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Communiqué du PCF sur le «Grenelle Violences Conjugales»

Communiqué publié mardi 3 septembre 2019 par le PCF :

« Annonces d’Edouard Philippe au grenelle des violences conjuguales : Fake news budgétaire !

Le « Grenelle Violences Conjugales » a  commencé aujourd’hui. Depuis l’annonce de sa tenue, 27 femmes sont décédées, assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint. Ces assassinats auraient pu être évités. Il auraient du l’être.
Ce grenelle doit avoir pour priorité l’engagement de l’État dans un plan ambitieux d’éradication des violences dites conjugales. Il ne doit pas se limiter à des effets d’annonces et à des plans de communication.

Alors qu’il manque 1 milliard d’euros pour accompagner et mettre à l’abri les femmes victimes, le Premier ministre annonce un plan de 5 millions d’euros pour la création de 1000 place d’hébergement d’urgence. Fake news budgétaire ! Avec 5 millions, une centaine de places seulement pourrait voir le jour.

Des mesures existent, il faut les mettre en place. Le PCF, mobilisé contre les violences faites aux femmes, exige l’application et la mise à l’ordre du jour du Parlement de la loi-cadre contre les violences faites aux femmes.

Le PCF demande la mise en place de lieux uniques. Pour en finir avec les parcours semés d’embuches, nous proposons la création d’unités spéciales d’accueil des femmes victimes de violences dans tous les départements. Lieux dans lesquels les victimes pourraient accéder à la police, la justice, l’aide juridictionnelle, l’unité médico-judiciaire pour faire les constats et les prélèvements et au moins une association spécialisée.

Ces unités devraient pouvoir s’appuyer sur un quota d’hébergements et de logements dédiés, dispositif clé pour la sortie des violences ; et d’un accompagnement par des consultations en psycho-trauma.

Aujourd’hui les services publics de prises en charges des femmes victimes de violences sont indigents ! Avec seulement 46 Unités Médico-Judiciaires en France soit environ un pour deux départements. Il est très compliqué pour les femmes victimes de faire constater les violences, de faire des prélèvements en cas de viols, d’amasser des preuves pouvant servir devant la justice.

Les communistes seront aux côtés des associations et des proches des femmes tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, pour continuer la mobilisation. »

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L’assassin de Villeurbanne : il y a des responsables à sa folie

Le capitalisme, c’est du profit et en rien de l’organisation. C’est une fuite éperdue en avant. Les vagues massives de mouvements de population sont dans son intérêt, afin d’impulser de nouvelles dynamiques économiques. L’assassin de Villeurbanne est un de ces migrants qui, incapable de se propulser dans le capitalisme, a basculé dans l’errance et la folie.

C’est un drame du monde d’en bas – alors que la société tout en haut du capitalisme vit bien à l’écart de ce genre d’événements. L’assassin de Villeurbanne, un Afghan pachtoune, l’État ne sait pas quel âge il a. 33, 31 ou peut-être 27 ans. Il avait trois identités différentes. Et son errance est longue. On sait qu’il était en France en 2009, en Italie en 2014, en Allemagne en 2015, en Norvège en 2016, puis la même année en France.

Bref, on ne savait finalement rien de lui et lui-même ne savait sans doute plus trop qui il était. Sa personnalité a été atomisée. Pulvérisée par un parcours erratique depuis l’Afghanistan tribale jusqu’aux métropoles modernes et aliénées dans leur anonymat consommateur.

C’était un être humain, mais socialement un sous-produit de la vague d’immigration servant à renouveler les stocks de main d’œuvre pour le capitalisme. C’était un numéro parmi d’autres numéros. Et les numéros peuvent faire ce qu’ils veulent du moment qu’ils restent des numéros isolés.

C’est le principe du libéralisme, de l’atomisation en individus séparés. Le soutien au vague migratoire n’est rien d’autre qu’un éloge de l’atomisation, de la course au bonheur purement individuel, dans la négation de l’histoire, de la société, de la culture.

L’assassin de Villeurbanne, avant d’assassiner, a été assassiné culturellement. Sa folie vient de là. Et il y a justement une administration étatique, qui se charge de vérifier que rien ne déborde. Celle-ci a fait qu’il disposait d’une carte de séjour temporaire valable jusqu’à janvier 2020, la première étant obtenue en 2018, ce qui signifie qu’elle a été renouvelé en 2019.

Et elle savait qu’il avait des problèmes. Depuis avril 2019, il était dans un centre d’hébergement à Vaulx-en-Velin et on lui a proposé de se tourner vers le centre de santé mentale de Forum réfugiés, puis vers un établissement psychiatrique de Lyon.

Il n’a pas voulu. Mais on l’a laissé, car l’administration étatique ne fait qu’accompagner les phénomènes de la société capitaliste. Elle ne veut pas les résoudre. Cela signifie qu’on le reconnaissait, mais qu’en même temps on ne le reconnaissait pas. Cela ne pouvait qu’ajouter à sa folie.

Jusqu’à ce jour fatidique du samedi 31 août donc, où sur l’esplanade de la gare routière Laurent-Bonnevay, à Villeurbanne, armé d’un couteau et d’une broche de barbecue, il tue une personne, en blesse deux grièvement, ainsi que six autres encore.

On savait qu’il n’allait pas bien. Mais on a nié ses problèmes, son existence. Le capitalisme ne se préoccupe pas des existences. Ceux qui prônent l’ouverture totale de la France à tout le monde non plus. Tout ce qui intéresse ici, c’est le libéralisme, le libéralisme, le libéralisme et encore le libéralisme. Et tant pis si c’est un échec : malheur aux vaincus.

Finissons donc sur la seule réponse possible : non les gens ne doivent pas faire ce qu’ils veulent, comme ils veulent. Non, ils ne peuvent pas faire atterrir leur avion près du Mont-Blanc, à 4 450 mètres d’altitude, comme des Suisses l’ont fait en juillet dernier. Non, ils ne devraient pas posséder de voitures capables de dépasser les vitesses autorisées ou de rouler en SUV. Non, ils ne devraient pas avoir le droit de s’installer comme ils le veulent, n’importe où.

Mais c’est la dictature, ça ! Tout à fait, la dictature au service des intérêts de la grande majorité. Parce qu’il est évident que ceux qui ont tous les moyens, font n’importe quoi avec.

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Homophobie dans les tribunes ? Les supporters répondent en assumant l’humour grotesque

Accusés d’homophobie, les supporters de football « ultras » des tribunes populaires s’en sont donné à cœur joie ce week-end pour répondre avec des banderoles plus ou moins créatives, mais toujours incisives. Et ils ont raison, car il n’y a rien de plus insupportable que les bourgeois prétendant donner des leçons au peuple.

Depuis le début de la saison, le gouvernement et la LFP, l’instance organisatrice du football professionnel en France, ont décidé de faire de l’homophobie un thème. On a alors découvert que les tribunes françaises seraient particulièrement « homophobes », qu’on y entendrait « les mots « pd », « enculé », pendant une heure trente », comme l’a dit la ministre des Sports Roxana Maracineanu.

On est là en pleine caricature évidemment, avec des supporters « ultras » considérés comme des regroupements de beaufs, d’énergumènes arriérés qui seraient simplement violents et intolérants. En fait, les gens comme Roxana Maracineanu, pétris de leur condescendance bourgeoise, sont complètement à côté de la plaque avec leur discours sur les discriminations que véhiculeraient les classes populaires.

Les supporters ont bien compris cela et ont réagit ce week-end avec de nombreuses banderoles souvent très bien vues, assumant totalement le fun, faisant part d’une certaine subtilité et d’un humour très vif.

Tout le monde a compris que la question de l’homophobie n’est ici qu’un prétexte de la part des instances et du gouvernement, mais aucunement un combat démocratique sincère. Alors, il ne faut pas les prendre « pour des cons », comme l’ont affiché les supporters nantais. C’était en effet juste de leur part de rappeler :

« Nous faire la leçon sur la prétendue homophobie dans nos tribunes après être allé promouvoir le sport français au Qatar, vous nous prenez vraiment pour des cons ! »

Ce thème du Qatar, faisant référence au PSG et à la prochaine Coupe du Monde, a été relayé à de nombreuses reprises, tellement c’est en effet grotesque. On a ainsi eu à Lyon des banderoles :

« FIFA, Roxana, Schiappa : l’homophobie n’est-elle grave que sans pétrodollars? »

« Schiappa, tu parleras d’homophobie au Qatar-2022? »

Il y aussi eu dans ce stade d’autres choses bien vues pour dénoncer ce décalage avec la réalité comme :

« Le Père Noël est une ordure sans « Je t’encule Thérèse », c’est aussi plat qu’un stade sans second degré. »

Ou encore, de manière volontairement provocatrice, des allusions à la bonne entente entre les supporters de Bordeaux et Saint-Étienne, rivaux des Lyonnais, ce qui serait :

« preuve que l’homosexualité a sa place dans les stades » !

Ce genre de provocation a été récurrente, comme de la part des Rouennais à propos de leurs rivaux du Havre :

« Non à l’homophobie, soutien aux Havrais »

Les Toulousains ont quant à eux eu le nez fin pour provoquer subtilement, ironisant sur la faiblesse de leur équipe :

« Toujours en L1 trois ans après, merci PD »

« PD » étant les initiales de Pascal Dupraz, l’entraîneur du club !

Les banderoles les plus retentissantes ont été celles des Niçois, d’autant plus qu’elles étaient réalisées avec soin. La première fait référence au nouveau repreneur du club, Ineos, qui est aussi investit dans le cyclisme et dont l’équipe a gagné le Tour de France :

« Bienvenue au groupe Ineos : à Nice aussi on aime la pédale »

« LFP/Instance : des parcages pleins pour des stades plus gay. »

L’arbitre du match s’est couvert de ridicule en arrêtant le match pendant dix minutes à causes de ces banderoles provocantes.

Très amusante fût la banderole des messins, qui ont repris les paroles de la chanteuse Angèle, que tout le monde connaît et qui à aucun moment n’ont fait scandale :

« PSG, LFP, Laisse moi te chanter d’aller te faire ennnnn… Je passerai pas à la TV parce que mes mots sont pas très gais »

La question du Qatar a également été évoquée à Metz par un petit jeu de mot :

« Coupe du Monde au Qatar, les stades sont-ils homologay ? »

À Caen, on a provoqué plus simplement, mais très sévèrement :

« LFP, Ministres, l’homophobie est un vrai sujet… »

De manière très amusante encore à Nantes, il y a eu la banderole visiteurs Montpelliérains « Faire la queue leu leu c’est homophobe ? », qui a été repris par les supporters locaux chantant « à la queu leu leu » !

Très bien vu aussi pour pointer l’absurdité des accusations d’homophobie, alors qu’il s’agit surtout de vulgarité, à Angers où une femme officiait en tant qu’arbitre, il y a eu la banderole :

« « arbitre enc**ée », est-ce homophobe pour une femme ? »

Dans leur style caractéristique très vulgaire et anti-parisien, les Marseillais ont de leur côté affiché :

«  La LFP se sert de l’homophobie pour sodomiser nos libertés : A Paris, vous avez toujours des prétextes en bois de Boulogne pour nous la mettre ».

Ils ont ensuite affirmé :

« des fumis contre l’homophobie. Nous sommes seulement Ligophobes. On a le droit ? »

Parallèlement, comme on pouvait s’en douter, les Marseillais s’en sont donné à cœur joie pour provoquer durant tout le match, scandant à tue tête « qui ne saute pas est un pédé » ou leur « fameux » chant, « Paris, Paris, on t’encule », sans que l’arbitre à aucun moment n’interrompe le match, comme ce fût le cas au début du week-end ou lors des précédentes journées.

