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Culture

Playlist électronique feutrée et mélodique, avec un zeste d’esprit rétro

À l’occasion de la sortie du nouvel album de Chromatics, voici une petite playlist de musique électronique, feutrée et mélodique, avec un zeste d’esprit rétro.

Pour une lecture automatique, la playlist liste est disponible via le lecteur habituel dans la colonne de droite (version web) ou en bas de page (version mobile). Nous la proposons également ici sous formes de vidéos, pour apprécier les clips :

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Société

Le teknival «Tek’Steve’All» en périphérie de Nantes

Pratiquement 15 000 personnes se sont rassemblées en périphérie de Nantes pour un teknival nommé « Tek’Steve’All », en référence au jeune décédé dans cette ville lors de la fête de la musique. L’événement, traditionnel dans sa forme, a ouvertement assumé un discours anarchiste, prônant la vie à l’écart des valeurs dominantes, la haine de la police, le cantonnement dans une fuite en avant dans le « son » et, bien évidemment, l’alcool et les drogues.

Depuis l’occupation de la piscine Molitor à Paris en 2001 pour une free party historique, la scène techno des frees et des teknivals a toujours oscillé entre une volonté de reconnaissance et un goût prononcé pour la marginalité. Les exigences préfectorales ont cependant toujours été telles que finalement, c’est le choix de la bande à part qui a été fait pour ceux refusant de tout abandonner ; sur la vingtaine de frees de l’année dernière, une seule avait été déclarée.

La mort de Steve lors d’une fête techno à Nantes a forcément transcendé une scène qui, à l’arrière-plan, a toujours connu un énorme problème d’identité. À l’opposé du phénomène de masse que cela a été en Angleterre, la scène techno française des frees a toujours surtout rassemblé des jeunes à la périphérie des grandes villes, cherchant une dynamique culturelle positive.

L’apolitisme dominant – même si de manière régulière la chanson « porcherie » (sic!) des Béruriers Noirs clôt une free – se résume donc toujours par cette volonté suprême d’être « laissé tranquille ». Les multiples slogans du teknival qui vient de se dérouler sont à comprendre en ce sens :

« La police peut nuire à vous et à vos proches », « Etat policier, rue de la répression », « Ni oubli ni pardon pour Steve », « Justice pour Steve », « Justice pour Steve, mort pour avoir dansé », « Partout comme en teuf, défendons-nous face aux keufs », « Légitime défiance, la police est coupable », « La police tue… pas nos basses ! », « Face à la répression, unis pour nos libertés », « danger police », « UnisSONs-nous et RAVE’oltons-nous contre la répression », etc.

Cela semble d’autant plus rebelle que, conformément à l’esprit des teknivals, il y a un vrai effort de fait pour la décoration, le jeu de lumières, la qualité des sound-system, etc. Le problème est que cela fait 20 ans que les choses n’ont pas bougé. La scène des free parties vit dans la passé. Elle écoute une musique du passé, avec un style du passé. Rien ne bouge, surtout rien ne doit bouger.

À cela s’ajoute le problème de fond : l’utilisation obligatoire de drogues. La scène techno des free parties n’utilise pas les drogues comme un moyen, ce sont désormais les drogues qui l’utilisent comme moyen. Le problème des drogues était déjà énorme à la base, mais il était possible de discuter. Aujourd’hui c’est impossible, les drogues imposent leur domination totale. Ce panneau d’avertissement artisanal au teknival de Nantes prévenant, sur un pont, qu’en-dessous il y a un cour d’eau, en dit long :

Le teknival « Tek’Steve’All » est donc régressif sur tous les plans, ce qui est typique d’une orientation anarchiste. C’est une simple expression de la volonté de vivre isolé, à l’écart, sans intervention de l’État, pour vivoter d’une manière artisanale tout en se défonçant, tout en imaginant que culturellement on écoute une musique « underground », incompréhensible pour le commun des mortels vivant une vie banale, etc.

Le monde peut s’effondrer, tant pis, il faut vivre à l’écart. « Plus le son est fort, moins on entend le monde s’effondrer. »

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Nouvelle playlist: «Et j’traîne seul sur Paname»

Voici une nouvelle playlist consistant en des chansons sur « Paname », une ville autrefois populaire en grande partie, riche en culture et en vécu.

Paris est désormais le bastion halluciné au niveau des prix d’une bourgeoisie poseuse et sans âme, cosmopolite et arrogante. Il reste toutefois des poches où lumpen et petit-bourgeois rejoignent quelques couches populaires pour essayer de vivre malgré tout des choses marquantes, souvent sources de cicatrices physiques ou psychologiques, preuve toutefois qu’au moins on a vécu.

La playlist liste est disponible ici en lecture automatique :

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L’événement qu’est le nouvel album de Tool

C’est l’un des groupes de musique les plus importants de ces trente dernières années et pour autant sa reconnaissance populaire est nulle. La sortie du nouvel album du groupe américain Tool vient contrebalancer cette situation incohérente, grâce à son succès lui ouvrant enfin de nouvelles portes. Culturellement, c’est un événement incontournable.

Tool est un groupe américain né au tout début des années 1990 et n’ayant sorti en tout que cinq albums. Fear inoculum, le dernier, vient de sortir après une absence de treize ans et aux États-Unis il y a un engouement massif en sa faveur.

C’est que Tool, c’est Nirvana en version métal progressif, avec des longs morceaux obsédants et terriblement expressifs, dans une atmosphère à la fois sourde et tordue. On est pris dans un donjon de sons prégnants et lancinants, largement enveloppant et envoûtant si on entend le tout avec un son relativement fort.

