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Le « départ » de Benoît Hamon

Benoît Hamon filait un mauvais coton avant les élections. Ses propos négatifs étaient nombreux. Dépassant 3 %, Génération-s est remboursé de ses investissement pour les élections et est sauvé de ce point de vue-là. Lui préfère prendre un peu de champ, tout en soutenant le mouvement.

Benoît Hamon a multiplié les signaux négatifs juste avant les élections, reflétant ses inquiétudes. Une semaine avant le vote, il déclarait en « off » à des journalistes la chose suivante :

« C’est fou, on est à une semaine de l’élection, et j’ai l’impression d’apprendre aux gens que je suis candidat, ça me laisse pantois. »

Peu après, sur France 2, il expliquait :

« Je tirerai les leçons d’un deuxième échec majeur au suffrage universel et les idées que je porte, naturellement, elles disparaîtront et de la reconstruction de la gauche et du paysage politique (…).

Je veux le dire aux électeurs et notamment aux indécis : si je ne passe pas les 5%, les idées que j’ai défendues, le revenu universel, la taxe sur les robots, la transition écologique telle que je l’ai défendue avec la justice sociale, ces idées s’évanouiront aussi. »

Il a hier soir annoncé sa décision à la suite de l’échec de Génération-s à atteindre 5 %: il se met en retrait. Voici son message à Génération-s.

« Chères amies, chers amis,

Ces élections européennes nous ont déçu par leur résultat mais nous avons fait une incroyable campagne, à moyens financiers minuscules, mais à énergie humaine (et propre) incroyable.

C’est une des campagnes dont je suis le plus fier. Partout vous avez déployé engagement et arguments pour convaincre. J’ai eu écho des mille initiatives prises sur le terrain, des nuits de collage, des petits matins de tractage dans les gares, des après midi de porte-à-porte. Ce sont des jours heureux dans nos mémoires. Nos idées grandissent, c’est l’essentiel.

Maintenant s’ouvre une nouvelle étape pour la gauche qui doit se reconstruire et se rassembler, d’une part, et pour notre mouvement qui prépare déjà les prochaines élections municipales, d’autre part.

D’ici là, nous aurons l’occasion de débattre, de faire le bilan de notre jeune existence et de cette première épreuve du feu et de décider comment nous inscrire dans l’avenir de la gauche : construction d’un lobby citoyen ; participation à la réalisation d’une maison commune de la gauche et de l’écologie… Le collectif national prendra des initiatives bientôt.

Je participerai à cette nouvelle étape, fidèlement à vous et à notre projet. J’ai cependant besoin de prendre du recul, de m’éloigner des médias notamment. Cela fait presque trois ans et le lancement de la primaire de la gauche, que je bats campagne sans interruption. J’ai besoin de retrouver un peu mon souffle, de penser, lire, croiser de nouveau regards. Génération·s est le mouvement de l’intelligence collective. Soyez sûrs qu’elle nous portera loin.

On ne se quitte donc pas.

Merci.

A bientôt.

Benoît Hamon »

Cela est fort dommage, car Benoît Hamon est une figure connue de la Gauche. Cela sonne comme une capitulation, même si cela en est pas une. Ce n’est dans tous les cas pas dignes de la politique. Vus les défis attendus, il faut des gens connus, avec de l’expérience, ayant fait preuve de leur engagement. On ne se met pas de côté au moment où les batailles terribles s’annoncent.

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La Gauche en France comme cabinet des curiosités

Les Français ne font rien comme tout le monde, du moins c’est ce qu’ils pensent. Cela a pu être vrai parfois, mais ils sont désormais une caricature, une simple curiosité. La France moisit et sa jeunesse se sent de plus en plus en décalage avec son environnement.

Les Français savent qu’ils sont connus en Europe pour leur habileté à protester et ils se sentent pour cette raison plus vifs d’esprit, plus concrets, plus ancrés dans le réel. La protestation pour la protestation n’est cependant qu’une vanité mécaniquement répété et avec les gilets jaunes, tout le prestige des Français s’envolent. Car auparavant, on savait que les Français transportaient de grandes idées.

La Révolution française, les soulèvements démocratiques du 19e siècle, le Front populaire… et bien sûr mai 1968, tout cela a marqué de par son ampleur, son ingéniosité toute française dans la mise en place, mais aussi et même surtout de par les idées véhiculées, les comportements transportés. Il faut bien admettre ici que la figure romantique de l’étudiant parisien révolté de mai 1968 et celle de l’ouvrier en grève générale en juin 1968, c’est autre chose que le gilet jaune faisant des grillades sur son rond-point…

La capacité contestataire des Français s’est ainsi transformé en curiosité. C’est une terrible perte. Pour les Français, d’abord, car cela empêche l’émergence de vraies luttes. Par exemple, chaque années les lycéens espèrent un mouvement où ils pourront bloquer leur lycée. C’est cependant du folklore, le contenu ne les intéresse pas, ils veulent « leur » événement. Cela a dépolitisé massivement. Pour l’étranger, ensuite, car il n’est pas faux que l’esprit français d’initiative a pu permettre de lancer des choses qui ont été exemplaires, comme le Front populaire de 1936 ou la contestation étudiante de 1968.

Mais les Français se sont trop reposés sur leurs lauriers. Au point d’ailleurs, finalement, de préférer la Droite. La France est un pays de contrastes : il y a le pays d’oïl et le pays d’oc, le premier prédomine, le second affirme son style, en tant que « midi ». C’est pareil pour la Droite et la Gauche. La première dirige le pays, sur le plan des valeurs, des habitudes, des normes, et la Gauche s’affirme parfois, posant un style qui influence, sans changer en profondeur.

La Gauche passe, les chasseurs restent. La Gauche gouverne, l’expérimentation animale continue. La Gauche dirige, les riches restent riches et le sont même plus qu’avant. La Droite possède la France profonde et qui la possède est inébranlable. La Commune de Paris de 1871 s’est brisée là-dessus, tout comme le mouvement de mai-juin 1968. Cela fait qu’en réalité, la Gauche elle-même est dans notre pays une curiosité.

Pas sur le plan des idées, bien sûr, car tout le monde sait ce qu’être de gauche. N’importe qui sait ou devine ce qu’est un communiste. Ce n’est pas le cas en Angleterre, voire en Allemagne ! Mais sur le plan de son existence même, la Gauche est une curiosité. Le Parti socialiste a toujours été une petite structure électorale, et ce dès le début du 20e siècle. Le Parti communiste a eu une base de masses de très grande importance, mais totalement sectorisée. Les syndicats n’ont jamais eu d’ancrage de grande ampleur, réel et prolongé chez les travailleurs.

C’est là qu’est un problème essentiel. Car le manque de présence de la Gauche sur tout le territoire a fait d’elle une curiosité et au moyen de l’ingéniosité française, cela a été contourné. Il y a eu les éclats de génie du Front populaire, des FTP-MOI activant véritablement la Résistance, la révolte étudiante pour ébranler gaullisme. Même le Programme commun de 1981 procède de la même démarche.

L’ampleur a bien été gigantesque, mais cela a abouti à une certaine logique machiavélique. Au lieu du travail de fond, il a été espéré une répétition. Il a été cherché la même configuration, au lieu d’avoir une Gauche de masse. Pourtant, seule la massification permet d’avoir des forces réelles, une évolution conforme aux exigences de la base populaire. Là est la véritable démocratie. La Gauche française paie en fait le prix de n’avoir jamais donné naissance à une réelle social-démocratie comme mouvement de masse, ancrant à grande échelle les valeurs, la culture, les principes de la Gauche.

Le maintien de l’opposition Droite / Gauche en Angleterre ou en Allemagne doit tout à cette tradition historique du mouvement ouvrier, solide dès le départ. Il faut vraiment avoir cela en tête, pour ne pas tomber dans le piège d’espérer de simples répétitions d’une configuration historique où la Gauche a pu s’exprimer. Au-delà de cela, il faut ancrer la Gauche, pour qu’elle ne soit pas en France une curiosité, quelque chose d’utopiste, de sympathique mais décalé, sans réelle validité.

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France : l’extrême-droite en tête des Européennes de 2019

Pour la seconde fois, l’extrême-droite est en France en tête des Européennes. Et le tête de liste, Jordan Bardella, a 23 ans ! Avec Marion Maréchal, il appartient à un mouvement de fond, celui de la constitution de cadres dirigeants. C’est la marche vers le pouvoir qui s’orchestre. L’avenir va amener des situations politiques d’une tension extraordinaire.

Après le débat du second tour des présidentielles, Marine Le Pen avait été enterrée par les médias et les commentateurs superficiels de la politique. Elle aurait été trop agressive, trop incapable de nuance, trop décalée. Quelle naïveté ! C’était un ballon d’essai pour voir jusqu’où il était possible d’aller. Elle a compris que les Français ne voulaient pas sortir de l’Union Européenne, mais elle a su en même temps se positionner pour le long terme comme la critique la plus radicale de sa forme actuelle.

D’où le résultat à ces Européennes de 2019, avec pratiquement un quart des électeurs. C’est un chiffre énorme. Énorme parce qu’il est stable, porté politiquement par un courant politique organisé et structuré, qu’il fédère encore et toujours des secteurs populaires entiers. Dans le Pas-de-Calais, si populaire, c’est 38 % des voix, soit le double de la liste suivante, celle de la liste de soutien à Emmanuel Macron, battue d’ailleurs au niveau national. Et cela aussi c’est significatif.

Le Rassemblement National se profile de plus en plus comme le principal mouvement d’opposition, le seul capable de fédérer, de par son poids, une alternative politique. La Droite va céder toujours davantage à son appel, à ses pressions. Bloquée par le Centre, elle va chercher des alliances à l’extrême-droite, tel un besoin vital, ne serait-ce que sur le plan électoral.

Et parlons de l’effet gilets jaunes. On se demandait à qui allait profiter leur mouvement. Eh bien voilà, on le sait désormais. Car on se doute bien que les gens pro-gilets jaunes n’ont pas voté EELV. Ils se sont abstenus ou bien basculent dans la dénonciation d’extrême-droite. Tous ceux qui ont prétendu le contraire doivent se remettre profondément en question. Ils n’ont servi qu’à encore plus déboussoler, désorienter, contribuer à ce que les thèses nationalistes s’installent.

Et appelons quand même ici que LFI, l’ultra-gauche et encore bien d’autres nous promettaient une grande révolte sociale à l’échelle du pays, un bouleversement sans précédent ! Ces gens-là ont été une catastrophe pour la Gauche.

Alors que faire ? La réponse est simple : repartir à la conquête des masses neutralisées par l’extrême-droite. C’est un travail gigantesque. Car, déjà il faut être capable de proposer des choses de gauche aux gens. C’est loin d’être simple. Il faut retrouver les valeurs de la Gauche. Il faut être en mesure de les diffuser. C’est un double travail énorme.

Mais, en plus, il va falloir réussir à briser la démagogie sociale et nationaliste de l’extrême-droite. Et là franchement, cela rajoute un obstacle immense. Comment va-t-on réussir à démolir ce qui est désormais une tradition dans une large partie de la population ? Et une tradition grandissante, s’amplifiant partout, qui plus est ? La Gauche va ici devoir disposer d’un très haut niveau intellectuel, culturel, moral !

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Résultats des Européennes de 2019 : tout reste à faire à Gauche

La Gauche a politiquement disparu : tel est l’enseignement des élections européennes. Il aurait fallu l’unité pour rassembler les forces vives et permettre de relancer quelque chose. Désormais, la défaite est une combinaison d’échec culturel et de déroute politique.

Selon la manière avec laquelle on prend les choses, on peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. Mais cela implique qu’on voit soit le verre en train de se vider, soit en train de se remplir. Les listes de Gauche au sens le plus large possible, si on les combine, donnent un chiffre relativement important. LFI et la liste autour de Raphaël Glucksmann font chacun autour de 6 %, Génération-s autour de 3 %, le PCF moins de 3 %, Lutte Ouvrière moins de 1 %, et si l’on ajoute EELV avec autour de 12-13 %, on a alors quelque chose qui tourne autour de 30 %.

Seulement voilà, il s’agit de 30 % des électeurs, et la moitié des Français n’est pas allée voter. De plus, EELV a largué les amarres avec la Gauche pour devenir « ministérialiste » et La France Insoumise l’a fait pour prôner le populisme. Et La France Insoumise est même en chute libre : on est passé de 19,58 % de Jean-Luc Mélenchon au premier tout des présidentielles à 11,03 % aux législatives en 2017, à désormais presque moitié moins.

À cela s’ajoute que la liste de Raphaël Glucksmann était composée du Parti socialiste, de Nouvelle Donne, du Parti Radical de Gauche et de Place publique. Pour au moins la moitié de ces structures, voire plus même en réalité, on a un courant de centre-gauche. Et du côté de la Gauche assumée, ni le PCF, ni Génération-s, ni Lutte Ouvrière n’auront des députés européens. Politiquement, cela reste fondamentalement marginal.

Après les résultats, Raphaël Glucksmann a affirmé la chose suivante :

« La gauche éparpillée et morcelée n’arrive pas à s’imposer comme une alternative crédible. »

Ce n’est pas vrai. C’est l’inverse qui est vrai. Le morcellement, l’éparpillement, sont la conséquence de l’incapacité à se poser comme alternative crédible. Ce n’est pas en regroupant des structures en perdition, sans contenu ni culturel ni politique et encore moins idéologique, sans base de masses, qu’on peut parvenir à quelque chose. La seule démarche possible est de refaire une Gauche de masse d’un côté et de relancer de l’autre le débat d’idées, l’enseignement des points de vue fondamentaux de la Gauche.

Mais ces points de vue existent-ils ? Ici on doit voir le fond du problème. Car la gauche est devenue une « sensibilité », plus qu’une catégorie politique. On ne se définit plus comme à Gauche, mais comme de gauche, et cela ne veut plus rien dire. Quand on voit qu’il est considéré comme de gauche de légaliser le cannabis, on voit le degré de déchéance d’une culture politique tombée dans le soutien entier au libéralisme culturel. Quand on voit que le terme ouvrier est inexistant à Gauche, on a de toutes façons tout compris.

C’est pour cela qu’on ne peut être que perplexe quant au communiqué de Génération-s :

« Génération.s prendra part à la reconstruction de la gauche et de l’écologie à partir des initiatives des mouvements politiques, sociaux et citoyens qui veulent réinventer le projet de la gauche et l’unir. »

Il n’est pas possible de mettre sur le même plan les mouvements politiques, les mouvements sociaux et les mouvements citoyens. Ce qui compte, ce sont uniquement les mouvements politiques : il faut le primat de la politique. Finie la course populiste derrière des mouvements sociaux aux natures indéfinies, finie la soumission aux classes moyennes éduquées de type bobo.

Tout reste donc à faire : il faut que la Gauche politique redevienne de masse et se positionne par rapport à des fondamentaux. Et ces fondamentaux, ce sont ceux du mouvement ouvrier. C’est un travail énorme qui est à mener. Et qui pense qu’on peut contourner cela au moyen de coalitions électorales n’entend former qu’une coquille vide.

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Société

Les scientifiques ont abandonné le combat contre la religion

Normalement, les religions devraient avoir disparu devant les progrès de la science. Il n’en est rien, car les scientifiques refusent d’assumer la reconnaissance de la réalité. On ne peut pas être sûr de ce qu’on a pas expérimenté, disent-ils. Et ils disent la même chose au sujet de Dieu, laissant ainsi les religions contaminer la société.

Le fait qu’il n’y ait pas de Dieu est certain. C’est un point de vue qui est dogmatique aux yeux du libéralisme, mais qui est une affirmation scientifique, matérialiste, comme on le voudra, de la Gauche historique. Dieu est une invention des Hommes, c’est le simple reflet des faiblesses de l’Humanité du passé, qui cherchaient des explications. Avec les progrès de la science, les explications sont là et on n’a plus besoin du concept de Dieu.

