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Liverpool FC x Nike: «Tell us never»

Le peuple dit qu’il peut tout changer, car lui seul est en mesure de le faire. La vidéo de Nike pour/avec le club de football de Liverpool reflète un changement d’époque : le peuple s’impose, partout.

Il y avait le « yes we can » de Barack Obama, qui était un idéalisme américain tout à fait caricatural. Le « Tell us never » de Nike dans sa collaboration avec le club de football de Liverpool est bien différent. On y voit en effet, en quelque sorte, la classe ouvrière dire qu’elle a un mode de vie qui lui est propre et qu’elle est capable d’apporter un débordement, un saut en qualité.

Dis : « jamais » [cela ne pourra être fait] et la réponse est : « C’est déjà fait ».
(tell us « never », it’s already done.)

https://www.youtube.com/watch?v=c4AimVVtoBQ

C’est là le reflet de la collision entre un capitalisme toujours plus de masse et la culture de masse. Le peuple s’impose à travers les interstices d’une consommation se voulant aliénante, mais obligée de coller à la réalité populaire. La contradiction est explosive et on lit déjà l’avenir, avec un peuple coloré dans son style et stylé dans ses couleurs.

De fait, il n’y a qu’à socialiser Nike et on a déjà une base solide. Le capitalisme touche vraiment à sa fin, il est déjà hors-jeu.

Il suffit d’ailleurs de comparer cette vidéo de très haut niveau à la campagne d’affiches délirante, d’une esthétique très fasciste, que Nike avait réalisé en 1998 lors de la coupe du monde de football en France, avec sa « république populaire du football ». La Mairie de Paris avait d’ailleurs interdit ces affiches faisant la promotion du Nike Park établi sur le Parvis de la Défense (Adidas étant également le sponsor de la coupe du monde, cela a dû joué).

Il est évident, cependant, qu’une telle vidéo s’appuie sur la particularité du club de Liverpool, qui assume directement sa dimension populaire. Paradoxalement, ce n’est pas forcément le cas de clubs éminemment populaires comme le Racing Club de Lens, par exemple, et ce même pour les organisations de supporters, qui ne jouent pas au sens strict de manière ouverte sur cette dimension.

On a une démarche localiste de soutien, mais cela ne s’élève pas à une dimension populaire, ouvrière, alors que dans le fond c’est pourtant évident. On a là un refus de faire de la politique, en quelque sorte, même indirectement. Il y a bien entendu l’erreur inverse, avec d’autres clubs se voulant de gauche de manière assumée, de manière forcée et donc folklorique (l’AS Livorno en Italie, Hapoel Tel Aviv, Sankt-Pauli à Hambourg, etc.).

Rares sont les clubs se revendiquant de la classe ouvrière en tant que telle, en se fondant sur une réelle tradition. Cela se lit dans les détails ; sur le site de Schalke 04, par exemple, au lieu de « bonjour », on a l’expression des mineurs : « Glück auf ! » (soit « à la chance »). On a également le symbole des mineurs sur les annonces des prochaines rencontres.

Et de manière encore plus intelligente, sur le logo de son magasin en ligne, le caddie est remplacé… par une berline de mine. Subtile, fin, populaire !

Le sweat shirt « Love your hood » (soit en anglais « aime là d’où tu viens ») est pareillement une affirmation de l’identité ouvrière (et en promo ici à trente euros).

Le club de l’Union de Berlin s’assume pareillement ouvrier (Nous de l’Est nous allons toujours de l’avant / Épaule contre épaule pour l’Union de fer / Durs sont les temps et dure est l’équipe / Aussi gagnons avec l’Union de fer (…) Qui ne se laisse pas acheter par l’Ouest ? / Union de fer, Union de fer). Mais c’est surtout le Rapid de Vienne qui se pose dans cette perspective avec le plus de netteté, avec une définition officielle comme un « club ouvrier », le club appartenant indirectement au Parti socialiste avec même un contrôle de l’identité du club par les ultras.

On voit ici évidemment comment la Gauche historique est capable d’insuffler des véritables valeurs, parce qu’elle se situe dans un prolongement. La démarche de Liverpool FC repose ainsi clairement sur les fondements de la Gauche historique, en l’occurrence du Labour Party britannique en général et de son identité locale en particulier. Cela a ses limites, mais c’est vrai, c’est authentique et c’est donc cent fois plus radical que les revendications folkloriques « de gauche », qui sont décalées de tout contenu populaire et ne satisfont que des petits-bourgeois en mal d’aventure identitaire.

Le peuple n’aime pas parader, il aime la vérité, il manifeste.

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Culture Culture & esthétique

La playlist «Hier et demain»

La playlist « Hier et demain » présente des versions modernes de la musique folklorique. Si en France la musique folklorique et le folklore ont été pratiquement anéantis avec la révolution française, ce n’est pas le cas du tout dans la plupart des pays. Il y a alors un patrimoine musical, ou même plus généralement culturel, qui ne s’efface pas.

On ne parle pas ici de reconstruction artificielle comme en Bretagne, avec une langue bretonne bricolée au XXe siècle, dans le prolongement d’un drapeau calqué sur le drapeau américain. On parle d’une continuité et d’une insertion dans la culture moderne. D’ailleurs, les groupes de musique se tournant vers le folklore présentent souvent les mêmes caractéristiques :

– ils se veulent « pop » ;

– ils ont un haut niveau technique sur le plan musical ;

– ils sont ouverts sur le monde et nullement « traditionalistes » ;

– il n’y a pas de dimension identitaire et il y a des échanges culturels assumés.

Il y a évidemment des pôles. À l’un, on a des formes qui ne se distinguent pas vraiment de la musique folklorique, voire en relèvent carrément. À l’autre, on a des inspirations plus qu’autre chose, comme le groupe allemand Heilung qui va puiser de manière assez imaginaire dans le milieu eurasien de la Norvège à la Russie actuelles, avec un goût prononcé pour le chamanisme.

On aura compris le choix du nom de la playlist : en parlant d’hier, ces musiques parlent en fait de demain. Il y a un besoin de culture, de vie en communauté de manière harmonieuse. C’est là l’idéal de la Gauche. Et il va sans dire que si la Gauche oublie la culture, le « national-socialisme » interviendra ici pour dévier ces aspirations. C’est d’ailleurs le cas en Russie où, à côté de la main-mise de la religion orthodoxe sur les gens, il y a une vague très forte de paganisme mystique, identitaire et aberrant.

