échos que se font les choses. On en a pour preuve en ce domaine très particulier que l’alimentation végétalienne tend de plus en plus à deux caractéristiques : être produite par des mastodontes de l’industrie utilisant les animaux d’une part, d’autre part consister en des « équivalents » directs des produits utilisant les animaux (sur le plan du goût, de l’apparence, de la texture, etc.).

C’est que le capitalisme sait qu’il doit empêcher une révolution culturelle des mentalités : il pose donc des limites à l’intérieur des changements, en fonction de sa propre substance. Et il place des garde-fous en laissant un espace sur le plan des idées aux conceptions réformistes ou utopistes. On a ainsi Aymeric Caron qui vient de se mettre à soutenir Jean-Luc Mélenchon, annonçant un partenariat très avancé sur plusieurs années de « Révolution écologique pour le vivant » avec La France Insoumise. C’est une capitulation morale et culturelle d’Aymeric Caron qui est dans le prolongement de son style animateur de télévision / lecteur-philosophe. Cela sert le système capitaliste.

On a également, comme depuis le tout début de cette année, désormais  un référent « bien-être animal » dans tous les élevages. C’est pareil que pour Aymeric Caron : il n’y a pas de contenu bien délimité, donc cela prétend aller dans le bon sens, alors que cela ne va nulle part, tout en donnant l’apparence d’un changement.

Qui seront d’ailleurs ces référents ? Les gens des élevages eux-mêmes ! Il ne s’agit pas du tout d’une décision s’appuyant sur la démocratie, avec par exemple des acteurs extérieurs, « neutres » pour autant qu’on puisse l’être. On a simplement des gens qui sont juge et parti. Le ministère de l’agriculture nous dit ainsi :

« A compter du 1er janvier 2022, tous les élevages d’animaux domestiques (animaux de rente, de compagnie, équidés) et d’animaux sauvages apprivoisés ou tenus en captivité devront désigner un référent en charge du bien-être animal.

Cette nouvelle obligation est assortie d’une obligation de formation pour les référents en élevage de porcs et de volailles. Les référents de ces filières devront s’engager dans un parcours de formations labellisées et prises en charge par les organismes Vivéa et OCAPIAT. Ces établissements veilleront à la qualité des contenus et des intervenants.

Les référents désignés au sein des élevages de porcs ou de volailles auront 6 mois à compter du 1er janvier 2022 pour entamer le parcours de formation, et disposeront de 18 mois pour l’achever. »

Voici la présentation que donne Vivéa d’elle-même et le rapport aux animaux est très clair ; l’expression d’entrepreneurs du vivant est peut-être même la chose la plus horrible de notre époque.

Fonds d’assurance formation des actifs non-salariés agricoles, habilité par arrêté ministériel le 30 novembre 2001. VIVEA accompagne les chefs d’entreprise agricole dans le développement de leurs compétences en finançant les formations professionnelles des entrepreneurs du vivant.

Du côté d’OCAPIAT, c’est la modernisation qui est mise en avant :

OCAPIAT a pour ambition de : 

– Soutenir la compétitivité des entreprises et de l’économie

– Accompagner l’effort de professionnalisation des salariés

– Développer des services de proximité dans les territoires

– Être vecteur d’efficacité au service des politiques de branches ou d’inter-branches en matière de formation professionnelle et d’alternance

Tout cela est pur condensé du capitalisme : utilisation de la vie dans une perspective de destruction pour asseoir la consommation assurant des profits, généralisation d’un état d’esprit et d’activités liés à un mode de vie permettant cette consommation.

Cela souligne le besoin de rupture subjective pour pouvoir s’extraire de tout cet appareil exerçant une gigantesque pression sur la vie quotidienne, dans tous les domaines, de manière ininterrompue. Le Socialisme est une affirmation de civilisation. Socialisme ou barbarie !

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Guerre

Présence voulue en Roumanie, manœuvre Neptune Strike 22… L’armée française s’active dans l’OTAN

Les lignes de front sont multiples.

Alors qu’à la fin décembre était signé un plan stratégique d’interopérabilité pour vingt ans des marines de guerre française et américaine, la France participe à la manœuvre navale de l’OTAN « Neptune Strike 2022 », du 24 janvier au 4 février en Mer Méditerranée. L’OTAN a expliqué que cette manœuvre était prévue depuis longtemps. Force est pourtant de constater qu’elle n’apparaît nullement dans la liste de l’OTAN de décembre 2021 annonçant les manœuvres pour 2022.

De plus, c’est le Pentagone qui a annoncé cette manœuvre navale, en expliquant que le porte-avions USS Harry S. Truman et son groupe aéroporté partaient en Mer Méditerranée. C’est en fait une réponse aux manœuvres navales russes décidées précipitamment avec 140 navires, avec également des manœuvres navales Russie – Chine – Iran.

Et il faut souligner que le porte-avions français Charles de Gaulle restera toute l’année en Mer Méditerranée, contrairement aux années précédentes. Cela correspond à la ligne française de s’imposer dans la région, avec notamment le pacte secret franco-grec signé en octobre 2021.

Mais le point le plus frappant est l’annonce par Emmanuel Macron comme quoi la France pourrait envoyer des troupes en Roumanie dans le cadre de l’OTAN… Ce qui nous ramène à il y a un siècle, lorsque la Roumanie était, comme la Pologne et la Tchécoslovaquie, dans l’orbite d’influence de la France. Il faut bien sûr relativiser car ici la France s’inscrit dans la perspective d’hégémonie américaine, la Roumanie abritant notamment des installations de l’OTAN.

Cette annonce a été faite comme en passant, lors du vœux aux armées du 19 janvier 2022, avec l’affirmation mise au conditionnelle disant que la France était prête à envoyer des troupes en Roumanie… Ce qui est une hypocrisie, puisque c’est en fait l’annoncer.

« Nous avons continué à nous déployer pour la sécurité de nos partenaires européens, dans le cadre des missions de l’OTAN et les missions eFP [enhanced Forward Presence – Présence avancée rehaussée] chez nos amis baltes. Et nous continuerons à la faire dans la durée.

Nous avons indiqué notre disponibilité à aller plus loin. Et dans le cadre de l’OTAN, à nous engager sur de nouvelles missions afin de prendre toutes nos responsabilités dans des missions de type eFP, en particulier en Roumanie, si elles étaient décidées. »

C’est une sacrée provocation alors que la Russie a demandé que l’OTAN revienne à ses positions de 1997, ce qui revient à dire que l’OTAN doit notamment sortir de Roumanie. Et la Roumanie est également proche géographiquement… de la Turquie, avec un accès sur la Mer Noire. On l’a compris : on est dans un imbroglio d’alliances dans le cadre d’une tendance à la guerre forcenée.

La France et la Grèce vont affronter la Turquie, alors que ces trois pays sont dans l’OTAN et veulent la peau à la Russie, pendant que celle-ci cherche à un partenariat avec l’Allemagne, qui aimerait prendre la France dans son sillage comme avant, etc.

Voici pour rappel les pays de l’OTAN ayant une présence militaire dans le pays baltes et en Pologne, faibles mais symboliques et comptant monter en gamme pour contrer/faire basculer la Russie.

Dans la même ordre d’idées, la secrétaire d’État britannique aux affaires étrangères Elizabeth Truss vient de proposer une… « trilatérale », consistant en un bloc du Royaume-Uni avec la Pologne et l’Ukraine.

La logique des blocs, les grandes puissances s’organisant un empire… La tendance à la guerre est irrépressible.

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Guerre

Troubles diplomatiques entre l’Ukraine et l’Allemagne sur fond d’accumulation militaire

L’arrivée des troupes continue.

L’Allemagne a vu sa réflexion stratégique posée par la Prusse, et c’est une démarche très machiavélique. Le coup qu’elle vient de jouer est en ce sens tout à fait exemplaire. Pour un Français, c’est surréaliste.