Les instances dirigeantes du football et le gouvernement se sont en effet retrouvées coincées ce week-end, prises à leur propre jeu de la dénonciation de l’homophobie par des supporters qui ne sont pas dupes et qui ne comptent pas se laisser dire la messe.

Ils considèrent en effet, comme cela a été écrit à Reims, que :

« Quand on veut se débarrasser des supporters, on les accuse d’homophobie »

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Couple, vie quotidienne et réaction

Les couples avancent, tiennent plus ou moins et sombrent dans une vie tout ce qu’il y a de plus acceptable. Les gens se posent et veulent profiter. Leurs couples deviennent de petits îlots, à la fois acceptation et rejet du monde qui les entourent. Les sorties se font en couples, les voyages en couples, la maison change et chacun prend son petit rôle.

à bout de souffle

Arrive le premier enfant, voire le deuxième et tout est relativisé, les gens deviennent raisonnables et sont obligés de penser à l’avenir de leurs progénitures. Ils n’ont « pas le temps », ou plutôt font en sorte de ne plus l’avoir. L’avenir de l’enfant est déjà planifié, les principes s’effritent et la santé, le bien-être de l’enfant sont les premiers et éternels prétextes avancés : personne n’est prêt à reconnaître qu’il a renié ses idéaux et sa jeunesse.

Certains fuyaient la société, sa morale et une vie quotidienne aliénante ; le temps aura suffi à remettre ces personnes sur le droit chemin. Un minimum de reconnaissance, voire un très vague prestige social, un couple, un foyer, un enfant et tout est oublié : la réconciliation a lieu. Toutes les parties sont satisfaites : la machine continue de tourner, malgré quelques errements de jeunesse. Ne dit-on pas qu’il faut que « jeunesse se fasse » ? À l’image de ces hommes friands de relations éphémères et qui finissent par se caser : il faut profiter de sa jeunesse, faire des expériences…

Soyons de véritables révolutionnaires

Au final, ceux qui se renient pour un peu de reconnaissance ont adopté le même schéma : leur jeunesse n’est devenue qu’une anecdote, une manière de se caractériser, d’être unique. La sincérité et toute la dignité de ces années de jeunesse ont été transformées en marchandises, en identité. Il y a l’ancien teuffeur, l’ancien punk, l’ancienne gothique… Et les nouveaux pères et mères de familles, de nouvelles personnes respectables et dorénavant acceptées dans leurs familles et belles-familles.

Trop contents d’avoir des petits-enfants, les parents viennent détruire le peu de dignité qu’il restait. Un minimum d’argent dans la famille et la corruption morale détruit tout : les plus intègres font des compromis, les autres plongent avec le sourire, trop contents d’avoir la possibilité d’ajouter quelques mètres carrés pour le petit qui va arriver.

Les couples cimentent alors leur relation avec un enfant. Les hommes se laissent porter et les femmes arrivent à leurs fins. Les hommes échangent ce projet contre une situation confortable, un foyer tenu par leur compagne. Chacun accepte son rôle et le foyer devient un lieu qui prépare la venu sur le marché de nouveaux individus, de nouveaux consommateurs, de personnes prêtes à accepter les horreurs d’un mode de production en perdition.

Le petit appartement des habitants des grandes villes n’est plus suffisant, il faut impérativement une pièce en plus avant même l’arrivée du premier. Les plus pragmatiques s’éloigneront du centre ville et iront dans une banlieue plus ou moins proches. Les autres auront plus petit et s’engageront sur des prêts toujours plus lourds.

L’enfant fait tout oublier. On oublie les mensonges et les tromperies d’une relation. La naissance est un moyen de réécrire une histoire qui de toute façon était déjà réécrite sans cesse fasse à l’entourage : on s’imagine quelque chose de vrai à défaut de l’avoir vécu.

Et le même scénario recommence : des couples davantage démocratiques et modernes se détachent ; mais qui arrive à tenir face au poids des années et de la vie quotidienne ? Qui arrive à ne pas trouver le premier prétexte pour parler systématiquement de son enfant à la pause déjeuner ? Qui arrive à ne pas tomber dans la logique des vacances et du néant culturel, voire intellectuel dans de nombreux cas, qui vont avec ?

Les personnes raisonnables à vingt ans ont au moins la dignité de ne pas avoir jeté par la fenêtre toute une partie de leur vie. Elles sont déjà vieilles, intégrées avant que les études, le travail et les divers crédits n’aient à faire quoi que ce soit. Elles sont efficaces et productives dans cette production éternelle, en apparence, de nouveaux consommateurs, de nouveaux individus. Elles sont ces personnes fières de faire des heures supplémentaires, fières de faire avancer leurs entreprises quoi qu’il arrive.

Ces personnes savent-elles que tout le monde finit par se faire broyer tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre ? Ont-elles fait le choix de ne pas faire de détour en espérant que la chute sera moins douloureuse ? Voire même plaisante ?

Heureusement, on finit par trouver des exceptions, des personnes, des couples qui tiennent face à la tempête. Combien tiendront ? Combien ne se feront pas démolir ?

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Vivre et grandir ensemble

Dans la société capitaliste, on reconnaît la possibilité d’un couple. Mais dans celui-ci, on vit ensemble, on ne grandit pas ensemble. Car pour la mentalité capitaliste, grandir se fait seul, et aux dépens des autres.

Il existe de multiples jeux sur tablette, dont le nom se termine en « .io » comme Hole.io, où l’on bouge une forme (un serpent, un trou noir, une bactérie…) qui s’agrandit au fur et à mesure qu’elle mange des équivalents plus petits. Cela reflète totalement la vision néo-darwiniste de la vie et de la société, où toute évolution est individuelle et se fait aux dépens des autres.

Là où les choses se compliquent particulièrement, c’est dans le couple. Le couple traditionnel urbain ou rurbain en France – il faut ici le distinguer des couples des campagnes, des couples juifs et arabes – consiste tendanciellement en un contrat passé entre deux individus maintenant irréductiblement leur individualité.

Pour cette raison, les conflits sont récurrents et considérés comme une norme ; ils seraient même la preuve de la réussite du couple. Chacun grandit dans son coin et les engueulades si prisées des films français sont une remise en adéquation des deux protagonistes. C’est une sorte de remise en équilibre ; dans le cas où la divergence d’intérêts est trop grande, il y a séparation.

Ce n’est pas romantique, mais c’est considéré comme la seule forme résolument moderne, car chacun est différent et il s’agit d’être pragmatique. Il y a cependant un problème de fond. En quoi consiste en effet la vie partagée ? Et comment concevoir que deux personnes étant ensemble puisse avoir des évolutions totalement séparées ?

Naturellement, dans un couple, une personne grandit plus qu’une autre et il ne s’agit pas d’avoir la même évolution, un couple n’est pas une comptabilité (bien qu’inversement le couple moderne le voit justement comme une excellente comptabilité). Cependant, un couple est une fusion et avant d’être soi-même, on est dans le couple – c’est bien là ce qui est insupportable pour l’individualisme contemporain.

D’où sa remise en cause du couple, les théories sur le polyamour, l’exigence de la PMA pour les femmes seules, etc. Le couple, c’est comme la société, l’individu prétend être au-delà. L’individu contemporain réfute d’être la composante de quoi que ce soit.

Le capitalisme développé est donc en opposition complète, dans le fond, avec la notion même de couple. Lorsque Marlène Schiappa dit qu’il n’y a pas de modèle de famille, elle représente le fer de lance du capitalisme le plus affirmé. Tout doit être un contrat individuel.

Seulement, au-delà des considérations politiques ou économiques, culturelles ou morales, il est évident que cela ne correspond pas à la réalité : on ne grandit jamais aux dépens des autres. On ne grandit qu’avec les autres. La vie progresse par synthèse, pas en arrachant des bouts d’énergie ou de matières premières ici ou là !

Le capitaliste répondra bien sûr ici que la vie c’est la jungle, qu’il suffit de voir les dinosaures qui ont disparu, les requins en action, etc. Sauf que les dinosaures sont devenus en partie les oiseaux et que les requins relèvent d’un écosystème bien particulier : ils ne sont pas « en haut de l’échelle ». L’humanité non plus n’est pas en haut de l’échelle du monde ; elle en est seulement une composante.

L’individualisme contemporain ne veut rien savoir de tout cela, car il pousse à la compétition, la concurrence ; il reflète en cela le capital en lutte contre le capital, dans une bataille pour l’accumulation et la suprématie. Voilà pourquoi il y a tant de divorces : la tendance à amener la compétition au sein même du couple est inévitable pour qui vit en individualiste et ne voit en le couple qu’une sorte de compromis.

Seul le socialisme peut rétablir le couple comme fusion de deux personnes s’aimant et rejeter sa dégradation en association contractuelle fondée sur les sentiments et les intérêts.

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« Vénissieux fut le Diên Biên Phu de la ceinture rouge »

Reprenant la thèse d’Alain Soral du « grand remplacement » de la banlieue rouge sous l’effet de l’immigration, Eric Zemmour considère que le PCF est mort sous l’effet de l’effondrement de sa contre-culture. Une thèse à la fois totalement farfelue, avec une vérité fondamentale sur le rôle de la culture, que son anticommunisme lui fait remarquer.

Eric Zemmour publiait en 2014 Le suicide français. Étant une figure de la Droite, la question communiste est pour lui fondamentale. Voici ce qu’il pense observer sur la fin de la banlieue rouge encerclant Paris :

« Dans les banlieues françaises de ces années 1970, le pouvoir appartient encore au Parti. Crèches, écoles, dispensaires, stades, gymnases, bibliothèques, colonies de vacances, maisons de retraite, conservatoires de musique, naissances, mariages et funérailles : le parti communiste prend en main l’existence de chacun de 7 à 77 ans.

C’est une contre-société prolétarienne, collective et solidaire, qui n’a pas eu trop de mal à se lover dans une France forgée depuis mille ans par le catholicisme ; le marxisme a remplacé les Évangiles (…).

En 1945, à la Libération, le général De Gaulle avait d’abord pour objectif d’éviter la guerre civile ; les FTP communistes étaient armés et menaçaient de poursuivre le combat. De Gaulle négocia avec Staline leur reddition.

En échange de la paix civile, il livra aux communistes français des citadelles – comme Henri IV avait offert avec l’édit de Nantes des places fortes aux protestants. Parmi celles-ci, outre EDF et Renault, il y eut le ministère de l’Équipement. Ce fut une alliance rénovée du sabre et du goupillon entre les gaullistes qui voulaient restaurer l’État et le PCF qui rêvait d’être la nouvelle Église (…).

La jeunesse issue du regroupement familial refusa elle aussi [c’est-à-dire comme celle de mai 1968] de ployer le genou devant le Parti. Certains de ces adolescents, peu de temps après leur arrivée, goûtèrent vite aux premiers trafics, premiers vols, premières violences ; ils commençaient à vitupérer, insulter, frapper, faire des rodéos de mobylettes en pleine nuit, voler des voitures, de préférence des limousines allemandes, briser des vitrines, jeter des bouteilles par terre, pour rien, pour s’amuser, pour terroriser ; casser, voler, violer, pour mieux marquer leur territoire ; et menacer de représailles tout ce qui ose se révolter.

Ils débarquaient en bandes de garçons bruyants devant les boîtes de nuit ; harcelaient les filles dès qu’ils étaient entrés ; s’offusquaient d’être « discriminés » quand ils étaient refoulés. On n’avait pas encore inventé le mot « incivilités » pour euphémiser cette violence intolérable, et diaboliser par réaction la moindre résistance.

