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1er mai 2024 – faire face à la guerre

Le premier mai, c’est la journée du prolétariat international, c’est la journée du drapeau rouge. Et comme malheureusement le prolétariat international n’est pas à la hauteur, le monde se précipite dans la guerre. Les capitalistes visent à se repartager le monde pour développer coûte que coûte leurs économies.

C’était sans doute inévitable en raison de l’expansion massive du capitalisme entre 1989 et 2020, à l’échelle mondiale. L’intégration des pays de l’ancien bloc de l’Est et la transformation de la Chine en usine du monde ont facilité de manière massive l’accès aux marchandises. Les gens des pays occidentaux sont tout simplement corrompus par le mode de vie occidental.

Les gens considèrent qu’il n’y a plus de classe, que le capitalisme est le seul horizon. La question animale les interpelle parfois peut-être, mais ils ne font rien pour les animaux pour autant. Les femmes refusent d’assumer la direction de la société, laissant les généraux être tous des hommes, ainsi que la quasi totalité des banquiers, des grands patrons, des grands financiers, etc.

Sous prétexte de tolérance, c’est le libéralisme qui dirige tout, donnant naissance à la permissivité généralisée, au laxisme, à la fragilité artificielle, au culte émotif de l’ego, au style de vie bobo ou LGBT. Rien ne va plus dans la société capitaliste en perdition, en décadence généralisée.

Mais le Socialisme est inévitable historiquement. Et le capitalisme triomphant a comme conséquence la grande bataille pour le repartage du monde. La crise de 2020 a tout bouleversé, la croissance a rencontré un mur, et le seul moyen de le contourner est pour chaque pays de s’approprier les richesses d’un autre pays.

C’est donc la guerre qui est à l’ordre du jour. Et là, le prolétariat a des intérêts contraires à ceux de la bourgeoisie. Il peut et doit se recomposer dans une vaste lutte de classes l’arrachant à sa corruption et le replaçant en face de son ennemi historique.

Il n’y a donc pas lieu de perdre son temps avec la pseudo-gauche, universitaire et bobo, dont le centre de gravité, ce sont les réseaux sociaux, dont les références, ce sont les migrants et les LGBT. Tout cela n’est que le produit « de gauche » de la société de consommation.

Ce qu’il faut, c’est réapprendre de Rosa Luxembourg et de Lénine, pour affirmer le défaitisme révolutionnaire. L’ennemi est dans notre propre pays, il faut saboter l’effort de guerre, guerre à la guerre !

La France est en train de mettre en place une « économie de guerre ». C’est là une ennemie. Cette mise en place est également directement encadrée et soutenue par l’Otan d’un côté, l’Union européenne de l’autre. Ce sont là deux autres ennemis. Et tout cela a comme sens fondamental que la France est devenue le vassal de la superpuissance américaine, qui entend affronter son concurrent chinois.

La France met en place une économie de guerre, en tant que vassal le plus zélé de la superpuissance américaine qui entend à ce que l’Otan et surtout l’Union européenne se lance dans un soutien à tous les niveaux au régime ukrainien pour défaire la Russie. Telle est la clef de toute la situation politique.

C’est l’aspect principal. Tout dépend de ça. Il n’est pas de phénomènes en France qui n’échappe à cette tutelle historique qu’est la marche à la guerre.

Nous ne sommes qu’au début du processus. Mais la guerre mondiale a déjà commencé. Les 5-10 ans à venir vont être décidés par l’affrontement sino-américain.

Il y a besoin d’un pays occidental décrochant de la société de consommation, rejetant les hégémonies impérialistes. Faisons en sorte que ce soit le nôtre !

Vive le Socialisme – guerre à la guerre !

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Société

L’anti-1er mai 2023

L’agonie de la politique de gauche.

Des cortèges dans toute la France

Le 1er mai n’est en France plus politique depuis bien longtemps. Or, il devrait être seulement politique. Avec le mouvement contre la réforme des retraites, qui est un échec complet, on touche encore plus le fond, puisque le 1er mai 2023 a été entièrement kidnappé par les syndicats.

C’est toujours le cas, mais normalement le 1er mai reste symboliquement le 1er mai, une journée liée à l’Histoire du mouvement ouvrier. Là, la journée s’est transformée en France en appendice de mobilisations massives et pourtant sans impact politique, culturel, idéologique, social.

Il y avait du monde, avec des initiatives dans toute la France. La CGT revendique 2,3 millions de manifestants, dont 550 000 rien qu’à Paris ; le ministère de l’Intérieur parle de 800 000 personnes. Cependant, avec un tel contenu, il pourrait y avoir 10 millions de personnes que cela ne changerait rien. C’est totalement vain.

D’ailleurs, tout ce qui a été retenu, la seule chose qu’il a été possible de retenir, c’est l’arrestation de 291 personnes (dont 90 à Paris) et le fait que 108 policiers ont été blessés. Paris, Lyon et Nantes ont connu de la casse – encore et toujours cette casse apolitique, antipolitique, qui sert la Droite et l’extrême-Droite, qui a beau jeu de dénoncer un tel nihilisme.

Comment s’imaginer que les travailleurs en France aient envie de rejoindre un tel chaos où les syndicalistes sont culturellement beaufs, où en plus la violence part dans tous les sens, comme avec un manifestant qui a eu la main arrachée par une grenade (à Nantes), un policier le visage et les mains brûlées par un cocktail Molotov (à Paris)!

Le 1er mai 2023 a été une agonie, un triomphe du syndicalisme aux dépens de la politique de gauche. Ce fut une véritable entreprise de démolition, précipitant la « Gauche » ou ce qu’il en reste dans la ringardise, le hors-sol, le réformisme syndicaliste corporatiste. Zéro envergure, zéro ambition.

Éric Ciotti, le président du parti Les Républicains, a dénoncé ceux qui voulaient « Transformer nos forces de l’ordre en torches humaines et abattre la République », alors que Bruno Retailleau, le chef des sénateurs LR, a parlé d’un « spectacle de décivilisation ». Marine Le Pen a dénoncé « des tentatives d’assassinat contre les forces de l’ordre ».

Peu importe que cela soit de la démagogie. Ce qui compte, c’est que pour vaincre politiquement, il faut avoir de l’envergure, ou bien apparaître comme tel. Et là, qui a de l’envergure? Certainement pas les syndicalistes et leurs alliés casseurs. Il suffit de lire le communiqué de la CGT. Auto-satisfaction, aucune dimension historique.

On est là dans une décadence bien occidentale. Le monde s’effondre, les Français font comme si de rien n’était. Ils veulent vivre comme avant. Coûte que coûte !

Mais ni la tendance à la guerre pour le repartage du monde, ni les masses du tiers-monde ne laisseront les Français pleurer encore longtemps leur « paradis » perdu.

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Politique

1er mai : pour la déroute de l’occident

La forteresse occidentale doit tomber !

Il aurait été préférable que le Socialisme s’affirme de manière directe, par des Partis capable d’en porter la bannière et de triompher. Malheureusement, la croissance du capitalisme depuis 1989 a tout lessivé. Il y a eu l’effondrement du bloc d’une URSS elle-même devenue de nature « impériale », comme son concurrent américain donc. Et il y a eu l’intégration de la Chine dans le marché mondial.

Les forces productives ont incroyablement augmenté depuis 1989, jusqu’à la fatidique pandémie de 2020 qui a clôt la séquence. Désormais donc, les rapports internationaux pourrissent sur pied, la superpuissance chinoise veut prendre la place de la superpuissance américaine, tout le tiers-monde espère sortir de son horrible situation, alors que des puissances intermédiaires cherchent à tirer leur épingle du jeu.

Mais toute cette fuite dans le militarisme, l’esprit de conquête, les velléités impériales… affaiblissent la stabilité générale et les masses ne peuvent que se mettre en mouvement. Le Socialisme va se réaffirmer, à partir de la décadence de l’ordre mondial – et il ne faut pas s’imaginer qu’il y en aura un nouveau sous l’égide de la Chine, elle n’en a pas les moyens, malgré ses ambitions.

Cependant, il faut pour cela que l’occident tombe. Si l’occident se maintient, il peut trouver des moyens pour réimpulser le capitalisme. Aux dépens d’une Russie découpée en morceaux, par exemple. Ou bien en allant encore plus loin dans la mise en avant de modes de vie dégénérés totalement obnubilés par les questions identitaires et la surconsommation.

Si l’occident est ébranlé, si ses fondements vacillent, alors tout l’ordre capitaliste mondial ne peut qu’être remis en cause. Ce serait le coeur même du capitalisme qui ne ferait plus tourner le sang de l’accumulation dans l’ensemble du corps économique mondial.

Bien évidemment, les masses corrompues de l’occident préféreraient que tout continue comme avant. Le caractère profondément minable de la lutte contre la réforme des retraites exprime tout à fait ce manque d’ambitions sur le plan de la lutte des classes. Des millions de travailleurs français se sont agités, sans rien produire à aucun niveau, que ce soit sur le plan des idées, de la culture, de l’organisation.

Ce que nous disons, c’est que sans alignement sur les intérêts des masses mondiales, il n’y aura rien de sérieux en France politiquement à gauche. Tant que le tiers-monde sera « oublié », tant que la vie quotidienne capitaliste sera « acceptée », il ne pourra rien y avoir de bon.

Aussi, notre rôle est de critiquer le 24 heures sur 24 du capitalisme, de promouvoir l’antagonisme avec ce mode de vie, de recomposer le prolétariat français afin qu’il se réaffirme en tant que classe, comme composante du prolétariat mondial.

Et le mot d’ordre actuel est en ce sens : sabotez la guerre américaine contre la Russie ! C’est ce qui est conforme à la nécessité historique de la défaite de l’Otan et de la déroute de l’occident !

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Politique

Engagez-vous contre la guerre, contre l’OTAN !

Ce 1er mai se déroule dans un contexte terrible.

A moins de se replier sur vie personnelle, sa vie privée, en se contentant de fixer son attention sur un horizon étroit, borné, il n’est pas possible de ne pas voir que les choses tournent mal, partout. La société française se désintègre socialement, le capitalisme impose une société de consommation s’accélérant et s’élargissant, le nationalisme et les religions servent de valeur refuge, la condition animale relève du martyre, le réchauffement climatique continue… et il y a la guerre.

Cette question de la guerre est primordiale. Elle contient tous les maux par essence, parce que la guerre est le produit de l’ensemble de la situation. La guerre est le fruit de la compétition, de la concurrence, de la course au capitalisme le plus puissant, de la volonté d’exploiter les autres, d’accumuler toujours plus.

Aussi, s’il est un appel qui doit être lancé le premier mai 2022, c’est bien contre la guerre, contre l’OTAN ! Car la guerre est à l’ordre du jour, car l’OTAN est la structure militaire regroupant un bloc de pays, dont le nôtre, pour exercer des pressions militaires, pour intervenir militairement, pour porter la guerre !

