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Guerre

Le chef d’état-major français Thierry Burkhard appelle à préparer la guerre de haute intensité

C’est un mantra.

Dans la bourgeoisie française, il y a un mot d’ordre qui se généralise, de manière quasi religieuse : il faut développer la capacité militaire française. Que ce soit dans les médias ou dans les institutions politiques, c’est la ligne qui prime. Et pour ce faire, il y a le grand appui de la propagande du régime ukrainien et de ses nombreuses actrices en France, pour présenter la Russie comme une menace mondiale, un monstre criminel voulant engloutir le monde, etc.

Il faut bien dire actrices, car ce sont toujours de femmes qui sont utilisées par les médias pour parler de la situation en Ukraine, afin d’apitoyer pour la forme, alors qu’au niveau du contenu ces femmes, qui n’ont jamais parlé de la menace de guerre avant l’invasion russe, sont des propagandistes acharnés en faveur de la guerre de l’OTAN contre la Russie.

La Femen Inna Shevchenko a d’ailleurs tombé le masque et montre désormais ouvertement qu’elle agit en faveur de l’OTAN, et de l’Union européenne, puisque ces deux formes se superposent. Elle est clairement dans un camp belliciste.

Elle, qui avant l’invasion n’avait jamais parlé de l’Ukraine – alors que nous en parlons de manière interrompue depuis avril 2021 pour annoncer cette invasion et la dénoncer – est arrivée du jour au lendemain pour tenir des discours pro-guerre de moins en moins masqués par sa prétention à défendre l’Ukraine. Elle est de ceux qui déforment l’affirmation de la nation ukrainienne pour en faire le jouet de l’OTAN.

Il va de soi, naturellement, que l’armée française est la grande gagnante de toute cette vague militariste. L’élection présidentielle étant passée, il est désormais net que le camp dominant dans la bourgeoisie est celui pro-OTAN. Les vannes peuvent être ouvertes, et c’est ce que fait le chef d’état-major français, le général Thierry Burkhard, qui accentue d’autant plus son appel à élever le niveau de conflictualité.

Ce que relate Le Figaro est sans ambiguïtés : il faut la guerre pour démolir la Russie. Et il le dit alors qu’il est en Estonie, l’un des pays les plus bellicistes, les plus agressifs à l’encontre de la Russie.

Malgré l’entrée en guerre ratée contre l’Ukraine d’une « armée russe du mensonge » et le soutien des Occidentaux à Kiev, la Russie restera « un compétiteur » qui « ne va pas disparaître », estime le chef d’état-major français, le général Thierry Burkhard.

«Forces morales», «entraînement», «guerre des perceptions»: dans un entretien à l’AFP et au New York Times, le plus haut gradé français revient sur les enseignements de plus de deux mois de conflit en Ukraine, en marge d’un déplacement en Estonie où 350 soldats et aviateurs français sont déployés dans le cadre de l’Otan. 

«Les Ukrainiens ont gagné dans ce domaine. Ils ont une armée qui défend son pays et un pays qui soutient son armée. Cela se construit, ce n’est pas quelque chose qui se décrète le jour où une guerre éclate», a-t-il déclaré.

«Deuxième point, l’importance de la guerre informationnelle, le champ des perceptions. Les Ukrainiens ont réussi à imposer leur narratif face aux Russes, qui étaient un peu les maîtres en la matière.», a ajouté le général. «Troisièmement, l’importance de l’entraînement, qui est coûteux et difficile. L’armée russe est supérieurement équipée mais n’a pas réussi à entraîner ses soldats à la haute intensité.»

Ces propos choisis ne doivent rien au hasard. Si on regarde l’ordre du jour n° 13 du 22 avril 2022 de Thierry Burkhard, on a précisément le même contenu : il y a la guerre de haute intensité, les « forces morales » sont fondamentales, nous ne sommes pas comme la Russie sous-entendu c’est un ennemi.

« Alors que les combats se poursuivent, ces premières semaines d’affrontement ont d’ores et déjà livré de nombreux enseignements. Ce sont certains d’entre eux que je voudrais aborder ce matin, tant ils me paraissent importants dans l’exercice du métier militaire. Le premier d’entre eux, s’il est évident, n’en est pas moins essentiel : la guerre de haute intensité est de retour en Europe.
Le deuxième enseignement est moins une redécouverte qu’une confirmation, celle du rôle crucial des forces morales.
Le troisième enseignement porte sur l’importance de notions que nous connaissons bien, pour y être confrontés dans l’exercice du commandement : la franchise, la loyauté et, à l’opposé, le mensonge. Les chefs militaires russes ont menti ».

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Le chef d’état-major français peut annoncer la guerre de haute intensité, dire contre qui, expliquer ouvertement qu’il y aura une narration à ce sujet pour que tout le monde suive !

Il ne faut pas se voiler la face : on est embarqué dans la guerre, les choses tournent très mal et les gens acceptent ou s’en moquent. Ils sont bien entendu inquiets. Mais il n’existe aucune opposition à la guerre en France : nous vivons un moment dramatique.

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Politique

Engagez-vous contre la guerre, contre l’OTAN !

Ce 1er mai se déroule dans un contexte terrible.

A moins de se replier sur vie personnelle, sa vie privée, en se contentant de fixer son attention sur un horizon étroit, borné, il n’est pas possible de ne pas voir que les choses tournent mal, partout. La société française se désintègre socialement, le capitalisme impose une société de consommation s’accélérant et s’élargissant, le nationalisme et les religions servent de valeur refuge, la condition animale relève du martyre, le réchauffement climatique continue… et il y a la guerre.

Cette question de la guerre est primordiale. Elle contient tous les maux par essence, parce que la guerre est le produit de l’ensemble de la situation. La guerre est le fruit de la compétition, de la concurrence, de la course au capitalisme le plus puissant, de la volonté d’exploiter les autres, d’accumuler toujours plus.

Aussi, s’il est un appel qui doit être lancé le premier mai 2022, c’est bien contre la guerre, contre l’OTAN ! Car la guerre est à l’ordre du jour, car l’OTAN est la structure militaire regroupant un bloc de pays, dont le nôtre, pour exercer des pressions militaires, pour intervenir militairement, pour porter la guerre !

En deux mois, depuis l’invasion de l’Ukraine que nous avons ici annoncé dès avril 2021, il y a eu une avalanche de propagande anti-Russie et en faveur de l’OTAN. C’est une mobilisation générale de l’opinion publique, un matraquage médiatique général. Aucun candidat à la présidentielle n’a d’ailleurs profité de l’occasion pour dénoncer l’OTAN, dénoncer la transformation de l’Ukraine en base militaire géante ayant comme but de faire la guerre à la Russie.

Et cela alors que la France livre des armes à l’Ukraine, que l’OTAN dont la France fait partie dirige littéralement les forces armées ukrainiennes, que l’Union européenne veut intégrer l’Ukraine de manière accélérée.

On assiste à une fuite en avant du capitalisme pour sortir de la crise ouverte par la pandémie en 2020 ; le capitalisme se précipite dans la guerre afin de trouver le moyen de se développer malgré tout, encore et toujours, aux dépens des autres.

Face à cela, il faut lever le drapeau rouge !

Organisez-vous à votre échelle pour mettre en place des initiatives contre la guerre, contre l’OTAN, pour développer l’agitation et la propagande en ce sens. Contribuez à saboter la tendance à la guerre, la marche vers la troisième guerre mondiale !

Lancez-vous dans cette bataille, sur la base des valeurs de la Gauche historique, pour empêcher la sanglante machinerie militariste de se mettre entièrement en place, de réorganiser l’économie, la société, les mentalités, pour faire de la France l’arrière-pays d’une armée intervenant militairement dans les affrontements militaires !

C’est un devoir pour toutes les personnes ayant une conscience sociale, ayant compris l’envergure des événements qui se déroulent, et qui ne cessent de prendre une tournure toujours plus mauvaise. Levez le drapeau rouge du Socialisme contre le capitalisme et la guerre !

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Politique

Lettre ouverte au chancelier Olaf Scholz

Un appel contre la guerre.

Voici l’appel signé par 28 artistes et intellectuels en Allemagne, sous la forme d’une lettre ouverte au chancelier. Il a été publié par la célèbre revue féministe EMMA, dont la ligne est d’appeler à des négociations, dans le sens d’une Ukraine n’appartenant pas à l’OTAN et d’un statut spécial pour le Donbass. C’est une ligne de Gauche, c’est la ligne de la raison, en opposition au militarisme, au bellicisme.

On notera que la revue EMMA est dénoncée en Allemagne par les post-modernes pour refuser la mise en place d’une loi prévoyant que les adolescents « choisissent » leur « genre » administrativement à l’âge de 14 ans.

« Cher Monsieur le Chancelier,

nous saluons que, jusqu’à présent, vous ayez considéré les risques avec tant d’attention : le risque de l’élargissement de la guerre à l’intérieur de l’Ukraine ; le risque d’un élargissement à toute l’Europe ; oui, le risque d’une 3e guerre mondiale.

Nous espérons donc que vous vous souviendrez de votre position originelle et que vous ne fournirez plus d’armes lourdes à l’Ukraine, ni directement ni indirectement. Au contraire, nous vous exhortons à faire tout votre possible pour qu’un cessez-le-feu puisse être conclu dans les plus brefs délais, à un compromis que les deux parties peuvent accepter.

Nous partageons la condamnation de l’agression russe en tant que violation de la norme fondamentale du droit des peuples. Nous partageons également la conviction qu’il existe un devoir politique et moral fondamental de ne pas reculer devant la violence agressive sans résistance. Mais tout ce qui peut en découler trouve ses limites en d’autres impératifs de l’éthique politique.

Nous sommes convaincus que deux de ces lignes limitatives sont aujourd’hui atteints : Premièrement, l’interdiction catégorique d’accepter un risque manifeste de voir cette guerre dégénérer en conflit nucléaire.

La livraison de grandes quantités d’armes lourdes pourrait cependant faire de l’Allemagne elle-même un protagoniste de la guerre. Et une contre-attaque russe pourrait alors déclencher une demande d’assistance en vertu du traité de l’OTAN et avec elle le danger immédiat d’une guerre mondiale.

La deuxième ligne de démarcation est le niveau de destruction et de souffrance humaine parmi les civils ukrainiens. Même la résistance légitime contre un agresseur se retrouve à un moment donné dans une disproportion intolérable.

Nous mettons en garde contre une double erreur : premièrement, que la responsabilité du risque d’escalade vers un conflit nucléaire incomberait uniquement à l’agresseur d’origine et non pas aussi à ceux qui lui fournissent ouvertement un mobile pour une action éventuellement criminelle.

Et d’autre part, que la décision sur la responsabilité morale des « coûts » supplémentaires en vies humaines parmi la population civile ukrainienne relève exclusivement de la compétence de leur gouvernement. Les normes moralement contraignantes sont de nature universelle.

L’escalade de l’armement qui se déroule sous pression pourrait être le début d’une course mondiale aux armements avec des conséquences catastrophiques, notamment pour la santé mondiale et le changement climatique. Malgré toutes les différences, il est important de lutter pour la paix dans le monde. L’approche européenne de la diversité partagée en est un modèle.

Cher Chancelier, nous sommes convaincus que le chef du gouvernement allemand peut apporter une contribution décisive à une solution qui résistera au jugement de l’histoire. Non seulement au vu de notre pouvoir (économique) actuel, mais aussi au vu de notre responsabilité historique – et dans l’espoir d’un avenir pacifique commun.

Nous espérons et comptons sur vous !
Sincèrement

Andreas Dresen, cinéaste
Lars Eidinger, acteur
docteur Svenja Flaßpöhler, philosophe
Elisa Hoven, avocate pénaliste
Alexander Kluge, intellectuel
Heinz Mack, sculpteur
Gisela Marx, productrice de films
Reinhard Merkel, avocat pénaliste et philosophe du droit
Wolfgang Merkel, politologue
Reinhard Mey, musicien
Dieter Nuhr, artiste de cabaret
Gerhard Polt, artiste de cabaret
Helke Sander, cinéaste
HA Schult, artiste
Alice Schwarzer, journaliste
Robert Seethaler, écrivain
Edgar Selge, acteur
Antje Vollmer, théologienne et politicienne verte
Franziska Walser, comédienne
Martin Walser, écrivain
Prof. Dr. Peter Weibel, théoricien de l’art et des médias
Christoph, Karl et Michael Well, musiciens
Prof. Dr. Harald Welzer, psychologue social
Ranga Yogeshwar, journaliste scientifique
Juli Zeh, écrivain
Siegfried Zielinski, théoricien des médias

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Guerre

La France est objectivement en guerre avec la Russie

Et cela va empirer.

En réunissant une quarantaine de pays, dont la France, le 26 avril 2022 sur la base américaine de Ramstein en Allemagne, afin d’organiser le renforcement de l’arsenal militaire du régime ukrainien, la superpuissance américaine a donné le signal de la guerre à la fois ouverte et indirecte. L’OTAN ne déclare pas formellement la guerre à la Russie, mais l’ensemble des pays de l’OTAN, ainsi que plusieurs autres pays (dont le Japon), soutiennent entièrement le régime ukrainien, tant au moyen d’informations militaires qu’au niveau de la logistique, ainsi qu’avec des livraisons d’armes.

L’objectif : faire tomber la Russie. Le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a été très clair lors de ce véritable sommet masqué de l’OTAN et de ses alliés :

« L’Ukraine pense clairement qu’elle peut gagner. Tous ceux qui sont ici aussi. »

Et la France est de la partie. La France est impliquée dans ce processus militaire, ce qui fait que, objectivement, la France est en guerre avec la Russie par l’intermédiaire de l’Ukraine qui fait ici office de chair à canon.