Certains s’armaient et tiraient ; ils étaient bientôt arrêtés, condamnés, et cloués au double pilori judiciaire et médiatique du « facho raciste ». Dupont Lajoie. Les autres, les plus nombreux, préféraient partir dès qu’ils le pouvaient. Ce fut un exode qui ne dit pas son nom (…).

Le ghetto idéologique et social que le Parti avait édifié devint peu à peu un ghetto ethnico-religieux qui leur échappait. Les communistes furent les premiers et les derniers à résister. Ils lancèrent une campagne contre la drogue qui éloignait les jeunes du militantisme politique. En vain. Le trafic de stupéfiants permit à ces bandes de jeunes de s’enrichir et de devenir les patrons de leur quartier, aidant les uns, terrorisant les autres.

Au contraire de ce que l’on crut et dit, les émeutes des Minguettes à Vénissieux ne furent pas un commencement, mais une fin. La fin du combat mené par les communistes pour tenir leur territoire. Vénissieux fut le Diên Biên Phu de la ceinture rouge. »

Il y a plusieurs idées, très intéressantes, qu’elles soient vraies ou fausses. La première, c’est que le PCF avait formé une contre-société autour de Paris. Cela est vrai et pas qu’à Paris. Être un militant de Gauche, jusque la fin des années 1980, c’est agir forcément à l’ombre du PCF, même pour les socialistes, car sur le terrain, il était omniprésent et puissant, disposant de relais solides avec des choses concrètes à proposer.

La seconde idée, c’est que l’immigration a fait de la banlieue rouge une zone de non-droit, avec des jeunes immigrés criminels. C’est là une lecture odieuse de par son racisme, en plus de sa fausseté. Eric Zemmour nie ici que jusque le milieu des années 1980, les immigrés sont puissamment ostracisés dans la société. Ils sont ghettoisés. Il caricature ici de manière sinistre la révolte des ghettos.

S’il fait cela, c’est pour prétendre que la criminalité forcenée des cités – qu’on ne saurait assimiler à la « banlieue » en général, sauf à l’extrême-Droite et l’ultra-Gauche – n’auraient pas une origine sociale, mais ethnique. Il y a une opération idéologique en ce sens très puissante à Droite et à l’extrême-Droite.

La troisième idée est la combinaison du constat juste (la contre-société) et de la thèse fausse (l’origine ethnique du crime qui est un phénomène purement social). C’est que le PCF, selon Eric Zemmour, aurait combattu la drogue, mais aurait échoué et donc aurait disparu. Comme Eric Zemmour est un anticommuniste, il fait ici une analyse juste, mais puissamment déformée.

Le PCF n’a pas mené de réelle campagne contre la drogue, à part de manière épisodique. Eric Zemmour généralise ici, parce qu’il sait très bien que les militants du PCF s’opposaient concrètement à l’alcool et aux drogues, proposant une lecture ouvrière de la réalité, c’est-à-dire posée, rationnelle, stricte, pleine de principes.

Et s’il a raison, c’est justement parce qu’il affirme que le PCF n’a pas été à sa propre hauteur et qu’il a échoué culturellement à combattre les comportements et attitudes criminelles – qu’Eric Zemmour attribue à l’immigration, qui sont en réalité un produit social.

L’immigration est un phénomène systématique du capitalisme, qui a besoin d’une armée de réserve pour les emplois, pour peser sur les salaires, profiter de salariés venant de la paysannerie et coupée des traditions ouvrières, etc. Mais les immigrés peuvent parfaitement rejoindre la lutte également, apportant un nouveau souffle. Le PCF a échoué à faire cela, car il n’a pas assumé le grand combat culturel contre le crime.

Et, si l’on voit une chose au 21e siècle, c’est que ce travail reste à mener. Sans cela, les démagogues ethno-différentialistes auront de leviers pour tromper les gens.

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Morsay : «Moi, je dis des conneries et j’achète une maison à ma mère»

Morsay constate une vérité plus qu’amère : le travail ne paie pas, mais la vulgarité le fait. Et elle le fait justement en ôtant toute dignité au travail et à la rationalité qu’il implique. L’ensemble forme une terrible chape de plomb sur les mentalités, notamment des plus jeunes.

« Mon père, c’était un grand travailleur qui a galéré toute sa vie. Il est mort à cause de l’amiante à 63 ans. Moi, je dis des conneries sur YouTube et j’achète une maison à ma mère… »

Ces propos d’une grande profondeur sont tenus, paradoxalement, par Mohamed Mehadji, alias Morsay, connu justement sur internet par le passé pour des propos vulgaires et un positionnement violent, qui ont aisément attiré l’attention dans une société fascinée par les apparences. Lui-même, rapidement conscient de tout cela, en a profité pour se faire de l’argent par ce moyen par l’intermédiaire d’une marque de vêtements, tout en exprimant une sorte d’existentialisme perverti en soutenant Alain Soral.

Là n’est pas essentiel, toutefois. Car ce que dit Mohamed Mehadji, en l’occurrence dans un portrait du Monde, est beau, vrai, universel. Et c’est à la fois beau et vrai, car universel, ainsi qu’universel car beau et vrai. La réalité qui ressort de tels propos font comme péter à la figure, elle écrase littéralement toutes les impressions qu’on peut avoir.

Ce que dit Mohamed Mehadji au sujet de son père est parfaitement tourné, lui qui a quitté l’école en cinquième, sans savoir ni lire ni écrire. On l’imagine pratiquement l’avoir entendu, comme s’il l’avait dit juste devant nous. C’est une vérité tellement concomitante à notre société qu’on a l’impression d’avoir vécu la scène où il prend la parole. C’est qu’on l’a déjà entendu tellement de fois !

La dévaluation du travail est si immense – alors que celui-ci est la base de tout – que toute valorisation prend immédiatement une résonance pleine de dignité, et de dignité entière. Ce n’est pas pour rien que Mohamed Mehadji termine son propos en parlant de sa mère. La boucle est bouclée, le propos est puissant. Et le fait que son père soit mort à cause de l’amiante n’en résonne que davantage.

Alors, pourquoi Mohamed Mehadji ne prend-il pas le parti de la Gauche, du Socialisme, puisqu’il voit tout ? Sans doute qu’il ne sera pas contre la révolution et simplement qu’en attendant, il fait comme tout le monde, cherchant à tirer son épingle du jeu, avec fatalisme et avec une certaine joie, et fierté, d’avoir tenu le coup jusque-là. Oser vivre dans ce monde n’est pas simple, loin de là !

Mais il est un fait dont tout le monde a pleinement conscience, sauf les plus jeunes : les travailleurs sont méprisés, ils sont niés, ils sont considérés comme non existant. C’est de là que provient le discours faussement scientifique de la « disparition » de la classe ouvrière. La société ne valorise que les postures parasitaires, les « bons coups », les moyens les plus pragmatiques de « se faire de la maille ».

Cela n’empêche pas les jeunes bourgeois les moins fainéants de se précipiter pour faire une école de commerce, conscients de la difficulté de trouver la « bonne idée » et surtout le financement qu’il faut pour la réaliser. Mais l’imagerie capitaliste de la réussite va avec le non-travail. Les images d’oisiveté pullulent, avec Instagram comme fer de lance.

C’est d’autant plus une illusion que le capital engloutit les esprits et qu’une personne qui a accumulé de la richesse va chercher à continuer à le faire, parce qu’il est un vecteur du capitalisme et rien de plus. Des gens qui s’arrêtent de travailler, pour vivre sans rien faire, en « profitant de la vie » ? Il n’y en a pratiquement pas. Même les acteurs les plus connus tournent sans arrêt, quitte à participer à des nullités sans nom ridiculisant leur carrière. Ils croient choisir, c’est l’accumulation du capital qui choisit.

Morsay continue d’ailleurs à essayer de faire la même chose, prisonnier de sa « réussite ». Il lui faudra choisir entre le travail et le « coup », ce qui est d’ailleurs un vrai problème pour des millions de jeunes, notamment ceux issus de l’immigration, mais pas seulement, tellement le quête du « hold up » est célébrée partout, dans les séries, dans les films, dans les biographies des entrepreneurs à succès, etc.

C’est là qu’on voit que le capitalisme est à bout de souffle, qu’il ne peut plus valoriser les capitaines d’industrie, seulement les pirates les plus opportunistes. Mais c’est à cela aussi qu’on voit que le capitalisme en train de pourrir est d’autant plus dangereux de par ce qu’il véhicule comme situations ordurières, avec l’opportunisme qui va avec. Les deux quasi-adolescents qui viennent de gagner des millions au tournoi mondial du jeu Fortnite ont déjà leur esprit aspiré par le capitalisme, comme tous ceux qui les envient.

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La «PMA pour toutes» et le rejet assumé de la biologie

Gwen Fauchois, notamment ancienne vice-présidente d’Act Up-Paris (dans les années 1990), a publié une tribune dans Libération qui a le mérite d’être claire : il faut supprimer la biologie et n’utiliser que les choix individuels comme critères. Le fait que seuls des hétérosexuels puissent avoir naturellement des enfants relèverait du patriarcat : il faut donc supprimer la reproduction hétérosexuelle. Le capitalisme LGBT tourne en roue libre. C’est la révolte de l’individu contre sa propre nature matérielle qui s’exprime ici. C’est l’idéologie absolue du consommateur absolu.

« PMA, nature et illusions » Libération

Il faut avoir le courage de lire la tribune PMA, nature et illusions, publiée dans Libération. Car il faut comprendre l’ampleur du désastre qu’impliquent les anti-valeurs de la modernité capitaliste. Pour en arriver en effet au rejet ouvert de la biologie, c’est qu’il faut tout de même avoir atteint un niveau d’idéalisme plus que très fort ! Et malheureusement, la technologie au service du capitalisme permet la réalisation de tout un nombre de ces fantasmes narcissiques, qui sous prétexte d’aboutir à des droits en plus pour les individus, sapent en réalité les fondements matériels de l’humanité elle-même.

Gwen Fauchois ne fait qu’appliquer la logique consumériste la plus stricte. Chaque consommateur doit avoir les mêmes droits. Le droit à l’enfant devrait donc être un droit universel. Or, la nature repose sur une combinaison homme-femme. Il faut donc supprimer la nature, base de « l’hétéro-patriarcat ».

On est ici dans une démarche nihiliste et non plus simplement dans une « déconstruction ». On est passé de la critique des préjugés au démontage de valeurs, et donc désormais maintenant à la quête fanatique de destruction de la réalité.

Il faut lire cette prose, comprendre sa nature, ce qu’elle reflète : une terrible décadence parmi les couches urbaines et intellectuelles, l’effondrement des normes et des valeurs au sein des couches socialement dominantes elles-mêmes.

« Tribune. Le projet de loi relatif à la bioéthique que vient de présenter le gouvernement devrait mettre fin à l’accès réservé aux seuls couples hétérosexuels aux techniques d’assistance médicale à la procréation. L’abolition de ce privilège aura pour conséquence une obligation de réformer les règles actuelles d’écriture de la filiation.

Dans le projet de loi qui a été transmis à l’Assemblée nationale, le gouvernement propose de créer un dispositif spécifique ne s’appliquant qu’aux couples de femmes qui auront bénéficié de ces techniques et à leurs enfants conçus grâce à elles.

Selon la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, cette spécificité serait justifiée par la nécessité de garantir une vraisemblance biologique dans l’inscription de la filiation. Dès lors, que ses instigateurs reconnaissent que le refus d’universaliser les modalités d’inscription de filiation ne repose que sur un choix idéologique. Car nulle contrainte technique ni juridique n’impose d’introduire un traitement à part qui distinguerait parents et enfants en fonction de l’orientation sexuelle.