La playlist ne se veut évidemment nullement exhaustive ; elle est d’ailleurs principalement tourné vers l’Est et le Nord de l’Europe. C’est simplement qu’un portrait relativement unifié et la formidable richesse des musiques africaines demande une présentation spécifique.

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Le nouvel EP du groupe punk hardcore «Ecostrike»

Originaire du sud de la Floride aux États-Unis, Ecostrike est un groupe de punk évoluant dans la tradition du hardcore « vegan straight edge » née dans les années 1990. Le nom même du groupe résume en lui-même toute la démarche : « ecostrike », que l’on peut traduire allégoriquement comme « bataille de la nature », ou plus spécifiquement coup (strike) écologiste (eco-logical), une allusion au sabotage pour la défense de la planète.

Le groupe a déjà à son répertoire deux productions d’une grande qualité musicale, dont la teneur rappelle des emblématiques groupes comme « Earth Crisis » ou encore « Unbroken » : « Times Is Now » en février 2017 et une démo en 2016, d’une profonde énergie avec des paroles incisives et appelant à l’engagement en défense de la Terre.

Sorti ce 24 juillet par le label de Boston « Trible B Records », l’EP s’intitule « A Truth We Still Believe » (« une vérité à laquelle nous croyons encore »). Tant le titre de l’EP que les paroles chantées sur des riffs de guitare lourds et agressifs rappellent toute la vitalité d’un groupe qui ne renonce pas à l’idéal de rupture d’avec les valeurs dominantes destructrices de la vie.

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L’échec des free, entre Docteur Jeckyll et Mister Hyde

Les free ont été des événements pour beaucoup de gens, une bulle d’air dans un monde irrespirable. Mais l’air était contaminé.

Vous naviguez en voiture, à la tombée de la nuit, dans un coin perdu qu’on imagine pas trop loin, qu’on espère pas trop loin… d’une free party annoncée par une hotline au dernier moment. Vous vous précipitez et là, quand elle est significative, vous roulez sur une route de campagne… avant de voir une série de lumières, telle une petite ville, un aéroport. Mais ce sont en réalité les sons qui sont installés, décorés, entourés bientôt d’une foule de gens bienveillants s’ordonnant au rythme de la musique techno. Les heures passent alors, elles passent et repassent plutôt, car les sons sont répétitifs, les esprits anesthésiés par les drogues et tout le monde se ressemble, s’assemble.

Telle est une tranche de vie et, pour nombre de gens, c’était la vie elle-même. Loin du travail et des tracas, les free c’était le moment tant attendu, une actualité totalement différente de la banalité d’une société de consommation insupportable. C’était la boue, la fatigue, la saleté, le basculement dans les drogues, mais aussi une sorte de communauté où l’on était accueillie tel quel.

Bien entend, il y a de la mauvaise foi dans tout cela, dans la mesure où les mafias étaient omniprésentes pour vendre les drogues, que l’ampleur des infrastructures faisait que finalement les mobilisations possédaient une dimension opaque certaine. Les mafias étaient-elles de mèche avec les organisateurs et à quel degré ? Qui profite de quoi ? Personne n’en sait rien, car les free n’ont pas été un mouvement démocratique, mais une fuite passive, avec un investissement actif, mais sans esprit de responsabilité.

Cela ne veut pas dire pas de culture : derrière une free, on ne trouvait aucune ordure de laissée. Mais ce n’était pas une société, simplement un refuge. Il suffit de voir d’ailleurs la « hype » autour du collectif Heretik, de par la free à la piscine Molitor à Paris en 2001. Une piscine à ciel ouvert désaffecté depuis plusieurs années, transformé en free party : ce fut la gloire. Une gloire accompagnée pourtant : la police était déjà sur les toits du bâtiment avoisinant et ce dès le départ. L’État savait et a laissé faire, pour étouffer les free dans la foulée, pour assécher un mouvement devenant indéniablement populaire, car les rats des champs se voyaient toujours plus rejoints par les rats des villes, qui ne trouvaient plus dans des villes neutralisées ou embourgeoisées quoi que ce soit de satisfaisant.

Et en même temps, les mafias se systématisaient, les éléments antisociaux étaient attirés pour trouver des personnes à transformer en victimes, notamment des femmes pour des viols. Il y a eu la tentative de teknival légalisé-encadré, le « Sarkoval ». Lassés du parcours du combattant, avec la galère du matériel saisi, de nombreux activistes ont vendu leur âme… Au final, tout est une sorte d’histoire d’un grand ratage. En Angleterre, ce sont les drogues qui ont pétrifié un mouvement s’assumant contestataire. En France, c’est un esprit petit-bourgeois pour qui jouer la chanson « Porcherie » des Béruriers Noirs en fin de free c’est une rébellion généralisée.

L’idéal du teufeur, cela a malheureusement été Docteur Jeckyll et Mister Hyde : je fais semblant la semaine, je me défonce le week-end. Avec une telle schizophrénie, l’échec était évident sur les deux tableaux. Le mouvement s’est beaufisé, ne portant plus de valeur alternative même en apparence à part un anarchisme digne des gilets jaunes. Quant à la vie quotidienne, elle est passée dans l’acceptation : il n’y a pas de culture rebelle qui s’est généralisée.

Quelqu’un qui a vraiment saisi l’esprit free, qui s’y est reconnu, ne peut que penser : le covid là, c’est l’expression d’un monde qui va dans le mur, exactement ce qu’on a refusé, ce qu’on a voulu éviter avec une autre approche de la vie.

Alors autant profiter de cette expérience populaire, d’en faire un patrimoine et d’aller de l’avant.

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Kraftwerk : Tour de France

Sorti pour les cent ans du Tour de France en 2003, l’album Tour de France de Kraftwerk est une réussite vers laquelle on revient toujours. Il y a déjà ce mystère : comment la chanson Tour de France a-t-elle pu passer inaperçue en 1983 ?

L’album de 2003 est une réussite splendide avec son minimalisme techno post-kraftwerk des années 1980. Un excellent renouvellement, très ambient, très posé, très français, très Tour de France.