Il y a d’ailleurs un changement de ton du côté ukrainien. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait critiqué Emmanuel Macron pour avoir refusé de parler de « génocide » au sujet de la guerre en Ukraine, désormais il est qualifié, comme lors du message de félicitation pour sa réélection comme président français, de « vrai ami de l’Ukraine ».

Et pour bien asseoir ce nouveau statut, Le Figaro a publié un article intitulé Guerre en Ukraine : «nous sommes convaincus que nous gagnerons», affirme l’ambassadeur d’Ukraine en France. Ses propos sont sans ambiguïtés : la France est militairement partie prenante dans la guerre.

« Interrogé sur l’aide apportée par la France à l’Ukraine, le diplomate répond qu’il n’est «pas de ceux qui disent que la France n’en fait pas assez»: «Certains états parlent de leur aide et se font de la publicité là-dessus. D’autres ne le font pas».

«Avez-vous entendu parler de l’aide humanitaire que nous donne la France ?», s’interroge encore Vadym Omelchenko.

«Ceci, elle le fait d’une manière non publique. Il s’agit d’une marque de noblesse propre aux Français. C’est pareil dans le domaine militaire». »

Il y a également un changement de ton russe, avec un avertissement formel de la Russie, par la voix de Vladimir Poutine devant l’Assemblée fédérale réunie à Saint-Pétersbourg, le 27 avril 2022 :

« Je souligne encore une fois que si quelqu’un a l’intention d’interférer dans les événements actuels, de quelque côté que ce soit, surtout si cela pose des menaces inacceptables, de caractère stratégique inacceptables pour la Russie, il doit savoir que nos réponses aux contre-attaques seront foudroyantes, rapides.

Nous avons tous les outils, que les autres n’ont pas ; nous n’allons pas nous vanter, nous allons les utiliser, je veux que tout le monde le sache. Toutes les décisions à ce sujet ont déjà été prises. »

Or, la participation militaire française ne peut qu’empirer, car du moment que l’OTAN, avec à sa tête la superpuissance américaine, considère qu’il est possible de faire triompher l’Ukraine, que cela soit vrai ou non, une analyse sincère ou pas, cela implique qu’il y a une mobilisation générale dans le sens de l’escalade.

Nous le voyons d’autant plus aisément que nous avons dès avril 2021 analysé en détail la question ukrainienne, en annonçant qu’il y allait avoir la guerre. Et nous sommes horrifiés de voir que la France capitaliste est partie prenante, sans aucune opposition interne, à une véritable guerre de repartage du monde.

Les Français, enferrés dans la société de consommation, corrompus par les valeurs capitalistes, pourris dans leur acceptation d’un haut niveau de vie à n’importe quel prix, acceptent que les dirigeants du pays fassent ce qu’il veulent ; ils convergent avec eux dans leurs objectifs en ne soutenant en rien la moindre critique, la moindre critique de la guerre ; ils sont totalement cyniques vis-à-vis de la nation ukrainienne réduite au statut de chair à canon.

Tout cela va se payer très cher, extrêmement cher. Car ce faisant, la France capitaliste se place dans un faisceau de contradictions internationales qui, dans le cadre de la tendance à la guerre, vont provoquer des situations dramatiques. Et là les Français qui vont se voir relever de la guerre, participer à la guerre, être un moteur de la guerre, ne seront plus en mesure de prétendre qu’ils ne savaient pas, qu’ils ne voulaient pas.

Ils pleurnicheront d’ailleurs sur leur mode de vie affaibli ou perdu, en cherchant encore et toujours à ne rien comprendre et à ne rien assumer. Ils vont être déboussolés et aigris, se précipitant en faveur de la modernisation et de la guerre, ou bien du repli et du nationalisme militariste, comme ils le font déjà avec Emmanuel Macron et Marine Le Pen, pour qui ont voté 18 et 13 millions de personnes respectivement.

Les Français ont choisi de relever du désastre, ils vont devoir assumer !

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Guerre

La Russie évoque le risque de guerre nucléaire alors que l’OTAN organise un sommet à Ramstein

La troisième guerre mondiale qui se prépare.

Mardi 26 avril 2022, le maire de Kiev Vitali Klitschko a fait démonter une statue symbolisant l’amitié entre les peuples d’Ukraine et de Russie. Située sous l’Arche de l’amitié entre les peuple, elle représente un travailleur russe et un travailleur ukrainien qui tiennent un symbole soviétique ; il est écrit « amitié entre les peuples ». Le maire de Kiev s’est félicité que pendant le démontage, la tête du travailleur russe soit tombée au sol… C’est « symbolique » a-t-il dit.

En effet, quel symbole d’affront contre les peuples et contre l’Histoire. Quel symbole d’engrenage guerrier et de haine nationaliste.

Dans le même ordre idée, le buste du maréchal Joukov, qui fut chef d’État-major de l’armée rouge pendant la seconde guerre mondiale, a été détruit à Kharkiv.

De fait, il n’y aura pas de retour en arrière tant la pression est immense, d’un côté comme de l’autre.

En Russie, il y a eu ces derniers jours une campagne médiatique, présentée comme le reflet d’une pression populaire, exigeant de frapper plus fort en Ukraine, en visant notamment les infrastructures ferroviaires. Il a ensuite été expliqué que le régime a cédé à cette pression populaire en procédant à des frappes allant dans ce sens, alors que ce n’était pas dans les plans initiaux de l’état-major.

Ce récit n’est pas forcément faux. Le régime russe a longuement présenté son opération spéciale en Ukraine comme visant à « libérer » la population du nazisme et du nationalisme anti-Russe, et à se prémunir de l’OTAN. Alors la population russe l’a pris au sérieux et exige maintenant d’aller au bout, et vite.

Sauf qu’en face, il y a effectivement l’OTAN, qui a totalement vassalisé l’Ukraine politiquement depuis 2014, et militairement depuis février 2022. Elle y déverse des tonnes et des tonnes de matériel de guerre, voire de conseillers spéciaux militaires, de mercenaires, pour ne surtout pas qu’il y ait un règlement rapide du conflit et une partition, par un traité.

De fait, d’une manière ou d’une autre, aucun des deux camps n’a intérêt ou la possibilité d’envisager une issue au conflit dans l’immédiat, alors ce ne peut qu’être l’escalade. C’est ce qu’a reconnu le ministre russe des Affaires étrangères, dans le cadre de la venue d’António Guterres le Secrétaire général de l’ONU à Moscou mardi 26 avril 2022.

Sergueï Lavrov s’est longuement exprimé sur le sujet, accusant directement et frontalement les États-Unis et l’Europe de vouloir mettre en place un monde « unipolaire » depuis des années, avec l’Ukraine utilisée comme base avancée anti-Russie, y compris sur le plan de la culture. Il a expliqué avoir évoqué avec António Guterres comment des pays comme la France manœuvraient pour mettre en place de nouvelles institutions internationales sans la Russie et les pays opposés aux États-Unis, remplaçant de fait l’ONU.

Il a expliqué que la Russie est prête aux pourparlers de paix, mais que l’Ukraine fait semblant de négocier la paix, alors qu’en fait il y a les Américains derrière pour jeter de l’huile sur le feu.

C’est alors qu’il a parlé de l’arme nucléaire, dans des termes effrayants, non pas car ils seraient menaçant de sa part, mais parce qu’ils reconnaissent de fait une situation menant au pire, et donc à une guerre nucléaire.

Il a rappelé la position russe, qui est le principe de l’inadmissibilité de la guerre nucléaire. Mais il a expliqué ensuite qu’il y a un risque d’emballement en raison de la situation :

« Je ne veux pas alimenter ce risque de manière artificielle. Beaucoup aimeraient cela. Mais le danger est grave, réel. Et nous ne devons pas le sous-estimer. »

En fait, Sergueï Lavrov considère concrètement (et à juste titre) que l’OTAN est en guerre avec la Russie, de manière indirecte, mais réelle :

« L’OTAN, en substance, est engagée dans une guerre avec la Russie via un intermédiaire et elle arme cet intermédiaire. Cela signifie la guerre. »

Un tel propos a une signification historique immense, c’est un jalon évident sur le chemin vers une troisième guerre mondiale.

Pendant ce temps les plus hauts représentant de l’administration américaine en ce qui concerne la Diplomatie et la Défense, après s’être rendus directement à Kiev la veille, étaient en Allemagne mardi 26 avril sur une base militaire américaine, celle de Ramstein, la plus grande base militaire américaine en dehors des Etats-Unis, d’une superficie de 1400 hectares, avec 52 000 militaires actifs.

Il a été expliqué que les États-Unis sont prêts à « remuer ciel et terre » pour faire gagner l’Ukraine contre la Russie, que tant l’Ukraine que ses alliés de l’OTAN croient fermement en une possibilité de victoire.

Et cette déclaration a été faite dans le cadre d’une réunion avec des représentants des ministères de la Défense et des états-majors des armées de 43 pays, dont la France. On parle ici des 30 pays de l’OTAN, ainsi que du Japon, de la Corée du Sud, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, à quoi s’ajoutent Israël, le Qatar et la Jordanie, ainsi que le Kenya, le Libéria, le Maroc et la Tunisie.

Un grand optimisme est de rigueur, ce qui se lit d’ailleurs dans les médias, même Le Figaro parlant de la « perspective » de la victoire de l’Ukraine sur la Russie.

Pourtant, concrètement, sur le terrain militaire l’Ukraine n’a pas d’avancée significative et ne fait que subir les choix opératifs de l’armée russe. Cette dernière, de fait, n’est pas dans une guerre totale et mobilisant tout le pays, mais dans une grande opération militaire avançant lentement mais sûrement, avec tout un tas de précaution pour les évacuations humanitaires (massives), l’encadrement humanitaire des civils sur place, des frappes contre des objectifs très précis, des ratissages de quartiers entiers à la recherche des ennemis ukrainiens cachés, etc.

Autrement dit, à moins d’une intervention directe de la part de l’OTAN, l’Ukraine n’a aucun moyen de quoi que cela soit contre la Russie, en tous cas dans la partie orientale du pays. Donc, quand les États-Unis assument totalement la possibilité de victoire ukrainienne, cela ne peut qu’être par le renforcement de l’intervention de l’OTAN, et contre tout accords négociés sous l’égide de l’ONU.

Et c’est ce que reconnaît Sergueï Lavrov parlant d’un risque d’emballant menaçant d’une confrontation nucléaire.

Il ne s’agit pas ici d’être pro-Russe plutôt que pro-OTAN, ni même d’avoir de quelconques illusions sur la force et le rôle de l’ONU pour régler quoi que cela soit. Il s’agit d’envisager les choses rationnellement et sérieusement, en voyant la tendance irrémédiable à l’emballement dans un grand conflit guerrier mondial par ce qui est mis en place concrètement.

Ce qui se joue, ce n’est pas les décisions bonnes ou mauvaises de tels et tels dirigeants mondiaux, c’est une crise profonde de la société, du capitalisme, à l’échelle mondiale, qui fait que tout tend forcément vers la guerre pour un grand repartage du monde.

S’y opposer est un devoir, c’est même le dernier honneur de la Gauche, à moins de s’effondrer totalement et perdre plus de 100 ans d’acquis et de leçons du 20e siècle. S’y opposer, concrètement en France, cela signifie dénoncer l’OTAN et son rôle perfide, c’est donc aussi dénoncer le régime en France et son interventionnisme guerrier en Ukraine et contre la Russie.

Dénoncer la 3e guerre mondiale nucléaire qui se prépare ne doit pas être une position abstraite et lointaine, c’est au contraire une bataille concrète et immédiate ici en France, pour la paix, contre l’OTAN.

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Escalade de la guerre en Ukraine avec la Roumanie, la Moldavie, la Finlande et la Suède

L’OTAN considère qu’elle peut faire tomber la Russie.

Le régime ukrainien est formel : il considère ouvertement qu’il est en mesure d’infliger une sévère défaite à la Russie. Ce point de vue est également assumé par la superpuissance américaine, dont le régime ukrainien est une marionnette. Le 24 avril 2022, il y avait d’ailleurs la visite à Kiev du secrétaire à la défense américain Lloyd Austin et du secrétaire d’État américain (soit l’équivalent du ministre des Affaires étrangères) Antony Blinken.

L’armée ukrainienne opère de manière entièrement dirigée par l’OTAN et c’est pratiquement assumé en tant que tel. Pour preuve de cela, il est tout à fait clair que l’Ukraine est en train de rejoindre l’Union Européenne à marche forcée. Naturellement, une fois que cela sera fait, l’intervention russe reviendra de fait à un affrontement avec un État de l’Union Européenne, ce qui permettra d’autant plus l’escalade.

Il y a également la demande, considérée comme plus ou moins imminente, de l’adhésion à l’OTAN par la Finlande et la Suède, de manière conjointe, avec la superpuissance américaine et le Royaume-Uni proposant un soutien militaire dans la foulée de la demande d’adhésion, avant une intégration là encore à marche forcée dans l’OTAN.

Enfin, alors que la Pologne a remis, sans dire combien, des chars à l’Ukraine, il apparaît fort probable que la Roumanie a envoyé des forces militaires en Moldavie, en les maquillant comme des soldats moldaves, pour faire de ce pays un nouveau front anti-Russie. La Moldavie, une ancienne république soviétique, a en effet deux particularités : tout d’abord, elle n’est pas membre de l’OTAN, ensuite elle fait face à une petite région séparatiste pro-Russie, la Transnistrie.

Il y a d’ailleurs eu le 25 avril 2022 une attaque au lance-grenades contre le ministère de la Sécurité publique en Transnistrie, reflet de la tension actuelle, alors qu’il est tout à fait évident que l’établissement d’une « Nouvelle Russie » dans le Sud de l’Ukraine aboutirait, concrètement, à la Transnistrie.

