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Culture Culture & esthétique

Playlist « Breakbeat du XXIe siècle »

Le terme breakbeat qualifie une caractéristique musicale des genres où le motif habituel du kick est brisé, avec un beat particulier, presque arythmique, qui s’illustre principalement dans la Drum & Bass (ou DnB).

Mais les premiers breakbeats c’étaient les breaks de batterie, les parties non-chantées dans les morceaux de funk qui, une fois isolés et joués en boucle, ont servi de matière première pour le Hip-Hop des origines des années 1970.
C’était la partie qui faisait danser les breakers, qui permettaient aux rappers de poser leurs mots.

Le morceau comportant le break le plus célèbre est « Amen Brothers » par The Winstons et un solo de batterie exécuté par le fameux G.C. Coleman, ci-dessous à 1’26.

Ce fameux contretemps est aussi présent dans la musique caraïbéenne où on l’appelle skank et aboutira dans le dub. Il réapparaît sous forme électronique dans le milieu hardcore anglais avec la Jungle puis la fameuse Drum & Bass.

La Drum & Bass a succédé à la « Jungle » aux alentours de 1996 dans la région de Bristol au Royaume-Uni. C’est une rupture relative avec les ambiances « traditionnelles » de la techno, car la notion rythme est tout à fait centrale dans le développement d’une mentalité et d’une attitude, d’une manière de danser principalement. On passe du rythme binaire régulier, lancinant hérité de la techno de Detroit à des breaks endiablés, sans fin, augmentés grâce à l’informatique. On a ainsi un style qui s’éloigne des « traditionnelles » amphétamines qui innondent la scène techno, préférant une approche plus passive avec la consommation de weed et, plus tard, d’anti-dépresseurs.

Malgré ces différences, la Drum & Bass fait partie du milieu rave, cela agrandit encore les perspectives au sein des musiques électroniques, en terme de choix de soirée, d’ouverture culturelles etc.

Il y a eu moins d’écho en France par rapport à l’ère anglo-saxonne ou l’Allemagne par exemple, mais dans les années 2000 jusqu’au début des années 2010 il était tout à fait possible et facile d’aller uniquement dans des soirées D&B. Les freeparty ont participé également à la diffusion de ce genre, les grosses lignes de basses et le rythme particulier permettant de reposer les corps dans les matinées ensoleillées suivant les nuits blanches.

On trouve des morceaux récents de DnB, à la fois très modernes du point de vue des sonorités, au mastering très propre, et à la fois « old school » dans l’esprit.

C’est un peu le son de la crise, avec un style particulier, avec une énergie comme contenue, enserrée dans des nappes de basses, comme ne parvenant pas à s’exprimer totalement.
Forcément, les breakbeats sont basés sur les breaks, des cassures littéralement plutôt que des transitions, donc sur une rupture musicale : la fin d’une séquence, le début d’une nouvelle, différente, plus complexe, plus intense.

Pour accéder à la playlist >cliquez ici<

Voici la tracklist :

1) Molecular, Bouncer

2) Thread, When I Feel

3) Philth & Bredren – Butterfunk

4) Molecular, Rolling Ride

5) Ground, Regain

6) Telekinesis, Sensor

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Société

L’ultragauche, CNews, la Guillotière ou le besoin d’un antifascisme politique

Le piège était gros comme une maison et l’ultragauche est tombée en plein dedans.

Le mercredi 24 novembre, Jordan Bardella était l’invité de l’émission « Face à la rue » diffusée sur Cnews et présentée par Jean-Marc Morandini. Cette émission est la quintessence de la stupidité intellectuelle. Elle est une expression d’un débat politique qui est asphyxié par le populisme.

Et forcément, inviter Jordan Bardella, président du Rassemblement National, à la Guillotière à Lyon c’était chercher la provocation en visant à mettre en scène pour le buzz médiatique toute les thèses démagogiques d’extrême droite. Et cela a fonctionné, d’autant plus que l’ultragauche est tombée dans le panneau en organisant un rassemblement d’opposition.

Quand Jordan Bardella vient pour diffuser son poison nationaliste-chauvin, c’est justement pour court-circuiter la lutte des classes, pour saboter toute prise de conscience et toute perspective d’organisation populaire contre le pourrissement anti-social.

Mais visiblement l’ultragauche et les « antifas » ne comprennent pas le rôle politique joué par le fascisme. Ils ne le comprennent pas, car ils ne l’étudient pas, et ne veulent pas raisonner en termes politiques.

C’est pourquoi dans ce contexte, les propos tenus par Eduardo Rihan-Cypel, membre du conseil national du PS, appuie là où ça fait mal :

« Je crois que ce sont des gens de l’ultragauche qui ne sont pas d’accord avec votre venue et notre venue et celle de Joardan Bardella. Il y a une partie de cela où je peux comprendre les choses où ils ont le sentiment qu’on prend les choses en spectacle (…). C’est une quartier dans lequel il y a des difficultés, il y a des problèmes de sécurité, de trafics, et moi j’entends des gens d’ultragauche qui nous disent de nous casser, mais j’aimerais aussi demain qu’ils puissent dire aux trafiquants, au dealers et aux délinquants à eux de se casser du quartier »

Ces propos ont évidemment fait polémique dans un partie de ladite « gauche de la gauche ». En effet, dire que le débat avec le Rassemblement National irait de soi, c’est quelque chose de bien critiquable tout comme d’ailleurs la participation à la mise en scène médiatique est une erreur car cela ne permet pas d’élever le niveau politique et idéologique.

Mais là où Eduardo Rihan-Cypel met le doigt là où ça fait mal, c’est sur la question du pourrissement social !

La Guillotière, c’est un quartier de 31 000 habitants qui s’est largement transformé ces dernières années, sous le poids notamment des résidences étudiantes. Mais pas seulement…

Le problème ce n’est pas que la Guillotière puise historiquement ses racines dans une identité métissée et populaire, un quartier surnommé tout à la fois « la petite Afrique » et le « chinatown lyonnais », mais bien que l’approfondissement de la crise du capitalisme produit une couche toujours plus grande de lumpenprolétaires.

Et le lumpenprolétariat, c’est un mode de vie anti-social, fondé sur le modèle de réussite du gangster, « sans foi, ni loi », avec tout son lot de conséquences en matière de climat délétère pour la vie quotidienne.

A la Guillotière, la situation est telle qu’une petite superette a avancé son heure de fermeture à 17h au lieu de 19h30 à cause des comportements anti-sociaux aux alentours, tout comme l’enseigne MacDonald’s ne sert plus ses immondes burgers en salle mais seulement en vente à emporter (la salle de restaurant étant fermée).

Les personnes liées à l’immigration asiatique ont tiré la sonnette d’alarme, allant même jusqu’à menacer de s’organiser pour assurer leur propre sécurité face aux violences. La cellule du PCF du 7e arrondissement de Lyon est ainsi amenée à parler de « réseaux mafieux qui prospèrent à la vue de tous ».

En manifestant derrière le slogan « Les vendeurs de rue ne sont pas des criminels ! », l’ultragauche montre qu’elle fait partie du problème, et non pas de la solution antifasciste. Il faut vraiment fantasmer sur le réel pour s’imaginer qu’il y a quoique ce soit de positif dans la vente de cigarettes ou tout autre produit de contrebande, sans même parler du climat oppressant pour les femmes.

Et que dire de ces trois individus ridicules, déguisés en daltons, ces personnages de la bande-dessinée « Lucky Luke », et tirant des feux d’artifices sur la police….

Et la misère sociale dira-t-on ? Certes, mais on ne combat pas la misère sociale en étant un anti-social ou en soutenant ce type social décadent, mais justement en proposant un modèle d’organisation populaire en mesure d’assurer une vie sociale réelle.

C’est par exemple ce qu’on fait certains groupes d’extrême gauche dans le quartier d’Exárcheia à Athènes en Grèce, où se mêlent des comités sociaux et groupes d’auto-défense contre ce qu’ils nomment justement le « cannibalisme social ». Voilà une proposition réelle, concrète qui ne court pas après la dénonciation de l’extrême droite mais sait se positionner en pratique pour proposer une solution anti-démagogique, car populaire.

Mais pour cela, il ne faut pas être un petit-bourgeois pourri par la pensée libérale-libertaire.

Bref, il faut avoir saisir la tâche énorme d’un antifascisme capable de briser la démagogie fasciste en le prenant de court sur le terrain pratique de l’organisation de la vie populaire. Un antifascisme politique et culturel, qui va s’avérer d’autant plus nécessaire que le fascisme porté par Marine le Pen, Eric Zemmour et ses relais médiatiques va intensifier la pression.

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Écologie Planète et animaux

Manifeste de l’association Francis Hallé pour la forêt primaire

Voici une vidéo présentant le projet de reconstruction d’une forêt primaire en Europe de l’Ouest, suivie du manifeste de l’Association Francis Hallé pour la forêt primaire.

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Manifeste-A4-FR_2021-webV2

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Rapport entre les classes Société

La fin de la maison individuelle exige une rupture à la hauteur du problème

La ministre du logement a soulevé une pierre bien trop grosse pour elle.

Jeudi 14 octobre, Emmanuelle Wargon, la ministre du logement, a fait une sorte de conférence-restitution d’ateliers réunissant des citoyens, des professionnels, des experts, etc., autour de la thématique « Habiter la France de demain ». Lors de cette conférence-restitution, elle a déclaré la chose suivante :

Le modèle à l’ancienne du pavillon avec jardin, dont on peut faire le tour, n’est plus soutenable et nous mène à une impasse. L’histoire de l’urbanisme en France a été marquée par des évolutions culturelles ; des idées ancrées dans leurs époques dont les effets visibles aujourd’hui ont été plus ou moins heureux.

Dans la période la plus récente, nous sommes passés d’une urbanisme de grands ensembles (…) à un fonctionnement urbain de plus en plus éloigné des centres-villes et de plus en plus dépendants de la voiture individuelle. Cela a créé de nouveaux territoires périphériques, à l’urbanisation pavillonnaire, dépourvus d’espaces publics (…). Nous devons assumer de mettre ce modèle derrière nous.

Ce modèle d’urbanisation qui consacre chaque espace à une fonction unique, qui dépend de la voiture pour les relier est désormais dépassé et constitue finalement une impasse écologique, économique et sociale.

Cette description des choses est tout à fait juste et justifiée. Mais cela heurte à la fois des traditions culturelles et des intérêts économiques immenses, qui n’ont pas manqué de se faire entendre. Dans les heures qui ont suivi ces propos, la polémique a enflé, avec la constitution d’une sorte de front uni de la Droite et des magnats de l’immobilier.

Les propos récents de la ministre ont d’autant plus agacés le secteur de l’immobilier qu’il se trouve confronté actuellement aux pénuries de matériaux et qu’il s’inquiète du principe du « zéro artificialisation nette » inscrit dans la loi climat et résilience alors même que l’appétits pour la maison individuelle a grimpé depuis la crise sanitaire.

Le président de la Fédération française des Constructions de Maisons Individuelles s’est dit ainsi « révolté contre de tels propos tenus par une élite parisienne dite écologique et pourtant très loin des territoires ». Le président de la Fédération française du bâtiment a contre-attaqué contre « la stigmatisation persistante de l’habitat individuel, à contresens des aspirations des Français ». Eric Zemmour a critiqué des « moyens […] pour détruire le mode de vie des Français » quand Marine Le Pen a dénoncé « l’avenir soviétique de Madame Wargon ».

La polémique a tellement enflé à Droite que la Ministre du logement s’est défendue à travers un communiqué du ministère lui-même. Ce communiqué déclare :

Oui, de nombreux Français rêvent de la maison individuelle car c’est une promesse de confort, d’espace et de tranquillité. Personne ne veut les en empêcher ni les en dissuader. Ils sont aussi en demande de services de proximité. Pourtant les lotissements en périphérie des villes ne permettent pas toujours d’accéder à ces services et contribuent à un sentiment d’exclusion. Il faut donc repenser nos modèles d’urbanisme. 

En réalité, Emmanuelle Wargon a soulevé une pierre bien trop grosse pour elle. Il n’est pas possible pour la classe dominante de viser une transformation d’ensemble de la vie quotidienne telle qu’elle est développée ici, car cela revient à signer son arrêt de mort.

La maison individuelle n’est pas simplement un choix individuel, mais un horizon culturel qui forme une des pierres angulaires de la culture nationale. Entre le XIXe siècle et la fin du XXe siècle, la France est passée d’un pays de petits propriétaires paysans disséminés en un pays façonné par les zones pavillonnaires et son corollaire, les routes jonchées de ronds-points.

La France moderne ne s’est-elle pas façonnée sur le modèle de la petite propriété ? Et la bourgeoisie française n’a t-elle pas assuré sa domination depuis 1871 grâce à la promotion de la mentalité du propriétaire ?

Plus récemment et plus concrètement, il faut se souvenir des propos de Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle de 2007, lorsqu’il était en pleine opération de pacification sociale à la suite des émeutes de novembre 2005. Lors d’un discours le 14 janvier 2007, il affirmait :

« Je propose que l’on fasse de la France un pays de propriétaires parce que, lorsqu’on a accédé à la propriété, on respecte son immeuble, son quartier, son environnement et donc les autres. Parce que lorsque l’on a accédé à la propriété, on est moins vulnérable aux accidents de la vie (…). Devant cette injustice, certains proposent le logement social pour tous et la taxation des propriétaires par les droits de succession. Je propose la propriété pour tous »

Depuis les années 1970, la bourgeoisie n’a eu de cesse de promouvoir l’accès à la propriété comme le gage d’une réussite sociale, le vecteur d’une meilleure vie. Cela s’est traduit en 1977 par la création d’un premier prêt d’accession à la propriété, le prêt HLM-accession ou prêt aidé d’accession à la propriété. Un dispositif qui n’a eu de cesse d’être modernisé, avec pour conséquence l’envolée de constructions de maisons individuelles. La maison est passée de 36 % des logements construits en 1970 à 62 % en 1982.