Il convient de s’interroger sur les motivations politiques et les effets d’une telle décision, qui se résume à refuser d’universaliser le mode d’établissement de la filiation. Il s’agit ici de réaffirmer dans le sens commun, une prime à l’illusion de naturalité. Cela revient, non pas à admettre les altérités comme autant de possibles à légitimité équivalente, mais plutôt à sauvegarder une hiérarchisation posant en référence le couple cis-hétérosexuel ayant recours à la procréation par relation sexuelle. Ce mode de procréation, seul à bénéficier du droit commun parce qu’il est majoritaire, se voit gratifié d’une dimension quasi-missionnaire : comme un bonus donné au biologique.

En parallèle, la volonté de réinscrire à tout prix un donneur de sperme dans le parcours d’inscription de la filiation qui serait assigné aux seuls couples de femmes agit comme un warning de sur-signalisation d’une absence. On nous explique, là encore, qu’il s’agit de préserver et de rendre visible la vraisemblance biologique. Mais en réalité, cela ne vise qu’à marquer symboliquement et fortement la participation masculine à tout processus reproductif.

Quel est donc ce besoin, si intense, de crier ainsi la présence de sperme dans les constructions de narration, alors qu’on se demande, au vu des technologies existantes, qui pourrait imaginer aujourd’hui – à part à travers une incroyable manifestation de foi dans des fécondations issues du saint-esprit – qu’il n’y ait pas eu dans l’opération altérité de gamètes ? Ce n’est rien d’autre qu’un énième avatar du syncrétisme patriarcal visant à répondre au projet politique de persister à poser le masculin en insécable universel.

Il serait temps de cesser de considérer les systèmes de filiation comme un outil visant à rassurer les hommes hétéros-cis sur leur agentivité et à sédimenter leur pouvoir dans le système social. Un système dans lequel une femme n’est que le vecteur permettant de patrimonialiser symboliquement des enfants. Propriété masculine, à l’échelle individuelle autant que collective.

Cette volonté est d’autant plus évidente que d’un autre côté, on ne touche pas au procédé qui s’applique aux couples hétérosexuels ayant eux aussi recours à la PMA. Pourquoi ? Parce que la vraisemblance de l’accouplement hétérosexuel procréatif est préservée, nous dit-on.

Montrant que ce qui compte le plus, ici, c’est cette vraisemblance du mensonge, plutôt que la réalité de la biologie. Laissant aux enfants de ces couples la liberté de se débrouiller avec les messages contradictoires qui leur sont envoyés : qu’importe qu’un secret recouvre et fasse obstacle à la généalogie biologique dont on leur dit dans le même temps qu’elle devrait être centrale. Rendre visible, privilégier l’apparence, sont deux façons de stigmatiser un écart à la norme.

Chaque avancée d’intégration dans le droit semble devoir toujours s’accompagner de gages donnés pour signifier qu’il ne s’agit surtout pas de transformer une société patriarcale. Et les opportunités de transformation du droit commun, quasi immanquablement, se restreignent à des toilettages de moules préfabriqués dans lesquels des individus sont sommés – même de façon contradictoire – de se glisser et laissent de côté celles et ceux qui ne sont pas au programme de l’avancée du moment.

Alors que la France se targue d’universalisme, quand il s’agit d’étendre l’accès à des droits à des minorités, nous assistons à des festivals conservateurs de valorisation de la distinction et à la multiplication d’inventivité en matière d’usine à gaz et de régimes d’exception.

Tous ne visent au fond qu’à éviter l’universalisation et y substituer des élargissements bornés des conditions de cooptation et d’intégration, au gré des rapports de force réels ou supposés. Re-consacrant dans la loi les logiques inégalitaires, ceux qui nous gouvernent montrent comment ils imaginent le pouvoir.

Avec cet élargissement de l’accès à la PMA, nombre de femmes concrétiseront leurs projets de famille dans des conditions plus sécurisées que par le passé, et leurs enfants n’en seront que mieux protégés. Mais en affirmant que l’accès aux droits des couples ne peut être pour les lesbiennes celui du commun, et en soumettant cet accès à une présence masculine, même symbolique, le gouvernement promeut une réactualisation des hiérarchies hétérosexistes et va autoriser comme d’autres avant lui une vague de réactivation de la lesbophobie ordinaire. Et plus globalement de violences contre les homos, trans et intersexes, et même au-delà par translation à tous ceux qui ne correspondent pas dans l’imaginaire à la figure du dominant.

Pour ma part, je regrette que personne ne souhaite dire clairement que l’enjeu ne devrait pas être seulement de permettre à tel ou telle d’intégrer les règles de filiation, c’est à dire de corriger des inégalités produites politiquement, mais de s’attaquer à transformer nos rapports communs à l’écriture de la généalogie en tant qu’elle est source de production d’une organisation sociale inégalitaire.

Les unes, notamment par crainte qu’à revendiquer des changements radicaux, on en vienne à jeter le bébé avec l’eau du bain, et les autres parce qu’ils veulent éviter à tout prix qu’apparaisse, non pas une invraisemblance biologique, mais le fait que le naturel qui nous est servi ici n’est que le cache-sexe d’une organisation culturelle de l’injustice. »

Il y aurait donc un complot patriarcal : les hommes chercheraient à dominer les femmes en étant biologiquement indispensable ! On est ici en plein fantasme, en réalité, le fantasme du consommateur capitaliste, en quête de la consommation absolue, celle purement individuelle, uniquement individuelle.

Car tout cela n’est que le masque du grand objectif du capitalisme, qui cherche tous les moyens pour se valoriser. Le but, c’est que disparaisse la biologie, l’ultime frontière du capitalisme. C’est le rêve fou produit par un capitalisme en roue libre, forcément en roue libre.

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Société

« L’Huma » et les courses hippiques

On ne lit pas forcément L’Humanité, quotidien qui n’est plus que l’ombre de lui-même, porté à bout de bras par l’argent de l’État et même de grands financiers. Mais, sans préjuger de la médiocrité générale sur le plan journalistique, car toute la presse est ainsi, voir qu’il y a dedans les résultats de courses hippiques ne peut laisser qu’un goût amer.

Quoi ?! Le journal fondé par Jean Jaurès, le journal historique des socialistes, puis du PCF, tombant aussi bas ?

La Gauche n’a jamais encore mené de bataille d’opinion contre les jeux d’argent, c’est là un grand malheur et une profonde erreur. Lorsque, en plus, il y a une utilisation d’animaux, c’est vraiment lamentable. On imagine la condition de ceux-ci, dans un environnement en plus nécessairement façonné par une pression terrible pour le succès.

Tout milieu capitaliste visant à « triompher » implique de fait la corruption, la triche, le dopage, etc. Seuls des naïfs peuvent penser que tout est fait dans les règles et qu’il n’y a pas de manipulations, de coups bas, de consommation de produits stupéfiants pour tenir le coup, etc.

Alors voir L’Humanité fournir des pronostics pour les courses hippiques, c’est terrible, c’est Jean Jaurès au PMU. C’est la Gauche cédant devant l’aliénation, l’appât du gain facile en contournant le travail, réduisant les animaux à des outils de divertissement…

Voir dans L’Humanité qu’il est conseillé de parier sur « Futbolisto », « Hell’s queen », « Elan du rocher », que « Mille rubis » est un bon outsider, tout comme « Etincelle de rêve » ou « Electra du vivier », c’est un choc. Ce n’est pas étonnant quand on y pense, la capitulation devant les beaufs étant ce qu’elle est, mais quand même.

Si à cela s’ajoute une prose revendicative, avec les bons conseils donnés telle une consigne politique, là par contre, on touche un sacré fond.

« Prudence. Cet été, les quintés donnent souvent lieu à des arrivées improbables. C’est essentiellement dû à la médiocrité des lots proposés, comme par exemple le vendredi soir à Cabourg, où l’incohérence des programmes et l’inconséquence des dirigeants ont pour conséquence un déficit de participants. Cela oblige à choisir comme « quinté » des cours de médiocre niveau. Parieurs, la prudence est de mise… »

Parieurs de tous les pays, unissez-vous ! Les organisateurs de courses hippiques ne sont pas à la hauteur des exigences des prolos PMU ! Il faut plus de lots, pour de meilleurs entreprise proposant de meilleur chevaux-esclaves. On en veut pour notre argent !

Comment L’Humanité espère-t-il être un quotidien qui sort de sa profonde crise avec un positionnement pareil ? C’est un véritable suicide et peut-être est-ce ici une allégorie de la Gauche anéantie en France, justement car elle a échoué sur le plan des valeurs. Ne disons pas qu’elle a trahi les ouvriers, car ce sont aux ouvriers de faire la Gauche justement. Disons plutôt : la Gauche n’a pas été en mesure de préserver ses valeurs et elle s’est faite mangée par les valeurs du capitalisme.

Même en arguant qu’un organe de presse ne peut pas aller trop loin, voir les courses hippiques est déjà un suicide culturel. Il en va de même pour la FSGT, la structure dédiée au sport issu du mouvement ouvrier qui assume ouvertement le MMA : on perd là par définition toute affirmation de la non-violence, du refus de faire du mal aux autres, du sport comme développement personnel, dans un cadre collectif, ne se faisant pas aux dépens des autres.

Il est ici vraiment fascinant de voir la Gauche française, ces dernières années, massivement mentionner Antonio Gramsci en disant qu’il faut prendre en compte la question culturelle pour gagner les gens et ne rien faire derrière. C’est bien la preuve d’un problème de fond.

Et ce problème ramène aux débuts du mouvement ouvrier en France. On ne sort pas de l’opposition stérile entre électoralistes opportunistes d’un côté, syndicalistes anti-politiques de l’autre. Cela se fait aux dépens de la culture et on en paie le prix encore aujourd’hui. Ni les électoralistes, ni les syndicalistes n’ont besoin de la culture… alors que c’est essentiel pour qu’il y ait une réelle base populaire portant le Socialisme en termes de valeurs concrètes !

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Société

Un épisode de « Plus belle la vie » promouvant la GPA dénoncé par plusieurs organisations féministes

La dénonciation de la GPA est pour ainsi dire un principe de base du féminisme. Cette marchandisation du corps d’une femme est tout simplement inacceptable, pour tout un tas de raisons. La Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution a publié un communiqué de presse, dénonçant un épisode de la série de France 3 « Plus belle la vie » qui fait ouvertement la promotion de la GPA.

Plusieurs associations féministes sont membre de cette coalition dont le collectif CoRP, qui avait saisi le CSA sur cette question. Voici le courrier envoyé à l’occasion, qui présente bien le contexte et le contenu de l’épisode dénoncé :

« Madame, Monsieur,

Le Collectif pour le Respect de la Personne vous saisit à propos de la série télévisée « Plus Belle la vie  » et plus spécifiquement pour l’épisode 3847 diffusé le mardi 23 juillet à 20h20 sur FR3. Cet épisode, dont le dialogue de la séquence incriminée est reproduit ci-dessous, présente comme acceptable le recours à la maternité de substitution (dite aussi « gestation pour autrui », GPA) pourtant interdite en France et dans la plupart des pays européens.

La Coalition internationale pour l’abolition de la maternité de substitution (CIAMS) avait alerté la production de la série TV, avant la diffusion de l’épisode en attirant son attention sur les conséquences délétères de la présentation partisane de cette pratique dans une série très appréciée du grand public. Malheureusement ces courriers, auxquels se sont associées de nombreuses organisations féministes et en faveur des droits humains ainsi que des individu-e-s, sont restés sans réponse.