On est ici dans une situation où la guerre en Ukraine est partie pour être une guerre prolongée, avec des implications militaires toujours plus grandes de part et d’autres. Cela semble confirmer la conception selon laquelle on a en fait une véritable guerre conventionnelle dont la forme est précisément d’éviter l’emploi de l’arme atomique.

Parce que là, on est lancé dans une démarche qui fait que la guerre en Ukraine va durer au moins jusqu’à l’été, voire littéralement pendant une année, ou en fait même plus, car on est dans une situation de crise, et on a donc un phénomène nouveau, propre à notre époque nouvelle.

D’ailleurs, s’il est beaucoup parlé de la date du 9 mai comme fête russe de la victoire sur le nazisme, avec la possibilité du début d’une sorte de fin négociée du conflit, il y a bien plus la possibilité que la Russie annonce plutôt son entrée officielle en guerre, lançant une mobilisation totale pour écraser l’Ukraine.

Car il ne faut pas perdre cet aspect essentiel. La Russie a réussi à lancer une guerre conventionnelle, en contournant l’opinion publique par une « opération spéciale », et sans modifier de manière centralisée son régime et son économie, comme c’est normalement le cas pour une guerre. La réussite du lancement d’une telle guerre peut très bien, en ce sens, devenir un tremplin nécessaire pour une entrée dans une guerre complète.

Cela montre l’importance de la guerre en Ukraine, annoncée ici sur Agauche.org depuis avril 2021, analysée en profondeur de manière régulière depuis. Chaque jour qui passe fait qu’on est en fait déjà dans une sorte de troisième guerre mondiale prolongée, propre à la situation historique.

La France, qui a notamment fourni à l’Ukraine des des obusiers automoteurs de 155mm Caesar, des missiles anti-aériens Mistral et des missiles anti-chars Milan, est ici en seconde ligne, juste derrière la superpuissance américaine et le Royaume-Uni, mais l’élection présidentielle étant désormais passée, les choses vont ici encore s’accélérer.

La France, exaspérante dans sa nature amorphe pétrie dans la société de consommation, n’échappera pas, de par sa nature de grande puissance lancée dans la bataille pour le repartage du monde, à l’instabilité provoquée par l’escalade militaire.

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Les États-Unis lancent leur grande opération anti-chinoise

Les discours sont de plus en plus agressifs et militaristes.

Nous cessons de le répéter ici. La grande actualité mondiale est la grande bataille pour le repartage du monde qui se dessine, avec comme aspect principal la concurrence entre la superpuissance américaine, dominante, et la superpuissance chinoise en devenir, son challenger.

La guerre en Ukraine ne fait qu’exacerber les tensions existantes, avec quasiment chaque jour un nouveau palier qui est franchi dans les hostilités. Les États-Unis, puissance hégémonique, notamment en raison de la puissance du dollar, exigent que le monde entier s’aligne sur son discours et ses intérêts. Ils exigent que tout le monde rejette l’invasion russe en Ukraine en faisant allégeance à l’OTAN. Ce que la Chine ne fait pas, bien au contraire.

Depuis le début, elle n’a pas condamné l’opération russe, ni mit en place de sanctions. Au Conseil de sécurité de l’ONU, la Chine s’abstient dès qu’il y a un vote condamnant la Russie. Alors les Américains tapent du poing sur la table et désignent de plus en plus ouvertement la Chine comme étant l’alliée de la Russie, et donc l’ennemie des États-Unis. Et par extension, de l’Union européenne.

Le 13 avril, il y a eu une déclaration marquante de la secrétaire d’État américaine au Trésor Janet Yellen, menaçant la Chine sur cette question. Tout simplement, elle menace la Chine de faire la même chose qu’avec la Russie, c’est-à-dire de l’exclure du système économique mondiale organisé autour du dollar et de l’idéologie du libre échange.

« L’attitude du monde à l’égard de la Chine et sa volonté d’embrasser une intégration économique plus poussée pourraient bien être affectées par la réaction de la Chine à notre appel à une action résolue contre la Russie. »

La Chine de son côté ne fait rien contre ces menaces, car cela sert ses intérêts de puissance challenger. On peut même dire que la Chine profite de la situation pour abattre ses cartes et avancer sur ses positions. Mardi 19 avril, le ministère des Affaires étrangères de la Chine a officialisé la signature d’un accord-cadre de coopération en matière de sécurité avec le ministre des Affaires étrangères des îles Salomon.

On est là en plein jeu des grandes puissances. L’archipel situé dans le Pacifique est minuscule, avec moins de 700 000 habitants, et dépend historiquement de la couronne d’Angleterre. Mais la Chine s’y positionne depuis des années, au grand dam de l’Australie, et il y a à chaque fois des reculs et des avancées, dans un sens ou dans l’autre.

Cette fois, c’est l’Australie qui perd, à tel point que son vice-Premier ministre Barnaby Joyce a dit de manière très significative : « Nous ne voulons pas d’un petit Cuba au large de nos côtes. » Alors les États-Unis s’en sont mêlés, car ils ne veulent évidemment pas d’une base avancée chinoise dans cette partie du Pacifique.

Les discours sont d’une grande violence, assumant totalement la question de la guerre. Une délégation américaine s’est rendue sur place et a communiqué vendredi 22 avril sur le fait que les États-Unis riposteraient « en conséquence » en cas de « présence militaire (chinoise) permanente » sur l’île.

Dans le camp américain, la France n’est pas en reste, avec le ministère des Affaires étrangères dénonçant « l’opacité des dispositions de l’accord » entre la Chine et les îles Salomon, dénonçant ouvertement les « ambitions chinoises comme acteur de la sécurité régionale », comme si la Chine était par définition un ennemi, quoi qu’elle fasse.

Et c’est comme cela chaque jour ou presque, avec à chaque fois un nouveau prétexte américain pour dénoncer le camp chinois, ou inversement un prétexte chinois pour s’affirmer comme puissance rivale du camp américain. Tout cela se renforce irrémédiablement, dans un tourbillon de propagande et d’escalades menant à la guerre.

Exemple marquant d’escalade, la DIA, l’agence américaine spécialisée dans le renseignement militaire à l’étranger, explique que la Russie et la Chine possèdent des lasers en mesure de neutraliser les satellites situés en orbite basse autour de la Terre, et bientôt seraient en mesure d’atteindre les satellites plus hauts, notamment le système GPS. La Chine de son côté assume tout à fait de travailler en ce sens. Tout comme la Russie, qui a déjà déployé un missile antisatellite avec un test en conditions réelles en novembre 2021.

De la même manière, la Chine pousse pour affirmer avoir les moyens de rivaliser avec les États-Unis, avec récemment la question d’une arme anti-navire de type hypersonique. Mardi 19 avril encore, des images d’un tel missile ont opportunément fuitées sur internet via des canaux chinois.

Cela est ensuite assumé dans la presse chinoise à destination occidentale, depuis Hong Kong, avec un analyste militaire chinois de Pékin vantant une capacité de déni et d’interdiction d’accès dans le but de contrer l’hégémonie navale américaine, ce qui sous-entend la capacité à détruire un porte-avion.

Puis il y a un chercheur à l’institut de science et de technologie militaire Yuan Wang, donc un personnage lié au régime chinois, qui explique que si la Chine communique là-dessus, c’est en fait pour empêcher Taïwan de s’imaginer que la situation mondiale est une opportunité pour elle. Ce chercheur dit :

« Pékin craint que l’assistance militaire américaine à l’Ukraine et une récente visite d’une délégation du Congrès américain à Taïwan ne fassent croire à Taipei que Washington pourrait fournir la même aide en cas de conflit entre le continent et Taïwan. »

C’est du billard à trois, quatre, cinq bandes. Les États-Unis font croire que la Chine a les capacités de faire ceci, alors que la Chine gonfle les muscles sur cela pendant que les Américains nient autre chose, pour enfoncer encore plus le clou sur un autre aspect, ce que la Chine reprend et déforme pour aller dans son propre sens, etc.

En tous cas, c’est pour l’instant surtout la guerre en Ukraine qui cristallise ces tensions, et il faut bien avoir conscience du fait que la situation est extrêmement tendue, que la rivalité entre les deux camps et de plus en plus assumée et irrémédiable.

Vendredi 22 avril, la vice-secrétaire d’État Wendy Sherman était à Bruxelles pour, avec les européens, mettre à nouveau la pression sur la Chine et dénoncer son soutien objectif à la Russie, parlant de « manipulation répétée de l’information par la Chine, notamment en propageant la désinformation de Moscou » sur la guerre en Ukraine.

Le camp américain est ultra agressif, n’acceptant aucune remise en cause du discours et de la vision des choses de l’OTAN. Mais ce n’est pas que de la diplomatie vague et lointaine, il y a des menaces concrètes.

Wendy Sherman a ouvertement parlé de possibilité de sanctions :

« Nous avons été très transparents (envers la Chine à propos de) ce que nous faisons (contre la Russie) en termes de sanctions, pour donner une idée du menu dans lequel nous pourrions choisir si la Chine décidait d’apporter un soutien matériel ».

De tels propos sont extrêmement grave, ils devraient faire la Une de l’actualité et être dénoncés massivement par la Gauche, vent debout contre la guerre mondiale et pour la paix entre les peuples.

Les États-Unis viennent directement sur le sol européen pour propager une hostilité hyper agressive contre la Chine et pousser presque ouvertement les Européens à l’affrontement. Mais il n’y a rien, absolument aucune opposition, la guerre mondiale se prépare tranquillement sans aucune remise en cause. Au contraire, tout porte à croire que ce sera bientôt l’Union sacrée pour la guerre, comme avant 1914. Cette fois pas contre l’Allemagne, mais la Chine. Avec la guerre contre la Russie comme première étape.

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Guerre

L’Ukraine entre LGBT et Azov, surarmée par l’OTAN

La nation ukrainienne est devenue un jouet.

Cet uniforme de l’armée ukrainienne avec une licorne n’est pas une mauvaise blague. C’est un écusson officiel. Car contrairement à ce que raconte, dans un texte délirant de bout en bout, des libertaires sur les LGBTQ+ en Ukraine (« Deux poids, deux mesures : racisme, transphobie et patriarcat au travers de la guerre en Ukraine« ), changer de « genre » est reconnu par l’État ukrainien et il y a tout un espace de propagande au sujet des LGBTQ+ participant à l’armée ukrainienne.

Ce qui est tout à fait cohérent, puisque la constitution ukrainienne affirme la nécessité de rejoindre l’Union européenne, dont l’idéologie LGBTQ+ est une composante. La ministre de l’Intérieur allemande, Nancy Faeser, vient d’ailleurs tout juste de formaliser l’autorisation de présenter systématiquement, sauf pour les dates nationales importantes, les drapeaux LGBTQ+ sur les bâtiments nationaux. Cela fait partie du panorama et les tenants de cette idéologie ne sont que les partisans du turbo-capitalisme.

On se demandera comment cela conjugue avec le fait que dans l’armée ukrainienne, les nazis d’Azov jouent un rôle particulièrement significatif. Rappelons que leur symbole emprunte directement à l’iconographie nazie, avec la « wolfsangel », le « soleil noir » de la SS ayant été mis de côté.

C’est facile à comprendre. Les LGBTQ+ représentent l’idéologie du turbocapitalisme, facilitant le développement du capitalisme en Ukraine. Mais l’Ukraine est en même temps un pays du tiers-monde. Aussi, pour asseoir sa domination, les grandes puissances appuient les forces en quelque sorte néo-féodales. D’où le soutien occidental, notamment américain et canadien, à Azov, qui profite du matériel militaire de pointe.

Cela n’a aucune cohérence, mais il s’agit pour les grandes puissances occidentales de jouer sur tous les tableaux, en attendant la suite.

LGBTQ+ et couleurs bandéristes, tout un programme

C’est, si l’on veut, un investissement, comme lorsque la superpuissance américaine fournit, depuis le début de l’invasion russe, 1,7 milliard de dollars d’armements à l’Ukraine, et qu’elle décide, le 14 avril 2022, d’en ajouter pour 800 millions de dollars.

On parle ici de 18 obusiers d’artillerie avec 40 000 obus, de 300 drones suicides Switchblade 300/600, de 500 missiles antichar Javelin, de drones maritimes de défense côtier, d’explosif plastique C-4, de mines anti-personnelles M18A1 Claymore… De 10 radars de contre-batterie AN/TPQ-36, de 10 radars courte portée AN/MPQ-6, de 200 véhicules blindés de transport de troupe M113, de 100 véhicules légers de transport de troupes HMMWV/Humvee, de 11 hélicoptères de transport moyen Mi-17…. De 30 000 packs d’infanterie comprenant un casque et un gilet pare-balles, de 2 000 systèmes optiques de télémétrie laser.

Ou comme lorsque Anne Hidalgo, en première ligne pour l’OTAN, annonce un soutien à la ville de « Kyiv », au lieu de Kiev, conformément à la demande du régime ukrainien suivi par les médias anglo-saxons ou encore le quotidien français Libération.

Ou lorsque l’armée britannique fournit des missiles de haute précision Neptune et des équipes pour les gérer à l’armée ukrainienne, qui sont sans doute à l’origine de la destruction le 14 avril 2022 du navire militaire Moskva, un croiseur lance-missiles navire amiral de la flotte de la mer Noire.

On notera que c’est là un choix subtile des Britanniques, puisque le navire Moskva est connu pour l’affaire de l’île des Serpents. On se souvient de ces soldats ukrainiens lui disant « d’aller se faire f. » avant de se faire bombarder. C’était de la propagande, car en réalité ils se sont rendus. Ce qui n’empêche pas le régime ukrainien de les récupérer lors d’un échange de prisonniers, de leur remettre une décoration, de faire un timbre au sujet de cette histoire.

