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Politique

Dissolution de Génération identitaire: le Rassemblement national à la rescousse

Le Rassemblement National de Marine Le Pen a choisi de prendre partie pour Génération Identitaire menacée de dissolution.

Le ministère de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé au regroupement d’extrême-Droite Génération identitaire qu’il serait dissout le 26 février 2021, à moins qu’il n’argumente efficacement contre la mesure prise.

Cela ne changera pas grand chose car le coup avait été prévu : Génération identitaire, normalement le mouvement de jeunesse des « identitaires », a pris son « autonomie » il y a quelques années. Il sera facile de renaître sous une autre forme, et en particulier sous les auspices de l’extrême-Droite. En Autriche, les identitaires servent déjà depuis des années de pointe activiste du parti d’extrême-Droite électoraliste FPÖ.

La même tendance se profile ici, alors que les directions prises étaient totalement différentes, le Front national – Rassemblement national ayant préféré une ligne républicaine sociale. Les choses changent cependant avec la crise.

Le Rassemblement national a ainsi annoncé son soutien à Génération identitaire, même s’il « ne partage pas toutes les opinions exprimées ». C’est là un pas extrêmement significatif, car normalement c’était plutôt la joie de se débarrasser d’un concurrent. Et les opposants à la dissolution de Génération identitaire rassemblent d’ailleurs des gens qui à l’extrême-Droite avaient pris depuis quelques années des options très différentes : Florian Philippot, Marion Maréchal, Julien Rochedy, Bruno Gollnish, Robert Ménard, Gilbert Collard, Gilles-William Goldnadel…

C’est un véritable front qui se forme ici. Voici le communiqué du Rassemblement national, dont il faut bien cerner les éléments de langage :

« Le Rassemblement National alerte nos concitoyens attachés aux libertés fondamentales que sont les libertés de conscience, d’expression et d’association. Ces dernières sont en effet dangereusement remises en cause par la décision prise hier par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, d’enclencher la procédure de dissolution de l’association Génération identitaire.

Force est de constater que les fondements de cette procédure de dissolution ne sont pas juridiques mais politiques.

Peut-on ainsi considérer que dénoncer la politique d’immigration, défendre la priorité nationale, être attaché à la nationalité française pour les fonctionnaires ou s’opposer au droit de vote des étrangers rendent possible une dissolution ?

C’est pourtant sur la base de la « discrimination en vertu de la non-appartenance à la nation française que se fonde la demande de dissolution.

Doit-on admettre que l’on ne puisse plus faire un lien entre immigration massive et insécurité ? Or, la demande de dissolution reproche de présenter l’immigration comme un danger pour les Français.

Le RN rappelle que l’article 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen affirme que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».

Par ailleurs, une telle dissolution serait également contraire à la jurisprudence constante de la Cour européenne des droits de l’homme selon laquelle « la liberté d’expression constitue l’un des fondements essentiels d’une société démocratique et vaut même pour les idées qui heurtent, choquent ou inquiètent ».

Sur la base des arguments politiques et d’opportunité avancés par le ministre de l’Intérieur, ce sont de grands partis politiques français, d’autres associations, et au-delà tout lanceur d’alerte, qui demain pourraient être visés par de telles procédures arbitraires.

Le Rassemblement National ne partage pas toutes les opinions exprimées par l’association menacée par le ministre de l’Intérieur, pas plus qu’il n’approuve toutes ses actions et ses modes d’expression, mais une association n’a pas à plaire ou déplaire à l’opposition, pas plus qu’au gouvernement.

Une association et de façon générale tout citoyen, se doivent de respecter la loi et le cas échéant, d’être protégés par cette dernière.

C’est au nom de ce principe démocratique et protecteur que le Rassemblement National dénonce cette décision du ministre de l’Intérieur et alerte nos concitoyens. »

On se retrouve ici dans une orientation qui est celle du front de la Droite qui a déjà eu lieu dans les années 1920-1930 en Espagne, en Italie, en Allemagne. Dans ces pays, l’extrême-Droite a été galvanisée par une unité structurelle de différents groupes, allant des ultras-conservateurs aux nationaux-révolutionnaires. C’est la première leçon.

La seconde, c’est que la « Nouvelle Droite » des années 1980 a réussi son œuvre : modifier la ligne de l’extrême-Droite en refusant les discours ouvertement racistes au profit d’un discours ethno-différentialiste. Au 21e siècle, parler de la « remigration » contre le « grand remplacement » est la transformation hypocrite du slogan raciste « les Arabes dehors » des années 1980.

On est là dans une profonde dynamique de la Droite, qui a le vent en poupe depuis plusieurs semaines. Et ce n’est qu’un début…

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Société

François Bayrou, les 4 000 euros par mois et la gauche misérabiliste

La France est une grande puissance, et effectivement à 4 000 euros par mois on est loin encore des couches les plus aisées…

François Bayrou a mis les pieds dans le plat en rappelant une chose simple : le niveau de vie des Français est très élevé. Contrairement à une « gauche » misérabiliste qui fait semblant que la pauvreté est de rigueur, François Bayrou exerce un chantage ouvert. Ce chantage consiste à redire aux Français qu’ils vivent dans un pays capitaliste développé, que les pauvres sont pauvres par rapport aux riches, mais qu’ils ne sont pas du tout pauvres…

Eh oui, la France est un pays de petits bourgeois. Pourquoi croit-on que depuis les trente glorieuses, depuis les années 1950, il n’y a plus strictement aucune attirance des ouvriers pour la cause « révolutionnaire » ? Le tableau des logements le montre clairement. Les gens sont en majorité propriétaires et ceux qui ne le sont pas sont notamment en HLM.

Mais qu’a dit François Bayrou ? Il s’y est pris à deux fois, d’abord dimanche 7 février lors de l’émission Le Grand Jury de RTL, Le Figaro et LCI, puis le lendemain dans une vidéo pour préciser sa pensée après un début de polémique.

Celui qui est haut commissaire au plan et président du parti libéral Modem, allié à Emmanuel Macron, a appelé à un « Plan Marshall » pour sortir de la crise et à cette occasion il a critiqué François Hollande qui avait expliqué qu’à partir de 4000 euros par mois on était riche. Il a ainsi expliqué que :

 « à 4 000 euros, on n’est pas riche, mais on est dans la classe moyenne »

Puis, le lendemain, su Facebook, il a précisé sa pensée (ou enfoncé le clou), expliquant en parlant d’un couple d’infirmiers à l’hôpital que :

« Ensemble, ils gagnent entre 4500 et 5000 euros; la retraite moyenne d’un enseignant est de 2600 euros par mois et un couple d’enseignants à la retraite, ils gagnent donc un peu plus de 5000 euros par mois : est-ce qu’on peut prétendre que ces infirmiers, ces enseignants, sont riches ? »

Est-ce vrai ? C’est tout à fait exact. L’INSEE rappelle que :

« En 2016, le salaire mensuel moyen en équivalent temps plein (EQTP) d’une personne travaillant dans le secteur privé ou dans une entreprise publique est de 2 238 euros, nets des cotisations et contributions sociales. »

Alors bien sûr tout le monde n’est pas en couple, dans un couple tout le monde ne travaille pas forcément, il y a les chômeurs, il y a des gens qui gagnent moins, etc. Mais cela n’empêche pas que, grosso modo, le capitalisme tourne très bien. Pour la grande majorité des gens il est possible de profiter de la société de consommation, d’acheter une Playstation, de prendre un crédit pour un logement, etc.

Et il y a les aides sociales… et il y a le patrimoine ! Avec tout cela, la grande majorité des Français vit sa vie et regarde avec dédain toute option révolutionnaire. Ce n’est pas pour rien que les ouvriers votent Marine Le Pen, qu’Alain Soral et les Gilets jaunes ont du succès. Ce sont des manies de petits-bourgeois.

L’INSEE constate ainsi :

« Le patrimoine financier et immobilier moyen a augmenté entre 1998 et 2015 pour l’ensemble de la distribution sauf pour les 20 % des ménages les moins dotés. Les 70 % des ménages les mieux dotés ont bénéficié de la forte valorisation du patrimoine immobilier (+ 133 % en euros courants) sur la période, surtout entre 1998 et 2010.

De même, le patrimoine financier a augmenté de 75 % entre 1998 et 2015, essentiellement durant la période 2004-2010, profitant à tous sauf aux 20 % des ménages les moins dotés qui détiennent presque uniquement des comptes courants et livrets d’épargne réglementée. »

Alors un ménage est-il riche à 4 000 euros par mois ? La moyenne pour les ménages est de 3 000 euros. Avec 4 000 euros, on est dans les classes moyennes supérieures, mais encore dans les classes moyennes… Voici un tableau de l’Observatoire des inégalités.

Cet Observatoire précise :

« Selon notre classification, les personnes seules sont considérées comme pauvres si leur revenu disponible est inférieur à 800 euros mensuels (données 2018). Jusqu’à 1 300 euros, elles appartiennent aux classes populaires et entre 1 300 et 2 300 euros aux classes moyennes. Elles sont qualifiées d’aisées au-delà de 2 300 euros et de riches au-dessus de 3 200 euros par mois.

