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Écologie

Le rat sauvé à Bensheim en Allemagne

C’est un épisode qui s’est déroulé dans la petite ville de Bensheim en Allemagne, près de Heidelberg, et qui a eu un écho important dans différentes parties du monde, de par ses aspects à la fois pittoresques et plein de compassion.

Un rat était coincé dans une bouche d’égout et des amis des animaux sont intervenus pour le protéger et tenter de le libérer ; n’y parvenant pas ce sont des pompiers volontaires qui sont intervenus et ont réussi. Le tout sans facture, sans faire des manières, tranquillement.

Un beau moment et une véritable leçon qui a interpellé les esprits en Pologne, en Angleterre, aux États-Unis, en Suisse, et même en France, où malheureusement, tout reste à faire pour changer les mentalités par rapport aux animaux, y compris chez les pompiers.

 

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Guerre

La concrétisation de l’avion de combat franco-allemand

Le moteur franco-allemand de l’Union Européenne ne vise pas qu’à la réalisation de projets d’ordre directement économique. Il promeut également une grande perspective militaire, dont l’avion de chasse est un aspect important, à côté du projet de char commun.

 

Quand on fabrique des avions de combat, ce n’est pas simplement pour la défense quand c’est une grande puissance qui le fait. On ne peut pas être de Gauche et posséder une quelconque naïveté à ce sujet. Alors lorsqu’il s’agit de deux grandes puissances qui s’allient, on se doute de ce qui se trame.

En l’occurrence, il s’agit de la France et de l’Allemagne, pour un projet qui en apparence concerne un avenir assez lointain. Le « SCAF » (Système de combat aérien du futur) est censé entrer en fonction en 2040 seulement. Vues les tensions mondiales actuelles, vingt ans c’est plus que lointain, c’est pratiquement un autre horizon.

Cependant, les premiers éléments doivent être prêts déjà dans quelques années, avec une démonstration publique des moteurs. De plus, c’est une manière de faire pression sur les autres pays de l’Union Européenne. Ainsi, dans quelques semaines l’Espagne doit rejoindre le projet, mais le ministère français des armées a prévenu : il faudra forcément reconnaître « la prééminence et le leadership franco-allemand dans le développement du SCAF ».

Enfin, cela participe à une généralisation des initiatives franco-allemandes. Un projet sur le long terme est censé montrer le sérieux de l’ensemble et débloquer toute une série d’initiatives du même type. Quand on annonce que les Rafale français et les Eurofigther allemands vont disparaître au profit d’un avion commun muni de drones d’accompagnement, on montre que l’affaire est sérieuse, la tendance générale. L’Allemagne a de son côté également exclu les F-35 américains de Lockheed pour le remplacement de ses Tornado, pour bien souligner la rupture en cours.

Le projet de Scaf s’appuie évidemment sur le tout récent traité franco-allemand. Dans celui-ci la France et l’Allemagne annoncent qu’elles « entendent favoriser la compétitivité et la consolidation de la base industrielle et technologique de défense européenne ». Elles se posent « en faveur de la coopération la plus étroite possible entre leurs industries de défense, sur la base de leur confiance mutuelle », et se proposent « [d’]élaborer une approche commune en matière d’exportation d’armements en ce qui concerne les projets conjoints ».

Pour cette raison, le projet de Scaf est particulièrement goupillé : l’architecture du programme et le concept sont attribués à Dassault Aviation et Airbus, l’architecture et l’intégration du moteur à Safran, l’entretien et les services à MTU.

Safran vient pour ce faire d’inaugurer une fonderie de nouvelle génération d’aubes de turbine à haute pression, à Gennevilliers, en banlieue parisienne. La Direction générale de l’armement lui a attribué le Plan d’études amont « Turenne 2 », s’étalant de 2019 à 2024, pour 115 millions d’euros. L’idée est de faire en sorte que les moteurs soient plus puissants et supportent ainsi une température de 2100°C, au lieu de 1850°C. L’avion doit être en mesure de transporter effectivement plus d’armement encore.

Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation, à l’occasion de la signature qui vient d’être faite il y a quelques jours justement à Gennevilliers par les deux ministres des armées, Florence Parly et Ursula von der Leyen, en a profité pour affirmer le traditionnel lyrisme des fabricants d’armes, comme quoi ils sont les meilleurs, etc.

« Cette nouvelle mesure est un élément fondamental pour assurer l’autonomie stratégique européenne de demain. Dassault Aviation mobilisera ses compétences d’architecte et d’intégrateur systèmes pour répondre aux besoins des nations et permettre à notre continent de rester à l’avant-garde du domaine primordial des systèmes de combat aériens. »

Dire que l’Europe est à l’avant-garde ne serait vrai que si l’on prend la Russie, et encore serait-ce là nier la haute technologie américaine, sans parler de la course effrénée de la Chine pour rattraper le niveau. A cela s’ajoutent les Britanniques, qui ont leur propre avion de combat, le Tempest, réalisé par BAE Systems allié au groupe italien Leonardo. On voit ici comment l’Italie mène sa propre barque.

C’est une véritable course à l’armement qui se joue et le moteur franco-allemand entend généraliser la démarche. Si pour l’avion de combat, c’est la France qui prime dans le projet, ce sera l’Allemagne qui aura le dessus pour la mise en place du « char de combat du futur », qui prendra la place tant du Leclerc français que du Leopard allemand. Pour ce faire, la société allemande KMV a formé une société à capitaux mixtes KNDS avec le français Nexter.

