Ils sont enrobés dans le sucre de la consommation.
Les Français ne veulent rien savoir de ce qui risque de déborder l’horizon de leur propre vie quotidienne. Ils apprécient d’autant plus les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continue, parce que cela déverse tellement de choses que, somme toute, on ne retient rien et mieux encore, on peut faire le tri. TF1 vient d’ailleurs de lancer TF1 Info, une application permettant d’accéder gratuitement à un Journal Télévisé « à la carte », les thématiques dépendant des préférences choisies.
Dès qu’il s’agit d’effectuer un effort prolongé sur le plan psychique, dès qu’il s’agit de remettre en cause le train-train de sa vie quotidienne… Il y a refus ou échec, tellement le capitalisme engourdit les mentalités, paralyse les initiatives, imposant un manque de confiance en soi gigantesque et d’autant plus fort que la consommation des réseaux sociaux s’accompagne de la mise en place de la mégalomanie d’egos boursouflés.
En ce sens, le capitalisme a bien gagné, mais il va perdre d’avoir gagner. Il a tout conquis et partant de là sa croissance ne peut se faire qu’aux dépens de lui-même, d’où la révolte de la Chine usine du monde cherchant à assumer le rôle de challenger face à la superpuissance américaine, d’où la colère russe face à la conquête de l’Est de l’Union européenne et de l’OTAN.
Cela, les gens prisonniers du capitalisme ne peuvent pas le voir, car ils vivent le capitalisme au quotidien et ne voient pas ce qu’implique le capitalisme comme tendance de fond, à quoi on doit rajouter d’ailleurs ici le réchauffement climatique, l’écocide au niveau planétaire, la décadence morale, l’effondrement culturel, la condition animale meurtrière. Et évidemment la pandémie, causée par un dérèglement des conditions naturelles par le capitalisme.
Il y a bien eu un aperçu de cela, à un moment il y a eu un frémissement : le réchauffement climatique a été souligné par beaucoup, le confinement a amené une prise de conscience que le capitalisme a un rythme aliénant, certains ont vu que la pandémie a comme cause une urbanisation massive. Cela n’a pas duré toutefois, tout le monde reprenant sa place de manière bien ordonnée dans le chaos consumériste capitaliste.
Là, forcément, on comprend que le conflit en Ukraine apparaisse d’autant plus comme lointain, exotique même, concernant des pays qu’on ne connaît pas et qu’on ne veut pas connaître, avec la considération qui plus est que rien ne peut vraiment changer l’ordre des choses, que rien ne peut atteindre une vie réglée au rythme d’une consommation capitaliste qui, tout comme le lever et le coucher du soleil, reste une certitude sans cesse redécouverte.
Les Français sont des caramels mous. Ils sont enrobés dans le sucre de la consommation.
Si on ne part pas de là, on ne peut pas comprendre les mentalités, leur évolution, marquée notamment par des fuites identitaires lorsque cela tangue trop, comme avec les délires nationalistes ou LGBT, où l’on s’invente une vie pour tenter de bloquer les failles gigantesques qu’on a dans sa vie au quotidien, pour colmater les brèches et tenter de maintenir une certaine stabilité mentale. Sauf que cela ressemble à Gribouille se jetant à l’eau pour ne pas être mouillé par la pluie.
C’est de toutes façons la grande caractéristique de la société de notre époque que les gens déraillent totalement.
Alors il faut d’autant plus affirmer la raison, la conscience, ce que le Socialisme représente historiquement dans un capitalisme dérapant toujours plus. Il faut savoir faire face à une société en décomposition et formuler les éléments qui permettent d’avoir une conscience nette, une vie morale et combative, en affirmant les valeurs positives du collectivisme, du respect de la vie, de la culture, contre le consumérisme aliénant et son corrélat, l’exploitation au travail.
Ce qui est en cours, c’est ni plus ni moins qu’un changement de civilisation.