Mort en héros, voilà ce qu’il faut proclamer haut et fort concernant l’attitude de Lilian Dejean, décédé de deux balles de 9mm dans le thorax en tentant de stopper un conducteur ivre à bord d’une grosse cylindrée, un dimanche matin en délit de fuite après avoir percuté un véhicule arrêté au feu rouge.
Lilian Dejean a agi en héros, car comme on le sait la crise du capitalisme, celle qui a pris racine avec la pandémie de Covid-19, a renforcé deux tendances délétères : les comportements anti-sociaux d’un côté, le relativisme égocentré de l’autre. Deux aspects qui forment un mouvement aboutissant à une société en plein délitement qui ne compte plus les horreurs quotidiennes relevant d’une violence sans fond, purement gratuite, totalement anti-sociale.
Dans un tel contexte, l’agent public Lilian Dejean a été à l’encontre de tout ce pourrissement en osant s’affirmer et s’interposer face à un criminel. Il a lui-même porté la justice jusqu’au bout et c’est ainsi que tout un chacun se devrait d’agir, du moins en tout cas d’être vigilant face à tous ces criminels qui s’en sortent le plus souvent avec si peu…
Combien aurait agi de la sorte quand on connait le contexte grenoblois, et plus généralement la France laxiste face à des tas de lumpenprolétaires zombifiés ? Il est évident qu’il est question ici d’un de ces zombies produits de la crise du capitalisme, se moquant de tout, des autres, des règles et de la vie des autres. À tel point donc qu’il roule à toute vitesse ivre à bord d’un bolide immatriculé à l’étranger et avec une arme de petit calibre sur lui, tout cela un dimanche matin !
C’est la France du cannibalisme social où plus rien ne compte si ce n’est soi et sa folie égocentrée et patriarcale. C’est littéralement un retour en arrière, au temps féodaux avec un myriade de petits seigneurs qui agissent dans des fiefs qu’ils se sont auto-désignés et gare à celui qui le contesterait. Il faudrait ici un soulèvement général pour rappeler les règles de la civilisation contre le recul engendré par le capitalisme pourrissant la vie en société.
On doit pointer du doigt ici la plaque d’immatriculation polonaise du véhicule de ce criminel, rappelant de la voiture qui avait servi au périple sans foi, ni loi du jeune Nahel en juin 2023. Avec de tels véhicules, ces gens ne sont plus même des chauffards, mais des criminels qui savent très bien qu’ils peuvent agir en toute impunité, voilà pourquoi parler de simple « accident de la route » est intolérable.
Ces réseaux de location connus devraient être démantelés sur le champ et leur gérant mis dans des camps de travail surveillés par des femmes. Car face au retour de la violence féodale, les femmes ont le pouvoir ferme de rééducation nécessaire. Et le maire « Les Ecologistes » de Grenoble Eric Piolle mérite bien son (long) stage de rééducation après ses propos froids, incapable de nommer franchement la réalité des faits.
Evidemment l’Etat bourgeois déliquescent, quel que soit la couleur du gouvernement, est incapable d’une telle répression générale, pris au piège de ses propres principes libéraux. Plus les masses tardent à se prendre en main, plus la France va mal tourner et finir en guerre de tous contre tous.
Seul un Etat socialiste porté par des milices populaires pourra appliquer la juste répression contre ces criminels anti-sociaux. Et chaque jour qui passe sans rien de bien de produit contribue à tendre la situation future, à la rendre plus difficile, plus cruelle.
Michel Barnier est passé sur TF1 le 6 septembre 2024 au soir, le lendemain de sa nomination au poste de Premier ministre, pour tenter de la justifier. Il s’est présenté comme non-sectaire et a affirmé qu’il chercherait à contenter… littéralement tout le monde. Tout le monde profitera de son action, peu importe qu’il soit avec le Rassemblement National, la Droite, le camp présidentiel, le « Nouveau Front populaire ».
Il va discuter avec tout le monde, il respecte tout le monde, et comme Jésus-Christ multipliant les pains, il y aura moins de dépenses, en même temps plus d’argent pour les hôpitaux et l’éducation!
Mais son programme réel, il l’a annoncé le même jour en nommant Jérôme Fournel comme directeur de cabinet. C’est une double indication.
Il s’agit de l’ancien directeur de cabinet du ministre de l’économie Bruno Le Maire (qui est resté plus de sept ans à son poste sous la présidence d’Emmanuel Macron). Il sera chargé du budget, ce qui implique la continuité dans les choix faits.
Jérôme Fournel aura également comme fonction centrale… la négociation avec Bruxelles, étant donné que l’Union européenne est particulièrement inquiète du dérapage de la dette étatique française.
Cela correspond à ce que disait Michel Barnier en juin 2024 sur Facebook relativement à la situation présente. C’est un discours gaulliste à 100%, et dans l’interview à TF1 on avait pareillement tous les ingrédients de l’esprit « gaulliste social ».
« Ordre dans la rue, dans les comptes et à nos frontières », tout est dit. Michel Barnier a comme tâche de réactiver une forme de néo-gaullisme. Il n’a cependant la marge de manœuvre pour réaliser ça et les choses ne peuvent que se tendre.
Les réactions françaises seront lamentables, fragiles et incohérentes. Mais c’est le début d’une nouvelle accumulation politique, dans un contexte nouveau qui s’instaure. C’est le tout début d’une longue marche, dont il faut que l’issue soit la Révolution.
En ce sens, il faut rejeter la machine à illusions qu’est le « Nouveau Front populaire », qui ne sert à rien à part à légitimer les institutions, et affirmer la valeur centrale de la lutte des classes, la nécessité des principes de la Gauche historique.
Il nous faut un Nouvel Ordre ! Il faut l’affrontement classe contre classe avec le régime qui a fait de la France un simple vassal des Etats-Unis, et qui participe à la course à la guerre contre la Russie afin de réactiver le capitalisme occidental!
C’est une figure de la Droite âgé de 73 ans. En pratique, dans la Ve République, Michel Barnier, lui qui a été le plus jeune député est devenu le Premier ministre le plus âgé. Il aura d’ailleurs presque tout fait.
Il a été député, sénateur, conseiller général, présidentduConseil général de la Savoie, ministre de l’Environnement, ministre délégué aux Affaires européennes, ministre des Affaires étrangères, ministre de l’Agriculture et de la Pêche, commissaire européen à la Politique régionale, député européen, vice-président de la Commission européenne, commissaire européen au marché intérieur et aux services, négociateur en chef chargé de la préparation et de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni, négociateur en chef de l’Union européenne chargé de la préparation des relations futures avec le Royaume-Uni.
C’est précisément la raison pour laquelle il a été nommé en catastrophe. Il est le garant d’un choix, celui de protéger à tout prix le cadre européen, et à travers lui – uniquement à travers lui – la stabilité française. Il avait dit à la suite de la dissolution du parlement en juin 2024 que le risque était « un moment Frexit ».
Michel Barnier a été nommé pour présenter à la bourgeoisie pro-Union européenne, pro-américaine, la garantie que dans tous les cas, il y aurait une neutralisation de tout risque stratégique.
Choisir Michel Barnier, c’est forcer tout le camp pro-européen à s’aligner, à disposer de bienveillance envers lui. Michel Barnier est un anti-Premier ministre, c’est un fantôme, charger de maintenir le calme dans les institutions jusqu’aux prochaines élections.
Il y a ici l’espoir de gagner plusieurs mois, grâce aux tergiversations, aux négociations, aux accords, à la farouche volonté de maintenir le calme, la stabilité bourgeoise. C’est l’expression de la pesanteur du régime, permise par la passivité totale des Français, leur nullité politique, leur fragilité existentielle les amenant à ne pas se mettre en jeu humainement.
Mais le chaos de la situation historique va précipiter les choses, et la grande cassure interne au capitalisme français est inévitable dans un contexte de marche à la guerre pour le repartage du monde. C’est un premier pas dans le processus de décomposition – recomposition de la politique française.
Les Français n’ont toujours pas compris la situation, endormis par les Jeux olympiques, mais également par les mensonges des uns et des autres. Il y a ainsi le « Nouveau Front populaire » qui prétend pouvoir gouverner, avec comme Premier ministre Lucie Castets, qui cumule toutes les caractéristiques de l’esprit « parisien » (Sciences Po, ENA, haute fonctionnaire, Mairie de Paris, LGBT). Il y a Emmanuel Macron qui prétend combiner les forces « républicaines ».
Mais c’est une crise de gouvernement qui a comme base la crise de régime. Les gens ne comprennent plus rien à la politique, ils votent n’importe comment, le personnel politique est fainéant et vide. La crise commencée en 2020 a torpillé toute rationalité et le résultat, c’est le chaos de l’idéologie dominante, la paralysie à la tête de l’État.
Les Français n’arrivent plus à être entraînés par le capitalisme, par l’État, par les médias, par la politique bourgeoise. Il n’y a ainsi tout simplement plus de majorité absolue.
C’est pourquoi l’ancien Premier ministre Edouard Philippe a déclaré, le 4 septembre 2024, qu’il serait candidat pour la présidentielle de 2027. Il ne se projette pas, en réalité il estime possible une démission d’Emmanuel Macron. C’est le recours ultime pour relégitimer le régime. Et encore, pendant plusieurs mois le gouvernement n’aurait pas de majorité et reposerait sur la seule légitimité de l’élection présidentielle.
Le capitalisme ne peut qu’exiger une continuité, donc un gouvernement « technique ». Mais la tension est trop forte et le risque est immense d’encore plus enlever de la légitimité au régime. C’est le paradoxe : avec la crise de 2020, la crise est passive, plus personne n’y croyant, à part ceux qui font de l’agitation pour obtenir les places, à droite comme à gauche.
C’est là tout à fait dans l’esprit de la nature de la crise provoquée par la pandémie. Pandémie qui a littéralement disparu aux yeux des uns et des autres, alors que c’est un événement historique, mondial. C’est toutefois précisément la raison qui fait qu’on l’oublie. Personne dans le capitalisme ne veut voir un événement universel, qui pose la question du rapport à la Nature, qui implique que seule la planification et l’organisation mondiales a un sens réel.
Il est totalement fou de penser qu’il n’y a pas des jeunes, des artistes, des intellectuels, des révolutionnaires pour s’emparer de la question de la pandémie, pour en analyser le parcours et la nature, pour en chercher les implications et les conséquences. Ici, les numéros de la revue « Crise » publiée justement depuis mai 2020 ont quelque chose d’assez incroyable, puisqu’on se retrouve projeté dans le contexte de la pandémie, de « l’argent magique » déversé sur les entreprises.
On assiste vraiment à une crise à rebours, à une crise à l’envers, où les gens fuient dans le repli sur eux-mêmes et la consommation plutôt que de se précipiter pour faire de la politique. C’est le début d’une époque de bouleversement. Et il faut être prêt pour cela. Qui n’a pas accumulé des forces – intellectuelles, culturelles, idéologiques, pratiques – va regretter amèrement d’avoir dormi. C’est la fable de la cigale et de la fourmi à l’échelle d’un pays et de son histoire.
Le capitalisme et sa crise produisent la barbarie, avec toujours plus de barbares se comportant comme des criminels. Et même des criminels en puissance doivent être envoyés en camp de travail : telle est la vraie ligne d’une Gauche qui assume le Socialisme, la civilisation, les valeurs de la classe prolétarienne.
Seul le libéralisme peut tolérer et vanter les éléments anti-sociaux, au nom du relativisme, de la fainéantise, de la liberté. Les propos de l’épouse d’un gendarme tué par un chauffard multirécidiviste refusant d’obtempérer à Mougins (juste à côté de Cannes) sonnent ainsi très justes.