En deux mois, depuis l’invasion de l’Ukraine que nous avons ici annoncé dès avril 2021, il y a eu une avalanche de propagande anti-Russie et en faveur de l’OTAN. C’est une mobilisation générale de l’opinion publique, un matraquage médiatique général. Aucun candidat à la présidentielle n’a d’ailleurs profité de l’occasion pour dénoncer l’OTAN, dénoncer la transformation de l’Ukraine en base militaire géante ayant comme but de faire la guerre à la Russie.

Et cela alors que la France livre des armes à l’Ukraine, que l’OTAN dont la France fait partie dirige littéralement les forces armées ukrainiennes, que l’Union européenne veut intégrer l’Ukraine de manière accélérée.

On assiste à une fuite en avant du capitalisme pour sortir de la crise ouverte par la pandémie en 2020 ; le capitalisme se précipite dans la guerre afin de trouver le moyen de se développer malgré tout, encore et toujours, aux dépens des autres.

Face à cela, il faut lever le drapeau rouge !

Organisez-vous à votre échelle pour mettre en place des initiatives contre la guerre, contre l’OTAN, pour développer l’agitation et la propagande en ce sens. Contribuez à saboter la tendance à la guerre, la marche vers la troisième guerre mondiale !

Lancez-vous dans cette bataille, sur la base des valeurs de la Gauche historique, pour empêcher la sanglante machinerie militariste de se mettre entièrement en place, de réorganiser l’économie, la société, les mentalités, pour faire de la France l’arrière-pays d’une armée intervenant militairement dans les affrontements militaires !

C’est un devoir pour toutes les personnes ayant une conscience sociale, ayant compris l’envergure des événements qui se déroulent, et qui ne cessent de prendre une tournure toujours plus mauvaise. Levez le drapeau rouge du Socialisme contre le capitalisme et la guerre !

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Politique

Tensions entre l’ultra Gauche et la CGT à Paris, Nantes et Lyon

Les manifestations syndicales du premier mai ont été marquées à Paris, Nantes et Lyon par des tensions entre l’ultra-gauche et la CGT. À Paris, le syndicat fait état de 21 blessés, dont 4 graves, après des échanges de coups et des jets de projectile. Son service d’ordre s’est retrouvé débordé en quelques secondes par des « antifas » et des gilets jaunes menant une véritable agression.

Il y a en effet beaucoup de rancœurs accumulées, qui ne demandaient qu’à exploser tellement la déception est grande de part et d’autre.

L’ultra-gauche en France n’est pas du tout anti-CGT, bien au contraire. Elle ne relève pas de ce qu’on a pu appeler à une époque l’autonomie ouvrière, avec une proposition communiste organisée, opposée à la CGT et au PCF (accusés tous deux d’avoir rejoint les institutions, ce qui est visible en mai 1968 ). L’ultra-gauche n’a eu ces dernières années pour seule « ligne » politique que l’accompagnement de la CGT justement, en s’imaginant pouvoir la déborder par la sur-enchère « radicale » et populiste. C’est précisément la raison pour laquelle l’ultra-gauche se rend systématiquement aux rassemblements syndicaux, sans capacité d’initiative pour organiser ses propres démonstrations, sa propre actualité.

De son côté, la CGT, de par son fond syndicaliste-révolutionnaire, a beaucoup apprécié ces dernières années cet étalage de pseudo black-blocks, avec des ersatz de barricades et d’affrontement avec la police en fin de manifestations, ainsi que tout un discours populiste anti « violences » policières. Cela pouvait donner l’illusion qu’il se passe quelque-chose.

Seulement, cela ne mène à rien, personne en France n’en a rien à faire de tout ce cinéma. Et surtout pas les prolétaires qui tournent toujours plus le dos aux syndicats ; les élections syndicales dans les très petites entreprises, dont les résultats sont tombés à la mi-avril 2021 ont connu une participation de seulement 5,44 %. Quant à l’ultra-gauche, elle vie en vase clos et pour les gens ce ne sont que des énergumènes de plus, comme le capitalisme sait en produire à la chaîne.

Or, après l’échec vient l’amertume. D’où les reproches et les attaques, entre frères ennemis. À Paris, des « antifas » et des gilets jaunes ont donc reproché à la CGT de « collaborer » avec la police, et ont violemment attaqué.

Inversement, à Nantes et à Lyon, la CGT a dénoncé ouvertement les anarchistes venus faire leur casse habituelle et insignifiante, en leur reprochant de s’en prendre aux « travailleurs », tournant le dos à la convergence effectuée toutes ces dernières années.

C’est une fracture d’un côté comme de l’autre. C’est la fin de toute une époque mais pas dans le sens d’un dépassement : c’est celui d’un effondrement.

Et tant mieux, tellement tout ça va à l’encontre des exigences de notre époque, alors que l’humanité fait d’ores et déjà face à l’une des plus grandes crise de son histoire, qui est un mélange de crise écologique, sanitaire, sociale, économique, psychologique, et bien sûr guerrière. Construisons vite une Gauche renouvelée et largement tournée vers le peuple pour relever le drapeau rouge et la fierté ouvrière, pour faire un grand ménage face à toute cette nullité !

Voici le communiqué de la CGT concernant les événements de Paris, suivis des communiqué locaux concernant Nantes et Lyon :

« Communiqué commun de la CGT et de l’Union Régionale d’Île-de-France CGT

Samedi 1er mai, alors que les 25 000 manifestants commençaient à quitter la place de la Nation, au terme d’une manifestation massive, porteuse des revendications des travailleurs et de l’aspiration à une société plus juste, elles et ils ont été victimes d’une violence inacceptable.
Si, sur le parcours, une fois encore, le cortège a dû faire face à plusieurs interventions des forces de l’ordre totalement injustifiées, la manifestation a pu, tout de même, arriver à son terme.
C’est à ce moment qu’un important groupe d’individus dont certains se revendiquant gilets jaunes, ont fait usage d’une extrême violence à l’encontre des manifestants.
Insultes homophobes, sexistes, racistes, ont précédé des actes de vandalisations des véhicules des organisations, et, bien plus grave, la haine s’est exprimée par un déchainement de coups et de jets de projectiles.
Notre organisation, la CGT, était particulièrement ciblée.
21 blessés, dont 4 graves auxquels nous apportons tous notre soutien et notre solidarité !
Le monde du travail ne reculera pas plus devant ce type d’agressions que face aux politiques libérales menées par le gouvernement actuel, dont les lois veulent nous priver de notre liberté.
Nous appelons l’ensemble du monde du travail à se mobiliser, à rejeter toutes formes de haine qui divise les femmes et les hommes de notre pays et à renforcer avec les organisations syndicales, les luttes face aux politiques libérales au service du capitalisme.
Montreuil, le 1ermai 2021

 » QUAND LES KWAYS NOIRS SABOTENT LA JOURNEE INTERNATIONALE des droits du travail et jouent contre les travailleuses et les travailleurs.

L’an dernier le 1er mai était confiné, et cette année ce rendez-vous traditionnel était l’occasion de porter les luttes en cours, de redire la colère des salariés oubliés du plan de relance à 200 milliards, les sans-emplois, les précaires , les licenciés avec les personnels de la culture en tête Aujourd’hui à Nantes nous étions plus de 4000 masqués mais pas muselés, heureux de se retrouver enfin, entre camarades, amis, famille, jeunes et moins jeunes autours des valeurs d’internationalisme et d’humanisme.

Hélas, dans le cortège la composante autoproclamée révolutionnaire a franchi un cap inacceptable en volant littéralement le sens de cette journée, jouant la tension et le simulacre de la barricade, se rêvant communards de 1871. Pourtant ils ont oublié le sens politique de cette journée en ne permettant pas aux travailleurs de s’exprimer, en insultant et blessant même les artistes et techniciens de Graslin et donc insultant leur lutte. Un spectacle devant les marches du théâtre était prévu ainsi que des prises de parole pour une protection sociale et des services publics au service de toutes et tous. Impossible à tenir dans ces conditions.
De jeunes enfants ont été choqués, ont subi les gaz à cause de leur inconséquence. Idem pour des familles avec poussette, des personnes à mobilité réduite : c’est impardonnable.

Nous n’oublierons pas que ce 1er mai nous a été volé et nous demandons une nouvelle fois : à qui profite ces agissements contre les luttes des travailleurs ? Quelles sont les relations existantes entre les soi-disant révolutionnaires et le pouvoir en place qui les laisse agir ? En tout cas ils sont l’allié objectif du pouvoir et l’ont prouvé aujourd’hui encore. »

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Politique

Les déclarations du 1er mai 2021: la Gauche activiste

L’état d’esprit de la Gauche activiste – syndicaliste pour le 1er mai 2021.

Le premier mai est un marqueur de la Gauche et toujours une occasion de fournir un point de vue sur l’actualité ou bien de rappeler sa vision du monde. En cette période de crise sanitaire, de crise économique, et d’ailleurs de crise morale, de crise culturelle, de crise écologique… bref, dans cette situation tourmentée, c’est d’autant plus important.

La Gauche activiste considère, dans ce panorama, que ce qui compte c’est le rentre-dedans, et que les choses se débloqueront ensuite d’elle-même. Elle est optimiste, entrevoit une grande révolte sociale à court terme et, en apparence, les 100 000 personnes ayant défilé hier sont une preuve de combativité.

Il va de soi que l’aspect syndical est ici principal, puisque les manifestations du premier mai sont en France de nature syndicale et non politique en tant que tel. La CGT, dans sa déclaration du premier mai, souligne bien sûr cette dimension non politique.

« 1er-Mai : ensemble pour les droits sociaux et les libertés

Le 1er-Mai est une journée qui unit internationalement les travailleurs et travailleuses avec leurs organisations syndicales. Le progrès des droits sociaux et des garanties collectives est conditionné à ce que tous les peuples puissent vivre en paix et disposent des libertés individuelles et collectives indispensables à leur développement.

Depuis plus d’une année, la pandémie liée à la Covid bouleverse la vie, le travail, les libertés individuelles et collectives des populations sur tous les continents (…).

De trop nombreux plans sociaux, de restructurations injustifiées, de délocalisations d’activités avec leur cortège de suppressions d’emploi sont en cours. Beaucoup d’entreprises ont pourtant bénéficié d’aides publiques importantes sans aucune contrepartie.

La précarité et la pauvreté gagnent du terrain en particulier chez les jeunes et les salariés fragilisés par des contrats à durée déterminée. De plus en plus, émerge le sentiment d’une génération sacrifiée. 

La réforme de l’assurance chômage, rejetée par toutes les organisations syndicales et qui n’a d’autre but que de faire de nouvelles économies, est poursuivie.

