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Planète et animaux Politique

La condition animale, le grand critère de la vraie Gauche

Pour évaluer ce qui se passe à Gauche, il faut voir ce qui est des animaux… s’il en est même parlé.

La question animale est apparue dès le début des années 1990 comme une question brûlante dans les milieux qu’on va appeler d’avant-garde concernant l’observation de ce qui se passe dans le capitalisme. En 2021, ce n’est même plus une question brûlante, c’est une question centrale, souvent même la question principale, comme en témoigne la crise sanitaire avec un coronavirus directement issu d’un rapport destructeur avec les animaux et la Nature.

Pourtant, l’obstination de l’humanité à s’enferrer dans la consommation capitaliste empêche encore et toujours un regard démocratique sur la condition animale. Il ne s’agit pas seulement du fait que la Droite soit hostile à toute remise en cause du rapport aux animaux. Il y a également le fait que pour certains milieux intellectuels petits-bourgeois, la question animale est un moyen de se faire-valoir, voire même de se placer au service d’un capitalisme américain moderne avec des bobos expliquant qu’il aurait désormais un « visage humain ».

Il faut ajouter à cela les religions, puisque le halal et le casher sont présentés comme des démarches qui seraient « en phase » avec la condition animale. Ce n’est évidemment pas le cas. Et il faut encore ajouter ceux qui prétendent qu’ils n’ont rien contre un changement de la condition animale, tout en faisant strictement rien, se contentant d’utiliser cela pour agrémenter des tracts ou un programme, mais sans jamais appeler à changer la vie quotidienne, à modifier sa vision du monde.

Aussi faut-il dire, et toujours plus le dire, que la condition animale est un thème essentiel, qu’elle est incontournable. Que pour évaluer quelqu’un, un groupe, un média, une organisation, il faut regarder ce qui est dit sur les animaux. Ce qui veut dire, malheureusement, déjà voir s’il est parlé des animaux. C’est là un critère fondamental, qui permet de distinguer ce qui va dans le bon sens et ce qui refuse de transformer la réalité.

Prenons Julien Coupat, très médiatisé au moment de l’affaire Tarnac et son procès, avec l’ouvrage « L’insurrection qui vient » promettant de fomenter des troubles par la constitution de groupes de révoltés. Il suffisait de savoir qu’il s’est affiché mangeant un kebab dans un squat vegan pour comprendre la nature du personnage. Ce genre de positionnement humain, ancré dans le réel, dit absolument tout.

Certains justement refusent d’admettre que la condition animale dit tout. Le rapport aux animaux serait une question secondaire, dont la nature découlerait de bien d’autres choses. Un tel raisonnement est unilatéral. Les animaux ne vivent pas en marge de la réalité, ils sont dans la réalité au même titre que les êtres humains, les arbres, l’océan, les montagnes, etc. La question sociale est fondamentale, en effet. Mais elle n’est pas hors sol. Son terrain est la réalité elle-même, c’est-à-dire la planète. Il suffit de voir comment elle est transformée ou plutôt défigurée.

Nous-mêmes nous vivons cette transformation et elle est révoltante. Qui entend se révolter contre l’anéantissement de la vie sauvage après la révolution ne la fera jamais ! On ne peut pas décaler la réalité à demain !

L’un des drames dans tout cela, c’est qu’on peut être certain que les animaux seront un thème pour Marine Le Pen et l’extrême-Droite en général pour la présidentielle de 2022. C’est déjà le cas depuis dix ans, d’ailleurs. L’extrême-Droite a compris qu’elle pouvait tirer la révolte contre l’horreur en misanthropie, en haine de l’autre. Brigitte Bardot est malheureusement exemplaire d’un tel positionnement, même si au moins elle soutient une Fondation à son nom œuvrant à la cause animale.

Et là pratiquer le véritable antifascisme ce n’est pas dénoncer une « récupération » par l’extrême-Droite de la question animale. C’est faire mieux qu’elle, car après tout l’extrême-Droite cherche à s’accaparer une cause démocratique et populaire. Alors il faut porter cette cause démocratique et populaire.

De toutes façons, il n’y a pas le choix, extrême-Droite ou pas. La condition animale est chaque jour plus dramatique, tant en France que dans le monde. Seuls les bobos allant dans les restaurants des centres-villes s’imaginent le contraire, ou les associations pratiquant un business de l’émotion pour s’intégrer au panorama d’une société indifférente et moribonde, telle L214. Pendant ce temps-là, rien ne change, les drames s’accumulent, tel à Brielles en Bretagne où le 12 mai 2021 500 truies et porcelets périssent à la suite d’un incendie.

S’imaginer qu’on a des décennies pour changer les choses est faux en pratique et de toutes façons immoral au présent. Le monde pourrait être totalement différent, il pourrait consister autre chose qu’en la consommation effrénée, le travail aliénant et bien entendu une exploitation au quotidien pour l’écrasante majorité des gens. Cet autre chose, c’est le socialisme, c’est-à-dire la bienveillance.

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Écologie Planète et animaux

Animal testing: deux témoignages d’employés sur la cruauté dans les laboratoires

L’expérimentation animale est une abomination. Cela n’a rien de nouveau, cela n’a rien d’inconnu. Cela fait des années que partout dans le monde des associations alertent, dénoncent, diffusent des images ou des témoignages.

Pourtant, c’est toujours le silence et l’opacité la plus totale règne face à ce qui se passe dans les laboratoires. Les animaux y sont lâchement abandonnés à leur sort par une société qui ne veut pas savoir. C’est particulièrement vrai en France. Alors il faut sans cesse dénoncer cette barbarie, et chaque témoignage est très utile.

Voici deux témoignages saisissants, recueillis par l’association Animal Testing. Personne n’a le droit de fermer les yeux à ce sujet, il faut que la société entière sache ce qui se passe… pour le refuser !

On retrouvera l’intégralité des témoignages sur le site Animal testing, ainsi qu’une pétition et un communiqué de presse.

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Écologie Société

L’enfer est pavé de bonnes intentions: les chats errants

Dans cette série d’article, nous vous proposons d’aborder des attitudes tirées de la vie quotidienne, illustrant le chaos de la société française du XXIe siècle. Des mentalités et des actes illustrant la célèbre expression « l’enfer est pavé de bonnes intentions ». Abordons aujourd’hui la question du nourrissage des chats errants.

Des chats abandonnés et non stérilisés se retrouvent dans le rue du jour au lendemain sans comprendre ce qui leur arrive. Et n’en déplaisent à l’individualiste sans âme qui s’imagine que cet acte immonde n’impactera qu’un seul animal, ce nouveau chat errant reste un animal et se comportera selon sa vraie nature. Ainsi, les femelles auront une première portée, puis une deuxième, puis une troisième… jusqu’à ce qu’elle soit recueillie par une association (dans le meilleur des cas), ou jusqu’à ce qu’elle agonise dehors. Ses petits vivront eux aussi dans la même précarité, pour ne pas dire la même détresse. Et le cycle continuera.

Certaines personnes, pleine de bonnes intentions, décident alors individuellement d’aller donner à manger à ces chats errants. Certaines donneront tous les jours au même endroit, d’autres de façon plus disséminée dans le temps et l’espace. Quel est le donc problème ? Les chats ont faim et soif, des personnes leur viennent en aide, tout semble correct.

Le problème est que, sans le vouloir, ces personnes peuvent mettre des bâtons dans les roues d’associations s’occupant de chats errants. Ces dernières essaient de les attraper afin de les stériliser à l’aide des trappes, ce qui ne fonctionne plus si des individus isolés les attirent ailleurs avec de la nourriture.

Ceci a été exprimé très clairement par l’association Pattes-en-rond du sud de la Seine-et-Marne mi-avril, via un message Facebook sans pincettes envers une dame qui continue de nourrir des chats. Et ce alors que l’association lui a demandé d’arrêter pour qu’une chatte puisse être attrapée et stérilisée :

« Donc pour faire simple : les personnes qui nourrissent les chats dehors sans les stériliser, vous n’aidez pas ces chats : vous prolongez leur agonie dans la rue et l’agonie de leur descendance.

Ce que vous faites est ignoble. Quand on décide de nourrir des chats, on fait appel à une asso pour stériliser, on participe à la capture pour offrir une meilleure vie à ces chats. On ne les nourrit pas sans leur apporter les soins dont ils ont besoin, on n’entrave pas les tentatives de secours. Ce n’est pas aimer les chats de faire ça ni même les aider.

La tricolore va finir par mettre bas dehors comme une merde dans la crasse, le danger et tout ça pour regarder ses petits crever eux aussi. Alors que si elle avait faim, elle entrerait dans les trappes et pourrait être prise en charge et mise en sécurité. »

Association Pattes-en-rond

Cet exemple est encore pire puisque cette dame est bien au courant des conséquences de ses actions. Malheureusement, les animaux font trop les frais les frais de personnes qui les prennent en otage : des vies sont en jeux et les intérêts individuels l’emportent.

De la rue à l’adoption, les bénévoles d’associations comme Pattes-en-rond font face aux egos et aux caprices de de consommateurs : ceux qui abandonnent leur animal comme ils jettent leur cigarette par terre ; ceux qui s’offusquent des critères d’adoption stricts, habitués à au « client est roi ».

S’ajoutent enfin ceux pensant bien faire, ceux qui comprennent et s’arrêtent jusqu’à ce qu’une autre personne pleine de bonnes intentions fasse de même.

Tout ceci semblera criminel aux yeux des humains dans plusieurs siècles : comment une société capable de connecter le monde entier via internet arrive-t-elle à laisser des associations seules contre tous ? Comment une société capable d’envoyer des hommes dans l’espace peut-elle laisser de côté tous ces chats errants ?

Il n’y a aucun frein technologique, logistique et humain. Une société basée non plus sur l’entrepreneur individuel, face au monde et au marché, mais sur la coopération et les intérêts collectifs pourrait venir en aide à tous ces chats. Tous pourraient être pris en charge très rapidement, tous pourraient être identifiés, soignés, stérilisés et adoptés.

A la Gauche historique de faire vivre l’idéal socialiste pour l’humanité et tous ses habitants !

Vous pouvez aider l’association Pattes-en-rond, tout est expliqué ici.

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Écologie

One Voice: une pétition contre l’expérimentation animale

L’expérimentation animale est une cruauté, une cruauté très française. Il se passe des choses abominables qui sont cachées aux yeux du public. L’association One Voice, comme elle le fait depuis des années, lance une nouvelle campagne d’information à ce sujet, cette fois à propos de macaques torturés dans un établissement de l’Université de Strasbourg.

Tout cela n’a rien de nouveau, c’est même terriblement ancré depuis des années, comme le rappelle l’association dans l’article « La France au coeur d’un commerce opaque… et cruel ».

La situation particulière des singes de l’établissement Silabe est dénoncée dans l’article « Dans les laboratoires, l’agonie sans fin des macaques« .

Voici le texte de la pétition accompagnant cette campagne :

« Pour une recherche transparente et le remplacement de l’expérimentation animale par des méthodes substitutives !

Les animaux sont plus de deux millions à souffrir et mourir après des expériences sans fin chaque année dans les laboratoires de notre pays.

