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PCF(mlm) : La guerre en Ukraine ouvre la boîte de Pandore des conflits militaires impérialistes directs

Une prise de position.

Le point de vue communiste maoïste.

La guerre en Ukraine ouvre la boîte de Pandore des conflits militaires impérialistes directs –
la guerre populaire mondiale est la réponse historique

L’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022 indique que nous sommes entrés dans une nouvelle période, celle où les conflits militaires de haute intensité se présentent aux yeux des impérialistes comme un moyen réalisable d’atteindre ses objectifs. C’est là un saut qualitatif mondial dans le rapport entre les pays, entre les États ; cela correspond à un niveau de conflictualité nouveau sur le plan des contradictions inter-impérialistes.

Nous soulignons ici que nous avons prévu depuis une année un tel saut, que nous en avons analysé en amont de très nombreux aspects, parce que nous avons saisi que la pandémie ouvrait en 2020 la seconde crise générale du capitalisme. S’il est important de le dire, c’est parce que tout positionnement est par définition toujours politique et que, désormais, il l’est d’autant plus. Dans cette nouvelle situation, toute prise de position ou non-prise de position n’est pas seulement lourde de sens, mais également empreinte d’une signification majeure, dans la mesure où elle converge avec telle ou telle tendance historique.

Autrement dit, le caractère foncièrement apolitique des pays capitalistes développés, comme la Belgique et la France, est en contradiction avec le fait que ces pays se voient arrimer à un phénomène historique qui est la tendance à la guerre. Nous ne parlons pas seulement ici d’interventions militaires, comme les pays impérialistes en ont mené de manière ininterrompue depuis trente ans, mais d’une démarche de mobilisation militariste engageant l’ensemble des aspects d’un pays entier.

Dans un tel contexte où les États se structurent littéralement pour la guerre, dire certaines choses et pas d’autres, ne rien dire, faire certaines choses ou ne rien faire… s’intègrent forcément à une orientation politique, en raison d’une époque qui a changé et est désormais marquée par des conflits de haute intensité comme possibilités et même comme nécessités afin de trouver une « sortie de crise ». Il n’est pas d’apolitisme qui tienne – auparavant, c’était déjà fictif, mais dans une époque de tendance à la guerre, cela devient entièrement artificiel.

Si nous faisons de cet aspect concret l’aspect principal de notre déclaration, c’est en raison du primat de la pratique, car la dignité du réel prime toujours. La guerre impérialiste ne tombe pas du ciel, pas plus qu’il n’y a des partisans de la guerre impérialistes qui tomberaient du ciel pour prendre le pouvoir d’État et réorienter subitement, du jour au lendemain, un pays vers la mobilisation nationaliste générale. C’est dans la réalité que se produit la tendance à la guerre, c’est de la réalité que procède la tendance à la guerre, sur la base d’innombrables contradictions produites par le mode de production en capitaliste en crise.

C’est parce qu’un pays est dos au mur, qu’il a besoin d’une sortie de crise coûte que coûte, que la guerre se produit, sur une base impérialiste car relevant de ce qui forme une grande bataille pour le repartage du monde. C’est le sens de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, cette dernière étant confrontée à une crise propre à son régime oligarchique dans le cadre général imposé par la pandémie. L’impérialisme oligarchique russe ne pouvait plus tenir le rythme capitaliste et il a été obligé de chercher à modifier la situation, par le conflit de haute intensité, franchissant le pas en raison d’une nécessité historique qui lui était propre.

On ne peut pas comprendre l’invasion russe si on s’imagine qu’elle a comme base le désir d’un individu cherchant à récréer un empire dont il deviendrait le tsar ; tomber à ce niveau d’analyse où le président russe Vladimir Poutine serait un tyran est totalement hors sol. L’invasion russe procède de contradictions internes, propres au régime russe, avec notamment la contradiction entre les intérêts du complexe militaro-industriel et ceux de l’oligarchie, dans le cadre d’un capitalisme frappé au niveau général par la crise générale.

Si les oligarques étaient en mesure d’accompagner individuellement cette crise de par leur mode de vie individuel décadent et parasitaire dans les hautes sphères bourgeoises internationales, en tant que classe l’oligarchie russe est intrinsèquement lié au complexe militaro-industriel dans le cadre national capitaliste russe, et cet aspect est devenu principal avec la crise générale ouverte en 2020, car la Russie risquait de basculer dans un déclassement significatif.

Si la question de l’OTAN a été sans cesse primordiale dans l’argumentation russe, avec une réelle inquiétude devant la menace de ce bloc militaire à ses frontières, il y a fondamentalement la pression économique énorme exercée par le bloc capitaliste occidental avec la superpuissance impérialiste américaine et les pays de l’Union européenne. Ce bloc a réussi, momentanément, à bloquer les effets immédiats de la crise générale, en multipliant des crédits à très grande échelle. La Russie, de par sa nature économique à la fois bureaucratique et productrice de matières premières, n’était pas en mesure d’accompagner cette initiative capitaliste à grande échelle.

Cependant, l’analyse détaillée des contradictions internes à la Russie reste une tâche à mener et ce n’est pas l’aspect principal ici. En effet, ce qui prime avant tout, c’est que la guerre en Ukraine ouvre la boîte de Pandore des conflits militaires impérialistes directs. Il s’agit là d’un profond renversement, qui a une nature concrète concernant tous les aspects de la vie quotidienne dans les pays impérialistes.

Il faut en effet malheureusement constater que le conflit militaire en Ukraine marque l’émergence de la guerre conventionnelle au 21e siècle. Une fois qu’une telle guerre ouverte a été menée, une autre peut être menée bien plus facilement, du fait de la banalisation de ce phénomène dans les esprits, surtout si c’est présenté comme une fatalité aux yeux des opinions publiques travaillées au corps par les grandes bourgeoisies de chaque pays.

Le militarisme de chaque État va se voir encore plus accentué, encore plus « justifié ». La tendance à la guerre va se systématiser avec encore plus d’agressivité, exigeant une soumission chauvine toujours plus grande et même une mobilisation « patriotique » en ce sens.

Les institutions – de l’École aux syndicats, des services publics aux partis politiques – vont inlassablement contribuer à renforcer cette tendance, à l’inscrire dans le temps, à galvaniser dans le sens du nationalisme.

La question fondamentale qu’il y a ici, c’est de savoir dans quelle mesure il y a une capacité réelle de la part des pays capitalistes avancés à mettre en place une armée de masse, au-delà de l’armée professionnelle en place, et de savoir comment le rapport entre les deux peut se faire.

Le capitalisme est ici déchiré entre sa nature de société de consommation de masse, avec des consommateurs totalement individualisés, différenciés au point de multiplier les marchés différents, et un besoin d’organiser de manière militaire de quoi assurer l’expansion aux dépens des autres puissances, avec des soldats façonnés de manière uniforme, obéissant au doigt et à l’œil.

Il y a ici un aspect très important à prendre en compte, qui tient finalement même à la capacité du régime politique en place à se maintenir.

La crise générale du capitalisme est un défi et les régimes doivent, pour l’assumer, se réimpulser. Sans cela, ils ne sont pas capables d’être au niveau du nouveau contexte. Cela implique un renouvellement du personnel politique, une reconfiguration idéologique avec notamment une modification des partis politiques en place.

C’est un phénomène complexe et contradictoire. Le régime veut se renforcer en se renouvelant, mais en se renouvelant il déchire le tissu social existant au préalable, ce qui laisse des espaces pour l’émergence d’une opposition politique, idéologique, culturelle, sociale.

La marche à la guerre du capitalisme n’est pas une voie tranquille, elle ne peut pas se faire sans conflits tant avec les habitudes prises dans le libéralisme qu’avec des masses toujours plus pressurisées pour payer la facture de la crise et de la militarisation.

Il y a ici un espace nouveau qui doit être compris par les communistes, et pour le comprendre il ne faut pas s’attendre à ce que le niveau de conscience atteigne un réel niveau de manière spontanée.

D’abord, parce que ce n’est jamais le cas, ensuite parce que la question de la rupture est encore plus essentielle dans une société capitaliste qui, même affaiblie dans ses fondements, permet encore un très haut degré de corruption.

On le voit bien avec le déclenchement de la guerre en Ukraine, qui a soulevé le cœur des masses, mais un temps bref seulement, la vie quotidienne capitaliste reprenant quasi immédiatement le dessus.

Nous attirons l’attention sur cette question de l’évaluation du processus de la marche à la guerre, qui est essentielle pour permettre de se placer politiquement de manière adéquate ; les erreurs à ce niveau sont fatales, car en élevant à chaque fois le niveau d’un cran, le capitalisme rend les choses plus difficiles, centralisant le régime et le militarisant.

Ce qui, dialectiquement, implique de calibrer de manière adéquate les propositions politiques communistes. Le grand risque est ici le gauchisme. Plus le capitalisme se centralise, plus il devient fort, mais en même temps il rend toujours plus étroit sa base et par là-même il se fragilise.

Si la situation implique ainsi toujours plus de radicalité, le programme communiste vise pourtant dialectiquement, à court et moyen terme, toujours moins un État socialiste en tant que tel, pour se tourner vers la proposition d’un nouvel État démocratique et populaire, sur une base d’opposition au nationalisme et au militarisme, c’est-à-dire en fin de compte anti-monopoliste.

La question qui se pose avec l’irruption de la guerre comme actualité, ce n’est pas moins que celle de la nature de l’État et de ses orientations. Les impérialistes précipitent les masses dans la guerre au moyen de leurs États, aussi les communistes doivent-ils faire en sorte que les masses génèrent un nouvel État prenant une option entièrement différente.

Ces masses doivent être unies et de par la centralisation des régimes se tournant vers la guerre, il faut un programme répondant dialectiquement à cette centralisation. Il y a donc besoin de la mise en place d’un nouveau régime, démocratique et populaire, privant le pouvoir de la haute bourgeoisie et ses vassaux, en nationalisant les principaux secteurs de l’économie, en formant une armée nouvelle, de type démocratique et populaire, en brisant les idéologies nationaliste et militariste.

Le caractère démocratique et populaire de cet État – et non pas socialiste et ouvrier – tient au fait que la tendance à la guerre va de pair avec une immense décomposition sociale et que, par là-même, seul le front le plus large est en mesure de faire face à un régime précipitant toujours plus le pays dans son ensemble dans le militarisme, le nationalisme, l’aventurisme militaire.

C’est la grande leçon des années 1920 et 1930, avec la systématisation de l’action antifasciste, du Front populaire, comme proposition démocratique anti-monopoliste.

Dans un contexte de fuite en avant d’une société déboussolée, de fascisation, de nationalisme exacerbé, de militarisme se généralisant… la proposition stratégique communiste est sur la défensive, par définition.

La réalité politique, sociale, culturelle, idéologique… ne laisse aucune place aux fantasmes ultra-gauchistes, faux qui plus est car, à une époque de décadence, l’affirmation démocratique et populaire tend par elle-même, par nature, au socialisme, et ce dans un processus ininterrompu, et mondial.

La bataille pour le repartage du monde a en effet un caractère planétaire historique. Au-delà des contingences, des particularités nationales, il ne faut pas perdre de vue que, historiquement, le pendant de la guerre impérialiste, c’est la guerre populaire mondiale.

Cela, les impérialistes s’en doutent bien et c’est aussi leur inquiétude, en plus de leur obsession de repartage du monde. Comme l’a enseigné Gonzalo, le dirigeant du Parti Communiste du Pérou dans la seconde moitié des années 1980 :

« Le Président Mao nous disait : il faut se préparer et se préparer dès maintenant contre une guerre impérialiste et principalement contre une guerre atomique.

Comment allons-nous leur répondre ? Évidemment, seulement avec la guerre populaire, il n’y a pas d’autre forme, voilà le principal.

Les démasquer fait partie d’une campagne de propagande qui montre au monde leurs sinistres et macabres plans d’énorme génocide, mais jamais cela n’arrête une guerre.

Staline l’a dit clairement : ces campagnes n’arrêtent jamais une guerre.

Alors la seule chose à faire, si nous voulons empêcher une guerre, c’est de développer la révolution.

Comme l’enseigne le Président Mao : soit la révolution empêche la guerre mondiale, soit cette dernière attise la révolution. »

Il faut stopper les assassins avant qu’ils passent leurs actions et, si jamais ceux-ci commencent leurs basses œuvres, il faut les combattre dans chaque pays, sans converger avec eux. Cette perspective impose des tâches spécifiques dans chaque pays, mais relève du cadre général de l’internationalisme prolétarien, avec comme perspective la République Socialiste mondiale.

Ce qui signifie : opposer à la guerre impérialiste mondiale la guerre populaire mondiale.

Mars 2022

Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)

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PCRF : Russie – Ukraine : A bas les guerres impérialistes !

Une prise de position.

Le Parti Communiste Révolutionnaire de France est issu de la « gauche » du PCF des années 1990.

Russie – Ukraine : A bas les guerres impérialistes !

Depuis des mois, le PCRF alerte sur les conséquences des tensions accrues entre impérialismes (USA, pays de l’UE, Russie, Chine), qui instrumentalisent ou favorisent des conflits locaux dans l’intérêt exclusif de leurs monopoles.

C’est dans ce cadre que, le jeudi 24 février 2022, la Russie a déclenché une guerre contre l’Ukraine, à travers l’entrée de l’armée russe au Nord-Est de ce pays et les bombardements de plusieurs villes ukrainiennes.

Le PCRF condamne cette agression de la Russie capitaliste contre son voisin, et exige l’arrêt total de cette guerre qui a déjà fait de nombreuses victimes parmi les civils.

Rappelons que les tensions entre la Russie et l’Ukraine, soutenue par l’UE et l’OTAN, dont la France fait partie, ont été accentuées par la question du Donbass  : le refus de parvenir à un accord, l’augmentation des bombardements de Donetsk et de Lougansk par Kiev ont conduit à la reconnaissance par les autorités bourgeoises de la Fédération de Russie de ces républiques de l’Est de l’Ukraine, en guerre depuis 8 ans contre le pouvoir fasciste ukrainien issu du coup d’État de 2014, soutenu par la France, l’UE et les États-Unis.

Mais la première cause de ce conflit est l’affrontement inter-impérialiste entre la Russie et les pays occidentaux membres de l’OTAN. Le peuple du Donbass est devenu un otage dans la lutte entre, d’un côté, l’Ukraine nationaliste soutenue par les États-Unis et les pays européens dont la France, et de l’autre côté, la Russie de Poutine qui cherche à faire revenir l’Ukraine dans sa zone d’influence.

Indépendamment des prétextes utilisés par les deux parties, le conflit militaire en Ukraine est le résultat de l’aiguisement de la concurrence entre les deux camps belligérants, principalement axée sur les sphères d’influence, les parts de marché, les matières premières, les plans énergétiques et les voies de transport  ; la situation, les positions des uns et des autres et les contradictions au sein de l’UE ne peuvent se comprendre sans le sujet du gaz russe en Allemagne ou du gaz de schiste états-unien par exemple.

La France est aussi le troisième investisseur en Russie, le premier employeur étranger et joue également sa partition, tandis que sa présence en Mer Noire et en Méditerranée (Grèce, Italie, etc…) s’est récemment renforcée, en concurrence avec la Turquie.
Ces concurrences ne peuvent pas toujours être résolues par des moyens diplomatico-politiques et des compromis fragiles.

La responsabilité de cette guerre est donc partagée entre d’une part les États-Unis, l’OTAN et l’UE qui soutiennent le gouvernement réactionnaire de Kiev, les mécanismes paramilitaires et les groupes fascistes en Ukraine et qui, depuis des années, promeuvent leurs positions (élargissement de l’OTAN aux pays d’Europe orientale, bouclier antimissile, etc.) ; et d’autre part la Russie capitaliste qui promeut ses propres plans d’unification capitaliste des pays de l’ex-URSS et qui, ces dernières années, a procédé à l’annexion de la Crimée à la Fédération de Russie et à la récente reconnaissance de l’ »indépendance » des soi-disant « républiques populaires » de Donetsk et de Louhansk.

C’est la confirmation que la guerre est la continuation de la même politique avec d’autres moyens. C’est la preuve que la guerre impérialiste, ainsi que la mort et la destruction qu’elle provoque, découlent inévitablement de la concurrence capitaliste, de son mode de production. Rappelons que sous le socialisme, contrairement au discours antisoviétique de Poutine du 21 février 2022, les peuples russe et ukrainien vivaient en amitié et prospéraient en paix.

Fort de cette analyse, le PCRF refuse de s’associer à la propagande agressive antirusse et au matraquage médiatique préparant les esprits à la guerre contre la Russie, alors que les forces de l’OTAN, de l’UE, les États-Unis et la France ont une part écrasante de responsabilité dans cette situation. L’envoi et la présence d’un contingent français renforcé (jusqu’à 1000 hommes) en Roumanie doivent être empêchés.

À présent, ce conflit militaire peut mener à une confrontation aux dimensions imprévisibles, d’autant plus qu’elle est liée à une confrontation générale (entre les États-Unis, les pays de l’UE, la Chine, la Russie, etc.) pour la suprématie dans le système impérialiste. Les peuples des pays impliqués seront une fois de plus les victimes, car les répercussions économiques et géopolitiques de ce conflit affectent les peuples du monde entier.

Le PCRF exprime sa solidarité avec les travailleurs du Donbass, de la Russie et de l’Ukraine, qui doivent pouvoir décider, en toute indépendance, notamment à travers leurs luttes, et loin de tous les plans bourgeois et impérialistes, de leur destin en faveur de la paix. Il faut lutter contre le chauvinisme et le nationalisme, contre les pièges d’une confrontation sur des bases ethniques qui masque les véritables causes du conflit.

Face à ce nouveau drame, notre réponse de communistes, en France, est plus que jamais : À bas la guerre impérialiste, qui conduit au massacre de populations, en Ukraine, en Russie et partout dans le monde !

À ce titre, nous appelons les travailleurs de France à lutter contre les plans impérialistes des organisations comme l’OTAN et l’UE, et surtout, contre notre propre impérialisme français et ses ambitions militaristes en Europe et dans le monde.
La lutte contre l’UE et l’OTAN est indissociable de la lutte générale pour le socialisme-communisme en France et dans le monde.

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Le PCI sur l’impérialisme russe en Ukraine

Une prise de position.

Le Parti communiste international est une organisation se revendiquant de la « gauche italienne » des années 1920, également dénommée « bordiguiste », et se rattachant à l’ultra-gauche.

Dans son affrontement avec l’impérialisme américain et les impérialismes européens, l’impérialisme russe lance ses troupes à la reconquête territoriale de zones stratégiques de l’Ukraine : après la Crimée, le Donbass, puis Odessa ?