Pour les couples sans enfants, le seuil de pauvreté se situe à 1 600 euros. Ces couples appartiennent aux classes moyennes entre 2 500 euros et 4 500 euros. Ils sont riches au-dessus de 6 300 euros. Les couples avec deux enfants sont classés comme pauvres si leurs revenus sont inférieurs à 2 100 euros mensuels, comme classes moyennes entre 3 500 et 5 900 euros et comme riches au-delà de 8 400 euros. »

Voilà pourquoi le député Bastien Lachaud, de La France Insoumise, est un démagogue quand il dit que :

« Déconnexion hallucinante. Que Bayrou aille vivre avec moins de 885 euros par mois comme 44% des habitants d’Aubervilliers »

C’est même un très bon exemple, car Bastien Lachaud est membre de la commission de la défense nationale et des forces armées et il s’inquiétait même encore tout récemment des capacités militaires françaises à intervenir. C’est caractéristique d’un discours social-impérialiste digne d’il y a cent ans. Selon lui, les Français seraient tous pauvres, il faudrait soutenir les initiatives militaires, vive la France à bas les vrais riches que sont les États-Unis, etc.

En réalité, la France est une grande puissance où la grande majorité des gens est totalement corrompue par le capitalisme et où seule une bonne minorité trinque réellement. Les autres aussi, mais ils sont aliénés et acceptent la démolition, au nom de la société de consommation.

Et dans tout cela il y a une bourgeoisie qui nage dans l’opulence. C’est tellement vrai que même les gens gagnant 4 000 euros par mois ne relèvent même pas des plus riches ! Ils relèvent des gens vraiment aisés, mais certainement pas de la haute bourgeoisie.

Que tout cela va dégringoler avec la crise, c’est évident. Et cela veut dire d’autant plus refuser les hystéries petites-bourgeoises et défendre les valeurs de la Gauche historique. Il n’y a que deux classes fondamentalement, la bourgeoisie et le prolétariat. La disparition de la petite-bourgeoisie, avec la fin de la parenthèse issue des 30 glorieuses, est inévitable.

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Dépêche

Il faut être de gauche en campant sur ses positions

Il ne sert à rien de tergiverser au moment où il y a une véritable droitisation de la société. Il s’agit d’ailleurs d’un phénomène qui s’étale sur plusieurs décennies. L’échec des socialistes à la présidence et au gouvernement du pays a détruit non seulement les espoirs, mais aussi une capacité à envisager autre chose. C’est un véritable problème de fond, le défi étant : la Gauche est-elle capable d’orienter la société dans son ensemble, de la transformer? Et cela bien entendu non pas dans un sens d’accompagnement du capitalisme (comme avec la PMA, les LGBT, etc.), mais bien dans le sens du socialisme?

C’est là tout l’enjeu d’une époque qui se pose. Et si on n’est pas à la hauteur, alors ce sera la catastrophe. Le capitalisme, en crise, ne va pas attendre une prise de conscience sociale dont il ne veut de toutes façons pas. Il précipitera le monde à la guerre.

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Politique

Michel Le Bris ou le succès du renégat

Le parcours de Michel Le Bris correspond à toute une époque, celle où ceux qui ont tourné le dos à mai 1968 ont obtenu une immense reconnaissance.

Né en 1944, Michel Le Bris est décédé à la fin janvier 2021 et ses obsèques viennent de se tenir. Peu connu du grand public, son parcours est pourtant représentatif de tout un état d’esprit historique : celui des renégats de mai 1968 se fondant dans un capitalisme qu’ils dénonçaient pourtant.

Initialement, Michel Le Bris est diplômé de la meilleure école de commerce française HEC et devient rédacteur en chef de la revue Jazz Hot. Il fait donc partie des gens les plus élevés culturellement à une époque terriblement élitiste dans les possibilités d’accès à la culture.

Il est alors attiré – comme beaucoup de jeunes de la toute petite minorité étudiante – par le maoïsme. Pour en saisir l’esprit, il faut regarder le film La Chinoise de Jean-Luc Godard.

Michel Le Bris est donc un cadre de la Gauche Prolétarienne, il prend à ce titre la direction de la Cause du peuple, le journal de la Gauche Prolétarienne, alors que le précédent directeur est allé en prison pour cette activité. Il lui arrive la même chose et ses huit mois de prison lui valent un immense prestige en France, où il est considéré comme un prisonnier politique.

Il participe ensuite au journal J’accuse, qui est une Cause du peuple en totalement populiste de la Gauche Prolétarienne qui s’est auto-dissoute et abandonne tout du genre au lendemain afin de ne pas suivre une voie qui sera justement celle de ses stricts homologues allemands et italiens (la RAF et les Brigades Rouges).

Michel Le Bris, fort de l’expérience acquise, participe alors aux côtés des restes post-maoïstes à une nouvelle aventure, celle d’une rébellion intellectuelle dans le système. Il est là lors du lancement du quotidien Libération, qui vient également de la mouvance maoïste historique. Il se place même au cœur de cette mouvance post-maoïste avec ses ouvrages (Occitanie : Volem Viure !, Les Fous du Larzac, La Révolte du Midi) et sa direction, avec le philosophe Jean-Paul Sartre (lui-même un soutien de la Gauche Prolétarienne), de la collection « La France sauvage » (éditions Gallimard puis presses d’aujourd’hui).

Il est alors un intellectuel devenu post-marxiste, anti « totalitaire » et tourné vers les vrais gens se révoltant, etc. Il est à ce titre très apprécié par la seconde Gauche (celle qui ne vient pas du mouvement ouvrier), tout à fait contente d’être renforcée par ces gens ayant fait défection du maoïsme. Michel Le Bris est ainsi collaborateur du Nouvel Observateur de 1978 à 1986, l’organe de la seconde gauche.

C’est alors l’intégration complète dans le capitalisme, où Michel Le Bris agit dans le domaine culturel en faisant la promotion de l’esprit individualiste. Il est conseiller littéraire chez les éditions Grasset, directeur de programme des programmes de FR3 Ouest de 1982 à 1985, romancier (une cinquantaine de romans, d’essais, de biographies), organisateur d’un festival de littérature à Saint-Malo (Étonnants Voyageurs),  directeur du centre culturel de l’abbaye de Daoulas dans le Finistère de 2000 à 2006, etc.

Il a dans ce cadre beaucoup valorisé le romancier écossais du 19e siècle Robert Louis Stevenson (L’Île au trésor), les histoires de flibustiers, bref il a joué sur les poncifs du rebelle poète et d’une Bretagne s’imaginant, à part, encore authentique, etc. Il y a à ce titre une avalanche de salutations « bretonnes » en mémoire de Michel Le Bris, dont voici un exemple avec Anne Le Gagne, conseillère municipale de Saint-Malo et conseillère départementale : 

« Michel Le Bris, c’était l’âme bretonne, l’amour fou de la littérature, le goût de la liberté, de la fraternité, de la poésie, des autres, l’homme aux semelles de vent. »

Tout cela n’a aucun contenu à part le nombrilisme et cela en dit long sur comment la cause de la lutte de classes a été tronqué contre un narcissisme poétique à prétention existentialiste. Le capitalisme ne pouvait que saluer une telle position de renégat.

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Politique

Fiasco total de la CGT le 4 février 2021

L’initiative de la CGT d’une mobilisation marquante a échoué.

Totalement raté. Il n’y a eu que quelques milliers de personnes à se mobiliser à l’appel de la CGT (mais aussi notamment de la FSU et de Solidaire) le 4 février 2021, dans une ambiance terriblement morose. Quelques milliers à Paris, autour d’un millier de-ci de-là (Bordeaux, Lyon, Marseille, Nantes, Rennes, Saint-Etienne, Toulouse…), cela n’est pas la preuve d’une explosion sociale en cours. Le cœur n’y était d’ailleurs vraiment pas.

On peut bien entendu forcer les choses et raconter n’importe quoi, tel Simon Duteil, co-délégué général de Solidaires, pour qui le syndicalisme est l’avant-garde d’un grand bouleversement : « On est dans une dynamique qui peut paraître lente dans une période où tout est compliqué », cependant l’initiative du 4 février 2021 serait « le sommet de l’iceberg en terme de colère sociale ».

Pour le froid social, on l’a. Pour le reste, autant constater avec réalisme, comme Yves Veyrier, secrétaire général de la CGT Force Ouvrière, qu’aucune condition n’est remplie pour une mobilisation. Ou alors on peut, encore mieux, envisager les choses sous un autre angle.

En réalité, le syndicalisme ne correspond pas à la nature de la crise. On est dans une situation d’implosion sociale. La société française est crispée, inquiète, tendue, mais elle n’est pas encore touchée par la grande vague de restructuration du capitalisme qui se profile. Elle sait pourtant que cela va arriver. Elle est en même temps totalement perdue car sa croyance en l’éternité du capitalisme social à la française était absolue.