On a donc le chef de la Marine allemande Kay-Achim Schönbach invité par un think tank indien, à Delhi. Il tient des propos qui sont ressortis par quelqu’un ayant opportunément filmé. Et c’est littéralement énorme.

L’accusation occidentale comme quoi la Russie voudrait envahir l’Ukraine est une « ineptie », pourquoi de toutes façons la Russie voudrait-elle un bout de terre en plus? Ce que cherche Vladimir Poutine c’est le respect et il le mérite.

Quant à la Crimée, elle ne retournera pas à l’Ukraine, cette dernière ne peut pas rentrer dans l’OTAN de par sa situation. La Géorgie le peut, mais est-ce que cela serait « smart »? Non, cela ne le serait pas.

Kay-Achim Schönbach ajoute qu’il est un chrétien catholique romain très radical et il préfère un voisin chrétien comme la Russie, même si Vladimir Poutine est athée, car le véritable ennemi c’est la Chine.

Alors que cette vidéo est sortie (et que le chef de la Marine allemande a démissionné après un temps mort), l’information est sortie, même si elle a été démentie de part et d’autre, comme quoi le chancelier allemand Olaf Scholz avait refusé d’aller aux États-Unis pour avoir un entretien avec Joe Biden au sujet de l’Ukraine, son calendrier étant trop chargé !

Et cela s’ajoute au fait que l’Allemagne ne veut pas envoyer d’armes en Ukraine, en raison officiellement de son histoire à la Russie, ce qui bloque également les armes venant d’Allemagne mais arrivées dans d’autres pays, comme l’Estonie, qui veulent les remettre à une tierce partie, en l’occurrence l’Ukraine.

L’Ukraine a très bien compris que l’Allemagne visait à sauver le gazoduc Nordstream 2 et ses bons liens avec la Russie, même en cas d’invasion. Le ministre ukrainien des affaires étrangères Dmytro Kuleba a ouvertement critiqué l’Allemagne et a même convoqué l’ambassadeur allemand Anka Feldhusen.

Il faut comparer cela bien entendu à la position des autres pays. Le Canada vient de faire un prêt de 84,3 millions d’euros à l’Ukraine, la superpuissance américaine vient d’y envoyer cent tonnes de matériel et des formateurs des forces des opérations spéciales, une délégation parlementaire britannique vient de se rendre secrètement sur le front au Donbass.

Et l’ambassade américaine à Kiev va évacuer les familles du personnel diplomatique dès le 23 janvier, les États-Unis considérant que la capitale de l’Ukraine est désormais franchement menacée de par les nouvelles troupes russes en Biélorussie. L’Ukraine a quant à elle placé 120 000 soldats sur la ligne de front au Donbass.

On notera que ces derniers jours, il y a eu de très nombreuses alertes à la bombe dans les écoles de Kiev ; une journée ce furent même toutes les écoles qui furent concernées.

La Roumanie a déployé également des chars et de l’artillerie à la frontière avec la Transnistrie, une région séparatiste pro-russe (qu’une invasion russe dans le Sud de l’Ukraine pourrait rejoindre).

Escalade sur escalade, contradiction entre puissances sur contradictions entre puissances, alors que la crise pousse à la guerre dans la bataille pour le repartage du monde. Sinistre panorama !

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Guerre

« La Fabrique Défense » : un grand rendez-vous de propagande militariste et belliciste

En l’absence de dénonciation de l’armée française, celle-ci fait ce qu’elle veut.

L’armée française a réussi son pari de pérenniser, malgré la pandémie, un événement annuel intitulé la Fabrique Défense, consistant en plusieurs initiatives telles des conférences ou petits événements dans une cinquantaine de villes, mais surtout un grand rassemblement à la Grande Halle de la Villette de Paris, sur pratiquement 20 000m².

Il y a a ainsi, à destination du grand public, du 28 au 30 janvier 2022, des débats et conférences, présentation des innovations, un forum des métiers, des wargames et serious games, des reconstitutions historiques, des ateliers de simulation de gestion de crise, des projections de films, des simulateurs et des activités sportives, etc.

Une manière de faire de la propagande, de recruter, de générer une ligne « populaire » pour faire passer les thèmes militaristes. L’armée française est 100% gagnante avec une telle iniative.

Une ode au bellicisme, qui connaît donc sa seconde édition, et qui passe totalement sans problèmes dans une société française consumériste laissant l’armée faire ce qu’elle veut. Ce n’est pas pour rien qu’aucun candidat à la présidentielle, fut-il contestataire, ne parle de la question ukrainienne si brûlante actuellement.

Cette « Fabrique Défense » a également un appui ouvert d’institutions universitaires. Dans ces dernières il y a pourtant toujours des gens se revendiquant de gauche ou très à gauche. Mais ils ne voient rien du tout, ce qui est une honte. Pire, ils s’en moquent, préférant en rester sur des thèmes sociétaux qui sont ouvertement accompagnés par le capitalisme lui-même.

On parle ici, entre autres, de Sciences Po Aix, de l’Université de Toulon, de Paris 8, de l’Inalco, de Sciences Po Rennes, de Sorbonne Université Lettres, de Sciences Po Lille, de l’Université de Poitiers, de Paris II Panthéon Assas, l’’Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace (supaero).

Il faut également mentionner, comme institutions soutenant le militarisme de manière étroite, le Centre National d’Etudes Spatiales, le Conservatoire National des Arts et Métiers de Saint-Brieuc (formant par exemple un linguiste en russe spécialisé en géopolitique), l’école Polytechnique… Et il est important de souligner ici que de très nombreuses associations et thinks tanks convergent directement avec l’armée française, comme Dauphine Stratégie Défense, l’Institut Montaigne, ou encore des écoles, comme l’École nationale supérieure de techniques avancées.

On peut retrouver la liste ici.

L’existence de la Fabrique Défense est révélateur de la faiblesse totale de la compréhension par les gens en France du militarisme, mais également et surtout du bellicisme dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde. Les gens ne croient pas en la guerre, pas même les gens les plus à gauche, car ils acceptent intérieurement, même les gens les plus à gauche, que cela ne les concerne pas, que ce sont des guerres lointaines, que tout ce qui compte, c’est une France riche où on puisse râler comme on l’entend, voire se dire anarchiste.

Du moment que le niveau de vie est là, qu’il y a la sécu, du travail par-ci par-là et surtout le moyen d’acheter une propriété à crédit, ça va !

L’armée française a très bien compris ce phénomène historique en instaurant l’armée de métier. La professionnalisation lui permet de parfaitement accompagner la « gestion de l’ordre » à l’échelle mondiale.

Sauf que maintenant avec la bataille pour le repartage du monde, on en revient comme à avant 1989, à la nécessité d’une vaste dimension militaire. La corruption petite-bourgeoise va avoir un prix : celui de se voir insérer de force dans le grand projet militariste français.

C’est un véritable drame historique qui attend les Français.

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Guerre

Efforts de guerre des pays de l’OTAN en direction de l’Ukraine et manoeuvres navales générales russes

L’OTAN développe son escalade… tout comme la Russie.

La superpuissance américaine compte à tout prix employer l’Ukraine comme fer de lance contre la Russie. On a ainsi appris que le chef de la CIA s’est rendu en Ukraine le 13 janvier 2022, rencontrant les principaux responsables du pays. Le président américain Joe Biden vient de son côté de réaffirmer les sanctions éventuelles contre la Russie, notamment la suppression du droit d’utiliser des dollars par les banques russes, ou bien la sortie du réseau interbancaire international SWIFT (seule la Corée du Nord en est exclu pour l’instant).

Et le département du Trésor américain a affirmé que la Russie avait soudoyé des gens pour former un gouvernement parallèle en Ukraine dans le cadre d’une invasion. La superpuissance américaine explique en effet désormais de manière ouverte que la Russie compte mener une offensive en Ukraine. Il est parlé d’un futur soutien américain à une guérilla ukrainienne, l’Ukraine sera pour la Russie l’équivalent de la guerre du Vietnam ou celle en Afghanistan.