« La France a tué mon mari par son insuffisance, son laxisme et son excès de tolérance. »
Ici, les forces réactionnaires insistent sur l’excès de tolérance, mais en réalité l’ensemble de la bourgeoisie est niaise, vérolée par le libéralisme. Seul le peuple travailleur n’est pas pourri par l’insuffisance généralisée. Encore faut-il qu’il se bouge, car il n’est pas insuffisant pour la simple raison qu’il ne fait rien, à part voter pour l’extrême-Droite en espérant que les problèmes se règlent d’eux-mêmes.
Mais il faut être clair : on ne peut pas sortir dans la rue sans se dire qu’on aurait bien un fusil pour tirer sur le premier abruti venu qui roule en voiture à contre-sens à toute blinde, sur le vélo qui fonce sur le trottoir, etc. C’est naturel de se dire ça et c’est d’ailleurs fou que la société française n’aie pas encore craqué et qu’il n’y ait pas des « vigilantes » partout.
Dès qu’on voit les informations, on tombe sur des compte-rendus de crimes commis par des gens méritant quinze ans de camp de travail. Jeudi 29 août, à Vallauris (près d’Antibes), une gamine de sept ans traverse au passage piéton avec son frère de onze ans, elle se fait écraser par un motard doublant en roue arrière un véhicule sur l’autre file.
Quoique là, le camp de travail est sans doute en trop, vue la dimension anti-sociale. La femme du gendarme tué a d’ailleurs dit : « 1981 n’aurait jamais dû exister ». C’est une allusion à la peine de mort. Et, disons-le clairement, la Gauche historique est pour la révolution, elle n’est donc pas contre la peine de mort.
C’est la Gauche version bobo, la Gauche bourgeoise, libérale, qui tente de tout « neutraliser », qui est contre la peine de mort. Au nom soit-disant de la dignité, mais la dignité de qui ? Ni des victimes, ni de l’assassin qui par ses actes sort tout simplement de l’humanité et sa seule dignité restante est de l’assumer.
De toutes façons, la France va craquer, l’impunité est généralisée et les gens n’en peuvent plus du tout. Soit c’est la grande vague de Droite, soit c’est la Démocratie populaire.
C’est d’ailleurs le propos de l’épouse du gendarme tué, si on le regarde en entier :
» Bagne, expulsion, retrait des droits octroyés par une procédure tellement bien faite, et j’en passe… 1981 n’aurait jamais dû exister… 1981 n’aurait jamais dû exister. »
Cela, la grande majorité du peuple le pense. Le basculement est inévitable.
Naturellement, dans la situation actuelle, cela ne sera certainement pas la Démocratie populaire. La force de la fausse Gauche est trop grande, la Gauche historique quand à elle est trop faible. Mais l’échec de la Droite amènera le retour des exigences.
Car lorsqu’on dit « son insuffisance, son laxisme et son excès de tolérance », il faut bien voir que la bourgeoisie est devenue historiquement insuffisante et ne peut rien gérer du tout. La militarisation du pays aura un effet qui ne durera pas, alors que de toutes façons à l’arrière-plan le capitalisme produit des barbares à la chaîne.
Rien qu’une chose très simple, au delà du simple comportement criminel de certains individus : comment expliquer que les bolides existent librement sur le marché, alors qu’il suffirait… de ne pas les fabriquer ? Et de brider l’ensemble du parc automobile au moins à 130 km/h, mais plutôt à 110 km/h si on réfléchit intelligemment, ce que ne fait plus la bourgeoisie française.
Les poids-lourds sont tous bridés à 90 km/h (ou moins) et ils doivent être étalonnés chaque année. C’est techniquement tout à fait abordable et rien ne s’oppose à ce que cela soit généralisé aux véhicules légers, à part le fait que la société française ne soit pas au niveau de ses propres exigences.
C’est une bataille de civilisation qui se pose – un nouvel ordre est nécessaire, et seul le prolétariat peut l’instaurer, par la force, dans la violence de l’enfantement historique.
Un sinistre individu a provoqué, le 24 août 2024, un incendie à la synagogue de La Grande Motte dans l’Hérault. Il a été arrêté tard dans la soirée. Armé d’un pistolet, le visage masqué par un keffieh et muni d’un drapeau palestinien, il avait lancé deux départs de feux et incendié deux voitures, dont une contenant une bouteille de gaz. Les dégâts ont été seulement matériels, mais c’est tellement révélateur !
Car depuis le 7 octobre 2024 et l’offensive du Hamas, toute la « gauche de la gauche », qui rejette le principe de révolution et de lutte de classes, a trouvé en l’antisémitisme larvé un vecteur anticapitaliste qui lui manquait tant.
Ces gens ne critiquent jamais la bourgeoisie, aussi ont-ils besoin pour apparaître radical d’un discours « anti-colonial », de « déconstruction », et c’est là où se joue l’alliance avec le communautarisme musulman et l’idéologie LGBT. C’est l’agitation petite-bourgeoise pour trouver une illusoire troisième voie entre capitalisme et socialisme.
Cet antisémitisme a toutefois comme vecteur central La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon en tête. Voici sa réaction sur internet à l’attentat de La Grande Motte.
C’est là d’un antisémitisme subtil. Il est évident rien qu’au fait que Jean-Luc Mélenchon s’empresse de ne pas utiliser le terme de « Juif ». Il est ensuite flagrant à la réduction des Juifs à une communauté religieuse, et en quelques phrases on a l’impression que l’attentat vise des « fidèles » en général et est une attaque contre la laïcité seulement !
Cette démarche est la même que celle des islamistes, pour qui les Juifs, ça n’existe pas. Et on retrouve la même approche dans la « gauche de la gauche » en général, qui est pourrie d’antisémites, comme d’ailleurs de gens totalement arriérés sur le plan culturel et intellectuel. On est dans la frénésie, l’irrationalisme contre le Juif « abstrait » par définition.
Comme les Juifs seraient des fantômes, l’antisémitisme ne peut donc pas exister. En juin 2024, Jean-Luc Mélenchon l’exprimait de la manière suivante:
« Contrairement à ce que dit la propagande de l’officialité, l’antisémitisme reste résiduel en France. Il est en tout cas totalement absent des rassemblements populaires.”.
Ces propos suivaient l’affaire du viol antisémite d’une adolescente à Courbevoie, en banlieue parisienne.
Mais en fait, il faut être plus intelligent que tous ces barbares. En pratique, et au sens strict, l’antisémitisme de La France insoumise est le même que celui d’Alain Soral et de Dieudonné. Et ce n’est pas exactement un antisémitisme, c’est un anti-judaïsme.
L’antisémitisme est racialiste. Il a une haine physique des Juifs. Ce n’est pas le cas de La France insoumise, de la gauche de la gauche, d’Alain Soral, de Dieudonné.
Leur antisémitisme vise le fait qu’une communauté juive existe. Ils considèrent tous que les Juifs maintenant l’existence de leur communauté sont sectaires, racistes, élitistes, etc.
C’est une critique « démocratique » totalement dévoyée et devenant de l’antisémitisme par la bande.
Est-ce alors à dire que cet antijudaïsme est moins dangereux que l’antisémitisme racialiste ?
C’est toujours à gauche que naît le national-socialisme, le fascisme, à partir des gens qui refusent la révolution et la lutte des classes.
Incapables en effet de dénoncer la bourgeoisie, ces gens vont pratiquer le romantisme dénoncer les oligarchies, les parasites, les usuriers…
La France insoumise n’est pas une rupture par la gauche avec la gauche de gouvernement. C’est une rupture par la droite ! Qui a des connaissances historiques le sait, et les événements confirmeront inéluctablement ce passage dans le populisme complet, marqué d’un antisémitisme « anticapitaliste », de cette fausse gauche.
De nombreuses actions de sabotage ont eu lieu contre des installations du TGV la nuit du 25 au 26 juillet 2024, juste avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris. Nous publions le communiqué de l’action, qui se définit donc contre les JO, même si en réalité il a été visé non pas ceux-ci, ni même les TGV, mais les gens prenant le train.
Des centaines de milliers de personnes ont en effet été concernées, les trains étant annulés (200 sur 750) ou fortement perturbés en raison de câbles de fibre optique sectionnés ou incendiés, et liés aux postes d’aiguillages de nœuds importants du trafic ferroviaire. Les actions ont eu lieu à cinq endroits, dans l’un des cas les engins incendiaires n’ont pas fonctionné (Croisilles, près d’Arras dans le Pas-de-Calais, entre la gare de Meuse TGV et Lamorville dans la Meuse, entre Pagny-sur-Moselle et Vandières en Meurthe-et-Moselle, à Vald’Yerre près de Courtalain en Eure-et-Loire, à Vertigny dans l’Yonne).
L’État a mis le paquet niveau dispositif répressif puisque les gens ayant commis ces actions sont poursuivis pour terrorisme : détérioration de bien de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, dégradations et tentatives de dégradations par moyen dangereux en bande organisée, atteintes à un système de traitement automatisé de données en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre ces crimes et délits.
Voici le communiqué de cette action, dont l’idéologie est un mélange d’ultra-gauche, d’esprit « post-révolutionnaire » en mode EZLN du Chiapas et Rojava au Kurdistan syrien (ou la ZAD en France) et de philosophie anti-technologie qui puise très clairement dans l’idéologie fasciste française sans jamais l’assumer.
Si ces gens sont « de gauche » au sens où l’on peut l’entendre, on voit mal comment ils ne peuvent pas passer dans une mystique de « révolte contre le monde moderne » typique du fascisme.
On remarquera que dans la nuit au 29 juillet, des câbles optiques ont également été sectionnés en de multiples endroits (Ain, Aude, Ardèche, Drôme, Hérault, Bouches-du-Rhône, Oise, Marne, Meuse, Vaucluse), affectant 195 antennes-relais et au moins 17 départements.
Deux jours auparavant, c’est à Noyarey en Isère que des câbles électriques de 20 000 volts ont été incendiés en bordure de la RD 1532, non loin des bâtiments de l’entreprise Lynred, qui fabrique des composants électroniques de très haut niveau notamment militaire, en particulier des détecteurs infrarouges.
Si là, la dimension militaire est visée, il faut bien voir que pour cette mouvance l’ennemi, c’est l’organisation sociale qui concerne des millions, des milliards de personnes. C’est un esprit anarchiste individualiste, contre la technologie, contre les masses organisées (par le capitalisme aujourd’hui, par le Socialisme demain).
Il y a bien entendu une critique révolutionnaire qui fait que de tels gens fassent quelque chose. Mais ils ne dépassent pas une vision petite-bourgeoise et cela se voit très bien à leur double incapacité, tant à prendre en compte le tiers-monde (qui n’est pas la Kanaky, la Rojava ou le Sud du Mexique) qu’à dénoncer la guerre française contre la Russie.
« Revendication du sabotage de lignes TGV quelques heures avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024
Ils appellent cela une fête ? Nous y voyons une célébration du nationalisme, une gigantesque mise en scène de l’assujettissement des populations par les États.
Sous des airs ludiques et conviviaux, les Jeux Olympiques offrent un champ d’expérimentation pour la gestion policière des foules et le contrôle généralisé de nos déplacements.
Comme tout grand évènement sportif, ils sont aussi à chaque fois l’occasion de vouer un culte aux valeurs qui fondent le monde du pouvoir et de l’argent, à la concurrence généralisée, à la performance à tout prix, au sacrifice pour l’intérêt et la gloire nationale.
L’injonction à s’identifier à une communauté imaginaire et à soutenir son supposé camp d’appartenance n’est pas moins néfaste que l’incitation permanente à voir son salut dans la bonne santé de son économie nationale et dans la puissance de son armée nationale.