C’est une musique intelligente et non commerciale, savamment construite mais accessible. Seule une petite avant-garde en a saisi la dimension, parfois d’ailleurs sans la saisir dans tous ses aspects, exactement comme pour le grunge en général. C’est tout le mal civilisationnel qui s’exprime avec force.

C’est tout le reflet d’une époque, dont les rares vidéos sont particulièrement marquantes de par leur dimension tourmentée, torturée.

La sortie du nouvel album a de l’impact, car c’est une réussite. Tool ne s’est pas vendu et reste une rencontre des Melvins avec King Crimson, deux de leurs principales références. Les sept chansons, pour un total de 79 minutes, reste dans l’optique de départ.

Les limites sont évidemment patentes : on est dans l’esthétisation, dans un style s’auto-nourrissant, dans une fascination pour le sordide. Tout cela est par ailleurs propre au grunge. Cependant, c’est réellement authentique et cela possède une véritable profondeur, un haut niveau musical. PNL est, en quelque sorte, la caricature française de Tool, si l’on veut.

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Le très agréable pop-rap de Blry dans l’album «Rêves, pt. 1»

Il est convenu de dire que le rap français est devenu une forme de variété, mais cela ne date pas d’aujourd’hui car I am ou encore Mc Solarr relevaient déjà de cela en leur temps. Ce qui est nouveau par contre, c’est qu’il existe à côté des artistes les plus mainstream tout une scène de rappeurs indépendants assumant une sorte de pop-rap très positif, beaucoup plus confidentiel dans l’approche et la démarche, mais bien plus authentique.

C’est exactement là que se situe le dernier album de Blry (prononcez Blurry), « Rêves, pt. 1 » sorti ce 6 septembre 2019.

Avec sa voix lancinante, le jeune vendéen déroule à travers les huit titres de l’album un style très cohérent, absolument moderne dans sa forme. On y retrouve toute l’attitude détachée et (en apparence) nonchalante de la jeunesse d’aujourd’hui.

Le thème récurrent est celui de la recherche d’authenticité, tant dans les rapports aux autres que dans sa propre vie, avec un rejet vigoureux du pessimisme. La production est minimale, comme le chant qui est très basique, presque naïf. Le texte est au contraire très puissant, parfois saisissant comme sur « Hellboy » où il est question de dépendance aux anxiolytiques, ce terrible mal.

On reconnaît aisément les références assumées par Blry, de l’américain Juice WRLD à Columbine en passant par Lil Peep (qui avait enregistré Falling Down avec XXXTentacion avant leur décès), mais avec une touche bien spécifique, très identifiable. Ce jeune artiste d’à peine 20 ans nous propose avec « Rêves, pt. 1 » quelque-chose de très réjouissant, encore plus abouti que son album « Pensée » paru en début d’année, qui était déjà très intéressant.

https://www.youtube.com/watch?v=MCir6wA7bp0

> Écouter l’album : blry.fr/reves

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Culture

Quand Niska fait un «freestyle» sur France inter

Le rappeur Niska a produit un « freestyle » sur France inter qui a été mis en avant sur le site et les réseaux de la radio. Cet artiste porte pourtant un style et des valeurs aux antipodes de ceux que prétendent incarner les gens de France inter.

« Niska en freestyle » sur France inter, quoi de plus baroque ? Son style ne correspond pas du tout à « l’esprit » de cette radio. France inter, c’est un esprit intello-bobo « de gauche », très lisse, offusqué par la Droite, bien que ne rejetant pas pour autant le confort bourgeois. Elle vise un public de gens s’imaginant cultivés, surtout des « profs » dit-on, qui n’aiment pas les fachos et les bourgeois roulant des mécaniques à la Sarkozy, mais qui aiment quand-même le confort de beaux quartiers urbains ou des grandes maisons à la campagne. Cela n’a en tout cas absolument rien à voir avec le genre d’attitude et de préoccupations d’un artiste comme Niska.

Voici son « freestyle » :

Ce genre de propos, chantés sur France inter, sont vraiment mémorables :

– ne me demande pas combien d’oseille (d’argent) j’ai mangé cette année, je veski (j’esquive) les impôts ;

– demande-moi combien de bitch (« salope ») j’ai vu se faire tourner dans les escaliers ;

– oh my god (oh mon dieu), sa sœur elle fait la timp’ (la putain), mais comment je vais le dire à mon pote ? Mais comment je vais le dire à mon pote que sa feumeu (femme) veut que je la fuck (« baise ») ?

– des 10 sur 10 en cours, c’est ce que maman m’avait dit, le million à 25 ans, mon prof de math ne l’a pas prédit.

Voici qui est très patriarcal, grossier, complètement fasciné par l’argent. C’est, pour tout dire, un état d’esprit littéralement de droite. C’est du Nicolas Sarkoy, mais à la manière prolétaire immigré aliéné de banlieue plutôt qu’Auteuil-Neuilly-Passy !

La vidéo qui accompagne l’article, le clip de « Du lundi au lundi », est encore plus poussée dans cet état d’esprit de droite anti-ouvrier. Il y est chanté que c’est mieux « d’augmenter les délits » plutôt que d’« aller à l’intérim », car ce qui compte c’est l’argent facile, le tout après avoir montré une panthère noire tenue en laisse. Rien que cette scène d’ailleurs est inacceptable pour qui a un minimum de valeurs morales.

Seulement voilà, les intello-bobo « de gauche » de France inter ne sont aucunement à Gauche. Ils ne connaissent rien à la culture populaire et aux classes populaires, dont ils ne partagent pas les valeurs, ni la culture.