Or, depuis les années 1990, l’accession à la propriété s’est enlisée du fait de dispositifs d’aides flous, avec des conditions d’accès toujours plus difficiles. A cela s’ajoute l’envolée des prix dans les centres-villes qui poussent les classes populaires à acheter loin des métropoles, accentuant l’étalement urbain et le phénomène de périurbanisation, ces espaces sans âme et sans horizon culturel.

Si l’on y regarde de plus près, on voit bien que l’inflation de la maison individuelle est l’expression directe d’un mode de vie façonné par le capitalisme. Et les principales victimes, ce sont les classes populaires qui se retrouvent séparées de leur lieu de travail par d’épuisants trajets en voiture. Sans même parler de l’emprisonnement dans des crédits qui renforcent l’exploitation salariée… Bref, les ouvriers n’y ont pas gagné grand chose, si ce n’est une oppression dans une cage dorée.

Mais, comme toujours dans le capitalisme, l’autre victime de ce développement chaotique, c’est la nature. Dans un rapport sur l’artificialisation des sols, le Comité pour l’économie verte évaluait à 47 % la part prise par la construction de maisons individuelles dans les nouvelles artificialisations entre 2006 et 2014 contre 3 % pour le logement collectif, 5 % pour le commerce et 16 % pour le réseau routier. A ce titre, à Alsterdorf en Allemagne, le maire a interdit la construction de nouveaux pavillons pour lutter contre l’étalement urbain.

Face à un tel enjeu de société, voire de civilisation, il est évident qu’Emmanuelle Wargon ne fait pas le poids. Quand on est une personne issue du géant de l’agro-business français, Danone, on ne fait pas partie de la solution, mais bien du problème. Façonnée par sa posture de communicante, la ministre du logement n’a pas mesuré le problème de taille qu’elle a soulevé et a éveillé les intérêts du vieux monde.

À problème de taille, réponse de taille : il y a besoin d’une grande rupture sociale et culturelle portée par la classe ouvrière contre un capitalisme qui enferme et détruit la nature.

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Culture

Série : Squid Game, une insulte à l’intelligence

Le morbide est valorisé et personne ne trouve à y redire.

« Squide Game » est une série sud-coréenne connaissant un très fort succès depuis fin septembre, si bien que de nombreux articles en font l’éloge depuis quelques jours. Il n’y a pourtant pas grand-chose de positif à dire, à part que c’est le triste reflet d’une époque qui n’en finit pas de s’enfoncer dans le glauque, l’insoutenable, le morbide.

Le « squid game » ou « jeu du calamar » commence avec 456 hommes et femmes endettés jusqu’au cou, réunis par une ou des personnes aux motivations obscures, dans un jeu géant isolé sur une île où les perdants meurent. Il n’est sensé y avoir qu’un seul gagnant pour 45 milliards de won, soit à peu près 33 millions d’euros.

Niveau intrigues du scénario, des épreuves au prix de la vie des participants, c’est du réchauffé refroidi et réchauffé encore. Il suffit de penser à Hunger Games, Battle Royale ou bien encore au Prix du danger sorti en France en 1983. Ce n’est pas pour rien que personne ne voulait de ce scénario depuis 2010. Mais Netflix est là pour produire tous les rebuts cinématographiques, y voyant justement une manne commerciale de masse.

Le succès tiendrait au fait que les épreuves sont des jeux pour enfants revisités en massacres, avec une soit disant critique de la société… Si on s’en tient à une pseudo-critique qui court après un phénomène de consommation de masse.

La question de l’endettement, qui existe dans la série, est en soi un thème à part entière qui aurait toute sa place dans un bon scénario, car on parle là du prix d’une vie confortable « pour tous » dans le capitalisme. Et ce prix c’est souvent de se ruiner la santé dans un travail aliénant, détruire sa famille et avoir une vie pauvre culturellement. Le crédit, c’est la cage dorée proposée par le capitalisme.

Mais le sujet n’est finalement pas traité puisqu’on a des personnages marginaux dont l’endettement est tellement colossal qu’on ne peut pas s’y reconnaître et donc finalement aucune question n’est posée. À ce titre, les personnages dont on connaît un peu l’arrière-plan sont soit mafieux en déchéance, soit bourgeois fraudeur, soit migrant ou broyés par la vie à un haut niveau.

On apprend seulement à la moitié de la série que le personnage principal est un ancien ouvrier licencié alors qu’il évoque une grève fortement réprimée où il a perdu un collègue et camarade. Un instant fugace qui n’est relié à rien de rationnel dans la manière dont toutes les situations sont gérées par les personnages. Tout n’est que chaos, car le principal est d’alimenter une fascination pour les comportements anti-sociaux.

Il n’est en effet jamais question de s’organiser pour renverser la situation, pour faire payer le prix du sadisme aux organisateurs qui sont manifestement des gens puissant, vue la logistique déployée en tout secret.

La grève est dans les valeurs opposées de ce que véhicule la série, qui prétend sonder l’« âme humaine » et ne montre que du cannibalisme social. Car si la série représente quelque chose, c’est bien cela : aux confins de la société, chez les populations les plus pauvres, il n’y a aucune possibilité d’entre-voir un horizon émancipateur,  seule la guerre de tous contre tous est une réponse…individualiste.

De fait, cette évocation du combat collectif ouvrier sonne creux, pire, donne dans le cynisme, à la manière de l’utilisation de « Bella Ciao » dans La Casa de Papel.

On est dans le fantasme, typiquement bourgeois, du chaos qui est sensé régner dans le peuple face à l’exploitation et à l’oppression, dans une vision du monde conforme à l’ordre capitaliste. Rien de subversif sous le soleil, donc.

Au delà du manque d’exigence culturelle qui règne pour qu’un tel succès soit possible, on a également l’expression d’un approfondissement de l’insensibilité. Faut-il, hélas, rappeler que 4,5 millions de personnes ont été tuées par une pandémie mondiale ces presque deux dernières années ? Terminer ses journées en regardant des gens se faire massacrer dans une logique anti-sociale devrait révulser tout un chacun. 

Eh bien non. Ce qui semble plaire, c’est l’esthétisation de la violence sur fond de darwinisme social. A l’instar d’ Orange Mécanique, il y a le même usage de la musique classique, tels Strauss, Haydn, Tchaïkovski, pour trancher avec les scènes d’horreur, comme si la barbarie pouvait être raffinée. Les morts sont ainsi montrés sans filtre, parfois au ralentis, avec des cadrages qui relèvent de l’obscène.

Les cadavres font l’objet de long travelling aérien pour montrer les détails les plus affreux. C’est donc cela le superbe en 2021 ? La bourgeoisie s’y reconnaît en tout cas puisque l’actrice Hoyeon Jung, qui joue un rôle essentiel dans la série, est devenue égérie de Louis Vuitton. C’est toute une expression de décadence.

Cette série est donc très pénible à regarder et le phénomène qu’il y a autour ne repose sur rien de rationnel ou de positif. C’est un succès à l’image d’une diffusion récente de ce qui serait prétendument la « culture sud-coréenne » dans toute l’Asie et le monde occidental.

Parler de culture sud-coréenne n’a aucun sens puisqu’il y a une culture coréenne qui a été artificiellement scindée en deux avec d’un coté une asphyxie totale à prétention communiste, en réalité fasciste, et de l’autre une offensive du capitalisme pour fabriquer quelque chose de totalement artificiel et consommable partout dans le monde. Si l’on veut de la culture coréenne, qu’on se tourne vers son puissant cinéma, comme La chanteuse de pansori d’Im Kwon-taek.

Ce dont l’époque a besoin c’est d’ailleurs bien d’œuvres cinématographiques qui aident à se saisir du réel pour aller de l’avant, et non pas de productions consommables n’étant là que pour satisfaire des goûts façonnés par l’indifférence de la société capitaliste.

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Société

Le mouvement anti-pass sanitaire, une lecture libérale de la liberté

Le mouvement anti-pass sanitaire brandit sa légitimité au moyen de la revendication de la liberté. Accolée à la catégorie floue de « peuple », il n’en fallait pas moins pour que l’ultra-gauche et les éléments contaminés par la pensée libéral-libertaire tombent dans le panneau.

Celles et ceux qui n’ont pas abandonné les rivages du mouvement ouvrier savent qu’il y a deux sortes de liberté : celle du riche et celle du pauvre. Celle du riche, c’est celle qui dit très simplement : laissez-moi vivre, accumuler mes richesses comme bon me semble. Celle du pauvre, à l’inverse, dit : pour être libre, il me faut m’émanciper et cela ne peut se faire que si l’appropriation privée du monde par les riches est limitée, contrainte.

Bref, au fond de la différence de conceptions de liberté, il y a la lutte des classes.

Et cela est vrai depuis qu’existe l’opposition entre la Gauche et la Droite. A l’été 1936, le renégat Jacques Doriot, ex-communiste devenu un fasciste, lançait un « Front de la Liberté » pour contrer les grèves ouvrières majoritaires dans le pays.

Le Front populaire s’était quant à lui fait élire sur le triple mot d’ordre : « pain, paix, liberté ». Et de quelle liberté était-il parlé ? Celles collectives, nichées au coeur de l’émancipation de la classe ouvrière : le droit de tenir une réunion publique sans être agressés par la police ou les bandes fascistes, celle d’animer une cellule syndicale d’entreprise sans craindre la répression patronale, le droit à tenir et diffuser un journal sans crainte de censure.

Pour la Gauche historique, jamais il n’a été question d’une « liberté individuelle » qui flotte en l’air : l’individu s’émancipe dans la libération sociale. La Gauche historique fait sienne la définition proposée par le grand penseur matérialiste, Baruch Spinoza :

« On pense en effet que l’esclave est celui qui agit par commandement et l’homme libre celui qui agit selon son plaisir.

Cela cependant n’est pas absolument vrai, car en réalité être captif de son plaisir et incapable de ne rien voir ni faire qui nous soit vraiment utile, c’est le pire esclavage, et la liberté n’est qu’à celui qui de son entier consentement vit sous la seule conduite de la Raison.

Quant à l’action par commandement, c’est-à-dire à l’obéissance, elle ôte bien en quelque manière la liberté, elle ne fait cependant pas sur-le-champ un esclave, c’est la raison déterminante de l’action qui le fait.

Si la fin de l’action n’est pas l’utilité de l’agent lui-même, mais de celui qui la commande, alors l’agent est un esclave, inutile à lui-même ; au contraire, dans un Etat et sous un commandement pour lesquels la loi suprême est le salut de tout le peuple, non de celui qui commande, celui qui obéit en tout au souverain ne doit pas être dit esclave inutile à lui-même, mais un sujet »

Evidemment, cette approche de la liberté sera par là suite enrichie par l’expérience du mouvement ouvrier, celle de la lutte des classes. C’est cette conception qui veut que la liberté ne flotte pas dans le ciel de la « Raison » mais est liée au rapport de forces entre les classes sociales. Une conception qui fut bien résumé par Lénine, le chef de la social-démocratie russe passé au communisme :

« Dans une société fondée sur le pouvoir de l’argent, tandis que quelques poignées de riches ne savent être que des parasites, il ne peut y avoir de « liberté », réelle et véritable. »

Car le mouvement ouvrier n’a jamais séparé la « liberté » de son revers, l’émancipation collective. A l’inverse, la Droite a toujours liée la liberté au « libre-choix individuel ». Il suffit de voir par exemple le mouvement dit de « l’Ecole libre » lancée par la Droite en 1984, contre la Loi Savary qui visait à établir un système d’enseignement public unique, brisant ainsi la compromis avec les écoles privées sous contrat.

C’est le même sens pour un Pierre Poujade qui s’affiche en 1956 sous le slogan « Liberté, Vérité, Justice », un triptyque que l’on retrouve d’ailleurs dans les manifestations anti-pass sanitaire.

Le fonds de la démarche protestataire de Droite, c’est la liberté de choisir ceci ou cela, permis par le fait qu’on est affranchit individuellement des contraintes sociales et économiques. On est riche et « on peut ». Il faut être bien fou pour ne pas voir que les plus riches, tout comme certains secteurs capitalistes, sont les premiers à vomir le pass sanitaire, vu comme une entrave à la consommation individuelle.

Pour les classes populaires, pouvoir c’est toujours faire face à l’insécurité économique, aux conditions sociales, à l’aliénation culturelle : pour pouvoir, il faut s’émanciper collectivement il n’y a pas d’autres choix, si ce n’est celui de s’en sortir « comme on peut ».

On arguera que le problème c’est justement que la mentalité du riche a contaminé des pans entiers de la population, ensevelie sous l’océan d’une consommation marchande abondante, et cela est vrai.

D’où la nécessité d’une Gauche forte, d’une Gauche capable d’élever le niveau de conscience populaire. Une Gauche qui fasse sienne l’idée que par temps de pandémie mondiale, le vaccin est un moyen qui est là, dont on ne peut que fatalement se saisir. Une campagne de vaccination qui doit obligatoirement être surveillée, contrôlée, pour la liberté, non pas d’un tel ou un tel, mais de tous, quel que soit l’état de santé.

Prétendre que l’on peut faire autrement, que l’on peut « choisir », que l’on peut s’affranchir d’un contrôle administratif, cela n’a aucun sens sauf celui de saper toute perspective de libération collective. C’est saper la nature même de ce qui fait la Gauche depuis deux siècles.

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Société

Le skateboard aux Jeux Olympiques, autre escroquerie de l’époque

Lancés ce 23 juillet 2021 à Tokyo au Japon, les Jeux Olympiques voient pour la première fois le skateboard comme discipline olympique. Un véritable tour de force qui transforme l’âme du skateboard.

Les 25-26 juillet ont eu les premières épreuves de skateboard, celle de « street », avec un skate park construit à l’image du mobilier urbain normalement utilisé par les skateurs pour réaliser leurs figures, leurs « tricks ».