Le Royaume-Uni a envoyé une centaine de militaires pour former l’armée ukrainienne aux mille missiles portatifs anti-tanks fournis ces derniers jours ; ce pays est comme on le sait depuis le départ en première pour prôner une ligne ultra-agressive avec la Russie. Mais c’est l’un de ses semi-satellites, le Canada, dont la ministre des affaires étrangères Mélanie Joly vient d’aller en Ukraine du jour au lendemain, qui a pris depuis quelques jours la tête de la dénonciation de la Russie.

Son premier ministre Justin Trudeau développe un discours fanatiquement pro-OTAN, s’inscrivant en plein dans l’alliance stratégique américano-britannique. C’est ici une véritable offensive de grande ampleur, visant la Chine à terme, et qui s’appuie sur tous les réseaux occidentaux possibles. Ce qu’il faut donc remarquer ici, c’est que c’est parallèle à un début de systématisation des attaques anti-Russie de la part d’activistes LGBT.

Nul hasard à cela, l’idéologie LGBT étant un produit ultra-libéral au service du turbocapitalisme, dont le Canada fédéral et communautariste est un bastion. Les institutions canadiennes ont totalement intégré dans leur appareil idéologique le concept de LGBTQ2, soit Lesbiennes, Gais, Bisexuels, Transgenres, en Questionnement et Bispirituels. Ce dernier terme vise à en rajouter une couche en disant que pour des autochtones (c’est-à-dire les Amérindiens) on peut avoir avoir un esprit masculin et un esprit féminin en même temps. Au Canada il fut par ailleurs plutôt employé l’acronyme LGBTTIQQ2SA pendant tout un temps.

La Russie raffole évidemment de cela pour en rajouter, de son propre côté, dans un conservatisme anti-occidental forcené et patriarcal. On voit très bien comment on est ici dans une logique de bloc, avec la mise en place de deux empires enserrant les initiatives des gens, intégrant leurs activités pour renforcer l’ensemble.

Et, donc, le Canada a envoyé une frégate en Mer Noire, contribuant au bellicisme de l’OTAN. Ce n’est pas la seule initiative : l’Espagne y envoie également un dragueur de mine et une frégate suivra. Les Pays-Bas envoie des avions F-35 en Roumanie, pays où la France est prête à envoyer des troupes comme l’a affirmé Emmanuel Macron lors de son discours sur l’Union Européenne le 19 janvier [NDLR – en fait aux vœux aux armées pour la nouvelle année].

La République tchèque va envoyer à l’Ukraine des munitions pour l’artillerie, alors que des éléments anti-tanks et de défense anti-aérienne vont être fournis par l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie.

Ainsi, l’ensemble de l’OTAN pratiquement se mobilise contre la Russie, à quoi il faut ajouter la Suède. Déjà que la Russie a des visées impériales, une telle ligne agressive renforce le bellicisme général. Si l’Ukraine passe dans l’OTAN (ou l’Union Européenne), la Russie est repoussée, affaiblie et inéluctablement basculera à terme. La conquête de l’Est de l’OTAN depuis 1989 touche ici sa limite, la crise mondiale précipitant les événements de manière brutale.

Les pays de l’OTAN et l’année de leur adhésion (wikipédia)

Au sens strict, les seuls pays européens à l’écart de la mobilisation sont l’Autriche et la Finlande qui sont neutres et ont des rapports historiques étroits avec la Russie depuis 1945 (on parle de « finlandisation »), la Serbie qui est historiquement proche de la Russie (et hostile à l’OTAN), la Bulgarie et la Hongrie qui ne veulent pas de tout cela (le président hongrois Viktor Orban vient d’aller à Moscou), la Grèce et l’Italie qui restent à l’écart.

Ce qui joue énormément encore, retardant pour ainsi dire les échéances, est que l’Allemagne est coupée en deux entre une bourgeoisie voulant une alliance avec la Russie pour assurer l’hégémonie européenne et laisser passer l’orage sino-américain, et une autre voulant profiter du gâteau russe.

Quant à la Russie, elle continue comme si de rien n’était. Tout en disant qu’elle ne veut pas envahir l’Ukraine, elle accumule des troupes à l’Ouest, et a même annoncé… des manœuvres navales dans l’Atlantique, la Mer du Nord, la Mer d’Okhotsk, le Pacifique et la Méditerranée! Sont concernées plus de 140 navires, plus de 60 avions, 10 000 soldats. 

Il y aura également à très court terme des manœuvres navales de la Russie avec… la Chine et l’Iran.

On se précipite à l’abîme. Car, qu’ils le veulent ou non, frappés par la crise, les pays vont à la guerre pour obéir aux exigences capitalistes. C’est cela qui explique la logique des blocs, des tendances impériales, dans le contexte de la bataille pour le partage du monde.

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Réflexions

Pandémie, conflit en Ukraine… Les Français sont des caramels mous

Ils sont enrobés dans le sucre de la consommation.

Les Français ne veulent rien savoir de ce qui risque de déborder l’horizon de leur propre vie quotidienne. Ils apprécient d’autant plus les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continue, parce que cela déverse tellement de choses que, somme toute, on ne retient rien et mieux encore, on peut faire le tri. TF1 vient d’ailleurs de lancer TF1 Info, une application permettant d’accéder gratuitement à un Journal Télévisé « à la carte », les thématiques dépendant des préférences choisies.

Dès qu’il s’agit d’effectuer un effort prolongé sur le plan psychique, dès qu’il s’agit de remettre en cause le train-train de sa vie quotidienne… Il y a refus ou échec, tellement le capitalisme engourdit les mentalités, paralyse les initiatives, imposant un manque de confiance en soi gigantesque et d’autant plus fort que la consommation des réseaux sociaux s’accompagne de la mise en place de la mégalomanie d’egos boursouflés.

En ce sens, le capitalisme a bien gagné, mais il va perdre d’avoir gagner. Il a tout conquis et partant de là sa croissance ne peut se faire qu’aux dépens de lui-même, d’où la révolte de la Chine usine du monde cherchant à assumer le rôle de challenger face à la superpuissance américaine, d’où la colère russe face à la conquête de l’Est de l’Union européenne et de l’OTAN.

Cela, les gens prisonniers du capitalisme ne peuvent pas le voir, car ils vivent le capitalisme au quotidien et ne voient pas ce qu’implique le capitalisme comme tendance de fond, à quoi on doit rajouter d’ailleurs ici le réchauffement climatique, l’écocide au niveau planétaire, la décadence morale, l’effondrement culturel, la condition animale meurtrière. Et évidemment la pandémie, causée par un dérèglement des conditions naturelles par le capitalisme.

Il y a bien eu un aperçu de cela, à un moment il y a eu un frémissement : le réchauffement climatique a été souligné par beaucoup, le confinement a amené une prise de conscience que le capitalisme a un rythme aliénant, certains ont vu que la pandémie a comme cause une urbanisation massive. Cela n’a pas duré toutefois, tout le monde reprenant sa place de manière bien ordonnée dans le chaos consumériste capitaliste.

Là, forcément, on comprend que le conflit en Ukraine apparaisse d’autant plus comme lointain, exotique même, concernant des pays qu’on ne connaît pas et qu’on ne veut pas connaître, avec la considération qui plus est que rien ne peut vraiment changer l’ordre des choses, que rien ne peut atteindre une vie réglée au rythme d’une consommation capitaliste qui, tout comme le lever et le coucher du soleil, reste une certitude sans cesse redécouverte.

Les Français sont des caramels mous. Ils sont enrobés dans le sucre de la consommation.

