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Le lancement du télescope spatial James Webb ou le besoin d’une humanité unifiée

Le lancement du télescope spatial James Webb est l’aboutissement d’une collaboration entre la NASA, l’Agence Spatiale Européenne et l’Agence Spatiale Canadienne.

ESA-M.Pedoussaut

Après vingt années de mise au point et quelques semaines de report, le télescope spatial James-Webb (JWST) sera lancé aux alentours de 13h20 heure française ce vendredi 24 décembre. Si l’opération est un succès, ce télescope va permettre à l’humanité de voir plus loin dans l’univers, donc dans le temps et surtout de trouver des exoplanètes dans d’autres galaxies et peut-être la vie.

Pour voir plus loin dans l’univers, il utilisera la méthode infrarouge et est jusqu’à cent fois plus puissant que son prédécesseur Hubble. Mais pour être complètement opérationnel, il va devoir être envoyé à une distance de 1,5 millions de kilomètres de la Terre. C’est qu’avec la méthode infrarouge, la structure du télescope ne doit pas dépasser – 200°C, il doit donc être suffisamment loin du soleil. Aussi, il est constitué d’un bouclier thermique de 22 mètres de long et 10 de large pour protéger son miroir de 6,5 m² recouvert d’or.

NASA/Chris Gunn

C’est un voyage de près de trois mois qui attends le JWST si le lancement se passe bien. Au cours de ce voyage, il faudra déployer le bouclier thermique, ce qui est une manœuvre jamais réalisée dans l’espace. En effet, faire jouer des mécanismes est très hasardeux compte tenu des conditions extrêmes. 

Ce n’est donc pas le jour du réveillon que l’on saura si l’expérience a été fructueuse. C’est même seulement après environ six mois que les premières découvertes du télescope pourront nous parvenir. Six mois finalement, ce n’est pas grand-chose compte tenu du gigantesque bond en avant dans la connaissance spatiale que le JWST devrait apporter.

Son acuité permettra d’observer des planètes jusque dans des galaxies vieilles de 13,5 milliards d’années lumière et une de ses missions principales sera d’analyser les exoplanètes et trouver lesquelles sont propices à la vie. Les exoplanètes, c’est le nom de planètes qui se trouvent en dehors du système solaire.

Pour cela le télescope est doté d’une technologie permettant de déterminer si l’exoplanète a une atmosphère et si oui, comment elle se compose. Dans le futur, il s’agira de choisir laquelle est la plus à même d’abriter la vie pour monter une mission, d’exploration cette fois.

On est ici dans une épopée qui dépasse l’intérêt immédiat, car devra se décliner sur au moins trois générations.

Le problème, c’est que dans le capitalisme, une telle prouesse humaine a également une double fonction rétrograde. La volonté de découvrir des exoplanètes habitables et propices à la vie sert parfois de caution idéologique à continuer la destruction écologique sur Terre. Détruisons tout, on trouvera bien une autre planète pour y vivre (et recommencer).

Et, surtout, les progrès technologiques visent à irriguer le développement technique de la production et de la consommation capitalistes. S’il y a un aspect science pour la science qui existe subjectivement, objectivement les grands projets s’insèrent toujours dans une mise en perspective utilitariste, commerciale, stratégique. La NASA se veut par exemple entièrement non militaire, mais en pratique elle sert directement l’armée américaine. Les bases technologiques de la navette spatiale sont ainsi passées dans les mains de l’US Air Force pour des vols secrets entièrement robotisés.

Paradoxalement et de manière contradictoire, cette affirmation spatiale correspond aussi a un besoin de l’Humanité toute entière, qui est fascinée par le cosmos, les voyages spatiaux, la découverte de l’univers. Le sens historique du lancement du télescope spatial James-Webb, c’est en ce sens celui du besoin d’une humanité conscientisée, pacifiée et unifiée afin d’assumer les enjeux de compréhension du Cosmos. Du point de vue de l’humanité, on voit à quel point la société, qu’elle le veuille ou non, marche vers le socialisme. 

En attendant, tout cela est déformé, martyrisé, retourné en son contraire, par un capitalisme qui a fait son temps.

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L’ultragauche, CNews, la Guillotière ou le besoin d’un antifascisme politique

Le piège était gros comme une maison et l’ultragauche est tombée en plein dedans.

Le mercredi 24 novembre, Jordan Bardella était l’invité de l’émission « Face à la rue » diffusée sur Cnews et présentée par Jean-Marc Morandini. Cette émission est la quintessence de la stupidité intellectuelle. Elle est une expression d’un débat politique qui est asphyxié par le populisme.

Et forcément, inviter Jordan Bardella, président du Rassemblement National, à la Guillotière à Lyon c’était chercher la provocation en visant à mettre en scène pour le buzz médiatique toute les thèses démagogiques d’extrême droite. Et cela a fonctionné, d’autant plus que l’ultragauche est tombée dans le panneau en organisant un rassemblement d’opposition.

Quand Jordan Bardella vient pour diffuser son poison nationaliste-chauvin, c’est justement pour court-circuiter la lutte des classes, pour saboter toute prise de conscience et toute perspective d’organisation populaire contre le pourrissement anti-social.

Mais visiblement l’ultragauche et les « antifas » ne comprennent pas le rôle politique joué par le fascisme. Ils ne le comprennent pas, car ils ne l’étudient pas, et ne veulent pas raisonner en termes politiques.

C’est pourquoi dans ce contexte, les propos tenus par Eduardo Rihan-Cypel, membre du conseil national du PS, appuie là où ça fait mal :

« Je crois que ce sont des gens de l’ultragauche qui ne sont pas d’accord avec votre venue et notre venue et celle de Joardan Bardella. Il y a une partie de cela où je peux comprendre les choses où ils ont le sentiment qu’on prend les choses en spectacle (…). C’est une quartier dans lequel il y a des difficultés, il y a des problèmes de sécurité, de trafics, et moi j’entends des gens d’ultragauche qui nous disent de nous casser, mais j’aimerais aussi demain qu’ils puissent dire aux trafiquants, au dealers et aux délinquants à eux de se casser du quartier »

Ces propos ont évidemment fait polémique dans un partie de ladite « gauche de la gauche ». En effet, dire que le débat avec le Rassemblement National irait de soi, c’est quelque chose de bien critiquable tout comme d’ailleurs la participation à la mise en scène médiatique est une erreur car cela ne permet pas d’élever le niveau politique et idéologique.

Mais là où Eduardo Rihan-Cypel met le doigt là où ça fait mal, c’est sur la question du pourrissement social !

La Guillotière, c’est un quartier de 31 000 habitants qui s’est largement transformé ces dernières années, sous le poids notamment des résidences étudiantes. Mais pas seulement…

Le problème ce n’est pas que la Guillotière puise historiquement ses racines dans une identité métissée et populaire, un quartier surnommé tout à la fois « la petite Afrique » et le « chinatown lyonnais », mais bien que l’approfondissement de la crise du capitalisme produit une couche toujours plus grande de lumpenprolétaires.

Et le lumpenprolétariat, c’est un mode de vie anti-social, fondé sur le modèle de réussite du gangster, « sans foi, ni loi », avec tout son lot de conséquences en matière de climat délétère pour la vie quotidienne.

A la Guillotière, la situation est telle qu’une petite superette a avancé son heure de fermeture à 17h au lieu de 19h30 à cause des comportements anti-sociaux aux alentours, tout comme l’enseigne MacDonald’s ne sert plus ses immondes burgers en salle mais seulement en vente à emporter (la salle de restaurant étant fermée).

Les personnes liées à l’immigration asiatique ont tiré la sonnette d’alarme, allant même jusqu’à menacer de s’organiser pour assurer leur propre sécurité face aux violences. La cellule du PCF du 7e arrondissement de Lyon est ainsi amenée à parler de « réseaux mafieux qui prospèrent à la vue de tous ».

En manifestant derrière le slogan « Les vendeurs de rue ne sont pas des criminels ! », l’ultragauche montre qu’elle fait partie du problème, et non pas de la solution antifasciste. Il faut vraiment fantasmer sur le réel pour s’imaginer qu’il y a quoique ce soit de positif dans la vente de cigarettes ou tout autre produit de contrebande, sans même parler du climat oppressant pour les femmes.

Et que dire de ces trois individus ridicules, déguisés en daltons, ces personnages de la bande-dessinée « Lucky Luke », et tirant des feux d’artifices sur la police….

Et la misère sociale dira-t-on ? Certes, mais on ne combat pas la misère sociale en étant un anti-social ou en soutenant ce type social décadent, mais justement en proposant un modèle d’organisation populaire en mesure d’assurer une vie sociale réelle.

C’est par exemple ce qu’on fait certains groupes d’extrême gauche dans le quartier d’Exárcheia à Athènes en Grèce, où se mêlent des comités sociaux et groupes d’auto-défense contre ce qu’ils nomment justement le « cannibalisme social ». Voilà une proposition réelle, concrète qui ne court pas après la dénonciation de l’extrême droite mais sait se positionner en pratique pour proposer une solution anti-démagogique, car populaire.

Mais pour cela, il ne faut pas être un petit-bourgeois pourri par la pensée libérale-libertaire.

Bref, il faut avoir saisir la tâche énorme d’un antifascisme capable de briser la démagogie fasciste en le prenant de court sur le terrain pratique de l’organisation de la vie populaire. Un antifascisme politique et culturel, qui va s’avérer d’autant plus nécessaire que le fascisme porté par Marine le Pen, Eric Zemmour et ses relais médiatiques va intensifier la pression.

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Série d’autocollants et affiches pour l’Ukraine

La solidarité est internationale.

Les quatre affiches (au format pdf), puis les modèles d’autocollants.

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Eric Zemmour se prononce contre le pass sanitaire

Ce qui est cohérent avec sa posture.

Si l’on regarde la vaccination, on voit qu’elle était une norme, au sens d’une obligation, dans les pays se revendiquant du communisme dans les années 1940 et 1950, alors qu’inversement le nazisme avait supprimé l’obligation, au nom à la fois d’un esprit individuel libéral et d’une valorisation du mysticisme quant aux guérisons (au nom d’une biologie « aryenne », etc.).

On ne sera guère étonné qu’étant placé à l’extrême-Droite, Eric Zemmour soit contre la vaccination obligatoire concernant la pandémie actuelle. Le nationalisme et le militarisme se posent comme expression du capitalisme, par conséquent il n’y a pas de remise en cause de la base individualiste, même dans des projets capitalistes collectifs comme les grandes entreprises ou… la guerre.

D’où son affirmation sans ambiguïtés comme quoi le pass sanitaire mis en place en France est « excessif », qu’il n’en « voit pas l’intérêt », et d’ailleurs :

« Depuis un an et demi, on a beaucoup joué avec la peur des gens, c’est très excessif, on en fait trop et on en fait trop depuis le début. Lors du premier confinement, on avait l’impression que c’était le blitz, qu’on était bombardé à Londres par l’armée allemande tous les jours, et cela rend service au gouvernement« 

Et de surenchérir :

« Si j’étais président, la dose de rappel, c’est uniquement pour les gens de plus de 65 ans. »

Eric Zemmour joue d’ailleurs sur l’irrationalisme en disant que la pandémie n’est pas « prioritaire », que la question actuelle de la pandémie ne serait finalement qu’un plan machiavélique ; ce serait :

« une habileté tactique d’Emmanuel Macron, de la gauche et des médias que de vouloir en reparler et de vouloir remettre cette question sur le tapis, pour pouvoir changer de sujet. »

Ce sujet étant bien entendu l’immigration ou plus exactement le « grand remplacement », annoncé comme thème monomaniaque et mobilisateur. Seule cette conception permet en effet une modification très prononcée de l’appareil d’État, de la vie intérieure du pays et des stratégies françaises.