Il faut aujourd’hui des doses toujours plus grandes de mauvaise foi et de déni pour ne pas voir toute l’horreur que génère la société de consommation et la poursuite du prétendu « bien-être à l’occidental ».
La France voudrait faire de cette grande messe la vitrine de son excellence. Elle ne pourra bercer d’illusions sur son rôle vertueux que ceux qui ont décider de se mettre des œillères, et qui s’en accommodent. Nous leur adressons notre mépris le plus profond.
Le rayonnement de la France passe par la production d’armes dont le volume de ventes la place deuxième exportateur mondial.
L’État est fier de son complexe militaro-industriel et de son arsenal « made in France ».
Répandre les moyens de la terreur, de la mort et de la dévastation à travers le monde pour assurer sa prospérité ? Cocoricooo !
N’en déplaise aux crédules qui croient encore aux fables démocratiques, l’État français emploie aussi sa panoplie répressive pour affronter sa propre population.
Pour mater les émeutes après le meurtre de Nahel par la police en juin 2023 ou pour tenter d’arrêter le soulèvement anticoloniale en Kanaky récemment. Tant qu’il existera, l’État ne cessera de la mettre à l’oeuvre pour combattre ceux qui défient son autorité.
Les activités des entreprises françaises à travers le monde rendent toujours plus manifeste les dévastations sociales et environnementales que produit le système capitaliste.
Celles nécessaires pour reproduire l’organisation sociale actuelle, et celles inhérentes au progrès scientifique et technologique. Progrès qui ne perçoit l’enchaînement des catastrophes passées, présentes et à venir que comme l’occasion d’un bond en avant.
Total poursuit le pillage et la spoliation de nouvelles contrées en quête de pétrole et de gaz de schiste (Afrique de l’est, Argentine etc). Sous couvert de son nouveau label vert, l’industrie du nucléaire et l’exportation du savoir-faire français en la matière nous assure, à plus ou moins brève échéance, une planète irradiée, donc littéralement inhabitable. Rien de plus qu’une crise de plus à gérer pour les promoteurs de l’atome.
Eux qui ne peuvent se passer de leur coopération avec l’État russe à travers son géant Rosatom et de l’appui de son armée pour écraser le soulèvement au Kazakstan en 2022, important pays fournisseur d’uranium. Ce minerai qui fait tourner les 58 réacteurs de l’hexagone.
Alors, quel est le coût humain, social et environnemental pour que quelques privilégiés se déplacent vite et loin en TGV ? Infiniment trop. Le chemin de fer n’est d’ailleurs pas une infrastructure anodine.
Il a toujours été un moyen pour la colonisation de nouveaux territoires, un préalable à leur dévastation et une voie toute tracée pour l’extension du capitalisme et du contrôle étatique. Le chantier de la ligne appelée « Tren maya » au Mexique, auquel collabore Alstom et NGE, en est une bonne illustration.
Et les batteries électriques indispensables à la prétendue « transition énergétique » ? Parlez-en, par exemple, aux travailleurs de la mine de Bou-azeer et des habitants des oasis de cette région marocaine qui font les frais de cette ruée vers l’or du XXIème siècle.
Renault y extrait les minerais nécessaires pour donner bonne conscience aux écolos des métropoles sur le dos de vies sacrifiées. Parlez-en à ce « peuple de la forêt » de l’ile d’Halmahera au nord-est de l’Indonésie, aux Hongana Manyawa qui désespèrent de voir la forêt où ils vivent être détruite sur l’autel de la la « transition écologique ». L’État français, via la société Eramet, participe au ravage de terres jusque là épargnées. De même, il ne veut pas lâcher le Caillou mélanésien pour continuer à y arracher le précieux nickel.
Nous nous arrêterons ici dans l’impossible inventaire des activités mortifères et prédatrices propre à tout État et à toute économie capitaliste.
Cela ne serait d’ailleurs d’aucune aide pour rompre avec une vie fade et déprimante, avec une vie d’exploités, et pour affronter la violence des États et des chefs religieux, des chefs de famille et des patrouilles de police, des patriotes et des milices patronales, autant qu’à celle des actionnaires, des entrepreneurs, des ingénieurs, des planificateurs et des architectes du ravage en cours.
Fort heureusement l’arrogance du pouvoir continue de se heurter à la hargne des opprimé-e-s rebelles. D’émeutes en insurrection, lors de manifestations offensives et de soulèvements, à travers des luttes quotidiennes et des résistances souterraines.
Qu’en ce jour résonnent alors, à travers le sabotage des lignes TGV reliant Paris aux quatre coins de la France, les cris de « femme, vie, liberté » d’Iran, les luttes des amazoniens, les « nique la france » venant d’Océanie, les désirs de liberté qui nous parviennent du Levant et du Soudan, les combats qui continuent derrière les murs des prisons et l’insoumission des déserteurs du monde entier.
A ceux qui reprochent à ces actes de gâcher le séjour de touristes ou de perturber les départs en vacances, nous répondons que c’est si peu encore. Si peu comparé à cet événement auquel nous souhaitons participer et que nous appelons de tout cœur : la chute d’un monde qui repose sur l’exploitation et la domination. Là oui, nous aurons quelque chose à fêter.
La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 vendredi 26 juillet aura été tout à fait conforme à l’époque et au pays. La France ne vaut plus grand-chose, à l’image de du monde occidental en général.
Alors elle patauge, et là c’est la Seine qui a servi de pataugeoire pour une cérémonie longue comme un fleuve, allant de grossièretés en grossièretés, puisant le style des années 1970 en essayant de le mettre à jour avec un peu de spectaculaire.
Difficile de savoir si la médaille d’or doit revenir à la collaboration entre Aya Nakamura et la Garde républicaine, ou à bien au groupe de métal Gojira qui s’est imaginé porter la rébellion en faisant figurer des Marie-Antoinette décapitées et portant leur tête au bras, au son revisité de « ça ira ». Surtout que la cérémonie s’est faite en présence de nombreux chefs d’États royalistes ou princiers, ce qui est un comble pour le coup, tellement le message n’a, de fait, aucun sens.
La France étant la France, il y a toutefois de grands acquis, du patrimoine, et une tradition culturelle immense. Alors cela a pu faire illusions parfois pour certaines représentations, ne serait-ce que par des mises en valeurs architecturales. Toutefois, cela ne va pas plus loin qu’une représentation du Puy du Fou, le Disneyland de la campagne française. On vise le touriste potentiel.
Et sur le fond, tant musicalement qu’esthétiquement, il est évident que tout cela ne dépasse pas le style à la Jean-Michel Jarre. Il y a des bases électroniques, du rythme, de la lumière… Et c’est tout. Aucun saut qualitatif n’a pu être produit par la société française décadente et nombriliste.
Ce qui est apparu le plus flagrant pour les gens ayant un regard culturel et cultivé, c’est la nullité absolue des danses, mécaniques et primaires, sans aucune grâce, ni humaine, ni naturelle.
La nature d’ailleurs est la grande absente, tout comme bien sûr les animaux, à part trois chevaux esclaves montés sur quelques mètres ; si l’écologie, ou plutôt le « développement durable » était à la mode dans les années 2010, c’est en fait Paris qui avait sifflé la fin de la récréation avec l’échec de la COP 21, en 2015.
La planète et l’urgence écologique n’intéressent plus l’occident courant à sa perte et sautant à pieds joints dans une orgie de décadence. La mode maintenant, ce sont les LGBTQI+, les femmes qui ressemblent à des hommes et inversement. Les postmodernes parisiens en auront eu pour leur argent de ce point de vue, car ce fût une véritable exposition en la matière, pour ne pas dire un manifeste !
On notera ce moment très baroque où il fût passé en image de la péniche de la délégation pakistanaise à… une pseudo femme à barbe à la posture sexualisée ! C’est évidemment volontaire de la part de la réalisation. C’est le style « inclusif » du capitalisme.
Sur le plan technique et artistique, la réalisation a été il faut le dire d’une grande nullité, avec de nombreuses erreurs de cadrages et de séquençage, et surtout aucune cohérence d’ensemble, aucun récit de fait. Pour les Français qui ont eu à subir les commentateurs de France télévision, cela a été d’autant plus désagréable que ces commentateurs ont été visiblement déstabilisés par cette mauvaise réalisation.
Au point de s’emmêler les pinceaux dans la présentation des délégations, pourtant censée être le cœur de l’événement, allant jusqu’à confondre Turquie et Tunisie, Guyana (un pays) avec la Guyane (qui fait partie de la France), et d’autres erreurs du genre. Il faut dire que les commentateurs étaient au niveau de l’événement : c’est-à-dire très mauvais.
Qu’il en faut de la niaiserie et de la faiblesse d’esprit pour raconter en direct des choses comme : « elles sont dingues ces images on est quand même une sacrée nation » et autre autosatisfaction du genre (la plupart du temps en coupant la parole aux représentations elles-mêmes).
Ou alors pour s’enflammer sur le fait qu’Imagine de John Lennon (chantée par Juliette Armanet) est « un chant anti militariste et anti capitaliste « … avant de préciser de manière satisfaite que le costume a été fait par la maison Dior ! C’est grotesque, et grossier, tout comme quand cette même personne expliquait auparavant que le french cancan serait… anticlérical, antipatriarcal et révolutionnaire.
Dans la même perspective, on eu droit à une DJ faisant de son statut de lesbienne une identité révolutionnaire, et dénonçant la grossophobie. Il ne manquait plus que McDonald’s comme sponsor.
C’est tellement typique de cette fausse gauche parisienne, démocrate à l’américaine, qui ne comprend rien à rien, mais s’imagine être à la pointe sur tout, du moment que cela se fait sans les ouvriers.
C’est tout à fait à l’image de la ville de Paris, qui n’est plus vraiment une ville, mais un lieu de passage de l’existence pour des âmes errantes, consommatrices, naviguant au file de l’eau dans le 21e siècle décadent.
Les Français ne sont probablement pas dupes d’une telle cérémonie, strictement parisienne, mais ils n’en tiendront rigueur à personne. Ce n’est pas grave, les images festives du bateau de la délégation française leur auront suffi et ils attendent avec impatience de consommer les Jeux olympiques.
Mais le savent-ils ? Ces Jeux olympiques seront probablement le dernier souffle, avant l’effondrement. Car bientôt la fête sera finie et si le Président Emmanuel Macron a réussi à figer le temps politique grâce à l’événement, la réalité du monde, elle, n’attendra pas la France et les Français.
Dans le vestiaire à la rentrée, ça ne sera pas la fête, mais une douche froide, avec non pas une eau de la Seine qui est douce, d’après la Ministre des sports, mais avec une eau très salée, comme la facture qu’il faudra régler. Il ne s’agit pas ici que d’argent, mais aussi de culture, de politique, d’écologie, de rapport aux animaux, d’exigence de civilisation.
Que les Français aient pu laisser faire les élites parisiennes décadentes avec une telle cérémonie en dit très long sur la situation du pays. Et ce ne sont pas les sabotages contre la SNCF, avec des incendies retardant ou annulant les TGV dans le pays, qui vont modifier quoi que ce soit. Cela fait même partie du panorama de l’effondrement.
Il y a beaucoup, énormément de travail à faire, et comme il est trop tard, alors cela se fera dans les larmes et la douleur. La France est infantile, elle va payer très cher la remise en ordre, la remise au pas, la mise au niveau nécessaire pour le Socialisme.
