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Le retour des farines animales

La modernité capitaliste est implacable.

L’Union européenne a décidé de revenir sur une décision passée. Au moment de la maladie appelée encéphalopathie spongiforme bovine, il avait été fait en sorte il y a vingt ans de stopper le fait de donner aux poulets des farines venant des cochons et aux cochons des farines venant des poulets. Les farines venant d’insectes sont également autorisées. Le collagène et la gélatine venant d’animaux ruminants sont également autorisés dans l’alimentation pour les poulets et les cochons.

L’origine de cette modification vient d’un choix relevant de la situation de compétition mondiale. En effet, ce qui se passe est qu’il y a bien des farines animales produites en Europe, comme sources de protéines pour les animaux, ce qu’on appelle PAP (processed animal protein). Seulement depuis la crise sanitaire dans les élevages européens, ces farines sont exportées. Or, du soja est importé en Europe comme sources de protéines pour les animaux des élevages.

Rappelons ici que tout cela est absurde. Produire des protéines, tout cela pour les donner à des animaux vivant l’horreur, afin d’ensuite manger ces animaux pour accéder à des protéines… c’est absurde et criminel. Au niveau énergétique, écologique (par la destruction et la production de CO2) et moral, c’est tout simplement aberrant.

L’Union européenne, donc, a décidé de stopper la dépendance extérieure en renversant les choses, de manière erronée. On a donc les protéines animales sous la forme de farines qui vont être désormais utilisées. Il y a pour l’instant encore le barrière des espèces qui est maintenue légalement : on ne donnera pas des farines venant des cochons aux cochons. C’est censé être le rempart face à une nouvelle épidémie. On notera que cette barrière n’existe pas dans l’aquaculture, ce qui rappelle que pour l’humanité, les animaux de l’océan sont encore plus des abstractions que ceux sur la terre ferme. Il n’y a rien qui va sur la terre et c’est encore pire pour l’océan.

Cette stratégie de l’Union européenne concernant les protéines anomales s’appelle « Farm to Fork« , de la ferme à la fourchette. Elle veut apporter de la rationalité, des mesures plus écologistes, etc. : c’est de la modernité capitaliste présentée comme du progrès.

Et cette stratégie est validée à tous les niveaux, avec un Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et de l’alimentation animale. On a affaire à une entité administrative qui reflète l’évolution de l’industrie. Et c’est elle qui décide. Croire qu’en changeant les mentalités des consommateurs – ce qui est impossible à grande échelle dans le capitalisme – on change la production est fondamentalement erroné. La production obéit à la quête de profits et cela s’arrête là. L’État arrondit les angles et s’assure que cela ne dérape pas, cela ne va plus loin non plus.

Cette histoire de farines animales est donc particulièrement choquante, mais nullement étonnant. Le capitalisme s’insère partout et dès qu’il peut utiliser quelque chose, il le fait. Les farines animales sont une même horreur que les mères porteuses, la livraison de drogues à domicile, les vidéos infinies de pornographie… toutes ces horreurs du turbo-capitalisme.

Un turbo-capitalisme qui démolit de toutes façons tellement le cerveau des gens que les farines animales ne seront même pas remarquées, cela sera un simple arrière-plan, un bruit de fond. Pourquoi de toutes façons y prêter attention, pourquoi changer le monde, alors qu’on peut consommer, fabriquer son identité comme réalité virtuelle validée socialement ?

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Protection des animaux sur les lieux de ses vacances: un excellent document

Il faut toujours être attentif, même en vacances, même à l’étranger.

La Protection Suisse des Animaux a produit un excellent document (de 14 pages) sur l’attention à porter quand on est à l’étranger quant à la condition animale. Il est non seulement à connaître, mais à diffuser!

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Écologie

Condition animale « dans tous les domaines »: le juste constat de Brigitte Bardot, au-delà du romantisme

C’est simple : personne ne parle des animaux.

De manière régulière, Brigitte Bardot lance des diatribes au sujet de la condition animale, c’est sa marque de fabrique. Cela a le mérite de faire bouger des lignes, même si c’est plus symbolique qu’autre chose. Mais là elle va plus loin, posant une exigence culturelle, puisqu’elle affirme que la situation est terrifiante « dans tous les domaines ».

Cela n’a rien de nouveau en soi, car Brigitte Bardot a toujours abordé de multiples thématiques de la condition animale. Mais en disant que c’est « dans tous les domaines », elle pose une exigence universaliste, avec un regard juste.

Ce que dit Brigitte Bardot dans son message est une partie de la solution historique et en cela elle est bien plus dans le réel que… 99,9% de la Gauche, car personne à gauche, ni d’ailleurs pratiquement nulle part, ne parle des animaux.

Le pire est qu’il y a bien entendu à gauche des amis des animaux, mais comme ce sont des salauds préférant leur confort personnel, leurs réseaux d’amitié, ils ne veulent pas la rupture… Ces gens sont peut-être les pires d’ailleurs, car ils devraient porter le grandiose et ils trimballent le mesquin.

Le reproche d’une certaine schizophrénie peut bien sûr être fait aussi à Brigitte Bardot, qui ne peut pas s’empêcher de mettre en avant un romantisme d’extrême-Droite, une chose assez typique chez certains des amis des animaux.

Confronté à une situation horrible et intenable, psychologiquement on a vite fait de craquer et de basculer dans la misanthropie. Quiconque connaît concrètement les difficultés des refuges et des centres de soins sait qu’une telle tendance est absolument inévitable. On fait face à l’indifférence, au manque de moyens, à l’épuisement physique et psychologique, à la détresse, la souffrance et la mort.

Ce n’est qu’un aspect de la question, toutefois, car la bataille au quotidien fait qu’il faut y croire, malgré tout. C’est cela qui est dommage et même étonnant dans le message de Brigitte Bardot. Son romantisme a toujours l’extrême-Droite comme horizon, alors que si celle-ci aborde de temps en temps le thème des animaux, elle ne porte ni valeur ni engagement.

Alors que sur le terrain, et Brigitte Bardot ne peut pas ne pas le savoir, la compassion pour les animaux ne connaît aucune frontière ethnique ou culturelle, ni même religieuse ou nationale.

Mais retenons surtout que Brigitte Bardot a compris qu’il fallait, si l’on veut protéger les animaux, absolument tout changer. Quiconque aime jusqu’au bout les animaux le sait également très bien, s’il ne se ment pas à lui-même.

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Écologie

Les ZFE, une mesure anti-populaire, anti-démocratique

La ZFE, pour zone à faible émission, est une mesure libérale, par nature anti-populaire et anti-démocratique.

La pollution aux oxydes d’azote est un fléau des villes, comme de certain territoires encaissés dans des vallées alpines. Les oxydes d’azote ou gaz Nox, sont issues de la combustion partielle du carburant des véhicules, et plus le véhicule est ancien, plus il en émet, et cela d’autant plus s’il fonctionne encore au diesel.

Il faut donc bien trouver une solution à ce problème écologique. Mais voilà : dans un monde libéral qui vomie le collectivisme, les dirigeants agissent surtout en accompagnant les individus à se conformer aux exigences du marché.

C’est dans cet esprit qu’est née en 1998 la pastille verte pour reconnaitre les véhicules les moins polluants. Finalement, l’obligation des catalyseurs sur les échappements de voiture a rendu caduc la pastille, la majorité des véhicules des années 2000 pouvant avoir la pastille verte. En juillet 2016 ont donc été lancées les vignettes Crit’air, allant de la pastille verte « véhicule zéro émission » à la pastille noire niveau 5, pour les véhicules diesel datant d’entre 1997 et 2000.

Évidemment, ces normes Crit’air sont ridicules car elles ne tiennent compte que de l’émission immédiate. Une véhicule électrique est donc un véhicule dit « zéro émission » alors que tout le monde sait bien maintenant que la fabrication des batteries, et notamment de ces composants, est très polluants et émetteur de gaz à effet de serre. Sans même parler du fait que, plus lourdes, les véhicules électriques risquent d’émettre plus de particules fines liées à l’usure des pneus et des disques de freins que des véhicules à moteur à combustion.

Soumission de la société à l’économie de marché oblige, c’est pourtant sur la base de ces normes que les « zones à faible émission » ont vu le jour dans plusieurs villes. Ces « ZFE » visent à interdire les véhicules les plus polluants à circuler dans les villes.

On retrouve ces zones dans le centre-ville de Grenoble depuis 2017, à Paris depuis 2019… Actuellement en cours de discussion parlementaire, la loi « Climat et résilience » souhaite étendre ces zones à toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants d’ici 2025. Une ZFE est même envisagée dans la vallée de l’Arve, une vallée alpine particulièrement sujette à la pollution.

Récemment, le Sénat, cette assemblée qui relève du pouvoir des notables de l' »arrière-pays », a repoussé l’interdiction des véhicules Crit’air 3, 4, et 5 aux ZFE de 2025 à 2030. Des amendements ont également été adoptés sur des dérogations possibles, et la nécessité d’étude préalable pour mesurer l’impact « économique » d’une ZFE. Les notables se font la courroie de transmission des beaufs des campagnes, de ces « motards » et ces « automobilistes en colère ».

En fait, la mesure ZFE et ses critiques montre combien il est difficile de ne pas se faire piéger entre Charybde et Scylla, entre les libéraux progressistes et les conservateurs populistes. Et combien on a besoin d’un retour de la Gauche ancrée dans les luttes des classes.