Elle pourrait pénaliser plus 1,7 millions de demandeurs d’emploi, parmi eux les plus précaires et particulièrement les plus jeunes.

Nos organisations CGT, FO, FSU et Solidaires appellent toutes les travailleuses et travailleurs à se saisir du 1er-Mai, partout en France, pour en faire une journée de mobilisation et de manifestation, pour s’engager avec détermination pour l’emploi, les salaires, les services publics, la protection sociale, les libertés et la paix dans le monde. »

Exemplaire de cette approche activiste en ce moment, le Courant Communiste Révolutionnaire du Nouveau Parti Anticapitaliste, dont l’organe est Révolution permanente, appelle à un « plan de bataille à la hauteur de la crise », suivant sa ligne visant à constituer à court terme un « Parti révolutionnaire des Travailleurs ».

L’éditorial du premier mai 2021 de Révolution permanente mentionne donc les récentes luttes, considérant qu’elle forme un nouveau patrimoine qu’il s’agit de cimenter par un « programme d’urgence » (ce qui est en fait la ligne explicitée par Léon Trotski dans Le programme de transition).

« Ce 1er mai et les échéances à venir doivent constituer des points d’ancrages pour penser la suite des opérations. C’est une nécessité à l’heure où les conséquences de la crise vont continuer à s’intensifier. Les mesures de contentions mises en place ne vont pas durer et annoncent des lendemains terribles pour notre camp social. De plus, le gouvernement compte bien chercher à finaliser son calendrier de réforme, en s’appuyant notamment sur les leviers autoritaires renforcés au fil des dernières années.

Ce qu’il nous faut aujourd’hui c’est relever la tête et poser des perspectives à la hauteur. À partir d’un programme d’urgence qui vaille la peine de se battre, en s’appuyant sur le meilleur des méthodes de luttes de ces dernières années en France et dans le monde. »

On notera que ce courant du NPA généralise les initiatives activistes, telle une « précandidature présidentielle », la mise en avant de personnes ayant joué un rôle dans des grèves récentes, une organisation étudiante « le Poing levé » ayant un certain succès, ainsi qu’une structure féministe dénommée « Du pain et des roses », et cela au grand dam du NPA lui-même, toujours plus marginalisé.

L’autre grand courant de la Gauche activiste, ce sont bien sûr les anarchistes, ou plus exactement les « libertaires » puisqu’il y a un refus des idéologies. L’appel « Pour un 1er mai festif et chamailleur » est tout à fait représentatif de cet état d’esprit, avec une farouche opposition aux mesures anti-covid.

« Plus d’un an que la vie sociale s’est arrêtée. Interdite et punie par les administrateur.rice.s de ce monde.
Plus d’un an que l’on ne peut plus se retrouver entre ami.e.s, en famille ou même entre inconnu.e.s. (…)

Aujourd’hui, c’est en Belgique que le ton est donné avec l’annonce de la «BOUM 2» au bois de la Cambre (Bruxelles). Le 1er avril 2021, la Belgique toute entière s’était réunie dans un grand parc pour imposer la liberté et la tolérance pour cette société au bord du burn-out. Une semaine plus tôt, Marseille organisait son traditionnel Carnaval de la Plaine qui a réuni 6000 personnes dans un esprit de révolte et de fête. Au nouvel an 2021, une free-party a rassemblé 2500 personnes en Bretagne sans créer de cluster selon l’ARS. Tous ces exemples sont devenus le théâtre d’une répression policière et judiciaire disproportionnée quand elle n’est pas sanguinaire.

Dans un contexte où l’état policier s’installe et se renforce, épaulé par un état d’urgence sanitaire qui n’en finit plus de ne plus finir. Dans un monde où s’amuser est proscrit… sauf pour les riches. La lutte des classes angoisse les riches et autres puissants, alors donnons leurs raison.

À l’image de nos voisin.es belges, faisons la fête pour célébrer notre aspiration à la liberté, allumons la mèche contestataire par un feu de joie! Réapproprions-nous les espaces publics (balcon, courée, jardins, parcs, rues, quartiers…), organisons des repas, des concerts, des manifestations : soyons inventif.ves et visons large pour faire vivre toutes formes de contestation, festives et révolutionnaires! »

Enfin, du côté de cette Gauche activiste, on a également un document très intéressant, même si assez triste dans la forme, de la part de l’OCML Voie Prolétarienne. Cette structure issue des années 1970 a maintenu une approche « marxiste-léniniste » adoptant dans les années 1990 un tournant mêlant, pour parler à traits grossiers, altermondialisme, esprit communiste libertaire, activisme syndicaliste, initiatives anti-impérialistes, etc.

L’OCML Voie Prolétarienne a alors proposé un style qui a irradié, même à petite échelle, la scène de la Gauche activiste. Mais les forces centrifuges ont eu raison de la démarche. Le premier mai 2021 a été rendu public la résolution du 11e congrès de l’organisation, expliquant qu’entre 2016-2019 cela a été l’effondrement, avec la réduction au niveau d’un cercle, et un bilan pour aller de l’avant.

C’est un bon exemple des soucis de la Gauche activiste, qui souvent, lorsqu’elle réussit quelque chose, perd sa base en raison de fondamentaux non cimentés.

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Les déclarations du 1er mai 2021: la Gauche programmatique

Le point de vue de la Gauche plaçant les fondamentaux au cœur de toute démarche.

La Gauche programmatique est sur le mode défensif, prévoyant le pire et s’arc-boutant sur les principes à maintenir coûte que coûte, cherchant à maintenir les positions sur le long terme. En clair, elle pense qu’elle va être aux premières loges de l’Histoire, mais que celle-ci se fait attendre…

Les communiqués du premier mai sont des affirmations, comme en témoigne l’article « 1er mai : journée internationale de lutte des travailleurs ! » des trotskistes de Lutte Ouvrière.

« La crise sociale s’approfondit. Dans certains pays, et pas parmi les plus pauvres, les sans-emploi, les retraités, les adultes en situation de handicap sont déjà dans la misère. Au même moment, les mille milliardaires les plus fortunés de la planète ont retrouvé en quelques mois leur niveau de richesse d’avant la crise sanitaire. En France, les très grandes fortunes ont vu en six mois leur magot croître de 175 milliards d’euros, le double du budget de l’hôpital public.

À la source de ces richesses, comme de tout ce qui se construit, se fabrique et se consomme dans la société, il y a les travailleuses et les travailleurs de tous les continents. Leur nombre et leur rôle dans l’économie peut leur permettre de changer le monde, s’ils prennent conscience de leur force.

Affirmer que cette force existe à l’échelle internationale, par-delà les frontières, c’est le sens du 1er mai pour le mouvement ouvrier révolutionnaire. »

Le Pôle de Renaissance Communiste en France, qui se pose en alternative au PCF en revendiquant l’identité de celui-ci des années 1970-1980, propose dans sa déclaration du premier mai le « Frexit progressiste », le soutien à l’aile dure de la CGT (qui lui est liée), le vote aux élections présidentielles pour son candidat.

« À l’échelle mondiale, les amis de la paix n’ont rien de bon à espérer de Joe Biden, dont l’accès à la Maison-Blanche s’est traduit par de nouvelles provocations contre la Russie et la Chine populaire, avec une escalade militaire dangereuse des Pays baltes à la Mer de Chine en passant par l’Ukraine et le Caucase, sans compter l’appui à la tentative de coup d’Etat en Biélorussie (…).

Plus que jamais, ce n’est pas avec, mais contre les grands Empires capitalistes en construction, Europe supranationale et atlantique incluse, qu’il faut construire la riposte internationaliste et antiimpérialiste des travailleurs et des peuples opprimés pour l’émancipation sociale et nationale (…).

En France, face à un pouvoir macroniste qui continue de gérer la crise sanitaire de manière calamiteuse et qui annonce déjà qu’il récupèrera sur les travailleurs et sur les services publics les flots d’argent public alloués aux trusts sans contrôle, l’heure n’est nullement à alimenter l’illusoire, creux, voire dangereux “dialogue social” cher à Macron et aux dirigeants jaunes de la CFDT et de la C.E.S., pas plus que la stratégie faillie du “syndicalisme rassemblé” sans contenu revendicatif clair.

Soutenant sans frilosité le renouveau du syndicalisme de classe, les militants communistes ont le devoir de tout faire pour que convergent les luttes et qu’émerge au plus tôt le “tous ensemble en même temps” qui balaiera l’ensemble des contre-réformes maastrichtiennes, les plans de licenciements, les fusions transcontinentales (PSA, Renault, Alsthom…), les euro-privatisations et l’euro-austérité. 

Avec Fadi Kassem, faisons renaître l’espoir en portant une Alternative rouge et tricolore qui, centrée sur le monde du travail et sur la jeunesse populaire, fédérant l’ensemble des couches populaires et moyennes contre le grand capital, balaiera le faux « duel » et vrai duo Macron/Le Pen et attaquera à la racine les processus complémentaires de l’euro-dislocation et de la fascisation pour rouvrir à notre peuple la voie d’une République nouvelle, franchement insoumise à l’UE du capital et en marche révolutionnaire vers le socialisme et vers le communisme.

Du côté maoïste, le PCF(mlm) appelle dans sa déclaration du premier mai 2021, maoïsme oblige, à un bouleversement de la vision du monde.

« La situation se caractérise de la manière suivante : le capitalisme triomphant ne sait plus comment s’étendre, il pratique la fuite en avant, cherchant à façonner l’ensemble de la Biosphère selon ses besoins, à structurer les mentalités dans un sens qui lui soit encore plus favorable, à intégrer la moindre initiative dans quelque domaine que ce soit, en le détournant vers le subjectivisme et la corruption, afin d’ouvrir de nouveaux marchés.

Le capitalisme n’est plus que destruction, déformation, exploitation, aliénation. Et la crise sanitaire a ajouté du déséquilibre au déséquilibre, faisant passer un cap au capitalisme, enrayant son expansion qui l’a puissamment renforcé ces dernières années (…).

Nous tenons bien à insister sur ce caractère nouveau, avec en toile de fond la question du rapport entre l’humanité et la Biosphère qu’est la Terre. La situation actuelle n’est pas une aggravation quantitative de la « mondialisation », ni un sous-produit de la « crise financière de 2008 », ou quoi que ce soit de ce genre. C’est l’expression de toute une expansion ayant atteint sa limite, au niveau planétaire (…).

Depuis les années 1990, la systématisation du capitalisme s’est déroulée à travers un incroyable nombre de formes, depuis les fast-foods jusqu’à Facebook et Instagram, depuis les modes vestimentaires jusqu’au cinéma et les séries, depuis les sports jusqu’aux expressions artistiques et notamment le pseudo « art contemporain », depuis la pornographie jusqu’aux drogues dites récréatives.