Suivront début août celles de « park », ou plutôt de « bowl » qui signifie une sorte de piscine en béton.

Parmi les 8 skateurs « olympiques », deux français ont été sélectionnés pour représenter la France, Aurélien Giraud et Vincent Milou. Coachés, suivis par des médecins attitrés, habillés par la grande marque française Lacoste, le skateboard voit là une bien triste page de son histoire s’écrire. Sans lui ou malgré lui, cela l’histoire le dira.

Combien d’autres cultures ou éthiques dites « alternatives » se sont-elles fait prendre au jeu de l’intégration facile au système dominant ? Car les esprits les plus constructifs tentent bien de trouver un aspect positif à la présence du skateboard aux JO, celles-ci aidant à une certaine forme de reconnaissance officielle. Une reconnaissance qui aiderait les projets en tout genre…

Certes, mais c’est là se leurrer quant à la finalité d’une reconnaissance de la société capitaliste. Qui ne voit pas d’ailleurs fleurir des skate parks partout en France ? Voilà maintenant que s’ajoutent à la Fédération française de roller et de skateboard des tas de « clubs » pilotés par des « professeurs ».

Les municipalités qui financent ces organisations et ces lieux de pratique ont en tête l’idée de faire rayonner, de peser et pourquoi pas de « créer des champions ». Aurélien Giraud, qui a terminé sixième le premier jour, est l’incarnation même de ce type de figure-athlète.

Et cette tendance va en s’accentuant avec l’hyper-médiatisation liés aux réseaux sociaux, où certains parlent de « carrière » ou de « mercato », quand d’autres obtiennent des sponsors de Louis Vuitton, avec même des skateuses hyper-sexualisées qui acceptent des publicités…pour des préservatifs.

Rien n’est bon dans une telle direction. Car le skateboard ce n’est pas le football. Non pas que le football soit quelque chose à fustiger, tout au contraire : c’est un sport qui s’assume comme tel et c’est là faire preuve d’une démarche sincère. A l’inverse, le skateboard n’est pas un sport et tenter de l’intégrer dans ce sens, c’est le vider de sa substance historique.

Et le grand critère pour juger qu’une chose va dans le bon sens, c’est la sincérité et l’authenticité. Un sport est un sport, et un état d’esprit alternatif est un état d’esprit alternatif.

Il est vrai qu’il existe des compétitions de skateboard depuis toujours. Mais entre participer à des compétitions mondiales, organisées sur le mode du show à l’américaine telle que la « Street League » ou les « X Games », ce qui est déjà en soi critiquable, et intégrer les Jeux Olympiques, il y a un gouffre.

Car il y a une différence de fond entre participer à un circuit qui vise une reconnaissance à l’intérieur d’une scène aux codes bien déterminés, et une reconnaissance grand public, ou du moins de type médiatique. On peut dire que c’est là être mauvais esprit, mais si l’on est authentique et vrai, on sait bien que le skateboard n’est pas un sport, et encore moins une discipline olympique.

Preuve en est la déclaration de Vincent Milou, un « sélectionné » de l’équipe de France de skateboard, à propos des contrôles anti-dopages qui nécessitent aux « athlètes » de voir leur planning être régulièrement contrôlé pendant trois mois avant la compétition. Voici ce qu’il dit dans un reportage de Canal + sur le « dilemme olympique » du skateboard :

« C’est un planning sur trois mois. Tu dis trois mois à l’avance ce que tu fais, je sais pas quelqu’un qui fait de l’athlé [athéltisme] c’est facile pour lui : de 8h à 10h il va au stade à l’entrainement. Enfin, nous on a pas ça, c’est impossible, on va skater à la dernière minute, tu vas à droite, à gauche, tu vas à un spot c’est mouillé, tu vas à un autre spot »

Et Vincent Milou a raison : il est impossible de codifier le skateboard, car ce n’est pas là son essence. A moins de vendre son âme au diable, il est impossible de dire oui à l’origine, et oui à l’intégration-codification. Le skateboard c’est un style de vie qui prend tout entier une personnalité, à telle point qu’elle est entièrement façonnée par l’état d’esprit « skate ».

Il suffit de voir comment un skater analyse une ville pour se rendre compte que c’est une démarche totale, qui porte en elle une sorte de critique d’un monde urbain aseptisé et formalisé par des tas de règlements qui cloisonnent et enferment. Le mot d’ordre du skate, c’est justement de dire : libère toi des codes urbains qui enferment, dessines-toi ta subjectivité urbaine.

Le skateboard c’est une réaction à l’urbanisation, une tentative de se libérer du carcan de monde bétonisé en se l’appropriant pour mieux le détourner. Ce n’est pas mesurable par une note, pas plus que l’on s’entraine pour se réaliser. Il y a bien un effort physique, une dépense d’énergie, mais c’est là secondaire car ce qui compte ce n’est pas tant la performance physique que la réalisation subjective.

Quelle hypocrisie de voir que ce soit Yuto Horigome qui termine médaillé d’or pour les hommes et Momiji Nishiya pour les femmes alors même que le centre-ville de Tokyo est interdit au skateboard, les skateurs nippons étant obligés de skater la nuit pour éviter les restrictions et les mentalités hostiles…

Le skateboard deviendrait-il un loisir comme les autres ? Tout cela est à l’image d’un Geoff Rowley, figure historique du skateboard des origines et qui, végétalien pendant plus de 10 ans, a décidé de tout arrêter…pour devenir chasseur ! Mais l’on pourrait citer l’arrivée si facile de Nike dans le milieu cette dernière décennie, ou plus récemment de New Balance, ou encore l’inflation de la posture d’égo-trip sur Instagram.

Il n’y a qu’à voir comment la personnalité de Rayssa Leal, une jeune skateuse brésilienne (née en 2008 !), est utilisée par la compétition de type capitaliste.

Rayssa Leal

De deux choses l’une : ou bien le skateboard est à tournant de son histoire, avec la tendance à s’intégrer dans le « game », ou bien l’arrivée du skateboard aux Jeux Olympiques de 2021 n’aura été qu’une parenthèse d’une anomalie historique de la décennie 2010.

Car heureusement, l’identité historique de l’esprit skate est toujours là, belle et bien vivante, formant toujours le coeur même de la démarche… mais quel sera à terme l’impact de cette tendance qui n’en finit pas d’enfler et que l’on peut qualifier, malencontreusement, de « skate business » ?

Le souffle des années 1990, celui qui a forgé cet état d’esprit particulier doit-il s’évaporer dans le business ? Peut-être, et les plus avisés remarqueront que la vague vegan et straight edge, si connectée dans ces années-là au skateboard, ne s’est d’ailleurs finalement pas vraiment cristallisé dans ce même milieu.

Car les skateurs sont au fond des personnalités à l’esprit alternatif et décontracté pour sûr, mais avant tout individuel voire individualiste : tolérons les choses et vivons notre « truc » à la marge… sauf que la marge reste justement peu de temps une marge, car la pression sociale et sociétale est toujours intense.

Et à un moment il faut dessiner des lignes rouges à ne pas franchir. Peut être est-ce là le drame actuel du skateboard confronté à son « tournant olympique » ?

Décidément, les années 2020 vont être la décennie du tri sélectif entre ce qui est authentique et ce qui s’est fait corrompre par la facilité capitaliste.

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Écologie

L’étude sur l’Ivermectine rappelle le sort des animaux cobayes

Le médicament Ivermectine est brandi comme une solution contre le covid-19 bien qu’il soit le produit d’une odieuse exploitation des animaux.

Le monde continue de tourner à l’envers. Les expériences animales en laboratoire sont des choses qui révulsent la morale, mais elles continuent de tourner à plein régime dans une société qui se refuse à changer d’orientation.

Ainsi en est-il de l’Ivermectine, un médicament qui, après la Hydroxychloroquine, est mis en avant comme une solution pour lutter contre certains symptômes de la maladie Covid-19. En réalité, cette solution n’est pas une car elle est tirée d’expérimentations en laboratoire sur des animaux qui n’ont rien demandé à personne et utilisés à des fins de pures expériences sordides pour le compte d’une humanité qui se croit au-dessus de la nature.

Publiée le 22 novembre 2020 sur BioRxiv, une base de données biologiques anglaise financée par le fonds philanthropique « Initiative Chan Zuckerberg » du nom du fondateur de Facebook Mark Zuckerberg et de son épouse Priscilla Chan, une étude de de onze chercheurs de l’institut Pasteur, l’institut Imagine et du CHU Necker montre les résultats des effets de l’Ivermectine contre certains symptômes respiratoires et pourrait éviter la perte d’odorat lié au Covid-19.

Dans cette étude, on y apprend que 18 hamsters roux, principalement originaires de Syrie et de Turquie, ont été utilisés dans cette étude de laboratoire. Parmi eux, il y avait 12 mâles et 6 femelles « âgés de 5 à 6 semaines […] achetés auprès du Laboratoire Janvier », une structure biomédicale spécialisée dans l’élevage de rongeurs destinés à l’expérimentation animale « biomédicale ».

Produits comme de vulgaires matériaux, achetés, infectés puis « soignés » avec l’Ivermectine, les chercheurs osent encore déclarer de manière cynique que « tous les animaux ont été manipulés dans le strict respect des bonnes pratiques animales« . Comme si anesthésier par l’abdomen à base de Kétamine et Xylazine puis injecter de l’Ivermectine à des animaux en présence d’autres animaux infectés volontairement du Sars-Cov-2, tout cela dans des « isolateurs », de surcroit des hamsters roux qui sont des animaux vivant la nuit et dormant le jour, relevaient de « bonnes pratiques animales »…

Type d’isolateurs utilisés pour l’expérience

On y apprend également que pour les hamsters roux, le coronavirus actuel est un virus inoffensif avec comme symptômes principaux une perte de poids transitif et une altération des neurones sensoriels olfactifs (jouant le rôle chez l’être humain de l’odorat et du goût), le virus étant rapidement éliminé chez les hamsters par le biais d’anticorps neutralisants.

Des choses que l’on savait déjà du fait d’une autre expérience de laboratoire lors de laquelle le virus Sars-Cov-2 avait été inoculés par voies nasales chez des hamsters roux puis laissés dans une cage avec d’autres hamsters sains, confirmant par là la transmission par aérosols.

Les résultats de cette étude publiée en mai 2020 dans la revue Nature et confirmant de manière froide et insensible que « le hamster doré est un modèle animal expérimental approprié pour étudier les infections par le SRAS-CoV-2 » ou bien encore que « les hamsters sont faciles à manipuler et il existe des réactifs pour soutenir les études immunologiques pour le développement de vaccins »…

L’humanité n’a décidément rien compris aux enjeux de civilisation posés par le Covid-19. Si des tests des vaccins ont également été réalisés sur des animaux en laboratoire qui n’ont rien demandé à personne, tels que des singes ou des souris, les vaccins ont au moins le mérite, si l’on peut dire cela ainsi et bien que cela soit moralement cynique ou bien criminel, de créer une immunité collective, ce qui freine la circulation du virus et donc l’apparition de nouveaux variants plus pathogènes, voir parfois plus mortels.

Ce qui n’est pas le cas de l’Ivermectine qui a donc utilisés des hamsters pour une étude dont on ne peut rien tirer pour les êtres humains et qui en plus ne permettra pas de limiter la circulation virale, et par conséquent la réplication du Sars-Cov-2.

D’ailleurs l’Institut Pasteur déclare lui-même que l’Ivermectine « protège des symptômes dans un modèle animal »… Quels propos indécents que de réduire les animaux a des « modèles » à expériences. Finalement, l’étude sur ces pauvres hamsters dorés ne vaut rien, ou presque rien et les blouses blanches auront joués au docteur Jekyll sur des être vivants.

Il est tout à fait pathétique et ô combien révélateur que toute l’extrême droite anti-vaccin se prononce en faveur de ce médicament, tout comme elle était pro-hydroxychloroquine au début de la crise sanitaire au printemps 2020. Il y a bel et bien là un fond idéologique qui rejette toutes mesures collectives, telle que le suppose le vaccin comme moyen de lutte contre la circulation virale, et l’acceptation d’un rapport déformé et morbide à la nature.

Que les animaux restent les véritables victimes, les vrais cobayes d’une humanité qui joue aux apprentis sorciers, cela est très bien pour une extrême droite qui est le relais des intérêts les plus obscurs et barbares du capitalisme. Il faut bien n’avoir aucune morale, et osons le mot être un monstre pour tolérer consciemment de telles choses.

Car le Covid-19 n’est-il pas le produit de la destruction des conditions naturelles de la vie sur terre ? Est-ce aux animaux de payer encore et toujours le prix des erreurs mortifères du développement humain ? Après les millions de visons assassinés un peu partout dans le monde dans l’indifférence générale, les hamsters, les souris, les cochons d’Inde… les beagles doivent-ils encore et toujours faire les frais d’une humanité prisonnière d’un capitalisme destructeur ?

Il faut rejeter au maximum toutes ces expériences de laboratoire d’ailleurs inutiles qui font honte à une humanité appartenant à la nature. Avec le vaccin, ce mal nécessaire, on peut endiguer l’épidémie et se permettre de penser au plus vite à un monde nouveau, avec un humanité nouvelle réconciliée avec la nature afin de s’éviter la douloureuse expérience d’une nouvelle pandémie et refusant catégoriquement l’odieuse expérimentation animale.

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Écologie

Les ZFE, une mesure anti-populaire, anti-démocratique

La ZFE, pour zone à faible émission, est une mesure libérale, par nature anti-populaire et anti-démocratique.

La pollution aux oxydes d’azote est un fléau des villes, comme de certain territoires encaissés dans des vallées alpines. Les oxydes d’azote ou gaz Nox, sont issues de la combustion partielle du carburant des véhicules, et plus le véhicule est ancien, plus il en émet, et cela d’autant plus s’il fonctionne encore au diesel.

Il faut donc bien trouver une solution à ce problème écologique. Mais voilà : dans un monde libéral qui vomie le collectivisme, les dirigeants agissent surtout en accompagnant les individus à se conformer aux exigences du marché.