Depuis huit ans, des affrontements armés ont lieu en Ukraine dans la région du Donbass, notamment dans les provinces de Lougansk et de Donetsk, entre les séparatistes russophones et l’armée ukrainienne, en dépit des accords de Minsk de 2014 et de Minsk II de 2015, qui ont fait l’objet d’un grand battage médiatique ;  ils impliquaient l’Ukraine, la Russie, l’OSCE, les représentants des deux « républiques populaires » autoproclamées de Lougansk et de Donetsk et, dans les accords de Minsk II, également la France et l’Allemagne. Selon les médias, pas moins de 22 000 personnes sont mortes au cours de ces huit années de guerre de « basse intensité ».

Il était clair dés le début que ces accords n’avaient aucune chance d’être respectés par l’une ou l’autre des parties directement concernées –Ukraine, Russie, séparatistes russophones –, à tel point qu’il a fallu un Minsk II qui n’a pas davantage apporté la paix.

De la part de Kiev, l’engagement de reconnaître aux deux « républiques » de Lougansk et de Donetsk la grande autonomie promise, tout en maintenant une forte présence de sa propre armée, n’a pas été respecté ; de la part de ces deux « républiques », avec derrière elles la Russie en tant que véritable protagoniste, les attaques  contre l’armée ukrainienne, considérée comme «  occupante » de la partie occidentale des provinces de Lougansk et de Donetsk, n’ont jamais cessé.

En réalité, comme le souligne notre prise de position du 25 décembre dernier (cf « Tensions à la frontière ukrainienne : seul le prolétariat peut mettre fin aux affrontements impérialistes », 25/12/2021), la véritable cause de l’affrontement dans le Donbass est à rechercher dans le fait que cette région est absolument stratégique tant pour la Russie que pour l’Ukraine d’un point de vue économique et politique et, du point de vue des contrastes inter-impérialistes, également pour les impérialismes européen et américain.

Elle l’est, en effet, pour l’OTAN et l’Union Européenne, depuis qu’en 1991 – après l’effondrement de l’URSS –   tous les pays qui faisaient partie de l’empire russe s’en sont détachés, devenant indépendants de Moscou.

Mais à l’ère impérialiste, l’indépendance d’un pays par rapport aux autres, et surtout par rapport à l’impérialisme qui le dominait auparavant, reste un désir abstrait. Il y a tellement d’aspects économiques, financiers, politiques et militaires qui déterminent la politique intérieure et extérieure d’un État que celui-ci – surtout s’il se trouve dans une zone géopolitique de grande importance dans les rivalités inter-impérialistes, comme l’Europe de l’Est, est obligé de vendre son « indépendance », et donc son territoire, son économie et son gouvernement, à l’un des pôles impérialistes qui peut le mieux favoriser ses intérêts nationaux ou, au moins, le protéger des convoitises des pays ennemis. Bien entendu, le degré de soumission d’un État à un impérialisme plus puissant dépend d’une série de facteurs politiques et économiques qui varient en fonction des rapports de force entre les différents impérialismes qui dominent le marché international et, par conséquent, le monde, et du degré de faiblesse du pays soumis.

Dans le cas des anciennes républiques « populaires » et « démocratiques » d’Europe de l’Est qui faisaient partie de l’empire russe – et que la contre-révolution stalinienne, déformant totalement le marxisme, présentaient comme « socialistes » – la transformation des satellites de Moscou en satellites de l’Union Européenne et des États-Unis a pris environ quinze ans.

Elle a commencé par l’intégration de l’Allemagne de l’Est dans l’Allemagne de l’Ouest (après la chute du mur de Berlin en 1989) et s’est poursuivie avec la Pologne, la Hongrie, la Tchécoslovaquie (divisée pacifiquement en République tchèque et en Slovaquie), la Bulgarie, les États baltes, etc., tandis que d’autres pays, comme la Biélorussie et l’Ukraine, ont continué à être soumis beaucoup plus directement à une forte influence de Moscou, malgré leur « indépendance ».

Cette longue transmigration a entraîné, outre l’intégration de nombre de ces pays dans l’Union européenne, l’affiliation de beaucoup d’entre eux à l’OTAN (République tchèque, Hongrie, Pologne, Bulgarie, Estonie, Lituanie, Lettonie, Roumanie, Slovaquie).

L’OTAN, l’Alliance Atlantique militaire, a été  fondée en 1949 par les États-Unis et onze autres pays d’Europe occidentale. En 1955, l’Allemagne de l’Ouest adhéra à l’Alliance ; c’est alors que Moscou, voyant les forces militaires de l’OTAN stationnées aux portes de l’Allemagne de l’Est –notoirement le côté le plus stratégique des frontières européennes du fameux « rideau de fer » – s’est empressée d’unir, dans ce qui est devenu le Pacte de Varsovie, les forces armées de l’URSS et des autres pays d’Europe de l’Est qui faisaient partie de ses dominions occidentaux (Allemagne de l’Est, Tchécoslovaquie, Pologne, Hongrie, Roumanie, Bulgarie), constituant ainsi un important rideau défensif contre des attaques terrestres et aériennes tout au long d‘une ligne allant des frontières des États baltes à la mer Noire.    

Avec l’effondrement de l’URSS, le Pacte de Varsovie s’est dissous et le rideau défensif formé par les pays de ce Pacte a disparu ; la grave crise économique et politique connue par  la Russie dans les années 1990 l’a contrainte à se replier à l’intérieur des seules frontières de la Fédération de Russie, en essayant de maintenir et de consolider les liens avec les groupes ethniques russes qui vivaient dans certains pays (pays baltes, Biélorussie, Moldavie, Ukraine).

Il suffit de regarder une carte pour comprendre qu’en étant présente en Biélorussie et en Ukraine, la Russie dispose encore, d’un point de vue militaire, d’un zone  tampon efficace, et d’un point de vue économique, surtout en ce qui concerne l’Ukraine, d’un excellent allié tant pour la production agricole que pour la production industrielle et énergétique.

De toute évidence, Moscou n’a pas vu d’un bon oeil l’inclinaison de l’Ukraine à intégrer l’Union européenne, sans parler de l’OTAN. Tout comme la Maison Blanche n’avait pas du tout apprécié en 1962  l’installation de missiles russes à Cuba, elle n’apprécierait pas du tout l’installation de missiles américains en Ukraine si celle-ci rejoignait l’OTAN. En 1962, l’Amérique menaça de faire la guerre à la Russie, déclenchant ainsi une guerre mondiale ; soixante ans plus tard, en 2022, la Russie, en occupant l’Ukraine, cherche à prévenir l’installation de missiles américains en Ukraine… « pour éviter une guerre mondiale »…  

À l’heure où les pays européens ont montré qu’ils n’avaient pas la capacité, ou l’intérêt, de s’unir politiquement  étant donné la concurrence inter-impérialiste féroce entre eux,  y compris entre l’Allemagne et la France, et à l’heure où même les États-Unis rencontrent de sérieuses difficultés à maintenir leur suprématie politique dans le dit « monde occidental », la Russie ose des opérations qu’elle n’aurait même pas imaginées il y a seulement quinze ans.

Ses interventions en Syrie et en Libye, son « alliance » subtile avec la Turquie, en profitant de l’ambition d’Ankara de se tailler une place parmi les puissances régionales du Moyen-Orient, ainsi que la conduite désastreuse de la guerre américano-européenne en Irak, en Libye, en Syrie et en Afghanistan, signent une série de pas que l’impérialisme russe, historiquement expert à attendre patiemment de se mouvoir (avec le « Général hiver » comme allié supplémentaire), est en train d’accomplir pour récupérer au moins une partie de son ancienne puissance impérialiste.

Mais l’impérialisme n’a de force que s’il repose sur des bases économiques et financières solides. Et l’impérialisme russe ne peut rivaliser en force économique et financière avec l’impérialisme américain. En revanche, il est dotée d’une puissante force militaire, et notamment nucléaire, et c’est cet aspect qui inquiète Washington, Berlin, Paris, Londres et Rome et sur lequel il mise évidemment.

Le territoire russe s’étend de l’Europe à l’Asie ; cette immensité sur deux continents s’est avérée être à la fois une force (en cas d’attaque, par exemple par l’ouest, il est possible de se replier sur un vaste territoire pour réorganiser ses forces et  contre-attaquer), mais aussi une faiblesse (en cas d’attaque des deux côtés, de l’est et de l’ouest, il est beaucoup plus difficile d’organiser la contre-attaque).

Mais occuper la Russie, prendre Moscou (ce qui reviendrait dans le cas français la France à prendre Paris), n’a jamais été une tâche facile ; Napoléon a essayé, l’Empire allemand l’a tenté pendant la première guerre mondiale, l’Allemagne nazie a essayé aussi lors de la deuxième guerre mondiale, mais personne n’y a réussi.

Une seule force a réussi à renverser le pouvoir en Russie, alors centré à Petrograd : la révolution prolétarienne et communiste de 1917 ; cette force représentait le fer de lance de la révolution mondiale qui visait à renverser les pouvoirs bourgeois non seulement en Russie mais aussi à Varsovie, Budapest, Berlin, Vienne et ensuite à Paris, Londres, en vue de la révolution en Orient, en Chine, et dans l’Occident profond, en Amérique.

Ce grand dessein révolutionnaire ne s’est pas réalisé, non seulement parce que les puissances impérialistes européennes et américaines ont résisté et contre-attaqué avec une force décuplée (comme le soutenait Trotsky), mais surtout à cause de l’oeuvre de l’opportunisme réformiste et, plus tard, stalinien, qui, tel un cancer, a débilité le prolétariat, sa lutte et les partis qui étaient censés le guider et le diriger dans tous les pays, jusqu’à les effacer de l’horizon pendant des décennies.

Au cours des cinquante dernières années qui nous séparent de la grande crise mondiale de 1975 et de la fin des grands mouvements anticoloniaux, nous avons assisté à une interminable série de guerres locales, régionales, voire tribales, dans lesquelles les différentes puissances impérialistes ont été constamment impliquées, directement ou indirectement.

Ces guerres ont presque toujours eu lieu à la « périphérie » de l’impérialisme, en Afrique, en Asie, en Amérique latine, dans les territoires où la domination coloniale la plus brutale s’est exercée pendant des siècles, tandis que l’Europe occidentale et l’Amérique apparaissaient comme des lieux où régnait la paix, continuant à faire croire aux prolétaires des métropoles que cette paix dans laquelle ils vivaient était due à la démocratie, à la civilisation moderne et au développement capitaliste.

Mais ce développement, de même qu’il conduisit à la crise mondiale de 1975, déboucha sur  l’effondrement de l’URSS et sur les heurts en Yougoslavie, qui s’est également effondrée sous les coups de la crise économique et de la guerre entre nationalismes retrouvant une force nouvelle : alors, disait-on, la guerre  frappe aux portes de l’Europe – et elle l’a fait pour toute une décennie.

Aujourd’hui, elle frappe à nouveau, toujours aux portes de l’Est, cette fois en Ukraine, mais, contrairement à la décennie yougoslave (1991-2001), aucun impérialisme occidental, pas même les Etats-Unis, n’entend s’impliquer militairement dans la défense de la très sainte souveraineté nationale de Kiev !

La Russie a bien calculé son timing : elle a laissé la porte ouverte aux discussions diplomatiques et, en même temps, elle a massé 170 à 190 mille soldats aux frontières de l’Ukraine, prêts à intervenir – comme l’ont fait à maintes reprises les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne – en tant que « forces d’interposition » ; non pas en tant que forces d’occupation mais en tant que forces militaires défendant  la « souveraineté » des deux républiques autoproclamées, officiellement reconnues quelques jours auparavant par la Douma russe.

Le prétexte de l’attaque militaire de grande ampleur était sur la table ; Poutine n’a eu aucun mal à l’utiliser pour justifier l’intervention militaire, dont il a annoncé les deux objectifs : protéger la population des deux républiques séparatistes du Donbass de la répression ukrainienne, et démilitariser l’Ukraine du pouvoir « nazi » du gouvernement de Kiev.

La réaction américaine s’est réduite à la menace de sanctions, plus dures que celles déjà mises en place en 2014 lors de la prise de la Crimée par la Russie, tant sur le plan économique que financier . Après la rebuffade reçue par Macron et Scholtz, qui s’étaient précipités à Moscou pour dissuader Poutine d’envahir l’Ukraine, l’Union européenne a rejoint Washington : sanctions, sanctions, sanctions.

Les intérêts commerciaux et financiers de l’Allemagne, de l’Italie, de la France, de la Pologne et de beaucoup d’autres pays européens avec la Russie ont un poids important, et pas seulement en ce qui concerne le gaz naturel qui, à travers les nombreux gazoducs existants, arrive en Europe occidentale pour couvrir environ 40% de ses besoins énergétiques : un pourcentage qui ne peut être garanti que par la Russie, et qui pourrait même augmenter lorsque Nord Stream 2, le gazoduc déjà prêt et qui, au fond de la mer Baltique, arrive de la Russie directement en Allemagne sans passer par un pays tiers, commencera à fonctionner. L’Allemagne et l’Italie, les deux principaux pays industriels d’Europe, sont ceux qui dépendent de manière significative du gaz russe.

Si la Russie, en réaction aux lourdes sanctions qui lui sont infligées devait fermer les robinets de gaz à l’Europe, l’Allemagne et l’Italie seraient les pays qui paieraient immédiatement le prix le plus élevé. Bien sûr, la Russie serait également perdante, car elle ne trouverait pas facilement une alternative, pas même avec la Chine, qui dernièrement semble intéressée par le gaz russe. Par conséquent, des sanctions trop lourdes ne seront pas déclenchées de part et d’autre, malgré une pression américaine considérable sur les Européens. Les intérêts en jeu sont trop importants pour les mettre en péril juste pour plaire à Washington…

Tant qu’il s’agit de discussions, aussi dures que l’on veut… et de sanctions qui n’entraînent pas un prix trop élevé à payer, d’accord ; mais s’il s’agit de porter un coup mortel à la reprise économique qui vient de renaître après les années de pandémie…, il n’en n’est pas question, pour l’Allemagne en premier lieu, la seule à pouvoir résister à la pression de Washington et, en même temps, à celle de Moscou.

Par conséquent, l’expédition militaire de Moscou en Ukraine continuera, au milieu des cris et des pleurs de toutes les chancelleries occidentales pour la violation de la souveraineté nationale et de la démocratie; mais les affaires sont les affaires ; en 2014 face à l’intervention militaire russe en Crimée, les sanctions occidentales contre Moscou n’ont arrêté ni l’occupation ni l’annexion; comment pourraient elles arrêter l’occupation militaire russe du Donbass (qui est la région minière la plus importante d’Ukraine), voire la guerre en Ukraine ?

Il est plus probable, étant donné la situation générale actuelle des rapports de force inter-impérialistes, que ce qui s’est en partie produit en Géorgie se reproduise en Ukraine ; à savoir que la Russie 1) empêche le pays d’être affilié à l’OTAN, 2) que la partie du pays habitée par des groupes ethniques russes se détache en une république autonome et serve de tremplin à de futures opérations de plus grande envergure, 3) que les coins que représentent ces zones séparatistes portent également leurs fruits d’un point de vue économique et en termes de voies de communication avec d’autres pays directement contrôlés par le pouvoir russe, 4) qu’ils constitueront un avertissement constant pour les pays voisins de la présence militaire russe, prête à intervenir rapidement pour défendre les frontières sacrées même loin de Moscou, ou pour annexer les territoires lorsque la situation générale semble favorable à une éventuelle annexion.

Il ne faut pas oublier que l’impérialisme ne signifie pas seulement l’économie des monopoles et du capital financier, mais aussi l’occupation et l’annexion de territoires.

Comme nous l’avons écrit dans notre prise de position du 25 décembre : «L’Ukraine est l’un des endroits qui peuvent devenir un foyer de guerre impérialiste lorsque les tensions internationales aiguisées par les crises économiques, pousseront à nouveau les grands impérialismes vers un troisième conflit mondial. Les « nuées » menaçantes ne cessent de s’accumuler, mais nous ne sommes cependant pas encore à la veille d’un tel conflit ; d’ailleurs les futures alliances de guerre ne sont pas encore fixées : la Russie et les Etats-Unis réussiront-ils à s’entendre contre la Chine, ou l’axe russo-chinois contre les Etats-Unis se concrétisera-t-il? »

 Pendant ce temps, la Chine regarde ce qui se passe et enregistre les différentes réactions des impérialistes en lice, dans la position d’un futur protagoniste, désireux de comprendre le type d’attitude et de force de ceux qui pourraient devenir les alliés ou les ennemis de demain. Il ne fait aucun doute qu’à l’heure actuelle, elle souhaite justifier les actions de Moscou en fonction anti-américaine et que demain, après avoir mis la main sur Hong Kong, elle vise à s’emparer du morceau le plus savoureux, constitué par Taïwan (l’île de Formose) que Pékin a toujours considéré comme une partie intégrante de la Chine, soustraite en 1949 à l’unité territoriale nationale par l’impérialisme anglo-américain, avec la Russie à ses côtés.

L’époque impérialiste  est l’époque des guerres permanentes, à différents niveaux, en fonction de l’accumulation des contradictions sociales et de la succession des crises économiques et financières qui la caractérisent. Ce ne sont pas, comme cela ne l’a jamais été, les accords diplomatiques et de « paix » qui suivent les conflits, même les plus dévastateurs, qui empêcheront la course naturelle du capitalisme vers la guerre ; les deux guerres impérialistes mondiales du siècle dernier projettent leur ombre sur la prochaine troisième guerre mondiale vers laquelle se précipitent inexorablement les contrastes inter-impérialistes.

La seule force capable de l’empêcher ou de l’arrêter ne sera jamais bourgeoise et impérialiste, pas même sous sa forme la plus démocratique et « civilisée » ; ce sera la force sociale représentée par la classe ouvrière, par le prolétariat, qui dans le monde entier est contraint aux mêmes conditions salariales et que les mêmes contradictions économiques et sociales poussent à faire de l’antagonisme de classe qui caractérise la société bourgeoise, le ressort d’une lutte non pacifique, non démocratique, non parlementaire, mais de classe: alors la guerre impérialiste se transformera en guerre civile, comme Marx et Engels l’ont affirmé après l’expérience de la Commune de Paris et comme Lénine et l’Internationale Communiste le proclamèrent après la révolution victorieuse d’octobre 1917.

Pour que le prolétariat soit préparé à ce rendez-vous historique avec sa révolution de classe, il doit se débarrasser de l’épaisse couche de légalisme, de pacifisme et de démocratisme dont l’opportunisme collaborationniste l’a revêtu, non pas pour l’émanciper mais pour l’étouffer, l’emprisonnant dans des chaînes encore plus serrées aux besoins exclusifs du capitalisme.