Le terme de « mondialisation » est erroné car le capitalisme ne s’est pas développé que dans l’espace : le moindre interstice de la vie quotidienne des gens a été occupé de manière généralisée par le capitalisme, tout leur temps subit les assauts du capitalisme. L’exploitation systématisée s’accompagne d’une aliénation généralisée.

Mais la base même du développement capitaliste est rentrée en conflit avec la réalité et ses exigences ; la crise sanitaire montre que le capitalisme est incompatible avec un développement rationnel de l’humanité et de manière plus générale avec une vie naturelle sur Terre. C’est tout ce processus qui touche à sa fin et appelle à un dépassement, dans une réponse qui ne peut être que mondiale. »

Du côté de la tradition du gauchisme italien (le « bordiguisme »), le Parti communiste international (Le Prolétaire) rappelle dans « Premier mai 2021: quelle lutte pour le prolétariat? » ses fondamentaux, à savoir l’appel à la lutte sociale combinée à l’attente d’un nouveau cycle afin de reconstituer des organismes de lutte à l’instar des années 1920.

« La pandémie du coronavirus a aggravé le sentiment de résignation – nourri par des décennies d’illusions réformistes et démocratiques, de politiques collaborationnistes de la part des syndicats tricolores et des partis faussement ouvriers – qui depuis trop longtemps à affaibli les énergies prolétariennes de lutte.

Comme toutes les crises sous le capitalisme, la crise sanitaire qui bat toujours son plein, s’ajoutant à une crise économique déjà présente, a frappé le plus durement les masses prolétariennes (…).

Il n’y a pas de doute que depuis un siècle le capitalisme s’est développé dans le monde entier, et que les bourgeoisies sont devenues beaucoup plus fortes et plus puissantes. Mais cette puissance repose sur  l’exploitation du travail salarié, sans laquelle les capitalistes ne peuvent pas extraire la plus-value indispensable à la vie et à la croissance du capital. Les ouvriers sont indispensables aux capitalistes ; et ils sont tellement indispensables que tout le développement capitaliste qui a embrassé le monde n’a pu se faire qu’en constituant de plus en plus d’armées de prolétaires, de travailleurs salariés partout où il n’y avait autrefois que des paysans ou des populations primitives.

Aujourd’hui plus encore qu’hier, le mot d’ordre communiste : Prolétaires de tous les pays unissez-vous ! effraie les gouvernements du monde entier car le cauchemar de la bourgeoisie est que  cette immense armée d’esclaves salariés prenne conscience de sa force sous la direction de son parti de classe (…).

Rompre le pacte de collaboration avec les capitalistes et leurs dirigeants est donc le premier grand objectif de la lutte de classe prolétarienne. Et cette rupture se réalise par la réorganisation des organismes de classe pour la lutte de défense exclusive des intérêts immédiats du prolétariat.

A partir de là, et du développement de cette lutte, le prolétariat peut réaliser que sa lutte ne peut se limiter à ces objectifs immédiats, mais qu’elle doit les dépasser en se hissant au niveau politique général, c’est-à-dire révolutionnaire, y compris parce que la classe dominante utilise et utilisera son pouvoir politique et son Etat pour maintenir le prolétariat dans sa situation d’esclave salarié.

Dans ce chemin long et tourmenté vers son émancipation, le prolétariat devra compter non seulement sur sa force sociale, mais aussi sur son parti de classe, car celui-ci constitue et représente la conscience de classe, la conscience des objectifs suprêmes de la lutte révolutionnaire. »

Minoritaire, isolée même, la Gauche programmatique considère que les choses sérieuses n’ont pas commencé, et se met pour ainsi dire dans les « starting-blocks ».

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1er mai 2021: pour une Gauche de la culture face au nationalisme et au militarisme

Le capitalisme en crise produit le repli sur soi et une compétition internationale acharnée. L’alternative est démocratique et populaire, pour et par la culture.

Le premier mai est le jour international de la Cause, celle des ouvriers et de tous les travailleurs, celle du Socialisme. C’est le jour du drapeau rouge, qui symbolise la bataille pour une économie collective et planifiée, pour une société entièrement démocratique, pour les progrès de la civilisation.

Ces progrès de la civilisation peuvent-ils être dictés par Google, Amazon, TF1 et Bouygues ? Peuvent-ils consister en l’art contemporain, la consommation effrénée des réseaux sociaux, le carriérisme individuel, les fuites idéalistes telles les idéologies transgenre ou racialiste ?

Certainement pas. Les progrès de la civilisation ont comme substance l’évolution historique, le développement du patrimoine. C’est cela la culture classique que défend la Gauche, avec comme objectif civilisationnel de chercher à renouveler, à dépasser les classiques, toujours sur la base du réalisme, par l’ancrage dans le réel et la réalité populaire.

Qui ne saisit pas cet aspect culturel passe à côté de son époque, alors que la société de consommation permet aisément à n’importe qui de faire n’importe quoi en obtenant une « reconnaissance » sociale. Tout devient marchandise et le mois de mars a été riche en exemples : une « oeuvre numérique », « Everydays: The First 5000 Days », a été vendue 69,3 millions de dollar, alors que le premier tweet sur Twitter a été vendu 2,9 millions de dollars et que la paire de baskets Nike Air Yeezy 1 portée par le rappeur Kanye West qui en est à l’origine a été vendue 1,8 million de dollars.

L’image animée humoristique « Nyan Cat » a été vendu 737 000 dollars et le « meme » intitulé « Disaster girl » plus de 600 000 dollars en cryptomonnaie, cette autre tendance à la spéculation forcenée.

Tout cela est décadent, subjectiviste, anti-culturel. C’est le capitalisme qui se nourrit de lui-même Le capitalisme divise pour régner et il fait en sorte qu’il y ait toujours plus de divisions, pour disposer de davantage de marchandises, de davantage de consommateurs.

On ne peut pas être de gauche et accepter de participer à ce sinistre jeu consommateur. Il faut être à la hauteur moralement et culturellement, en particulier avec les animaux qui sont clairement les premières victimes d’une marchandisation d’absolument tout et même de la vie.

La crise sanitaire du au COVID-19 provient d’ailleurs directement d’une destruction de l’habitat naturel des animaux, de la vie sauvage en général. Cela avait été un thème émergeant de manière assez nette au départ de la crise… Avant d’être totalement passé sous silence du côté des médias, en raison de ce qui en découlait forcément : le besoin et la nécessité de transformer le monde.

L’avenir de la Gauche passe ainsi par la culture et la reconnaissance de la Nature, c’est-à-dire en fait dans le prolongement naturel du Socialisme en tant que bienveillance absolue. Mais pour cela, il faudra savoir affronter le nationalisme et le militarisme, c’est-à-dire le fascisme et la guerre, car le capitalisme compte se survivre à lui-même.

Il ne réussira pas, l’avenir est démocratique et populaire, un avenir porté par le drapeau rouge !

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Le premier mai de la social-démocratie autrichienne

La distanciation totale n’a nullement empêché la social-démocratie autrichienne de prendre une initiative de grande envergure pour marquer le coup dans un contexte de crise. En assumant entièrement de se situer dans l’histoire du mouvement ouvrier et en n’utilisant aucune catégorie « postmoderne », le SPÖ tranche radicalement avec la démarche liquidatrice des socialistes français, mais même du PCF.

Le Parti Social-démocrate d’Autriche a réussi un tour de force pour le premier mai 2020. Prolongeant son initiative d’assumer un retour aux sources, il a développé une intense campagne pour le premier mai, malgré l’impossibilité de manifester. Le SPÖ a ainsi réalisé une campagne d’affichage « le premier mai, plus que jamais ! », des conférences de presse en ligne, une vidéo de plus d’une heure destiné aux « camarades », multiplié les appels, appelé les militants à envoyer des photos symboliques pour montrer l’engagement.

Légende : la tunique est celle de la Jeunesse Socialiste

Il y a même une playlist sur Soundcloud, avec des chansons d’avant 1945 au contenu donc entièrement rouge, la social-démocratie autrichienne de cette période assumant même d’être pro-URSS, qu’elle considérait comme socialiste, même si elle rejetait le bolchevisme comme modèle idéologique pour le reste du monde.

Pour ajouter dans la lecture incroyable de tout cela, chaque chanson a une présentation historique, expliquant le contexte dans le mouvement ouvrier alors.

Le SPÖ réactive tout un patrimoine qui n’attendait que cela, celui du poing levé le coude cassé, des drapeaux rouges avec les trois flèches dans le cercle… Dans la vidéo, pour leurs petits discours, les dirigeants commencent par raconter leur premier premier mai et il s’avère qu’il s’agit d’un événement datant de leur enfance, lorsque leur famille populaire les y a amenés !

La vidéo de plus d’une heure a comme particularité d’avoir été diffusé sur le site de la télévision autrichienne, car là est la particularité historique de la social-démocratie autrichienne, oscillant entre un soutien total à l’État existant et une identité totalement ancrée dans le mouvement ouvrier.

Car le SPÖ ne vaut pas « mieux » que le Parti socialiste en France. Il a été au pouvoir même encore plus longtemps, il est encore plus corrompu dans sa direction, il a soutenu pendant des décennies une cogestion étatique avec la Droite cléricale-réactionnaire.

Seulement, lorsqu’est arrivé le grand tournant, au même moment que le Parti socialiste en France grosso modo… la base ne s’est pas évaporée. Dans le Nord de la France, le PS a littéralement disparu, comme d’ailleurs dans la plupart des endroits, mais dans le Nord c’est d’autant plus choquant de par la tradition ouvrière qui y existait.

Le SPÖ a réussi à se maintenir pour deux raisons : déjà il a toujours assumé l’ensemble du parcours ouvrier, depuis 130 ans, se posant comme le prolongement, devenu réformiste. Il y a donc tout un patrimoine ouvrier présent à la base, tout un romantisme, si l’on veut. Ensuite, la ville de Vienne, historiquement ouvrière et socialiste, forme un bastion mêlant mouvements de masse, corruption importante finançant le SPÖ et les syndicats. Dans un pays où il n’y a absolument jamais de grève, le syndicat unique du pays (qui a des tendances politiques, le SPÖ étant en tête bien sûr) est richissime.

C’est une situation étrange, bien entendu. Et selon l’axe qu’on considère comme principal, on peut voir le SPÖ comme un phénomène fictif, ou bien au contraire comme une réactivation malgré tout d’une base populaire.

Cependant, si on prend la crise actuelle, on voit que le SPÖ se place admirablement bien, car il se pose comme le grand rempart social, même réformiste, face à toutes les conséquences pouvant arriver. C’est là un immense rempart au fascisme. Cela se limite en grande partie au bastion viennois, mais il n’en reste pas moins que la situation est totalement différente en France, où il n’y a pas que le Parti socialiste qui a capitulé : il y a sa base qui a fait de même, qui n’a rien reconstitué, qui s’est juste évaporé.