On a donc une crise de civilisation. Alors, évidemment, le syndicalisme ne suffit pas, car le syndicalisme ne propose rien en termes de valeurs, en termes de culture, en termes de vision du monde. L’ère des masses qui a existé dans les années 1920-1940 et qui revient est très précisément la bataille pour la vision du monde.

Toutes les valeurs s’effondrent, les gens craquent mentalement, délirent psychologiquement, c’est la fuite en avant et il n’y a pas de repères culturels et idéologiques pour rattraper le tout. Emmanuel Macron, qui n’a pas décidé du troisième confinement, l’a très bien compris, d’où sa reculade.

Mais ce n’est pas l’explosion sociale qui est redoutée. Comment pourrait-elle avoir lieu alors que la Gauche est brisée, qu’il n’y a pratiquement aucun cadre politique de Gauche, que l’impact de la Gauche est dérisoire ? Seuls les spontanéistes peuvent croire à une telle fable. Non l’inquiétude des dominants c’est que l’implosion sociale se prolonge tellement qu’il se provoque des déchirures irréparables dans la société française.

Les choses peuvent déraper : voilà la réalité sociale française. Alors, forcément, le syndicalisme, dans tout ça…

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Politique

Refus des mesures anti-covid: pourquoi Jean-Luc Mélenchon s’aligne-t-il sur l’extrême-Droite allemande?

Par ses propos appelant à une manifestation festive pour s’opposer à de prétendues lois liberticides, Jean-Luc Mélenchon s’aligne sur le populisme de l’extrême-Droite allemande.

Dès les premières mesures collectives mises en place pour lutter contre la pandémie, il y a eu un front tout à fait visible des figures populistes au pouvoir comme Donald Trump et Jair Bolsonaro. Mais il y a également eu une intense recomposition politique en Allemagne et en Suisse, suivie plus tardivement de l’Autriche.

Il y a eu dans ces pays une agglomération de complotistes, de néo-nazis, de petits-bourgeois adhérant à tel ou tel aspect des philosophies New Age, de commerçants et de boutiquiers, de nationalistes… le tout sous le mot d’ordre de « penser en biais ». Il y a eu des rassemblements très réguliers, très suivis, avec un véritable écho sur les réseaux sociaux.

Les commentateurs politiques allemand, suisse et autrichien ont été terriblement marqués par l’émergence, du jour au lendemain, d’une véritable scène dans tout le pays, avec ses figures, ses réseaux, ses initiatives et son impact. La manifestation interdite à Vienne le 30 janvier 2021 s’est maintenue en se transformant en « procession religieuse » de 10 000 personnes. Et le 29 août 2020 les marches du parlement allemand avaient été envahis par les manifestants lors d’une « fête de la liberté et de la paix ».

Pourtant, en France, alors que l’extrême-Droite a beaucoup agité contre les mesures anti-covid (avec Florian Philippot, Alain Soral, etc.), ce sont les anarchistes qui donnent le ton, désormais suivis par Jean-Luc Mélenchon appelant à une « manifestation festive » le 20 mars 2021.

Pourquoi cela ? C’est que tout dépend des mentalités et des formes que prend l’expression de la petite-bourgeoisie.

Parce que, au fond, on a ici une agitation petite-bourgeoise, horrifiée par l’État d’une part, par les mesures collectives d’autre part. Pour la petite-bourgeoisie en panique devant sa situation sans perspective, toute décision impliquant tout le monde est forcément une tendance au communisme, à la toute-puissance étatique, à une société avec des règles et des principes.

C’est la vision du monde d’une couche sociale coincée entre des prolétaires méprisés (mais utiles comme levier politique) et des bourgeois jalousés (sur qui il faut faire pression).

Jean-Luc Mélenchon sait tout cela très bien, mais comme il a choisi le populisme, il tente de surfer sur la vague. Son raisonnement est que c’est une sorte de réédition des gilets jaunes et que cette fois il faut être efficacement de la partie.

On a, au lieu d’une analyse sérieuse des différentes tendances sociales et culturelles, un suivisme total de n’importe quel agitation, au motif que si on donne un débouché politique, tout marchera par miracle.

Mais, en réalité, le suivisme derrière l’agitation petite-bourgeoise anéantit les valeurs et les principes de la Gauche. Il suffit de voir les terribles dégâts qu’ont fait les gilets jaunes. Beaucoup de gens s’imaginent être de gauche et lutter en adoptant des démarches qui n’ont rien à voir avec la lutte des classes, tout cela parce qu’ils copient les gilets jaunes.

Jean-Luc Mélenchon va ici renforcer cette tendance : il veut aligner les restes de la Gauche derrière une petite-bourgeoisie qui ne veut pas de règles, qui veut faire ce qu’elle comme elle veut, convergeant entièrement avec le libéralisme libertaire promu par le capitalisme.

Comment se fait-il, peut-on se demander, que malgré la base petite-bourgeoisie commune, cela soit en phase avec l’extrême-Droite allemande ?

C’est tout simplement que le fascisme c’est avant tout la mort de la société civile. Ce n’est pas du tout une société « totalitaire », mais au contraire une société atomisée où les seules valeurs émergeant sont façonnés par l’État selon les besoins militaristes du capitalisme. En clair, les prolétaires payent la restructuration, la petit-bourgeoisie fait ce qu’elle veut mais ce n’a qu’un temps car la tendance est à la guerre.

Il importe donc peu au capitalisme que l’agitation petite-bourgeoise se dise « penser en biais » et s’appuie sur les illuminés et l’extrême-Droite, ou bien qu’elle soit anarchiste et soutenue par les populistes. Ce qui compte, c’est d’effacer les valeurs, de rejeter la centralité de la société, de nier la lutte des classes.

Tout ce qui empêche la classe ouvrière de se recomposer est utile au capitalisme. Toute affirmation de la petite-bourgeoisie aux dépens de l’organisation des prolétaires est utile au capitalisme. En ce sens, les gilets jaunes ont été un terrible épisode anti-prolétaire, un cul-de-sac porté par la stérilité petite-bourgeoisie et soutenu médiatiquement par la bourgeoisie.

Là, on risque une réédition de cet épisode.

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Société

Pas de troisième confinement: l’État capitule devant le libéralisme

Le nécessaire troisième confinement est repoussé par peur d’une révolte plébéienne.

Le premier ministre Jean Castex a pris la parole le vendredi 29 janvier 2021, alors qu’on s’était attendu à ce que le président Emmanuel Macron le fasse deux jours auparavant, ou finalement le dimanche 31.

C’est qu’on s’attendait au troisième confinement, rendu nécessaire par précaution en raison des multiples variants du coronavirus. La menace est « exponentielle » soulignent de nombreux experts.

Sauf qu’en pratique, le dilemme était trop puissant pour un gouvernement libéral dans une société libérale avec des gens libéraux. Il faudrait une réponse forte, de grande ampleur, à l’échelle de la société elle-même, décidée par des gouvernants déterminés et une population mobilisée. Une telle chose n’est pas possible, alors l’État a capitulé.

Emmanuel Macron s’est donc effacé, laissant le premier ministre annoncer des mesures peut-être utiles mais minimes et plus symboliques qu’autre chose.

Il y a déjà la fermeture des grandes surfaces non alimentaires de plus de 20 000 mètres carrés, dont on se demande pourquoi elles étaient encore ouvertes.

Il y a ensuite la fermeture des frontières avec les pays hors Union européenne. C’est que l’État demandait aux voyageurs arrivés un test PCR de moins de 72 heures, ce qui est bien. Sauf qu’il était également demandé un confinement obligatoire de sept jours, sans même conserver les noms et les adresses des gens arrivés. Cette sinistre farce a été stoppée en arrêtant tout.

Il y a également depuis plusieurs jours un test PCR de moins de 72 heures demandés aux gens venant en avion d’un pays de l’Union européenne. Mais pas à ceux venant en voiture ou en train. C’est tout de même bien étrange.

Mais à vrai dire plus rien n’est étrange dans un pays où, en l’absence de réelle lutte de classes, on a une plèbe poussée par une petite-bourgeoisie hystérique. C’est le front anti-confinement allant des gilets jaunes aux anarchistes en passant par l’extrême-Droite et les courants croyant en une conspiration. C’est la grande peur de la petite-bourgeoisie dans un contexte de crise.

L’État a décidé de capituler devant une telle agitation petite-bourgeoise. C’est doublement erroné. Déjà parce qu’il faut un confinement. Ensuite, parce que la petite-bourgeoisie n’est pas prête d’arrêter ses gesticulations. Cela va même empirer, parce que la petite-bourgeoisie est prise en sandwich entre les prolétaires et les bourgeois, c’est elle qui trinque le plus de l’instabilité du capitalisme.

Beaucoup de gens, de milieux favorisés, ont pensé que le libéralisme pro-Union européenne d’Emmanuel Macron était un rempart au populisme. On voit bien ici que ce n’est pas le cas. Il y a une capitulation devant le populisme. Seule la classe ouvrière, de par son rationalisme, peut réfuter le populisme, parce qu’elle insiste sur la démocratie et sur la mobilisation populaire pour la démocratie.