Tour de France est un album à la fois tout à fait français et tout à fait franco-allemand. C’est un excellent exemple de l’avancée dans l’amitié des peuples, leurs rencontres culturelles, leur fusion inévitable !

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L’été 2020 sera définitivement sans dancefloors

L’été 2020 sera définitivement sans dancefloors, sans concerts, sans festivals, sans clubs ni discothèques. Si la question se posait encore fin juin, elle est maintenant définitivement réglée. Quand on dit « réglée », il faut bien insister sur ce mot : la question a été véritablement réglée, dans le sens d’une décision froide, administrative, balayant d’un revers de main tout un pan de la culture populaire et de la vie de la jeunesse.

La crise sanitaire, qui est tout sauf derrière nous, ne permet pas un certain nombre de choses. Elle n’empêche pourtant pas de se poser et de discuter démocratiquement, d’envisager des choses.

C’était par exemple le sens d’une tribune publiée par deux acteurs du milieu techno, intitulée « sauvons la fête, agissons ! » et finissant par l’espoir que « la Nuit doit rouvrir au plus tard le 11 juillet ».

Au lieu de cela, ce 11 juillet 2020 il y a eu l’information comme quoi sept préfectures du Centre-Val de Loire et de l’Aquitaine ont pris des mesures pour empêcher une immense rave-party qui aurait pu se tenir. Les moyens mis en place ont été drastiques, avec des arrêtés d’interdiction de circulation de « poids lourds transportant du matériel de sons », etc.

Il ne s’agit pas de penser que les organisateurs de ce possible teknival sauvage avaient raison : organiser un tel événement sans encadrement spécifique dans un tel contexte sanitaire, ce serait totalement irresponsable. Impossible de nier le risque de foyer épidémique évoqué par les autorités dans une pareille situation, alors que le coronavirus circule toujours et que la maladie qu’il engendre tue encore chaque jour des personnes en France.

On ne peut pas cependant se contenter d’arrêter le raisonnement ici, en imaginant qu’il suffit d’interdire par en haut aux jeunes de danser, et que tout ira bien. C’est ce que fait pourtant le Ministre des solidarités et de la Santé Olivier Véran, qui a expliqué devant l’Assemblée Nationale ce mardi 8 juillet :

« La France a pris la décision de ne pas rouvrir les discothèques en l’état compte tenu de la situation sanitaire et des risques. Ce n’est pas la faute des acteurs du monde de la nuit, ce n’est pas non plus la faute des personnes qui dansent et qui font la fête, et on peut parfaitement le comprendre. C’est la faute à un virus qui circule et des conditions qui permettent à ce virus de se transmettre et de mettre en danger tout le plan de levé du confinement. »

Cela ne l’empêche pas par contre d’organiser une soirée au Grand Palais à Paris ce 13 juillet, avec 800 à 1000 « convives » selon la presse, pour soi-disant remercier les personnels de santé…

Il est précisé que cela se fera « dans le respect des distanciations sociales et des gestes barrières ». Mais si c’est possible pour le ministère, pourquoi cela serait impossible pour un organisateur de soirée techno, avec un protocole très strict ?

Il y a en France une jeunesse qui considère avoir joué le jeu du confinement, qui est prête à beaucoup de choses comme porter des masques quand c’est obligatoire, mais qui ne comprend pas qu’il lui soit interdit de danser cet été. Le raisonnement paraîtra peut-être trop faible, mais il a toute sa dignité.

Le problème, c’est que cette dignité est rejetée, niée : c’est la porte ouverte aux comportements irresponsables, alors que la société est déjà rongée par le libéralisme depuis des années et des années. On se retrouve donc avec des soirées clandestines, très nombreuses… mais également des soirées plus officielles, dans des bars, avec des terrasses bondées, des gens littéralement les uns sur les autres, sans aucune considération sanitaire.

Le ministre dit avoir « conscience des fêtes clandestines [et] des bars qui ne jouent pas le jeu », en affirmant qu’il faut du contrôle. Dans les faits pourtant, l’État français est strictement incapable d’un tel contrôle et cela fait déjà plusieurs semaines que les choses sont ainsi, dans une situation de décadence généralisée où une partie de plus en plus importante de la population en arriver à nier la crise sanitaire, si ce n’est en parole, en tous cas en pratique.

D’ailleurs, les hippodromes rouvrent, comme les cafés et restaurants depuis plusieurs semaines, des festivités du 14 juillets sont prévues, le port du masque est de moins en moins suivi dans les magasins (alors que ce devrait être obligatoire), des manifestations ont lieu régulièrement et il y a même ce dimanche 12 juillet 2020… un match de football devant 5000 personnes. C’est un match amical entre le PSG et Le Havre, la ville dont l’ancien premier ministre est le maire.

C’est inacceptable, indéfendable, alors que dans le même temps le gouvernement ne fait même pas semblant d’étudier les propositions qui lui sont faite par les milieux culturels.

Il ne faudrait pas croire ici que ces propositions ne concernent que des patrons de discothèques, qui ont tenté de faire rouvrir leurs établissements en les requalifiant administrativement comme des bars, balayant par la même leur propre raison d’être dans un but uniquement commercial.

Il y a également, et même surtout, toute une scène culturelle, qui se retrouve désemparé. David Asko, à l’origine de la pétition « sauvons la fête, agissons ! » évoquée plus haut, fait à juste titre un distinguo très clair entre les discothèques et la culture des clubs, liée à la musique électronique au sens large :

« Il y a un vide abyssal entre ces deux visions de la fête en France […] Dans les clubs, on fait de la culture, on y invite des DJs, des VJs, des scénographes, des photographes, des performeurs et tous types d’intermittents. On y fait vivre tout un écosystème qui est important en France, surtout dans les musiques actuelles. Nous ne sommes pas là juste pour vendre des tables et des bouteilles ».

Il y a en effet à l’arrière-plan de cela une crise de grande ampleur qui se profile, qui est déjà là, et dont on aurait tort de croire qu’elle est uniquement économique. Quand la crise touche la culture, et le quotidien de la jeunesse, elle-même, c’est qu’on est à l’aube d’une situation explosive !

Reste maintenant à savoir si l’explosion se fera dans un sens démocratique, populaire, collectif… ou bien si ce sera une fuite en avant dans l’individualisme et la décadence, avec au bout du compte le nationalisme qui tentera de redresser la barre en mettant le pays au pas.