Selon les données officielles de 2017, plus de 30 % des primates subissant des expériences dans l’Union européenne sont en France. De même, notre pays est le plus gros « consommateur » de chats parmi nos voisins, deuxième plus important pour les chiens après le Royaume-Uni.

Qui plus est, sur l’ensemble des procédures entraînant des douleurs sévères tous animaux confondus dans l’UE, la France détient largement le taux le plus élevé d’Europe : près d’un tiers d’entre elles, loin devant les pays suivants !

La France, via ses universités, est un pays où transitent des milliers de singes venus de l’étranger et d’où certains repartent vers nos voisins européens. Dans les laboratoires, des souris, des lapins, des chevaux, des poissons, des chats, des cochons et tant d’autres animaux subissent test sur test leur vie durant, entre souffrance et angoisse, jusqu’à mourir dans la plus froide solitude.

Officiellement, derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne, la France est le troisième pays le plus tueur d’Europe.  En réalité, ce chiffre est sous-estimé, la France ne publiant pas certaines données, à la différence de ses voisins.

Cela doit cesser, les données de l’expérimentation animale doivent devenir transparentes ! Combien de fois avons-nous dû réclamer ces chiffres pour qu’ils soient publiés ? Et les données doivent intégrer non seulement les animaux expérimentés mais aussi ceux, non comptabilisés actuellement, qui sont tués pour analyse de leurs organes, les animaux transgéniques, les animaux sous forme fœtale, etc.

La France est le pays qui opère le moins de contrôles inopinés : 20 % contre une moyenne européenne de 40 %. Elle est aussi l’État membre qui fait le plus souffrir les animaux. Pourtant, les exigences européennes sont claires : il faut diminuer le nombre d’animaux expérimentés et leur souffrance.

Les méthodes alternatives qui existent doivent être systématiquement mises en œuvre en lieu et place de l’expérimentation animale. Et il faut que ces méthodes soient développées pour les autres expériences sur les animaux. Pour cela, les fonds publics nécessaires doivent être investis !

Je soussigné.e, demande une transparence totale sur les animaux expérimentés, le financement des méthodes substitutives et l’emploi systématique de celles-ci quand elles existent ! « 

POUR SIGNER LA PÉTITION, C’EST ICI : experimentation-animale.com/#petition

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Écologie

55 000 cochons meurent dans l’incendie de l’élevage allemand d’Alt Tellin

C’est un drame à l’échelle de la catastrophe en cours à notre époque.

Le capitalisme modernisé a systématisé l’emploi d’animaux, dont les conditions de vie ont toujours été rendus plus horribles afin d’élargir la consommation. L’existence de McDonald’s et des kebabs, ces paradis du consommateur pressé, dépend de ces lieux infernaux où les cadences assassines et les emplois aliénés sont la règle.

L’incendie de l’élevage d’Alt Tellin, un village de 400 habitants tout au nord-est de l’Allemagne, apparaît ainsi comme une « anecdote » sanglante dans un océan de sang et de misère. Il y avait 7 000 cochonnes et 50 000 porcelets lorsque l’incendie s’est déclaré ; seulement 1300 animaux ont pu être sauvés. Mais sauvés de quoi ?

Les éleveurs assument ouvertement de mettre en place l’enfer sur Terre, de déclarer la guerre aux besoins naturels, à la sensibilité, à l’empathie. Les cochonnes subissent un cauchemar éveillé, c’est l’Horreur.

Une véritable résistance à la construction de cet élevage gigantesque – 250 000 porcelets chaque année – s’était développé en 2009-2010. Manifestations, conférences, sabotages par l’ALF, campagnes régionales… La bataille avait continué même après les débuts de l’usine-élevage, avec des tentatives de blocage juridiques, des campagnes de protestation.

Et l’usine-élevage cumulait, forcément, nombre de problèmes techniques, étant même obligé de changer la terre en raison d’une fuite d’acide sulfurique. De la construction en 2010 à 2015, il y a eu 207 inspections montrant pas moins de 213 manquements. L’usine-élevage est alors passé dans les mains d’un monopole, la Landwirtschaftliche Ferkelzucht Deutschland, car dans le capitalisme il faut toujours aller de l’avant.

L’incendie est ainsi le point culminant d’une crise traversant la réalité à tous les niveaux, de par le caractère infâme et intenable d’une telle usine-élevage, de par la tentative du capitalisme de toujours abaisser les coûts et de toujours vendre davantage. Quitte à aller en conflit avec la vie elle-même. Des êtres vivants brûlés vifs par milliers, dans la panique, la souffrance, c’est l’enfer de Dante. Le responsable départemental Achim Froitzheim a expliqué en parlant des pompiers que :

« Les gens ont des images dans la tête, c’est indescriptible. »

L’usine-élevage est détruite pour de bon. Les animaux ayant échappé au feu, eux, vont par contre rejoindre d’autres usines-élevages. Car le capitalisme continue et il continuera inlassablement à produire des usines-élevages toujours plus vastes, pour une consommation absurde pour des consommateurs façonnés par le capitalisme.

Mais cet dramatique événement donne aussi, tristement, raison à la résistance, qui ne manquera pas de prendre l’initiative. 200 personnes ont immédiatement manifesté aux abords de l’incendie pour protester d’ailleurs. L’honneur de l’humanité n’est pas sauvée, mais la bataille est en cours !

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Écologie Planète et animaux

« L’enfer des bêtes » : un rapport de 1913 sur la « malfaisance envers les animaux »

En 1913, Jules Bluzet, une personnalité républicaine engagée dans la cause animale, alerte sur le sort des animaux en France. Son rapport d’enquête d’une grande valeur est un jalon dans la reconnaissance de la dignité des animaux au pays de Descartes.

Jules Bluzet était originaire du Franche-Comté, ayant longtemps vécu à Lyon. C’est dans cette ville qu’il a obtenu des fonctions dans des organismes tels que la « Filiale lyonnaise contre les vivisecteurs » et la « Ligue contre les tortures inutiles infligées aux animaux domestiques ».

Puis Jules Bluzet prend conscience du terrible sort que vivent les animaux d’élevage destinés aux abattoirs. Parmi ces animaux, le cheval y est considéré comme le plus maltraité, et le transport par voie ferré forme un véritable scandale dans l’opinion publique de l’époque.

Il faut dire qu’il n’y a pas de nationalisation des chemins de fer (datant de 1938), avec donc 6 grandes compagnies qui tentent de tirer leur épingle du jeu en transportant le plus d’animaux dans des conditions insoutenables. Il n’existe aucun règlement pour ce type de transport, que cela soit sur les tonnes, la durée, les espèces acceptées, etc., et l’auteur rappelle la responsabilité de ces trusts dans les souffrances envers les animaux.

En exergue du rapport, il y a d’ailleurs cette phrase cinglante : « la Chair torturée se venge… », pour souligner le fait que pour convaincre l’opinion publique, il fallait pointer les conséquences sanitaires néfastes.

C’est le marché et la soif de profits qui guide sans entraves ce commerce. De la même manière que les vendeurs d’animaux destinés à être consommés usent de tas de stratagèmes pour en alourdir le poids, et donc le prix. On gave ainsi les animaux d’eau ou d’une mixture infâme.

Tout du moins, Jules Bluzet remarque que la loi du 2 juillet 1850, dite « loi Grammont », qui condamne les sévices faits aux animaux domestiques est inconnue du grand nombre, et notamment des policiers. Tout comme la loi Rabier, une loi commerciale qui affirme la responsabilité du « voiturier […] de la perte des objets à transporter hors le cas de force majeure ».

Sur les quais de gare, sur les marchés et les foires, comme à la campagne, on assiste à des scènes effroyables, avec des animaux mutilés, des poulets entassés dans des paniers exiguës, parcourant des kilomètres pendant des dizaines d’heures, sans nourriture, sans eau, sans lumière, bien souvent mort avant même la fin du « voyage »…

Quant aux abattoirs, on y voit des animaux malmenés, terrorisés, qui sont abattus avec des instruments moyenâgeux et dont les yeux sous couvert par l’horrible « masque Bruneau ». A la campagne, des abattages publics sont parfois organisés, avec des scènes de joie autour de l’animal agonisant.

Il y a aussi les combats de taureaux et « jeux cruels », les tortures gratuites, les campagnes d’éradication d’animaux comme celles de 100 000 petits oiseaux attirés par des appâts et tués à bout portant chaque année dans le midi par des paysans-chasseurs qui « comme il est chez lui, dans son champ, se croit le droit […] et en abuse ».

L’auteur n’épargne pas non plus la vivisection, révélant de multiples pratiques cruelles et jugées inutiles au plan scientifique, notamment au service de l’industrie. Il cite les propos de Jean-Henri Fabre, grand naturaliste de l’époque, lui ayant affirmé cette chose pleine de sagesse :

L’homme n’est autre chose qu’une des nombreux anneaux reliant la chaine vivante qui féconde notre planète. Cela au même titre que le plus infime des coléoptères

Après avoir parcouru la France, et documenté de multiples photos et témoignages, Jules Bluzet fait émerger cette question, ou plutôt cette recommandation morale, toujours tout à fait actuel :

La conscience humaine ne se révolte-t-elle pas devant tant de barbarie inconsciente, véritable rançon d’une civilisation d’égoïsme et d’argent ?

Pour autant, Jules Bluzet ne faisait pas partie du mouvement ouvrier. De fait, il ne pouvait pas être végétarien, encore moins végétalien, à l’instar de gens comme Emilie Lamote, André Lorulot et Ernest Girault, des anarchistes ayant fondés une communauté libertaire à Saint-Germain-en-Maye en 1906 tendant au végétarisme.

Il relevait plutôt de ces républicains centristes, son rapport étant même préfacé par Edouard Herriot, sénateur radical du Rhône de l’époque, et par Lucien Millevoie, un député de la Seine et ancien boulangiste puis antisémite. De part son intégration au jeu institutionnel, lui qui a reçu le prix de Monsieur le ministre de l’instruction publique en juin 1914, il ne pouvait aller jusqu’à une pleine reconnaissance de la vie des animaux.

Son objectif était surtout de moderniser l’industrie de la viande et d’appeler à une meilleure éducation à l’école envers le respect des animaux.

Ainsi en appelait-il à des réformes pour améliorer les choses, avec notamment des wagons aérés, la présence de mangeoires et d’abreuvoirs, l’affichage obligatoire dans les lieux publics de la loi Grammont, etc. Il ne voyait pas non plus l’absurdité morale des pistolets à tige étourdissant l’animal en lui brisant le cerveau, des instruments dont il voulait fournir les abattoirs… Des abattoirs qu’ils voulaient modernisés sur le mode de ceux en Allemagne ou en Hongrie.

Il n’en reste pas moins que ce rapport est un document très détaillé sur l’effroyable condition animale de la dite « Belle Epoque » en France. Une condition qui ne s’est pas vraiment améliorée depuis, avec plutôt un approfondissement de l’horreur dans une mécanique froide et impersonnelle. Finalement, ce rapport de 1913 montre à quel point l’idée d’une modernisation de l’industrie de la viande est une vieille chose du passé, une idée à dépasser.

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Écologie

Pétition: « Justice pour Hercule! »

C’est un exemple encore d’injustice meurtrière à l’égard de la Nature, avec qui plus est la procureure de Melun qui récuse toute réouverture d’enquête en donnant comme raison qu’il s’agit d’un animal sauvage qui a été tué. Un choix résolument politique de sa part qui en dit long. La pétition que voici a déjà récolté 116 000 signatures.