C’est dans cet esprit qu’est née en 1998 la pastille verte pour reconnaitre les véhicules les moins polluants. Finalement, l’obligation des catalyseurs sur les échappements de voiture a rendu caduc la pastille, la majorité des véhicules des années 2000 pouvant avoir la pastille verte. En juillet 2016 ont donc été lancées les vignettes Crit’air, allant de la pastille verte « véhicule zéro émission » à la pastille noire niveau 5, pour les véhicules diesel datant d’entre 1997 et 2000.

Évidemment, ces normes Crit’air sont ridicules car elles ne tiennent compte que de l’émission immédiate. Une véhicule électrique est donc un véhicule dit « zéro émission » alors que tout le monde sait bien maintenant que la fabrication des batteries, et notamment de ces composants, est très polluants et émetteur de gaz à effet de serre. Sans même parler du fait que, plus lourdes, les véhicules électriques risquent d’émettre plus de particules fines liées à l’usure des pneus et des disques de freins que des véhicules à moteur à combustion.

Soumission de la société à l’économie de marché oblige, c’est pourtant sur la base de ces normes que les « zones à faible émission » ont vu le jour dans plusieurs villes. Ces « ZFE » visent à interdire les véhicules les plus polluants à circuler dans les villes.

On retrouve ces zones dans le centre-ville de Grenoble depuis 2017, à Paris depuis 2019… Actuellement en cours de discussion parlementaire, la loi « Climat et résilience » souhaite étendre ces zones à toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants d’ici 2025. Une ZFE est même envisagée dans la vallée de l’Arve, une vallée alpine particulièrement sujette à la pollution.

Récemment, le Sénat, cette assemblée qui relève du pouvoir des notables de l' »arrière-pays », a repoussé l’interdiction des véhicules Crit’air 3, 4, et 5 aux ZFE de 2025 à 2030. Des amendements ont également été adoptés sur des dérogations possibles, et la nécessité d’étude préalable pour mesurer l’impact « économique » d’une ZFE. Les notables se font la courroie de transmission des beaufs des campagnes, de ces « motards » et ces « automobilistes en colère ».

En fait, la mesure ZFE et ses critiques montre combien il est difficile de ne pas se faire piéger entre Charybde et Scylla, entre les libéraux progressistes et les conservateurs populistes. Et combien on a besoin d’un retour de la Gauche ancrée dans les luttes des classes.

Quand on voit comment une ex-militante de Gauche qui a basculé dans le nationalisme, s’oppose à la ZFE, on a tout compris. Voici ce que cette personne dit dans une vidéo d’une émission destinée au grand public :

« Aujourd’hui ce sont les métropoles qui concentrent les emplois, et notamment les plus valorisés. Ce sont les métropoles qui concentrent les musées ou les théâtres, ce sont les métropoles où l’on trouve les services les plus performants. Interdire l’accès à ces métropoles à ceux qui n’ont que leur voiture comme moyen de déplacement, c’est décider littéralement, sous couvert de bon sentiment, que ces métropoles sont désormais des citadelles réservées à une minorité d’urbains et d’individus favorisés pouvant se payer le luxe d’une voiture électrique ou un loft dans les beaux quartiers de la capitale et par là même d’un air qui ne serait être pollué par ces sales pauvres qui ne sont rien, ces beaufs qui fument des roulés et qui roulent au diesel »

On nage dans le populisme le plus caricatural. C’est tout à fait logique car ce discours relève complètement du style gilet jaune, et n’est là que pour servir les intérêts de la petite-bourgeoisie, principalement les artisans et les auto-entrepreneurs. Une couche sociale qui veut sa place au soleil et donc le statu quo.

C’est bien là qu’on voit la nature réactionnaire du nationalisme à prétention « populaire », sa vocation à neutraliser la lutte des classes, à écarter l’objectif d’une société démocratique et populaire dirigée par la classe ouvrière.

Car si l’on pense aux prolétaires qui font 15 à 20 minutes de trajet pour se rendre dans une zone industrielle, ou commerciale, ou un chantier, on voit bien que l’attachement à la voiture n’est finalement qu’une contrainte. Le monde est ainsi fait que les gens font comme ils peuvent, avec ce qu’on leur propose…

Mais de là à vanter ce modèle de transport, pur produit de l’individualisme et de l’écocide si tant est qu’on attache une importance sensible aux animaux morts sur les bords des routes, il y a un sacré pas.

Plus qu’un « droit à la ville », les prolétaires ont surtout droit à une vie riche et collective, à des emplois moins aliénants à proximité de leur lieu de résidence, à des lieux de culture épanouissants, à des transports confortables, moins aliénants, moins individualisants. Il faut d’ailleurs être bien éloigné de la classe ouvrière pour penser que c’est dans cette classe sociale qu’il y a les véhicules les plus polluants.

Au contraire, n’importe quel ouvrier de plus de 30 ans attache une grande importance à son véhicule, qu’il veut forcément confortable, moderne, familial, et donc relevant des normes soit-disant moins polluantes. Le problème n’est en fait pas là.

La ZFE pose surtout la question de l’étape populaire et démocratique dans la construction d’une société écologique. Il est faux de dire que la ZFE pose le dilemme entre pro et anti-voitures, de même qu’il est absurde de soutenir les groupes d’ « automobilistes » et de « motards » mobilisés contre cette restriction. Ces mêmes groupes qui étaient remontés il y a un peu contre le « 80 km/h », oui ces beaufs qui forment la base du populisme gilet jaune.

L’enjeu se situe au niveau de la contradiction entre les villes et les campagnes. Les campagnes ont droit à leurs lignes de tramways, tout comme les grandes métropoles ont droit à des transports accessibles à tous, et surtout elles doivent être brisées, démantelées.

Le pays a droit un développement homogène, avec des territoires reliés les uns aux autres par des transports collectifs efficaces, des territoires à la fois autonomes et dépendants entre eux. Il faut le meilleur des villes et le meilleur des campagnes dans une nouvelle unité de vie, voilà l’enjeu profond du débat des ZFE.

La mise en application des ZFE devrait ainsi être l’étincelle qui met le feu à la plaine mais non pas sur une base d’un retour aux années 1970, mais en revendication de transports en commun pour tous et partout, avec donc en filigrane la planification démocratique du développement social. Des années 1970, seul le slogan des autonomes doit être retenu : « que voulons nous ? Tout ! ».

Tout ! C’est-à-dire toute la richesse collective pour avoir un pays qui se développe de manière homogène, pour en finir avec les déséquilibres injustes entre grandes métropoles et campagnes, et pour avoir des transports collectifs respectueux de la personnalité humaine et de la Biosphère.

Pour cela, il faut une Gauche qui assume la lutte des classes pour vraiment régler l’opposition entre la ville et la campagne, et non pas pour opposer l’une à l’autre de manière unilatérale et bornée comme les font les bobos libéraux et les beaufs populistes.

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Culture Écologie

Art, nature et prolétariat: la sensibilité écologique vue par un militant ouvrier en 1936

Le besoin d’harmonie avec la nature est ancré dans le mouvement ouvrier depuis toujours. Les meilleurs éléments du mouvement ouvrier ont su remettre à sa place l’être humain dans la grande dynamique naturelle du monde, devant s’illustrer par une juste saisie des choses que permet le réalisme dans les arts.

En mars 1895, Georges Schmiedl, enseignant socialiste et libre-penseur, publie un appel dans le journal des travailleurs viennois à fonder un groupe touristique des amoureux de la Nature. En septembre 1895 est ainsi fondée l’ Association des Amis de la Nature, avec sa devise « main dans la main à travers les montagnes et les campagnes ».

Le but était de promouvoir un mode de vie sain (en refusant l’alcool) par les sports de plein air, et d’apporter les dernières connaissances scientifiques sur la nature à la classe ouvrière. Une classe ouvrière dont les conditions de vie dans l’empire austro-hongrois étaient particulièrement dures à cette époque.

L’initiative autrichienne se diffusa très vite en Allemagne, puis en Suisse, en Belgique et en France, etc., jusqu’à former une Internationale des amis de la Nature, très proche de l’Internationale Socialiste mais ouverte à tous. En France, cela essaima logiquement à partir de la Lorraine, avec le premier groupe fondé à Nancy en 1929. Les groupes en France, Belgique et Suisse romande diffusaient leurs conceptions autour d’une revue bi-mensuelle commune, l’Ami de la Nature.

Le Populaire, 12 octobre 1931

Dans le numéro du 1er janvier 1936, René Thuillier (1913-1989), militant communiste de Paris et de l’Aisne, et grand cycliste investit dans la Fédération Sportive et Gymnastique des Travailleurs (FSGT) y publie un article très intéressant intitulé « Art, nature et prolétariat ». En 1937, la FSGT fusionnera avec les « Amis de la Nature ».

Dans cet article, René Thuillier pose les jalons d’une pensée émancipatrice, fondée sur l’accès à la nature comme condition préalable à toute sensibilité artistique. Voici l’article :


C’était par un soir d’hiver, triste et maussade.

Dehors, une pluie fine tombait.

Confortablement installé dans la tiédeur de mon foyer familial, je lisais un recueil de poésies.

Il fait bon lire ainsi, bien au sec, bien au chaud, alors que le mauvais temps déferle derrière vos vitres. Et il est doux de laisser se former en vous, au gré de votre fantaisie, les images que vous suggèrent les mots si évocateurs de beaux vers bien cadencés. Je venais justement de commencer un poème de Stuart Merril qui débute ainsi :

Le blême lune allume en la mare qui luit,

Miroir des gloires d’or, un émoi d’incendie.

Tout dort. Seul, à mi-mort, un rossignol de nuit

Module en mal d’amour sa molle mélodie.

Plus ne vibrent les vents en le mystère vert

Des ramures. La lune a tu leurs voix nocturnes :

Mais à travers le deuil du feuillage entr’ouvert

Pleuvent les bleus baisers des astres taciturnes.


Et je revivais, à cette lecture, les sensations délicates et profondes à la fois, qu’une belle nuit d’été procure à ceux qui savent les apprécier. Seuls, des Amis de la Nature, pensais-je, peuvent goûter le charme qui se dégage d’un tel poème, car eux seuls ont pu apprécier le charme dans le nature même. Pourtant, me dis-je, ces sensations viennent de t’être évoquées grâce à quelque chose d’artificiel; des mots choisis groupés selon une cadence particulière. Art et Nature ne font-ils qu’un ou sont-ils séparables?… Voila la question qui domina ensuite ma lecture.

Et il m’apparaît qu’elle n’est pas étrangère à notre activité d’Amis de le Nature. En effet, nous n’ignorons certes pas que la nature peut nous offrir d’autres sensations que celles qui proviennent de la contemplation de ses aspects champêtres.

Nous savons que la science et toute l’activité humaine nous procurent des plaisirs artificiels et que beaucoup de ces plaisirs restent très sains. Nous ne contestons pas que certains sont même supérieurs, en intensité et en « intellectualité » à ceux que le nature nous donne directement : (Tels sont, par exemple, la musique, la poésie, la peinture, la danse, les plaisirs artistiques, en un mot, et nous ne devons pas les négliger, au contraire).

Mais il n’en reste pas moins vrai qu’en définitive, ces sensations artistiques ne sont pas indépendantes du cosmos. Bien qu’artificielles, elles s’articulent toujours sur des sensations normales ; elles prennent toujours racine dans des manifestations directes de la nature, aussi abstraites que soient les procédés artistiques mis en œuvre.

Ce qu’il faut donc, pour bien apprécier les arts, c’est avoir déjà apprécié la nature dans ses aspects champêtres, puisque, finalement, les arts ne font que suggérer, sublimer, magnifier, disséquer et parfois travestir les émotions que la nature nous donne directement. L’art, en effet, n’est qu’un moyen qui nous permet d’exprimer la beauté, et la beauté, c’est ce qui inspire l’admiration, ce qui nous charme par son harmonie.

Or, où, sinon dans les spectacles de la Nature, trouverons-nous des expressions plus normales, plus simples et plus directes de la beauté ?

Notre rôle, à nous Amis de la Nature, consiste précisément à faire connaître et apprécier les beautés de la Nature; et si nous nous adressons plus particulièrement à la classe prolétarienne, c’est que celle-ci les ignore le plus.

Certes, ce n’est pas de sa faute. Le société capitaliste qui nous dirige ne se préoccupe pas de cette question mais qui, plus que le peuple, a besoin d’être récompensé de son labeur par des sensations agréables et saines? Et qui travaille pour les lui procurer ?

Actuellement, l’art, sous toutes ses formes, est presque entièrement réservé aux classes riches. Il sert trop souvent les intérêts du régime où il se prostitue. D’autre part, il est difficile au peuple d’accéder à l’art, parce que l’instruction trop rudimentaire de l’ouvrier ne lui permet pas de comprendre les symboles artistiques nécessaires. Comment devons-nous alors poser le problème de l’art par rapport à la Nature et à la classe ouvrière ?

Certes, lorsque le prolétariat sera maître de ses destinées, il pourra diriger son éducation et son instruction au mieux de ses intérêts, mais, entretremps, que doit-il faire?

Vivre sans idéal de beauté, sans sensations d’art ? Ou pire, avec ces sensations d’ « art job-popuaire » que le commerce lui vend, mais qui sont un défi à la beauté ?

Non. La vérité est tout autre.

L’homme ne vit pas que de pain. Ce n’est pas une raison parce que le système capitaliste actuel contraint, directement ou indirectement, des multitudes d’êtres à vivre dans des taudis infects, sans air, sans lumière, sans esthétique, pour que le prolétariat considère comme normale l’existence qu’il mène.

Non. La vie peut lui donner d’autres joies que celles qu’il connaît. Elle réserve autre chose, pour le prolétaire, que les plaisirs que lui donnent les boissons, le tabac, les jeux de cartes ou de hasard, les chansons avinées ou obscènes, le cinéma abrutisseur, l’amour physique, les sports hypertrophiques ou « claqueurs ».

