Catégories
Guerre

L’Ukraine veut forcer sa rentrée dans l’OTAN: quelques cartes

En cherchant à tout prix à ce que l’OTAN intervienne, l’Ukraine rend la situation intenable alors que la Russie veut la briser.

Les forces russes et ukrainiennes ont continué de s’accumuler aux frontières. Il n’y a eu pratiquement pas d’escarmouches le 6 mars, tout comme les 4 et 5 mars : les deux armées se font face, se renforçant, très clairement prêtes au face à face, en attente du moment clef.

Nombre des ruptures de cessez-le-feu pour 2021

Il y a eu toutefois un saut qualitatif, rendant la situation encore plus inextricable. L’Ukraine poussait ces derniers jours à recevoir une aide de l’OTAN, dans une logique interventionniste ; elle cherche depuis 2008 à y adhérer. Dans les faits, elle obtient déjà du matériel, notamment des États-Unis, en particulier ces derniers jours. Et dans la crise actuelle, l’OTAN a évidemment maintes fois souligné son soutien entier. L’Union européenne a naturellement fait de même.

Le 6 avril 2021 marque cependant un tournant, ou plutôt une accélération, un vrai saut qualitatif, car cette tendance à avoir l’OTAN comme référence apparaît désormais comme un quitte ou double. Il y a eu en effet un appel au téléphone du président uktainien Volodymyr Zelensky, le 6 avril, au secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, pour demander une entrée accélérée de l’Ukraine dans l’OTAN.

Or, jamais la Russie ne tolérera l’OTAN à sa frontière directe. La Russie, qui a fait en sorte d’accorder la nationalité russe à 600 000 personnes dans l’Est de l’Ukraine, préférera dans tous les cas provoquer la cassure en deux de l’Ukraine. Qui plus est, le président ukrainien a appelé l’OTAN à être présente en Mer Noire :

« Une telle présence permanente devrait être un puissant moyen de dissuasion pour la Russie, qui poursuit la militarisation à grande échelle de la région et entrave la navigation commerciale. »

La démarche est cohérente. Le président ukrainien sait en effet que la question de la Crimée est essentielle, car un débarquement russe est possible, avec l’invasion généralisée de la partie côtière de l’Ukraine. Difficile de faire contre-poids, et du point de vue du nationalisme romantique, idéaliste, fantasmagorique ukrainien, cela a du sens : il s’agit de faire pression sur la Russie, de la « calmer ».

En pratique, c’est un suicide, cela provoque une situation par définition inacceptable pour la Russie. Même au-delà de l’insupportable expansionnisme russe, il y a le fait objectif de ne pas vouloir être étouffé par l’OTAN, de refuser que la Russie se réduise à un satellite. Un coup d’œil sur les cartes (tirés de Google map) montre ce qu’il en est et pourquoi la situation est explosive de par un conflit qui devient dans les faits celui de l’OTAN contre la Russie expansionniste, avec l’Ukraine comme martyre et cible des conquêtes.

Très concrètement, l’Ukraine fait 1 316 km d’Est en Ouest et 893 km du Nord au Sud, c’est à peu près la superficie de la France. On notera que sur la carte la Crimée n’est pas représentée ; même si elle est en fait russe historiquement, au niveau du droit international elle relève de l’Ukraine.

Sur cette carte de la situation de l’Ukraine en Europe, on voit clairement pourquoi la Russie ne tolérera jamais l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. Les pays baltes sont déjà opposés à la Russie, la Finlande n’est clairement pas pour, toute l’Europe centrale est pro-OTAN, alors si l’Ukraine tombe, la Biélorussie ne tiendra pas longtemps non plus et surtout la Russie aura un énorme bloc contre elle. Et l’OTAN n’hésitera pas à utiliser ces pays voisins comme de la chair à canon pour démolir la Russie.

Seulement voilà, l’Ukraine est aussi la porte de l’Orient. Pour beaucoup de gens en France, l’Ukraine est à l’Est. Mais en fait, elle est également au Sud de l’Est. D’ailleurs, historiquement elle a dû affronter les Polonais à l’Ouest et les Tatars à l’Est. Son passage dans l’aire moscovite (qui était confrontée aux Polonais à l’Ouest et aux Mongols à l’Est) en est une conséquence : c’est une alliance historique de deux peuples venant historiquement de la même matrice culturelle et nationale, la Rus’ de Kiev.

D’ailleurs, si on va dans un magasin d’alimentation russe ou ukrainien, on trouvera beaucoup de produits tout à fait « orientaux » aux yeux de quelqu’un d’Europe de l’Ouest. Voici un aperçu de la situation de l’Ukraine en ce qui concerne sa façade orientale, au dessus des mots « Mer Noire » on a la péninsule qu’est la Crimée et que la Russie a annexée.

Il n’est pas difficile de comprendre que l’Ukraine, une fois entrée dans l’OTAN, deviendrait une véritable base américaine, avec une immense capacité de projection vers l’Orient. Mais ce serait également une véritable fermeture au niveau européen.