Emmanuel Macron a pris la parole le soir du 23 juillet 2024, sur France 2. Un exercice d’une stupidité affligeante, avec deux pseudos journalistes, Thomas Sotto et Nathalie Iannetta, qui ont été d’une obséquiosité lamentable, doublé d’une fausse entente amicale.
Le président de la République, sans aucune dignité, a d’ailleurs joué avec satisfaction au bon copain. Il a dit trois choses : les Jeux Olympiques à Paris vont être un plaisir et tout le monde doit être derrière. Il faut une trêve politique jusqu’à la fin des jeux. Enfin, et par conséquent, pour la nomination du Premier ministre, on verra fin août.
C’est totalement inconséquent, infantile. Mais c’est conforme au sentiment de toute puissante qui caractérise à la fois Emmanuel Macron et la bourgeoisie « branchée », moderne, cosmopolite, totalement hors-sol.
Cependant, même cette bourgeoisie moderne a un souci. La France est sous le coup d’une procédure pour déficit excessif de la part de la Commission européenne depuis le 16 juillet 2024.
Car on le sait bien, la France vit au-dessus de ses moyens, elle est grillée, elle dépense plus qu’elle n’engrange de richesses, et depuis longtemps. Même si la fausse gauche prétend que les gens sont pauvres, etc., dans la pratique l’ensemble du pays profite de la société de consommation, en ayant l’un des meilleurs niveaux de vie du monde.
Seulement voilà, le capitalisme français n’est plus aussi performant. La France est minée par plus de 5 % de déficit quand l’Union européenne demande d’en rester à 3 %. Et le prix de tout cela, c’est son endettement massif avec une dépendance accrue envers des fonds d’investissements privé.
Qui pouvait vraiment croire qu’intégrer le trafic de drogue dans le PIB en 2018 soit une manière de relever les choses ? Qui pouvait croire que la création de start-up de coffrets cadeaux, que des auto-entrepreneurs en circuit court ou en livraison de mal-bouffe soient une perspective réelle pour tirer une croissance économique ?
On n’est pas loin en réalité d’une faillite structurelle. Soit le capitalisme devient très agressif et élève la productivité… Soit il faut que la Russie tombe et que la France la pille en partie. C’est aussi simple que cela.
C’est ce qui explique à la fois les non-dits et cette folie qu’il n’y a pas de gouvernement en France, alors qu’il faut établir une feuille de route budgétaire obligatoire avant le 20 septembre 2024!
On est vraiment en pleine crise de régime. Le pays se ratatine, les gens sont passifs pour éviter les soucis. Mais personne n’échappera à l’expression violente de la crise, personne.
Et là il faudra être prêt avec de l’idéologie, de la politique, de la culture, des valeurs.
Eh oui, les carottes sont cuites ! Fabien Roussel, le dirigeant du PCF, doit bien l’assumer. Lui a pourtant tout fait pour bien montrer qu’il était prêt à faire partie de n’importe quel gouvernement « d’union nationale ». Mais cela n’a pas suffi.
Alors, il part en vacances dépité, mais prompt à publier un long message populiste pour chercher à peser dans l’inévitable remue-ménage politique de la rentrée 2024.
Et il dit – il est le premier homme politique institutionnel à l’assumer – que la cinquième république est fichue.
« Mais nous sommes arrivés au bout d’une histoire.
Celle de la Cinquième République, dévoyée jusqu’au bout par un pouvoir utilisant tous ses articles pour empêcher la démocratie de vivre. »
Il est également le premier à assumer à gauche qu’aucun gouvernement n’est possible, alors que le « Nouveau Front Populaire » n’a jamais cessé de mentir à ce sujet.
« Une impasse démocratique avec des gouvernements qui tomberont dès la première motion de censure, qu’ils soient de droite ou même du NFP. Après cette dissolution, la France est ingouvernable. »
Il joue d’ailleurs les Ponce Pilate, prétendant n’y être pour rien dans tout cela, et par contre faire partie du renouveau à venir.
Quel rêve bourgeois ! Fabien Roussel s’imagine vraiment être un grand défenseur du peuple, un ardent combattant faisant face à la « finance ». Et il pense réellement qu’il s’oppose à la « politique américaine », alors que le PCF soutient la fourniture des armes au régime ukrainien, y compris des F-16 américains.
C’est pathétique, mais digne du vieux monde.
En réalité, c’est une secousse révolutionnaire qui va venir, et Fabien Roussel, en ardent défenseur des institutions, de la « République », n’est lui-même qu’un préjugé du passé.
Voici son long message, intitulé « On prend les mêmes et on recommence! » et faisant suite à l’absence de nomination par Emmanuel Macron d’un premier ministre du « Nouveau Front Populaire ».
Le Président de la République se moque bien des Français. Voilà le ressentiment qui monte dans notre pays aujourd’hui, conjugué avec beaucoup de colère. Car malgré deux défaites aux élections européenne et législatives, le camp présidentiel ne lâche pas le pouvoir.
Il ose même renvoyer dos à dos le Rassemblement national et les forces politiques du Nouveau Front Populaire, justifiant ainsi ses petits arrangements politiciens pour empêcher le NFP d’accéder aux responsabilités.
Pourtant, les Françaises et les Français ont, ces dernières semaines, exprimé à trois reprises dans les urnes leur volonté de changement. Certes en utilisant des bulletins différents, mais à chaque fois avec la même volonté, la même colère, le même objectif : en finir avec la politique d’Emmanuel Macron.
En refusant le changement, c’est tout le processus démocratique, toutes les institutions de la République qui se trouvent fragilisées.
Malheureusement, la France a un Président de la République prêt à tout pour garder le pouvoir et poursuivre sa politique en faveur des plus riches et de la finance. Pêché d’orgueil ? Pression du monde de la finance ? L’histoire le dira.
Mais nous sommes arrivés au bout d’une histoire.
Celle de la Cinquième République, dévoyée jusqu’au bout par un pouvoir utilisant tous ses articles pour empêcher la démocratie de vivre.
Celle du barrage républicain qui permet à des candidats macronistes ou de droite de se faire élire grâce aux voix de la gauche mais qui se permettent ensuite de les trahir dans l’hémicycle.
Celle d’une droite républicaine en décomposition, filant toujours plus vers l’extrême-droite.
Celle de forces de gauche et écologistes obnubilées pour partie par la présidentielle avec un Jean-Luc Mélenchon qui se rêve déjà au second tour face à Marine Le Pen en 2027. C’est mortifère.
Ces derniers mois révèlent au grand jour la grande détresse d’un pays qui a perdu sa boussole républicaine : la défense des intérêts du peuple d’abord.
C’est au nom de cette boussole que notre République s’est construite, de 1789 à la Résistance et la Libération quand la nation a su se rassembler pour reconstruire le pays. Cette culture de l’intérêt général a disparu. Les intérêts particuliers, ceux de la finance, notamment, ont pris le dessus.
C’est un symbole important que la parution du classement, ce 20 juillet 2024, des 500 plus grandes fortunes de France, dont le patrimoine a encore grandi, au lendemain du hold-up de la macronie et de la droite sur l’Assemblée nationale.
En 7 ans de pouvoir, ceux-là ont vu leur patrimoine plus que doubler ! 1 228 milliards d’euros en 2024 contre 570 Milliards en 2017, soit 115% de hausse ! A l’évidence, les salaires n’ont pas vu la même progression depuis l’élection d’Emmanuel Macron à l’Elysée!
En 7 ans de pouvoir macroniste, le nombre de travailleurs au SMIC est passé de 12% à 17% !
Tout augmente, le nombre de milliardaires comme le nombre de Smicards. L’un ne va d’ailleurs pas sans l’autre.
Les caisses de l’État ont été vidées par ces gouvernements qui ont d’abord servi les grandes fortunes.
Plus de 70 milliards de cadeaux fiscaux par an pour les plus riches, pour les actionnaires du CAC 40, pour le monde de la finance.
Comment financer des services publics efficaces, garantir les meilleurs écoles pour tous nos enfants, quels que soient leurs origines sociales ou leur lieu d’habitation ? Comment assurer la tranquillité publique, protéger nos concitoyens de la drogue ou de balles perdues, lutter contre la corruption, les fraudeurs fiscaux, quand tous les moyens de l’Etat sont laissés à l’abandon?
Quand L’État fout le camp, tout fout le camp.
Emmanuel Macron a laissé la France à l’abandon. Y compris sur la scène internationale, préférant soutenir les voies de la guerre plutôt que celles de la Paix, en Ukraine comme au Proche-Orient, totalement aligné derrière la politique américaine.
Dans les mois qui viennent, il devra assumer cette situation:
Une impasse démocratique avec des gouvernements qui tomberont dès la première motion de censure, qu’ils soient de droite ou même du NFP. Après cette dissolution, la France est ingouvernable.
Une impasse politique pour les Français qui ne verront jamais le changement attendu. Leur colère va grandir. Comment va t-elle s’exprimer ? Je ne sais pas mais je serai à leurs côtés pour qu’ensemble, nous arrivions à les battre définitivement.
Mais aujourd’hui, à la veille de partir en vacances, je veux dire clairement au Président de la République : vous avez semé le chaos. Vous en assumerez toutes les responsabilités.
Ne comptez pas sur nous pour vous apporter le moindre soutien, ni aujourd’hui, ni demain.
La seule issue viendra du peuple, du mouvement social et des forces politiques qui, comme nous, n’ont jamais perdu leur boussole.
Nous ferons appel au peuple, à l’intervention citoyenne, à toutes les forces vives de la nation, syndicales, associatives, citoyennes.
Nous resterons unitaire pour deux au sein des forces de gauche et écologistes pour construire l’espoir du changement, malgré tout.
Nous prendrons toute notre place au Parlement, avec les sénateurs, sénatrices et députés communistes et apparentés pour défendre tout ce qui ira dans le bon sens et censurer tout ce qui portera atteinte à nos concitoyens.
Nous serons encore plus présents dans les villes, les départements, les régions ou les élus communistes exercent leurs mandats dans la plus grande proximité, avec beaucoup d’honnêteté et de sincérité, avec l’objectif à chaque fois d’être les plus utiles et les plus efficaces.
Nous serons de tous les combats, dans les villes, les villages, au plus près des attentes des salariés, de la jeunesse, des habitants des grandes villes comme de la ruralité. La dignité de chacun, la Paix comme le climat sont au cœur de notre engagement.
Nous gardons intact l’espoir de bâtir des Jours Heureux. Nous y mettrons toutes nos forces dès la rentrée prochaine.
L’Assemblée nationale, à défaut de majorité, cherche à au moins mettre en place le cadre traditionnel, avec un président, six vice-présidents, trois questeurs, douze secrétaires. Des choses totalement inutiles dans la pratique, mais qui sont d’importance pour qui veut faire croire au parlementarisme bourgeois.
Croire, oui, car il s’agit désormais de foi, et de plus rien d’autre. Il faut se forcer pour y croire. Croire que tout est bien organisé, bien huilé, efficace comme il faut, au-delà des aléas. Que l’Assemblée nationale va s’en sortir.
Sauf que magouilles sur magouilles ont eu lieu, amenant notamment Yaël Braun-Pivet, une fidèle du Président de la République, à prendre la présidence de l’Assemblée. Pour les vice-présidents, il y a eu une tentative de bourrage des urnes avec dix votes en trop, etc.
Le spectacle fut terrible. Tout ça ne fut donc qu’une tentative pathétique d’essayer – même pas de réussir – à présenter la machine parlementaire comme capable de se mettre en place.
Le désastre continue, et la vérité, c’est que c’est un coup dur de plus dans la tentative des institutions de colmater les brèches d’une perte massive de légitimité.
Signe des temps : même l’abbé Pierre, pourtant mort en 2007, vient de se faire accuser d’agressions sexuelles. Tous les mythes tombent, le sol se dérobe sous les pieds de la société française.