On ne s’en rend peut-être pas compte aujourd’hui, mais cet été 2020 sans dancefloors sera peut-être l’un des étés les plus marquants pour la société française, alors qu’il précède un grand tournant dans la vie du pays.

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Ellen Allien – Walking In The Dark

Ellen Allien est une figure de la musique techno, qu’elle joue depuis le début des années 1990 à Berlin.

Voici l’un de ses derniers morceaux, dans un style visuel et sonore hypnotique des plus réussi.

La vidéo est accompagnée de ce commentaire :

« After the darkness comes light.
Our planet is healing, let’s step into our power and align with divinity. »

(Après l’obscurité vient la lumière.
Notre planète guérit, entrons dans notre pouvoir et alignons-nous avec la divinité.)

Dans une interview récente, elle expliquait à propos de son dernier album, de manière typique à tout un état d’esprit de la techno :

« Le chant concerne l’espace, la terre et le désir d’être connecté aux auras de notre planète. Ma vibe quand j’ai fait cet album était de construire un monde musical qui introduit une nouvelle dimension d’énergie et qui peut changer la pièce. Comme lorsque je suis DJ, je suis dans la même ambiance, je m’efforce d’ouvrir l’âme pour découvrir une nouvelle façon pour votre corps de ressentir et d’activer le cerveau de nouvelles façons. »

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«The Great Consumer» et «Remind You» de Kölsch

Voici « The Great Consumer » et « Remind You », les deux nouveaux titres de l’artiste danois Kölsch. Deux morceaux d’une fraîcheur bienvenue, le premier dans un style techno posé très entraînant, le second typique House de Detroit, et non-moins agréable !

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System of a Down: une opposition à la décadence et au capitalisme guerrier

Les années 1990 ont vu le groupe System of a Down (SOAD) se monter, dans le contexte d’un capitalisme américain très agressif, disposant d’une très grande puissance et influence à travers le monde.
SOAD, par les origines arméniennes de tous ses membres, a produit une musique puissante puisant dans diverses influences, vectrice d’un rejet et d’une très grande colère envers le génocide arménien, mais aussi des guerres menées par les USA, et de la décadence d’une société capitaliste où tout n’est qu’aliénation. Le nom du groupe annonce déjà la couleur.
En cherchant à exprimer cette souffrance, SOAD a donc naturellement produit des chansons contre les dictateurs sanglants écrasant des peuples entiers pour le compte d’une poignée de personnes, contre les monopoles et les grandes puissances impérialistes du monde. Cette expression, certes teintée d’une vision idéaliste de la réalité, n’en demeure pas moins d’une qualité exceptionnelle, particulièrement sur le plan musical.
Les harmonies au chant sont d’ailleurs généralement ce qui attire le plus ceux qui découvrent le groupe. Holy Mountains, leur plus grosse chanson sur le génocide arménien, représente parfaitement leur musique.

Le groupe ne s’arrête cependant pas à la dénonciation des guerres et des crimes qui les accompagnent. Le malaise englobe tous les aspects de la société, et par extension, leur expression musicale également. Dans une chanson comme Spiders, très riche musicalement, on retrouve sous l’idéalisme initial une critique de la partialité des médias diffusant largement les idées néfastes de la classe dominante dans toute la population. Une manière de s’opposer à la corruption des masses par ce qu’elles voient à la télé.

System of a Down, vu les valeurs mises en avant, a donc su entrer en vibration avec les masses à l’échelle internationale. L’impact culturel du groupe dans le monde a été immense. Leur chanson Chop Suey totalise presque le milliard de vues sur YouTube, sans doute déjà dépassé en prenant en compte toutes les autres versions vidéo de la chanson, avec clip, avec karaoké, avec simplement la pochette de l’album en image de fond… SOAD a été une inspiration pour beaucoup d’artistes, les morceaux les plus connus étant repris allant du remix techno hardcore… aux lecteurs disquettes !
Contre la corruption de la classe dominante, des chansons comme Prison Song dénoncent avec violence le business carcéral des prisons privées aux États-Unis. Contre la décadence, ce sont des chansons comme Lost in Hollywood qu’il faut écouter, dans laquelle est peint un portrait critique de l’hypocrisie et la décadence morale de l’industrie cinématographique de Hollywood, broyant les artistes et acteurs, issus de milieux populaires ou non, sous la pression de son absence de valeurs morales. On peut également mentionner la chanson Violent Pornography, qui critique l’exploitation et le viol des femmes par l’industrie du porno, vecteur d’une violence patriarcale inacceptable pourtant disponible sur nos écrans à volonté et procédant à un véritable brainwashing de ceux qui en consomment.

System of a Down, de part son nom même, cherche à se placer en opposition à la violence, à la corruption, bref : au capitalisme. Le groupe n’est pas exempt de défauts, mais malgré un certain idéalisme, l’aspect principal reste l’appel à la civilisation, à la résistance aux valeurs que véhicule le capitalisme, à la défense de la Nature vue comme une mère contre les activités humaines…
SOAD est porteur d’une grande dignité, offrant une musique puissante dans un style metal très hybride puisant aussi bien dans Rage Against the Machine que dans Black Sabbath, le rap, ou la musique traditionnelle arménienne. Cela donne un groupe sans style musical bien défini si ce n’est « neometal », mais qui a su trouver un écho puissant au sein des masses, y voyant des valeurs culturelles et musicales indéniables.
Il faut écouter et réécouter leur musique, car il se trouve une volonté sincère de voir se former un monde démocratique, de paix et d’harmonie avec notre Biosphère.
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Excellent album post-punk retro-wave de Vandal Moon: «Black kiss »

La vague de retro-wave a produit ici une rencontre synthétique surprenante : Vandal Moon mélange dans les albums, avec un esprit cohérent, la darkwave, la synthwave, la touche post-punk et batcave. On a une sorte de revue des genres, mais avec un esprit 2020 néo-années 1980 néo-romantique permettant de brasser le tout avec succès.

Duo californien actif depuis quelques années, Vandal Moon fait partie des ces groupes pointus mais somme toute tout à fait accessible et on se demande comment une chanson comme Computer love ne peut avoir que moins de 10 000 vues en pratiquement deux ans. Même si les gens n’aiment pas, qu’ils ne passent même pas par cette vidéo est totalement délirant et inacceptable.