Le pouvoir bourgeois dans tous les pays a fait, fait et fera toujours appel à la patrie, aux valeurs nationales, à la culture et à l’unité nationales, pour lesquelles il oblige et obligera toujours le prolétariat à donner sa sueur et verser son sang en temps de paix comme en temps de guerre.

Aujourd’hui, en dépit des cris de liberté et de souveraineté populaire, c’est le nationalisme pourri grand-russe qui se heurte au nationalisme pourri de l’Ukraine, C’est contre toutes les formes de nationalisme que les prolétaires doivent se battre car le nationalisme est l’un des vecteurs les plus dangereux et les plus efficaces de la division entre eux. L’union des prolétaires ne peut pas se faire sur le terrain de la nation, mais seulement sur le terrain classe, anticapitaliste, antibourgeois et donc internationaliste.

Contre l’embrigadement des prolétaires dans les armées nationales bourgeoises !

Contre l’effusion de sang prolétarien pour faire triompher une bande d’exploiteurs et de tortionnaires contre la bande d’exploiteurs et de tortionnaires adverse ! 

Contre toute forme de concurrence entre prolétaires !

Pour la solidarité de classe entre les prolétaires ukrainiens et russes, pour l’union des prolétaires de toutes les nationalités et ethnies par-dessus les frontières bourgeoises !

Pour la reprise de la lutte de classe menée avec des moyens et des méthodes de classe, pour la défense exclusive des intérêts immédiats et généraux  prolétariens !

Pour la reconstitution du parti de classe, du parti communiste révolutionnaire internationaliste et international !

Parti Communiste International
24 février 2022
www.pcint.org

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Politique

Ukraine : meeting parisien militariste avec Anne Hidalgo, Valérie Pécresse, Bernard-Henri Lévy, François Hollande, le général américain Petraeus…

L’Ukraine est utilisée comme moyen de faire la guerre.

Le Théâtre Antoine à Paris accueille le premier mars 2022 un meeting directement inféodé à la guerre contre la Russie, sous prétexte de l’Ukraine, à l’appel de l’intellectuel pro-américain Bernard-Henri Lévy. Il suffit pour s’en prouver de savoir qu’on y verra le général américain David Petraeus, ancien chef de la coalition dirigée par la superpuissance américaine en Irak, ancien chef de la CIA, spécialiste de la contre-insurrection…

Il y a aussi, on s’en étonnera pas, le président ukrainien issu de la « révolution » de Maidan de 2014  Petro Porochenko, l’opposante biélorusse pro-occidentale Svetlana Tikhanovskaïa, des « dissidents russes anti-Poutine » (une formulation très romantique et sans aucun sens),

Cela a le mérite d’être clair. On y trouvera aussi l’ancien président François Hollande qui n’a cessé ces derniers jours d’appeler à un rapport de force avec la Russie, la candidate du Parti socialiste à la présidentielle (et maire de Paris Anne Hidalgo) qui se pose en fervente partisane de l’OTAN, la candidate des Républicains à la présidentielle Valérie Pécresse, l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner….

Il y aura aussi la grande figure de l’art contemporain Marina Abramovic, la Femen Inna Shevchenko… A quoi il faut ajouter Caroline Fourest, Bernard Kouchner, Marc Lambron, Simon Liberati, Denis Olivennes, Frédéric Beigbeder, Dominique Sopo, Galia Ackerman, Samuel Lejoyeux, Pascal Bruckner, Mike Waltz, Sean Penn…

De manière très choquante, il y aura également le grand-rabbin de France Haim Korsia, alors que le syndicat étudiant UEJF est également participant. Choquant, ça l’est car c’est une tentative de diriger la communauté juive dans une participation militariste, mais ce n’est pas étonnant étant donné que ce communautarisme est dirigé par les bourgeois juifs en faisant un levier pratique pour leurs propres intérêts.

Cela montre bien que la guerre en Ukraine a ouvert une époque où, si on se trompe, ou si on est trompé, on tombe dans la convergence avec l’un des camps s’affrontant dans la bataille pour le repartage du monde. Et pour ne pas se tromper, pour ne pas être trompé, il faut être à la hauteur, il faut voir un poids historique suffisant… Seule la Gauche historique le peut.

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Yannick Jadot, l’homme des Américains, va voir sa carrière être propulsée par la guerre en Ukraine

La guerre en Ukraine va en faire un élément-clef de la politique française.

Les rassemblements pour l’Ukraine de par le monde ont été des fiascos complets. Cela confirme que les initiatives ont été fomentées par en haut par les institutions (voir l’article : OPA institutionnelle pro-OTAN réussie sur les appels à la « paix » en Ukraine), et que celles-ci ont tenté l’OPA sur l’écœurement quand à la guerre… Sans que cela réussisse. Heureusement !

Les institutions n’ont aucun relais dans les masses et si celles-ci sont écœurées par la guerre, elles ont assez l’expérience de la lutte des classes pour bien voir qu’il y a un problème. Très bien !

Cependant, cela a justement aussi un sens politique, de par le sens pro-OTAN de ces rassemblements.

En Europe, les mouvements écologistes sont devenus dans la plupart des cas le bras politique de la superpuissance américaine. C’est particulièrement vrai en Allemagne et cela devient le cas en France, où Yannick Jadot, le candidat à la présidentielle d’EELV, est entièrement aligné sur les intérêts de la superpuissance américaine. En ce sens, on peut considérer qu’il va être désormais particulièrement mis en avant, parce que la superpuissance américaine est justement à l’offensive à tous les niveaux en Europe.

Car quelle a été la grande figure du rassemblement parisien en « soutien » à l’Ukraine ? Yannick Jadot. Qu’a-t-il dit ? Qu’il fallait armer les Ukrainiens. Il disait le contraire la veille de l’invasion, mais il y a un changement du tout au tout, allant de paire avec le fait que ce soit précisément lui qui soit mis en avant lors du rassemblement.

Yannick Jadot a également dit que tout était de la faute de Poutine, qui ne serait pas contre l’OTAN, mais contre la démocratie. C’est là exactement le discours américain. Et il a appelé à des sanctions exemplaires contre la Russie, qui devrait être banni d’absolument tout. Là encore, c’est le discours américain.

On peut penser bien entendu à une simple convergence. Cependant, on a Raphaël Glucksmann dans la boucle. C’est tout un symbole étant donné que cette figure politique de la gauche bobo est l’exemple même de la personne au service de la superpuissance américain et de l’OTAN.

Lors du rassemblement parisien pour l’Ukraine le 26 février 2022, Yannick Jadot dit également « Gloire à l’Ukraine et à son peuple ! Слава Україні ! », soit Slava Ukraini, Gloire à l’Ukraine. Un nombre significatif des présents lui répond alors « Heroim slava ! », soit « Gloire aux héros », un slogan repris par la suite encore.

Or, c’est le slogan des fascistes se revendiquant de Stepan Bandera, le chef de file pendant la seconde guerre mondiale de l’armée ukrainienne alliée aux nazis massacrant juifs, polonais, russes, communistes. Cela signifie que le rassemblement a été directement porté par les forces nationalistes ukrainiennes et les institutions ukrainiennes en France. Il ne s’agissait nullement d’un rassemblement démocratique.

Et voici une photo assez exemplaire de ce confusionnisme. On voit au premier plan le drapeau des Brigades Internationales, porté par une personne idéaliste ne comprenant rien au rien… et au fond, le drapeau rouge et noir des fascistes ukrainiens, qu’on pouvait également voir lors des précédents tout petits rassemblements pro-Ukraine à Paris.

Nul hasard à cela, car il ne s’agit pas de sauver l’Ukraine pour Yannick Jadot et pour la superpuissance américaine, mais de défendre le régime ukrainien, pro-occidental et épaulé sur le plan idéologique par tous les courants nationalistes ukrainiens se revendiquant de Stepan Bandera, dont on trouve désormais la figure partout (banderoles, statues, etc.).

En ce sens, il faut considérer que désormais la carrière de Yannick Jadot va être propulsée, car toutes les forces de soutien à la superpuissance américaine vont le soutenir dans la présidentielle, à la fois pour espérer remplacer Emmanuel Macron qui converge seulement, sans être entièrement vassalisé, et sinon au moins pour faire pression sur celui-ci, voire espérer une participation gouvernementale.

Yannick Jadot est, de fait, quelqu’un qui soutient encore plus qu’Emmanuel Macron les réformes sociétales (cannabis, migrants, PMA, LGBTQ, etc.), et il exprime directement le point de vue de l’OTAN comme le montre ses propos au sujet de l’invasion russe. Il est, pour la camp américain, l’homme de la situation.

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Politique

L’Union Communiste Libertaire sur la guerre en Ukraine

Une déclaration signée avec des mouvements libertaires d’autres pays.

La déclaration de l’Union Communiste Libertaire.

« Ukraine : Contre le militarisme et la guerre : pour la lutte auto-organisée et la révolution sociale!

Une proclamation du président russe Vladimir Poutine a donné le feu vert à l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie. Les seuls perdants de la guerre seront la classe ouvrière mondiale, en particulier les prolétaires d’Ukraine et de Russie. Ce sont eux qui sont destinés à servir de chair à canon aux États et aux capitalistes. Il est de notre devoir de bloquer la machine de guerre et de reconstruire les résistances sociales et de classe, avec pour principe directeur la promotion des intérêts et des besoins matériels de notre classe.

Une proclamation du président russe Vladimir Poutine a donné le feu vert à l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie. Poutine affirme que l’acte de guerre de la Russie vise à soutenir la Crimée qu’elle occupe par la Russie et les « républiques populaires » de Donetsk et de Lougansk en Ukraine, face à l’adhésion potentielle de l’Ukraine à l’OTAN, à l’instigation de l’Occident. Mardi 22 février, la Russie a reconnu l’indépendance de ses protectorats informels dans le Donbass, exacerbant les tensions existantes avec l’axe euro-atlantique qui soutient le régime ukrainien.

Il ne faut pas oublier qu’une guerre civile de faible intensité se déroule en Ukraine depuis 2014, lorsque le gouvernement alors pro-russe du président Ianoukovitch a été renversé par une « révolution orange » qui a porté au pouvoir un régime pro-occidental désireux de se ranger du côté de l’axe euro-atlantique. Le soulèvement de Maidan, dont le bloc impérialiste euro-Atlantique a tiré profit, a sorti l’Ukraine de la sphère d’influence de la Russie.

Il a également renforcé l’extrême-droite ukrainienne, qui a obtenu des sièges au parlement et développé des unités paramilitaires qui ont commis des atrocités contre les russophones et les membres des syndicats. Ce régime est reconnu et soutenu financièrement et militairement par les États appartenant à l’Union européenne et à l’OTAN, qui cherchent désormais des solutions diplomatiques pour la prévalence des « valeurs démocratiques occidentales », alors même que des images de croix gammées sur des bâtiments publics ont été divulguées sur les médias sociaux.

La Russie, quant à elle, n’était pas prête dès le départ à perdre son ancrage impérialiste en Ukraine et surtout dans la région de Crimée, quelle que soit la volonté du peuple ukrainien. Le soulèvement de l’Euromaïdan a peut-être débouché sur le régime néoconservateur auquel il a abouti, mais personne ne se fait d’illusion sur le fait que la non-acceptation de ce régime est née du sentiment « antifasciste » de la Russie ou de son « besoin de protéger les citoyens russes ».

Après tout, le régime autoritaire de Poutine en Russie a récompensé les nazis et les fascistes à l’intérieur de son propre pays en emprisonnant et en tuant des antifascistes, alors que les nombreuses interventions de l’impérialisme russe dans les régions de l’ex-URSS n’avaient pas besoin d’une telle justification. La Russie voulait et veut toujours une chose : imposer ses propres conditions dans les antagonismes impérialistes.

Elle ne tolérera pas l’encerclement militaire qu’elle prétend subir de la part de l’OTAN, l’installation d’armes nucléaires à ses portes, l’incitation auprès de l’Ukraine par les puissances occidentales à rejoindre l’OTAN, et la réduction de son contrôle sur l’ancienne périphérie soviétique. Un autre facteur est le nationalisme flagrant au sein de la classe dirigeante russe – l’Ukraine est le pays d’origine de l’État russe (la Rus de Kiev) et la partie orientale de l’Ukraine est habitée par des Ukrainiens russophones.

De l’autre côté, les États-Unis et le camp euro-Atlantique, avec le Royaume-Uni en tête, poussent, en violation des accords internationaux, à l’expansion orientale de l’OTAN, à l’exercice d’une pression économique et énergétique sur la Russie en faveur du gaz naturel liquéfié (GNL) américain et au contrôle de la route commerciale arctique, qui s’ouvre avec la fonte des glaces due à l’effet destructeur du capitalisme sur l’environnement naturel et l’écosystème. Tant la Russie que les États-Unis tentent d’exporter leur crise interne à l’étranger, tout en essayant de provoquer des changements dans la hiérarchie impérialiste mondiale.

La Russie a rassemblé quelques 200 000 soldats à la frontière avec l’Ukraine. L’armée russe pilonne l’ensemble du territoire ukrainien avec des bombardements. Au moment de la rédaction de cette déclaration, elle attaque principalement depuis la Crimée, Lugansk et Kharkiv. Les premières victimes de la guerre impérialiste sont un fait.

On parle déjà de victimes civiles. Le gouvernement ukrainien, qui, ne l’oublions pas, est un amalgame de néolibéraux et de néoconservateurs, a déclaré la loi martiale dans tout le pays. Des unités militaires et paramilitaires empêchent les civils de quitter Kiev afin qu’ils servent de « bouclier » aux bombardements russes. Nous n’en sommes qu’au début des horreurs de la guerre…

Les seuls perdant·es de la guerre seront la classe ouvrière mondiale, en particulier les prolétaires d’Ukraine et de Russie. Ce sont elles et eux qui sont destiné·es à servir de chair à canon aux États et aux capitalistes.

La guerre impérialiste est menée pour le partage des sphères d’influence, des routes énergétiques et le réarrangement du pouvoir géopolitique. Nous n’avons aucun intérêt à nous battre pour les intérêts des puissants, pour les intérêts du capital. De plus, le déclenchement de la guerre devrait entraîner de nouvelles augmentations de prix et une inflation tant pour l’énergie que pour les produits de base, mettant encore plus à mal les poches de ceux qui sont déjà incapables de satisfaire leurs besoins fondamentaux.

Nous ne devons pas oublier que la guerre est une solution du capital pour surmonter les crises structurelles de suraccumulation dont le capitalisme est périodiquement affligé. La destruction du capital fixe (moyens de production) et variable (force de travail) ouvre la voie à la reconstruction et au développement du capitalisme.

Notre devoir révolutionnaire et de classe dicte l’organisation et le renforcement du mouvement internationaliste, anti-guerre et anti-impérialiste de la classe ouvrière. La logique d’un impérialisme plus agressif ou plus progressiste est une logique qui mène à la défaite de la classe ouvrière. Il ne peut y avoir de voie impérialiste favorable au peuple. Les intérêts de la classe ouvrière ne peuvent être identifiés à ceux des capitalistes et des puissances impérialistes.

Le sabotage de la machine de guerre, l’organisation du mouvement anti-guerre de classe et internationaliste et le renforcement des luttes sociales et de classes dans la direction de la révolution sociale mondiale pour la construction d’une société communiste libertaire sont les tâches urgentes et historiques des opprimé·es et des exploité·es partout. Nous ne pouvons et ne devons pas nous contenter d’arrangements médiocres et préjudiciables.

Les travailleur·es, les chômeur·es et les jeunes n’ont aucune raison de partir en guerre pour les intérêts de la classe dominante. Soyons conscient·es de notre position sociale et de nos intérêts de classe.

Que ceux-ci soient les indicateurs de notre attitude et de notre action et non la rhétorique belliqueuse, ordonnée et nationaliste promue par les patrons et les médias de propagande qu’ils contrôlent. Nous ne paierons pas de notre sang la crise du système capitaliste. Nous ne nous entre-tuerons pas avec les pauvres diables des autres pays.

Au contraire, il est de notre devoir de bloquer la machine de guerre et de reconstruire les résistances sociales et de classe, avec pour principe directeur la promotion des intérêts et des besoins matériels de notre classe. Nous organiser massivement dans les formations sociales et militantes de notre classe vers la contre-attaque.

Ce système engendre les guerres et est responsable de la pauvreté, de l’injustice, de l’exploitation et de l’oppression. Il est donc temps de le défier de manière organisée et dynamique, en organisant son renversement à l’échelle internationale.

PAS DE GUERRE MAIS UNE GUERRE DE CLASSE !

NI OTAN NI MOSCOU !

BLOCUS DE CLASSE ET INTERNATIONALISTE DE LA MACHINE DE GUERRE

CONTRE LE MILITARISME ET LA GUERRE : POUR LA LUTTE AUTO-ORGANISÉE ET LA RÉVOLUTION SOCIALE !

Le 25 février 2022,

☆ Alternativa Libertaria (AL/FdCA) – Italie
☆ Roja y Negra – Organisation Politique Anarchiste (Buenos Aires) – Argentine
☆ Vía Libre, Anarchist Group – Colombie
☆ Anarchist Communist Group (ACG) – Grande Bretagne
☆ Anarchist Federation – Grèce
☆ Aotearoa Workers Solidarity Movement (AWSM) – Aotearoa/Nouvelle Zélande
☆ Coordenação Anarquista Brasileira (CAB) – Brésil
☆ Federación Anarquista de Rosario (FAR) – Argentine
☆ Federación Anarquista Uruguaya (FAU) – Uruguay
☆ Embat, Organització Llibertària de Catalunya – Catalogne
☆ Libertäre Aktion (LA) – Suisse
☆ Melbourne Anarchist Communist Group (MACG) – Australie
☆ Organización Anarquista de Córdoba (OAC) – Argentine
☆ Organización Anarquista de Santa Cruz (OASC) – Argentine
☆ Organización Anarquista de Tucuman (OAT) – Argentine
☆ Organisation Socialiste Libertaire (OSL) – Suisse
☆ Union Communiste Libertaire (UCL) – France, Belgique, Suisse« 

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OPA institutionnelle pro-OTAN réussie sur les appels à la « paix » en Ukraine

Ces appels sont des supports directs au militarisme occidental.

L’hôtel de ville parisien aux couleurs de l’Ukraine

Comme nous parlons de la question ukrainienne, en disant que la guerre était inévitable, depuis avril 2021, il y a bien entendu énormément de monde qui s’est tourné vers ce que nous disons avec le déclenchement de l’invasion russe. Ce qui aboutit à un phénomène que nous observons depuis le départ de notre existence chez l’écrasante majorité des gens validant ce que nous disons : ceux-ci reprennent nos idées, voire directement des éléments de langage, tout en passant sous silence leur source d’inspiration et d’intelligence.