C’est la putréfaction, on est clairement en pleine crise de régime.
Certains disent : on y est pas encore, car les gens ne bougent pas. Pourquoi bougeraient-ils pourtant ? Comment le feraient-ils ? Pour faire quoi ?
Les gens sont corrompus par le capitalisme, leur niveau d’organisation est nul, leurs connaissances idéologiques sont à zéro.
Ils ne vont pas se réveiller un matin en se disant qu’ils vont monter des comités populaires pour aller affronter le capitalisme.
De manière incroyable, c’est pourtant ce qu’on lit ici et là, à gauche de la gauche, chez des gens qui attendent d’être nommés les généraux de la révolution, et l’expliquent dans des analyses étoffées (PCRF, révolution permanente, PRCF, etc.).
En vérité, on est justement en pleine crise de régime, car tout le monde est nul. Personne n’est au niveau de rien, et aucune société moderne ne peut fonctionner ainsi. Et encore moins le capitalisme français en perdition, qui dégringole en termes de niveau de puissance.
On a atteint le point de non-retour de la passivité et de la fainénantise. Cela va être moche, dramatique, brutal, mais les Français l’auront bien mérité. Ils n’ont toujours pas retenu la leçon de l’arrivée subite des Napoléon, Napoléon III, Pétain, de Gaulle.
Ils n’assument pas la guerre civile, alors l’un des camps triomphe, sans coup férir. C’est lamentable, et pourtant aussi le début d’une nouvelle séquence, bien plus tendue, de portée historique !
Non gouvernée, la France est ingouvernable, et inversement. Et pourquoi ? Parce qu’il n’y en pas un pour rattraper l’autre. La société capitaliste française a produit des gens irresponsables, sans envergure, sans maturité, fragiles, opportunistes, sans culture.
Tout le monde fait semblant de tout. De représenter quelque chose, d’avoir des valeurs (ne parlons pas de principes!), d’avoir des objectifs. C’est de la fiction! Au travail comme chez les élus, dans la vie quotidienne comme dans la culture!
Plus rien ne vaut rien ! Le second tour des législatives a donc eu lieu le 7 juillet 2024 et il n’y a toujours pas de gouvernement. C’est la même logique. Rien ne bouge, rien ne peut bouger. Personne ne bouge, personne ne peut bouger.
Aucune majorité ne se dessine, ce qu’on savait le soir même. Et pourtant tout le monde a fait semblant de pouvoir disposer d’une certaine capacité de rassembler.
Mensonge ! Mensonge, et la France regorge de mensonges! Tout le monde prétend que tout va, parce que tout le monde y a intérêt. Intérêt matériel, intérêt psychologique, tout ce qu’on voudra, tout ce qu’on peut trouver comme prétexte pour ne pas se mettre en jeu.
C’est la crise de régime, mais personne ne veut la voir, et personne n’osant le dire, on se dit: elle n’est pas là!
La vérité est que tout le monde essaie de gratter encore un peu quelque chose. Je profiterai bien encore de ma propriété… de ma famille… de mon travail, de ma vie quotidienne avec son train-train.
Tout cela va être bientôt haï par des générations en mouvement. La dimension misérable, restreinte de ce repli sur soi sera considéré comme de la décadence, comme une trahison incroyable.
Un pays en plein déni, quelle honte! Et tout cela pour profiter jusqu’au bout, en en ayant rien à faire ni du tiers-monde, ni des générations futures, ni même de sa propre dignité!
Disons le : la cinquième république est condamnée, et elle est condamnée car la crise capitaliste commencée en 2020 l’a torpillée. Il n’y a plus de sorties possibles, à part le militarisme et la guerre.
Le conflit entre la Russie et l’Ukraine dure depuis deux ans et demi. Gaza est la cible de destructions massives depuis neuf mois. Il n’y a pas de gouvernement français depuis dix jours.
Et cela continue, cela ne s’arrêtera pas de s’enfoncer, de pourrir. Une nouvelle humanité doit renverser la table !
La France est en train de craquer, telle est la leçon fondamentale de ce début d’été. Et le craquage ne fait que commencer, avec encore une immense majorité de gens qui se dérobent à la réalité en préférant regarder ailleurs.
Mais l’Histoire s’est mise en marche et elle va emporter des millions de gens dans son sillage, les obligeant à l’activité et à la réflexion prolongée.
Ce qui se passe et surtout va ce qui va se passer dans les mois prochains, c’est un rattrapage, un immense rattrapage : celui des 4 années écoulées depuis la pandémie de Covid-19.
Quatre années qui ont vu la dette de la France exploser, sa base économique se zombifier, ses relations sociales se distendre au point de banaliser les comportements anti-sociaux et la drogue, son état d’esprit être lessivé par les abus consommateurs des réseaux sociaux, le militarisme et l’horizon de la guerre se rapprocher dangereusement, l’écologie et les animaux passer par perte et profits…
En n’ayant choisi de ne pas vouloir savoir l’ampleur de la crise, les gens ont choisi de se mettre en mode sans échec, tel un programme informatique qui force le cours des choses face à un bug. La crise de régime issue des résultats électoraux des élections législatives anticipées apparait comme le début de la fin de ce mode sans échec.
Les choses auraient été plus aisées s’il y avait eu conscience de la nature de la crise commencée en 2020, et dont seuls quelques éléments d’avant-garde en avaient souligné la portée, celle de la seconde crise générale du capitalisme. Là les gens sont ahuris et vivent l’expérience de la crise et de son rattrapage en quelques semaines.
Le rattrapage prend pour le moment un chemin pour le moins sinueux et déformé, avec des rapports de classe qui se sont exprimés au niveau politique de manière alambiquée. Se sont exprimés une classe ouvrière en bonne partie favorable au Rassemblement national et une petite et moyenne bourgeoisie qui lui a renvoyé le bâton au visage en donnant une majorité au Nouveau Front populaire.
Mais c’est tout le caractère alambiqué de la situation qui permet d’affirmer qu’il y a justement un rattrapage : la crise de représentativité en cours depuis une décennie s’est muée en crise parlementaire en 2022 pour se transformer en crise de régime en cet été 2024.
Alors que va s’ajouter au tumulte politique la crise économique déjà annoncée, il est clair que la Ve République apparaît comme un régime à bout de souffle face à la situation qu’elle traverse. Tout le monde l’a tellement bien compris que le véritable sujet est effacé : la crise de régime. Cette situation renforce le blocage de la France actuelle, personne ne pouvant vraiment prendre ses responsabilités puisque celles-ci ne peuvent être prises qu’avec la crise de régime.
En réalité, qui peut croire aux fables présentées par certains sur l’avènement d’un régime parlementaire ? Sur la nécessité de faire des coalitions et enfanter une culture de compromis ?
On peut bien mettre un gouvernement technique ou faire des combinaisons de groupes à l’assemblée, cela ne fera que temporiser et éloigner l’échéance fatale car comme le dit l’expression, la messe est dite. Les contradictions qui ont cours dans le pays tant aux plans politiques qu’économiques et culturels sont énormes, d’une telle énormité qu’elles prennent de plus en plus un tour antagoniste.
Si personne ne parle ouvertement de cela, c’est que personne ne peut prétendre à l’encadrement de la crise de régime. On est loin du thème de la VIe République de la France insoumise qui, par ailleurs, l’a rangé au placard de manière tout à fait opportuniste par peur des conséquences.
Au fond, tous craignent la mise à plat de tous les problèmes avec la participation active de millions de gens aux problématiques du pays. Des millions de gens qui seront placés face à leurs contradictions – classe contre classe, régime contre régime, capitalisme contre socialisme !
La crise de régime est donc inévitable, elle est même déjà là. Elle est l’horizon pour les révolutionnaires authentiques qui doivent s’y préparer en assurant leur rôle d’élévation des consciences, pour une conscience de classe retrouvée fidèle aux grands principes du Socialisme.
Le pari perdant d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale contre toute attente en juin 2024 se retourne contre lui. Il a tout cassé, mais rien construit. Déjà que la France était en crise, très instable politiquement et économiquement, voilà que les contradictions sont maintenant sur la table, exposées à la lumière, sans aucune ouverture.
Impossible de ne pas voir une crise de régime dans une telle situation. Emmanuel Macron le voit très bien, forcément, mais il tente de maintenir la fiction en surjouant son rôle de Président de la République pour « garantir la plus grande stabilité institutionnelle possible ».
Au moyen d’une lettre aux Français, il s’imagine pouvoir rejeter la faute sur les autres en intimant à toutes les formations politiques hostiles au Rassemblement national de Marine Le Pen et Jordan Bardella de former une coalition de gouvernement. C’est en fait impossible, personne ne s’imaginant comment des gens allant du PCF aux Républicains en passant par le Modem pourraient se mettre d’accord pour voter le budget, le vote le plus important chaque année, qui détermine de fait tout le reste.
La lettre aux Français d’Emmanuel Macron est d’autant plus typique d’une situation de crise qu’elle renforce elle-même la crise qu’elle prétend surmonter. En effet, le cœur du propos du Président de la République est de prétendre que la dynamique politique française consisterait en le rejet du Rassemblement national.
C’est faux : seul le bricolage par en haut et anti-populaire des forces politiques en place a permis d’empêcher la réalité politique française de s’exprimer (le Rassemblement national est également en grande partie responsable de ses échecs, mais c’est un aspect secondaire). En racontant ce qu’il écrit dans sa lettre, il ne fait qu’ajouter de la rancœur à la rancœur et jeter de l’huile sur le feu.
Voici cette lettre, qui est sinon historique, en tous cas marquante de l’instabilité explosive de la France à l’été 2024.
« Lettre du Président Emmanuel Macron aux Français
Chères Françaises, chers Français,
Les 30 juin et 7 juillet derniers, vous vous êtes rendus aux urnes en nombre pour choisir vos députés. Je salue cette mobilisation, signe de la vitalité de notre République dont nous pouvons, me semble-t-il, tirer quelques conclusions.
D’abord, il existe dans le pays un besoin d’expression démocratique. Ensuite, si l’extrême-droite est arrivée en tête au premier tour avec près de 11 millions de voix, vous avez clairement refusé qu’elle accède au Gouvernement. Enfin, personne ne l’a emporté. Aucune force politique n’obtient seule une majorité suffisante et les blocs ou coalitions qui ressortent de ces élections sont tous minoritaires. Divisées au premier tour, unies par les désistements réciproques au second, élues grâce aux voix des électeurs de leurs anciens adversaires, seules les forces républicaines représentent une majorité absolue. La nature de ces élections, marquées par une demande claire de changement et de partage du pouvoir, les oblige à bâtir un large rassemblement.
Président de la République, je suis à la fois protecteur de l’intérêt supérieur de la Nation et garant des institutions et du respect de votre choix.
C’est à ce titre que je demande à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’Etat de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française, d’engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays. Les idées et les programmes avant les postes et les personnalités : ce rassemblement devra se construire autour de quelques grands principes pour le pays, de valeurs républicaines claires et partagées, d’un projet pragmatique et lisible et prendre en compte les préoccupations que vous avez exprimées au moment des élections. Elle devra garantir la plus grande stabilité institutionnelle possible. Elle rassemblera des femmes et des hommes qui, dans la tradition de la Vème République, placent leur pays au-dessus de leur parti, la Nation au-dessus de leur ambition. Ce que les Français ont choisi par les urnes – le front républicain, les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes.
C’est à la lumière de ces principes que je déciderai de la nomination du Premier ministre. Cela suppose de laisser un peu de temps aux forces politiques pour bâtir ces compromis avec sérénité et respect de chacun. D’ici là, le Gouvernement actuel continuera d’exercer ses responsabilités puis sera en charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine.