L’Ukraine est à l’Est du point de vue français, mais pas si à l’Est que ça du point de vue européen… Pour prendre des exemples, la capitale de l’Autriche, Vienne, est plus à l’Est que la capitale tchèque, Prague, et elle est plus proche de la ville ukrainienne de Lviv (d’ailleurs soumise à l’Autriche jusqu’en 1918) que de l’extrême occidental de l’Autriche. Berlin est largement plus près de Kiev que de Madrid, Stockholm est plus proche de Kiev que de Paris, Naples est à la même distance de Kiev et de Londres, etc.

Il ne faut pas se résumer à tout cela. La guerre se fonde avant tout sur des impératifs économiques. L’oligarchie qui veut étendre la Russie ne le fait pas par calcul ou appât du gain : c’est une nécessité historique de par sa nature. Quant aux pays capitalistes, n’en parlons même pas.

Il s’agit seulement de saisir le cadre, ce qui est d’autant moins simple que c’est très loin géographiquement ou culturellement du point de vue français. Cela ne doit cependant en rien relativiser la situation. Il faut toujours être prêt à faire face à la guerre, à la refuser ! Et à éprouver l’empathie pour les peuples martyrs, à exprimer sa solidarité. L’Ukraine ne doit pas devenir un champ de ruines à cause de l’OTAN et de l’expansionnisme russe !

Catégories
Culture Culture & esthétique

Playlist россия♥україна♥россия♥україна

Une playlist pour introduire à la culture… qui va avec la paix et l’amitié entre les peuples.

Voici une playlist qui pour beaucoup de gens en France apparaîtra pittoresque, mais en même temps, incroyablement inspirante. Chaque chanson est d’une incroyable charge. Et pour faire les choses bien, loin des valeurs des va-t-en guerre, la playlist, avec uniquement des œuvres récentes, s’appuie uniquement sur des femmes, qui témoignent de leur haut niveau artistique, de leur haut niveau de culture, de synthèse.

C’est autre chose que la guerre. Et pour faire les choses encore mieux, il ne sera pas précisé qui est russe, qui est ukrainienne.

La dernière chanson est une exception relative puisqu’un éloge des sœurs, magnifique, avec un ton qui correspond bien à la tristesse des menaces de guerre entre deux d’entre elles.

Voici la playlist en lecture automatique sur YouTube, suivis de la tracklist :

  1. DakhaBrakha – Monakh (2017)
  2. Сабрина – Сестра (2019)
  3. Katya Yonder – Вновь и вновь (2020)
  4. ONUKA – UA (2014)
  5. Alina Pash – Bosorkanya (2019)
  6. Maria Teriaeva – SØS (2020)
  7. Jekka – Midnight Hour (2015)
  8. Fanny Kaplan – Smeh (2016)
  9. Нaaдя — Осколки (2020)
  10. КОЛО – Серце в Житах (2017)
  11. Navka – Цвіте терен (2020)
  12. Іванка Червінська – Покоси (2020)
  13. Magnetic Poetry – Not Alone (2017)
  14. Mustelide – Salut (2016)
  15. Три Сестры (Les trois soeurs) (juste après 1991)

Catégories
Guerre

L’incroyable silence sur le conflit Russie-Ukraine

Alors que les troupes s’accumulent, le silence est complet dans les médias et de la part des politiques, y compris à Gauche.

La situation est désormais telle qu’il n’y a plus aucun doute sur de prétendues « manœuvres ». Les troupes et le matériel convergent de part et d’autre à la frontière entre la Russie et l’Ukraine. Le front a d’ailleurs été très calme le dimanche 5 avril, à l’opposé complet du samedi 4 avril. Les choses se mettent en place, de manière toujours plus ouverte.

Il y a notamment des envois depuis les États-Unis au moyen d’avions-cargos C-17 Globemaster III. Et le Conseil de sécurité de la Fédération de Russie a affirmé comme très probable des affrontements entre la Russie et l’Ukraine pendant ce qui est qualifié d »escalade des tensions dans le Donbass.

Il est désormais absolument évident que deux armées se font face, prêtes à en découdre. Cela n’implique pas que l’affrontement soit obligatoire… même si on peut le penser. Mais au minimum il devrait y avoir des appels mondiaux au retrait des troupes. C’est là le minimum.

Qui plus est, la France est membre de l’OTAN et l’OTAN n’a cessé, de manière officielle, d’expliquer qu’elle soutiendrait l’Ukraine. Cela veut dire que s’il y a conflit, la France est de la partie, si ce n’est de facto, au moins de jure : si ce n’est de fait, au moins juridiquement.

Comment peut-on alors garder le silence ? Comment la menace réelle de la guerre, avec des troupes armés jusqu’aux dents se faisant face, peut-elle être autant passée sous silence ? Comment la participation de la France peut-elle passer comme une lettre à la poste ?

C’est là qu’on voit qu’il y a en France un énorme problème : le soutien général à l’armée française, l’acceptation du militarisme. D’ailleurs, et c’est un très bon exemple, Jean-Luc Mélenchon a publié le 2 avril 2021 un billet titré « Industrie de défense : Dassault a raison de dire « nein » !« , dans un grand élan militariste-patriotique où on apprend que le Rafale « est le meilleur avion de combat du monde ». Une semaine avant, il expliquait que »La France doit demeurer une puissance polaire« .

Il reflète bien un social-chauvinisme généralisé. La France a un bon niveau de vie, elle est moins pire que les États-Unis dans ce qu’elle fait dans le monde, donc il faut accepter voire soutenir. L’absence de dénonciation du militarisme reflète une capitulation pratiquement systématique à Gauche.