Bien loin de nous mettre en rage, cela nous rassure, car être considéré comme trop « brûlant » par des gens s’imaginant très engagés mais pactisant ouvertement avec un monde capitaliste en décrépitude… a cela de fondamentalement correct que cela implique que cette époque n’est pas la nôtre, que nous relevons d’un avenir se produisant inéluctablement à moyen terme.

La guerre en Ukraine en témoigne d’ailleurs parce qu’en faisant les malins dans une telle situation, nos partisans du copié-collé consommateur oublient qu’en ne nous assumant pas, ils n’assument pas la politique et donc convergent avec les institutions et l’OTAN.

Car sans prise de position juste, en effet, on converge directement avec la gigantesque campagne pro-Ukraine des institutions et de l’OTAN. Concrètement, depuis le début de l’invasion russe, les médias reprennent directement à leur compte la propagande américaine au sujet d’un Vladimir Poutine autocrate devenu fou, d’une armée russe composée d’assassins.

Les institutions françaises sont déchaînées dans un soutien symbolique à l’Ukraine. L’application du pass sanitaire TousAntiCovid a un petit drapeau ukrainien, de très nombreuses communes illuminent tel ou tel bâtiment aux couleurs ukrainiennes comme la Tour Eiffel à Paris, la Grande Place à Lille, la fontaine de la place royale à Nantes, l’hôtel de ville de Lyon ; des drapeaux ukrainiens sont hissés tels à la Région Nouvelle-Aquitaine, la mairie de Bordeaux, la façade du Capitole à Toulouse, la mairie de Saint-Brieuc…

On a le même phénomène par exemple pour le Parc du Centenaire à Bruxelles, le Colisée de Rome, la Porte de Brandebourg à Berlin…

En plus de cela, certains candidats à la présidentielle de 2022 font de la surenchère pro-OTAN de manière démesurée : Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Christiane Taubira. Une structure comme les Femen, fondées par des Ukrainiennes, s’aligne totalement sur cette perspective pro-Union européenne et pro-OTAN.

Et les appels aux manifestations pour la « paix », y compris du Mouvement pour la paix, ne dénoncent bien évidemment jamais les contradictions entre grandes puissances, appelant à une « paix » qui est en fait directement une défense du statu quo favorable à la superpuissance américaine et l’OTAN, avec toujours une large place pour la dénonciation d’une Russie considérée comme seule agressive, seule fautive.

Il n’y a aucune critique du capitalisme menant à la guerre, absolument rien. Voici l’appel du Mouvement pour la paix du 24 février 2022, qui devrait littéralement s’appeler « Mouvement pour la paix sous l’égide de l’OTAN » vu le contenu, qui accepte l’OTAN en effet aujourd’hui tout en prétendant vouloir qu’elle disparaisse demain. Sauf qu’on est aujourd’hui et pas demain, et qu’il y a une chose qui s’appelle le capitalisme.

« Le Mouvement de la Paix condamne fermement les actes de guerre de la Russie
Et appelle partout à l’action pour dire non à la guerre

Des manifestations étaient déjà proposées dans tout le pays dès le 12 février dernier et le Mouvement de la Paix appelait à des temps forts le samedi 26 février, mais aussi le mercredi 2 mars.

La situation nouvelle les rend indispensables pour crier :

Non à la guerre !

Oui aux solutions non-violentes, politiques, diplomatiques et négociées dans l’esprit de la Charte des Nations Unies et avec les Nations Unies comme cadre privilégié d’élaboration  des solutions politiques et diplomatiques.

Oui à la réduction des dépenses d’armement, à l’élimination des armes de destruction massive et à la mise en œuvre du Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN).

Oui à des négociations entre tous les pays Européens sur les conditions de la paix et d’une sécurité mutuelle en Europe dans l’esprit de l’Acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (dit aussi l’acte final d’Helsinki). Pour une Europe de paix et de coopération, pour un système de sécurité mutuelle en Europe, incluant le retrait de la France de l’OTAN et à terme, la dissolution de l’OTAN.

Partout, multiplions les manifestations pour dire « non à la guerre oui à la négociation » en inscrivant notre action dans les mobilisations en cours à travers l’Europe et dans le monde entier, avec des temps forts : samedi 26 février, mercredi 2 mars et samedi 5 mars 2022.

A Paris, le jeudi 24 février 2022
Le Mouvement de la Paix« 

Nous disons d’autant plus facilement cela que nous prévenons depuis avril 2021 que l’Ukraine va se faire envahir. Toutes ces prises de position à la va-vite, bricolées n’importe comment et présentées comme de grande valeur, sont pathétiques pour qui a analysé les choses avec profondeur.

Il va de soi que nous comprenons, pour autant, les gens qui considèrent comme juste d’aller en toute bonne foi aux rassemblements des samedi 26 février 2022 et dimanche 27 février 2022, à Saint-Étienne, Paris, Nice, Strasbourg, Angers, Toulouse, Nantes, Perpignan, Saint-Nazaire, Bordeaux, Lyon, Cahors, Dieppe, Laval, Le Mans, Lorient et encore d’autres villes.

Cependant, nous disons les choses clairement à ce sujet : objectivement, cela n’aide en rien l’Ukraine et cela ne fait que servir idéologiquement et culturellement le capitalisme en France et l’OTAN comme appareil militaire. L’Ukraine est ici comme la Palestine de l’ultra-gauche : fictive, prétexte à des positionnements artificiels servant un agenda n’ayant rien à voir avec la cause prétendument défendue.

Ce dont a besoin l’Ukraine, c’est d’un soutien à la fondation d’un Mouvement de Libération Nationale s’opposant tant à l’OTAN qu’à la Russie, appelant à former une Ukraine démocratique et populaire. Une tel MLN apparaîtra d’ailleurs inéluctablement, parce que c’est le sens de l’Histoire : les peuples triompheront des hégémonies des grandes puissances en conflit dans la bataille pour le repartage du monde.

Si on nous avait écouté et si on avait reconnu la valeur de notre travail, un espace politique existerait en ce sens. Il n’existe pas : il n’y aura donc pour l’instant que l’extrême-Droite pro-Russie et les libéraux pro-OTAN. Mais l’émergence du troisième camp, celui de la Gauche historique, est inéluctable, et la juste de nos analyses, de nos positions politiques avec leur écho, est le fil rouge de cette émergence.

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Eric Zemmour, candidat de l’impérialisme français « non aligné »

Eric Zemmour continue sur sa ligne militariste.

Eric Zemmour a tenu un meeting à Chambéry devant plus de 3000 participants sur le thème de la paix, le 25 février 2022. Le choix du thème en dit long sur le fait que le conflit en Ukraine rabat totalement les cartes, allant donc jusqu’à reconfigurer la campagne présidentielle elle-même.

Ainsi, Yannick Jadot a annulé son meeting prévu à Clermont-Ferrand le même jour, préférant se focaliser sur une présence parisienne pour soutenir ouvertement l’Union Européenne et l’OTAN. Eric Zemmour ne représente évidemment pas la même ligne.

À Chambéry, il a cherché à avoir un ton grave, il se voulait solennel, se présentant comme le meneur de la paix tout en maintenant sa ligne offensive d’un « gaullisme de la reconquête ».

À ce titre, Eric Zemmour a rappelé la venue du Général de Gaulle à Annecy en 1960 en mémoire du centenaire du rattachement de la Savoie à la France en 1860. Cela lui a permis de multiplier les références à la Résistance savoyarde pendant la Seconde Guerre mondiale, et notamment au maquis des Glières qui fut un temple de la Résistance d’obédience catholique, voire clairement d’extrême droite avec Jean Vallette d’Osia, chef militaire anticommuniste opposé à la guérilla antifasciste.

Cette ligne néo-gaulliste souligne qu’à l’heure de la bataille pour le repartage du monde, Eric Zemmour apparaît de plus en plus comme le porte-voix d’une frange de la bourgeoisie prise de panique devant les tumultes du monde.

Car malgré les apparences, malgré les pseudos discours en faveur de la paix en Ukraine, faits pour ne pas trop heurter, le candidat de Reconquête maintient sa ligne d’une France « non alignée », de la puissance devant s’assumer sur le mode du cavalier seul.

Il a ainsi été rappelé la volonté de sortir la France du commandement intégré de l’OTAN, tout en répétant à plusieurs reprises que la France avait « un devoir de puissance » car « dans l’Histoire, on ne négocie qu’entre seigneurs, jamais avec un vassal » :

« C’est ce que le général de Gaulle savait mieux que personne, lui qui a toute sa vie cherché à se rapprocher de la Russie, justement pour contrebalancer le poids de nos alliés américains. C’était justement le moyen pour nous protéger, pour n’être inféodé, ni à l’un, ni à l’autre car la France ne doit être soumise à personne. »

Et s’il ne peut faire autrement que de condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Eric Zemmour reste animé par une pensée typique d’un militaire emprunt d’un esprit aristocratique et « géopolitique ». Il a ainsi déclaré :

« Nous avions des raisons de penser que nous éviterions la guerre car la catastrophe qui couterait des milliers de vies ukrainiennes aurait pu être évité. Je le répète depuis des années, l’expansion ininterrompu de l’OTAN à l’est est un motif d’inquiétude pour les russes et ils sont prêts à se battre pour l’empêcher [applaudissement dans la salle]. »

Eric Zemmour reste le relais direct de la puissance russe, pensant par là que la France pourrait tirer son épingle du jeu en redevenant une puissance autonome. C’est pour cela qu’il insiste longuement sur l’extension de l’OTAN à l’Est de l’Europe comme motif légitime d’une riposte russe.

Si cela est en partie vraie, le fond du problème n’est pas tant là que dans le fait que Vladimir Poutine reflète le complexe militaro-industriel russe et son idéologie expansionniste eurasiatique. Dans cet état d’esprit, l’Ukraine n’existe pas, elle n’est qu’une annexe civilisationnelle de Moscou.

En masquant cette dimension expansionniste russe, Zemmour veut dissimuler qu’il est lui-même une force de proposition pour garantir une nouvelle optique idéologique pour la défense et si possible l’expansion, de l’impérialisme français.

Il propose simplement de jouer sur les contradictions entre puissances… pour que la France se place elle-même de meilleure manière en tant que puissance. Il ne dit d’ailleurs ici pas quelque chose de différent de Jean-Luc Mélenchon. Sauf qu’Eric Zemmour s’inscrit dans la tradition du militarisme français, que Jean-Luc Mélenchon avait vainement espéré déborder avec sa « république sociale ».

En ce sens, il représente une terrible menace, en tant qu’alternative de plus en plus crédible pour la haute bourgeoisie.

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Le PRCF sur la situation en Ukraine

La position du Pôle de Renaissance Communiste en France.

Déclaration du secrétariat national du PRCF du 24 février 2022 sur la situation en Ukraine

Depuis la « réunification » allemande, l’auto-dissolution du Traité de Varsovie et la dislocation totalement antidémocratique de l’URSS (1), l’Alliance atlantique, étroitement associée à l’UE, n’a cessé de violer ses engagements envers la Russie postcommuniste issue de la contre-révolution en avançant sans cesse vers l’Est et en pressant la Russie sur ses frontières occidentales et méridionales, voire en soutenant en sous-main des sécessions internes (Tchétchénie).

Les Etats-Unis et leurs vassaux en ont fait autant à l’encontre de la Chine populaire qu’ils menacent jusqu’en Mer de Chine et dont ils encouragent méthodiquement les mouvements séparatistes (Tibet, Hongkong, etc.). En Géorgie, en Ukraine, voire en Biélorussie, les impérialistes euro-atlantiques ont encouragé de prétendues « révolutions » de couleur sans crainte de s’allier à de francs nostalgiques du Troisième Reich. 

C’est donc bien, et de loin, l’OTAN et son appendice européen l’UE, qui, tout en encourageant l’anticommunisme d’Etat dans toute l’UE, spécialement en Europe de l’Est, portent la responsabilité principale et le rôle de pyromane dans ce que le PRCF appelle depuis des années la fascisation de l’Europe et la marche à la troisième guerre impérialiste mondiale.

Le PRCF n’en exige qu’avec plus de force le retrait de la France de l’OTAN, une alliance agressive aux mains de Washington, et de l’Union européenne arrimée à l’OTAN : décidément, l’UE n’a rien de la belle « Europe pacifique » que l’on vante aux enfants dès les bancs de l’école élémentaire et prétendre la réformer du dedans pour en faire une Europe sociale et pacifique n’est qu’un grossier mensonge social-impérialiste (c’est-à-dire, pour parler comme Lénine, « socialiste en paroles, impérialiste en fait »). C’est bel et bien un Empire du grand capital qui, sous la supervision de Washington et sous le pilotage régional de Berlin, ne peut que tendre à s’étendre sans fin vers l’Est.

Le PRCF exige également que la France, renouant avec la doctrine gaulliste initiale d’utilisation de sa force de frappe, déclare clairement que son feu nucléaire ne peut pas servir à autre chose, et en toute dernière instance, qu’à dissuader un ennemi d’envahir le territoire national. Toute autre position signifie prendre le risque d’un anéantissement nucléaire du peuple français.

L’intérêt national de notre pays exige également que notre pays se retire de toutes les frontières russes et qu’il cherche avant tout les voies d’un rétablissement de la paix en Ukraine sur la base des Accords de Minsk, sabotés jusqu’ici par le régime fascisant et grossièrement russophobe de Kiev.

Pour autant, le PRCF rappelle que l’État russe actuel est un État bourgeois, contre-révolutionnaire et capitaliste et que les communistes que nous sommes désapprouvent fermement les propos de Poutine attaquant sans relâche Lénine et les bolcheviks, refusant le principe d’une République soviétique d’Ukraine librement associée à la libre fédération des Républiques soviétiques au sein d’une URSS socialiste et prolétarienne.

Tout en constatant que le régime fascisant et pro-nazi de Kiev est le responsable et l’instigateur unique de l’agression permanente contre les Républiques populaires et ouvrières du Donbass, le PRCF considère comme disproportionnées et inconsidérées les attaques russes visant les installations militaires de Lviv et Kiev.

Loin de rapprocher l’objectif raisonnable d’une Ukraine dénazifiée et démilitarisée jouant le rôle de pont entre l’Occident et la Russie, ce type de comportement ravira les va-t-en-guerre de l’UE et de l’OTAN qui ne sont en rien des « tigres de papier » et dont la nature profondément impérialiste, voire exterministe, constitue un danger permanent de glissement à un conflit mondial exterminateur d’humanité.

Nous restons par ailleurs solidaires des communistes russes qui, tout en restant fidèles à leur patriotisme de toujours, n’en ont pas moins été durement persécutés, sans que quiconque ne s’en émeuve à l’Ouest, lors des dernières élections russes, et des communistes ukrainiens subissant la répression fascisante de la part des nostalgiques du Troisième Reich au pouvoir à Kiev.

Même chose pour les communistes polonais qui s’opposent courageusement au régime clérical-fascisant, va-t-en-guerre et russophobe de Varsovie et qui sont durement persécutés en Pologne.

Plus que jamais, face à l’ignoble propagande de guerre qui déferle, les militants franchement communistes du PRCF resteront fidèles, dans l’unité la plus complète et en faisant bloc avec discipline autour de leur Comité central et de leur secrétariat national, à l’engagement constant du Pôle pour la paix mondiale, pour l’émancipation complète de notre pays de la machine de mort euro-atlantique, et pour la sortie du régime capitaliste dont la restauration paneuropéenne et contre-révolutionnaire en 1989-91, se révèle chaque jour un peu plus comme une catastrophe historique pour l’humanité.

Non, la destruction de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques et de la R.D.A. n’a pas été un grand « bouleversement démocratique », comme osèrent mensongèrement le déclarer les dirigeants révisionnistes de cette époque : cette contre-révolution fut au contraire une énorme épée de Damoclès menaçant en permanence la paix en Europe, le progrès social et la démocratie dans le monde.

Et non, l‘UE arrimée à l’OTAN, ce n’est pas la paix et l’amitié en Europe, c’est à l’inverse la tentation permanente d’une expansion impérialiste vers l’Est, c’est la montée continentale des extrêmes droites, l’effacement politique, diplomatique et militaire continu de la France et le danger permanent d’une guerre nucléaire mondiale pouvant anéantir la France et l’humanité.

Plus que jamais, avec le PRCF, militons pour que la France sorte à temps de l’UE-OTAN et du capitalisme!

En ces jours où va de nouveau retentir l’appel à l’union sacrée belliciste et euro-atlantiste, et où les libertés démocratiques des communistes et autres adversaires des guerres impérialistes seront sans doute mises à mal partout, veillons aussi, à rester fidèles avec sérénité au mot de Jean Jaurès :

« le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ».

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Ukraine : mobilisez vous contre la guerre sur les bases de la Gauche historique!

N’attendez rien des autres courants politiques.

La guerre en Ukraine est là, elle s’impose à l’actualité. Après la pandémie, la guerre, et en même temps il y a le réchauffement climatique. Et la pandémie n’est pas finie d’ailleurs ; tout s’accumule. Le monde court à l’abîme. Mais il existe tout un parcours historique de conscience de classe – et la lutte contre la guerre en est une constituante. Même si la société française subit l’emprise massive du capitalisme, cet aspect de refus de la guerre reste présent. C’est là-dessus qu’il faut se fonder.

Il faut dire aux gens, à tous les gens, à tout le monde dans son entourage : regardez, la guerre est là, et elle était prévisible, elle était prévue, parce que le capitalisme ce n’est pas la paix, c’est la concurrence, la compétition, le chacun pour soi, y compris le chacun pour soi des Etats. Il n’existe pas de « confort » individuel à l’écart du cours du monde. Il n’est pas possible de laisser le militarisme et la guerre s’installer dans le panorama de la vie mondiale. Il faut s’organiser, il faut participer à la lutte des classes, car au fond, c’est de cela qu’il s’agit.

Agauche.org publie des articles développés sur l’Ukraine depuis début avril 2021 : appuyez-vous dessus pour comprendre la situation en profondeur et pour justifier le propos comme quoi ce conflit ne tombe pas du ciel. Et plus il est possible de faire en sorte que les gens s’expriment collectivement contre la guerre – dans un cadre associatif, syndical, politique, amical – mieux c’est.

Et il faut bien souligner que la Gauche historique existe, qu’elle a des fondements inaliénables, une continuité malgré la corruption capitaliste. C’est une bataille politique.