Là on a des technocrates et des plébéiens. Et une crise sanitaire. Et un capitalisme qui se ratatine. Et une grande puissance qui se déclasse. Un véritable cocktail empoisonné.

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Société

3e confinement : les Français en même temps pour et contre

Les Français veulent des services sociaux, mais pas d’impôts. Pareillement, ils veulent un confinement, mais ils n’en veulent pas.

Le président Emmanuel Macron devait prendre la parole le mercredi 27 janvier 2021, mais il n’a pas osé : il sait que les Français, pétris dans la société de consommation capitaliste, ne tiennent psychologiquement plus. Ils exigent un retour au monde d’avant.

Leur schizophrénie est telle qu’un sondage montre que si une majorité des Français est pour un nouveau confinement, un quart de ces gens favorables explique en même temps qu’il ne suivrait pas les règles ! C’est totalement schizophrène et c’est bien français non pas en vertu d’une caractéristique nationale, mais en raison d’un libéralisme ultra-puissant combiné à un système social très développé conquis de haute lutte et permis par un capitalisme développé qui s’en est bien arrangé.

Les Français veulent moins d’État… et en même temps ils veulent plus d’État. Les Français veulent moins d’impôts… mais la première crise venue, ils demandent l’intervention de l’État, les aides de l’État. C’est absolument intenable. Les Français veulent pareillement des règles, car ils voient bien que la société perd tout repère… mais en même temps, aucun ne veut de règles.

Que voit-on en ce moment, justement ? Que de nombreuses salles de sport sont remplies à 5-10%, en raison de faux certificats de médecins complaisant expliquant que c’est absolument nécessaire. Qu’il y a toute une série de restaurants ouvrant clandestinement, certaines fédérations sportives autorisant des stages de préparation hivernale en groupe pour les amateurs comme si de rien. On a même eu un commissariat, à Aubervilliers en région parisienne, fêtant un pot de départ ! Un restaurateur niçois a même ouvert à midi, avec de nombreuses figures des gilets jaunes locaux (qui se ressemble s’assemble), sans que la police ne ferme sur le champ le restaurant.

C’est que l’Etat sait très bien qu’on est sur des charbons ardents. Alors instaurer un troisième confinement dans de telles conditions…

C’est qu’on vit un problème historique et Emmanuel Macon n’y peut rien. La société française est bloquée, elle est façonnée par l’individualisme et personne ne veut prendre de responsabilités, ni assumer la dimension collective des choses. Comme il y a encore de la culture et des valeurs, les Français ont oublié d’être idiots et veulent le changement. Mais ils ne veulent pas changer.

D’ailleurs, les gens qui font du bon travail – et espérons qu’agauche.org relève de cela – connaissent le problème : on dit que c’est très bien ce qu’on fait, mais cela s’arrête là. Ne fonctionne que ce qui fait fonctionner les egos, permet de se mettre en avant, de se donner une certaine image, etc. Le reste, qui s’engage ? Trop systématique, trop d’efforts, trop en conflit avec la flemme. Consommer est bien plus simple et contrairement au misérabilisme d’ultra-gauche ou des syndicats, pratiquement tout le monde en France a largement de quoi consommer et vivre dans sa petite bulle.

Et que va-t-il se passer aux prochaines présidentielles, vu comme on est parti ? Eh bien un populiste va dire : la France s’est raté sur les masques, sur les tests, sur la vaccination, sur la recherche de vaccins, sur le séquençage des variants, alors confiez-moi les clefs du pouvoir, je m’occupe de tout. Et comme les Français sont finalement très contents de vivre dans un pays riche avec des bombes atomiques, ils diront : stoppons le déclassement, oui à l’autorité centralisée, militarisée, du moment qu’on peut vivre comme avant !

On sait que le général Pierre de Villiers attend son heure, se présentant comme le recours. Et le dernier sondage donne déjà Emmanuel Macron battant une Marine Le Pen obtenant 48% des voix au second tour des présidentielles…

Dans l’état actuel des choses, on va tout droit au nationalisme, au militarisme, à la guerre !

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Culture

Il y a cent ans apparaissait le mot « robot »

Le terme de robot est tiré d’une pièce de théâtre tchèque, dont la première a eu lieu le 21 janvier 1921.

Nous sommes dans les années 1920 en Tchécoslovaquie. Ce petit pays composé de Tchèques, de Slovaques et d’Ukrainiens est déjà perdu en Europe centrale. C’est en effet une république, dans une Europe centrale où il n’y a que des régimes autoritaires. La partie tchèque est puissamment développée, le capitalisme y est bien ancré. Le Parti Communiste aussi d’ailleurs et proportionnellement à sa population, il sera toujours le Parti Communiste le plus nombreux du monde. La question, c’est donc l’avenir du monde : capitalisme ou socialisme?

L’entrepreneur Tomáš Baťa avait son idée là-dessus : dans son building, sa pièce de travail de 6m2 était un ascenseur lui permettant d’accéder aux différents étages pour superviser. De son côté le président de la République Tomáš Garrigue Masaryk avait développé toute une philosophie libérale-démocrate-existentialiste. C’est dans ce contexte qu’a lieu à Prague le 21 janvier 1921 la première de la pièce de théâtre R.U.R. (Rossum’s Universal Robots), écrite par Karel Čapek.

Ce dernier avait la même approche : le capitalisme permet la démocratie mais en même temps il y a le fascisme qui est une menace semblant en venir, pourtant le communisme n’est pas acceptable. C’était intenable et la Tchécoslovaquie sombrera dans le drame de la seconde guerre mondiale.

La pièce R.U.R. n’est guère fameuse en tant que tel, son scénario « anti-totalitaire » c’est-à-dire très violemment anti-communiste étant aussi caricatural que celui d’Orwell avec 1984. Une entreprise fabrique des robots, qui sont des humains artificiels. Car, naturellement, ces esclaves se révoltent, forment un bloc unifié et anéantissent l’humanité pour la remplacer. On est dans la peur du travail et du collectif, avec une appréhension de la machine remplaçant l’être humain. On connaît bien en France cette conception pétainiste-zadiste, dont le romantique français Georges Bernanos se fit l’écho dans La France contre les robots en 1947.

Là où les choses sont plus intéressantes, c’est que les robots ne sont pas des machines au sens mécanique, mais des copies d’êtres humains, comme les réplicants du film Blade Runner, au scénario s’appuyant sur R.U.R. Et l’inventeur de ces répliques d’êtres humains est monsieur Rossum – Rozum signifiant intellect en tchèque. Et, à la fin de R.U.R. certains robots découvrent l’amour et le dernier être humain leur confie le monde. C’est que l’œuvre est anti-science, mais considère que c’est en fait le capitalisme qui pervertit la science, même si en même temps le collectivisme est inacceptable pour qui veut maintenir l’esprit libéral.

On aura compris, l’œuvre reflète toute une époque… Qui est d’ailleurs encore la nôtre.

Le terme « robot » inventé pour la pièce a eu le succès qu’on connaît. Le mot a été inventé par le frère de l’auteur, l’artiste moderniste Josef Čapek, par ailleurs mort en camp de concentration pour son refus de l’occupation du pays par l’Allemagne nazie. Le mot « robot » se fonde sur le mot vieux slave rab, esclave, ainsi que sur le tchèque robota, travail forcé, avec une racine commune à la langue slave (rabotat signifie travailler en russe, robotnik signifie ouvrier en polonais et en slovaque, etc.).

Son succès mondial a été immédiat. Et la problématique aura une immense résonance dans l’Est de l’Europe. Il suffit de penser à la chanson The Robots de Kraftwerk où les musiciens ont leurs répliques robotiques, ou les réplicants du roman Solaris du polonais Stanislas Lem (et immortalisé par le film de Andreï Tarkovski). Le titre de l’album de Kraftwerk de 1978 est The Man-machine (pour la version en anglais et Die Mensch-maschine pour la version allemande) et rappelons qu’il existe une œuvre française ayant ce titre : L’Homme-machine écrit par le matérialiste français Julien Offray de La Mettrie en 1747.

C’est qu’on ne peut pas avoir peur des robots quand on est de gauche, car on sait qu’on est des robots – des robots naturels, mais des robots quand même. La prétention au libre-arbitre n’est qu’une fantasmagorie religieuse ou capitaliste post-moderne.

https://www.youtube.com/watch?v=5DBc5NpyEoo

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Politique

La Gauche doit barrer la route à Montebourg, le Donald Trump français

Arnaud Montebourg se lance pour la campagne présidentielle de 2022, sur une ligne souverainiste – militariste farouchement anti-chinoise.

Arnaud Montebourg ne cesse d’occuper les médias début janvier 2021 : il est littéralement placé sur orbite par les médias et, derrière, par des forces capitalistes possédant ces médias. La raison en est qu’Arnaud Montebourg pose une ligne « ni droite ni gauche » à la fois populiste et rassurante pour les capitalistes. Sa ligne équivaut à celle de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon, qui veulent tous les deux un État fort et une puissance militaire affirmée, mais pas en cherchant à passer outre le régime, pas en cherchant à construire une contre-opinion remplaçant celle qui est dominante.