Mais ce qui se passe à la frontière de l’Ukraine et de la Russie change la donne. C’est l’expression de la grande crise, commencée avec le COVID-19 mais traversant toute la société, toute l’économie. Plus rien ne tient. La bataille pour le repartage du monde devient la grande tendance… et on ne peut pas y échapper, à moins de la renverser.

Catégories
Guerre

Russie-Ukraine: des escarmouches alors que continue l’accumulation de troupes

Les effectifs augmentent, les accrochages sont plus nombreux et s’intensifient.

La Femen Inna Shevchenko, qui travaille maintenant pour Charlie Hebdo, publie beaucoup de choses sur son Twitter, des choses plutôt intéressante sur la laïcité. Mais, alors qu’elle est ukrainienne, que le logo des Femen est aux couleurs ukrainiennes, elle ne dit pas un mot sur la situation actuelle. C’est un exemple assez affligeant d’inconséquence et de comportement petit-bourgeois : je fais carrière quelque part, de gauche mais pas trop, quant à mon pays et les gens qui y vivent…

Il est pourtant évident que les grandes puissances poussent à la guerre. L’Ukraine est poussée à la guerre par les États-Unis et la Russie l’est… par son propre expansionnisme. Il faut donc prendre partie contre la guerre, toujours… qui ne dit mot consent.

Il est d’ailleurs strictement impossible de ne pas voir que l’aggravation de la situation prend une tournure gravissime. Les deux armées les plus nombreuses d’Europe n’ont pas toujours cessé leur déploiement de troupes à leurs frontières ! La Russie et l’Ukraine se mobilisent littéralement…

Au 2 avril 2021, la Russie avait déjà ajouté 25 bataillons tactiques au 28 déjà présents aux frontières. Chaque bataillon consiste en un bataillon d’infanterie mécanisée, une compagnie de tanks et de l’artillerie. Et les accrochages se multiplient de manière exponentielle aux frontières des « républiques populaires » séparatistes, en fait pro-russes, de Donetzk et Louhansk, et le reste de l’Ukraine.

Violations du cessez-le-feu, au 3 avril, les sept jours précédents, les 30 jours précédents, moyenne pour 2020

Les informations télévisées russes déversent une propagande folle sur les velléités guerrières de l’Ukraine, chauffant à blanc l’opinion publique, avec notamment une fake news d’un enfant tué par un bombardement ukrainien (c’est la seule chose à ce sujet qu’Inna Shevchenko a retwitté d’ailleurs, gardant elle-même le silence).

Et en face on n’est pas en reste , l’armée ukrainienne annonçant qu’elle participerait à des opérations avec l’OTAN en mer Méditerranée et en Irak, qu’il y aurait bientôt des exercices en Ukraine même.

Exemple de folie furieuse, d’ailleurs, un avion de patrouille maritime et de lutte anti-sous-marine américain Boeing P-8A Poseidon a survolé le 3 avril 2021 la côte syrienne… utilisant son transpondeur de telle manière à ce que soit formé le nombre 46, allusion à Joe Biden, 46e président des États-Unis, qui est sur une ligne très agressive par rapport à la Russie.

Et alors que le 2 avril la France était certaine qu’il n’y aurait pas de conflit, le 3 avril il y a eu un communiqué commun des ministères des affaires étrangères de France et d’Allemagne. On y lit que :

« La France et l’Allemagne sont préoccupées par la multiplication des violations du cessez-le-feu, alors que la situation s’était stabilisée depuis juillet 2020 dans l’Est de l’Ukraine. Nous suivons avec une grande vigilance la situation, en particulier les mouvements de forces russes, et appelons les Parties à la retenue et à la désescalade immédiate des tensions. »

De par la nature des troupes envoyées par la Russie, on peut déjà lire le scénario suivant. Il va y avoir des accrochages dégénérant et la Russie va annoncer qu’elle est en nécessité d’envoyer des « gardiens de la paix » dans les zones séparatistes, afin d’obéir à sa constitution l’obligeant à protéger des citoyens russes.

Le but est de parvenir à un point de rupture pour annexer les deux « Républiques populaires ». La Russie peut avoir choisi de bouger de manière seule, ou bien elle répond à l’initiative américano-russe de lancer une opération de récupération. Peu importe, les deux sont coupables de la marche à la guerre.

Et ce n’est qu’un triste début dans une tendance à la guerre se généralisant à travers la crise du capitalisme sur toute la planète, à travers la compétition sino-américaine pour l’hégémonie mondiale.

Catégories
Guerre

Annexion du Donbass par la Russie: extrême tension militaire avec l’OTAN

La Russie va-t-elle annexer le Donbass ? Le spectre de la guerre s’incarne et ce n’est qu’un début.

La crise est là, la crise sanitaire n’est qu’un aspect d’une crise bien plus profonde et la bataille pour le repartage du monde s’accélère chaque jour. Ce qui se passe est un premier moment de terrible danger, dont les victimes seront toujours les peuples.

La Russie est en effet en train de procéder à une importante mobilisation de troupes à sa frontière avec l’Ukraine, plus exactement avec les parties de l’Ukraine gérées par les forces séparatistes pro-russes. Des convois ferroviaires très nombreux et très longs transportent massivement des véhicules militaires et tout ce qu’il faut comme approvisionnement.