Eric Zemmour sait – subjectivement ou du moins objectivement – que plus la pandémie dure, plus c’est la fragilité du capitalisme qui est flagrante. La destruction de la Nature, qui continue d’ailleurs, bouleverse la vie humaine, à cela s’ajoute le réchauffement climatique, la condition animale, la crise économique avec la pandémie, la tendance au militarisme et même les conflits… La pandémie a été la boîte de Pandore de tous les maux capitalistes.

Alors, forcément, comme Eric Zemmour veut réformer la France dans un sens nationaliste et militariste, il doit être monomaniaque, comme l’extrême-Droite l’est toujours. Il s’agit de casser les esprits, de les dresser de manière unilatérale dans une seule direction, adéquate pour faire de la France un pays agressif dans la bataille pour le repartage du monde.

Et en cela il est aidé par une ultra-gauche qui, en ayant combatte le pass sanitaire (tout comme en ayant soutenu les gilets jaunes), a contribué à renforcer l’irrationnel, le refus de la collectivité et donc de l’option socialiste, jouant le rôle de 5e colonne pour Eric Zemmour.

Après tout, Eric Zemmour n’est-il pas un zadiste ayant poussé son raisonnement jusqu’au bout ?

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Un exemple du caractère collective de la pandémie : les mesures autrichiennes

Le collectivisme s’impose coûte que coûte historiquement.

L’Autriche avait déjà décidé de confiner les non-vaccinés. Désormais, il y aura une période confinement pour tout le monde, puis elle ne concernera que les non-vaccinés, qui d’ici févier auront obligation de se vacciner. C’est une mesure forte, d’ampleur collective, quelque chose que le capitalisme voulait éviter coûte que coûte afin de maintenir le libéralisme dans les mœurs. Mais c’est l’échec, la pandémie force au collectivisme.

Que le Tadjikistan et le Turkménistan obligent à la vaccination, cela n’a que peu d’incidence idéologique. Ce sont des pays au régime conservateur autoritaire, des pays dépendants économiquement, et loin des pays capitalistes. Mais qu’un pays capitaliste membre de l’Union européenne prenne une telle mesure « autoritaire », voilà qui ébranle les fondements du libéralisme de manière profonde.

Rappelons ici que des figures « autoritaires » comme Marine Le Pen et Eric Zemmour ne sont pas pour la vaccination obligatoire. L’extrême-Droite a toujours prôné l’individualisme, l’individu « acteur », même dans le cadre du nationalisme, du militarisme et de la guerre. Ils n’ont jamais prôné de valeurs de dimension collective, justement par refus du collectivisme. Ni l’Allemagne hitlérienne ni l’Italie fasciste n’ont été « totalitaires » – les seuls « totalitaires », c’est la Gauche historique, et c’est bien.

On le voit très bien aujourd’hui. Si l’humanité avait été unifiée mondialement et capable d’agir collectivement, alors elle aurait affronté la pandémie avec efficacité. Au lieu de cela, cela a été le chacun pour soi. Cela a été le problème en Autriche d’ailleurs, car si initialement le pays a largement évité les vagues de COVID-19, la décentralisation du pays et le refus d’une large partie de la population à se faire vacciner a fait pencher la balance du mauvais côté.

Remarquons ici l’idiotie capitaliste : contents de fournir des vaccins empêchant les crises graves, ils ont oublié que les vaccinés pouvaient être porteurs de la maladie et la diffuser. Tant qu’une large partie de la population n’est pas vaccinée, le risque reste présent, avec notamment en plus ceux chez qui les vaccins font moins d’effet.

En Autriche, c’est bien entendu l’extrême-Droite qui lutte depuis le départ contre la vaccination et le pass sanitaire. Comme d’ailleurs partout dans le monde… à part en France, où l’ensemble de l’ultra-gauche (anarchistes, trotskistes, etc.) s’y est opposée aussi, ce qui en dit long sur sa nature. Il ne faut pas s’étonner d’avoir des Eric Zemmour et des Marine Le Pen qui ont du succès quand on voit que des idiots « ultra-révolutionnaires » soutiennent les gilets jaunes et s’opposent au pass sanitaire.

De toutes façons, que vont faire ces gens quand le vaccin sera obligatoire, qu’il faudra le renouveler tous les neuf mois ? Rien, parce qu’ils brassent du vent. Et ils le font dans un pays qui n’en a rien à faire d’eux, d’ailleurs, comme il n’en a rien à faire de rien. C’est que la France est un pays de petits-bourgeois et on voit mal d’ailleurs comment elle ferait face à une nouvelle vague de COVID-19. Les gens sont las, ils ont une seule envie : qu’on les laisse tranquille dans leur petite vie. Mais la pandémie est là, car le capitalisme bouleverse les équilibres planétaires. Qu’elle le veuille ou non, l’humanité – et les Français y compris ! – devront remettre en cause leur mode de vie.

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Le « Robert » et le soi-disant pronom « iel »

La bourgeoisie culturelle libertaire face à la Droite.

Une polémique enfle depuis quelques jours sur l’entrée dans le dictionnaire « le Robert » du pronom « iel« . Le site en ligne de l’entreprise qui édite ce dictionnaire a donc été poussé à clarifier son choix par un communiqué, intéressant sur le plan culturel.

Il faut saisir ici que le « Robert » est en soi devenu une référence quasi-académique dans l’apprentissage et l’étude de la langue française. Son fondateur, Alain Rey est une personnalité importante de la Gauche libertaire et intellectuelle, intéressée dans le cadre du développement de la pensée post-moderne à l’étude critique de la langue, de ses usages, avec cette idée que la pensée se formalisant dans des mots, la lutte politique devait par conséquent se focaliser sur les « discours » et les mots pour produire une pensée alternative à l’ordre dominant et à ses injustices.

C’est dans ce sens que le journal hebdomadaire « Le Nouvel Observateur », fondé en 1964 sur une ligne démocrate-libérale qui se voulait alternative à la rupture communiste, présente en 1967 la première édition du dictionnaire en disant : « enfin un dictionnaire de gauche ! ».

Le groupe emmené par Alain Rey dans cette entreprise se place historiquement dans la lignée du dictionnaire bourgeois typique du XIXe siècle : le Littré, qui a été conçu dans les années 1840 comme une tentative de fournir un outil d’étude de grande qualité de la langue, en observant ses évolutions, tout en l’inscrivant dans son histoire et ses héritages, en particulier par le recours à une analyse étymologique qui cherche à se systématiser.

Il y a donc ici un aspect intéressant et juste sur la forme : la nécessité des intellectuels de fournir des outils d’analyse et de compréhension reflétant le réel et sa créativité, en lui donnant une épaisseur, une dimension scientifique correcte.

Les rédacteurs du dictionnaire ont donc raison ici de présenter leur démarche comme rationnelle, soulignant que toute une équipe a scruté sur une période relativement longue les usages, en multipliant les sources etc, et que c’est au terme de cette démarche d’observation qu’il a été discuté et pris la décision collective d’inclure le néologisme dans la version en ligne du dictionnaire.

Mais sur le fond, ces rédacteurs se trompent lourdement.

On peut déjà noter qu’il y a un certain paradoxe à expliquer qu’il a été constaté un usage « croissant » de ce terme dans un « corpus de sources variées », mais qu’en même temps on reconnaisse que son usage est néanmoins faible au point de préciser la mention « rare » dans la définition retenue.

Encore moins convaincant, il est expliqué que cette intégration devait refléter moins un usage qu’aider au débat en clarifiant son sens. Mais cela n’a strictement aucun sens de présenter les choses ainsi. Soit le terme est peu usé et son usage ne peut donc alimenter un débat significatif, soit on l’utilise, même de manière polémique et alors il faut en effet clarifier le sens. Ce que font ici les rédacteurs de fait, c’est prendre position en faveur de ce terme et de son emploi. C’est un acte militant ni plus ni moins.

De plus, le terme ne relève pas d’un nom nouveau, sa « définition » n’est donc pas possible en soi, puisque iel est présenté comme un pronom, devant donc remplacer des noms communs. Son unique caractéristique est que, à l’instar du pronom on, iel peut s’utiliser sans subir de déclinaison de genre.

Or le terme a été forgé essentiellement pour remplacer des noms de personnes humaines, on ne l’utilise pas par exemple pour parler des animaux ou des choses. On peut dire, ou plutôt écrire d’ailleurs, ainsi : les boulangers font du pain / iels font du pain. Mais on ne trouve pas : les maisons sont confortables / iels sont confortables ou les fourmis vivent en communauté/ iels vivent en communauté.

De même, un pronom se décline, selon sa fonction dans la phrase. Par exemple, il peut devenir lui, celui ou son. Mais quels sont les déclinaisons fonctionnelles de iel ? Cela n’a strictement aucun sens de proposer un nouveau pronom, sans en proposer toute la déclinaison. Et il est impossible que des spécialistes de la grammaire comme le sont les rédacteurs du Robert ignorent ce fait.

Enfin, le « corpus » considéré ne semble pas être si large que cela, puisque la définition proposé précise, sous la forme d’un exemple d’usage : « L’usage du pronom iel dans la communication inclusive« . L’usage est donc… le fait de l’utiliser par les gens qui l’ont inventé !

D’une manière générale, ces fautes sur le fond relèvent ici d’une approche formaliste et quantitative de la langue. On peut sans doute penser que les rédacteurs ont eu ici à coeur de promouvoir une sorte d’élan progressiste, d’aider à aller dans le sens d’un usage, ou du moins d’un débat, qui leur semble intéressant.

L’auteur qui parle au nom de la rédaction, reconnaît sa satisfaction à dire que la majorité de ses lecteurs, du moins ceux qui lui ont adressé un message, auraient salué ce nouvel ajout. D’une façon ou d’une autre, le Robert se place en effet au centre d’un débat l’opposant au camp des conservateurs, qui n’ont bien sûr pas manqué de s’indigner sur le sujet.

Ce qui est intéressant c’est que le Robert est entraîné dans ce débat politique, et il ne peut être ici question de hasard quand on voit à quel point les tensions entre les libéraux et conservateurs, au sein de la bourgeoisie et de son appareil culturel, éclatent de plus en plus en conflit ouvert. À sa façon, le Robert tente ici de défendre la Culture, le progrès et même la Gauche en un mot. Ce petit iel est de fait insupportable aux conservateurs et à la Droite. Et ce n’est pas rien sur la forme de se confronter à celle-ci.

Mais si cela peut être vu comme une démarche qui a du coeur sur la forme, elle n’a pas de tête sur le fond. Les rédacteurs ont ainsi eu une démarche quantitative pour appuyer l’introduction du pronom iel dans leur dictionnaire, mais sur le plan qualitatif, cela n’a aucune profondeur.

On peut bien s’amuser à compter de ceci de-là les occurrences d’un néologisme pour prétendre en valider l’usage, mais cela n’a pas de sens si on ne définit pas un périmètre clairement. L’usage de ce pronom est récent, il a moins d’une dizaine d’années, et à en croire les prétentions quantitatives avancées par les rédacteurs du Robert, son usage aurait eu un succès fulgurant.

Alors qu’il est manifeste qu’il est d’abord et presque uniquement un usage militant au sein d’organisations ou de publications liées d’une manière ou d’une autre à la galaxie libertaire et post-moderne de la bourgeoisie culturelle. Le socle est de fait étroit, et sorti de ce milieu, son usage est nul. Et sans les masses rien n’est possible.

À travers cette question relativement anodine, il se joue ici une partie serrée pour la bourgeoisie culturelle libertaire qui essaye de faire face à la Droite. Mais comme elle n’a ni profondeur populaire ni conscience politique développée, le sol se dérobe sous ses pieds. Ses théories intellectuelles abstraites ne rencontrent de fait aucun écho populaire.

Si le Robert avait eu une réelle dimension démocratique, il y aurait une maîtrise de la forme et du fond. Par exemple, comment expliquer l’importance donné à ce pronom si peu usité et ne pas faire entrer le mot crush qui désigne une émotion amoureuse soudaine, voire inopportune, un peu irrationnelle, que l’on oppose au vrai sentiment développé, profond et prolongé de tomber amoureux.