Notre rôle, à nous Amie de la Nature, consiste à faire connaitre au peuple qu’II peut trouver dans la Nature d’autres sources de joies, des joies plus saines, plus directes, plus normales, plus simples et plus vivifiantes…

Ces joies il les trouvera, comme nous les trouvons, dans le promenade à la campagne, dans l’excursion accomplie seul ou en compagnie de bons camarades. Nous ne prétendons pas que ces plaisirs doivent remplacer tous les auIres, bien loin de là, mais nous disons qu’ils élèvent l’esprit tout en conservant ou en re-donnant la santé au corps.

La promenade à la campagne est le meilleur des sports; si, comme nous nous attachons à faire, on profite de cette promenade pour observer, étudier la nature, pour essayer d’en comprendre ses lois, pour se mettre en harmonie avec les spectacles divers qu’elle nous donne, c’est tout ce que nous demandons.

Nous n’imposons aucune philosophie, aucune mystique. Nous disons simplement à notre camarade de travail :

— Viens avec nous ! Tu te distrairas sainement, proprement. Au contact de la nature, tu réfléchiras sur la vie avec beaucoup plus de clarté; tu te feras une conception personnelle de l’existence, tu auras beaucoup plus de facilités pour penser par toi-même. Tu deviendras ainsi une unité intelligente et indépendante dans la grande masse du prolétariat dont l’esprit, hélas, est asservi autant que le corps par le régime social actuel.

Nous ajouterons encore que toute tentative de transformation culturelle de la mentalité populaire qui ne s’affirme pas sur une réforme préalable conçue comme nous l’entendons risque d’être inopérante.

Pour élever le peuple jusqu’à l’art, à l’art sain, il faut d’abord le rendre accessible aux beautés naturelles.

C’est notre opinion et notre tâche.

R. TRUILLIER.


P. S. — J’avais fait lire ce qui précède par un bon camarade qui s’occupe beaucoup de politique.

Il m’a dit :

— C’est très bien ce que tu racontes, mais pour le moment, nous avons autre chose que cela nous occuper. Tous nos efforts doivent être tendue pour changer le régime, source de tous nos maux.

Je lui ai répondu en substance :

— Je suis d’accord avec toi, nous sommes tous d’accord avec toi. Il n’empêche que, malgré tout, le prolétariat se distrait néanmoins et où, sinon au bistrot, au cinéma, en lisant des feuilletons ineptes, etc. ?

Cela, c’est un fait, et tu ne l’empêcheras pas.

Nous lui demandons simplement, à l’ouvrier, de se distraire selon nos conceptions, que tu trouves bonnes, et, ce faisant, nous estimons collaborer, nous aussi, à la transformation du régime; ceci, bien entendu, en plus de l’action sociale, syndicale ou politique, que nous menons, avec toi, d’autre part.

R. Th

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Écologie

Les agriculteurs de la vallée du Rhône provoquent un pic de pollution

Au-delà des impressionnantes images d’exploitations agricoles « en feu », comment se fait-il qu’en 2021 de telles pratiques perdurent pour faire face à des aléas météorologiques, que l’on sait exacerbés par le dérèglement climatique ?

Ces dernières années, la transition des hivers aux printemps prend de plus en plus un tournant bizarre. Le mois de février connaît régulièrement des pics intenses de chaleur, laissant à croire que l’hiver est terminé. Evidemment cela n’est pas le cas, avec souvent une brutale rechute hivernale au mois de mars-avril. Si le dicton populaire « en avril ne te découvre pas d’un fil » a de ce point de vue sa part de vérité, il est évident que le changement climatique accentue de manière terrible ces oscillations de températures.

Et cette année cela a viré au drame pour les exploitants de vergers et de vignes. Car la vague de regel de ce début avril a été précédé par une période de chaleur printanière.

Selon Météo France, le bilan du mois de février 2021 fait état d’une température moyenne de 8,3 °c, soit en hausse de 2,5 °c par rapport aux relevés 1981-2010. Puis, à la fin mars, de nouveaux records de chaleur ont été battus un peu partout en France. Le 31 mars, il a par exemple fait 21°c à Valence.

Avant, donc, cette vague de gel allant jusqu’à -5°c, voir – 7°c dans la Drôme. Pour ne pas être détruits, les arbres en début de floraison ont été protégés par les agriculteurs avec des systèmes de chauffage qui vise à allumer des blocs de paraffines pendant plusieurs nuits.

Mais voilà, des blocs de paraffine, ce sont des composés à base d’hydrocarbure. Et de tels composés qui flambent par milliers dans de très nombreuses exploitations engendrent mécaniquement de la pollution… Car on oublie souvent que le brûlage incomplet de combustibles, mais aussi de déchets organiques, est une source très importante de particules fines. C’est d’ailleurs une pratique qui est le plus souvent interdite pour cette raison là.

De telles pratiques, dans une zone comme la vallée du Rhône qui connaît une sur-concentration d’exploitations arboricoles, ne pouvaient qu’aboutir à une dégradation délétère de la qualité de l’air. Les habitants de ces villages, mais aussi du bassin lyonnais, se sont même plaints d’une odeur de brûlée, ainsi que d’un voile opaque.

Les émissions en particules fines, conjugués aux rejets en dioxydes d’azote de la circulation routière, ont atteint un tel niveau que, le 8 avril, l’organisme chargé de la surveillance de la qualité de l’air, ATMO Auvergne Rhône-Alpes, a activé le niveau de vigilance renforcée pour la vallée du Rhône et le bassin lyonnais. C’est dire à quel point cette pratique est nocive pour l’atmosphère…

Le 7 avril, à Valence Sud, le taux de concentration de particules fines de 2,5 microns était de 60 microg/m3 d’air (le double logiquement pour les PM10), lorsqu’à Pékin, il était de 65 microg/m3 d’air. Rappelons que la norme limite établie en France pour les PM 2,5 est de 20 microg/m3, et de 10 microgr/m3 pour l’OMS.

Comment se faut-il qu’il n’y ait pas d’autres moyens de contrer le gel alors même que l’on sait que le dérèglement climatique exacerbe l’effet de ces phénomènes? Doit-on vraiment choisir entre la sauvegarde de cultures et la qualité de l’air ?

Car ces pratiques ne sont pas nouvelles, elles sont utilisées depuis des décennies et des décennies pour contrer les périodes de gel : les vieilles traditions ont ici raison sur tout, sans aucune débat démocratique pour régler cette problématique. Il y a bien d’autres manières de faire, comme des éoliennes, la pulvérisation d’eau sur les bourgeons, mais la mentalité est toujours d’aller au plus vite, au plus simple, au plus habituel…

Et l’on sait combien certains agriculteurs du secteur ne sont pas prompt à se poser les questions d’une telle manière, et encore moins dans une optique populaire. Le recrutement généralisée de main d’oeuvre immigrée, travaillant et vivant dans des conditions parfois odieuses, en est le témoin.

C’est bien là que l’on voit qu’il y a un problème profond. On a là l’expression d’une incapacité à impliquer la collectivité face à une problématique liée au dérèglement climatique, et dont la réponse prise de manière unilatérale aboutit finalement à engendrer plus de pollution… Là aussi, ce fait rappelle à quel point il y a un besoin d’une nouvelle orientation démocratique, populaire pour la société.

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Guerre

La Gauche va t-elle se recomposer dans l’opposition à la Guerre ?

Ces derniers temps sont marqués par de vives tensions militaires dans le monde, allant même jusqu’à des conflits ouverts. Porteuse de la tradition pacifiste et antimilitariste, la Gauche est pourtant incapable de produire une opposition organisée.

Depuis la fin du premier confinement, les accrochages militaires n’en finissent pas de secouer le monde. Avant même l’arrivée de la crise sanitaire, les conflits, ouverts ou larvés, étaient déjà bien réels, comme, entre autres pays, en Syrie, en Libye, au Mali, à la frontière entre l’Inde et la Chine, au Cachemire, etc.

Mais il est évident que la crise sanitaire fait passer un cap nouveau dans le renforcement des tendances à la Guerre, avec de manière principale la tension stratégique entre la Chine et les États-Unis formant l’arrière-plan indirect de chaque tension régionale. C’est le cas autant des tensions entre la France et la Turquie depuis l’été 2020, comme de la guerre au Haut-Karabagh à l’automne 2020, sans même parler des terribles tensions actuelles entre la Russie et l’Ukraine.

La situation évaluée au 6 avril en ce qui concerne les troupes russes aux frontières ukrainiennes

Et pourtant cette tendance à la guerre, ces déchaînements nationalistes chauvins ne provoquent aucune mobilisation de la part des forces de gauche, et même très peu de prises de position au regard des enjeux. Cela est le reflet d’une situation historique de paralysie populaire, de tétanie face aux enjeux politiques. Et cela est d’autant plus frappant lorsqu’on regarde les décennies 1990-2000… Sans même parler des années 1960-1970 avec sa vaste vague hippie pacifiste, puis l’opposition disparate mais armée dans les années 1980, contre l’OTAN.

Un exemple historique sur lequel on peut se fonder, c’est le déclenchement de la première guerre du golfe en 1991 et la vaste mobilisation anti-guerre qui en a découlé.

À la suite de la guerre avec l’Iran entre 1980 et 1988, l’Irak de Saddam Hussein envahit au début du mois d’août 1990 le Koweït, menaçant ensuite d’intervenir en Arabie-Saoudite. Cela produit une réaction immédiate des États-Unis, et par conséquent de l’OTAN.

En France, en septembre 1990, fut lancé « l’Appel des 75 contre la guerre du Golfe », avec la perspective d’une campagne de mobilisation. Celle-ci se réalisera avec près de sept manifestations ou rassemblements, parfois interdits. Le 20 octobre 1990 vit plusieurs milliers de personnes se mobiliser à travers les réseaux de la Gauche, contre les menaces d’interventions occidentales en Irak.

Manifestation interdite du 26 janvier 1991 à Paris

Le 7 décembre 1990, à Paris eut lieu un meeting international contre la guerre à l’initiative du Collectif de l’Appel contre la guerre du Golfe, unissant de nombreuses organisation de gauche, comme le PCF, les trotskistes du PCI et de la LCR, des Verts comme René Dumont, des libertaires et des maoïstes, etc. Dans le sillage de ces mobilisations a éclos toute une agitation culturelle, avec des brochures et des fanzines pacifistes, voire révolutionnaires.

L’apogée de la contestation fut la grande manifestation nationale du 12 janvier 1991, avec près de 500 000 personnes dans tout le pays pour dire « Non à la guerre », et pour les franges de l’extrême gauche « Guerre à la guerre ». Cela n’a pas empêché le déclenchement de l’opération « Tempête du Désert » le 17 janvier 1991, mais l’honneur de la Gauche était sauvée.

D’ailleurs, tout cette agitation a pu se maintenir alors que la chute de l’URSS relançait les guerres intestines dans les Balkans. Les attentats du 11 septembre 2001, et les menaces d’intervention en Afghanistan et en Irak, ont fait se continuer cette culture pacifiste. Ainsi, le 16 février 2003, ce sont 100 à 200 000 personnes qui manifestent contre l’intervention de l’OTAN en Irak, avec notamment un mot d’ordre resté populaire « Non à la Busherie ».

Alors où est passée tout cette culture anti-guerre, pacifiste en France alors que les tensions entre grandes puissances, et surtout entre les États-Unis et la Chine, semblent de plus en plus menacer le monde d’un conflit généralisé ?

Il n’a bien évidemment pas disparu dans le peuple, mais le basculement des restes de la Gauche historique dans le postmodernisme libéral-libertaire fait que ces problématiques ne font plus vraiment partie du paysage politique.

Rosa Luxembourg en 1915, qui a su s’opposer à la guerre grâce à son appartenance à la social-démocratie historique et sa conception du monde

D’où la nécessité de relancer la Gauche historique. Pour avoir une opposition anti-guerre constituée, organisée, il faut avoir conscience d’une leçon historique du mouvement ouvrier : le capitalisme comporte une tendance vers la guerre, et la crise économique en est l’accélérateur incompressible.

Mais quand ont été jetés aux oubliettes les principes de lutte des classes, de capitalisme, de crise, pour être remplacés par les principes d’individus, d’identité, de relativisme, d’anti-universalisme… alors, forcément, on ne peut pas comprendre la guerre pour le repartage du monde.

La ligne juste est ainsi de reconstruire la Gauche sur ses bases historiques pour porter les valeurs démocratiques et populaires pour faire face aux conséquences sociales, économiques et politiques de la crise… et s’opposer à la guerre. Chaque jour compte. Sans quoi on se retrouvera comme en 1914.

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Politique

Les affiches du PS des années 1970

Au congrès d’Épinay en 1971, le Parti Socialiste parvient à réunir les courants socialistes éclatés depuis les années 1960 dans l’objectif de remporter les élections législatives de 1973. Derrière l’élan électoral-opportuniste, il y a tout un arrière-plan politique et culturel qui permet de saisir le socle commun de la Gauche historique.

Entre 1967 et 1980, ce sont cinq pétroliers qui s’échouent au large des côtes bretonnes. Le Torrey Canyon en 1967, l’Olympic Bravery en janvier 1976, le Boehlen en octobre 1976, l’Amoco Cadiz en mars 1978, le Tanio en 1980… autant de noms de pétroliers qui ont marqué l’histoire de la côte atlantique de part les kilomètres de littoral pollués, ainsi que les centaines de milliers d’oiseaux « mazoutés ». D’autres marées noires auront lieu, comme celle provoquée par le naufrage de l’Erika en 1999.

C’est l’époque d’une prise de conscience dans le mouvement ouvrier que si le capitalisme exploite les travailleurs, il est également en train de détruire la nature, les fondements de la vie elle-même. Le mouvement ouvrier doit alors élever son regard à l’ensemble de la vie sur terre… Une prise de conscience bien reflétée par ces affiches du Parti Socialiste de 1976 et de 1978.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est ecologie_1976.jpg.