Quand on voit comment une ex-militante de Gauche qui a basculé dans le nationalisme, s’oppose à la ZFE, on a tout compris. Voici ce que cette personne dit dans une vidéo d’une émission destinée au grand public :

« Aujourd’hui ce sont les métropoles qui concentrent les emplois, et notamment les plus valorisés. Ce sont les métropoles qui concentrent les musées ou les théâtres, ce sont les métropoles où l’on trouve les services les plus performants. Interdire l’accès à ces métropoles à ceux qui n’ont que leur voiture comme moyen de déplacement, c’est décider littéralement, sous couvert de bon sentiment, que ces métropoles sont désormais des citadelles réservées à une minorité d’urbains et d’individus favorisés pouvant se payer le luxe d’une voiture électrique ou un loft dans les beaux quartiers de la capitale et par là même d’un air qui ne serait être pollué par ces sales pauvres qui ne sont rien, ces beaufs qui fument des roulés et qui roulent au diesel »

On nage dans le populisme le plus caricatural. C’est tout à fait logique car ce discours relève complètement du style gilet jaune, et n’est là que pour servir les intérêts de la petite-bourgeoisie, principalement les artisans et les auto-entrepreneurs. Une couche sociale qui veut sa place au soleil et donc le statu quo.

C’est bien là qu’on voit la nature réactionnaire du nationalisme à prétention « populaire », sa vocation à neutraliser la lutte des classes, à écarter l’objectif d’une société démocratique et populaire dirigée par la classe ouvrière.

Car si l’on pense aux prolétaires qui font 15 à 20 minutes de trajet pour se rendre dans une zone industrielle, ou commerciale, ou un chantier, on voit bien que l’attachement à la voiture n’est finalement qu’une contrainte. Le monde est ainsi fait que les gens font comme ils peuvent, avec ce qu’on leur propose…

Mais de là à vanter ce modèle de transport, pur produit de l’individualisme et de l’écocide si tant est qu’on attache une importance sensible aux animaux morts sur les bords des routes, il y a un sacré pas.

Plus qu’un « droit à la ville », les prolétaires ont surtout droit à une vie riche et collective, à des emplois moins aliénants à proximité de leur lieu de résidence, à des lieux de culture épanouissants, à des transports confortables, moins aliénants, moins individualisants. Il faut d’ailleurs être bien éloigné de la classe ouvrière pour penser que c’est dans cette classe sociale qu’il y a les véhicules les plus polluants.

Au contraire, n’importe quel ouvrier de plus de 30 ans attache une grande importance à son véhicule, qu’il veut forcément confortable, moderne, familial, et donc relevant des normes soit-disant moins polluantes. Le problème n’est en fait pas là.

La ZFE pose surtout la question de l’étape populaire et démocratique dans la construction d’une société écologique. Il est faux de dire que la ZFE pose le dilemme entre pro et anti-voitures, de même qu’il est absurde de soutenir les groupes d’ « automobilistes » et de « motards » mobilisés contre cette restriction. Ces mêmes groupes qui étaient remontés il y a un peu contre le « 80 km/h », oui ces beaufs qui forment la base du populisme gilet jaune.

L’enjeu se situe au niveau de la contradiction entre les villes et les campagnes. Les campagnes ont droit à leurs lignes de tramways, tout comme les grandes métropoles ont droit à des transports accessibles à tous, et surtout elles doivent être brisées, démantelées.

Le pays a droit un développement homogène, avec des territoires reliés les uns aux autres par des transports collectifs efficaces, des territoires à la fois autonomes et dépendants entre eux. Il faut le meilleur des villes et le meilleur des campagnes dans une nouvelle unité de vie, voilà l’enjeu profond du débat des ZFE.

La mise en application des ZFE devrait ainsi être l’étincelle qui met le feu à la plaine mais non pas sur une base d’un retour aux années 1970, mais en revendication de transports en commun pour tous et partout, avec donc en filigrane la planification démocratique du développement social. Des années 1970, seul le slogan des autonomes doit être retenu : « que voulons nous ? Tout ! ».

Tout ! C’est-à-dire toute la richesse collective pour avoir un pays qui se développe de manière homogène, pour en finir avec les déséquilibres injustes entre grandes métropoles et campagnes, et pour avoir des transports collectifs respectueux de la personnalité humaine et de la Biosphère.

Pour cela, il faut une Gauche qui assume la lutte des classes pour vraiment régler l’opposition entre la ville et la campagne, et non pas pour opposer l’une à l’autre de manière unilatérale et bornée comme les font les bobos libéraux et les beaufs populistes.

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Écologie

Hélène Thouy, candidate du Parti animaliste à la présidentielle de 2021

Le Parti animaliste fait comme s’il n’y avait pas de crise.

Le Parti animaliste est une véritable escroquerie sur le dos des animaux. Il ne défend aucune valeur concrète, même pas la fin immédiate de l’expérimentation animale. Preuve de cela, le discours s’est encore plus édulcoré. L’animalisme a cédé au discours traditionnel comme quoi pour préserver l’humanité il faut préserver les animaux. C’est totalement à rebours des valeurs des amis des animaux, pour qui les animaux ont une valeur en soi et pour qui il ne s’agit pas de faire du racolage utilitariste.

« Nous ne pouvons du reste vivre sans les animaux : la biodiversité, c’est-à-dire l’existence pérenne de millions d’espèces sur notre planète, est une condition sine qua non de notre survie. Les scientifiques ne cessent de nous alerter que le risque est grand que les humains subissent, tout autant que les autres espèces, la sixième extinction de masse de l’histoire de notre planète. »

Ces propos de Hélène Thouy sur son site pour l’élection présidentielle de 2022 en disent long sur la soumission totale du Parti animaliste à la vision dominante. Au lieu de dire que l’humanité n’est qu’une composante de la planète, de la vie sur Terre, on dit le contraire, les animaux seraient une composante de la vie de l’humanité. C’est là une inversion anthropocentriste qui est le produit du carriérisme, de l’insertion opportuniste dans le jeu électoral.

Le Parti animaliste n’est là que pour faire témoignage, avec des gens se valorisant individuellement et faisant carrière au moyen de ce que l’Etat finance aux candidats passant un certain pourcentage de voix. Et comme on le sait le Parti animaliste joue sur la corde sentimentale, avec des chiens et des chats sur des affiches. On est au niveau zéro sur le plan culturel et intellectuel. La lamentable vidéo mise en ligne pour l’annonce de la candidature à la présidentielle de 2022 en témoigne.

Le plus grave dans tout cela, c’est la négation de la crise. Le Parti animaliste fait tout de même le tour de force de ne même pas parler de la pandémie en cours, de ne même pas parler de son origine qui est la condition animale au niveau planétaire. Ce n’est pas pour rien qu’il n’en est pas parlé : c’est le reflet d’un point de vue petit-bourgeois électoraliste, qui ne veut pas choquer, qui veut s’inscrire dans l’idéologie dominante, en faisant passer l’animalisme en contrebande. C’est à la fois ridicule et lamentable, et surtout honteux de par ce que vivent les animaux, qui ont besoin de tout sauf de faux amis de ce genre.

Ceux qui contournent l’origine de la pandémie – que l’humanité joue aux apprentis-sorciers en s’imaginant sortie de la Nature – ont tout faux. Ceux qui veulent une humanité en harmonie avec la Biosphère ont raison. Il n’y a rien entre les deux et le Parti animaliste est du mauvais côté de la balance ; il est une partie du problème, pas une partie de la solution.

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Enfin ! La chasse à la glu est déclarée illégale en France

Le Conseil d’État a rendu lundi 28 juin 2021 une décision qui était très attendue. La chasse à glu est enfin reconnue comme illégale, conformément au jugement du 17 mars de la Cour de justice de l’Union européenne ayant donné raison à One Voice et la Ligue française pour la protection des oiseaux (LPO) qui mènent un combat de longue haleine à ce sujet.

C’était une barbarie d’un autre temps, qui n’était plus pratiqué qu’en France… Rappelons que cela consiste en le fait de piéger des oiseaux sur des branches au moyen d’une colle. C’est aussi abject que lâche, et enfin la société française reconnaît officiellement qu’une telle chasse est inadmissible.

Voici une vidéo de la LPO documentant cette pratique qui appartient maintenant au passé (à condition que la légalité soit reconnue en pratique, ce qu’il faudra surveiller bien entendu) :

Et comme le rappel très bien One Voice dans sa communication, il s’agit maintenant de continuer la bataille pour les animaux, car il y a encore énormément à faire :

« La chasse à la glu, c’est T-E-R-M-I-N-É ! On continue le combat contre les autres chasses traditionnelles: quatre ans que nous attaquons systématiquement les arrêtés devant le @Conseil_Etat. Pour les oiseaux, nous irons jusqu’au bout. #LaChasseUnProblèmeMortel »

Voici enfin le communiqué de la LPO du lundi 28 juin 2021 :

« C’est la fin de la chasse à la glu !

Le Conseil d’Etat vient de donner raison à la LPO et d’annuler les derniers arrêtés ministériels autorisant le piégeage à la glu d’oiseaux sauvages en France. 

Le 29 novembre 2019, pour la première fois depuis des années, le Conseil d’Etat ne déboutait pas la LPO de son recours sur la légalité du piégeage des oiseaux à la glu (1) et décidait d’interroger la Cour de Justice de l’Union Européenne. Le 17 mars 2021, cette dernière confirmait l’illégalité de cette pratique au regard de la Directive européenne de protection des oiseaux. Comment aurait-il pu en être autrement puisque l’Espagne et Malte avaient déjà été condamnées pour les mêmes pratiques ?

Par un jugement rendu ce 28 juin 2021, le Conseil d’Etat vient donc d’annuler les derniers arrêtés ministériels accordés pour les saisons 2018-2019 et 2019-2021 et confirme ainsi que la chasse à la glu est illégale.