« Justice pour Hercule !

Auteur(s) : Baptiste Dogliani Suivre cet auteur Destinataire(s) : Emmanuel Macron (Président de la République) Gérald Darmanin (Ministre de l’Intérieur) Eric Dupond-Moretti (garde des Sceaux, Ministre de la Justice )

Hercule, un sanglier âgé de 10 mois, qui avait été domestiqué en Seine-et-Marne, a été lâchement abattu à bout portant par un groupe de chasseurs en 2019.

L’animal est allé à la rencontre de ce groupe de chasseurs, sans aucune agressivité et demandait de l’affection. Sur la vidéo filmée par l’un des chasseurs et postée sur le compte Twitter d’Hugo Clément dans le cadre de son émission « Sur le Front », on voit que l’animal cherchait simplement de l’attention de la part de ces personnes, mais au bout de quelques secondes nous pouvons voir un des chasseurs tirer à bout portant sur l’animal qui tombe aussitôt à terre. Pendant que certains chasseurs protestent contre l’acte.

Cet animal ne demandait rien, mis à part un peu d’affection !

La vidéo est choquante, mais vous pouvez la visionner ici si vous le souhaitez : https://twitter.com/hugoclement/status/1364476000705409024

Alain Martin est propriétaire du domaine de Monceau, à Liverby-en-Brie, situé en Seine-et-Marne, il est aussi le propriétaire d’Hercule. La volonté d’Alain Martin est de constituer un véritable sanctuaire pour les animaux, mais il est victime de nombreux « actes de braconnage à répétition » par des chasseurs et braconniers. Il a déposé plainte à la gendarmerie.

Berangere Abba, secrétaire d’Etat à la biodiversité, et Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, demandent à l’Office français de la biodiversité de lancer dans l’immédiat une enquête, rapporte-t-elle sur son compte Twitter.

Les images de l’abattage d’Hercule m’ont profondément choqué ! Il faut que justice soit faite, pour l’animale, pour son propriétaire, pour la cause animale. Je ressens en effet beaucoup d’émotions en visionnant cette vidéo et le discours d’ A. Martin.

On ne peut plus cautionner de tels actes de cruauté ! Il faut qu’il y ait des poursuites, pour que ces agissements ne restent pas en toute impunité. Pendant combien de temps notre pays tolérera de telles pratiques ? Hercule ne méritait en aucun cas d’être abattu ainsi ! Et aucun animal ne le mérite !

Dans la vidéo, A. Martin décrit avec émotions son ancien animal de compagnie et souhaite que « le meurtrier d’Hercule soit condamné afin que ce genre d’incident ne se produise plus », et justice doit être faite. Soutenons-le dans ce combat !
Pour Hercule,

Merci à tous, ensemble faisons avancer la cause des animaux ! »

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Animaux: One-voice lance un appel aux forces vives militantes

L’association One-voice, qui est solidement ancré dans le monde de la protection animale en France depuis de nombreuses années, lance un appel aux forces vives militantes ! Voici le texte, avec ensuite la liste des antennes locales à contacter.

« Militer, c’est agir !

Le monde ne s’est pas fait en un jour. Bâtir celui de demain non plus. Mais pour lui donner des chances d’émerger, il faut se retrousser les manches. Militer, porter la voix des plus fragiles, aller au-devant du public, c’est amorcer le changement, planter les premières graines. Rassemblons-nous !

Vous engager un peu plus encore pour les animaux non-humains et militer à nos côtés, ça vous dirait ? Chez One Voice, nous nous inscrivons dans une unité de combat pour défendre le droit du Vivant : celui des humains, des animaux et de la planète. Tout est lié. Quelles que soient les victimes, c’est toujours la même violence qui s’exerce et contre laquelle nous luttons. Chaque être sur cette Terre mérite le respect, la liberté, la vie, et c’est en guerriers pacifiques que nous faisons résonner notre voix pour dénoncer la cruauté sous toutes ses formes.

Unissons-nous

Sensibiliser l’opinion aux souffrances des sans-voix, signaler des pratiques obsolètes et mortifères, faire bouger les lignes, les mentalités et les politiques pour que le monde évolue, tel est notre rôle. Nous avons besoin de forces vives pour poursuivre efficacement notre mission et accélérer les prises de conscience. C’est en agissant sur le terrain, dans la rue, au plus près du public, que nous pouvons alerter le plus grand nombre de gens, toucher de nouveaux esprits et essaimer davantage notre message de paix et de tolérance.

Surmonter ses hésitations

Bien sûr, on ne naît pas militant, on le devient. Nombreux sont ceux qui aspirent à s’engager mais qui n’osent pas. Distribuer des tracts, tenir des banderoles, scander des slogans, porter des masques d’animaux, s’exposer au regard des autres, essuyer parfois des critiques, est loin d’être évident de prime abord. Mais brandir une pancarte, c’est important ! Si nous ne le faisons pas, qui le fera ? Et c’est tout l’intérêt de se joindre à un groupe de personnes qui partagent les mêmes valeurs, d’être pleinement intégré à une dynamique, de participer à des actions coordonnées sur l’ensemble du territoire. À plusieurs, on est toujours plus fort ! Et nos dernières campagnes le prouvent. Lors de notre manifestation contre la chasse, les 23-24 janvier 2021, les passants faisaient même la queue pour signer notre pétition ! Un succès et une médiatisation qui inquiètent suffisamment nos adversaires – les chasseurs en l’occurrence – pour que Le Chasseur français et Chasse Passion aient consacré des articles sur nos actions en tentant de les discréditer.

Des antennes partout en France

Dans le cadre d’une restructuration du réseau militant et afin de faciliter l’organisation et la participation aux actions sur le terrain, nous avons créé des groupes « bénévoles One Voice » locaux pour favoriser la communication entre les membres. Chacun dispose de sa propre page publique d’informations. À ce jour, il existe 22 antennes, dont 20 actives dans nos grandes villes. Et nous espérons en déployer d’autres pour informer, éveiller, partout en France. Chaque délégation est pilotée par un référent ou une référente prêt à accueillir chaleureusement les novices, à organiser les plans d’action et à maintenir la motivation des troupes ! Si vous êtes prêt à vous engager, à donner un peu de votre temps un week-end par mois, nous vous attendons à bras ouverts et vous aurez la satisfaction de faire partie d’un tout, d’une conscience nationale pour améliorer la condition animale. Pour nous rejoindre, c’est ici : https://one-voice.fr/fr/votre-action/militer.html. Et si vous n’êtes pas sur Facebook, vous pouvez nous contacter par mail : militants@one-voice.fr. Au nom des animaux, merci !

Alpes-de-Haute-Provence & Hautes-Alpes / Gap, Digne-Les-Bains

Tarn – Tarn-et-Garonne / Albi

Rhône / Lyon

Haute-Savoie / Annecy – Thonon-les-Bains

Bas-Rhin / Strasbourg

Nord / Lille

Côte-d’Or & Saône-et-Loire / Dijon

Yonne & Nièvre / Auxerre

Ardennes & Marne / Charleville-Mézières – Reims

Grand Est / Metz & région

Charente & Charente-Maritime / Angoulême – La Rochelle – Saintes

Vaucluse / Avignon – Carpentras

Gard – Hérault /Montpellier

Indre & Creuse / Argenton-sur-Creuse – Châteauroux

Alpes-Maritimes & Var / Nice – Saint-Raphaël

Paris – Île-de-France

Bouches-du-Rhône / Aix-Marseille

Gironde / Bordeaux

Aube / Troyes

Indre-et-Loire / Tours

Savoie / Aix-les-Bains 

Loire-Atlantique / Nantes

Marie-Sophie Bazin »

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Écologie

Vegan oui… mais non, confort oblige

Le prestige du véganisme, mais sans son contenu, parce que bon le confort avant tout ! Un exemple belge.

Ah, le confort ! Et qu’il est désagréable, le 21e siècle, avec ses exigences. Car les choses ont pris une telle ampleur, qu’on ne peut pas faire semblant dans sa vie quotidienne. Il faut être en accord avec ce qu’on met en avant comme valeur. Sinon quel sens cela a ?

Au détour de l’actualité, on a cette nouvelle a priori fort sympathique, qui vient de Belgique :

« Des actions contre l’expérimentation animale dans des université

Le collectif Extinction Rebellion Animal (XR Animal) a mené des actions dans plusieurs universités belges samedi afin de protester contre l’expérimentation animale. Il dénonce «l’opacité, les mensonges et le déni de démocratie» pratiqués par ces institutions universitaires. »

La lutte contre l’expérimentation animale est essentielle, elle est si rare pourtant, donc on est heureux de voir cela. Puis on va voir ce que raconte « XR Animal » et on voit qu’en fait on peut selon ce groupe tout à fait consommer des produits testés sur les animaux. Pardon ? On lutte contre les tests sur les animaux et on peut utiliser des produits testés sur les animaux ?

Et il faut le voir, le site, on dirait un site de vegans activistes. Sauf qu’en fait c’est mensonger, totalement mensonger, et en même temps assumé, conformément à une époque où c’est l’image qui compte, pas le contenu.

« Le collectif XR Animal est inclusif (vegans, végétarien•ne•s, flexitarien•ne•s, carnistes). 

Faut-il être vegan pour faire partie d’XR Animal ?

Nous faisons partie d’un système idéologique qui a façonné notre relation aux animaux et à la nature, créant de la dissonance cognitive. Détricoter ce système idéologique au sein de nos comportements fait partie d’un cheminement individuel et collectif dont nous ne connaissons pas l’issue.  

Il ne faut pas être vegan pour faire partie d’XR Animal et le véganisme n’est pas la finalité ultime d’XR Animal.

Par contre, il te faut être ouvert•e et t’engager à remettre en cause le système idéologique qui sous-tend ta relation à l’animal et à sortir de la dissonance cognitive. Cette liberté intérieure retrouvée amènera naturellement à une cohérence interne et à de nouveaux comportements alimentaires (mais pas que). »

Vegan oui… mais non, confort oblige. Le prestige de la lutte contre l’expérimentation animale, oui. Le prestige du caractère strict du véganisme, oui. Mais le véganisme, non. Que c’est pathétique ! Si ce n’était pas aux dépens des animaux, ce serait risible. Là, c’est tout simplement ignoble.

Et c’est vraiment propre à la période que nous vivons. On trouve, par exemple, des gens qui se disent révolutionnaires en France et dont la principale activité consiste à proposer gratuitement des denrées alimentaires dans des quartiers populaires. C’est bien étrange, surtout quand on voit le parcours d’une telle activité.

On a un mode d’action qui relève de la religion, en l’occurrence catholique, avec comme but au moyen de la charité d’encadrer les gens. C’est bien connu. L’extrême-Droite identitaire l’a repris ces vingt dernières années, avec des maraudes pour se donner une image sociale. Et ces dernières années des gens d’extrême-Gauche le reprennent, en s’imaginent originaux et surtout révolutionnaires. C’est n’importe quoi. Mais tellement typique de la période actuelle !

C’est l’heure du consommable. Je veux avoir le prestige du révolutionnaire, mais je ne veux pas aller en prison, je veux rester professeur. Je veux avoir le prestige du véganisme, mais hors de question d’être strict. Hors de question d’être strict en quoi que ce soit d’ailleurs.