Et pour les choses qu’on ne sait pas ? Pour les choses qu’on ne sait pas, il se produira la même chose. On découvrira pourquoi les choses sont ainsi et pas autrement. Voilà pourquoi il faut en fait parler des choses qu’on ne sait pas encore. Quand on est de Gauche, on sait que la science peut tout expliquer, au fur et à mesure. Quel dommage alors que les scientifiques trahissent la science.

Car les scientifiques, payés par le capitalisme, en ont adopté l’approche pragmatique. Ce qu’on sait, c’est ce qu’on peut pratiquer. Ce qui a une fonction connue existe, le reste… est douteux, pour le moins. Ainsi, la réalité prise dans son ensemble est rejeté par les scientifiques. Peut-être est-elle vraie, peut-être pas, peut-être y a-t-il plusieurs univers, peut-être la réalité n’est-elle qu’un aspect de la vraie réalité, etc.

Et la matière ? La matière elle-même est liquéfiée, dissoute dans une démarche exactement contraire aux Lumières. La matière aurait plusieurs aspects, dont certains seraient inconnus. On ne pourrait pas savoir comment les choses seraient réellement, on en aurait que des bribes. Les scientifiques sont devenus des hyper-relativistes et même rejeter l’idée de Dieu leur semble un véritable crime lèse-scientifique.

Il n’y a pourtant rien de plus scientifique que de dire que Dieu n’existe pas. Un scientifique qui ne l’assume pas n’est pas un vrai scientifique, mais uniquement un expérimentateur, un testeur, qui a perdu de vue le fait que la science s’appuie toujours sur des fondamentaux consistant en une vision du monde. Les scientifiques ont désormais une vision du monde digne des Hindouistes, voilà tout. Ils imaginent qu’il y a des réalités multiples, avec des aspects illusoires, une naissance temporaire de l’univers qui a une fin et peut recommencer, etc.

Ce qui va de pair avec cette démarche mystique des scientifiques ne reconnaissant pas la réalité, c’est leur fanatisme expérimentateur, qui fait de l’expérimentation animale le moyen pour « découvrir » des choses nouvelles. Des millions d’animaux sont chaque année massacrés en France pour satisfaire la curiosité absurde de scientifiques s’ennuyant au point de s’imaginer que la réalité découpée en morceaux va leur révéler ses secrets. Ce faisant, ce qui est révélé ici, c’est la perversité des pseudos scientifiques et la souffrance d’un être vivant.. On ne peut pas être sûr de ce qu’on a pas expérimenté, disent-ils.

Et cette approche aboutit donc à empêcher les scientifiques de nier l’existence de Dieu. On n’aurait pas fait le tour expérimental de la réalité, l’hypothèse reste donc possible en tant que telle. Sauf qu’évidemment on ne fera jamais le tour de la réalité, car elle est inépuisable. Et cela ne change rien au fait que la thèse de Dieu ne repose sur rien d’autre que l’idéalisme. Cependant, on l’aura compris, les scientifiques ne veulent pas partir en guerre contre l’idéalisme. Ils sont en effet personnellement imbriqués à d’importants niveaux dans le capitalisme. Ils profitent du monde tel qu’il existe. Ils y font carrière, et malgré la corruption et le n’importe quoi qui peut régner parfois, ils ont confiance, encore et toujours confiance.

Ils considèrent qu’il y a un discours scientifique au-delà de tout, qui serait neutre, objectif, et que dans tous les cas, ils ne peuvent pas se tromper. Ils ne voient pas comment l’idéalisme, au moyen de prétendues hypothèses, provoque la confusion, détourne des thèmes importants, conduit au relativisme, au scepticisme.

On pourrait penser qu’avec le réchauffement climatique, l’effondrement de la vie sauvage, les crises économiques qui se prolongent, l’absence de progrès en ce qui concerne les voyages spatiaux ou l’aviation, ou encore les cancers et le sida, les scientifiques chercheraient à se remettre en cause, pour trouver de nouvelles approches, voir si quelque chose bloque leurs avancées. Ce n’est pas le cas, ils continuent comme si de rien n’était. Ils persistent dans leur approche mécanique : on teste et on voit, on interprète ce qu’on voit et on teste, etc.

Tronçonnant la réalité, ils la nient. La niant, ils n’en voient pas les bases… et cherchent du mauvais côté. Mais peu importe, considèrent-ils. Ne sont-ils pas payés pour ce qu’ils font ? Et pourquoi s’engageraient-ils à critiquer Dieu ? Ne sont-ils pas eux-mêmes individuellement leur propre horizon ?

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Écologie

« Pendons les écolos tant qu’il reste des arbres »

Les chasseurs n’hésitent pas à employer la manière forte, car ils se considèrent comme porteurs des vraies valeurs, celles du terroir. Inextricablement liés au pétainisme comme idéologie de la territorialisation du conservatisme le plus poussé, ils assument ouvertement qu’ils sont prêts à détruire leurs opposants.

« Pendons les écolos »

Que cette photographie ait été prise à un rassemblement organisé par des partisans de la chasse à courre, le 30 mars 2019, n’étonnera nullement. La chasse à courre a été le prétexte pour les chasseurs à un branle-bas de combat à la fois général et agressif. Les troupes sont motivées et le slogan « Pendons les écolos tant qu’il reste des arbres » témoigne bien de leur agressivité.

On a donc de l’humour noir. Résumant l’écologie à une panique parce que les arbres disparaîtraient en France (ce qui est une réduction sciemment stupide), il y a l’idée de pendre les écologistes, de les supprimer physiquement. L’image du pendu est très clair et l’ensemble est indubitablement un appel à la violence.

Ce n’est pas une simple « provocation ». Dans les forêts, contre les activistes anti-chasse à courre, la violence est déjà de mise. Voitures aux pneus crevés, personnes menacées (y compris de violences sexuelles), tabassées… les forces réactionnaires de notre pays sont très vivaces. Elles savent frapper, elles le font. Et leur public, arriéré dans tous les domaines de l’épanouissement personnel en termes culturels, suit.

Cela ne surprendra personne ayant une compréhension de ce qu’est une civilisation. La grossièreté, la brutalité, le refus complet de l’intelligence, le rejet total de la culture, le mépris pour la civilisation, la dénonciation de la compassion, l’hostilité à l’empathie… Voilà ce qui caractérisent les chasseurs, à différents degrés. Cela affleure dès qu’ils s’expriment, dès qu’ils ont quelque chose à dire.

Si on laisse ces personnes prendre le contrôle total du pays, on ferme les musées, on ferme les opéras, on fume où on veut quand on veut dans un pays où la limitation de vitesse sur les routes est supprimé. On supprime les impôts et toutes les taxes sur l’essence. Les chasseurs, ce sont nos Donald Trump à nous, et les gilets jaunes correspondent directement à cet état d’arriération de la société française.

Une arriération déjà moquée par les Inconnus il y a de cela quelques décennies déjà…

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Société

L’Académie royale de médecine de Belgique contre le végétalisme : simplement ridicule

L’Académie royale de médecine de Belgique a pris une position très ferme sur le végétalisme : elle le déconseille totalement comme « inadapté et donc non recommandé pour les enfants à naître, les enfants et les adolescents, de même que les femmes enceintes et allaitantes ». C’est un parti-pris qui se veut scientifique, mais qui équivaut à ce qu’il y avait de scientifique lorsque de par le passé, les religions plaçaient la Terre au centre de l’univers.

Il existe ainsi de nombreuses personnes végétaliennes de par le monde, y compris des gens l’étant depuis leur naissance. Il y a des sportifs et des intellectuels, y compris de haut niveau ; il y a des jeunes, des vieux, des femmes enceintes, des enfants, etc. Bref, il y a des gens bien différents exerçant des activités dans des domaines bien différents. Ces gens vivent et nulle part on apprend qu’ils tomberaient malades en masse ou seraient incapables de gagner telle compétition ou de passer telle épreuve universitaire, d’enseigner ou bien de travailler à l’usine.

Mais parfois la réalité est difficile à admettre, et cela encore plus qu’elle change de manière ininterrompue. Elle est même inacceptable pour qui ne peut pas accepter le changement. L’Académie royale de médecine de Belgique est, ainsi, simplement ridicule de par sa position anti-végétalienne. Elle est même ridicule tout court, car avoir un roi en 2019 et l’admettre, c’est assumer qu’on est dans la posture du charlatan reconnaissant la fiction comme quoi un être humain serait par nature supérieur à un autre.

Alors, en plus, donner des leçons au monde entier, c’est fort de café. Il y a pourtant des vegans en Belgique, et ce depuis fort longtemps, et il suffirait d’aller les voir. Mais on sait à quel point l’idéologie dominante ne s’intéresse pas aux faits, se focalisant uniquement sur l’avis des experts. Experts qui, pétris de certitudes, terrassés par une incompréhension de la réalité par leurs œillères institutionnelles, ne savent que répéter de vieux mantras réactionnaires.

Car quand on lit le communiqué de l’Académie royale de médecine de Belgique au végétalisme, on a l’impression qu’il est parlé d’une activité loufoque d’une poignée de babos au fin fond d’un obscur village, qui refuseraient tel ou tel aliment tout en ne marchant que sur un pied en chantant des chansons médiévales. Et les médecins belges auraient été les seuls au monde à avoir étudié le problème et à l’avoir résolu !

Comme quoi, nos amis belges savent être aussi chauvins et nationaux-centrés que nous en France. Ce n’est guère rassurant ! Déjà que notre prétention historique est insupportable, alors si nos voisins s’y mettent aussi… Et, malheureusement, ils le font avec la même hypocrisie que nous, avec la même mauvaise foi. Car le fait que l’Académie royale de médecine de Belgique prenne comme thème les enfants est quelque chose de véritablement sordide.

L’opinion publique, à juste titre, porte une attention extrême à la question de l’enfance et de sa protection. Alors le fait de répandre des affirmations, sans aucun égard pour des analyses différentes (et elles ne manquent pas sur le végétalisme pour les bébés, les enfants…), sur une question aussi cruciale, c’est agir en faisant un coup bas. Et rien que cela disqualifie le propos.ouvre un nouvel onglet)

Ce que fait l’Académie royale de médecine de Belgique, c’est de la propagande, pas un travail scientifique donné au peuple belge, ni aux peuples du monde. Si les médecins ayant signé le document assumaient leur position, ils partiraient dans la dénonciation de tous les ouvrages et de tous les sites dans le monde qui affirment qu’on peut être un bébé végétalien. Le feront-ils ? Bien sûr que non, cela serait ridicule tellement c’est décalé par rapport à la réalité.

> Lire également : Les arguments de l’Académie royale de médecine de Belgique contre le végétalisme

En fait, la position de l’Académie royale de médecine de Belgique n’est que l’expression d’une grande peur : celle d’être dépassée. Les réactionnaires du monde entier son en panique devant des revendications d’un style de vie non seulement différent, mais se heurtant aux fondements mêmes du rapport à l’existence. Que des adultes consommateurs remplissent les caisses de la grande industrie vendant des produits végétaliens, c’est pour eux dans l’ordre des choses. Mais faire du végétalisme une valeur en soi, de la naissance à la mort, c’est lui conférer une universalité… Et c’est là ce qui est inacceptable pour eux.

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Société

Les arguments de l’Académie royale de médecine de Belgique contre le végétalisme

Les arguments de l’Académie royale de médecine de Belgique contre le végétalisme ne reposent pas sur une analyse scientifique de la nature des aliments consommés réellement par les végétaliens. Ce sont des extrapolations faites à partir de connaissances basées sur l’alimentation moderne classique, dans le but de manipuler les esprits.

L’Académie royale de médecine de Belgique a pris position de manière ridicule contre le végétalisme en prétendant avoir un discours scientifique à propos de l’alimentation végétale.

Ce qui importe pour la nutrition, ce ne sont pas les aliments en eux-mêmes mais leur composition chimique et la façon dont ils sont synthétisés dans l’organisme. De ce point de vue, la nourriture d’origine animale n’a rien de spécifique en elle-même, avec des nutriments qu’on ne pourrait obtenir ailleurs.

Cela n’a ainsi, par exemple, aucun sens de parler de protéines en général puisque ce qui compte est leur composition en acides aminés. L’organisme n’a pas besoin des protéines d’un autre organisme (végétal ou animal) en tant que telles, mais des acides aminés qui les composent, pour synthétiser ses propres protéines.

Est-ce possible de la faire uniquement avec des végétaux ? Oui, ça l’est. Est-ce facile de le faire uniquement avec des végétaux ? Oui, ça l’est, il n’y a pas besoin d’aller chercher des aliments « exotiques » pour cela, ni d’augmenter les apports dans des proportions particulières pour obtenir les acides aminés essentiels.

Il faut véritablement ne rien connaître au végétalisme et à la réalité de ce que mangent les végétaliens pour raconter des choses comme :

« L’alimentation végétalienne excluant toute forme de protéines animales (et donc d’une série d’acides aminés essentiels) nécessite en d’autres termes systématiquement l’augmentation des apports alimentaires supplémentaires par rapport aux besoins ainsi qu’une analyse précise des aliments consommés afin de s’assurer du meilleur équilibre alimentaire possible. »

C’est tout simplement faux. C’est d’autant plus faux qu’il est parlé à un moment de « protéines de haute valeur biologique », alors que justement cette « haute valeur » n’est pas quelque-chose de souhaitable pour la santé.

Qu’en est-il des autres risques de carence soulevés, en vitamine B12 , vitamine D, calcium, fer, zinc, iode et le DHA ?

La vitamine B12 ne pose absolument aucun problème ni ne nécessite de suivi médical particulier. La grande majorité des personnes végétaliennes prennent un supplément en vitamine B12 sous forme de bonbon ou comprimé, ou alors consomment des produits fortement enrichis. Cela est tout aussi facile à faire pour les enfants, sans qu’aucun risque ne soit avéré scientifiquement.

Le problème se pose d’autant moins pour les nourrissons, qui par définition doivent consommer le lait maternel et recevront la vitamine B12 présente dans le lait maternel de la mère qui n’est pas carencée.

Le problème qui se pose pour les nourrissons qui ne sont pas nourris au lait maternel n’est pas un problème spécifique au végétalisme. Il existe de nombreuses stratégies pour palier artificiellement (et insuffisamment) au lait maternel, mais le lait de vache ne consiste en aucune manière en une solution indispensable. Qu’ils soient d’origine animale ou végétale, ces produits de substitution ont une composition qui est élaborée très précisément de manière à correspondre le plus possible à la composition chimique du lait maternel humain, qui est très différent de celui des vaches.

Le problème de la vitamine D n’est pas non plus un problème spécifique aux végétaliens. En Belgique ou dans la partie nord de la France, tant les enfants que les adultes, végétaliens ou non, doivent se complémenter en vitamine D l’hiver pour palier au manque de synthèse fait par la peau grâce au soleil. Les personnes végétaliennes ou non qui ont une exposition suffisante au soleil n’ont pas de carence en vitamine D. C’est aussi simple que cela et c’est mentir que de prétendre l’inverse.

Il en est de même pour le calcium, le fer, le zinc, l’iode ou le DHA (via les oméga-3) : les carences en ces nutriments sont possibles, mais nécessitent simplement une alimentation équilibrée et diversifiée pour y faire face. Manger sainement, avec des produits de qualité le moins possible transformé industriellement, variés, suffit largement à couvrir les besoins. Les connaissances pratiques accumulées depuis des dizaines d’années de végétalisme permettent facilement d’avoir un équilibre alimentaire idéal.

Ce qui compte, il faut le rappeler encore, n’est pas tant les nutriments en eux-mêmes que la façon dont ils sont synthétisés. Les « scientifiques » écrivant des rapports tels que celui de l’Académie royale de médecine de Belgique ont du mal à comprendre cela car ils raisonnent mécaniquement, en séparant les éléments les uns des autres.