C’est au point qu’est désorganisé le transport pour le matériel agricole, alors que le printemps est arrivé et avec lui le début des récoltes !

Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, a affirmé que :

« La Russie déplace ses forces armées sur son territoire comme elle l’entend, mais cela ne représente une menace pour personne et ne doit inquiéter personne. »

Sauf que l’accord de cessez-le-feu d’usage à la frontière entre l’Ukraine et les régions séparatistes a pris fin le premier avril, en raison du refus de la Russie de le prolonger.

La Russie va-t-elle tenter de réaliser par la force ce qu’elle a prévu depuis le début du conflit, à savoir l’annexion de la région du Donbass, à la suite de celle de la Crimée ?

La carte des régions séparatistes (source: wikipédia)

Surtout que la pseudo-République populaire de Donetsk, une fiction pro-russe, a décidé le premier avril la mobilisation de la classe d’âge 1994-2003, tout comme la Crimée de son côté. La pseudo-République populaire de Lougansk semble mettre en place un dispositif militaire, alors que des troupes russes se déplacent en Biélorussie, juste à la frontière ukrainienne.

L’ordre de circonscription la pseudo-République populaire de Donetsk

La réponse américaine est très claire. Les forces armées américaines en Europe sont activées pour faire face à une :

 « crise imminente potentielle » .

La question ukrainienne a également été abordée au sein de l’OTAN. En clair, si la Russie annexe la partie orientale de l’Ukraine, actuellement devenue « séparatiste », ce sera le conflit militaire.

Les services de renseignement ukrainien ont également publié le premier avril une note intitulée :

« La Fédération de Russie est prête pour des provocations à grande échelle contre notre État »

Il y est expliqué que la Russie chercher à faire intervenir militairement l’Ukraine au moyen de provocations. Sauf qu’il y a eu des déplacements militaires en Ukraine tout au long du mois de mars ! Et les États-Unis, avec la Grande-Bretagne, sont clairement dans une volonté d’affrontement, poussant l’Ukraine en ce sens.

De plus, la Crimée est alimentée en eau à 84% par le Canal de Crimée du Nord, qui commence en Ukraine, mais bien évidemment les liens sont coupés et le lac artificiel de Simferopol, faisant 35 millions de mètres cubes, se retrouve à sec, assoiffant la Crimée.

Le Canal de Crimée du Nord, construit entre 1961 et 1971 juste après que la Crimée ait été « offert » par la Russie à l’Ukraine (source : Wikipédia)

Les deux camps montent en fait en agressivité. Et en Ukraine il ne faut pas oublier l’agitation néo-nazie. 3 000 néo-nazis ont manifesté le 20 mars 2021 à Kiev, incendiant la plaque officielle du bâtiment présidentiel, le jour de l’anniversaire de Sergey Sternenko, un ancien dirigeant du « Pravdy Sektor » pour la région d’Odessa, condamné en février à sept ans et demi de prison pour le kidnapping d’un homme politique.

Ces agitateurs nationalistes jettent également de l’huile sur le feu. Pour l’anecdote, il existe deux centres culturels ukrainiens à Paris.

Le premier s’appelle Symon Petlioura, du nom d’un dirigeant nationaliste ayant combattu la révolution russe et assassiné à Paris en 1926 par Samuel Schwartzbard pour venger les pogroms dont il était responsable (Samuel Schwartzbard sera acquitté en 1927 grâce à la campagne de la Gauche).

Le second, dépendant de l’ambassade ukrainienne, s’intitule Wassyl Slipak. Cet Ukrainien, chanteur de l’opéra de Paris, a adopté la coiffe cosaque et a rejoint les volontaires néo-nazis luttant contre les séparatistes sur le front, où il a été tué en 2016.

C’est sinistre… alors que l’Ukraine c’est Taras Shevchenko, Nicolas Gogol, Vladimir Vernadski, Reinhold Glière, Fyodor Pirotsky, Alexandra Exter, Iouri Kondratiouk, Tatiana Iablonskaïa, Sergueï Korolev, Oleg Antonov, Lyubomyr Romankiv…

Kateryna, une peinture de 1842 du poète national ukrainien Taras Shevchenko

Depuis la littérature à l’invention du tramway électrique, du rendez-vous orbital pour alunir ou l’invention de la RAM des ordinateurs, le peuple ukrainien a puissamment contribué à la culture et à la science.

Mais le peuple d’Ukraine, qui vit dans une terrible misère, pratiquement la pire en Europe, est ainsi la victime de l’expansionnisme russe, d’une oligarchie possédant littéralement le pays, de l’agitation racialiste des nazis, des influences toujours plus grandes de la superpuissance américaine et de l’OTAN.

Et il risque en plus d’être victime d’un conflit ouvert… Nous avons besoin de construire une opinion publique anti-guerre, capable de mobiliser pour lancer des signaux internationalistes ! Le peuple ukrainien ne doit pas être seul !

Catégories
Société

Les horribles coulisses de la GPA en Ukraine

Le Figaro a fait un reportage publié le 23 octobre 2020 sur la clinique Ukrainienne Feskov, pratiquant des GPA pour une clientèle internationale. Cette même clinique était intervenue sur le sujet de la GPA lors d’un salon de la procréation médicalement assistée à Paris le 6 septembre 2020.