La Gauche doit refuser ce militarisme. Elle ne doit pas tomber dans le piège chauvin expliquant que la France doit avoir son « indépendance » militaire, mais bien lutter contre le militarisme.

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Politique

Un accord franco-allemand d’Aix-la-Chapelle sans grande valeur historique

Emmanuel Macron a signé hier avec Angela Merkel, la chancelière allemande, un nouvel accord franco-allemand. Contrairement à ce qui avait annoncé, il n’y a rien de bien nouveau et certainement pas le moteur franco-allemand assumé et organisé au plus haut niveau. C’est une preuve de plus de la décomposition des accords internationaux et du retour général à l’égoïsme national, positionnement considéré comme nécessaire dans le repartage du monde tant attendu.

Le Monde est fou de rage contre Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan ; l’éditorial du quotidien est assassin avec eux. Ils sont accusés de propagation de fausses nouvelles et de « polémique fallacieuse », pour avoir affirmé que, grosso modo comme le quotidien le résume, le nouveau traité franco-allemand aboutissait « à vendre l’Alsace et la Lorraine à l’Allemagne, à partager avec cette dernière le siège permanent de la France au Conseil de sécurité de l’ONU, voire notre puissance nucléaire ».

Il ne faut pas prendre davantage au sérieux Le Monde que Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan : ici, tout le monde joue sa petite mélodie conforme à son approche, libérale-européenne ici, souverainiste-nationaliste là. C’est que la signature d’un nouveau traité franco-allemand ne pouvait pas laisser indifférent, même si à vrai dire l’État allemand s’en moque un peu. Emmanuel Macron est d’ailleurs dépité, car lui espérait vraiment un accord de tandem franco-allemand.

Seulement l’Allemagne n’a pas ce sens de l’urgence de la France, grande puissance en perte de vitesse. Son économie est puissante et tourne très bien, en profitant largement de l’Europe de l’Est ; elle n’a pas les besoins d’une France à vocation impériale mais, comme toujours, sans vrai moyen pour ses fins. Ici d’ailleurs tout le monde en politique est d’accord sur le fait que la France doit rester une grande puissance, avec une armée d’envergure, une influence mondiale. Les désaccords portent sur comment y parvenir. Seule ? Avec l’Allemagne ? Avec l’Union Européenne ? Avec la Russie ?

Cela veut dire qu’il n’y a pas de Gauche, car s’il y avait une Gauche il y aurait une dénonciation de l’expansionnisme, de la tendance à la guerre, une vraie critique de l’armée, des manipulations à haut niveau surtout en Afrique, etc. Au lieu de cela, on a des discours hyper-patriotiques dans une gauche devenue social-patriote, dans une apparence allant tellement loin d’ailleurs qu’elle aurait été intolérable à tous les gens de Gauche en 1980, ou même avant. Le recul est terrible.

Ainsi, les gens de Gauche sont coincés entre les pro-Europe voyant dans le libéralisme culturel le vecteur du progrès individuel, et les anti-Europe dont le chauvinisme ne se masque pratiquement pas, quand il n’est pas ouvertement agressif. Et cela en France, dans le pays malade de l’Europe, avec les gilets jaunes comme symptôme d’un très profond malaise et d’une impression de perte de prestige. On voit mal comment cela ne peut pas mal tourner, avec un mouvement patriotique social soulevant la population pour faire « revenir la France ».

Le spectre d’un Donald Trump français hante la France. On sait déjà que sa couleur préférée est le jaune.

Beaucoup espèrent que l’Europe, comme principe, est un moyen d’empêcher cela ; c’est le cas par exemple de Benoît Hamon ou d’EELV, ou même du PS. Même si on part du principe qu’ils ont raison, les accords signés par le président français et la chancelière allemande hier à Aix-la-Chapelle hier douchent leurs espoirs. Pour que l’Union Européenne avance, surtout avec le Brexit britannique, il faut une volonté forte d’unité. Un simple texte de « de coopération et d’intégration » signé par la France et l’Allemagne ne va pas en ce sens.

Le traité veut harmoniser le droit des affaires des deux pays et former une « culture commune » entre les deux armées ? Cela fait des années qu’on en parle et que rien n’avance. Et rien ne peut avancer : les égoïsmes capitalistes sont trop forts, aucun effort culturel n’est fait à aucun niveau. Un simple sondage montrerait aisément que la très grande majorité des Français serait incapable de citer un écrivain allemand, et encore heureusement y a-t-il Bach et Beethoven.

Le nouveau traité franco-allemand n’est que le prolongement de l’accord signé il y a 56 ans, dont il dit finalement la même chose. Sauf que la situation est totalement différente d’il y a 56 ans. Et on voit que seuls les égoïsmes nationaux sont à la hauteur.

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Politique

La « réconciliation » franco-allemande qui n’a jamais eu lieu

A l’occasion du 11 novembre, Emmanuel Macron et Angela Merkel avaient souligné l’importance de la réconciliation franco-allemande. Pourtant, dans les faits, celle-ci n’existe pas et les Français ne pratiquent strictement aucune ouverture à la culture allemande.