L’usage du terme crush est bien plus massif que celui du pronom iel et c’est un véritable nom, reflétant une réalité tout à fait sensible et vécue, plus intéressante à développer dans un dictionnaire, pour en exposer l’étymologie, le parcours dans notre langue et en saluer ce que la conscience populaire qui l’emploie, entend définir par son usage.

Au fond, tout le problème est là donc. L’usage de ce pronom iel se voudrait une solution intellectuelle à un réel problème populaire, relevant de la question du féminisme. Mais comme ces intellectuels imaginent que ce pronom astucieux aurait en soi une charge progressiste, et encore faudrait-il alors en exposer les tenants et les aboutissants dans la définition, ils imaginent que cela sera en mesure de faire face au conservatisme étroit de la Droite, ou ouvrira un débat permettant à la Gauche culturelle de se réaffirmer.

Mais à un problème populaire il faut une solution démocratique, à la Droite, il faut donc opposer une Gauche réellement populaire et démocratique. Le débat pathétique autour du l’usage ou non du pronom iel illustre que la partie est en train de se finir pour la bourgeoisie culturelle libertaire. Celle-ci entrevoit toujours plus nettement, à mesure que se développe la Crise, son possible écrasement par une Droite devenue hégémonique et offensive.

Un espace s’ouvre ainsi pour l’affirmation d’une Gauche revenue sur ses fondamentaux, et assumant la lutte des classes, à la remorque de laquelle les éléments les plus avancées de la bourgeoisie culturelle doivent maintenant se placer. Cela relève d’une nécessité historique qui n’est pas contournable.

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Les Français apprennent dans les médias le changement de couleur du drapeau national

C’est littéralement surréaliste.

C’est à peine croyable et en fait cela en dit long sur la société française. Le drapeau national a changé de couleur, a-t-on appris par les médias, et encore ce changement a trois ans déjà! Il inverse le choix de 1976, un choix dont d’ailleurs personne n’était au courant de toutes façons.

Voici les trois drapeaux: avant 1976, à partir de 1976, puis à partir de 2018.

Le changement de 1976 avait été réalisé par la président de la République Valéry Giscard d’Estaing. Chef de file de la bourgeoisie moderniste, avec notamment Simone Weil, il voulait montrer que la France s’intégrait dans le projet européen. Le bleu du drapeau devint moins « agressif » en prenant le ton du drapeau européen (dont le bleu et les douze étoiles sont très clairement des allusions chrétiennes, dans le sens de la démocratie-chrétienne).

On notera au passage que Valéry Giscard d’Estaing avait… ralenti la Marseillaise, François Mitterrand rétablissant le rythme par la suite. Et là, donc, on apprend qu’a eu lieu un autre « fait du Prince », avec un nouveau changement consistant en un retour au drapeau d’avant 1976, c’est-à-dire un remplacement du bleu cobalt (de l’Union européenne) parle bleu marine (présent à l’origine).

Le Figaro résume cela ainsi:

« L’Élysée a modifié le bleu du drapeau tricolore accroché à son fronton pour revenir au bleu marine d’avant-1976, a confirmé lundi la présidence française, évoquant «l’imaginaire des Volontaires de l’An II, des Poilus de 1914 et des Compagnons de la Libération de la France libre».

Ce changement pour un bleu plus foncé, opéré en toute discrétion, s’est appliqué d’abord aux drapeaux posés derrière les allocutions d’Emmanuel Macron à partir de fin 2018, puis pour ceux accrochés au fronton de l’Élysée et des autres bâtiments de la présidence depuis 2020. »

Mais on apprend en même temps que la démarche est incitative : il ne s’agit pas de forcer au changement du bleu. Ce qui implique que deux nuances de bleu vont coexister… Le libéralisme, jusqu’aux couleurs du pays! Il faut dire que la constitution française – un pays pourtant pointilleux sur les détails de par sa culture historique – ne précise pas de quel bleu il s’agit, parlant seulement de bleu, blanc et rouge.

Qui plus est, il y a déjà des usages : lorsque c’est un drapeau qui flotte par exemple sur une mairie le bleu est sombre, dans des documents il est clair, etc. Bref, c’est à n’y rien comprendre et tant mieux, car cela montre que si les Français savent être des idiots chauvins totalement aveuglés, ils se désintéressent de tout fanatisme outrancier. Personne n’en a rien à faire du changement de couleur!

C’est quelque chose de vraiment marquant. Le président change les couleurs du pays, et les gens disent : ah bon, pourquoi pas, il n’a rien d’autre de mieux à faire, bof, oui, ok, etc. C’est très surprenant, dans un autre pays cela serait une question nationale, même là où on ne s’y attend pas. Il suffit de penser, par contraste, au fanatisme « soft » qu’on trouve en Suède, par exemple, pays où les gens se veulent ouvert au monde mais où le drapeau est présent partout (jusqu’aux couleurs de sacs Ikea) et où critiquer le pays est un crime de lèse-majesté.

C’est là qu’on voit qu’un type malsain comme Eric Zemmour peut déverser sa propagande et même réussir son entreprise nationaliste, mais qu’au fond cela ne tiendra pas, parce que les gens en France ont une autre envergure que du néo-pétainisme. Malheureusement, les gens étant fainéants, la catastrophe peut arriver avant que le nationalisme n’échoue…

Et en même temps, tout ce chaos au sujet du drapeau montre que l’État a totalement perdu les pédales, qu’on a affaire à une administration prenant des mesures on ne sait trop comment, on ne sait trop pourquoi, au point que le drapeau national a changé et que les gens ne le savent même pas. C’est littéralement n’importe quoi et en fait c’est à l’image d’un pays où on laisse faire les choses et une fois qu’elles sont installées, on les valide, en disant qu’on ne peut pas faire autrement et qu’après tout, pourquoi pas.

Là il y a un vrai travers français.

Cela montre aussi que la France est un pays à bout de souffle, sans esprit d’unité. Ce qui est logique, car la lutte des classes a démoli une unité nationale temporaire historiquement, aidé par l’inévitable mondialisation (malheureusement encore capitaliste). Il faut une nouvelle unité, populaire, dont le drapeau ne pourra qu’être rouge. Pour cela il faut un romantisme propre à la Gauche historique. C’est d’elle dont on a besoin, et pas de la gauche caviar ni de la gauche kebab.

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Un quart des français alcooliques?

L’alcool, un fléau national.

L’organisme publique Santé publique France a publié mardi 9 novembre 2021 des chiffres ahurissants à propos de la consommation d’alcool en France. D’après une enquête statistique réalisée auprès de 15 000 personnes en 2020, 23,7% de la population âgée de 18 à 75 ans a une consommation d’alcool considérée comme étant sérieusement à risque.

En 2017, un groupe d’experts a été mandaté par Santé publique France et l’Institut national du cancer pour définir un repère quant à ce risque lié à l’alcool. Leur conclusion a été la suivante :

« Si vous consommez de l’alcool, il est recommandé pour limiter les risques pour votre santé au cours de votre vie : de ne pas consommer plus de 10 verres standard par semaine et pas plus de 2 verres standard par jour ; d’avoir des jours dans la semaine sans consommation. »

Ce qui saute aux yeux, c’est que ce « repère », cette limite de risque, est déjà très élevé, correspondant à une consommation intensive d’alcool. Précision qu’il ne s’agit pas de dire qu’une consommation inférieure à ce repère est sans risque.

Comme l’explique l’Assurance maladie (qui a la charge de payer les dégâts de l’alcool) en présentant ce « repère » déterminé en 2017 :

« Il n’y a pas de consommation d’alcool sans risque, mais des consommations à risque plus ou moins élevé. Il n’existe donc pas de seuil de consommation qui permettrait à coup sûr de limiter les risques pour la santé tout au long de la vie. » 

Hors, d’après l’enquête statistique publiée récemment, même avec un « repère » très élevé, ce sont encore près du quart des gens qui dépassent la limite. Et le chiffre est encore plus grand si on ne considère que les hommes (de 18 à 75 ans), soit 33,2 %.

Il est difficile de trouver une définition quantitative de l’alcoolisme, car celui-ci est plutôt considéré de manière qualitative, avec la dépendance d’une part et l’existence de dégâts psychiques et physiques avérés d’autre part.

Difficile toutefois d’écarter cette idée de la dépendance quand on parle de gens buvant plusieurs verres tous les jours. Difficile également d’imaginer que cela puisse se faire sans dégât, au moins en germe. Cela donne donc un quart de la population française qui est probablement alcoolique, en tous cas avec une consommation la plaçant au bord du gouffre.

C’est énorme. L’alcool est un véritable fait national en France, comme dans de nombreux pays. Plus de la moitié des personnes ayant répondu à l’enquête statistique (55% des 18-75 ans) avait consommé au moins un verre d’alcool au cours des 7 derniers jours. Et 19 % d’entre-eux déclaraient même avoir conscience d’un risque, avec la volonté de réduire sa consommation.

Il y a donc une immense bataille culturelle et sanitaire, mais surtout culturelle, à mener sur ce sujet. L’alcool est ultra présent dans les mœurs, de manière tout à fait banale, alors qu’il s’agit d’un produit extrêmement dangereux aux effets dévastateurs connus.

Il y a eu des progrès certes, notamment grâce à la loi Evin qui depuis trente ans a permis à la société de se prémunir un peu contre les lobbies et le business de l’alcool. Il faut cependant toute la puissance sociale d’une Gauche forte, populaire, ancrée dans le réel, pour faire le poids face à un tel problème.

C’est d’ailleurs un thème fondamental pour la Gauche historique, celle du mouvement ouvrier, qui a toujours combattu l’alcoolisme et dénoncé les dangers de l’alcool. Aucun esprit rationnel et tourné vers le progrès ne peut en effet relativiser ce qu’est l’alcool, encore moins dans un pays comme la France où il est partout et tout le temps présent.

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Zoo du Bouy: une pseudo condamnation reflétant l’horreur de la condition animale

C’est une preuve que rien ne change.

On ne peut même pas parler de condamnation dans cette affaire ou bien cela implique que le droit, en fait, n’existe que de manière apparente pour ce qui concerne les animaux. Et c’est bien le cas, mais là c’est dans de telles proportions qu’on ne peut qu’être estomaqué.

L’affaire concerne l’ancien propriétaire et gérant du zoo de Bouy, dans le Puy-de-Dôme, jugé à Clermont-Ferrand. Trafic international d’espèces protégées, maltraitance envers les animaux, utilisation irrégulière… il y avait 14 motifs d’inculpation et pour la plupart, le tribunal a considéré que la personne était coupable.

Le zoo en question avait été fermé par l’État en 2015, alors que depuis quatre ans, 200 animaux étaient morts dans des conditions terrifiantes, c’est-à-dire par la faim, le soif, l’absence de soins. La Fondation 30 millions d’Amis avait pris par la suite 150 animaux en charge.

La condamnation? La voici, chaque aspect étant incohérent :

  • 18 mois de prison avec deux ans de sursis probatoire. Pas de prison ferme.
  • Interdiction à vie de posséder des animaux. Mais droit dans cinq ans d’exercer une profession en rapport avec les animaux!
  • 1000 euros à payer à quatre parties civiles sur six (30 millions d’amis, la fondation Brigitte Bardot, l’association Stéphane Lamart et la fondation Assistance aux animaux). 4000 euros au total donc, ce qui n’est rien du tout au final.

On doit ici bien parler de pseudo-consommation du point de vue des animaux. Ce sont des peines insignifiantes eu égard au crime. Seulement il faut bien l’admettre : dans cette société, ce ne sont pas des crimes, et d’ailleurs la personne a été jugée par un tribunal correctionnel, qui s’occupe justement seulement des délits.