Le fer serait donc un problème pour eux, par exemple, car ils « voient » que le fer héminique (provenant du sang d’un animal) s’assimile plus directement que celui provenant des végétaux. Ils ne voient pas par contre que la vitamine C des fruits et légumes améliore grandement la synthèse du fer d’origine végétal pour les personnes végétaliennes.

Ce qui compte en alimentation, ce sont les synergies qui se forment lors du processus complexe de l’alimentation, à différentes étapes depuis la mastication jusqu’au passage dans les intestins.

Il est ainsi facile de faire peur volontairement en disant des choses complexes, sans rappeler que cette complexité s’organise en fait naturellement lors d’une alimentation simplement équilibrée :

« Par ailleurs la répartition respective des différents aliments végétaux (céréales, légumineuses, fruits-oléagineux, légumes et fruits) pour couvrir les besoins en un certain nombre d’oligo-éléments et de nutriments est absolument essentielle en particulier pour le calcium présent par exempledans le chou, les graines de sésame ou les amandes, et les omégas-3, présents dans les noix, le colza ou le soja. Il existe aussi un risque d’excès de fibres (phytates) par consommation importante de légumineuses et céréales, de fruits et de légumes pouvant interférer avec l’absorption digestive des minéraux et du fer. »

Il est aussi sacrément gonflé de la part de l’Académie royale de médecine de Belgique de parler de « déséquilibres métaboliques et l’obligation d’un suivi médicalisé » pour les végétaliens, alors que justement c’est l’alimentation moderne « omnivore » qui provoque un nombre grandissant de déséquilibres métaboliques (obésité, diabète) et qui est de plus en plus incriminée dans les cas de maladies auto-immunes.

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Politique

Pour qui voter ? Un billet d’humeur

Une tentative de porter un regard concret pour un vote utile pour ces élections européennes : quelles listes à Gauche s’assument telles quelles ? Lesquelles peut-on soutenir ? Rien que le fait que la question se pose montre le problème.

Pour qui voter ? Pour cela il y a les professions de foi ! Il suffit de les lire et de faire son choix ! Il y a « En marche pour l’Europe », la liste du mouvement d’Emmanuel Macron. On dira ce qu’on voudra, c’est propre et constructif, avec l’Europe comme utopie libérale-sociale. Qui ne dirait pas non d’ailleurs à une vingtaine d’universités européennes d’ici 2024 ? À une force de protection sanitaire contre les fraudes alimentaires ?

Il ne faut pas s’étonner que des gens aient de l’espoir en cela, au-delà bien entendu de leur intérêt économique. Mais justement, le libéralisme, c’est non, alors regardons la suite.

Il y a les écologistes, avec Yannick Jadot. Après tout, la planète est en train de souffrir. Mais bon, pas certain qu’un repas végétarien optionnel dans la restauration collective change grand-chose… Ni d’ailleurs le droit de vote à seize ans ou l’accueil digne des migrants. Même pas des réfugiés : là on est carrément dans le libéralisme le plus poussé… Passons à autre chose.

Il y a Lutte Ouvrière. Sympa ! Non, ce n’est pas le mot, car c’est fade. Mais c’est digne. Le camp des travailleurs, une enseignante et un ouvrier en tête de liste, le rejet de la grande bourgeoisie, au moins c’est posé. Pas politique, car c’est la même chose depuis des décennies, mais c’est déjà ça. La profession de foi du PCF est plutôt claire aussi, elle est très propre, c’est plus politique : les salaires, l’urgence climatique, l’opposition aux traités ultralibéraux… Minimaliste, mais politique. S’il n’y avait pas en tête de liste Ian Brossat, ce dandy de la mairie de Paris, cela serait plus crédible…

Bon allons voir la liste de Benoît Hamon. Lui au moins il est sincère, et déprimé apparemment en ce moment. Il pense que ses idées vont être coulées si là son score est trop faible. En même temps, la profession de foi est tellement faible, il tend le bâton pour se faire battre. Il faut battre la Droite au pouvoir et les nationalistes, mais il n’y aucune référence à la Gauche. Alors allons voir la liste de Raphaël Glucksmann, lui voulait unir la Gauche ! Mais non, il est juste parlé d’une Europe forte, « pour peser face à l’Amérique de Trump, la Russie de Poutine et la Chine de Xiping ».

Dupont-Aignan et Debout la France ? Même plus gaulliste social, désormais c’est de droite et ce ouvertement. Les « Européens » ? Des centristes qui font la gueule à Emmanuel Macron. Les Républicains ? La même chose en plus conservateur. L’UPR ? La secte du Frexit, uniquement bonne à dire que la France serait l’esclave de l’Union Européenne. La France Insoumise ? Pareil et la base tend d’ailleurs toujours plus aux souverainistes et aux fachos.

Marine Le Pen et Jordan Bardella ? La même chose en encore plus démagogique, et son score va faire mal, très mal. Et c’est là qu’on se dit qu’il faut voter quand même. Parce que l’abstention + un carton de l’extrême-droite, cela va être difficile à digérer. En même temps, ils sont tellement nuls tous à Gauche : sans ambition, sans utopie, sans romantisme, sans socialisme. Pour les plus dégoûtés – les plus conscients peut-être, voter est impossible. Pour d’autres, plus sentimentaux, plus résignés, il y a Benoît Hamon, Ian Brossat, et la liste de Lutte Ouvrière, en sachant que seuls les deux premiers peuvent éventuellement arriver au 5 % nécessaire pour avoir un élu.

Dans tous les cas, un bulletin de vote ne suffira pas à quoi que ce soit : une liste unie à Gauche aurait pu être un vrai marqueur, un témoignage d’une recomposition qu’on soutient. Là c’est trop faible, bien trop faible, alors qu’il y a la catastrophe climatique, le capitalisme en crise et l’extrême-droite qui progresse de manière ininterrompue. Les prochaines années vont être celles de bien des exigences !

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Écologie

« Montagne d’or en Guyane: la politique de l’enfumage continue »

Voici le communiqué du collectif Or de question à propos des annonces du gouvernement sur le projet Montagne d’or en Guyane. Il est suivi par les réactions en vidéo de Michel Dubouillé, le porte-parole du collectif ainsi que de celle de Christophe Yanuwana Pierre, le porte parole des Jeunesses autochtones.

« Montagne d’or en Guyane: la politique de l’enfumage continue

Après l’annonce du Ministre de la Transition Écologique et Solidaire, suite à la première réunion du Conseil de défense écologique, le collectif Or de question exprime sa profonde déception. M. de Rugy n’a fait que réitérer les propos tenus par le Président Emmanuel Macron deux semaines auparavant, sans pour autant enterrer définitivement le projet de la compagnie Montagne d’or.

Le gouvernement le sait, beaucoup lui reprochent de ne pas aller assez vite ni assez loin. Messieurs Édouard Philippe et De Rugy n’ont cessé de le répéter comme pour prévenir les critiques qu’ils ne peuvent manquer de voir venir suite à l’annonce des premières décisions du Conseil de défense écologique.

Le collectif Or de question attendait de la part du gouvernement une réponse ferme et définitive. Au lieu de quoi, les ministres ont rappelé que le “projet actuel” ne semblait pas compatible avec les objectifs fixés en terme de biodiversité. Or de question craint que ces déclarations ne laissent la possibilité à la compagnie minière, voyant la porte fermée, de rentrer par la fenêtre en modifiant son projet.

Creuser une mine d’or à ciel ouvert à coup d’explosif entre deux réserves de biodiversité est, de facto, incompatible avec la préservation de la nature ! Le collectif rappelle qu’en Guyane ce sont aujourd’hui près de 360.000 ha de terres qui sont directement concernées par des activités d’extraction ou des projets de recherches minières, alors même que ce territoire représente à lui seul 50% de la biodiversité française.

Encore une fois le grand enfumage continue donc, avec l’annonce lointaine d’une révision du code minier, patate chaude que les gouvernements successifs se refilent à chaque nouveau mandat. Quand bien même le projet Montagne d’or serait écarté, d’autres demandes de permis miniers sont en cours d’examen et rien ne présage de l’aboutissement de la réforme de la législation française.

A quelques jours des élections européennes, il est permis de douter que ce gouvernement ait convaincu quiconque quant à son engagement pour la protection du climat et de la biodiversité.

Pour les membres du collectif Or de question le combat continue jusqu’à l’abandon définitif de tous les projets industriels miniers en cours ; nous attendons M. le ministre de pied ferme lors de son déplacement en Guyane. »

> Lire également : Non au méga-projet de mine d’or « Montagne d’or » en Guyane !

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Politique

Tribune : « L’Europe a besoin des socialistes »

Voici une tribune d’Alain Bergounioux, président de l’Office universitaire de recherche socialiste et d’Henri Weber, ancien sénateur et député européen, expert associé à la Fondation Jean-Jaurès, initialement publiée par Libération.

Ils appellent à une alliance large à Gauche derrière le courant majoritaire, que l’on peut qualifier de centriste et qui est incarné au parlement européen par le groupe S&D du Parti des socialistes européens (PSE).

Le PSE regroupe les grands partis de la Gauche européenne, le PS français, le SPD allemand, le SPÖ autrichien, le Labour britannique, le PSOE espagnol, le PD italien ou encore le Partij van de Arbeid néerlandais.

Une partie de la Gauche de plus en plus importante récuse le rôle et l’action du PSE qui a voté en 2017 à 90 % la même chose que la Droite (PPE) lors votes finaux, selon une étude de la fondation Robert Schumann.

Il faut néanmoins, pour être tout à fait honnête, interpréter cette de donnée dans le cadre particulier du Parlement européen, qui fonctionne par des compromis négociés longuement, y compris à l’intérieur même des groupes.

Notons pour finir qu’il est question dans cette tribune de s’opposer à l’ordo-libéralisme, à quoi est opposé traditionnellement le keynésianisme, et non pas le Socialisme. Le Socialisme s’oppose par définition au mode de production capitaliste, dont l’ordo-libéralisme et le keynésianisme sont deux aspects.

« L’Europe a besoin des socialistes

Le 26 mai, il faut conforter le Parti des socialistes européens (PSE) et son groupe parlementaire à Strasbourg, «l’Alliance des démocrates et des socialistes». Implanté de longue date dans les 28 Etats de l’Union, (la Grande-Bretagne est encore des nôtres !); fort aujourd’hui de 188 députés, le PSE est la seule force politique au Parlement européen capable de promouvoir une coalition progressiste rassemblant les sociaux-démocrates, les écologistes, et les centristes.

Une telle coalition est nécessaire et urgente, face à la montée des nationalismes d’extrême droite et des partis europhobes, crédités de 25% des sièges, dont l’objectif proclamé est la destruction de l’UE. Elle est indispensable aussi pour réorienter la construction européenne dans le sens d’une Europe plus écologique, plus sociale, plus solidaire, plus volontaire. Jamais les risques d’enlisement et de désagrégation nationaliste qui menacent l’Europe n’ont été aussi grands. Mais jamais non plus les chances de tourner le dos à l’ordo-libéralisme longtemps dominant et d’engager la transition écologique et la révolution numérique en Europe n’ont été aussi fortes.

La prise de conscience de l’urgence écologique dans la grande opinion a beaucoup progressé depuis cinq ans. Elle joue en faveur d’un «Green New Deal», une nouvelle donne écologique, en deux volets : le renforcement qualitatif des normes et règles en défense de l’environnement et de la qualité de la vie. C’est le volet défensif, auquel s’ajoute un volet offensif : la mise en œuvre de politiques industrielles volontaristes et ambitieuses en vue de réaliser les objectifs de la COP 21, la reconversion thermique des bâtiments, le développement des «mobilités propres» et des énergies renouvelables, la généralisation d’une «agriculture raisonnée»…

Cette transition écologique que chacun appelle désormais formellement de ses vœux, ne peut être le fruit du libre jeu des forces du marché, toute l’histoire du capitalisme l’atteste. Elle appelle au contraire une forte impulsion de la puissance publique, à tous ses niveaux : local, régional, national, européen et mondial, le niveau continental s’imposant toutefois de plus en plus comme l’espace stratégique. Ce retour nécessaire de la puissance publique s’affirme à un moment où les dogmes du néo-libéralisme économique, triomphants au début du siècle, ont beaucoup perdu de leur crédibilité, en raison des résultats des politiques qu’ils ont inspirés. Peu nombreux sont ceux qui croient encore dans les vertus autorégulatrices des marchés. L’idée que le monde souffre, non pas d’un excès, mais d’une carence d’organisation, de régulation, de planification, d’intervention des acteurs publics, s’est peu à peu imposée, après la crise de 2008. Elle a pris tout d’abord la forme régressive d’une montée des protectionnismes nationalistes. Mais elle peut prendre aussi, celle, progressiste, de politiques publiques coopératives et socialement inclusives, comme on dit à Bruxelles, préconisées par la social-démocratie au niveau de l’UE et de chacun de ses Etats membres.

Malgré ses déboires dans certains pays, la famille socialiste restera la principale force progressiste au Parlement européen et au Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement dans la prochaine législature (2019-2024). La seule force capable de fédérer la gauche, les écologistes et le Centre-gauche pour mettre en échec les offensives désagrégatrices des partis europhobes et de réorienter l’Europe. C’est pourquoi nous appelons à voter pour la liste «Envie d’Europe», emmenée par Raphaël Glucksmann. Le 26 mai, il s’agit d’élire le Parlement européen, non de censurer ou de plébisciter le Président de la République française. »

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Politique

La liste de l’Alliance royale pour les élections européennes

À l’occasion des élections européennes, l’Alliance royale (AR), mouvement royaliste qui a la particularité de ne se revendiquer ni de l’orléanisme, ni du légitimisme, a décidé de présenter une liste.

Il apparaît très clairement que ce n’est qu’une démarche de communication, afin de profiter d’une tribune pour faire passer le message de l’organisation. En effet, l’AR explique se présenter pour « se faire entendre comme parti politique » (elle se différencie ici de l’Action française, qui est davantage dans une logique putschiste) et « proposer une autre voie pour l’Europe ».

Pour le reste, la pauvreté du programme est ouvertement revendiquée :

« Pour faire entendre sa voix, l’Alliance royale, constituée en parti politique, a entrepris de s’exprimer régulièrement à l’occasion des diverses consultations électorales. Les royalistes doivent devenir une véritable force politique. La campagne européenne s’inscrit dans cette démarche. L’Alliance royale a déjà présenté des listes régionales en 2004, 2009 et 2014.

Nous ne voulons pas entrer ici dans le détail des mesures économiques et politiques, mais donner les grandes lignes de ce que devrait être une France royale au cœur de l’Europe. »

Pour le reste, la ligne générale est globalement assez simple : un rejet total de l’Union européenne et de toute forme politique organisée au niveau continental, au profit d’une « Communauté des Etats européens » qui ne serait qu’un cadre juridique au service des États pour les questions qu’ils ne pourraient régler seuls, et à laquelle chaque État membre pourrait proposer des « initiatives » n’engageant que les pays en accord avec celles-ci. Trois « initiatives » sont proposées par l’AR : la coopération pour favoriser les échanges économiques, la surveillance des frontières et la sécurité, ainsi que la protection de l’environnement, non pas perçu dans sa dimension naturelle, mais bien comme patrimoine, dans une vision réactionnaire et anthopocentrée.

On l’aura compris, il s’agit de renforcer la puissance française dans le monde, de manière agressive. L’AR considère en effet que la France « a des intérêts dans le monde et des alliances qui ne concernent pas ses voisins européens », évoquant la « francophonie » et l’outre-mer (qui relève de sa « compétence seule »). Comment ne pas-y voir là une volonté de renforcer la présence française dans ses ex-colonies (qui sont toujours sous dépendance) ou dans les pays d’Afrique dont elle contrôle une bonne part de l’économie ?