La Gauche historique, c’est celle des socialistes et des communistes, par opposition aux anarchistes et aux syndicalistes d’une part, qui rejettent la politique, mais également par opposition à ce courant apparu récemment, de type « post-moderne », prônant le libéralisme libertaire, les réformes sociétales.

L’opposition aux anarchistes et aux syndicalistes est traditionnelle, l’opposition aux « post-modernes » est ce que nous affirmons (contre vents et marées), parce que nous voyons bien que les conservateurs et les ultra-modernistes (pro cannabis, LGBT, PMA, communautarisme religieux, art contemporain, migrants, etc.) ne sont que les deux faces de la même pièce.

Les ultra-modernistes se disent la seule vraie force transformatrice, mais en réalité ils convergent avec le capitalisme et sont portés par les idéologies que transportent Amazon, Uber Eat, TiktTok, Twitter, etc., qu’on peut résumer au « venez comme vous êtes » de McDonald’s. Et la preuve de cela, c’est qu’ils ne disent rien contre la guerre.

Les faits sont là : les anarchistes et les syndicalistes ne comprennent rien à la guerre, les « post-modernistes » non plus. Ils dénoncent la Gauche historique comme passéiste, mais c’est simplement parce que leur seule actualité, c’est le capitalisme sans cesse renouvelé. Ils vivent de ce capitalisme, ils vivent dans ce capitalisme, ils en sont prisonniers.

Ils ne sont donc pas en mesure de cerner le cours du capitalisme. Voici par exemple ce qu’on lisait sur le site de Révolution permanente le 22 février 2022, et c’est un excellent exemple de géopolitique en mode « critique » , où on se croit plus intelligent que les bourgeois sur leur propre terrain, sans avoir aucune analyse de fond sur la nature du capitalisme.

« Par conséquent, bien que nous ne puissions pas écarter la possibilité d’une guerre et même celle d’une invasion de l’Ukraine, il existe beaucoup d’éléments d’importance stratégique pour la Russie qui la poussent à éviter les conséquences d’un tel conflit : sanctions encore plus dures, des centaines de milliers de réfugiés se dirigeant vers la Russie, une défaite militaire et politique (ce qui n’est pas du tout exclu), entre autres. C’est pour cela que centrer le conflit sur les républiques séparatistes donne une certaine marge de manœuvre à la Russie et met la pression du côté des impérialistes occidentaux. »

Ou bien encore ce qu’on lit, le même jour, sur un blog d’ultra-gauche :

« Devant nous s’ouvre un gouffre  : celui de l’incertitude. L’ensemble des scénarios est possible  : de la tape sur la main à la guerre. »

Il n’existe pas d’incertitude dans le capitalisme en crise. La guerre a un caractère inévitable, correspondant à la bataille pour le repartage du monde. Et seule la Gauche historique peut y faire face, car elle seule, de par ses fondamentaux, comprend la réelle nature du capitalisme.

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PCF (mlm) : La crise ukrainienne relève de la guerre impérialiste – rejoignez la bannière du marxisme-léninisme-maoïsme!

Une position politique.

Le drapeau de l’Ukraine soviétique

La position du PCF (mlm) sur la crise ukrainienne.

Nous voulons ici avertir que les événements en Ukraine portent une charge qualitative entièrement nouvelle, au sens où il ne s’agit pas simplement d’une tension avec des traits bien spécifiques liée à une situation particulière et à un moment particulier. Il ne s’agit pas, en tant que tel, d’un affrontement de deux pays issus de l’URSS, la Russie et l’Ukraine, sur la base de questions d’orientation politiques et économiques extérieure et intérieure.

Il s’agit en effet d’une réalité ayant un caractère nouveau et une dimension générale, reflétant une période historique bien déterminée, car l’heure est à l’accentuation militaire des contradictions inter-impérialistes. La Russie agit ici comme un challenger bousculant l’ordre capitaliste mondial afin de forcer violemment au repartage du monde, afin de parvenir à la mise en place d’un nouvel empire russe.

Il ne s’agit pas de troubles ayant une portée militaire – mais bien d’un effondrement de la « paix » capitaliste.

Nous affirmons cela, parce que notre position communiste marxiste-léniniste-maoïste nous permet de caractériser la crise capitaliste et ce qu’elle implique.

Nous avons compris que le capitalisme était devenu fondamentalement instable avec l’irruption de la pandémie. Dialectiquement, le maintien de son apparente stabilité, au moyen de la multiplication des crédits, se paie par un basculement dans la bataille pour le repartage du monde. La paix intérieure du capitalisme a comme prix la guerre extérieure. Aussi avons-nous justement souligné, depuis pratiquement une année, que la crise ukrainienne allait devenir majeure – une analyse correcte qui est une preuve de la validité de notre analyse du mode de production capitaliste connaissant un processus d’effondrement général.

Il faut ici bien souligner sur ce plan que le monde est totalement sous le choc que la Russie se soit permise d’aligner la majeure partie de ses troupes autour de l’Ukraine et de reconnaître officiellement, le 21 février 2022, les républiques séparatistes de l’Est de l’Ukraine. Les médias, les analystes, les experts, les diplomates… sont tous débordés par cette réalité nouvelle, dont la dimension militaire est ouverte.

Fondamentalement, ce n’est pas que ce soit une initiative militaire unilatérale qui marque les capitalistes, mais qu’il s’agisse là d’un phénomène contribuant massivement au caractère instable des rapports internationaux, une frontière considérée comme infranchissable depuis l’effondrement du bloc social-impérialiste soviétique en 1989 et l’utilisation de la Chine sociale-fasciste dans le dispositif productif international.

Pour employer un terme aux contours trop flous mais parlant, c’est la mondialisation qui se voit ébranlée de manière fondamentale par la crise ukrainienne. L’unification internationale par le marché capitaliste se voit confrontée à une contre-tendance interne : les contradictions inter-impérialistes, et ces dernières prennent de plus en plus le dessus.

Nous le répétons : la stabilité intérieure du capitalisme a provoqué une instabilité extérieure. Le cadre international, pacifié depuis 1989, s’effondre littéralement. La Russie bousculant l’ordre européen au sujet de l’Ukraine reflète, comme exemple et comme point le plus avancé en ce domaine, l’aventurisme impérialiste se systématisant dans le monde.

Le capitalisme impérialiste (de la superpuissance impérialiste américaine, de la Chine, du Japon, de la France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de la Russie…) et le capitalisme bureaucratique semi-féodal semi-colonial expansionniste (de la Turquie, de l’Iran, du Brésil, de l’Inde…) assument toujours plus de rompre avec la stabilité internationale auparavant reconnue et acceptée comme prioritaire, ou du moins comme constituant le cadre général où agir.

Et comment procèdent les capitalismes en crise, s’alignant sur l’aventurisme ? En faisant en sorte de diviser pour régner. Les haines nationalistes, les passions guerrières, les volontés hégémoniques, les intérêts matériels, les traditions religieuses… Absolument toutes les nuances et différences entre les peuples, entre les gens eux-mêmes, sont utilisées par les grandes puissances pour provoquer la division, pour fomenter des troubles, pour fomenter des mouvements de « révolte » sur une base irrationnelle, des tendances aux séparatismes… afin que cela serve d’appui aux opérations rentrant dans le cadre des visées impériales.

La division entre les peuples russe et ukrainien est artificielle, elle est produite par le jeu des grandes puissances

Ce qui se déroule en Ukraine est exemplaire de cette opération impérialiste de « diviser pour régner ». Les peuples russes et ukrainiens, qui se connaissent si bien depuis des siècles et qui sont si proches culturellement malgré leurs différences nationales, se voient projeter l’un contre l’autre.

Les choses sont montées en épingle de manière disproportionnée, avec un énorme matraquage idéologique, des opérations psychologiques de grande envergure, une propagande exacerbée réécrivant l’Histoire selon les besoins impérialistes.

Deux grandes puissances sont ici responsables de l’horrible situation de l’Ukraine.

La superpuissance impérialiste américaine, hégémonique dans le monde, utilise l’OTAN comme vecteur afin de placer le continent européen sous son contrôle, élargissant pour cela son dispositif à l’Europe de l’Est. L’Ukraine est le dernier pays manquant encore avant la Russie, d’où les milliards déversés par la CIA afin de pousser à une « révolte » pro-occidentale, qui se réalisa en 2014 avec le coup d’État de l’Euromaidan dont une composante importante consista en les mouvements d’extrême-droite Svoboda et Pravdy Sektor.

L’impérialisme russe tente de reformer, non pas tant la superpuissance social-impérialiste soviétique des années 1960-1980, que l’empire russe d’avant Octobre 1917. L’intégration-désintégration de l’Ukraine est ainsi à l’ordre du jour pour la Russie d’aujourd’hui comme à l’époque des Tsars où la nation ukrainienne était niée, la langue ukrainienne interdite, la culture ukrainienne martyrisée, les Ukrainiens considérés comme des « petits-russes » de moindre valeur.

La thèse de la seconde crise générale du capitalisme est confirmée

Les événements en Ukraine ne sont pas compréhensibles à partir d’un prisme « géopolitique », de considérations économiques, d’analyses militaires. Il va de soi qu’il y a des aspects militaires, politiques, économiques… dans tout cela. Mais ce n’est pas la substance des choses.

Le véritable déclencheur des événements, ce qui a ouvert la boîte de Pandore, c’est la seconde crise générale du capitalisme, déclenchée par la pandémie. Le capitalisme procède en effet par expansion, tout en se heurtant à un moment donné à une limite. Il se confronte alors à un obstacle infranchissable empêchant la continuité de l’accumulation de capital et de travail.

Il doit tout faire pour forcer la continuation de l’expansion. C’est alors la tendance à la guerre qui s’exprime, jusqu’à la guerre impérialiste.

La première crise générale du capitalisme s’est produite dans les années 1910, avec le déclenchement de la guerre mondiale et la révolution russe d’Octobre 1917. L’accumulation capitaliste était alors littéralement torpillée, les sociétés se déchirant politiquement, culturellement, socialement.

Le capitalisme n’avait alors pas encore atteint le degré de maturité permettant une société de consommation, l’encadrement complet des comportements et des mentalités au moyen des institutions (dont les syndicats font partie), d’un travail salariat perpétuellement rationalisé.

La contradiction entre le travail intellectuel et le travail manuel était explosive dans un tel cadre, et le fascisme comme mobilisation de masse pour dévier les protestations et empêcher l’affirmation du besoin de communisme se systématisa, précipitant les pays dans la seconde guerre mondiale.

La seconde crise générale du capitalisme s’est produite au début de l’année 2020, avec l’irruption d’une maladie issue du terrible écocide provoquée par le capitalisme à l’échelle mondiale. La destruction de la Nature a pris une immense proportion, allant jusqu’à une crise dans le cadre de la contradiction entre les villes et les campagnes, aboutissant au dérèglement des rapports entre les espèces et les maladies.

Le capitalisme a pris de plein fouet l’irruption de la pandémie, toute sa production a été bouleversée, ainsi que le rythme fondamental du 24 heures sur 24 de la vie quotidienne avec sa consommation forcenée. La machinerie capitaliste s’est enrayée.

C’est précisément la compréhension de cette seconde crise qui nous a permis, dès le milieu de l’année 2021, d’affirmer que la crise ukrainienne relevait d’une dimension nouvelle, d’une confrontation militaire à une nouvelle échelle, de la guerre impérialiste pour le repartage du monde.

La crise ukrainienne a comme arrière-plan la contradiction entre la superpuissance impérialiste américaine et son challenger chinois

La bataille pour le repartage du monde est concrètement la grande actualité des pays du monde, que ceux-ci soient des pays capitalistes développés (comme la Belgique, la France…) ou des pays semi-féodaux semi-coloniaux (comme la Turquie, le Brésil ou le Mali). Il faut trouver un moyen d’arriver à l’expansion, à tout prix, sinon le régime s’effondre comme un château de cartes de par la pression de la crise.

La situation en Ukraine doit d’autant moins être comprise de manière « géopolitique » que ce qui se joue à l’arrière-plan, c’est la mise en place de la troisième guerre mondiale impérialiste entre la superpuissance impérialiste américaine et son challenger chinois.

Le capitalisme a réussi à se relancer grâce à une expansion aux dépens d’une partie importante des territoires auparavant sous la dépendance du social-impérialisme soviétique, ainsi qu’avec l’utilisation de la Chine comme atelier du monde, puis comme usine du monde.

La fin de cette expansion commencée en 1989 s’est exprimée en 2020 avec la pandémie et elle apporte au monde une nouvelle grande puissance, la Chine, qui vise à l’hégémonie mondiale en remplacement de la superpuissance impérialiste américaine.

La Chine, un pays social-fasciste depuis la restauration du capitalisme en 1976, a profité de l’expansion capitaliste mondiale en exploitant massivement la classe ouvrière chinoise et en s’appuyant sur un régime terroriste. Profitant de sa taille et de sa population, l’impérialisme chinois vise à s’affirmer sur la scène mondiale, aux dépens de la superpuissance impérialiste américaine.

Le conflit entre l’impérialisme russe et l’Ukraine est ainsi, sur le plan de la tendance historique, également un conflit entre la Russie et la superpuissance impérialiste américaine, et revient même à un affrontement entre la Chine et la superpuissance impérialiste américaine.

Le moteur principal de la guerre impérialiste au niveau mondial est l’affrontement sino-américain, qui joue à tous les niveaux, dans tous les affrontements militaires.

L’OTAN est un appareil militaire à visée externe et interne

La Belgique est pays impérialiste de faible importance, la France est un pays impérialiste d’importance significative. Cependant, la Belgique accueille le siège de l’OTAN à Bruxelles et porte en ce sens une très lourde responsabilité, celle d’assurer une stabilité permanente afin de légitimer l’OTAN.

L’OTAN a été en effet le bras armé accompagnant le développement du capitalisme occidental dans les années 1960-1980, ce qui veut dire que ce n’a pas été simplement une structure militaire se définissant par rapport au bloc de l’Est dirigé par le social-impérialisme soviétique. L’OTAN a également été tout un appareil d’affirmation symbolique, de pression psychologique, d’échanges d’informations des services secrets et d’opérations militaires, dans le sens de la contre-insurrection.

L’OTAN est un appareil exerçant une pression pour uniformiser la défense des intérêts économiques et politiques du capitalisme occidental ; il ne faut jamais oublier l’importance que l’OTAN accorde pour chacun de ses membres, aux formes institutionnelles, aux prises de position diplomatiques, à l’organisation des rapports sociaux.

C’est d’ailleurs pour cela que l’Ukraine n’a pas encore pu adhérer à l’OTAN et qu’elle connaît d’intenses modifications internes afin justement d’être en mesure de répondre aux exigences du capitalisme occidental.

D’où les difficultés également de la France, pays exemplaire du capitalisme occidental mais cherchant à disposer souvent d’une indépendance stratégique, dans ses rapports avec l’OTAN.

Cet aspect de la question de la guerre impérialiste est essentiel, car qui dit guerre dit appareil militaire, et on ne peut pas comprendre les modalités de la guerre sans voir comment celle-ci se développe, comment elle se met en place, comment elle cherche à se dérouler.

La Russie est un pays impérialiste

Même si en Belgique et en France l’OTAN reste l’aspect principal de la tendance à la guerre, il ne faut absolument pas pour autant attribuer une valeur positive, à caractère « anti-impérialiste », à la Russie. Ce pays, dont les visées expansionnistes sont indubitables, n’a eu de cesse de développer un immense appareil idéologique pour se présenter sous un jour favorable, comme simple « victime » de l’OTAN.

Des médias comme RT et Sputnik, des agitateurs permanents sur les réseaux sociaux, des hommes politiques soudoyés, et même des organisations d’extrême-gauche ou d’ultra-gauche en mal de légitimité… présentent la Russie comme un pays pacifique, contribuant au progrès mondial dans tous les domaines, jouant le rôle de principal obstacle à la mondialisation capitaliste.

La Russie porterait, malgré sa nature, des traits « soviétiques », un respect des codes de l’honneur, des principes communautaires « socialistes », permettrait la mise en place d’un monde « multipolaire », ne serait pas gangrené par un capitalisme déchaîné, etc.

Tout cela relève de la propagande impérialiste, aussi ne saurait-on sous-estimer le rôle néfaste joué par la Russie dans sa tentative se présenter comme devant être naturellement soutenue si on s’oppose au à un capitalisme qui serait « occidental », par opposition à une « Eurasie » qui porterait une identité « socialiste ».

On doit ici considérer qu’il y a une contradiction inter-impérialiste et s’il y a bien toujours un aspect principal, il ne faut jamais perdre de vue le principe de l’autonomie prolétarienne, du maintien des principes idéologiques communistes, de l’auto-suffisance sur le plan de l’organisation.

Il faut avoir dans l’idée qu’on est dans la même configuration qu’avant 1914 et il ne s’agit pas de prendre parti pour un impérialisme contre un autre.

Nous en sommes revenus à la situation d’avant 1914

Il est nécessaire de constater qu’un piège impérialiste s’est refermé sur l’Ukraine, la superpuissance américaine et l’impérialisme russe transformant ce malheureux pays en cible pour leur propre expansionnisme. La première veut élargir sa zone d’influence et de contrôle, en faisant de l’Ukraine son satellite, alors que la Russie aimerait justement que celle-ci intègre son champ de domination « impériale ».

Cela nous ramène à la situation mondiale avant 1914, avec la compétition entre puissances pour se développer aux dépens d’autres pays, au moyen de coups de pression, d’interventions militaires.

La crise militaire en Ukraine le monte bien : les interventions militaires sont désormais considérées comme le facteur décisif, comme l’expression politique la plus nette, la plus tranchante, la plus à même de permettre l’expansion.

La seconde crise générale du capitalisme a apporté un saut qualitatif, où la tendance à la guerre l’emporte sur les autres tendances, de manière ouverte ou indirecte, franche ou insidieuse. Et les capitalistes profitent de toutes les améliorations techniques et technologiques, du caractère plus développé des forces productives.

Le caractère nouveau de la guerre moderne

Nous voulons souligner le fait que, malheureusement, les larges masses n’ont pas une compréhension juste de ce qu’est la guerre moderne. Elles ne saisissent pas ce qu’est un État, donc elles ne voient pas ce qu’est le pouvoir dans son rapport aux classes. Qui plus est, et c’est là essentiel, elles ne voient pas les immenses modifications que connaît la guerre dans ses formes concrètes depuis trente ans.

L’irruption des nouvelles technologies a largement modifié la gestion des conflits, avec une capacité de connaissance en temps réel désormais des acteurs sur place et une distribution immédiate des décisions à ces mêmes acteurs sur le champ de bataille.