Des procédures juridiques longues et fastidieuses.

La LPO a mené la bataille pendant plus de 5 ans avant de finir par gagner : cette pratique odieuse et non sélective dont furent victimes des milliers d’oiseaux chaque année (quelques 40 000 oiseaux), et qui laisse libre cours à tous les trafics (2) est définitivement abolie. Plus aucun gouvernement français ne pourra désormais utiliser le levier des dérogations pour contourner la Directive européenne de protection des oiseaux. Déjà, pour la saison 2020-2021, le Président de la République lui-même avait suspendu la signature dans l’attente du jugement du Conseil d’Etat. 

Pour la Cour de Justice de l’Europe comme pour le Conseil d’Etat, plus haute juridiction française, le piégeage à la glu ne respecte pas la Directive Européenne pour les Oiseaux parce qu’il n’est pas sélectif (des oiseaux protégés se font également capturer), et parce qu’il existe d’autres solutions pour imiter le chant des oiseaux utilisés comme appelants. La CJUE va même plus loin en reconnaissant pour la première fois la nécessité de respecter la sensibilité animale. Ces attendus confirment que d’autres piégeages dits traditionnels sont de fait tout aussi illégaux : dans le Sud-Ouest on continue de piéger des oiseaux avec des filets et des matoles (cages métalliques) ; dans le Massif Central on les écrase avec des pierres plates ; dans les Ardennes on les étrangle avec des collets et on leur tire la queue pour les faire appeler… Dans tous les cas ces modes de piégeage ne sont pas sélectifs, et les alternatives existent. 

La LPO a obtenu cette victoire contre l’Etat français qui a toujours défendu ces pratiques. Elle exige désormais de sa part :

* l’abrogation de l’arrêté cadre du 17/8/1989(3)sur l’emploi des gluaux; 

* l’inscription de l’interdiction de la chasse à la glu dans la loi

* la libération des centaines d’oiseaux capturés illégalement et encore détenus aujourd’hui dans la perspective de les utiliser comme d’appelants ;

* la destruction des huttes de chasses construites bien souvent illégalement sur le domaine public de l’ONF et des collectivités ;

* l’interdiction de la commercialisation et de l’utilisation de la glu comme méthode de destruction des animaux, y compris pour les insectes et les rongeurs compte tenu de l’absence de sélectivité et des souffrances ainsi infligées(4)

Allain Bougrain Dubourg en appelle désormais à la responsabilité du gouvernement français :

« A la veille d’accueillir le Congrès Mondial de l’UICN en septembre à Marseille, la France, qui se veut exemplaire en matière de biodiversité, serait cohérente en mettant un terme définitif à ces piégeages d’un autre temps qui conjuguent la capture d’espèces parfois protégées et la maltraitance de la faune sauvage. »

(1) Le piégeage à la glu consiste à encoller des baguettes pour attraper des oiseaux censés rester vivants, afin de s’en servir comme appelants. Après être restés des semaines dans le noir, les oiseaux placés dans des cages accrochées aux arbres se mettent à chanter à la lumière, attirant ainsi leurs congénères qui sont tirés à bout portant. Tous les oiseaux, protégés ou non, se font ainsi piéger : ils se débattent dans la glu, avant d’être détachés par aspersion de diluants type essence F4. A l’aide de caméras, la LPO a pu prouver que non seulement cette pratique n’est pas sélective, mais que de nombreux oiseaux, y compris protégés, sont blessés voire tués pendant ces manipulations voir la vidéo ICI.

(2) Toutes ces pratiques qui perdurent sous prétexte de « traditions » permettent la vente libre des pièges et masquent de nombreux actes de braconnages et trafics de petits oiseaux tantôt pour la bouche (brochettes de pinsons et autre rouge-gorge) tantôt pour le chant (chardonnerets et autres linottes mélodieuses).

(3) L’arrêté du 17 août 1989 est celui par lequel la France a dérogé illégalement à la Directive européenne de protection des oiseaux en autorisant l’emploi des gluaux pour la capture des grives draines, litornes, mauvis et musiciennes et des merles noirs, destinés à servir d’appelants à des fins personnelles, dans les départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône, du Var et de Vaucluse et dans les conditions strictement contrôlées définies ci-après afin de permettre la capture sélective et en petites quantités de ces oiseaux, puisqu’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante.

(4) La LPO a reçu de nombreux témoignages y compris photographiques d’oiseaux insectivores comme les mésanges victimes de pièges à insectes utilisant de la glu. »

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Ce matin, un lapin…

Une chanson classique, tout un symbole !

La chanson classique de 1977, avec les paroles.

Dans la forêt de l’automne, ce matin est arrivé
Une chose que personne n’aurait pu imaginer
Au bois de Mortefontaine où vont à morte saison
Tous les chasseurs de la plaine, c’est une révolution
Car
Ce matin un lapin a tué un chasseur
C’était un lapin qui
C’était un lapin qui
Ce matin un lapin a tué un chasseur
C’était un lapin qui avait un fusil
Ils criaient à l’injustice, ils criaient à l’assassin
Comme si c’était justice quand ils tuaient les lapins
Et puis devant la mitraille venue de tous les fourrés
Abandonnant la bataille, les chasseurs se sont sauvés
Car
Ce matin un lapin a tué un chasseur
C’était un lapin qui…
C’était un lapin qui…
Ce matin un lapin a tué un chasseur
C’était un lapin qui avait un fusil
Bien sûr ce n’est qu’une histoire inventée pour la chanson
Mais chantons leur cette histoire quand les chasseurs reviendront
Et s’ils se mettent en colère appuyés sur leur fusil
Tout ce que nous pouvons faire c’est de s’en moquer ainsi
Ce matin un lapin a tué un chasseur
C’était un lapin qui…
C’était un lapin qui…
Ce matin un lapin a tué un chasseur
C’était un lapin qui avait un fusil

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Écologie Planète et animaux

La question animale, clef de notre époque par la jeunesse

La négation de la Nature est un aspect essentiel d’un turbo-capitalisme que la jeune génération remettra en cause.

Ce qui est absolument flagrant, c’est qu’il ne se passe d’autant plus rien en France en juin 2021 que la question animale est oubliée, ou plus exactement niée. On doit comprendre les choses ainsi : la question animale implique le rapport des gens aux animaux, à la Nature, donc à eux-mêmes également. S’ils ne veulent pas entendre parler de tout cela, c’est que le capitalisme leur propose un prêt-à-porter identitaire et consommateur. C’est comme si les gens adoptaient une autre personnalité, fictive, fondée sur un individualisme sans contours répondant aux stimuli de la consommation.

La question animale implique par contre de décrocher du 24 heures sur 24 de cette consommation. Parce que les animaux posent « problème » dans les villes et dans les campagnes, parce qu’ils représentent une sensibilité niée, parce qu’ils sont imprévisibles dans leur existence naturelle, inadaptée au capitalisme « identitaire ».

On peut d’ailleurs facilement voir que là où l’idéologie libérale-libertaire passe, telle l’idéologie LGBT, la question animale trépasse. Il y a bien entendu quelques personnes perdues cherchant à lier les deux, mais elles sont en total décalage avec les uns et les autres. Il n’y a pas de compatibilité possible entre l’affirmation individualiste de la consommation et une question générale. Il n’y a pas d’accord possible entre le « je consomme donc je suis » et la considération naturelle que l’être humain est un animal ayant mené un parcours particulier, mais un animal tout de même.

C’est que, à l’arrière-plan, il y a le capitalisme pensant déjà avoir résolu la question animale et s’imaginant capable de la résoudre en permanence (avec la viande in vitro, un végétalisme ultra-minoritaire pour satisfaire une ultra-minorité, etc.), et ceux qui ont compris que la question animale ne fait que commencer à se poser, appelant un changement complet d’attitude, de comportement, de morale, de rapport à la Nature.

Rien que la question de la vivisection montre bien le problème : c’est une pratique généralisée, que le capitalisme a prétendu plusieurs fois réduire, sans que finalement les choses ne changent.

Si on vivait dans une société réellement dramatique, les gens sauraient d’ailleurs ce qu’il en est de la vivisection. Mais cela est opaque, réellement opaque, pas comme les élevages et les abattoirs où tout le monde se doute de ce qui s’y passe, tout en détournant les yeux. La vivisection est un tabou complet, il n’en est jamais parlé, elle n’est jamais dénoncée. C’est là indubitablement une clef pour comprendre les choses, pour saisir les valeurs de la société, les méthodes du capitalisme.

Et il n’y a bien entendu pas que la vivisection. La question animale traverse tous les aspects de la vie quotidienne. C’est d’autant plus vrai avec la pandémie que connaît l’humanité depuis le début de l’année 2020. Les animaux sont partout sur la planète, tout est lié, l’humanité ne peut donc pas s’imaginer séparée de tout, dominatrice et destructrice.

La jeune génération connaît cette problématique. Elle n’a pas de réponses, elle est passive, sans contenu culturel ni idéologique, mais elle est consciente que c’est une problématique, un enjeu d’une immense dimension. Elle n’a pas les outils, mais elle sait qu’elle devra les avoir. Elle ne veut pas se poser la question, tout en sachant que celle-ci se pose d’elle-même.

Faut-il penser que les gens nés avant 2 000 sont perdus? Il est évident que pour leur immense majorité, ils sont en total décalage, qu’ils s’imaginent que les choses n’ont pas changé et ne changeront jamais ; ils ne perçoivent pas qu’on va dans le mur, car leur sensibilité est trop aliénée.

C’est la jeune génération qui est en fait la première du changement à venir.