Vandal Moon a vu son album Black kiss apprécié dès sa sortie le 15 mai, avec un petit coup de pouce de FM attack, un projet canadien qui est un grand classique de retrowave. C’est que le projet de Vandal Moon a ceci d’ambitieux qu’il mélange des genres proches mais parallèles, tous reliés au début des années 1980 pour le son et l’esthétique, mais avec des touches différentes.

Vandal Moon se revendique pour cet album de Depeche Mode, Sisters of Mercy et Gary Numan, cependant cela va bien plus loin. On a d’ailleurs une influence massive de Christian Death, des Cure, et impossible de ne pas penser au groupe turc She Past Away, qui depuis 2006 assène des coups dans un genre post-punk très puissant.

 

Vandal Moon a toutefois une direction plus synth-wave, retro-wave, tout en maintenant la substance darkwave.

 

L’album dans son ensemble vaut le détour de toutes façons, pour voir comment le tout est agencé. On a ici un esprit « album » qui est retrouvé et qui permet de donner du sens à chaque chanson, de par l’assemblage de chacune avec les autres.


Vue l’ambiance du moment, on ne peut qu’être surpris que Vandal Moon ne dispose pas d’un succès bien plus grand !

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Lalaland de Zed Yun Pavarotti

La La Land est le surnom donné à la ville de Los Angeles. C’est une expression signifiant la déconnexion avec le réel, une sorte de flottement au-dessus du monde où les fantasmes dominent les choses concrètes.

Avec son nouveau titre, deuxième extrait de son album à venir, Zed Yun Pavarotti sort encore un morceau de grande qualité, absolument moderne dans sa réalisation et très puissant émotionnellement. L’écriture est comme toujours avec lui très poétique et très dense, le clip mettant formidablement bien en valeurs l’ensemble qui est somptueux.

Issu de la très prolétaire ville de Saint-Étienne, Zed Yun Pavarotti fait partie de ces artistes authentiquement populaires avec une grande exigence culturelle. C’est probablement l’un des chanteurs les plus prometteurs actuellement en France et son premier album pourrait-être très marquant. On l’attend en tous cas avec impatience.

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Michel: beaux-arts style et culture pop

Michel fait typiquement partie de cette nouvelle génération de rappeur-chanteur ou chanteur-rappeur, assumant l’électro et la pop avec un grand sens artistique. Il est d’ailleurs à la pointe de toute une esthétique florissante dans et autours des écoles des beaux-arts, combinant le style banlieusard de la fin des années 1990 et du début des années 2000 avec une fascination/attraction pour toute une frange de culture populaire, de la culture de masse.

Ce clip, une reprise/détournement de holydays de Michel Delpech, est absolument somptueux de ce point de vue, avec une grande finesse.

Le filtrage vidéo force volontairement le trait pour donner un ton 1990, tout comme l’instrumentale typique de l’eurodance de l’époque. Tout le sens du clip réside dans ce décalage entre lui, jeune branché, qui surjoue l’ennui, et son entourage familial habillé de manière ordinaire, qui s’amuse grandement. Le choix d’un tel film dans une famille populaire, en l’occurrence sa propre famille lors d’une véritable fête, montre d’ailleurs l’approche démocratique/populaire, authentique, que peut avoir l’artiste, originaire de la périphérie de Valenciennes dans le Nord.

On retrouve la même démarche avec cet autre clip, reprise/détournement de Michel Fugain, cette fois dans un bar karaoké de Belleville. Les paroles assumant les drogues dures et le champ lexical de la drogue sont là aussi bien trouvées. Ni apologie, ni critique de la drogue, c’est surtout une manière de jouer sur la contradiction entre une chanson originale assez lisse, pour ne pas dire insipide, typique d’une certaine époque disons insouciante, et sa version actuelle plus rude, à l’image de l’époque nouvelle. Le tout bien sûr autour d’une esthétique faussement kitch, ou volontairement kitch si l’on veut, soigneusement travaillée.

Michel a sortir un EP « Le vrai Michel », en janvier 2020 avec 8 titres d’une grande qualité dont voici un extrait :

Il a sorti hier le clip, là encore très esthétiques, de son dernier titre tejla :

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Moby appelle à un retour à l’esprit techno de la fin des années 1980

Moby vient de sortir un album et c’est toujours l’occasion de saluer cette figure musicale, culturelle, politique. Il a réussi à maintenir une profonde cohérence, des valeurs sérieuses tout en cherchant autant que possible à éviter toute forme de corruption.

Moby a sorti son 17e album et on aurait tort de le juger selon des critères traditionnels. Moby ne prétend pas à la nouveauté et il n’est pas là pour étaler son ego. Il aurait pu aisément mener une carrière commerciale, mais il a réussi à maintenir son intégrité punk initiale. L’un de ses coups marquants a été, après l’important succès de l’album Everything Is Wrong en 1995, la sortie l’année d’après d’un album d’alternative rock au son parfois carrément abrasif, sur une base punk ou hardcore, Animal rights.

Sa carrière commerciale fut torpillée, mais lui s’en moqua très clairement. C’était une question d’intégrité. Il considère d’ailleurs Animal rights comme son meilleur album. Et l’album suivant, Play, avec un retour à la musique électronique fut son plus grand succès. Là les choses se passèrent mal : il sombra dans la décadence. Drogues, alcool, coucheries, jusqu’à l’implosion. Qu’à cela ne tienne, assumant le combat et la rupture, il vit désormais dans un trois pièces, rejetant ce passé corrompu.

Car, de quel « succès » parle-t-on ? Moby est l’un des nôtres. Lui, qui a désormais « vegan for life » de tatoué sur le cou, a distribué ces dix dernières années la quasi totalité de son argent gagné à des associations, notamment en faveur des animaux. On ne peut pas le juger selon des critères propres au capitalisme et il en va de même pour son dernier album.

Si demain il y avait le Socialisme et qu’on confisquait ses richesses, en admettant qu’il en ait réellement, il dirait : ah, cool. Et il faut bien faire attention : Moby ne vient pas de la petite-bourgeoisie intellectuelle. Il vient des couches populaires. Il a même vécu à un moment dans une usine à moitié abandonnée, sans eau courante mais avec l’électricité gratuite, lui permettant d’élaborer de la musique électronique après qu’il ait participé à la scène punk hardcore.