Ce saut qualitatif dans la gestion des actions a contribué à un renforcement quantitatif de par une interaction démultipliée des troupes militaires elles-mêmes. C’est le sens de la professionnalisation des armées : la guerre moderne exige un haut niveau de technicité, tant pour maîtriser les innombrables types d’armes que pour être en mesure de gérer ou participer à des opérations désormais coordonnées de manière très approfondie.

La guerre moderne possède en ce sens de très nombreux aspects, qui ne sont pas tant nouveaux que faisant l’acquisition d’une autre magnitude et se combinant bien davantage. Que ce soit par l’espionnage, le sabotage, la guerre psychologique, les piratages informatiques, les opérations consistant en des « coups » bien déterminés… la guerre moderne a obtenu un caractère « hybride » comme le formulent les experts militaires bourgeois.

Les armées modernes intègrent même directement dans leurs activités tant la surveillance que l’utilisation des réseaux sociaux pour leurs opérations. Il y a cette anecdote de Facebook fermant des comptes se prétendant maliens mais en fait liés aux armées française et russe en décembre 2020, cependant dans les faits chaque armée assume entièrement cette dimension d’opération psychologique, de manipulation.

On peut dire que, avec les technologies actuelles, il y a une combinaison encore plus avancée des services secrets avec l’armée et inversement, ce qui renforce la signification des décisions prises au plus haut niveau au sein d’un appareil d’État toujours plus centralisé.

Jamais les États n’ont ainsi été autant coupés du peuple – mais, en même temps, jamais ils n’ont été autant capable de réactivité et de prises d’initiative d’écrasement rapide.

Il n’est pas de retour en arrière possible

Comme l’a affirmé Staline à la suite de Lénine, « pour supprimer l’inévitabilité des guerres, il faut détruire l’impérialisme ». Toute autre conception est une convergence avec le mode de production capitaliste et il faut souligner ici la menace que représentent les courants bourgeois « socialistes » prétendant réorganiser le capitalisme, le réguler, lui mettre des barrières, le refaçonner, lui imposer des règles, etc.

Il y a deux ennemis et non pas un : il faut combattre ceux qui veulent la guerre impérialiste, au nom du nationalisme, de l’expansionnisme, et il faut aussi combattre ceux qui mentent en prétendant pouvoir faire changer le capitalisme.

Aussi vaines que soient ces prétentions à « améliorer » ou « modifier » le capitalisme, elles désorientent, elles font perdre du temps, elles empêchent de voir la gravité de la situation historique.

Le capitalisme aboutit immanquablement à la guerre impérialiste et il n’est pas de retour en arrière possible une fois un tel processus enclenché. Seul le démantèlement des monopoles peut briser les forces menant à la guerre, et quel sens aurait un retour au capitalisme qui remettrait en branle le processus menant à des monopoles ?

Les réformistes répondront ici qu’un « capitalisme organisé » est possible : c’est un mensonge qui masque les intérêts du capitalisme cherchant à sauver son existence. Il y aura aussi les romantiques économiques qui proposeront un retour en arrière à une forme primitive de capitalisme, avec l’artisanat, voire le troc. C’est là incompatible avec les exigences de notre époque.

Les exigences de notre époque

La guerre qu’amène le capitalisme est aussi, dialectiquement, une contre-réponse à la paix planétaire qui est historiquement possible.

Nous avons besoin d’une société mondiale unifiée, d’une humanité unifiant et centralisant toutes ses forces, afin d’élever le niveau de vie des masses mondiales et d’en même temps protéger la planète, en adoptant un mode de vie qui soit naturel et non plus décidé artificiellement par les capitalistes pour développer la consommation.

La guerre imposée par le capitalisme est également un moyen de propager la concurrence, la compétition, le cynisme, l’égoïsme… Alors que sont à l’ordre du jour la compassion, l’empathie, le Socialisme. Au lieu d’avoir une humanité pacifiée et cultivée, se tournant vers la Nature et en particulier les animaux, ayant la tête dans les étoiles pour envisager la colonisation spatiale, le capitalisme cherche à défigurer le monde à coups de divisions, de sectarisme, de particularismes.

C’est là un aspect essentiel. Le capitalisme propage les divisions qui se conjuguent pour former une légitimité au crime à grande échelle. Il faut que les communistes soient en mesure de faire face à une telle entreprise, et cela implique d’être capable d’avoir une lecture approfondie de ce qu’est la société socialiste, le besoin de communisme.

Toute réduction à de l’économisme, à des considérations sans profondeur, sans âme, sans reconnaissance de la dignité du réel… amène la défaite face aux mobilisations provoquées par le capitalisme, qui profitent tant de moyens matériels élevés que d’un irrationalisme particulièrement prononcé.

Il faut impérativement avoir conscience de cette dimension !

Vive la nation ukrainienne, victime du complot militariste réalisé par la superpuissance américaine et l’impérialisme russe !

Guerre à guerre impérialiste, guerre à l’OTAN !

Guerre populaire jusqu’au Communisme !

Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste de Belgique

Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)

Février 2022

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OCML-VP : Ukraine : américain, russe ou européen, l’impérialisme c’est la guerre !

Une position politique.

La position de l’OCML Voie Prolétarienne concernant la crise ukrainienne.

A nouveau le bruit des bottes et des canons en Europe. Après la Syrie, l’Ukraine devient le nouveau terrain de l’affrontement des grandes puissances, les USA impérialistes de Biden, la Russie impérialiste de Poutine, l’Europe impérialiste de Macron et Scholz.

Après les grandes crises financières de 2010, la crise sanitaire depuis fin 2019, les chaos africain et proche-oriental, le retrait d’Afghanistan, c’est à nouveau sur le terrain politico-militaire que l’affrontement revient.

Chaque impérialisme défend sa zone d’influence, qu’il cherche à élargir pour contrer ses concurrents, assoir ses marchés. Là-dedans, les peuples ne sont que de la chair à canon, quoiqu’en chantent tous les discours nationalistes de part et d’autre. Les nazillons ukrainiens comme les miliciens pro-russes se moquent comme d’une guigne de la misère, de la mort, des destructions subies par les peuples, prêts à toutes les provocations pour justifier de leur prétendu « bon droit » et du fait que ce sont « les autres » les agresseurs.

La Russie impérialiste de Poutine, affaiblie au plan économique mais encore puissance militaire importante, cherche à regagner ses zones d’influence et marchés du passé pour revenir dans la concurrence mondialisée, comme elle cherche à étendre son influence en Afrique. Hors de question de laisser l’OTAN verrouiller l’Ukraine, et il faut faire un exemple à l’heure où les peuples se soulèvent contre leur bourgeoisie en Biélorussie comme au Kazakhstan, ces zones dont la Russie veut conserver le contrôle plus ou moins direct.

Les USA impérialistes de Biden soufflent sur les braises pour attiser le conflit et pousser Poutine à la faute, pour au contraire renforcer leur présence dans une région qui leur échappe largement.

Quant aux impérialistes européens, ils temporisent au contraire, car ils se sont imposés en Ukraine avec les nouveaux gouvernements issus de la « révolution orange » et ensuite comme premiers partenaires économiques (la France y est le premier employeur étranger). Tout en continuant de commercer avec la Russie, en particulier avec les fameux contrats gaziers source de revenus importants pour les monopoles d’Etat russes et les oligarques. Mais au final, ils s’aligneront sur Biden.

Qui croire, entre fakenews et intoxications, propagande militaire ouverte ou cachée ? En tous les cas certainement pas les diverses puissances impérialistes et leurs larbins, politiciens, hommes de main, miliciens ou propagandistes.

Le peuple ukrainien est pris entre tous les feux de la guerre impérialiste, il faut qu’il retrouve son indépendance de classe, refuse de se soumettre à l’une ou l’autre puissance pour tracer lui-même le chemin de sa libération.

Nous militants de l’OCML Voie Prolétarienne soutenons toutes les forces qui prennent ce chemin, et appelons à la construction d’une véritable force rouge, prolétarienne et internationaliste pour en finir avec les impérialismes et leurs guerres !

Guerre à la guerre impérialiste !

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Les positions du camp nationaliste (Marine Le Pen, Eric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon) sur la reconnaissance du Donbass séparatiste par la Russie

Trois candidats à la présidentielle 2022 tournés aussi ou notamment vers la Russie.

Il existe en France deux bourgeoisies. Il y a celle soutenant la participation à l’OTAN et l’Union européenne, considérant qu’il faut s’aligner sur la superpuissance américaine, qu’il y a là une garantie de croissance. Représentée par Emmanuel Macron, mais également le Parti socialiste et la Droite classique (ainsi que l’ultra-gauche), elle est favorable à des modifications sociétales profondes (PMA, LGBT, cannabis légalisé, flexitarisme alimentaire, etc.) parce que cela permet d’ouvrir de nouveaux marchés, de réimpulser le capitalisme.

Il y a celle qui, par contre, considère que la France perd son rang en se plaçant dans le sillage américain, qu’elle se déclasse en tant que grande puissance et qu’elle ferait mieux de jouer sa propre partition. Il faut donc éviter de trop bousculer la société, voire appliquer une ligne conservatrice pour figer la société au maximum, pour qu’elle fasse bloc afin de la mobiliser de manière nationaliste. Dans cette optique, la Russie fait office d’allié incontournable, de par son idéologie conservatrice révolutionnaire, sa concurrence avec la superpuissance américaine, son absence de concurrence directe avec la France dans la plupart des cas.

C’était la ligne de François Fillon, avant qu’il se fasse descendre politiquement par le Canard enchaîné au moment des présidentielles de 2017, permettant au candidat tombé du ciel (car choisi par la haute bourgeoisie de la première faction), Emmanuel Macron, de triompher. François Fillon est désormais administrateur indépendant de Sibur, géant russe de la pétrochimie, et représentant de la Fédération de Russie au Conseil d’administration du groupe pétrolier public Zaroubejneft.

C’était également la ligne de Marine Le Pen, dont le parti avait obtenu un prêt de la Russie, ou encore de Jean-Luc Mélenchon voyant comme la gauche du PCF une dimension « anti-impérialiste » dans la Russie.

Or, c’est la première faction qui donne le ton depuis le début des années 1990, avec la chute de l’URSS et l’intégration de la Chine dans le capitalisme international, qui a permis une incroyable expansion. Voilà pourquoi Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont été ainsi des représentants de la seconde faction, mais sans perspective de succès concret. Aussi ont-ils modifié leur positionnement, l’adoucissant… perdant ainsi toute leur spécificité, ce qui les amène à se voir remplacer par Eric Zemmour une fois la crise venue avec la pandémie.

Ce qui fait qu’Eric Zemmour dit en fait la même chose aujourd’hui, au sujet de la Russie, que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon hier, faisant aussi office de François Fillon II, en quelque sorte. C’est absolument flagrant. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon prennent désormais une certaine distance avec la Russie, afin de ne pas « heurter » trop la première faction de la bourgeoisie, Eric Zemmour fait vaguement semblant pour ne pas heurter son public libéral ayant un fort tropisme pro-américain, afin toutefois, dans le fond, d’entièrement s’aligner sur la Russie.

Ainsi, Marine Le Pen veut une grande négociation y compris avec les Etats-Unis, à total rebours de son positionnement historique ; Eric Zemmour dit qu’au fond il faut un accord entre les pays européens et la Russie (sans les Etats-Unis) ; Jean-Luc Mélenchon dit qu’il n’y aura pas de guerre (!!), que la Russie a fait n’importe quoi et que l’OTAN va avancer, ce qui nuit aux intérêts français.

Communiqué de Marine Le Pen sur la situation en Ukraine

La décision de Vladimir Poutine est un acte éminemment regrettable qui ne participe pas à la nécessaire désescalade des tensions que j’appelle de mes vœux depuis le début de la crise.

Néanmoins, tout doit être fait pour retrouver la voie du dialogue afin d’assurer la paix en Europe.

Désormais, la solution passe probablement par l’organisation d’une conférence réunissant les Etats-Unis, la Russie, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni ainsi que la Pologne, la Roumanie, la Hongrie et la Slovaquie, états frontaliers de l’Ukraine.

Cette conférence aurait pour objectif de négocier une solution sur la base de l’accord de Minsk, accord dans lequel la France avait joué un rôle déterminant et dont l’application assurerait la paix.

Communiqué de Jean-Luc Mélenchon sur la situation en Ukraine

Plus que jamais il faut se méfier des guerriers de plateau de télé qui s’échauffent dans l’invective et les mouvements de menton. Faire sérieusement le point demande qu’on parte du seul point de vue qui vaille en temps de crise : l’intérêt de notre pays.

Car le contexte est hors de notre portée.

En Ukraine et sur toutes les frontières à l’est du continent nous sommes en présence des rebondissements d’une de ces guerres sans fin qui, depuis Pierre le grand et Catherine II, tenaillent les peuples du secteur. L’implosion de l’URSS est le premier cas de l’ère moderne ou un Empire s’effondre sans négociation des frontières qui en résultent. Cela justifiait une prudence plus grande qu’ailleurs dans les décisions et les évolutions. La destruction de la Yougoslavie, la création de l’état artificiel du Kosovo ont vite montré que le rapport de force serait partout la règle. Le récent déploiement d’armes et de militaires de l’Otan dans tous les pays baltes l’ont confirmé.

Pour autant la reconnaissance des républiques russophones du Donbass par Poutine est une très mauvaise affaire pour les Français. Le respect des frontières, quelles qu’elles soient est une condition de base d’une vie internationale où la diplomatie et l’ONU tranchent plutôt que les armes et les coups de force. Si nous voulons nous-mêmes être indépendants, notre intérêt est que les frontières soient intangibles ou bien qu’elles ne bougent qu’après des procédures concertées, acceptées et contrôlées.

Il est à craindre qu’à la décision russe succède une décision américaine d’intégrer l’Ukraine dans l’OTAN. Autre mauvaise affaire pour nous Français qui n’avons aucun intérêt à l’extension de la domination militaire des USA et de leurs intérêts sur notre continent.

Poutine a dû comprendre que la décision était déjà prise et qu’il ne pourrait jamais obtenir de garantie sur ce sujet. Il a vu que les USA ne lui cédaient rien sur ce point depuis le début de la crise. La reconnaissance des républiques du Donbass est donc sa prise d’avantage dans le nouvel ordre qui s’installe dans cette région. Il l’a fait avant que la nouvelle frontière de l’OTAN ne lui interdise de le faire.

Comme tout cela se déduit très facilement de l’observation, on peut se demander si n’entre pas déjà en vigueur un nouvel ordre quasi convenu. Car qui ferait la guerre pour le Dombass ? Personne.

Et d’abord parce que la guerre sur place dure depuis huit ans et que les parties concernées (russophones et ukrainiennes) en sont rendu à un degré de haine mutuelle qui bloque toute vie commune. Et Comme Kiev n’a jamais mis en œuvre le moindre commencement d’application des accords de Minsk à propos du Donbass, on peut penser que les Russes se le tiennent pour dit. Mais la Russie de son côté ne fera pas non plus la guerre pour l’Ukraine. Elle attendra qu’elle tombe comme un fruit mur, le moment venu.

N’empêche que c’est une escalade, et que la Russie en porte la responsabilité et qu’il faut le condamner dans notre interêt bien compris.

Quoiqu’on pense des arrières pensées ou des logique de situation, il n’empêche que c’est bien la Russie qui a pris la responsabilité de cet épisode. L’annexion de l’Ukraine dans l’OTAN ne tardera plus. Peu importe qu’elle ait été déjà prévue avant cela. Peu importe, parce qu’on ne juge d’une situation que par les actes qui y sont posés.

Aussi longtemps qu’une ligne n’est pas franchie on peut penser que la suivante ne le sera pas et s’organiser pour cela. Une ligne est franchie. Sauf a capituler sans condition les USA sont dans l’obligation d’étendre l’OTAN et les Européens sont obligés de dire oui à tout et au reste. Le reste c’est le blocage provisoire de Northstream II et l’approvisionnement en gaz de schiste américain. Avec, cela va de soi, de nouveaux déploiements de troupes USA et l’extinction des bavardages sur l’autonomie de défense européens.

Je ne dis rien à cette étape du bilan navrant de Macron dans cette séquence. Il y aura joué des rôles sans contenu réel. Il est inutile d’espérer qu’il fasse mieux. Il peut faire pire. On doit lui laisser une possibilité de respecter au moins la démocratie de son pays. Le Premier ministre doit une explication au pays dans les heures qui viennent devant l’Assemblée nationale.

Cette situation me conforte dans ma proposition d’une conférence des frontières. Elle permettrait de fixer des règles et de gérer avant la crise les autres situations de tensions frontalières qui murissent sur notre continent.

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La France est endettée jusqu’au cou

L’État français dépense massivement et court à la catastrophe.

La France est un pays riche, très riche. Les richesses y sont abondantes et le mode de vie de la plupart des habitants est opulent. N’importe quelle commune, même rurale et isolée, a des maisons très grandes et modernes. Il n’y a qu’à observer une route, n’importe où, pour y voir beaucoup de voitures neuves et chères. Pareil dans les centre-villes où le recours à des domestiques modernes pour se faire livrer ses courses ou un repas préparé, pour se déplacer (en « uber »), est absolument massif.

Mais la réalité est aussi, voire surtout, que la France vit au-dessus de ses moyens et court à la catastrophe. La Cour des comptes a publié mi-février son rapport public annuel et elle y présente cette situation dans les détails en ce qui concerne le budget de l’État qui est en déficit chronique. Les mots sont évidemment alarmants :

« L’ampleur exceptionnelle de la hausse du déficit, passé de 75 milliards d’euros en 2019 (soit 3,1 points de PIB) à 209 milliards d’euros en 2020 (soit 9,1points de PIB), résultait du double effet de la dégradation des recettes due à la récession et du coût massif pour les finances publiques des dispositifs de soutien. »

Cela fait que :

« Près de deux ans après le début de la crise, la France fera partie des pays de la zone euro dont la situation des finances publiques est la plus dégradée. Cette situation appellera la définition d’une trajectoire à moyen terme de redressement des finances publiques exigeante pour assurer un repli de la dette rapportée au PIB. »

En effet, la dette est maintenant équivalente à près de 120 % du PIB (c’est-à-dire la richesse produite annuellement), ce qui est tout bonnement intenable, à moins de croire en l’argent magique, tombant du ciel par enchantement pour renflouer éternellement les caisses de la France…

Au moins 100 milliards d’euros ont été dépensés par l’État dans le cadre de la crise sanitaire et des mesures de soutien au capitalisme, alors que le pays était déjà largement endetté à la base. Il est expliqué en détail par la Cour des comptes à quel point la dette est structurelle, et non pas seulement conjoncturelle (c’est-à-dire liée à la situation particulière). Autrement dit, c’est en profondeur que les choses ne vont pas et il suffit de regarder pratiquement chaque secteur, chaque poste de dépense, pour voir qu’il n’y a aucun équilibre des comptes, que le déficit ne peut que se creuser.