On y apprend notamment le fait que depuis 2015, l’Ukraine profite d’un durcissement des nouvelles réglementations de la GPA en Inde et en Thaïlande.

Ces deux pays étaient devenus des pays « usine » à bébé, avec de nombreuses femmes « en gestation » parquées dans des dortoirs, dans une hygiène déplorable, pour fournir des enfants pour une clientèle internationale et sans scrupules. Après une mobilisation démocratique contre l’exploitation de ces femmes, ces pays ont interdit la GPA aux étrangers.

Il apparaît qu’en Ukraine, malgré le fait que la GPA soit réservée aux couples hétérosexuels ayant des problèmes de fécondité, des entorses sont faites en permanence et sans complexes. Ainsi des hétérosexuels y ont massivement recourt pour bénéficier des avantage de la PMA que contient la GPA en terme de choix que cela offre. On a notamment la confirmation que les couples chinois y ont massivement recours pour pouvoir avoir un garçon sur commande (90 % du choix du sexe chez cette clientèle). Sans parler des multiple caprices de gens riches, comme ce couple de 72 ans ayant « commandé » 5 bébés en peu de temps, comme on achète des chiens pour tromper l’ennui des vieux jours.

Le fait de louer le ventre d’une femme est donc proposé par la clinique Feskov comme étant assez banal, tant que les personnes peuvent payer environ 50 000 euros. Sur cette somme, 11 000 euros seront destinés a rémunérer une mère porteuse, plus un salaire mensuel de 350 euros par mois de grossesse (le salaire médian de cette zone est de 270 euros). Dans des cliniques bon marché, cette rémunération peut être de seulement 5 000 euros.

Pour ce qui est du processus du don de gamètes à l’accouchement derrière un drap pour ne jamais voir l’enfant porté, les reporters du Figaro témoignent d’une extrême froideur. Les femmes gestatrices sont traitées comme des convoyeurs de marchandise qu’on bourre de traitements de fertilité, un contraste indigne avec l’émotion inévitable qu’elles semblent éprouver avec la conscience de la vie qu’elles portent. Toutes les personnes engagées dans ces étapes de procréation se côtoient dans des structures où la création d’un enfant est réglée de manière industrielle.

Les critères pour devenir mère porteuse pour cette clinique est d’avoir déjà eu un enfant « à soi », d’être âgée de moins de 34 ans et d’être en bonne santé. Les femmes qui se portent candidates sont en général dans le besoin, et comptent sur cette rémunération pour pouvoir accéder à un logement, payer des études à leurs enfants etc.

En outre, le reportage souligne qu’il existe des contrats problématique pour la liberté des mères porteuses pendant la grossesse. Certaines cliniques leur interdisent des choses toutes naturelles de la vie quotidienne comme le fait de prendre les transports publics, se baigner dans la nature ou surtout de s’occuper de ses enfants malades.

Et si par malheur elles voudraient garder l’enfant qu’elles ont porté, il leur faudrait payer une pénalité pouvant aller jusqu’au double de la somme du contrat.

Les demandes de GPA en Ukraine sont en augmentation constante depuis quelques années, les travaux d’agrandissement de la clinique Feskov en témoignent. L’emplacement des cliniques est bien pensé pour pouvoir accélérer le processus de manière administrative : ne pas dépendre d’une grande ville pour faire l’état-civil des nouveau-nés, faire disparaître l’existence de la mère porteuse de l’acte de naissance et envoyer la demande de déplacement du bébé au consulat étranger correspondant.

Pour le consulat français, il y aurait une augmentation de 20 % d’arrivée d’enfants issus de GPA chaque année, même en 2020, malgré le COVID-19. La procédure serait même facilitée en France grâce au bon vouloir du tribunal de Nantes dont dépend ces dossiers et grâce aux prises de positions du président.

Ce qui fait que la GPA est indirectement reconnue en France, malgré son interdiction pour des raisons évidentes de trafic humain et de non-respect de la dignité des femmes.

Ainsi on a des états-civils français rocambolesques où des enfants peuvent être nés, soit-disant, seulement d’un père !

L’ONG La Strada International, un réseau européen contre la traite des êtres humains, a confié au Figaro qu’elle était contactée chaque année par une centaine de femme.

« Certaines développent des cancers après leurs traitements répétés aux hormones et cherchent à se faire défrayer leurs soins par la clinique qui les a utilisées. D’autres ne sont pas payées en cas de perte involontaire du bébé, d’autres sont rongées de scrupules au moment d’abandonner l’enfant qu’elles portent, liste encore cette douce blonde qui s’exprime en anglais avec un puissant accent. D’autres enfin se renseignent sur leurs droits, vers la fin de la grossesse, quand les commanditaires leur interdisent de sortir de chez elles ou de s’occuper de leurs vrais enfants. Nous avons tous les cas de figure. »

En Ukraine la question du trafic d’enfant émerge timidement dans la société, mais doit assurément être saisi de manière populaire pour combattre ce commerce ignoble.