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Panorama des déclarations du premier mai 2020

Les organisations puisant leur identité dans le mouvement ouvrier font traditionnellement une déclaration à l’occasion du premier mai. Celui-ci fut très particulier, entre autre en raison de l’absence de manifestations possibles, toutefois la combativité dans une situation de crise n’en ressort que plus fortement.

Les déclarations du premier mai 2020 sont d’autant plus intéressantes que l’accent est mis sur des aspects très différents, suivant les mises en perspective des uns et des autres. Toutes adoptent le principe du « plus que jamais », cependant les options sont différentes.

Le Parti socialiste, soucieux de montrer qu’il se rattache à une certaine tradition, a mis en ligne trois questions-réponses sur le premier mai à Danielle Tartakowsky, historienne spécialiste des mouvements sociaux. Il y a eu également, de manière totalement inaperçue en fait, un communiqué commun avec notamment La France Insoumise, Génération-s, le PCOF, Ensemble !… exigeant que les libertés ne soient pas remis en cause et que le projet de réforme des retraites soit abandonné. Il est souligné que :

« Le temps est venu d’un monde plus juste, plus solidaire, plus égalitaire, dans laquelle l’être humain vivra en harmonie avec la nature. »

Cette sorte de réformisme-utopisme n’est pas du tout partagé par le Parti Communiste International, de tradition « bordiguiste », qui considère lui au contraire dans sa déclaration du premier mai que « le confinement sanitaire, qui dans le monde entier bloque contemporainement la consommation de tous les biens non véritablement nécessaires à la vie, amplifie la surproduction préexistante de marchandises et provoque le quasi arrêt des cycles infernaux de l’accumulation du capital ».

En clair, le capitalisme est rentré dans le mur, ce que disent aussi les maoïstes du PCF(mlm), pour qui c’est surtout une situation nouvelle parce que la « contradiction entre villes et campagnes » exprime une situation devenue explosive avec une « crise générale du capitalisme » produisant une nécessaire bataille contre « le 24 heures sur 24 du capitalisme » pour se mettre au service de la Biosphère.

Autre organisation se revendiquant de Mao Zedong, L’OCML-VP appelle à refuser le repli « nationaliste et chauvin » qui reviendrait à se mettre au service de la bourgeoisie. C’est l’internationalisme qui est déterminant. Dans une même approche d’encouragement à ne pas suivre les dominants, le ROC-ML a fait un court texte où il est expliqué que « la situation révèle en fait toute la décrépitude, toute la turpitude et le caractère criminel du système capitaliste ».

Le Parti Communiste Révolutionnaire de France se focalise une dénonciation du gouvernement mais aussi, au-delà, du régime, et met en valeur « les peuples de Cuba et de la RPDC (Corée du Nord), engagés dans l’édification de la société nouvelle et dans la lutte contre le Covid-19 tout en affrontant les sanctions et blocus imposés par les États-Unis, avec la complicité de leurs alliés de l’UE et de l’OTAN ». Le Pôle de Renaissance Communiste en France, qui vient pareillement de la gauche du PCF des années 1990 mais qui a conservé un pied dedans, a quant à lui réalisé un meeting numérique sur YouTube.

L’Union Communiste Libertaire a fait de même, mais sur peertube. Le NPA appelle à la mobilisation pour après le 11 mai, espérant reprendre directement à juste avant la pandémie. Lutte Ouvrière s’est contenté d’un texte très court n’abordant aucunement l’actualité ni la pandémie, rappelant juste d’où vient le premier mai.

Comme on le voit, on a deux tendances : ceux pour qui la lutte commencée avant la crise sanitaire va reprendre, et ceux pour qui on est passé ou on va passer à autre chose. Il y a en fait une grande fracture à Gauche, mais qui ne se verra que dans quelques temps.

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Premier mai: vive la Gauche historique!

En s’abattant sur le monde, le covid-19 a été une maladie qui a bousculé à peu près toute la vie quotidienne telle qu’on la connaissait. On peut même dire que l’humanité est profondément ébranlée dans ses certitudes. Quant au capitalisme n’en parlons pas, la machine est grippée. À quel prix va-t-elle redémarrer ? Et peut-elle redémarrer ? On va vers des temps troublés et seule la Gauche historique peut être à la hauteur… à moins de capituler et de considérer la guerre pour le repartage du monde comme seule issue.

Quand un pays est en crise, il n’y a pas 36 solutions. Soit on change tout, soit on ne change rien. Plus la crise est forte, plus l’exigence d’aller dans un sens ou l’autre est forte. Or, si les Français ne veulent pas vraiment y croire, toutes les personnes réalistes savent que la crise va provoquer une grande déchirure dans la société française.

L’idéal on ne peut plus français de la demi-mesure dont Emmanuel Macron est le représentant n’a donc plus guère d’espace. Or, on sait déjà que l’extrême-Droite était en embuscade. Tout risque d’aller donc encore plus vite… Que l’Allemagne encaisse le choc et ne voit pas arriver à court terme un Trump, un Poutine, un Erdogan, un Bolsonaro, un Boris Johnson, un Duterte, cela se conçoit.

Mais la France, elle, peut très bien basculer et on a déjà vu avec les gilets jaunes, ou depuis quelques semaines avec le professeur Raoult, comment le populisme est terriblement virulent. Comme de plus les syndicalistes récusent la politique, que l’armée a toujours plus d’ambitions, que les grandes entreprises ont des objectifs énormes aussi, que la situation mondiale se tend… on peut imaginer le pire.

En fait, on est revenu aux années 1930. On avait un pied dedans, là on y est entièrement. Le jour d’après des populistes, cela sera bien plutôt un jour d’avant. On prend un militaire de très haut rang, il se présente comme au-dessus des partis, ni de droite ni de gauche, tout comme le fait la revue que lance en juin Michel Onfray, « Front populaire ».

Il prétend ne faire que rétablir la sérénité et l’ordre, pour que les choses avancent. Tout est présenté comme nécessaire, allant de soi. Les Français en ont l’habitude, avec Napoléon Ier, Napoléon III, Pétain en 1940, De Gaulle en 1958. Les coups d’État sont toujours passés comme une lettre à la poste.

Seule la Gauche historique peut former un contre-courant, parce que seule la Gauche historique ne fait pas confiance au régime en place. La gauche gouvernementale a accepté la Ve République, qu’elle considérait pourtant auparavant comme un régime d’autoritaire né d’un coup d’État : elle a trahi. Et on paie cher le prix de cette trahison.

Naturellement, le souci est que la gauche non gouvernementale est souvent velléitaire, symbolique, d’autant plus radicale qu’elle sait très bien qu’elle n’aura jamais à prendre aucune responsabilité. Philippe Poutou et Olivier Besancenot ont une image sympathique, surtout le premier. Mais personne ne les voit en ministre.

Il faut ainsi une Gauche historique qui soit à la hauteur du défi. C’est la seule solution. Croire qu’une alternative à la tendance au régime autoritaire, militariste… au fascisme, à la guerre, soit possible en évitant le mot « bourgeoisie », c’est se tromper et tromper les gens.

C’est pourquoi le premier mai, journée du mouvement ouvrier, il faut dire : vive la Gauche historique, qui elle seule représente l’avenir dans une perspective positive !

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1er mai: l’appel de la CGT et de l’ultra-gauche à manifester virtuellement

Cela fait plusieurs années que la CGT et l’ultra-gauche pratiquent l’agitation velléitaire et l’échec du mouvement contre la réforme des retraites les a terriblement affaiblis. Avec la crise sanitaire, il y a la peur de disparaître – et effectivement la politique va reprendre ses droits. D’où la tentative d’appeler à… manifester le premier mai sur les réseaux sociaux, certains groupes sociaux appelant même à manifester physiquement, d’autres à manifester dès le lendemain de la fin du confinement. Comme si tout allait recommencer comme avant…

Voici l’appel de la CGT, de la FSU et de Solidaire, ainsi que de l’Unef et d’organisations lycéennes :

 

« Plus que jamais le 1er Mai,

Alors que le monde entier fait face à la pandémie, ce premier mai sera plus que jamais la journée internationale de luttes des travailleuses et travailleurs.

Depuis le début de la crise sanitaire, des millions de personnes sont confinées. De nombreux pays vivent grâce aux oublié-es, aux invisibles de nos sociétés, qui continuent à travailler, le plus souvent au risque de leur propre vie.

Évidemment ce sont d’abord l’ensemble des personnels de santé qui n’ont pas comptées leurs heures, leur dévouement. Ensuite il y a tous les salarié-es, souvent des femmes, du commerce, de l’agro-alimentaire, du paramédical du social, du nettoiement…, ainsi que tous-tes ces agent-es de la fonction publique qui ont continué d’assurer leurs missions de service publics, et plus largement ceux et celles qui travaillent au service de la population.

Les paroles de reconnaissance des gouvernements n’ont pas été suivies d’actes forts. Les mots sont évidemment insuffisants pour exprimer notre colère, et notre détermination à faire changer les choses. Nous porterons ce 1er mai 2020, bien que confiné-es, les revendications qui sont plus que jamais d’actualité :

Car sacrifier la santé des travailleurs-ses n’est pas admissible :

Si la « reprise » de la vie sociale, dont le travail fait partie, est une espérance, une nécessité pour beaucoup d’entre nous, (et pour d’autres plus pour remettre leur profit à l’ordre du jour), cela ne peut se faire sans la garantie la plus absolue de la sécurité de chacun, chacune, ainsi que celle de ses enfants. La santé, la sécurité, le droit de retrait, de grève, le droit syndical doivent être respectés !!

Car sacrifier les droits des travailleuses-eurs sur l’autel de l’économie n’est pas tolérable et ne pourra continuer quelle que soit la situation :

Des semaines à 60 heures de travail, la perte des congés, des jours de repos, le travail dominical étendu, les abus sur le télétravail ne sont pas légitimes et ne peuvent durer ! Ce n’est pas une prime donnée au bon vouloir du patron, ou de l’employeur public, une aide ponctuelle aux plus modestes qui suffiront aux travailleurs-euses : ce sont de vraies revalorisations salariales du SMIC et des salaires en particulier dans les conventions collectives où ils sont les plus bas, tout comme dans la fonction publique !

Sacrifier les plus précaires d’entre nous n’est pas admissible dans une société d’égalité et de solidarité :

Vacataires, intérimaires, intermittent-es, services civiques, la précarisation des travailleur-euses s’est multipliée ces dernières années, et la situation des chômeur-euses et étudiant-es a été dégradée, tout comme celle des sans-papiers aujourd’hui ignoré-es sur le plan sanitaire comme social.

Elles et ils payent le prix fort de la situation, et les inégalités sociales explosent. Le manque d’investissement au niveau de la santé, la réforme de l’assurance chômage, le projet de réforme de la retraite pas points, mettent à mal la protection sociale, laquelle est un socle protecteur.