La sortie du timbre juste avant que le navire russe ne soit coulé montre comment le soutien de l’OTAN est à la fois militaire et fondé sur les opérations psychologiques.

Un story telling impeccable mis en place par l’OTAN

En tout cas, ce qui risque de ressortir ici, c’est un prétexte pour la Russie d’annoncer officiellement la guerre, donc de mobiliser en masse, et surtout de se « permettre » désormais une annexion de la Nouvelle-Russie, qu’il aurait été difficile de justifier dans le cadre d’une « opération spéciale ».

La superpuissance américaine le sait, d’où les accusations de « génocide » à l’encontre de la Russie, alors que dans de nombreux pays de l’Est les responsables disent que la Russie est pire que l’Allemagne nazie, etc.

Alors, aussi, que pour la première fois un représentant occidental est allé rendre visite à Vladimir Poutine le 11 avril 2022. Le chancelier autrichien Karl Nehammer, dont le pays est un satellite allemand, venait d’aller voir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lui assurant d’un soutien moral, quand il s’est précipité par surprise deux jours après à Moscou.

Car pour l’Allemagne, hors de question de stopper le gaz russe. L’économie allemande serait totalement plombée, comme l’économie autrichienne. Si en plus on ajoute à cela que l’oligarchie russe est à Vienne comme un poisson dans l’eau, qu’il est bien connu que l’Autriche est un porte-avions de l’espionnage russe avec même son ministère de la défense considéré comme une annexe du GRU (la direction générale des renseignements de l’État-Major russe des Forces armées)…

Il y a ici à l’arrière-plan les contradictions entre grandes puissances, alors que la bataille pour le repartage du monde fait déjà rage, qu’elle prédomine toujours plus à tous les niveaux dans tous les pays du monde, faisant de ceux-là des acteurs ou des victimes, voire des victimes utilisées comme acteurs telle l’Ukraine.

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Guerre

Joe Biden parle de « génocide » pour justifier la guerre à la Russie

Un mot galvaudé désormais qui justifie tout.

L’administration américaine a franchi un nouveau cap mi-avril 2022, par la voix du président Joe Biden qui a lancé l’accusation de « génocide » de la part de la Russie en Ukraine. Selon lui, même si « les avocats au niveau international trancheront sur la qualification de génocide », pour lui cela en est.

Jusqu’à présent, seul le régime nationaliste ukrainien utilisait ce terme, qui est en fait constitutif de son idéologie fasciste anti-russe, et qui n’a rien de nouveau. Il était parlé de « génocide » bien avant l’invasion militaire.

Notons d’ailleurs que la Russie n’est pas en reste sur ce genre de propos. En décembre 2021, Vladimir Poutine expliquait au sujet de l’Ukraine à une réunion du Conseil des droits de l’homme :

« Je dois parler de la russophobie comme d’un premier pas vers un génocide. C’est ce qui se passe en ce moment dans le Donbass, nous le voyons bien, nous le savons. »

Tant les Russes que les Ukrainiens sont dans un récit, servant à mobiliser leur population dans le sens de la guerre, en forçant les traits à partir de réalités. Mais les Américains agissent ici de manière extérieure, avec un propos censé avoir autorité internationalement.

Autrement dit, si le président américain utilise le mot « génocide », en disant qu’il est « de plus en plus clair que Poutine essaie simplement d’effacer l’idée même de pouvoir être Ukrainien », cela devient une accusation très sérieuse, et donc très grave.

C’est tellement brûlant que le président français Emmanuel Macron, en campagne pour sa réélection, a dû prendre de la distance avec une accusation aussi grave et engageante. En pleine élection, il doit prendre des pincettes pour ne pas que cela lui explose à la figure, alors il préfère être « prudent » avec les mots, expliquant au passage, ce qui est tout à fait vrai, que les peuples ukrainiens et russes sont des peuples frères.

Parler de génocide, c’est affirmer qu’il y a une tentative d’extermination d’une population tout entière, y compris les civils désarmés dont les femmes et les enfants, au-delà de tout objectif militaire, économique, politique. C’est, autrement dit, un massacre volontaire et planifié.

Il existe une convention internationale sur le génocide, qui le définit très clairement en insistant notamment sur la notion d’intention, qui est forcément très difficile à établir.

L’ONU explique à ce sujet :

« Pour qu’il y ait génocide, il faut démontrer que les auteurs des actes en question ont eu l’intention de détruire physiquement un groupe national, ethnique, racial ou religieux. La destruction culturelle ne suffit pas, pas plus que la simple intention de disperser un groupe. C’est cette intention spéciale, ou dolus specialis, qui rend le crime de génocide si particulier.

En outre, la jurisprudence associe cette intention à l’existence d’un plan ou d’une politique voulue par un État ou une organisation, même si la définition du génocide en droit international n’inclut pas cet élément. »

Absolument rien ni personne ne permet d’affirmer en avril 2022 que la Russie procède à une telle ignominie en Ukraine actuellement, malgré les nombreuses tentatives faites par le régime ukrainien de présenter clefs en main pour les médias occidentaux des récits de crimes de guerre. La guerre russe en Ukraine est ignoble, par définition. Mais tout autant que la guerre en Syrie, au Yémen, la guerre américaine en Irak, etc.

Il est évident que l’accusation américaine, suivi par le Canada et son premier ministre Justin Trudeau qui a emboîté le pas à Joe Biden, n’est en réalité qu’un prétexte cynique pour faire monter les tensions. L’accusation de génocide est très utile à la propagande anti-Russie et l’opération psychologique pro-guerre de la part des États-Unis.

Mais surtout, l’accusation de génocide est très utile pour justifier a priori les interventions militaires, en cherchant le consentement international. L’ONU prévoit en effet, via son Bureau de la prévention du génocide et de la responsabilité de protéger, une sorte d’autorisation à l’intervention, et ce qui peut en tous cas très bien être un prétexte à l’envoi d’armes lourdes modernes.

L’accusation américaine a lieu justement au moment où l’armée russe est sur le point d’accomplir un objectif militaire majeur avec la prise totale de la ville de Mariupol, le grand port industriel ukrainien. Le ministère de la Défense russe a communiqué le 12 avril 2022 sur la réédition de 1026 marins de la 36e brigade de la marine ukrainienne, qui étaient retranchés dans une zone industrielle, totalement coupés depuis plusieurs semaines du restes de l’armée ukrainienne.

Les États-Unis ne veulent clairement pas de la fin du conflit en Ukraine, et encore moins de victoire russe, même partielle. Alors ils font tout pour pousser le peuple martyr d’Ukraine dans une bataille déséquilibrée et sanglante contre l’armée Russe. De nouvelles livraisons d’armes ont donc été annoncées, marquant de plus en plus ouvertement la participation de l’OTAN à cette guerre.

La campagne américaine au sujet d’un pseudo « génocide » relève de cela. Joe Biden a ainsi présenté mercredi 13 avril une nouvelle aide militaire de 800 millions de dollars, avec des équipements lourds, « de nouvelles capacités », parlant de systèmes d’artillerie, de transports blindés, d’hélicoptères.

Et la France est alignée sur cette escalade militaire. Elle fait partie du problème, pas de la solution, parce qu’elle est une grande puissance participant à la grande bataille du repartage du monde. La France, qui a déjà livré plus de cent millions d’euros d’équipements militaires selon la ministre des Armées, a parlé de « capacités militaires additionnelles » pour bientôt, avec notamment armements et munitions.

On sait qu’à l’arrière-plan, il y a l’affrontement prévu entre la superpuissance américaine, qui dispose de l’hégémonie mondiale, et son challenger chinois. La première vise désormais la seconde directement la seconde sur la question russe. La secrétaire américaine au Trésor a ni plus ni moins que menacé la Chine :

« L’attitude du monde envers la Chine et sa volonté d’embrasser une intégration économique plus poussée pourraient bien être affectées par la réaction de la Chine à notre appel à une action résolue contre la Russie ».

Le but de la superpuissance américaine, c’est d’affaiblir ses alliés européens, pour ne pas qu’ils lui fassent d’ombre, et de soumettre la Chine. Car l’actualité internationale est de plus en plus ouvertement celle d’une grande guerre pour le repartage du monde, avec la constitution de deux blocs distincts et hostiles.

Et tous les moyens sont bons de la part des belligérants pour pousser à des interventions militaires, les justifier ou les faire accepter par la population, les préparant toujours plus aux futurs inévitable conflits.

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Guerre

L’OTAN passe un nouveau cap dans la propagande anti-russe

La propagande belliciste est acharnée.

Une fresque soviétique, à kramatorsk.

La superpuissance américaine et son appendice militaire qu’est l’OTAN poussent de plus en plus ouvertement à la guerre contre la Russie. Cela est évident depuis plusieurs semaines, mais il faut maintenant parler d’un tournant depuis le vendredi 8 avril 2022.

Il y a eu ces derniers jours un matraquage anti-russe extrême, avec des accusations de génocide ; c’est ni plus ni moins que la propagande du régime nationaliste ukrainien qui est reprise mot pour mot, pour faire monter la tension et préparer l’opinion publique à la guerre. Un nouveau cap a été franchi avec le bombardement de la gare de Kramatorsk.

Il faut s’imaginer ici une scène d’horreur totale, avec la mort de dizaine de civils, dont des enfants, tentant de fuir la guerre, l’intérieur et l’entrée de la gare étant couverts de sang, du mobilier carbonisé, des bagages abandonnés, des débris partout.

Le président américain a immédiatement attribué la responsabilité de ce bombardement à la Russie, accusée d’avoir volontairement visé des civils :

« L’attaque d’une gare ukrainienne est une nouvelle horrible atrocité commise par la Russie, frappant des civils qui tentaient d’évacuer et de se mettre en sécurité ».

Le sous-entendu est toujours le même, c’est que la Russie procéderait à un génocide, visant systématiquement le peuple ukrainien. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ainsi parlé à propos gare de Kramatorsk d’un « mal sans limite », avec au passage un discours absolument délirant sur l’armée russe qui refuserait le combat militaire par lâcheté :

« Sans la force et le courage de nous affronter sur le champ de bataille, ils détruisent cyniquement la population civile. C’est un mal qui n’a pas de limite. Et s’il n’est pas puni, il ne s’arrêtera jamais ».

On a dans la foulée tout le camp pro-américain qui se rallie à ce discours, sans aucune réserve. Les chefs des gouvernements britannique et allemand ont dénoncé communément la Russie lors d’une conférence de presse, parlant pour l’un de « crimes de la Russie en Ukraine » et pour l’autre de bombardements « épouvantables ».

Le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell y est également allé sans réserve :

« Je condamne fermement l’attaque aveugle de ce matin contre une gare à Kramatorsk par la Russie, qui a tué des dizaines de personnes et fait de nombreux blessés ».

Mais c’est à la France qu’a été attribué la responsabilité de faire passer un cap aux accusations. En effet, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian est allé extrêmement loin en parlant, sur une chaîne de la télévision publique française, de « crime contre l’humanité ».

« Les autorités ukrainiennes avaient appelé la population à évacuer – notamment par trains – dans la crainte d’une offensive russe pour prendre le contrôle de la région du Donbass. C’est à ce moment-là qu’ils tapent la gare, sur des réfugiés, donc sur des civils, donc ça répond aux crimes contre l’humanité. »

Le « ils » désigne ici ouvertement la Russie, puisque que le ministre avait introduit son propos en expliquant que « la guerre russe se poursuit, avec ses exactions ».

Jean-Yves Le Drian a ensuite parlé de Cour pénale internationale, expliquant (ce qu’Emmanuel Macron a confirmé également), que la France allait envoyer rapidement du personnel militaire en Ukraine pour établir un dossier en ce sens.

C’est ici un point de non-retour qui est franchi, un basculement évident. Comment la Russie peut accepter une telle accusation, la pire des accusations, de la part de la France et du camp américain ? C’est impossible, et ce qui est visé ici est ouvertement la provocation afin de pousser la Russie à la faute et justifier une intervention de l’OTAN.

Il faut ici bien sûr préciser à propos de la gare de Kramatorsk que la Russie a immédiatement démenti, parlant de provocation ukrainienne. Voici ce qu’affirme le ministère russe de la Défense, en précisant que le missile a été tiré depuis Dobropillia :

« Le but de la frappe orchestrée par le régime de Kiev sur la gare ferroviaire de Kramatorsk était d’empêcher le départ de la population de la ville afin de pouvoir l’utiliser comme bouclier humain ».

On peut très bien se dire qu’il n’y a pas plus de raison de croire le régime russe, coupable d’invasion, que le régime nationaliste ukrainien. Mais justement, cela marche dans les deux sens et la France n’a, au sens strict, absolument pas le droit d’accuser unilatéralement la Russie de crime contre l’Humanité pour cette attaque, sans preuve aucune.

Il faut ici beaucoup de sérieux et de hauteur pour bien saisir l’enjeu qu’il y a derrière cette accusation. En effet, l’attaque n’a pas eu lieu dans l’Ouest de l’Ukraine, mais dans le Dombass, une région russophone considérée par la Russie comme relevant de la grande-Russie, avec une population considérée comme devant rejoindre la Russie en étant libéré du joug occidental et nationaliste ukrainien.

Une grande partie du Donbass justement est depuis 2014 séparée de l’Ukraine, et la ville de Kramatorsk était par contre la capitale de la partie du Donbass encore sous-contrôle ukrainien, après des combats acharnés entre les deux camps. Sauf que la ville est justement sur le point de tomber. La population fuit les combats à venir, alors que l’OTAN elle-même explique que la conquête de l’intégralité du Donbass par la Russie est l’actualité de ces prochains jours.