Helmut Kohl François Mitterrand

Les préjugés français à l’encontre des Allemands sont particulièrement nombreux encore de nos jours, et ils sont d’autant plus ridicules que, depuis la réunification, la société allemande a puissamment changé. Celle-ci s’est radicalement ouverte et si auparavant, il n’existait que quelques poches isolées de modernité – les universités, les intellectuels, les fameux « autonomes » – désormais l’Allemagne se vit au quotidien comme finalement on le fait en France.

Il y a des gens de différentes couleur de peau, il y a des bars et la musique techno existe ; on n’est pas obligé de croire ce que dit le gouvernement, on peut manifester son mécontentement et protester. Cela a l’air idiot dit comme cela, mais l’Allemagne de l’Ouest des années 1970 était un enfer de conformisme et de pression conservatrice, en raison de l’influence massive des restes du nazisme, ainsi que des nazis pullulant encore dans l’appareil d’État.

Aujourd’hui, tout cela a été balayé et l’Allemagne connaît la même modernité que la France, avec les mêmes rappeurs vulgaires, la même extrême-droite populiste, la même société de consommation avec sa course à la propriété effrénée, etc. Il y a la même acculturation de la jeunesse, le même mépris de l’héritage culturel national, le même rejet de tout ce qui est historique.

Bref, rien ne ressemble plus à la France que l’Allemagne et inversement. Cela n’en fait cependant pas une réconciliation pour autant, cela en fait surtout une relation vide. Les Français ne s’intéressent pas aux auteurs allemands, les fameux Goethe et Schiller, Novalis et Thomas Mann ; tout au plus trouve-t-on quelques philosophes saluant Nietzsche et Heidegger, qui inversement sont rejetés en Allemagne comme de véritables zozos détraqués d’extrême-droite.

Les Français imaginent la langue allemande comme moche à la prononciation et les Allemands comme des êtres rigides, bornés, des sortes de robot. Le pays est imaginé comme froid, voire hostile, tant sur le plan de la météo que sur le plan des rapports humains. Alors que plus de la moitié des Allemands sont catholiques, les Français les imaginent également comme des puritains adeptes d’une morale stricte.

Tout cela ne correspond pas vraiment à une sorte de « réconciliation » ! Les Français ne connaissent tout simplement pas les Allemands. Pire, ils s’en moquent, car seule compte désormais la petite vie individuelle.

Tout cela va fondamentalement dans un sens anti-démocratique : on va ici à l’encontre de l’amitié entre les peuples, de l’internationalisme comme assimilation réciproque des valeurs universels. Il y aurait beaucoup à gagner des échanges franco-allemands, mais il n’y en a pas qui aient une importance authentique, une base de masse.

Rien n’a changé depuis 1914, et encore est-ce inexact, puisque, avant 1914, les gens cultivés disposaient au moins d’une certaine connaissance sérieuse de l’Allemagne, de sa culture, de sa science. Il n’y a rien de tout cela, et cela n’a pas de rapport ni avec la première guerre mondiale, ni avec les massacres nazis, car les Français se désintéressent tant de celle-ci que de ceux-là.

Non, on fait simplement face à une indifférence à ce qui est culturel, à ce qui est vivant culturellement, issu des cultures des peuples. Seul compte désormais ce qui relève de la consommation, passive et permissive.

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Société

Il y a 80 ans, la Nuit de Cristal

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938 se déroule la progromnacht, connue en France sous le nom de nuit de cristal. Il s’agit d’un véritable pogrom à l’échelle du 3e Reich entier.

Synagogue de Karlsruhe, après la nuit de cristal

Ce progrom a été présenté comme réaction spontanée à la mort du diplomate nazi Ernst von Rahm tué courageusement par un jeune juif allemand d’origines polonaises de 17 ans à Paris. En effet Herschel Grynszpan, tua un des secrétaires de l’ambassade nazi à Paris en s’écriant : « vous êtes un sale boche et au nom de douze mille Juifs persécutés, voici le document. ». Les nazis ont joué de cela pour lancer leur campagne antisémite de la Nuit de Cristal.

Ce sont pas moins de 200 synagogues détruites, plusieurs milliers de commerces saccagés pour la seule raison qu’ils étaient exploités par des personnes juives. Plusieurs centaines de Juifs sont tués par les barbaries nazies, d’autres se suicident ou décèdent des suites de leurs blessures.

Les nazis cherchaient un prétexte depuis quelque temps pour lancer leur projet antisémite et ont maquillé leur projet en une révolte populaire, comme le présentera Goebbels le 10 novembre :

« Je présente les faits au Führer. Il décide : laisser les manifestations se poursuivre. Retirer la police. Les Juifs doivent sentir pour une fois la colère du peuple. C’est justice. Je donne aussitôt les consignes correspondantes à la police et au Parti. Puis je fais un bref discours en conséquence devant les dirigeants du Parti. Tempêtes d’applaudissements. Tout le monde se précipite immédiatement sur les téléphones. Maintenant, c’est le peuple qui va agir. »

Les nazis ont organisé cette nuit là

Il y aura à la suite de la Nuit de Cristal plus de 20 000 déportations. Rappelons cependant, que la Nuit de Cristal n’est pas non plus spontanée chez les dignitaires nazis, et elle s’inscrit dans un véritable projet :

  • Le programme de 1920 du NSDAP stipule déjà que les Juifs ne sont pas des citoyens, car n’étant pas des « camarades de race ».
  • Dans Mein Kampf, Adolf Hitler parle à plusieurs reprises d’une « Allemagne sans Juifs », « libérée des Juifs ».
  • Il y a un lynchage ainsi qu’un boycott des Juifs avant même que le NSDAP n’arrive au pouvoir.
  • En 1933, des premières lois antisémites sont mises en places, jusqu’en 1935 où sont mises en places les dites « lois de Nuremberg ».
  • En 1937 est diffusé « der Ewige Jude » dans les cinémas allemands, l’année d’après les passeports des Juifs sont confisqués, leurs prénoms réglementés, etc.