Plaçons notre espérance dans la capacité de nos responsables politiques à faire preuve de sens de la concorde et de l’apaisement dans votre intérêt et dans celui du pays. Notre pays doit pouvoir faire vivre, comme le font tant de nos voisins européens, cet esprit de dépassement que j’ai toujours appelé de mes vœux.
Votre vote impose à tous d’être à la hauteur du moment. De travailler ensemble.
Dimanche dernier, vous avez appelé à l’invention d’une nouvelle culture politique française. Pour vous, j’y veillerai. En votre nom, j’en serai le garant.
Les élections législatives anticipées de juin et juillet 2024 ont été la conséquence de la vague Rassemblement national aux élections européennes de juin 2024, mais plus encore elles sont le produit de la crise ouverte en 2022, lors de la réélection d’Emmanuel Macron.
Il n’avait alors qu’une faible majorité parlementaire et celle-ci s’est ébranlée au fil du temps, avec notamment l’utilisation très controversée de l’article 49.3 de la Constitution pour forcer la main aux députés. Tout cela est le reflet d’une France malade, prise dans le tourbillon de la crise du capitalisme à l’échelle mondiale commencée en 2020.
Ce qui s’est passé électoralement en juin et juillet 2024 est de ce point de vue très simple à voir. L’aspect principal est que la France est devenue entièrement soumise à la superpuissance américaine, elle n’est pour ainsi dire plus qu’un satellite américain en Europe, comme le montre son soutien acharné à la guerre contre la Russie.
Les forces politiques en présence sont donc toutes les mêmes dans leur fondement : les nuances ne suffisent pas à produire une vague politique et donc une majorité pour gouverner. Mais il y a en même temps de trop fortes traditions politiques, qui font qu’un consensus à l’américaine, bi-partidaire et par en haut, est devenu pratiquement impossible. C’est donc une période de grande instabilité qui s’ouvre maintenant.
Regardons les choses un peu en détail.
La première, c’est que le camp présidentiel a été largement défait lors de l’élection, avec à chaque fois au premier et au second tour, environ 6,5 millions de voix.
Cela n’a permis que d’obtenir 150 sièges, dont 2 dès le premier tour. Ce n’est pas négligeable, mais, même avec des alliances de proximité, il est impossible de gouverner le pays car c’est bien trop loin de la majorité absolue de 289 sièges.
Le produit commercial « Emmanuel Macron » est donc périmé, il ne suffit plus à maintenir le régime en France. Il lui reste trois ans de mandat, et il ne pourra pas dissoudre l’Assemblée nationale avant un an. C’est là un premier blocage.
Ensuite, la force juste au dessus (et qui prend la première place) est la coalition électorale faite entre la fausse Gauche et les populistes de la France insoumise, qui récolte 7 millions de voix au second tour, contre 9 millions au premier tour.
Le fait qu’il y ait moins de voix aux second tour s’explique par le fait que beaucoup de députés ont été élus dès le premier tour, les voix en leur faveur n’ont donc pas eu à s’exprimer à nouveau.
Cette engouement électoral permet d’envoyer 178 députés à l’Assemblée nationale. C’est, en apparence, une victoire, car il s’agit du plus grand nombre de députés. Toutefois, c’est très loin d’une majorité pour gouverner, et surtout c’est en réalité un assemblage très bancal, pour ne pas dire un bricolage.
Dans les faits, il n’y aura pas nécessairement un seul groupe de députés et il y a des divergences énormes de ligne politique, ainsi qu’en réalité aucune structuration décisionnaire. Toutefois, c’est là un épiphénomène propre à la décadence du pays.
La troisième chose qu’il faut voir est en fait la plus importante. C’est l’incapacité du Rassemblement national à arriver à la tête du pays, malgré son hégémonie politique. C’est là un facteur de blocage essentiel pour la France.
Le Rassemblement national (en alliance avec Eric Ciotti de la Droite classique) a récolté 10 millions de voix au second tour (et un peu plus au premier tour). Il obtient pratiquement 40 députés dès le premier tour et les autres candidats font en général des scores très élevés.
Au premier tour, cela donne un peu moins de 34 % des suffrages exprimés, et au second tour c’est 37 % des suffrages exprimés. C’est énorme, largement de quoi obtenir naturellement une majorité et un gouvernement. Cela d’autant plus qu’il y a une hégémonie sur les thèmes qui sont mis en avant dans le débat public français : refus de l’immigration, inquiétude quand à l’insécurité, apathie culturelle, volonté de figer le capitalisme tel qu’il était au 20e siècle.
Seulement, le Rassemblement national se heurte à une France faible et fragile, incapable d’avoir un Jordan Bardella comme Premier ministre. Celui-ci est pourtant très consensuel et particulièrement peu radical, si on le compare aux différents leaders populistes à travers le monde. Ni dans ses propos, ni dans son attitude, il ne sort du cadre et il paraîtrait comme un modéré si on le mettait à côté de n’importe quelle figure de la Droite française des années 1980.
Mais c’est encore de trop pour une France devenue insignifiante. La petite bourgeoisie hystérique des centre-villes et des cités de banlieue a pu largement s’exprimer et inventer une menace « fasciste » et « raciste » pour exister et empêcher le Rassemblement National. Cela a été suivi par la bourgeoisie moderniste française, elle aussi des grandes villes, qui a espéré profiter de la situation pour se maintenir.
Dans ces conditions, le Rassemblement national et ses alliés n’a pu obtenir que 143 sièges : ce n’est même pas la moitié de ce qu’il lui faudrait pour gouverner ! Le décalage avec la situation politique réelle est donc gigantesque.
Et il faut bien noter cet aspect. Formellement, la France est entrée au cœur de la crise politique ouverte en réalité dès 2022 avec la faible majorité obtenue par Emmanuel Macron : la crise s’exprimant effectivement avec deux ans de retard, ont peut donc s’attendre à une énergie cinétique immense, notamment en termes de rancœurs accumulées.
Car il ne faut pas s’y tromper : la défaite politique du Rassemblement national, pour ne pas dire son échec, est une défaite populaire, et par bien des aspects, prolétarienne. Non pas que le parti de Marine Le Pen soit celui du prolétariat, seule la Gauche authentique peut le représenter et le Rassemblement national n’a rien de Gauche, n’étant qu’une forme moderne de Droite sociale et populiste. Mais il est évident que le prolétariat en France, faible, isolé, marginalisé culturellement et politiquement pendant des décennies, n’a pas pour l’instant pu trouver mieux que Jordan Bardella pour s’exprimer.
Et quand il l’a fait, il s’est pris une gifle monumentale, avec une absence de gouvernement malgré la dynamique politique et le nombre très important de suffrages. Jordan Bardella n’a pas pu faire la différence, car il est coincé par la situation elle-même : d’un côté il ne sort pas du cadre du capitalisme et de la soumission à la superpuissance américaine, donc il ne peut pas soulever de réelle vague populaire, d’un autre il assume beaucoup trop de choses, notamment des exigences d’ordre et de sécurité, pour que la France molle et décadente de 2024 soit capable de le mettre à sa tête.
Et ce qu’il se passe, c’est que personne n’est maintenant capable de gouverner. La seule option possible est une coalition de gouvernement, comme cela existe dans de nombreux pays. Mais c’est impossible en France, où il n’y a ni la rigueur, ni la discipline politique pour que cela fonctionne.
D’autant plus dans une situation de crise (économique notamment, avec une crise de la dette qui ne demande qu’à exploser à la figure du pays) et avec l’engagement militaire du pays contre la Russie.
Voici une projection faite par le Figaro, qui reste le grand journal le plus sérieux en France (ou disons, le moins décadent), avec une connaissance fine de la politique nationale. Cinq scénarios de coalitions sont envisagés, avec seulement un scénario comportant une réelle majorité.
On comprend tout de suite que cela est intenable. La France est en crise, au-delà de l’instabilité, c’est carrément une crise de régime qui se profile.
L’Histoire avance malgré les Français. Préparons-nous pour qu’elle avance avec eux, par la lutte de classes, pour le Socialisme!
Il y a des situations qui en disent long sur l’état d’instabilité générale de la France. Celle de la 1ère circonscription de la Somme fait partie de celles-là.
Il y a une analyse à faire sur le retournement de la situation suivante : battu au premier tour par la candidate RN, alors arrivée en tête avec une avance de 3 500 voix pour, le député sortant ex-LFI François Ruffin parvient finalement à se faire réélire grâce au désistement de la candidate de l’ex-majorité présidentielle, Albane Branlant, entre les deux tours.
S’il y a une chose ancrée et non pas le résultat d’une conjoncture électorale (« la tambouille » dont il est souvent parlé) c’est celle de la dynamique populaire en faveur du Rassemblement National : aux précédentes élections législatives de juin 2022 François Ruffin était arrivé en tête du 1er tour avec 15 081 voix contre 8 495 suffrages pour la candidate RN.
Et là où les choses sont frappantes, c’est que la dynamique du 1er tour de la candidate du RN a clairement été dans ce qui constitue la cible de François Ruffin, à savoir les petits bourgs de sa circonscription.
Par-exemple à Vignacourt, un village de 2 372 habitants, François Ruffin gagnait 3 voix entre le 1er tour des législatives de juin 2022 et celui des élections de 2024 quand Nathalie Ribeiro-Billet du RN en gagne 392. À Longueau, petite ville de 5 491 habitants, François Ruffin progressait de 92 voix contre 620 pour la candidate RN. Si à Amiens, préfecture de la Somme avec plus de 100 000 habitants, il progressait plus que la candidate RN, dès que l’on revient à une plus petite ville comme Abbeville, c’est la candidate RN qui engrangeait 2 555 voix contre 276 pour François Ruffin.
Bref se confirmait ici la tendance repérée dans tous les pays au 1er tour des élections législatives 2024 avec un RN puisant sa dynamique dans le cœur des petites et moyennes villes tout autant que dans les zones rurales, ces espaces où vit majoritairement le prolétariat du pays.
Maintenant si l’on regarde les reports de voix entre le 1er et le 2e tour, il est clair que François Ruffin est élu grâce aux voix de l’électorat centriste, celui des réseaux de notables alors que l’électorat populaire favorable au RN n’est pas parvenu à s’élargir.
Ainsi, à Amiens, pour un nombre similaire de votants (59%), François Ruffin gagne 2 031 voix entre le 1er et le second tour, alors même que la candidate Renaissance Albane Barlant avait obtenu 2 265 voix et qu’il n’y avait eu comme autres candidats qu’un représentant de Lutte Ouvrière avec 200 voix et un de « Divers Centre » ayant obtenu 56 voix. À l’inverse, la candidate du RN progresse d’à peine plus de 400 voix entre les deux tours…
Si l’on prend Abbeville, avec la même configuration générale, qui avait donc vu une nette poussée de la candidate RN, elle n’engrange qu’un peu plus de 600 voix quand François Ruffin en gagne pratiquement 2 000, issues clairement de l’électorat centriste qui avait rassemblée 2 555 voix au 1er tour.