Tout cela est aussi vide que laid.

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Culture

Le sang des bêtes, de Georges Franju (1949)

Ce film d’une vingtaine de minutes est un documentaire qui mériterait d’être une référence à gauche. Il faudrait bien sûr pour cela que celle-ci s’élève jusque-là. Qu’elle revoit ses exigences culturelles. La gauche en sortirait plus forte car Le sang des bêtes est à la fois une production artistique de très haute qualité et un vecteur politique tout à fait actuel.

Le sujet du film, c’est le travail dans les abattoirs de La Villette et de Vaugirard, autour de Paris donc, à la fin des années 1940. Le spectateur assiste aux processus successifs qui font que les animaux entrant en vie dans le bâtiment n’en ressortent pas. Entre temps, les travailleurs des abattoirs auront produit des carcasses.

Georges Franju disait avoir entrepris de tourner ce film, son premier film, par amour pour les animaux, et non avoir choisi les animaux en cherchant un sujet de film. Cette formulation exprime à elle seule la sincérité de l’auteur. C’est cette démarche qui permet au réalisateur de transmettre des émotions justes au spectateur. Avec Franju, on est dans le sensible.

Le spectateur de 2021 pense bien sûr aux video-chocs, et prétendument volées, des associations qui dénoncent les conditions de l’abattage dans les abattoirs d’aujourd’hui. Et justement, l’un des traits marquant du film de Franju est de, notamment par le travail du montage, toujours lier le sort des animaux à la ville, à la circulation des hommes, au travail. Le spectateur comprend, sans qu’à aucun moment l’argument ne lui soit asséné, que la condition des animaux d’élevage est une question d’organisation de la société, qu’elle est politique.

Plan après plan, un cheval, des vaches, des veaux et des moutons sont parqués, tués, vidés de leur sang, de leurs entrailles, dépecés, décapités, démembrés. De ces opérations réalisées de manière semi-artisanale, pratiquement sans procédés mécaniques, autant dire « à la main », aucun détail ne sera caché. Pour autant, il n’y a aucune complaisance. La violence et l’horreur des manœuvres ouvrières de cette chaîne de montage inversée ne sont pas traitées à la manière d’un spectacle.

Franju a développé, à côté de son cinéma « de genre » lui aussi d’une grande qualité, une démarche documentaire originale. L’auteur parlera du « réel documentaire » à propos de son approche. Elle consiste en une construction du film permettant au spectateur de saisir le réel à partir de sensations éprouvées.

Georges Franju (à droite)

Ainsi, dans Le sang des bêtes, si les images se confrontent les unes aux autres au travers du montage, le son joue aussi un rôle de tout premier plan. Parce que la musique est de Joseph Kosma, mais surtout puisqu’un texte dit par Nicole Ladmiral et Georges Hubert accompagne le spectateur au travers de toutes les séquences. Or, une grande tension nait entre le ton et la signification du texte et les images. C’est l’ensemble qui fait sens. On peut dire que c’est le cerveau du spectateur qui projette le réel à partir des éléments qui lui sont proposés par le film. On est donc loin du film didactique ou du cinéma à thèse et de ses dissertations filmées. Pour autant, on n’est pas non plus dans l’élitisme de l’avant-garde des plasticiens aux gribouillis cryptés. Il n’est pas question de laisser le spectateur dans le doute, comme dans une expérience postmoderne ou une expo d’art contemporain. Le Sang des bêtes n’est pas équivoque. Georges Franju donne au spectateur un accès sensible à une réalité difficile et permet à l’intelligence de la saisir dans sa complexité.

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Écologie

Tribune AVA: «2021: en finir avec la chasse à courre»

Voici une tribune à l’initiative d’AVA et signée par de nombreuses personnalités. La tribune a été initialement publiée par le Courrier Picard :

« 2021: en finir avec la chasse à courre

La scène improbable d’un cerf réfugié en pleine gare de Chantilly ce mois-ci a au moins permis de rappeler une chose à la société française : en 2021, la chasse à courre, ses meutes de chiens lâchées dans la nature, ses valets et ses épieux existent toujours dans nos campagnes. Mais ce sont surtout des questions qui ont été soulevées par ce nouvel incident : comment peut-on tolérer ces situations encore aujourd’hui ? Est-ce à cela que ressemble le XXIe siècle ? Il est grand temps d’y répondre.

Pour un observateur assidu de la presse régionale, le chaos généré par cette pratique d’un autre âge n’est en rien exceptionnel. Rien que depuis la rentrée 2020, les associations ont pu recenser pas moins de seize incidents graves de ce type !

En Touraine, un lama a été dévoré vivant par la meute qui s’était introduite dans un élevage. La propriétaire n’a pu qu’assister à la scène, impuissante. Un cerf a été traqué jusque dans les rues de Compiègne (50 000 habitants) et sauvé in extremis par la mobilisation d’un lotissement tout entier. Toujours à Compiègne, les chiens de la chasse à courre ont poursuivi et mordu le chien d’un promeneur. Les cavaliers présents ne parvenant pas à se faire obéir, l’homme a dû l’arracher à la meute et le prendre dans ses bras pour le protéger. Dans l’Aisne, le village de la Ferté Milon (2 000 habitants) a été envahi par des chasseurs à courre et leurs chiens, traquant un cerf réfugié dans une propriété privée. Dans l’Indre, une meute pourchassant un chevreuil a traversé l’autoroute A20, causant un carambolage multiple et la mort de quatre animaux.

L’équipage de Villers-Cotterêts a été vu à deux reprises en train de chasser littéralement sur la RN2, avec des cavaliers et des valets arpentant la bande d’arrêt d’urgence des deux côtés. Sur la RN31 qui contourne Compiègne, la traversée de la meute de chasse à courre derrière un cerf a causé un accident en chaîne, impliquant trois véhicules. Les chiens de l’équipage Bonnelles-Rambouillet ont pénétré chez une habitante des Mesnuls (800 habitants) avec des valets enjambant son grillage à leur suite. Dans l’Aisne encore une fois, une famille a vu ses poules attaquées par un chien de l’équipage local, pendant que le reste de la meute chassait autour du village. L’une d’elles a été tuée sous les yeux des enfants.

Ces frictions sociales incessantes, qui à chaque fois nécessitent l’intervention des forces de l’ordre et des sapeurs pompiers, justifient en elles-mêmes un débat au Parlement sur le maintien d’une telle pratique.

L’avis des Français, lui, est clair et se révèle massivement dès qu’on daigne leur poser la question : outre les sondages réguliers qui donnent tous plus de 80 % pour une abolition, on ne peut ignorer le Référendum pour les Animaux et son quasi-million de signatures ou les deux autres pétitions, celles de 30 Millions d’Amis et de Pet Alert, ayant déjà dépassé chacune les 250.000 paraphes.

À l’heure où, portés par la science et l’urgence d’un désastre sanitaire de grande ampleur, nous questionnons notre rapport à la vie sauvage ; vingt-cinq ans après le « rapport Bateson », qui prouvait déjà grâce à des analyses biologiques à quel point la souffrance et la terreur vécues par les proies de ces chasses sont injustifiables ; quelques jours après un incident qui nous place à nouveau face à cette question, plus rien ne doit entraver notre avancée.

Le mouvement d’opposition à la chasse à courre tel qu’il existe aujourd’hui est un exemple d’écologie populaire pour notre siècle : les Français les plus touchés prennent les choses en main et poussent pour une solution démocratique. Nous, signataires de cette tribune, membres de la société civile, élus, citoyens, appelons à soutenir cette aspiration légitime !

Les images de Chantilly donnent une nouvelle occasion à la France d’entrer dans le siècle de l’écologie et de la raison en mettant fin à une pratique aussi dangereuse et inutilement cruelle que la chasse à courre. Sachons la saisir  !

Texte proposé par l’association Abolissons la vénerie aujourd’hui (AVA, qui appelle à signer son texte sur sa page : http://ava-france.org/en-finir/).

La liste des signataires, mise à jour à ce mardi 2 février 12 heures :

Josiane Balasko, actrice

Patrick Pelloux, urgentiste

Rémi Gaillard, humoriste

Jean-Marc Sauvagnargues et Paul Léger, des Fatals Picards, musiciens

SOAN, chanteur

Patrick Kanner, Président du groupe socialiste au Sénat, PS

Laurence Rossignol, Sénatrice de l’Oise, PS

Raphaël Glucksmann, Député européen, Place publique

Matthieu Orphelin, Député du Maine-et-Loire, EDS

Cédric Villani, Député de l’Essonne, EDS

Jean-Luc Mélenchon, Député des Bouches-du-Rhône, LFI

Adrien Quatennens, Député du Nord, LFI

Julien Bayou, Secrétaire national d’EELV, Conseiller régional d’Île-de-France

Karima Delli, Députée européenne, EELV

Valérie Petit, Députée du Nord, LREM

Jennifer De Temmerman, Députée du Nord, LREM

Claire O’Petit, Députée de l’Eure, LREM

Lionel Ollivier, maire de Clermont, Oise

Philippe Berta, Député du Gard, MoDem

Bastien Lachaud, Député de Seine-Saint-Denis, LFI

Christine Pires Beaune, Députée du Puy de Dôme, PS

Marie-Pierre de la Gontrie, Sénatrice de Paris, PS

Dimitri Houbron, Député du Nord, Agir

Vincent Ledoux, Député du Nord, Agir

Cédric Maisse, conseiller départemental de la Somme

Eric Coquerel, Député de la Seine-Saint-Denis, LFI

Delphine Wespiser, Miss France 2012

Elodie Gossuin, Miss France 2001

Bénédicte Taurine, Député de l’Ariège, LFI

Monique de Marco, Sénatrice de la Gironde, EELV

Loïc Dombreval, Député des Alpes-Maritimes, LREM

Hubert Julien-Laferriere, Député du Rhône, LREM

Guillaume Chiche, Député des Deux-Sèvres, non-inscrit

Laurianne Rossi, Députée des Hauts-de-Seine, LREM

Albane Gaillot, Députée du Val-de-Marne, LREM

Anissa Khedher, Députée du Rhône, LREM

Samantha Cazebonne, Députée des Français de l’étranger, LREM

Kalune, chanteur

Sinsemilia, musiciens

Marc Limballe, musicien

Xavier Cantat, photographe

Xavier Mathieu, syndicaliste, acteur

Jessyca Falour, Animatrice radio/TV

Céline Boussié, lanceuse d’alerte

Xavier Guillot, syndicaliste

Béatrice Lejeune, maire de Bailleul-sur-Therain, Oise

Fabien Barège, maire de Porquéricourt, Oise

Véronique Grignon-Ponce, maire de Dompierre, Oise

Jean-Paul Douet, maire de Montagny-Sainte-Félicité, Oise

Jacques Boutault, maire adjoint de Paris Centre.