Le déroulement de la progromnacht

Goebbels finit son discours à Munich en début de soirée puis les membres de la Stosstrupp Adolf Hitler se déchaînent contre une synagogue à Munich. Dans les heures suivantes, la plupart des villes et villages allemands sont atteints par le pogrom.

Dans certaines petites villes des SS se font passer pour des civils et assassinent des Juifs supposés influents. Dans certaines villes la population assiste à des autodafés. Les Juifs sont humiliés publiquement, on les force à baiser le sol en étant frappés, à danser, à chanter, etc.

Cette nuit fut d’une cruauté…

La grande partie des masses populaires allemandes eut un comportement passif.

Cela ne doit plus jamais se reproduire. Alors que l’antisémitisme se fait de plus en plus virulent à notre époque, il faut connaître et reconnaître ce qui s’est déroulé en cette tristement célèbre nuit du 9 au 10 novembre 1938.

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Politique

Eugen Heilig – rassemblement illégal du Parti Communiste d’Allemagne, Berlin, 1932

Eugen Heilig est méconnu en France, il est pourtant un personnage important pour l’histoire de la photographie et l’histoire du mouvement ouvrier en général. Cette photographie en est un témoignage subtil.

Eugen Heilig

Sobrement titrée « rassemblement illégal du Parti Communiste d’Allemagne, Berlin, 1932. », la photographie n’est pas spectaculaire. Il émane néanmoins de cette foule une tension dramatique et même une certaine gravité. Cette sensation, le spectateur la doit à la qualité du travail de Heilig.

La composition est soignée. Si bien que, en dépit du fait que le cliché fût pris sur le vif, on peut affirmer qu’il n’y eut que peu de place pour la spontanéité lors de la prise de vue.

Ainsi, l’immeuble faisant face au spectateur est strictement parallèle au plan-film. Cela donne une rectitude parfaite à l’ensemble. Les bâtiments situés sur la partie droite de l’image forment une répétition de motifs et guident le regard vers le centre de l’image. Cet effet de recentrement est accentué par la ligne diagonale formée par les corniches de ces mêmes-immeubles. Le cadrage est pensé pour amener de la lisibilité à une scène qui pourrait sans cela paraître chaotique.

Le dispositif de prise de vue, à tout le moins le boîtier photographique, est tourné comme on l’a dit à l’exacte perpendiculaire du bâtiment d’en face. Il est disposé de manière à surplomber la foule. L’objectif est placé précisément à la hauteur de la tête du tribun. L’image de son corps ne souffre ainsi d’aucune déformation. Une grande profondeur de champ permet de percevoir un grand nombre de détails.

Mais alors, si la prise de vue bénéficie d’un tel soin, pourquoi le personnage central -et avec lui presque tout le premier plan- nous tournent-ils le dos ?

Eugen Heilig

La réponse à cette question est à rechercher en dehors des considérations formelles ou techniques.

Le rassemblement photographié est politique, ces gens sont communistes. Le titre nous l’indique. Les drapeaux situés à l’arrière plan et le poing serré levé au dessus de l’épaule du tribun le confirment.

Or, la prise de vue date de 1932, à la belle saison à en juger par les tenues légères des personnages et le feuillage des arbres.

Cette période est celle d’une agitation intense en Allemagne. En particulier à Berlin où, à côté des sociaux-démocrates du SPD qui ont choisi de s’organiser à part, et contre les nazis du NSDAP, les communistes du KPD livrent un combat résolu. Les communistes subissent la répression de la part des pouvoirs publics du fait des grèves et des agitations de rue qu’ils mènent. Le KPD créera cette année l’Antifascistische Aktion et s’imposera par les élections de juillet comme la troisième force politique du pays. Ne pas montrer les visages, c’est sûrement protéger des camarades contre le renseignement policier en cas de saisie des photographies.

Dans ce contexte de tension historique entre mouvements politiques antagonistes qui tiraillent la société et d’apprêté à déchirer l’ordre bourgeois, on comprend la gravité qui se lit sur les visages dans la foule. On est loin de l’enthousiasme du 14 juillet 1936 parisien de Willy Ronis

La bataille contre le fascisme et pour la création d’un état socialiste en Allemagne mobilise des volontaires dans tous les secteurs de la société. Eugen Heilig est membre du KPD depuis 1922.

Au delà de ses qualités techniques et artistiques, sa photographie doit permettre de comprendre les enjeux de l’époque. Aujourd’hui encore, elle fait le job. Cette image est un document précieux.