On le voit bien d’ailleurs lorsque le tribunal dit que la personne n’a pas le droit personnellement de posséder des animaux mais qu’elle a le droit professionnellement d’exercer une activité en rapport avec eux. Il y a une dissociation vie personnelle / vie professionnelle qui est aberrante et dont le sens réel est en fait de protéger les zoos et toutes les activités de ce type.

Le tribunal a reproché à la personne concernée d’avoir mal gérée et l’a condamné en conséquence, elle ne lui a pas reproché un crime. Et c’est là tout le problème.

Cela montre à quel point il faut radicalement changer les choses et les états d’esprit. Et déjà il faut saisir cela : la condition animale n’avance pas, c’est impossible dans le capitalisme. Les structures comme L214 ou le Parti animaliste sont des menteurs et des opportunistes, ce sont des marchands d’illusion.

La réalité est que la société est décadente, que donc les choses empirent, et qu’elles empirent avant tout pour les animaux, tous les animaux, comme le montre cette affaire qui concerne tant les animaux « apprivoisés » que les animaux sauvages victimes de trafics.

Ce qu’il faut comprendre, c’est l’alternative Socialisme ou barbarie et qui ne saisit pas la question animale est une partie du problème, pas de la solution.

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Pourquoi les gens de Gauche ne prennent-ils pas Eric Zemmour au sérieux?

C’est une constante qui risque de coûter très cher.

C’est un véritable phénomène de société : les gens de gauche sont horrifiés par Eric Zemmour mais, en même temps, ne le prennent pas au sérieux. Ils pensent que c’est quelqu’un de bruyant diffusant des valeurs rétrogrades, qu’il donne la nausée. En même temps, ils pensent que c’est juste un accident médiatique et qu’il n’est que passager.

Il y a deux problèmes majeurs qui découlent de cela. Tout d’abord, cela ne permet pas de comprendre l’immense impact qu’il a sur la société française. La Droite est galvanisée et même si Eric Zemmour disparaissait du paysage demain, de nombreuses autres figures le remplaceront. Ensuite, il n’y a pas de raison qu’il disparaisse. Et là la conséquence horrible s’il se maintient, c’est que les mêmes gens, n’ayant pas compris la menace qu’il représente, dise : Macron-Zemmour au second tour, je m’abstiens, car cela revient au même.

Le fondement même de tout ce raisonnement est apolitique, littéralement anarchiste. Cela reflète une incapacité à analyser la situation politiquement, c’est-à-dire en termes de classe et de besoins de ces classes. Peu importe en effet ici qu’Eric Zemmour soit seulement Eric Zemmour. Ce qui compte, c’est le rôle qu’il peut jouer pour une haute bourgeoisie prônant un virage nationaliste et militariste. Et là, non seulement il joue déjà un rôle significatif, mais même demain il peut jouer un rôle de premier plan, s’il s’adapte suffisamment à ce qu’on attend de lui.

Aurait-on oublier que l’Allemagne et l’Italie, deux pays de très haute culture, ont accueilli à bras ouverts Adolf Hitler et Benito Mussolini, deux insultes à la culture? Ces deux criminels s’étaient parfaitement insérés politiquement dans les attentes de la haute bourgeoisie et ils ont été portés au pouvoir.

Car Eric Zemmour n’avance pas seul. Ce n’est pas un phénomène individuel, mais historique. On voit bien d’ailleurs comment les médias l’ont littéralement mis en place comme figure politique. Alors pourquoi ne pas le prendre au sérieux? Pourquoi s’imaginer que ces mêmes médias ne peuvent pas aller plus loin, que la haute bourgeoisie ne peut pas le pousser?

Après tout, Emmanuel Macron a pareillement été une marionnette portée à bout de bras par la fraction la plus moderniste de la bourgeoisie. Du jour au lendemain, il a eu des fonds et un mouvement politique avec des cadres. Tout a été produit artificiellement en peu de temps. Pourquoi cela ne pourrait-il pas être pareil avec Eric Zemmour?

Ce qu’il faut voir aussi, c’est que les gens de gauche sont comme l’ensemble des Français, ils sont blasés, ils ne pensent pas vraiment que quelque chose puisse arriver. Ils ne considèrent pas qu’il y ait une crise ou du moins font-ils confiance au capitalisme pour la résorber, comme il l’aurait toujours fait. Ils ont en fait perdu le fil de l’Histoire, car qui regarde l’Histoire sait que la crise se résout par l’écrasement des travailleurs à l’intérieur du pays et l’expansion à l’extérieur.

Eric Zemmour, c’est la guerre. Qui ne le voit pas n’a pas saisi les principes à l’oeuvre dans l’Histoire. Eric Zemmour, c’est le fascisme. Et l’existence de Marine Le Pen n’affaiblit pas cette proposition, bien au contraire elle la renforce parallèlement, elle ajoute à l’entreprise de démolition anti-démocratique qui est en cours.

C’était bien la peine de se moquer des Américains avec Donald Trump si c’est pour agir avec la même passivité complice, avec le même dédain intellectuel, avec la même incompréhension de la gravité de la situation !

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Pourquoi il faut parler cyclisme

Un sport de riches pratiqué par des pauvres, un symbole du socialisme.

Il n’y a rien de plus français que le Tour de France, il n’y a rien de plus populaire que le Tour de France. Et si l’on regarde bien, il y a dans le cyclisme quelque chose qui est par définition même ce qui est la Gauche historique.

De quoi s’agit-il ? Tout simplement de ce fait capital que le cyclisme est un sport de riches pratiqué par des pauvres. Et ça, ça change tout.

En effet, le football, par exemple, a un profond travers, c’est son immédiateté. Cela lui confère une base de masse qui, en fait, est fictive. Si tout le monde aime taper dans un ballon ou jouer avec une balle, il apparaît très vite que le football, on en fait vite le tour. Les Français ne sont pas les Brésiliens et leur affection pour le jeu de balles.

Et si supporter un club est une forte tradition en France parfois, il n’y a pas de réel public de masse à grande échelle pour autant en France et une des preuves de cela est qu’il n’y a pas réellement plusieurs clubs par ville contrairement à beaucoup d’autres pays. Le football est présent, mais il n’est pas validé et il n’existe d’ailleurs pas dans notre pays sans faire face, tel un yin et yang, au rugby.

Car les Français aiment l’esprit et le style, ce que le football ne permet pas dans une large mesure, le rugby étant son inverse. Le cyclisme le permet par contre par la grâce de ses courbes, ses codes et surtout son esprit. Mais ce trait national-démocratique français – qu’aucun nationaliste ou cosmopolite d’ultra-gauche ne comprendra jamais en raison de leur incapacité à fournir des efforts culturels prolongés – a un contenu socialiste de par un aspect substantiel.

Le cyclisme a ceci ici en effet de très différent par rapport au football que c’est une activité qui exige un investissement financier et intellectuel. C’est accessible sans réellement coûter quelque chose, puisqu’on peut rouler ici ou là gratuitement, même si parfois il faut se déplacer en voiture ou en train pour y accéder.

Par contre, le matériel coûte cher, très cher. 1500 euros un vélo correct, 150 euros le cuissard cycliste long et 90 euros pour le haut, 60 euros le casque, 30 euros pour des gants mi-saison et 150 euros pour des chaussures, sans parler des chaussettes, de la pompe à vélo, un lubrifiant pour la chaîne, des pneus à changer régulièrement, etc.

Et faire du vélo c’est se préoccuper de savoir que faire en cas de crevaison, c’est faire l’effort de chercher les routes où l’on peut rouler, etc. Ce n’est pas taper dans un ballon en bas de chez soi. Le football, c’est d’ailleurs accepter l’urbanisation, la ville, alors que le cyclisme, c’est la fuir tout en l’assumant sur le plan matériel au niveau de la modernité et de la culture.

Cela fait que le cyclisme pratiqué par les pauvres implique une exigence socialiste, car c’est dire: nous sommes pauvres, mais nous voulons la richesse matérielle afin de pouvoir nous épanouir, développer nos facultés, pour nous tourner vers la nature depuis la culture.

Phénomène récent devenant de masse, le gravel bike est grosso modo un vélo de course avec des roues valables pour le gravier, le sable, les chemins… permettant des parcours plus marquants que ceux purement routiers et sans la lourdeur des VTT

Seul le capitalisme développé permet d’ailleurs une telle démarche. Il y a une incroyable montée en puissance du cyclisme en France : dès les années 1920-1930 il y a des comptes-rendus en première page de l’Humanité, puis les années 1960 marquent le début d’une consécration culturelle nationale.

La pandémie a, de manière marquée, encore plus renforcé la présence du vélo, mais cela est par contre vrai dans tous les pays occidentaux, comme d’ailleurs l’expansion des pistes cyclables et marquages cyclables sur les routes. C’est un aspect important, mais là n’est pas l’essentiel.

L’essentiel, c’est que le cyclisme implique des pauvres ne s’enfermant pas dans l’immédiateté, faisant des efforts prolongés et conscients pour vivre mieux. Il y a là tout un symbole.

Et puis bien sûr il y a la dimension sportive, prolétaire, bien loin des pouilleux zadistes ou des syndicalistes toxicomanes. La Gauche historique a toujours souligné l’importance de la santé, du bien-être physique et mental.

Voilà pourquoi il faut parler cyclisme, car le cyclisme parle de lui-même à l’esprit français, tout comme le font le Varzesh-e Pahlavani en Iran, le tennis de table en Chine, le hockey sur glace en Tchéquie, le ski en Autriche, le cricket au Pakistan et en Inde, le volleyball au Sri Lanka…

Et cela, c’est de la culture, démocratique : c’est avec cela qu’on écrase le fascisme, et avec rien d’autre.

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On ne combat pas le fascisme chez Cyril Hanouna ni Vincent Bolloré

Seule la Gauche historique possède le volume nécessaire contre l’extrême-Droite.

Le capitalisme développé a réussi à mettre en place des démarches emprisonnant littéralement les gens sur le plan de la culture et des mentalités. Que ce soit Koh Lanta, Netflix ou TikTok, on parle ici de constructions visant à produire la passivité et à réduire la pensée à une sorte de magma instinctif.

L’émission « Touche pas à mon poste! » est emblématique depuis une décennie déjà de la course au crétinisme par l’intermédiaire du voyeurisme et de la stupidité. Son animateur, Cyril Hanouna, est désormais l’une des figures les plus connues (et appréciées) de France ; indéniablement intelligent, il s’est mis au service de la futilité consommatrice, de l’écrasement de l’intelligence. Les procédés sont insupportables, cela fonctionne dans un mélange de racolage et stupidités, c’est odieux.

Pourquoi des gens sont-ils alors allés dans une telle émission pour parler d’antifascisme? Quel sens peut-il y avoir à cela? Le sens de cela, c’est qu’il y a des gens qui ne veulent pas rompre avec le capitalisme, qui en accepte donc les règles, et qui s’imaginent pouvoir changer les choses de l’intérieur du capitalisme.

D’ailleurs, une personne de l’association L214 est également passée dans l’émission le lendemain, le 28 octobre 2021. Comme si on pouvait changer les choses en faveur des animaux dans une émission structurée pour vider les esprits et amener à une consommation passive. Il n’y a pas « Touche pas à mon poste! » sans McDonald’s, et inversement.

Tout comme il ne peut pas y avoir « Touche pas à mon poste! » sans Didier Raoult et inversement. Celui-ci est passé également le 28 octobre 2021, mais c’est une habitude pour ainsi dire (il y était même encore tout récemment, le 19 octobre).

Il est donc totalement absurde, et absolument incompatible avec l’antifascisme, de se pointer à une telle émission, comme l’a fait le 27 octobre le porte-parole de la « Jeune Garde« , et de porter une pseudo-contradiction à une activiste d’extrême-Droite, Juliette Briens, tenant des propos violents et caricaturaux. C’est simplement servir le spectacle racoleur de « Touche pas à mon poste! ».