Betsabée Haas, adjointe à la mairie de Tours déléguée à la biodiversité et la condition animale

Thierry Brochot, adjoint à la mairie de Creil, EELV

Karim Boukachba, adjointe à la mairie de Creil et conseillère communautaire

Sidonie Parisot, adjointe à la mairie de Paris 14e en charge de la condition animale

Dominique Lavalette, conseillère départementale de l’Oise

Anthony Auger, conseiller municipal et communautaire de Gisors

Aurélien Gack, conseiller municipal d’Hénin-Beaumont

Pierre Rigollet, conseiller municipal de Poitiers, délégué à la bientraitance animale

Agnès Dione, conseillère municipale de Poitiers

Alain Blanchard, conseiller départemental du canton de Montataire

Loïc Pen, médecin urgentiste, conseiller municipal de Nogent-sur-Oise

Ophélie Van Elsuwe, conseillère départementale de Clermont de l’Oise

Florence Cerbaï, conseillère régionale de l’Ardèche

Fatima Parret, conseillère régional d’Auvergne-Rhône-Alpes

Monique Cosson, conseillère régional d’Auvergne-Rhône-Alpes

Emilie Marche, conseillère régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes

Corinne Morel Darleux, conseillère régionale d’Auvergne Rhône Alpes

Fabienne Grebert, conseillère régionale d’Auvergne Rhône Alpes

Myriam Laïdounis-Denis, conseillère régionale d’Auvergne Rhône Alpes

Pascal Troadec, adjoint au maire de Grigny, Essonne

Pierre Sommé, sculpteur, adjoint au maire de Thiescourt, Oise

Jean-Christophe Leclercq, adjoint au maire de Douai, Nord

Didier Jeanjean, adjoint au maire de Bordeaux chargé de la nature, Gironde

Eddine Ariztegui, adjoint au maire de Montpellier délégué au bien-être animal, Aude

Francis Feytout, conseiller municipal de Bordeaux délégué au respect du vivant et à la condition animale, Gironde

Jean-Marie Goater, conseiller municipal de Rennes délégué à l’animal dans la ville, Ille-et-Vilaine

Célia Serrano, conseillère municipale à Montpellier, Aude

Laetitia Ben Sadok, conseillère municipale de Clermont-Ferrand déléguée à la condition animale en ville et la biodiversité, Puy-de-Dôme

Vega Janiaux, conseillère municipale de Fontenay-sous-Bois déléguée au bien-être animal, Val de Marne

Pauline Rapilly-Ferniot, conseillère municipale de Boulogne Billancourt, Hauts-de-Seine

Sylvain Raifaud, conseiller municipal de Paris 10e

Marina Verronneau, conseillère municipale de Metz, Moselle

Lydia Frentzel, conseillère municipale de Marseille déléguée à l’animal dans la ville, Bouches-du-Rhône

Dahman Richter, conseillère municipale de Nancy déléguée aux droits et au bien-être animal, à la biodiversité, Meurthe-et-Moselle

Marie-Françoise Hamard, conseillère municipale de Strasbourg déléguée aux animaux dans la ville, Bas-Rhin

Pierre Athanaze, Vice-président de la Métropole de Lyon, Rhône

Nathalie Dehan, conseillère à la Métropole de Lyon et conseillère municipale à Vénissieux, Rhône

Marie-Thérèse Michel, conseillère municipale de Besançon déléguée à la condition animale, Doubs

Sandra Krief, conseillère municipale de Grenoble déléguée à la condition animale, Isère

Fiona Mille, co-responsable de la Commission Condition Animale d’EELV

Manuel Leick-Jonard, co-responsable de la Commission Condition Animale d’EELV

Bruno Dauguet, maire de Pontpoint, Oise

Sébastien Jumel, député de Seine-Maritime, PCF

Ugo Bernalicis, député du Nord, LFI

Alexandre Ouizilles, responsable du PS, Oise

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Écologie

L’Assemblée nationale adopte une petite loi pour les animaux

L’Assemblée nationale a voté vendredi 29 janvier 2021 une proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale. C’est un petit pas, allant clairement dans le bon sens, mais qui ne suffira pas à changer le sort général des animaux dans le pays tellement la tâche est immense.

La proposition de loi « visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale », portée par les députés de la majorité Laëtitia Romeiro Dias, Dimitri Houbron, Loïc Dombreval et Aurore Bergé, a été adoptée suite à une procédure accélérée avec 79 voix pour (et 2 contre) à l’Assemblée nationale.

Il y a des bonnes choses dans ce texte, montrant une évolution des mentalités en France. C’est toutefois très limité par rapport aux exigences de la protection animale. On a d’abord trois mesures pour les animaux de compagnie :

  • l’instauration d’un « certificat de connaissance des besoins spécifiques de l’espèce » pour l’achat d’un animal de compagnie ou d’un équidé ;
  • l’interdiction de la vente d’animaux en ligne (par petite annonce) pour les particuliers ;
  • l’interdiction à partir de 2024 de la vente de chiens et de chats en animalerie.

C’est intéressant, mais certainement pas à la hauteur de la situation, qui exige qu’un véritable passeport soit élaboré pour chaque animal de compagnie, afin qu’il se voie reconnaître son existence personnelle. Cela permettrait d’établir de réelles obligations pour les familles prenant la responsabilité d’un animal.

Mais pour organiser cela, il faudrait en fait un véritable service public des animaux de compagnie, prenant en charge un réseau de centres de soins et de refuges publics, organisant lui-même l’adoption et l’achat d’animaux de compagnie et disposant d’agents dédiés pour surveiller et faire respecter l’intégrité des animaux dans les familles et dans la société.

Sans cela, les mesures de la proposition de loi visant à renforcer la répression de la maltraitance animale n’auront qu’un faible impact dans une société où règne le libéralisme. Elles consistent en :

  • le durcissement des sanctions pour maltraitance, avec jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende en cas de mort de l’animal ;
  • la considération, comme circonstance aggravante de l’acte d’abandon, le fait de le perpétrer dans des conditions mettant en péril, directement ou indirectement, la vie de l’animal (l’abandonner dans une cage, au milieu de la forêt, dans un endroit non fréquenté, etc.) Cela est puni d’une peine de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende.
  • la condamnation de la zoopornographie à trois ans d’emprisonnement et de 60 000 euros d’amende, y compris dans le cas de la simple diffusion des images. La peine peut être portée à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende lorsque les faits sont commis en présence de mineurs, par le propriétaire de l’animal ou un membre de sa famille ou par un professionnel exerçant une activité en lien avec les animaux.

L’autre volet de la loi concerne les animaux sauvages détenus.

Il y a d’abord la fermeture des élevages de visons d’Amérique pour leur fourrure, qui est prévue pour dans deux ans. Si cela est appliqué, ce sera une grande victoire… En attendant, deux ans c’est très long, alors que la fermeture de ces lieux abject devrait être immédiate, ne serait-ce que face aux risques récents liés aux covid-19 que l’on connaît (encore est-il que cette question sanitaire, aussi importante soit-elle, n’est pas ce qui compte ici).

La proposition de loi prévoit également la fin des animaux sauvage pour le spectacle, à la télévision, en cirque ou en delphinarium. Ces deux dernières interdictions sont très marquantes, car elles sont une revendication ancienne et très importante de la protection animale, avec notamment le grand travail fourni sur cette question par One Voice depuis des années.

Si la satisfaction est là, il y a malgré tout une méfiance, car cela n’offre pour l’instant aucune garantie. Rappelons ici que la loi est loin d’être effective, car elle doit ensuite passer devant le Sénat, à majorité de Droite, qui pourrait tout à fait la détricoter. Ensuite, à l’issue d’une éventuelle navette parlementaire, il faudra que la loi soit promulguée… puis qu’il y ait les décrets d’application mettant en place formellement les mesures, puis que celles-ci soient appliquées dans les faits, etc.

Notons au passage qu’il a été remarqué des « détails », comme par exemple le fait que l’article 12 sur les « dispositions relatives aux animaux sauvages détenus en captivité à des fins de divertissement » parle d’établissements… « itinérants ». On se demande ainsi, comme le souligne One Voice, « combien vont rester aux mains des dresseurs qui vont se sédentariser ?! »

Cela a l’apparence d’un détail, mais il n’en est rien. Car l’exploitation des animaux en France relève d’une industrie et d’une culture très ancrée, solidement implantée dans les mentalités. Il ne suffira pas d’une petite loi pour changer les choses par enchantement, car en face les résistances sont fortes, et il y aura forcément des brèches dans lesquels ne manqueront pas de s’engouffrer ceux qui vivent et s’enrichissent aux dépens des animaux.

De toute façon, la proposition de loi, aussi bienveillante soit-elle, passe totalement à côté de la question essentielle des animaux destinés à l’alimentation et exploités en masse par l’agro-industrie… et de la question autant essentielle des animaux sauvages dont les lieux de vie devraient être sanctuarisés.

Car c’est là le cœur du problème, c’est là où tout se joue, dans un sens où dans l’autre.

En effet, si on commence à reconnaître l’existence des animaux, il devient impossible de les manger… Et comme la société n’est pas prête culturellement à changer ses habitudes alimentaires, ni à s’affronter à l’agro-industrie, alors elle va forcément freiner pour la reconnaissance des animaux, y compris ceux de compagnie.

Inversement, à partir du moment où il est question de refuser de manger les animaux, alors là tout se débloque. Et ce n’est plus seulement de l’intégrité des animaux de compagnie ou de l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques dont il est question, mais de tout ce qui concerne les animaux, avec la chasse, la pêche, la corrida, le massacre des animaux sur les routes, les zoos, l’expérimentation animale !

La question animale est tout simplement la boîte de Pandore d’un capitalisme dénaturé qui engloutit la planète elle-même…

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Écologie

La question animale hante la France

Le projet de loi de janvier 2021 contre la maltraitance envers les animaux n’est qu’un pâle reflet d’une contradiction explosive qui existe en France.

Il existe un paradoxe terrible marquant la société française. En surface, il y a une préoccupation pour la question animale. Il y a davantage de produits vegans ainsi que des restaurants végétaliens, il y a des protestations diverses et variées, il y a une association comme L214 qui est très connue et médiatique et il y a même des changements de règlements ou de lois, comme le projet de loi de janvier 2021 sur la maltraitance animale.

Dans le monde réel à l’arrière-plan, il y a par contre un dédain absolu de la société française pour la question animale. Les animaux sauvages n’existent pas, les associations de protection animale sont sous l’eau, les refuges tiennent avec des bouts de chandelle ou ferment. Même des animaux protégés comme les hérissons ne voient aucune intervention institutionnelle en leur faveur.

La contradiction est explosive. On a d’un côté des gens qui prétendent que les choses changent, comme L214 ou le Parti animaliste, qui vivent du fait de parler ainsi grâce aux reconnaissances électorales, médiatiques, les dons, etc. On a de l’autre côté la réalité où les choses empirent sans commune mesure.

Les gens se tournent pourtant plus qu’avant vers la question animale. Mais il y a justement un grand choix à faire : faire semblant ou bien réellement changer. Sauf que réellement changer implique de tout changer : son mode de vie, les lieux où l’on vit, la manière qu’a l’humanité d’organiser son économie, ses loisirs, ses transports, ses logements, etc.

Parce que la contradiction entre le mode de vie humain tel qu’il existe et les animaux est antagonique. Les animaux sont condamnés à l’effacement dans une société humaine qui bétonne et qui rejette ouvertement la nature. Il n’y a pas de place pour des êtres naturels dans une société de consommation où l’on peut tout acheter et vendre, jusqu’à aller acheter des enfants au moyen d’une Gestation Pour Autrui ou prétendument « choisir » son genre.