C’est que Eugen Heilig saisit l’importance du réalisme, non seulement en tant que recherche formelle comme pouvait le faire August Sander mais aussi comme démarche globale de production des oeuvres. Dans ce sens, il inscrit son travail dans le courant Arbeiterfotografie qui consiste dans la documentation photographique de la vie de la classe ouvrière. Depuis 1926, il édite dans ce sens la revue Der Arbeiter-Fotograf (le photographe ouvrier).

Dans le sillage des figures de proue de ce mouvement – dont Heilig est une des plus marquantes – ce sont bientôt des centaines d’ouvriers qui vont se grouper pour animer des clubs, dans toute la république de Weimar, exposant le point de vue de la classe ouvrière sur la société allemande.

Cette photographie est un parti pris artistique, politique et historique tout à la fois.

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Politique

Aufstehen et la reconquête en Allemagne du peuple passé à l’extrême-droite

L’un des objectifs de la Gauche est de reconquérir les secteurs populaires qui sont passées à l’extrême-droite, en considérant non pas que ces gens sont « débiles », mais qu’ils expriment quelque chose qui a été dévié dans une mauvaise direction.

Sahra Wagenknecht

Les événements de Chemnitz à l’est de l’Allemagne ont rappelé le caractère vital de cette question. La mort d’une personne tuée par un migrant à coup de couteau a provoqué des rassemblements en série à l’appel de l’AFD, avec une forte présence de nazis et une série d’incidents, d’agressions racistes. Des milliers de personnes ont participé à ces rassemblements, happés par la dénonciation populiste, tendanciellement pogromiste.

Sahra Wagenknecht n’a pas participé au rassemblement de 65 000 personnes à Chemnitz contre les initiatives nazies, considérant que l’objectif n’est pas de marquer le coup, mais bien de reconquérir la base populaire. Voici comment dans une interview au média Watson, elle explique la démarche de son mouvement Aufstehen à ce sujet.

« Je ne pense également pas qu’on renforce sa position contre le radicalisme de droite et le néo-fascisme en étant dans une ville particulière, un jour précis (…). Des initiateurs d’Aufstehen étaient à Chemnitz [au rassemblement anti-nazi] (…).

Il ne s’agit pas de la question des nazis, qui font le salut hitlérien dans la rue et traquent les gens ayant l’air différent. Ils concernent l’État de droit. Il en va de beaucoup de gens qui votent AFD aujourd’hui et vont en partie également aux manifestations organisées par l’entourage de l’AFD.

Qui les catalogue comme nazis se rend la vie trop facile, car beaucoup d’entre eux votaient encore il y a quelques années SPD ou Die Linke (…). Je veux qu’on reconquiert la rue à Pegida et aux gens de droite. Actuellement, le gouvernement est en permanence soumis à une pression de droite. Nous avons besoin d’avoir enfin de nouveau un mouvement avec des revendications sociales dans les rues (…).

Je veux empêcher que par colère et mécontentement, des gens se fassent piéger par les droites. C’est un développement qui fait peur lorsqu’une manifestation à laquelle participent des nazis parvient à regrouper 7000 personnes. Il n’y avait pas cela auparavant et je ne veux pas accepter une telle évolution (…).

Quand je vois qu’une majorité en Allemagne veut une politique plus sociale, alors je trouve cela très encourageant. Cela montre que l’esprit de l’époque n’est pas de droite. Que nous avons une majorité qui soutient ce qui était de par le passé une politique classique de gauche.

Le souci est que malgré ce rapport, cette majorité, nous avons dans les parlements [national et régionaux] toujours des droites toujours plus fortes. L’AFD n’a aucunement l’intention de s’impliquer pour davantage de justice en Allemagne. Ce n’est pas du tout dans son agenda. C’est pourquoi il faut faire face à cette tendance (…).

Nous défendons le droit d’asile, et ce sans conditions, qui est pourchassé doit recevoir une protection. Pour le reste, l’immigration doit être régulé et limité. Pour la migration économique, il faut faire attention à ce que cela n’aboutisse pas au dumping des salaires (…).

Il n’y a pas seulement comme alternative des frontières totalement ouvertes ou une fermeture totale. Une position raisonnable se tient naturellement entre les deux. Et nous devons toujours avoir en tête les conséquences de notre politique dans les pays d’origine.

Pour le moment, il se passe que nous engageons les couches moyennes qualifiées des pays pauvres, que nous amenons par exemple ici leurs médecins, comme s’il n’y avait là-bas pas de malades.

Nous renversons les frais de formation vers les pays pauvres. C’est quelque chose sans aucune responsabilité et cela n’a rien à voir avec l’internationalisme (…).

Les plus pauvres de ce monde n’obtiennent rien de frontières ouvertes. Qui crie famine au Yémen, qui crie famine au Sahel, n’a aucune chance d’arriver en Europe. Au lieu de cela, ce sont les couches moyennes qui viennent. Cela rend ces pays encore plus pauvres. Et cela permet à l’économie ici de faire des économies sur les formations et de comprimer les salaires. »

Die Linke

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Politique

La « gauche » postindustrielle en panique devant Aufstehen

L’émergence d’Aufstehen en Allemagne pose un réel souci à une gauche française passée avec armes et bagages dans le camp des valeurs postindustrielles et postmodernes. Un retour aux sources sur le plan des valeurs comme le propose Aufstehen ne peut que déplaire fortement à une gauche française pour qui le seul combat, c’est supprimer toute norme.