Le renforcement du capitalisme français est d’ailleurs le seul fond concret de l’AR. C’est là son projet de base : un capitalisme français qui se lance de manière agressive dans le monde, de façon indépendante. Évidemment, le tout est enrobé d’un habillage prétendant défendre une vision du monde.

Quelle est-elle, justement, cette vision du monde ? C’est simple : une « France capétienne » et une « Europe chrétienne ».

La république est considérée comme nationaliste et xénophobe par essence (de la part de l’AR, la chose est quand même cocasse) et trop jacobine et étatiste. Implicitement, on retrouve le vieux fond régionaliste des contre-révolutionnaires, qui rejettent l’État centralisé, tout comme l’universel, pour lui préférer une société corporatiste du « terroir », de la « France profonde » contre l’État « technocratique », dans la droite lignée d’un Maurras.

Quant à l’Union européenne, « sans consistance », elle est assimilée au « mondialisme », à une dictature supranationale qui serait coupée des nations, des « pays profonds », dirigée par une « oligarchie » de l’ « argent ». On est là, quoique de manière plus feutrée qu’à l’Action française, dans les clichés anticapitalistes romantiques propagés par le fascisme et tous les réactionnaires, menant souvent à l’antisémitisme (de Proudhon à Soral, en passant par Maurras ou Barrès, Le Pen ou Pétain).

Bref, la liste de l’Alliance royale est une variante institutionnelle et davantage opportuniste de l’Action française, avec le même fond réactionnaire, traditionaliste, nationaliste et pleinement au service des intérêts capitalistes français, dans un renforcement de la tendance à la guerre.

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Politique

Le témoignage d’Édouard Martin, député de gauche au Parlement européen

L’ancien ouvrier Édouard Martin est une figure connue et appréciée à Gauche pour le combat médiatique qu’il a mené contre la fermeture des derniers hauts-fourneaux d’ArcelorMittal à Florange il y a 10 ans. Dans un petit reportage réalisé par France bleue Moselle, il témoigne de son activité d’eurodéputé, d’abord sous les couleurs du Parti socialiste puis du mouvement Génération-s.

Édouard Martin semble satisfait de l’expérience qu’il a pu avoir au Parlement européen. Conformément au discours des autres eurodéputés du mouvement Génération-s de Benoît Hamon, il explique que son mandat a été utile, avec des avancées concrètes.

Malgré toute la sympathie que l’on peut avoir pour lui, il peine à convaincre de cela, en avançant un bien maigre bilan. Le « dossier » qu’il cite en priorité est le combat pour que la Commission européenne « ne reconnaisse pas le statut d’économie de marché à la Chine »… Cela paraît bien étrange comme préoccupation et laisse quelque peu perplexe.

L’autre exemple qu’il donne est l’obligation de transparence sur l’origine des minerais issus des mines de cobalt en République démocratique du Congo. S’il s’agit à n’en point douter d’un combat démocratique important, on a du mal à savoir quelle plus-value ont pu apporter les parlementaires européens sur la question par rapport au travail d’associations environnementales. Comme l’admet l’ancien métallo, les États ne respectent pas cette obligation. On se demande alors l’intérêt de ces journées harassantes qu’il décrit.

Car il ne faut pas se raconter de bêtise : quoi que l’on pense du fédéralisme européen comme projet, on ne doit pas nier que l’Union européenne telle qu’elle est n’est pas une structure démocratique. Les parlementaires, minés par les divisions nationales et travaillés au corps par les lobbyistes, n’ont qu’un faible rôle s’il n’accompagne pas le point de vue des États membres.

Ils n’ont que peu de poids pour les obliger à respecter les choses qu’ils voteraient et ils n’ont d’ailleurs pas le droit d’initier eux-même des directives (qui sont ensuite retranscrites dans les lois nationales). Le Parlement n’a même pas le droit de se prononcer sur des sujets aussi importants que l’adhésion de nouveaux États ou le droit à la concurrence. Ce dernier point relève pourtant de la nature même de l’Union européenne, qui est depuis l’origine une communauté économique destinée à organiser un grand marché européen, sous l’égide du moteur franco-allemand.

On peut avoir beaucoup de sympathie pour les « 180 000 km parcouru en 5 ans » par Édouard Martin pour aller à la rencontre de la population, on ne pourra pas s’empêcher de penser cependant que tout cette énergie aurait pu être utile pour autre chose.

Si l’on peut considérer qu’il est important pour la Gauche d’avoir un score important aux Européennes pour peser politiquement, il ne faut pas pour autant prétendre des choses qui ne sont pas vraies.

On peut très bien voter pour la liste présenter par le mouvement Génération-s de Benoît Hamon par sympathie pour ses membre et soutien du programme qu’il propose avec d’autres organisations européennes. Il ne faut pas s’imaginer par contre que ces eurodéputés pourraient faire appliquer ce programme d’une quelconque manière.

Ce n’est pas au Parlement européen que la Gauche va changer la vie. C’est pourtant là son rôle, le cœur même du combat de la Gauche.

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Politique

La Dissidence française aux élections européennes

Les élections européennes à venir sont l’occasion pour les listes fascistes d’émerger et de proposer leurs programmes. Parmi ces listes, la Dissidence française se pose en maîtresse de la froideur et de la dureté du fascisme, qui se donne une image gauchisante pour happer les masses en quête de justice sociale.

Avec la liste Dissidence française, on s’enfonce dans le fascisme pur et dur. La présentation visuelle du programme, en toute première page, donne le ton à elle seule : du rouge, du blanc, du noir. C’est que la liste se veut « révolutionnaire conservatrice », comme il est écrit en gros comme titre du programme. On est donc en face d’un programme national-révolutionnaire, typiquement fasciste. D’ailleurs, les trois phrases résumant le programme sont on ne peut plus claires : « relever le défi identitaire », « libérer l’économie française », « établir la souveraineté intégrale ». Xénophobie, capitalisme ultra-agressif, et isolationisme chauvin à prétention démocratique.

La France serait en déclin, dirigée par « une classe politique totalement dépassée, rongée par la corruption, et incapable de faire face aux défis du XXIème siècle ». « Jadis forte et respectée dans le monde, notre Nation n’est plus que l’ombre d’elle-même ».

La volonté de « régénérer la nation » pour redevenir une puissance capable d’aller à la confrontation directe avec le monde entier est très claire. À ce déclin devrait s’opposer un État administrateur, efficace et fort. La proposition est alors que cet État règne par ordonnances uniquement. On coule dans l’anti-parlementarisme (le nombre de parlementaires doit d’ailleurs être abaissé à 500) et l’autoritarisme les plus profonds.

Il s’agirait également de protéger constitutionnellement « les racines charnelles et millénaires de la France, européennes et chrétiennes ». Si l’héritage culturel laissé par le christianisme doit effectivement être protégé, il doit surtout être rendu au peuple pour ce qu’il est : un témoignage du passé que l’on doit étudier. Or, ici, cet héritage est fantasmé, glorifié et le programme ne laisse aucun doute sur le fait qu’il compte bien maintenir ces reliques du passé dans l’actualité culturelle et politique du pays, renforçant par là la réaction, notamment catholique.

Conformément à cet esprit conservateur, l’homophobie est également assumée au travers de la question de la loi Taubira. Les fascistes souhaitent abolir cette loi afin de « frapper de nullité les « mariages » célébrés entre personnes de même sexe ». Cette attaque contre la dignité des homosexuels, cette négation de l’amour qui peut exister entre deux hommes ou deux femmes, sont intolérables.

Le piétinage de la dignité des femmes ne s’arrête d’ailleurs pas là. Il est question dans leur programme de créer « un statut spécial pour les mères de famille ». L’idée est de verser un revenu d’existence lorsqu’elles choisissent de ne plus travailler, pour s’occuper de leurs enfants et de leur maison. Payer des femmes pour qu’elles restent soumises au patriarcat et aux valeurs réactionnaires de la « femme au foyer » attendant que son mari rentre du travail donne le vertige. Encore une fois, la dignité de la femme est niée, et ne lui est réservée qu’une existence pleine d’ennui, de routine, entre tâches ménagères et navette scolaire pour les enfants. Enfants qui souffriraient, eux aussi, d’un tel modèle familial.

Cette pensée archaïque ne va bien évidemment pas sans la critique réactionnaire du post-modernisme. Ainsi, ils rejettent et interdisent la « théorie du genre » et « l’écriture inclusive », non pas car elles représentent une multiplication des cases dans lesquelles ranger des « individus » qui seraient « uniques » et au-dessus des classes, mais bien par pure réaction. Elles sont alors remplacées par « une sensibilisation au patriotisme et à la citoyenneté dès l’école primaire » : une manière détournée de dire qu’il faut, dès l’enfance, manipuler le peuple afin qu’il soit « transcendé » par la Nation, par le nationalisme et le fascisme.

Le nationalisme tient d’ailleurs une place importante dans le programme, naturellement, notamment en ce qui concerne la « préférence nationale » (devant être « affirmée constitutionnellement ») et le militarisme. Les emplois, les logements, les allocations et prestations sociales sont donc réservées « en priorité » aux « nationaux ». Les soins médicaux et le refuge pour les sans-papiers ne sont plus assumés, et l’argent est consacré à « l’aide au retour » des immigrés « dans leur pays d’origine ». Le budget de la défense nationale est porté à 3,5% du PIB et la force de frappe nucléaire est non seulement préservée, mais également protégée par la constitution.

On y retrouve aussi des propositions de type « gilets jaunes », populistes, comme la diminution des taxes, une justice plus dure et expéditive, et l’usage du référendum. Toutes les taxes, cotisations salariales, patronales, pour les entreprises comme pour les particuliers seraient abolies pour instaurer une taxe unique de 9% sur les transactions électroniques au sein du territoire français. Le référendum est utilisé pour valider la nouvelle constitution (écrite et proposée par des fascistes, donc) dans un horrible simulacre fantasmé de « démocratie », et les référendums avec consultations citoyenne pour les questions touchant aux communes (vues comme les « échelons démocratiques fondamentaux ») sont « systématisés ». La justice, quant à elle, laisse place à la « tolérance zéro » pour lutter contre le « laxisme judiciaire ». L’idée selon laquelle les institutions de la république manquent de poigne et d’efficacité est donc nettement assumée. Pour les fascistes, il faut que ça tourne ! Et sans « venir jouer les pleureuses », comme ils pourraient tout à fait le dire.

Mais là où les très éventuels doutes sur le caractère profondément fasciste du programme sont forcés de voler en éclat, c’est quand Dissidence française parle de la presse, des syndicats et de liberté d’expression. Ainsi, « les subventions à la presse, aux partis politiques et aux syndicats sont supprimées. La pratique des sondages d’opinion est encadrée », et « les lois d’entrave à la liberté d’expression et à la recherche historique sont abrogées. La neutralité du Net est sanctuarisée. »

On voit là clairement que ces personnes ne se tiennent pas aux côtés des travailleurs, mais bien aux côtés de ceux qui possèdent les moyens de production. Les syndicats y sont sabotés et les travailleurs laissés sans protection, et les partis politiques aussi, ce qui relègue la bataille des idées en arrière-plan… L’encadrage des sondages d’opinion peut tout dire et rien dire, mais implique quoi qu’il en soit un contrôle des opinions apportant la contradiction.

Quant au deuxième point… Ce n’est ni plus ni moins que de la langue de bois pour légaliser le négationnisme, l’antisémitisme, les discours complotistes.

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Société

« Dans le cas de M. Lambert : pour avoir soif, il faut avoir conscience »

L’affaire Vincent Lambert est terrible, car on est encore une fois coincé entre le libéralisme partisan de l’euthanasie à tout va et les religieux ne reconnaissant pas la réalité uniquement matérielle du monde. Dans tous les cas, il y a une négation du principe de sensibilité, au nom d’une prétendue individualité étant le propre de l’Homme.

L’affaire Vincent Lambert est terrible et pour beaucoup de monde en France, sa situation interpelle. Personne n’a envie de se retrouver comme lui, tétraplégique, en état végétatif depuis plus de 10 ans. Une partie de sa famille considère qu’il faut le laisser partir, une autre s’y oppose. On comprend fondamentalement le sentiment d’humanité des premiers, qui voient bien que ce n’est pas une vie. Les seconds mettent en avant la religion pour s’y opposer, et au-delà de cette question, ils soulignent avec justesse qu’une société libérale autorisant l’euthanasie, c’est la boîte de Pandore du meurtre à grande échelle…

Initialement, l’État a tranché pour laisser partir Vincent Lambert. Seulement voilà : Vincent Lambert n’est pas en train de mourir. Il ne peut rien faire, toute son alimentation lui est fourni médicalement, mais au sens strict, il vit et peut continuer de vivre ainsi. Le CHU de Reims n’a pas pour autant le droit de le tuer, car l’euthanasie est interdite pour les êtres humains.

La cour d’appel de Paris a ordonné lundi soir la reprise des traitements.

On en arrive ainsi à la situation ubuesque, totalement aberrante, où… on va le laisser mourir de faim et de soif. Il va de soi que c’est là inacceptable. Déjà en raison de la dignité humaine. Vincent Lambert va être tué – peut-être à juste titre si on dit que ce n’est pas une vie – mais personne ne l’assume tel quel.

Ensuite, il y a la négation totale de la sensibilité. Dr Bernard Devalois, spécialiste des soins palliatifs à la maison de santé protestante de Bordeaux Bagatelle, a tenu des propos totalement scandaleux – mais logique du point de vue de ce qu’est l’idéologie dominante. Il expliqué la chose suivante au Figaro :

« Vincent Lambert n’aura ni faim ni soif, il va mourir naturellement en quelques jours »

« Dans le cas de M. Lambert, il n’y a pas de sensation de soif: pour avoir soif, il faut avoir conscience. »

C’est là le point de vue religieux ainsi que cartésien (qui revient au même) : rien n’existe si on n’en pas conscience. Un arbre qui tombe dans une forêt, cela n’existe pas si un être humain n’est pas là pour en avoir conscience. Une caresse sur une main n’existe pas si la conscience ne le perçoit pas. C’est totalement faux et on ne dira jamais assez à quel point il faut en revenir aux matérialistes du XVIIIe siècle, les fameux Helvétius, d’Holbach, Diderot, tous ces auteurs faisant la sensibilité le sens de la vie.

Toute la Gauche historique vient historiquement de cette approche philosophique, qui ne reconnaît pas Dieu, pas plus qu’une sorte de super-conscience individuelle qui serait le sens de la vie de tout un chacun. La Gauche historique a toujours été matérialiste, définissant la vie selon des critères naturels. Ici, pour le pauvre Vincent Lambert, malheureusement, sa vie personnelle est totalement frustrée, bloquée. Il faut soulager sa souffrance inévitable.

Mais elle n’est pas inévitable justement pour ceux raisonnant en termes de conscience ou d’âme. Les premiers disent : la conscience est partie, on supprime le corps. Les seconds disent : le corps est encore là, donc l’âme aussi, il faut tout garder.

Ces deux points de vue sont inacceptables. Ils sont malheureusement prédominants à tous les niveaux philosophiques, spirituels, dans notre pays. Même la Gauche est totalement contaminée par eux. C’est bien pour cela qu’il n’y a plus de Gauche, justement. Quand on dit la même chose que les libéraux ou les réactionnaires pour les thèmes les plus essentiels, on se confond avec eux.

Il est facile d’ailleurs de voir comment on peut se faire aisément happer. Si l’on comprend que le libéralisme veut supprimer les personnes en détresse insuffisamment consommatrices – les vieux, les suicidaires (qui auraient le droit au suicide assistée !), on tombe facilement dans le camp réactionnaire, qui prétend que les valeurs du passé préservent de cela. Si on veut assumer l’euthanasie car en-dehors de l’épanouissement naturel rien n’est possible, on tombe rapidement si on n’y prend pas garde dans le camp des libéraux qui veulent démonter les mauvaises règles, car ils entendent en fait démonter toutes les règles !