Si on ne part pas de là, on ne peut pas comprendre les mentalités, leur évolution, marquée notamment par des fuites identitaires lorsque cela tangue trop, comme avec les délires nationalistes ou LGBT, où l’on s’invente une vie pour tenter de bloquer les failles gigantesques qu’on a dans sa vie au quotidien, pour colmater les brèches et tenter de maintenir une certaine stabilité mentale. Sauf que cela ressemble à Gribouille se jetant à l’eau pour ne pas être mouillé par la pluie.

C’est de toutes façons la grande caractéristique de la société de notre époque que les gens déraillent totalement.

Alors il faut d’autant plus affirmer la raison, la conscience, ce que le Socialisme représente historiquement dans un capitalisme dérapant toujours plus. Il faut savoir faire face à une société en décomposition et formuler les éléments qui permettent d’avoir une conscience nette, une vie morale et combative, en affirmant les valeurs positives du collectivisme, du respect de la vie, de la culture, contre le consumérisme aliénant et son corrélat, l’exploitation au travail.

Ce qui est en cours, c’est ni plus ni moins qu’un changement de civilisation.

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Culture Culture & esthétique

Une oeuvre d’art, c’est une idée et son expression imagée

A condition de correspondre au réel.

L’oeuvre d’art est portée par un artiste, qui sait qu’il transporte quelque chose de particulier, qu’il a besoin de fournir une activité véhiculant quelque chose lui échappant. Or, tout le monde est artiste, car tout le monde est sensible et peut s’exprimer de manière approfondie dans un domaine artistique, grâce à la richesse matérielle acquise par l’humanité.

Cette richesse cependant est fournie dans un cadre capitaliste et les gens se perdent dans des nombrilismes cryptiques ou des réalisations commerciales insipides, oscillant entre ces deux pôles par incapacité de faire des efforts vers une réelle émotion esthétique.

L’art a ce privilège en effet de combiner l’esthétique, au sens de quelque chose de très développé intellectuellement, culturellement, avec l’émotion. C’est unique dans l’humanité avec peut-être l’amour, lorsqu’il est authentique, car alors il découle quelque chose de l’amour : pas seulement des enfants, mais tout une atmosphère, un environnement, un milieu, quelque chose de vraiment artistique… Aucun amour réel n’est statique, improductif ; tout amour réel irradie, donne naissance, et ce de manière naturelle.

Dans l’art toutefois, rien ne découle jamais naturellement, à part bien sûr chez les produits capitalistes s’imaginant que dessiner un trait blanc sur un fond blanc et y ajouter des tâches serait une véritable expression d’une vie intérieure en réalité asséchée, pervertie, démolie. Car l’artiste doit faire des efforts de composition pour agencer sa production, alors que dans l’amour cette composition est naturelle. Et lui vise directement l’esthétique car il sait que son oeuvre doit allier ce qu’il porte, comme idée, avec une capacité à se concrétiser dans une image parlante à tous.

Dans Le temps scellé (Cahiers du Cinéma 2004 ou bien Philippe Rey 2014), Andreï Tarkovski dit à juste titre que :

« ‘Le politique exclut l’artistique, car pour convaincre il a besoin d’être unilatéral!’ (Tolstoï)

En effet, l’image artistique, pour être crédible, ne peut être unilatérale, car pour prétendre à la vérité, elle doit pouvoir unir en elle les contradictions dialectiques inhérentes à la réalité.

Il n’est donc guère étonnant que même des critiques d’art professionnels ne parviennent pas à déceler une différence entre l’idée d’une oeuvre et son essence poétique.

C’est qu’une idée n’existe pas en art en de hors de son expression imagée. Et l’image existe comme une appréhension volontaire de la réalité, mêlée aux tendances et à la vision du monde qui sont celles de l’artiste. »

Et comme il est difficile de parvenir à une expression imagée ! Quels efforts intérieurs déchirants cela exige, car il faut relier sa vie intérieure à la réalité, les faire interagir, tenir le choc de cette confrontation entre son moi et la société, la nature… C’est ce parcours qui permet de donner naissance à une véritable oeuvre d’art, et pas à un simple prolongement d’un point de vue ou d’une émotion fugace et purement individuelle.

C’est pour cela que le capitalisme c’est forcément des montagnes de pseudos créations artistiques d’egos boursouflés étalant sans efforts leurs nombrilismes et d’autres montagnes de productions capitalistes ultra-léchées et totalement commerciales. Et le véritable artiste, s’il sait éviter ces deux montagnes, vit exilé dans la vallée de la production artistique, sachant qu’en y marchant, en la traversant, il est dans le réel, et que s’il y reste, il est même dans l’Histoire.

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Guerre

18 janvier 2022 : l’armée russe rentre en Biélorussie

Tout le front occidental de l’État-nation russe-biélorusse est militarisé.

Le 18 janvier 2022, le Canada a envoyé des troupes spéciales en Ukraine, alors que d’autres éléments canadiens du même type y sont déjà depuis 2020 pour des formations militaires. Le Royaume-Uni a envoyé en Ukraine deux avions cargos C-17 d’armes légères anti-tanks, avec à chaque fois un vol faisant un détour par le Nord pour éviter de survoler l’Allemagne, pays exprimant de plus en plus sa réticence à se lancer dans une bataille anti-Russie qu’elle ne veut pas à la base de toutes façons.

La ministre allemande des affaires étrangères Anna Baerbock était par ailleurs à Kiev le 18 janvier pour être à Moscou le 19. Cependant, la grande information essentielle du 18 janvier 2022 c’est l’annonce par la Biélorussie de manoeuvres militaires sur des flancs sud et ouest, en février ou en mars, on ne sait pas trop… alors que le jour même des forces militaires russes rejoignaient des bases en Biélorussie.

C’est le prolongement direct de l’escalade des 16 et 17 janvier 2022. C’est une militarisation complète des frontières occidentales de l’Union de la Russie et de la Biélorussie – on parle ici d’une « Union » intergouvernementale devant amener la fusion des deux pays. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a affirmé il y a deux semaines que l’Ukraine et le Kazakhstan devraient la rejoindre.

Il va de soi qu’on a là une escalade militaire de grande envergure. Déjà qu’on a une armada russe qui se renforce à la frontière avec l’Ukraine, et qui ne saurait rester indéfiniment dans la zone, voilà qu’on a une armada en Biélorussie également, renforçant la pression sur l’Ukraine.

Il suffit de regarder la carte pour comprendre l’ampleur du problème, en se rappelant que l’Est de l’Ukraine a une vaste région formant deux « républiques » séparatistes et qu’au Sud la Crimée a été annexée par la Russie.

source wikipédia

Une offensive russe briserait aisément l’Ukraine ; une offensive biélorusse – russe briserait l’Ukraine encore plus facilement. Et cela aurait encore plus de répercussions politiques, puisque les sanctions occidentales frapperaient aussi la Biélorussie, qui est déjà ostracisée de toutes façons il est vrai depuis l’élection présidentielle d’août 2020. Surtout, cela serait un appel biélorusse et grand-russe auprès des « petits russes » que sont historiquement les Ukrainiens. Une intervention russe parlerait à une large partie de la population ukrainienne, ce qui ne veut pas du tout dire qu’elle serait pour autant encline au démantèlement de l’Ukraine ou sa partition.

Tout cela relève parfaitement de la mise en place de blocs impériaux dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde.

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Guerre

16-17 janvier 2022 : le rêve néo-impérial russe face à une Ukraine porte-avions terrestre de l’OTAN

Le principe de polarisation est essentiel pour saisir ce qui se passe.

En faisant des manoeuvres avec des tanks avec le drapeau national mais également celui de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) du fasciste Stepan Bandera, le régime ukrainien témoigne de la folie qui le caractérise. On nage dans un délire ultra nationaliste, auquel l’OTAN contribue de manière totalement folle.