Outre la création artificielle de grossesses dans des ventres de location, le patron de la clinique Feskov fait étalage de ses expérimentations embryonnaires. Il conserve un grand nombre d’embryon dans des cuves remplies de nitrogène liquide, justement à cet effet. Dans le processus de fécondation in vitro, plusieurs ovules sont fécondées pour pouvoir élargir les chances de réussite de l’implantation, les un, deux ou trois meilleurs sont choisis grâce au diagnostic préimplantatoire (DPI) pour être implantés dans la mère porteuse, les autres sont apparemment conservés par la clinique pour ses expérimentations sur les cellules souches. En France, ce genre d’expérimentation est strictement réglementé et n’est autorisé que depuis 2013.

Ce reportage montre sans nul doute que la reconnaissance de la GPA en France est lancée et que si elle ne pourra peut-être jamais y être pratiquée, elle n’en est pas moins déjà déléguée dans des pays où des femmes précaires en font les frais.

Une des réponses à cela consisterait a autoriser la pratique en France pour soit disant mieux l’encadrer. Mieux traiter les mères porteuses n’enlève rien au fait que c’est la marchandisation de la vie et l’exploitation du corps des femmes. La gestation pour autrui est donc, en soi, une horreur à refuser en bloc, dès maintenant.

Catégories
Société

La terrifiante situation des enfants «GPA» en Ukraine

106 enfants attendent leur mère qui ne l’est pas, car leurs mères à eux a servi pour l’industrie de la GPA. Le confinement montre parfaitement le caractère anti-naturel et criminel de ce marché capitaliste.

106 enfants « stockés » comme des télévisions attendant leur exportation, et avec une surproduction comme cela arrive sur les marchés : avec la fermeture des frontières due à la crise sanitaire, les naissances s’accumulent.

L’Ukraine, pays terriblement pauvre et avec une partie occupée par la Russie, révèle au monde des images terribles produites par un capitalisme sans limites. Ces enfants « accumulés » sont une terrible insulte à la dignité, à la vie.

Le CoRP, Collectif pour le Respect de la Personne, a publié ce tableau tout à fait éclairant sur le prix et les différents choix possibles pour une « GPA » en Ukraine.


Récemment, avant le confinement, il y a eu des problèmes à la naissance d’un bébé et l’homme ayant fait la commande n’est même pas venu. L’enfant a été bringuebalé de foyer en foyer avant de mourir. Est-ce là la dignité ? Est-ce là le respect de la vie ? Naturellement, on devine que ceux acceptant les élevages d’animaux acceptent logiquement que les bébés soient produits pareillement, en masse, de manière encadrée par le marché.

Le CoRP a d’ailleurs noté que le commissionnaire présidentiel ukrainien pour les droits de l’enfant, Mykola Kuleba, vient de protester contre cette situation des enfants « en attente ». Sur Facebook il dit même que :

« La naissance d’un enfant loin de sa mère n’est pas naturelle. En ce sens, l’Ukraine devient un supermarché international en ligne pour les bébés. »

C’est que tout cela est intenable. Jamais une opinion publique ne peut accepter une chose pareille. La PMA, la GPA, toutes ces élucubrations produites par le marché au service du consommateur roi, produisent des horreurs et si les gens n’y font pas attention, car ils sont prisonniers du libéralisme, lorsque cela leur pète à la figure ils prennent conscience et se révoltent. Chassez le naturel, il revient au galop.

L’Ukraine est, avec cette affaire, sur la bonne voie pour l’abandon de la GPA. Le caractère scandaleux de cette histoire est bien trop grand. Le capitalisme n’a pas réussi à hypnotiser les gens dans une telle situation, son visage ignoble a été révélé de manière bien trop flagrante.

Cela doit nous galvaniser pour une opposition ferme et intraitable à la PMA et à la GPA, à la généralisation du consommateur roi défaisant les réalités naturelles comme bon lui semble, c’est-à-dire en réalité comme bon cela semble au marché.

La réalité est la réalité. Lors d’une situation de crise, cela s’impose au-delà de toute machine à illusions.

Catégories
Culture

Le dodelinement comme expression corporelle

Les expressions corporelles peuvent être extrêmement nombreuses et ce qui est frappant dans une société frappée du sceau d’instagram, de facebook et des films hollywoodiens, c’est la perte de qualité et de quantité de celles-ci.

Dans une société où, effectivement, tout est dans le conventionnel et en plus, en France, dans la maîtrise de soi, toute expression corporelle trop apparente apparaît d’autant plus comme décalé.

Il faut être dans la maîtrise et dans l’obéissance aux codes, très restreints de par leur nombre, pour rester crédible. C’est un paradoxe frappant qui obéit à une simple loi bien connue : le capitalisme prétend que chaque fasse ce qu’il veut, mais en pratique cela donne une société du conformisme où tout est copie-conforme et sans personnalité.

Contribuons à la défense et la diffusion d’une expression à la fois simple et riche, le fait de dodeliner sa tête, bien qu’il faille peut-être renommer une telle chose. Il peut être d’une grâce incroyable, comme fournisseur d’informations quant à ses propres choix, ou bien les deux.