De plus, le développement des services publics est nécessaire et indispensable pour assurer l’égalité et répondre aux besoins de la population. De nombreuses aides sont prévues pour les entreprises, alors que pour ceux et celles qui sont dans les situations difficiles, elles restent mineures. Il faut permettre la suspension des loyers et des dépenses de toute l’énergie, une aide pour l’accès à internet et aux transports, car nous savons que si la crise sanitaire peut régresser, la situation économique et sociale va continuer à faire des dégâts.

Cette situation inédite, qui peut malheureusement perdurer et/ou continuer, a remis en lumière l’essentiel : Un hôpital et un système de santé publique avec de vrais moyens humains, matériels, financiers, un système de protection sociale large tout au long de la vie, des services publics qui ne sont pas sacrifiés par des politiques de restructurations, suppressions au bénéfice des appétits de ceux qui prospèrent dans ce système capitaliste !

Le 1er mai doit permettre à chacun et chacune de s’emparer de ces revendications, et par tous les moyens de les rendre visibles.

Même confiné-es, manifestons toutes et tous le 1er mai, avec des pancartes, banderoles ou en envahissant les réseaux sociaux(…) et donnons à cette journée une véritable force collective !

Le 1 er mai, soyons visibles, solidaires, déterminées. Nous ne paierons pas la crise générée par des choix politiques d’un système capitaliste mortifere.

Transformons le monde de demain en un monde vivable, de justice sociale, écologiste et féministe ! »

 

 

 

 

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Le premier mai 2019 mis à mal par les gilets jaunes et les black-blocks

Le premier mai 2019 a été marqué par le chaos des gilets jaunes et des anarchistes des black-blocks. Ils ont littéralement effacé les fondamentaux du premier mai, pourtant déjà bien mis à mal.

Comparaison n’est pas raison, dit-on. Pourtant quand on compare le tour de force de la social-démocratie autrichienne hier à Vienne à ce premier mai 2019 français, on voit bien qu’au-delà de la différence de situations, il y a un mal français.

Ce mal français, c’est le refus de la politique, qui est systématique. Les partis politiques sont vides, tout est simplement « revendication » auprès de l’État, la culture de la Gauche historique est absente. Car tout de même, ce fut affreux que ce premier mai sous les yeux attentifs et permanents des médias. Surtout quand les médias sont ceux qui, comme BFMTV, cherchent le spectacle, la pseudo-actualité jouant sur les affects.

À l’opposé de la raison et de l’organisation propre au premier mai, les gilets jaunes et les anarchistes des black-blocks veulent le spectacle et ne proposent que l’irrationalisme. Ils ont fait leur show et ainsi les syndicats sont ainsi tous très mécontents. Il y avait pratiquement 300 000 personnes qui se sont mobilisées dans le pays – un résultat fort honorable –, mais ce qui a marqué, c’est le dirigeant de la CGT Philippe Martinez se prenant des grenades lacrymogènes alors que sa partie du cortège parisien était coincée entre les forces de l’ordre et les black-blocks.

Tout le point presse prévu à 14 heures a dû être annulé, alors que Philippe Martinez a été exfiltré et, pris de colère, n’a pas décroché aux coups de téléphone du ministère de l’intérieur, Christophe Castaner. S’il a continué le parcours, Bernadette Groison, secrétaire de la FSU (Fédération syndicale unitaire, majoritaire dans l’enseignement), a quant à elle plié bagage (« on s’est fait voler notre manifestation »).

Non pas qu’il y ait eu vraiment beaucoup de casse, mais l’ensemble a été très chaotique et les forces de l’ordre ont savamment opéré de manière très dispersée, pour perturber profondément le cortège qui a rassemblé 40 000 personnes. Cela partait dans tous les sens, les forces de l’ordre ont joué la carte du rentre-dedans généralisé, avec 17 000 contrôles préventifs à Paris, 330 interpellations et 210 gardes à vue.

L’ambiance a été délétère, Benoît Hamon résumant très bien ce qui l’amertume qui en reste :

« Aujourd’hui ceux qui voulaient manifester pour l’augmentation des salaires, la réduction du temps de travail, la fin du travail pénible ont été empêchés de le faire ou auront marché en vain. Et pourtant ces revendications sont tellement légitimes. A qui cela profite-t’il ? #1erMai »

Ian Brossat dit la même chose, avec le même regard authentiquement politique et la même volonté d’exprimer le désarroi de la Gauche :

« Le gouvernement peut se frotter les mains. On ne parle pas des 240 défilés qui se sont déroulés dans le calme partout en France, plus fournis que l’an dernier. On ne parle pas de la colère sociale, des salaires et des délocalisations. Lamentable. #1erMai2019 »

Là où par contre il y a une certaine hypocrisie de la part de tout le monde, c’est que c’était prévu. L’article d’hier publié sur agauche.org soulignait bien que les gilets jaunes et les black blocks allaient dénaturer le premier mai. Philippe Martinez lui-même, sur France Inter, disait la veille de la manifestation :

« Attention à ne pas dénaturer le sens de cette journée, c’est une journée de mobilisation, et elle revêt toute son importance après les annonces d’Emmanuel Macron. »

Seulement voilà, quand on joue avec le feu on se brûle. En croyant qu’il est possible d’utiliser des irrationalismes anti-politiques comme les gilets jaunes, et même les black-blocks (et ce depuis quelques temps déjà), beaucoup de monde de la Gauche politique ainsi que la CGT ont perdu leurs propres fondamentaux, déjà pas forcément solides. Tout le monde s’est dit qu’il allait tirer les marrons du feu… .

Ce qui s’est passé à Montpellier en est un bon exemple. Les gilets jaunes arrivent. Ils prennent la tête du cortège et se mettent en branle. Ils s’aperçoivent que la CGT ne suit pas. Elle veut la tête. Les gilets jaunes reviennent. Les discussions commencent… La CGT capitule et se met à la remorque des gilets jaunes. Un siècle de mouvement ouvrier pour ça ?

Et les propos libéraux de Sylvia Meli, secrétaire générale de la CGT de l’Hérault, sont à ce titre une honte pétrie de libéralisme confondant. Elle justifie la capitulation de la manière suivante :

« Les contacts que nous avons avec les « gilets jaunes » se passent très bien. D’habitude, on est devant, oui. D’autres personnes ont voulu dépasser le camion, ils font comme ils le veulent, on n’est pas la police. »

Ces propos sont aussi pathétiques que cette horrible image d’une personne déguisée en gaulois.


Et que dire de ce slogan CRS=DAESH absolument terrifiant, relevant d’une logique de nihilisme et de relativisme ? Un siècle de mouvement ouvrier pour que le premier mai soit prétexte à ça ?


Qu’une telle horreur se laisse voir un premier mai, quelle infamie pour le mouvement ouvrier de notre pays ! Et quelle joie pour les populistes : Jean-Luc Mélenchon parle de « la jonction entre le mouvement ouvrier, traditionnel, syndical, et le mouvement spontané, insurrectionnel des « gilets jaunes » » !

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Un premier mai 2019 viennois comme tour de force social-démocrate

La social-démocratie autrichienne a connu la même crise que le Parti socialiste en France aujourd’hui. Repartie sur les fondamentaux, elle s’est totalement relancée.

Sur l’image ci-dessus, on voit la dirigeante de la social-démocratie autrichienne avec deux pins. Le premier montre le logo du parti entouré des étoiles de l’Europe. Le second indique « cent ans de Vienne la rouge, SPÖ », avec en logo un dessin représentant la cité Karl Marx, le plus grand HLM construit dans les années 1920 par la mairie social-démocrate, bastion ouvrier et lieu de la résistance au coup d’État austro-fasciste de 1934.

C’est un double positionnement qui témoigne d’une remise en question fondamentale, que le Parti socialiste a de son côté raté en France.

Il y a quelques temps, la social-démocratie autrichienne était pourtant pratiquement aussi mal que le Parti socialiste de notre pays. Les raisons étaient les mêmes, à ceci près que le SPÖ était qui plus est imbriqué dans l’appareil d’État depuis 1945, participant à des gouvernements de coalition avec la Droite. Autant dire que sa légitimité était brisée.

L’arrivée au gouvernement de la Droite et de l’extrême-Droite aurait donc pu porter le coup de grâce. Seulement, le SPÖ a fait le contraire du Parti socialiste en France : il est reparti puiser dans ses sources. N’ayant jamais abandonné ses traditions, il a pu relancer sa base, comme en témoigne le premier mai 2019.

Ce sont plus de 100 000 personnes, pour un pays d’un peu moins de neuf millions d’habitants, qui ont convergé de toute la ville vers la mairie. Celle-ci est un bastion social-démocrate depuis toujours, avec une grande majorité de la ville qui fut membre du parti dans les années 1920, diffusant un austro-marxisme multipliant les initiatives de grande ampleur, notamment dans la question du logement.

Voici la liste des points de rassemblements des 23 arrondissements de la ville. Vienne a une superficie de 414,89 km², contre 105,4 km² pour Paris intra-muros ; avec quasi deux millions d’habitants, elle est la seconde ville germanophone la plus peuplée. Pour cette raison, les habitants du 23e arrondissement sont venus en bus, étant trop éloignés du centre. Les autres sont venus par contre en cortège, parfois avec des orchestres, depuis les 22 autres arrondissements.

Voici une image de propagande du SPÖ, avec le maire de la ville. Sur la pancarte au fond à gauche, un peu floue, on lit : « Dépassement du capitalisme ! » Derrière le maire, le drapeau avec les trois flèches, entourés du cercle de l’unité, symbole de la social-démocratie autrichienne après 1945 ( il n’y avait auparavant pas le cercle ).

Sur cette autre affiche du SPÖ, largement propagée dans la ville de Vienne, on lit le slogan « Ensemble, nous sommes Vienne » et on voit Victor Adler, Autrichien juif qui fut le premier grand dirigeant de la social-démocratie, à partir de 1888. On notera que le SPÖ ne mentionne cependant jamais Otto Bauer, autre Autrichien juif, qui dirigea le parti durant les années 1920, mais défendait une ligne qui était alors la plus à gauche dans toute la social-démocratie européenne d’alors.

Le message du SPÖ sur les réseaux sociaux à l’occasion du premier mai. « Vive le premier mai », « L’être humain au lieu du monopole », « Le cortège de mai d’aujourd’hui se situe sous le signe des votes pour les élections européennes – toi aussi fais en partie. Ici la liste des rendez-vous ». Le slogan principal est « Vive le premier mai », « Liberté, égalité, justice ». En dessous : « Partage cette image si tu places les intérêts des employés avant ceux de ceux des monopoles ! ».