Avec sa réélection, François Ruffin opère une fin de course après avoir longtemps oscillé entre la tentative de reléguer à l’arrière-plan les thèmes de la fausse gauche postmoderne en parlant de « gauche du travail » et la volonté de se normaliser pour être un point de consensus entre le centre-gauche et la France insoumise. Dans cette optique, il accordait en juin 2022 un entretien dans la revue d’orientation national-catholique Limite sur la critique du « Progrès » et, dans le même temps, déclarait en novembre 2023 être un « social-démocrate » dans les colonnes du journal de la bourgeoisie modernisatrice Le Nouvel Obs…
Ce va-et-vient devenu de plus en plus prégnant à la suite des élections législatives de 2022 avait été remarqué par la revue fasciste « Éléments pour la civilisation européenne » dont le directeur de rédaction, après avoir été invité à la fête de l’Humanité pour participer à un débat en présence de François Ruffin, publiait un numéro spécial sur le thème des « Nouvelles insurrections ». Le but était clairement de participer à son basculement dans le « camp national ».
Pour les franges nationalistes-révolutionnaires, François Ruffin pouvait apparaître comme un potentiel tribun à la Jacques Doriot. Il pouvait jouer un rôle dans la capacité à faire dévier une partie des bases populaires d’un retour vers la Gauche historique et la lutte des classes, lui qui se montre à la fois si mielleux avec les travailleurs et si terrifié par la « fracture du pays », si ouvert au nationalisme dans certaines de ses variantes.
Grâce aux précieux travaux de Zeev Sternhell, on sait que son rejet ou son bricolage (ce qui revient au même) du marxisme au profit d’un protectionnisme national-social ne pouvait l’amener que dans deux directions : ou bien un repositionnement vers le centre-gauche en se rapprochant des notables pour mieux être une figure traditionnelle de type républicaine-sociale, ou bien se heurtant à l’aigreur populaire il proposerait une synthèse « ni droite, ni gauche », c’est-à-dire fasciste.
Le rapport dialectique entre une dynamique populaire du RN bloquée entre le 1er et le 2e tour et l’élargissement au centre de la dynamique de François Ruffin montre que ce dernier a été englouti par la République et ses notables. En ayant refusé le marxisme et la lutte des classes, il finit ici son recentrage en devenant une figure banale de la notabilité républicaine qui, historiquement, est au cœur du barrage anti-prolétarien depuis la IIIe République.
Cela suffit de démontrer le changement profond qui se passe en France à travers ces élections législatives anticipées et la fracture consommée entre une partie du peuple et les réseaux institutionnels, y compris locaux.
La bourgeoisie a si l’on veut su prendre conscience d’elle-même en voyant à travers la poussée du RN, la poussée du prolétaire, et lui opposer un frontanti-populaire. À l’inverse, le prolétaire qui a placé son espoir dans le vote RN se prend le retour de bâton en pleine face du fait de ne pas assumer clairement une conscience de classe.
Mais tout cela est une très bonne chose ! Car dans le tumulte on voit déjà naître les recompositions sociales, classe contre classe !
C’est une perspective renouvelée pour que la Gauche historique, celle qui assume la fracture sociale pour bâtir un ordre nouveau, se fraye un chemin ! D’autant plus que l’option national-socialiste se retrouve au point mort et va devoir faire un effort de reconstruction alors que l’Histoire qui a commencé sa grande œuvre ne lui laisse précisément plus tout son temps.
La lutte des classes qui va en ressortir, avec toute sa violence, va tout balayer dans une grande tempête rédemptrice ! Agauche.org répond présent !
Il faut parler peu et bien. Les élections législatives de 2024 ont été d’une incroyable complexité et, au-delà des apparences avec trois blocs de taille égale et sans majorité absolue, elles forment un détour.
Quel détour ? Celui d’une colère prolétarienne, d’un esprit de vengeance, d’une démarche punitive. L’engouement pour le Rassemblement national s’est enlisé, il s’est bien effacé. La pression contre le mouvement de fond populaire a été trop puissante.
En raison de l’antifascisme ? Cela a joué, mais cela a été surtout une mise au pas. Toutes les institutions se sont levées comme un seul homme, de la Droite au PCF, contre un peuple qui aurait dû rester dans son coin, à l’écart, et se taire devant la population « avancée » des grandes villes.
Pour preuve, y a-t-il une discussion avec les gens ayant voté pour l’extrême-Droite ? Non, et surtout pas ! Ce qui a compté, c’est l’isolement. En apparence, l’isolement des idées d’extrême-Droite, en réalité aussi voire surtout, l’isolement du mécontentement populaire.
Sur ce plan, les journalistes ne se sont pas cachés d’exprimer leur contentement au vu des résultats, leur joie d’une humiliation de plus pour le « peuple d’en bas » qui a osé protester.
C’est là où cela nous arrange, car la voie de garage qu’est le Rassemblement national est apparue relativement clairement. Alors que l’esprit de punition, lui reste. Oui, les comptes veulent être réglés.
Les masses ne veulent pas du style de vie décadent des centre-villes. Elles ne veulent pas de l’art contemporain. Elles ne veulent pas du turbocapitalisme et des migrants désespérés utilisés pour l’alimenter. Elles ne veulent pas de l’idéologie LGBT qui est le summum de l’individualisme.
Les masses veulent l’ordre, elles veulent l’Etat de droit. Elles exigent que soient écrasés ceux qui donnent des ordres et détruisent leur vie : les bourgeois, les mafias (de plus en plus puissantes), l’Etat au service des puissants.
Toute cette histoire n’est donc pas terminée, bien au contraire, elle commence, même. L’esprit tranquille de la France capitaliste s’imagine avoir réussi le plus dur en mettant de côté le Rassemblement national.
En réalité, c’est maintenant que les luttes de classe vont vraiment commencer. L’étoile rouge va recommencer à briller, la dureté prolétarienne va se reprendre forme.
Surtout qu’une chose impensable arrive à l’Etat français. Il est fondé sur l’engouement autour d’un programme modernisateur, dispensé par un chef ayant acquis la légitimité d’un roi temporaire.
Or, les législatives de 2024 n’ont abouti qu’à une absence de majorité, et donc une instabilité institutionnelle.
Pas de majorité + absence d’engouement = impossibilité de mener des projets d’envergure. Pour une grande puissance en perte de vitesse, c’est inacceptable. La grande bourgeoisie va hurler, surtout alors que la France a pris la tête de la coalition européenne contre la Russie.
Tout va donc se tendre. Et l’espoir ne vient pas d’un « nouveau Front populaire » exprimant les intérêts des fonctionnaires et de la petite-bourgeoisie des grandes villes.
On est en effet rentré dans le dur. La contradiction villes – campagnes, la contradiction travail manuel – travail intellectuel… ont atteint leur point de non-retour.
L’espoir vient ainsi des couches populaires, qui forcément se sentent bernées par le second tour des législatives.
Elles ont encore été réduites au silence… Alors qu’elles ne faisaient que protester, qu’elles ne voulaient même pas renverser la table.
C’est une leçon amère pour les invisibilisés de la mondialisation capitaliste.
Mais de la froideur de la découverte de sa propre situation de prolétaire vient le brasier de la révolution, qui emporte tout dans son incendie.
Un nouvel ordre est la nécessité de l’époque en France!
Le grand souci pour les Français, c’est qu’ils s’imaginent que la lutte des classes est une fête. Les étudiants pensent que cela ressemblerait à mai 1968, à un grand bazar joyeux, festif. Les syndicalistes s’imaginent que cela serait un piquet de grève, avec un barbecue et des bières.
Même l’idée hypothétique d’une révolution est rêvée comme une vaste manifestation où, en face, tout s’efface de lui-même. Il n’y a pas du tout la compréhension du caractère prolongé, opiniâtre, âpre de la lutte des classes.
La lutte de classes, c’est du salé, pas du sucré. La lutte des classes, c’est les larmes qu’on verse, et le sang pareillement. Et il est hors de question de confier, déléguer ses responsabilités à d’autres. La lutte des classes englobe tout le monde, sans exception.
Et pour que tout le monde se mette en jeu personnellement, il faut bien que cela soit contre leur gré, que cela soit l’Histoire qui les force…
Naturellement, plus on a une conscience élevée sur le plan idéologique et culturel, plus on comprend le sens de l’Histoire, on n’est pas surpris, on n’est pas dépassé. Mais pour cela il faut étudier. Rien que l’étude du Capital de Marx, naturellement incontournable, nécessite des efforts, beaucoup d’efforts.
D’où l’âpreté, âpreté morale, intellectuelle, physique, culturelle de la bataille qu’est la lutte des classes. Si l’on préfère, c’est une lutte à mort, entre deux classes, avec tout qui est en jeu. Pour la bourgeoisie, c’est sa survie en tant que classe qui est en jeu, pour le prolétariat, c’est son effacement tant souhaité en tant que classe exploitée.
La séquence de juin-juillet 2024 est un rappel à l’ordre sur ce plan, mais pas seulement. C’est aussi une matérialisation d’une contradiction fondamentale, celle entre prolétariat et bourgeoisie. On devine les détours, les contorsions historiques provoquées par la corruption de la société française par le capitalisme développé.
Mais les faits sont les faits, les faits sont têtus comme le disait Marx. Et en l’absence de gens au niveau, les faits s’expriment d’eux-mêmes, utilisant les uns et les autres selon les nécessités.
Il est évident déjà pour tout le monde que la société française a profondément changé avec la séquence, qu’elle ne pourra plus être la même, qu’on va vers une situation nouvelle.
C’est le mouvement de l’Histoire. L’arbre préfère le calme, mais le vent continue de souffler. Le Socialisme est produit par le capitalisme, de manière immanquable, et il est en train de revenir sur la scène, péniblement. La lutte des classes ressurgit, déformée, affaiblie, incohérente, cependant grandissante et sûre d’elle-même.
Depuis l’annonce des résultats du premier tour des élections législatives 2024, Fabien Roussel n’est plus député. Le secrétaire général du PCF occupait ce siège depuis 2017. Mais le candidat du RN l’a emporté avec 50,30% des suffrages exprimés, tournant une page de l’histoire politique.
Fabien Roussel a chuté à Saint-Amand-les-Eaux, dans le vieux bassin industriel du Nord. La classe ouvrière y est omniprésente, élisant jusque-là, depuis le début du siècle dernier et sans discontinuer, des candidats de gauche.
Et à en croire les bobos des villes, c’en serait fini de la classe ouvrière. Classe dangereuse, elle aurait perdu la raison et serait vendue aux fascistes.
En réalité, Roussel est le dirigeant d’un parti politique à prétention sociale agissant dans le cadre des institutions. Et pour défendre ses intérêts, l’électeur des classes populaires de sa circonscription aura préféré l’assurance tranchante de la droite populiste à la bonhomie “syndicalisante” de la gauche populiste.
En guise d’exemple du style de pantomime présenté par le PCF aux classes populaires, citons le rassemblement qui a eu lieu à Lens, le 6 octobre 2023. Les maires de la circonscription, accompagnés des parlementaires communistes du Pas-de-Calais, s’étaient donné rendez-vous devant la sous-préfecture un vendredi à 18h, pour déposer une pétition demandant la hausse des salaires et des retraites.
Ce rassemblement faisait suite à une campagne de pétition lancée à l’appel de Fabien Roussel. Un peu plus de 10 000 signatures avaient été recueillies durant l’été, “sur le terrain”, c’est-à-dire en réalité sur les marchés, devant les supermarchés, ou directement chez les habitants de sa circonscription.
10 000 signatures sur un bassin de vie de 250 000 habitants, ce nombre dérisoire montrait alors le manque d’ancrage dans le réel de cette farce de lutte des classes. 10 000, c’est deux fois moins que le nombre de suffrages obtenus par le candidat de la droite populiste dans la circonscription de Saint-Amand-les-Eaux, qui ne compte que 80 000 inscrits.
A Saint-Amand-les-Eaux justement, le PCF disparaît donc du paysage. Reste l’essentiel : la classe ouvrière. Lors du premier tour des législatives anticipées de 2024, elle s’est livrée à une droite aigre par défiance d’elle-même. Elle agit encore par procuration, mais… la tension monte. Elle ne tardera pas à trouver en elle-même les ressources nécessaires pour provoquer le changement qu’elle attend.