C’est ce qu’a présenté en détail le secrétaire général de l’OTAN mardi 5 avril, en parlant d’une « phase cruciale de la guerre » avec le redéploiement quasi total de l’armée russe à l’Est du pays. Ce que cela sous-entend également, c’est l’écrasement de l’armée ukrainienne, avec une sorte de mâchoire militaire russe se refermant sur elle précisément dans cette région.

Il faut bien voir également que, depuis 2014, l’armée ukrainienne bombarde sans relâche l’autre partie du Donbass, et que la Russie accusait justement celle-ci d’avoir accentué les tirs avant l’invasion de février, et de préparer une opération militaire massive. On en pense ce qu’on veut là encore, mais c’est un élément à prendre en compte dans les accusations.

Comme le fait que l’armée russe explique, de manière très détaillée, comment les militaires ukrainiens (notamment les bataillons de nationalistes fanatiques) se cachent au milieu de la population civile dans la ville (ultra-statégique) de Marioupol, et qu’il faut donc pour l’armée russe procéder à un siège quasiment maison par maison, appartement par appartement.

Jean-Yves Le Drian, qui affirme que la Russie est coupable de crime contre l’Humanité avec l’attaque de la gare Kramatorsk, n’a aucune preuve. Mais surtout, il n’a aucune raison objective à avancer pour expliquer un tel crime de la part de la Russie. A moins de reprendre la propagande délirante et fanatique du régime ukrainien, qui multiplie les mensonges et affirmations délirantes depuis le début de l’invasion.

Quel est l’intérêt pour la Russie de massacrer ainsi une population qu’elle prétend libérer, alors justement qu’elle a plutôt intérêt à ce que la population civile fuit justement massivement pour opérer directement contre l’armée ukrainienne ? De surcroît, de le faire avec un missile de facture assez ancienne, avec écrit dessus « за детей », soit « Pour les enfants » (ou plus exactement « Au nom des enfants »).

Cela est difficilement explicable. On ne peut pas, par principe, écarter l’éventualité d’une frappe russe, mais elle n’est pas plus probable que celle de la provocation nationaliste ukrainienne, ou encore de la possibilité d’un accident de guerre avec un missile ne causant pas les dommages prévus initialement. Mais là n’est pas la question, en vérité, malheureusement.

L’accusation de crime de guerre contre la Russie n’est que le prétexte à une propagande de guerre acharnée. Ce qu’il y a en jeu, c’est ni plus ni moins qu’une vaste opération psychologique, médiatique pour justifier une entrée en guerre contre la Russie. Les dirigeants américains, français, allemands, britanniques, slovènes, polonais, n’en ont rien à faire de la population du Donbass, ils n’en ont rien à faire de l’Ukraine. Leur seule actualité est la bataille pour le repartage du monde, et la place du bloc formé par la superpuissance américaine dans cette bataille, avec la Russie sur leur chemin.

La Russie est dorénavant unilatéralement un ennemi de l’OTAN, il n’y a quasiment plus d’autre issue que la guerre.

C’est le sens de l’arrivée de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à Boutcha puis à Kiev, pour expliquer que l’Ukraine allait intégrer bientôt l’Union européenne, tandis que la Russie est « menacée de décomposition économique, financière et technologique « .

C’est le sens de l’officialisation vendredi 8 avril 2022 de la fourniture par la Slovaquie de système de défense anti-aérien S-300, immédiatement saluée par Joe Biden qui en échange a fourni des batteries de défense antimissiles américains.

C’est le sens du renforcement de l’aide militaire britannique à l’Ukraine (missiles antichars et antiaériens), justifiée par l’attaque « inconsciente » de la gare de Kramatorsk. C’est le sens de la déclaration, quasiment une déclaration de guerre à la Russie, du président américain :

« Nous poursuivrons notre assistance en matière de sécurité et nos livraisons d’armes pour aider l’Ukraine à défendre son pays. Et, avec nos alliés et partenaires, nous soutiendrons les efforts pour enquêter sur cette attaque tout en documentant les actions de la Russie et en la tenant responsable. »

Dans le même registre belliqueux, Joe Biden a également expliqué dans un communiqué :

« Tandis que les forces russes se repositionnent pour la prochaine phase de cette guerre, j’ai demandé à mon administration de continuer de ne ménager aucun effort pour identifier et fournir à l’armée ukrainienne les armes modernes dont elle a besoin pour défendre son pays ».

La Gauche doit se réveiller, il y a urgence. La question de la troisième guerre mondiale n’est pas une spéculation théorique lointaine, mais une terrible actualité qui se dessine. Il faut dénoncer l’OTAN, l’armée française, il faut combattre les va-t-en-guerre, il faut affirmer haut et fort l’internationalisme prolétarien. Guerre à la guerre, le drapeau rouge levé : tel doit être le mot d’ordre.

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Ukraine : ni « campisme » ni relativisme, l’ennemi c’est l’OTAN

L’ennemi, c’est son propre capitalisme.

Il existe deux écueils à éviter fondamentalement au sujet de l’intense propagande belliciste que font les médias français, qui reprennent mot pour mot ce que l’Ukraine leur propose, c’est-à-dire le régime ukrainien, et plus précisément encore le régime ukrainien avec une horde de conseillers de l’OTAN.

Le premier, c’est de tomber dans le « campisme », de considérer qu’il n’existe qu’une seule force négative historiquement, la superpuissance américaine. Cette erreur pousse à trouver tout ce qui est anti-américain forcément vrai et juste, à considérer qu’il existe un vaste « camp » objectivement « anti-impérialiste » au-delà des conceptions différentes (Cuba, l’Iran, la Syrie, la Chine, la Corée du Nord, etc.). Un exemple parlant de cela est le site investigaction, et toute la scène nostalgique du PCF des années 1970-1980 est sur cette ligne.

Le second, c’est de pratiquer le relativisme, de dire que tant un côté que l’autre sont à combattre, et qu’il faut par conséquent ne rien faire, ou du moins affirmer soutenir l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre. Cette erreur pousse à se mettre à la remorque de son propre capitalisme, qui est partie prenante du conflit sans l’être officiellement. Un exemple parlant de cela est l’Union Communiste Libertaire et en général la scène politique marquée par l’anarchisme ou le trotskisme ; c’est également dans une version plus opportuniste encore celle de La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon (les députés européens Manon Aubry, Anne-Sophie Pelletier, Emmanuel Maurel, Leïla Chaibi, Manuel Bompard et Younous Omarjee ont voté le premier mars 2022 un texte européen appelant à des sanctions contre la Russie, une aide militaire à l’Ukraine, un renforcement régional de l’OTAN).

La seule ligne juste, c’est de dire que la Russie est l’agresseur, qu’il faut soutenir la nation ukrainienne… Mais que le régime ukrainien est entièrement un outil de l’OTAN qui a des visées impériales aux dépens de la Biélorussie, de la Russie.

Comme la France est dans l’OTAN, et qu’on est en France, alors soutenir l’Ukraine comme nation indépendante… C’est combattre l’OTAN. Les tâches de la Gauche authentique dans chaque pays dépend des conditions objectives. De la même manière qu’en Russie il faut combattre la guerre d’invasion… En France il faut refuser les sanctions et les livraisons d’armes à l’Ukraine.

C’est un paradoxe pour qui ne perçoit pas le jeu contradictoire des inter-relations entre les puissances. Mais c’est cela faire de la politique au sens réel du mot.

Il faut pareillement ne pas croire et ne pas faire aux confiances aux médias français dont les activités, par définition même, sont au service du capitalisme et de ses entreprises bellicistes. Il faut comprendre que le capitalisme est un bloc. On ne peut pas le contourner. On ne peut pas faire confiance au capitalisme et encore moins à son propre capitalisme. Ce serait de la corruption, comme en 1914.

Les pro-OTAN l’ont bien compris, ou plutôt ils ont parfaitement senti le moment, ils ont compris qu’il y avait un signal lancé avec le prétendu massacre de Bucha, utilisé de manière entièrement politique, tel un signe pour l’offensive belliciste anti-Russie. Il est appelé à livrer des armes, à faire intervenir l’OTAN, à renverser le régime russe…

C’est concrètement une opération psychologique. C’est un processus réfléchi, calculé, mis en place. L’OTAN, c’est aussi cela. Ne pas le comprendre, c’est ne pas comprendre ce qu’est l’OTAN. Ce n’est pas qu’une alliance militaire. C’est une unité politico-militaire : pour rentrer dans cette structure, il faut prêter allégeance au niveau de l’organisation des institutions et de la société auprès de la superpuissance américaine.

Toutes les initiatives de l’OTAN correspondent à l’agenda de cette dernière, en intégrant de manière contradictoire les intérêts des autres membres. Toutes les institutions et les médias servent ces initiatives, particulièrement dans un moment de crise comme nous le vivons.

Aussi, parler de l’Ukraine, soutenir l’Ukraine, c’est dénoncer et combattre l’OTAN, ainsi que l’Union européenne entièrement alignée sur elle. Et c’est l’aspect principal.

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Guerre

Le pape en première ligne pour la guerre contre la Russie avec son drapeau militaire ukrainien

La convergence avec un camp est totale.

Pour comprendre pourquoi le pape est en première ligne contre la Russie, il y a deux points essentiels à saisir. Le premier, c’est que l’Ukraine est, pour caricaturer, coincée entre deux puissances principales historiquement dans la région, la Pologne et la Russie.

Contrairement au discours larmoyant d’une Pologne toujours martyre, celle-ci a en réalité été une très grande puissance, de 1569 à 1795, dans le cadre de la « république des Deux Nations » avec la Lituanie. Les Polonais entrent même dans Moscou en 1610.

L’Ukraine est alors coincée entre la Pologne, qui met le catholicisme romain en avant, et la Russie qui utilise de son côté le catholicisme orthodoxe. Il faut à cela ajouter les incursions tatares ; historiquement les incursions musulmanes feront des millions d’esclaves dans cette partie du monde.

Ce moment historique est raconté par Gogol, dans son fameux roman Taras Boulba, avec les cosaques. Le fameux tableau d’Ilia Répine, Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie, montre justement les cosaques en train de rejeter les prétentions de l’empire ottoman, dans le cadre d’une prétendue demande de reddition.

Encore est-il que l’Ukraine, historiquement, a fini par basculer du côté de la Russie et de la religion catholique orthodoxe, au grand dam de certaines figures historiques secondaires désormais principales dans les manuels d’histoire ukrainien.

Comme cependant la partie tout à l’ouest était sous occupation autrichienne, puis polonaise (jusqu’en 1939 puis 1945), le catholicisme romain a pu s’y développer librement. Et depuis que le régime ukrainien est passé de la tutelle russe à la tutelle américaine en 2014, il existe un mouvement ukrainien de formation d’une Église orthodoxe ukrainienne entièrement séparée de la Russie.

Ces deux tendances sont convergentes. Pour cette raison, l’Église catholique orthodoxe russe soutient entièrement l’invasion de l’Ukraine au nom d’une mission de la « Sainte Russie » (on trouvera une explication du texte officiel de cette Église dans l’article « Le sens du ralliement de l’Église russe à la guerre menée en Ukraine » de la revue au format pdf Crise n°20).

L’Église catholique romaine met tout autant les bouchées doubles, voyant dans la présente situation un moyen de se propulser en Ukraine, appuyée ici bien entendu surtout par la Pologne, qui compte bien profiter de l’Ukraine comme satellite, afin de réussir ce qui a été raté historiquement il y a plusieurs centaines d’années.

Le pape François a donc régulièrement soutenu le régime ukrainien depuis l’invasion russe, et le 6 avril 2022 il a largement médiatisé sa dénonciation de la « cruauté de plus en plus horrible, perpétrée même contre des civils sans défense, des femmes et des enfants » à Boucha, reprenant toute l’argumentation du camp occidental, sans preuves ni rien, dans une vaste orchestration visant à la mobilisation générale pour la guerre à la Russie.

En présence d’enfants réfugiés, il a également mis en avant un drapeau qu’on lui a amené de Boucha. On y voit une croix… mais ce n’est pas la croix catholique. C’est la croix dite cosaque, employée par l’armée ukrainienne.

La croix est également entrecroisée d’une épée (un peu courbée) et d’une masse d’armes, ce qui est également typique de l’armée ukrainienne. On n’arrive pas à lire ce qu’il y a marqué sur le drapeau, sauf les deux derniers mots : « cent Maidan ». Maidan fait référence à la « révolution » de 2014, du nom de la place à Kiev.

L’Église catholique romaine est une institution très bien gérée. Elle est idéaliste et décadente, mais elle sait ce qu’elle fait. Il ne peut pas y avoir de hasard à ce drapeau. Et il en dit long. L’Église catholique romaine est manipulatrice dans ses discours, s’adaptant selon les pays, et cherchant à s’imposer comme étant une composante « organique » de chaque pays en particulier. Là l’Église catholique romaine se pose comme élément du conflit, pour en récolter les fruits après la victoire militaire espérée.

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Culture Société

Nihilisme anti-russe : un tableau de Degas rebaptisé « ukrainien » par la National Gallery de Londres

C’est simplement du fanatisme belliciste.

La National Gallery est en quelque sorte l’équivalent du musée du Louvre, version britannique. Elle possède un tableau du peintre français Edgar Degas, Danseuses russes, peint vers 1899, d’ailleurs non exposé. En raison de la guerre en Ukraine, la National Gallery a pris l’initiative de renommer le tableau, dans une relecture forcée et artificielle de l’Histoire. Ce sont désormais des « danseuses ukrainiennes ».