Évidemment, ces affiches ne tombent pas du ciel, elles sont le produit d’une histoire, d’une idéologie, d’une expérience, celle du mouvement ouvrier. Car avec le congrès d’Épinay de 1971, en s’unissant, les socialistes deviennent le véritable catalyseur légal de la contestation issue de mai 1968.

Le style des affiches, la perspective assumée, tout relève de cet élan historique porté par la lutte d’une classe ouvrière cherchant son émancipation sociale, politique, culturelle.

En fait, avec ce genre d’affiches, on voit bien ce que constitue la Gauche historique. Son socle commun c’est l’idée que la lutte des classes est le moteur de l’histoire, que l’on vit dans un mode de production qui exploite et opprime et qu’il faut changer d’horizon par un nouveau système social et économique, le socialisme.

Bref, c’est l’histoire politique du mouvement ouvrier, qui s’est évidemment divisée en deux lignes, connue en l’opposition schématique entre « réforme » ou « révolution ».

Ici, le Parti Socialiste se place comme l’incarnation même du socialisme réformiste, avec cette idée qu’il faut un rapport de forces par en bas, et notamment autour du travail, un engagement massif dans un parti politique qui porte la conscience de classe, le tout permettant des réformes assez progressives pour faire se transformer le capitalisme en le socialisme.

Au seuil des années 1980, il y a cette insistance pour la vie quotidienne dans tous ses aspects, y compris le droit à une vie naturelle, qui résume bien le slogan dans le sillage de mai 1968, formant un horizon en lui-même : « changer la vie ». La perspective c’est celle du triomphe d’une autre morale, d’un nouveau mode de vie orienté par le collectivisme.

Mais si l’unification en 1971 a permis un recentrage sur les bases historiques de la Gauche, elle a également actée l’influence de la « seconde gauche » en son sein, ce courant qui cherchait à « enrichir » le mouvement ouvrier par des « nouveaux mouvements sociaux », des « nouvelles formes d’émancipation », etc.

Il en fallait peu pour que le souffle issu de la révolte ouvrière de mai 1968 éteint, le Parti socialiste devienne finalement le bastion d’un modernisme fondé sur des valeurs sociales-libérales. Une transmutation qui s’est basée sur la compression de la perspective ouvrière-socialiste par l’autre héritage de mai 1968, celui de la tradition libérale-libertaire assumée par la « seconde gauche ».

Qui se fera elle-même totalement lessivée par le post-modernisme, dont le rapport Terra Nova « Gauche, quelle majorité électorale pour 2012 » est en l’illustration. À l’histoire du recentrage à gauche des années 1970, a succédé une autre période, celle des années 1990-2010, avec un recentrage à droite engendré par le recul historique de la « première gauche », celle du mouvement ouvrier. Une seconde période qui apparaît de plus en plus comme une anomalie historique dans le contexte de l’actuelle profonde crise de civilisation…

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Écologie Planète et animaux

« L’enfer des bêtes » : un rapport de 1913 sur la « malfaisance envers les animaux »

En 1913, Jules Bluzet, une personnalité républicaine engagée dans la cause animale, alerte sur le sort des animaux en France. Son rapport d’enquête d’une grande valeur est un jalon dans la reconnaissance de la dignité des animaux au pays de Descartes.

Jules Bluzet était originaire du Franche-Comté, ayant longtemps vécu à Lyon. C’est dans cette ville qu’il a obtenu des fonctions dans des organismes tels que la « Filiale lyonnaise contre les vivisecteurs » et la « Ligue contre les tortures inutiles infligées aux animaux domestiques ».

Puis Jules Bluzet prend conscience du terrible sort que vivent les animaux d’élevage destinés aux abattoirs. Parmi ces animaux, le cheval y est considéré comme le plus maltraité, et le transport par voie ferré forme un véritable scandale dans l’opinion publique de l’époque.

Il faut dire qu’il n’y a pas de nationalisation des chemins de fer (datant de 1938), avec donc 6 grandes compagnies qui tentent de tirer leur épingle du jeu en transportant le plus d’animaux dans des conditions insoutenables. Il n’existe aucun règlement pour ce type de transport, que cela soit sur les tonnes, la durée, les espèces acceptées, etc., et l’auteur rappelle la responsabilité de ces trusts dans les souffrances envers les animaux.

En exergue du rapport, il y a d’ailleurs cette phrase cinglante : « la Chair torturée se venge… », pour souligner le fait que pour convaincre l’opinion publique, il fallait pointer les conséquences sanitaires néfastes.

C’est le marché et la soif de profits qui guide sans entraves ce commerce. De la même manière que les vendeurs d’animaux destinés à être consommés usent de tas de stratagèmes pour en alourdir le poids, et donc le prix. On gave ainsi les animaux d’eau ou d’une mixture infâme.

Tout du moins, Jules Bluzet remarque que la loi du 2 juillet 1850, dite « loi Grammont », qui condamne les sévices faits aux animaux domestiques est inconnue du grand nombre, et notamment des policiers. Tout comme la loi Rabier, une loi commerciale qui affirme la responsabilité du « voiturier […] de la perte des objets à transporter hors le cas de force majeure ».

Sur les quais de gare, sur les marchés et les foires, comme à la campagne, on assiste à des scènes effroyables, avec des animaux mutilés, des poulets entassés dans des paniers exiguës, parcourant des kilomètres pendant des dizaines d’heures, sans nourriture, sans eau, sans lumière, bien souvent mort avant même la fin du « voyage »…

Quant aux abattoirs, on y voit des animaux malmenés, terrorisés, qui sont abattus avec des instruments moyenâgeux et dont les yeux sous couvert par l’horrible « masque Bruneau ». A la campagne, des abattages publics sont parfois organisés, avec des scènes de joie autour de l’animal agonisant.

Il y a aussi les combats de taureaux et « jeux cruels », les tortures gratuites, les campagnes d’éradication d’animaux comme celles de 100 000 petits oiseaux attirés par des appâts et tués à bout portant chaque année dans le midi par des paysans-chasseurs qui « comme il est chez lui, dans son champ, se croit le droit […] et en abuse ».

L’auteur n’épargne pas non plus la vivisection, révélant de multiples pratiques cruelles et jugées inutiles au plan scientifique, notamment au service de l’industrie. Il cite les propos de Jean-Henri Fabre, grand naturaliste de l’époque, lui ayant affirmé cette chose pleine de sagesse :

L’homme n’est autre chose qu’une des nombreux anneaux reliant la chaine vivante qui féconde notre planète. Cela au même titre que le plus infime des coléoptères

Après avoir parcouru la France, et documenté de multiples photos et témoignages, Jules Bluzet fait émerger cette question, ou plutôt cette recommandation morale, toujours tout à fait actuel :

La conscience humaine ne se révolte-t-elle pas devant tant de barbarie inconsciente, véritable rançon d’une civilisation d’égoïsme et d’argent ?

Pour autant, Jules Bluzet ne faisait pas partie du mouvement ouvrier. De fait, il ne pouvait pas être végétarien, encore moins végétalien, à l’instar de gens comme Emilie Lamote, André Lorulot et Ernest Girault, des anarchistes ayant fondés une communauté libertaire à Saint-Germain-en-Maye en 1906 tendant au végétarisme.

Il relevait plutôt de ces républicains centristes, son rapport étant même préfacé par Edouard Herriot, sénateur radical du Rhône de l’époque, et par Lucien Millevoie, un député de la Seine et ancien boulangiste puis antisémite. De part son intégration au jeu institutionnel, lui qui a reçu le prix de Monsieur le ministre de l’instruction publique en juin 1914, il ne pouvait aller jusqu’à une pleine reconnaissance de la vie des animaux.

Son objectif était surtout de moderniser l’industrie de la viande et d’appeler à une meilleure éducation à l’école envers le respect des animaux.

Ainsi en appelait-il à des réformes pour améliorer les choses, avec notamment des wagons aérés, la présence de mangeoires et d’abreuvoirs, l’affichage obligatoire dans les lieux publics de la loi Grammont, etc. Il ne voyait pas non plus l’absurdité morale des pistolets à tige étourdissant l’animal en lui brisant le cerveau, des instruments dont il voulait fournir les abattoirs… Des abattoirs qu’ils voulaient modernisés sur le mode de ceux en Allemagne ou en Hongrie.

Il n’en reste pas moins que ce rapport est un document très détaillé sur l’effroyable condition animale de la dite « Belle Epoque » en France. Une condition qui ne s’est pas vraiment améliorée depuis, avec plutôt un approfondissement de l’horreur dans une mécanique froide et impersonnelle. Finalement, ce rapport de 1913 montre à quel point l’idée d’une modernisation de l’industrie de la viande est une vieille chose du passé, une idée à dépasser.

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Écologie

En France, une partie de la faune et de la flore disparaît

Le Comité français de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) a publié un rapport sur la biodiversité dans lequel on trouve une liste rouge des espèces menacées en France. Le bilan est catastrophique.

Lancée en 2008 par le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) et le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’étude a mobilisé près de 500 chercheurs sur plus de 10 ans, avec 13 842 espèces animales et végétales surveillées et suivies.

Cette nouvelle liste rouge est importante car la dernière étude de la faune et de la flore en France date d’il y a 20 ans, cette dernière liste étant donc une précieuse actualisation des connaissances, avec un enrichissement des espèces suivies.

Et entre 2008 et aujourd’hui, ce sont 2 432 espèces qui apparaissent comme gravement menacées, avec déjà 187 formes de vie qui ont définitivement disparues du sol français. Les variantes de la vie ayant disparues concernent surtout celles relevant des poissons d’eau douce, des mammifères, ainsi que des espèces dites « éphémères » (comme certains papillons de nuit par exemple).

Quant aux espèces menacées, elles concernent surtout une partie des amphibiens, des oiseaux nicheurs, des poissons et crustacés d’eau douce. On ne parle ici d’ailleurs que la France métropolitaine, car si l’on regarde l’ensemble du territoire francophone, c’est déplorable puisque 1 048 espèces menacés au niveau mondial sont présentes dans les « territoires d’Outre-Mer » français.

En Martinique c’est pratiquement la moitié des reptiles qui sont menacés d’extinction, un tiers des coraux constructeurs de la Réunion (ou « coraux durs »), un tiers des mammifères marins de la Guyane, un tiers des plantes vasculaires indigènes (fleurs locales) de Guadeloupe etc., etc. Les proportions sont telles et la liste si vaste que cela donne le vertige, un vertige couplé d’une profonde tristesse, d’une grande colère.

Cette altération du monde vivant est considérée comme la sixième extinction de masse qu’a connu la Planète depuis que la vie y est apparue. Mais ce qui est préoccupant, c’est que cette dernière s’effectue à un taux de 100 à 1 000 fois plus élevé que les cinq précédentes extinctions. Cette rapidité à laquelle disparaissent des tas de formes de vie est due à l’emprise de l’être humain sur la Biosphère :

Les principales menaces pesant sur les espèces sont la destruction et la dégradation des milieux naturels, le
braconnage et la surexploitation, l’introduction d’espèces envahissantes, les pollutions et le changement climatique.

Si l’on a saisi que ces « principales menaces » ne sont pas séparées les unes, des autres, on comprend pourquoi la vie sauvage disparaît à une telle vitesse. C’est tout à la fois l’environnement direct et la capacité de la vie à se reproduire qui sont attaqués de plein fouet. Il est donc absurde de penser que c’est l’emprise de l’humain, en elle-même, qui cause tant de dégâts, c’est surtout son emprise anarchique fondée sur un développement indifférent aux conséquences sur la Nature.

C’est en ce sens qu’il faut affirmer que rien n’avance pour l’écologie, car rien n’avance pour protéger la vie naturelle, puisque rien n’émerge des bases populaires pour stopper la grande indifférence envers la Biosphère. Pire il y a même un recul : le rapport affirme que ce sont finalement les espèces ayant le plus de mesures de protection qui se sont fortement dégradées depuis 2008.

À ce titre, il est absurde que l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), intégré-transformé début 2020 dans l’Office français de la biodiversité (OFB), participe à cette étude, tant la chasse relève du problème plus que de la solution.

Ce recul est pourtant noyé, masqué par l’avalanche de communications « militante », de spots publicitaires, d’appels de « personnalités » en tout genre, de conférenciers détachés de toute perspective pratique, bref d’une mode qui donne l’impression que des choses changent, sans que rien ne change vraiment.

La cause écologiste n’avancera jamais sans une rupture morale visant à reconnaître pleinement la vie naturelle. Cela demande une remise en cause de sa vision du monde, avec à la clef une modification de son propre mode de vie. On ne peut vouloir le changement, sans chercher à se changer soi-même.

Il faut apprendre à apprécier la vie naturelle autour de soi, apprendre à étudier la nature en bas de chez soi, ou à côté de chez soi, pour mieux être en mesure de s’opposer aux intérêts destructeurs. Voilà ce dont a besoin toute cette vie qui disparaît sous nos yeux : d’un vaste mouvement de résistance populaire, assumant la sensibilité envers la nature et n’ayant pas peur de défendre coûte que coûte la vie sur Terre.

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Société

L’idéologie transgenre: une camisole chimique opposée au féminisme

Ces derniers temps, la vague transgenre déborde de son cadre militant initial pour trouver écho dans des tas d’émissions grand public en France. C’est une tentative de normalisation par en haut d’un phénomène societal potentiellement dangereux pour des enfants en route vers le monde adulte.

Depuis décembre 2020, 4 documentaires et reportages ont été diffusés sur Arte, M6, TMC et TF1, dont certains en prime time, c’est-à-dire pendant le moment familial devant la TV. C’est le cas de « Petite Fille », de Sébastien Lifshitz diffusé sur Arte en décembre 2020 acheté par Netflix pour une mise à disposition le 15 mars 2021. Ce documentaire est un monument de propagande, traitant de la dysphorie de genre uniquement du point de vue subjectif des protagonistes sans jamais expliquer le fond de ce phénomène psychologique.