Le phénomène est d’ailleurs mondial et même si on peut considérer que la viande recule en France, à l’échelle mondiale la viande va doubler sa production en quelques décennies. Non, où qu’on prenne la question, il y a contradiction. Soit la rupture est générale, la France se démocratise et arrête d’obéir aux injonctions d’une production et d’une consommation relevant de la compétition, de la concurrence, de la propriété privée… Soit tout continue comme avant et à l’échelle mondiale cela sera catastrophe sur catastrophe, pandémie sur pandémie, réchauffement climatique et bétonnisation générale d’une humanité déconnectée du réel.

En ce sens, n’importe quel romantisme se tournant vers les animaux a plus de sens, plus de dignité que tous ces pathétiques appels à revenir du monde d’avant. Il est hautement significatif que la question animale ne soit pas présent dans tous ces appels à retourner en arrière. Il n’y a pas de question animale chez les zadistes, ni les gilets jaunes, ni chez les syndicalistes. Parce que ces gens sont tournés ver le passé.

Or, la question animale pose l’avenir devant nous, en exigeant une transformation collective, pas un repli individualiste. C’est quelque chose de positif par définition. Cela exige du cœur, du sentiment, du romantisme au sens positif du terme : pas le romantisme idéalisant le passé, mais le romantisme plaçant les sentiments, les émotions, l’empathie, la compassion, au-delà de règles qui ne sont que le masque d’intérêts, de l’exploitation, de l’oppression.

Cela, ça parle à une nouvelle génération. Et en même temps ça ne lui dit rien du tout en pratique. C’est à l’image de la question animale qui hante la France.

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Écologie

La cruelle et absurde guerre de la ville de Paris contre les rats

Non content de ne rien comprendre à la source de la pandémie, l’humanité continue sa guerre contre les animaux.

L’utilisation de l’image des rats pour faire peur est récurrente depuis bien longtemps ; elle vise à présenter la nature comme envahissante et hostile. Le quotidien Le Parisien en a usé (et abusé) dans son article Affamés par les confinements, les rats ont envahi cette cité parisienne, qui révèle toute l’hypocrisie criminelle du procédé.

Il est parlé de la cité Python-Duvernois dans le vingtième arrondissement de Paris, où vivent 3 000 personnes, et il est dit que les rats sont désormais bien plus visibles. Pourtant, que constate l’article au sujet de la situation de cette cité ?

Maxime Sauvage, premier adjoint (PS) au maire du XXe en charge de la politique de la ville et de l’impact local, social et environnemental, ne prend pas le problème rats «à la légère». Il avance une explication : «Python-Duvernois est l’un des quartiers les plus pollués de Paris, en bordure du périphérique et de l’échangeur de la A3. Et puis il est à côté du square Séverine, où les gens viennent nourrir les canards…»

La cité est aussi connue pour être «un véritable dépotoir». Des ouvriers du bâtiment peu scrupuleux viennent régulièrement y déverser gravats, encombrants, bidets cassés, etc. «C’est moins cher qu’une déchetterie…» grogne l’élu.

On est dans un chaos urbain et on accuse des animaux qui, comme le note Aude Lalis, chercheuse au Museum d’histoire naturelle, spécialiste du rat, interrogée dans l’article, s’auto-régulent niveau portée, comme évidemment c’est le cas dans la nature.

Ce qui n’empêche Agnès Lefranc, responsable du service parisien de santé environnementale à la Ville de Paris, chargée du dossier «rats», d’assumer l’emploi des techniques les plus meurtrières contre les rats, avec une souffrance de grande ampleur qui plus est.

Nous continuons avec les anticoagulants et les pièges mécaniques. Nous essayons aussi des méthodes alternatives, telles que les explosions de terriers et la carboglass, qui dégage du gaz carbonique dans lequel les rats suffoquent. En surface, dans les rues et les parcs, nous avons mis en place de nouvelles poubelles anti-rats.

Quant au volet pédagogie, nous avons une campagne d’affichage dans les parcs et nous développons un partenariat avec les bailleurs de la ville en direction des locataires. Il y a aussi un volet répression. La police municipale dresse des PV aux nourrisseurs de rats . En 2019, elle en a ainsi établi plus de 420.

Des « nourrisseurs de rats » ? Allons donc, cela ne tient pas debout une seule seconde. C’est de la criminalisation de la compassion pour les animaux et l’article du Parisien dénonce par ailleurs ceux qui « nourrissent les pigeons et autres animaux… ».

Déjà on voit mal qui sont les autres animaux. Et en ce qui concerne les pigeons, c’est très bien de les aider puisqu’en temps de fermeture des lieux de restauration (et encore plus pendant le confinement), ils n’ont rien à manger. Et de toutes manières là aussi il y a autorégulation naturelle : dans une ville propre – donc pas comme Paris – il y a bien moins de pigeons. Ce qui est d’ailleurs regrettable, si on aime les oiseaux.

Mais ce qui choque le plus ce sont les ignobles propos d’Agnès Lefranc. Il est marquant qu’ils proviennent de quelqu’un avec un haut niveau scientifique en biologie, chef du service parisien de santé environnementale. Et vas-y qu’on explose les terriers, et vas-y qu’on fait suffoquer des êtres vivants…

De quoi relève un tel vocabulaire ? De la guerre, de la liquidation, du meurtre. Cela montre qu’on a ici affaire à une véritable machinerie : une machinerie de l’absence d’empathie, une machinerie du crime, une machinerie au service du rouleau compresseur contre la nature.

Pour ces gens, tout ce qui ne va pas dans le décor capitaliste doit disparaître. Et qu’importe pour eux si la consommation du capitalisme déséquilibre la nature et est la cause de tous les problèmes… dont la pandémie actuelle. Ce ne sont à leurs yeux que des aléas qui doivent être réglés avec encore plus de béton, de cynisme, de mise à mort.

Il y a pourtant dans le Parisien un passage qui montre que tout n’est pas perdu. Cela se présente sous une forme d’anecdote, dont on voit mal comment cela pourrait être vrai en tant que tel, mais l’idée est là et on voit tout de suite qu’on a affaire ici à l’empathie, au sens du partage, au refus de la négation de la nature.

On comprend tout de suite : là est la dignité, pas dans une humanité qui fait la guerre à la nature. Là est le respect, la réalité, la vérité.

 «Un locataire s’était lié avec les rats, s’indigne Danielle, la gardienne. Il les ramenait chez lui, au rez-de-chaussée, pour partager la pizza !» Cet habitant, «fragile psychologiquement», a, depuis Noël, été hospitalisé.

Heureux les simples d’esprits, car le royaume des cieux leur appartient !

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Écologie

Signez la pétition de One Voice pour l’éléphante Dumba cachée par un cirque

L’association One Voice mène depuis des années un travail extraordinaire sur la question des animaux sauvages dans les cirques. En ce début 2021, voilà que One Voice a retrouvé la trace d’une éléphante qu’un cirque avait cachée… dans une décharge du Gard. Ce qui est raconté ensuite fait froid dans le dos, tellement c’est immonde, tellement c’est intolérable. Cela en dit long sur ce milieu des cirques utilisant les animaux sauvages comme de simples jouets à exhiber, puis les jette ensuite littéralement à la poubelle. Il est plus que jamais temps que l’humanité change, qu’elle reconnaisse enfin la valeur de la vie des animaux et fasse la chasse à ceux qui maltraite les animaux.

On pourra retrouver l’enquête complète sur la situation de l’éléphante Dumba sur le site de One voice.

Voici le texte de la pétition, qu’il faut absolument signer et relayer, pour réclamer le placement de l’éléphante dans un sanctuaire :

« Pour Dumba, itinérants ou fixes : stop aux cirques avec animaux !

Dumba a 43 ans. Comme tous les éléphants « de cirque », elle a été arrachée à sa famille dans l’enfance. Quarante ans passés à être transportée de villes en pays et exhibée aux yeux d’un public ignorant et aveugle à sa souffrance.

Depuis plusieurs mois, Dumba avait disparu. One Voice vient de la retrouver dans une décharge sauvage du Gard, où son dresseur a fui la justice espagnole.

Isolée des siens, enfermée dans un camion ou sous une petite tente ouverte battue par les vents et la neige, elle souffre le martyre. Elle est blessée et se balance aussi de droite à gauche sur ses pattes très douloureuses vu sa posture et ses gestes. Ses problèmes musculo-squelettiques et pulmonaires nécessitent et une prise en charge vétérinaire immédiate, et un changement de vie radical, de toute urgence.

Fréquemment montrée au Cirque de Paris, Dumba a droit à une place dans un sanctuaire ! One Voice en a réservé une pour elle dès demain si la volonté politique est là. Il est temps de mettre fin au supplice des animaux dans les cirques itinérants ou sédentarisés.

Je soussigné(e), rejoins le combat de One Voice pour Dumba, contre la tyrannie infligée aux animaux dans les cirques ! »

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La lettre désespérée à Emmanuel Macron sur l’élevage industriel par L214 et des scientifiques

L’association L214, connue pour son opportunisme, cherche à poser la question de l’élevage. Mais la question la dépasse entièrement.

L214 est une structure très particulière, avec des gens qui ne sont pas nécessairement vegans à la direction mais qui pousse à un monde vegan, par l’intermédiaire de réformes proposées à tous les niveaux.

Il y a beaucoup de structures de ce type, tel le Parti animaliste, avec au départ de bons sentiments mais à l’arrivée la volonté de s’installer dans le capitalisme en s’appuyant sur des réformes imaginaires.

L214 est l’association qui a eu le plus grand succès dans ces tentatives, avec un esprit d’ouverture consistant à ne pas poser les questions qui fâchent et en obtenant par son réformisme une reconnaissance médiatique, notamment au moyen de petites enquêtes vidéos dans des élevages.

Naturellement, quand on croit en le capitalisme on en paie le prix et avec la crise sanitaire, L214 s’est faite mettre hors-jeu.

La question à l’arrière-plan est en effet celle de la civilisation elle-même et L214 n’a strictement rien à proposer sur ce plan. L’association comptait accompagner le capitalisme éternel depuis l’intérieur… C’est raté.

D’où la tentative désespérée d’élever le niveau, avec une lettre à Emmanuel Macron appuyée par des scientifiques, au sujet de l’élevage industriel.

Le contenu de la lettre, c’est du L214, mais non plus à destination des « consommateurs ». La lettre s’adresse directement à Emmanuel Macron comme si c’était le roi du pays voire un tyran, que c’est lui qui décidait de tout, que tout dépendait de son bon vouloir. Déjà, à la base, L214 a une approche capitaliste à l’américaine, une logique de lobby. Mais là, le caractère anti-démocratique de la démarche est totalement flagrant.

Quant aux animaux, ils disparaissent entièrement derrière un discours qui se veut résolument hors-compassion, avec comme seule considération la santé des humains. L214 se veut ici pragmatique, en réalité ce sont des gens capitulant devant la nécessaire transformation morale de la société, la nécessaire transformation culturelle de la société.

L214 manie une pseudo-objectivité – d’où la recherche de scientifiques pour valider le propos – qui a comme principe de s’opposer à la lutte des classes, à la subjectivité tournée vers les animaux, bref au 21e siècle tel qu’il va inévitablement apparaître.