Pour cela, la classe ouvrière doit accepter son vrai visage. Il n’est ni celui des beaufs de la gauche populiste, ni celui des arrivistes de la droite populiste.
De manière contradictoire, ce visage, c’est peut-être André Stil, journaliste et écrivain né à Hergnies près de Saint-Amand-les-Eaux et promoteur de la révision du communisme par le PCF, qui en parlait le mieux. Dans son livre autobiographique « l’optimisme librement consenti » paru en 1979, il décrit un type d’Homme dont il craignait la rigueur de l’engagement.
“La politique est nécessaire, c’est un mal nécessaire. Dans le monde d’aujourd’hui, une bonne politique est ce qu’on peut faire de mieux pour les hommes. Mais la politique est dure, souvent inhumaine.
Et le plus douloureux n’est pas toujours les coups à prendre ; il y a aussi les contrecoups de ceux qu’on donne. La plus humaine des politiques est parfois inhumaine.
Des hommes tout dévoués au bonheur de l’humanité peuvent, dans ce dévouement même, croire nécessaire de prendre un visage de bois.”
A Saint-Amand-les-Eaux et partout où la gauche de pantalonnade leur cède la place, les visages grimaçants de la droite populiste n’occuperont pas la scène bien longtemps. Et l’échec de Fabien Roussel, qui s’est cru populaire en maniant les éloges de la viande et de la voiture, fait partie de ce parcours-détour.
Dans le même registre, il y a d’ailleurs le désastre du PRCF. Le Pôle de Renaissance Communiste en France est issue de l’aile gauche du PCF, celle qui a la nostalgie du PCF des années 1980, de l’URSS des années 1980.
Le PRCF a choisi de présenter trois candidats pour ces législatives, après une campagne de boycott des élections européennes. C’était un vrai test, car le PRCF tente de se poser comme centre d’un nouveau Parti Communiste, différent de celui de Fabien Roussel, devant revenir sur le devant de la scène historique en France.
Le choix des circonscriptions a été prudent. Les candidats se sont présentés dans des endroits pour ne pas risquer de favoriser le Rassemblement National, des circonscriptions donc acquises à la gauche, où par ailleurs, il existait d’autres candidatures témoins d’extrême-gauche.
Seulement, voilà, au total il a été recueilli 541 voix par les trois candidats. Pour obtenir cela, autant ne rien faire. Quel intérêt que de se faire humilier et rappelé à son insignifiance politique? L’impact de la « gauche programmatique », dont fait partie le PRCF (comme Lutte Ouvrière ou le Parti Matérialiste Dialectique) est réel sur le plan des idées et de la culture, mais cela ne va pas au-delà et cela ne saurait se concrétiser en termes électoraux dans la France actuelle.
Ou alors c’est de la démesure et il y avait vraiment l’espoir de parvenir à quelque chose, ce qui serait une énorme erreur. Le PRCF propose en effet une « Alternative Rouge et Tricolore ». Et le terrain de ce mélange « national » et « social » est déjà occupé par le Rassemblement national de Marine Le Pen et Jordan Bardella.
Le PRCF peut bien dire que le RN est démagogue et mystificateur, que ses valeurs n’ont rien à voir, dans la pratique les gens ne comprennent rien à ce qui leur apparaît comme des nuances sans importance.
Les gens voient Fabien Roussel défendre le bleu-blanc-rouge, la viande et la voiture, ils voient le PRCF tout fonder sur la patrie… Qu’à cela ne tienne, il y a déjà Marine Le Pen et Jordan Bardella.
Il aurait fallu porter une différence, mais Fabien Roussel et le PRCF s’imaginent que la France est encore en 1960, qu’il n’y a pas de société de consommation, que les gens sont réellement pauvres voire misérables, etc. Ce manque de réalisme est fatal.
Dans le détail pour les résultats du PRCF, on a 131 voix pour Gilliatt De Staërck, dans la sixième circonscription d’Ille-Et-Villaine au nord de Rennes, ce qui représente 0,20% des voix. La candidate Manon Haller a fait 291 voix dans la deuxième circonscription du Val-de-Marne, soit 0,71% des voix, juste derrière le candidat Reconquête. Quant au troisième, il s’agissait de Yannick Duterte avec 119 votes soit 0,28% des voix dans la septième circonscription de Seine-Saint-Denis.
En Ille-et-Vilaine le PRCF appelle à l’abstention avec un deuxième tour Renaissance contre RN, dans le Val de Marne à voter pour le Nouveau Front Populaire (NFP) incarné par Rachel Keke, et en Seine-Saint-Denis aucune consigne n’est donnée puisque s’opposent le dissident LFI Alexis Corbière à Sabrina Ali-Benali de la France insoumise-NFP.
Le PRCF appelle en général à soutenir les candidats du PCF et de La France Insoumise, et à boycotter les autres. Ce qui revient à la position initiale du PRCF, qui est de se poser « à gauche » de La France Insoumise, avec toujours un grand respect pour Jean-Luc Mélenchon notamment.
Où est l’intérêt de tout cela? Quelle est la qualité apportée? Surtout alors que ce qui va arriver va être historiquement d’une autre dimension!
C’est à DJ Kore, un producteur de l’ancienne génération du rap français, et à Ramdane Touhami, un entrepreneur décadent, qu’on doit ce lamentable spectacle. Ils ont rassemblé des « artistes » pour tenter de produire un morceau dans la tradition anti-FN qui a eut cours dans le pays depuis les années 1990.
Difficile de savoir par où commencer tellement rien ne va. Déjà parce que le changement d’époque est radical et transposer ce qui était dit du Front National au début des années 2000 est contre-productif. L’époque a changé, sa ligne politique à changé, son électorat à changé, et en face, les cités ont changé, la gauche à changé et les rappeurs eux-mêmes ont changé. Bref tout a été modifié par la crise générale du capitalisme.
Certains revendiquent d’ailleurs leur absence de conscience politique ou carrément ne semblent même pas avoir compris qu’il fallait appeler à voter contre le RN :
Un vieux loup ne suit jamais la meute, Je ne voterai ni pour toi, ni pour toi. La grosse douille c’est d’avoir peur de ce qu’on ne connaît pas.
MC Tyer
Moi j’ai jamais voté Je suis de l’autre côté Les gars je vote pas Mais bon j’suis très étonné Leur programme me fait pas rigoler Allez niquer vos mères Marine et Bardella Bientôt je me barre de là.
RK
Le morceau No Pasaran n’est qu’une complainte glauque, une ambiance mafieuse du tous contre tous, complètement masculiniste. Il serait réducteur de limiter ça à l’absence totale de femme dans la démarche, puisque cela ne changerait pas le fond qui n’est que culture du gang, de la violence, autodestruction, dont les femmes se tiennent à l’écart de toutes façons.
C’est là d’ailleurs une énième preuve que face à la décadence anti-sociale du lumpenprolétariat allié à la bourgeoisie, la solution est dans la mobilisation de ces dernières.
Si les fachos passent, j’vais sortir avec un big calibre J’sors les canines, les petits niquent leur vie pour un peu de dopamine Ils nous vendent des belles paroles cellophanées L’intérieur de leur âme est fanée, ils méritent de caner J’revend c’qui fait planer…
Ashe 22
La jeunesse se lève pas voter Elle est scotchée sous frapasse
ISK
Quelle idée en même temps de faire un projet musical censé être engagé à gauche avec Seth Gueko qui fait l’éloge de la pornographie et fait référence à des tueurs en série, ou encore avec Alkapote, fan d’Alain Soral et admirateur d’Adolf Hitler ?
On en profite pour lui expliquer que l’hôtel est connu pour être l’ancien repaire de la Gestapo et des forces nazies durant la seconde Guerre Mondiale. « Lourd de ouf, frère, on n’a qu’à faire l’interview ici. J’suis fan d’Hitler. »
Une ribambelle de boulets conduits, qui plus est, par des vieux, des complotistes, des nuls qui ont fait leur temps.
40 ans qu’on l’écrit Voilà on en est là avec un seul candidat Jordannuel Macronardella
Akhenaton
Le monde est contrôlé par des Illu-Minés La vérité j’sais plus avec quoi la faire rimer
MC Tyer
Le résultat n’a rien de surprenant quand on voit comment les mafias sont devenues hégémoniques dans les quartiers et comment cela est sans cesse glorifié dans le rap, avec un attrait pour des pseudos contestations avec des poncifs islamistes et antisémites mais surtout, surtout, sans aucun réel repère. C’est le règne de l’ultra-individualisme mi-zombie, mi-gangster.
J’recharge la kalashnikov En Louis Vuitton comme Ramzan Kadirov Nique l’imam Chalgoumi [imam modéré médiatique ndlr] Et ceux qui suivent le sheitan à tout prix Marine et Marion les putes A coup de bâton sur ces chiennes en rut On continue la lutte, bientôt on va célébrer leur chute […] Ils font du mal à nos enfants Ils veulent nous injecter une puce dans le sang.
Alkpote
Le contraste avec Hip Hop Citoyen sorti en 2002 ou bien encore 11’30 contre les lois racistes (et 16’30 contre la censure) est frappant. Dans ces morceaux, il y a un ancrage dans le parcours des luttes de classe en France avec grosso modo des gens relevant du sous-prolétariat qui se rattachent à l’héritage de la classe ouvrière. Tant sur le plan de la forme relevant positivement de la variété française que sur le fond, avec sa perspective social-républicaine, on a un démarche politique sincère qui débouchera ou bien sur la révolte de l’automne 2005 ou bien sur l’engagement associatif « de quartier » avant d’échouer dans les années 2010.
« No Pasaran » est quant à lui un pur produit de la décomposition des quartiers dits populaires dans le cadre de la crise générale. Il est la consécration de l’anti-politique à la sauce émeutes de juin 2023. C’est un style totalement décadent avec une mentalité lumpenprolétaire qui n’a plus aucun lien avec le patrimoine historique de la Gauche.
Voter RN c’est comme une femen Qui veut être femme à Soral
Seth Gueko
Le morceau est hors-sol car porté par des gens qui ne glorifient que le business, il ne porte aucun engagement politique mais un ressentiment identitaire relevant d’un style à l’américaine, ni plus, ni moins.
De ce point de vue, il ne peut qu’être vomi par la masse des gens, particulièrement par la classe ouvrière. À l’inverse, il ne peut que satisfaire les franges post-modernes du Nouveau Front Populaire pour qui la « gauche » c’est se limiter à intégrer le plus d’identités possibles dans une énorme ronde de fausse tolérance et de vrai libéralisme.
Il y a eu d’ailleurs une réaction de Marine Tondelier, excusant la tonalité des paroles… Tout en disant que c’était le genre de choses qu’elle n’écoutait pas en tant que féministe. Elle finit par dire que c’est intrinsèque à la culture du rap, ce qui est strictement faux lorsqu’on connaît l’âge d’or d’avant les années 2000, où l’esprit dominant est résolument positif même si l’esprit ultra patriarcal a pu exister à la marge.
De son côté Marine Le Pen a réagi de manière totalement légitimiste, en en appelant à la justice. Elle gagne des points en se posant comme au-dessus de ce genre d’horreur.
Comment peut-il en être autrement? Les masses ne veulent pas des mafias, du style patriarcal comme il y a mille ou deux mille ans. La classe ouvrière, le noyau de la société, recherche logique, cohérence et rationalité. La chanson « No pasaran » en ce sens, par sa décadence, aide la démagogie de l’extrême-Droite !