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Exemplaire: la ville de Privas soutient un centre de soins pour animaux sauvages

Toutes les communes devraient mettre la main à la pâte… et au portefeuille.

La ville de Privas est en Ardèche, la petite commune de Saint-Forgeux est à une quarantaine de kilomètres de Lyon. La distance entre Privas et Saint-Forgeux est de 180 kilomètres, soit plus de deux heures de voiture. Pourtant, la ville de Privas a décidé d’accorder une subvention à un centre de soins pour animaux sauvages à Saint-Forgeux, l’Hirondelle. Pourquoi cela ?

D’une part, parce que la ville a décidé de contribuer à un centre de soins qui n’a pas de moyens. C’est un apport matériel essentiel. C’est excellent ! Normal, dans le fond, mais excellent. D’autre part, parce qu’en fait en France, il n’y a pratiquement pas de centres de soins. Si on trouve un animal sauvage blessé, il faut disposer d’une voiture et aller loin… très loin ! Le communiqué de la ville de Privas est tout à fait clair à ce sujet, comme le montre le passage ici mis en gras :

« LA VILLE SOUTIENT L’HIRONDELLE

La ville de Privas est la première commune du département à signer une convention avec l’association l’Hirondelle, centre de soins pour animaux sauvages.

Située à Saint-Forgeux, c’est la seule structure habilitée à prendre en charge la faune sauvage en détresse sur les départements du Rhône, de l’Ardèche, de la Drôme et de la Loire.

Elle a pour objectif de recueillir et soigner les animaux sauvages, blessés, malades, affaiblis, en vue de les relâcher dans des sites appropriés.

L’Hirondelle joue un rôle dans le maintien de la biodiversité par la richesse des espèces soignées, participe activement au suivi sanitaire de la faune sauvage, sensibilise le public par le biais des animaux pris en charge et des conseils téléphoniques. La structure est aussi chargée de former les pompiers et les vétérinaires sur les risques sanitaires et les dangers que peuvent représenter certains animaux.

Ouvert 7j/7 et 24h/24, ce centre de soin compte 5200 membres dont 300 bénévoles pour accueillir 4500 animaux par an.

En octobre 2019, l’association a été contrainte de fermer pendant 8 mois faute de moyens financiers, elle a rouvert ses portes en 2020 mais ses moyens restent insuffisants pour faire perdurer son activité.

La ville de Privas s’engage donc à verser une participation pour l’année 2021 à l’association. Elle s’engage à mettre en place des affiches dans la ville afin de sensibiliser la population et œuvrer pour la préservation des animaux sauvages. »

Ce que fait la ville de Privas est exemplaire, mais on l’aura compris la situation est terrifiante. Les structures pour aider la vie sauvage sont très peu nombreuses et fonctionnent comme les refuges, sur la base de l’abnégation de peu de gens, affrontant le dédain complet de la société. Le manque de structures est d’autant plus scandaleux que l’État utilise largement ces centres de soins (et les refuges), sans aligner un euro.

Et la situation ne va pas en s’améliorant, puisque la condition animale se dégrade de jours en jours, contrairement à ce que racontent les menteurs de L214. Voici ce que dit le centre de soins concernés, par exemple, au tout début mai 2021 :

« Depuis janvier 2021, l’Hirondelle a connu une augmentation de 70% des arrivées, du jamais vu depuis l’existence du centre !

Plus de 1000 animaux ont été recueillis depuis le début de l’année, et cela n’est pas prêt de se calmer. Les mésanges, les merles, les chouettes hulottes, les renardeaux, les écureuils, les chevreuils… occupent de plus en plus de place au centre de soins. Nos équipes s’agrandissent elles aussi, avec de nouveaux services-civiques et bénévoles venus épauler notre équipe de salariés.

Mais au vu de cette hausse inattendue des arrivées, nous risquons à nouveau de refuser des pensionnaires si nous ne trouvons pas les moyens financiers pour tous les soigner.

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ℹ RAPPEL : Les dons au profit de l’Hirondelle sont déductibles à 66% de vos impôts dans la limite de 20% de votre revenu imposable. Par exemple : Un don de 100€ vous coûtera 33€ après déduction fiscale. Concernant les entreprises, les dons sont déductibles à hauteur de 60% dans la limite de 5 ‰ du chiffre d’affaires annuel hors taxe. Un reçu fiscal vous sera adressé. »

Cette situation n’a bien entendu rien d’unique et toutes les communes devraient faire comme celle de Privas. C’est en fait d’ailleurs l’État qui devrait assumer les centres de soins pour les animaux sauvages, de manière démocratique et totalement transparente (à l’opposé de « Faune Alfort » par exemple, lié en région parisienne à l’école vétérinaire et dans le même lieu où se trouve l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail qui procède par définition à l’expérimentation sur les animaux).

C’est une exigence politique, que la Gauche devrait assumer. Ou plutôt : doit assumer, car c’est une bataille de ligne absolument essentielle. Qui ne veut pas défendre les animaux, en ce début du 21e siècle, ne peut pas être réellement de gauche. C’est une évidence même. On ne peut pas être de gauche et accepter la destruction capitaliste de la nature, l’asservissement des animaux, le style de vie consommateur aliénant reposant sur l’indifférence.

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Écologie

L’autorité de sureté nucléaire s’inquiète de la gestion des déchets radioactifs

Le nucléaire est une folie, et c’est d’autant plus une folie quand il a lieu dans le cadre d’un capitalisme en crise, de plus en plus incapable d’assurer des choses aussi élémentaires que penser à s’occuper des déchets radioactifs… Voici à ce sujet le communiqué très inquiétant de l’autorité de sûreté nucléaire, un organisme d’État.

« L’ASN a rendu ses avis sur la gestion des matières et déchets radioactifs

Publié le 07/06/2021 à 14:00

Note d’information

Saisie par le ministère chargé de l’énergie dans le cadre de l’édition 2016-2018 du Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR), l’ASN a rendu, en 2020 et 2021, sept avis sur la gestion des matières et des déchets radioactifs produits sur le territoire national. Dans ces avis, l’ASN souligne notamment le fait que des décisions seront nécessaires, à court terme, afin que des filières de gestion sûres soient disponibles pour tous les types de déchets radioactifs dans les 15 à 20 ans à venir.

Ces avis se fondent sur l’analyse approfondie des études remises par les producteurs et gestionnaires de matières et déchets radioactifs en application de l’arrêté du 23 février 2017[1], sur les conclusions du débat public mené pour la première fois en 2019 en vue de la préparation du 5e PNGMDR, et sur les grandes orientations décidées par la ministre de la transition écologique et le président de l’ASN le 21 février 2020 à la suite du débat public. Ils ont pour objectif de fournir des recommandations d’actions concrètes, sur des sujets pour lesquels des décisions peuvent être prises dès à présent ou à défaut, pendant la durée du plan.

L’ASN insiste sur l’importance d’anticiper les choix de gestion des matières et des déchets radioactifs. En particulier, l’ASN considère que :

  • le caractère valorisable des matières radioactives doit être apprécié en tenant compte des horizons temporels de disponibilité des filières industrielles d’utilisation de ces matières, et des volumes de matières concernés. La valorisation d’une matière radioactive peut être considérée comme plausible si l’existence d’une filière industrielle est réaliste à un horizon d’une trentaine d’années. Pour toute perspective plus lointaine, il est nécessaire d’anticiper les besoins d’entreposage sur les durées correspondantes, plus longues qu’une trentaine d’années, dans des conditions sûres, et la gestion possible de la substance radioactive en tant que déchetEn tout état de cause, l’absence de perspective d’utilisation à l’horizon d’une centaine d’années doit conduire à requalifier la substance en déchet. Ces principes doivent être notamment appliqués pour une quantité substantielle de l’uranium appauvri actuellement entreposé en tant que matière ;
  • la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie devra définir les perspectives audelà de 2040 en matière de retraitement des combustibles usés afin que les actions nécessaires à un arrêt ou à une poursuite de cette politique puissent être anticipées ;
  • Dans l’attente de solution de stockage, les besoins en entreposage doivent être anticipés. En particulier, la réalisation de capacités supplémentaires pour l’entreposage de combustibles usés constitue un enjeu stratégique pour la sûreté globale des installations nucléaires. EDF doit déposer au plus tôt un dossier de demande d’autorisation de création pour l’option d’une piscine d’entreposage centralisé qu’elle a choisi ;
  • l’entreposage de longue durée ne peut pas constituer une solution définitive pour la gestion des déchets à haute activité à vie longue. Il suppose en effet le maintien d’un contrôle de la part de la société et la reprise des déchets par les générations futures, ce qui semble difficile à garantir sur des périodes de plusieurs centaines d’années ;
  • la transmutation des déchets déjà conditionnés de l’inventaire de réserve de Cigéo n’est pas une perspective crédible à l’échelle industrielle. Si des études devaient se poursuivre sur le sujet, il conviendrait de les faire porter sur la transmutation des substances radioactives actuellement qualifiées de matières ou sur la transmutation des déchets produits par un futur parc de réacteurs ;
  • les producteurs doivent mettre en œuvre un programme ambitieux de caractérisation des colis de déchets bitumés, indispensable pour démontrer que tout ou partie de ces colis pourrait être stocké avec un haut niveau de sûreté dans le centre de stockage Cigéo, sans traitement préalable ;
  • les exploitants doivent mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour reprendre et conditionner les déchets anciens (RCD) de haute et moyenne acticité vie longue (HA-MA/VL) produits avant 2015 dont ils sont responsables, dans le respect du délai de 2030 fixé par la loi, en priorisant les actions du point de vue de la sûreté ;
  • Afin d’anticiper la création de stockages de déchets de très faible activité (TFA) répondant aux besoins, l’ANDRA doit déposer une demande d’augmentation de la capacité autorisée du CIRES au moins six ans avant la saturation prévue et étudier la mise en place d’installations complémentaires de stockage de déchets TFA, centralisé ou décentralisé ;
  • la valorisation de certains types de déchets TFA, dont les volumes produits seront importants, doit être encouragée, notamment par la mise en place d’un cadre spécifique de dérogation et de contrôle pour la valorisation de matériaux métalliques de faible activité ;
  • les efforts doivent être accentués pour permettre la création de capacités de stockage des déchets de faible activité vie longue (FA-VL). à cet égard, l’ANDRA doit remettre d’ici mi 2023, un dossier présentant les options techniques de sûreté retenues pour le stockage de déchets FA-VL en faible profondeur sur le site de la communauté de communes de Vendeuvre‑Soulaines (Aube).