La photographie du grand rassemblement devant la mairie. Aux drapeaux du SPÖ et de ceux de l’Union européenne, s’ajoutait une variante de celui de l’UE, mise en rouge et avec les trois flèches.

La photographie de la mairie, avec le symbole des trois flèches au-dessus du podium, ainsi que des hommes en rouge sur la toile protégeant la réfection de la tour principale.

Le podium en gros plan, avec les trois flèches.

Le maire de la ville et la dirigeante de la social-démocratie autrichienne, Pamela Rendi-Wagner, tous deux avec des fanions rouges. Celui de la dirigeante est frappé du cercle et des trois flèches.

Au moyen de ballons, une banderole a été soulevée par la jeunesse du SPÖ, appelant à aller plus loin : « Cela suffit avec le silence, en avant pour l’opposition ! »

On notera qu’une section locale du SPÖ a fait une bannière pour rejeter Thomas Drozda, figure opportuniste : « Drozda, tu as regardé l’heure ? Il est temps de partir ! ». Il en est de même pour une autre section dont la bannière disait : « Il est cinq minutes avant minuit, y compris sur ta Rolex ! »

Naturellement, on pourra critiquer le programme, l’opportunisme, l’hypocrisie, etc. ; en attendant, il y a une Gauche, forte, puisant aussi dans ses traditions historiques. Et cela sans être à la remorque des syndicats. Il est vrai que ce qui aide, c’est qu’il n’y a en a qu’un et que les élections à la chambre du travail se font pas fractions. La fraction social-démocrate écrase tout le monde en faisant 60%, les autres étant au mieux très loin derrière.

Et cela sans les fonctionnaires, qui ne participent pas au vote de la dite chambre. Imagine-t-on en France la Gauche politique obtenir 60% dans les votes pour les syndicats du privé ? Et pourtant, c’est à cela qu’il faudra parvenir !

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Politique

Un premier mai 2019 parasité par les black-blocks et les gilets jaunes

Cela ne peut que faire mal au cœur de voir les anarchistes anti-politiques des black-blocks et les gilets jaunes venir parasiter le premier mai. C’est un coup de grâce symbolique à un premier mai déjà terriblement aseptisé depuis des décennies, coupées de la vigueur internationale du mouvement ouvrier et de ses valeurs politiques.

Les jours précédant ce premier mai 2019, les médias et les réseaux sociaux se sont focalisés sur deux thèmes parasitant totalement son contenu historique. Ce qui compterait, c’est la présence des black-blocks à Paris, ainsi que celle des gilets jaunes. Le caractère réel de cette journée, relevant du monde du travail, du mouvement ouvrier, a entièrement disparu. Le premier mai ne serait qu’une sorte de mouvement social annuel, sans réelle envergure sur le plan des idées politiques, économiques, etc. Les « éléments radicaux » des mouvements sociaux auraient une place naturelle à s’y exprimer, lors de situations devenues extrêmes.

C’est là quelque chose de très mauvais et on boit le calice jusqu’à la lie d’une terrible dépolitisation. Le premier mai devient une affaire franco-française, coupée du mouvement ouvrier à l’échelle mondiale, qui possède le premier mai comme son patrimoine. Il y a là une fêlure, une cassure même. C’est un véritable abandon d’une position historique.

D’ailleurs, on peut critiquer le Parti socialiste comme on l’entendra, mais en attendant il n’y a plus de grand parti de gauche. Il y avait avant-hier le PCF, hier le PS et aujourd’hui il n’y a plus rien. Et quand on dit « parti », il faut comprendre « parti ». La France insoumise n’est pas un parti, mais un mouvement, et ce n’est pas la même chose.

Et quand on dit un grand parti, il ne s’agit pas que d’élections, mais de base populaire. La victoire du PSOE en Espagne, le poids du SPD en Allemagne et en Autriche, la vigueur du Labour britannique… rappellent et soulignent l’exception française. Une exception mauvaise.

Cela étant, cela pendait au nez. Les premiers mai en France ont toujours été, malheureusement, très différents de ceux des autres pays. Et cela est vrai depuis plusieurs décennies, depuis que le premier mai 1968, le PCF a chassé les « gauchistes » du cortège. La CGT a dès lors fait du premier mai une cérémonie, un rituel, quelque chose sans âme. Le premier mai s’est mué en marche de fonctionnaires et de syndiqués, sans dynamique, sans dimension socialiste, sans porter de culture.

Le parasitage par les black-blocks et les gilets jaunes pour ce premier 2019 apparaît pour cette raison un prix inévitable, car il y a en apparence un apport de volontarisme, de cœur, d’engagement, etc. Beaucoup de gens attendent cela. En pratique, pourtant, cela ne donnera rien, car ni les anarchistes, ni les gilets jaunes ( qui en sont un équivalents sans le folklore du drapeau noir ), ne peuvent rien apporter de positif.

Cela n’a d’ailleurs rien à voir avec la radicalité. Les premiers mai de Berlin sont connus depuis les années 1970 comme des démonstrations de force de l’extrême-gauche, avec bien souvent des affrontements. Mais l’extrême-gauche allemande a elle-même régulièrement dénoncé la casse pour la casse, la casse qui part dans une démarche anti-politique, sans aucune orientation, démolissant les revendications et le sens des valeurs. Il ne faut pas confondre démonstration de force, y compris violente, et les méthodes anarchistes.

Quelle tristesse qu’en France, un pays tout de même marqué par un certain niveau culturel, on en soit retourné à la fin du 19e siècle, avec des syndicalistes durs et des anarchistes d’un côté, des carriéristes électoraux sans valeurs précises de l’autre. C’est véritablement désolant, mais sans doute était-ce inévitable. C’est une étape pour pouvoir aller de l’avant par la suite, sur des bases saines, fondées sur la raison et les principes socialistes. Après tout, le problème de base, c’est qu’il n’y a jamais eu de culture social-démocrate imprégnant les masses partout dans le pays.

Le Parti socialiste a toujours été très minoritaire, le PCF très puissant mais très localisé dans certaines zones du pays. Un mouvement ouvrier assumant l’ensemble du pays et s’y diffusant, cela n’a encore jamais existé, cela reste à construire. C’est un travail essentiel, qui demande des orientations claires, un engagement de fond, des principes bien déterminés : ceux de la Gauche historique.

Et c’est à elle qu’appartient le premier mai, pas à l’anarchisme anti-politique des black-blocks », ni aux gilets jaunes et leurs exigences que la France revienne trente ans en arrière.

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Écologie

Le muguet assassiné chaque premier mai, au lieu d’être célébré

Les brins de muguet sont partout chaque premier mai, mais cette plante n’est pas célébrée comme elle le devrait. 

Les versions divergent quant à l’origine de cette tradition, mais ce qui est certain est que cette plante aux jolies clochettes blanches est appréciée dans la culture populaire depuis des centaines d’années, et pas seulement en France.

Cela vient probablement du fait, en plus de son odeur agréable et de son apparence élégante, qu’elle s’épanouit avec les premiers « beaux jours » du printemps. Elle symbolise le renouveau, la vie qui entame une nouvelle étape marquée par la fin des gelées hivernales.

On trouve le muguet dans les sous-bois humides des forêts françaises, mais pas sur le pourtour méditerranéen où le temps est trop sec. Cet herbacé vivace profite des premiers rayons de soleils importants de la fin avril au début mai pour fleurir, avant que les autres arbres et plantes de la forêt ne lui fassent trop d’ombre.

Le muguet devrait être célébré, il fait au contraire l’objet d’un véritable pillage dans les forêts, pour être revendu en brins dépérissants. La cueillette devrait être strictement interdite, mais elle est tolérée. Normalement pas plus d’un petit bouquet par personne, mais cela n’est bien sûr pas respecté. Certaines personnes se servent allègrement afin de se faire de l’argent : à minimum 1€ le brin, c’est une affaire rentable…

En plus d’être inacceptable sur le plan culturel, car c’est un rapport à la nature totalement erronée, la cueillette massive du muguet dans les forêts à l’occasion du 1er mai est une menace pour l’espèce. En empêchant les brins de vivre, on empêche les insectes de polliniser ses clochettes pour la reproduction sexuée de la plante.

Le muguet se développe alors massivement sous forme de rhizome, c’est-à-dire en se clonant par-dessous terre, comme les bambous par exemple, ce qui fragilise l’espèce du fait du manque de brassage génétique.

Le muguet est aussi une affaire très rentable pour les maraîchers qui le produisent de manière industrielle dans l’Ouest de la France, particulièrement dans la région de Nantes depuis les années 1970. La récolte est estimée chaque année à 50 à 60 millions de brins. C’est énorme, cela mobilise plusieurs milliers de saisonniers.

Après la récolte, qui est un travail pénible et mal payé, les industriels mènent une course folle contre la nature pour proposer à la vente ces millions de brins pour le premier jour du mois de mai, où les prix s’envolent dans de manière aberrante.

Il existe tout un tas de méthodes pour avoir des brins de muguets prêts à vendre le jour même. Certaines années, il faut accélérer la floraison, d’autre, il faut la retarder à l’aide de serres réfrigérées. Ces « techniques » brutales sont très gourmandes en énergie, tout comme l’ensemble de la chaîne de conditionnement depuis la récolte jusqu’au vendeur, qui nécessite une logistique froide délirante.

Il faut ajouter à ces méfaits les pesticides utilisés, l’eau consommée en grande quantité ainsi que l’espace immense nécessaire à cette culture. Le muguet n’étant récolté que la 3e et la 4e année de culture, cela signifie qu’il faut le double de terres destinées au muguet par rapport à la récolte sur une exploitation. Quelle absurdité, quel gaspillage, quelle terrible manifestation de l’écocide…

Chaque premier mai, les gens croient apprécier une plante, alors qu’ils ne font que l’assassiner sans aucune considération pour ce qu’elle est, ni même pour ce qu’elle représente réellement.

Il suffirait pourtant d’apprécier le muguet tel qu’il existe dans la nature, comme un prétexte de plus à l’ode à la nature que devrait réciter chaque jour l’humanité.

Une société moderne, civilisée, tournée vers l’avenir n’acceptera jamais d’arracher les brins de muguet des forêts ni de forcer les clochettes à se montrer le 1er mai. La cueillette et la vente du muguet est une pratique arriérée.

Il faut célébrer le muguet de manière correcte, dans un esprit socialiste !

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Politique

Communiqué des organisations syndicales et étudiantes pour le premier mai

« Le 1er mai 2019, ensemble, résolus et engagés dans les mobilisations

Le 1er mai est une journée d’action et de mobilisation internationale pour les droits des travailleur-se-s, le progrès social, la paix et la solidarité.

Dans la continuité des nombreuses luttes menées, il s’agit de poursuivre et amplifier les batailles pour que les urgences sociales et climatiques soient enfin prises en compte par le gouvernement et le patronat.