Malheureusement c’est inévitable de la part de gens qui considèrent que le fascisme se combat « dans la rue ». C’est là une conception « ultra » qui a déjà été rejetée par l’antifascisme dans les années 1920-1930, parce que le fascisme vise justement, par sa violence, à empêcher la politique et à faire perdre son temps à la Gauche par des escarmouches.

Le fascisme ne se combat pas dans les rues ni sur les plateaux de télévision. Le fascisme est un processus historique d’un capitalisme en crise se militarisant et allant à la guerre. Telle est la conception de la Gauche historique qui vise, par conséquent, à assumer la politique, l’idéologie, la culture, bref la conscience. Ce n’est pas le spontanéisme, ce n’est pas la précipitation, ce n’est pas le spectaculaire.

On notera d’ailleurs que Cyril Hanouna a mis en place en 2010 la société H2O Productions, qui les deux premières années appartenait majoritairement à Havas. Havas est alors une filiale du groupe Bolloré. C’est d’ailleurs le groupe Bolloré qui possédait la chaîne C8. Celle-ci est vendue à Canal +, mais Canal + est vendu à Vivendi, dont le principal actionnaire est… Vincent Bolloré.

Vincent Bolloré qui possède donc CNews qui est la chaîne d’informations qui est un des très grands vecteurs de l’extrême-Droite, qui a propulsé Eric Zemmour.

Ce qui fait pour résumer qu’on est censé avoir de « l’antifascisme » mis en avant dans une des pires émissions mondiales de la stupidité et du racolage, sur une chaîne appartenant à Vincent Bolloré, milliardaire propulsant les idées d’extrême-Droite et Eric Zemmour !

Il va de soi que cela ne tient pas une seule seconde, ni intellectuellement, ni culturellement, ni idéologiquement, ni politiquement. Ce qui montre que l’action antifasciste ne peut se fonder que sur la conscience politique et viser la conscience politique, afin de ne pas se faire piéger. Et cette conscience politique ne peut se fonder que sur la Gauche historique, pour qui le fascisme c’est le capitalisme en crise pressurisant les travailleurs et cherchant en la guerre un moyen de s’en sortir.

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Le tournant national-populaire d’Eric Zemmour

L’orientation nationale-populaire s’affirme.

Dans une énième interview qu’il donne en ce moment, en l’occurrence à Thinkerview le 20 octobre 2020, Eric Zemmour a tenu des propos très importants pour comprendre son orientation. Il a dit en effet:

Ce n’est pas la colonisation qui a permis le développement économique de la France : ce sont les ouvriers français !

Cela est tout à fait juste, même si évidemment c’est unilatéral car le capitalisme français a, dans son exploitation des ouvriers, bien entendu profité d’un colonialisme lui procurant des matières premières à bas prix et des débouchés.

Ce qui compte ici c’est toutefois la thématique ouvrière et ces propos font écho à ceux tenus lors d’une conférence interview à Versailles devant le courant catholique conservateur. Eric Zemmour y a expliqué que la « Manif pour tous » a échoué pour avoir été trop « bourgeoise ». Voici ce qu’il a dit:

La Manif pour tous, en majorité bourgeoise, a échoué parce que les classes populaires y sont restées étrangères. 

Il faut trouver les axes qui rassemblent ces deux sociologies. Le sujet qui rassemble, c’est la question au sens large identitaire et de l’immigration. Les autres combats ne sont pas moins importants mais vont nous faire perdre. Il faut avancer avec le thème qui rassemble. Ensuite nous verrons bien.»

D’un côté, Eric Zemmour va à Milipol Paris, un grand salon du militarisme, de l’autre, il commence à parler des ouvriers, de la défense de leur niveau de vie. C’est là un grand écart typique du fascisme. Le fascisme c’est en effet une mobilisation de masse combinée à une révolution technocratique de l’appareil d’Etat.

Eric Zemmour travaille ainsi à ce que que l’occidentalisme qu’il professe se transforme en vague nationale-socialiste alliée à une révolution conservatrice, tout comme dans les années 1930 en Allemagne ou les années 1920 en Italie. Il veut des intellectuels technocratiques servant la haute bourgeoisie et un mouvement beauf élémentaire ayant une dimension de masse.

Il a un double discours, un pour chaque « sociologie », avec comme fil conducteur et moyen d’unifier ses propos un occidentalisme qui n’est en fait que le masque d’une France impérialiste agressive rejoignant de manière acharnée la grande bataille pour le repartage du monde.

Il veut concrètement ajouter à Marine Le Pen ce qui lui manquait, une « respectabilité » grande-bourgeoise, et tant qu’à faire remplacer Marine Le Pen elle-même en prenant la tête d’un mouvement « occidentaliste » populaire. C’est là une tâche malaisée, mais au moins Eric Zemmour parviendra-t-il à puissamment contribuer au bloc « conservateur révolutionnaire » et rien que cela, c’est un danger terrible.

Dans tous les cas, on est en train de connaître une période où la Droite avance tel un bulldozer.

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Zemmour ou le prix à payer de la fainéantise intellectuelle française

Le type est nul intellectuellement, mais la France aussi.

La France a une longue tradition intellectuelle. Elle commence avec l’humanisme et se prolonge jusqu’aux années 1960-1980. Cela veut dire qu’il y a des gens qui lisent, qui comprennent ce qu’ils lisent, qui assimilent ce qu’ils lisent. Le niveau intellectuel des radicaux de gauche est très élevé à la fin du 19e siècle ; Jean Jaurès est un socialiste érudit maniant le verbe avec précision, tout comme la vague intellectuelle catholique spiritualiste des années 1920-1930 était de haute volée.

Autrement dit, pour être crédible il faut avoir un certain niveau et si l’on excepte le PCF des années 1950, jamais une Gauche contestataire (ou révolutionnaire ou ce qu’on voudra) n’a ne serait-ce qu’ébranlé l’immense dispositif intellectuel traditionnel français. D’où le fait de se rattacher d’une manière ou d’une autre à l’existentialiste Jean-Paul Sartre durant les années 1960-1970 (surtout pour les maoïstes) ou de confier les clefs de la Gauche à François Mitterrand, qui vient d’une tradition de centre-droit voire de droite.

C’est d’ailleurs pour cela que les Français, malgré leurs sympathies souvent pour la Gauche (et la gauche de la Gauche), restent « raisonnables ». Apprécier Olivier Besancenot, Arlette Laguiller ou Philippe Poutou, peut-être. En faire des ministres, ce n’est pas sérieux.

On dira que c’est pareil pour Eric Zemmour. C’est vrai, mais Eric Zemmour est dans la même lignée que les populistes, Donald Trump Hier, Mussolini hier. On leur demande de capitaliser sur l’irrationnel afin d’orienter la société en un certain sens. Les vrais clefs de la maison, ce ne sont pas eux qui les ont, mais tout un appareil bureaucratique militarisé en étroite liaison avec des factions organisées dans la haute bourgeoisie.

Ce qui fait que si les Français se sont moqués souvent des Américains assez idiots pour suivre Donald Trump, on est dans le même cas de figure. Car si Eric Zemmour peut raconter n’importe quoi n’importe comment, c’est parce qu’en France plus personne n’a de cohérence intellectuelle, de références sérieuses, de raisonnements approfondis. Il suffit de voir comment des gens de gauche se précipitent dans la valorisation de l’idéologie LGBT en provenance directe du capitalisme américain et diffusée sans relâche par ses grands groupes.

Ce dernier exemple est parlant parce qu’il permet justement à Eric Zemmour de disqualifier la Gauche et d’embarquer les gens dans ses aventures intellectuelles farfelues idéalisant la France du passé. C’est du bricolage, cela se voit, mais au lieu qu’on dise : le type est farfelu, on lui accorde de l’attention. Pendant ce temps-là, qui raisonne vraiment est mis de côté car pas assez spectaculaire, pas assez vendeur, pas assez outil pour le narcissisme et les rodomontades.

Eric Zemmour attire ainsi la curiosité et, malgré qu’il soit une coquille vide, il fascine et il est apprécié. C’est ridicule et peut-être demain la France s’en lassera. Il le sait, d’où qu’il ne se soit pas encore présenté. Il sait qu’il représente une imposture. Mais il sait aussi que la France aime les impostures si elles renvoient une image idéalisée d’elle-même, surtout quand elles sont bien empaquetées par des forces capitalistes y voyant un intérêt pratique (qu’on pense à Napoléon Ier, Napoléon III, Pétain en 1940, de Gaulle en 1958).

Dans tous les cas, si la France n’avait pas laissé s’effondrer son niveau intellectuel, Eric Zemmour ne tiendrait pas une seconde. Rien qu’un débat avec Georges Pompidou ou François Mitterrand et il aurait été balayé. Seulement le capitalisme est décadent et le meilleur de ce que produit la bourgeoisie version Le Figaro, c’est lui. C’est lamentable.

Quel dommage de ne pas avoir une Gauche au niveau en face face à une telle médiocrité, une Gauche historique, porteuse d’intelligence et de culture, de morale et de principes!

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Rapport entre les classes Société

La fin de la maison individuelle exige une rupture à la hauteur du problème

La ministre du logement a soulevé une pierre bien trop grosse pour elle.

Jeudi 14 octobre, Emmanuelle Wargon, la ministre du logement, a fait une sorte de conférence-restitution d’ateliers réunissant des citoyens, des professionnels, des experts, etc., autour de la thématique « Habiter la France de demain ». Lors de cette conférence-restitution, elle a déclaré la chose suivante :

Le modèle à l’ancienne du pavillon avec jardin, dont on peut faire le tour, n’est plus soutenable et nous mène à une impasse. L’histoire de l’urbanisme en France a été marquée par des évolutions culturelles ; des idées ancrées dans leurs époques dont les effets visibles aujourd’hui ont été plus ou moins heureux.

Dans la période la plus récente, nous sommes passés d’une urbanisme de grands ensembles (…) à un fonctionnement urbain de plus en plus éloigné des centres-villes et de plus en plus dépendants de la voiture individuelle. Cela a créé de nouveaux territoires périphériques, à l’urbanisation pavillonnaire, dépourvus d’espaces publics (…). Nous devons assumer de mettre ce modèle derrière nous.

Ce modèle d’urbanisation qui consacre chaque espace à une fonction unique, qui dépend de la voiture pour les relier est désormais dépassé et constitue finalement une impasse écologique, économique et sociale.

Cette description des choses est tout à fait juste et justifiée. Mais cela heurte à la fois des traditions culturelles et des intérêts économiques immenses, qui n’ont pas manqué de se faire entendre. Dans les heures qui ont suivi ces propos, la polémique a enflé, avec la constitution d’une sorte de front uni de la Droite et des magnats de l’immobilier.

Les propos récents de la ministre ont d’autant plus agacés le secteur de l’immobilier qu’il se trouve confronté actuellement aux pénuries de matériaux et qu’il s’inquiète du principe du « zéro artificialisation nette » inscrit dans la loi climat et résilience alors même que l’appétits pour la maison individuelle a grimpé depuis la crise sanitaire.

Le président de la Fédération française des Constructions de Maisons Individuelles s’est dit ainsi « révolté contre de tels propos tenus par une élite parisienne dite écologique et pourtant très loin des territoires ». Le président de la Fédération française du bâtiment a contre-attaqué contre « la stigmatisation persistante de l’habitat individuel, à contresens des aspirations des Français ». Eric Zemmour a critiqué des « moyens […] pour détruire le mode de vie des Français » quand Marine Le Pen a dénoncé « l’avenir soviétique de Madame Wargon ».

La polémique a tellement enflé à Droite que la Ministre du logement s’est défendue à travers un communiqué du ministère lui-même. Ce communiqué déclare :

Oui, de nombreux Français rêvent de la maison individuelle car c’est une promesse de confort, d’espace et de tranquillité. Personne ne veut les en empêcher ni les en dissuader. Ils sont aussi en demande de services de proximité. Pourtant les lotissements en périphérie des villes ne permettent pas toujours d’accéder à ces services et contribuent à un sentiment d’exclusion. Il faut donc repenser nos modèles d’urbanisme. 