Il n’a d’ailleurs jamais pu s’entendre avec les « majors » de l’industrie musicale ni tous les escrocs de ce milieu et finalement il est bien content d’être un énorme travailleur produisant énormément de choses, faisant de la « méditation », « déçu » d’être hétéro mais ne passant pas pour autant dans les délires postmodernes. Il est à la frontière : son difficile parcours et ses racines, tant alternatives que populaires, en font quelqu’un d’ancré dans le réel. Il faut dire que le véganisme ne pardonne pas niveau ancrage dans le réel, surtout quand on l’est comme lui depuis 1997.


Sur son compte Twitter, Moby se définit comme « un amoureux de l’ALF » et il est d’ailleurs évidemment également straight edge, avec VX (pour vegan straight edge) tatoué à côté de son œil droit. Il a un regard très critique sur ses errements passés à la suite du succès de l’album Play et dans une interview au JDD à l’occasion du nouvel album, il raconte avoir rencontré Donald Trump « à plusieurs reprises quand [il vivait] à New York durant [ses] années décadentes ».

Tout cela pour dire qu’il est un personnage terriblement sympathique, à rebours des beaufs et Dieu sait s’il y en a en France et aux États-Unis. Ce qui amène la question : pourquoi n’y a-t-il pas plus de Moby ? Et puis où sont tous nos Moby français ? Il faut dire ici que les Français considèrent la viande, l’alcool et les coucheries comme un haut niveau de civilisation, ce qui fait qu’on est évidemment très loin du compte.

On ne doit pas s’étonner que le nouvel album, All visible objects, a ainsi une approche assez recherchée. Musicalement, c’est en quelque sorte un retour de la fin des années 1980, avec ce son des début de la musique électronique, dont Voodoo Ray d’A guy called Gerald fut un sacré emblème. On est dans cet esprit mêlant sonorités house, dub, revendication d’universalisme et de paix, avec des nappes électroniques ambiantes.


C’est un choix esthétique de Moby, sa contribution. Il est conscient que la fin des années 1980, dont il explique être nostalgique avec « 10 000 autres ravers », portait dans la musique électronique une énorme volonté de changement, avec une profonde dimension existentielle. Ce qui s’est déroulé en Grande-Bretagne a été énorme, d’une ampleur formidable, malheureusement anéantie par les drogues. La techno assumait l’universalisme, la modernité technologique, le fait de vivre en paix, de vouloir l’harmonie avec la planète. C’est avec cela que Moby appelle à renouer. Et il a raison.

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Culture Culture & esthétique

Playlist «soviet wave»

La chute de l’union soviétique en 1991 s’est accompagnée d’une vague de brutalité et d’une corruption massive, étouffant la société toute entière. Née dans les années 1990, la génération qui a franchi sa vingtième année dans les années 2010 est marquée par une enfance socialement et moralement troublée.

C’est l’essor d’un capitalisme russe issu de l’ancien appareil militaire d’État, s’appropriant tout ce qu’il peut, notamment en priorité la rente gazière et pétrolière, et laissant prospérer des activités décadentes auparavant réprimés (comme par exemple la banalisation de la prostitution, des drogues…).

Dans cette ambiance de déliquescence culturelle, PPK, un groupe de musique électronique très actif entre 1999 et 2003 et entre 2010 et 2011, a joué le rôle d’incubateur d’un style combinant une esthétique rétrofuturiste nostalgique de l’URSS, essentiellement abordée à travers la conquête spatiale, à des mélodies de synthétiseurs surfant sur la cold wave anglaise des années 1980.

Dans les années 2010, la génération née dans les années 1990 s’est appropriée ce style culturel donnant lieu à une grande vague musicale nommée la « soviet wave », un mélange de post-punk, de cold wave et de musique électronique fondée sur la nostalgie de l’URSS.

Il y a une progression de ce phénomène dans les grandes villes de Russie mais aussi dans l’ancienne ère soviétique (Ukraine, Lettonie…), que l’on trouve dans les très nombreuses playlist de « doomer music », le mouvement s’élargissant au-delà, avec par exemple le groupe italien « Soviet soviet ».

Un « doomer » (traduire par « condamné ») est une jeune personne précaire qui sombre dans une profonde tristesse sans pour autant tomber dans la violence misogyne des « incels ». Il est plutôt découragé, bloqué par une mélancolie existentielle, mais sans développer une rancœur. La « soviet wave » est une expression directe de l’état d’esprit « doomer » d’une génération Z, née après 1997, qui ne se reconnaît ni dans la ringardise des « boomer » (génération papy-boom) ni dans l’optimisme naïf des « bloomer ».

Il y a là un phénomène musical et culturel très intéressant à saisir dans le contexte de la société russe post-soviétique dominée par une oligarchie rentière anti-démocratique, et dans laquelle la jeunesse cherche, tant bien que mal et sans y parvenir, une nouvelle perspective pour l’avenir.

Voici la playlist :

Voici les titres de la playlist :

  1. Nürnberg – Adny (Minsk)
  2. дурной вкус – пластинки (Mauvais goût – Enregistrement / Saint Pétersbourg)
  3. Ploho – Город устал (« La ville est fatiguée » – Novorsibrisk)
  4. Где Фантом? – Это так архаично (Où est le fantôme ? –C’est tellement archaïque / Oufa)
  5. Molchat doma – Volny (Maisons silencieuses – Vagues / Minsk)
  6. Перемотка – Стреляй (Rembobiner – Tirer/Chasser / Yekaterrinburg)
  7. Стыд – Одинокий гражданин (Honte – citoyen solitaire / Tomsk)
  8. Nürnberg – Biessensounasc
  9. PXWLL – Лето (été, Riga, Lettonie)
  10. Улица Восток – Дурак (Vostok street – Fool / Kiev)
  11. Soviet soviet – Ecstasy
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Culture Planète et animaux

Les incontournables vidéos écologistes de Steve Cutts

Représenter la vie quotidienne dans une courte vidéo est une gageure : il faut que cela soit accessible à tout le monde, sans perdre sa substance. On a ici un admirable exemple.

L’illustrateur anglais Steve Cutts produit des œuvres marquantes, d’autant plus en cette période de crise. Ses dessins et ses vidéos sont bluffants et à ne surtout pas rater. On est évidemment dans un esprit très anglais, que ce soit pour l’’humour noir, une dénonciation de type végan assumée, un regard écologiste s’asseyant sut une riche histoire.