Leurs offuscations récurrentes contre les fachos, la Droite, les « réacs », ne sont que du cinéma qui ne correspond à rien d’authentique. Et ils s’imaginent que Niska est acceptable seulement parce qu’il est d’origine immigré et qu’il vient de banlieue. Jamais de tels propos ne seraient ainsi mis en avant sinon.

Un artiste comme Niska, dont le dernier album ne parle quasiment que de trafic de drogue et d’argent sans travail, correspond tout à fait aux clichés qu’ont ces gens à propos de la banlieue et qui parfois effectivement sont un portrait caractéristique de toute une décadence.

France Inter ne propose rien d’autre que d’accompagner une telle décadence. C’est une faillite intellectuelle et culturelle. C’est là encore un signe de l’appauvrissement moral généralisé de la bourgeoisie, qui sombre corps et âmes avec le capitalisme triomphant, allant donc droit dans le mur et aboutissant à une époque où il faudra tout changer en long, en large et en travers.

Le Socialisme ne récupérera que le meilleur et se débarrassera de tout ce vide culturel, de toute cette décadence individualiste opportuniste.

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Nouvelle playlist dream pop / shoegaze sur fond de post-punk

Voici une nouvelle playlist, davantage tournée vers le vaste monde de la pop dite « indé ». Elle est composée essentiellement de morceaux récents, d’artistes la plupart eux aussi assez récents. Non pas que le passé n’ait pas d’intérêt, loin de là ! Simplement une question de sons, d’ambiance générale.

fazerdaze

Pour introduire cette playlist, commençons par les influences qui ressortent : les Cure, période Disintegration sans aucun doute (comment ne pas être influencé d’une manière ou d’une autre par ce chef d’oeuvre ? ), les Smiths pour ceux qui s’accrochent davantage à un son plus terre-à-terre, plus classique et plus tard les approches plus aériennes de groupes comme Slowdive et ceux que l’on qualifiera de shoegaze.

La playlist commence avec trois morceaux au tempo plus élevé, avec des lignes mélodiques post-punk et une côté éthéré, aérien, un peu rêveur…

Mumrunner est groupe originaire de Tampere en Finlande, le morceau Cascais est tiré de leur EP Gentle slopes, sorti en 2016. Si le morceau est bien réussi, il a le défaut de se reposer un peu trop sur une alternance classique couplet/refrain. La formule marche, mais on tiendrait difficilement tout un album. Arrive ensuite DIIV, un groupe américain originaire de New York, avec le morceau Doused tiré de leur premier album Oshin, sorti en 2012. Et il faut bien reconnaître que le niveau est monté d’un cran : tous les instruments remplissent leur rôle à merveille, personne ne se met à l’écart. Le résultat est un morceau dense et riche. On peut ne pas accrocher, ou regretter que le groupe n’ait pas poussé le morceau un peu plus loin, mais on ne peut dire que celui-ci est creux. Enfin, Wildhoney arrive avec Horror movie, morceau tiré de la compilation Continental Drift, sortie en 2016.

Les morceaux suivants commencent à moins jouer sur les sonorités et les mélodies aériennes. Certains morceaux sont davantage dans une ligne pop indé que l’on serait tenté de qualifier de classique comme Gone home de the Spook school, groupe écossais, ou Adult diversion de Alvvays. De son côté, Castlebeat avec le morceau I follow se démarque de leurs voisins de playlist avec une approche plus minimaliste et une certaine originalité dans la partie rythmique. Seapony, groupe américain originaire de Seattle, font partie de ces groupes qui sont loin de révolutionner un genre musical, mais qui savent faire les choses bien. Leur morceau Where we go, est issu de leur premier album : Go with me, sorti en 2011.

Fazerdaze est un groupe composé d’une personne qui s’accompagne d’autres musiciens lors de ses tournées. Originaire de Nouvelle-Zélande, le morceau Lucky girl est de loin le morceau le plus connu de sa compositrice et celui qui lui a permis de connaître un certain succès. Cela tombe bien, le morceau est une réussite : preuve supplémentaire que la production artistique n’est pas qu’une question technique. Le morceau est à la fois simple et original, le résultat est très plaisant à écouter, ré-écouter encore et encore… Il provient de son premier album, Morningside sorti en 2017.

Vacations est un groupe australien, leur morceau Home est tiré de leur EP Days sorti en 2015.

Les deux derniers morceaux de la playlist ralentissent nettement le tempo. Men I trust se démarque des autres groupes avec des sonorités plus électroniques. Le morceau I hope to be around date de 2017 et le groupe est originaire du Québec, au Canada.

Enfin, le dernier morceau est composé par Dream, Ivory, groupe américain originaire de Californie.

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Nouvelle playlist : bon mood d’été

Voici une deuxième compilation de l’été avec surtout des sons récents et français, tous très positifs dans leur esprit.

Du love, beaucoup de love sur cette playlist qui s’ouvre pourtant sur le dernier single d’Isaac Delusion demandant : « Emily, Are you trying to hurt me? ». Lockhart et Fischbach se répondent ensuite langoureusement dans une histoire d’amour estivale qui lance pleinement cette sélection musicale.

Les Québécois Les Louanges suivent, puis les Parisiens Monteresso avec un extrait de leur tout récent album, très parisien dans son style ultra sophistiqué et léger en même temps. L’excellent morceau des Pirouettes qui suit est issu de la réédition Deluxe de leur second album Monopolis.

Un peu plus de rythme ensuite avec Presque l’amour puis Einfach da sein de KOMPROMAT, le succès électo français de cet été 2019 dont l’album est présenté comme un hommage à la techno berlinoise des débuts.

On croirait les années 1960 ensuite avec La Chinoise, mais c’est en fait un groupe composé de tous jeunes gens, très peu connus pour l’instant, mais au grand talent. On adore.