Arnaud Montebourg est pour une unification « souverainiste » des forces en place afin d’ouvrir une perspective protectionniste – militariste. Il a expliqué au très droitier Le Point, le 9 janvier 2021, qu’il a assumé de se tourner vers la Droite :

« Qu’est-ce qui vous sépare, aujourd’hui, de la politique prônée par Jean-Luc Mélenchon ?

Qu’est-ce qui vous fait dire que je serais mélenchoniste ? La droite post-gaulliste favorable à la participation, qui défend notre pays et n’est pas favorable à la mondialisation, me paraît tout aussi proche de moi que de nombreuses personnalités de gauche. Ce dont le pays a besoin, c’est d’un compromis historique autour de la refondation de la démocratie et de l’État, mais aussi de la réforme du capitalisme. »

La sénatrice Laurence Rossignol qui le soutient totalement souligne, dans le Journal du Dimanche du 17 janvier 2021, ce refus du clivage Gauche / Droite :

« Le sujet d’Arnaud, ce n’est pas la gauche, c’est la France. Il n’enferme pas sa pensée dans les référentiels de la gauche classique. »

De fait, Arnaud Montebourg s’est vu faire des éloges par Guillaume Peltier, le numéro 2 de Les Républicains, ainsi que par la figure ultra-conservatrice Xavier Bertrand. Dans l’interview au Parisien, Arnaud Montebourg explique d’ailleurs avoir comme modèle Donald Trump, qui comme on le sait a fait passer la Droite américaine dans le populisme.

« La politique commerciale de Donald Trump vous convient-elle ?

Je n’ai aucune sympathie pour lui, mais sa politique économique a fonctionné avant le Covid. Les bas salaires se sont envolés et il a retrouvé le plein-emploi. Sa politique antichinoise est celle que nous devrions avoir. » 

Qui doute que cela fait de lui une figure du militarisme anti-chinois peut consulter une interview d’Arnaud Montebourg au Parisien, en novembre 2020. Il y explique ouvertement qu’il faut attribuer la pandémie à la Chine et la faire payer. C’est là très exactement l’argument justifiant la guerre.

« De nombreux économistes, fonds d’investissement et même, je vous le confie, les services du Trésor travaillent discrètement aujourd’hui sur un scénario d’annulation de la dette par la Banque centrale européenne. Les seuls créanciers possibles qui devraient être spoliés, de mon point de vue, devraient être les Chinois car ils sont responsables de l’expansion de cette pandémie destructrice. Leur responsabilité devra être engagée. »

Les propos d’Arnaud Montebourg impliquent la guerre. Qui veut s’opposer à la guerre doit s’opposer à Arnaud Montebourg. Qui est à Gauche doit combattre Arnaud Montebourg, qui propose une sortie par la Droite de l’impasse François Hollande ! Seule la Gauche historique porte les vraies valeurs dont on a besoin à notre époque : l’appropriation et le contrôle populaire des monopoles, le démantèlement du militarisme, l’écrasement du cannibalisme social, l’affirmation de la culture et des principes de civilisation.

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Société

Le premier ministre Jean Castex n’a pas le courage d’affronter une France dépressive

Lors de sa prise de parole, le premier ministre Jean Castex a présenté la situation sanitaire, mais il n’ose pas assumer la gravité de la situation face à une France dépressive.

Face à une pandémie, on court toujours derrière des évolutions qualitatives, comme le variant « britannique » en est un exemple. Alors dire qu’on va résoudre les soucis en faisant passer le couvre-feu de 20h à 18h, c’est absurde, car c’est poser une petite réponse quantitative sans rapport avec la question de fond.

La seule réponse, c’est un shut down complet, un confinement absolu à court terme et hyper verrouillé, mais aucune société libérale ne peut le faire. Alors le premier ministre Jean Castex s’est dégonflé. Les Français ne veulent pas l’entendre, alors on ne le dit pas. Et quand il faudra affronter les faits… eh bien on espère que tout ira bien, d’une manière ou d’une autre.

On en a un excellent exemple avec le fait que le portail Sante.fr destiné à la prise de rendez-vous pour se faire vacciner quand on a plus de 75 ans a planté le jour de son ouverture, repoussant de 24 heures son ouverture. En toute bonne logique, un tel échec est condamnable. Pas dans une société libérale où chaque jour est un nouveau jour et la mémoire est celle de la consommation des gens et des faits.

C’est une faillite de l’État, qui n’est pas capable de mettre en place une chose élémentaire. Mais l’État, la société, la civilisation… ne sont que des fictions relatives pour des gens totalement emprisonnés dans le capitalisme et rêvant du monde d’avant.

Que dire alors du fait qu’il y en a encore pour des mois et des mois ?

Il est vrai que l’État affirme encore et toujours qu’il maîtrise la situation. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé qu’il y aurait désormais jusqu’à un million de tests par mois dans les établissements scolaires, alors qu’en plus les vaccinations à l’échelle du pays sont censés être terminés à la fin du printemps. Cela neutralise les esprits… mais si c’est l’échec ? La société française, dépressive déjà, va sombrer moralement.

En fait, elle a déjà sombré moralement. Comme quoi plus que jamais on a besoin de boussole, d’orientation, de valeurs bien déterminées, bien délimitées. C’est le socialisme face à la barbarie.

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Culture Culture & esthétique

Playlist Grunge

Le grunge a été un mouvement très profond dans la révolte existentielle, avec une indifférence à la fois placide et tourmentée aux exigences du capitalisme.

L’ambiance dépressive due à la pandémie doit amener une revalorisation du grunge, ce style de musique apparue dans les années 1990. Car si on parle de vie en société, de culture, on peut voir que le grunge a prôné une sortie de tout cela, un refus complet de participer. On est à rebours de la culture punk et punk hardcore, où il y a un désengagement du monde mais pour une révolte. Dans le grunge, on est dans un tourment existentiel consistant tout simplement au refus d’en être.

C’est somme toute très actuel voire une anticipation d’une société qui a fait le tour d’elle-même.

Si on devait ou pouvait résumer le grunge, ce serait simplement : ben non, on ne fait pas. On se pose dans un coin et puis non. On refuse de « grandir », d’être conforme à une société qui contamine tout avec sa consommation, qui est donc victorieuse, mais nous au moins on est de côté.

Le grunge n’a toutefois rien à voir avec les zadistes. Ces derniers ne se mettent pas de côté, ils prétendent vivre à part, en autarcie. Le grunge accompagne le monde, il l’accompagne par son style indifférent, des sons abrasifs, une affirmation d’une déchirure.

Le grunge est avant tout quelqu’un qui ne peut pas s’empêcher d’être lui-même et qui affronte avec indifférence le monde, jusqu’à l’autodestruction éventuellement, mais sans artifices comme les punks, les zadistes, etc.

Le grunge est un pessimisme résigné, tourné vers lui-même, mais pas anti-social, non-social, avec un refus de la logique dominante. C’est du décalé assumé, pas esthétisant, c’est un moyen de se préserver, une tentative d’échapper à la pression par une surface à la fois lisse et balafrée.

Il y a beaucoup à apprendre du grunge, une révolte authentique, limitée car sans perspective et niant les masses au profit d’un repli individuel, mais qui est le dernier mouvement de rébellion échappant à l’omniprésence de l’ego tout puissant du capitalisme avancé.

Voici la playlist en lecture automatique :

  1. Nirvana – Negative creep (1989)
  2. Mudhoney – Touch Me I’m Sick (1996)
  3. 7 Year Bitch – 24,900 Miles Per Hour (1996)
  4. Alice In Chains – Down in a Hole (1992)
  5. Hole – Violet (1994)
  6. Soundgarden – Fell On Black Days (1994)
  7. Nirvana – Peel Session (1991)
  8. Pearl Jam – Even Flow (1991)
  9. Babes In Toyland – Bruise Violet (1992)
  10. Alice In Chains – Would? (1992)
  11. The Melvins – Honey Bucket (1993)
  12. L7 – Pretend we’re dead (1992)
  13. Screaming Trees – Shadow of the Season (1993)
  14. Mad Season – River Of Deceit (1995)
  15. Babes In Toyland – He’s My Thing (1990)
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Société

Le nécessaire troisième confinement et l’impossible société française

Le troisième confinement est nécessaire, mais l’État tergiverse, car la société française, pourrie de libéralisme, en a assez des exigences collectives.

La société française sait qu’il faudrait un troisième confinement ; de nombreux médecins de haut niveau s’inquiètent et prônent également cette mesure. Ce qui travaille les esprits, c’est bien sûr ce qui est appelé de manière pittoresque le « variant britannique », plus contagieux, qui a été au moins présent déjà à Bagneux, Rennes et Marseille. En raison de ce variant, il y a une situation sanitaire désastreuse en Irlande, avec une croissance exponentielle des gens malades.