Voici l’analyse que nous faisons de cet épisode en relevant les éléments du scénario qui contribuent à rendre la GPA, interdite en France, acceptable :
1- le recours à une jeune femme médecin, comme caution médicale pour rendre la pratique socialement acceptable. Cette jeune femme médecin, Léa, approuve le recours à la GPA en jouant le rôle de conscience morale !! forte de son statut médical (aura de la science et de la médecine !);

2- la notion d’état de fait, sélectif et fallacieux [Elle (Léa, jeune femme médecin brillante) le (Vincent) rassure en lui disant que, dans son entourage, des amis ont fait cette démarche. « La mère porteuse est restée dans le cercle familial et tout le monde est très heureux. »]. Ces propos ont pour objectif de banaliser le recours à la GPA. Ils s’appuient sur des cas individuels présentés comme positifs, masquant ainsi la situation réelle de la GPA dans le monde : un système d’exploitation des plus pauvres au profit des plus riches par le biais du tourisme procréatif.

3- l’usage abusif de la notion de don. [Quant au don, selon Léa, « c’est un geste d’amour et de partage ».] Le don, en l’occurrence, le don d’organe est là pour sauver des vies. Or, ici, il n’y a rien à sauver. De plus les personnes qui glorifient la générosité des mères porteuses [geste d’amour et de partage] sont toujours dans une situation qui les met à l’abri de devenir un jour mère porteuse.

4-la légitimation de la pratique du trafic : la jeune mère porteuse, [rencontrée en Angleterre], accouchera en France chez Céline (l’avocate qui a recours à la GPA en simulant un état de grossesse afin de faire passer l’enfant comme le sien au regard de l’état civil). La mère porteuse sera donc « importée » pour réaliser cette opération frauduleuse. Il s’agit là de trafic de femmes et d’enfant.

5- la caution juridique apportée à la pratique. Céline la mère d’intention qui a recours à la GPA est un personnage d’avocate brillante qui a toujours défendu des causes justes dans la série. Qu’elle soit ici la protagoniste principale et l’auteure d’une action interdite par la loi, est un signe fort donné au public de passer outre à la réglementation nationale pour se diriger vers la GPA transfrontière en toute impunité.

6- la diffusion de l’épisode coïncide avec le débat parlementaire sur la PMA où se manifesteront à nouveau les tentatives en faveur d’une légalisation de la GPA.

Dans son étude de 2018 sur la gestation pour autrui, la Rapporteuse spéciale des Nations-Unies sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants, reconnaît que l’essentiel des conventions de GPA pratiquées, y compris dans les pays dits développés, ne sont rien d’autre que de la vente d’enfant, quels que soient les artifices juridiques employés.

La définition de la vente d’enfants contient trois éléments : a) « la rémunération ou tout autre avantage » (paiement) ; b) le transfert d’un enfant (transfert) ; et c) l’échange de « a » contre « b » (transfert contre paiement).

Nous demandons que la production de « Plus belle la vie » rappelle, dans les épisodes suivants, l’interdiction de la maternité de substitution et les raisons pour lesquelles elle est interdite en France.

Le Collectif pour le Respect de la Personne vous a déjà saisis, les années précédentes, pour les mêmes raisons, à savoir, une présentation exclusivement positive, notamment sur les chaînes publiques, de cette pratique sexiste et contraire aux droits humains qu’est la maternité de substitution.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de recevoir, Madame,

Monsieur, nos cordiales salutations.

Ana-Luana Stoicea-Deram
Présidente du Collectif pour le Respect de la Personne (CoRP)
collectif.corp@live.fr
https://collectif-corp.com »

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Société

«Le burkini n’est pas un symbole religieux»

Toute une série de professeurs d’universités ont publié un appel dans Libération pour prôner l’acceptation du burkini par la société. Leur mot d’ordre, au-delà de toutes considérations sur la religion, est le rejet de tout « jugement moral ». Ces gens sont de purs vecteurs du libéralisme et des ennemis jurés de la Gauche.

CNRS, université Paris-Nanterre, Sciences-Po, IEP Lyon, Inalco, Ined, université Lumière-Lyon-II, université Paris-XIII… la liste est longue et indique la provenance très diverse des signataires. Car toutes les entités d’enseignement supérieur en France sont des bastions de l’élitisme intellectuel et du libéralisme maquillé en engagement « humaniste ».

Allons d’ailleurs droit au but : ces gens sont des ignares, des menteurs et des salauds. Car il faut être tout cela pour oser expliquer la chose suivante :

« Le burkini n’est pas un symbole religieux. »

Comment peut-on affirmer une stupidité pareille, en ayant fait des études supérieures ? En les ayant effectuées, en fait, avec tout le formalisme le plus insipide qui soit, bien bourgeois. Ces gens disent en effet qu’aucun texte religieux ne le conseille et que les fondamentalistes sont contre la présence de femmes à la piscine.

Partant de là, le burkini perdrait son caractère religieux. On est là dans un raisonnement tellement sec, formel, professoral, qu’il perd tout contact avec la réalité. Et ce sont ces gens qui viennent donner des leçons à la Gauche :

« Les actions de désobéissance civile initiées à Grenoble par des femmes réclamant la possibilité de se baigner en burkini dans les piscines publiques ont suscité des réactions virulentes de la part des responsables politiques. La droite et l’extrême droite ont condamné d’une seule voix ce qu’elles voient comme une «revendication du communautarisme islamiste». On a trouvé peu de voix à gauche pour les contredire. »

Si la Gauche ne dit rien, ce n’est pas pour rien, c’est qu’elle a compris qu’il y a un agenda islamiste et elle a autre chose à faire que de jouer les idiots utiles. Mais de toutes façons, de quoi ces universitaires se mêlent ? Ils sont simplement des ultra-libéraux. Il suffit de lire ce qu’ils disent sur les mœurs :

« Affirmer en outre, à l’instar de la secrétaire d’État chargée de l’Egalité entre femmes et hommes, que ces mobilisations sont un «message politique» signifiant aux femmes «couvrez-vous», renvoie aux arguments réactionnaires de tous les prohibitionnistes : autoriser, en somme, ce serait encourager.

Que ce soit la consommation d’alcool ou de drogue, l’IVG ou le mariage pour tous,  leurs opposants ont toujours agité le chiffon rouge de la décadence, la libéralisation induisant nécessairement une contamination, ce qu’aucune étude sérieuse n’a jamais démontré (…).

Les rapports au corps sont logiquement pluriels dans toute société, pouvant renvoyer à des convictions religieuses ou philosophiques personnelles autant qu’à des expériences de vie contrastées. Ces rapports différents au corps, à la pudeur, ne concernent pas l’Etat ou les pouvoirs publics et méritent d’être respectés tant qu’ils ne restreignent pas les libertés d’autrui (…).

La France est, qu’on le veuille ou non, un pays pluriel sur le plan culturel, du fait notamment de son passé colonial et de sa situation très ancienne de pays d’immigration. On peut nier cette réalité et vouloir réduire à l’invisibilité certaines citoyennes de notre pays.

Nous considérons, à l’inverse, que la diversité des croyances et des opinions est un fait durable autant que positif et qu’il convient de permettre – dans l’esprit de nos institutions – à toutes et tous d’être traité selon un principe d’égalité. »

Quel rapport avec la Gauche ? La Gauche est universaliste, elle veut une société de l’égalité totale, où il y a une seule opinion dominante, celle de l’esprit collectif, du partage total, de l’athéisme, du refus de l’individualisme, etc. Elle veut un seul pays dans le monde, par la fusion de tous les pays en un seul.

Cela, pour la Gauche historique bien entendu. Celle qui est pour l’intervention de l’État dans la société, et non pas contre. Et tout concerne l’État organisé sur la base des valeurs de Gauche, afin de supprimer les traditions pourries et les mœurs hallucinantes relevant du capitalisme.

Cependant, nos universitaires disent que chacun doit pouvoir faire ce qu’il veut, qu’il est très bien qu’il y ait plein d’opinions différentes et divergentes. C’est là du libéralisme le plus complet, non seulement pour la question des mœurs, mais politiquement également. C’est là le principe de la « société ouverte » élaborée dans les universités américaines et cela va à l’encontre de toutes les valeurs de la Gauche historique.

C’est là qu’on voit à quel point on est à la croisée des chemins. On se doute bien en effet que la posture de ces professeurs amène le Peuple dans les bras de l’extrême-Droite, parce qu’à un moment, les gens siffleront la fin de la récréation. Aucune société ne peut se maintenir avec des élucubrations pareilles.

Il faut dénoncer vigoureusement et systématiquement les postures de ces intellectuels et c’est toujours plus facile d’ailleurs, tellement ces gens se démasquent sous l’effet de la présidence d’Emmanuel Macron. Ils se positionnent toujours plus comme un satellite de « gauche » de son libéralisme social.

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Société Vie quotidienne

Le logement et le mauvais goût

Déjà les romantiques dénonçaient au XIXe siècle le fait que l’art ne soit pas valorisé comme il se doit. Que dire en ce début du XXIe siècle où le capitalisme a défiguré entièrement la notion même d’harmonie ? Cela se lit particulièrement dans les logements. Malgré la révolution de l’accès à des biens matériels de goût, il n’y a pas eu de réalisation sur ce plan.

Le capitalisme propose absolument tout ce qu’on veut niveau objets du quotidien et on peut se débrouiller pour l’avoir pour des sommes si ce n’est modiques, au moins accessibles. On peut disposer de meubles, de fourchettes, d’affiches, de tapis, de théières, de tapisseries, de moquettes… qui reflètent un certain niveau artistique. La qualité ne sera pas forcément exceptionnelle, mais dans l’idée, il y aura un certain niveau.

Or, que voit-on ? Que l’intérieur des logements n’est que le prolongement des logements du passé. Il y a une continuité qu’on peut qualifier de parentale dans les appartements et les maisons. Il y a une véritable reproduction des habitudes, des manières de concevoir le rapport aux objets dans le logement.

Cela ne veut pas dire que cela soit entièrement faux. Il y a des cultures nationales et un logement français n’est pas un logement indien ou japonais, ce qui n’implique pas qu’il n’y a pas des choses justement à apprendre les uns des autres, conformément aux échanges toujours plus grands au sein de l’humanité.

Et il y a bien sûr des objets techniques nouveaux par rapport à auparavant, comme les ordinateurs, les box internet, etc. Cela ne change pas le fond de la question, car ces objets s’intègrent dans le paysage, sans rien changer.

Bien entendu aussi, les gens très riches achètent de leur côté des choses nouvelles, souvent excentriques, beaucoup de choses excentriques, ils remplissent autant qu’ils le peuvent, ou bien restent minimalistes, mais leurs achats proviennent de catalogues de choses à la mode.

Mais pourquoi n’y a-t-il pas pourtant un gigantesque changement à l’intérieur des logements, strictement parallèle à l’accumulation énorme de marchandises disponibles ? Pourquoi les logements d’aujourd’hui n’ont-ils pas un intérieur resplendissant, en comparaison à il y a cinquante ans ?

Pourquoi, dans les logements, n’y a-t-il pas eu un changement total, alors que la société de consommation permet un accès sans comparaison par rapport à il y a cinquante ans ?

La raison est très simple à trouver. La consommation capitaliste est tout comme la production capitaliste, elle est chaos. Les gens achètent n’importe quoi, n’importe comment. Il n’y a pas de prévision, pas de planification. Il n’y a pas de réflexion profonde, il n’y a pas de mise en rapport avec la culture.

Ce qui est acheté l’est en fonction d’un vague goût personnel, c’est-à-dire, pour employer le terme adéquat, en fonction des caprices. Ces caprices expriment souvent la reproduction déformée des caprices parentaux, selon l’adage bien souvent vérifié qu’une fois adulte – une fois qu’un emploi a été trouvé de manière plus ou moins définitive – il y a un grand recul et des retrouvailles avec les vieilles valeurs et cela de manière toujours plus profonde.