On croirait cette fois les années 1980 avec les Français Velvet Condom, mais leur new-wave est en fait très récente. Un retour aux sources, en Angleterre et en 1983, s’impose alors avec cet excellentissime classique de New Order.

Un an après (en 1984) et de retour de notre côté de la manche avec ce très enthousiasmant son des Visiteurs du Soir, trouvé récemment sur une compil synth-wave  (rien à voir avec la « synthwave » électro de maintenant !)

La reprise de France Gall qui suit (composée par Serge Gainsbourg en 1964) par Suzanne a eu du succès l’été dernier et passe toujours aussi bien cette année !

Changement assez tranché de registre pour finir cette playlist par du rap. D’abord avec l’algérien Soolking, dans son style caractéristique et entraînant, puis deux morceaux des rennais Columbine (impossible de choisir, alors on a mis les deux ! ) Le rappeur Moussa, qui avait produit un unique et excellent titre en 2017, est de retour cette année et cela vaut vraiment la peine ! Pour tout dire, on voulait ouvrir la compilation avec ce son, tellement c’est fresh, tellement le bon mood de l’été !

On finit alors par Nekfeu, avec un refrain de la star japonaise Crystal Kay puis c’est Ok cool du rappeur autrichien Yung Hurn, qui a beaucoup de succès en Allemagne, qui fait office d’outro très aérienne pour rester dans cet état d’esprit estival positif !

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Le conflit entre Billy Bragg et Morrissey

Les passes d’armes intellectuelles actuelles entre les deux chanteurs Billy Bragg et Morrissey, anciennement chantres de la classe ouvrière anglaise, sont d’une importance culturelle énorme. Elles reflètent tous les problèmes de la Gauche depuis vingt ans.

D’un côté, Morrissey, un artiste à la réputation intouchable en Angleterre. Avec les Smiths, groupe incontournable aux splendides mélodies, il a dressé le portrait sensible d’une jeunesse ouvrière désabusée dans un pays socialement brisé. Son expression tourmentée est allée jusqu’à la dénonciation des conservatismes, dont la royauté, et l’affirmation du véganisme comme valeur essentielle (meat is murder), et ce alors que l’ALF multipliait les actions illégales. Par la suite, sa chanson où il racontait son rêve, qu’il espère devenir réalité, de Margaret Thatcher passant sur la guillotine, est devenue tout un symbole d’un style.

De l’autre, Billy Bragg qui, originellement simplement à la guitare, produisait de belles chansons engagées, très militantes, avec une très belle œuvre (« Workers playtime ») avant un tournant rock et postmoderne. Son impact fut bien plus confidentiel.

En l’absence de liens avec la Gauche historique, on devine ce qui arriva à ces deux chanteurs des années 1980. Billy Bragg s’est toujours plus enlisé dans la version postindustrielle, postmoderne de la Gauche, tandis que Morrissey a commencé à basculer dans le syndrome Brigitte Bardot, avec des diatribes misanthropes, des sortes de paranoïa racistes, etc.

Ces derniers mois, Morrissey a par exemple régulièrement porté un badge d’un groupe identitaire, « For Britain », à la télévision, ou diffusant récement une vidéo sur son site où sont mises en avant les thèses identitaires (le « grand remplacement », le multiculturalisme comme projet par en haut, etc.)

Et là Billy Bragg est scandalisé et a publié une longue critique.

Il note au passage qu’il est outré que personne ne proteste, notamment les groupes jouant avec Morrissey (Interpol, ainsi que The Killers, dont le chanteur Brandon Flowers a précisé que Morrissey « est toujours un roi »).

Ce faisant, il a réagi comme un bobo de gauche, car tout le monde sait que Morrissey est une sorte de révolutionnaire raté s’étant enlisé dans une posture et ne s’en sortant pas.

Même Nick Cave, se lançant dans la bataille, a souligné qu’une œuvre appartient à son public et que même si son auteur tombe dans des croyances régressives, cela n’en changeait pas la nature. Une manière de relativiser les énièmes conneries de Morrissey, dont tout le monde a l’habitude en Angleterre.

Personne ne peut en effet prendre au sérieux les élucubrations de Morrissey en 2019, alors que cela fait plus de quinze ans qu’il déraille. Il avait déjà dansé avec un drapeau britannique, insulté les « jaunes », etc. Il est l’ombre de lui-même et tout le monde trouve cela triste.

Billy Bragg montre donc ici concrètement les limites totales du « politiquement correct » de la gauche bobo, qui est incapable de subtilité, de nuance, de saisie des contradictions, des problèmes de fond. Il intervient de manière déconnectée de la réalité.

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Debaser des Pixies

› Debaser a été enregistré en 1988 et est sorti sur l’album Doolittle. C’est un morceau du groupe de musique rock indé Pixies, principalement connu pour leur titre « Where is my mind ».

Debaser pourrait se traduire par « rabaisseur », « un snob ». La chanson parle d’un bourgeois qui tente d’impressionner une fille qui lui plaît en lui parlant d’un film surréaliste.

« Got me a movie                 Tu m’as donné/fait voir un film
I want you to know              Je veux que tu le saches
Slicing up eyeballs             Globes oculaires tranchés [référence à l’une des scènes de « un chien andalou »]
I want you to know              Je veux que tu le saches
Girlie so groovy                Jeune fille sensationnelle
I want you to know              Je veux que tu le saches
Don’t know about you            Je ne te connais pas
But I am un chien andalusia     Mais je suis un chien andalousie

Wanna grow up to be             Je veux grandir pour être
Be a debaser… »                être un rabaisseur…

Cette chanson est intéressante car elle joue véritablement avec le côté inutile du surréalisme et de l’attitude qui en découle. À première vu on se dit que c’est de l’art pour de l’art cette chanson, mais pas du tout !