Cet axe est entièrement déterminé par le principe de l’ « approche trans-affirmative ». Voici comment « Jeune Trans Youth », un collectif québécois qu’on peut qualifier de groupe de pression trans-activiste, développe cette approche :

« une perspective d’intervention qui vise à suivre et soutenir l’enfant dans son cheminement individuel d’affirmation de son genre, et à faciliter l’accès aux différentes formes de transition (médicale, sociale, légale) selon ses besoins. Les questions d’autodétermination et de reconnaissance de la personne y sont centrales, car selon cette approche, seule la personne concernée est en position de définir et d’affirmer son identité de genre »

L’identité de genre serait donc une affirmation innée. Il faut donc s’en remettre à l’enfant de 3, 6, 13 ans, l’accompagner et repousser toute forme d’approche psychologique et scientifique. On est là dans la diffusion d’une idéologie qui relève de la superstition, notamment avec la récurrence de l’assertion « né dans le mauvais corps » avec l’idée que la perception du « genre » relèverait de l’esprit, alors que le sexe relève, lui, du corps.

Le corps et l’esprit ne sont pas deux choses distinctes : affirmer le contraire quand on est médecin relève du charlatanisme. C’est pourtant ce qu’il se passe à heure de grande écoute à la TV en France et dans de nombreuses cliniques anglo-saxonnes où les « transitions » sont une réelle manne.

Ce marché est évalué actuellement à 319 millions de dollars et pourrait atteindre 1,5 milliards en 2026. Le nombre de personnes transgenre représenteraient de 0,2 à 0,3 % de la population, aux États-Unis, ce sont environ 1 million de personnes qui se disent transgenre, alors qu’en France on serait autour de 15 000.

La transsexualité, les transitions « chimiques » et physiques sont donc promues dans une bataille pour l’opinion publique ne comportant à ce jour aucun contradicteur crédible.

Pourtant, en Angleterre, le procès de la clinique Tavistock & Portman NHS, historiquement liée à la pensée de Freud et de Jung et comportant un service de « Développement de l’Identité de Genre » (GIDS) a été une actualité majeure qui a exposé au grand jour les risques que représentent ces transitions.

La plaignante, Keira Bell, a été prise en charge par cette clinique, autour de ses 16 ans. Après trois « ateliers » de 1h, on lui a prescrit des bloqueurs de puberté, et il a été décidé qu’elle subirait un traitement hormonal à 17 ans et une double mastectomie (ablation des seins) à 20 ans.

Keira connaissait alors les difficultés de beaucoup de jeunes filles à l’âge de la puberté, une période qui s’accompagne de stéréotypes sexistes très éprouvants, doublés souvent d’un harcèlement sexuel. Pourtant, jamais les psychologues de la clinique n’ont remis en question ces stéréotypes, au contraire, ils poussent les jeunes filles (ou les jeunes garçons) vers des transitions.

Or, évidemment, de tels traitements ne peuvent pas être sans dommages physiques et psychologiques.

Le processus de transition dite chimique est présenté comme l’idéal, juste avant la puberté donc à un âge de 11, 12, 13 ans. Il comporte deux étapes, les bloqueurs de puberté puis les hormones croisées à partir de 16 ans.

Le bloqueur de puberté « générique » est le Lupron (Leuprolide), un médicament conçu pour traiter les cancers de la prostate chez les hommes ou l’endométriose chez les femmes, mais jamais prescrits plus de 6 mois pour éviter les complications. Ils sont aussi parfois utilisés lorsque des enfants présentent des signes de puberté précoce (9 ans pour les garçons, 8 ans pour les filles) afin de prévenir l’apparition des poils, la mue de la voix etc. Ou encore pour procéder à la castration chimique des délinquants sexuels.

Ce médicament à injecter tous les mois, agit sur le corps au niveau de l’hypothalamus dans son interaction avec l’hypophyse, où il empêche la libération d’hormones qui agissent sur les glandes sexuelles et directement sur la production de testostérones chez les hommes et d’œstrogènes et de la progestérone chez les femmes.

Initialement ces hormones entraînent le développement physiologique pour arriver à un corps adulte, pouvant procréer, etc. Le Lupron bloque cette production d’hormones donc bloque la croissance.

Dans l’utilisation de ce médicament pour interrompre la croissance naturelle, les médecins activistes, raisonnent de manière isolée, comme si la croissance pouvait être interrompue seulement au niveau des organes génitaux et sexuels secondaires (poitrine…). Cela bloque en effet toute la maturation nécessaire physique, y compris celle du cerveau donc de l’intellect et des os.

Le tribunal a conclu dans le sens de la plainte, avec l’idée que le consentement n’est pas possible avant 16 ans. D’autant plus qu’il est très difficile de parler de consentement alors que les effets secondaires sont abordés de manière tronquée et superficielle.

Les bloqueurs de puberté sont présentés comme des traitements totalement réversibles, qui ne font que stopper le cours du développement. C’est évidemment un mensonge car il n’y a rien de plus anti-naturel que d’empêcher le développement d’un organisme, ce blocage entraîne des effets secondaires qui sont en fait la manifestation d’un organisme entrain d’être mutilé.

Les enfants subissant ce traitement vont avoir de plus grandes chances de développer une ostéoporose mais aussi des dépressions sévères accompagnées d’éventuelles tentatives de suicides. Loin de régler le mal-être de ces enfants, il peut être accentué par le fait que durant toute la puberté, ils restent des enfants physiquement et psychologiquement tandis que leurs camarades évoluent.

Le service de « Développement de l’Identité de Genre » (GIDS) de la clinique NHS reconnaît lui-même que l’impact des bloqueurs de puberté n’est pas entièrement connu. Tous ces enfants déclarés transgenres sont donc à l’heure actuelle des cobayes de l’industrie pharmaceutique.

La deuxième étape consiste en un traitement hormonal dit « croisé », les femmes qui prétendent à un corps d’homme vont devoir s’injecter de la testostérone et les hommes des œstrogènes, pour un corps de femme.

Plusieurs études ayant suivi des personnes en transition pendant des années ont souligné l’augmentation des maladies cardiovasculaires, notamment chez les femmes sous testostérone avec le risque d’apparition de caillots sanguins multiplié par deux avec presque 10 fois plus de probabilité de faire un AVC.

Normalement, les médicaments sont fait pour soigner des malades : là, on rend malade des personnes saines avec des médicaments. De plus, on les administre quasiment automatiquement a des jeunes à partir de 11 ans, en partant du principe absurde qu’ils peuvent émettre une pensée autonome et rationnelle.

Maintenant âgée de 23 ans, Keira Bell qui a donc gagné son procès contre cette monstrueuse clinique Tavistock & Portman NHS peut déclarer très justement :

 Je n’avais pas besoin de traitements ou de chirurgie, j’avais juste besoin de savoir que j’étais bien comme j’étais

L’activisme trans est une des pires capitulations face à une question qui devrait être réglée par le féminisme et non par des mutilations chimiques et chirurgicales.

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Société

Le flop de la consultation citoyenne sur le cannabis

Dimanche 28 février s’est clôturé la consultation citoyenne sur l’usage du cannabis dit « récréatif ». Le nombre de répondants témoigne d’un flop, car ce n’est pas un questionnement démocratique et cela n’intéresse qu’une minorité de gens.

Lancée par l’Assemblée nationale il y a plus d’un mois et demi, le 13 janvier 2021, la consultation citoyenne sur le cannabis dit « récréatif » s’est terminée dimanche 28 février au soir. Ce questionnaire en ligne de 15 interrogations visait à obtenir les informations d’une majorité de personnes quant à leurs usages et leurs avis sur une possible légalisation du cannabis. Finalement, il n’aura recueilli que 253 014 avis.

Si l’on rapporte cela à la population active en France, excluant donc la population de moins de 15 ans, cette consultation ne représente que 0,86 % des gens du pays… Et ce n’est même pas un tiers des 1,2 millions de consommateurs (estimés) réguliers de cannabis. On voit bien que cela n’a intéressé que peu de monde, alors même que l’information de cette consultation a circulé dans les grands médias, et très largement sur les sites pro-légalisation. Sans même parler du travail au corps de l’opinion publique réalisé ces dernières années par des tas de tribunes prêchant la libéralisation du secteur.

Or, voilà, cela est un véritable flop. Caroline Janvier, rapporteuse de la mission d’information sur les usages du cannabis et député LREM du Loiret, déclarait d’ailleurs début février au journal Huffingtonpost :

« Il nous faut plus de femmes, d’autres classes d’âge et des personnes moins impliquées dans le débat. Que la consultation s’élargisse au-delà des cercles de militants pro-légalisation »

Ainsi, dans ce même article, on apprend qu’une majorité des répondants (70%) était d’accord pour la légalisation. De même, il y a environ 67 % d’hommes, le plus souvent âgés entre 18 et 29 ans (45% des répondants). Et si l’on ajoute que 9 % sont des parisiens, alors même qu’ils représentent 3 % des français, on a compris que les gens qui ont donné leur avis proviennent surtout du milieu pro-légalisation. Un petit milieu largement dominé par une poignée de jeunes hommes à la marge, avec un style de vie basé sur la défonce, et souhaitant par là-même niveler vers le bas toute la société.

De l’intitulé de la consultation à la tournure des questions, tout était de toute manière orienté de sorte à ce que seuls les gens pro-légalisation s’expriment. Le questionnaire comprenait sept questions, dont deux avec du texte libre, orientées en faveur de la légalisation, et seulement deux questions, dont une avec texte libre, si l’on y est opposé.

En comparaison, la consultation citoyenne sur le changement d’heure réalisé en 2019 avait recueilli plus de 2 103 999 d’avis. Cela en dit long sur les préoccupations populaires… et celles anti-populaires. Réfléchir au rythme de la vie quotidienne en fonction du cycle du soleil, oui pourquoi pas (et encore que 2 millions de répondants, c’est faible). Réfléchir à légaliser une drogue, quelle idée ! Et pourquoi faire ?

La réalité, c’est que la question du cannabis n’intéresse pas les gens, que le cannabis fait malheureusement partie du décors de la vie sous le capitalisme. La société dit non, ou plutôt : elle détourne le regard car elle sait bien qu’elle a les pieds pris dans le problème et qu’elle n’ose pas encore s’y confronter réellement.

Il n’y a nullement lieu de s’interroger sur une légalisation, car le sujet en lui-même est vain, anti-social, anti-moral. Un ouvrier de 40 ans qui fume pour se décompresser de sa semaine de travail sait bien qu’un tel questionnaire est un cadeau empoisonné. Qu’il y ait très peu de femmes qui ait répondu au questionnaire en rajoute au caractère anti-démocratique, car en général les femmes du peuple endurent et luttent au quotidien contre l’emprise de la drogue sur les enfants, le conjoint, les amis…

Voilà la position populaire : on a été piégé par la drogue, et il est hors de question qu’on en face une fierté, un mot d’ordre de mobilisation. Au pire, on fume, mais on ne se vante pas.

Mais ce n’est visiblement pas la position du député agriculteur LREM Jean-Baptiste Moreau, par ailleurs un opposant virulent à la cause animale, qui voit dans les résultats de cette consultation une aubaine pour lancer un « référendum » pour « trancher » la question.

La drogue n’est pas un horizon moral soutenable et c’est là forcément l’opinion le plus répandu dans la population. Mais sans le pouvoir, sans les leviers réels à disposition pour l’éradiquer, c’est la passivité qui règne. C’est d’ailleurs cette passivité populaire envers la politique qui fait le lit de la revendication libéral-libertaire en faveur du cannabis.

En fait, cette consultation citoyenne n’a été qu’une chambre d’enregistrement d’une lubie de petits-bourgeois, des petits-bourgeois par ailleurs dominés par une bourgeoisie soucieuse de lancer son business sous couvert d’ouverture démocratique.

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Le journal Libération à l’offensive pour la légalisation du cannabis

Le journal de la gauche libérale-libertaire Libération a donné une interview à trois députés favorables à la légalisation du cannabis, issus de la Droite, du centre, et de la fausse Gauche, et publié en Une de son édition du 17 février. Un interview qui n’est rien d’autre qu’un camouflet anti-populaire.

Le jeu de mot « joint-venture » en Une du journal est tout aussi ridicule que les propos tenus par ces trois députés venus vanté les mérités d’une légalisation du cannabis. Trois députés qui ne tombent pas de nulle part.

On retrouve ainsi Robin Réda, député de la 7e circonscription de l’Essonne, membre de « Soyons Libres » le mouvement de Valérie Pécresse fondé en septembre 2017. Jean-Baptiste Moreau, député LREM qui se présente comme le « député-paysan » de la Creuse, ce département français qui cherche par tous les moyens à se lancer dans la culture du chanvre industriel. Et enfin, Danièle Obono, députée LFI de la 17e circonscription de Paris et figure de la gauche post-moderne.

Respectivement président et rapporteur-général, Robin Réda et Jean-Baptiste Moreau sont également les principaux coordinateurs de la Mission d’information sur les usages du cannabis lancée début juillet 2019. Une mission qui a par ailleurs rendu un rapport d’étapes il y a peu de temps à l’Assemblée nationale, en parallèle d’un lancement d’une consultation citoyenne sur le cannabis récréatif.

On l’a donc compris, cette interview est un énième jalon posé dans l’offensive pro-légalisation du cannabis. Une offensive toujours plus intense ces dernières années, dans un contexte de libéralisation dans plusieurs pays comme le Colorado et l’État en de Washington 2012, l’Uruguay en 2013, la Californie en 2016, le Canada en 2018.