En réalité, Emmanuelle Wargon a soulevé une pierre bien trop grosse pour elle. Il n’est pas possible pour la classe dominante de viser une transformation d’ensemble de la vie quotidienne telle qu’elle est développée ici, car cela revient à signer son arrêt de mort.

La maison individuelle n’est pas simplement un choix individuel, mais un horizon culturel qui forme une des pierres angulaires de la culture nationale. Entre le XIXe siècle et la fin du XXe siècle, la France est passée d’un pays de petits propriétaires paysans disséminés en un pays façonné par les zones pavillonnaires et son corollaire, les routes jonchées de ronds-points.

La France moderne ne s’est-elle pas façonnée sur le modèle de la petite propriété ? Et la bourgeoisie française n’a t-elle pas assuré sa domination depuis 1871 grâce à la promotion de la mentalité du propriétaire ?

Plus récemment et plus concrètement, il faut se souvenir des propos de Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle de 2007, lorsqu’il était en pleine opération de pacification sociale à la suite des émeutes de novembre 2005. Lors d’un discours le 14 janvier 2007, il affirmait :

« Je propose que l’on fasse de la France un pays de propriétaires parce que, lorsqu’on a accédé à la propriété, on respecte son immeuble, son quartier, son environnement et donc les autres. Parce que lorsque l’on a accédé à la propriété, on est moins vulnérable aux accidents de la vie (…). Devant cette injustice, certains proposent le logement social pour tous et la taxation des propriétaires par les droits de succession. Je propose la propriété pour tous »

Depuis les années 1970, la bourgeoisie n’a eu de cesse de promouvoir l’accès à la propriété comme le gage d’une réussite sociale, le vecteur d’une meilleure vie. Cela s’est traduit en 1977 par la création d’un premier prêt d’accession à la propriété, le prêt HLM-accession ou prêt aidé d’accession à la propriété. Un dispositif qui n’a eu de cesse d’être modernisé, avec pour conséquence l’envolée de constructions de maisons individuelles. La maison est passée de 36 % des logements construits en 1970 à 62 % en 1982.

Or, depuis les années 1990, l’accession à la propriété s’est enlisée du fait de dispositifs d’aides flous, avec des conditions d’accès toujours plus difficiles. A cela s’ajoute l’envolée des prix dans les centres-villes qui poussent les classes populaires à acheter loin des métropoles, accentuant l’étalement urbain et le phénomène de périurbanisation, ces espaces sans âme et sans horizon culturel.

Si l’on y regarde de plus près, on voit bien que l’inflation de la maison individuelle est l’expression directe d’un mode de vie façonné par le capitalisme. Et les principales victimes, ce sont les classes populaires qui se retrouvent séparées de leur lieu de travail par d’épuisants trajets en voiture. Sans même parler de l’emprisonnement dans des crédits qui renforcent l’exploitation salariée… Bref, les ouvriers n’y ont pas gagné grand chose, si ce n’est une oppression dans une cage dorée.

Mais, comme toujours dans le capitalisme, l’autre victime de ce développement chaotique, c’est la nature. Dans un rapport sur l’artificialisation des sols, le Comité pour l’économie verte évaluait à 47 % la part prise par la construction de maisons individuelles dans les nouvelles artificialisations entre 2006 et 2014 contre 3 % pour le logement collectif, 5 % pour le commerce et 16 % pour le réseau routier. A ce titre, à Alsterdorf en Allemagne, le maire a interdit la construction de nouveaux pavillons pour lutter contre l’étalement urbain.

Face à un tel enjeu de société, voire de civilisation, il est évident qu’Emmanuelle Wargon ne fait pas le poids. Quand on est une personne issue du géant de l’agro-business français, Danone, on ne fait pas partie de la solution, mais bien du problème. Façonnée par sa posture de communicante, la ministre du logement n’a pas mesuré le problème de taille qu’elle a soulevé et a éveillé les intérêts du vieux monde.

À problème de taille, réponse de taille : il y a besoin d’une grande rupture sociale et culturelle portée par la classe ouvrière contre un capitalisme qui enferme et détruit la nature.

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Zemmour ou l’avancée vers le fascisme

Le fascisme c’est la négation de la société civile.

Les Français n’ont pas connu le fascisme et par conséquent ils ne comprennent pas ce qui est l’essence du fascisme. Pour eux, le fascisme, ce sont des gens défilant au pas de l’oie en uniforme. Le régime fasciste serait un État policier, avec un policier à chaque coin de rue. La propagande tournerait de manière ininterrompue pour matraquer intellectuellement les gens.

C’est là une grossière erreur. Le fascisme, ce n’est pas l’affirmation de la politique, serait-ce une politique précise, d’un parti d’extrême-Droite. Le fascisme, c’est la négation de la politique. Ce n’est pas un mouvement extérieur à la société qui vient s’imposer à celle-ci par la force, mais la société qui se replie sur elle-même dans un mouvement intérieur.

Le fascisme n’est pas non plus un État policier, c’est une militarisation de la société, avec les gens participant eux-mêmes de manière volontaire au régime. Il suffit de regarder deux faits le montrant aisément. En 1945, les Allemands considèrent que la victoire sur le nazisme est leur défaite, car le régime était leur régime. De la même manière, il suffit de voir le nombre d’opposants au régime fasciste italien: il est historiquement extrêmement faible.

Dans les deux cas, la raison de cela est que le fascisme est le triomphe de la médiocrité dans la société, où dans un grand élan de négation de la politique, les gens délèguent les décisions à un appareil bureaucratique et eux-mêmes soutiennent cet appareil en militarisant la négation de la politique.

Cela n’a strictement rien à voir, par exemple, avec l’URSS de Staline ou la Chine de la révolution culturelle, qui sont au contraire des régimes alors ultra-politisés, exigeant la politisation au maximum de la part de la société.

Et c’est très exactement par contre ce que fait Eric Zemmour. Le discours d’Eric Zemmour se fonde sur des thèmes qui sont des prétextes. Ces prétextes servent le discours du repli, du refus de la politisation, de l’étouffement de la société civile. Le but c’est de permettre à un appareil bureaucratique-militaire de prendre les choses en main et d’organiser le repli nationaliste du pays sur lui-même.

C’est la France contre le monde.

On ne comprend souvent pas d’ailleurs le rôle de Donald Trump. Il n’a pas échoué dans sa mission, comme le montre le prolongement de sa ligne anti-chinoise chez son successeur Joe Biden. Il a joué un rôle historique à un moment donné, il a servi à orienter la société américaine, à la chiffonner, la faire avancer dans un certain sens.

C’est le rôle d’Eric Zemmour. Aussi faut-il le bloquer. Tout comme il faut bloquer Marine Le Pen. Et cela passe par le rejet complet de l’ultra-gauche, qui joue le rôle de cinquième colonne d’Eric Zemmour et de Marine Le Pen en disant qu’Emmanuel Macron est déjà d’extrême-Droite, qu’il ne faut pas faire barrage à l’extrême-Droite à la présidentielle et autres discours « ultras » en apparence mais de trahison dans les faits.

C’est un grand tournant historique qui se joue là et qui va être décisif pour la suite.

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Malbouffe : l’agrobusiness joue la carte du terroir

Les intérêts de l’agrobusiness français s’insurgent contre la généralisation du nutri-score.

Yuka sur téléphone portable est un véritable phénomène de masse : on compte 25 millions d’utilisateurs de cette application qui permet de scanner chaque produit alimentaire afin d’en connaitre un score établi sur la base de sa composition.

Témoin d’une véritable propension des gens à s’informer sur l’alimentation qui, on le sait, est dans les mains de grandes firmes industrielles qui jouent avec la santé des gens, l’application Yuka n’est pas la seule puisqu’il y a aussi le fameux nutri-score, directement imprimée sur les emballages alimentaires depuis 2016.

Allant de A à E, ce score se penche sur la qualité nutritionnelle de chaque aliment, en se basant sur l’analyse des apports caloriques, la teneur en sucre, en graisses saturées et en sel, et non pas donc les additifs. Ce nutri-score fait suite à une pression populaire quant à la connaissance de la composition réelle des aliments consommés.

Or, voilà, le nutri-score va devenir obligatoire à l’horizon 2022 pour tous les produits pré-emballés. Et là, le concept de « malbouffe » prend un tout autre relief.

Un hamburger de l’infâme Mac Donald n’est pas pire qu’une raclette savoyarde traditionnelle. Leur teneur très élevée en graisses saturées, en sel et leur forte charge glycémique, génère des conséquences terribles à moyen long terme en termes de maladies cardiovasculaires. C’est d’ailleurs pour cela qu’est en train de se constituer une vaste coalition des fromagers français autour de la défense des aliments du terroir.

Ce lundi 11 octobre avait par exemple lieu une conférence de presse de la Confédération générale des producteurs de lait de brebis et des industriels de Roquefort (CGPLBIR) à Millau pour protester contre l’obligation du nutri-score. Et en effet, le fromage roquefort va être classé en catégorie E, soit la pire des classements car il est trop gras et trop salé.

Derrière le coup de communication à base de mot clef #roquefortsansnutriscore, c’est surtout l’agrobusiness français qui s’insurge au nom du terroir contre l’aspiration démocratique à connaître la qualité des aliments.

Car derrière l’image « terroir » du roquefort, il y a surtout Lactalis, le monopole du lait en France, qui domine sa production. Lactalis, c’est le premier acteur laitier dans le monde. Derrière la contestation portée par « le roquefort », c’est donc bien toute la filière laitière française qui est en alerte.

Pour masquer la réalité, l’agrobusiness se réclame de différentes appellations, comme les AOP, les AOC, et le roquefort est le fromage fer de lance, détenant une aura nationale, voir étant carrément un dispositif culturel du « terroir » français, pour battre en brèche l’exigence nutritionnelle.

On remarque ici d’ailleurs le soutien avéré de Carole Delga, présidente PS de la région Occitanie, aux revendications de Lactalis à exempter les appellations régionales du nutri-score en 2022. Au lieu de participer à l’élévation de la conscience populaire, Carole Delga se fait ici la porte-parole des grandes entreprises agroalimentaires les plus néfastes.

Ces attaques vont dans le même sens que celles du printemps 2021 lancées par la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (FICT) contre l’application Yuka pour « dénigrement » et « pratiques commerciales déloyales trompeuses » à propos de son classement les conservateurs nitrite et nitrate, en « cancérogènes probables », à l’instar de l’OMS.

Ce qui apparait au grand jour dans cette histoire, c’est que malgré les appellations « terroir », les AOP et autres AOC, n’échappent pas à la règle de la « malbouffe ». Le mythe est ainsi mis à nu et l’objectif de notre époque se doit maintenant de reconstruire une alimentation véritablement saine, et soutenable écologiquement.

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La préparation équivaut désormais à l’acte : le droit français en mode minority report

C’est l’extrême-Droite qui est condamnée, mais demain?

C’est une nouvelle norme juridique qui est instaurée et qui, de fait, devrait faire hurler tous les avocats libéraux et tenants humanistes à la française des droits de l’Homme. Seulement comme cette norme est issue du combat contre le terrorisme islamiste et là l’extrême-Droite, forcément cela ne donne pas envie.

On nage pourtant en plein délire. Naturellement, personne ne regrettera que Logan Nisin, chef d’une OAS (« Organisation des Armées Sociales ») prenne neuf ans de prison et ses acolytes entre cinq et huit ans. Ces gens voulaient tuer aveuglément, notamment dans des mosquées, afin de provoquer une « remigration ».

Ils entendaient également viser des personnalités politiques et des bars définis comme de « gauche ». Leur démarche était celle d’une entreprise de massacre. Ces gens sont à enfermer, c’est très clair.