Dans ces avis, l’ASN souligne la nécessité d’associer l’ensemble des parties prenantes intéresséesnotamment les représentants des territoires impliqués ou susceptibles de l’être, aux choix de gestion pour les déchets de très faible activité (TFA), les déchets de faible activité à vie longue (FA-VL), les stockages historiques de déchets radioactifs et la gestion des eaux issues des anciens sites miniers d’uranium, en s’appuyant en particulier sur des analyses multicritères pluralistes[2].

Le projet de 5e PNGMDR, désormais élaboré sous l’unique responsabilité du ministère de la transition écologique, fera l’objet de consultations de l’Autorité environnementale et du public d’ici la fin de l’année 2021. En parallèle, l’ASN rendra un dernier avis sur les projets de textes réglementaires du 5e PNGMDR. Le plan tel qu’arrêté par le Gouvernement fera ensuite l’objet d’une évaluation par le Parlement. »

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Culture Écologie Vie quotidienne

Un bijou incontournable de Moby et Steve Cutts

Une vidéo synthétisant une exigence du 21e siècle.

Un grand artiste de la musique rencontre un grand artiste du dessin et cela donne quelque chose de formidable. Pourquoi ? Parce que ces grands artistes, à rebours du subjectivisme, s’ancrent dans le réel. Une œuvre d’art, ce n’est pas un étalage émotionnel purement individualiste, mais une exposition de la réalité à travers la sensibilité.

On parle ici de Moby (qui assume d’être lié à l’esprit techno des années 1980) et de Steve Cutts (aux vidéos écologistes incontournables), le second ayant fait la vidéo de la reprise par le premier de sa chanson classique de 1999 Why Does My Heart Feel So Bad?.

La question animale, dont 99% des gens n’est toujours pas capable de parler en France en 2021, s’expose ici dans toute sa dignité… Et avec toute son exigence !

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Écologie

Appel de la SPA de Mulhouse contre le trafic de chiots

Un appel lié à une lutte concrète au quotidien.

La SPA de Mulhouse trace un bilan du démantèlement d’un trafic et appelle à la mobilisation de toutes parts. Rappelons qu’au-delà de la justesse de l’action de la protection animale, les gens qui y sont actifs font face au quotidien à l’indifférence des gens, à la souffrance des animaux. Leur abnégation est immense et exige un soutien complet de la société!

La SPA de Mulhouse Haute-Alsace a de nouveau dû faire face à du trafic de chiots. Samedi 22 mai 2021, dans l’après-midi, la Gendarmerie de Masevaux a contacté d’urgence notre refuge, suite à un contrôle par les Douanes d’un véhicule immatriculé en Hollande, en provenance d’Espagne et à destination de l’Allemagne. Dans le coffre de la voiture étaient entassés dans 2 cages 15 chiots non sevrés et une chienne.

Une équipe de la SPA de Mulhouse Haute-Alsace, dont le Directeur, est arrivée à la Gendarmerie de Masevaux pour constater l’état des animaux.

La Brigade Verte était également présente ; le transport n’était pas en adéquation avec la législation : ils n’avaient pas de nourriture ni d’eau à disposition ; les trafiquants projetaient de les nourrir avec des croquettes et du lait en poudre non adapté ; la chienne était parasitée par des puces et des tiques et totalement déshydratée ; elle se tenait à peine debout !

La maltraitance animale ayant été constatée et de surcroît, un transport animalier non réglementaire ont permis au Service des Douanes et à la Gendarmerie de nous remettre les loulous.

Ces animaux ont été admis à l’hôpital de la SPA de Mulhouse Haute Alsace. Après auscultation par notre vétérinaire, un des chiots se présentait avec un souffle cardiaque très marqué.

Un bon nombre des chiots souffraient de diarrhée et tous étaient parasités par des puces et des vers Ascaris. À l’heure actuelle, les chiots et la chienne vont bien ; ils sont choyés et soignés par le personnel du Chenil.

À QUAND VONT CESSER LE TRANSPORT ET LE TRAFIC D’ANIMAUX DOMESTIQUES ?!

Vous pouvez encore signer notre pétition (lancée en juillet 2020 pour une autre affaire de trafic de chiots) afin d’atteindre les 100 000 signatures, voire plus: http://chng.it/gwFyVNvsyw

Nous précisons que les chiots ne sont pas encore adoptables car ils ne sont pas encore sevrés, pour la majorité et doivent finir leurs traitements ; ils ne sont pas non plus réservables ; quand les loulous seront à l’adoption, ils se trouveront sur notre site internet: www.spa-mulhouse.fr

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Écologie

Loi contre la maltraitance animale : lettre ouverte au gouvernement

Voici une lettre ouverte au gouvernement par l’association Convergence Animaux Politique, jointe par de nombreuses organisations de la protection animale et plusieurs parlementaires.

« Lettre ouverte à Monsieur le Premier ministre, Jean Castex, aux ministres Barbara Pompili, Julien Denormandie et Marc Fesneau

Le 29 janvier 2021, l’Assemblée nationale adoptait une proposition de loi ambitieuse et pragmatique, visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale. Ce texte, porté par les rapporteurs Loïc Dombreval, Laëtitia Romeiro Dias et Dimitri Houbron, et voté par une très large majorité des députés, doit permettre d’assurer une meilleure protection des animaux de compagnie et de mettre fin à la captivité de nombreux animaux sauvages.

Cependant, il n’a toujours pas été mis à l’ordre du jour du Sénat, ce qui compromet son adoption finale par le Parlement. Nous demandons donc au gouvernement d’agir, afin que le débat puisse avoir lieu au Sénat dans les plus brefs délais.

Nous souhaitons porter à votre attention les enjeux majeurs liés à l’adoption de cette loi. Nous pensons, comme 89%** de nos concitoyens, qu’il est temps que notre société intègre davantage d’humanité dans notre rapport aux animaux. Un pan entier des êtres vivants doués de sensibilité est aujourd’hui laissé sans protection suffisante et il appartient aux décideurs politiques d’y remédier.

Depuis plusieurs années, un grand nombre de parlementaires se mobilisent pour traduire cette demande des citoyens dans le Droit. C’est pourquoi nous sommes convaincus que l’important travail effectué par les députés et les ONG autour de cette proposition de loi doit être poursuivi par les sénateurs. L’avenir de notre démocratie requiert un fonctionnement efficace de nos institutions.

Nous demandons donc au gouvernement d’intervenir pour que ce texte soit mis à l’ordre du jour du Sénat. Le gouvernement s’étant engagé, à plusieurs reprises, à accorder une meilleure protection aux animaux, il est de sa responsabilité de favoriser l’aboutissement de cette proposition de loi.

Monsieur le Premier ministre, Madame et Messieurs les ministres, ne manquons pas l’opportunité de nous montrer collectivement à la hauteur de ces enjeux. »

** 89% des Français jugent la cause animale importante, selon un sondage IFOP de 2019.

Les signataires 

43 Organisations de protection animale :

ACTA Gironde
Action Protection Animale
Alliance Anticorrida
Animal Cross
Animal Justice et Droit
Association de protection des animaux par le droit (APRAD)
Association en faveur de l’abattage des animaux dans la dignité (AFAAD)
Association Justice Animaux Savoie
Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS)
Association Stéphane Lamart
Association Végétarienne de France
AVES France
C’est Assez !
Code Animal
Collectif Chats 100% Stérilisation Obligatoire
Comité scientifique Pro Anima
Confédération nationale Défense de l’Animal
Convention Vie et Nature
Convergence Animaux Politique (CAP)
CRAC Europe
Droits des animaux
Education Ethique Animale
Enfant Animal Nature prévention de la violence
Fédération des luttes pour l’abolition des corridas (FLAC)
Fondation Brigitte Bardot
France Nature Environnement
Groupement de réflexion et d’action pour l’animal (GRAAL)
Humanisma
L214 éthique et animaux
La Fondation Droit Animal, Ethique et Sciences (LFDA)
OEuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs (OABA)
One Voice
Paris Animaux Zoopolis
PETA France
Rassemblement pour une France sans Chasse (RAC)
Réseau des centres de soins de la faune sauvage
Réseau-Cétacés
Sea Shepherd France
SEEVAD
Société nationale pour la défense des animaux (SNDA)
Vegan Impact
Volée de piafs
Welfarm

30 parlementaires :

Erwan Balanant, député
Esther Benbassa, sénatrice
Aurore Bergé, députée, Présidente déléguée du groupe LREM à l’Assemblée
Pierre-Yves Bournazel, député
Michel Castellani, député
Samantha Cazebonne, députée
Eric Diard, député
M’Jid El Guerrab, député
Olivier Falorni, député
Guillaume Gontard, sénateur, Président du groupe écologiste, solidarité et territoires au Sénat
Dimitri Houbron, député, rapporteur de la proposition de loi contre la maltraitance animale
Hubert Julien-Laferrière, député
Jean-Luc Lagleize, député
Karine Lebon, députée
Vincent Ledoux, député
Patricia Lemoine, députée
Jean-Michel Mis, député
Valérie Petit, députée
Florence Provendier, députée
Caroline Roose, eurodéputée
Laurianne Rossi, députée, Questeure de l’Assemblée nationale
Laurence Rossignol, sénatrice, Vice-présidente du Sénat
André Vallini, sénateur, Ancien ministre des Relations avec le Parlement
Corinne Vignon, députée
Cédric Villani, député
Stéphane Viry, député
Michel Zumkeller, député
Anne-Laurence Petel, députée
Sabine Rubin, députée
David Corceiro, député

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Écologie Planète et animaux

Animal testing: deux témoignages d’employés sur la cruauté dans les laboratoires

L’expérimentation animale est une abomination. Cela n’a rien de nouveau, cela n’a rien d’inconnu. Cela fait des années que partout dans le monde des associations alertent, dénoncent, diffusent des images ou des témoignages.