La critique de la vie quotidienne qu’on y trouve est, somme toute, exactement celle qu’est incapable, malheureusement, de fournir la Gauche et l’extrême-Gauche françaises. Alors que c’est exactement cela qu’il faudrait !

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Culture

Décès de Dave Greenfield des Stranglers et de Florian Schneider de Kraftwerk

Ce sont deux figures de la musique de la seconde moitié du 20e siècle qui viennent de décéder. Membres respectivement des Stranglers et de Kraftwerk, Dave Greenfield et Florian Schneider ont réalisé un apport culturel indéniable.

Dave Greenfield a été le claviériste des Stranglers, un groupe punk anglais passant à une pop puissamment intelligente. C’est lui qui est à l’origine de la patte du groupe, un clavier dans la lignée des Doors ; il a également co-composé la fameuse chanson Golden Brown. Il est décédé du covid-19 à 71 ans.

Décédé à 73 ans d’un cancer, Florian Schneider est l’une des deux figures du groupe allemand Kraftwerk, pionner de la musique électronique en étant issu du Krautrock. C’est lui qui élabora les fameuses voix robotiques du groupe.

Voici quelques chansons des deux groupes, qui ont été de très puissants contributeurs à la culture musicale, à la culture en général. Ils sont absolument incontournables.

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Culture

French touch 2020 (playlist)

La scène musicale française est très productive. Elle est portée par des artistes brillants, assumant une touche très spécifique, que l’on pourrait qualifier de mélodique-mélancolique, avec toujours une attention donnée au style, à l’attitude. On reconnaît en général une certaine légèreté, mais qui est construite, élaborée, travaillée.

Voici une petite sélection de morceaux récents, voir très récents, avec souvent un nombre incroyablement bas de vues. Quelle est donc cette jeunesse incapable de reconnaître les talents qu’elle produit ?

[le service multiplateforme de streaming que nous utilisions habituellement clôt malheureusement ses services à la fin du moins ; les playlists seront dorénavant sur YouTube uniquement].

1. MAGENTA – Chance feat. Vendredi sur Mer
2. Mou – Sophie Marceau
3. Hier soir – Midi Minuit
4. The Pirouettes feat. Timothée Joly – Lâcher prise
5. Sally – ROULETTE RUSSE
6. Moussa – Element
7. Myth Syzer – Nirvana
8. Zed Yun Pavarotti – îles

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Culture

«Validé», la série qui célèbre les comportements anti-sociaux en pleine crise sanitaire

La série française « Validé » rencontre un grand succès ces derniers jours. Elle devrait pourtant être rejetée, conspuée, comme étant une contribution à ce que la société porte de plus mauvais, de plus décadent, de plus anti-social.

La crise sanitaire dit beaucoup de notre société, de ce qu’elle a de plus puissant et positif, mais aussi de ce qu’elle a de plus arriéré et insupportable. En ces temps compliqués, la responsabilité et la discipline collective deviennent une nécessité non plus philosophique, mais immédiate, vitale. Les comportements anti-sociaux apparaissent quant à eux d’autant plus ignobles.

Qu’il est troublant alors de constater l’immense succès dans la jeunesse de « Validé », avec plus de 15 millions de visionnages revendiqués ces deux dernières semaines. Cette série ne consiste pourtant qu’en la valorisation de ces mêmes comportements anti-sociaux, ruinant l’effort social collectif…

« Validé », c’est l’histoire d’un banal délinquant livreur de drogue. Son « travail » consiste, de manière tout à fait réaliste (et insupportable), à livrer de la drogue à domicile aux bourgeois parisiens branchés. C’est ni plus ni moins que le « Uber » du shit, de la cocaïne et de la MDMA. Pour faire plus vrai que nature, l’histoire commence le jour où il doit livrer à la radio Skyrock, pendant un direct de la célèbre émission « Planet Rap ». Canal +, qui produit et diffuse la série, se permet même d’assumer tranquillement ce genre de trafic de drogue, en faisant dire au personnage qui l’accompagne : « alors on va [livrer] où cette fois ? Canal+ encore? ».

Le « héros » se retrouve ensuite en direct à la radio, ce qui propulse sa carrière de rappeur, avec comme trame narratrice un « clash » tout ce qu’il y a de plus puéril avec le rappeur initialement présent pour l’émission. Il faut savoir ici que ces « clashs » sont devenus une habitude dans le milieu du rap, qu’ils soient parfaitement orchestrés ou bien relevant d’une stupidité patriarcale bien réelle. On a régulièrement des embrouilles de cours d’école mises sur la place publique, dans le but justement de faire parler dans les cours d’école, en visant précisément les publics collégiens et lycéens.

C’est stupide, violent, vulgaire, profondément arriéré, mais Canal+ trouve cela bien et en fait une série pour la jeunesse. Pire, la chaîne est aidée en cela par le « service public », donc l’État, puisqu’apparaissent dans la série à plusieurs reprises la radio « Mouv » (du groupe Radio France), ainsi qu’une vraie prison filmée en détail.

L’administration pénitentiaire, qui n’a que peu de considération pour les gardiens de prison en première ligne face à la délinquance, ne voit par contre aucun problème à ouvrir ses portes à un tel tournage, où est mis en scène un rappeur prisonnier se filmant en direct depuis sa cellule avec un portable pour passer dans l’émission « TPMP » de l’immonde Cyril Hanouna. C’est d’ailleurs un moment clef de l’intrigue, qui va précipiter le « clash » entre les deux protagonistes principaux. Pour le reste, on a comme décors tout ce que Paris a à offrir de mode de vie décadent, de fascination pour les grosses voitures, la vitesse, les femme-objets, les soirées privées select, les marques de luxe, la futilité des « réseaux sociaux », etc.

Comment la jeunesse peut-elle ne pas être révolté par une telle nullité qu’on lui sert ? Comment, particulièrement la jeunesse des cités HLM, peut-elle ne pas être révoltée par un telle mise en scène consistant à lui maintenir la tête sous l’eau dans la délinquance et la fascination pour la réussite individuelle, la drogue, la brutalité ?

Tout cela apparaît tellement décalé, insupportable, alors que l’humanité se retrouve confrontée à une crise sanitaire majeure en raison de son comportement erroné avec la nature et les animaux sauvage en particulier.