Pour donner deux exemples concrets, en ce début janvier les médias ukrainiens et les films doivent uniquement être en ukrainien, alors qu’une large partie du pays est russophone. De très lourdes amendes sont sinon de la partie. Et la période de tolérance dans la vie publique est terminée. On ne peut plus accueillir quelqu’un dans un café en lui parlant en russe : le serveur aurait immédiatement une très grosse amende.

L’autre exemple, tout aussi significatif, est la vaste campagne « Kyiv not Kiev », visant à ce qu’au niveau international, on cesse de dire Kiev, qui est le nom venant du russe, pour utiliser le terme ukrainien. L’Agence France Presse vient d’assumer ce changement, qui évidemment n’a aucun sens historiquement puisque le terme de Kiev est utilisé depuis des siècles.

Naturellement, Kyiv a plus de sens, mais là c’est un changement fictif, sur une base nationaliste et même belliciste. C’est la même idée que quand il est réclamé qu’on renomme la Russie Moscovie, car l’Ukraine serait la seule véritable descendante de la Rus’.

Le régime ukrainien est simplement devenu le jouet des pays occidentaux. Il coure au massacre et en plus il en est très satisfait car, comme on le sait, le nationalisme rend aveugle et donne une illusion de toute-puissance.

Les deux derniers jours reflètent cette évolution toujours plus marquée, alors que la Russie continue d’amasser des troupes aux frontières.

Le 16 janvier 2022, à la suite d’un appel téléphonique du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken et du Vice-président de la Commission européenne et Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell, il a été réaffirmé que :

« l’étroite coordination entre l’Union Européenne et les États-Unis quant aux récents développements liés à la Russie et l’Ukraine continuait au plus haut niveau. »

Le même jour, la première ministre finlandaise Sanna Marin a réaffirmé les propos du ministre finlandais des affaires étrangères Pekka Haavisto la veille comme quoi la Finlande ne comptait pas rentrer dans l’OTAN. La Suède par contre a directement appelé les Etats-Unis à envoyer davantage de troupes en Europe et a envoyé des forces spéciales sur l’île de Gotland. On notera que plusieurs drones ont été aperçus en train de survoler des centrales nucléaires suédoises, provocation russe ou bien suédoise pour entraîner l’opinion publique.

Le ministre britannique de la Défense Ben Wallace a réaffirmé à la Russie qu’une intervention en Ukraine serait une « erreur stratégique », alors que les médias ukrainiens ont affirmé que les séparatistes déversaient des produits chimiques pour provoquer un incident, modifiant une information de l’Etat ukrainien comme quoi les séparatistes auraient connu un accident chimique particulièrement polluant.

Le 17 janvier 2022, la ministre des Affaires étrangères canadienne Mélanie Joly a fait un voyage en Ukraine pour soutenir le régime, ayant annoncé son voyage la veille seulement. L’Ukraine est le troisième pays vers lequel le Canada exporte et les exportations ont triplés ces six derniers mois.

Microsoft a annoncé qu’un malware, un programme malveillant, était présent dans tous les services informatiques des agences gouvernementales et les sociétés d’informatique d’Ukraine, soupçonnant un Etat d’être à la manoeuvre. L’ampleur des dégâts est encore inconnue ; l’Ukraine accuse ouvertement la Russie.

Le Danemark a annoncé 125 millions de dollars d’aides à l’Ukraine, alors que les Etats-Unis n’ont cessé à tous les niveaux (Etat, gouvernement, journalistes, hommes politiques) d’affirmer que la Russie préparait une opération de provocation pour justifier une invasion.

La Russie affirme de son côté qu’elle n’a aucune intention d’envahir l’Ukraine, que ses troupes à la frontière sont une réponse aux initiatives de l’OTAN et qu’elles resteront tant qu’il le faudra. On l’a compris il s’agit d’attendre que le nationalisme ukrainien fasse tellement dérailler la situation que l’intervention russe sera légitimée.

Autrement dit, c’est la question du Donbass séparatiste et des gens d’ethnie russe dans l’ensemble de l’Ukraine qui servira de levier à l’intervention russe, au sens où cela sera présenté comme un affrontement entre la « mère Russie » (pas simplement le pays ou la nation mais une sorte de nation-continent-culture) et l’OTAN.

De manière bien plus simple à comprendre, il y a cette vidéo. Elle correspond à la candidature de la ville de Moscou pour l’organisation de l’Exposition universelle de 2030. La Russie y est présentée par l’intermédiaire de Moscou comme jeune, subtile, résolument moderne, totalement à rebours de comment les pays occidentaux voient la Russie et les Russes, considérés comme des arriérés bougons, malpropres et stupides.

C’est très exactement la clef pour comprendre le positionnement russe dans la bataille pour le repartage du monde. La Russie se présente non pas comme un pays, mais comme une Fédération aux valeurs unificatrices par l’intermédiaire du prisme culturel russe, avec comme base l’ethnie russe. C’est l’idéologie de la conjugaison de l’oligarchie russe, qui achète des maisons de luxe à Londres et Vienne en faisant du shopping à Paris et des vacances sur la côte d’Azur, et du complexe militaro-industriel. C’est le rêve néo-impérial russe.

L’OTAN veut ainsi s’imposer avec en toile de fond la superpuissance américaine avec ses vassaux européens, alors que la Russie compte imposer son affirmation néo-impériale. Quant aux peuples, il n’est nullement demandé leur avis, naturellement. C’est très exactement cela la tendance à la guerre à travers les affirmations impériales dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde.

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Politique

La gauche du PCF sur la question de l’Union Européenne

Un document commun à quatre organisations.

L’expression « gauche du PCF » est ici profondément réductrice, même si elle permet de visualiser la conception des quatre structures qui ont en fait rompu avec le PCF dans les années 1990. Il s’agit du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF), du Rassemblement Communiste (RC), du Parti Communiste Révolutionnaire de France (PCRF), de l’Association Nationale des Communistes (ANC).

Le document qu’ils publient en commun, chacun donnant son avis sur le thème de « la révolution socialiste et la question de l’Union Européenne », constitue le contenu d’une nouvelle revue, Echanges communistes, dont le premier numéro vient d’être mis en ligne. Le voici, mais on peut le télécharger sur le site du PCRF, du PRCF, de RC.

20220105-Echanges-communistes-1

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Écologie

Décès de Giuseppe Belvedere, figure parisienne avec les pigeons

Mercredi 12 janvier 2022, Guiseppe Belvedere très connu dans le quartier de Beaubourg à Paris est décédé à 76 ans. Il nourrissait les pigeons du quartier depuis plus de dix ans et essayait de nourrir les plus jeunes et les malades dans sa camionnette.

Guiseppe était devenu une figure du quartier, à tel point que des sacs Leroy Merlin le présentent sur l’esplanade de Beaubourg, où il avait pour habitude de nourrir les pigeons.

Il avait commencé à s’en occuper dans son appartement dans des conditions délicates, ce qui lui avait valu de se faire expulser. Il s’est donc retrouvé à la rue et a continué son travail auprès des pigeons. Des personnes qui le soutenaient lui ont ensuite offert un camion pour y loger et s’en occuper.

Bien entendu, de nombreux commerçants et habitants le détestaient et il a fait face à de nombreuses agressions physiques durant toutes ces années à les nourrir. A l’inverse, il est devenu un symbole auprès de petits groupes de personnes tournées vers les animaux, parfois plus par misanthropie qu’autre chose il est vrai.

Et c’est là que les choses deviennent compliquées.

Si on peut saluer un dévouement qui a perduré des années et des années, malgré son expulsion, les agressions et les conditions de vie dans la rue… on ne peut rationnellement saluer la démarche en elle-même. Si la compassion envers des êtres innocents est juste, s’en servir comme façade pour sa misanthropie ne l’est pas.

Beaucoup trop de personnes l’ont érigé en symbole par misanthropie, sans se poser la question des oiseaux en eux-mêmes, ce qui n’est pas acceptable.