La bourse de Wall-Street à New-York s’est d’ailleurs affolée ces derniers jours sur les potentialités futures de l’industrie du cannabis, ce nouvel « or vert », comme le remarquait récemment le journal très à droite « Les Echos » dans un article sur « les stars [qui] investissent dans le cannabusiness » comme Jay-Z, Rihanna, ou encore David Beckham…

Bien évidemment, l’interview de Libération ne présente pas les choses ainsi, mais oriente le propos général autour du fait que ces trois députés partagent un même but commun, celui de la légalisation, avec des logiques de justification et de mise en œuvre différentes. Tout est clair pour Libération qui place en exergue de son article le propos populiste de Jean-Baptiste Moreau comme quoi « la légalisation du cannabis relève du courage politique », comme pour mieux en faire un combat légitime.

Tous se trouvent d’accord pour dénoncer la faillite de la supposée « guerre au drogues », argument démagogique qui est un piège tendu aux habitants des cités populaires confrontés à l’exaspération des trafics. C’est ce même procédé argumentaire qui utilise les malades qui se soignent avec des médicaments composés des molécules extraites du cannabis dans le cadre d’un protocole sanitaire, pour justifier la libéralisation du cannabis récréatif.

L’étude Cannalex a pourtant montré que les différentes légalisations avaient pour conséquence le report du trafic illégal sur des drogues plus « dures », les armes, la traite d’être humain, etc. Tout cela Danièle Obono le nie, en allant même jusqu’à parler de la terrible « colline du crack » comme exemple illustrant l’échec de la loi de 1970 contre la toxicomanie et les trafics :

« Je suis députée d’une circonscription du nord-est de Paris, avec un fort usage de drogues sur la voie publique, notamment de crack. Mon angle, c’est donc la régulation des usages et la réduction des risques »

Se demanderons-nous dans 30 ans si, après avoir toléré la cigarette, banalisé l’alcool, légalisé le cannabis, il ne faudra pas aussi légalisé les drogues de synthèse pour mieux « réguler » les « usages » et « réduire » les risques, pour mieux « aider » des personnes en ayant besoin pour « souffler » ?

Il n’y a pas de faillite de la « guerre au drogues » tout bonnement car elle n’a jamais vraiment été livrée jusqu’au bout et en profondeur. Pour cela, il faut une mobilisation démocratique et populaire : la Chine des années 1950 n’a t-elle pas éradiqué la terrible intoxication à l’opium de cette manière ? S’il y a une faillite, c’est bien celle d’une partie de la collectivité rongée par les valeurs libérales, abdiquant sur une position morale pourtant acquise depuis plusieurs siècles en France.

Pour ces députés, la légalisation offrirait la possibilité de mieux organiser la prévention, notamment à l’école, comme on le fait pour le tabac et l’alcool, ces drogues légales. En réalité, on a là tout l’argumentaire de travailleurs sociaux totalement incapables de refuser les drogues et de promouvoir une morale ferme et réellement alternative, car s’étant eux-même fait prendre au jeu.

On cherchera tant bien que mal en quoi l’infirmière du collège ou le professeur d’éducation civique aident en quoi que ce soit les jeunes à refuser le tabac et l’alcool, cette couche sociale qui fait du repas autour du vin un « art de vivre » et ne rechigne pas à aller fumer quelques cigarettes… en cachette. Ni même en quoi les étiquettes adossées sur les paquets de cigarette, et annoncées récemment par Emmanuel Macron sur les bouteilles de vin, va changer la donne. Enfin, oui : les individus pourront « choisir » librement et en pleine connaissance de cause de se pourrir la santé…

Alors quand on voit que l’interview tourne ensuite à un débat sur la gestion des modalités de la possible légalisation, allant du monopole d’Etat à son seul encadrement des prix, on se dit qu’on assiste à une mise en scène pour préparer l’opinion publique. En fait, on vit là une double lame de fond : celle de l’extension d’un vaste marché capitaliste rendu possible du fait d’une corrosion de la société par les valeurs libérales-libertaires. Et ces trois députés n’en sont que les tristes accompagnateurs.

Si l’on ne veut pas finir broyé entre le marteau libéral et l’enclume conservatrice-sécuritaire, il va falloir choisir le camp de la Gauche historique. Ce camp qui est opposé tant à la régression libérale, qu’au pourrissement social et culturel, car il a l’émancipation populaire comme horizon politique.

>> lire aussi : la Gauche doit stopper le fléau des trafics de drogue

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La Gauche doit stopper le fléau des trafics de drogues

Le trafic de drogues est devenu une immense manne financière qui prospère sur le pourrissement social et la corruption de certains pans des institutions.

En 2018, l’Institut de la statistique française INSEE a intégré le trafic de drogue, de sa production à sa vente en passant par sa consommation, dans le calcul du PIB. Tout un symbole de normalisation pragmatique.

Pour les capitalistes, il y a forcément une énorme manne financière : à la même date, le même INSEE estimait que le trafic générait 21 000 emplois à temps plein. Cannabis, cocaïne et autres drogues dites de « synthèse » représenteraient 2,7 milliards d’euros.

L’emprise de cette économie est telle que certains quartiers tournent pratiquement autour de lui. Serge Castello, ancien commissaire à la tête de la sécurité publique entre 2011 et 2017 en Seine-Saint-Denis, parle du 93 comme « un narco-département ». On a là tout un système qui entretien des réseaux bien établis, avec des offres d’emploi presque officielles, des manières de blanchir et de ré-investir l’argent dans l’économie « officielle ».

Dans le JDD, on peut lire des extraits de l’ouvrage de Frédérique Ploquin intitulé « Les narcos français brisent l’omerta ». Dans un de ces extraits, on lit un dealer qui explique tranquillement :

« Tu achètes un commerce, le kebab du coin. Il génère 2 000 euros de chiffre d’affaires par mois, mais tu déclares 40 000 euros. Si tu veux quelque chose de plus durable et que tu disposes de sommes plus importantes, tu te tournes vers les paradis fiscaux, les Caraïbes par exemple. Le but n’est pas d’échapper à l’impôt, mais de réinsuffler l’argent dans l’économie légale pour pouvoir en profiter. Les banquiers installés dans ces îles ne refusent pas l’argent. Sale ou pas, ils comptent. Si tu arrives avec 5 millions en liquide, c’est une grosse somme, même pour eux. Le banquier va être bien vu de sa hiérarchie, c’est ce qui compte. Tu t’engages à laisser l’argent pendant trois ou quatre ans sur ton compte, tu achètes des Sicav locales [sociétés d’investissement à capital variable], des actions ou des obligations. Trois ans plus tard, la banque a pris sa commission et l’argent est à toi, lavé. »

C’est dire à quel point le pourrissement social est entretenu par le capitalisme. À tel point que les trafics intègrent des enfants marginalisés âgés de 11-12 ans. Des gamins attirés par cette réussite financière glorifiée par la culture « gangsta », ce « nouveau western » dont parlait Mc Solaar en 1994, et qui a pris des proportions hallucinantes… Quoi de plus facile que de monter son business de livraison de drogue à domicile ?

Et la crise sanitaire n’a pas arrangé les choses, formant un terreau « culturel » encore plus propice à l’expansion des trafics. Comme tous les autres secteurs d’activité, le trafic de drogue a fait face à une rupture d’approvisionnement, avec donc des repartages de marchés.

C’est ce qui explique l’extension anarchique de règlements de compte un peu partout en France, et non plus sur quelques gros points concentrés en périphérie des grandes villes et encadré par des réseaux d' »anciens ». Cet été, à Annonay, petite ville de 16 000 habitants en Ardèche, des personnes masquées ont tiré au fusil de chasse sur un groupe pour une histoire de dette de drogue…

Face à ce pourrissement, certains en appellent alors à la légalisation du cannabis, actuellement la principale drogue vendues par les trafiquants, la cocaïne arrivant juste après puis les autres drogues de synthèse. C’est ce que dit par exemple le libéral Gaspard Koenig, responsable du club de pensée « Génération Libre », pour qui « cela permettrait de transformer les petits dealers hors la loi en entrepreneurs agréés ». 

Cette option de la légalisation pour endiguer le trafic illégal est un symbole de toute la déliquescence morale des dominants, soutenue par ses idiots utiles de la « gauche » libérale-libertaire. Une « option » par ailleurs ridicule lorsqu’on sait que la teneur légale THC proposée serait de 7 % lorsqu’il est de 25 à 30 % pour les résines de cannabis illégales…

En fait, la drogue s’est infiltrée dans le quotidien du peuple et elle apparaît maintenant comme un immense rouleau compresseur, comme si rien ne pouvait l’arrêter. La « guerre à la drogue » est une bien fausse expression lorsqu’on sait les affaires de corruption en cascade ces dernières années. Citons là simplement l’affaire Michel Neyret, ancien directeur-adjoint à la direction inter-régionale de la police judiciaire de Lyon, arrêté en 2011 et condamné en 2018 pour corruption et association de malfaiteurs. Ou l’arrestation en 2016 de François Thierry, ex-chef de l’Office central de la répression du trafic illicite de stupéfiants, accusé d’avoir entretenu un réseau d’importation de cannabis par le biais de ses indics.

Il est connu de tous que les mafias savent corrompre des pans de l’appareil d’État, mais aussi de la population. Il suffit ici de se souvenir de l’effroyable assassinat d’Allan Affaguard, docker du Havre, en juin 2020 sur fond de trafic de drogue. Ou à cette sordide affaire mêlant une personne d’un point d’un deal à Saint-Ouen…et le PCF.

Pour se confronter à l’horreur de la drogue, il faut s’en donner réellement les moyens. Ce ne sont ni les faibles ressources données à la police, ni l’état d’esprit libéral qui règne dans l’appareil d’État qui permettront d’éradiquer les mafias.

Cela exige des institutions qui s’appuient sur le peuple, des comités populaires capables de dresser une morale de fer contre la corruption. De nouvelles institutions, construites par en bas, et capables de réprimer les réseaux de production, tout autant que de construire un horizon culturel alternatif à la culture de la drogue.

Cette exigence, elle commence déjà à se faire sentir comme l’attestent les courageuses mobilisations d’habitants, et surtout d’habitantes, en 2019 à Poitiers, Aubervilliers, Saint-Denis, Villeneuve-Saint-Georges…. Et elle n’étonnera personne qui a l’héritage de la Gauche historique chevillé au corps. Il est maintenant temps que la Gauche relance la lutte populaire contre le fléau des drogues.

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À Courchevel, les voitures remplacent les remontées mécaniques

La mise à l’arrêt prématuré en mars 2020, puis la perspective d’une « saison blanche » 2020-2021 rend fou de rage les magnats de l’or blanc. Il n’en faut peu pour que la moindre faille soit exploitée, témoin d’une déliquescence complète de la haute bourgeoisie.

S’il y a bien un fait illustrant toute la déliquescence de la haute bourgeoisie, c’est celui-là. Depuis ce samedi 6 février et jusqu’au 7 mars, à Courchevel la piste bleue de 2 km de Bellecôte est ouverte et accessible par voitures privées, taxis, et navettes d’hôtels…

Cette piste n’a pas été choisi au hasard puisqu’en plus d’être liée au village de Courchevel 1850, elle est reliée à l’altiport, avec donc une route bitumée qui part du village jusqu’à ce dernier.

Car oui, la station de ski savoyarde construite en 1946 sur une nature vierge, possède un aéroport d’altitude niché à plus de 2000 mètres, avec sa piste d’atterrissage de 80 mètres de large et 537 de long. À proximité, il y a même un hôtel-restaurant étoilés. Ainsi, donc la haute bourgeoisie hors sol peut continuer à skier en remplaçant une remontée mécanique par un chauffeur de taxi à leur service.

Pour les riches cosmopolites, tout doit être approprié, rien ne doit être un obstacle, et surtout pas les mesures sanitaires contre la pandémie de Covid-19. Tout du moins, il est possible de les éviter en se payant le luxe de quelques descentes grâce à l’enchainement d’un chauffeur de taxi à son service. Peut-on tomber plus bas ? Comment ne pas voir que cette couche sociale est totalement parasitaire et décadente ?

Mais si cette idée a émergé dans les promoteurs touristiques locaux, c’est que l’altiport est un business florissant, avec plusieurs milliers de départs et d’atterrissages d’hélicoptères et d’avions chaque année, en grande majorité l’hiver. Il est possible ainsi d’atterrir à Paris, Lyon, Chambéry, Genève et de se faire ensuite déposer directement à l’altiport. Certains y viennent même avec leur propre appareil privé, pour ne faire qu’une journée de ski et repartir le soir même…

C’est là que l’on voit que le ski n’est pour la bourgeoisie qu’un état d’esprit, un life style, bien loin de la dimension populaire sportive, avec ses exigences collectives.

Actuellement, malgré les restrictions sanitaires, si l’on veut pratiquer le ski, on peut toujours s’inscrire au club local pour lequel quelques téléskis sont autorisés à fonctionner. Mais cela signifie slalom, entraînement, bref un effort physique encadré et prolongé.

Et ce n’est sûrement pas ce que recherche la riche clientèle décadente, en mal de projections existentialistes sur un environnement qu’elle considère comme un « paysage », son paysage. Le domaine skiable est lui-même façonné ici ou là à cette image, avec ses longues pistes bleues, ses vastes pistes de transition, ce qui exige des terrassements mortifères pour refaçonner les pentes abruptes.

Un écosystème artificialisé selon les propres besoins de la bourgeoisie, avec des résidences dorées de toute part, des bars et des discothèques stupides… On y retrouve aussi des magasins de luxe avec des parkings chauffés, des galeries d’art contemporain, des proxénètes proposant des prostitués de « luxe », des dealers de cocaïne.

Tout cela forme une atmosphère de parasitisme anti-social, anti-moral. En janvier 2019, sur fond d’affaire de trafic de drogue, l’incendie d’un hôtel miteux, possédé par une riche famille de notables, qui n’était pas à jour des normes de sécurité causait la mort de deux de ces saisonniers

Cette affaire de piste de ski accessible par taxi est une énième illustration du pourrissement de cette haute bourgeoisie. Une couche sociale qu’il faut à tout prix mettre à l’écart de la société afin de la prémunir de sa décadence morale.