Pourtant, c’est toujours le silence et l’opacité la plus totale règne face à ce qui se passe dans les laboratoires. Les animaux y sont lâchement abandonnés à leur sort par une société qui ne veut pas savoir. C’est particulièrement vrai en France. Alors il faut sans cesse dénoncer cette barbarie, et chaque témoignage est très utile.

Voici deux témoignages saisissants, recueillis par l’association Animal Testing. Personne n’a le droit de fermer les yeux à ce sujet, il faut que la société entière sache ce qui se passe… pour le refuser !

On retrouvera l’intégralité des témoignages sur le site Animal testing, ainsi qu’une pétition et un communiqué de presse.

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Culture Écologie

Art, nature et prolétariat: la sensibilité écologique vue par un militant ouvrier en 1936

Le besoin d’harmonie avec la nature est ancré dans le mouvement ouvrier depuis toujours. Les meilleurs éléments du mouvement ouvrier ont su remettre à sa place l’être humain dans la grande dynamique naturelle du monde, devant s’illustrer par une juste saisie des choses que permet le réalisme dans les arts.

En mars 1895, Georges Schmiedl, enseignant socialiste et libre-penseur, publie un appel dans le journal des travailleurs viennois à fonder un groupe touristique des amoureux de la Nature. En septembre 1895 est ainsi fondée l’ Association des Amis de la Nature, avec sa devise « main dans la main à travers les montagnes et les campagnes ».

Le but était de promouvoir un mode de vie sain (en refusant l’alcool) par les sports de plein air, et d’apporter les dernières connaissances scientifiques sur la nature à la classe ouvrière. Une classe ouvrière dont les conditions de vie dans l’empire austro-hongrois étaient particulièrement dures à cette époque.

L’initiative autrichienne se diffusa très vite en Allemagne, puis en Suisse, en Belgique et en France, etc., jusqu’à former une Internationale des amis de la Nature, très proche de l’Internationale Socialiste mais ouverte à tous. En France, cela essaima logiquement à partir de la Lorraine, avec le premier groupe fondé à Nancy en 1929. Les groupes en France, Belgique et Suisse romande diffusaient leurs conceptions autour d’une revue bi-mensuelle commune, l’Ami de la Nature.

Le Populaire, 12 octobre 1931

Dans le numéro du 1er janvier 1936, René Thuillier (1913-1989), militant communiste de Paris et de l’Aisne, et grand cycliste investit dans la Fédération Sportive et Gymnastique des Travailleurs (FSGT) y publie un article très intéressant intitulé « Art, nature et prolétariat ». En 1937, la FSGT fusionnera avec les « Amis de la Nature ».

Dans cet article, René Thuillier pose les jalons d’une pensée émancipatrice, fondée sur l’accès à la nature comme condition préalable à toute sensibilité artistique. Voici l’article :


C’était par un soir d’hiver, triste et maussade.

Dehors, une pluie fine tombait.

Confortablement installé dans la tiédeur de mon foyer familial, je lisais un recueil de poésies.

Il fait bon lire ainsi, bien au sec, bien au chaud, alors que le mauvais temps déferle derrière vos vitres. Et il est doux de laisser se former en vous, au gré de votre fantaisie, les images que vous suggèrent les mots si évocateurs de beaux vers bien cadencés. Je venais justement de commencer un poème de Stuart Merril qui débute ainsi :

Le blême lune allume en la mare qui luit,

Miroir des gloires d’or, un émoi d’incendie.

Tout dort. Seul, à mi-mort, un rossignol de nuit

Module en mal d’amour sa molle mélodie.

Plus ne vibrent les vents en le mystère vert

Des ramures. La lune a tu leurs voix nocturnes :

Mais à travers le deuil du feuillage entr’ouvert

Pleuvent les bleus baisers des astres taciturnes.


Et je revivais, à cette lecture, les sensations délicates et profondes à la fois, qu’une belle nuit d’été procure à ceux qui savent les apprécier. Seuls, des Amis de la Nature, pensais-je, peuvent goûter le charme qui se dégage d’un tel poème, car eux seuls ont pu apprécier le charme dans le nature même. Pourtant, me dis-je, ces sensations viennent de t’être évoquées grâce à quelque chose d’artificiel; des mots choisis groupés selon une cadence particulière. Art et Nature ne font-ils qu’un ou sont-ils séparables?… Voila la question qui domina ensuite ma lecture.

Et il m’apparaît qu’elle n’est pas étrangère à notre activité d’Amis de le Nature. En effet, nous n’ignorons certes pas que la nature peut nous offrir d’autres sensations que celles qui proviennent de la contemplation de ses aspects champêtres.

Nous savons que la science et toute l’activité humaine nous procurent des plaisirs artificiels et que beaucoup de ces plaisirs restent très sains. Nous ne contestons pas que certains sont même supérieurs, en intensité et en « intellectualité » à ceux que le nature nous donne directement : (Tels sont, par exemple, la musique, la poésie, la peinture, la danse, les plaisirs artistiques, en un mot, et nous ne devons pas les négliger, au contraire).

Mais il n’en reste pas moins vrai qu’en définitive, ces sensations artistiques ne sont pas indépendantes du cosmos. Bien qu’artificielles, elles s’articulent toujours sur des sensations normales ; elles prennent toujours racine dans des manifestations directes de la nature, aussi abstraites que soient les procédés artistiques mis en œuvre.

Ce qu’il faut donc, pour bien apprécier les arts, c’est avoir déjà apprécié la nature dans ses aspects champêtres, puisque, finalement, les arts ne font que suggérer, sublimer, magnifier, disséquer et parfois travestir les émotions que la nature nous donne directement. L’art, en effet, n’est qu’un moyen qui nous permet d’exprimer la beauté, et la beauté, c’est ce qui inspire l’admiration, ce qui nous charme par son harmonie.

Or, où, sinon dans les spectacles de la Nature, trouverons-nous des expressions plus normales, plus simples et plus directes de la beauté ?

Notre rôle, à nous Amis de la Nature, consiste précisément à faire connaître et apprécier les beautés de la Nature; et si nous nous adressons plus particulièrement à la classe prolétarienne, c’est que celle-ci les ignore le plus.

Certes, ce n’est pas de sa faute. Le société capitaliste qui nous dirige ne se préoccupe pas de cette question mais qui, plus que le peuple, a besoin d’être récompensé de son labeur par des sensations agréables et saines? Et qui travaille pour les lui procurer ?

Actuellement, l’art, sous toutes ses formes, est presque entièrement réservé aux classes riches. Il sert trop souvent les intérêts du régime où il se prostitue. D’autre part, il est difficile au peuple d’accéder à l’art, parce que l’instruction trop rudimentaire de l’ouvrier ne lui permet pas de comprendre les symboles artistiques nécessaires. Comment devons-nous alors poser le problème de l’art par rapport à la Nature et à la classe ouvrière ?

Certes, lorsque le prolétariat sera maître de ses destinées, il pourra diriger son éducation et son instruction au mieux de ses intérêts, mais, entretremps, que doit-il faire?

Vivre sans idéal de beauté, sans sensations d’art ? Ou pire, avec ces sensations d’ « art job-popuaire » que le commerce lui vend, mais qui sont un défi à la beauté ?

Non. La vérité est tout autre.

L’homme ne vit pas que de pain. Ce n’est pas une raison parce que le système capitaliste actuel contraint, directement ou indirectement, des multitudes d’êtres à vivre dans des taudis infects, sans air, sans lumière, sans esthétique, pour que le prolétariat considère comme normale l’existence qu’il mène.

Non. La vie peut lui donner d’autres joies que celles qu’il connaît. Elle réserve autre chose, pour le prolétaire, que les plaisirs que lui donnent les boissons, le tabac, les jeux de cartes ou de hasard, les chansons avinées ou obscènes, le cinéma abrutisseur, l’amour physique, les sports hypertrophiques ou « claqueurs ».

Notre rôle, à nous Amie de la Nature, consiste à faire connaitre au peuple qu’II peut trouver dans la Nature d’autres sources de joies, des joies plus saines, plus directes, plus normales, plus simples et plus vivifiantes…

Ces joies il les trouvera, comme nous les trouvons, dans le promenade à la campagne, dans l’excursion accomplie seul ou en compagnie de bons camarades. Nous ne prétendons pas que ces plaisirs doivent remplacer tous les auIres, bien loin de là, mais nous disons qu’ils élèvent l’esprit tout en conservant ou en re-donnant la santé au corps.