Voici la lettre. Elle est signée, en plus de L214, par Serge Morand (Écologue de la santé, CNRS), Gilles Escarguel (maître de conférences en paléontologie et macro-écologie, Lyon I), Franck Courchamp, directeur de recherche, CNRS), Frédéric Keck (directeur de recherche, CNRS), Hervé Dréau, (médecin de santé publique), Nicolas Treich (économiste), Simon Jolivet (juriste), Cédric Sueur (maître de conférences en éthologie et éthique animale), Florence Burgat (philosophe, directeur de recherche), Michel Bourban (chercheur en éthique et philosophie politique), Marie Pelé (chargée de recherche en éthologie), Émilie Dardenne (maîtresse de conférences, études animales), Matthieu Romagny (enseignant-chercheur), Margot Pâris (assistante de recherche en biologie de l’évolution).

« Monsieur le Président,

Alors que la France était confinée pour se protéger de l’épidémie de Covid-19, vous vous adressiez aux Françaises et aux Français le 13 avril 2020 en rappelant notre « vulnérabilité » en ces termes : « Sachons, dans ce moment, sortir des sentiers battus, des idéologies, nous réinventer – et moi le premier. Il y a dans cette crise une chance : nous ressouder et prouver notre humanité, bâtir un autre projet dans la concorde. Un projet français, une raison de vivre ensemble profonde. » Un leitmotiv repris par votre mouvement, La République en marche, lors du Campus des territoires l’été dernier.

Votre réponse depuis lors est loin de s’inscrire dans cet état d’esprit. Elle est restée focalisée sur le traitement des conséquences de la crise que nous traversons (approvisionnement en masques, relance économique…) avec une recherche scientifique d’urgence, sans réel soutien à une recherche à même de contribuer aux défis écologiques, climatiques, sanitaires et sociaux. Une politique qui vise à gérer le court terme, illustrée par votre allocution 28 octobre 2020 : « Notre stratégie a été définie dès cet été, c’était de vivre avec le virus. ».

Dans le même temps, la réflexion autour des causes a été écartée. Elle est pourtant essentielle. Les zoonoses sont une des principales sources de maladies émergentes : 75 % des nouveaux agents pathogènes proviennent des animaux ou des produits animaux. Les conditions d’élevage et la déforestation, elle-même fortement liée à la production de viande, en sont aujourd’hui deux causes parfaitement identifiées. 

Prévenir une prochaine épidémie implique inévitablement de repenser l’action publique en élaborant un plan de sortie de l’élevage intensif. Une telle initiative viserait à suspendre immédiatement la construction ou l’extension des élevages intensifs et industriels qui confinent les animaux dans des bâtiments fermés, dans des cages, les forçant à vivre dans des conditions de promiscuité extrêmes. Ce plan de sortie de l’élevage intensif impliquerait la réduction de la consommation des produits carnés : le développement d’une végétalisation d’ampleur de l’alimentation en restauration collective publique ou privée à travers l’augmentation progressive de la part de protéines végétales dans les repas est indispensable. Réduire la production amènerait l’autonomie protéique – notamment la fin des importations de soja – que la France ne peut atteindre aujourd’hui au vu du nombre très élevé d’animaux qu’elle élève et abat. Ces demandes sont soutenues par la Convention citoyenne pour le climat.

Ce plan de sortie devra associer l’ensemble des acteurs concernés en veillant notamment à accompagner les personnes qui dépendent de l’élevage intensif vers des productions alternatives, vers une reconversion dans le domaine de leur choix et en redirigeant les aides pour enfin soutenir des systèmes moins intensifs.

Enfin, la réduction du risque de pandémie ne s’arrête pas à nos frontières. La France doit être à la pointe de la défense des animaux et de la protection de l’environnement dans les instances internationales. Vous en avez le pouvoir, et la responsabilité.Le temps est venu de « bâtir un autre projet dans la concorde », pour les humains et les animaux. N’attendons pas la prochaine crise pour agir ! »

Il y a également une vidéo. Entre le 6 et le 15 janvier, elle n’a eu que 90 vues… Tout un symbole de l’échec anti-populaire de L214.

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Chasse à courre: un cerf traqué jusque dans une gare

Voici le communiqué d’AVA suite à cet énième incident concernant la chasse à courre, où un cerf traqué s’est réfugié… sur les voies de la gare de Chantilly dans l’Oise, interrompant le trafic pendant plusieurs heures. Ce genre de scène n’a rien de nouveau, mais la différence est que maintenant, grâce au travail d’AVA, la population a la parole et lors de tels événement, la juste colère populaire contre de la chasse a courre a un écho.

 » 🏰📯 CHASSE À COURRE : TRAQUÉ JUSQUE DANS LA GARE 🚈🦌⚠

Mardi 12 janvier. Comme chaque année, le Rallye Trois Forêts a de nouveau poussé un cerf jusqu’en centre ville. Cette fois, c’est sur les voies de la gare de Chantilly que l’animal épuisé s’est réfugié, encerclé par les chiens.

🦌 Il est 16 h quand les Cantiliens assistent à cette scène épouvantable. Par une chance incroyable, la traversée du cerf, des chiens et des valets leur courant après n’a pas causé d’accident. 20 minutes plus tôt, les premiers signalements nous arrivaient déjà car la chasse se rapprochait dangereusement de l’hippodrome, ce qui n’a pas arrêté l’équipage.

🕑 Le trafic SNCF, lui, s’est retrouvé perturbé pendant deux heures : des dizaines de trains ont été supprimés ou retardés sur les axes Paris-Creil, Paris-Amiens et Paris-Saint-Quentin, et les quais de la Gare du Nord se sont retrouvés bondés à une heure de grande affluence, en pleine crise sanitaire.

🚒🚓 Pendant ce temps, les pompiers, les gendarmes, le poste à cheval, les policiers municipaux, l’OFB et un vétérinaire ont été mobilisés pour encadrer l’intervention. Il s’agissait d’endormir l’animal pour le déplacer en forêt. Dès la première fléchette hypodermique, le cerf s’est enfui en direction de la forêt par les voies ferrées.

🏛 La maire de Chantilly, qui s’est rendue sur place, n’a pas trouvé les mots pour qualifier les évènements, qui sont pourtant réguliers dans la région. Il y a quelques années, un cerf s’était d’ailleurs déjà retrouvé dans la gare de Chantilly, dans les mêmes conditions. Elle souligne, dans un communiqué, le danger et les perturbations générés par cet incident et annonce vouloir prendre les décisions utiles pour éviter que cela ne se reproduise. Nous restons à son entière disposition pour mettre en place un arrêté municipal strict comme celui pris à Pont-Sainte-Maxence, dans l’attente d’un moratoire sur la chasse à courre au niveau du département. Dans le même temps, il nous paraît primordial d’organiser enfin la réunion publique promise en 2019 suite à un précédent incident.

🚈 Du côté de la SNCF et du responsable des transports à la région, ces perturbations, ces traversées de voie et la mise en danger des personnes pourraient donner lieu à une plainte. Nous espérons qu’elle aboutira, car les précédents avertissements, comme dans l’Aisne où les veneurs chassent régulièrement sur les voies, n’ont rien changé.

🏰 Enfin, les chasseurs à courre, eux, retiendront de cette histoire que ce fût une belle chasse et que les chiens ont bien chassé, puisqu’ils ont réussi à forcer leur proie jusqu’à l’épuisement total. Ils se félicitent d’avoir eu la bonté de « gracier » l’animal puis minimisent la situation en s’excusant d’avoir provoqué de simples « retards de train », décidément incapables de la moindre introspection malgré l’évidence. Certains dénoncent même l’urbanisation, ce fléau qui a créé cette gare… il y a plus de 160 ans. D’autres revendiquent l’héritage du Duc d’Aumale, eux qui sont figés dans cet Ancien Monde pourtant déjà exposé dans les musées depuis bien longtemps.N’oublions pas que ce cerf aurait été abattu si cette même scène s’était déroulée en forêt, et que c’est parce-qu’il s’est réfugié là où la barbarie n’est plus tolérée qu’il a trouvé son salut.

🚫 Cette chasse dangereuse et cruelle doit cesser, et vite ! Abolissons la Vénerie Aujourd’hui !

🙅‍♀️🙅‍♂️🙅📩 Rejoignez-nous tous les mardis et samedis en forêt pour documenter ces scènes ! »

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Le label Francilien « Ville amie des animaux »

Le label Francilien « Ville amie des animaux »‘ est malheureusement un excellent exemple de négation de la vie sauvage et de poudre aux yeux en ce qui concerne les animaux partageant la vie en société.

La pandémie a montré que l’humanité était malade de ses villes et la question animale est explosive à ce niveau, car elle met à nue toute la problématique. Il y a donc des contre-feux pour tenter de neutraliser la prise de conscience et le label « Ville amie des animaux » mise en place par la région Île-de-France le démontre parfaitement. L’initiative a été pensée au début de l’année 2020 par la présidente de la région, Valérie Pécresse (LR) et les premières nominations sont tombées à la toute fin de la même année, avec des « pattes » pour évaluer le niveau de qualité pour chaque ville. Levallois a obtenu « trois pattes », Chennevières « deux pattes », Nangis « une patte ».

On aura compris que cette mis en avant des pattes joue sur un côté régressif, entièrement tourné vers les animaux de compagnie, sur une mode régressif de repli sur son foyer. On est évidemment dans la négation de la Nature, avec une focalisation unilatérale sur les « animaux de compagnie ». Le label sert concrètement pour les villes à se donner une bonne image à peu de frais, à se prétendre « amie des animaux » en général tout en n’agissant que pour les animaux de compagnie et encore de manière clientéliste.

La communication de la ville de Levallois est exemplaire d’une propagande efficace à peu de frais.

La ville de Levallois est exemplaire de cela jusqu’au bout puisque dans sa liste d’actions lui ayant permise d’obtenir le label avec trois pattes, on a :

La Maison de la Pêche et de la Nature sur l’île de la Jatte, équipement municipal, organise des ateliers nature et bien d’autres nombreuses animations, notamment auprès des plus jeunes.

Obtenir un label « amie des animaux » en passant par la pêche, c’est quelque chose tout de même ! Cela confirme tout à fait le côté utilitariste du label, sa dimension purement communicative, sans base culturelle, morale en rapport avec les animaux.

Pour qui en doute il suffit de se pencher sur le dossier de demande de labellisation. Il n’est parlé que des animaux de compagnie. En réalité, sur les 23 points, il y en a bien un qui parle des animaux sauvages, mais il est bien précisé qu’il ne s’agit que d’engager une réflexion, nullement d’agir :

Engager une réflexion à l’échelle de la commune visant à favoriser la place de la petite faune sauvage en ville (nichoirs à oiseaux, pigeonniers etc)

Engager une réflexion n’a même pas besoin de justification… C’est vraiment pour prétendre avoir fait quelque chose et aller dans le bon sens. Mais il y a pire encore ! Il est demandé d’intégrer les associations dans la protection animale de la ville. Mais jamais il n’est demandé que les villes subventionnent les associations ! Aux associations le travail de fond, à la mairie le prestige ! C’est là quelque chose que toutes les associations connaissent : les communes les appellent pour tel ou tel problème, mais il n’y a aucune contribution financière ou matérielle. Et on peut remplacer les villes par les pompiers, la police, la gendarmerie, etc.