On ne peut pas ici montrer le tableau, car si le musée est gratuit, la reproduction des œuvres ne l’est pas, le capitalisme ayant conquis ce domaine également. On peut voir le tableau ici ; on remarquera alors que les danseuses ont dans les cheveux et sur les jupes des danseuses des rubans bleus et jaunes. C’est le prétexte pour la National Gallery pour dire que les danseuses sont en fait ukrainiennes. Officiellement, cela répond à une demande de Tanya Kolotusha, une Ukrainienne vivant à Londres.

C’est là un exemple de nationalisme, de bellicisme, de décadence des institutions bourgeoises, et donc de barbarie et de nihilisme. Pour deux raisons. Tout d’abord, on ne peut pas renommer un tableau dont le titre a été choisi par son réalisateur. Cela n’a pas de sens. On peut faire une précision, un panneau critique à côté de l’œuvre, mais on ne décide pas arbitrairement de réécrire l’Histoire.

Ensuite, il y a la nature du tableau en lui-même. Car il ne faudrait pas croire qu’Edgar Degas, en peintre réaliste, s’est promené dans les contrées paysannes ukrainiennes à la fin du 19e siècle pour faire un portrait du peuple. Edgar Degas est un impressionniste parisien, qui n’en fait qu’à sa tête. Le quotidien Le Figaro se moquait de lui ainsi en 1877 :

« Essayez donc de faire entendre raison à M. Degas ; dites-lui qu’il y a en art quelques qualités ayant nom : le dessin, la couleur, l’exécution, la volonté, il vous rira au nez et vous traitera de réactionnaire. »

Et l’une de ses sources d’inspiration pour ses œuvres impressionnistes, ce sont les danseuses de l’opéra. Voilà où Edgar Degas a vu les danseuses russes et d’ailleurs il y a plusieurs tableau de danseurs russes. Car Edgar Degas s’était focalisé sur ce thème. Cela est présenté ainsi par le site du ministère français de la culture L’Histoire par l’image, dans l’article Degas et la célébration de la danse féminine à l’opéra :

« Peintre des danseuses » : ainsi Manet définit-il Degas dans une lettre adressée à Fantin-Latour en 1868, anticipant d’une dizaine d’années le jugement des critiques ; ainsi est-il encore connu aujourd’hui en raison du grand nombre d’œuvres qu’il a consacrées à ce sujet de 1860 jusqu’aux années 1890.

Degas ne partage pourtant pas, à l’égard des danseuses, l’admiration intéressée de la plupart des habitués de l’Opéra, notamment des riches abonnés. Si le peintre insiste auprès de l’administration du théâtre pour obtenir l’abonnement annuel à trois soirées hebdomadaires, partageant les frais – et la place – avec des amis, et s’il se réserve le très convoité droit d’accès aux coulisses et au foyer de la danse, ce n’est pas pour des aventures galantes.

Degas est fasciné par le monde des danseuses et le représente tel qu’il est, sans tomber dans le voyeurisme ou dans les préjugés qu’il suscite dans la société de son temps. Comme il peut assister aux classes, aux répétitions, aux spectacles et au repos des danseuses et que, de plus, il en invite souvent dans son atelier, Degas connaît bien leurs habitudes et leur milieu de travail, le dur entraînement caché derrière les gestes légers et élégants et les sourires affichés sur la scène.

Ce que cela implique, c’est qu’il y a une très faible probabilité pour que ces danseuses aient été ukrainiennes. La danse était déjà en Russie une activité extrêmement développée, le ballet russe était déjà professionnel. Comme l’Ukraine paysanne était marginalisée et exploitée dans l’empire russe, il y a peu de chances matérielles qu’elle ait pu envoyer des danseuses. Il y a par contre bien plus de chances que ce soit des danseuses russes, de Moscou ou de Saint-Pétersbourg, célébrant un aspect culturel, ukrainien, de l’empire russe…

Mais raisonner ainsi c’est déjà raisonner et on sort de ce qu’a fait la National Gallery, qui se place simplement en convergence avec le bellicisme délirant du Royaume-Uni. Tous ces gens qui travaillent dans la culture sont formés par le capitalisme, ils ont des mentalités capitalistes, et ils se précipitent toujours pour être en phase avec le capitalisme.

On a un exemple français parlant avec l’orchestre philharmonique de Strasbourg qui, devant jouer Stravinski, Rachmaninov et Prokofiev, a début mars 2022 supprimé les titres des représentations « De Paris à Moscou », « Esthétiques russes » et « Maîtres russes ».

C’est là directement servir les grandes puissances voulant dépecer la Russie et, pour pouvoir le faire, il faut prétendre qu’elle n’a jamais vraiment existé.  C’est du nihilisme et cela correspond à la réécriture fasciste de l’Histoire.

La directrice générale de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg a justifié cette décision en expliquant :

« Il y a des mots qu’on ne peut plus manier aujourd’hui sans provoquer un risque de controverse. Que se serait-il passé si on avait affiché partout en ville un concert intitulé « Maîtres russes » ? Je pense que cela n’est plus à propos dans le contexte géopolitique actuel. »

Marie Linden, directrice générale de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, ce n’est pas n’importe qui. Sa ville est parsemée d’affiches de son orchestre. Et elle fait de la « géopolitique » . Et elle a décidé : les maîtres russes n’en sont plus, l’esthétique russe n’est ni esthétique ni russe, Moscou est un mot banni.

A part ça, ni elle ni la National Gallery ne sont dans le fanatisme anti-Russie, non, pas du tout !

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Société

Les réactionnaires poussent en France à la guerre contre la Russie

Ils convergent avec l’OTAN en prenant comme prétexte le « génocide ».

Un yacht d’une valeur de 90 millions d’euros a été saisi aux Baléares. Il y a en effet le soupçon qu’il appartienne à l’oligarque russe Viktor Vekselberg. Celui-ci n’est pourtant pas visé par les sanctions de l’Union européenne. Mais la saisie s’est faite à la demande du Département du Trésor des États-Unis, qui vise quant à lui cet oligarque depuis 2018, dans le cadre des sanctions américaines en général contre la Russie. Cela en dit long sur le rôle de la superpuissance américaine et sur son influence. Ce qu’elle décide est, peu ou prou, appliqué.

Et l’objectif américain est de faire tomber la Russie et de la démanteler. C’est tout à fait clair. La ligne de Donald Trump était de mettre la Russie de côté pour se focaliser entièrement sur la Chine, la ligne de Joe Biden est que le chemin à Pékin passe par Moscou. Dans ce cadre, l’Ukraine sert de chair à canon, d’une part, de levier militariste pour faire des pays européens de la chair à canon également, d’autre part.

L’accusation de « génocide » à l’encontre de l’armée russe contre la population civile de Boutcha concerne précisément le second aspect. Il s’agit d’une levée en masse politique et médiatique pour mobiliser l’opinion publique européenne en faveur de la guerre. L’objectif est de tout mettre en œuvre pour fragiliser, agresser la Russie, la faire vaciller, le faire tomber. Le moyen est le blocus généralisé – jusqu’à l’effacement culturel comme on l’a vu avec les auteurs et compositeurs russes passant à la trappe – et la fourniture massive d’armes, avec la tendance à aller le plus possible à l’intervention de l’OTAN en Ukraine.

La thèse de l’armée russe massacrant les civils ukrainiens est unanimement acceptée. Elle est reprise dans une grande convergence avec les intérêts de l’OTAN, car il n’existe pas de fausse naïveté : quand on reprend pour argent comptant ce que dit l’armée ukrainienne, on ne peut pas dire qu’on ne sait pas ce qu’on fait. Car la source, c’est l’armée ukrainienne, avec des médias directement inféodée à elle. Qui croit que les choses se passent différemment n’a rien compris au capitalisme et aux grandes puissances.

Et la pression est énorme. Elle oblige à converger avec la superpuissance américaine à moins d’être démocratique et populaire, parce que là il est clair, du point de vue occidental, qu’il y a un moyen de faire tomber la Russie et de la conquérir. Les intérêts de la grande puissance française s’imposent… Il est d’ailleurs clair ici que Jean-Luc Mélenchon, en admettant l’hypothèse qu’il soit élu président de la République, n’aurait jamais sorti la France de l’OTAN. Pareil pour Eric Zemmour d’ailleurs. Leur acceptation de la prédominance américaine en acceptant le discours sur le « génocide » est ici opportuniste et révèle bien leur nature.

On notera le discours plus ambigu de Marine Le Pen, mais tendanciellement il vans la même direction.

Tout cela a une raison très simple : l’actualité mondiale, c’est l’affrontement pour l’hégémonie mondiale entre la superpuissance américaine et son challenger chinois. C’est par rapport à cela que tout se place. Et inévitablement, ceux qui sont pour le capitalisme en substance se mettent à converger, d’une manière ou d’une autre, avec cet affrontement.

La question de la future guerre mondiale est totalement décisive, elle impose la formation de blocs et aspire les forces qui sont incapables d’indépendance – en raison de faiblesses sur le plan des idées, sur le plan de la base sociale, sur le plan des analyses, sur le plan programmatique, etc.

Personne ne peut contourner cette réalité. Et l’accusation de « génocide » relève d’une phase très précise de mobilisation sous l’égide de la superpuissance américaine, pour la guerre contre la Russie.

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Guerre

La réorientation russe de début avril 2022 dans la guerre en Ukraine: la « Nouvelle Russie »

Désormais, pour la Russie, l’Ukraine doit payer, et payer cher.

S’il est une chose que les Russes ne supportent pas, c’est l’ingratitude. C’est un trait historique, qui remonte sans doute aux communautés paysannes médiévales très marquées par le partage, les « mirs ». Quoiqu’il en soit, on peut considérer que début avril 2022, la Russie voit l’Ukraine comme une ingrate et, par conséquent, elle passe à la trappe.

Contrairement aux affirmations occidentales, la Russie a jusqu’ici été prudente à ne pas lancer des opérations dévastatrices, car l’objectif était d’obtenir une Ukraine retombant dans son giron. L’armée russe n’a ainsi pas du tout opéré comme elle est censé ele faire. C’est par exemple ce qui explique que, au niveau de Kiev, elle a payé cher lors de ses tentatives de prise de la ville et de ses alentours.

Maintenant, c’est fini. La Russie cesse, de manière chauvine, de considérer les Ukrainiens comme des petits-russes plus ou moins arriérés. Elle voit non pas seulement que l’Ukraine résiste, mais qu’elle est passée de manière ouverte dans une accumulation d’armes occidentales et d’appels aux occidentaux. C’est naturellement le régime ukrainien qui fait cela, mais pour les Russes, la question ukrainienne est en quelque sorte une question de famille. Là, l’Ukraine sort de la famille. Cela ne passe pas. Une telle ingratitude ne peut avoir comme sort qu’une seule chose : le rejet, violent.

Désormais, la Russie va avoir un but simple : faire payer très cher sa trahison à sa petite « sœur » – il y a trois sœurs, la troisième étant la Biélorussie. Les coups vont faire mal et vont viser à briser les infrastructures ukrainiennes. Déjà que l’Ukraine est le pays le plus pauvre d’Europe, dans une situation catastrophique, alors là il s’agit de ramener le pays cinquante ans en arrière, de la réduire à un pays intermédiaire du tiers-monde.

La Russie considère qu’ainsi, au fil des décennies, des frustrations venant de l’échec complet de la ligne du régime ukrainien, il y aura un rapprochement. Mais en attendant, la coupure est là. Regardons ainsi la carte de la situation militaire, telle que donnée par l’arme française.

Cette carte, qui attribue davantage de succès à l’armée russe que ne le font les Américains et les Britanniques, montrent bien qu’il s’agit de prendre en étau l’armée ukrainienne présente dans le Donbass. Quant à la suite, voici ce qui est immanquablement l’objectif : la « Nouvelle-Russie ». On parle ici de tout le flanc sud de l’Ukraine, au bord de la Mer d’Azov et de la Mer Noire, conquis à la fin du 18e siècle sur l’empire ottoman par l’impératrice russe Catherine II (par ailleurs allemande).

Source wikipédia

C’est une région où il y a beaucoup de russophones. Mais de toutes façons cela ne change pas grand chose. La Russie considère que ce territoire lui revient de droit historiquement, que c’est stratégiquement incontournable, donc cela deviendra russe coûte que coûte. Il est strictement impossible pour le régime russe d’accepter de perdre Odessa, alors qu’il y a l’occasion historique de la prendre. D’ailleurs si elle ne devient pas russe, en raison des contradictions entre grandes puissances, elle passera sous tutelle britannique qui y amènera sa flotte militaire (et alors avec la Turquie il y aura la tentative de prendre la Crimée).

Source wikipédia

La Russie – et elle aura ainsi l’assentiment massif de sa population – considère que puisque l’Ukraine a récupéré la Nouvelle-Russie dans un parcours historique commun, alors puisqu’elle veut aller ailleurs, elle doit laisser les bijoux de famille. Et de ce point de vue, tant pis pour elle si elle perd tout accès à la mer, alors que c’est économiquement vital pour elle. Pour la Russie, la trahison a un prix. C’est désormais le sens de l’opération « Z ».

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Politique

Deux exemples de diffusion de l’idéologie fasciste par le régime ukrainien

Le régime ukrainien est réactionnaire.

Nous avons dès avril 2021 inlassablement expliqué qu’il y allait avoir une invasion russe et qu’il fallait soutenir la nation ukrainienne. Nous pouvons dire avec une légitimité complète que tout le soutien à l’Ukraine depuis le début de l’invasion est fictif à 99%, il ne fait que servir l’OTAN, l’objectif d’asservir la Russie. Avez-vous vu d’ailleurs quelque part qu’il soit parlé de la culture ukrainienne ? Il n’y a cela nulle part, car tout cela n’a rien de démocratique ni de populaire.

Le régime ukrainien joue un grand rôle dans cela, car son idéologie nationaliste est délirante, entièrement en phase avec les objectifs de la superpuissance militaire américaine. Voici par exemple un message du Parlement ukrainien sur Twitter.