La promenade à la campagne est le meilleur des sports; si, comme nous nous attachons à faire, on profite de cette promenade pour observer, étudier la nature, pour essayer d’en comprendre ses lois, pour se mettre en harmonie avec les spectacles divers qu’elle nous donne, c’est tout ce que nous demandons.

Nous n’imposons aucune philosophie, aucune mystique. Nous disons simplement à notre camarade de travail :

— Viens avec nous ! Tu te distrairas sainement, proprement. Au contact de la nature, tu réfléchiras sur la vie avec beaucoup plus de clarté; tu te feras une conception personnelle de l’existence, tu auras beaucoup plus de facilités pour penser par toi-même. Tu deviendras ainsi une unité intelligente et indépendante dans la grande masse du prolétariat dont l’esprit, hélas, est asservi autant que le corps par le régime social actuel.

Nous ajouterons encore que toute tentative de transformation culturelle de la mentalité populaire qui ne s’affirme pas sur une réforme préalable conçue comme nous l’entendons risque d’être inopérante.

Pour élever le peuple jusqu’à l’art, à l’art sain, il faut d’abord le rendre accessible aux beautés naturelles.

C’est notre opinion et notre tâche.

R. TRUILLIER.


P. S. — J’avais fait lire ce qui précède par un bon camarade qui s’occupe beaucoup de politique.

Il m’a dit :

— C’est très bien ce que tu racontes, mais pour le moment, nous avons autre chose que cela nous occuper. Tous nos efforts doivent être tendue pour changer le régime, source de tous nos maux.

Je lui ai répondu en substance :

— Je suis d’accord avec toi, nous sommes tous d’accord avec toi. Il n’empêche que, malgré tout, le prolétariat se distrait néanmoins et où, sinon au bistrot, au cinéma, en lisant des feuilletons ineptes, etc. ?

Cela, c’est un fait, et tu ne l’empêcheras pas.

Nous lui demandons simplement, à l’ouvrier, de se distraire selon nos conceptions, que tu trouves bonnes, et, ce faisant, nous estimons collaborer, nous aussi, à la transformation du régime; ceci, bien entendu, en plus de l’action sociale, syndicale ou politique, que nous menons, avec toi, d’autre part.

R. Th

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Écologie Société

L’enfer est pavé de bonnes intentions: les chats errants

Dans cette série d’article, nous vous proposons d’aborder des attitudes tirées de la vie quotidienne, illustrant le chaos de la société française du XXIe siècle. Des mentalités et des actes illustrant la célèbre expression « l’enfer est pavé de bonnes intentions ». Abordons aujourd’hui la question du nourrissage des chats errants.

Des chats abandonnés et non stérilisés se retrouvent dans le rue du jour au lendemain sans comprendre ce qui leur arrive. Et n’en déplaisent à l’individualiste sans âme qui s’imagine que cet acte immonde n’impactera qu’un seul animal, ce nouveau chat errant reste un animal et se comportera selon sa vraie nature. Ainsi, les femelles auront une première portée, puis une deuxième, puis une troisième… jusqu’à ce qu’elle soit recueillie par une association (dans le meilleur des cas), ou jusqu’à ce qu’elle agonise dehors. Ses petits vivront eux aussi dans la même précarité, pour ne pas dire la même détresse. Et le cycle continuera.

Certaines personnes, pleine de bonnes intentions, décident alors individuellement d’aller donner à manger à ces chats errants. Certaines donneront tous les jours au même endroit, d’autres de façon plus disséminée dans le temps et l’espace. Quel est le donc problème ? Les chats ont faim et soif, des personnes leur viennent en aide, tout semble correct.

Le problème est que, sans le vouloir, ces personnes peuvent mettre des bâtons dans les roues d’associations s’occupant de chats errants. Ces dernières essaient de les attraper afin de les stériliser à l’aide des trappes, ce qui ne fonctionne plus si des individus isolés les attirent ailleurs avec de la nourriture.

Ceci a été exprimé très clairement par l’association Pattes-en-rond du sud de la Seine-et-Marne mi-avril, via un message Facebook sans pincettes envers une dame qui continue de nourrir des chats. Et ce alors que l’association lui a demandé d’arrêter pour qu’une chatte puisse être attrapée et stérilisée :

« Donc pour faire simple : les personnes qui nourrissent les chats dehors sans les stériliser, vous n’aidez pas ces chats : vous prolongez leur agonie dans la rue et l’agonie de leur descendance.

Ce que vous faites est ignoble. Quand on décide de nourrir des chats, on fait appel à une asso pour stériliser, on participe à la capture pour offrir une meilleure vie à ces chats. On ne les nourrit pas sans leur apporter les soins dont ils ont besoin, on n’entrave pas les tentatives de secours. Ce n’est pas aimer les chats de faire ça ni même les aider.

La tricolore va finir par mettre bas dehors comme une merde dans la crasse, le danger et tout ça pour regarder ses petits crever eux aussi. Alors que si elle avait faim, elle entrerait dans les trappes et pourrait être prise en charge et mise en sécurité. »

Association Pattes-en-rond

Cet exemple est encore pire puisque cette dame est bien au courant des conséquences de ses actions. Malheureusement, les animaux font trop les frais les frais de personnes qui les prennent en otage : des vies sont en jeux et les intérêts individuels l’emportent.

De la rue à l’adoption, les bénévoles d’associations comme Pattes-en-rond font face aux egos et aux caprices de de consommateurs : ceux qui abandonnent leur animal comme ils jettent leur cigarette par terre ; ceux qui s’offusquent des critères d’adoption stricts, habitués à au « client est roi ».

S’ajoutent enfin ceux pensant bien faire, ceux qui comprennent et s’arrêtent jusqu’à ce qu’une autre personne pleine de bonnes intentions fasse de même.

Tout ceci semblera criminel aux yeux des humains dans plusieurs siècles : comment une société capable de connecter le monde entier via internet arrive-t-elle à laisser des associations seules contre tous ? Comment une société capable d’envoyer des hommes dans l’espace peut-elle laisser de côté tous ces chats errants ?

Il n’y a aucun frein technologique, logistique et humain. Une société basée non plus sur l’entrepreneur individuel, face au monde et au marché, mais sur la coopération et les intérêts collectifs pourrait venir en aide à tous ces chats. Tous pourraient être pris en charge très rapidement, tous pourraient être identifiés, soignés, stérilisés et adoptés.

A la Gauche historique de faire vivre l’idéal socialiste pour l’humanité et tous ses habitants !

Vous pouvez aider l’association Pattes-en-rond, tout est expliqué ici.

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Écologie

« Je ne suis pas contre la viande mais contre l’exploitation animale »

Des propos à la cohérence relative reflétant un carriérisme qui lui n’est pas relatif, de la part d’une chef cuisinière.

Claire Vallée est chef cuisinière du restaurant ONA (pour « Origine non animale ») à Arès, en Gironde ; elle a reçu en 2021 la première étoile Michelin accordée en France à un restaurant végan. Sachant que la question du véganisme est absolument démocratique, il est intéressant de voir ce qu’il faut penser de cette « réussite ».

En effet, y a-t-il encore un espace pour les avancées démocratiques dans le capitalisme? Ou bien tout est-il irrémédiablement décadent, c’est-à-dire non pas simplement récupéré, mais déformé, uniquement présent sous une forme corrompue?

Claire Vallée a accordé une interview au Figaro le 16 avril 2021, voici quelques citations qui permettront de cerner la question au moins en ce qui la concerne.

« Je ne suis pas contre la viande mais contre l’exploitation animale. Sans convertir tout le monde au véganisme, je pense qu’on peut offrir des alternatives intelligentes avec des saveurs et des ingrédients venant de producteurs locaux. »

« Aujourd’hui je ne suis pas une ayatollah du véganisme. Je l’ai été, mais maintenant il peut m’arriver de consommer du poisson dans un cadre professionnel, par exemple lorsque je mange chez un confrère étoilé. Mon combat est contre les lobbyistes et pour les petits producteurs. »

« Je vous l’ai déjà dit, je ne suis pas sectaire. J’ai des chasseurs, des bouchers qui viennent dîner chez moi et ressortent parfois en pleurant, car ils ont eu énormément d’émotions, avec des goûts qu’ils n’avaient connus auparavant. »

Chacune de ces phrases vaudrait une dissertation de philosophie. Contentons-nous de constater que cette personne se voudrait un caractère, mais qu’elle n’est qu’un type. D’aucuns diraient une caricature, mais ce serait passer à côté de l’essence de la question, qui est celle de la personnalisation, du carriérisme, de l’opportunisme, du libéralisme.

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Écologie

Les agriculteurs de la vallée du Rhône provoquent un pic de pollution

Au-delà des impressionnantes images d’exploitations agricoles « en feu », comment se fait-il qu’en 2021 de telles pratiques perdurent pour faire face à des aléas météorologiques, que l’on sait exacerbés par le dérèglement climatique ?

Ces dernières années, la transition des hivers aux printemps prend de plus en plus un tournant bizarre. Le mois de février connaît régulièrement des pics intenses de chaleur, laissant à croire que l’hiver est terminé. Evidemment cela n’est pas le cas, avec souvent une brutale rechute hivernale au mois de mars-avril. Si le dicton populaire « en avril ne te découvre pas d’un fil » a de ce point de vue sa part de vérité, il est évident que le changement climatique accentue de manière terrible ces oscillations de températures.

Et cette année cela a viré au drame pour les exploitants de vergers et de vignes. Car la vague de regel de ce début avril a été précédé par une période de chaleur printanière.