L’affaire Vincent Lambert est malheureusement également loin d’être unique. Elle souligne la nécessité qu’il y a à se poser les questions sur la vie quotidienne, le rapport à la vie, la relation à la nature, et cela d’une manière qui soit propre à la Gauche historique. Les possibilités techniques permettant toujours plus de « libertés », il faut savoir s’opposer avec matérialisme à la GPA, à la PMA pour toutes, aux modifications technologiques rêvées par des milliardaires délirants qui n’ont qu’un rêve : aller sur une autre planète, parce qu’ils n’en ont rien à faire de celle sur laquelle on est…

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Politique

Les clips de campagnes de la Gauche et de l’écologie pour les élections européennes

Voici les clips de campagne des listes de la Gauche ou se définissant de l’écologie pour les élections européennes de ce dimanche 26 mai 2019 :

 

  • La liste POUR L’EUROPE DES GENS CONTRE L’EUROPE DE L’ARGENT conduite par Ian Brossat (PCF)

  • La LISTE CITOYENNE DU PRINTEMPS EUROPEEN AVEC BENOÎT HAMON SOUTENUE PAR GÉNÉRATION.S ET DÈME-DIEM 25 conduite par Benoît Hamon (Génération-s)

  • La liste ENVIE D’EUROPE ÉCOLOGIQUE ET SOCIALE, conduite par Raphaël Glucksmann (Parti socialiste – Place publique)

  • La liste LUTTE OUVRIERE – CONTRE LE GRAND CAPITAL, LE CAMP DES TRAVAILLEURS conduite par Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière)

 

  • La liste EUROPE ÉCOLOGIE conduite par Yannick Jadot (EELV)

  • La liste URGENCE ÉCOLOGIE conduite par Dominique Bourg (Génération Ecologie, le Mouvement Ecologiste Indépendant et le Mouvement des progressistes)

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Politique

CGT : un 52e congrès bien difficile

La CGT perd des points en tant que syndicat. Ses mobilisations sont des demi-succès, ses batailles des échecs, son identité toujours plus floue. Le congrès a établi le maintien du statu quo, en espérant que les choses tournent mieux à court terme. Sans quoi, la crise sera ouverte.

Le 52e congrès de la CGT qui vient de se tenir du 13 au 17 mai 2019, à Dijon, ne s’est pas déroulé sous un ciel serein. La CGT a recommencé à perdre des adhérents, en l’occurrence environ au moins 40 000 en quelques années. Elle est de plus en plus dépassée par la CFDT lors des élections. Et, enfin, tous ses chevaux de bataille ont été des échecs, de l’opposition à la loi El Khomri à la grève des cheminots, jusqu’à l’opposition à Emmanuel Macron.

Il y a, bien entendu, plus que cela, car au fond, la véritable crise de la CGT est une crise d’identité. Liée au PCF depuis 1945, elle a connu une profonde réorientation à partir de son opposition totale à mai 1968. Cela l’a projeté dans les institutions, avec à l’arrière-plan le projet du PCF de réaliser une démocratie avancée par l’intermédiaire du Programme commun avec le Parti socialiste en 1981. Mais tout cela est bien loin désormais. Aussi, la CGT ne sait-elle pas comment se placer.

Grosso modo, il y a trois tendances dans la CGT. Il y a ceux qui obéissent à la gravité. Le poids social, la tendance dominante est à la négociation en mode CFDT : ils l’acceptent. Ils n’ont rien contre, faisant partie d’un appareil ultra-bureaucratisé, avec beaucoup d’opportunistes placés à tous les niveaux. Qui connaît la cuisine interne de la CGT sait qu’il faudrait un gigantesque coup de ménage.

Il y a ensuite ceux qui veulent un syndicalisme de masse, comme l’actuel secrétaire général, Philippe Martinez. Ils considèrent que de toutes façons, le souci principal est le manque d’ancrage dans la population. On peut avoir raison comme on l’entend sur le reste, tant qu’il y a ce problème, de toutes façons… Ils veulent donc une ligne combative, mais soulignent qu’il faut être réaliste. Cela se lit dans le numéro spécial de la revue Le Peuple, organe de la CGT, avec les documents concernant le congrès, au point 225 et 226 :

« La division syndicale pèse sur nos capacités à intensifier le rapport de forces. La marginalisation et l’éclatement du syndicalisme sont des difficultés que nous ne devons pas sous-estimer et l’unité est aussi le moyen de montrer ensemble que le droits des travailleurs et travailleuses de se syndiquer, de s’organiser, de peser et d’agir sur le travail est à renforcer pour gagner ensemble des conquêtes sociales.

Nous ne pouvons pas nous opposer au capital si nous ne réussissons pas la classe ouvrière des travailleurs et travailleuses au-delà des militants de la CGT. La réussite d’une mobilisation nécessite sa massification et son élargissement. »

Il y a, enfin, ceux qui veulent un syndicalisme de classe. Les médias ont bien souvent défini ceux-ci comme relevant de l’extrême-gauche, ce qui est inexact. Il s’agit en réalité de gens se situant dans le prolongement de la ligne du PCF des années 1970. Ils ont un certain vent en poupe, car ils prônent un retour en arrière, ce qui parle à encore certains secteurs de la CGT, qui regrettent la grande époque. Dans le préambule du hors-série pour le congrès, leur point de vue est même directement exprimé :

« L’opposition de classe existe toujours entre ceux qui vivent de leur travail et ceux qui s’enrichissent de l’exploitation des travailleurs au profit du capital. Loin d’une notion dépassée ; « l’opposition de classes » est une réalité qui structure le monde du travail, les lieux et la nature même du travail. »

On l’aura saisi : il est parlé d’opposition de classe, pas de lutte de classe et encore moins de réalisation de la lutte de classe dans la révolution, comme l’exigeait la CGT à sa fondation. Et c’est là un vrai problème de fond traversant toute la CGT, qui s’imagine de manière romantique porter un projet « révolutionnaire », alors qu’en fait pas du tout.

Certains veulent tomber le masque, d’autres faire revivre ce romantisme, mais le compte n’y est pas. Cela produit une très lourde amertume chez les cadres et les membres historiques.

En même temps, les questions que se posent la CGT sont justement très politiques, alors que la CGT est censé rejeter la politique, depuis le fameux congrès d’Amiens de 1905. La CGT parle de l’industrie, du secteur public à protéger, des retraites, du réchauffement climatique, de l’organisation du travail, de la question du système des droits en général qu’il faudrait réorganiser, de la financiarisation de l’économie, de la Procréation Médicalement Assistée pour toutes (la CGT est pour cette mesure ultra-libérale !), etc.

Comment continuer cela tout en maintenant la fiction du refus de la politique au nom d’un syndicalisme unique ouvert à tous ? Sans compter qu’auparavant la CGT était le principal syndicat et que de plus en plus elle devient numéro deux. On comprend donc que les tourments de la CGT soient sans fin et que la spirale de l’échec va être difficile à stopper. Et que lors du congrès, il ne se soit rien passé.

Philippe Martinez voulait organiser des comités régionaux : cela a été bloqué. Les opposants voulaient un retour de la CGT dans le giron de la Fédération syndicale mondiale, quittée en 1994, et l’abandon de la Confédération syndicale internationale : cela été bloqué aussi. Il a été décidé d’attendre et de voir à qui le temps donnera raison.

Il y a toutefois beaucoup de vanité dans tout cela. Car même en admettant que la CGT parvienne à quelque chose, elle serait obligé de faire comme le syndicalisme anglais, qui a donné naissance à un parti politique, le Labour, pour porter ses revendications et exigences. Et encore les choses ne marchent-elle pas comme cela en réalité, car seule une Gauche politique s’assumant telle quelle peut transformer la réalité. Et c’est cela que la CGT ne veut pas assumer. Elle doit capituler devant la Gauche politique et accepter son rôle secondaire. Tant qu’elle ne le fera pas, elle pillera la Gauche politique, l’affaiblira, tout en continuant ses tourments internes, jusqu’à l’effondrement et le remplacement par la CFDT.

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Écologie

Les têtes de liste aux Européennes présentes contre le méga-centre commercial EuropaCity en région parisienne

Ce week-end avait lieu une mobilisation de 24 heures contre le projet de méga-centre commercial EuropaCity à Gonesse, en région parisienne. Un millier de personnes étaient mobilisées et plusieurs personnalités politiques de la Gauche ou se revendiquant de l’écologie s’y sont rendues, alors que le projet est soutenu par le maire PS de la ville.

Le groupe Auchan, détenu par la grande-bourgeoise famille Mulliez, envisage depuis plusieurs années un immense centre-commercial de 240 000 m² à Gonesse dans le Val-d’Oise. Peu importe que les terres sur lesquels il doit être construit soient des plus fertiles, à 15 km de Paris : rien ne devrait entraver la marche du capitalisme triomphant, écoulant toujours plus de marchandises.

Le Collectif pour le triangle de Gonesse (CPTG) qui organisait la mobilisation s’oppose à toute une zone d’aménagement autour de ce projet qui détruirait « 300 hectares, dont 80 hectares pour le méga-centre commercial EuropaCity : 500 boutiques,2.700 chambres d’hôtel, un aquapark, une piste de ski artificielle… »

Ce n’est pas tout puisque « la société du GrandParis, une structure sous tutelle étatique, a annoncé son intention d’engager dès novembre 2019 la construction d’une gare au milieu du Triangle, qui formerait un décroché de 6 km sur la future ligne 17-Nord. Les premiers habitants seraient à 1,7 kilomètres. »

Le projet a déjà été bloqué par voie administrative, mais l’État et la mairie de Gonesse font appel de ces décisions. Le maire de la ville, Jean-Pierre Blazy, est au Parti socialiste, qui soutient donc ce projet écocidaire du groupe Auchan.

Tel n’est pas le cas d’autre personnalités politiques, liée à la Gauche et l’écologie, qui se sont rendue sur place pour apporter leur soutien à l’opposition.

Benoît Hamon de Génération-s s’est rendu sur place et a expliqué sur Twitter :

« A #Europacity se joue une bataille cruciale. Il faut abandonner ces projets qui défugurent nos territoires et abîment la biodiversité. La reconnaissance du crime d’écocide et celle des biens communs de l’humanité (air eau, forets, et…) sont aussi l’enjeu du scrutin du #26mai »

Ian Brossat a de son côté écrit, conformément au discours habituel du PCF :

« Au Triangle de Gonesse, pour dire non à #EuropaCity. Dire que la famille Mulliez, à l’origine de ce projet, ose expliquer qu’elle rend service à l’économie de la région. Qu’elle commence par payer ses impôts en France… »

Il a aussi affirmé à la tribune sur place qu’il faut « en finir avec l’artificialisation des terres » en parlant de Karl Marx qui aurait dit que « le capitalisme s’attaque avec la même férocité à l’homme et à la nature » (la citation n’est toutefois pas connue ; on imagine qu’il s’agit d’une référence malhabile à un passage du Capital où il est expliqué que la production capitaliste épuise en même temps la terre et le travailleur).

Yanick Jadot chef de file de la liste Europe écologie était sur place et a écrit :

« Les écologistes combattent le projet #Europacity Nous voulons que cesse l’urbanisation commerciale qui grignote les terres agricoles et encourage à toujours plus de déplacements tout en détruisant le commerce le proximité #VotezEuropeEcologie http://pourleclimat.eu »

Delphine Batho, tête de la liste Urgence écologie, était également sur place pour s’opposer au projet et expliquer que :

« L’État bafoue les décisions de justice obtenues par les opposants à ce projet destructeur ».

Notons également que Thomas Porcher, qui avait quitté le mouvement Place publique de Raphaël Glucksmann en mars dernier, a rappelé à la tribune de manière très politique que des élus du PS sont alliés au parti d’Emmanuel Marcon et à la Droite pour soutenir ce genre de projets.

Il a également écrit :

« Au triangle de #Gonesse avec les collectifs citoyens opposés au projet #Europacity. La cohérence dans l’engagement écologique, c’est d’être toujours de leur côté et de ne jamais s’allier avec ceux qui soutiennent ces projets inutiles (à savoir pour #EuropaCity l’arc PS-LREM-LR). »

Le Parti socialiste avait également unilatéralement soutenu le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, avec les élus locaux refusant toutes considérations écologistes au profit de l’argument économique, du développement et des emplois. Le maire de Gonesse Jean-Pierre Blazy s’est défendu avec de genre d’arguments, dans une longue lettre adressée directement aux personnalités intervenant durant le week-end de mobilisation.

Il y explique que lui aussi serait opposé au projet si la « caricature » faite par les opposants était vraie, mais qu’il reste en fait beaucoup de terres agricoles en Île-de-France et qu’EuropaCity n’est pas problématique pour l’environnement.

Il faudrait ce grand projet « structurant » pour améliorer la vie des habitants, dans une sorte de chantage à la banlieue contre les préoccupations écologistes qui seraient une lubie de bobos. On a même le droit à l’argument incroyable disant qu’il ne s’agirait « pas d’un centre commercial », mais d’un « pôle dédié aux loisirs et à la culture », qui « aménera de l’esthétisme en banlieue », sans compter que les bâtiments seraient bien-sûr « Haute qualité environnementale »… Monsieur Blazy explique donc aux intervenants qu’ils se « trompent de combat » ; il faudrait croire à sa fable disant que la famille Mulliez investit 3 milliards d’euros pour un projet socialiste et écologiste, pour les banlieusards…

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Politique

La scission au sein de l’UNEF

Les syndicalistes étudiants, toujours plus minoritaires chez les étudiants et toujours plus décalés par rapport à la société, croient en leurs propres mensonges. Ils pensent que la démarche portée entre autres par l’écriture inclusive représente l’avenir. En réalité, ils servent à la démolition de la Gauche historique et raisonnent en termes de factions. C’est l’origine de la scission dans l’UNEF.

Cela fait plusieurs années que l’UNEF, historiquement le grand syndicat étudiant de la Gauche (divisé longtemps en « ID » et « SE », c’est-à-dire lié au PS ou au PCF), connaît un processus d’effondrement, strictement parallèle à la dépolitisation toujours plus massive de la société française. Au sein des conseils d’administration des Crous, c’est même la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), corporatiste, qui est passé en tête, en décembre 2018, avec 46 % des voix, contre 30 % à l’UNEF.

Or, on sait que la Gauche post-industrielle, post-moderne, connaît un succès réel dans les universités, de par l’influence massive des conceptions importées des universités américaines (écriture inclusive, « oppressions systémiques », « décolonisation », « validisme », « transphobie », LGBTI+, etc.) Ses méthodes sont celles d’un activisme dans tous les sens. Il y a donc une contradiction insoluble par rapport au syndicalisme étudiant lié à la Gauche politique.

Une scission des éléments les plus radicalisés, les plus auto-intoxiqués, était donc inévitable. Cela vient de se produire, une importante minorité comptant se séparer de la « majorité nationale » sur le plan de l’organisation. Cela se déroule juste avant le prochain congrès, que la majorité a placé sous le signe d’une relative dépolitisation.

Au centre de l’initiative, on a la Tendance unité et action syndicale (TUAS), représentant un peu plus de 20 % des membres de l’UNEF. Le moyen est un long texte explicatif écrit par un peu moins d’une centaine de signataires.

Les contestataires, partisans d’un appui ouvert à la gauche post-industrielle, post-moderne, ne voient pas pourquoi :

– ils accepteraient un soutien aux institutions universitaires qui se réduisant à peau de chagrin, n’a plus guère d’intérêt ;

– ils accepteraient la pratique du droit de tendance, en mode « grande famille de la Gauche », alors que sa démarche est fondamentalement différente.