Il faut bien voir ici quel est l’impact concret pour la situation des oiseaux concernés : est-ce une bonne ou une mauvaise chose de les nourrir aussi massivement ? De les nourrir toujours aux mêmes emplacements ?

A ces deux questions, la réponse est non. Et malheureusement, trop peu de personnes se la posent lorsqu’il s’agit de Giuseppe.

Il n’est pas bon de nourrir des oiseaux au mêmes endroits tous les jours, parce que ceux-ci ne vont pas quitter un lieu où ils savent qu’ils pourront se nourrir. Ce qui implique que ce nourrissage doit avoir lieu… éternellement, sans quoi ils vont attendre et attendre et se retrouver dans un situation particulièrement dangereuse. D’ailleurs maintenant qu’il est parti, que va-t-il se passer ?

Ensuite, il n’est pas bon de nourrir des oiseaux massivement, surtout si c’est aux mêmes endroits, parce que cela va énerver tout le monde, cela va attirer l’attention sur eux. Ce qui augmente incroyablement les tentatives d’empoisonnement, les risques de se faire capturer par des entreprises privées à la demande des municipalités, etc. Sans même parler des voitures, ce qui dans le cas concret de Giuseppe était littéralement dramatique et meurtrière, les pigeons le suivant à tort et à travers, puisqu’ils le reconnaissaient et qu’il ne bougeait jamais du quartier.

Beaucoup répondront alors : doit-on baisser les bras et laisser faire ?

Nous leur répondrons que non. Le problème n’est pas d’intervenir, mais il s’agit bien de ne penser qu’aux animaux, leur intérêt et leur dignité. Ce qui implique de prendre un minimum de recul et de réagir collectivement. Et d’avoir une perspective.

Déguiser sa misanthropie derrière une compassion ne fait rien avancer, bien au contraire. Les animaux n’ont pas besoin de spécialistes de l’indignation Facebook mais de personnes qui leur viennent en aide.

Saluer la compassion qui animait en partie Guiseppe est une chose. Saluer toutes ses actions de manière unilatérale en est une autre : l’enfer est pavé de bonnes intentions, surtout en parlant d’une personne désocialisée, vivant de manière marginale et misanthrope.

D’un côté, il y a une compassion chez Giuseppe qu’on ne peut pas nier. De l’autre, son expression s’est retrouvée mêlée à des considérations et une vision du monde individualistes, à rebours de ce dont ont besoin les oiseaux. Avoir envie de les aider les pigeons est juste, le faire d’une manière qui à la fois les aide et les met en danger ne l’est pas.

Une chose se retourne ici en son contraire. Par manque de discernement, les animaux qu’on choisit d’aider en raison de sa sensibilité exacerbée… deviennent les otages d’une sensibilité devenant égocentrisme.

Cela souligne l’importance d’une vision du monde, d’un haut niveau de conscience de ce qui doit être : le Socialisme en général avec l’empathie et la compassion en particulier. Car le présent ressemble à un cauchemar sans fin, c’est à la Gauche de montrer l’issue, sur la base de ses valeurs historiques, pour aller à un avenir radieux pour tous les êtres vivants sur cette planète.

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Politique

Christiane Taubira, candidate des bobos et petis-bourgeois de la « primaire populaire »

Cette libérale est typique de la 5e colonne turbocapitaliste dans les rangs de la Gauche.

Entendons-nous bien : si les bobos sont insupportables, on peut inversement être petit-bourgeois et contribuer à ce que les choses aillent dans le bon sens. Mais si l’on fait du mode de vie petit-bourgeois l’alpha et l’oméga des valeurs, si l’on accepte la corruption capitaliste avec notamment un relativisme libéral généralisé, on est un ennemi du peuple.

Parce que la France est un des pays les plus riches du monde (aux dépens des autres, donc), parce que le capitalisme est aliénant en général et exploite les travailleurs en particulier, parce que la question animale exige qu’on ne transige pas, la défense de la Nature, non plus, etc.

En ce sens, la « primaire populaire » est un hold up bobo et petit-bourgeois sur le peuple, comme en témoigne la grève de la faim de sept jours réalisée par dix de ses organisateurs, pour forcer les candidats à la présidentielle du PCF, d’EELV, du PS et de LFI à participer à la « primaire populaire », afin qu’il n’y ait qu’un seul candidat de « gauche ». La grève de la faim est absolument typique de l’impuissance petite-bourgeoise, de l’auto-destruction, de la pleurnicherie et des implorations. Rien qu’avec cela, on a tout compris.

De fait, cette initiative s’appuie sur des bobos et de petits-bourgeois de gauche voulant, au-dessus des partis ou plutôt en niant les partis, faire en sorte qu’il y ait un candidat de gauche unique à tout prix à la présidentielle, afin de sauver leur peau puisqu’il est capital pour cette couche sociale qu’elle ait un poids politique pour asseoir son existence culturelle et idéologique fictive.

Les bobos et les petits-bourgeois n’existent en effet qu’entre les bourgeois et les prolétaires et sans faire du chantage et de la manipulation, ils n’existent pas politiquement, malgré leur nombre. De par la nature sociale de la France, il va en effet de soi qu’on parle ici d’une puissante couche sociale et 320 000 personnes ont embrayé pour soutenir la démarche, avec beaucoup de bruit.

On est là dans une fiction typique d’un pays capitaliste développé, d’où la figure de Christiane Taubira qui est la cheffe de file de cette démarche de « primaire populaire » qui n’est qu’une copie des primaires américaines, une forme consommatrice totalement à rebours des principes de la Gauche historique (qui s’appuie sur des valeurs, des programmes, des organisations faisant un congrès).

Les autres candidats faire valoir, révélés le 15 janvier 2022, sont par ailleurs la militante écologiste sans étiquette Anna Agueb-Porterie, le député européen et fondateur de Nouvelle Donne Pierre Larrouturou, l’ancienne adjointe à la mairie (PS) de Rennes Charlotte Marchandise. Ils servent de décoration et de prétexte pour une « primaire populaire » qui a échoué à intégrer les candidats à la présidentielle du PCF, d’EELV, du PS et de LFI.

Et pourtant, à ces candidats s’ajoutent Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, mis dans la liste contre leur gré (même si Anne Hidalgo avait du jour au lendemain, sans prévenir personne, accepté la « primaire populaire », pour finalement lui tourner le dos). Cela encore, c’est typique du chantage petit-bourgeois.

Tout cela n’est qu’une vaste fumisterie, équivalente aux innombrables messages sur Twitter de la part de petits-bourgeois hystériques donnant leur avis sur tout et n’importe quoi de manière prétendument « progressistes », et en fait turbocapitalistes. On parle ici de gens considérant que promouvoir l’avortement, faire l’éloge des migrants, repeindre le monde aux couleurs LGBT et affirmer le communautarisme serait de « gauche ». Eh bien non, cela ne l’a jamais été et cela ne le sera jamais.

La France a connu une Gauche historique et celle-ci ne s’effacera pas devant des « démocrates » à l’américaine oeuvrant à un renouvellement du capitalisme en estompant les conservatismes.

Oeuvrons à une Gauche historique pour réfuter le scénario à l’américaine de « républicains » conservateurs (à la Eric Zemmour, Valérie Pécresse, Marine Le Pen…) et de « démocrates » libéraux-démocrates (à la Yannick Jadot, Emmanuel Macron, Christine Taubira, Anne Hidalgo…) !

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Guerre

Ukraine : un 14 janvier 2022 mouvementé

Dans le prolongement de l’échec des négociations américano-russes.

L’échec des négociations des 10-13 janvier 2022 se prolonge de manière naturelle dans l’escalade. Le 14 janvier 2022, 15 sites gouvernementaux ukrainiens se sont fait hackés, dont le ministère des affaires étrangères. Le texte en ukrainien, en russe et en (très mauvais) polonais insulte l’Ukraine et dit qu’elle ne devrait pas exister, que les Ukrainiens doivent s’attendre au pire, que leurs données personnelles ont été récupérées.