Dans la manière dont est chanté la chanson, on ressent bien que c’est pour se moquer de la bourgeoisie qui se pense intellectuellement supérieure !

C’est donc un homme qui pour tenter de séduire une femme, fais le snob « je veux que tu le saches », se pose en faux appréciateur de l’art « mais je suis un chien d’andalousie » en référence au film surréaliste de Dali Un chien andalou.

Debaser se moque donc de l’esprit arrogant de la bourgeoisie appréciant l’art contemporain.

En moins de deux minutes, il y a une critique de l’esprit viriliste, de l’art contemporain et de son absurdité, de l’arrogance de la bourgeoisie « debaser .

En plus de cela, la musique est très entraînante.

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Ça ira ça ira, le nouveau clip très frais des Pirouettes

C’est frais, c’est coloré, c’est positif ! Extrait de l’excellent album Monopolis.

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Presque l’Amour – Tu m’as trop menti (Chantal Goya cover)

Voici une reprise de « Tu m’as trop menti » de Chantal Goya par l’excellent groupe Presque l’Amour, originaire de Rouen. C’est une version électro-pop plus industrielle, une remise au goût du jour très bien vue de ce superbe titre.

https://www.youtube.com/watch?v=Py3_6bSxWfY

Chantal Goya est une chanteuse populaire française marquée à Droite depuis 1974, notamment en ayant soutenu le libéral Valéry Giscard d’Estaing en 1974 ou en étant contre la pénalisation des clients des prostitués.

Elle fut cependant proche de la Gauche et les textes qu’elles chantaient étaient sincères, comme « Tu m’as trop menti » qui prône la sincérité amoureuse.

C’est en particulier le cas de la bande-son du film Masculin Féminin de Jean-Luc Godard, où elle fait une grande partie de la musique et où elle joue aussi.

C’est sur le tournage de ce film qu’elle a rencontré l’homme qui a écrit les paroles de « Tu m’as trop menti », Jean-Jacques Debout, avec qui elle entamera une relation amoureuse.

Tant la version originale que la reprise de Presque l’Amour en 2015 ont une tonalité très française, so french, avec cette façon de dire l’amour de manière à la fois engagée et réservée, avec cette forme de retenue très sophistiquée dans la façon de chanter.

Voici la version originale du titre chanté par Chantal Goya :

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Videoclub – En nuit (Clip officiel)

La nouvelle vidéo du groupe Videoclub est marquante, de nouveau, par sa profonde candeur. Elle reflète une très profonde modification des mentalités, les jeunes nés à partir de 2000 étant en rupture sur de très nombreux points avec les générations précédentes.

Il est difficile encore d’en cerner tous les contours, mais les différences sont bien plus que simplement perceptibles et elles annoncent bien des choses pour l’avenir.

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Alex Beaupain – Au départ

« C’est une chanson d’amour de gauche qui dit qu’en amour comme en politique, tout commence par un immense espoir pour finir par une cohabitation. »

 

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Roky Erickson, figure hippie marquante

La mort de Roky Erickson a été annoncé et cela a marqué les personnes aimant la musique et particulièrement celle produite par la scène hippie. C’est que l’histoire est connue et terrible : ce musicien formidable est devenu très rapidement totalement fou en raison des drogues. La carrière du groupe The 13th Floor Elevators, une grande référence, s’effondra ici dès le départ, ce qui marqua fortement les esprits.

La sortie de l’album The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevators en octobre 1966 fut un tournant sur le plan musical. Il y avait un esprit d’expérimentation, de découverte de nouveaux sons, sans jamais pour autant perdre de vue la mélodie ni le haut niveau de musicalité. La musique psychédélique, c’est pour résumer comme le grunge, mais avec l’enthousiasme et la volonté d’affirmer une culture nouvelle, de faire des mélodies accrocheuses et populaires.

La chanson You’re Gonna Miss Me est un classique du genre.

Seulement voilà, les hippies combinaient esprit de révolte, mise en avant de la culture, et un comportement anti-social expérimentateur typiquement classes moyennes. Les expérimentations avec les drogues étaient censées apporter un « plus » pour l’ouverture d’esprit.

Il y a ici deux interprétations, justement. Pour l’une, reflétant le libéralisme culturel, c’est bien par les drogues qu’un haut niveau culturel a été atteint. Ce sont les individus créatifs qui apportent des choses. Pour l’autre, c’est malgré les drogues que le haut niveau culturel a été atteint.

On remarquera bien entendu que la première interprétation est partagée par la « Gauche » post-moderne, post-industrielle, la seconde par la Gauche historique.

Il y a ainsi la légende comme quoi Roky Erickson ne serait devenu fou qu’après un passage en hôpital psychiatrique, qu’il a choisi pour éviter la prison pour possession de marijuana. Il aurait été maltraité au point de succomber mentalement. Et il a indubitablement été torturé, puisqu’il a subi des électro-chocs.

Mais en réalité il avait craqué déjà à la base, ce qui l’amena donc à se considérer comme un extraterrestre. Roky Erickson n’a par la suite été plus que l’ombre de lui-même, produisant quelques disques sans valeur, finissant sa vie dans un taudis avec sa mère, tout en consommant du LSD de manière hebdomadaire.

Son apport a marqué et en 1990, une compilation de reprises (When the pyramid meet the eye-tribute to Roky Erickson) avait été faite pour l’aider financièrement. Mais si l’idée est sympathique, c’est se focaliser sur un individu, alors qu’il s’agissait d’une personne membre d’une large scène en 1965-1968, dont le grand témoignage sont les fameuses compilations Nuggets, incontournables.