Ce n’est pas qu’une question d’éducation. C’est le système même de consommation qui s’impose aux gens, qui les rend prisonniers de tout un style de vie. L’incohérence est totale et flagrante entre ce qu’il serait possible de faire et ce qui est fait. Les logements eux-mêmes sont d’ailleurs totalement dépassés par rapport à ce qu’on pourrait faire.

Les villes elles-mêmes sont terriblement en retard par rapport aux exigences culturelles, écologiques, de rapport à la nature, de mobilité, d’accès aux soins, etc. Elles deviennent toujours plus moches mêmes, le chaos de la propriété privée les défigure, les transformant pour les grandes en bastions cosmopolites de privilégiés et de grandes entreprises, pour les petites en déserts.

Par quelque bout que l’on prenne la vie quotidienne dans le capitalisme, on voit que le mauvais goût est toujours lié au caractère dépassé du capitalisme ; le mauvais goût est le contre-coup d’un chaos qui a pris de telles proportions que tout devient toujours plus déformé. C’est la fin d’une civilisation : le Socialisme est une exigence historique.

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Société

Tour de France : quand les Français gagnent, on ne parle plus de dopage

Les performances de l’équipe Sky (devenue Ineos) sur le Tour de France ont été l’objet de nombreuses critiques ces dernières années, avec des soupçons formulés plus ou moins ouvertement de dopage. Cette année, ce sont surtout deux Français qui réussissent sur le Tour, alors les doutes s’évaporent de manière tout à fait chauvine.

Le cyclisme est un sport abîmé, usé par les affaires de dopage. Non pas que ce phénomène n’existe pas ailleurs comme dans le football où il est tout simplement nié, mais plus que tout autre sport, le vélo est inéluctablement associé à cette corruption de l’esprit et du corps.

La succession de l’affaire Festina en 1998 puis de l’ère Armstrong dans les années 2000 a fait de grands dégâts, à tel point par exemple que la télévision allemande avait pendant un temps arrêté la diffusion du Tour. Les masses populaires ont relativement réglé ce problème du dopage avec un certain fatalisme, en se disant que de toutes manières cela ne change pas grand-chose à la course.

Qu’il y ait des tricheurs est dommage pensent les amateurs de vélo, mais dans tous les cas il y a toujours des coureurs plus forts que d’autres et de toutes manières, à peu près tout le monde doit se doper… Ce n’est pas idéal comme point-de-vue, c’est même regrettable, mais à défaut d’autre chose, cela a une certaine dignité. Et cela permet en tous cas de continuer à apprécier ce sport malgré un arrière-plan détestable.

L’apparition de l’équipe anglaise Sky ces dernières années a quelque peu changé la donne. Elle a en effet montré une puissance collective hors-norme, écrasant littéralement le Tour d’une manière très froide et calculée, presque mécanique. Cela a heurté l’esprit petit-bourgeois français qui au contraire aime le « panache » individuel, les grandes embardées « héroïques », quitte d’ailleurs à ce qu’elles aient une issue tragique.

De nombreuses personnes ont alors pris le prétexte de la critique morale et populaire du dopage pour en fait formuler surtout une critique chauvine envers les coureurs anglo-saxons. Christopher Froome en particulier a été l’objet d’une farouche hostilité, alors que de nombreux autres coureurs à la réputation non-moins suspecte ont été largement épargnés par la critique.

Ce chauvinisme est un poison et aucun grand changement démocratique ne pourra avoir lieu dans le pays sans une grande remise en cause culturelle sur ce plan. Mais quand on voit l’emballement qu’il peut y avoir aujourd’hui à propos des performances de Thibaut Pinot et Julian Alaphilippe sur le Tour depuis deux semaines, on se dit qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir.

Le problème n’est pas bien-sûr que le public français puisse être content du succès de coureurs français. Il y a une proximité plus immédiate et palpable avec les coureurs français qui conduit assez logiquement à un soutien, là n’est pas la question. Le problème est quand les doutes disparaissent et que ceux qui pointaient du doigt le dopage ne le font plus, alors que les performances sont tout autant exceptionnelles, si ce n’est plus.

Disons-le franchement, si Julian Alaphilippe était britannique, les commentaires incendiaires à son sujet ne manqueraient pas. Lui qui vient d’une équipe à la réputation douteuse, qui suit les meilleurs grimpeurs du monde et écrase le contre-la-montre individuel alors qu’il est censé n’être qu’un puncheur ayant déjà eu son pic de forme sur les grandes classiques du printemps, qu’il avait survolé (il est en tête du classement UCI des meilleurs coureurs du monde).

On ne peut pas accuser sans preuve, évidemment. C’est précisément ce qui protège les tricheurs d’ailleurs, puisque le business qui corrompt le sport n’a aucunement envie qu’on mette les moyens pour enrayer le dopage. Mais il faut au moins avoir l’honnêteté de ne pas accepter aussi facilement ce qui est du même ressort que ce qu’on a critiqué auparavant.

Il faut donc en dire autant des performances de Thibaut Pinot, qui survole jusqu’à présent en montagne avec des performances largement comparables à ce qui a été critiqué les années précédentes.

Il ne s’est rien passé sur le plan de la lutte anti-dopage (qui n’a quasiment aucun résultat) pour expliquer un changement de situation. Les micro-transfusions ou l’usage détourné de corticoïdes et tous les autres artifices para-médicaux destinés à améliorer le rapport poids/puissance des coureurs n’ont pas disparus du jour au lendemain du peloton.

Pourtant, certains n’hésitent pas à faire de grandes déclarations triomphantes, comme Antoine Vayer, chroniqueur au Monde, qui explique sans détours que Thibaut Pinot roule à l’eau claire et qu’il n’y a rien de suspect chez lui.

Et pourquoi donc ? Sous prétexte qu’il le suit depuis son adolescence, alors il faudrait lui faire confiance. Dans une chronique au Monde, absolument détestable quand on connaît l’arrière-plan chauvin, il affirme ni plus ni moins que « le Tour 2019 va peut-être se jouer à vitesse réelle ». Aucune explication ne vient corroborer cela, il faudrait simplement le croire quand il dit que les performances sont plus normales qu’avant, alors qu’en réalité elles n’ont pas diminuées.

On peut d’ailleurs citer ici le coureur champion de France 2019 Warren Barguil qui a affirmé, données à l’appuie :

« Il est clair que ça roule beaucoup plus qu’en 2017 et 2018. Mon capteur de puissance en atteste. Je pense aussi qu’une équipe comme Ineos est au niveau des autres années, mais ça roule plus vite et en même temps le niveau est plus homogène. »

Le journal l’Équipe ou bien les commentateurs télévisés ne sont pourtant pas en reste pour aduler Julian Alaphilippe et Thibaut Pinot en oubliant toute méfiance rationnelle quand au dopage, la fierté chauvine justifiant à peu près tout.

Cette « crise de mauvaise foi collective », comme l’a justement dénoncé le journaliste Stéphane Thirion du quotidien Belge Le Soir, n’est pas seulement exaspérante. Elle est surtout le reflet d’une tendance nauséabonde dans la société, très bien ancrée, qui n’augure rien de bon pour les temps à venir.

À la Gauche de démasquer ce chauvinisme, pour s’y opposer frontalement dans une perspective démocratique et populaire, pour empêcher l’irrationnel de triompher, pour enrayer la perspective nationaliste et guerrière qui se dessine de plus en plus clairement.

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La faillite économique et morale de forces de l’ordre

Loin de la mise en place d’un État policier, on assiste en pratique à l’effondrement des forces de l’ordre sur le plan matériel. Il y a moins de forces de l’ordre, leur matériel est vétuste, leur moral en berne, leur légitimité toujours aussi mise à mal.

Les policiers et les gendarmes finiront bien par se rebeller et une partie soutiendra l’option fasciste pour régénérer l’État. C’est une rengaine qu’on entend dans certains milieux.

Il y aurait une surveillance totale, la Chine notamment utiliserait de hautes technologies pour cela. Le livre 1984 annoncerait un avenir proche, etc. Tout cela est de la paranoïa de classes moyennes, car en pratique, l’État est en faillite. C’est toujours comme cela quand un système est à bout de souffle : son État ne tient plus la route.

Une commission de l’Assemblée nationale vient de rendre public une évaluation sur la police et la gendarmerie. Qu’y apprend-on ? Par exemple, qu’en douze ans, on est passé de 13 621 CRS à 10 728, qu’en douze ans le nombre de pelotons de gendarmerie est passée de 123 à 109. Comment les anarchistes et autres ultras, avec leur fantasme de l’État policier, vont-ils expliquer cela ?

Que les forces de l’ordre, c’est 23 millions d’heures supplémentaires non récupérées (ni payées : il faudrait ici quasiment 300 millions d’euros). L’État ne sait plus quoi faire et de toutes façons s’il le pouvait, il n’en aurait pas les moyens.

Que l’âge moyen des véhicules blindés de la gendarmerie, les 84 véhicules blindés à roues, c’est 45 ans ; que 80 % des bases de gendarmes ont plus de 25 ans. Que le quart des commissariats, c’est un immeuble vétuste. C’est bien connu d’ailleurs : tel commissariat a un mur mitoyen qui s’effondre, tel autre n’a plus d’eau potable, etc.

Les véhicules de police – très sollicités, comme on s’en doute – c’est 7,35 ans d’âge moyen. C’est ahurissant : la police est censée aider les gens. Comment les policiers acceptent-ils cela, tant pour les gens que pour leur propre sécurité ?

Mais c’est que la police reste irrémédiablement séparée de la société. Moins qu’avant en termes de profils individuels, mais organiquement, ce n’est pas la police du peuple. C’est une police non pas de la justice, mais du maintien de l’ordre, dans le sens de la légitimité de la propriété.

N’importe quel policier reconnaît d’ailleurs que sa propre activité est décevante et inopérante par rapport aux vrais problèmes de la société. Les gendarmes, c’est différent, puisque eux sont des militaires, par définition des réactionnaires.

Et pourtant ils ne sont pas mieux lotis. Voici ce qu’on lit dans le rapport :

« La visite à la brigade de gendarmerie de Chaumes-en-Brie a permis au rapporteur de constater que quinze militaires se partageaient deux casques, deux gilets lourds, un unique pistolet à impulsions électriques, un seul lanceur de balle de défense et un seul diffuseur de gaz lacrymogène de grande contenance ».

C’est intenable et donc cela ne tiendra pas. Les gendarmes soutiendront immanquablement les forces les plus réactionnaires. Une partie de la police aussi, mais une partie significative d’entre elle s’y refusera et une autre combattra même cela.

Car ce qui se joue, c’est le rapport à la société des forces de l’ordre, alors que la société se dilue dans l’individualisme et l’indifférence. Les forces de l’ordre voient bien cela et en même temps elles sont contaminées par cette décadence. L’esprit élitiste d’extrême-Droite se déploie en même temps dans des interstices. Jusqu’à la crise.

En fait, il y a besoin de l’État, mais cet État doit être totalement nouveau, pour mettre en place un ordre nouveau. Il devrait par conséquent être porté par la Gauche, à tous les niveaux. Ce n’est malheureusement pas le programme de la Gauche, alors que l’extrême-Droite a précisément le projet d’un État restructuré par elle. Au lieu de l’ordre nouveau auquel appelait Antonio Gramsci, on ne va avoir que la proposition d’un pseudo « ordre nouveau » de la part des nationalistes et des militaristes.