Si on regarde les choses avec le regard d’hier, on se dit que c’est la réapparition d’un courant proche de l’esprit de l’UNEF-SE, qui rejetait le droit de tendance et avait un positionnement social plus offensif que l’UNEF-ID. Surtout que tout cela est revendiqué au nom du syndicalisme de classe, de la classe ouvrière.

Mais c’est en réalité de la mythomanie typique du milieu étudiant « gauchiste », puisque la conclusion faite est qu’il faudrait faire du syndicalisme étudiant, et non pas rejoindre la Gauche politique ! Quand on voit cela, tout est dit, surtout quand on sait que le grand bastion de ces « contestataires », c’est Sciences-Po Paris…

On assiste en fait à l’apogée de l’activisme des étudiants post-industriels, post-modernes, qui pensent réellement avoir les moyens de poser un levier sur la société, alors qu’ils n’ont jamais été autant décalé. Ils croient en leur propre mensonge, et vont jusqu’au bout.

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Politique

« Lettre aux camarades de l’UNEF »

[Cette lettre expose les griefs d’une minorité du syndicat étudiant UNEF, qui quitte la structure pour en monter une autre. Sa base est la Tendance unité et action syndicale.]

> Lire également : La scission au sein de l’UNEF

 

« Lettre aux camarades de l’UNEF

Issu-e-s principalement de la TUAS, ainsi que de la Majorité nationale de l’UNEF, nous faisons le choix aujourd’hui de quitter l’organisation. Ainsi, nous comptons bien expliquer une dernière fois notre démarche et retranscrire ici nos points d’analyse sur ce qu’est l’Enseignement supérieur et la recherche (ESR) aujourd’hui, ce qu’est le mouvement étudiant, et enfin ce qu’est et n’est pas l’UNEF, les impasses dans lesquelles elle ne cesse de sombrer, et pourquoi il nous semble aujourd’hui nécessaire d’en finir.

Ce texte se veut un outil permettant d’amorcer ou d’approfondir les réflexions de l’ensemble des camarades du syndicat : quels sont les impératifs qui nous sont posés par l’évolution de l’ESR ? Comment doit s’adapter et répondre le syndicalisme étudiant ? Quel est notre rôle et notre devoir de syndicalistes aujourd’hui ? Depuis plusieurs années, ce sont l’ensemble des organisations syndicales, et globalement des organisations du mouvement social qui sont en déclin.

Cela se constate aussi bien pour le monde étudiant que pour le syndicalisme professionnel, ou encore dans le monde politique. Cette année universitaire est marquée par un contexte social inédit : le mouvement des Gilets jaunes. Bien que ses organisations traditionnelles soient affaiblies et n’aient pas été à l’initiative de ce mouvement, ce sont bien les classes populaires qui en sont actrices. Cette forme de lutte prolongée est inédite tant par sa durée que par ses formes d’organisation.

Ainsi, elle a ses atouts et ses faiblesses : massive et régulière, assumant un rapport de force en rupture avec la traditionnelle méthode du “dialogue social”, mais n’arrivant pas à mettre la question de la grève et d’un impact économique de masse véritable. Cette situation est révélatrice d’une nécessité de remise en question, d’autocritique profonde, et d’adaptation des structures syndicales.

1) L’Enseignement Supérieur d’aujourd’hui : Depuis les années 1980, et particulièrement les réformes suivant le processus de Bologne, l’ESR est soumis à un processus de libéralisation permettant à la bourgeoisie d’avoir des travailleurs et travailleuses mieux formé-e-s.

Ainsi, l’ESR passe progressivement d’un rôle de transmission et d’accroissement global des savoirs, a un rôle d’acquisition de compétences précises. La libéralisation s’est également accompagnée d’un processus de bipolarisation dans l’ESR avec d’un côté les grandes écoles et les universités élitistes, et d’un autre des facs de sciences humaines et sociales ou des universités de proximité sous financées car jugées non rentables, et des cursus courts et professionnalisant assurant un accès rapide au marché du travail.

Ainsi, l’ESR permet aux élites bourgeoises et petites bourgeoises d’accéder à des lieux de formation les amenant à des positions dominantes (écoles, prépas…), et les élèves et bachelier-e-s issu-e-s des classes populaires l’accès à des diplômes à dévaluation rapide, quand il ne sont pas simplement privé-e-s d’un accès à l’ESR.

Les questions de la formation professionnelle et de l’acquisition de compétence sont donc de moins en moins prises en charge par le patronat, mais directement par le service public de l’ESR, au détriment de la transmission pédagogique. Ainsi, les coupes budgétaires, l’autonomie des établissements, malgré le nombre croissant de bachelier-e-s, ne cessent de précariser nos formations, ne cessent de remettre en question des conditions d’études et de vie digne pour les étudiant-e-s.

Au delà des structures d’enseignements mises en danger, le système d’aides sociales directes et indirectes (CROUS) est fragilisé toujours plus chaque année. Le nombre d’étudiant-e-s salarié-e-s est toujours faramineux, le salariat étant toujours la première cause d’échec dans l’enseignement supérieur. 2) Le mouvement étudiant d’aujourd’hui : L’affaiblissement général du mouvement étudiant lors des 30 dernières années s’est également accompagné d’une perte d’hégémonie de l’UNEF dans ce dernier.

On s’attarde beaucoup sur le fait que l’UNEF n’ai plus le leadership de la représentation étudiante dans les différents conseils de l’ESR, mais beaucoup moins de la réduction de son rôle lors des mobilisations et de sa pertinence en tant qu’outil de lutte.

Ainsi, l’UNEF a de moins en moins de place dans le mouvement étudiant, aussi bien d’un point de vue institutionnel que sur les campus universitaire, tant dans l’animation de la vie étudiante et la solidarité, que dans les mobilisations. Le milieu étudiant, à l’image de notre société, connaît un virage à droite et une grande dépolitisation.

Le syndicalisme est aujourd’hui représenté par trois type de structures : l’UNEF, dont nous posons aujourd’hui une analyse extrêmement critique ; Solidaires étudiant-e-s qui, bien qu’ayant une démarche syndicale s’inscrivant dans les luttes étudiantes est freiné par son fonctionnement autogestionnaire ; et enfin les syndicats locaux, présent-e-s dans les mobilisations et dans la vie étudiante mais dont la vision de l’ESR ne peut être que partielle ce qui implique mécaniquement des manquements dans les pratiques.

En plus de ce paysage syndical de plus en plus restreint, le mouvement étudiant laisse du terrain au corporatisme et à la dépolitisation : jamais la FAGE n’a été aussi forte, cette dernière continue de grandir et d’étendre son réseau, est reconnue comme première interlocutrice du gouvernement, et bien souvent couvée par les différentes administrations.

3) L’importance d’un réel syndicalisme étudiant : Notre place dans l’UNEF doit nous interroger sur le sens de notre engagement : le syndicalisme étudiant.

Qu’est ce que le syndicalisme de manière générale, qu’est ce que la spécificité du syndicalisme étudiant ? Historiquement, l’UNEF prend ses sources dans le corporatisme, avant de se revendiquer d’une identité syndicale après-guerre. Dans les faits, l’organisation est un cartel des différentes familles de la gauche présentes sur les universités, soumises à des jeux de pouvoirs permanents.

C’est d’ailleurs la source de la structuration en tendances du syndicat : trouver des règles communes permettant de faire cohabiter ces groupes, parfois avec succès, parfois sans y parvenir, soumettant l’organisation à des risques de fractions internes ou de scissions.

Nous, syndicalistes étudiant-e-s, pensons qu’il est grand temps de traduire notre vision du syndicalisme par la pratique et dans le mode de structuration que nous nous donnons. Ainsi, nous nous refusons d’avoir pour rôle d’être la “maison commune de la gauche” sur les établissements d’enseignement supérieur. Pour nous, l’identité syndicale est avant tout une identité de classe. Le syndicalisme est né dans le besoin de la classe ouvrière de s’organiser et lutter pour dépasser sa condition d’exploitée.

Le rôle des syndicalistes est donc d’élever le niveau de conscience, dans la solidarité de classe et les luttes, du milieu qu’elles et ils organisent. Le syndicalisme étudiant connaît une particularité : il n’organise pas une classe sociale, mais un groupe relativement hétérogène socialement.

Cependant, la lutte des classes impacte grandement l’ESR depuis le début des réformes de libéralisation qui y sont menées, les classes populaires y ayant un accès de plus en plus restreint, ou se voyant envoyées très tôt sur le marché du travail dans des contrats courts et précaires lorsqu’elles n’y ont plus accès. La lutte des classes traverse ainsi les structures de l’ESR, nécessitant l’existence d’une organisation syndicale de lutte, apte à défendre une vision populaire et ouverte de l’ESR.

C’est là que se trouve les sources du syndicalisme étudiant, s’organiser et lutter pour l’accès du plus grand nombre à un enseignement émancipateur et critique, non soumis aux logiques de rentabilités et aux intérêts bourgeois. Ainsi, le syndicalisme étudiant prend sa place dans le mouvement social, dans la lutte des classes, c’est là le sens de notre engagement.

Aujourd’hui, c’est un rôle que l’UNEF ne sait assumer, tant dans ses pratiques que par le cadre de sa structure, mais aussi dans l’analyse de son rôle, confondant la défense d’une classe sociale de l’organisation d’une “classe d’âge”, se revendiquant à la fois “syndicat étudiant” et “organisation de jeunesse”. L’UNEF n’est pas à la hauteur et ne se donne pas les moyens pour mener à bien cette mission syndicale.

4) Le rapport aux instances représentatives : L’activité de l’UNEF et la majeure partie de l’investissement de ses membres s’établissent en fonction de l’enjeu électoral.

Ainsi, deux semestres sur quatre, l’activité se concentre uniquement sur la préparation des élections, des dispos extérieurs afin d’assurer une présence du syndicat même sur les universités où nous n’avons pas ou plus d’équipes. Au delà des cycles de CROUS et de centraux “classiques” qui se concentrent sur 2 semestres l’UNEF joue aussi toutes les élections universitaires qui se tiennent hors de ces périodes et fait gravité une grande partie de son activité et de son énergie militante autour des cycles électoraux (UFR, Comue…). Dans le discours, la direction de l’UNEF parle d’une stratégie des deux jambes : une jambe dans la mobilisation, et une jambe dans les institutions.

Dans les faits, l’UNEF n’assure plus aucune mobilisation de manière sérieuse dans la plupart des universités. Et lorsqu’elle a des élu-e-s sa présence dans les conseils est réduite, voire nulle étant donné qu’une large partie des élu-e-s n’est issue que d’actes de couloirs et n’ont aucunes réelles volontés de siéger. Les cycles centraux sont consommateurs d’une énergie militante énorme pour des résultats minimes sur le milieu étudiant.

Théorisés comme étant un outil d’élévation de conscience, les élections ne permettent pas de remplir les objectifs syndicaux qu’on leur prétend. Il serait malhonnête d’affirmer que quelques jours de campagne (J-7, J-1) basés sur des dispos extérieurs et qu’une journée de dispo intense comme on peut connaître les jours de vote permettent aux étudiant-e-s de se conscientiser sur la question de la précarité, du salariat étudiant, de l’accès à la santé etc.

Cette attention disproportionnée accordée aux élections et aux conseils étudiants est d’autant plus embêtante qu’elle est ridicule. Les conseils étudiants ont été créés afin d’absorber les contestations et revendications étudiantes en leur accordant un accès factice à l’appareil décisionnaire des universités.

Aujourd’hui, les élu-e-s de l’UNEF correspondent à une minorité au sein des élu-e-s étudiants, eux mêmes minoritaires au sein des conseils. C’est d’autant plus d’éléments qui nous permettent de dire que notre impact via les conseils et l’importance qu’on leur accorde est démesurée. Ce positionnement vis-à-vis des institutions et des organes représentatifs est révélateur d’un rapport électoraliste et opportuniste à la représentation étudiante, malgré la bonne volonté que peuvent y mettre les camarades.

En effet, celui-ci puisqu’il s’explique par la dépendance du syndicat vis-à-vis des subventions ministérielles, résultant du nombre d’élu-e-s CNESER, dépendant directement du nombre d’élu-e-s dans les conseils de chaque université. Ce constat est d’autant plus problématique qu’il va à l’encontre du principe d’indépendance revendiqué par de nombreux syndicats, notamment l’UNEF. Car si le bon fonctionnement de l’UNEF repose essentiellement sur les subventions de l’état, l’UNEF est dépendante des intérêts de l’Etat qui sont contraires aux nôtres.

Or, cette indépendance est primordiale et doit être un des objectifs structurels prioritaire à atteindre et doit orienter notre manière de faire du syndicalisme. Il est important d’analyser la pertinence de mener des élections quand une section locale n’a pas les apports effectifs et militants pour être visible quotidiennement sur la fac via son action concrète, qui donne son sens premier à l’action syndicale.

L’argumentaire est purement hypocrite lorsqu’on pose les pieds pour la première fois dans un IUT, dans le seul but d’aller racler des voix chez les étudiant-e-s les plus exclu-e-s des services du CROUS. La faiblesse structurelle du syndicat observée depuis maintenant 5 ans creuse une contradiction entre la nécessité de maintenir le nombre d’élu-e-s assurant les subventions, et son affaiblissement sur de nombreuses sections locales.

Cette réalité amène à un décalage entre une absence de l’UNEF dans le quotidien des étudiant-e-s tout au long de l’année, et une sur-représentation assurée par des dispos extérieurs lors des élections, dans l’intérêt de la structure, les élu-e-s étant soit absents, soit ayant des initiatives et une volonté d’agir, mais découlant sur un impact très limité car n’étant pas appuyée par un travail de terrain.

5) Notre place dans les luttes étudiantes : La stratégie des “deux jambes”, comme nous l’avons vu, est largement biaisée.

Le caractère électoraliste et bureaucratique de l’organisation, existant pour son intérêt propre et cherchant principalement une légitimité auprès d’institutions plus qu’auprès des étudiant-e-s directement, fait que la question de la mobilisation étudiante est complètement éludée.

Ne pouvant plus compter sur des équipes syndicales fortes sur la majorité des facs, l’UNEF ne se concentre que dans la représentation politique et médiatique, et des rendez-vous ministériels pour négocier des miettes et se donner artificiellement de la légitimité.

Le positionnement institutionnel du syndicat, pousse aujourd’hui les sections locales à prioriser de manière mécanique les négociations en conseils ou auprès des administrations.

Cela pose problème quand les débouchés de ces négociations tapent à côté des revendications et des méthodes d’action des mobilisations et amène les militant-e-s à être en décalage avec le reste du mouvement étudiants. L’UNEF, par sa construction est aussi en incapacité de mener des mouvements sociaux en propre dans pleins de villes universitaires puisqu’elle n’a plus assez de sections locales en capacité de le faire par son nombre trop réduit de militant-e-s.

Ayant un prestance médiatique héritée du passé et de la renommée de l’organisation, elle capte souvent l’attention des médias et véhicule des positions au nom du mouvement social alors que ces dernières sont de plus en plus souvent minoritaires au sein du paysage contestataire et même de sa propre organisation. L’UNEF n’est plus motrice des mobilisations sociales ou à l’avant-garde des contestations comme elle le prétend.

Même si l’organisation peut être réactive sur plusieurs sujets, et même si elle avait la volonté de créer de réels rapports de forces, elle n’en a pas les capacités et ne s’en donne pas les moyens. Des sections locales, parfois très réduites, se retrouvent à devoir gérer entre le nom d’une organisation dotée d’un historique en demi-teinte et son attitude imbue d’elle même lorsqu’elle agit sans concerter le reste des acteur-trice-s alors qu’elle n’a plus le rapport de force de son côté depuis des années.

Ainsi, elle se rend détestable de tout le milieu étudiant et se fait souvent jetée des mobilisations naissantes. C’est une grande perte puisque ce sont les militant-e-s sur le terrain, parfois sans connaissance de tous ces éléments qui en pâtissent (notamment les nouvelles et nouveaux camarades), et à qui rencontre des limites dans leur progression sur des bases immatérielles.