Là n’est pas la question. La question est juridique, car on ne vit pas dans le socialisme, mais dans le capitalisme. Et le souci c’est que Logan Nisin a pris neuf ans pour une « préparation d’un acte terroriste » et les autres plusieurs années pour « association de malfaiteurs ». Ce sont des peines extrêmement lourdes et si on s’y intéresse, on voit que la boîte de Pandore a été ouverte.

Voici en effet ce que dit l’article 421-2-6 du code pénal, au 23 mars 2019:

I. – Constitue un acte de terrorisme le fait de préparer la commission d’une des infractions mentionnées au II, dès lors que la préparation de ladite infraction est intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur et qu’elle est caractérisée par :

1° Le fait de détenir, de se procurer, de tenter de se procurer ou de fabriquer des objets ou des substances de nature à créer un danger pour autrui ;

2° Et l’un des autres faits matériels suivants :

a) Recueillir des renseignements sur des lieux ou des personnes permettant de mener une action dans ces lieux ou de porter atteinte à ces personnes ou exercer une surveillance sur ces lieux ou ces personnes ;

b) S’entraîner ou se former au maniement des armes ou à toute forme de combat, à la fabrication ou à l’utilisation de substances explosives, incendiaires, nucléaires, radiologiques, biologiques ou chimiques ou au pilotage d’aéronefs ou à la conduite de navires ;

c) Consulter habituellement un ou plusieurs services de communication au public en ligne ou détenir des documents provoquant directement à la commission d’actes de terrorisme ou en faisant l’apologie ;

d) Avoir séjourné à l’étranger sur un théâtre d’opérations de groupements terroristes.

II. – Le I s’applique à la préparation de la commission des infractions suivantes :

1° Soit un des actes de terrorisme mentionnés au 1° de l’article 421-1 ;

2° Soit un des actes de terrorisme mentionnés au 2° du même article 421-1, lorsque l’acte préparé consiste en des destructions, dégradations ou détériorations par substances explosives ou incendiaires devant être réalisées dans des circonstances de temps ou de lieu susceptibles d’entraîner des atteintes à l’intégrité physique d’une ou plusieurs personnes ;

3° Soit un des actes de terrorisme mentionnés à l’article 421-2, lorsque l’acte préparé est susceptible d’entraîner des atteintes à l’intégrité physique d’une ou plusieurs personnes.

C’est totalement fou. L’article I se justifie par le II et le II par le I! Et c’est cela qui établit la condamnation du groupe « OAS ».

C’est parce que Logan Nisin a été accusé de préparation que les autres ont pu être accusés d’association de malfaiteurs, et inversement. S’il n’y avait pas l’accusation de préparation, on ne pourrait reprocher une association de malfaiteurs. Et on ne pourrait pas accuser de terrorisme la préparation s’il n’y avait pas un groupe accusé d’association de malfaiteurs.

Si cela a été fait pour lutter contre les islamistes afin de n’en rater aucun et d’en faire un « pack » à mettre en prison, la formulation permettra demain de démolir toute l’opposition de Gauche accusée de sortir du cadre du régime.

Il suffira de dire : tel groupe X est en lien avec Y consultant tel document ou s’entraînant à telle activité. Si Y fait cela, c’est forcément du terrorisme en raison du groupe X. Et le groupe X est forcément terroriste car Y prépare quelque chose.

Le groupe X n’a rien fait, Y non plus, mais c’est comme s’ils avaient, juridiquement fait tous ensemble la chose. Mieux encore : on peut considérer que, juridiquement, ils l’ont fait. La préparation vaut l’acte. La définition même de la préparation permet tout et n’importe quoi.

L’un des avocats, Gabriel Dumenil, a ainsi tout à fait raison de dire que :

« La qualification juridique, notamment de terrorisme, n’apparaît pas du tout aussi claire. Il s’agit d’un jugement qui a été rendu pour marquer une position jurisprudentielle s’agissant de procès à venir. »

Il y a d’ailleurs une preuve de cela. Les gens de cette « OAS » avait entre 25 et 33 ans et on parle de cinglés romantiques en mode nihiliste faisant des éloges de massacres de masse sur les réseaux sociaux… et pourtant le magistrat parle à leur sujet d’une « armée de défense prête, le cas échéant, à déstabiliser les institution déstabiliser les institutions ».

C’est ridicule. Cependant, cette charge idéologique a été nécessaire dans l’accusation pour maintenir la fiction du rapport préparation/association de malfaiteurs.

Il fallait bien la masquer, cette fiction, et le seul moyen, c’est d’ajouter une charge idéologique pour combler le manque de valeur d’une préparation. Car, juridiquement, jusqu’à présent, on n’a jamais condamné un assassin avant qu’il ne tue quelqu’un parce qu’il a tué quelqu’un. Il peut avoir des armes, avoir suivi la personne, il n’a jamais été possible pour autant de l’accuser de ce qu’il n’a pas fait.

Ici, on est comme dans le film Minority Report, on peut accuser des gens pour des crimes non commis. C’est une aberration juridique. Il faut donc présenter non pas des gens, mais des monstres qui ont commis leurs crimes dans leur tête en amont et donc, doivent être condamnés tels quels.

Pour donner un exemple affreux, dans le droit, même si on prend une machine à remonter le temps (cela ne peut pas exister) et qu’on va voir Adolf Hitler à 20 ans, on n’a pas le droit de le tuer. Car il n’a rien fait. L’exemple est horrible et en plus le scénario est aberrant. Mais c’est un bon exemple de la base du droit.

En droit, historiquement, on ne peut pas condamner quelqu’un pour avoir ne serait-ce que pensé un crime, ou bien préparé un crime, comme si c’était le crime lui-même. Sauf dans le film Minority report (tiré au passage d’une nouvelle du romancier bien connu Philip K. Dick).

La procureure a donc été obligée de souligner la « montée en puissance exceptionnelle de la menace portée par la mouvance d’ultradroite ».

En apparence, c’est très bien et la procureure est certainement sincère, et elle sait qu’il y a ici à l’arrière-plan le fait que depuis 2017, 48 personnes ont été arrêtés pour du terrorisme « d’ultra-droite ». Il s’agissait là du premier procès d’une série de sept. On comprend que l’État veuille des peines « exemplaires » et pour le coup tant mieux.

Sauf que le caractère juridique « ultra-droite » n’existe pas. La montée exceptionnelle ou pas n’est pas un argument juridique. Il est cependant employé afin de transformer la « préparation » en acte réalisé afin de la condamner tel quel.

C’est une négation du Droit et c’est l’expression de la décadence juridique de l’État dans un capitalisme décrépissant.

Et cela vise à terme très clairement toute la rébellion populaire et l’agitation de gauche. Il ne peut pas y avoir d’autre raison historique à une telle construction qui permet d’assimiler l’intention à l’acte. Une folie d’une telle envergure ne peut avoir qu’un arrière-plan concernant la société elle-même, dans le plus profond de son existence.

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Grève des fonctionnaires le 5 octobre 2021

Le bloc CGT, CGT FO, FSU, Solidaires et FA-FP prennent leurs rêves pour la réalité.

C’est tout à fait exemplaire de comment les mentalités n’ont pas changé malgré la crise, alors que tout a changé. Les syndicats, n’existant concrètement que par la fonction publique, s’imaginent encore et toujours les seuls protagonistes sociaux. Il n’y a toujours pas d’effort vers les travailleurs du privé (sans parler des usines), ni de considérations culturelles et politiques (et ce alors que la Droite et l’extrême-Droite vont ici de succès en succès).

Les syndicats se permettent même de dénoncer la vaccination obligatoire, se plaçant ainsi en porte-à-faux avec la société et les gens les plus conscients à Gauche. Mais quand on dit les syndicats, on ne parle pas de la CFDT (qui assume de ne pas être contestataire et qui est désormais le premier syndicat en France) ni de la CFE CGC (qui regroupe les cadres) : ceux-là en profitent pour rester à l’écart et gagner des points.

C’est exemplaire d’un panorama avec des réformistes-modernistes concrets et non hors-sol, et des contestataires qui ont une portée utopique mais sont totalement déconnectés et finalement simplement corporatistes.

Voici le communiqué :

« Les organisations syndicales représentatives de la Fonction publique CGT, FO, FSU, Solidaires et FA-FP appellent l’ensemble des fonctionnaires et agents-es publics à cesser le travail le 5 octobre 2021 et à participer aux mobilisations organisées avec le secteur privé.

Subissant depuis des années des politiques publiques d’austérité qui ont dégradé considérablement leurs conditions de travail et leur pouvoir d’achat, les fonctionnaires et agents-es publics s’inscrivent dans les revendications portées sur le plan interprofessionnel, notamment :

• l’augmentation générale des salaires par la revalorisation du point d’indice et l’amélioration de la grille indiciaire, ainsi que des mesures fortes pour gagner l’égalité professionnelle,

• l’arrêt des suppressions de postes et des recrutements partout où c’est nécessaire,

• l’abandon du projet de loi 3DS, des restructurations et le maintien et le développement de services publics de proximité,

• l’arrêt des emplois précaires et la mise en place d’un plan massif de titularisation et/ou de CDIsation,

• l’engagement que la réforme portant sur un régime universel des retraites ou la remise en cause des régimes spéciaux est abandonnée.

Tout en réaffirmant que la priorité doit être à la mise en œuvre des moyens indispensables pour protéger la santé de la population et des salariés-es en particulier, dont fait partie aujourd’hui la vaccination à laquelle chacun doit pouvoir accéder, nous rappelons qu’il est inacceptable de sanctionner un-e agent-e sur un plan professionnel au regard de choix personnels, le tout sans possibilité de débat contradictoire par la saisine des CAP ou CCP.

C’est pourquoi, nos organisations refusent toute suspension des agents-es et interruption de leur rémunération et demandent le retrait de cette disposition du projet de loi.

Elles revendiquent davantage de moyens pour la santé et l’hôpital public et, globalement, des budgets 2022 en rupture avec les politiques d’austérité.

Face à un Président de la République et un Gouvernement qui continuent de faire la sourde oreille aux revendications portées par les organisations syndicales des travailleurs-euses, il est temps de nous faire entendre !

Nos organisations syndicales apportent leur soutien à toutes les mobilisations en cours notamment à l’Éducation nationale le 23 septembre prochain [l’appel date du 17] et en solidarité avec les retraités-es le 1er octobre 2021, processus de lutte qui doivent converger le 5 octobre prochain.

Ensemble, public, privé, soyons solidaires et prenons notre destin entre nos mains !

En grève et aux manifestations le 5 octobre 2021 ! »

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Isolement et contention : « la honte de la psychiatrie »

La situation fait froid dans le dos.

La psychiatrie a de moins en moins de moyens, dans une société toujours plus marquée par la folie. Comme en plus la source du problème – le capitalisme – n’est pas vu, la situation empire. Dans une société toujours plus cynique, cela produit des brutalités, pour se débarrasser rapidement des problèmes (ou plutôt des gens eux-mêmes), en mode marche ou crève.

C’est contre ces brutalités que s’élève cette tribune parue dans Le Parisien.

Il faudrait ici une Gauche puissante pour faire une véritable enquête, un réel travail de fond, comme dans les années 1970.

Les assises de la santé mentale et de la psychiatrie se tiendront les 27 et 28 septembre sans que certains thèmes majeurs n’y soient abordés.

La honte en psychiatrie, c’est l’inflation des contentions physiques (l’équivalent des camisoles de jadis) et des isolements psychiatriques. Cette honte est celle des professionnels qui attachent et qui enferment, faute de mieux. Cette honte est celle des usagers et de leurs familles qui vivent des situations indignes et traumatisantes. Attacher et isoler redouble et aggrave les isolements psychiques et sociaux des personnes déjà fragilisées par leurs troubles psychiques.