L’image est géolocalisée à Varsovie, comme pour laisser penser que l’action a été menée par des nationalistes polonais ( » Ukrainiens, prenez peur et préparez-vous au pire. Toutes informations vous concernant sont devenues publiques, ayez peur et attendez-vous au pire. Ceci est pour vous pour votre passé, présent et futur. Pour la Volhynie, pour l’OUN-UPA pour la Galicie, pour la Polésie et pour les terres historiques »).

L’Ukraine a accusé la Russie d’avoir mené l’opération et l’OTAN a immédiatement annoncé qu’elle allait établir un partenariat « cyber » avec l’Ukraine.

On notera que le même jour, la Pologne a connu une opération bien plus poussée avec le vol… de 1,8 million de données sur l’armée polonaise.

L’image laissée sur les sites gouvernementaux ukrainiens hackés

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a également tenu une conférence de presse le 14 janvier 2022, où il a expliqué que la patience de la Russie était à bout, que l’occident était allé trop loin, que la présence d’une alliance aux frontières russes était inacceptable. Il a souligné aussi l’absence des pays européens dans la situation actuelle :

« Je ne sais même pas comment l’Union européenne voit sa participation aux négociations sur la sécurité. Vous voulez savoir s’il est possible d’établir une sorte de canal avec l’Union européenne sur les questions de sécurité, un canal séparé des États-Unis et de l’Otan ? Franchement, je ne sais pas.

Ce n’est pas que nous ne le voulons pas, mais nous regrettons que l’UE elle-même ait détruit tous les mécanismes de sécurité il y a 7 ans et demi. Maintenant nous sommes tournés vers les États-Unis et l’Otan. Avec l’Otan, au moins nous avons encore sur papier la structure du Conseil Otan-Russie. »

La ministère allemande des affaires étrangères Annalena Baerbock a justement annoncé de son côté qu’elle irait à Moscou le 18 janvier ; elle est membre des Verts, un parti en Allemagne qui sert ouvertement de porte-parole à la superpuissance américaine et à l’OTAN, en mode moderniste – turbocapitaliste. Elle n’a eu de cesse de dénoncer le gazoduc Nordstream 2. Inversement, le chancelier Olaf Scholz fait partie d’un parti, les socialistes du SPD, totalement favorable au gazoduc. L’ancien chancelier et dirigeant du SPD Gerhard Schröder est notamment au conseil de surveillance de Gazprom.

Les initiatives suédoise et finlandaise du 14 janvier 2022 sont également notables, puisqu’on parle de deux pays dont l’OTAN a récemment dit qu’il serait très facile de les intégrer. La Suède a fait parader des soldats lourdement armés et des blindés dans la petite ville de Visby dans l’île de Gotland, qu’elle considère comme une cible potentielle de la Russie, alors qu’inversement de ce bellicisme le ministère finlandais des affaires étrangères, Pekka Haavisto, s’est empressé de souligner que la Finlande ne comptait pas rejoindre l’OTAN.

Les États-Unis de leur côté ont accusé a Russie d’avoir envoyé un commando pour mener une opération contre les troupes russes elles-mêmes pour servir de provocation comme prétexte à une offensive en Ukraine. Les États-Unis ont également parlé d’une réponse « décisive » si la Russie met en place des missiles en Amérique latine.

Le ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a annoncé qu’il se rendrait avec des homologues européens sur la ligne de front au Donbass début février.

Quant au président ukrainien Volodymyr Zelensky, il a proposé une rencontre à trois avec le président américain Joe Biden et le président russe Vladimir Poutine.

Il faut également noter que la presse internationale accorde une certaine importance à la question ukrainienne, avec évidemment dans les pays occidentaux une prise de partie unilatérale pour la superpuissance américaine et l’OTAN, comme dans le tchat du Monde du 14 janvier. L’OTAN ce serait une force défensive, l’occident serait démocratique et ne penserait qu’à la paix, etc.

C’est l’établissement d’un bloc occidental unifié et il faut noter ici que cela passe comme une lettre à la poste. Les gens sont prisonniers du capitalisme au quotidien et on comprend qu’ils ne puissent rien voir. Mais normalement il y a en France de nombreuses personnes de gauche, qui devraient s’indigner que la France s’embarque ouvertement dans l’OTAN, s’aligne sur la superpuissance américaine. Et pourtant il n’y a rien.

Non pas que cela soit mieux si la France navigue en solitaire. Mais lorsqu’elle est en solitaire, il y a encore plus de pression chauvine. Là ce n’est pas le cas…. normalement un alignement unilatéral de la France sur la superpuissance américaine devrait profondément choquer, et il n’y a rien de tout cela. Cela en dit long !

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Guerre

Echec des négociations Russie-OSCE et « l’Ouest sur 220 volts »

On peut considérer que le conflit a concrètement commencé.

Après la négociation Russie – Etats-Unis à Genève du 10 janvier 2022, celle Russie – Otan à Bruxelles le 12 janvier 2022, il y a eu pareillement le 13 janvier 2022 une négociation entre la Russie et l’OSCE, à Vienne. L’OSCE, c’est l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, une sorte de plate-forme de discussion diplomatique sur la sécurité. Elle dispose notamment d’une mission spéciale d’observation dans le Donbass pour observer et consigner les violations des accords de Minsk prévoyant de limiter l’emploi de certaines armes de la part de l’Ukraine et des « républiques » séparatistes.

Les négociations n’ont rien donné bien entendu et le représentant russe auprès de l’OSCE, Alexander Lukashevich, a dit que celles-ci avaient été une « déception », que les occidentaux ne prenaient pas en compte les « intérêts nationaux de la Russie ».

Le ministre polonais des Affaires étrangères, Zbigniew Rau, dont le pays vient de prendre la présidence l’OSCE pour 2022, a indiqué au sujet de la situation que :

« Il semble que le risque de guerre dans la zone de l’OSCE soit plus grand que jamais au cours des 30 dernières années. »

Et l’envoyé de la superpuissance américaine auprès de l’OSCE, Michael Carpenter, a expliqué que :

« Les tambours de la guerre résonnent fort et la rhétorique est devenue plutôt stridente. »

A côté de cela, cela devient de la folie. Emmanuel Macron a ainsi demandé que les États-Unis participent aux accords de Minsk. Ces accords-discussions ont lieu depuis 2014 entre la Russie, l’Ukraine, l’Allemagne et la France, ces deux pays faisant tout pour que, justement, ce soit eux les maîtres du jeu et surtout pas les États-Unis. Là, Emmanuel Macron s’est totalement aligné sur la puissance américaine.

On notera ici que les ministres européens de la Défense et des Affaires étrangères sont en France, à Brest, du 12 au 14 janvier, pour « plancher » sur la stratégie militaire européenne – mais en réalité, c’est la superpuissance américaine qui décide, l’Union européenne et l’OTAN se conjuguant, Emmanuel Macron étant en France le représentant désormais de la fraction pro-américaine.

Il y a un bloc occidental unifié – du moins en apparence et pour le moment présent – visant à désagréger la puissance russe.

Il va de soi que la Russie, qui a désormais autour de 120 000 soldats à la frontière avec l’Ukraine, n’apprécie pas du tout cela et continue d’envoyer ses troupes d’Est en Ouest. On peut considérer que les 2/3 de l’armée de terre russe est désormais réunie. 1/3 seulement des troupes présentes l’est normalement dans la région. C’est la première fois depuis 1944 que des troupes russes partent d’aussi loin à l’Est pour rejoindre l’Ouest du pays.