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Culture

Peta publie un guide pour jouer vegan à Animal Crossing: New Horizons

Peta-France a publié la traduction d’un article intéressant de Peta, consistant en un petit guide pour jouer de manière vegan au jeu vidéo Animal Crossing: New Horizons. Ce guide est très bien vu, affirmant l’importance culturelle du combat en faveur des animaux, de la protection animale.

Le jeu Animal Crossing: New Horizons de Nintendo rencontre un immense succès depuis plusieurs années et son dernier opus sortie la semaine dernière n’échappe pas à la règle. Il s’agit d’incarner un personnage sur une île isolée en menant une petite vie avec tout un tas de missions à accomplir à son gré, d’améliorations à obtenir pour faire évoluer son environnement et ses relations avec les autres habitants, etc. Si la plupart des personnages du jeu sont des animaux anthropisés, d’autres n’ont pas cet « honneur » et peuvent être maltraités, tout comme dans la vraie vie.

Il s’agit notamment dès le début du jeu de la possibilité de pêcher des poissons. Peta a donc écrit un petit guide montrant qu’il est tout à fait possible d’évoluer dans le jeu en respectant ses convictions vegan, en ne pêchant pas ces poissons par exemple.

Si les animaux virtuels ne « souffrent » pas, par définition, il n’est pas question pour autant de céder aux valeurs dominantes propageant l’exploitation des animaux jusque dans les jeux vidéos. Savoir qu’il est possible de jouer à Animal Crossing: New Horizons sans s’en prendre aux animaux virtuels est donc une très bonne nouvelle !

Voici un petit extrait de ce guide pour se donner une idée :

« Thibou aimerait construire un musée de poissons et d’insectes sur votre île. Ne le laissez pas faire !

Tout comme les poissons n’ont pas leur place dans les aquariums, les insectes n’ont pas leur place dans les caisses exiguës d’un musée pour que les autres villageois puissent les admirer. Votre île doit être un lieu où les animaux sauvages sont libres de vivre sans être capturés et exploités. Dans le monde réel, les animaux souffrent en captivité dans des endroits comme les parcs marins ou les zoos. Ils sont privés de tout ce qui est naturel et important pour eux. Dans Animal Crossing, vous avez le choix de laisser les animaux de votre île vivre à l’abri de la maltraitance, alors s’il vous plaît, laissez-les tranquilles ! »

Voilà qui est très bien dit !

> Retrouver le guide complet en français à cette adresse :

petafrance.com/actualites/guide-vegan-de-peta-pour-animal-crossing-new-horizons

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Culture

Série: The english game raconte l’émergence du professionnalisme dans le football

The English game (mars 2020) est une très bonne série montrant en six épisodes l’émergence de la classe ouvrière dans l’histoire du football. Il y est abordée cette question aussi complexe que passionnante du professionnalisme dans le sport, directement lié à la classe ouvrière.

Le strict amateurisme dans le sport est une conception aristocratique-bourgeoise. Il s’agissait à l’origine de garantir l’entre-soi de la haute société qui avait conceptualisé le sport, inventé des règles et mis en place des structures dans le cadre de la grande modernisation permise par la généralisation du capitalisme.

Les classes populaires, qui avaient elles-mêmes dans leur histoire de nombreux jeux à caractère physique, ont également été touchées par cette modernisation capitaliste. Le football, ce « jeu anglais », toucha ainsi rapidement la classe ouvrière britannique, la partie la plus avancée des masses populaires britanniques. Elle s’est logiquement intéressée à cette forme nouvelle, raffinée et structurée, qu’est le sport.

Dès la fin du XIXe siècle, des équipes furent formées autour d’usines avec un niveau de jeu évoluant rapidement et faisant évoluer le sport lui-même dans un sens plus collectif, concurrençant les gentlemens sportifs, aristocrates. Lors de la saison 1880-1881, le Darwen FC est le premier club constitué d’ouvriers à atteindre les quarts de finale de la FA Cup, qui n’avait que dix ans.

Une partie de la bourgeoisie, celle qui était directement industrielle, entreprenariale, non-liée organiquement à la bourgeoisie financière d’origine aristocrate, y vit une opportunité : celle de former des équipes constituées d’éléments populaires payés, développant ainsi une économie autour de cela, mais affirmant au passage sa propre culture dont le professionnalisme sportif est une expression.

On aurait tort cependant de n’y voir qu’un opportunisme de nature libéral, en dehors de tout rapport culturel et social populaire. La classe ouvrière a elle-même appuyé le professionnalisme, seule forme à même de l’intégrer, en tant que classe, dans le football. Il est très vite apparu naturel pour les ouvriers de voir les meilleurs d’entre eux se consacrer entièrement au sport, d’autant plus quand ils pouvaient rester liés localement à eux par l’intermédiaire d’un club à supporter.

C’est là tout l’intérêt et le grand mérite de The English game, qui est presque autant un documentaire qu’une série d’ailleurs, que de montrer cela avec une grande subtilité, sans tomber dans la caricature « ouvriériste » ou au contraire « libérale ».

La série nous montre ainsi formidablement bien comment un club comme le Blackburn Rovers Football Club est autant une construction industrielle bourgeoise qu’une formation populaire, et précisément ouvrière. C’est ce double aspect qui fait qu’aujourd’hui encore, malgré la grande corruption du fait de leurs salaires astronomiques, de nombreux footballeurs professionnels sont autant des mercenaires que des personnes organiquement liées à la classe ouvrière et surtout à une culture ouvrière locale.

Le football est ainsi tout autant un élément de collaboration de classe, qu’un moyen de développement moral, économique et culturel pour la classe ouvrière. Le professionnalisme a été la condition indispensable, et positive, de ce développement. Quelques années plus tard en France, il s’est produit un phénomène tout à fait similaire avec l’émergence du professionnalisme dans le cyclisme, sport populaire, alors que l’amateurisme était généralisé et strictement préservé dans les autres sports.

Le professionnalisme a toutefois une conséquence négative évidente dans le football… C’est la constitution d’un marché des transferts débridé, dénaturant le sport et engendrant une corruption généralisée tant des joueurs que des entraîneurs, mais aussi des supporters. Cela est d’autant plus vrai lorsque le capitalisme s’est amplement développé.