Quant à l’album des 13th Floor Elevators, il est vraiment incontournable et fait partie des plus grandes œuvres musicales de la seconde moitié du XXe siècle.

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Bilal Hassani et son appel à être le « roi » de sa propre vie

L’album de Bilal Hassani est un flop et son rapport à la musique est aussi faux que toute sa démarche. Au lieu de chercher à l’affirmation, à l’épanouissement de la personnalité, il est une figure du travestissement propre à un capitalisme ne proposant que le rapport commercial de l’individu entièrement tourné vers lui-même.

Malgré un véritable tabassage médiatique, l’album Kingdom de Bilal Hassani est un flop complet. Ce n’est pas étonnant, quoique vues les nullités qui pullulent dans les choses à la mode musicalement, il y avait de quoi s’inquiéter. Mais ce qui est reproché à Bilal Hassani, ce n’est finalement pas sa faiblesse musicale totale, c’est son côté faux.

Car, au fond, à quoi a-t-on eu droit, encore une fois ? À une opération des LGBT+ sur l’opinion démocratique. Les jeunes, voire les très jeunes plutôt, épris d’ouverture d’esprit, de volonté d’acceptation, ont encore une fois été les cibles des discours de l’ultra-libéralisme. Et s’il y a des gens qui devraient le plus combattre cela, ce sont biens les personnes homosexuelles, qui voient leur bataille historique pour la reconnaissance de leurs droits transformée en levier pour propager l’hédonisme, les identités à la carte, la négation de l’existence des droits et des femmes, le refus du couple comme norme naturelle et sociale, etc.

Or, le peuple est démocratique et donc si quelque chose est faux, à un moment, cela se voit. Bilal Hassani n’a tout simplement pas fait le poids. Comme l’Autrichien Conchita Wurst, à force de vouloir tout être sans rien assumer jamais, à force de refuser la moindre formalisation, à un moment cela ne passe plus. A-t-on d’ailleurs lu les paroles de sa chanson « roi », qui a représenté la France à l’Eurovision ? C’est le manifeste de la subjectivité la plus radicale, la théorie de l’ultra-libéralisme mise en texte.

Chacun peut faire comme il l’entend, comme il le désirerait, chacun « choisirait » la définition de sa vie, de sa propre réalité… Chacun serait le « roi » de sa propre vie. « Je suis free, oui, j’invente ma vie », « J’suis pas dans les codes, ça dérange beaucoup », « Quand je rêve, je suis un roi », « Toutes ces voix « fais comme ci, fais comme ça » », « Only God can judge you and me », « Ça passe ou ça casse, mais ça regarde qui? »…

C’est l’exact opposé de Spinoza, qui explique que l’être humain n’est pas « un empire dans un empire », que tout est déterminisme et qu’il faut en prendre conscience, pour bien faire les choses, correspondre à sa propre nature. C’est évidemment quelque chose n’allant pas en conformité avec la non-conformité du capitalisme, qui veut des consommations multipliées et démultipliées, tout se consommant, jusqu’à sa propre identité.

Vous prendrez quoi au menu religion ? Oui oui, on peut être gay en même temps, tout comme de gauche tout en étant capitaliste. Un petit sac Gucci à 600 euros comme le joueur de football Paul Pogba sinon juste en tenue de pèlerin, en simple robe, en pèlerinage à la Mecque, comme en ce moment ? Aucun problème. Marié, amoureux de quelqu’un d’autre, et même être quelqu’un d’autre ? Tout est possible, il suffit de payer. Il suffit de choisir. Personne peut juger.

L’Eurovision est devenu un vecteur important de cette démarche. Après sa période variété, suivie de sa période décalée, c’est devenu une usine à chansons formatées de type variété, avec des variantes reprenant les thèmes de la pseudo-subversion, de la fausse liberté mais vraie superficialité, de l’egotrip mis en exergue comme le point culminant de l’expression de soi. L’échec en France de Bilal Hassani est cohérent avec son succès à la candidature pour représenter la France à l’Eurovision : extérieur à la société française, il ne peut exister que dans une sorte de bulle au-delà de toute réalité culturelle.

Cependant, cela n’a pas suffit à emporter le concours de l’Eurovision. Malgré les grandes prétentions affichées, il a échoué à la 14e place du classement ce hier soir à Tel-Aviv en Israël, très loin derrière le néerlandais Duncan Laurence et son titre Arcade, bien plus lisse et consensuel.

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Culture

« Ultratechnique » de Hyacinthe, du rap et de la techno hardstyle pour « survivre »

Avec « Ultratechnique », le Parisien Hyacinthe mélange rap français et techno hardstyle pour exprimer les angoisses de la jeunesse, pour qui « survivre, c’est technique ».

Le clip, volontairement simple, brut, montre une nuit de « teuf », entre l’autoroute et la boîte de nuit. On y voit tout au long une pilule d’ecstasy, qui est peut-être la métaphore d’une jeunesse « au bord de la falaise », fuyant la réalité pour « survivre », hésitant entre l’indifférence et la résignation.

Le ton est grave, mais le propos ne doit pas être qualifié de pessimiste :

« Y’a toutes ces peurs, tous ces doutes
Demain c’est loin mais demain c’est nous
Et si demain c’est pire, il nous restera le cran
Le cran d’vivre, de grandir, comme un printemps
Des campagnes jusqu’aux centre-villes
Puisque tout brûle, on s’ra libres au cœur d’l’incendie »

Le choix du hardstyle, un son à la fois très lourd, très dur, et en même temps très festif, donne tout leur sens à ces paroles.