Sergei Ryabkov, ministre des affaires étrangères adjoint, a expliqué lors d’une interview qu’il ne pouvait confirmer ou infirmer la mise en place de missiles russes… à Cuba ou au Venezuela. Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a expliqué que des sanctions contre Vladimir Poutine de la part des États-Unis équivaudrait à une cessation des relations entre les deux pays.

L’ambassade russe aux États-Unis a également salué l’anniversaire de Viktor Bout, un trafiquant d’armes condamné à 25 ans de prison aux États-Unis. Et profitant des 220 ans de la fondation des affaires étrangères russe, le ministère concerné a publié une image expliquant que le président lui avait donné comme consigne de mettre l’Ouest sur 220 volts!

Le conflit a, de fait, déjà commencé. C’est là la confirmation de la justesse d’une analyse considérant que le capitalisme, c’est la guerre, que la crise mondiale ouverte par la pandémie a imposé la bataille générale pour le repartage du monde.

Cela va si loin que non seulement la guerre en Ukraine est d’actualité pour les puissants, mais qu’il y a même la question de savoir si la Russie ne va pas envahir l’île suédoise de Gotland pour empêcher la Suède de rejoindre l’OTAN, alors que la superpuissance américaine affirme ouvertement vouloir amener des troupes en Europe dans les pays de l’OTAN voisins de la Russie.

Et tout cela se déroule totalement à l’écart d’une vie quotidienne capitaliste totalement déconnectée des événements mondiaux qui font réellement l’actualité. C’est aussi un aspect essentiel de la crise : la société a totalement décroché de la réalité. Pour les gens, la réalité c’est Netflix, le crédit à payer, la mode à suivre, les LGBT, TF1, les soldes, le nouveau smartphone à se procurer, la téléréalité à contempler… et la liste de la consommation aliénante, infantilisante est comme on le sait extrêmement longue.

Le capitalisme est dans le mur, à tous les niveaux. Et il entraîne le monde avec lui dans le gouffre.

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Guerre

L’OTAN ferme la porte à la Russie

La Russie doit s’effacer devant l’OTAN.

General view of the meeting

L’OTAN s’est réunie avec la Russie le 12 janvier 2022 pour la première fois depuis deux ans et demi ; normalement de telles réunions se tiennent deux-trois fois par an, mais les intérêts tellement divergent ont provoqué une cassure. La crise internationale provoquée par la pandémie a ramené l’existence d’une telle réunion, mais celle-ci s’est bien entendu conclu sur rien de concret.

La Russie, par l’intermédiaire d’Alexandre Grouchko, vice-ministre russe des Affaires étrangères, exige en effet que l’Ukraine et la Géorgie ne rejoignent pas l’OTAN, et cette dernière dit qu’elle n’y peut rien, qu’elle laisse la porte ouverte. Ce qui implique qu’elle les acceptera, alors qu’en plus il existe en ce moment une intense campagne anti-Russie dans le Nord de l’Europe. Après la Suède, c’est ainsi la Norvège qui affirme qu’elle est menacée d’une possible invasion russe, et il y a un discours officiel appelant à renforcer la présence militaire de l’OTAN en Europe de la part du Danemark, de la Suède, de la Norvège et de l’Estonie. De plus, le Royaume-Uni a envoyé en Ukraine toute une équipe de généraux.

La superpuissance américaine met également le paquet. Le 12 janvier 2022, la Secrétaire d’État adjointe des États-Unis Wendy R. Sherman présente lors de la réunion Russie-OTAN a également eu une rencontre avec le  secrétaire général du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères François Delattre, le secrétaire d’État allemand aux affaires étrangères Andreas Michaelis, le directeur politique italien des affaires étrangères Pasquale Ferrara, le ministre d’État britannique pour le moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Amérique du Nord James Cleverly.

Et lors de la réunion de l’OTAN en tant que tel, Wendy R. Sherman a dit au représentant russe qu’il était une seule personne parmi 30, mais qu’en fait les 29 représentants de l’OTAN ne formaient également qu’une seule personne, au sens où l’OTAN formait un bloc. Et lorsqu’elle a pris la parole et qu’en même temps la délégation russe s’échangeait des documents en murmurant, elle les a rappelés à l’ordre.

La Russie est donc prise à la gorge : soit elle essaie de passer en force en envahissant l’Ukraine, un pays qu’elle ne reconnaît somme toute pas, ou bien elle recule et alors elle s’effiloche sous la pression occidentale. Tant la Russie que l’OTAN n’ont comme seule possibilité d’existence que l’expansion territoriale, politique, militaire.

Pour l’instant, elle ne cède pas, elle continue ses renforcements à la frontière ukrainienne, et 3000 soldats se sont entraînés le 12 janvier à balles réelles à Voronezh, Belgorod, Bryansk et à la frontière ukrainienne.

Mais de toutes façons, il ne faut pas faire de « géopolitique ». Ce qui compte, c’est de voir que les grandes puissances cherchent à agglomérer un empire autour d’elles-mêmes, alors que la tendance est à la bataille pour le repartage du monde. C’est cela qui compte et il y a deux premières victimes : des pays entiers tout d’abord, qui sont des cibles de l’expansion voulue, comme ici l’Ukraine qui n’a comme horrible choix que d’être qu’un satellite occidental ou russe, ou bien les deux si le pays connaît une partition suite à une invasion.

Les travailleurs ensuite puisque c’est à leurs dépens que se font les guerres du capitalisme, tout comme c’est à leurs dépens qu’existe le capitalisme. Il est aisé de voir comment la guerre est d’ailleurs devenue une actualité du capitalisme de manière tout à naturelle, avec un effet d’entraînement dans toute la société. On ne peut pas ne pas voir qu’Eric Zemmour, au discours nationaliste brutal, est une expression directe de la crise généralisée du capitalisme due à la pandémie, avec même Marine Le Pen mise de côté.

Pratiquement 80 000 personnes ont d’ailleurs rejoint le mouvement d’Eric Zemmour, « Reconquête », ce qui est également une expression de la crise, du nationalisme, du bellicisme, de la tendance au repli sur soi, à la mobilisation nationale pour que le pays « retrouve son rang », etc. Le BREXIT et l’élection de Donald Trump ont été les signes annonciateurs que le capitalisme rentrait dans le mur et qu’on était en train de passer au repli national pour le repartage du monde, en raison d’une expansion capitaliste au rythme cassé.

Dans un tel panorama, les négociations ne sont que formelles, apparentes. La réunion Russie-OTAN du 12 janvier 2022 n’a été qu’une formalité, sans contenu aucun, car désormais tout se passe en arrière-plan, avec les exigences historiques de la crise. Ce qui se reflète concrètement dans les esprits des couches dominantes comme la grande bataille sino-américaine en cours et à venir.

Chacun se place par rapport à cela, en comptant profiter du maximum de forces pour le moment où tout basculera. Il est ainsi absolument évident que les pays occidentaux voient l’occasion historique de pouvoir ébranler la Russie. Tout comme la Russie voit l’occasion historique de reforger son empire en profitant d’un capitalisme occidental relativement enrayé et de sociétés occidentales déconnectées de tout dans leur bulle consommatrice.

Cette leçon historique, on est train de l’apprendre ; la crise ukrainienne est la principale leçon dans ce cheminement historique et, malheureusement, n’anticipant pas les événements à venir et ne comprenant pas les tendances de fond, les gens s’éparpillent dans de pseudos-actualités, se dispersent dans des choses totalement secondaires.

On est désormais dans le processus qui mène à la future guerre mondiale, un processus contradictoire qui va avoir des tours et des détours, et là on a le premier moment de vérité, la première étape, la première polarisation, la première grande leçon.

C’est l’Histoire qui est en train de se faire et il est dommage que cela se déroule ainsi ; mais sans doute qu’en raison de la corruption capitaliste, il fallait que l’humanité en passe par là pour saisir avec maturité le socialisme, avec sa planification, son collectivisme, ses valeurs morales et culturelles.