Aujourd’hui, 9 millions de personnes vivent avec des revenus en dessous du seuil de pauvreté dont 6 millions sont privé-e-s d’emploi, et de nombreux-ses jeunes sont en situation de précarité. Dans le même temps des dividendes de plus en plus importants sont versés aux actionnaires.

C’est une autre répartition des richesses qu’il faut mettre en œuvre ainsi qu’une fiscalité plus juste et plus progressive. A l’inverse des choix politiques actuels, il est urgent de revaloriser les salaires du privé et du public, les minimas sociaux et les pensions, développer des services publics de qualité sur tout le territoire, gages de cohésion sociale et de plus d’égalité, d’établir une protection sociale de haut niveau, socle de notre modèle social basé sur la solidarité, créer des emplois de qualité dans le privé comme dans le public et assurer l’égalité professionnelle, permettre la réussite de tous les jeunes et l’accès à un haut niveau de qualification à toutes et tous ainsi que l’autonomie de la jeunesse, une éducation émancipatrice, gratuite sans restriction de nationalité.

Les injustices sociales explosent et sont étroitement liées aux risques environnementaux que personne ne peut plus ignorer et qu’il faut prendre en compte. Réchauffement climatique, perte considérable de la biodiversité, épuisement des ressources naturelles, pollutions des océans, usage immodéré de produits phytosanitaires, dissémination de perturbateurs endocriniens…

Les dégradations sont nombreuses et atteignent souvent des seuils d’irréversibilité à court terme. Les conséquences pour les populations sont de plus en plus dramatiques. Il est urgent de prendre les mesures nécessaires pour permettre une transition environnementale juste socialement.

Le gouvernement doit agir sans délai et à grande échelle pour permettre la construction d’une société plus juste, plus solidaire, non discriminante qui réponde aux questions environnementales, sociales et de santé sans les dissocier.Les organisations s’engagent à lutter, avec la même force, au renforcement des libertés publiques et contre toute restriction du droit à manifester, à s’exprimer et à s’organiser.

Elles condamnent les répressions syndicales envers les salarié-e-s et les jeunes organisées par le patronat et le gouvernement. Elles dénoncent fortement les mesures répressives et parfois violentes déployées par le gouvernement dans le but de faire taire le fort mécontentement et la grande exaspération du plus grand nombre.

Décidées à construire les mobilisations unitaires afin d’obtenir des avancées et cesser toutes les régressions sociales et environnementales, lutter contre la montée de l’extrême droite, ensemble et dans l’unité, les organisations CGT, FSU, SOLIDAIRES, UNEF et UNL appellent à une forte journée de mobilisation ce 1er mai sur l’ensemble du territoire, pour l’amélioration des droits des travailleur-se-s, pour le progrès social, la paix et la solidarité internationale.

Les Lilas, 10 avril 2019 »

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Politique

Des manifestations du 1er mai 2018 entièrement ritualisées

Les manifestations d’hier, premier mai 2018, ont rappelé que mai 1968 a échoué à ébranler la France profonde et que, finalement, nous en sommes encore au 19e siècle sur le plan des idées.

Peut-on faire plus caricatural ?

D’un côté, des syndicalistes défilant pour des revendications sociales et économiques, buvant des bières et mangeant des merguez, ou des kebabs aussi désormais, puisque c’est la mode pour faire « populaire » y compris dans les quartiers chics.

Quelque chose sans âme, avec des mentalités restreintes, prisonnières d’une vie quotidienne sévèrement encadrée par toutes les valeurs dominantes.

Quelque chose sans envergure aucune. D’ailleurs, le nombre total de manifestants, a été de 210 000, contre 280 000 l’année dernière, selon les chiffres de la CGT dans les deux cas. C’est évidemment un recul particulièrement significatif alors que la grève des cheminots a lieu.

Le black bloc, une sorte de divertissement 2.0 pour une contestation ritualisée

De l’autre, les anarchistes qui, a défaut de proposition, essayent de casser quelque chose. Et ils étaient nombreux : 1200. Un cortège de 1200 personnes appelant à la révolte, cela aurait eu un impact évident…

Mais ils ont préféré faire n’importe quoi, avec à la clef 200 arrestations, un chiffre très important qui montre le degré de désorganisation.

Il ne s’agit pas de regretter le saccage d’un Mc Donald’s : qui le regrette n’a rien compris à l’enjeu écologiste de notre époque, à la question animale de notre époque, au principe de surexploitation de notre époque.

Qui va au Mc Donald’s et tolère l’existence d’une telle monstruosité n’a pas compris les attentes de notre époque.

Ian Brossat, un carriériste bien inséré dans la mairie parisienne

On n’est donc certainement pas obligé de pleurnicher comme Ian Brossat, qui vit comme un grand bourgeois comme conseiller PCF de Paris et adjoint à la maire de Paris chargé du logement, de l’habitat durable et de l’hébergement d’urgence, après avoir fait le lycée Henri IV et l’ENS de Lyon.

Cependant, on se doute bien que les casseurs n’ont pas fait cela par écologie ou par véganisme, ni même par lutte contre l’exploitation la plus féroce. On est dans la casse symbolique, dans un appel mystique à « autre chose ».

Ce qu’on doit reprocher, c’est qu’il n’y a rien derrière : ni culture, ni propositions, ni valeurs, ni programme.

En fait, il n’y a même rien du tout. C’est du nihilisme, tout à fait conforme à notre époque. C’est une fuite en avant, une sorte d’équivalent destructeur du populisme de Jean-Luc Mélenchon. Ce qui oblige ce dernier à nier les faits, jusqu’au ridicule.

Même Le Figaro se moque de lui !

« Le leader de la France insoumise dénonce des « violences insupportables contre la manifestation du 1er mai ». Avant de tenter : « Sans doute des bandes d’extrêmes droite. »

Pourtant, ces manifestants se revendiquent des « black blocs », une mouvance anarchiste et violemment anticapitaliste. Ils s’attaquent aux symboles de l’économie libérale, comme les fast-food ou des devantures de banques. Dans leur cortège, on pouvait par ailleurs apercevoir un drapeau communiste. »

C’est tout simplement ridicule de la part de Jean-Luc Mélenchon. C’est absurde. Et d’ailleurs, que diable peut faire un drapeau communiste au milieu des anarchistes ? C’est une aberration aussi !

Tout cela témoigne de la confusion des idées à notre époque. La génération facebook fonctionne à l’instinct, à l’image. On peut se croire à peu près n’importe quoi tout en n’y connaissant rien, car personne n’y connaît rien et, surtout, tout le monde s’en fout !

Ce qui montre bien, en dernier ressort, que tout ce petit monde fait confiance à l’État et au capitalisme pour se réguler de manière ou d’une autre. Personne ici ne croit en la crise, personne ici ne croit en le fascisme, personne ici ne croit au réchauffement climatique.

On est dans la théâtralisation de la contestation, avec des rôles entièrement préétablis… Et c’est humainement à la fois frustrant, intolérable, vide de sens.

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Politique

Le «premier» premier mai en 1968 et la nature du premier mai

C’est quelque chose de fondamentalement méconnu, tellement cela paraît invraisemblable, mais dans les années 1950-1960, les défilés du premier mai étaient interdits par l’État, en raison des guerres d’Indochine et d’Algérie.

Cela signifie qu’à l’époque, la Gauche avait entièrement capitulé au sujet de l’un de ses plus grands symboles. Cela a grandement contribué à la perte de toute un état d’esprit, de toute une tradition, de toute une certaine vision politique de confrontation au lendemain de 1945.

A l’époque, il y avait une grande polarisation et assumer la CGT, c’était assumer la lutte des classes… La CGT elle-même avait fort logiquement des revendications dépassant largement le cadre restreint des mesures sociales.

Malheureusement, l’interdiction acceptée par la Gauche a endormi les travailleurs.

Ainsi, le premier mai 1968, il y a cinquante ans, lors du premier défilé depuis de nombreuses années, ce fut le choc de la confrontation entre la CGT d’un côté, les gauchistes de l’autre, avec notamment les « marxistes-léninistes » (c’est-à-dire les maoïstes) pour qui le « P « C »F », comme ils le désignaient, avait trahi.

Les vieux reprochaient aux jeunes de ne pas avoir le sens des réalités, de mépriser la bataille des acquis ; les jeunes accusaient les vieux d’avoir trahi l’idéal révolutionnaire, d’avoir abandonné le projet d’une société ayant renversé le capitalisme.

Au-delà de la confrontation d’idées, c’est la question de la démarche elle-même qui se posait. En quoi consiste le premier mai ? En une démonstration de force des forces sociales défendant des intérêts économiques ? Ou bien en un rappel des grands idéaux de la Gauche, ceux d’un monde sans exploitation ni oppression ?

L’affiche de 1951, avec des revendications précises et politiques

Le 1er mai en France est, en effet, malheureusement prétexte à des rassemblements syndicaux, alors qu’en réalité, une telle journée devrait être l’expression de la Gauche politique.

Cela reflète le vrai problème de fond de la question sociale en France : en raison de la charte d’Amiens fait par la CGT en 1906 et séparant radicalement la politique de l’activité syndicale, il y a deux mondes qui coexistent, au lieu que la primauté revient à la politique normalement.

Cela a renforcé le syndicalisme réformiste et gestionnaire, totalement coupé sur le plan des idées et des valeurs de ce qu’est la Gauche. C’est la fameuse figure du syndicaliste râleur, collaborant avec le patronat pour avoir ses heures sans travail, collaborant aux projets de l’entreprise, ayant des normes particulièrement sexistes, porté largement sur l’alcool, etc.

Un personnage insupportable, prétendant même représenter la Gauche, alors que son existence dépend des millions et des millions d’euros donnés aux syndicats afin de maintenir leur existence et de pacifier les rapports sociaux.

L’affiche de 1972, où règne le flou et avec la CGT placé au centre, sans drapeau rouge

Les forces conservatrices ont ici très bien joué, ayant très bien comprises l’apolitisme syndicaliste française. Si à partir d’avril 1919 le 1er mai devient une journée chômée, il n’est férié et payé à l’initiative du syndicaliste CGT René Belin.

Sauf que cela se passe en 1941 et que René Belin est alors ministre du travail du régime de Vichy, qui instaura alors la « Fête du Travail et de la Concorde sociale ».

Prétendre que cela n’a pas eu d’influence serait absurde. C’est dans cette identité liée au « travail » et non pas à la Gauche qu’il y a eu l’espace pour le Front National de commencer un rassemblement du premier mai à partir de 1988. Même Nicolas Sarkozy a eu une initiative similaire en 2012, pour célébrer le « vrai travail ».

Il n’y a qu’en France qu’une aberration est possible. Le premier mai devrait avoir un sens politique, pas un sens économique ou social. C’est là, bien entendu, toute la question d’une définition de la lutte des classes.