En 1931, la SFIO faisait une proposition de loi exigeant que les entreprises n’embauchent pas plus de de 10 % de travailleurs étrangers. C’est qu’à l’époque, la Gauche savait que les entreprises préféraient une main d’œuvre immigrée corvéable à merci, car sans conscience de classe, sans capacité d’organisation, sans niveau culturel élevé, plutôt que des travailleurs s’inscrivant dans un parcours historique bien déterminé.

C’est la raison pour laquelle la « gauche » postindustrielle et moderne est en panique complète devant l’initiative allemande d’Aufstehen, qui a avant-hier officialisé ses positions. Le Monde parle d’une « gauche antimigrants », Libération d’un « mouvement qui reprend les accents de l’extrême-droite sur la question migratoire », le Huffpost parlant d’une « gauche radicale et anti-migrants ».

Dans une de ses brèves publiées hier affirmant que Aufstehen serait « à plat ventre devant des idées réactionnaires », Lutte Ouvrière a présenté comme suit ce mouvement :

« Sahra Wagenknecht, députée Die Linke, classé à l’extrême-gauche au Bundestag allemand, vient d’annoncer la création du mouvement Aufstehen (Debout) avec comme axe politique la limitation du nombre de migrants et de réfugiés. »

Avant-hier, c’est Ian Brossat qui pour le PCF se lançait dans une attaque du même type, assimilant de manière ouverte migrants et réfugiés :

« En Allemagne, certains représentants politiques empruntent une pente dangereuse. C’est le cas de Sarah Wagenknecht, ancienne présidente du groupe Die Linke (gauche radicale) au Bundestag, qui vient de créer un mouvement populiste anti-migrants, « Aufstehen ».

Honte à elle et à tous ceux qui, se prétendant de gauche, adoptent un discours anti-migrants. Je salue nos camarades de Die Linke qui ne cèdent pas à cet appel à adopter le même discours que l’extrême droite s’agissant des questions migratoires.

Faire des réfugiés les boucs émissaires de la crise est une ignominie sans nom. Pendant ce temps-là, les capitalistes qui pratiquent le nomadisme sur fond de dumping social et fiscal dans une totale impunité peuvent continuer à délocaliser et à broyer vies et territoires en toute tranquillité.

Les progressistes d’Europe ont mieux à faire que plagier les arguments éculés de l’extrême droite selon lesquels les étrangers nous volent notre pain ou font baisser nos salaires. Il nous faut au contraire consacrer notre énergie à trouver des issues positives à la crise de l’accueil que vit l’Europe depuis trois ans.

C’est ce à quoi s’emploie le PCF, en proposant d’une part d’ouvrir des voies légales pour permettre l’arrivée en bonne condition des réfugiés qui fuient la guerre et la misère, et d’autre part qu’une clé de répartition européenne impose à l’ensemble des vingt-sept de prendre part à l’accueil et au devoir de solidarité.

Ian Brossat, chef de file du PCF pour les élections européennes »

On peut remarquer que Ian Brossat parle ici de capitalistes pratiquant le nomadisme, un terme classique du national-socialisme, les capitalistes étant assimilés aux Juifs censés être des « nomades ».

Cependant, il faut surtout noter qu’en réalité et contrairement aux propos de Ian Brossat, Sarah Wagenknecht se prononce en faveur de l’accueil des réfugiés, faisant simplement et logiquement la distinction entre ceux-ci et les migrants.

De toutes façons, la question des réfugiés ou des migrants, contrairement à ce que laissent entendre toutes ces réactions, n’est absolument pas centrale dans le positionnement d’Aufstehen. C’est un thème important, néanmoins ce n’est pas du tout un axe politique, comme le prétend Lutte Ouvrière.

Et pour cause ! Aufstehen, qui a dépassé les 110 000 personnes s’inscrivant dans sa démarche, n’est pas un parti politique. C’est un mouvement transversal unissant le maximum d’initiatives pour développer des thèmes sociaux et pacifistes, afin de renforcer la Gauche en demandant aux partis de prendre en compte les points de vue exprimés.

Le texte fondateur et introductif rendu public avant-hier explique ainsi simplement que les écarts de richesse sont devenus immenses en Allemagne, alors qu’il y a davantage de richesses, et qu’on est ainsi ramené aux différences sociales de l’époque de l’empereur Guillaume.

Rien que cette allusion culturelle à l’empire, à la hiérarchie aristocratique littéralement fantastique décrite admirablement en 1914 dans le roman de Heinrich Mann Le Sujet de l’Empereur, place Aufstehen dans le camp antifasciste, inacceptable pour la Droite. Il faut se souvenir que le drapeau du IIIe Reich reprend directement les couleurs du second Reich (le noir, le blanc et le rouge).

Et ce sont les profiteurs, ceux qui ici sont pour Emmanuel Macron des « winners », qui sont dénoncés :

« Ce sont avant tout les grandes entreprises et leurs propriétaires qui sont les gagnants de la mondialisation, du libre-échange, de la privatisation et du marché commun européen. Pour les riches, la promesse « Europe » a été remplie. Qui dispose de hautes qualifications et est mobile peut utiliser les nouvelles libertés.