Voici un extrait du film Hibernatus, où l’acteur Louis de Funès, bien connu pour ses mimiques considérées comme « allant trop loin » et en même temps foncièrement charmantes, discute avec un médecin au sujet d’un encombrant ancêtre retrouvé prisonnier dans le glaces et qu’on a réveillé…

De manière plus artistique, voici une chanson d’Afghanistan, Yak Qadam Pesh (« Un pas en avant » en persan) de Jawid Sharif, où le dodelinement de la tête est ici d’une grâce absolue, s’insérant ici dans une retenue d’un charme d’autant plus puissant qu’il est sobre, tant de la part du chanteur que de la danseuse.

C’est en Inde où le dodelinement est une véritable institution (sauf relativement dans le nord), disposant par conséquent de nuances très marquées pour qui sait les décoder. Le dodelinement a un rythme, ainsi qu’une vitesse, les sourcils jouant le rôle de catégorisation de celui-ci.



Si vous êtes vous-mêmes en train de dodeliner de la tête devant l’écran en regardant ces vidéos, il ne vous reste plus qu’à écouter cette chanson qui, au bout d’une minute, donne les techniques pour y arriver.

Il va de soi que quelqu’un qui ne connaît pas ce mode d’expression peut le considérer comme relevant d’une maladie, comme le raconte (malheureusement en anglais) ce docteur qui a dû modifier l’avis de sa supérieure à ce sujet…

Le dodelinement de la tête, de par la sympathie de son expression, ne pourra que conquérir le monde alors que l’humanité fusionne au fur et à mesure. Il est déjà en Ukraine, où Alena Vinnitskaya met du temps à se lancer dans son duo avec Kiev electro, mais y parvient très bien.

On remarquera que dans cette chanson délirante – qui appelle les Slaves à descendre dans les Balkans danser comme des Gitans – Alena Vinnitskaya balance ses yeux d’un côté ou de l’autre, comme dans la vidéo afghane.

C’est là encore une expression corporelle qui ne peut que progresser. La chape de plomb des comportements stéréotypés ne peut que s’effondrer devant les attitudes naturelles et culturelles à la fois, puissamment développées pour être capable d’exprimer toujours plus de nuances.

Le monde d’une humanité qui s’est rencontrée, assimilée, est une perspective plus que réjouissante… C’est toute la définition de la beauté qui va être mise à l’épreuve par la grâce et le charme !

Catégories
Culture

La « sexualisation agressive » et iconique de la femme ukrainienne

Si les régimes des pays de l’Est étaient au mieux insupportables, au pire d’une répression brutale, on ne dira jamais assez à quel point leurs populations ont après 1989 été la cible d’une réorganisation de leur mode de vie de manière particulièrement méthodique.

Les femmes, notamment, ont été la cible d’une véritable opération de captation de leur image et de leur corps. L’image de la « pornstar » hongroise ou tchèque, de la « call-girl » ukrainienne, de la « poupée » russe, de la mannequin polonaise, reflète une offensive tous azimuts sur une partie significative de la population féminine des pays de l’Est.

Si l’on ne comprend pas cela, on rate un aspect fondamental dans l’apparition d’une frange ultra-nationaliste, aigrie et revendicative, développant tous les thèmes du « romantisme national ».
C’est particulièrement vraie de l’Ukraine, un pays malheureusement coupé en deux désormais de par l’expansionnisme russe, mais qui dans tous les cas a basculé dans une sexualisation démesurée de la femme.

L’exemple le plus connu, ce sont bien entendu le groupe des « femen », fondé en 2008 à Kiev par Anna Hutsol, Oksana Chatchko et Alexandra Chevtchenko.

S’il se revendique du grand classique du mouvement ouvrier sur le féminisme – La Femme et le Socialisme du social-démocrate allemand August Bebel, publié en 1883 – le groupe puise directement dans les pratiques de l’art contemporain et de ses happenings.

Les actions sont individuelles, il n’y a jamais de liaison assumée avec la gauche ni le mouvement ouvrier, les soutiens viennent d’entrepreneurs « alternatifs » se voulant pro-modernité « occidentale », l’idéologie assumée étant le « sextrémisme ».

On retrouve ici la figure de l’Ukrainienne « sexualisée », avec tout un jeu sur la blondeur, les fleurs dans les cheveux, les poses fermes mais lascives correspondant à l’image qu’on a des « filles de l’est », etc.

Impossible de ne pas rapprocher cette idéologie d’ailleurs de la « sexualisation agressive » de NikitA. Ce groupe de musique – en fait évidemment construit par un producteur qui avait déjà fait un pas dans cette direction avec A.R.M.I.A -, également apparu en 2008, revendique la « sexualisation agressive ».

Musicalement, il s’agit de cette techno relativement lourde et électronique typique qu’on peut trouver à l’est du côté de la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie, etc. ; sur le plan de l’esthétique, ce sont des vidéos exprimant justement une dimension ultra-sexualisée.

Il va de soi que NikitA a cherché et trouvé avec succès un terrain de la provocation, au moyen des cliché dégradants les plus standards possibles, utilisant l’érotisme comme moyen d’abuser des esprits.

Dans la vidéo suivante, la femme qui se promène nue est à un moment suivie par des hommes noirs démonstratifs : c’est une allusion typique exprimant le racisme anti-noirs particulièrement puissant à l’est de l’Europe.

Les autres vidéos suivent le même principe, avec tous les clichés « érotiques » patriarcaux allant du fait de manger des animaux au pole dance, etc.