6) Le réel impact de l’UNEF sur le milieu étudiant : Afin que nous puissions avoir un impact sur le milieu étudiant, il faudrait que l’UNEF soit construite.

Aujourd’hui l’UNEF n’est construite que très partiellement sur le territoire français et continue pourtant d’agir comme si elle était hégémonique. Elle cherche juste à faire tourner sa machine comme elle le fait depuis 30 ans sans se préoccuper de son affaiblissement structurel et militant pour deux raisons : d’un côté la direction n’a aucune vision sur ce qu’il se passe précisément en interne, de l’autre elle n’assume pas s’être autant affaiblie. La multiplication des déserts syndicaux, autrefois occupés par l’UNEF, n’est que symptomatique des fonctionnements décrits plus haut et de la détérioration interne et externe de l’UNEF.

On a revu à la baisse nos exigences sur les structures. C’est ce qui a conduit l’UNEF à se satisfaire d’AGE-individus jusqu’à leur fixer des objectifs du même acabits qu’à des AGE construites.

Le fonctionnement même de l’UNEF empêche à ses sections locales de relever la tête : en effet, lorsqu’un ou plusieurs cadres devient capable de faire fonctionner sa section locale, la structure a tendance à les mobiliser rapidement pour répondre à des besoins bureaucratiques internes ou externes (gérer les clashs entre tendances, gérer des élections, diverses commissions et conseils). Cela peut ou non se faire par une montée au bureau national mais qui, dans tous les cas, déstabilise la section locale.

Aussi, le besoin fort en cadres nationaux, elles et eux-même mobilisé-e-s pour effectuer les même tâches bureaucratiques sans impact réel sur le milieu étudiant ne sont que des illustrations supplémentaires de l’aspect court-termiste des réflexions.

En effet, plutôt que de chercher à pérenniser leurs sections locales en laissant les cadres efficaces progresser individuellement, développer leur section locale et ainsi faire du syndicalisme étudiant au quotidien, l’UNEF fait le choix de renforcer en soi sa structure par le biais de montées au BN ou la délégation de tâches vides de sens afin de remplir des objectifs immédiats de préservation de la structure.

Les effectifs militants sur des AGE sont très disparates et la tendance est de ne pas apprendre de l’expérience des AGE qui ont pu se construire en produisant une analyse poussée des succès et échecs de leur stratégie de construction. Bien au contraire, par manque d’autocritique, qui est un outil primordial à l’amélioration de l’activité locale, et par des choix précipités et déconnectés de la réalité militante et étudiante, des AGE se sont vu déstabilisées là où elles auraient pu progresser.

Ces besoins de la structure, ainsi que les cycles habituels et rapide de l’UNEF, entre rentrées universitaires, élections CROUS, élections centraux, et congrès, ne font que freiner la construction et le renforcement des sections locales. L’impact sur le milieu est limité, car naturellement conditionné par la santé des AGE et leur état. Ainsi, l’UNEF est absente d’une part beaucoup trop importante des campus de France et il s’agit de le reconnaître, elle n’a qu’un impact minime sur le monde étudiant.

Or, si on suit l’état des mobilisations, aujourd’hui déjà très polarisées sur quelque bastions, l’UNEF n’a que très peu, voire pas du tout, de visibilité puisque très peu d’impact concret. La construction et l’activité d’une AGE ne peut pas reposer sur la bonne volonté et la discipline d’un seul individu.

7) Le système en tendances : La première contradiction qui opère dans le fonctionnement de l’organisation découle du fait même de sa structuration interne.

L’UNEF est sclérosée et divisée par son système en tendances, qui alimente et fige les clivages et éloigne les individus des objectifs communs de l’organisation. Cette structuration se justifie par la volonté du syndicat de se revendiquer comme étant la “maison commune de la gauche”, un agglomérat de groupes politiques ayant pour vocation de tirer le syndicat vers sa ligne propre. Ce système est l’héritage d’une organisation centenaire, s’étant composée et recomposée en interne après une forte politisation, et la nécessité de faire cohabiter des groupes politiques forts au sein du monde étudiant.
Les contradictions d’un tel système ont déjà été exacerbées jusqu’au point de rupture de nombreuses fois dans l’histoire de l’UNEF, mais la situation actuelle est sans précédent, avec une direction qui s’acharne à vouloir maintenir un système qui divise, dans une UNEF affaiblie comme elle ne l’a jamais été auparavant, et dans un contexte de recomposition et d’effondrement de la gauche française qui ne prête plus de sens à un système qui en était déjà vidé.

Dans cet espèce de théâtre étudiant de la gauche, la direction se veut naturellement d’en incarner le centre pour pouvoir se maintenir en place, de s’illustrer comme étant le choix le plus “raisonnable”.

Elle a donc besoin d’une gauche (actuellement incarnée par UAS et de manière encore plus marginale par la TACLE) et d’une droite (incarnée par la TASER). C’est là qu’on décèle la fumisterie du système en tendance: plusieurs fois, la majorité nationale, étant juge et parti dans ce jeu, fait le choix de maintenir en vie artificiellement des tendances dont l’existence justifie sa propre légitimité.

En période de congrès, elle leur offre des signatures de présidences d’AGE de la TMN pour statutairement maintenir la TACLE (en faisant signer le PAGE TMN de Valenciennes avant le congrès de 2017, sans aucunement leur accorder le moindre respect sur les AGE où ils construisent réellement le syndicalisme étudiant comme Nanterre, leur légitimité étant déterminée par des scores de congrès), ou encore en produisant des fausses voix pour gonfler les scores nationaux de la TASER (une trentaine de voix sur l’AGE TMN de Toulouse pour une TASER localement inexistante).

Ainsi, pour asseoir sa place de direction politique, la majorité nationale doit se maintenir une gauche, mais surtout une droite qui la blanchit aux yeux de la base, et n’hésite pas à la maintenir coûte que coûte, qu’importe à quel point la “droite” de l’UNEF se montre profondément réactionnaire et libérale.

C’est le cas de la TASER actuelle, qui n’adopte pas des positionnements dits de la droite de la gauche, mais juste réactionnaires et dans les intérêts de la bourgeoisie, en revendiquant l’entrée des intérêts privés dans le service public de l’ESR, et en assumant des positionnements réactionnaires sur les questions de laïcité, de racisme et plus globalement d’oppressions systémiques.

Inutile de rappeler les nombreux témoignages de ces positionnements, ou les actes dangereux auxquels ils ont prit part, sans jamais que leur existence dans un syndicat qui se dit progressiste, féministe et antiraciste ne soit remise en question par la direction, ni que des sanctions soient appliquées.

Cette attitude de la part de la direction ne se justifie que par la nécessité pour se maintenir, de maintenir sa droite, peu importe celle ci. Le système en tendances permet donc à des groupes néfastes à l’organisation d’y exister, et ouvre la porte à tous les opportunismes.

Les deux dernières années de l’organisation ont particulièrement prouvées l’essoufflement de ce système, à travers les différentes implosions qui ont prit la forme de fractions internes aux tendances.

Ces fractions, qu’importe leurs revendications ou leur projet syndical et/ou politique découlent de manière naturelle de la logique de tendances : chaque désaccord interne à l’orga (ou aux tendances qui fonctionnent comme des orgas dans l’orga) se cristallisent dans la création d’un nouveau groupe, qui aura de fait une place et un droit d’existence, sans jamais laisser place à une possibilité de dépasser ses désaccords et d’avancer ensemble.

Ces fractions ne sont aucunement une dérive du système en tendances, elles en sont la nature même, et les enjeux de pouvoirs internes nous prennent toujours plus dans la division stérile. De fait, le système en tendances implique l’existence naturelle des opportunistes dans le syndicat, qui s’en saisissent pour avancer leur agenda personnel ou politique.

Mais le système en tendances, c’est avant tout un fonctionnement qui impacte profondément le militantisme sur les sections locales qui en subissent les effets. Matériellement, les camarades dans une section locale qui n’appartiennent pas à la tendance en direction localement se retrouvent en quasi incapacité de mener une activité militante de manière saine, et sont assujettis à des rapports de force figés lors des congrès.

Ils n’ont pas accès aux locaux la plupart du temps, n’ont aucun impact décisionnaire, et se voient attribués des lieux et des horaires où ils et elles ont le droit ou pas de militer.

C’est encore une autre limite de cette structuration du syndicat : localement, c’est une bataille constante entre les membres d’une même AGE, qui entrave l’application d’une activité militante pérenne et efficace. Ce fonctionnement pousse tous les groupes au sein de l’UNEF à s’illustrer dans des postures en permanence. Sans arrêt pris dans les enjeux de pouvoirs, les groupes syndicaux au sein de l’UNEF sont dans l’incapacité de se présenter tels qu’ils sont réellement sans mettre en danger leur place ou leur rapport de force au sein du syndicat.

On se retrouve dans une situation où personne dans l’UNEF n’a une vision claire sur comment se porte vraiment notre organisation. Cette opacité que produit le système en tendance empêche d’établir un véritable bilan des forces du syndicat, et nous rend incapable d’enclencher la moindre évolution dans nos pratiques, chacun-e des camarades engagé-e-s dans l’organisation étant sommé de faire passer l’intérêt de son groupe syndical avant celui de la structure syndicale.

Nos gueguerres internes n’ont eu de cesse que d’affaiblir l’organisation, et de manière plus générale le mouvement social étudiant, pourtant la structuration même du syndicat en dépend. Mais l’ampleur néfaste de ce système ne prend réellement son sens que lors des cycles les plus autodestructeurs pour l’organisation et ses membres : les congrès.

8) Le congrès de l’UNEF : Le congrès de l’UNEF se résume en trois choses : Perte de temps, perte d’argent, perte de militant-e-s.

Ainsi, dans toute organisation nationale, le congrès est l’occasion pour les associations membres de discuter du projet de l’organisation et de renouveler l’équipe dirigeante.

A l’UNEF, le congrès n’est pas un temps démocratique, ce n’est même pas un temps de débat. Le congrès de l’UNEF est le moment qui institutionnalise une guerre ouverte entre les différents groupes internes de l’UNEF, où chacun-e fait adhérer le plus de monde possible pour les faire voter.

Le nombre d’adhésion en période de congrès explose, et la plupart de ces adhérent-e-s de congrès ne connaissent pas réellement l’UNEF, et ne savent même pas pourquoi ils et elles votent. Le semestre du congrès, aucune activité syndicale n’est réellement possible, tant la préparation de celui-ci prend du temps à l’ensemble de ses cadres. Les nombreuses adhésions sont uniquement et entièrement payées par les tendances minoritaires, représentant alors un véritable gouffre financier.

Des centaines d’adhésions sont ainsi faites dans des universités où le nombre de militant-e-s est en temps normal très restreint. Pendant deux semaines, les congrès locaux sont organisés et sont un moment de vote (ouvert et par émargement) de l’ensemble des gens ayant adhéré. Sur un, deux, ou trois jours, ce sont tou-te-s les étudiant-e-s des campus de France qui sont arrêté-e-s pour leur demander “est ce que tu es adhérent-e à l’UNEF?”, si la réponse est négative, tant pis, si c’est positif, chaque tendance cherche à argumenter et contre argumenter dans la minute, et amener l’étudiant-e voter directement pour elle.

Des rendez vous secrets sont donc pris en amont pour des centaines de personnes, dans des cafets, des couloirs, etc, pour “sectariser” les adhérent-e-s et expliquer précisément la procédure de vote afin qu’il ne puisse pas être “retourné-e-s” par une autre tendance, et donc avoir “investi” dans une carte pour rien. Au moment du congrès, la contradiction entre direction du syndicat et tendance majoritaire est plus ouverte que jamais.

Ainsi la tendance majoritaire utilise l’ensemble des instances du syndicat à son profit afin de se maintenir majoritaire dans le syndicat les deux années à venir (temps entre deux congrès). Étant majoritaire dans les instances de contrôle, les décisions prises par ces dernières se font toujours dans son intérêt. Par exemple, la CNVM (commission nationale de validation des mandats) est chargée de régler les litiges concernant les votes : composée à la proportionnelle des tendances, la TMN fait valider les votes en sa faveur, et invalider les votes des tendances minoritaires lorsque celles-ci sont en passe de devenir majoritaires sur une AGE (Lille en 2017, Reims en 2015, etc.).

Enfin, le congrès de l’UNEF est un moment d’une grande violence, où le mot de camarade est proscrit. La suspicion, les insultes, les comportements oppressifs, etc sont légion. A chaque congrès, de nombreux-ses camarades, souvent prometteurs-ses, démissionnent et quittent l’organisation, car ils ou elles ne se sont pas engagé-e-s pour subir et faire subir de la violence au sein de l’organisation.

Le dernier congrès, le 85ème, a été un moment traumatisant pour beaucoup d’entre nous, un investissement en énergie et une perte de camarades faisant face aux insultes, aux mensonges, aux abus de pouvoir, etc. Beaucoup d’entre nous, ne sont pas parvenu-e-s à reconsidérer une grande partie des camarades du syndicat comme des allié-e-s après ça. Occupées à gérer le congrès, les sections locales ne peuvent s’atteler à maintenir une activité dite traditionnelle sur leur fac.

Cette passivité en terme d’action concrète mène beaucoup de militant-e-s à être déçu-e-s par le syndicalisme au sein de l’UNEF, ne comprenant pas le sens des priorités de la section locale: privilégier un temps de congrès, perçu de manière absurde par l’extérieur, à la résolution de PDI ou le militantisme quotidien.

Sur le cas spécifique des oppressions, les tensions générées par le congrès et ses affrontements poussent les différentes tendances du syndicat à couvrir des cas de violences physiques et psychologiques faites par ses militant-e-s sur d’autres membres, ainsi que des profils que l’on sait dangereux (harceleurs-euses, agresseurs-sseuses sexuels).

Nous pensons que dans chaque cadre d’organisation, les structures de domination (racisme, patriarcat, etc.) sont l’unique cause des oppressions vécues en interne. Contre cela, les cadres mis en place peuvent aussi bien résoudre une partie de ces contradictions et améliorer la situation, tout comme ils peuvent participer à les exacerber et les pousser à leur paroxysme. C’est le cas du système en tendances en poussant aux affrontements violents et frontaux, et au fait que chaque individu défende son groupe coute que coute.

Contre cela, une résolution (article du règlement intérieur du congrès) a été mise en place pour lutter contre les comportements oppressifs lors des congrès locaux, obligeant les membres ayant des comportements oppressifs à seulement quitter le campus (généralement pour aller faire le congrès sur le campus d’à côté).

Racisme, sexisme, homophobie, transphobie, validisme sont ainsi monnaie courante. Le meilleur exemple est certainement la réaction de la direction du syndicat au dernier congrès, en 2017, contre l’action symbolique de plusieurs dizaines de femmes de l’organisation.

Celles-ci ont organisé le fait de se réunir à la tribune du congrès pour lire un texte dénonçant les comportements sexistes pendant le congrès : elles en ont été empêchées physiquement sur ordre de la direction, certaines ont été frappées et insultées par des hommes du bureau national, jusqu’à ce que ces dernières réussissent à passer malgré tout. Les réformes annoncées par la direction pour remédier aux problématiques soulevées et vécues par les militant-e-s sont décevantes et ne permettent en rien d’y répondre.

En effet, il ne s’agit que de réformes à la marge, le système en tendance ne pouvant être réformé sans être aboli. La direction du syndicat utilise ainsi cet argument de la réforme sans que ce qui est proposé ne change réellement les problèmes structurels du syndicat.