A l’opposé de cela, exactement la moitié de la population en Allemagne a un salaire réel plus faible qu’à la fin des années 1990. Beaucoup de gens concernés voient en la permissivité et l’immigration avant tout une concurrence accrue et des emplois mal payés. Pour les employés des pays de l’Est travaillant dans les abattoirs allemands ou les soins pour personnes âgées, c’est également avant tout l’exploitation qui est devenue sans limites.

Et pendant que les monopoles s’arrosent de grandes dividendes, les plus pauvres se disputent pour les restes.

Depuis que l’État social ne fournit plus de sécurité suffisante, beaucoup se battent seuls pour eux-mêmes. Qui perd son job ou bien est mis à l’écart par de longues maladies se retrouve rapidement tout en bas (…).

Les dangers globaux grandissent. Dans les rapports internationaux, la loi du plus fort militairement remplace toujours plus les négociations et la diplomatie. Les guerres sont menées de manière effrénée, afin d’obtenir des matières premières convoitées ou bien d’élargir des zones d’influence géopolitique. Cela est particulièrement vrai des États-Unis. »

Pacifisme assumé et orientation sociale complète, telle est la logique d’Aufstehen, et il saute aux yeux que sa dirigeante, Sahra Wagenknecht, s’appuie sur la tradition socialiste allemande.

L’objectif de Sahra Wagenknecht n’est cependant pas un bouleversement social, mais un État social réparateur des liens sociaux. C’est un réformisme assumé, désireux de revenir aux traditions social-démocrates des années 1970.

Un tel projet est-il viable aujourd’hui? En tout cas, on ne peut qu’être étonné que la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon ait salué la naissance officielle d’Aufstehen. La démarche populiste de « la FI » n’a rien à voir avec la tentative de libérer la parole populaire et Aufstehen ne prône pas comme les Insoumis une géopolitique agressive, bien au contraire.

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Politique

Allemagne : Sahra Wagenknecht lance une Gauche non postmoderne

Sahra Wagenknecht, une figure de la Gauche allemande, lancera le 4 septembre 2018 un mouvement intitulé « Aufstehen », c’est-à-dire « Se lever », afin de faire pression sur les partis de Gauche.

La particularité de ce mouvement à naître, qui a déjà la sympathie virtuelle de 80 000 personnes, n’est pas tant de relever d’une certaine forme de populisme, que de se placer ouvertement en dehors des thématiques postmodernes et postindustrielles.

Sahra Wagenknecht affirme en effet notamment que l’ouverture aux migrants avait comme but le dumping social, que cela a renforcé la précarisation sociale des couches les plus défavorisées, que la migration concerne également particulièrement les couches sociales les plus éduquées de pays du tiers-monde qui se voient ainsi littéralement pillés.

Cela provoque évidemment des cris d’orfraie dans le camp postmoderne et postindustriel, qui l’accuse de développer la même approche que l’extrême-droite. En réalité, Sahra Wagenknecht, a parfaitement compris que le risque était désormais le même en Allemagne, où effectivement les couches les plus précarisées du peuple se tournent vers l’AFD (Alternative für Deutschland), le nouveau parti d’extrême-droite.

« Qui veut la démocratie doit arracher le pouvoir à la mafia financière »

Si Sahra Wagenknecht a cette approche particulière, c’est que son parcours n’est pas forcément commun. Née en République Démocratique Allemande, où elle est mal à l’aise avec le système au point de ne pas pouvoir étudier, elle rejoint cependant le SED, le parti ayant dirigé la RDA, au début de l’année 1989.

Puis, elle a participé à l’aile gauche du prolongement du SED, valorisant systématiquement le parcours du mouvement ouvrier en Allemagne, la création de la RDA et ses acquis sociaux, ainsi d’ailleurs que la révolution russe et même l’URSS de Staline. Cette formation reste marquée et l’accusation de « néo-stalinisme » à l’encontre de Sahra Wagenknecht est relativement courante.

Sur le facebook de Sahra Wagenknecht : « Le 8 mai 1945 a été le jour de la libération d’un système hostile à l’humanité, la domination violente national-socialiste. Ce jour doit enfin devenir un jour férié, comme jour du recueillement, de l’avertissement – et du souvenir de combien il est important de s’impliquer pour la paix et la compréhension entre les peuples. Plus jamais la guerre ! Plus jamais le fascisme ! »
Sur le facebook de Sahra Wagenknecht (la photo montre le monument à Volgograd, l’ex-Stalingrad) : « Aujourd’hui il y a 75 ans se terminait la bataille de Stalingrad. En tout la guerre fasciste d’anéantissement a coûté la vie de nombreux millions de victimes du côté soviétique. Mais au lieu de participer à ce jour du souvenir à Volgograd aujourd’hui, le gouvernement explique suite à notre question que la responsabilité pour cette attaque ne doit pas être assumé en général, car elle n’aurait été que « seulement dans certains cas criminelle » et qu’il faut la placer dans le cadre des « opérations militaires ». Cette réécriture de l’histoire est particulièrement dangereuse de par le message qui en ressort – les guerres d’anéantissement sont réprouvés, mais selon cette lecture pas un crime, seulement une situation où peuvent se produire des actes criminels, évidemment des cas particuliers. Cette position est au plus haut point cynique et avant tout dangereuse dans un monde où il y a encore des guerres d’attaque et des innocents tués – que ce soit au Yémen ou à Afrin. L’histoire nous avertit – Plus jamais la guerre ! Plus jamais le fascisme ! »

Au-delà de cet arrière-plan, Sahra Wagenknecht se positionne concrètement sur des revendications sociales très fortes, rappelant fortement celles de la social-démocratie allemande des années 1970. Il reste à voir ce que proposera Aufstehen,

Cependant, si son site ne dit pas encore grand-chose, donne la parole à des gens du peuple qui donnent le ton, et cela se veut absolument moderne, et non postmoderne.