Selon Météo France, le bilan du mois de février 2021 fait état d’une température moyenne de 8,3 °c, soit en hausse de 2,5 °c par rapport aux relevés 1981-2010. Puis, à la fin mars, de nouveaux records de chaleur ont été battus un peu partout en France. Le 31 mars, il a par exemple fait 21°c à Valence.

Avant, donc, cette vague de gel allant jusqu’à -5°c, voir – 7°c dans la Drôme. Pour ne pas être détruits, les arbres en début de floraison ont été protégés par les agriculteurs avec des systèmes de chauffage qui vise à allumer des blocs de paraffines pendant plusieurs nuits.

Mais voilà, des blocs de paraffine, ce sont des composés à base d’hydrocarbure. Et de tels composés qui flambent par milliers dans de très nombreuses exploitations engendrent mécaniquement de la pollution… Car on oublie souvent que le brûlage incomplet de combustibles, mais aussi de déchets organiques, est une source très importante de particules fines. C’est d’ailleurs une pratique qui est le plus souvent interdite pour cette raison là.

De telles pratiques, dans une zone comme la vallée du Rhône qui connaît une sur-concentration d’exploitations arboricoles, ne pouvaient qu’aboutir à une dégradation délétère de la qualité de l’air. Les habitants de ces villages, mais aussi du bassin lyonnais, se sont même plaints d’une odeur de brûlée, ainsi que d’un voile opaque.

Les émissions en particules fines, conjugués aux rejets en dioxydes d’azote de la circulation routière, ont atteint un tel niveau que, le 8 avril, l’organisme chargé de la surveillance de la qualité de l’air, ATMO Auvergne Rhône-Alpes, a activé le niveau de vigilance renforcée pour la vallée du Rhône et le bassin lyonnais. C’est dire à quel point cette pratique est nocive pour l’atmosphère…

Le 7 avril, à Valence Sud, le taux de concentration de particules fines de 2,5 microns était de 60 microg/m3 d’air (le double logiquement pour les PM10), lorsqu’à Pékin, il était de 65 microg/m3 d’air. Rappelons que la norme limite établie en France pour les PM 2,5 est de 20 microg/m3, et de 10 microgr/m3 pour l’OMS.

Comment se faut-il qu’il n’y ait pas d’autres moyens de contrer le gel alors même que l’on sait que le dérèglement climatique exacerbe l’effet de ces phénomènes? Doit-on vraiment choisir entre la sauvegarde de cultures et la qualité de l’air ?

Car ces pratiques ne sont pas nouvelles, elles sont utilisées depuis des décennies et des décennies pour contrer les périodes de gel : les vieilles traditions ont ici raison sur tout, sans aucune débat démocratique pour régler cette problématique. Il y a bien d’autres manières de faire, comme des éoliennes, la pulvérisation d’eau sur les bourgeons, mais la mentalité est toujours d’aller au plus vite, au plus simple, au plus habituel…

Et l’on sait combien certains agriculteurs du secteur ne sont pas prompt à se poser les questions d’une telle manière, et encore moins dans une optique populaire. Le recrutement généralisée de main d’oeuvre immigrée, travaillant et vivant dans des conditions parfois odieuses, en est le témoin.

C’est bien là que l’on voit qu’il y a un problème profond. On a là l’expression d’une incapacité à impliquer la collectivité face à une problématique liée au dérèglement climatique, et dont la réponse prise de manière unilatérale aboutit finalement à engendrer plus de pollution… Là aussi, ce fait rappelle à quel point il y a un besoin d’une nouvelle orientation démocratique, populaire pour la société.

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One Voice: une pétition contre l’expérimentation animale

L’expérimentation animale est une cruauté, une cruauté très française. Il se passe des choses abominables qui sont cachées aux yeux du public. L’association One Voice, comme elle le fait depuis des années, lance une nouvelle campagne d’information à ce sujet, cette fois à propos de macaques torturés dans un établissement de l’Université de Strasbourg.

Tout cela n’a rien de nouveau, c’est même terriblement ancré depuis des années, comme le rappelle l’association dans l’article « La France au coeur d’un commerce opaque… et cruel ».

La situation particulière des singes de l’établissement Silabe est dénoncée dans l’article « Dans les laboratoires, l’agonie sans fin des macaques« .

Voici le texte de la pétition accompagnant cette campagne :

« Pour une recherche transparente et le remplacement de l’expérimentation animale par des méthodes substitutives !

Les animaux sont plus de deux millions à souffrir et mourir après des expériences sans fin chaque année dans les laboratoires de notre pays.

Selon les données officielles de 2017, plus de 30 % des primates subissant des expériences dans l’Union européenne sont en France. De même, notre pays est le plus gros « consommateur » de chats parmi nos voisins, deuxième plus important pour les chiens après le Royaume-Uni.

Qui plus est, sur l’ensemble des procédures entraînant des douleurs sévères tous animaux confondus dans l’UE, la France détient largement le taux le plus élevé d’Europe : près d’un tiers d’entre elles, loin devant les pays suivants !

La France, via ses universités, est un pays où transitent des milliers de singes venus de l’étranger et d’où certains repartent vers nos voisins européens. Dans les laboratoires, des souris, des lapins, des chevaux, des poissons, des chats, des cochons et tant d’autres animaux subissent test sur test leur vie durant, entre souffrance et angoisse, jusqu’à mourir dans la plus froide solitude.

Officiellement, derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne, la France est le troisième pays le plus tueur d’Europe.  En réalité, ce chiffre est sous-estimé, la France ne publiant pas certaines données, à la différence de ses voisins.

Cela doit cesser, les données de l’expérimentation animale doivent devenir transparentes ! Combien de fois avons-nous dû réclamer ces chiffres pour qu’ils soient publiés ? Et les données doivent intégrer non seulement les animaux expérimentés mais aussi ceux, non comptabilisés actuellement, qui sont tués pour analyse de leurs organes, les animaux transgéniques, les animaux sous forme fœtale, etc.

La France est le pays qui opère le moins de contrôles inopinés : 20 % contre une moyenne européenne de 40 %. Elle est aussi l’État membre qui fait le plus souffrir les animaux. Pourtant, les exigences européennes sont claires : il faut diminuer le nombre d’animaux expérimentés et leur souffrance.

Les méthodes alternatives qui existent doivent être systématiquement mises en œuvre en lieu et place de l’expérimentation animale. Et il faut que ces méthodes soient développées pour les autres expériences sur les animaux. Pour cela, les fonds publics nécessaires doivent être investis !

Je soussigné.e, demande une transparence totale sur les animaux expérimentés, le financement des méthodes substitutives et l’emploi systématique de celles-ci quand elles existent ! « 

POUR SIGNER LA PÉTITION, C’EST ICI : experimentation-animale.com/#petition

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Écologie

55 000 cochons meurent dans l’incendie de l’élevage allemand d’Alt Tellin

C’est un drame à l’échelle de la catastrophe en cours à notre époque.

Le capitalisme modernisé a systématisé l’emploi d’animaux, dont les conditions de vie ont toujours été rendus plus horribles afin d’élargir la consommation. L’existence de McDonald’s et des kebabs, ces paradis du consommateur pressé, dépend de ces lieux infernaux où les cadences assassines et les emplois aliénés sont la règle.

L’incendie de l’élevage d’Alt Tellin, un village de 400 habitants tout au nord-est de l’Allemagne, apparaît ainsi comme une « anecdote » sanglante dans un océan de sang et de misère. Il y avait 7 000 cochonnes et 50 000 porcelets lorsque l’incendie s’est déclaré ; seulement 1300 animaux ont pu être sauvés. Mais sauvés de quoi ?

Les éleveurs assument ouvertement de mettre en place l’enfer sur Terre, de déclarer la guerre aux besoins naturels, à la sensibilité, à l’empathie. Les cochonnes subissent un cauchemar éveillé, c’est l’Horreur.

Une véritable résistance à la construction de cet élevage gigantesque – 250 000 porcelets chaque année – s’était développé en 2009-2010. Manifestations, conférences, sabotages par l’ALF, campagnes régionales… La bataille avait continué même après les débuts de l’usine-élevage, avec des tentatives de blocage juridiques, des campagnes de protestation.

Et l’usine-élevage cumulait, forcément, nombre de problèmes techniques, étant même obligé de changer la terre en raison d’une fuite d’acide sulfurique. De la construction en 2010 à 2015, il y a eu 207 inspections montrant pas moins de 213 manquements. L’usine-élevage est alors passé dans les mains d’un monopole, la Landwirtschaftliche Ferkelzucht Deutschland, car dans le capitalisme il faut toujours aller de l’avant.

L’incendie est ainsi le point culminant d’une crise traversant la réalité à tous les niveaux, de par le caractère infâme et intenable d’une telle usine-élevage, de par la tentative du capitalisme de toujours abaisser les coûts et de toujours vendre davantage. Quitte à aller en conflit avec la vie elle-même. Des êtres vivants brûlés vifs par milliers, dans la panique, la souffrance, c’est l’enfer de Dante. Le responsable départemental Achim Froitzheim a expliqué en parlant des pompiers que :

« Les gens ont des images dans la tête, c’est indescriptible. »

L’usine-élevage est détruite pour de bon. Les animaux ayant échappé au feu, eux, vont par contre rejoindre d’autres usines-élevages. Car le capitalisme continue et il continuera inlassablement à produire des usines-élevages toujours plus vastes, pour une consommation absurde pour des consommateurs façonnés par le capitalisme.

Mais cet dramatique événement donne aussi, tristement, raison à la résistance, qui ne manquera pas de prendre l’initiative. 200 personnes ont immédiatement manifesté aux abords de l’incendie pour protester d’ailleurs. L’honneur de l’humanité n’est pas sauvée, mais la bataille est en cours !