L’inflation des contentions s’est faite progressivement à mesure que les moyens matériels, physiques et humains s’amenuisaient. Le contrôleur général des lieux de privation de liberté le rappelle à longueur de rapports.

Cette inflation a aussi été permise par une dé-formation des professionnels en psychiatrie qui, plutôt que de soulager les grandes angoisses avec des paroles et du lien en plus des traitements chimiques, s’est appuyée sur des procédures standardisées et déshumanisées telles qu’elles sont actuellement valorisées dans les hôpitaux.

En juin 2020, le Conseil constitutionnel a demandé au gouvernement de revoir une première fois le contrôle des prescriptions de contention et d’isolement pour se mettre en conformité avec la loi. Toute contention et isolement nécessitant l’intervention du juge des libertés.

Le ministre de la Santé a fait passer ce texte de loi réformant le contrôle des isolements et contentions dans la loi de financement de la sécurité sociale en 2020…

Ce qui n’a pas grand-chose à voir avec le thème, celui que tout citoyen peut se faire attacher à un lit de force de plus en plus souvent aux urgences, dans les Ehpad et en psychiatrie !

Au printemps 2021, pour la deuxième fois, le Conseil constitutionnel a déclaré inconstitutionnel la loi édictée par le gouvernement six mois plus tôt !

Et pour la deuxième fois, aucun débat national concernant ce qu’attacher et enfermer veut dire dans notre pays. Dans les pratiques, il est évident qu’attacher quelqu’un de force à un lit n’est jamais thérapeutique.

Ce n’est pas et ce ne sera jamais un soin, au mieux c’est une mesure d’empêchement d’une atteinte physique à l’intégrité d’une personne. Enfermer quelqu’un dans une chambre n’est pas non plus un soin en tant que tel, il est ce qui peut permettre que des soins démarrent quand les personnes sont trop mal pour supporter le contact avec elle-même et avec autrui.

L’enfermement peut être une amorce de ce qui permettra les soins, si la relation humaine est l’organisateur des soins. Des associations de familles tel que le fil conducteur psy appellent à une abolition de la contention.

Certain pays comme l’Islande l’ont déjà fait. Sans volonté politique d’envergure et sans une obligation de moyens pour les hôpitaux psychiatriques visant à enrayer ce phénomène délétère, les sangles et les portes continueront de se resserrer et de se fermer sur nos concitoyens. Il est urgent qu’un débat national s’ouvre sur la question.

Les signataires

Dr Mathieu Bellahsen, psychiatre ; Dr Georges Yoram Federmann, psychiatre ; Martine Houlier mère de patiente schizophrène ; Jean-Philippe PERNET, Infirmier ; Laurence Bloch, maman d’une jeune adulte autiste, directrice d’hôtel ; Dr Mathilde Hamonet, interne en psychiatrie ; Yves Gigou, infirmier et auteur ; Malia Klein, psychologue clinicienne ; Clément Vaissié, étudiant en médecine, ancien infirmier en psychiatrie ; Dr Anne Enot, pédopsychiatre ; Dr Patrick Chemla, psychiatre ; Association signataire : le Fil conducteur Psy d’usagers et de soignants ; Dr Valérie Houot, psychiatre ; Dr Jean Paul ; Chardon, psychiatre ; Frédéric Pierru, sociologue ; Dr Elisabeth Lisack, pédopsychiatre ; Dr Tristan Garcia Fons, pédopsychiatre ; Dr Loriane Bellahsen, psychiatre ; Dr Parviz Denis, psychiatre ; Dr Pascale Rosenberg Psychiatre ; Dr Guy Dana, Psychiatre ; Dr Martin Pavelka, pédopsychiatre ; Linda De Zitter, psychologue clinicienne ; Cécile Neffati, psychologue ; Dr Yoann Loisel, psychiatre ; Benjamin Royer, psychologue clinicien ; Dr Anne Enot, pédopsychiatre ; Céline Matthieussent, psychologue clinicienne ; Dr Franck Drogoul, psychiatre ; Dr Hervé Bokobza, psychiatre ; Dr Virginie Cruveiller, pédopsychiatre ; Clélia Gasquet, maîtresse de conférence en géographie de la santé ; Dr Christian Sueur, psychiatre addictologue ; Céline Masson, psychanalyste, professeur des universités ; Dr Martine Garrigou, psychiatre ; Thérèse Petitpierre, psychologue ; Dr Veronique Egal, psychiatre ; Annie Topalov, psychologue clinicienne ; Christian Topalov, sociologue ; Marie Pascale Chevance Bertin, psychanalyste ; Dr Olivier Labergère, psychiatre ; Frédéric Mougeot, sociologue ; Dr Olivier Boitard, psychiatre ; Dr Pierre Zanger, Psychiatre ; Dr Maud Mainfroy, psychiatre ; Dr Pierre Paresys psychiatre ;Dr Catherine Nourry psychiatre retraité ; Dr Jean-Loup Lebreton, psychiatre ; Dr Eliane Calvet, psychiatre ; Marie-Jean Sauret, professeur émérite de psychopathologie clinique ; Dr Jean-Pierre Bouleau, psychiatre ; Dr Jean-Michel Delaroche, psychiatre ; Claire Ballongue, psychologue ; Aurore Gribos, psychologue ; Baptiste Garreau, psychologue clinicien ; André Bitton, retraité, président d’une association d’(ex-)usagers de la psychiatrie ; Dr Marie Allione, psychiatre ; Didier Donstetter, psychologue clinicien psychothérapeute ; Bénédicte Louvet, interne en psychiatrie ; Jenna Madarbaccus, psychologue ; Dr Philippe Gasser, psychiatre ; Michel Bruno, psychologue clinicien ; Pr Pierre Delion, pédopsychiatre, professeur émérite ; Dr Pascal Boissel, psychiatre ; Dr Djamila Mebtouche, psychiatre ; Dr Michele Zann, psychiatre ; Dr Pedro Serra, psychiatre ; Laure Thiérion, psychologue clinicienne ; Marie-Noëlle Godet, psychologue clinicienne; Dr Anne Groussin, psychiatre ; Dr Benoit Blanchard, pédopsychiatre ; Dr Catherine Laval‌, pédopsychiatre ; Jérôme Costes, infirmier en psychiatrie ; Dr Sandrine Deloche, pédopsychiatre ; Dr Laurent Delhommeau, pédopsychiatre ; Dr Anne Kummer, psychiatre ; Adeline Antier éducatrice spécialisée, cheffe de service éducatif ; Virginie Périlhou, infirmière en psychiatrie ; Patrick Estrade, infirmier en psychiatrie ; Florence Hourquebie, Infirmière ; Dr Paul Machto, psychiatre ; Maximilien Valente, interne de psychiatrie ; Marguerite Compagnat, psychologue ; Dimitri Talbot, cadre de santé ; Dr Michel Montes, psychiatre ; Dr Geneviève Hénault, psychiatre ; Fanny Lung, sociologue directrice de la SOFOR ; Catherine Skiredj Hahn, sociologue ; Dr Chantal Potart, psychiatre ; Dr Alexandra De Seguin, psychiatre ; Olivier Esnault, infirmier de secteur psychiatrique ; Dr Catherine Lemoine, psychiatre ; Amandine Vitra, psychologue clinicienne ; Dr Pascale Moins, psychiatre ; Audrey Valade, psychologue clinicienne ; David Thomas, travailleur social ; Estelle Gioan, psychologue clinicienne ; Dr Julien Prorel, psychiatre ; Peirangelo Di Vittorio, philosophe ; Maïder Leroux, psychologue clinicienne ; Jorhann Bouvier, interne en psychiatrie ; Aurélia Khorkoff, psychomotricienne ; Simon Jaunin, psychologue clinicien ;Dr Eliane Proca, psychiatre ; Fred Racine, documentaliste ; Dr Jocelyne Lengronne, psychiatre ; Valérie Waill-Blévis, psychanalyste ;Christine Lartigue, psychologue ;Mathilde Stentelaire, éducatrice spécialisée ; Valérie Joye, psychologue ;Dr Danielle viterbo, psychiatre ; Humberto Estevez Duran, psychologue ; Danièle Silva, psychologue clinicienne ; Dr Delphine Glachant, psychiatre ; Emmanuelle Forner, psychanalyste ; Caroline Bernard, psychologue clinicienne ; Dr Philippe Bichon, psychiatre ; Dr Charles-Olivier Pons, pédopsychiatre ; Dr Christophe du Fontbaré, psychiatre ; Elsa Benetos, interne en psychiatrie ; Edwige Landault, psychologue clinicienne ; Charlotte Barcet, psychologue ; Dr Géraldine Delcambre, psychiatre ; Patrice Marteil, psychologue clinicien ; Flore Verga, psychologue ; Myriam Naval, cadre bancaire ; Dr Emmanuel Venet, psychiatre ; Dr Pierre Jarlan, pédopsychiatre ; Liliana Gonzalez, psychologue clinicienne ; Dr Fatma Farah, psychiatre ; Céline Lefebvre-Israël, psychologue clinicienne ; Dr Paola Velasquez, pédopsychiatre ; Dr Irène Kaganski, psychiatre ; Dr Pascale Beau, psychiatre ; Élise Gauthier, psychologue clinicienne ; Charlotte Clermont , psychologue ; Da’ad de Gunzbourg, psychanalyste ; Dr Nawal Souissi, psychiatre ; Amaury Marecaux, psychologue ; Anne Bourgain, psychologue ; Sabine Hamza, psychomotricienne ; Stéphane de Crépy, psychologue clinicien ; Dr Jean-Christophe Maccotta, pédopsychiatre ; Rosangela, Ribeiro dos Santos, psychologue clinicienne ; Dr Nadia Baba, psychiatre ; Dr Maud Mainfroy, psychiatre ; Monique Zerbib, psychologue clinicienne ; Dr Yves Kaufmant, psychiatre ; Dr Anne Marie Kaufmant, psychiatre ; Brigitte Bonnel, psychologue clinicienne ; Dr Sophie Slovak, pédopsychiatre ; Dr Dominique Bertin, pédopsychiatre ; Dr Morgane Derijard-Kummer, pédopsychiatre ; Dr Fethi Brétel, psychiatre ; Dr Bruno Tournaire Bacchini, psychiatre ; Dr Jean-Pierre Martin, psychiatre ; Dr Laurine Mechali Ringenbach, psychiatre ; Dr Véronique Spahr, pédopsychiatre ; Pr Alain Vanier, psychiatre, professeur émérite des universités ; Dr Jean-Christophe Maccotta, pédopsychiatre ; Dr Roger Ferreri, psychiatre ; Dr Nathalie Lambert, pédopsychiatre ; Dr Stéphane Daure, psychiatre ; Dr Audrey Vanel, psychiatre ; Nelly Derabours, infirmière de secteur psychiatrique ; Jean-Claude Chaise, psychologue et Christine Chaise, enseignante retraitée, parents de malade psychique ; Audrey Le Quilliec, infirmière ; Michel Bruno, psychologue clinicien ; Christina Vincent, psychologue clinicienne ; Maxime Martin, psychologue clinicien ; Anne Élodie Bronisz, psychologue ; Mazet Nadine, psychologue ; Marion Minari, psychologue clinicienne ; Anaïs Ravaud, psychologue clinicienne ; Florent Gabarron-Garcia, psychologue ; Dorine Bertrand, psychologue clinicienne ; Alain Gutton, praticien en hypnose ; Charlotte Clermont , psychologue ; Anne Bourgain, psychanalyste ; Amandine Bachelery, psychopedagogue ; Elizabeth Serin, psychologue clinicienne ; Françoise Sellier, psychologue ; Cécile Pinaire, psychologue clinicienne ; Rhadija Lamrani Tissot, psychanalyste ; Sylvain Bourg, éducateur spécialisé ; Françoise Attiba, psychologue ; Olivier Brisson, psychomotricien.