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Les incidents « algériens » à Paris, Marseille et Lyon

La question des Algériens – ou plutôt des personnes d’origine algérienne – qui ont provoqué de nombreux incidents à Marseille, Lyon et sur les Champs-Élysées a beaucoup attiré l’attention. L’arrière-plan est à la fois très difficile à saisir et terriblement simple.

Beaucoup de réactions sont apparues avec les incidents « algériens » de ces derniers jours et il est vrai que dans certains cas, il y a eu de véritables drames. Ce sont en fait surtout des caillassages de forces de l’ordre et des dégradations de mobilier ou véhicules qui ont eu lieu de la part de jeunes hommes, conduisant selon la presse à 282 interpellations et 249 gardes à vue.

En plus de cela, 202 véhicules ont fait l’objet de vidéo-verbalisation en raison de conduites dangereuses. Le fait que des supporters repassent sur les lieux mêmes où une mère et un enfant ont été tués à Montpellier a aussi quelque chose de morbide. Cependant, c’est justement qu’il n’y a rien de rationnel à tout cela.

Pourquoi tout cela, en effet ? La victoire de l’équipe de football d’Algérie en demi-finale de la Coupe d’Afrique des nations n’a été qu’un prétexte à deux choses. Tout d’abord, il faut savoir qu’en Algérie, les stades de football sont historiquement pratiquement les seuls lieux où une opposition au pouvoir peut s’exprimer. La récente contestation populaire contre Abdelaziz Bouteflika a par exemple commencé dans les stades avec un chant repris par les supporters de plusieurs équipes.

Il y a donc une tradition de rébellion par rapport au football. Cependant, pour les événements en France, il y a un autre aspect qui compte bien plus : c’est qu’il n’y a jamais eu de véritable indépendance algérienne.

Il y a trois raisons pour cela :

  •  la nation algérienne était un melting-pot de multiples origines, dont qui plus est une partie importante a été forcée de partir (les Juifs) ;
  • l’Algérie « indépendante » a immédiatement été sous une chape de plomb militaire, empêchant toute expression démocratique ;
  • l’Algérie n’a jamais su depuis 1962 se donner une identité : est-elle arabe, arabe et kabyle, un mélange de peuples ?

Par ailleurs, le régime a toujours utilisé l’Islam comme levier unificateur réactionnaire. L’islamisme fanatique et meurtrier des années 1990 n’est que le reflet déformé des attentats aveugles du FLN des années 1950-1960. L’influence algérienne dans les débuts d’Al-Qaeda, et dans l’émergence du courant de l’État islamique, est significative. Il est étonnant d’ailleurs qu’aucun commentateur « spécialisé » n’ait dressé le parallèle strict entre les attentats contre les civils de l’État islamique et les pratiques tout à fait similaires du FLN un demi-siècle auparavant.

On ne sera donc pas étonné si dans un tel contexte, le peuple algérien est particulièrement tourmenté, surtout que la part de la jeunesse dans la population est immense. Il n’y a pas de travail, pas de logements, pas de perspective, à part traverser éventuellement la Méditerranée.

Cette identité tourmentée a elle-même traversé la Méditerranée et même pour des jeunes ne connaissant pratiquement rien du pays de leurs parents ou grands-parents, il y a une quête de fierté positive. On peut dire qu’en réalité, c’est toute la nation algérienne qui attend le moment de sa véritable affirmation.

C’est l’indépendance de 1962 qui n’est pas terminée et tout le problème de la question démocratique est justement que personne n’est encore capable de formuler cela de manière juste. Les islamistes des années 1990 ont tenté ni plus ni moins que de détourner tout cela dans leur pulsion de mort.

Le résultat est que l’Algérie est une poudrière, la hantise des États algérien et français. La question démocratique algérienne a un potentiel énorme ! Toutefois, à voir les expressions actuelles – tant en France dans les personnes liées à l’Algérie qu’en Algérie même, malgré le renversement d’Abdelaziz Bouteflika – on est loin du compte. Cela viendra forcément pourtant !

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Appel de 50 députés de gauche en faveur du droit fondamental à l’IVG

Cinquante députés de gauche ont publié une tribune dans le Journal du Dimanche, demandant à ce que l’interruption volontaire de grossesse soit reconnu comme un droit fondamental. Cet appel se revendique de Simone Veil, pas de la Gauche historique. Et pour cause : l’avortement n’a jamais fait partie de ses fondamentaux.

On peut très bien reconnaître le droit à l’avortement et dire que c’est regrettable d’avorter, qu’il vaudrait mieux tout faire pour éviter. Encore est-il que cette position qu’on peut considérer comme raisonnable n’existe pas vraiment aujourd’hui, malheureusement.

Il n’y a en effet que deux camps : les religieux qui sont radicalement contre, les progressistes qui sont radicalement pour. Pour les uns, le fœtus est sacré dès le départ (en raison de son « âme »), pour les autres, tant qu’il n’est pas né il ne compte pas.

L’appel de 50 députés de gauche dans le Journal du Dimanche s’aligne entièrement sur ces « progressistes » dont Emmanuel Macron est le meilleur représentant. Il s’agit d’ailleurs pour l’appel d’être plus « progressiste » qu’Emmanuel Macron lui-même :

« Le président de la République a fait entrer Simone Veil au Panthéon le 1er juillet 2018, à juste titre. Aujourd’hui nous sommes cinquante députés issus de l’ensemble des groupes de la gauche parlementaire à lui répondre en déposant une proposition de loi constitutionnelle visant à ce que ‘nul ne puisse entraver le droit fondamental à l’interruption volontaire de grossesse.’ »

Il faut en effet voir les choses telles qu’elles sont et comme l’appel doit le reconnaître lui-même, le combat pour le droit à l’avortement n’a pas été porté par la Gauche. Il est rappelé dans l’appel :

« Jusqu’en 1942, l’IVG était considérée comme un ‘crime contre l’État’ puni de la peine de mort. En 1971, ‘343 courageuses’ déposèrent un manifeste décisif pour l’évolution des mentalités de l’époque ; en 1975, la loi Veil consacra enfin le droit des femmes à disposer librement de leur corps. Et en 1979, seulement, l’interruption volontaire de grossesse fut formellement légalisée. »

Ce qui veut dire que le Front populaire n’a pas autorisé l’avortement, que le mouvement en faveur du droit à l’avortement est né par des femmes non organisées dans la Gauche politique, que c’est un gouvernement de Droite qui a autorisé l’avortement.

Ni la SFIO, ni le Parti socialiste ensuite, ni le Parti Communiste, n’ont soutenu le droit à l’avortement qui, après un bref intermède légal à la suite de la révolution russe, a été interdit en URSS.

On est libre de dire ici : la Gauche historique a oublié cette question ou bien il n’y a rien été compris, les droits des femmes avaient été oubliés, etc. Mais en ce cas on tient la même critique à l’égard de la Gauche historique que la « nouvelle gauche », la « seconde gauche », celle des années 1960-1970, avec notamment le PSU, la CFDT, etc. La Gauche historique aurait été « dépassée », elle aurait raté l’essentiel, elle n’aurait été qu’un dogmatisme ouvriériste, etc.

Et cette question du droit à l’avortement peut se décliner avec le droit au cannabis, le droit au suicide assisté, le droit à se faire des modifications corporelles significatives, le droit à la procréation médicalement assistée, etc. etc.

En clair, la « seconde gauche » dit que ce qui compte ce sont les droits individuels et que la Gauche historique, avec ses principes, est incapable d’aller en ce sens. Il ne s’agit même pas d’un débat matérialiste. Il ne s’agit pas de gens qui disent : le fœtus n’est pas encore suffisamment développé pour être une personne avant tant ou tant de semaines. Il s’agit de gens qui veulent supprimer la matière et faire triompher les choix individuels.

Il s’avère naturellement que le peuple en France a bien compris cela et qu’il n’en est pas partisan, qu’il préfère rester à l’écart de ce qui lui semble très problématique. D’où le fait que le droit à l’avortement soit trusté par les fanatiques religieux d’un côté, les ultras modernistes de l’autre.

Ce qui se passe aux États-Unis, où le droit à l’avortement est furieusement attaqué dans son intégralité par le très puissant courant réactionnaire, est un excellent exemple de comment le refus populaire de l’ultra-modernité libérale aboutit au soutien aux pires forces réactionnaires.

C’est à cette situation que nous précipite une Gauche déconnectée du réel, ne vivant que par le culte libéral des droits individuel, et permettant à la Droite et l’extrême-Droite de se présenter comme les garants de la civilisation.

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Le Parisien publie le journal de bord d’une infirmière des urgences

Le Parisien week-end a publié le compte rendu très intéressant de la semaine de travail d’une infirmière des urgences d’un grand hôpital parisien. Sont décrites dans le détail cinq gardes de nuit effectuées récemment, du 17 au 24 juin 2019.

Il y a bien sûr l’actualité sociale en arrière-plan de cet article avec ce mouvement de grève des personnels qui n’en peuvent plus des conditions de travail et d’accueil des patients.

« A la fin de la nuit, on est tous crevés. On a travaillé en sous-effectif, il manquait trois aides-soignants sur sept. Ça augmente beaucoup la charge de travail. Je prends ma voiture et rentre chez moi à toute vitesse. »

Il y a aussi cette réalité plus quotidienne de la vie dans les grandes métropoles du capitalisme qui est très bien décrite par Élise, dont le prénom à été changé.

« Mes parents, qui habitent en province, viennent à Paris ce week-end. On a prévu de déjeuner ensemble samedi. Ça va être vite fait, car je serai entre deux gardes. Je pars pour l’hôpital, sans dîner. De toute façon, le frigo est vide, nettoyé et éteint. Je n’ai pas eu le temps de faire les courses depuis plus d’un mois ! »

Comment ne pas devenir fou, se demande-t-on, quand on lit cela. On remarquera d’ailleurs que beaucoup des cas décris par cette infirmière relèvent ni plus ni moins que de la folie, avec une très grande violence, reflet de la violence sociale et culturelle de notre époque.

« Vers minuit, un garçon de 16 ans, alcoolique, déjà venu la veille, arrive inconscient, avec des traces d’agression sur le corps et le visage. On fait le scanner : il a un hématome sous-dural (NDLR : un épanchement de sang autour du cerveau). Il est envoyé au bloc, son pronostic vital est engagé. Avec des personnes aussi jeunes, on se dit qu’on a encore moins le droit de se tromper. »

Ce récit est très intéressant, montrant une grande dignité de la part de gens voulant très bien faire, mais qui se retrouvent littéralement broyés par cette machine infernale qu’est le capitalisme. L’infirmière adore son travail et a le sens du service, mais envisage de démissionner.

« Je prends mon poste en tant qu’infirmière d’accueil et d’orientation. Je suis la première personne que les patients voient. C’est à moi de faire le tri et de les installer dans différentes zones, en fonction du degré d’urgence. C’est un rôle que j’aime bien, il y a beaucoup d’adrénaline et il faut bien connaître son métier. Quand je commence, beaucoup de patients attendent déjà. Je dois aller vite, mais je n’ai pas le droit à l’erreur. »

À lire sur le site du Parisien : « Dans l’enfer des urgences : l’affolant journal de bord d’une infirmière de nuit »

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Une Inter-LGBT pro PMA, pro GPA…

Hier s’est tenue la « marche des fiertés ». Il est bien loin, l’esprit de la gaypride avec son esprit d’ouverture. Désormais l’agenda est ouvertement libéral : PMA, GPA, refus assumé du modèle du couple… tout y passe. On ne sera pas étonné que Mastercard soit l’un des sponsors.