Voici ce qu’on lit : « Les occupants russes ont saisi et détruit de la littérature et des livres d’histoire ukrainiens. C’est la littérature qui ne coïncide pas avec la propagande du Kremlin. » Puis : « La littérature prétendue  »extrémiste » inclut des livres d’école sur l’histoire de l’Ukraine, de la littérature historique populaire et scientifique, en particulier des livres sur les révolutions démocratiques en Ukraine, également connue comme les Maidans ukrainiens ».

Enfin et c’est là où c’est marquant : « Les occupants ont également une liste de noms devant être interdits d’être mentionnés. Parmi ceux-ci il y a des figures exceptionnelles de l’histoire de l’Ukraine – Ivan Mazepa, Symon Petlioura, Stepan Bandera, Roman Shukhevych, Viacheslav Chornovil ».

De quelles des figures exceptionnelles parle-t-on ?

Ivan Mazeppa est une figure du 17e siècle, qui a trahi le tsar et cherché à s’allier à l’empire ottoman contre les Russes.

Symon Petlioura est une figure de la république ukrainienne opposée à l’Armée rouge, bien connu en France pour avoir été exécuté par Samuel Schwartzbard, désireux de venger les pogroms. Le soutien à Samuel Schwartzbard amena la naissance de la LICRA et il fut même acquitté au procès par le tribunal français.

Stepan Bandera est le dirigeant de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne  alliée aux nazis, Roman Shukhevych en fit partie et est particulièrement haï en Pologne pour ses massacres de civils. Ces deux figures sont totalement fascistes, responsables de l’assassinat de Juifs, de Polonais, évidemment de gens de gauche. Le scandale a été immédiat en Pologne et le parlement ukrainien a dû enlever ce message.

Quan à Viacheslav Chornovil, c’est un nationaliste ukrainien des années 1960-1990.

Tout cela est révélateur de la nature du régime ukrainien. Et cela se lit aussi avec le régiment Azov. On peut trouver facilement des informations diffusées par ce régiment, dans le cadre de la guerre, leur bastion étant Marioupol, une ville russophone qu’ils contrôlent. La Femen Inna Shevchenko les a par exemple mis en avant.

Mais c’est le cas également de la presse, comme Le Figaro, Le Parisien, etc.

Ce régiment Azov, formant la garde nationale supervisée par le ministère de l’Intérieur, est à la fois un mouvement néo-nazi menant des campagnes nationalistes de masse, un parti politique sans succès électoral , une branche armée intégrée à l’État. Ses cadres sont des suprémacistes blancs, sa base vient du hooliganisme et de ceux aspirés par le romantisme nationaliste. Sa symbolique est nazie, avec le soleil noir de la SS, ainsi qu’un symbole Waffen SS.

Le symbole d’Azov à l’origine, le nouveau symbole, le soleil noir néo-nazi souvent tatoué chez Azov, un symbole Waffen SS par ailleurs historiquement très utilisé en Italie par les nazis

Notons ici tout de suite un point très important. On peut lire parfois, sur des blogs d’ultra-gauche, de la part de gens n’y connaissant rien du tout et à l’attitude honteuse, scandaleuse, voire carrément pro-fasciste, que le fascination pour les nazis serait une réponse spontanée, somme toute toute un peu « bête », en réaction à l’expansionnisme russe, ou à l’époque aux collectivisations des terres.

C’est totalement faux. Le nationalisme ukrainien remonte aux années suivant immédiatement la révolution russe. L’Ukraine, c’est comme la Pologne : ce sont deux pays avec une histoire intellectuelle et culturelle immensément riches, et il ne faut pas croire leurs représentants nationalistes qui parlent de nations « martyrs » et qui jouent aux idiots.

Le nationalisme ukrainien n’est pas né en 2022, ni en 2014, ni même en 1991. Il a bien plus d’un siècle. C’est l’idéologie du régime ukrainien actuel et c’est ultra-réactionnaire, convergeant avec le fascisme, avec la superpuissance américaine.

Il faut le dire sans ambiguïtés : si vous êtes de gauche et que vous lisez cet article, depuis 2014 en Ukraine votre opinion serait interdite et vous seriez sous la menace physique des nazis d’Azov. Et Azov a irradié l’idéologie de l’extrême-Droite française depuis 2014.

D’ailleurs, sur le plan idéologique, on pourrait caricaturer en disant qu le régime ukrainien c’est Eric Zemmour président avec un libéralisme économique généralisé, laissant les activistes d’extrême-Droite faire ce qu’ils veulent en périphérie. C’est quasiment un modèle et dans les pays de l’Est, cela ressemble beaucoup à cela en pratique.

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Guerre

Guerre en Ukraine : le  directeur du renseignement militaire français viré comme un malpropre

Ce qui se passe est bien français.

© DRM

Au lieu de faire des mugs à en-tête, les dirigeants de la direction du Renseignement militaire auraient dû lire Agauche.org sur l’Ukraine. Mais ils l’ont forcément fait, car c’est leur travail que de tout lire, et il n’y avait pas grand monde, pour ne pas dire personne, pour en parler, surtout dès avril 2021, pour annoncer qui plus est que la guerre était inévitable.

Cette guerre, le général Vidaud n’y a toutefois pas cru, et il vient de se faire éjecter pour cela de son poste de chef de la direction militaire, sept mois seulement après sa nomination. La presse parle de « briefings insuffisants » et d’un « manque de maîtrise des sujets », en clair : il n’a pas suivi correctement la tendance à la guerre et a été dépassé.

Seulement voilà, là où c’est intéressant, c’est que le général en question n’était pas un stratège, mais ce que l’armée française produit de « mieux » : des hommes de coups de main. C’est par exemple lui qui, au Mali, a dirigé la liquidation le 3 juin 2020, d’Abdelmalek Droukdal, chef d’Al Qaïda au Maghreb islamique. Voici comment le Renseignement militaire français présentait encore hier son directeur :

Saint-Cyrien de la promotion « général Callies » (86-89), le général de corps d’armée Éric Vidaud choisit, à la fin de sa scolarité, de servir dans les troupes de marine, spécialité infanterie. A la sortie de son école d’application, il est affecté au 1er régiment de parachutistes d’infanterie de marine (1er RPIMa) à Bayonne en 1990.

Il est breveté de l’enseignement militaire supérieur et obtient également le Master of Business of Administration (MBA) d’HEC pendant la période 2000 et 2002.

Détaché à la direction du Trésor au sein du ministère des Finances, il est chargé de la politique économique en Afrique de l’Ouest et du suivi du franc CFA de 2004 à 2006. Il est affecté à l’État-major de l’armée de Terre (EMAT) en charge des relations parlementaires pour l’armée de Terre tout en étant auditeur de l’Institut des hautes études de l’entreprise (IHEE) pendant les deux années suivantes.

En 2008, il prend le commandement du 1er RPIMa.

De septembre 2010 à juin 2011, il est auditeur de la 60e session du Centre des hautes études militaires et de la 63e session de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN).

En juillet 2011, il devient directeur des opérations au Commandement des opérations spéciales (COS). Il est ensuite affecté au cabinet du ministre de la Défense au poste de chef du bureau réservé d’octobre 2012 à septembre 2017.

Promu général de brigade en 2017, il devient le commandant supérieur des forces armées dans la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI) et commandant de la base de défense de La Réunion-Mayotte.

En juillet 2019, il prend la direction du Commandement des opérations spéciales (COS).

Il est nommé directeur du renseignement militaire à compter du 1er septembre 2021, élevé le même jour aux rang et appellation de général de corps d’armée.

Le général de corps d’armée Éric Vidaud a été engagé à plusieurs reprises en opérations extérieures dans les Balkans, en Somalie, en République Centrafricaine, au Congo Brazzaville, en République de Côte d’Ivoire, en Haïti et en Afghanistan.

Officier de la Légion d’Honneur, commandeur de l’ordre national du Mérite, le général de corps d’armée Éric Vidaud est titulaire de la croix de la valeur militaire avec cinq citations.

On chercherait en vain une dimension stratégique. Le type est un homme de main, un de ces baroudeurs à la française, dont l’heure de « gloire » fut la guerre d’Algérie. Donc on le choisit.C’est tout à fait représentatif de l’armée française. D’ailleurs, qu’est-ce que raconte le chef d’état-major des armées Thierry Burkhard au quotidien Le Monde après le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ? Que :

« Les Américains disaient que les Russes allaient attaquer, ils avaient raison. Nos services pensaient plutôt que la conquête de l’Ukraine aurait un coût monstrueux et que les Russes avaient d’autres options. »

C’est là encore exemplaire de la mentalité du baroudeur, qui organise un coup, et qui calcule de manière comptable si ce coup est rentable ou pas. C’est la quintessence de l’esprit militaire français, et on reconnaît que le théoricien militaire de l’armée française, c’est Napoléon, avec l’ingéniosité pour les batailles « décisives ».

L’exemple suprême peut-être de la démarche est racontée par Tolstoï dans son fameux roman Guerre et paix. Devant en 1805 prendre un long pont contrôlé par les Autrichiens, Lannes et Murat y vont les mains dans les poches, faisant croire qu’un armistice est signé. Les soldats français suivent pareillement, l’air de rien mais en réalité enlevant les explosifs et prenant le contrôle du pont.

De la subtilité et du panache… Le rêve du soldat français. D’ailleurs, qui est pressenti pour prendre la tête du Renseignement militaire ? Le général Jacques de Montgros, un parachutiste qui a été en Bosnie, au Rwanda, au Tchad, en en République centrafricaine, en Afghanistan… C’est totalement à rebours par exemple de la Defense Intelligence Agency américaine, dont les directeurs sont non pas des baroudeurs, mais des analystes.

C’est à la fois révélateur et riche d’enseignement. Parce que ce sont ces gens-là qui vont diriger la guerre dans laquelle nous précipite la grande bourgeoisie française. Il faut savoir comment ils fonctionnent, car il faudra triompher d’eux !

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Politique

Alexandre Douguine, la guerre en Ukraine et l’extrême-Droite française

Un renouveau idéologique est à craindre.

La question des idéologies permettant à l’extrême-Droite de se développer est très importante, car c’est un levier incontournable pour la démagogie, la mobilisation de masse, un programme de nationalisme et de militarisme. Pour combattre le fascisme, il faut saisir la nature idéologique du projet fasciste et cela demande une réflexion intellectuelle développée.

C’est que le fascisme est compris par la Gauche historique non pas comme un accident politique ou un gang de racistes, mais comme une tendance produite par le capitalisme en crise. Le fascisme répond à un besoin des couches dominantes et l’anticapitalisme romantique est une dimension obligatoire pour mobiliser les masses et les empêcher de se tourner vers le Socialisme.

Or, avec la guerre en Ukraine, l’ensemble des prétendants à objectivement représenter le fascisme a grandement reculé sur ce plan. Ni Marine Le Pen ni Eric Zemmour n’ont assumé une rupture avec l’OTAN et la politique française nationaliste, ils sont accepté de dénoncer la Russie et de converger avec les États-Unis, tout en ayant des critiques bien entendu. Ils auraient pu profiter de l’invasion russe pour pousser le raisonnement jusqu’au bout et proposer un « contre-modèle » idéologique, avec une forte dimension pseudo-anticapitaliste, ils ne l’ont pas fait.

Cela laisse un espace de libre, mais du côté des regroupements activistes, la référence c’était le mouvement Azov, donc l’Ukraine, l’option russe étant ainsi bloquée. Quant à ceux ayant apprécié les républiques séparatistes du Donbass, ils sont partis là-bas pour la plupart.

Il faut donc s’attendre à un renouveau idéologique à l’extrême-Droite, sur la base de l’idéologie « eurasianiste », comme vecteur « anticapitaliste » si la Russie réussit son entreprise en Ukraine. Car le grand théoricien de cette idéologie, Alexandre Douguine, connaît de fait son heure de gloire avec « l’opération » menée par la Russie, qu’il appelait depuis 2014 de ses vœux, ayant même été mis de côté en Russie pour cette raison.

Depuis 2014 en effet, Alexandre Douguine appelle à établir une « nouvelle Russie » dans le Sud-Est de l’Ukraine afin de se se confronter aux forces « thalassocratiques », commerciales et maritimes, la Russie étant le représentant des forces « telluriques », ancrées dans le sol, enracinées. Ce serait Sparte contre Athènes, Rome contre Carthage.

Ce qui semblait hier avoir a mieux une fonction de simple légitimation de l’invasion russe (voir L’expansionnisme russe anti-ukrainien et sa base idéologique «eurasienne») semble devenir dans les faits une idéologie stratégique russe en tant que telle.

Et on peut voir que trois structures fascistes françaises cherchent à entrer dans la brèche, au prix de contorsions immenses.

Il y a tout d’abord le mouvement Egalité & réconciliation d’Alain Soral, qui cherche à sortir de son isolement provoqué par la pandémie dont la dimension mondiale a disqualifié la lecture paranoïaque antisémite sur un contrôle total du monde par les Rothschild. Une guerre entre grandes puissances, incompréhensible si une « entité » domine le monde, devrait faire de même, mais le mouvement est isolé et prêt à changer relativement sa vision du monde pour apparaître comme « visionnaire ».

Il y a ensuite une petite structure intellectuelle – élitiste de type « national-bolchevik », dont on s’abstiendra de donner le nom ici, qui y verrait bien un moyen d’avoir une dimension « sulfureuse ».