Le problème, c’est que la société française n’en peut plus ou, du moins, elle pense être à bout. Elle est en fait tellement travaillée au corps par le libéralisme que tous ses efforts allant dans un sens collectif lui semblent insupportables. Pour les libéraux, c’est un chemin au collectivisme ; pour les gens c’est un obstacle à leurs libertés et une remise en cause de leur mode de vie.

Le dilemme de l’État est ainsi très simple : d’un côté il faut rassurer les gens comme quoi rien ne change, comme quoi rien ne peut changer, et de l’autre il faut en même temps colmater les brèches alors que le navire capitaliste prend l’eau de partout avec la pandémie.

Pour renforcer la gravité de la situation, il y a une haute bourgeoisie qui voit tout cela d’un très mauvais œil, car la France « c’est un sacré bordel » et cela implique un déclassement dans la hiérarchie des puissances. Une telle chose, à l’ombre d’une bataille pour le repartage du monde, est bien sûr inacceptable pour la haute bourgeoisie.

Et pour rendre le tout explosif, il y a les vaccins, qui ont été vendus comme le remède miracle. Non seulement il y en a plusieurs et on s’y perd, mais en plus les campagnes de vaccinations ne sont pas à la hauteur des attentes. On a fait croire aux gens que la sortie du tunnel allait apparaître en mars, que tout allait redevenir comme avant pour l’été… alors que l’année 2021 va être en réalité tourmentée, complexe, nullement un « retour à la normale ».

Pour comprendre cette machine à illusions, il suffit de voir la couverture du Nouvel Obs, l’organe des bobos s’imaginant à Gauche, lors du passage à la nouvelle année. La couverture n’a pas deux semaines et elle apparaît déjà comme totalement dépassée, entièrement déconnectée du réel.

C’est que les choses vont à la fois très vite et très lentement. Et pour le comprendre, il faut voir les choses en grand, à l’échelle du pays, en pleine connaissance des mentalités, de la culture, des évolutions économiques, politiques, idéologiques. C’est cela qui permet de garder le fil et de lire les développements en cours.

Car il faut se rappeler tout de même de quelque chose. Ces trois dernières années, on nous a vendu comme très radicaux, voire révolutionnaires, à la fois les cheminots en grève, les gilets jaunes et l’opposition à la réforme des retraites. Le pays allait se soulever, nous disait-on ; il faut relire les médias d’ultra-gauche et les communiqués syndicaux d’alors : quel triomphalisme y trouvait-on !

En pratique, tout cela était du vent, une simple expression de décomposition d’un capitalisme se ratatinant sur lui-même, avec des secteurs corporatistes défendant leurs acquis en n’en ayant rien à faire de rien, quand ils ne passaient pas dans le nihilisme de type fasciste comme les gilets jaunes.

La preuve, c’est qu’il ne reste rien de tout cela, rien de rien, à part quelques miettes d’agités isolés socialement ici et là. Il n’y a pas eu d’engouement populaire, de mise en branle de choses nouvelles, de production culturelle. C’était une vanité complète, typiquement petite-bourgeoise dans ses prétentions hallucinées.

Les deux confinements ont été vécus de manière d’autant plus dépressives dans un tel panorama prétexte aux bouffées d’angoisse, à l’anxiété qui ronge, au désespoir. On se prend le capitalisme en plein face, comme jamais peut-être. Et c’est corrosif. Il va falloir que les gens s’en sortent, s’en arrachent, s’en extraient. La décennie 2020 va être un traumatisme historique. Et c’est de là qu’il va falloir partir pour porter l’utopie.

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Société

Le film Elle pleure en hiver

La vidéo version longue de la chanson d’Ichon Elle pleure en hiver est un film synthétisant tout un esprit français concernant le couple.

C’est une chanson d’Ichon qui date de décembre, mais la version longue de la vidéo consiste en un petit film de sept minutes. Et cela ne peut qu’interpeller tellement c’est une sorte de synthèse de tout un esprit français, depuis la psychologie des personnages jusqu’à la typographie employée dans la vidéo… avec naturellement comme thème la relation d’un couple.

C’est là une obsession française, avec ses psychodrames, la question de la reconnaissance des deux partenaires (qui se veulent indépendants mais tout de même ensemble), l’attente d’un premier mouvement de la part de l’autre, etc. C’est si vrai que cette vidéo apparaîtra brutal à beaucoup.

On dira avec raison que tout cela, c’est tout de même très bourgeois, très parisien, comme le montre le décor (qui fait immanquablement penser à Jean-Luc Godard). C’est tout à fait vrai, mais il faut bien voir que le couple en France, au début du 21e siècle, est largement défini par le couple bourgeois parisien. C’est indéniablement un problème, mais une telle chose ne s’abolit pas, elle se dépasse. Et pour l’instant, la société française n’a pas dépassé ce modèle.

On considère en France qu’un couple réussi, c’est celui où ses deux composantes s’engueule de manière régulière, que c’est la réalité du couple d’avoir une situation déséquilibrée, avec des reproches à l’autre qui sont déplacés mais qui permettent d’échapper à la pression sociale, avec cette idée temporaire du couple même après des années ensemble, etc. Bref, le couple français, s’il n’y a pas de malaise, c’est qu’il n’y a plus rien !

Tout cela est peut-être discutable, mais cette vidéo de la chanson d’Ichon témoigne de la réflexion en découlant forcément, sur cet aspect fondamental de la réalité française. En ce sens, on doit bien parler de film et ce film parle plus de la réalité qu’une quantité industrielle d’autres films et séries. Peut-être que l’époque commence enfin à être mûr pour passer à autre chose !

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Politique

Hidalgo, Montebourg et Taubira se placent pour la présidentielle de 2022

C’est de manière indirecte mais tout à fait claire que Christiane Taubira, Anne Hidalgo et Arnaud Montebourg affichent leurs ambitions pour 2022.

Les gens à Gauche veulent un seul candidat lors de la présidentielle de 2022, car ils savent que sinon il n’y a aucune chance d’arriver au second tour. La peur n’est pas tant de voir Emmanuel Macron réélu que celle de voir un succès de l’extrême-Droite ou d’une Droite radicalisée.

La situation va par contre dans le sens inverse. La France Insoumise a déjà annoncé son candidat (Jean-Luc Mélenchon), le PCF compte le faire mais c’est déjà officiellement prévu, et on a désormais trois têtes d’affiche qui mettent en place leurs pions. Sachant que ce serait mal vu de le faire ouvertement, ils agissent de manière voilée, ce qui témoigne de leur incroyable hypocrisie.

On doit ici forcément mentionner Christiane Taubira en premier. Cette ex-indépendantiste guyanaise devenue une centriste, responsable par sa candidature en 2002 de l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour, une opportuniste tellement complète qu’il est impossible de savoir par quel bout la prendre. Cela en fait une figure très utile par des institutions n’ayant cessé de la présenter comme une figure humaniste, ce qui était d’autant plus facile que Christiane Taubira ne dit jamais rien de concret. Pour annoncer sa candidature, elle est passée par une pétition en ligne, qui aurait été mise en place de manière indépendante d’elle : Appel citoyen à la candidature de Christiane Taubira pour l’élection présidentielle de 2022.

De manière également hypocrite, on a Anne Hidalgo, qui a bien souligné aux dernières élections municipales qu’elle ne serait pas candidate à la présidentielle, se mettant entièrement au service de Paris. C’était mensonger bien entendu. Elle n’a cessé d’envoyer des signaux lors de la rentrée politique de 2020 et lance une plate-forme, « Idées en commun ». Il ne faut guère s’attendre à grand chose, puisque Anne Hidalgo joue sur deux aspects : qu’elle est une femme, qu’elle a l’habitude des hautes responsabilités. En tant que maire de Paris, avec ses amabilités pour les Qataris, elle a de quoi se faire valoir en effet et le Parti socialiste, notamment par son dirigeant Olivier Faure, la soutient, au grand dam de François Hollande qui aimerait bien revenir.

Arnaud Montebourg sait d’ailleurs qu’Anne Hidalgo a placé ses hommes un peu partout dans le Parti socialiste et pour cette raison, il est dans l’optique de fonder un nouveau mouvement politique. Bien entendu il ne peut pas le faire directement, ce serait mal vu, alors des proches ont fondé « L’Engagement », mouvement reprenant le nom de l’ouvrage publié en 2020 par Arnaud Montebourg ! Aux manettes, on a Vincent Przyluski, chef d’une entreprise spécialisée en hautes technologies et conseiller d’Arnaud Montebourg lorsqu’il était ministre de l’Économie. La ligne est bien entendu un nationalisme de gauche, affirmant l’importance des entreprises nationales, etc.