Des trains SNCF aux camions des éboueurs, les couleurs LGBTQ+ sont partout et Mastercard en a profité pour présenter une carte de crédit « non-binaire ». Car, il faut bien le saisir, la démarche LGBTQ+ a un agenda très précis : l’ultra-libéralisme, tant économique que sociétal.

La déclaration de l’Inter-LGBT de cette année est, comme d’habitude, explicite :

« Les familles LGBTparentales existent depuis plusieurs décennies et concernent des dizaines, voire des centaines de milliers d’enfants. Ces familles sont d’origines diverses : les enfants sont nés de précédentes unions, de procréation médicalement assistée à l’étranger, de procréation amicale avec un tiers connu mais qui ne souhaite pas être parent, de gestation pour autrui ou de coparentalité,… Mais elles doivent toutes affronter des difficultés pour être reconnues. »

Tout est ici exposé clairement. Il faudrait reconnaître la PMA pour tout le monde, mais également la GPA. Après, il y en a encore pour ne pas reconnaître que la PMA et la GPA ont la même substance… Mais ce n’est pas tout. L’Inter-LGBT dit ouvertement qu’on peut avoir fait un enfant, mais ne pas vouloir assumer son rôle de parent, et que c’est un droit !

L’arrière-plan, c’est l’esprit consommateur : la famille serait réactionnaire en soi, il faut la démolir en la remplaçant par autant de types qu’il y a d’individus. Tout doit être recomposable comme on l’entend. C’est la loi du marché, portée à l’absolu sur le plan des rapports qui, on l’aura deviné, n’ont plus rien de sentimentaux, amoureux.

Évidemment, l’écrasante majorité des gens allant à la marche des fiertés ne comprend rien aux tenants et aboutissants de ce qui se présente ici à l’arrière-plan. Ils s’imaginent surtout être démocratiques et aider des gens marginalisés. C’est là où se situe le grand piège de la question.

Et cette question, pour la résumer très simplement, consiste en la chose suivante : oui ou non l’évolution naturelle, biologique de l’être humain, est-elle une valeur en soi, devant guider l’humanité ? Le marché dit non. Les transhumanistes qui défendent le marché et les choix individuels disent la même chose. Les gens se disant de Gauche, mais rejetant la Gauche historique, ainsi que les Lumières, disent eux aussi la même chose.

Beaucoup évitent également de se positionner. Pourtant, la légalisation de la PMA pour toutes va obliger à le faire. La légalisation potentielle du cannabis sera aussi une question brûlante, sans parler à l’avenir du « droit au suicide », de la GPA, etc.

C’est là qu’on voit à quel point la majorité des gens a abandonné tout principe de responsabilité par rapport à la société, corrompu par le libéralisme et, finalement, acceptant un certain confort matériel au moyen d’une consommation semblant satisfaisante.

L’Inter-LGBT agit comme reflet de cela : sa dynamique « festive » correspond à l’individu qui, rejetant toute norme comme « extérieure », se prétend au-delà de la Nature et de ses règles, s’imaginant exister par ses choix, sa consommation. C’est le capitalisme triomphant.

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La ministre des Sports va légaliser les combats de MMA

La ministre des sports Roxana Maracineanu a annoncé (sur twitter) que les combats de MMA allaient être légalisés à partir du 1er janvier 2020. Cette monstruosité, mélange d’ultra-technicité des sports de combat et de mentalité des gladiateurs de l’Antiquité, va désormais être officiellement présente dans notre pays, détruisant encore plus les consciences autour du mot d’ordre « du pain et des jeux ».

Aucune personne civilisée ne peut tolérer qu’une personne en frappe une autre, fasse du mal à quelqu’un d’autre. La sortie de la barbarie implique le respect démocratique de l’intégrité psychologique et physique de toute personne. Aucun plaisir ne doit exister au fait de voir quelqu’un souffrir, ou pire encore de le faire souffrir.

Seulement, cela est inacceptable pour le capitalisme qui a besoin que tout soit une marchandise. De plus en plus opportuniste, il promeut ce qui est sale, malsain, destructeur. Le MMA en est une illustration très claire et nul hasard que ce soit des libéraux qui œuvrent à sa reconnaissance. Des individus se tapant dessus sur un ring fermé (un « octogone »), c’est « leur » choix. Regarder ou pas, c’est un choix « individuel ». PMA pour toutes et MMA relèvent du même esprit ultra-libéral où tout est choix individuel, dans la négation de l’universel, de la civilisation.

Afin d’ailleurs de parer à une accusation d’anti-culture, le gouvernement va faire en sorte de placer le MMA sous tutelle d’une fédération existante pour sa structuration. Cela s’appelle une fédération sportive délégataire. Les candidates sont les fédérations de kick-boxing et muay thaï, karaté, lutte, judo, boxe française ainsi que la Fédération sportive et gymnique du travail du travail.

Nombre de ces fédérations étaient d’ailleurs vent debout contre le MMA, en particulier la fédération de judo. Il s’agit donc de calmer le jeu, pour des fédérations craignant une concurrence massive dans la jeunesse auprès des hommes, ainsi qu’une rupture par rapport à un certain état d’esprit. Il faut voir en effet que le MMA, dont l’acronyme en anglais signifie « Arts martiaux mixtes », n’est justement pas un art martial au sens historique du terme.

C’est un mélange des meilleurs techniques, mais en supprimant justement tout ce qui reliait les arts martiaux à des histoires nationales, avec donc une grande dimension morale appelant à la maîtrise de soi-même, à un comportement toujours noble, avec souvent par ailleurs un aspect particulièrement spirituel, voire militariste-légitimiste par rapport au régime, tout en en s’appuyant sur des pratiques populaires accumulées à travers le temps.

Le MMA est ainsi un pragmatisme technique, visant à l’efficacité pure, tant en combat où on se frappe qu’au sol avec des prises. Il n’y a pas de contenu historique et culturel. Il ne s’agit pas de former l’esprit. D’ailleurs, les combattants donnent pratiquement tout le temps l’impression d’être des guerriers des rues ayant survécu au pire, jouant sur la fibre individualiste, le spectaculaire pour avoir un impact médiatique, lors de grands shows bien rodés.

La légalisation c’est ainsi, sans même vraiment caricaturer, un moyen de faire en sorte de canaliser un nombre très important de jeunes hommes de banlieue et issus de l’immigration, pour les pousser à une activité servant l’individualisme et le capitalisme. Le ministère justifie d’ailleurs la légalisation en disant que cela existait déjà, qu’il faudrait encadrer, etc. Ce sont les mêmes arguments que pour la légalisation du cannabis.

On insistera pour finir sur le fait que le Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) est candidate pour héberger le MMA. Cette fédération omnisports organise déjà des cours de MMA. Ce serait un comble qu’elle devienne sa responsable ! Car la FSGT est née en 1934 de la fusion de la Fédération sportive du travail (FST) et de l’Union des sociétés sportives et gymniques du travail (USSGT), les structures organisées par le Parti Communiste SFIC et le Parti Socialiste SFIO.

Quelle insulte ce serait au mouvement ouvrier qu’un parcours démocratique, anti-militariste, pacifiste, pour un sport populaire relevant de la culture, se termine dans le soutien à l’un des pires produits du capitalisme… Le principal organisateur de MMA, l’UFC, a d’ailleurs été racheté en 2016 pas moins de quatre milliards de dollars par William Morris Endeavor, une très grande entreprise de divertissement télévisuel.

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Légalisation du cannabis : l’appel des 70 salauds

Soixante-dix personnes liées à la Gauche et présentées comme médecins, élus et économistes ont signé un appel dans L’Obs en faveurs de la légalisation du cannabis. C’est une mentalité de salauds, car ils défendent une drogue ravageuse au lieu de la dénoncer. 

C’est tout de même incroyable. On a dix mille problèmes sur la table en France et sur toute la planète. Le réchauffement climatique prend toute l’actualité à la gorge, le sort des animaux est d’un morbide donnant la nausée. Il y a des conflits un peu partout et toujours plus le risque de confrontation plus que sérieuse, comme entre les États-Unis et l’Iran, sans parler des États-Unis et la Chine. Le travail est aliénant, ennuyeux, épuisant pour la majorité des gens.

Et voilà donc que 70 élus et figures de la Gauche se disent : tiens, si on parlait du cannabis ? Si on donnait comme message qu’il faut le légaliser, parce que fumer un joint dans son coin, c’est un plaisir coutumier à beaucoup ? Si on publiait tous ensemble un grand appel dans L’Obs pour dire que le cannabis doit être légalisé ? Le décalage avec la réalité est totale. Mais le sens des priorités ne doit malheureusement pas étonner.

En effet, le cannabis rend abruti. Il engourdit les esprits, il pousse la volonté à chercher à fuir le réel. Il épuise les raisonnements, il construit une dépendance d’autant plus perverse qu’on pense conquérir une forme de liberté. À ce titre, il est consommé goulûment par deux catégories de personnes en particulier : les personnes désocialisées, à la limite du lumpenproletariat d’un côté, par les couches intellectuelles urbaines au mode de vie plutôt nocturne et décadent de l’autre.

L’appel des 70 salauds est donc la sainte alliance de ces deux catégories, à qui l’industrie du cannabis donne des ailes, appuyée par la philosophie macroniste du libéralisme dans tous les domaines de la vie. D’ailleurs, nommons les principales figures de ces 70 salauds.

On a évidemment la très foklorique Esther Benbassa, sénatrice de Paris EELV, sorte de caricature de la bobo de gauche libérale telle que vue par la pire extrême-droite. On a, de manière plus significative et plus honteuse, Alexis Corbière, qui est tout de même député de Seine-Saint-Denis LFI et Stéphane Troussel, président du département de la Seine-Saint-Denis (PS). On aimerait bien les voir tous deux aller discuter avec des familles populaires de Seine-Saint-Denis et expliquer qu’il faut légaliser le cannabis ! Gageons qu’ils seraient reçus avec une révolte morale bien significative !

Plus grave, on a Benoît Hamon. En signant un tel appel, il broie définitivement son identité politique. Il se met de manière unilatérale au même niveau que deux autres signataires ouvertement bobo : Raphaël Glucksmann, désormais député européen PS-Place publique et Yannick Jadot, député européen EELV. C’est un suicide politique.

On remarquera d’ailleurs, et ce n’est nullement surprenant, que des députés LREM ont signé l’appel : Aurélien Taché, député du Val-d’Oise, Pierre Person, député de Paris et François-Michel Lambert , député des Bouches-du-Rhône (un ex-EELV passé chez Macron puis ayant rejoint des centrises pro-Macron).

Ici, on retrouve le fond du problème. Que des gens de gauche se retrouvent à raconter la même chose que les macronistes, sans s’étonner ni s’émouvoir, c’est très grave. Cela signifie que le glissement culturel a totalement opéré, que le libéralisme sur le plan des mœurs – reflet du capitalisme débridé – a triomphé. Quand on voit Ugo Bernalicis et Adrien Quatennens, tous deux députés LFI du Nord, soit un bastion ouvrier, ont signé l’appel, on voit l’ampleur du désastre.

Les 70 signataires de l’appel, quasi tous issus des rangs de la Gauche, sont donc bien des salauds. Ils cèdent devant le cynisme du capitalisme où tout s’achète et se vend. Ils refusent de dénoncer ouvertement et franchement le cannabis, et propose même de l’intégrer culturellement à la société.

Mais le Peuple ne veut pas cela. Il ne veut pas des drogues. Le libéralisme n’écrasera pas aussi facilement les exigences de civilisation, de respect de son intégrité psychique et physique, d’un esprit démocratique tourné vers la science, la culture, la nature. La légalisation du cannabis ne peut aller qu’avec un monde de grisaille et de béton, de consommation futile dans un vaste repli général sur soi : personne n’en veut !