En mettant de côté les dépenses liées à la situation sanitaire, les deux derniers budgets de l’État étaient d’après la Cour des comptes en augmentation de 11 milliards pour 2021 et 8 milliards pour 2022, sans que cela ne soit compensé dans l’autre sens.

De surcroît, ce n’est pas qu’une question purement comptable, il y a également la façon dont sont gérés les budgets, comment ne sont pas (ou mal) prélevées tout un tas de recettes, etc. Et cela est aggravé par la crise. En audience à l’Assemblée nationale pour présenter le rapport public annuel de la Cours des comptes, son président Pierre Moscovici a par exemple souligné :

« Notre rapport revient également sur les dysfonctionnements qui ont émergé au cœur de la crise, comme le manque de ciblage des moyens déployés ou l’insuffisance de précautions pour limiter les effets d’aubaine et la fraude. »

Dans un tel contexte, il suffirait de pas grand-chose pour que l’État français s’écroule sous le poids de sa propre dette. Personne n’y croit, car tout le monde est aveuglé par la consommation à outrance et le capitalisme 24 heures sur 24, mais tous les organismes sérieux tel la Cour des comptes n’ont pourtant de cesse de tirer la sonnette d’alarme à ce sujet.

Ce qui est en jeu, c’est la crédibilité de l’État français en tant qu’emprunteur sur les marchés financiers. On ne prête pas éternellement à qui à de moins en moins d’argent. Ou, comme le dit dans son rapport la Cour des comptes avec un langage plus technique :

« Une poursuite de la hausse du ratio d’endettement risquerait de fragiliser la confiance des acteurs économiques dans la capacité de la France à honorer ses engagements passés et à venir »

Alors, de deux choses l’une. Soit la France continue dans son aveuglement à dépenser l’argent qu’elle n’a pas, et elle va s’effondrer. Brutalement. Soit la Droite, dans sa forme dure et ultra-libérale à la Eric Zemmour, va finir par prendre les choses en main pour restructurer et cogner dur, pour éviter la faillite. Autrement dit, les budgets vont être coupés de toutes parts, pour enrayer l’hémorragie, ce qui fera très mal. C’est bien sûr l’option que défend au fond la Cour des comptes, en tant qu’organisme défenseur des institutions en place et du fonctionnement capitaliste de l’économie. Elle dit :

« Le nécessaire redressement des finances publiques passera inéluctablement par des efforts sans précédent de maîtrise de nos dépenses »

Alors il faudrait opposer à cela la Gauche, la vraie, pour prendre les choses en main avec une orientation démocratique et populaire. Pour prendre l’argent là où il est, chez les riches et les très riches, mais aussi, voire surtout, pour changer de fond en comble la société, et donc non seulement mettre au pas les riches et les très riches, mais la bourgeoisie en général, ce qui est bien différent.

Car si la France est massivement endettée, ce n’est certainement pas dans l’intérêt quotidien et immédiat de la population ; c’est uniquement pour servir et développer un train de vie général favorable à la société de consommation et au capitalisme 24 heures sur 24. Alors il faut tout revoir, tout remettre en cause.

Pour l’instant, ce programme de Gauche véritable n’intéresse personne et d’ailleurs aucun candidat ne le porte. Tous ne parlent que d’augmenter le « pouvoir d’achat ». Les instituts de sondages expliquent que la préoccupation principale des électeurs est justement ce « pouvoir d’achat » (pour 54 % d’entre eux dit un sondage Odoxa mi-février). Les Français tiennent absolument à maintenir leur mode de vie riche et abondant, à continuer à consommer sans entraves.

Alors la désillusion sera de plus en plus grande quand la machine va s’enrayer. Et probablement très bientôt, car la situation est explosive. Dans ce contexte, ce n’est pas la Gauche qui en profitera, avec une colère sociale voulant renverser le capitalisme faible et endetté. Au contraire, c’est l’aigreur et la rancœur de Français attachés à un capitalisme en expansion qui va prédominer. De cela, c’est d’abord le populisme, le nationalisme, l’extrême-droite, qui en récolte les fruits.

C’est là, malheureusement, la dure actualité à laquelle il faut se préparer pour la décennie à venir. Aucun redressement de la Gauche ne sera possible sans prendre en compte cette réalité.

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Ukraine : Lutte Ouvrière ne critique pas la Russie

Seuls les Etats-Unis seraient fautifs.

Il n’est nullement étonnant que la « gauche » du PCF prenne partie pour la Russie dans le conflit ukrainien, c’est un positionnement qui se situe dans le prolongement d’un point de vue faisant de la Chine (souvent considéré comme « socialiste ») et de la Russie des Etats nationaux formant un contre-poids à l’impérialisme (résumé aux Etats-Unis). Mais alors voir Lutte Ouvrière dire exactement la même chose est plus que surprenant.

Il est vrai que Lutte Ouvrière se contorsionne depuis 1991 quant à la nature de la Russie, expliquant que tant qu’il y a des acquis de l’époque socialiste, cela reste une sorte d’Etat ouvrier dégénéré. Cependant, pour en arriver à nier que la Russie place 150 000 soldats armés jusqu’aux dents aux frontières d’une Ukraine considérée comme un appendice russe à récupérer…

Car l’article Crise ukrainienne : l’impérialisme américain à la manoeuvre du 16 février 2022 ne dit pas autre chose. Il est expliqué que les Etats-Unis ont annoncé une invasion russe pour le 16, qu’elle n’a pas eu lieu, que même il y a « la nouvelle du début de repli des troupes russes », que par conséquent tout cela a été un coup monté par les Américains. La Russie se contenterait de montrer sa force :

« Ainsi la Russie est présentée comme s’apprêtant à déclencher une guerre pour mettre la main sur l’Ukraine. Les manœuvres militaires organisées par l’armée russe ne signifiaient pourtant pas que Poutine avait décidé une invasion. Le dirigeant du Kremlin est engagé dans un bras de fer avec l’impérialisme américain, où chacun montre ses muscles. En juillet 2021, c’est l’OTAN qui a organisé des manœuvres militaires en mer Noire, impliquant des forces d’une trentaine de pays, dont l’Ukraine. »

Ce qu’on lit ici est ridicule de bout en bout et témoigne d’une profonde méconnaissance de la situation, et même d’une absence d’efforts devant ce qui forme un événement absolument catastrophique pour la paix en Europe. La Russie ne fait pas simplement des « manoeuvres », elle a amassé une majorité significative de son armée à la frontière avec l’Ukraine, avec absolument tout ce qu’il faut pour une invasion. Même si Lutte Ouvrière ne suit pas le conflit ukrainien depuis avril 2021 (comme le fait agauche.org), un peu d’études de la question permet facilement de voir que la Russie menace l’Ukraine et ne s’en cache pas puisqu’elle nie son existence (ce serait une « invention bolchevique » comme l’explique Vladimir Poutine).

Il est donc absolument faux de réduire la question de la guerre à une simple magouille électoraliste et machiavélique du président Joe Biden, tout en disant d’ailleurs que la guerre n’aura de toutes façons pas lieu. C’est là complètement rater la nature de la période actuelle, qui est celle de la bataille pour le repartage du monde.

« Depuis près de trois mois, l’administration de Washington se livre à une vaste manipulation de l’information, comme à chaque fois qu’il lui faut justifier une intervention quelque part dans le monde.

Avec cette opération, Biden veut certainement se donner une nouvelle stature vis-à-vis de son opinion publique alors que, depuis l’évacuation en catastrophe de l’Afghanistan, ses concurrents républicains, à commencer par ­Trump, ne cessent de le présenter comme un président faible. Alors que sa cote de popularité est au plus bas, qu’aucune des réformes sociales promises n’a vu le jour et que l’inflation a atteint des niveaux inégalés depuis 1982, le président démocrate peut aussi vouloir utiliser cette crise politique extérieure pour faire diversion et susciter un réflexe d’union nationale derrière lui.

L’attitude de Biden va cependant au-delà de ces calculs à court terme. L’impérialisme américain a besoin que sa population soit prête à aller faire la guerre partout où les intérêts de ses capitalistes l’exigeront, comme il n’y a pas si longtemps en Irak et en Afghanistan.

Pour cela, il faut la mettre en condition, la convaincre qu’il y a face à elle des régimes menaçant la liberté et la démocratie qui sont le dernier des soucis des dirigeants américains d’un bout à l’autre du monde, de l’Arabie saoudite à la Birmanie… Cette mise en condition s’étend aux populations d’autres pays occidentaux, comme la France dont les dirigeants, fût-ce avec quelques contorsions, s’alignent sur la diplomatie américaine.

Même si la guerre n’est pas pour ces jours-ci, les dirigeants occidentaux tiennent dès à présent à préparer leurs populations à la faire contre les méchants, russes ou chinois, tant ils sont conscients que la crise capitaliste les y poussera. Une guerre qui n’est en aucun cas dans l’intérêt des travailleurs.

Lutte Ouvrière se prend ici les pieds dans le tapis : elle n’a pas pris au sérieux le conflit ukrainien, considéré comme régional, relevant d’une lutte locale pour le contrôle du pays, sans envergure. Le conflit ukrainien est au contraire la boîte de Pandore des conflits modernes du capitalisme en crise, de la forme de la guerre dans les conditions du 21e siècle ; la conflagration est par nature (du capitalisme en crise) absolument inévitable et a d’ailleurs déjà commencé.

Au-delà de cette question essentielle et actuelle de la nature de la guerre moderne, qui n’a rien à voir avec celle des années 1960 ou 1990, il y a aussi la question nationale qui joue sur le plan de la théorie, de l’idéologie. Le trotskisme rejette les problématiques nationales et Lutte Ouvrière tout particulièrement. La question de l’indépendance nationale ukrainienne ne peut donc pas apparaître ici, alors que c’est l’existence même de la nation ukrainienne qui est en jeu. Impossible par conséquent pour Lutte Ouvrière de saisir le cadre du conflit, en plus de ses modalités.

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La « gauche » du PCF prend partie pour la Russie dans le conflit ukrainien

La Russie et la Chine seraient des vecteurs d’anti-impérialisme.

Il a déjà été parlé ici de la tendance d’une partie de la Gauche française, celle liée au PCF dans une rupture avec lui à partir des années 1990, et qui a pris une position clairement favorable à la Chine et à la Russie (« Qui menace la paix en Ukraine ? » Pas la Russie ?). Dans le prolongement d’Echanges communistes qui rassemble les documents de cette tendance au sujet de l’Union Européenne, il y a un nouveau document commun au sujet de la situation en Ukraine (mais sans le Parti Communiste Révolutionnaire de France, sur le même ligne cependant).

On parle ici du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF) et des Jeunes pour la Renaissance Communiste en France (JRCF), du Rassemblement Communiste (RC), de l’Association Nationale des Communistes (ANC), du Comité Internationaliste de Solidarité de Classe (CISC).

Tout en feignant, sans nullement convaincre, de prendre des distances avec les régimes chinois et russe, il y a une dénonciation unilatérale des pays capitalistes occidentaux, en « oubliant » donc que c’est tout de même la Russie qui rassemble une armada d’environ 150 000 soldats armés jusqu’aux dents autour d’une Ukraine dont l’existence est niée ! Quant à expliquer que le régime chinois n’est pas agressif… c’est tellement invraisemblable, alors que dire !

De plus, ce qu’on a ici n’aboutit pas une position cohérente, car si on admet tout ce qui est affirmé de manière unilatérale, que « l’impérialisme euro-atlantique » précipite le monde « dans une guerre potentiellement mondiale et exterminatrice », alors pourquoi conclure qu’il suffirait de lutter contre l’austérité ?

C’est là soit une réponse réformiste à la guerre qui n’est pas à la hauteur, soit un positionnement qui montre qu’il n’est pas vraiment cru en la tendance à la guerre, même de la part des pays capitalistes occidentaux.

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La prétention sociale des discours d’Eric Zemmour et Marine Le Pen

Les meetings d’Éric Zemmour et de Marine Le Pen ont insisté sur la question sociale.

Éric Zemmour a réuni près de 8 000 partisans samedi 5 février 2022 à Lille, pour un meeting centré autour du thème du « pouvoir d’achat ». De son côté, Marine Le Pen a rassemblé près de 4 000 personnes à Reims pour le lancement de la dernière ligne droite de sa campagne présidentielle, où elle s’est présentée comme étant proche du peuple et de ses préoccupations.

Les deux candidats nationalistes représentent des intérêts qui ne sont pas les mêmes, leur ligne politique est différente. Le premier, Eric Zemmour, assume une ligne de droite dure, ouvertement bourgeoise et tournée vers l’affirmation d’une certaine tradition bourgeoise hostile à la classe ouvrière. La seconde, Marine Le Pen, a développé depuis 2012 un discours nationaliste destiné aux classes populaires et à la petite-bourgeoisie (celle-ci étant extrêmement nombreuse en France), en leur expliquant que le problème serait surtout (voire uniquement) la mondialisation, le « mondialisme », et qu’il faut se rallier au nationalisme.

Autant l’un que l’autre, pour être élu ou en tous cas exister politiquement, doivent porter un discours à destination des classes populaires et aborder les questions sociales. Pour Marine Le Pen cela n’a rien de nouveau et ce qu’elle a dit pour lancer sa campagne est dans la continuité des dix dernières années. Eric Zemmour a par contre besoin d’appuyer sur cette question, pour élargir sa base électorale, son influence dans la société française.

Son principal argument est celui de la lutte contre l’immigration, comme s’il s’agissait là d’un remède magique pour dégager partout de nouveaux budgets. C’est un populisme racoleur, faisant fi de la réalité : l’immigration n’existe pas en dépit du capitalisme et de la bonne marche de la France capitaliste, mais précisément à son service. Si les dépenses de l’État à destination des personnes dans différentes situations d’immigration sont grandes et multiples et bien souvent illégitimes en tant que tel, les personnes immigrées (clandestines ou non) sont largement intégrées à l’économie française et sa marche. Ce sont surtout les chefs d’entreprises qui veulent de l’immigration, mais cela, Eric Zemmour n’en parle jamais.

Ce qui l’intéresse par contre, c’est que les ouvriers ne s’en prennent surtout pas à leur patron, et encore moins à la bourgeoisie en général. Ses propos ont été très clairs à ce sujet, dans la plus pure tradition nationaliste du 20e siècle :

« Face à la folle lutte des classes et l’injuste loi de la jungle, je serai le Président de la réconciliation des classes, le Président qui réunira l’entrepreneur et le travailleur »

Dans le Nord, terre historique du Socialisme en France, il a prétendu s’adresser aux ouvriers en faisant du Donald Trump :

« Ici plus qu’ailleurs, l’assistanat est une insulte. Je sais combien ici dans les classes populaires aux classes moyennes, on déteste l’assistanat. »

C’est vrai, mais tout à fait secondaire. Le problème des ouvriers est d’abord le mode de vie de la bourgeoisie qui détourne les richesses à son profit et dessine le monde à son image. Mais Eric Zemmour ne veut surtout pas s’en prendre à la bourgeoisie et aux entrepreneurs capitalistes.

Sa principale mesure annoncé lors du meeting, sur la question du « pouvoir d’achat » donc, consiste précisément en un cadeau à leur égard en abandonnant les cotisations sociales (servant à la protection sociale) pour des primes allant de 3000 euros à 5000 euros, ce qui est gigantesque. Il a parlé d’une « une prime 0 charge pour 0 URSSAF » en expliquant :

« À vous chefs d’entreprise, voilà comment vous augmenterez les salaires. À vous salariés, voilà comment votre pouvoir d’achat augmentera. »

C’est une mesure de droite dure, classiquement ultra-libérale et anti-sociale, malgré sa prétention sociale. Tel n’est pas le cas de Marine Le Pen, pour qui le nationalisme passe au-dessus de la considération bourgeoise traditionnelle de droite, ou comme l’a dit en introduction du meeting Jordan Bardella le président du Rassemblement national, en visant Eric Zemmour :

« Notre projet à nous n’est pas de sauver la Droite mais de sauver la France.»

C’est pourquoi Marine Le Pen a déroulé tout un tas de propositions à caractère social, la plupart inacceptables pour la Droite :

– revalorisation significative du salaire des enseignants ;
– réindexation des retraites sur l’inflation ;
– prime pour l’emploi spécifique pour les étudiants ;
– augmentation de 200 euros de salaires pour les jeunes en en alternance et en apprentissage ;
– augmentation de 1000 euros l’allocation enfant handicapé ;
– augmentation des salaires de 200 euros « à tous les ménages français ».

Marine Le Pen n’est pas pour autant de gauche évidemment, et assume aussi des mesures libérales :

– baisse de la TVA à 5% sur le fioul, le gaz, le carburant ;
– suppression des frais de successions sur les maisons de famille ;
– suppression de l’impôt sur le revenu pour tous les moins de 30 ans ;
– allègements « significatifs » de charges pour les très petites, petites et moyennes entreprises.

L’aspect principal de son discours et de ses propositions restent bien sûr le nationalisme (qu’elle nomme localisme et patriotisme), avec pour cela un romantisme pseudo-historique visant à mobiliser les classes populaires derrière le drapeau national.

Profitant d’être à Reims, où Clovis a été baptisé et où les rois de France ont été sacrés, elle a raconté :

« Mes chers compatriotes, la France doit se souvenir des promesses de son baptême. Ce serment sacré, ce pacte millénaire, voilà le rêve français qui doit nous animer. Faites confiance à cet idéal, à vos idéaux. Ensemble nous allons rendre aux Français la France qu’ils aiment. »

Peu importe que cela ait du sens ou non, car la France n’existait pas ni n’était en germe à l’époque de Clovis, car là n’est pas la question pour Marine Le Pen. Ce qui compte n’est pas la réalité, mais de prétendre à résoudre les questions sociales par le nationalisme.

Nous voilà donc revenus avec Eric Zemmour et Marine Le Pen aux nationalismes des années 1930, qui ont trusté la vie politique européenne à l’époque, en concurrence avec le Socialisme (social-démocrate ou communiste).

La caractéristique fondamentale du nationalisme au 20e siècle a été l’assimilation de la question sociale à la question nationale. C’est, au sens strict, la définition du fascisme pour qui le national, c’est le social, et inversement. On pensera au « national-socialisme » d’Hitler, mais cela est vrai pour toutes les variantes du fascisme, qui très souvent puisent leur origine à gauche, ou plus précisément dans les déviations de la Gauche.