Ce qu’il faudrait, c’est que toutes les associations fournissent des factures à tous ces gens-là, mais ce serait moche et ce n’est pas dans la mentalité, heureusement, des associations. Cela étant c’est le cas de certaines et naturellement des entreprises, notamment avec les fourrières. Il y a ici un business florissant, avec naturellement des ramifications au sein des mairies pour les attributions, bref on l’aura compris ce n’est guère reluisant. Et cela s’étend puisque pour renforcer le clientélisme, il est même demandé pour le label, en ce qui concerne la situation des animaux avec les personnes âgées ou en dépendance, de :

Soutenir les initiatives publiques ou privées, rémunérées ou bénévoles

C’est là clairement soutenir l’expansion du capitalisme vers un nouveau marché, celui des personnes âgées. La mairie fournira bientôt les listes à des entreprises et on aura un marché, du clientélisme, une bonne image pour la mairie. Et d’ailleurs le label demande de systématiser l’emploi d’animaux de compagnie dans « les maisons de retraite, établissements hospitaliers, éducatifs, sanitaires et sociaux ». C’est le business de la « médiation animale », du divertissement jouant sur l’affectif et présenté comme socialement et médicalement utile. C’est le même principe d’étendre le capitalisme en passant par les « services », ici aux dépens des animaux.

Les animaux dits d’assistance connaissent une vie d’esclave, avec une affection brisée et des automatismes intégrés par l’isolement, l’écrasement de toute personnalité. C’est une honte et le plus grave ici est qu’ont participé à ce label des associations de protection animale. Il est vrai qu’il s’agit de poids lourds dont la vision du monde se restreint souvent à l’acte de présence (la SPA, la Fondation Brigitte Bardot…) : du moment qu’ils sont reconnus, qu’ils peuvent gratter quelque chose, cela suffit. Le label est d’ailleurs soutenu par L214, qui soutien l’initiative de Valérie Pécresse.

On notera parmi les autres soutiens un organisme privé comme l’Institut Scientifique et Technique de l’Animal en Ville, l’animalerie Animalis… L’animalerie est également présente par une structure qu’elle a égénré, L’Arche des associations… On a le Comité Oka mon chien ma ville, soutenu par Truffaut, Bayer, Virbac, Pfizer

On a Parole de chien qui organise les chiens « visiteurs » et promeut la médiation animale appelé à s’élargir à d’autres animaux… On a aussi Faune Alfort, qui s’occupe des oiseaux en région parisienne, mais qui est une structure de l’Ecole Vétérinaire de Maisons-Alfort, avec tout ce que cela signifie en termes d’expérimentation animale. L’Ecole vétérinaire soutient également le label.

Ce qui rappelle le problème de fond, qui est le mélange entreprises – institutions – associations, avec les institutions pour légitimer, les entreprises pour proposer leurs « services » et élargir leur marché, et des associations de protection animale piégées dans un tel contexte. Quand on voit un label « ville amie des animaux » on ne se dit pas forcément que c’est l’expansion du capitalisme (aux dépens d’animaux d’ailleurs), le clientélisme, la négation de la Nature par l’affirmation de la ville et le rejet des animaux sauvages. On se dit même que c’est plutôt bien. Là est le piège…

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Écologie

L’épidémie de grippe aviaire, une énième crise dans la crise

Alors que les industriels du foie gras diffusaient massivement des spots publicitaires lors des dernières fêtes de fin d’année, les premiers cas de grippe aviaire ont été détectés au début du mois de décembre dans un élevage de canards des Landes. On assiste depuis à l’abattage massif de tous les animaux de l’élevage.

L’influenza aviaire est une maladie qui touche principalement les oiseaux, qu’ils soient d’élevage ou sauvages bien qu’elle soit plus mortelle chez les oiseaux d’élevage. Le virus peut se propager par les sécrétions respiratoires ou les déjections, et peut survivre longtemps à des températures basses.

La souche H5N8 qui circule actuellement en France et en Europe est une souche extrêmement contagieuse et elle est classée comme hautement pathogène, avec les 32 millions de canards élevés en France, la situation est plus que tendue.

Dans ces conditions, il était inévitable que la situation vire au drame pour les oiseaux d’élevage. Depuis début décembre, des foyers d’infections ont été détectés dans plus d’une centaine d’élevages de canards et d’oies en France. La maladie se développe d’ailleurs de manière exponentielle, le nombre de foyers ayant doublé en une semaine malgré les mesures mises en place.

Lorsqu’on sait que la « production » de « foie gras » consiste en un gavage forcée en à peine deux semaines, on ne peut malheureusement pas être étonné de l’horrible gestion de la situation par les principaux acteurs de ce secteur.

En effet, la solution proposée par Hervé Dupouy, président de la section palmipède de la FNSEA des landes, est de faire un « vide sanitaire » dans les élevages, c’est-à-dire qu’il propose d’abattre tous les animaux des élevages contaminés, puis de laisser les lieux sans animaux durant 2 mois.

Une solution que Marie-Pierre Pé, la directrice du comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (CIFOG), ainsi que le ministre de l’agriculture Julien Denormandie approuvent, ce dernier parlant même de « dépeuplement massif inéluctable ». C’est dire comment l’État est dépassé par une situation qui a pourrie…

Et comment ne pas le voir alors que depuis le 20 décembre ce sont déjà 400 000 animaux qui on été tués, et plusieurs centaine de milliers d’autre qui vont l’être dans les jours à venir avec d’ores et déjà la réquisition d’abattoirs par le gouvernement.

Quand on constate que les oiseaux sauvages ont peu de chance de développer une forme grave de la maladie, contrairement aux oiseaux d’élevage, on ne peut que se rendre à l’évidence de l’enfer que nous faisons vivre à ces animaux uniquement pour alimenter ce si puissant secteur du capitalisme français dont l’humanité pourrait largement se passer au XXIe siècle.

Rappelons ici simplement que la France est tout à la fois premier producteur et premier consommateur mondial de foie gras, avec trois groupes qui monopolisent le secteur, soit Euralis Gastronomie et ses 700 éleveurs, Maïsadour avec sa marque Delpeyrat, Luc Berri avec Labeyrie, pour une production qui se fait généralement dans le sud-ouest.

Avec entre 10 à 20 000 tonnes de foie gras produits par an, représentant plus de 20 millions d’oiseaux gavés, principalement des canards mais aussi des oies, la France est loin devant la Hongrie, la Bulgarie, les États-Unis, le Canada, et même la Chine…

Cette situation ne peut que nous faire penser ici aux visons qui ont été abattu par millions à l’automne 2020, considérés comme le vecteur de propagation du coronavirus. Finalement, le secteur du foie gras est à la France ce qu’est le secteur de la fourrure de visons au Danemark, et ici comme là-bas c’est toujours la même brutalité comptable infâme qui s’abat.

À chaque fois le choix est fait d’abattre les animaux sans aucune considération de leur existence, sans que le mode d’organisation de l’humanité ne soit remis en question, alors même qu’il est à la base de ce drame écologique. Pour cela, il faut se heurter à toute l’idéologie française du terroir et des paysages, et savamment entretenue par l’agrobusiness.

Alors que l’humanité est empêtrée dans l’épidémie de COVID-19 engendrée par un rapport dénaturé à l’ensemble de la biosphère, la crise de la grippe aviaire dans le sud-ouest est une énième crise dans la crise…. Tout cela doit changer. Inéluctablement, un mouvement populaire sensiblement tourner vers l’avenir va, et doit émerger pour en finir avec ces atrocités envers la vie.

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Société

2021: à chacun de faire un pas vers les animaux

Dans un monde toujours plus insensible, se tourner vers d’autres êtres sensibles, en détresse, est moralement nécessaire et un appui à sa propre sensibilité.

Si des esprits petits-bourgeois prétendant que la condition animale s’améliore en France, si certains sont satisfaits de coller deux affiches et de ramasser des bouteilles abandonnées dans un parc, les gens sérieux savent que la situation de la Nature est toujours plus catastrophique en France. C’est tout à fait logique puisque la logique du marché implique que tout soit dénaturé, que tout soit marchandise.

Il ne faut pas ainsi dire que les animaux ne sont pas des marchandises. Il faut au contraire le dire et en même temps expliquer que c’est une mauvaise chose. L’expliquer est une chose cependant très difficile de par le poids de la société de consommation capitaliste, où l’on a toujours le moyen de consommer et de se détourner de la sensibilité, de la compassion, de l’empathie.

L’explication passe donc par l’expérience concrète. Avoir un être vivant en face de soi n’est pas une abstraction et si beaucoup se détourne, préférant le faux confort de la consommation capitaliste, d’autres assument de ne pas nier cela. Ils prennent les gens comme ils sont, ils prennent les animaux comme ils sont, ils prennent les végétaux comme ils sont. Ils ne prétendent pas vouloir devenir insensibles et se réfugier dans la consommation, ils ne cherchent pas à trouver « mieux » sur le marché.

L’abandon des animaux, par exemple, ne doit pas masquer le fait qu’une partie de cette tendance consiste à se procurer « mieux », avec un autre animal, ou bien d’en « utiliser » un nouveau pour la prochaine saison. Et, cela, les gens le font pour leurs habits comme parfois pour leur partenaire dans la vie. Les gens ne savent plus rester entiers – et ceux qui le restent passent pour des bizarres, surtout que souvent ils ne savent pas comment agir adéquatement dans une telle société.

On aura compris que la société de consommation capitaliste implique l’indifférence, une perte de sensibilité, une esquive systématique à tout ce qui est entier.

Il appartient donc à chacun, en 2021, de faire un pas en direction des animaux en détresse. Le moindre effort compte pour ceux-ci, et le moindre effort non pas affaiblit sa propre part d’humanité, d’animalité, d’être vivant. C’est d’autant plus important comme tendance à une époque où, avec la pandémie, le social-darwinisme triomphe, prônant le nationalisme, l’individualisme, la sortie de crise par la guerre, aux dépens des autres. C’est la guerre de chacun contre chacun et la guerre entre les pays.

Les possibilités d’aider sont innombrables. Il y a partout dans le pays des refuges dans le besoin. Il y a partout des coups de main à apporter. Rien que servir d’interface pour récupérer du matériel est par exemple très utile ; plus on implique d’autres gens, mieux c’est. Et il ne faut pas hésiter à mettre la main à la pâte, à se salir. C’est difficile de voir la détresse, ou même de faire face à la mort, les conditions de travail sont dures, mais il faut ce qu’il faut. La reconquête de sa sensibilité a aussi ce prix.

Et cela ne veut nullement dire qu’il faille se mettre en avant parce qu’on a fait une bonne action. Il faut au contraire rester anonyme, servir les animaux en général, ne jamais réduire les choses au prisme individuel. Les gens qui mettent leur photo en expliquant qu’ils ont aidé à un refuge devraient retourner sur Instagram et laisser la Cause tranquille, ils n’ont rien compris à la vie.

Quand on veut aider les animaux, on les aide pour ce qu’ils sont et il ne s’agit pas d’apporter des mauvaises manières venant de la société de consommation capitaliste. Il appartient à chacun, en 2021, de faire un pas en ce sens.