Il va de soi que personne à Gauche ne peut soutenir de telles initiatives individuelles combinées à des idéologies qui relèvent d’une sorte de capitalisme libéral social au mieux, d’un capitalisme national social de l’autre. Il faut même s’y opposer fermement et l’axe est facilement trouvé. Christiane Taubira et Anne Hidalgo, c’est le retour de François Hollande sous une autre forme. Arnaud Montebourg, c’est du Jean-Luc Mélenchon délavé. Cela représente d’ailleurs les deux principales déviations du moment : la soumission au libéralisme libertaire d’un côté, le passage au nationalisme de l’autre.

Il va de soi qu’il est difficile de contribuer à quelque chose évitant ces deux déviations, car elles ont de puissants soutiens. En même temps, Christiane Taubira et Anne Hidalgo ne peuvent pas plus tenir face à Emmanuel Macron que François Hollande. Quant à Arnaud Montebourg, il ne fait pas le poids face à Jean-Luc Mélenchon. Il est donc possible de les dénoncer, même si évidemment cet important nombre d’opportunistes parasitent terriblement le paysage.

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Société

2021: à chacun de faire un pas vers les animaux

Dans un monde toujours plus insensible, se tourner vers d’autres êtres sensibles, en détresse, est moralement nécessaire et un appui à sa propre sensibilité.

Si des esprits petits-bourgeois prétendant que la condition animale s’améliore en France, si certains sont satisfaits de coller deux affiches et de ramasser des bouteilles abandonnées dans un parc, les gens sérieux savent que la situation de la Nature est toujours plus catastrophique en France. C’est tout à fait logique puisque la logique du marché implique que tout soit dénaturé, que tout soit marchandise.

Il ne faut pas ainsi dire que les animaux ne sont pas des marchandises. Il faut au contraire le dire et en même temps expliquer que c’est une mauvaise chose. L’expliquer est une chose cependant très difficile de par le poids de la société de consommation capitaliste, où l’on a toujours le moyen de consommer et de se détourner de la sensibilité, de la compassion, de l’empathie.

L’explication passe donc par l’expérience concrète. Avoir un être vivant en face de soi n’est pas une abstraction et si beaucoup se détourne, préférant le faux confort de la consommation capitaliste, d’autres assument de ne pas nier cela. Ils prennent les gens comme ils sont, ils prennent les animaux comme ils sont, ils prennent les végétaux comme ils sont. Ils ne prétendent pas vouloir devenir insensibles et se réfugier dans la consommation, ils ne cherchent pas à trouver « mieux » sur le marché.

L’abandon des animaux, par exemple, ne doit pas masquer le fait qu’une partie de cette tendance consiste à se procurer « mieux », avec un autre animal, ou bien d’en « utiliser » un nouveau pour la prochaine saison. Et, cela, les gens le font pour leurs habits comme parfois pour leur partenaire dans la vie. Les gens ne savent plus rester entiers – et ceux qui le restent passent pour des bizarres, surtout que souvent ils ne savent pas comment agir adéquatement dans une telle société.

On aura compris que la société de consommation capitaliste implique l’indifférence, une perte de sensibilité, une esquive systématique à tout ce qui est entier.

Il appartient donc à chacun, en 2021, de faire un pas en direction des animaux en détresse. Le moindre effort compte pour ceux-ci, et le moindre effort non pas affaiblit sa propre part d’humanité, d’animalité, d’être vivant. C’est d’autant plus important comme tendance à une époque où, avec la pandémie, le social-darwinisme triomphe, prônant le nationalisme, l’individualisme, la sortie de crise par la guerre, aux dépens des autres. C’est la guerre de chacun contre chacun et la guerre entre les pays.

Les possibilités d’aider sont innombrables. Il y a partout dans le pays des refuges dans le besoin. Il y a partout des coups de main à apporter. Rien que servir d’interface pour récupérer du matériel est par exemple très utile ; plus on implique d’autres gens, mieux c’est. Et il ne faut pas hésiter à mettre la main à la pâte, à se salir. C’est difficile de voir la détresse, ou même de faire face à la mort, les conditions de travail sont dures, mais il faut ce qu’il faut. La reconquête de sa sensibilité a aussi ce prix.

Et cela ne veut nullement dire qu’il faille se mettre en avant parce qu’on a fait une bonne action. Il faut au contraire rester anonyme, servir les animaux en général, ne jamais réduire les choses au prisme individuel. Les gens qui mettent leur photo en expliquant qu’ils ont aidé à un refuge devraient retourner sur Instagram et laisser la Cause tranquille, ils n’ont rien compris à la vie.

Quand on veut aider les animaux, on les aide pour ce qu’ils sont et il ne s’agit pas d’apporter des mauvaises manières venant de la société de consommation capitaliste. Il appartient à chacun, en 2021, de faire un pas en ce sens.

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Guerre

Le fonds européen de Défense (FED) 2021-2027

Le fonds européen de Défense (FED) vise à renforcer la cohésion militaire européenne, avec comme cible la Russie.

Il n’existe pas d’alliance européenne dans le domaine militaire, en raison des intérêts trop divers des différents pays. Cela fait qu’il y a 178 systèmes d’armes différents, 17 types de char différents, etc.

Mais il y a des rapprochements très nets, avec un bloc Allemagne – Espagne – France, par exemple, ce qui implique à l’arrière-plan les Pays-Bas et l’Autriche, voire la Suède.

L’Autriche est un satellite allemand devant se concentrer sur l’espionnage, il y a déjà un corps d’armée germano-hollandais, le consortium germano-néerlandais ARTEC, deux brigades néerlandaises sous commandement allemand, un bataillon de marine allemand sous commandement néerlandais, un projet de frégate de défense aérienne germano-néerlandais, alors qu’il y a déjà une brigade franco-allemande, un escadron de C-130J Hercules franco-allemand, le Système de combat aérien du futur franco-allemand, le char de combat Main Ground Combat System et la patrouille maritime Airborne Warfare Systems franco-allemand, etc.

Tout cela est cependant dépendant d’initiatives bilatérales, ou trilatérales. Mais désormais, en 2021, il y a pour la première fois un fonds européen de Défense (FED), dont le budget est prévu pour jusqu’à 2027.

Ce budget n’est guère élevé ; il est de huit milliards d’euros. Néanmoins, il a une fonction technique et idéologique. Les fonds visent en effet un tiers à la recherche, le reste à des projets concrets, avec comme but de rendre cohérent les activités industrielles militaires européennes d’une part, à renforcer l’interopérabilité des systèmes de défense d’autre part. Ce n’est donc pas rien, puisque cela vise à uniformiser les efforts militaires.

Il y a ainsi déjà le projet de « European Patrol Corvette », une corvette pour la Méditerranée, lancé par la France et l’Italie, rejoints par l’Espagne et la Grèce, qui est concerné par la FED. Il faut pourtant voir un arrière-plan plus marqué par l’hostilité, car il est également absolument clair que l’ennemi désigné par le FED est la Russie.

En effet, les critères pour disposer d’un soutien de la FED sont bien délimités. Il faut au moins trois États membres, mais également l’accord des 27 membres de l’Union européenne… et que cela se passe en particulier dans la coopération avec les pays membres de l’OTAN. On change ici de niveau et on est déjà dans une optique de coordination dans le sens de l’affrontement.

On saisit facilement l’idée : autant les pays européens ne sont guère motivés pour se confronter à la Chine, autant l’idée de faire tomber la Russie, dont ils sont proches géographiquement, est bien plus tentant. C’est d’ailleurs la ligne de Joe Biden que de faire tomber d’abord la Russie, ensuite la Chine.

On comprend que les commentateurs bourgeois des questions militaires parlent de la décennie de tous les dangers. La guerre pour le repartage du monde est une réalité à venir tout à fait claire.

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Politique

50 ans après les Black Panthers, les trumpistes prennent le Capitole

En occupant le Capitole, les partisans de Donald Trump révèle la cassure entre l’État américain, corrompu et en faillite, et un peuple qui croit encore pourtant au complexe militaro-industriel.

Le Capitole des États-Unis est le siège du Congrès américain, à Washington ; il se situe à environ deux kilomètres de la Maison-Blanche, alors que deux kilomètres plus loin on trouve le Pentagone.

C’est un lieu essentiel de la gestion interne de la superpuissance américaine. Il est composé de 39 bâtiments, il a son propre métro (avec trois lignes et six stations) ainsi que sa propre police et pour cause : en raison de l’important nombre de secrétaires par élus, on a 30 000 personnes au cœur des magouilles et des arrangements au service du capitalisme américain, avec même cent salles secrètes répertoriées sur aucun plan.

Le Capitole des États-Unis

En l’occupant le 6 janvier 2021 pour empêcher la reconnaissance officielle de Joe Biden comme prochain président, les partisans de Donald Trump ont joué sur une contradiction du Congrès. C’est à la fois un organisme de l’État central et en même temps un représentant de la nature fédérale du régime américain.

En pratique, c’est un lieu de corruption et de décisions reposant sur une représentation des intérêts capitalistes américains, dans le cadre d’un régime très violemment opposé à la Gauche depuis le début du 20e siècle. Impossible pour les partisans de Donald Trump de le reconnaître, aussi ont-ils mené leur occupation en force, qui a duré plusieurs heures, au nom de l’appropriation de ce qui serait à eux. Les plébéiens prennent au sérieux les prétentions du régime capitaliste.