Cela s’oppose bien sûr à l’internationalisme prolétarien qui définit le Socialisme. La Gauche historique dit que la nation n’est qu’un cadre dans lequel s’exprime la question sociale, car l’aspect principal des rapports sociaux est la lutte des classes, principalement entre la bourgeoisie et la classe ouvrière.

Au 21e siècle, rien n’a changé. La Gauche authentique, ou ce qu’il en reste, dit que le capitalisme en tant que mode production est dépassé, que la bourgeoisie mène le monde à sa perte, que cela soit socialement, mais aussi en ce qui concerne la civilisation elle-même, avec comme aspects principaux les questions de la culture et de l’écologie, et en toile de fond la question de la guerre.

De fait, le nationalisme mène à la guerre. C’est une lutte des classes, non pas entre pays, mais entre bourgeoisies de différents pays qui sont en concurrence et luttent pour leur hégémonie ou leur survie, et qui font payer cela aux peuples ; partout et toujours, ce sont les peuples qui sont les victimes de ces guerres, et c’est pourquoi ils ne doivent jamais tomber dans le piège du nationalisme.

Les prétentions sociales des nationalistes Eric Zemmour et Marine Le Pen sont un piège tendu aux classes populaires. Seule une Gauche forte et assumant ses fondamentaux historiques permettra de s’y confronter… Et cela implique la politique.

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Animaux, écologie : Fabien Roussel ne veut pas changer le monde

Le candidat PCF préfère la viande et les voitures à la révolution.

Fabien Roussel est candidat à l’élection présidentielle pour le PCF. Il a choisi comme ligne politique un positionnement social-populiste visant à flatter les gens que l’on doit qualifier de beaufs. Ces gens sont nombreux en France, alors le créneau est porteur ; Fabien Roussel a relativement beaucoup de reconnaissance médiatique pour cette raison.

On avait déjà eu un aperçu en octobre 2021 quand il avait moqué Yannick Jadot voulant « libérer les poulets » (ce qui est faux au passage), alors que lui par contre pense « aux salaires et aux retraites ». C’était là une réflexion typiquement réactionnaire, s’imaginant cartésienne et populaire, en fait surtout de droite, digne d’un Jacques Chirac au salon de l’agriculture.

En voici un nouvel exemple récent. Fabien Roussel s’imagine avoir une démarche tournée vers le peuple et opposé à la bourgeoisie en expliquant :

« Il y a la gauche caviar. Une bien-pensance qui voudrait interdire la viande et les voitures. Je suis d’une gauche populaire qui préfère donner les moyens aux Français d’avoir un véhicule propre plutôt que de les assigner à résidence. »

C’est proprement lamentable, et là encore bien plus de droite que de gauche. Déjà, car c’est faux : la « gauche » caviar justement n’est pas opposée à la viande ni au caviar, et encore moins à l’automobile. Mais surtout, car c’est regrettable !

Justement oui, il faut changer le monde, et en finir avec la viande et les voitures. La viande et les voitures sont, avec les guerres, ce que le capitalisme a engendré de pire au 20e siècle. C’est l’expression de la société de consommation dans le sens d’un étalement ininterrompu de marchandises et de marchandisation. Tout y passe, la vie quotidienne du peuple bien sûr, façonnée par le 24h/24 du capitalisme, mais aussi, voire surtout, les animaux et la nature.

Les animaux sont massacrés en masse dans les usines-abattoirs, dans les laboratoires de vivisection, sur les routes, etc. Et la nature est souillée par le mode de vie propre au capitalisme, très consommateur d’espace en raison précisément de l’automobile et de son hégémonie. Concrètement, cela fait que les zones humides disparaissent à vitesse grand V en France, et c’est le grand drame écologique de notre époque avec le réchauffement climatique. On ne peut pas s’imaginer de gauche si on ne voit pas cela.

L’existence de l’industrie de la viande est une atteinte à la dignité humaine, un tel massacre de masse des animaux et de la nature (car cette industrie est ultra-consomatrice de ressources et d’espaces en plus d’être barbare) est absolument révoltante pour qui a foi dans l’humanité et ce dont elle est capable de meilleur. De même que le règne sans partage de l’automobile dans les villes et les campagnes est pareillement une horreur, une décadence de la civilisation dont l’expression la plus brutale est l’existence des zones périphériques hideuses et mornes qu’il va vite falloir démanteler.

Comment ne pas être révolté contre ce monde de viande et de voiture ? A moins d’être de droite et de rejeter le changement, le progrès, la révolution… Quand il affirme comme slogan étendard « je défends le bifteck des Français ! », quand il assène que « Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage, c’est la gastronomie française », Fabien Roussel est non seulement totalement en dehors de son époque, mais surtout il ne vaut pas mieux que la Droite.

On peut très bien dire qu’il ne faut pas brusquer les gens et leur vie quotidienne, qu’ils ne doivent pas trop faire d’effort pour préserver ou garantir leur « confort », que les choses changeront petit à petit, on peut très bien penser que les prévisions du GIEC sur le réchauffement climatique ne sont pas si alarmantes et que des voitures Crit’air 1 et 2 suffiront à sauver les meubles (Fabien Roussel propose 10 000 euros à chaque foyer pour s’acheter une nouvelle voiture Crit’air 1 ou 2), que les animaux sont secondaires par rapport au « bifteck » des Français et qu’il ne faut surtout pas remettre en cause la viande, etc., etc., etc.

Mais alors pourquoi se revendiquer de gauche, et de surcroît du communisme ? Si le but est de défendre le monde tel qu’il est, que rien ne change, alors autant voter à droite, c’est plus efficace. C’est d’ailleurs ce que font la plupart des ouvriers qui votent, malheureusement. Et ce, depuis quoi, plusieurs décennies déjà ! Et c’est cela qu’il faut changer, l’époque étant plus que mûre !

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« Primaire populaire » : la Gauche Hara-kiri par Christiane Taubira

Christiane Taubira fait un hold-up sur la Gauche.

La candidate à la présidentielle Christiane Taubira avait avec la « primaire populaire » une machine bien huilée pour faire un coup politique. Ce qui devait arriver arriva : dimanche 30 janvier 2022, elle a été désignée vainqueur au bénéfice d’une mention « bien + » à l’issue d’un pseudo-scrutin en ligne.

Logiquement, dans la foulée de sa « victoire » elle s’est empressée d’apparaître comme celle qui doit rassembler. Sûre de son fait, elle a immédiatement expliqué qu’elle comptait appeler individuellement tous les candidats considérés de « gauche » ou de « l’écologie » pour les forcer à se ranger derrière elle.

« Notre sort appelle aujourd’hui l’union et le rassemblement. Je leur dirai que je sais leur réticence, mais aussi leur intelligence. »

Voilà un véritable hold-up sur la Gauche et l’écologie, au moyen d’un immonde coup de force antidémocratique. La « primaire populaire » qui l’a désigné n’a rien d’une primaire, et surtout était taillée sur mesure pour elle, avec son contenu aussi vague que sa forme et son approche générale sont libérales.

L’opération a consisté en un contournement de la Gauche, des partis, des idées, au moyen d’un petit supermarché en ligne de la politique. Les « électeurs » étaient appelés non pas à désigner un programme politique, une orientation idéologique et culturelle, mais à donner des avis sur des candidats ou plutôt pseudo-candidats.

Le scandale réside bien évidemment dans le fait que les « candidats » en question n’avaient pas leur mot à dire. Et pour cause, la plupart ne reconnaissent pas cette « primaire populaire » et avaient demandé à être retiré du vote. Il n’y a donc pas eu de campagne, de débats, de convictions défendues et de points de vue échangés. Simplement, des milliers de petits-bourgeois ont été invités à donner leurs avis de consommateurs sur les « candidats » avec des notations allant de « très bien » à « insuffisant », en passant par « bien », « assez bien » et « passable ».

Voilà le résultat final annoncé (la médiane servant à déterminer la note de chacun et donc le classement) :

On n’est évidemment pas là dans la démocratie et encore moins dans l’unification de la Gauche, mais dans une sorte de TripAdvisor de la politique où les consommateurs mettent des étoiles suivant leurs goûts. C’est lamentable, mais tellement typique de ces gens, tant de Christiane Taubira que des organisateurs de cette « primaire populaire », qui sont tous de véritables petits soldats du turbocapitalisme.

En l’occurrence, on a comme co-fondateur Samuel Grzybowski qui est un entrepreneur du capitalisme « éthique » avec une entreprise (Convivencia) dont l’objet est d’aider les autres entreprises à donner une bonne image de leur business (sur les questions religieuses). Ce garçon n’est par ailleurs pas issu de la Gauche, mais de la riche bourgeoisie catholique parisienne, dont il fait toujours partie. L’autre co-fondatrice est Mathilde Imer, là encore une bourgeoise parisienne bien dans son monde, qui a comme principale fait d’arme d’avoir été à l’origine et à l’organisation de la « convention citoyenne sur le climat » utilisée par Emmanuel Macron. Difficile de faire moins crédible en termes de démocratie et d’écologie.

Preuve d’ailleurs du caractère bourgeois et anti-gauche de ces gens : les candidats à l’élection présidentielle qui se revendiquent du communisme et des travailleurs ne figuraient même pas dans la liste des candidats, alors qu’il était censé être question de l’union de toute la « gauche ». Pas de Fabien Roussel du PCF ou de Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière, donc ; quelle drôle de conception de l’union de la Gauche !

Il faut préciser également que sur la forme, le pseudo-vote à cette « primaire populaire » n’a aucune valeur démocratique, et tomberait même sous le coup de la loi dans un pays vraiment sérieux quant à ce genre de pratique.

En effet, on parle là d’une opération qui a été relayé massivement dans les médias, qui est présentée comme un vote significatif politiquement en vue de l’élection présidentielle, alors qu’il n’y a en pratique aucun contrôle. Personne ne sait comment sont comptabilisées les notations en ligne. Les organisateurs de cette « primaire populaire » peuvent bien donner les résultats qu’ils veulent, personne ne pourra vraiment vérifier.

466 895 inscrits ont été annoncés, pour finalement un vote de la part de 392 738 « électeurs », soit 84,1% d’entre eux. On se demande bien pourquoi 15 % de gens se seraient inscrits pour en fait ne pas voter… Il n’y a en fait aucun contrôle de ces « électeurs » et il était tout à fait possible (et très facile) de s’inscrire à plusieurs reprises. Une emprunte de carte bancaire (l’inscription était gratuite) et un numéro de téléphone, même virtuel, suffisait à distribuer des notes aux « candidats ».

Voici une vidéo dénonçant cela.

C’est un véritable scandale. Cela en dit d’ailleurs très long sur l’état de déliquescence de la société française de voir qu’un tel simulacre de démocratie passe comme une lettre à la poste et est massivement relayée et même soutenue par les médias, sans aucune critique.

A titre de comparaison, pour voter à la Primaire citoyenne de 2017 organisée pour désigner le candidat du Parti socialiste et de ses alliés, il fallait être de nationalité française et inscrit sur les listes électorales, puis se présenter physiquement avec une pièce d’identité le jour du vote. Cela n’a pas empêché les suspicions de fraude, mais c’est en tous cas bien plus sérieux.

On remarquera que cette primaire de 2017 avait pour sa part réunie deux millions de votants (réputés véritables et uniques donc), alors que cela ne concernait que le PS et non pas « toute la gauche » ! Cela relativise de beaucoup le succès de la « primaire populaire » de 2022 avec ses (soit-disant) 400 000 votants.

On remarquera également la 5e place d’Anne Hidalgo, la candidate du PS en 2022, qui subit ici un véritable revers. D’abord, car elle correspond normalement tout à fait à ce milieu petit-bourgeois et libéral de la « primaire populaire » et des gens gravitant autour, mais surtout car le PS avait appelé à y participer malgré tout !

Par exemple, la fédération PS de Paris (liée à Anne Hidalgo) disait à ses militants dans un courrier interne : « Si tu es inscrit à la Primaire populaire, nous t’invitons à y participer». Mais surtout, le premier secrétaire du PS Olivier Faure s’était lui-même exprimé de manière favorable à la « primaire populaire » au bureau national du parti et appelait à y participer de manière opportuniste.

À moins que les résultats de la « primaire populaires » soient totalement trafiqués (ce qui est, on le rappelle, fort possible), le Parti socialiste s’est donc pris ici une véritable claque en étant incapable de mobiliser ses militants et soutiens en faveurs d’Anne Hidalgo (ce qui était d’autant plus facile qu’il était possible de voter à de nombreuses reprises, le genre de manœuvre devant laquelle les militants du PS n’auraient pas rechigné à l’époque où celui-ci était fort, dans la plus pure tradition des bourrages des urnes des élections universitaires).

Rien que pour avoir écarté de fait la candidate du PS Anne Hidalgo, la « primaire populaire » et Christiane Taubira ont donc réussi un hold-up historique sur la Gauche. Après le revers électoral de Benoit Hamon il y a cinq ans, c’est une nouvelle étape dans l’effondrement du Parti socialiste, pourtant central à Gauche depuis 50 ans.

Cela ouvre évidemment de nouvelles portes et une nouvelle perspective pour le reste de la Gauche. Une recomposition se produira inévitablement, avec le retour à la Gauche historique comme proposition incontournable et évidente. Mais il faudra pour cela partir de très loin, avec très peu de gens, en recommençant pratiquement tout à zéro, comme si on en revenait à 1905 et la fondation de la SFIO…

Et cela alors que jamais les défis historiques n’ont aussi nombreux et exigeants. Il faudra être à la hauteur!

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« Qui menace la paix en Ukraine ? » Pas la Russie ?

Un exemple de propagande pro-russe.

Jusqu’à présent, le silence a été complet à Gauche et à l’extrême-Gauche concernant la question ukrainienne. Il va de soi qu’il faudra bien prendre position à un moment donné, lorsque les événements se précipiteront. Néanmoins, il est déjà criminel de ne pas avoir mené une campagne de fond à ce sujet, car l’enjeu est immense. Arriver lorsque tout est déjà en cours, pour distribuer les bons et les mauvais points, ce n’est pas faire de la politique. Agauche.org joue ici un rôle exemplaire, nécessaire et essentiel. Il est bon de le souligner.

Et il est bon de savoir ce que pensent à ce sujet les gens qui, hier, se tournaient vers l’URSS et en sont, en un sens, encore orphelins aujourd’hui. Car il faut bien voir qu’il existe une conception politique se revendiquant du socialisme et convergeant avec la Russie, et d’ailleurs avec la Chine, dans la mouvance du Parti Communiste Français pris au sens le plus large possible. La Chine est de manière systématique présentée comme un contre-modèle, y compris dans la revue du PCF Cause commune destinée aux cadres. La Russie est présentée comme une sorte d’entité flottante ayant une nature anti-impérialiste en soi.

Et on a un premier exemple de ce qui va être désormais de plus en plus exprimé par ce camp, avec sur Initiative Communiste, le site du Pôle de Renaissance Communiste en France, l’article intitulé Qui menace la paix en Ukraine ? publié le 28 janvier 2022. Il faut y porter son attention.

Car qu’Eric Zemmour soit ouvertement pro-Russie, c’est dans l’ordre des choses. Il veut une France faisant cavalier seul et pratiquant le « réalisme ». C’est un réactionnaire et il l’assume. La Russie est ici un allié possible pour les opérations françaises (et inversement). Cependant, on peut voir ici qu’il y a malheureusement des gens se disant de gauche et se contentant, par incompréhension de la nature dialectique des choses, par esprit unilatéral… d’opposer abstraitement les choses. Ce qui donne : si l’OTAN est mauvaise, alors Poutine est bon. Si l’armée française est mauvaise, alors un putsch militaire au Mali est bon. Et ainsi de suite. C’est stupide, aberrant, atroce.

L’article publié sur Initiative Communiste est ici exemplaire en ce sens que, dans son élan, il assimile la Russie d’aujourd’hui à l’URSS ! Cela serait une pauvre victime d’une propagande mensongère ! C’est dire tout de même où mène une pensée unilatérale. Quoiqu’on pense de l’URSS des années 1970-1980 – qu’elle soit socialiste (pour le PCF) ou social-impérialiste (pour les maoïstes) ou capitaliste d’État (pour certains trotskystes et les anarchistes) ou État ouvrier dégénéré (pour d’autres trotskystes), etc. – quel rapport avec la Russie des oligarques du début des années 2020?

Est-il si difficile de dire que cet État a des visées hégémoniques, qu’il ne cache d’ailleurs même pas lorsque Vladimir Poutine dit que l’Ukraine n’existe pas? Car Vladimir Poutine dit tout de même franchement que l’Ukraine est une invention bolchevique. Les gens du Pôle de Renaissance Communiste en France ne peuvent pas ne pas le savoir s’il s’intéressent à la question. Comme ils se revendiquent de Lénine, ils devraient sauter au plafond et dire que l’Ukraine est une nation, que Vladimir Poutine n’est qu’un nationaliste grand-russe, que l’URSS a eu raison de reconnaître pleinement la nation ukrainienne, d’y généraliser la langue ukrainienne, etc. Mais ils ne le font pas.

Au lieu de cela, il faudrait selon eux rire de l’accusation comme quoi la Russie voudrait envahir l’Ukraine. Pas certain que cela fasse rire les Ukrainiens de voir comme en ce moment… la grande majorité des troupes russes à ses frontières immédiates, avec désormais aussi tout le matériel nécessaire à l’action telles les installations médicales et les banques de sang…

« Pour les obsédés de l’ogre moscovite, la Russie a tous les torts. Elle ne se contente pas de menacer l’Ukraine en massant ses blindés à ses frontières, elle veut aussi installer à Kiev un pouvoir pro-russe (…).

Prétendre que Moscou prépare la guerre pour assouvir ses appétits territoriaux aux dépens de ses voisins mériterait un éclat de rire s’il ne s’agissait d’une crise internationale sérieuse au cours de laquelle, une fois de plus, le bellicisme de Washington tente d’enrayer le déclin irrésistible d’un Occident vassalisé. »

Comment peut-on dire que Moscou ne prépare pas la guerre ? Il faudrait que le pays soit socialiste pour ne pas le faire ? Ou alors il y a des pays non socialistes qui ne préparent pas la guerre ? Mais alors en vertu de quoi ?

Il n’y a rien qui puisse flotter au-dessus de la réalité. Soit un pays est capitaliste, soit il ne l’est pas. Et si on en arrive à nier la volonté assumée par la Russie elle-même de nier le caractère national de l’Ukraine et de la satelliser, c’est qu’il y a un vrai problème de fond dans l’analyse. Cela mène dans un cul-de-sac ou à se retrouver dans le mauvais camp. La seule orientation correcte, comme dit en juillet 2021, c’est Ni Washington ni Pékin, mais les travailleurs, les animaux et la Gauche historique.