Cette musique est issue de la techno hardcore et de la culture gabber, qui est absolument massive dans la jeunesse prolétarienne des Pays-Bas et de la Belgique. Le public hardstyle est d’ailleurs largement retourné vers la techno hardcore, depuis la grande vague des années 2000 et du début des années 2010 : c’est que l’époque à besoin de densité, de « boom-boom » très intense.

Hyacinthe avait déjà proposé une incursion dans l’univers gabber avec son excellent titre « Sur ma vie ». La production clairement techno hardcore était une collaboration avec le collectif Casual Gabberz et le clip avait été réalisé par Anna Cazenave-Cambet, auteur du court-métrage « Gabber Lovers ».

Dans une interview très intéressante au site Manifesto, Hyacinthe explique d’ailleurs qu’il avait à l’origine un son plus gabber pour son morceau « Ultratechnique », mais qu’il a préféré un son hardstyle afin d’être plus pop, car la musique de niche ne l’intéresse pas. Il y a là une démarche artistique très intéressante, très réfléchie, et pas seulement du son balancé à la va-vite pour seulement se faire plaisir.

Notons pour finir que ce morceau est placée à la fin de son album RAVE ( avril 2019, Chapter two records), comme une sorte d’outro. Le titre de l’album est sans ambiguïté quant à sa filiation à la culture techno et la plupart des morceaux en sont imprégné. Cela en fait un album d’une grande qualité et d’une grande cohérence artistique, à rebours des albums rap habituels qui sont souvent de simple mixtapes.

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Culture

Vers le soleil, vers la Kabylifornie

Qui s’intéresse à la fois à la France et l’Algérie avec du cœur imagine très bien une fédération des deux pays, où les deux pays devenus socialistes se développeraient fraternellement. L’immigration irait alors vers le soleil, notamment la Kabylifornie.

Le groupe français Bagarre a tourné la vidéo de sa chanson Kabylifornie juste avant les événements caractérisés par la révolte populaire contre le président Bouteflika, pauvre vieil homme malade utilisé comme marionnette par le pouvoir militaire. Cependant, sur le plan historique, la convergence est parfaite. L’Algérie est un pays où la jeunesse est prépondérante, sans pour autant que les infrastructures aient suivi, sans parler de l’ennui.

Il y a 20 ans, cet ennui aurait été comblé par une religiosité très marquée et l’islamisme. Ce dernier a échoué et s’est enlisé, au point de ne plus représenter grand-chose, à l’opposé de la religiosité personnelle, qui reste intense. Mais si elle satisfait des questions intérieures, au sens où cela fait un thème par où passer pour se sentir exister, cela ne fait pas disparaître l’ennui. Il faut donc une révolte contre l’ennui, et la vidéo de Kabylifornie est ici splendide.

Naturellement, la Kabylie n’est pas l’Algérie dans son ensemble. On sait comment les Kabyles évitent beaucoup ce fanatisme religieux faisant du Coran un texte intouchable, comment également les valeurs de partage restent très présentes, comme prolongement d’une vie communautaire longtemps maintenu.

Mais l’Algérie, c’est aussi la Kabylie et il faudra bien que l’Algérie l’accepte, elle qui se définit comme arabe et musulmane seulement. L’unité populaire va forcément passer par une prise en compte de la dimension kabyle, et de toutes façons c’est toute la jeunesse algérienne qui exprime le besoin de se tourner vers une Kabylifornie.

 

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KABYLIFORNIE…FAILED VERSION 🤡

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Ne peut-on d’ailleurs pas dire que la jeunesse française, elle aussi, recherche la Kabylifornie ? Il y a un besoin de modernité qui frappe la jeunesse du monde. Elle sent qu’il y a beaucoup de choses possibles, alors pourquoi cela n’existe-t-il pas ? Les possibilités matérielles de l’amusement, de la culture, sont énormes, et pourtant on s’ennuie ! Tout cela parce que les vieux veulent que tout reste pareil !

Il est évident qu’un nouveau mai 1968 se profile, qu’une révolte de la jeunesse est en train de couvert, contre un monde trop gris, dépassé par les échanges culturels, la diffusion de la musique, du design, du style vestimentaire, de l’exigence d’une certaine classe dans les comportements. Ce besoin de modernité personnelle ne peut être exprimé par le Socialisme, mais les jeune sauront-ils abandonner leur individualisme ?

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Société

Pas de notes de guitare au jardin du Luxembourg à Paris

La capitale est devenue une ville totalement embourgeoisée, où les valeurs populaires parisienne s’évaporent sous les coups d’esprits étriqués à la recherche d’une aseptisation commerciale. Que quelqu’un puisse avoir un PV pour jouer quelques notes de guitare au jardin du Luxembourg est une expression d’une décadence totale.

Voici le récit de Léo qui a reçu un PV pour avoir jouer de la guitare dans les Jardins du Luxembourg à Paris :

« Ce qui devait arriver est arrivé : Hier j’ai été puni comme un délinquant par la loi pour avoir joué de la musique.

Faire de la musique ne devrait pas être un délit.

« C’est bien il ne porte pas ses couilles le jeune homme, c’est une fiotte. Moi je croyais au moins que t’irais au bout du truc pour faire l’intéressant devant tes copains mais même pas. »

La musique adoucit les moeurs disait Platon. J’estime qu’interdire la musique en quelque lieu que ce soit tant qu’elle ne dérange personne relève de l’arbitraire et de l’autoritaire.

Avec un groupe d’amis, nous passions un moment agréable au Jardin du Luxembourg. Ma guitare accompagnait discrètement les conversations.