Il est évident qu’une telle tendance décadente reflétant la véritable captation de l’image de la femme ukrainienne ne pouvait que donner naissance à haut-le-cœur dans la société. Malheureusement, c’est le nationalisme agressif qui l’a emporté comme réponse, avec par conséquent un simple décalage de la sexualisation de la femme ukrainienne.

Inexistante sur le terrain politique, inexistante sur le terrain des photos innombrables montrant des gens en armes, la femme ukrainienne est, lorsqu’elle est montrée, mise en scène comme icône portant les attributs et symboles du nationalisme, pratiquement comme trophée, comme ici avec les symboles du régiment Azov.

Il était évident que des gens se revendiquant du camp nazi lors de la seconde guerre mondiale ne pouvait assumer le féminisme. Et ainsi, du côté des femmes, la volonté de ne pas céder aux exigences de la captation sexuelle « occidentale » s’est placé sur le terrain d’un captation sexuelle nationaliste.
Avec un important succès sur internet, voire dans certains médias, comme le montre cet extrait de la revue française « Elle », qui a provoqué un certain émoi de par sa « glamourisation » du nationalisme, du fascisme.

Voici une photographie montrant une salle de sport ouvert par le régiment Azov – d’idéologie nationale-socialiste et intégrée officiellement à l’armée ukrainienne – dans la ville de Kharkiv. Si les hommes dessinés sont musclés et en action, la femme doit se contenter d’être « fit », d’être une icône.

Il y a ici une très profonde incohérence, montrant par ailleurs la vraie dimension fasciste en Ukraine, au sens d’un détournement d’une exigence populaire. Les nazis assumés sont profondément conservateurs et refusent tout féminisme ; aussi anodines et secondaires que soient ces représentations, elles leur sont déjà insupportables.

Or, en Ukraine, il s’agit d’un vrai mouvement de masse, dans le cadre d’une mobilisation nationale de défense du pays déformé en idéologie fasciste. Il y a donc une vraie poussée d’en bas, tendant à générer des vrais engagements, y compris féminins, comme le reflète cette photographie.

On n’est pas ici dans le cadre d’une démarche iconique ; la femme est en uniforme avec le symbole du régiment Azov, elle est tatouée. On est ici dans un vrai romantisme, dont le dessin suivant est finalement le grand symbole.

C’est une allusion à toute une série de photographies où de jeunes Ukrainiens s’enlacent, avant que l’homme n’aille au front, étant masqué car relevant des régiments de choc des nationalistes sur le front, avec à l’arrière-plan toute une série d’actes plus ou moins criminels, jusqu’aux crimes de guerre.

Ici encore la femme est tatouée et aussi surprenant que cela paraisse, cette mise sur le même plan, même avec une division des rôles, est déjà inacceptable pour l’extrême-droite. On est ici dans le fascisme idéalisé, romantique.

L’homme est tatoué, la femme aussi, ils partagent un idéal ; naturellement par contre, l’homme est combattant et actif, la femme plus passive, cependant il y a l’esthétique de l’égalité et de la rébellion, à défaut du contenu.

Voici un autre exemple de romantisme, extrêmement rare par ailleurs de par sa dimension naturelle en décalage avec le culte de la mécanisation, de la violence, du rejet du véganisme, etc. propre à l’extrême-droite. Elle n’est pas ici ukrainienne et relève du nationalisme des pays de l’Est, notamment dans l’esprit se voulant païen du national-socialist black metal.

Ce romantisme a naturellement ses limites et ne fait qu’exprimer un courant inévitablement condamné à être asphyxié tant devant la sexualisation que le conservatisme. Les photographies suivantes, où on retrouve de tatoué le soleil noir de la SS allemande, – la première est de source inconnue, la seconde d’une marque moscovite – montre bien le rabaissement de la femme à une icône.

Car la sexualisation agressive et iconique de la femme des pays de l’est, au-delà de l’Ukraine, est devenue un standard de la propagande d’extrême-droite sur internet. En voici un panorama, si l’on peut parler ainsi pour des photographies d’êtres humains.

Dans tous les cas, c’est le style se voulant slave q qui l’emporte, de par la base de masse à l’est de l’Europe, permettant de nombreuses personnes actives, donc davantage de culture, de photographies tout simplement aussi, etc.

Les cheveux blonds et si possible les tresses se veulent gage d’authenticité…

Cette captation de l’image de la femme comme icône est typiquement patriarcale ; si bien entendu il y a une différence avec les nazis, on retrouve la même approche tant chez tout ce qui relève de l’idéologie hooligan de gauche, que chez les Kurdes du PKK notamment avec la guerre en Syrie où il est vrai toutefois que les femmes participent à la guerre.

La femme est ici symbole et non protagoniste ; son action même se voit réduit à un symbole, à un rôle subalterne, passif, bloqué dans le symbolique.

La femme passive, « pure », portant les symboles, à la fois mère et trophée, tout cela n’est pas sans rappeler bien sûr la figure de la Vierge Marie. La genèse de cette forme tient-elle au culte des icônes existant en Ukraine, tant dans la religion religion orthodoxe que celle gréco-catholique?

N’est-ce pas également une déformation du puissant matriarcat s’étant maintenu en partie chez les peuples slaves?

Les risques de ce modèle sont en tout cas terribles pour la femme, tant en Ukraine que dans les autres pays.