Il y a enfin la revue de la « nouvelle Droite » Elements, qui tente de reformuler le national-socialisme, et qui a donné naissance idéologiquement aux « identitaires ». Complètement hors-jeu elle aussi, elle se verrait bien converger u moins un minimum avec la Russie, comme en témoigne ces propos élogieux et explicatifs d’une idéologie eurasianiste qui pourtant n’a rien à voir avec le fantasme sur les « Indo-Européens » qui caractérise Elements depuis cinquante ans :

« D’un point de vue idéologique, cette guerre [de la Russie conte l’Ukraine], en coupant tous les ponts entre la Russie et l’Occident, marque la victoire des courants néo-eurasianistes et avant tout de leur chef de file, Alexandre Douguine.

Celui qu’on aurait pu prendre pour un intellectuel velléitaire et fantasque, sans véritable prise sur la politique étrangère russe ou pour un émissaire dans la stratégie russe de soft power vis-à-vis de la Droite « illibérale » européenne s’avère être peut-être la clef de cette invasion qui déjoue tous les calculs rationnels (…).

Le néo-eurasianisme part d’un questionnement qui traverse toute l’histoire russe : la Russie est-elle un « État européen » ou une « civilisation » à part ? Le premier Poutine avait voulu faire de la Russie un membre de la famille européenne. L’extension indéfinie de l’OTAN à l’Est semble l’avoir conduit à trancher définitivement en faveur du deuxième terme de l’alternative.

La critique poutinienne de la décadence postmoderne prend ici un nouveau relief à la lumière de la pensée de Douguine lequel a, depuis des années, œuvré à construire une « Quatrième Théorie Politique » qui serait pour la Russie une alternative au libéralisme, au fascisme et au communisme.

Idéologiquement, Douguine réalise une improbable synthèse des penseurs de la Tradition (Guénon et Evola notamment) et de la philosophie de Heidegger, en faisant du Dasein heideggérien, de l’homme ouvert au mystère de l’Être, le sujet fondamental de sa doctrine politique.

L’originalité de sa pensée tient néanmoins surtout au fait que cette vision antilibérale, qui s’inscrit à sa manière dans la tradition contre-révolutionnaire, se traduit dans une vision géopolitique. Faisant sienne la théorie schmitienne des « grands espaces », mais adoptant un point de vue proprement russe sur elle, Douguine prône l’avènement d’un monde multipolaire dont la Russie serait un des pôles, en même temps qu’une alliance des puissances telluriques comme la Chine, l’Iran, la Turquie voire l’Inde contre les puissances thalassocratiques que sont les Etats-Unis et leurs alliés.

Derrière cette opposition, en apparence sommaire, se profile celle entre un monde de l’enracinement et celui de la dissolution, Tradition contre postmodernité. Toute cette construction pouvait sembler un château de cartes intellectuel – un bon connaisseur de l’œuvre de Guénon pouvant parfois se demander ce que ce dernier fait en si étrange compagnie – mais c’était avant la guerre d’Ukraine qui voit, sous nos yeux, Poutine, le patient joueur d’échecs se métamorphoser en figure quasi-messianique du néo-eurasianisme. »

Cette conception d’une « quatrième théorie politique », c’est Eric Zemmour et surtout Marion Maréchal qui convergent le plus avec elle. Il y a ici une véritable menace idéologique en germe. Il ne s’agit bien entendu pas de la possibilité que les Français s’alignent sur l’idéologie « eurasianiste », cela est impossible. Mais il s’agit de bien cerner comment les intérêts des hautes bourgeoises en compétition au niveau international génèrent des idéologies qui résonnent entre elles selon les alliances et les besoins de mobiliser dans le nationalisme et le militarisme.

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Écologie

Le Centre ukrainien de réhabilitation des chauves-souris, un phare dans l’obscurité

Des ukrainiens, et surtout des ukrainiennes, à la hauteur de l’époque.

Le déclenchement de l’invasion du territoire ukrainien par la Russie marque le retour de la guerre comme cadre de développement du capitalisme. Cela veut dire que la tendance vers la destruction générale de la biosphère au profit du développement capitaliste va être toujours plus accentuée.

Les effets des combat comme les manœuvres et les attaques participent déjà de cette accentuation, avec les destructions, des terrains entiers retournés par les manœuvres des engins militaires dégageant ainsi le CO2 du sol dans l’atmosphère, les différents incendies de matières en tous genre lors des frappes ou des explosions qui dégagent d’énormes quantités de gaz toxique pour l’ensemble de la biosphère…

Les explosions terrorisent, désorientent les animaux, à l’instar des cigognes, très présentes en Ukraine et en Pologne, et qui vont revenir comme tous les ans de cette région de l’hémisphère nord pour passer l’été. Elles devraient arriver sous peu en Ukraine, si elles n’y sont pas déjà.

Au milieu de cette destruction généralisée, en plein cœur de la ville de Kharkiv, une très grande ville russophone au Nord-Est de l’Ukraine, sous le feu des forces armées russes depuis plusieurs jours, le Centre ukrainien de réhabilitation des chauves-souris ne flanche pas et continue son combat pour la connaissance et la préservation des chauves-souris sur le territoire ukrainien.

On reconnaît là l’abnégation des acteurs – surtout des actrices – de la protectrice animale. L’amour pour les animaux s’élève à la dévotion, au sens du sacrifice – c’est quelque chose d’incompréhensible pour qui est soumis au consumérisme narcissique.

Avec une équipe composée de différents professionnels de la protection et du soin aux animaux, s’appuyant sur un réseau de volontaires, le centre effectue un recensement des colonies de chauves-souris et des différentes espèces pour évaluer leurs aires de répartition avec un site internet dédié et où tout le monde peut partager ses observations à travers tout le pays. Leur site apporte beaucoup de connaissances, parfois très approfondies, sur le mode de vie ou encore la physionomie des différentes espèces de chauves-souris présente en Ukraine.

Depuis sa création en 2013, le centre ukrainien de réhabilitation des chauves-souris est venu en aide à plus de 19 000 animaux avec déjà plus de 3000 sauvetages rien que pour cet hiver. Cela peut être une chauve-souris trop faible pour passer l’hiver, qui sera ainsi nourrie et mise à l’abri, maintenue en hibernation dans des sacs en tissus, avant de repartir au printemps, ou une chauve-souris blessée qui va être soignée et réadaptée afin de pouvoir retourner à la vie sauvage.

Le centre participe aussi à un travail sur l’étude des maladies auxquelles les chauves-souris servent de réservoir afin de connaître et analyser comment ces maladies se propagent et ainsi éviter la propagation de ces maladies à l’être humain. Un travail ô combien essentiel à l’heure où la pandémie de Covid-19 est loin d’être finie, et quand l’hypothèse principale de l’origine de cette zoonose reste la chauve-souris comme hôte réservoir ayant été déstabilisée dans son habitat naturel.

Alors qu’en temps normal 300 000 Ukrainiens quittent le pays chaque année et que depuis le début du conflit plus de 3 millions d’autres ont pris ce même chemin, sans compter le quart de la population déplacée à l’intérieur du pays, les membres du centre de réhabilitation des chauves-souris refusent de quitter leurs appartements pour rester aider les petit mammifères dans leur principales zone d’intervention qu’est Kharkiv.

Il y a actuellement de cette ville sous les bombes, des personnes en train de nourrir des chauves souris sortant doucement de l’hibernation, secourus juste avant ou durant l’hiver. Et le 23 mars a marqué le début de leur départ, avec l’arrivée du printemps.

Les membre du Centre ukrainien de réhabilitation des chauves-souris, principalement composé de femmes (comme partout où les animaux sont défendus), sont un phare dans la nuit de la guerre impérialiste, un moment où des gens refusent de sombrer dans la barbarie et essaye d’être à la hauteur de leur époque, en essayant d’ouvrir une voie pour retrouver leur place dans la biosphère.

C’est un exemple d’abnégation, un modèle de compassion, un programme pour l’avenir.

Vous pouvez les aider en faisant un don ici : https://www.patreon.com/batsukraine ou en allant directement sur leur site internet : http://www.bat-kharkov.in.ua/en/how-to-helpen/

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Guerre

La situation militaire dans la guerre en Ukraine fin février 2022

Un panorama pour saisir les clefs du développement.

Il est temps de dresser un panorama de la situation actuelle en Ukraine alors que la ville de Marioupol est en train de tomber dans les mains russes, brisant la forteresse militaire des nazis du régiment Azov. Ceux-ci, déjà d’une énorme brutalité, vont mener une nouvelle escalade et déjà fleurissent les images de gens scotchés à des arbres ou des poteaux, et maltraités. La Russie parle d’opposants au régime qui sont ciblés, le régime ukrainien de pillards, et on comprend qu’on rentre dans une nouvelle guerre de communication, dans le cadre d’une nouvelle phase avec désormais l’occupation militaire russe. La question des exécutions sommaires, déjà abordée, ne peut que prendre une ampleur toujours plus grande.

La Pologne s’agite également comme une forcenée pour que l’OTAN intervienne militairement. A ses côtés, on a les pays baltes littéralement déchaînés eux aussi dans le militarisme. L’objectif ici est la conquête de la Biélorussie, ni plus ni moins. Telle est la guerre du repartage du monde, une fois enclenchée, elle ne cesse de prendre de l’ampleur.

En attendant donc l’escalade nouvelle à venir, voici de quoi comprendre la situation générale actuellement. Voici une carte de l’Ukraine. La partie Est du pays est très plate et, par conséquent, un terrain favorable au mouvement de troupes en cas d’invasion visant la Russie. C’est donc l’objectif principal de la Russie que de neutraliser ce territoire, en termes stratégiques défensifs. En termes stratégiques offensifs, dans une perspective de conquête, il y a la zone Sud, avec la Mer Noire, où il s’agit de disposer de bases navales, dans le prolongement des initiatives tsaristes en ce domaine. Enfin, dans le contexte actuel, il s’agit de paralyser le régime ukrainien, dont la capitale est Kiev.

Source : wikipédia

Ces trois axes expliquent les trois offensives russes. Voici une autre carte, avec les trois offensives russes placées symboliquement.

Il est considéré que l’offensive 1 a été un échec, que l’offensive 3 a été un succès, que l’offensive 2 est entre les deux car elle n’a pas vraiment eu lieu.

En pratique personne n’a d’informations quant aux pertes ukrainiennes : le black-out sur ce point est absolument total. Il n’y a pas non plus d’informations quant aux pertes russes (à part ce qui est dit par le régime ukrainien). A moins donc de profiter d’informations des états-majors ou des services secrets, et encore au plus haut niveau, impossible d’avoir un aperçu concret qui ait une quelconque certitude.

Il y a bien des photos de véhicules russes détruits, des vidéos de soldats russes emprisonnés dans des mises en scène par le régime ukrainien (ce qui est un crime de guerre selon la convention de Genève), mais on ne peut être sûr de rien sur ce plan, toute information dépendant des armées, même si on les retrouve sur les réseaux sociaux. L’intoxication est la règle.

Un exemple significatif de cela est qu’en même temps que le régime ukrainien explique que l’armée russe connaît une débâcle, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’adresse au parlement israélien (en l’occurrence le 20 mars 2022) pour expliquer que les Russes mènent une « solution finale » contre les Ukrainiens, que les ces derniers sont dans la même situation que les Juifs face aux nazis.

De la même manière, les médias anglophones expliquent le 22 mars 2022 que la Russie connaît une défaite totale, et pourtant qu’elle s’apprête à envahir la Pologne. La propagande tourne à fond et on aura compris que le fameux centre commercial bombardé à Kiev abritait des forces ukrainiennes, en l’occurrence des véhicules dans le parking, bien évidemment.

En réalité, l’armée russe avance inlassablement, en forçant sa voie. En sachant qu’il y a 2000 km de front, on comprend l’ampleur de son action et on saisit que la théorie du « blitzkrieg » que la Russie aurait espéré est fausse. Naturellement, la Russie a tout de même relativement tenté le coup, en se disant qu’il fallait au moins essayer. Mais cela n’a jamais été l’objectif.

La preuve de cela, c’est que pendant les deux premières semaines, l’armée russe a évité d’employer ses unités d’élite, ses tanks les plus modernes, ses drones, son aviation. L’armée russe agit en fait de manière très pragmatique, en envoyant au casse-pipe des forces annexes, afin de tenter le coup et de voir les modalités d’action de l’armée ukrainienne. Le problème est bien sûr qu’un tel pragmatisme provoque une désorganisation générale d’une telle offensive, d’où vraisemblablement de nombreuses pertes inévitables quand on procède ainsi. Cependant, là n’est pas le noyau de la question. Ce qui prime, c’est l’installation de l’occupation par la Russie.

Voici une carte, venant d’un média russe, en date du 21 mars 2022.

Concrètement, la Russie détruit les bases militaires ukrainiennes et l’industrie militaire ukrainienne, déstructure l’ensemble du pays à très grande échelle (avec les réfugiés, les destructions collatérales, les occupations, les encerclements de villes, etc.). Elle compte encercler le gros des forces ukrainiennes qui est présent dans le Donbass, afin de l’anéantir. Elle table sur la prise de toute la côte, jusqu’à Odessa, en se contentant par contre de maintenir encerclées les villes de Kiev et Kharkiv, pour les épuiser.

Puis elle dictera ses conditions à l’Ukraine pour la fin de la guerre, maintenant sinon une occupation / un affrontement permanent, voire une occupation au moyen de « républiques » régionales.

Dans l’accord, il y aura bien entendu que l’Ukraine appelle à la fin des sanctions contre la Russie. Et nombre de grandes puissances, avides d’une meilleure place dans la grande compétition qu’est la bataille pour le repartage du monde, s’empresseront de se précipiter dans la brèche… tout en étant prêts, si la Russie échoue dans sa démarche, à la dépecer.

Ce qu’on voit est peut-être la première guerre « moderne » du 21e siècle, une guerre de repartage du monde qui est une guerre sans être une guerre, pour contourner la question atomique. C’est un événement d’une importance majeure.