Un premier agent de sécurité vient nous sommer d’arrêter. Il rejette sèchement nos interrogations : il n’a pas d’explication à nous donner.

Depuis quand, en France, n’est-il pas possible de jouer de la musique dans un lieu public ? À Paris de surcroît, une ville qui revendique sa richesse culturelle ? Alors que les lieux culturels ferment les uns après les autres, jouer de la musique semble relever d’un acte de résistance…

Quelques heures plus tard, un deuxième agent nous rejoint, encore plus méprisant. Il nous explique que « autoriser une guitare c’est autoriser un djembé, puis une trompette, une batterie, et on s’arrête où après ? ». Ridicule. Je lui explique que sans raison valable (plainte de nos voisins de pelouse par exemple), je défendrai ma liberté de jouer et continuerai. Offusqué l’agent dresse alors un procès verbal. Au moment de me le faire signer il tente de m’intimider. Sois disant que si je refusais « je verrai bien ce qui allait m’arriver, mais que ce serait pire ». Pour quelques arpèges.

La situation ayant atteint un niveau d’absurdité indécent, j’accepte et signe. Satisfait, l’agent se gargarise : « C’est bien il ne porte pas ses couilles le jeune homme, c’est une fiotte. Moi je croyais qu’au moins t’irais au bout du truc pour faire l’intéressant devant tes copains mais même pas. » Infantilisation, humiliation, insulte, homophobie…

Outre le comportement excessivement inapproprié des deux agents, me voilà donc sanctionné pour la raison absurde que j’ai « joué dans le jardin du Luxembourg de la guitare sans autorisation spéciale ».

Je suis musicien. Je le suis par passion parce que c’est la chose qui me rend le plus heureux au monde. Je le fais tous les jours à raison de plusieurs heures par jour, et c’est parfois difficile. Mais aujourd’hui, j’ai la chance d’être appelé pour donner des concerts ou composer au service de divers projets et je retire un sentiment et une énergie positive très puissante de ce partage et de cette communion avec autrui. Me faire censurer et punir de la sorte pour avoir voulu partager et répandre gratuitement un peu de bonheur et de vie, a été une expérience violente et très désagréable que je trouve absolument révoltante.

J’ai l’intention de contester ce procès verbal, et j’aimerais que cette histoire ne se reproduise jamais pour personne. »

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Culture

Amour plastique de Vidéoclub, la grande fraîcheur de la jeunesse urbaine française

Le clip Amour plastique de Vidéoclub rencontre un grand succès dans la jeunesse française, avec plus de 8 millions de vue à ce jour et alors que le groupe n’a encore produit que deux morceaux. C’est une électro-pop à la française d’une grande fraîcheur, typiquement urbaine et branchée, exprimant la sensibilité d’une jeunesse en quête d’authenticité et de « fun ».

La vidéo a été portée par la notoriété de sa chanteuse Adèle Castillon, dont la chaîne YouTube aussi drôle que fascinante mène une critique acerbe de la futilité des rapports sociaux à notre époque, dénonçant notamment « le manque d’originalité » et « d’élévation spirituelle » des youtubeurs.

Ce premier morceau n’a pourtant rien d’un « premier morceau » lancé comme une blague par une youtubeuse marrante, comme l’était celui à succès sur« les pâtes ». La justesse sonore d’Amour plastique l’a en fait rapidement propulsé à des records d’écoutes sur les plateformes de streaming, qui l’ont beaucoup relayé dans des playlists. Le titre est maintenant connu par la jeunesse tout aussi bien en Suède qu’en Pologne.

On y reconnaît bien sûr la touche électro-pop à la française du moment, mais avec ce petit quelque chose qui fait qu’on se dit que c’est un peu plus qu’un bon morceau. Son succès vient certainement de cet excellent dosage entre la légèreté, car la jeunesse ne veut pas se prendre la tête avec des choses ennuyantes, et l’authenticité, car la jeunesse la plus avancée culturellement ne supporte pas le fake.

On y parle donc d’amour fou, passionnément mais sans le grotesque habituel de la variété, ni ses notes insipides. C’est aussi à l’opposé de la fausse gravité d’un groupe comme Fauve, ou de toute une partie du rap français qui se complaît dans une esthétique larmoyante.

Le clip d’Amour plastique porte très bien le morceau, car il y a chez ces jeunes nantais une démarche artistique très aboutie, à la production aussi minutieuse que spontanée. C’est d’ailleurs tellement sophistiqué qu’il y a une vidéo making-off diffusée ensuite, elle-même très artistique.

Le style est très branché, en plein dans la hype « année 90 » du moment, avec cette sorte de fascination pour la culture pré-internet. On imagine que le nom du groupe, Vidéoclub, vient de là, comme un regard sur une époque où se procurer une vidéo relevait d’une démarche presque complexe, en tout cas impliquée, contrairement à maintenant où il suffit de scroller pour subir littéralement des milliers d’heures de vide audiovisuel.

Internet est arrivé tellement rapidement dans les vies, sans aucun contrôle, dans une société où règnent les rapports marchants et le libéralisme des mœurs, qu’il propose bien plus d’horreurs que de perspectives culturelles réjouissantes.

Il ne s’agit cependant pas d’être fasciné par le passé, et on aurait d’ailleurs du mal à imaginer que ces deux artistes prônent un romantisme réactionnaire, conservateur. Ils proposent au contraire une telle fraîcheur et un tel besoin de réalité, que leur démarche est forcément positive.

On peut être à peu près certain qu’ils n’en sont qu’à leurs débuts, eux qui le mois dernier n’avaient encore jamais donné de concert !

Le clip de leur second morceau, Roi, est lui aussi très sympathique.