Voir un mécanicien automobile tatoué avec un t-shirt du Sea Shepherd, par exemple, c’est tout de même autre chose que l’image d’Epinal donné par la CGT en France du travailleur borné se résumant aux merguez et aux revendications seulement économiques.

Voici également ce que Sahra Wagenknecht disait en mai 2018 dans une interview à la Frankfurter Woche :

« Die Linke ne doit pas devenir un néo-parti Verts tourné vers le lifestyle qui méprise les traditions et l’identité des « petites gens ».
Nous devons reconnaître que les problèmes auxquels font justement face les plus pauvres au quotidien – la concurrence pour des jobs mal payés et des appartements abordables, le manque de sécurité publique – ne sont clairement pas apparus avec la crise des réfugiés de 2015-2016, mais se sont souvent aggravés avec cela.

Et c’est naturellement un problème quand dans les quartiers les plus pauvres jusqu’à 80 % des enfants allant pour la première fois à l’école ne parlent pratiquement pas l’allemand. Ou bien quand des prédicateurs de la haine d’un Islam radicalisé fournissent déjà à des enfants de cinq ans une vision du monde dirigée contre toutes les valeurs fondamentales de notre vivre-ensemble. »

On est là extrêmement loin de la Gauche en France actuellement, où tant le PS que le PCF ou La France insoumise, sans parler d’EELV ou de Benoît Hamon, sont des partisans acharnés des thématiques postmodernes et postindustrielles. Mais l’avenir ne leur appartient pas : la Gauche ne peut que se réaffirmer par le mouvement ouvrier, son histoire, son parcours, ses valeurs.

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Société

Défaite de l’Allemagne en football et nationalisme français de la « France Insoumise »

La France Insoumise s’est lancée dans une opération de nationalisme anti-allemand forcené à la suite de l’élimination, au premier tour de la coupe du monde, de l’équipe d’Allemagne. Cette dernière a connu une défaite récurrente ces dernières années de la part du champion en titre s’imaginant pouvoir se reposer sur ses acquis et échouant à reconquérir son titre (et non pas simplement le conserver).

Ce qui ressort ici, ce sont les valeurs du nationalisme français le plus traditionnel qu’on retrouve chez la France Insoumise, en opposition frontale avec les valeurs de la Gauche qui n’ont jamais assimilé un peuple à son gouvernement, ni d’ailleurs un peuple à un préjugé négatif quelconque.

Malheureusement, ce sont bien évidemment les partisans de l’Union Européenne dans sa version libérale, capitaliste, qui ont été aux premières loges pour le dénoncer. Car c’est un affrontement entre libéraux et nationalistes auquel on assiste ici, ce qui est un piège terrible.

Les libéraux, les capitalistes, prétendant améliorer les conditions matérielles et empêcher la guerre grâce à l’Europe, ce qui est de moins en moins vrai et bientôt ne le sera plus du tout.

Les nationalistes veulent que leur pays tirent leur épingle du jeu le plus vite possible, en faisant cavalier seul.

C’est à cette catégorie qu’appartient la France Insoumise et son populisme. C’est bien toute une stratégie, profitant de toutes les opportunités. On a d’ailleurs Manuel Bompard, coordinateur des campagnes de la France insoumise, qui parle à cette occasion de dégagisme.

Djordje Kuzmanovic, responsable « géopolitique » de la France insoumise, a la même interprétation populiste. On remarquera qu’il présente la France comme une colonie allemande, ce qui est un discours relevant de l’idéologie nationale-révolutionnaire.

Bastien Lachaud, député LFI de Seine-Saint-Denis, a publié un tweet enlevé par la suite, disant :

Merci aux Coréens, Battiston est enfin vengé – Séville 1982 ! Dégageons Angela Merkel pour venger les peuples européens

Adrien Quatennens, député LFI du Nord, a tenu des propos dans le même esprit.

Jean-Luc Mélenchon a par ailleurs tout fait pour souligner le trait, déjà bien forcé.

Preuve de la démagogie de Jean-Luc Mélenchon, voici ce qu’il a pu mettre en avant juste avant ces propos.

Plus de guerre, plus de compétition, puis peu après la dénonciation nationaliste de l’Allemagne. Tout cela est d’ailleurs un fourre-tout lamentable, puisqu’en même temps on trouvait cela : Merkel associée aux panzers, qui dépouillerait la France.

L’échec de la Gauche est terrible : il accorde des espaces aux chauvins, aux nationalistes, aux antisémites, qui se prétendent contre le capitalisme, contre l’impérialisme, pour mieux mobiliser dans un sens nationaliste.

Ce qui est totalement ressemblant à l’Italie des années 1920, l’Allemagne des années 1930, avec l’utilisation du ressort « national » pour mobiliser prétendument pour du « social ».