La possibilité de quitter le syndicat est ainsi en réflexion depuis maintenant plusieurs années chez de nombreux et nombreuses camarades. Nous avons ici pris la décision de quitter l’organisation avant le 86ème congrès entre autres pour ne pas avoir à assumer une guerre nous coûtant des équipes. Nous ne sommes pas syndicalistes pour assumer des temporalités comme celles-ci, aussi dures d’un point de vue structurel et humain. le 86ème congrès aurait grandement affaiblit nos équipes syndicales pour de purs enjeux de pouvoirs internes, et nous nous sommes refusé-e-s à cela.

9) La situation interne de la Tendance majorité nationale (TMN) : Si l’opacité et la culture du silence qui règnent au sein de l’UNEF découle de son système en tendances de manière globale, il s’immisce aussi au sein de la majo elle même.

En effet, le constat est que les sections locales ne savent qu’en surface et de manière déformé ce qui se passe dans les autres AGEs et le transfert se fait surtout par des biais affinitaires donc très différenciés en fonction des degrés d’intégration sociale des camarades. Cette opacité de l’information ne se limite pas à la sphère des responsabilités locales puisque les mêmes mécanismes sont présents au sein du BN.

A titre d’exemple, la secrétaire générale et l’équipe statutaire en général n’ont aucune vision sur ce qu’il se passe précisément dans l’UNEF, étant donné que chaque tendance ne laisse pas transparaître la réalité de ses sections, et que la pression et le manque de confiance au sein de la majo fait que les autres BN ne donnent pas les vrais éléments sur le suivi effectué, les campagnes, etc. Souvent, la commission province découvrait en rappelant les AGE le weekend que les BN ne s’étaient pas rendu-e-s sur leurs suivis alors qu’ils ou elles l’avaient déclaré au secrétariat général.

Cet artifice qu’est la démocratie interne que revendique la majorité nationale n’est en fait que le maintien d’une pensée unique au sein de l’organisation. Les responsables locaux mais aussi nationaux n’ont pas de prises de décisions stratégiques sur l’activité du syndicat qui est théorisée et proposée uniquement par la direction nationale.

Ainsi, un désaccord posé de manière publique revient à s’exposer à une marginalisation dont des militant-e-s ont fait les frais. De plus, les raisons des départs de membres du BN qui ont posé de forts désaccords sur le fonctionnement interne sont camouflés afin que la remise en question soit mise sous le tapis et ne puisse pas être dévoilée au grand jour.

Ces départs prématurés se sont multipliés ces dernières années, résultant d’une absence totale de cadres de critique, et d’autocritiques, beaucoup de membres pensent pouvoir pourtant changer l’UNEF en interne par leur volonté et action propre.

Malheureusement, penser pouvoir procéder efficacement de cette manière serait surestimer le poids de la structure sur les individus, celle-ci ayant tendance à transformer les individus qui l’intègrent, et non l’inverse. Ainsi, une minorité de cadres de la majorité nationale sont réellement convaincu-e-s des pratiques et théorisations de la tendance, une grande partie la défend par défaut, pensant pouvoir agir sur elles pour les transformer, sans y parvenir.

Enfin, le nombre d’individus et d’AGEs se retrouvant dans la majorité nationale par défaut est très grand : cette dernière fuyant les discussions et les cadres de critiques avec les autres tendances, elle ne parle que très tardivement de l’existence des tendances à ses membres, ces dernier-e-s se retrouvant là sans jamais l’avoir réellement souhaité et sans en être convaincu-e-s.

Toute forme de promotion du bien être militant devient factice dès lors que le modèle du moine soldat n’est pas remis en question. Alors que la discipline permet une efficacité non négligeable, une discipline qui n’est ni théorisée, ni consciente ne peut être réellement efficace.

Elle ne s’illustre plus que par une sélection et par la loi du ou de la plus fort-e qui est au mieux improductive, au pire purement destructrice aussi bien individuellement que structurellement. Baser tout son mode de construction sur un modèle d’individu soldat-e devant gérer tout institutionnellement et s’épuisent en dispo extérieur.

En plus de l’impact de ce mode de fonctionnement sur les individus et le bien-être, fonctionner de cette manière créé de fait une déconnexion entre militant-e-s de l’UNEF et le monde étudiant.

En effet, ce syndicalisme “d’avant-garde” ne permet pas de saisir la spécificité de chaque campus, chaque filière, etc. Cela creuse une déconnexion dans le militantisme, tant dans les pratiques militantes que dans le mode de vie des syndicalistes, à des années lumière d’un mode de vie étudiant “lambda” (rapport aux cours, à la vie étudiante, etc.). La théorisation de l’action syndicale menée nationalement est révélateur d’un décalage avec les réalités vécues sur les AGE.

En effet, on constate une volonté dérisoire et idéaliste que l’UNEF soit présente sur tous les fronts simultanément alors que la capacité effective militante ne suit pas, découlant de nombreuses fois sur une incapacité à gérer ses différents champs d’action. Ainsi chaque action, y compris purement bureaucratique, est théorisée comme une “mobilisation” : d’un dépôt de motion dans une instance à une interview donnée à un média.

Dans le discours de la direction de l’UNEF il n’y a pas de différenciation entre des actions qui ont un véritable impact sur le milieu étudiant et celles qui sont uniquement nécessaires pour exister institutionnellement mais qui n’ont pas d’impact concret. Le fait de se concentrer sur le deuxième mode d’action mène aussi à une dépolitisation du milieu étudiant qui se mobilise donc de moins en moins et ne permet pas de mettre en place un véritable rapport de force face à des réformes réactionnaires.

Ainsi, les campagnes nationales totalement hors sol et peu réfléchies dans leur transcription dans leur réalité s’avère infructueuse avec un impact minime même dans leur objectif de conscientisation du milieu étudiant. On se retrouve avec des campagnes nationales où des camarades seul-e-s sur leur AGE doivent mener l’activité en soi, mais qui ne reçoivent aucunes aides.

Plus généralement, le fonctionnement de la majorité nationale a des impacts sur le développement des sections locales. Malgré toute la volonté et les efforts que peuvent mettre en oeuvre les camarades des sections locales l’appartenance de celles-ci à la TMN freine de fait leur développement structurel pérenne.

En effet au lieu d’établir une stratégie de développement sur chaque AGE qui prenne en compte les spécificités locales, la majorité nationale fait reposer sur un faible nombre d’individus ultra investis le fait de remplir les objectifs syndicaux (notamment électoraux). En terme de développement ces individus se concentrent consciemment ou non sur le fait de recruter la future génération de moines soldats.

Il n’y a aucune réflexion sur la théorisation d’un CAS comme un lieu cohérent de vie et d’étude ou sur la ramification des structures locales afin de permettre un meilleur développement de celles-ci par exemple. Les sections locales bénéficient de très peu d’autonomie dans la gestion de leur activité syndicale.

Des campagnes nationales souvent déconnectées des situations locales sont obligatoirement mises en place par les AGE, sous peine de s’exposer à des remontrances de la direction. Si les initiatives de campagnes locales ne sont pas forcément refusées par les suivis, les dirigeant-e-s locaux-ales ne sont pas formé-e-s ni encouragé-e-s à réfléchir sur leur activité syndicale localement et à produire des campagnes locales.

Ces initiatives, bien que largement mises en avant lors des bilans en CN, sont donc marginales et souvent fortuites. La répartition des suivis sur les AGE n’échappe pas au manque de réflexion interne sur le développement de l’UNEF.

Au lieu d’établir des critères pertinents pour permettre de remplir les objectifs syndicaux et développer l’organisation (besoins des AGE, capacités et marges de progression des membres du BN, cohérence géographique), le schéma de suivi est réfléchi en fonction de critères individuels.

Ainsi les éléments pris en compte sont notamment le degré d’implication des membres du BN (est-ce que la personne va sur ses suivis et répond au téléphone ou pas), le fait qu’il y ait des objectifs électoraux sur le court terme ou pas et sa capacité à maintenir des gens dans la ligne.

Par exemple un suivi qui a tendance à ne pas se rendre sur ses suivis (par ses responsabilités comme les statutaires nationaux, ou par le fait qu’ils ou elles ne veulent juste pas y aller) et à ne pas l’accompagner sera assigné à une section locale qui peut se débrouiller toute seule ou bien qui n’a pas d’objectifs électoraux sur le court terme.

En revanche, les suivis réputés compétent-e-s peuvent enchaîner le suivi de plusieurs AGE en quelques mois le temps de gérer les échéances électorales, sans permettre de réelle construction de l’AGE.

10) L’absence de critique et d’autocritique : Le système en tendances est à la base de tout dans le fonctionnement de l’UNEF (on ne peut pas exister en dehors d’une tendance, les sites universitaires appartiennent à des tendances, les temps nationaux sont des affrontements entre tendances etc.).

Pour fonctionner, la direction de l’UNEF doit donc gérer en permanence l’équilibre entre les tendances. L’ensemble du syndicat concentre donc énormément d’énergie sur le fait de gérer les rapports entre les tendances et notamment entre les minos et la majo. Les intérêts de la majo face à une autre tendance se fait même souvent contre l’intérêt des étudiant-e-s et du syndicalisme.

A titre d’exemple, dans plusieurs AGE, comme Bordeaux et Rennes, la tendance majoritaire n’est pas présente réellement, malgré l’existence d’une équipe minoritaire localement, et les camarades locaux-ales n’ont aucunes marges de manoeuvre en terme de représentation, de trésorerie, parfois de militantisme, bloqué-e-s par ce fonctionnement figé en dehors de toute réalité militante.

Le fonctionnement en tendances pousse donc à servir des intérêts de tendances. Chaque action de chaque tendance est à la fois motivée par sa stratégie syndicale dans le milieu étudiant et dans l’UNEF et elles peuvent être contradictoires.

Ainsi, le besoin vital de défendre sa tendance pour exister dans l’UNEF pousse les débats internes à être sclérosés, à ne se résumer qu’à des débats de posture. Les tendances ne cherchent pas à se convaincre ou à être convaincues, mais à défendre coûte que coûte leur modèle de syndicalisme pratique et théorique afin de garder la face et maintenir leur place dans l’organisation. Cette gestion en tendances pousse également à une forte centralisation puisque les rapports entre tendances sont gérés depuis l’échelon national.

Chaque tendance devant avoir une stratégie cohérente. Etant donné la concurrence et le rapport de force permanent, chaque tendance tente de donner une vision idéale d’elle même aux autres, jusqu’à mentir sur sa propre réalité, sur ses équipes syndicales, et la bonne santé des ses AGEs.

11) Et maintenant ?L’UNEF a développé sa structure sans remise en question depuis des années, et se trouve dans un état de paralysie et de verrouillage bureaucratique important qui empêche une possible réforme de l’intérieur.

Elle s’est trouvée embourbée dans ses contradictions sans jamais tenter d’y remédier et qui lui pose une difficulté de rétropédalage, cette dernière joint à une capacité de la direction à s’y complaire. Le décalage avec la réalité est si fort et a passé un tel cap de non retour, que dans l’état actuel des choses le travail de réforme serait herculéen.

Avant même de s’étendre sur chaque université à la manière de l’UNEF, notre organisation se donne comme objectif de renforcer et reconstruire les sections locales existantes, et échapper dans un premier temps au schéma de construction/destruction lié aux fonctionnement en cycle de l’UNEF.

Se poser la question de la pertinence et légitimité de chaque action est prioritaire dans la mesure où il est primordial d’assurer la stabilité des sections locales. Pour répondre à des objectifs de long terme établis et décrits plus bas, nous comptons prendre le temps de nous reconstruire, aller plus loin en terme de structuration et renouer avec l’action syndicale comme elle a pu l’être par le passé.

L’important est de ne pas se précipiter, et de consolider nos sections locales. En se dégageant des décisions court termistes liées aux intérêts de structure nationale et qui poussent à faire des choix précipités, nous nous engageons à adapter notre méthode de structuration en réponse aux intérêts étudiants et en adéquation avec la théorisation originelle du syndicalisme étudiant.

En quittant aujourd’hui l’UNEF, nous comptons participer à la construction d’une nouvelle organisation nationale, un syndicat qui soit un véritable outil de solidarité et de lutte pour les étudiant-e-s, permettant de réellement construire un rapport de force national pour gagner des droits. Issu-e-s de plusieurs tendances de l’UNEF, nous défendons ici une vision de l’organisation syndicale réellement efficace, démocratique et transparente, décentralisée, où les étudiant-e-s puissent se saisir des enjeux syndicaux de leur campus et de leur établissement de manière régulière.

Cette vision décentralisée doit permettre de répondre aux besoins syndicaux dans des enjeux locaux concrets permettant de convaincre le plus grand nombre de la nécessité d’organisation pour obtenir des changements concrets.

Cette vision doit pouvoir se conjuguer avec une cohérence nationale faisant le lien entre les différents types d’établissements et les enjeux propres à chaque formation, ainsi qu’une solidarité entre différents secteurs, nos intérêts concernant la formation et du monde du travail étant étroitement liés. Nous faisons aujourd’hui ce choix historique, assumant de porter un coup très dur à l’organisation centenaire des étudiant-e-s.

Nous assumons ce choix, l’UNEF s’enfonçant de jours en jours dans ses contradictions et continuant sans cesse sa descente aux enfers. Nous refusons de voir mourir le syndicalisme étudiant avec cette organisation et faisons ce choix consciemment, dans l’intérêt des étudiant-e-s.

Nous faisons le choix aujourd’hui de partager ces réflexions à un grand nombre de camarades de l’UNEF, toutes tendances confondues, afin de favoriser ces réflexions et de lancer l’alerte sur la gravité de la situation et le refus permanente de la direction de l’UNEF de reconnaître son rôle dans cette situation désastreuse.

Pour conclure, Le choix de quitter le syndicat n’ai aucunement basé sur le fait de privilégier les intérêts d’une tendance aux dépens des autres. Il ne découle pas d’un ego-trip dans une conjoncture qui nous est favorable, mais bien d’une analyse de l’état actuel du syndicalisme étudiant en France et des besoins auxquels l’UNEF ne répond pas du fait des éléments internes et externes décrits plus haut.

C’est avant tout des militant-e-s de l’UNEF qui ont débattu et réfléchi à la pertinence de l’outil que représente l’UNEF en tant que syndicat et sur la possibilité d’en créer un nouveau, plus efficace. Chaque membre y ayant prit part est prêt-e à répondre de ce choix et est ouvert-e à la discussion avec quiconque aura des questionnements quant aux tenants et aboutissants de ce départ.

En effet, il est naturel que des questionnements et des positions non tranchées ressortent de cette lecture et nous invitons chaque militant-e, à chaque strats du syndicat, à s’en saisir. Il est important de comprendre que ce choix n’est animé par aucune animosité envers l’UNEF, puisqu’il n’est pas possible d’en vouloir à une structure.

Au contraire, il est de notre devoir de reconnaître lorsqu’un outil ne remplit pas ses fonctionnalités et de se poser les questions adéquates : Peut-on l’améliorer ?

Est-il obsolète ? Faut-il en changer ? Notre constat nous a poussé à répondre favorablement à la dernière question. Nous comprenons que des camarades portent l’espoir d’une réforme profonde et soient convaincu-e-s que l’UNEF soit améliorable. De part notre longue expérience au sein de l’organisation, nous pensons l’inverse, et cela ne se rapproche en rien de la résignation mais bien d’une réponse aux défauts du syndicalisme étudiant sur nos facs, c’est en ce sens que nous vous tendons la main et souhaitons ouvrir le débat.

Il est de notre responsabilité d’assumer ce débat, il est de la responsabilité de chaque syndicaliste étudiant sincère de s’y investir.

Signataires :Thibaud Moreau, Responsable National de Tendance UAS, Élu CNOUS Stanislas Loeuilliette, BN TUAS Annaelle Mounié, BN TUAS Margaux Thellier, BN TUAS Adèle Labich, BN TUAS Hafsa Askar, BN TUAS Edouard Le Bert, BN TUAS [suivent toute une liste de noms, nous ne mentionnons que les premiers, cadres à l’échelle nationale.] »