C’est l’incohérence de la révolte américaine : elle est populaire, mais de Droite, elle voit en l’affirmation plébéienne un moyen de secouer le joug d’un État corrompu, affairiste, en faillite, avec des démocrates et des républicains magouilleurs depuis cent ans, etc. Il est significatif que la femme tuée par la police du Capitole ait servi 14 ans dans l’armée américaine, tout autant que les gens présents mêlaient prolétaires déclassés et nazis folkloriques, dans un amalgame pittoresque. Ce sont l’équivalent de nos gilets jaunes, même si en France les révoltés se veulent beaucoup plus anti-politiques, conformément à la tradition anarchiste et syndicaliste révolutionnaire française.

Il est très étonnant en tout cas qu’aucun commentateur n’ait parlé du fait qu’en 1967, les Black Panthers avaient mené une opération contre le Capitole. Cela fit grand bruit et les cadres de la Droite plébéienne autour de Donald Trump ne peuvent pas ne pas connaître cet épisode. Symboliquement, leur occupation est le pendant de celle de 1967.

Tout part d’une loi californienne de 1967 visant à interdire de se promener avec des armes chargées, une action visant à empêcher les Black Panthers de mener des patrouilles à Oakland. Une trentaine de Black Panthers allèrent alors de manière armée au Capitole, la moitié d’entre eux parvenant à la salle de l’assemblée, où ils furent désarmés et arrêtés. Légalement, ils en avaient toutefois le droit et ils furent donc libérés, leurs armes rendues.

Les Black Panthers au capitole

La police procéda toutefois à un contrôle des armes à leur sortie, alors que Bobby Seale lut une déclaration disant notamment que :

« Le parti Black Panther pour l’auto-défense appelle le peuple américain en général et le peuple noir en particulier à prendre note avec attention de la législature raciste de Californie qui envisage une législation visant à rendre les gens noirs désarmés et sans pouvoir précisément alors que les agences racistes de police à travers le pays intensifient la terreur, la brutalité, le meurtre et la répression des gens noirs. »

On remarquera au passage que ce discours, tout à fait juste à l’époque aux États-Unis, est pratiquement repris aujourd’hui par l’ultra-gauche française, ce qui n’a aucun sens. En tout cas, donc, la loi passa tout de même en Californie et par la suite, tout se termina mal pour les Black Panthers. Ceux-ci témoignaient par cette occupation de leur volonté de rester dans le cadre de la légalité, or cela les amènera à se faire arrêter ou exécuter par le FBI dans le cadre du fameux COINTELPRO.

C’est qu’on ne contourne pas le peuple impunément. Et, dans les faits, avec cette histoire de Capitole, on est dans un substitutisme à l’américaine, dont l’équivalent est l’obsession des gilets jaunes pour la marche sur l’Élysée. On est dans le symbole, la course au symbole. C’est le reflet d’une vaste agitation petite-bourgeoise – comme dans les années 1920-1930. Des années de fascisation et de fascisme.

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Réflexions

AVA ou l’empathie face à la violence du 2 janvier 2021

La violence à laquelle est confrontée AVA est la même que subit toute expression d’empathie.

Les images de l’agression d’activistes d’AVA le 2 janvier 2021 à Compiègne sont terribles. Les gens d’AVA sont confrontés à une violence d’autant plus insoutenables qu’on sait que ce sont les mêmes pulsions de mort qui animent les veneurs contre les animaux. La chasse à courre se présente comme aristocratique, mais c’est bien plus d’une aristocratie de l’époque barbare dont il faut parler, avec un virilisme vulgaire associé à un complexe grotesque de supériorité.

En cela, elle converge d’ailleurs tout à fait avec les comportements des déclassés hantant les bas d’immeubles pour vendre de la drogue. Tout cela est décadent, morbide, anti-culturel, primitif. Étrange paradoxe que cette chasse à la courre relevant des couches les plus hautes de la société convergeant avec le mercantilisme pragmatique de populations précaires et marginalisées.

C’est toutefois l’époque qui veut ça. Ce qui compte, ce n’est pas la culture et c’est encore moins la compassion, l’empathie. Ce qui compte, c’est l’écrasement de l’autre. Se faire de l’argent aux dépens de la dépendance d’autres gens, se transcender en traquant un être vivant dans une forêt… C’est la même logique de cannibalisme social, de darwinisme social, de hiérarchie capitaliste poussée jusqu’au harcèlement complet.

De manière plus positive, demandons-nous si les gens d’AVA sont portés par la compassion ou l’empathie, ou les deux. Car intervenir pour les animaux, c’est de la compassion. Mais au-delà, il y a une reconnaissance avec eux et là on passe dans l’empathie. Ce n’est pas pareil. La compassion est un attendrissement, l’empathie une reconnaissance. Quand on cherche à protéger un être vivant, immédiatement, concrètement, on n’est plus dans la compassion, on l’a tellement poussé qu’on est dans l’empathie.

Que ce soit dans un sanctuaire pour éléphants au Kenya ou dans une forêt de Compiègne, c’est cette même empathie qui amène à s’engager jusqu’à confondre sa vie avec celle d’un être appelant à être protégé. C’est là un sentiment naturel ; c’est précisément un tel sentiment que le capitalisme veut effacer, afin de laisser entièrement la place à la compétition et son cynisme, à la concurrence et son égoïsme, à la consommation et son égocentrisme.

C’est pour cela que la violence à laquelle est confrontée AVA est la même que subit toute expression d’empathie, partout dans le monde. La violence n’est évidemment pas la même, les empathies ont différentes degrés, cependant la substance reste la même. Qu’on pense au mépris reçu par ceux aidant les pigeons dans les villes, par exemple, ou bien à la haine visant des animaux considérés comme « nuisibles ». Ce qui est visé, à chaque fois, c’est une prétendue « faiblesse » – la Droite parle des « zoolâtres ». Il faudrait être dans l’affirmation de l’ego, dans la démesure.

Cela n’a rien à voir avec un « spécisme » aux contours aussi indéfinis que le degré d’intelligence des universitaires produisent de tels concepts. Cela a tout à voir avec le capitalisme, pour qui tout passe par la consommation. On peut acheter un chien et lui fournir un collier en diamants – mais on ne peut pas aider gratuitement un chien dans le besoin. Ce qui passe par le prisme de la consommation est bien, le rester est mal.

On se doute alors, forcément, qu’une jeune génération façonnée par la reconnaissance capitaliste préférera un habit de marque montré sur Instagram à un travail anonyme dans refuge. On trouvera bien à la marge quelques personnes aidant dans un refuge et le montrant sur les réseaux sociaux – le degré zéro de la dignité – mais c’est un sous-produit d’une tendance générale à la reconnaissance sociale passant par le capitalisme.

L’empathie est gratuite et n’a pas besoin de reconnaissance. Quand on aide les animaux on le ne dit pas, on ne le montre pas, car on l’a fait pour les animaux, par empathie. On s’est effacé devant les animaux, devant la Cause, devant l’ensemble de la réalité. C’est le grand mérite d’AVA d’avoir déchiré un voile barrant la route à l’empathie. Et les personnes blessées méritent plus que notre compassion : elles méritent notre empathie.

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Société

Chasse à courre: agression de militants AVA en forêt de Compiègne

Deux activistes d’AVA ont été passés à tabac alors qu’ils filmaient la mise à mort d’un cerf par des veneurs.

tweet AVA Compiègne relatif à l'agression du 2 janvier 2021

Ce samedi 2 janvier 2021 des militants d’AVA Compiègne ont été agressés par des participants à la chasse à courre. Les faits relatés par Stanislas Broniszewski dans Oise Hebdo font froid dans le dos :

« La jeune fille d’AVA qui était en train de filmer a été jetée au sol et frappée. Quant à l’autre AVA, il a reçu des coups de sabot d’un cheval de veneur »

On apprend que les deux blessés ont été emmenés au centre hospitalier de Compiègne par les pompiers et qu’encore une fois les veneurs, ardents défenseurs de la tradition, ont tué l’animal au fusil. Alors que des militants sont allés jusqu’à rejoindre le cerf dans l’eau afin de lui éviter une mort cruelle, les chasseurs ne sont pas contentés d’un acte de cruauté sans nom envers l’animal : ils leur fallait aussi s’en prendre physiquement à des militants AVA.

Bien évidemment, le maître d’équipage, Alain Drach, nie en bloc : aucun coup de la part des chasseurs qui auraient fait preuve d’un sang froid hors norme face aux militants qui auraient provoqué et cherché la bagarre.

Encore une fois, la barbarie de la chasse à courre a parlé : violence, mensonges et cruauté. Aucune compassion, aucun respect pour la vie et la Nature.

L’arriération culturelle portée de la chasse doit être détruite, la violence des chasseurs brisée. Seul un large front démocratique peut porter de telles exigences : à la Gauche de se montrer à la hauteur et d’assumer son rôle historique.